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La puce Version 5 ou 6 Femmes 3 ou 4 Hommes
Comédie en II actes
De Rudy BEAUCHARD-HERAULT
Pour ceux qui le souhaiteraient, il existe d’autres versions que vous pouvez me
demander directement : [email protected]
Version 5 ou 6 Femmes 4 ou 5 Hommes
Version 6 ou 7 Femmes 2 ou 3 Hommes
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Comédie en 2 actes (durée 100minutes), pour tout public.
Le thème :
Un groupe révolutionnaire a greffé, à son insu, une puce électronique à Lucien chauffeur du PDG d’une multinationale. Cette puce enregistre en permanence ce qu’il entend. L’objectif étant de recueillir les propos de son patron qui prépare un complot pour prendre le contrôle économique de la planète, avec d’autres personnages importants.
Lucien se retrouve dans une situation désespérée, car les comploteurs, ayant appris l’existence de la puce, ont engagé des barbouzes pour le supprimer.
Heureusement pour Lucien, ses amis, sa femme, sa fille, son futur gendre et sa belle-mère (et quelle belle mère…), vont rivaliser d’ingéniosité et de courage, pour le protéger, repérer la puce sur lui et l’extraire, jusqu’au rebondissement final
Les décors, un salon avec :
D’un un côté, une porte d’entrée plus une porte donnant sur la cuisine
Au fond, une fenêtre proche de la porte d’entrée, plus une porte de placard
De l’autre côté, une porte donnant sur les chambres.
Mobilier : un canapé, une table basse, une table avec des chaises, un buffet
Un ordinateur portable apporté par Vincent
Les acteurs
Lucien : chauffeur de maître
Véronique : sa femme un peu fofolle
Paulette : sa belle-mère très autoritaire
Léon : un ami de Lucien, inspecteur de police (en activité ou en retraite)
Sylvie : la fille de Lucien
Vincent : ami de Sylvie, étudiant en informatique
Laure : la sœur de Léon, assistante vétérinaire
Natacha : la maîtresse de Léon
La barbouze :
(Ce rôle tenue par une personne cagoulée, peut être joué soit par un homme, une
femme ou par l’acteur qui tient le rôle de Vincent, car ils ne sont jamais ensemble
sur scène)
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Acte I scène 1
(Lorsque le rideau se lève, la barbouze habillée en tenue commando, jean, blouson
et cagoule est en train de finir d’installer un verrou en haut de la porte d’entrée à
l’extérieur de l’appartement avec une perceuse sans fil).
La barbouze : Voilà, ça c’est fait… ils ne pourront pas s’échapper, avec ce verrou,
posé à l’extérieur.
(Elle ferme la porte, puis sort de son sac une bombe à retardement, dont elle règle la
minuterie).
La barbouze : Ca va péter dans une heure trente.
(Elle place la bombe dans un buffet et s’apprête à repartir, quand elle entend Lucien
derrière la porte d’entrée)
La barbouze : (A part). Oh zut, quelqu’un arrive…
(Elle se précipite dans le placard et en referme la porte).
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Acte I scène 2
(Entrée de Lucien, chantonnant et dansant tout heureux d’être en vacances. Il pose sa
casquette de chauffeur et sa veste. Puis, il se sert un whisky et s’assoit dans le canapé.
Entrée de Véronique, elle arrive de faire du shopping. Elle a les bras chargés de
paquets. Elle va poser tout un tas de questions à Lucien d’un ton énergique, sans
attendre les réponses, tout en s’afférant à ranger ses achats en passant d’une pièce à
l’autre. Lucien la suit des yeux d’un air hébété en essayant vainement de répondre).
Véronique : Ah chéri tu es là ! (Elle lui fait un bisou très rapide et sort aussitôt,
emportant quelques paquets).
Lucien : (Seul) Bah oui, je suis là !
Véronique : (Entrant d’un côté de la pièce et sortant de l’autre) Tu as passé une
bonne journée ?
Lucien : A mon avis, ça ne doit pas beaucoup l’intéresser
Véronique : (Pointant juste la tête à la porte). Tu es content d’être en vacances ?
Lucien : Non… non, non… ça me donne des boutons
Véronique : (Entre d’un côté de la pièce et sort de l’autre en ayant pris un paquet)
As-tu eu le temps de faire vérifier la voiture ?
Lucien : (Continuant de tourner la tête en la suivant des yeux) On se croirait à
Roland Garros… Elle va me faire attraper le torticolis.
Véronique : (Entre d’un côté de la pièce et sort de l’autre en ayant pris un paquet)
Tu as vu le chemisier que je me suis acheté ?
Lucien : Ah non, je n’ai pas eu le temps.
Véronique : (Revenant avec une valise qu’elle pose sur la table). J’ai commencé à
préparer les bagages. Tu veux combien de paires de chaussettes ? (Elle sort).
Lucien : Je n’en veux pas, j’espère qu’il fera beau.
Véronique : (Revenant avec des affaires à ranger dans la valise). Vous avez arrosé
les vacances avec tes collègues ?
Lucien : Oui
Véronique : Ton patron est-il aussi en vacances ?
Lucien : Oui
Véronique : Qui va te remplacer pendant ton absence ? (Elle sort).
Lucien : Le pape… Comme elle n’écoute pas les réponses, elle pose des questions
hors sujet… S’il est en vacances mon patron, il n’y a pas besoin de me remplacer.
Véronique : (Pointant juste la tête à la porte). Je n’ai pas retrouvé la boussole. Sais-
tu où elle est ?
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Lucien : La boussole… il y a longtemps que je l’ai perdue avec toi. Et
malheureusement, je ne suis pas prêt de la retrouver.
Véronique : (Revenant) Qu’est-ce que tu as ? Tu es malade tu ne réponds pas ?
Lucien : Mais tu ne me laisses pas le temps de répondre
Véronique : Eh bien vas-y mon chéri, je t’écoute.
Lucien : Alors allons-y ! Oui, oui, oui, oui, non, zéro, oui, oui, personne, non, non
Véronique : C’est bien ce que je craignais, tu es malade.
Lucien : Mais pas du tout, ce sont mes réponses.
Véronique : Réponses à quoi ?
Lucien : A tes questions, pardi.
Véronique : (Montrant qu’elle ne comprend pas) Qu’est-ce que tu veux dire ?
Lucien : Oui je suis là… oui j’ai passé une bonne journée… oui je suis content d’être
en vacances… oui j’ai fait vérifier la voiture… non j’ai pas eu le temps de voir ton
chemisier… car il est passé beaucoup trop vite… zéro c’est le nombre de paires de
chaussettes que je veux emmener car j’espère qu’il fera beau… oui j’ai arrosé les
vacances avec mes collègues… oui mon patron est en vacances en même temps que
moi, et donc personne ne me remplace car il n’y a pas besoin de me remplacer… non
je ne sais pas où est la boussole et pourtant j’en ai besoin, car avec toutes tes
questions, j’en arrive à perdre le nord… et enfin… non je ne suis pas malade
Véronique : Tu ne crois pas que ce serait plus facile de répondre à chaque question,
plutôt que de le faire en bloc ?
Lucien : Mais ce n’est pas possible tu es une vraie mitraillette à question. Ta ta ta ta
ta … ça fuse dans tous les coins.
Véronique : C’est parce que je t’aime et que je m’intéresse à ce que tu fais, que je te
pose toutes ces questions.
Lucien : Tu t’intéresses à ce que je fais ? Eh bien alors, pourquoi tu te fous des
réponses ?
Véronique : Mais je ne me fous pas des réponses… Et puis tu es injuste avec moi,
moi qui suis si contente de partir avec toi.
Lucien : (La prenant par l’épaule). Tu as raison, on oublie toutes ces petites
chamailleries et on pense à nos vacances. Nos premières vacances rien que tous les
deux... Tu te rends compte, maintenant que les enfants sont grands, c’est la première
fois depuis vingt ans, que l’on peut partir tous les deux… Ah … L’Italie Rome, Florence,
Venise rien que tous les deux en amoureux. Ce n’est pas beau ça !
Véronique : (Gênée). C'est-à-dire que…
Lucien : C'est-à-dire que quoi ?
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Véronique : Eh bien heu …
Lucien : Eh bien quoi ?
Véronique : On ne sera pas que tous les deux.
Lucien : Comment ça, pas que tous les deux ?
Véronique : On va être obligé d’emmener le chien.
Lucien : Mais pourquoi ? C’était convenu avec ta mère qu’elle viendrait le soigner ici
pendant notre absence. Elle ne veut plus ?
Véronique : Si mais …
Lucien : Si mais quoi ?
Véronique : Eh bien … Elle pense qu’elle le garderait mieux si elle était avec nous…
Lucien : Avec nous …. (Il réfléchit). Tu… tu veux dire qu’elle vient avec nous ?
Véronique : Je n’ai pas pu lui dire non, elle aurait été trop malheureuse
Lucien : Mais je m’en fiche moi qu’elle soit malheureuse. Il fallait lui dire non et
l’envoyer sur les roses... Ah non, tu m’entends, il n’en est pas question.
Véronique : Oh Lulu je t’en prie, je ne pouvais pas lui faire ça, elle est si fragile.
Lucien : Ta mère fragile ! Elle tiendrait tête à un régiment de parachutistes.
Véronique : Mais enfin… elle qui est si attachante.
Lucien : Attachante ! Ta mère attachante… Ah, on aura tout entendu… Ce n’est pas
attachante qu’elle est ta mère, c’est Attachiante, et dans ce domaine, crois-moi…elle
a le pompon !
Véronique : Tu es injuste avec elle. Tu la connais elle fera tout pour se faire oublier
Lucien : C’est justement parce que je la connais, que je sais qu’elle est incapable de
se faire oublier. .. Ah je vois le tableau d’ici, entre toi la mitraillette à question et la
belle-mère, la DCA à donner des ordres et à faire des reproches... Les vacances, ce
ne sera pas les gondoles à Venise… ce sera Omaha beach le jour du
débarquement … Et permets moi de te dire que ce n’est pas la même chose !
Véronique : Tu exagères.
Lucien : Mais pas du tout, avec elle le pire est toujours sûr… (Réfléchissant) On peut
peut-être arranger ça. Tu lui as dit de venir à quelle heure ?
Véronique : A cinq heure trente, puisque l’on part à 6h.
Lucien : Ok… on part à quatre heures et à huit heures on lui téléphone pour lui dire
qu’on est désolé… Mais qu’on l’a oubliée…
Véronique : Mais Lulu ce n’est pas possible !
Lucien : (D’un ton énergique) Si c’est possible ! Ça peut arriver…
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Véronique : Mais, elle va mal le prendre
Lucien : Rien à cirer… On fait ça… Allez hop, on accélère les préparatifs pour se
barrer avant qu’elle arrive…
(Sonnette, Véronique va ouvrir).
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Acte I scène 3
(Entrée de Paulette en tenue de touriste avec un gros sac à dos et 2 grosses valises).
Paulette : Salut les enfants ! (Elle pose ses valises et donne une grande tape dans le
dos de Lucien). Alors mon gendre content d’être en vacances ?
Lucien : (A part) Ce n’est pas vrai, c’est un cauchemar. (À Paulette), Mais qu’est - que
vous faites là ?
Paulette : Je pars avec vous. Véronique m’a dit que vous étiez d’accord pour que je
vienne. C’est gentil à vous mon gendre d’avoir accepté. J’apprécie…
Lucien : (A Véronique, pendant que Paulette range ses valises et ôte son sac à dos)
Tu lui as dit que j’étais d’accord…
Véronique : (A Lucien). Ça lui a fait tellement plaisir que ça vienne de toi.
Lucien : (Fait un geste menaçant à Véronique, puis s’adressant à Paulette). Au fait…
Véronique ne vous a pas dit, mais on ne part que demain, ce n’était pas la peine
d’arriver ce soir.
Paulette : Je sais, mais j’ai pensé que ce serait plus simple si j’étais là dès ce soir. Et
puis comme ça, vous êtes sûr de ne pas m’oublier… Pas vrai mon gendre… Ce serait
trop bête… de m’oublier.
Lucien : Ah ça oui, ce serait trop bête. (À part). Mais ce n’est pas possible il va falloir
se la cogner... Et puis c’est quoi tous ces bagages… vous allez prendre les trois quarts
de la place dans la voiture, avec tout ce bazar.
Paulette : Le sac à dos ce sont mes petites affaires personnelles et les deux grosses
valises c’est la bouffe du chien. Et je ne sais même pas si on fera la soudure… Ça
boulotte un Saint-Bernard… (Elle sort du sac à dos une bouteille de whisky). Et ça
c’est pour qui ? Hein… qui c’est qui pense à son gendre… Ce n’est pas une belle mère
en or que vous avez là ?
Véronique : Viens maman on va mettre tes affaires dans ta chambre et tu vas m’aider
à finir mes valises. (Elles sortent).
Lucien : (S’asseyant dans un fauteuil dépité). Oh si seulement elle était en or, je
pourrais la faire fondre et gagner du pognon, mais là, en l’état… qui pourrait acheter
ça ? Et pourtant… il n’y en a pas pour cher… (Il reprend son whisky).
(Véronique entre et sort en continuant de faire la valise).
Véronique : Chéri, je t’emmène ton bermuda bleu ou le noir ?
Lucien : (Voulant répondre) Le …
Paulette : (Pointant juste la tête à la porte). Le bleu, dans le noir il a l’air d’un
Bidochon… Et puis dites donc, mon gendre, demain vous allez conduire doucement
sans à coup. Vous savez que je suis malade en voiture ? (Elle sort).
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Lucien : (A part). Ah ça, elle peut compter sur moi pour lui secouer la paillasse.
Véronique : Est-ce que j’emporte les jumelles ?
Lucien : Oui…
Paulette : (Pointant juste la tête à la porte). Pas besoin de jumelles… Je l’ai vu faire,
il ne s’en sert uniquement pour mater les filles sur la plage
Lucien : Mais de quoi je me mêle ?
