La Prophetie Du Cure d Ars

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 LA  PROPHÉTIE DU CURÉ D'ARS Notre  but est  simplement  de consta ter  un  fait  pro- digieux  de la  puissance  divine  ou la  superstition  et la crédulité des  gens. En  1873,  à un moment où l'arrivée  d'Henri  V et la question  d'un  drapeau occupaient  les  esprits  et  berçaient bon nombre de  gens  dans la  pensée  qu'un  nouvel  ordre  de choses  allait  d'abord commencer  après  t ous nos  malheurs, en  1 873, donc,  on nous raconta  quelques  détails  d'une prophétie  faite  par  le curé  d'Ars;  ce  qui  causa de l'émotion et de la  surprise  à des  auditeurs  qui  croyaient  tenir la  paix et ne s'attendaient  pas  à d e nouveaux malheurs. En  réalité,  l'accomplissement  de  ces  prédictions ajoutera une  merveille de  plus  à to utes celles  qui  ont  accompagné les  pas  du curé d'Ars  ;  mais s'il  n'y  a là  qu'une  chimère, nous  infligerons le blâme le  plus sévère au x inventeurs

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Cure d Ars

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  • LA PROPHTIEDU

    CUR D'ARS

    Notre but est simplement de constater un fait pro-digieux de la puissance divine ou la superstition et lacrdulit des gens.

    En 1873, un moment o l'arrive d'Henri V et la

    question d'un drapeau occupaient les esprits et beraientbon nombre de gens dans la pense qu'un nouvel ordre dechoses allait d'abord commencer aprs tous nos malheurs,en 1873, donc, on nous raconta quelques dtails d'une

    prophtie faite par le cur d'Ars; ce qui causa de l'motionet de la surprise des auditeurs qui croyaient tenir la paixet ne s'attendaient pas de nouveaux malheurs.

    En ralit, l'accomplissement de ces prdictions ajouteraune merveille de plus toutes celles qui ont accompagnles pas du cur d'Ars ; mais s'il n'y a l qu'une chimre,nous infligerons le blme le plus svre aux inventeursdes supercheries et des superstitions.

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    Le cur d'Ars n'a pas besoin qu'on enfle sa gloire.Tout le monde a connu son genre d'existence.

    Souvent, ds minuit mme, il se rendait l'glise oune foule presse de le voir et de l'entendre l'accablait etle jetait par terre. Jamais il ne se fchait: Que voulez-vous, disait-il son gardien? ce sont des gens qui veulentabsolument se mettre en grce avec Dieu.

    Jamais il ne disait personne : " Vous m'ennuyez, "au contraire, il portait les fardeaux des gens.

    Une personne accable d'ennuis et de tristesse vient letrouver : " Mon enfant, dit il, il faut vous adresser Dieu.Tenez, prions ensemble. " Et pendant une heure, il restaavec cette personne afflige sans tmoigner aucun ennui,en priant avec elle ou entrant parfaitement dans ses ides.

    Vers 1854, la femme Lapierre, de Noailly, tait tombedans une profonde tristesse. Elle se croyait perdue ter-nellement.

    Elle alla trouver M. Viannay, qui la consola: " Non, non,lui dit-il, vous n'tes pas perdue, vous avez au contrairebien du mrite, vous aurez une belle place dans le ciel.

    C'est ainsi que M. Viannay savait porter les fardeauxdes autres.

    Il tchait d'allger les difficults de la confession.

    Un sminariste, qui tait Ars en 1848, alla se con-fesser lui : Je serai oblig, dit le sminariste, d'crire ma

    confession; je ne sais comment m'y prendre, ni par ocommencer.

    Vous n'avez pas besoin de l'crire ; je vousaiderai.

    Aussi Dieu avait donn son ami un grand pouvoir.

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    Un jour il dit : Sortez tous de l'glise, et tout le mondesortit, except un seul homme qui resta immobile sa

    place.Venez donc ici, la sacristie, lui dit M. Viannay.