Véronique : Je t’emporte une robe de chambre pour prendre le petit déjeuner
tranquille le matin, avant de t’habiller ?
Lucien : Bien sûr…
Paulette : (Entrant). Pas question, debout 6 heures en tenue de combat, short et
baskets et 6h 30 footing (mimant le footing). Il faut le faire de bonne heure sinon après,
il fait trop chaud.
(Les femmes sortent toutes les 2 vers les chambres en emportant les valises)
Lucien : Une question, un ordre, un reproche et ça repart… c’est un cycle infernal qui
n’arrête jamais... Et il va falloir, que je me coltine ça, toutes les vacances... J’en ai déjà,
ras la cocotte... Tiens, sur le pont des soupirs, je les entends déjà me dire : «Les clefs
de voiture, où les as-tu mises ? »… « Fous pas dans l’eau la valise »… « Tiens-toi
droit on dirait la tour de Pise »… C’est fou, ce qu’on se gondole à Venise.
(Il reboit son whisky).
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Acte I scène 4
(On sonne, Lucien va ouvrir. Entrée de Léon et René)
Lucien : (Dépité) A c’est vous, ne me dites pas que vous venez arroser mes
vacances ?
Léon : (Très gêné) Pas vraiment non. Mais t’en fais une tête, tu es au courant ?
Lucien : Bien sûr que je suis au courant !
Léon : Ah ! Mon pauvre je suis de tout cœur avec toi... Je vais va tout faire, pour t’aider.
Tu peux compter sur moi.
Lucien : Eh bien, puisque tu me le propose si gentiment, je te prends au mot. Si tu
veux la prendre chez toi, pendant la durée de mes vacances, je te la file volontiers, et
s’il y a affinité, tu peux la garder.
Léon : Qu’est-ce que tu racontes ? De qui parles-tu ?
Lucien : Mais de ma belle-mère, bien sûr, elle vient de m’annoncer qu’elle part en
vacances avec nous.
Léon : Ah, c’était donc ça ! Si ce n’est que ça, ce n’est pas bien grave.
Lucien : Pas grave… mais on voit bien que tu ne la connais pas cette bonne femme…
C’est un cataclysme ambulant, un tsunami à elle toute seule, elle est cotée 12 sur
l’échelle de Richter et il n’y a pas au-dessus.
Léon : Tu exagères.
Lucien : Mais non, je vous dis. Elle est pire que le phylloxera et le virus Ebola réunis…
et en plus contre elle… il n’y a pas de vaccin connu et les toubibs sont impuissants.
Léon : Je comprends que tu sois ennuyé, mais crois-moi, ce que j’ai à t’annoncer est
bien plus grave.
Lucien : Bien plus grave… Ah, ne me dis pas qu’elle vient avec ses copines, sinon je
fais un malheur.
Léon : Mais non mon Lulu, ce n’est pas de ça dont il s’agit. Allez, assied toi, on va
t’expliquer. (Grave) Tu vas avoir un choc.
Lucien : Le choc je l’ai déjà eu.
(Lucien s’assoit sur le canapé, Léon sur une chaise à côté de lui. Lucien l’écoute d’un
air absent).
Léon : Bon voilà, tu sais que maintenant il existe des appareils électroniques
extrêmement sophistiqués, qui savent faire des tas de trucs… capable de localiser
l’endroit où il se trouve, comme un GPS… de transmettre et d’enregistrer des
conversations, et en plus ce n’est pas plus gros qu’une tête d’épingle.
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Lucien : Bah oui, ce sont des puces… On en met aux chiens ou aux bourricots, pour
savoir où ils sont et à qui ils appartiennent.
Léon : C’est ça, seulement voilà… les puces, on ne les met pas qu’aux bourricots,
comme tu dis…
Lucien : À qui d’autre ?
Léon : (Gêné). À toi.
Lucien : (Surpris) À moi ?
Léon : Oui, on t’en a greffée une à ton insu.
Lucien : Quoi ?... Mais où ?
Léon : Ça, on ne le sait pas ? Ce qui est sûr, c’est que depuis trois mois tu es sur
écoutes.
Lucien : Je suis sur écoutes ?
Léon : Eh oui, mon pauvre vieux, on sait où tu es à tout moment, avec qui tu es, ce
que tu dis et surtout… tout ce que tu entends.
Lucien : Mais qu’est-ce que vous me racontez là ? Mais… Mais qui m’écoute ?
Léon : On ne sait pas encore exactement, mais on ne va pas tarder à le savoir. Ce qui
est sûr, c’est que c’est un groupe révolutionnaire international.
Lucien : Mais pourquoi moi ? Je n’ai rien d’intéressant à révéler.
Léon : Toi non… mais ce n’est pas toi que l’on écoute, c’est ton patron… le super PDG
de la grosse multinationale, dont tu es le chauffeur, que l’on écoute à travers toi.
Lucien : Mon patron, mais il ne me fait pas de confidences.
Léon : Directement sûrement pas, mais quand tu conduis, il téléphone ?
Lucien : Bah oui…
Léon : Quand tu conduis, il n’est pas toujours seul dans la voiture.
Lucien : Bien sûr que non.
Léon : Il est avec des clients, des partenaires, des collaborateurs proches.
Lucien : Évidemment
Léon : C’est eux qu’ils veulent écouter.
Léon : Tu sais que je suis flic en retraite et que j’ai toujours des contacts avec mes
anciens collègues.
Lucien : Bien sûr.
Léon : Les services de renseignements français ont été mis au courant et ils ont réussi
à intercepter les conversations que tu émets… dont une, où j’étais avec toi... Le gars
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à l’écoute me connaissait, il m’a reconnu et aussitôt il m’a prévenu du risque que tu
cours.
Lucien : Comment ça du risque que je cours ?
Léon : Ce que tu as entendu… pardon ce que ta puce a entendu est énorme.
Lucien : Mais c’est quoi ?
Léon : En gros, c’est comment manœuvre une poignée de gros bonnets comme ton
patron, pour prendre le contrôle économique de la planète et s’enrichir toujours plus
avec la complicité de certains politiques, médias et juges.
Lucien : Non ?
Léon : Si… Ce que ta puce sait, ce sont les méthodes qu’ils emploient, les personnes
impliquées. Un véritable scandale.
Léon : Tu es en grand danger mon pote, car, ils veulent absolument détruire la puce
et celui qui la porte.
Lucien : Et celui qui la porte…. (Réfléchissant) Mais c’est moi, celui qui la porte !
Léon : Et oui, mon vieux Lulu…
Lucien : Oh purée ! Mais pourquoi ? Si ce que tu racontes est vrai, les écoutes ils les
ont ? Ils n’ont pas besoin de la puce.
Léon : Si, car les écoutes seules ne les inquiètent pas, ils arriveront toujours à faire
croire que c’est bidonné… Tandis que la puce qui a conservé tous les enregistrements,
tant qu’elle est dans toi, c’est une preuve irréfutable, personne n’a pu bricoler les
enregistrements.
Lucien : Oh purée ! Mais qu’est-ce qui va m’arriver ?
Léon : Bah… Soit c’est le groupe révolutionnaire qui te récupère le premier… mort ou
vif.
Lucien : (Abasourdi) Mort ou vif !
Léon : Plutôt vif que mort d’ailleurs.
Lucien : (Rassuré) C’est déjà ça.
Léon : Oh… ne te réjouis pas trop vite, leur souhait serait de te capturer et de faire ton
autopsie vivant en direct devant toutes les chaines d’informations du monde entier
Lucien : (Abasourdi) Autopsie vivant à la télé. Mais ce sont des monstres… Mais
pourquoi ?
Léon : Pour prouver que rien n’est trafiqué. Ça leur permet de récupérer la puce, et
de procéder à l’écoute des données… le tout en direct et ainsi prouver au monde entier
l’importance du complot.
Lucien : Oh purée !
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Léon : En agissant ainsi, ils sont persuadés que les révélations provoqueraient une
telle déflagration que ce serait instantanément la révolution mondiale… Le grand soir
en quelque sorte.
Lucien : Oh purée ! Et l’autre solution
Léon : Tu tombes entre les mains d’une des équipes de barbouzes, à la solde des
gros bonnets.
Lucien : Ça fait combien d’équipe ?
Léon : Plusieurs dizaines, le complot est international.
Lucien : (Abasourdi) Oh purée ! Et là, qu’est-ce qu’il se passe…
Léon : Là…. C’est la soude caustique
Lucien : Oh purée !
Léon : Tout est dissous, plus de puce… Et plus de Lulu.
Lucien : La soude caustique… Oh purée !
Léon : Eh oui ! Mon Lulu.
Lucien : Si je comprends bien, j’ai le choix entre le dépeçage vivant et la dissolution…
Mais alors c’est fini…
Léon : Pas encore, l’info vient juste de sortir, ils n’ont pas eu le temps de s’organiser.
Lucien : Dans une heure c’est bâché.
Léon : Pas sûr, mon Lulu, je suis là.
Lucien : Mais qu’est-ce que tu peux faire contre tout ce bazar….
Léon : Il faut tenir 2 heures, le temps de repérer où est placée la puce sur toi, et de
l’extraire.
Lucien : On ne tiendra pas 2 heures avec tout ce monde-là sur le dos.
Léon : Fais-nous confiance.
Léon : On a un peu d’avance et on s’est déjà organisé… J’ai lancé un appel à l’amicale
des inspecteurs et commissaires en retraite de l’Ile de France. Tous ont répondu
présents, ils sont ravis de pouvoir mener une opération sans la hiérarchie sur le dos.
Tout le quartier est quadrillé, personne ne peut rentrer chez toi sans avoir carte
blanche et être fouillé de la tête aux pieds.
Lucien : Non ?
Léon : Si… Et en plus j’ai mis au courant René, il a lancé un appel à tous ses collègues
chauffeur de taxis. Toute personne qui voudra se faire déposer à ton adresse… Je te
garantis qu’elle n’est pas prête d’arriver, elle va tourner un moment et apprendre à
connaître Paris.
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Lucien : Merci… c’est sympa d’avoir fait tout ça, mais ça ne suffira pas... Tiens premier
problème... Je ne sais pas où elle est moi la puce.
Léon : J’ai contacté une copine de ta fille, elle est costaud en informatique, elle m’a
assuré qu’elle pourrait la détecter.
Lucien : Ok pour la détecter… mais pour l’extraire ?
Léon : Ma sœur est assistante vétérinaire. Je l’ai prévenue, elle sera là dans une
heure.
Lucien : Une assistante vétérinaire… C’est compétent ça, pour m’opérer ? Tu crois
qu’elle saura faire ?
Léon : On n’a pas le choix.
Lucien : Et après ?
René : Si tu n’as plus la puce, tu n’as plus de valeur à leurs yeux et on leur fera savoir.
Lucien : Comment ?
Léon : En organisant une conférence de presse.
Lucien : Moi faire une conférence de presse ! Non, mais ça ne va pas.
Léon : C’est ça, la soude caustique ou l’autopsie vivant.
Lucien : Ok, ok… Mais de l’autre côté, c’est la conférence de presse … et ma belle-
mère à Venise
René : Tu prends quoi?
Léon : La Belle-mère ?
Lucien : Bien obligé… (Tout bas) Mais j’y pense vu que j’ai la puce sur moi qui entend
tout, ce n’est pas dangereux de tout dire devant elle.
Léon : Tu as raison, on a pensé au problème, mais en les mettant au courant de notre
plan de bataille, ils vont tous être obligés de prendre des précautions avant d’intervenir
et ça nous permet de gagner du temps... Il faut quand même faire attention à ce que
l’on dit.
Léon : Au fait, il y a une chose que l’on ne contrôle pas c’est les immeubles voisins.
Un tireur d’élite pourrait se poster à une fenêtre et essayer de t’éliminer.
Lucien : Avec une carabine ?
Léon : Non… plutôt avec un bazooka
Lucien : Un bazooka !
Léon : Bah oui… pour être sûr de détruire toi et la puce et ainsi ne pas laisser de trace.
Lucien : Oh purée.
Léon : Donc, surtout ne passez pas devant les fenêtres. Sinon …Boom
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Lucien : (Complètement abattu) Oh purée…
Véronique : (Entrant) Ah! tu es là… Tu es venu arroser les vacances de Lulu.
Léon : Pas vraiment non.
Véronique : (Elle voit Lulu). Il n’a pas voulu t’offrir un verre… Mais enfin Lulu, c’est
tout de même pas un drame d’emmener maman.
Lucien : Oh ce n’est pas ça, tu sais. Au point où j’en suis, je crois que je partirais un
mois en car, en vacances, avec ta mère et toutes ses copines du club des casse
bonbons.
Véronique : Sans moi !
Lucien : Mais si, tu peux venir avec. Je ne suis pas à une près… Bienvenue au club !
Véronique : Lulu…
Léon : Ne lui en veux, avec ce qu’il vient d’apprendre, il ne sait plus trop ce qu’il dit.
Véronique : Mais qu’est-ce que tu viens d’apprendre ?
Lucien : Oh... si tu savais…
Léon : En attendant, on récapitule, on peut bloquer le quartier environ 2 heures. Il faut
récupérer la copine de ta fille, pour cela envoie quelqu’un de sûr la chercher, qui la
fera passer par notre QG.
Véronique : Mais qu’est que c’est que cette histoire ?
Lucien : Oh... si tu savais… Il est où votre QG ?
Léon : Chut, ça c’est top secret, la puce pourrait entendre… (Ecrivant l’adresse sur un
papier) C’est de là que l’on coordonne toute l’opération.
Lucien : (Lisant le papier) C’est chez Antoinette, le café du coin.
Léon : Mais merde Lulu, fais attention à ce que tu dis… on t’entend !
Lucien : Oh oui, c’est vrai
Véronique : Mais, allez-vous enfin me dire, ce qu’il se passe ?
René : Il va t’expliquer.
Léon : Allez, sur ce je me sauve.
René : Courage mon Lulu, on est là.
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Acte I scène 5
(Lulu est assis sur le canapé et machinalement se ressert un whisky).
Véronique : Mais enfin Lulu, vas-tu enfin m’expliquer. C’est quoi cette histoire ?
Lucien : (Effondré) Ce qui m’arrive ! (Voulant être rassurant) En fait, ce n’est rien… 3
fois rien même… une petite bricole de rien du tout… comme il en arrive à tout le
monde… enfin presque à tout le monde…
Véronique : Mais je vois bien à ton état que c’est grave… Allez dis-moi, tu sais bien
qu’à moi tu peux tout me dire.
Lucien : Eh bien voilà… ton petit Lulu à une petite puce grosse comme ça, comme
une tête d’épingle.
Véronique : Comme une puce, quoi...
Lucien : C’est ça… j’en ai une.
Véronique : Ce n’est que ça ! C’est vrai que ce n’est pas agréable, mais il y vraiment
pas de quoi en faire un drame… Elle est où cette puce.
Lucien : Justement… c’est que je ne sais pas.
Véronique : On va la trouver. (Elle s’approche de lui pour l’aider à chercher). On va
procéder par ordre, elle t’a piquée où la dernière fois. Là… Là… Là…
Lucien : Ah, mais laisse-moi tranquille, ce n’est pas une puce comme tu crois… Il
s’agit d’une puce électronique.
Véronique : (Après avoir regardé Lulu, elle fait signe qu’il est ivre). C’est ça oui… Avec
des ressorts à la place des pattes… des oreilles en zinc… des lasers à la place des
yeux… et un gyrophare sur la tête… et la vilaine elle a piqué mon Lulu.
Lucien : Mais ne rigole pas, cette puce on l’a greffée sur moi… Et en plus elle sait tout
faire… elle me localise en permanence… elle enregistre et diffuse tout ce que je dis et
surtout… tout ce que j’entends.
Véronique : C’est ça oui, elle ne fait pas micro-ondes aussi, pendant que tu y es.
Lucien : Je t’en prie !
Véronique : (A part) Dommage ça aurait été pratique, en vacances.
Lucien : Ma puce a enregistré les propos de mon patron… Il a dit des choses qu’il ne
fallait pas dire… Il prépare un complot avec ses copains… pour prendre le contrôle de
la planète.
Véronique : C’est ça oui…
Lucien : Et en plus… un groupe révolutionnaire, celui qui m’a mis la puce dans le
corps.
Véronique : C’est ça oui.
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Lucien : Veut récupérer la puce en faisant mon autopsie vivant… Si, devant toutes les
télés du monde, pour prouver le complot… Tu me suis…
Véronique : Si je te suis… non, je te précède…
Lucien : Et les gros bonnets ont embauché des équipes de barbouzes… des
centaines… Si… Pour me dissoudre dans la soude caustique
Véronique : C’est ça oui.
Lucien : Pour m’empêcher de parler… enfin pour empêcher ma puce de parler.
Véronique : (A part) Sa puce, en plus de faire micro-ondes… elle parle… Si ce n’est
pas une puce savante, ça y ressemble.
Lucien : Tu me crois ?
Véronique : (Elle réfléchit) Non…
Lucien : Mais appelle Léon et demande-lui, si ce n’est pas la vérité.
Véronique : Ce n’est pas la peine… mais toi, tu vas me faire le plaisir d’arrêter le
whisky pour ce soir.
Lucien : (Prenant le téléphone, appelle Léon). Tu ne me crois pas ? Eh bien tu vas
voir…Allo Léon… Ce qui se passe… Eh bien, ma femme ne veut pas me croire. Dis-
lui toi… Moi, je renonce… (Il passe le téléphone à Véronique).
Véronique : Oui, allo Léon… Lulu vient de me raconter une histoire invraisemblable,
de puce savante que Che Guevara veut récupérer et que des gros bonnets veulent
dissoudre dans la soude caustique. Ce n’est pas vrai ?... Si c’est vrai… Oh purée …
Et cette puce elle est greffée sur Lulu… Oh purée … Et il sera autopsiée vivant ou
dissout si on n’agit pas. Oh purée … (Passant devant la fenêtre) Et en plus, il ne faut
pas passer devant la fenêtre à cause du bazooka. (S’écartant brutalement) Oh purée…
(Elle raccroche abasourdie).
Lucien : Alors tu vois que je ne t’ai pas menti.
Véronique : Mais alors mon Lulu, tu es en danger !
Lucien : Ah ça oui… c’est le moins que l’on puisse dire… si quelqu’un a déjà été autant
en danger que moi, qu’il lève la main…
Véronique : Mais qu’est-ce qu’on peut faire ?
Lucien : Faire ce que proposent Léon, aller chercher Vincent pour qu’il localise la puce
sur moi, pour ensuite, pouvoir l’extraire.
Véronique : (En sortant très vite) Je me prépare et j’y vais.
Lucien : (Véronique est déjà sortie) Mais pas toi, ce n’est pas possible. Il faut
quelqu’un de discret.
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Acte I scène 6
(Lulu est assis sur le canapé et machinalement se ressert un whisky. Sylvie entre en
colère par la porte d’entrée dans l’appartement).
Sylvie : (Sur le pas de la porte) Mais allez-vous me lâcher enfin espèce de vieilles
badernes lubriques. (Elle referme vivement la porte).
Lucien : (Se lève et va vers la porte, la fenêtre d’où peuvent arriver les coups de
bazooka les sépare). Qu’est-ce qu’il t’arrive ?
Sylvie : (Toujours en colère) Il m’arrive que j’aie rencontré ton andouille de copain
Léon...
(Elle veut faire un pas pour avancer et Lulu réalise que passer devant la fenêtre est
dangereux)
Lucien : Ah, ne bouge pas, surtout ne bouge pas.
Sylvie : (Se figeant) Pourquoi ?
Lucien : Je vais t’expliquer, mais surtout promets-moi de ne pas bouger. Ne fais pas
un pas de plus ma petite fille chérie, je t’en supplie, il ne faut pas passer devant la
fenêtre.
Sylvie : Qu’est- ce qu’il y a ?
Lucien : Un bazooka.
Sylvie : Un bazooka ?
Lucien : Oui, un bazooka… qui a en ligne de mire la fenêtre et qui peut tirer à tout
moment.
Sylvie : (Incrédule) Tu es sûr?
Lucien : Oui et encore ça c’est rien…
(Sylvie veut faire un pas).
Lucien : Ah, ne bouge pas, surtout ne bouge pas…
Sylvie : Ah, c’est vrai le bazooka… Comment je fais pour passer ?
Lucien : À quatre pattes, passe à quatre pattes sous la fenêtre.
(Elle s’exécute).
Sylvie : Bon ça y est, tu vas pouvoir m’expliquer.
Lucien : Qu’est-ce qu’il t’a raconté Léon ?
Sylvie : Il m’a parlé d’une histoire abracadabrantesque, de révolution, de barbouzes
et j’en passe, car je n’ai rien compris.
Lucien : Ça ne m’étonne pas…
Sylvie : Il parait que tu cours tous les dangers et que moi je risque d’être enlevée…
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Lucien : (Abattu). Manquerait plus que ça !
Sylvie : Alors il m’a fait accompagner jusqu’ici, par quatre inspecteurs en retraite…
des vieux machins vicieux, qui en guise de soi-disant garde rapprochée, n’ont pas
arrêté de me peloter. Ah ils sont jolis tes potes… C’est vrai cette histoire ?
Lucien : Oui… Ça fait partie des nombreuses choses invraisemblables qui me sont
tombées sur la tête aujourd’hui.
Sylvie : Il va falloir m’expliquer dans le détail, car son père pantouflard qui en une
journée devient James Bond, c’est excitant, mais ce n’est pas courant.
Lucien : (Essayant d’être calme et ne voulant pas affoler sa fille). En fait ce n’est rien
du tout, trois fois rien même. Il ne faut pas que tu t’inquiètes.
Sylvie : Trois fois rien, les quatre vieux cochons, le bazooka c’est déjà pas mal.
Lucien : (S’effondrant) Et pourtant c’est trois fois rien par rapport au reste
Sylvie : (Le regardant), Mais qu’est-ce qu’il t’arrive, tu as l’air tout chose… T’as picolé.
Lucien : Non… Enfin oui… Mais ce n’est pas ça le problème si tu savais ce qui
m’arrive ?
Sylvie : (S’énervant) Justement, c’est ce que je veux savoir…
Lucien : Eh bien voilà… Oh et puis, tu demanderas à ta mère, elle est au courant, moi
j’ai plus le courage de m’expliquer. D’ailleurs personne ne me croit… Elle… elle saura
te convaincre, moi j’y renonce.
Sylvie : Elle est où maman ? Prisonnière des apaches ?
Lucien : Non, elle n’est pas avec les Indiens, elle est dans sa chambre… avec
Calamity Jane.
Sylvie : Qui c’est Calamity Jane ?
Lucien : Ta grand-mère !
Sylvie : Papa… (Elle sort en se baissant à cause de la fenêtre et du bazooka)
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Acte I scène 7
(Lulu se rassoit sur le canapé et machinalement se ressert un whisky. Paulette arrive
de la chambre en treillis et casquette militaires)
Lucien : (La voyant arriver, il se cache derrière le canapé en criant). Oh, les barbouzes
sont déjà là !
Paulette : Je vous reconnais bien là, mon gendre, toujours aussi courageux !
Lucien : (Levant la tête). Ah, c’est vous ?
Paulette : Bah oui, c’est moi, ça vous étonne ?
Lucien : Mais, qu’est-ce que vous faites dans cette tenue ?
Paulette : Véronique m’a mis au courant de vos petits ennuis, et je suis volontaire pour
aller chercher Vincent à sa place.
Lucien : Vous… Aller chercher Vincent !
Paulette : Et pourquoi pas ? Moi, je n’ai peur de rien vous savez, je ne suis pas un
poltron, comme vous.
Lucien : Ça, je sais que vous n’avez peur de rien. Mais pourquoi cette tenue ? Léon a
recommandé la plus grande discrétion.
Paulette : C’est un abruti, ce n’est pas de la discrétion qu’il faut, c’est de l’efficacité.
Lucien : Vous êtes sûre ?
Paulette : Certaine, il s’agit d’une mission commando, donc il faut être habillé comme
tel… Car si jamais il y a de la castagne, il faut être à l’aise dans ses baskets… Si je
suis attaquée, (elle joint le geste à la parole et simule une position de karaté) v’lan…
coup de pied dans les parties. Ah, ils vont voir de quel bois elle se chauffe la Paulette...
Les barbouzes peuvent numéroter leurs abattis et leurs bijoux de famille.
Lucien : C’est un point de vue… Quand je pense que vous faites cela pour moi !
Paulette : Détromper vous mon gendre, ce n’est pas pour vous.
Lucien : Je me disais aussi.
Paulette : C’est pour sortir ma fille de cette mauvaise passe, dans laquelle l’a mis son
andouille de mari.
Lucien : Andouille ! Non, mais je vous en prie, tout ce qui m’arrive, n’est quand même
pas de ma faute.
Paulette : Avouer quand même qu’il faut être sacrément ballot pour se faire pucer de
la sorte… Savez-vous à qui on les met les puces d’habitude ?
Lucien : Bah oui, aux chiens et aux ânes
Paulette : Ah oui, alors, pourquoi croyez-vous qu’ils vous en ont mis une ?
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Lucien : Ah c’est facile.
Paulette : Ce n’est pas facile, c’est la réalité… Bon en attendant pas de temps à
perdre. (Elle part pour sortir et va passer devant la fenêtre).
Lucien : (Pensant au bazooka pointer sur la fenêtre) Arrêtez !
Paulette : (Se bloquant). Quoi encore ?
Lucien : Ne bougez pas ! (Réfléchissant puis à part). Oh et puis, après tout si il y un
bazooka autant que ce soit elle qui fasse le test.
Paulette : (Toujours bloquée). Ça va durer longtemps.
Lucien : Ne bougez pas… je vais vous prendre en photo avant de partir. (Il prend son
téléphone portable)
Paulette : Ça ne va pas, non… Pourquoi vous voulez faire ça ?
Lucien : Mais pour immortaliser l’événement… rendez-vous compte, si vous
réussissez votre mission, demain vous êtes une vedette et tous les médias
s’arracheront votre photo.
Paulette : (Flattée). Vous croyez ?
Lucien : C’est sûr ! Allez, on prend la pose !
Paulette : Comme ça, ça va ?
Lucien : Oui, mais il n’y a pas assez de lumière. Ouvrez plus grands les rideaux et
mettez-vous bien au milieu de la fenêtre.
Paulette : (S’exécute et reprend la pose) Comme ça c’est mieux ?
Lucien : Impeccable ! (Il tarde à faire la photo).
Paulette : Alors ça vient ?
Lucien : Minute, je fais les derniers réglages… je ne veux pas la rater…. (À part) Ça
doit être bon s’il y avait un bazooka en face, elle aurait déjà pris un missile dans la
tronche.
Paulette : Ça vient ?
Lucien : C’est parfait on ne bouge plus. Allez faites-moi un petit ouistiti, car le sourire
chez vous, on ne peut pas dire que ce soit naturel.
Paulette : Je vous en prie…
Lucien : Allez… Ouistiti
Paulette : Ouistiti.
Véronique : (Entre à ce moment et voit sa mère devant la fenêtre) Maman couche toi !
Le bazooka…
Paulette : (Se couchant) Oh oui, le bazooka, je l’avais oublié.
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Véronique : (En colère) Et toi Lucien, tu l’avais oublié le bazooka, ou bien tu l’as fait
exprès d’exposer maman devant la fenêtre… Tu savais le risque qu’elle encourait ?
Lucien : Oh c’est vilain ce que tu dis là…. Mais comment peux–tu imaginer une chose
pareille ? Mais bien sûr que je l’avais oublié le bazooka.