    M. le cur, je ne peux pas bouger de l. CependantM. Viannay l'emmena la sacristie : Il faut vous con-

    fesser, mon bon ami, il faut vous confesser.... Il l'encoura-

    gea par de bonnes paroles ; cet homme se confessa et s'enalla joyeux.

    Une femme tant alle trouver M. Viannay, revintchez elle avec des ides entirement changes. Ses souciset ses proccupations n'taient plus pour les. choses de lala terre. Ses habits de dimanche elle les portait la se-maine, et ceux de la semaine elle les portait le dimanche.Ni le mauvais temps, ni la distance, ni les occupations ne

    pouvaient la dtourner d'assister au Saint-Sacrifice.

    Sa mort fut celle d'une sainte.

    Un ouvrier de Rive-de-Gier, qui avait laiss toute pra-tique religieuse, entendant parler du cur d'Ars, alla letrouver, et rgla parfaitement les affaires de sa cons-cience. De retour, il fut assailli par les moqueries de sescamarades qui le voyaient aller la sainte messe et ac-complir ses devoirs.

    Tu es donc devenu cagot, lui di-saient-ils. Oui, oui, rpondait-il, va-t-en voir le curd'Ars.

    Il commandait au dmon avec empire.A Villemontais, arrondissement de Roanne (Loire),

    une femme possde du dmon grimpait sur le toit desmaisons, montait sur les armoires dans les maisons, et se

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    jetait en bas la tte la premire. Il y avait de quoi setuer; elle ne se faisait pas du mal, mais elle rpandait latristesse et la terreur dans toute la localit.

    On la conduisit M. Viannay, qui chassa le dmon.

    M. Plasson, de Verin, prs de Condrieu, aveugleauquel M. le cur a promis qE'il reprendrait la vue,dit qu'il tait Ars quand on amena une possde. Ledmon criait un assistant d'une voix infernale et

    effrayante : " Je n'ai commis qu'un pch; et toi, cochon,tu en as commis des milliers ! "

    Mme Cuillerat, monte du Chemin-Neuf, Lyon ,porta une fiole remplie de sang, en disant : M. le cur,voudriez-vous bnir cette fiole, c'est du sang de Notre-

    Seigneur. Il la dboucha. a, c'est du sang de chien,s'cria-t-il , en jetant par terre la fiole qui se rduisiten poussire.

    M. Buillat, vicaire gnral de Belley, dinait avecM. Viannay, avec un plat de pommes de terre et uneomelette : Je m'accommoderai tout de mme de cettenourriture, lui dit M. Viannay, mais j'ai peur de lachauffade.

    En juin 1859, c'est la guerre d'Italie. Deux nations ca-tholiques sont en lutte : la France tait l'allie de Victor-Emmanuel qui tenait sous sa pression le gouvernementde Rome. M. Viannay eut voulu, avant cette alliance, larconciliation de Victor-Emmanuel avec le Souverain-Pontife, et il tait dans la tristesse et l'angoisse.

    Cependant il avait bni et envoy Napolon III un

    scapulaire qu'il avait fait faire tout exprs par Mlle Oriol.Mais la lutte se prolongeant augmentait son anxit.

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    M. Viannay pleura beaucoup pendant le Te Deum quisuivlt Magenta et Solfrino. Combien cette guerre du-rera-t-elle encore, lui demandrent les missionnaires ?

    Aussi longtemps que nos pchs.

    Le lendemain, octave de la Fte-Dieu, M. Monin luidit: M. le cur, vous allez tenir tout l'heure dans vosmains le Dieu de paix: dites-lui donc de nous donner la

    paix. Ah ! mon ami, il faudrait d'abord la faire avecsoi-mme.

    Un collaborateur de la presse religieuse nous pria d'in-

    terroger M. Viannay sur les vnements du jour.Il fallait une occasion. Chaque anne, M. Viannay vi-

    sitait une fois les apprts des reposoirs le second dimanchede la Fte-Dieu; M. Monin, l'accompagnant, put l'inter-

    roger. M. le cur, il se passe en ce moment quelque chose

    de grave qui trouble les consciences catholiques et affligeles amis du gouvernement. Il y a eu Paris une runionde plnipotentiaires de l'Europe et on a prononc des pa-roles faisant craindre un changement dans la politiqueimpriale l'gard du Saint-Sige : qu'en pensez-vous ?