Véronique : C’est sûr ? Tu le jures ?
Lucien : Mais bien sûr que je le jure… Tiens je le jure sur la tête de ta mère. (Il met la
main sur la tête de Paulette qui est toujours à 4 pattes). C’est pour te dire si c’est vrai…
Paulette : (Se relevant). Si ça ne vous fait rien mon gendre, jurez donc sur la tête de
quelqu’un d’autre.
Véronique : C’est vrai sur la tête de maman, ce n’est pas très convaincant.
Lucien : (Hypocrite). Mais enfin Véronique, tu crois que j’aurais laissé faire une chose
pareille… Oh non… D’abord indépendamment de ta mère, tu te rends compte des
dégâts occasionnés par un obus de bazooka dans l’appartement… Tout aurait été
cassé et tu me vois ramasser le puzzle de ta mère, là, partout sur les murs... Ça aurait
été insoutenable… (À part). Quoique… Et la déco… Hein, dans quel état elle aurait
été la déco. Il aurait fallu refaire tout le salon… et tu sais bien que je n’aime pas faire
de la peinture… Allons, voyons…
Paulette : J’ai quand même un peu de mal à croire que vous ne vouliez pas me
transformer en boulettes pour chien.
Lucien : Mais enfin belle maman, vous savez bien que le chien n’en aurait pas voulu…
(À part) Il aurait attrapé la rage.
Paulette : Bon, admettons…
Sylvie : (Entre en tenue de combat elle aussi). Ca y est mamie je suis prête, on peut
aller chercher Vincent.
Lucien : Mais tu ne vas quand même pas aller avec ta grand-mère, c’est trop risqué.
Sylvie : Je suis bien obligée, mamie ne sait pas où il habite. Et en plus habillée comme
ça, Vincent ne voudra jamais la suivre.
Lucien : Bon d’accord puisque l’on ne peut pas faire autrement. (S’adressant à
Paulette) Mais vous, vous m’entendez, je vous confie ma fille donc pas de risques
inutiles
Paulette : Mais bien entendu, discrétion, efficacité, rapidité et coup de pied dans les
… (Elle joint le geste à la parole) Si affinité…
Véronique : (Les embrassant) Faîtes attention toutes les deux.
Lucien : (Embrassant sa fille) Ma petite fille, soit prudente. Quant à vous, pas de
zèle…
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Paulette : Allez viens Sylvie au boulot. (Sylvie passe sous la fenêtre à 4 pattes puis
part avec paulette)
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Acte I scène 8
(Lucien se rassoit sur le canapé et machinalement se ressert un whisky. Il en propose
à Véronique qui fait signe qu’elle en veut)
Véronique : Tu crois que ça va marcher, qu’ils vont réussir à ramener Vincent ?
Lucien : Normalement oui… si ta mère ne fait pas des siennes.
(Grand bruit à l’extérieur.)
Lucien : Eh bien tiens… ça y est déjà… il n’aura pas fallu longtemps !
(La porte s’ouvre brusquement. Véronique et Lucien se couche devant le canapé.
Entre Vincent et Sylvie).
Sylvie : (S’adressant à l’extérieur) Cassez-vous espèces de dégénérés sexuels.
Vincent : (Se cachant derrière Sylvie) Sinon vous aurez affaire à moi…
Lucien : Mais qu’est-ce qu’il se passe ?
Sylvie : Attends qu’on passe sous la fenêtre. (Vincent passe le premier et à 4 pattes
tend la main à Lucien, pour le saluer)… Il se passe que tes potes, Léon et René ont
intercepté Vincent avant nous et les mêmes guignols que tout à l’heure, le ramenaient
ici quand on les a croisés dans l’escalier… Ils se sont fait un plaisir de nous refaire le
coup de la garde rapprochée, pour encore me peloter.
Véronique : Et ta grand-mère, elle est où ?
(À l’extérieur, on entend des voix d’hommes) Ouille, non, mais ça ne va pas, Oh…,
Oups… Aie, aie, aie…
Sylvie : Ça doit être elle… À mon avis, elle doit leur faire comprendre qu’elle n’est pas
vraiment contente.
Paulette : (Entrant en colère) Non mais alors ! Ne pince pas les fesses à Paulette qui
veut ! Ils ont vu à qui ils avaient affaire les malotrus. (Criant à l’extérieur) Malotrus.
Lucien : Mais qu’est-ce qui vous arrive ?
Paulette : Attendez, j’arrive. (Elle passe sous la fenêtre)… Un gros baraqué a voulu
me mettre la main au panier, je lui ai remonté les amygdales avec un coup de genou
bien placé… Il va être aux abonnés absents, un bon moment, de ce côté-là… Ça lui
apprendra l’abstinence.
Véronique : Ça va maman, il ne t’a pas fait mal ?
Paulette : Non, mais lui il va japper un moment.
Lucien : Bon en attendant, Vincent est là, et c’est le principal… Il n’y a pas une minute
à perdre, il faut repérer la puce sur moi. Comment comptez-vous vous y prendre pour
la repérer ?
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Vincent : (Installant l’ordinateur portable). Je vais connecter cet appareil sur
l’ordinateur. C’est une sorte de détecteur qui capte les fréquences émises par votre
puce.
Lucien : Vous croyez que ça va marcher ?
Vincent : C’est très sensible, vous savez. On devrait pouvoir localiser la puce à 1
centimètre près… bon, je branche le détecteur… Sylvie, tu le rapprocheras de ton père
pour que je puisse analyser les fréquences.
Lucien : Comment vous vous rendrez compte de l’endroit où se trouve la puce ?
Vincent : C’est simple sur l’écran s’affiche une sorte de courbe, qui m’indique à quelle
distance se situe la puce du micro et en même temps il y a un bip long d’émis de ce
type : Tu ……. Tu……. Tu…… si l’on est à moins d’un mètre et un bip plus court : Tu.
Tu. Tu.Tu, si l’on est à moins de 10 centimètres.
(Il finit les branchements et passe le détecteur à Sylvie)
Sylvie : Je commence par où ?
Vincent : On peut, peut-être gagner du temps. Cette puce, on vous l’a implantée, sans
que vous vous en aperceviez, c’est donc que vous avez été anesthésié. Avez-vous
été opéré récemment et si oui de quoi ?
Lucien : Bah, non
Véronique : Mais si enfin, Lucien, tu as été opéré des dents de sagesse
Paulette : Des dents de sagesse ! Ils n’ont pas dû trouver grand-chose.
Lucien : Oh, je vous en prie vous, pas de commentaires… Effectivement, je me suis
fait enlever 2 dents, il y a 3 mois environ.
Vincent : Vous avez été anesthésié ?
Lucien : Oui, anesthésie générale. Même que j’étais pas mal dans le coltard au réveil.
Paulette : Comme d’habitude.
Lucien : (Excédé à Véronique) Dis-lui d’arrêter, sinon, ça va mal se mettre.
Véronique : Maman, s’il te plait. L’heure est grave.
Vincent : Connaissiez-vous le toubib qui vous a opéré.
Lucien : Bah oui, c’est un ami de la famille…
Véronique : Mais tu sais bien qu’il a eu un accident de circulation, rien de grave, mais
il a été bloqué plusieurs heures, et c’est un remplaçant, que nous ne connaissions pas,
qui t’a opéré.
Vincent : Ça sent le coup monté. Ils ont dû vous implanter la puce à cette occasion.
Lucien : Les enfoirés.
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Vincent : La puce est peut-être dans un plombage, commence par explorer la tête.
(Sylvie commence à balader le détecteur devant la tête de son père. Lucien est très
crispé, Paulette et Véronique son très attentives et très tendues. L’ordinateur émet un
bip long)
Vincent : Le bip est long cela signifie donc que la puce est à moins d’un mètre. Par
contre elle n’est pas dans la tête… Levez les bras au-dessus de la tête et Sylvie, passe
le micro entre les bras. (Toujours le même bip). La puce n’est pas dans les bras.
(Véronique et Paulette manifestent leur impatience)
Véronique : Mais où est-elle ?
Paulette : C’est vrai ça, où est-elle ?
Lucien : (Affecté) Je ne sais pas.
Vincent : Passe le micro dans le dos. (Toujours le même bip). Elle n’est pas là.
Véronique : Mais où est-elle ?
Paulette : C’est vrai ça, où est-elle ?
Lucien : (Très affecté) Je ne sais pas.
Vincent : Essaie devant maintenant sur l’abdomen et le thorax. (Toujours le même
bip). Elle n’est pas là.
Véronique : Mais où est-elle ?
Paulette : C’est vrai ça, où est-elle ?
Lucien : (Encore plus affecté) Je ne sais pas.
Vincent : Ne paniquez pas, on va la trouver. Écartez les jambes. Sylvie part des pieds
et remonte vers… vers le haut.
Sylvie : (Hésitante) C’est gênant de faire ça à son père.
Paulette : Donne-moi l’engin, moi je vais le faire, moi ça ne me gêne pas.
Lucien : (Se protégeant) A non pas vous… surtout pas vous ! Vous êtes trop brutale,
j’ai peur que vous ne vous arrêtiez pas à temps.
Paulette : Poule mouillée.
Lucien : Fais-le-toi Véronique !
(Véronique prend le micro et remonte lentement en tremblant. En haut, le bip devient
très court. Véronique ne bouge plus).
Vincent : Moins de 10 centimètres. (Il regarde son écran) 7 centimètres exactement.
Paulette : Ça, je me doutais bien que ce n’était pas un monstre.
Lucien : Non, mais ça ne va pas vous… on peut se passer de vos commentaires.
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Vincent : Ce n’est pas la longueur de ce que vous croyez, c’est la distance entre la
puce et le micro.
Paulette : (A part) Ils n’ont quand même pas mis la puce là !
Lucien : J’espère que non
Vincent : Ne bouger plus à partir de ce point on va essayer de se rapprocher de plus
en plus près. (À Véronique) Allez y doucement, monter le micro. 7… 8… 9, on
s’éloigne, elle n’est pas par là. Passez derrière votre mari et repartez d’entre les
jambes. C’est ça comme ça, montez légèrement vers la fesse droite. 5… 7… 8, on
s’éloigne. L’autre côté, maintenant, 4… 3… 2… 1, ça y est, on y est… ne bougez
plus… La puce est là, dans le bas de la fesse gauche.
Véronique : Pourquoi l’on t’il-mise là ?
Lucien : Je ne sais pas… Mais qu’est-ce qu’on fait maintenant ?
Vincent : Il faut faire une croix au feutre indélébile dessus, pour que la personne qui
l’enlèvera ait un repère.
Paulette : (Prend un feutre dans une boîte). Tenez, j’en ai un… Allez, on baisse le
froc, qu’on marque la bête.
Lucien : Ce n’est pas vous qui allez faire cela, c’est Véronique et puis pas ici devant
tout le monde.
(Ils sortent, tous les deux).
Sylvie : (Soulagée). Bravo Vincent, tu as été super !
Vincent : Moi, je n’y suis pas pour grand-chose, c’est la technique.
Paulette : Maintenant que l’on sait où elle est la puce, c’est idiot d’attendre l’assistante
de mes fesses pour l’enlever. Je pourrais très bien le faire moi-même avec un couteau
de cuisine et un hachoir.
Sylvie : Mamie, tu sais très bien que papa n’acceptera jamais que ce soit toi qui le
fasses.
Paulette : S’il n’était pas si pétochard, on gagnerait du temps.
(Véronique et Lucien reviennent).
Véronique : Ça y est, c’est fait. ..C’est drôle, mais à l’endroit que j’ai marqué au feutre,
on ne sent, pas la moindre cicatrice ou bosse.
Vincent : Ça ne m’étonne pas… ces puces sont tellement petites, qu’ils ont dû
l’implanter avec un outil très fin. Il y a certainement eu, comme un petit bouton au
début, mais il a dû disparaître très vite.
Lucien : Bon, qu’est-ce qu’on fait maintenant ?
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Vincent : Je crois que le mieux est d’attendre patiemment la personne qui va extraire
la puce, en gardant surtout son sang-froid.
Lucien : Garder son sang-froid, plus facile à dire qu’à faire.
Sylvie : Si tu veux, Vincent, tu peux repartir chez toi, ici c’est dangereux tu sais.
Vincent : Ah non pas question, tant que tu cours un danger, je reste avec toi.
Paulette : C’est y pas beau l’amour… En voilà un au moins qui en a !
Lucien : Ça suffit vous et vos remarques désobligeantes… Bon les enfants surtout
respectez les consignes. Devant les fenêtres soit on passe à quatre pattes, soit on
passe très vite, pour ne pas leur laisser le temps d’envoyer un missile.
Sylvie : Ok, papa. (Ils partent dans la chambre).
Paulette : Bon, moi je sors, je vais aux nouvelles, au QG des andouilles réunies.
Véronique : Où ça ?
Paulette : Voir ses potes, Léon et René et toute la bande de bras cassés et aux bijoux
de famille en vrac. Je vais surveiller ce qu’ils font.
Véronique : Maman… fait attention, toi aussi. Tu n’es pas Goldorac, ne fais pas
d’imprudence.
Lucien : Que vous fassiez des imprudences, j’avoue que je m’en fous un peu.
Paulette : Non, mais dites donc !
Lucien : Mais que vous fassiez une de ces facéties, dont vous êtes coutumière et qui
ont le don d’empirer les choses, ça je ne m’en fou pas… Donc s’il vous plait, pas
d’initiatives.
Paulette : Non, mais l’ingrat, je me décarcasse pour lui sauver la vie, et voilà, comment
il me remercie.
(Elle tourne les talons en colère, et s’arrête brusquement avant de passer la fenêtre,
puis prend son élan et passe très vite. Lucien la suit, veut faire pareil, mais au lieu de
prendre son élan, il se ravise et passe à quatre pattes).
Paulette : Ah, je vous reconnais bien là, mon gendre. Courageux, mais pas téméraire.
Lucien : Mais pas du tout, c’est de la prudence… J’ai pensé que si le premier passe
très vite, ils ont le temps de mettre le doigt sur la gâchette… mais pas de viser, alors
que si un second passe aussitôt derrière, là, ils sont prêts… et il a toutes les chances
de s’en prendre une dans la tronche.
Paulette : Admettons, mais qu’est-ce qui vous a pris de me coller aux fesses ?
Lucien : Je vais fermer la porte à double tour derrière vous… On ne sait jamais...
Paulette : (Moqueuse) C’est bien ce que je disais, courageux, mais pas téméraire.
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(Lucien la pousse dehors, ferme la porte, puis repasse devant la fenêtre en faisant le
même numéro qu’en allant).
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Acte I scène 9
(Lulu se rassoit sur le canapé et machinalement se ressert un whisky. Véronique fait
de même)
Véronique : Mais quelle histoire…
Lucien : J’ai l’impression d’être dans un cauchemar.
Véronique : C’est pire qu’un cauchemar… tu crois que l’on va s’en sortir ?
Lucien : J’espère… Il faut que l’on tienne le coup… que l’on se serre les coudes… Et
que l’on se resserve un whisky….
Véronique : Tu as raison, ça peut aider… moi aussi, je vais en reprendre un… À ta
santé mon Lulu.
Lucien : À ta santé ma petite Véro… Quand je pense que l’on dit toujours, que rien
n’est grave tant que l’on a la santé.…
Véronique : On est bien obligé d’admettre qu’il y a des exceptions.
Lucien : Oh oui, car ça… c’en est une d’exception.
Véronique : Allez, Lulu… à l’exception !
Lucien : C’est ça à l’exception !
(Moment de silence, l’alcool, commence à faire son effet, ils entrent dans une phase
de désespoir)
Véronique : Mais qu’est-ce qu’on a fait pour mériter cela ?
Lucien : Mais rien, justement… nous ce qu’on veut c’est une petite vie tranquille…
pépère… peinard et surtout pas être sur le devant de la scène, sous les projecteurs…
comme ce soir.
Véronique : Nous on veut être bien avec tout le monde… on n’a jamais eu d’ennuis
avec les voisins.
Lucien : Bah oui… on rend service, nous… quand on nous le demande.
Véronique : Et même quand on ne nous le demande pas.
Lucien : C’est vrai ça… Tiens on a rentré la poubelle des voisins quand ils étaient en
vacances… Ils ne nous l’avaient même pas demandé.
Véronique : On devrait être remercié pour notre gentillesse.
Lucien : Et au lieu de ça, c’est la terre entière qui nous en veut…
Véronique : La terre entière qui nous écoute…
Lucien : La terre entière qui veut me supprimer…
Véronique : Tiens justement, en ce moment, est-ce qu’il nous écoute ?
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Lucien : Bien sûr… la puce… je ne peux pas l’arrêter, elle marche en permanence 24
heures sur 24 et ça depuis 3 mois, depuis mon opération.
Véronique : Ça veut dire qu’à chaque fois que l’on est ensemble, ils entendent tout
ce qu’on dit ?
Lucien : Sans aucun doute.
Véronique : Ohoooo… ça veut dire que l’autre fois, quand tu étais sur le canapé et
que je téléphonais à Geneviève pour lui demander la recette des champignons à la
grecque, ils m’ont entendue…
Lucien : Bah oui, bien sûr.
Véronique : (Pleurnichant) Oh oh oh…
Lucien : Qu’est-ce qu’il y a ?
Véronique : Je lui avais promis de ne la donner à personne… et ils l’ont entendue…
Lucien : T’avoueras que ce n’est pas le plus grave.
Véronique : Bah si c’est grave, je lui avais donné ma parole.
Lucien : Mais enfin Véro… elle s’en remettra Geneviève… et puis ce n’est pas de ta
faute, c’est un cas de force majeure.
Véronique : Tu crois ?
Lucien : Mais oui... pour moi c’est pire.
Véronique : Qu’est-ce qui est pire ?
Lucien : Toi c’est uniquement quand tu es avec moi qu’ils t’écoutent. Mais moi… c’est
tout le temps et qu’est-ce que j’ai dû dire comme conneries.
Véronique : Tu n’as pas dit du mal de moi, au moins.
Lucien : De toi ?... Non… Enfin pas grand-chose… mais il y en a d’autres… Je les ai
arrangés.
Véronique : De qui parles-tu en particulier ?
Lucien : Eh bien de ta …
Véronique : De maman ?
Lucien : Oui… Si jamais elle tombe sur les enregistrements, ça va faire du grabuge.
Véronique : Mais pourquoi aussi, tu t’acharnes sur elle ?
Lucien : Pourquoi… mais parce que, elle me les brise menues. …
Véronique : Tu es injuste avec elle.
Lucien : Peut-être, mais ça fait du bien… Oh, j’y pense…
Véronique : Quoi ?
La puce [email protected] 32
Lucien : Je commence à comprendre pourquoi… à chaque fois que Gégé, mon cousin
qui travaille à Longchamp, me donne des tuyaux pour le tiercé, on gagne presque rien.
Véronique : Pourquoi ?
Lucien : Parce que les gars qui nous espionnent, jouent les mêmes canassons que
nous et la cote s’effondre… (Se retournant pour parler aux espions). Enfoirés… A partir
de maintenant, je vous donnerai des tuyaux percés…
Véronique : Et le chien !
Lucien : Oh oui, le chien… Va le chercher, on va le faire aboyer là. (Il montre sa fesse).
Ils vont s’en prendre plein les oreilles, dans le casque.
Véronique : Ce n’est pas ça, mais on a oublié de refaire les vaccins. (Pleurnichant) Ils
vont le répéter aux autorités et on va avoir des ennuis.
Lucien : Mais enfin Véro, c’est des broutilles tout ça… ce n’est pas grave.
Véronique : Tu as raison, mais qu’est-ce que tu veux, j’ai l’impression de perdre la
raison je ne sais plus ce que je dis…
Lucien : C’est normal, on le serait à moins… (Moment de silence).
Véronique : (Pleurnichant effondrée) Oh Lulu !
Lucien : Quoi ?
Véronique : Oh Lulu !
Lucien : Bah, qu’est-ce qu’il y a ?
Véronique : Il y a que…
Lucien : Il y a que quoi ?
Véronique : Quand on est rien que tous les deux… ensemble… dans l’intimité… Ils
nous entendent ?
Lucien : Bah oui, évidement… (Puis réfléchissant)… Oh purée !
Véronique : Tu vois ce que je veux dire ?
Lucien : Oh ça oui, je vois…
Véronique : Mais c’est terrible.
Lucien : C’est dégoutant de faire des choses pareilles.
Véronique : Ils nous entendent quand ... ?
Lucien : (Secouant la tête). Oui…
Véronique : Ooooooh… Et aussi quand… ?
Lucien : (Secouant la tête). Oui…
Véronique :Ooooooh… Et si …. ?
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Lucien : (Secouant la tête). Aussi…
Véronique : Ooooooh… Et à la fin… ?
Lucien : Du début à la fin… ils entendent tout.
Véronique : Ils doivent bien se marrer.
Lucien : Ça c’est sûr qu’ils doivent bien se fichent de nous…
Véronique : En ce moment… là maintenant… tu es sûr qu’ils sont à l’écoute ?
Lucien : Bien sûr c’est leur métier.
Véronique : (Dont la colère remplace le désespoir) Lulu, lève-toi s’il te plait
Lucien : Mais pour quoi faire ?
Véronique : (Il la regarde hébété sans bouger) Lulu, lève-toi ! (Il exécute) Tourne-toi !
(Il la regarde hébété sans bouger) Tourne-toi ! (Il s’exécute. Elle met ses mains en
forme de porte-voix, se rapproche des fesses de Lulu). Sales types… ordures…
voyous…
Lucien : Mais qu’est-ce que tu fais ?
Véronique : Je leur dis que je ne suis pas contente et pas contente du tout… Espèce
d’espions à la noix, James Bond de pacotille. Ah vous nous écoutez, eh bien au moins
vous savez que nous deux, quand on est dans l’intimité et bien ça marche….
Lucien : Mais enfin Véronique…
Véronique : Je sais ça sert à rien, mais ça fait du bien… Ah vous nous écoutez et bien
vous ne perdez rien pour entendre. (Elle sort en colère).
Lucien : Mais où vas-tu ?
Véronique : (Elle revient avec une louche et une casserole sur laquelle elle tape. Elle
se repositionne derrière Lucien en chantant l’air de la piste aux étoiles).
Lucien : Mais qu’est-ce que tu fais ?
Véronique : Ça fait 3 mois qu’ils nous cassent les pieds et bien moi, je vais leur casser
les oreilles… (Elle continue de chanter)
Lucien : (Comprenant ce qu’elle fait). Tu as raison, on va leur dire ce que l’on pense
d’eux. Ah, je les imagine, là-bas dans leur cahute avec les écouteurs sur leur tête.
Véronique : Branquignoles… Espions de mes fesses…
Lucien : Ah non pas de tes fesses, des miennes, et ça, ils ne peuvent pas dire le
contraire.
Véronique : Et puis, on ne vous a pas tout dit, d’abord…
Lucien : (Se tournant pour parler à ses fesses) C’est vrai ça… (Bas à véronique) Mais
quoi, au fait ?
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Véronique : Dans la recette des champignons à la grecque. Il y a un secret qui fait la
différence…
Lucien : (Se tournant pour parler à ses fesses) Et ça… vous ne le saurez jamais !
Véronique : Et puis on ne vous a pas dit le principal !
Lucien : (Se tournant pour parler à ses fesses) Mais le principal on va vous le dire…
(Bas à véronique) C’est quoi, le principal ?
Véronique : Le principal… c’est que nous on s’aime !
Lucien : (Se tournant pour parler à ses fesses) C’est vrai ! Et ça, vous pouvez le dire
à tout le monde !
(Ils éclatent de rire)
Lucien : Ah vous nous écoutez, eh bien maintenant, vous allez nous entendre… Et
en avant la musique… (Il met la sono en marche à fond qui joue « Radetzky-Marsch,
sur laquelle il danse et font battre des mains de plus en plus fort les spectateurs. Lucien
se tape sur la fesse gauche pour casser encore plus les oreilles aux espions).
(La musique s’arrête. Véronique et Lucien tombent tous les 2 assis sur le canapé, en
rigolant).
Véronique : Ça ne sert à rien !
Lucien : Mais ça fait du bien !
Rideau
La puce [email protected] 35
Acte II scène 1
(Véronique et Lucien sont toujours assis sur le canapé riant de leurs facéties).
Lucien : On a bien ri.
Véronique : On leur en a mis plein la tronche, ça leur apprendra à nous espionner.
Lucien : (Reprenant ses esprits). En attendant, ça ne résout pas notre problème, il est
toujours là, et bien là.
(Sonnerie du téléphone)
Véronique : (Prenant le portable). Allo, oui… Si ça va ?... Oui ça va… (Puis éclatant
en sanglot). Non ça ne va pas justement… Ça ne va pas, quand je pense à ce qu’ils
veulent faire à mon Lulu !
Lucien : Qui c’est ?
Véronique : C’est Léon... Quitte pas je vais te le passer…
Lucien : Allo…. Oh oui, c’est dur, il y a des bons moments, mais c’est dur … Hein…
Si Vincent a repéré la puce ? Oui, elle l’a repérée… Elle est où ?... Bah… elle est sur
moi… Où exactement ?... Eh bien, elle est … Elle est dans le bas de ma fesse
gauche…. Rigole pas idiot, ce n’est pas marrant du tout …. (À Véronique). Il est éclaté
de rire cette andouille... (Au téléphone) On voit bien que ce n’est pas toi qui as la puce
où je pense….
Véronique : Qu’est-ce qu’il dit ?
Lucien : Il dit qu’il faut que je m’assoie sur le canapé, et que tu me mettes des coussins
autour de moi.
Véronique : Pourquoi ?
Lucien : Pour ne pas que ma puce entende.
(Elle lui cherche des coussins, pour que Lucien le mette sous ses fesses).
Véronique : C’est bon tu peux y aller… Qu’est-ce qu’il dit ?
Lucien : Il dit que je risque d’avoir un appel d’un personnage très important, concerné
par le scandale… Il va me proposer de négocier pour récupérer la puce… Oh lala…
Véronique : Quoi ?
Lucien : Il va sûrement nous proposer une somme très importante…
Véronique : (Intéressée). Après tout, il faut peut-être mieux négocier ?
Lucien : Véronique dit que l’on a peut-être intérêt à négocier … Non… car c’est un
piège… ce qu’ils veulent c’est m’éliminer... C’est trop risqué pour eux de récupérer la
puce en douceur….
Véronique : Qu’est-ce qu’il dit ?
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Lucien : Il dit que lors de l’appel, il faudra que je gagne du temps et que je fasse
l’idiot…
Véronique : Tu devrais y arriver.
Lucien : Ca va ! (Au téléphone) Je ferai ce que je peux… OK… À tout à l’heure…
Véronique : Ils vont venir ici ?
Lucien : Oui, pour nous faire part des dernières informations et nous donner des
consignes.
Véronique : Bon bah, maintenant, il ne nous reste plus qu’à attendre.
(Le téléphone sonne, Véronique prend le portable).
Lucien : On n’aura pas attendu longtemps… Fais attention, c’est peut-être le
personnage important.
Véronique : (Emotionnée et hésitante) Aaaaallo… Oui… Oui madame c’est ici… Oh
pardon monsieur… S’il est là… oui, je vous le passe.
Lucien : Qui c’est ?
Véronique : Ça doit être le personnage.
Lucien : Oh lala… (Hésitant à prendre le téléphone)
Véronique : Vas-y, tu verras bien !