    Mon ami, si nous sommes sages, ceux qui nousconduisent le seront aussi ; mais Dieu se sert quelquefoisdes rois pour chtier les peuples.

    Croyez-vous que l'empereur rappelle ses troupes deRome?

    Non, mon ami, c'est ce qui fait sa force. Les soldatsle dfendent mieux Rome qu' Paris.

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    On a pens que vous pourriez peut-tre avertir lepouvoir.

    Le geste de M. Viannay sembla dire : " Qui suis-jepour donner de pareils-avertissements ? "

    On insiste :

    Il ne faudrait qu'une goutte d'encre, rpliqua M.Viannay.

    Quelques jours avant la paix de Villafranca, il dit :Est-ce que a va encore durer longtemps ? ce serait de

    l'garement..

    La paix est conclue Villafranca entre l'Autriche et laFrance. Les missionnaires communiquent leur esprancereleve M. Viannay, qui est lui-mme rempli de joie.Mais tout coup il poussa un profond soupir, et arrtantle missionnaire : " Ah! mon ami, dit-il, ce n'est pas fini. "

    Dieu lui faisait connatre d'autres malheurs; Voici lebruit qui a couru :

    Un paysan clibataire des environs de Rhodez, con-sulta sur sa vocation M. Viannay, qui lui conseilla d'en-trer chez les Lazaristes, et en mme temps lui annonad'avance les vnements qui allaient bientt arriver enFrance. Celui-ci, devenu frre convers cirez les Lazaristes

    annonait tous les pres et les frres de sa congrgationles dtails des vnements l'avance avec une prcisionqui ne se dmentait jamais, ce qu'on dit.

    " Les Prussiens remporteraient triomphe sur triomphe;" Paris serait assig une premire fois par eux, et une

    " seconde fois par les communards qui commettraient des

  • " horreurs, et les Lazaristes taient assurs que leur mai-" son-mre de Paris n'aurait rien souffrir.

    " Une fois victorieux, les Prussiens ne doivent pas" quitter immdiatement le territoire envahi.

    " Les communards de Paris, vaincus, se rpandront en" grand nombre dans toute la France. Ils s'empareront" des armes, exciteront partout la guerre civile et pers-" cuteront les gens de bien.

    " Les Prussiens feront une seconde invasion, dtruiront" tout sur leur passage ; et viendront prs de Poitiers," sans qu'on puisse leur rsister.

    " Mais l'arme de l'Ouest les arrtera, les culbutera ;" et ils prendront la fuite pour rentrer dans leur pays.

    " Alors, on leur coupera les vivres ; et prise entre deux" feux leur arme sera dcime, extermine. Il ne ren-" trera que peu de gens dans leur pays ; et ils seront" forcs de rendre beaucoup plus qu'ils n'ont pris.

    " Le Nord, l'Est et le Sud-Ouest seront la proie de" gens sans foi ni loi, qui emprisonneront et assassineront" beaucoup de monde et voudront anantir tous les pr-"

    tres et les religieux.

    " Paris et deux ou trois autres villes subiront un d-" sastre ; la terreur sera inexprimable ; on s'criera:" Tout est perdu, c'est la fin du monde.

    " Mais Dieu viendra en aide, et sauvera tout. Les bons" finiront par tre les matres. Un grand roi reviendra," et rtablira une paix et une prosprit plus grandes que" jamais. Plus que jamais la religion sera en honneur.

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    " Votre maison-mre, bien qu'agrandie, ne pourra pas" contenir les novices. "

    Aprs un srieux examen de la question , les sup-rieurs des Lazaristes, ce qu'on dit, firent consigner cesdclarations par devant notaire, dans un acte scell, quine sera ouvert qu'aprs les vnements. C'est ce qu'ilfaudra voir.

    12 dcentre1874.

    (Tout droit rserv.)

    Imp Vo. Chanoine Lyon