Lucien : Oui, mais si le téléphone est piégé…
Véronique : Au pire il est sur écoute, mais comme tu as déjà les fesses sur écoutes,
ça leur fera de la stéréo.
Lucien : Oh lala. (Paniqué, hésitant à parler dans le téléphone)
Véronique : (Energique). Allez vas-y et profites-en pour leur dire ce que tu penses
d’eux et de leurs méthodes de voyous.
Lucien : Oh lala. (Très paniqué, hésitant à parler dans le téléphone)
Véronique : (Très énergique). Mais vas-y, bon sang !
Lucien : (Puis prenant un air bête)… Allololo…
Véronique : Qu’est-ce qu’il dit ?
Lucien : (Cachant le micro du téléphone). Il dit qu’il ne s’appelle pas Lolo… (Parlant
au téléphone)… Ah non, moi non plus…
Véronique : Toi non plus quoi ?
Lucien : (Cachant le micro du téléphone). Moi non plus je ne m’appelle Lolo…
Véronique : Mais non, toi ce n’est pas lolo, c’est lulu.
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Lucien : Bah oui c’est vrai… (Parlant au téléphone). Non, moi ce n’est pas Lolo, c’est
Lulu… Oui, Lulu… c’est ça comme Lucien… Lucien Ballandart, c’est ça… (Cachant le
micro du téléphone, paniqué) Ooooh…
Véronique : Qu’est-ce qu’il y a ?
Lucien : (Cachant le micro du téléphone). iiiiil y a, qu’il connaît mon nom…
Véronique : C’est normal, c’est à toi qu’ils en veulent… Et lui qui c’est ?
Lucien : (Parlant téléphone). Et lui qui c’est ? (Puis se reprenant). Non… Et vous c’est
qui ?... Oh…
Véronique : C’est qui ?
Lucien : (Lui fait signe que c’est quelqu’un de haut placé).
Véronique : Ton patron ?
Lucien : (Lui fait signe que non et que c’est encore plus haut).
Véronique : Le patron des patrons ?
Lucien : (Lui fait signe que non et que c’est encore plus haut).
Véronique : Un ministre?
Lucien : (Lui fait signe que non et que c’est encore plus haut).
Véronique : Le président ?
Lucien : (Lui fait signe que non et que c’est encore plus haut).
Véronique : Obama ?
Lucien : (Cachant le micro). Au bas mot…
Véronique : Mais qui c’est ?
Lucien : (Cachant le micro). Je ne sais pas…
Véronique : (Enervée). Mais enfin, ce n’est pas possible.
Lucien : (Cachant le micro). Il dit qu’il est le représentant des intérêts vitaux du
monde…
Véronique : Non ?
Lucien : (Cachant le micro). Si… (Parlant au téléphone). Aaallo… oui, vous… vous
voulez me voir ?... Vous voulez qu’on prenne rendez-vous… (Cachant le micro
paniqué). Qu’est-ce que je dis ?
Véronique : Pourquoi pas ?
Lucien : Pourquoi pas ?... Quand ?… Le plus rapidement possible…
Véronique : (Véronique lui fait signe que non). Non, gagne du temps !
La puce [email protected] 38
Lucien : Ah bah non, ce ne sera pas possible… Pas avant… (Cachant le micro).
Qu’est-ce que je lui dis ?
Véronique : Pas avant un mois !
Lucien : (Parlant au téléphone). Pas avant, un mois… (A Véronique cachant le micro)
Il demande pourquoi… J’y dis quoi?
Véronique : Dis-lui qu’on part en vacances.
Lucien : (Cachant le micro). Je ne peux pas lui dire ça !
Véronique : Si… (Lucien hésite). Allez, calme-toi, respire et fais l’idiot pour gagner du
temps!
Lucien : Si tu crois que c’est facile de faire l’idiot ? (Prenant une grande respiration
puis parlant au téléphone). Pourquoi ?… Bah… Parce que je pars en vacances pardi…
Si, c’est les congés payés… bien mérités d’ailleurs… Je pars… avec mon chien, ma
femme et ma belle-mère… Remarquez si j’avais pu ne pas emmener la belle-mère, je
m’en serai bien passé… C’est qu’elle a du caractère… ma belle-mère… Vous la
connaissez ? Non, vous ne perdez rien. (Cachant le micro). Il ne la connaît pas…
Véronique : Oh je t’en prie, ne mêle pas maman à tout ça… Et puis Léon, t’a dit de
faire l’andouille.
Lucien : (Cachant le micro). Mais je le fais !
Véronique : Non là, tu es naturel…
Lucien : (Cachant le micro). Oh bah quand même…
Véronique : Allez, continue !
Lucien : (Cachant le micro). Allo… Et puis, je vous ai pas tout dis… On part en Italie…
Si, Rome, Florence, Venise, les gondoles… ce n’est pas beau ça…
Véronique : C’est bien continue !
Lucien : (Cachant le micro). Remarquez, on a bien un petit problème, on ne sait pas
dans quel sens on doit le faire voyage… on hésite… Rome, Florence, Venise, ou
Venise, Rome, Florence…Vous n’auriez pas fait l’Italie, vous par hasard ? Non… c’est
dommage, vous auriez pu nous conseiller… (A Véronique) Il ne connait pas l’Italie…
(Au téléphone) Hein… Comment ? Si je suis de la campagne ?… Ah non, je ne suis
pas de la campagne… (A Véronique) Pourquoi il me demande ça ?
Véronique : Devine ?
Lucien : Comment ? … Ah… Que j’arrête de jouer au petit malin… Sinon… Oh lala …
Véronique : Sinon, quoi ?
Lucien : (Il fait signe à Véronique qu’ils veulent lui couper la gorge)… Qu’est-ce que
je dis ?
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Véronique : Je ne sais pas, moi… N’importe quoi…
Lucien : Bah dites donc… Vous ! Vous êtes encore plus méchant que ma belle-
mère… et pourtant elle n’est pas commode. (Il rit bêtement). Oh la la, non, elle n’est
pas facile… (Il rit bêtement).
Véronique : Dis pas ça, ça ne le regarde pas.
Lucien : (Au téléphone) Hein… que… que j’arrête de rire. (Il rit plus fort)…Je ne peux
pas, c’est les nerfs… (Essayant de reprendre son sérieux)… Quoi ?... Vous allez
envoyer les barbouzes… (Il rit)… Faites pas ça, malheureux, sinon… (Il rit)… Sinon je
lâche ma belle-mère (Il rit plus fort)… Elle va vous les ratatiner vos barbouzes… (Il rit).
Ca calme, hein… (Il rit). Comment ?... Ah… vous voulez négocier la récupération de
la puce? …. (Cachant le téléphone, il fait signe à Véronique que son interlocuteur à
peur). Il a les pouët- pouët. Il veut négocier…
Véronique : Alors, rentre dedans, profites-en pour jouer les caïds car n’oublies pas
que c’est un voyou!
Lucien : (Se levant et jouant les durs) Et combien il propose pour ma puce ? Hein…
Un million d’euros…
Véronique : Ce n’est pas assez, fais monter…
Lucien : Et bien dis donc, tu ne te foules pas pépère, ma puce, elle vaut bien plus
cher… Combien ? 3 millions…
Véronique : Fais monter encore !
Lucien : 3 millions… mais je me gausse, oh oh oh… mais qu’a-t-on, aujourd’hui, avec
3 millions? Hein, je vous le demande, qu’a-t-on… Bon… écoutez-moi bien, mon petit
bonhomme, qu’on soit bien clair… ma patience à des limites… si ça continue comme
ça, nous allons en rester là… Combien ? …. 10 millions… (Cachant le micro). Ah là,
ça commence à causer…
Véronique : Non, fais monter encore plus
Lucien : Allez 20 millions et on en parle plus… D’accord. (Fier de lui à véronique) Il
est d’accord…
Véronique : Tu aurais dû faire monter encore…
Lucien : Attends… je n’ai pas dit mon dernier mot… (Au téléphone). Les 20 millions,
hors taxe… on est bien d’accord…
Véronique : Bien vu Lulu.
Lucien : Comment ça, 10% en plus ?… Non mais dites donc… charcuter mes
fesses… ce n’est pas des travaux de rénovation de bâtiment, avec une TVA à 10%…
Un peu de respect, quand même… Mes fesses, c’est du luxe… donc TVA à ?... Mais
non, pas à 20%, mes fesses c’est du luxe, donc TVA à ?... à ? C’est ça, 33%... Qu’est-
ce qu’on peut perdre comme temps en formalité…
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Véronique : Qu’est-ce qu’il dit ?
Lucien : Il dit que j’exagère…
Véronique : Lâche pas !
Lucien : Ecoutez monsieur, c’est ça ou rien !
Véronique : Bien joué Lulu.
Lucien : (À Véronique). Il est d’accord…
Véronique : Léon t’a dit de gagner du temps… dis-lui que tu vas réfléchir
Lucien : C’est une proposition sérieuse… Mais, ma femme et moi, on va quand même
réfléchir… Comment ça, on en est incapable… Non, mais dites donc… Il a raccroché…
En voilà d’un mal élevé… Je vais le rappeler… Bis. (Il s’exécute).
Véronique : Non mais ça ne va pas !
Lucien : Tu vas voir…. Allo, oui, c’est vous, c’est moi… Si j’ai réfléchi ? Bah oui, j’ai
réfléchi, j’ai même pensé, que j’avais oublié de vous dire… Monsieur… la puce, mon
séant, la campagne et ma belle-mère vous salue bien. (Il raccroche) Non mais… Qui
c’est le patron ?
Véronique : Je ne sais pas si ça arrange tes affaires de te comporter comme ça ?
Lucien : Sûrement pas, mais ça fait un bien.
Véronique : Tu te rends compte, il était prêt à débourser près de 30 millions d’euros,
pour ta puce…
Lucien : Ne rêve pas ma petite Véro, ceux-là, on ne les verra jamais…
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Acte II scène 2
(Sonnerie de la porte, Lucien va ouvrir en passant à 4 pattes sous la fenêtre).
Lucien : Qui c’est ?
Voix extérieures : C’est moi
Véronique: C’est qui moi ?
Lucien : C’est vrai ça, c’est qui moi ?
Léon : C’est moi, Léon
Lucien : Ah, c’est toi. (Il ouvre la porte). Entre et faites attention au bazooka
Léon : Bon réflexe Lulu. Seulement, ce n’est plus la peine de faire attention, on
contrôle l’immeuble d’en face, il n’y a pas de snippers.
Lucien : C’est déjà ça.
Léon : Alors mon Lulu comment tu vas ? Tu tiens le coup ? Ce n’est pas trop dur ?
Lucien : Si c’est dur, mais je ne peux pas faire autrement.
Léon : As-tu eu un appel du personnage important, dont je t’avais parlé au téléphone ?
Lucien : Ah, ça pour sûr.
Léon : Tu lui as dit quoi ?
Lucien : Rien, j’ai fait comme tu m’a dit, j’ai fait l’idiot.
Véronique : Et on peut dire qu’il a des facilités pour le faire.
Lucien : Oh je t’en prie. Il voulait négocier l’extraction de la puce à 30 millions d’euros,
mais je l’ai tellement fait tourner en rond qu’il a fini par raccrocher… Fâché !
Léon : C’est bien Lulu c'est-ce qu’il fallait faire.
Lucien : Et vous quoi de neuf ?
Léon : Notre dispositif est bien en place. Normalement, plus personne ne peut rentrer
dans le quartier sans montrer patte blanche.
Lucien : Tu crois que ça sert à quelque chose ?
Léon : M’en parles pas, on a intercepté une ambulance, qui nous a dit de venir chez
toi pour une urgence. Ça nous a paru louche… on a maîtrisé les gars, et après un
rapide interrogatoire, on a constaté que c’étaient des espions qui travaillent pour des
gros bonnets chinois.
Lucien : Chinois… Oh purée.
Léon : Oui… et tu sais ce qu’il y avait dans le goutte-à-goutte qu’ils t’auraient
administré ?
Lucien : Non…
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Léon : De l’arsenic
Lucien : De l’arsenic ? Oh purée !
Léon : Ils venaient ici, avec l’intention de te supprimer
Lucien : Oh purée !
Véronique : Ils ne rigolent pas, quand même.
Léon : Côté taxi, trois personnes ont demandé à être déposées à ton adresse. Après
les avoir fait tourner un bon moment dans Paris, les chauffeurs les ont amenées à
notre QG.
Léon : Où on les a un peu cuisinées.
Véronique : Pas trop fort quand même ?
Léon : Mais non, tu nous connais, (faisant semblant de retrousser ses manches) tout
en douceur… Enfin assez quand même pour qu’ils crachent le morceau
Lucien : De qui s’agissait –il ?
Léon : D’un espion russe qui travaille pour des gros pétroliers de son pays
Lucien : Un espion russe… Oh purée !
Léon : D’un Colombien qui lui travaille pour des narcos trafiquants
Lucien : Un Colombien… Oh purée !
Léon : Et d’un allemand, qui travaille pour des gros patrons de l’industrie.
Lucien : Un allemand… Oh purée ! Et tous ces gens-là en veulent à ma puce.
Léon : Tous ces gens-là et bien d’autres. Tiens le coup de fil que tu as reçu, as-tu pu
repérer son accent ?
Lucien : Il parlait un français correct avec un léger accent du Massif central.
Léon : Parce que c’en était un.
Lucien : De quoi ?
Léon : D’auvergnat, pardi.
Lucien : Un auvergnat… Oh purée ! (Abattu) Si même la confrérie des bougnats m’en
veut, je ne suis pas clair… Et maintenant, qu’est-ce qu’il va se passer ?
Léon : (Mal à l’aise) Eh bien maintenant, Laure ma sœur va arriver ici, pour t’extraire
la puce.
Lucien : (Inquiet) Tu n’as pas l’air sûr de toi. Il y a un problème ?
Léon : On l’a perdu de vue. Je l’avais fait escorter par 2 inspecteurs en retraite, mais…
elle les a semés.
La puce [email protected] 43
Véronique : Ils ont dû faire comme avec mamie, ils lui ont peloté les fesses sous
prétexte de garde rapprochée et elle a dû s’en débarrasser… Je la comprends.
Lucien : Eh bien pas moi, quand il y a la vie d’un homme en jeu et en l’occurrence la
mienne, on accepte de se faire peloter les fesses.
Léon : Rassure-toi, je la connais, elle ne laissera pas tomber. Elle va se débrouiller
pour arriver toute seule ici. Quoi qu’il arrive…
Lucien : C’est bien beau, mais comment je fais pour être sûr que c’est ta sœur, quand
elle arrivera ? Je ne la connais pas …
Léon : Tu lui demanderas le nom de code de l’opération, qui sert de mot de passe
pour entrer ici… Pas de mot de passe… tu ne laisses pas entrer.
Lucien : OK… Mais c’est quoi le nom de code de l’opération?
Léon : Assieds-toi sur le canapé ! (A Véronique). Mets plein de coussins autour de lui,
pour ne pas que sa puce entende… Il ne faut surtout pas divulguer le mot de passe.
(Véronique s’exécute).
Lucien : Alors, c’est quoi ?
Léon : C’est à dire que…
Lucien : C’est-à-dire que quoi ?
Léon : On l’a peut-être trouvé un peu trop vite…Il faut dire aussi que dans la situation,
il nous a paru s’imposer.
Lucien : (Enervé) C’est quoi ?
Léon : (Hésitant très bas) Danlecululu
Lucien : Quoi ?
Léon : Danlecululu
Lucien : Ce n’est pas possible ?
Léon : Si
Lucien : Vous ne pouviez pas me faire ça.
Léon : Prends le pas mal, c’est rigolo.
Véronique : (Se retenant pour rire). C’est vrai, c’est rigolo, dans le fond.
Lucien : Dans le fond de quoi ?
Léon : C’est facile à se rappeler
Lucien : Mais tu te rends compte ?
Léon : De quoi ?
La puce [email protected] 44
Lucien : Mais si jamais je me sors de cette aventure, je vais me traîner ça toute ma
vie.
Léon : Ce n’est pas si grave.
Lucien : On voit bien que ce n’est pas toi.
Léon : Bon allez, il faut que je retourne au QG… Salut, Lulu et tiens bon. (Devant la
porte). Et surtout, n’oublie pas le nom de code ! (En partant) Danlecululu
Lucien : (D’un air menaçant) Oh….
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Acte II scène 3
(Léon en sortant croise sur le palier Paulette à 4 pattes qui s’apprêtait à rentrer. Sylvie
venant des chambres entre dans la pièce également au même moment. Lulu est
toujours assis avec les coussins autour de lui).
Léon : (A paulette) Pas la peine de passer à 4 pattes, il n’y a pas de snippers.
Paulette : C’est quoi, tout ce bazar ?
Léon : Ils vont t’expliquer. (Ils sortent)
Véronique : (Rigolant) C’est Léon qui nous a fait rire.
Lucien : Moi, ils ne m’a pas fait rire du tout.
Sylvie : Qu’-est ce qu’il a dit, de si comique ?
Véronique : Le nom de code de l’opération, pour protéger Lulu.
Sylvie : C’est quoi, que l’on rigole aussi ?
Véronique : Danlecululu
(Elles éclatent de rire).
Paulette : Danlecululu, elle est bien bonne celle-là… (Elle rit) Ah, elle n’est pas tombée
dans l’oreille d’un sourd. Je m’en resservirai… Pas vrai Lucien… Danlecululu
Lucien : Oh, ça va… et puis arrêtez de le dire à tout bout de champ, il ne faut pas que
la puce entende.
Véronique : Tu sais, ne te fâches pas… car même dans les moments les plus
tragiques, les gens ont des fous rires. C’est normal de rire… c’est les nerfs.
Lucien : Oui, mais même dans ces moment-là, les gens, comme tu dis, n’aiment pas
que l’on rit à leur dépends... Sûr ce, je vais me changer. (Il se lève)... (S’adressant à
Paulette) Vous, vous êtes vigilante. Nous attendons Laure, la sœur de Léon, qui vient
pour m’extraire la puce. Vous ne la laissez entrer que si elle donne le mot de passe.
Paulette : (Moqueuse) C’est quoi, au fait le mot de passe ?
Lucien : Vous le savez bien ? Chut…
Paulette : Ne vous inquiétez pas mon gendre, on le connait par cœur et on n’est pas
près de l’oublier… (Mimant la prononciation). Danlecululu. (Elle rit, Lucien part pour
sortir vers les chambres et au dernier moment regarde encore Paulette qui redit en
mimant). Danlecululu.
Lucien : (Menaçant, sors en colère) Oh….
Véronique : Pauvre Lucien, rien ne lui sera épargné aujourd’hui.
Sylvie : C’est vrai, en plus de tous ses problèmes, ils lui ont collé un nom d’opération
qui ne l’arrange pas du tout.
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Paulette : Ça lui fera les pieds, il était trop pantouflard. Un peu d’aventure, ça met du
piment dans la vie.
Véronique : Oui, mais là c’est peut-être un peu trop d’un coup. (Elle sort)
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Acte II scène 4
(Coup de sonnette à la porte d’entrée)
Paulette : Oh de l’action, position de combat... Prête fillette !
Sylvie : Reçu 5 sur 5, parée mamie.
(Elles se positionnent chacune d’un côté de la porte. Paulette ouvre avec beaucoup
de précautions la porte, Laure entre, avant qu’elle ait eu le temps de parler, Paulette
et Sylvie lui font chacune une clef de bras, en criant)
Paulette et Sylvie : Mot de passe
Laure : Mais allez-vous me lâcher je n’ai rien fait moi !
Paulette : Mot de passe !
Sylvie : Et vite sinon ça va barder.
Paulette : Sinon, c’est les oubliettes !
Laure : (Paniquée) Je ne m’en rappelle plus.
Paulette : Ah, tu as intérêt à t’en rappeler et vite.
Laure : (Pleurant)… J’ai un trou… je ne m’en rappelle plus… parce que vous m’avez
fait peur.
Sylvie : Qu’est-ce que tu viens faire ici ?
Laure : (Balbutiant) Je viens enlever la puce au copain de mon frère.
Sylvie : Qui t’envoie ?
Laure : Mon frère… Léon
Sylvie : Ça a l’air vrai, elle connaît Léon et la mission.
Paulette : Oui, mais elle ne connaît pas le mot de passe ? Ça m’a tout l’air d’être une
espionne qui nous prend pour des billes. Allez, pas de quartier !
Sylvie : Qu’est-ce qu’on en fait ?
Paulette : On ficelle, on bâillonne et hop dans le placard, jusqu’à nouvel ordre.
Laure : Mais vous n’avez pas le droit !
Sylvie : On va se gêner ma cocotte, tu vas voir
Paulette : Nous, on ne rigole pas avec les espions… dans l’état où ils vont te récupérer
tes copains, ils comprendront qu’il ne vaut mieux pas venir enquiquiner Paulette !
Sylvie : Et sa petite fille !
Paulette : Allez hop, au placard ! (Elles ficellent et bâillonnent Laure et la poussent
dans le placard)
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Acte II scène 5
(Sylvie et Paulette reviennent).
Paulette : T’as vu un peu l’efficacité, en 2 temps 3 mouvements, nous voilà
débarrassés.
(Coup de sonnette à la porte d’entrée)
Paulette : Oh encore de l’action, position de combat… Prête fillette !
Sylvie : Reçu, 5 sur 5 mamie, parée à intervenir !
(Elles se positionnent chacune d’un côté de la porte. Paulette ouvre avec beaucoup
de précautions la porte, Natacha entre, avant qu’elle ait eu le temps de parler, Paulette
et Sylvie lui font chacune une clef de bras, en criant)
Paulette et Sylvie : Mot de passe !
Natacha : Mais allez-vous me lâcher, je n’ai rien fait moi !
Paulette : Mot de passe !
Sylvie : Et vite sinon ça va faire des étincelles !
Paulette : Sinon, c’est le placard à balais !
Laure : Mais quel mot de passe ?
Paulette : Elle ne connaît pas le mot de passe et elle voudrait qu’on la lâche… Ah, elle
ne manque pas d’air celle-là.
Sylvie : Qu’est-ce que vous venez faire ici, si vous ne connaissez pas le mot de
passe ?
Natacha : (Balbutiant) Je viens …. Euh
Sylvie : C’est qui, qui t’envoie ?
Natacha : Léon
Sylvie : C’est ton frère, à toi aussi, le Léon ?
Paulette : Mais ma parole il a une grande famille, celui-là…
Natacha : Non ce n’est pas mon frère, c’est mon….
Sylvie : C’est qui pour toi ?
Natacha : Mon petit ….
Sylvie : Ton petit quoi ?
Natacha : C’est mon ami.
Sylvie : Ton ami, ça veut dire quoi ?
Natacha : C’est … C’est… mon amant.
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Paulette : Ton amant ? Tu nous prends pour des gaufres ? Tu vas y avoir droit, toi
aussi au placard, si tu continues comme ça.
Sylvie : Pourquoi, tu es venue ici ? Il n’est pas là Léon.
Natacha : Pour se rencontrer… il m’a dit de venir ici, car c’est l’appartement d’un ami
dont il a les clefs pendant les vacances, et qu’ici, on pourrait se voir tranquillement.
Paulette : Pour la tranquillité, c’est raté. (À Sylvie) Qu’est-ce que tu en penses toi ?
Sylvie : Ça a l’air vrai…
Paulette : Ça m’étonnerait qu’à moitié que ce cochon de Léon ait une maîtresse, mais
si c’est vrai, il est gonflé de l’amener ici… Comment tu t’appelles ?
Natacha : Natacha
Paulette : Natacha, avec un prénom comme ça, c’est une Mata-hari russe… C’est
sûr…
Sylvie : Tu as raison, pas de doute, c’est une espionne.
Paulette : Allez hop, du balai…
(Elles ficellent bâillonnent Natacha et la poussent dans le placard)
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Acte II scène 6
(Sylvie et Paulette reviennent).
Paulette : De mieux en mieux, on fait une vraie équipe toutes les deux.
Sylvie : Tu as raison mamie, on est plus fort que Starky et Hutch
(Coup de sonnette à la porte d’entrée)
Paulette : Ça recommence, on s’ennuie pas ici… Si c’est encore des espions, le
placard va être trop petit.
Sylvie : On les mettra dans le frigo, ça leur rafraichira les idées.
Paulette : Bonne idée… Ready
Sylvie : Ready
(Elles se tapent dans les mains et se positionnent chacune d’un côté de la porte)
Paulette : Qui c’est ?
Léon: (De l’extérieur) C’est moi !
Paulette : Qui moi ?
Léon : (De l’extérieur) Léon.
Paulette : On n’est pas obligé de te croire.
Sylvie : C’est lui, je reconnais sa voix.
Paulette : Il n’y a pas de Léon qui tienne… Mot de passe… Tout le monde doit le
donner.
Sylvie : Tu n’abuses pas un peu mamie ?
Paulette : Si, mais je ne m’en lasse pas du mot de passe… (Fort) Mot de passe !
Léon et René : (Ensemble très fort). Danlecululu
Lucien : (Entrant). Ça suffit maintenant, la plaisanterie !
Paulette : Comment ça, la plaisanterie… On fait notre boulot, un point c’est tout… Ça
sonne… mot de passe, personne n’y échappe… (Elle entrouvre la porte et regarde à
l’extérieur). Ah oui, c’est bien les deux andouilles.
Léon : Eh bien dis donc, ce n’est pas facile d’entrer ici…. D’un autre côté c’est
rassurant, ça prouve que les consignes de sécurité sont respectées.
Paulette : Oh ça oui, les consignes … on les respecte !
Sylvie : Pas de quartier, pas vrai, mamie !
Léon : Alors quoi de neuf ?
Paulette : On a intercepté 2 espionnes à la noix… on les a un peu secouées, et on les
a mises hors d’état de nuire.
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Lucien : Quoi, des espionnes, ici ?
Paulette : Bah oui, vous croyez que l’on s’amuse !
Lucien : Vous ne les avez pas supprimées, quand même ?
Sylvie : Non, mais… elles sont ficelées comme des saucissons dans le placard à balai.
Lucien : Oh quelle histoire !
Paulette : Elles se sont présentées… et il y en a une qui prétendait être ta sœur.
Léon : Ma sœur, mais allez vite la chercher.
Sylvie : Mais elle ne connaissait pas le mot de passe…
Léon : Si vous l’avez secouée, elle a dû avoir un choc et ne plus s’en rappeler. Elle
est très émotive. Et l’autre ?
Paulette : L’autre… elle prétendait être ta maîtresse… mais comme elle s’appelle
Natacha, on ne l’a pas cru… on a pensé que c’était une espionne russe, et elle aussi,
elle est dans le placard.
Léon : (A part). Oh merde !
Lucien : Quoi ?
Léon : C’est rien, je t’expliquerai… Bon bah vous, allez les chercher !
(Paulette et Sylvie s’exécutent et reviennent avec Laure et Natacha ficelées)
Paulette : Tu les connais ?
Léon: Oui, celle-ci c’est ma sœur, vous pouvez la libérer.
(Paulette et Sylvie la libèrent)
Laure : (Dès qu’elle peut parler très fort). Danlecululu…
Léon: Quoi ?
Laure: Je m’en rappelle maintenant… le mot de passe c’est Danleculu... (Pleurant)
Léon aide moi je t’en supplie, je ne veux plus jamais avoir à faire à ces deux-là.
Sylvie : Elle n’avait qu’à le dire tout à l’heure.
Léon : Ne t‘inquiète pas sœurette, c’est fini.
Paulette : Et l’autre, qu’est-ce qu’on en fait ? Tu la connais ?
Léon : (Embêté ne sachant que dire). Euh…
Paulette : On va voir si elle confirme, ce qu’elle nous a dit tout à l’heure. (Elle la
débâillonne)
Natacha : Léon fait quelque chose, libère-moi !
Lucien : Une chose est sûre, elle te connait
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Paulette: C’est la maîtresse de monsieur, il lui donne rendez-vous ici, quand vous êtes
en vacances. (À Léon) N’est-ce pas joli cœur ?
Lucien : C’est vrai ?
Léon : (Embêté). Oui, c’est vrai. (À Natacha) Mais pourquoi es-tu là aujourd’hui ? C’est
demain qu’ils devaient partir en vacances.
Natacha : (Pleurant). Je me suis trompée d’un jour.
Lucien : Ce n’est pas bien Léon… Ce n’est pas bien ce que tu as fait !
Paulette : Non, ce n’est pas bien, mais mes enfants n’oublions pas notre mission
principale, maintenant il faut extraire la puce.
Lucien : Je te retiens toi… mais elle a raison, on a d’autres priorités. Mais je te promets
que si on s’en sort, on en reparlera tous les deux, tu peux compter sur moi !
Paulette : Tu ne perds rien pour attendre !
Lucien : Bon en attendant, plus une minute à perdre, il faut m’extraire la puce.
Sylvie : Moi, je ne veux pas voir ça, je retourne auprès de maman et de Vincent.
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Acte II scène 7
(Sonnette du portable de Léon).
Léon : Excusez-moi… C’est le QG, c’est peut être important… Oui, allo… Quoi…
mais ce n’est pas possible… vous êtes sûr de vos infos… vous avez intercepté un
message… (Il raccroche) c’est la cata…
Lucien : Qu’est-ce qu’il se passe ?
Léon : Il se passe qu’il y a un espion ici…
Lucien : Tu veux dire ici, dans l’appartement ?
Léon : Ce serait l’un de nous…
(Tout le monde se regarde de manière suspicieuse)
Lucien : En tous les cas ce n’est pas moi! (Il regarde avec insistance Léon).
Léon : Mais enfin, Lucien, ça ne peut pas être moi… réfléchit une seconde, je
n’aurais pas fait tout ce que j’ai fait pour toi !
Lucien : Bah oui, c’est sûr… (Réfléchissant)… Ce n’est pas Véronique, ni les
enfants, ce n’est pas possible !
(Tout le monde regarde avec insistance Paulette)
Paulette: Ça ne vous ferait rien de m’ôter, moi aussi de la liste des suspects.
(Tout le monde continue de la regarder)
Paulette: Ah, si vous le prenez comme ça, la machine à distribuer des marrons va se
remettre en route !
Léon : Tu crois que ça peut être-elle ?
Lucien : Je la crois capable d’à peu près tout… mais pas de ça.
Paulette: C’est déjà ça !
(Les regards se tournent sur Laure).
Laure : Mais enfin, ça ne va pas recommencer. (Elle éclate en sanglot) Ce n’est pas
moi !
Léon : Ce n’est pas elle... Je la connais depuis trop longtemps, pour savoir qu’elle en
est incapable.
(Les regards se tournent sur Natacha).
Lucien : Et elle… tu la connais depuis longtemps
Léon : Non pas très… mais j’en réponds.
Lucien : Depuis combien de temps tu la connais?
Léon : Eh bien… Euh…
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Natacha : Trois jours.
Lucien : Trois jours, et tu dis en répondre… mais t’es malade… c’est elle, c’est sûr,
elle t’a embobiné !
Paulette : Mais enfin, merde Léon, tu t’es fait avoir comme un gamin…
Léon : Vous croyez que je me suis fait avoir ?
Lucien : Couillon va…
Léon : (Sort son révolver et le pointe vers Natacha) En attendant toi, les mains en
l’air.
Natacha : (Effondrée) Mais ce n’est pas moi… et pourquoi moi, d’abord… ça pourrait
très bien être la troisième personne, planquée dans le placard ?
Lucien : Quoi ? Il y a une troisième personne dans le placard ?
Laure : Oui, même que l’on était serrée comme des sardines dedans… ça manquait
d’air.
Léon : Mais vous ne pouviez pas le dire plus tôt ?
Laure : Mais personne ne nous l’a demandé.
Lucien : Mais ce n’est pas possible des godiches pareilles ! Qu’est-ce que l’on fait ?
Léon : J’y vais…
Paulette : Tu veux un coup de main ?
Léon : (L’arrêtant). Non ! Laissez faire le pro…
(Léon avance lentement vers la porte du placard, révolver en main, puis il ouvre
brusquement la porte et s’engouffre dans le placard. Pendant ce temps-là les autres
regardent la scène en essayant de se protéger, Lucien se cache derrière Paulette).
Léon : (A l’intérieur) Les mains en l’air !
(Après des bruits laissant supposer qu’une bagarre a lieu, la porte du placard
s’ouvre, Léon en sort les mains en l’air, la barbouze lui appuyant son révolver dans le
dos)
Lucien : Léon, ce n’est pas possible, tu as perdu la main…
Léon : (Abattu) Je ne comprends pas
Paulette : On fait quoi, maintenant ?
La barbouze : On m’écoute, et surtout, on ne fait pas le malin... Allez tout le monde
contre le mur là-bas… et le premier qui bouge, il se prend un pruneau…
Laure : Je n’en peux plus…
Natacha : Moi non plus…
La barbouze : Et pourtant mes cocottes le spectacle ne fait que commencer…
Lucien : Qu’est-ce que vous voulez dire ?
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La barbouze : Il y a, qu’il y a dans cet appartement une bombe à retardement qui va
exploser. (Elle regarde sa montre)… dans moins de cinq minutes.
Lucien : Quoi ?
La barbouze : Comme ça, plus de Lucien Ballandart, plus de témoins gênants et
surtout… plus de puce…
Paulette : Je m’en occupe ?
La barbouze : Bouges pas toi, la vieille, où je te fais sauter la cervelle !... Sur ce…
messieurs dames, bien le bonjour, moi je me sauve avant le grand boom… (Elle
s’arrête sur le pas de la porte). Pas la peine d’essayer de vous enfuir, j’ai installé un
verrou à l’extérieur… Ça, c’est du boulot de pro… (Elle regarde léon)… pas vrai
l’ancien… (Elle rit et s’en va)
Léon : (Fonce avec Lucien à la porte et essaye de l’ouvrir). C’est bien vrai, elle est
fermée de l’extérieur…
Paulette : (Prenant son élan) Je vais la défoncer à coups de latte.
Lucien : Pas la peine, c’est du solide, vous n’y arriverez pas !
Laure : (Toujours les bras en l’air).Je ne veux pas mourir !
Natacha : (Toujours les bras en l’air).Moi non plus !
Lucien : Si vous croyez que nous, on en a envie ? Oh, et puis, baisser les bras, elle
n’est plus là…
Léon : Vincent, est toujours là, va le chercher… qu’il détecte la bombe avec son
ordinateur et son appareil à dénicher les puces.
Lucien : Vincent ! Vincent !
(Lucien sort et revient en poussant Vincent).
Lucien : Tu as deux minutes pour trouver la bombe avec ton zinzin…
Vincent : Quelle bombe ?
Lucien : Cherche pas à comprendre… elle a une minuterie, tu dois pouvoir la
détecter !
Vincent : Mais
Lucien : Dépêche-toi !
Vincent : Faut pas s’énerver !
Lucien : Si justement, au moins une fois dans ta vie, il faudra t’énerver… et il se
trouve que c’est aujourd’hui !
(Vincent met en route les appareils, pendant que Léon téléphone).
Léon : Allo, le QG, c’est Léon…. écoutez-moi, ne posez pas de question et faites ce
que je vous dis… Envoyez immédiatement des démineurs et Paulo qui a joué au
rugby, sous la fenêtre de Lucien… pourquoi Paulo, parce qu’il y a une bombe à
rattraper en arrêt de volée, avant de la confier au démineur… Et en plus envoyez
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quelqu’un ouvrir la porte de l’appartement de Lucien, elle est fermée de l’extérieur…
et surtout faites vite ça urge… (Il raccroche). Ils seront là, dans moins de deux
minutes…. (Il ouvre la fenêtre et regarde dans la rue).
Léon : Ca y est c’est prêt qui prend le détecteur ?
Paulette : Moi !
(Paulette le prend et commence à le faire passer partout. Pendant ce temps les
autres regardent leur montre. Certains sont très énervés au bord de la crise de nerf
et d’autres sont figés par la peur. En passant devant une glace, Paulette ne peut
s’empêcher de remettre ses cheveux en place).
Lucien : Ce n’est pas le moment de jouer les coquettes !
Paulette : Ah bah quoi… il y a quand même pas le feu ?
Lucien : Pas encore, mais si vous lambinez, ça ne va pas tarder !
Laure : Elle ne va pas y arriver !
Natacha : Elle s’y prend mal !
Paulette : Encore une remarque des mijaurées, et je laisse tomber… c’est là, à
pétocher et ça la ramène.
Lucien : Faites pas attention continuez.
(Elle se rapproche de Lucien, le détecteur sonne).
Paulette : C’est vous qui avez la bombe dans vous… sautez par la fenêtre !
Lucien : Mais non enfin… moi c’est la puce que j’ai sur moi, pas la bombe… essayez
le buffet !
(Elle va vers le buffet le détecteur sonne, elle ouvre la porte, et ressort la bombe)
Paulette : Je l’ai… (Elle embrasse la bombe).
Lucien : Si ça ne vous fait rien, vous lui ferez des câlins un autre jour !
Léon : Envoyez là !
(Paulette lance la bombe à Lucien qui la lance à Léon qui la balance par la fenêtre)
Léon : A toi Paulo…
Voix extérieure : Marque !
Léon : (A la fenêtre) Bravo Paulo, t’es un as… tu n’as pas perdu la main… (Il
referme la fenêtre) C’est bon, les démineurs l’on mise dans un caisson blindé et ils
vont la désamorcer…
(Tous poussent des soupirs de soulagement).
Vincent : Je vais rassurer Sylvie et Véronique. (Il sort)
Lucien : Si tu leur parles de la bombe, ça va sûrement les rassurer…
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Acte II scène 8
(Les mêmes)
Laure : (Implorant) Ca y est le cauchemar est terminé, je peux rentrer chez moi ?
Léon : Pas encore, il faut encore extraire la puce.
Lucien : C’est vrai, je l’avais oubliée celle-là !
Natacha : Et moi, Léon, je peux rentrer chez moi ?
Léon : Maintenant que tu es là, tu vas aider Laure à extraire la puce.
Natacha : La puce, quelle puce ?
Léon : On t’expliquera au fur et à mesure, pour le moment fais ce que l’on te dit, et ne
pose pas de question.
Laure : (Faisant une mini crise de nerfs, en pleure). Je ne sais pas, si je vais y arriver,
avec toutes ces émotions, j’ai la tremblote.
Lucien : Il faut qu’elle se calme… sinon je ne la laisse pas m’opérer.
Paulette : Si elle a le tract, moi je ne l’ai pas. En cas d’urgence, je peux la remplacer
au pied levé.
Lucien : Ah non, pas vous !
Léon : Assez tourné en rond, on démarre, on n’a pas une minute à perdre. Il faudra
qu’elle assure !
Léon : Tu as ce qu’il faut pour l’anesthésie ?
Laure : Oui, dans mon sac à main. (Elle le prend et en sort un médicament dans une
boîte).
(Léon prend et lit la boite)
Lucien : Vous êtes sûr que ce sera efficace
Léon : Ça devrait… (Il rit)… C’est un truc pour endormir les canassons.
Lucien : Quoi ? Non, mais ça ne va pas…
Léon : C’est vrai, tu ne crois pas que c’est un peu trop fort ?
Laure : Si, mais je n’ai trouvé que ça !
Paulette : On ne va pas chipoter, pour si peu !
Léon : Ça va l’endormir pour combien de temps.
Laure : Les chevaux, ça les endort une bonne journée.
Paulette : Lui, ça va être une semaine.
Léon : On ne peut pas se permettre de tenir une semaine.
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Paulette : Il n’y a pas besoin d’anesthésie, ce n’est pas une opération à cœur ouvert,
quand même.
Lucien : On voit bien que ce n’est pas vous que l’on va charcuter
Léon : Elle a raison Lulu, il faut y aller, on n’a pas le choix. Tu t’en passeras.
Lucien : (A laure). Ça fait mal ?
Laure : Je ne sais pas, je ne l’ai jamais fait.
Natacha : Ne vous inquiétez pas, je m’y connais, je vais l’aider. Chez moi, j’aidais mon
grand-père à tuer le cochon.
Paulette : Ça ne pouvait pas mieux tomber. C’est une experte, qui va s’occuper de
vous mon gendre.
Lucien : Oh, ça va vous !
René : Pas de diversion, il n’y a pas de temps à perdre. On va l’opérer où ?
Léon : Ici, on va l’allonger sur la table, on mettra un paravent devant. Paulette tiendra
les bras, et moi les pieds, pendant que Laure aidée de Natacha procéderont à
l’opération.
(Le paravent doit être petit, de manière à voir Laure et Natacha opérer. 3 panneaux de
contreplaqué de 120 cm de haut sur 40 cm de large tenus par des charnières).
Paulette : Et s’il crie.
Léon : On va lui mettre un chiffon dans la bouche pour l’empêcher de crier. Allez
exécution !
(Paulette va chercher le paravent, Léon installe la table, pendant que Laure enfile une
blouse d’infirmière et sort de sa trousse les ustensiles : bistouris, ciseaux… Lucien pas
rassuré se tient dans un coin, Léon va le chercher et le ramène de force devant la
table, où Paulette lui baisse son bas de survêtement. Ils l’installent sur la table, derrière
le paravent. On voit d’un côté les bras et la tête et de l’autre les pieds avec le pantalon
baissé).
Lucien : On pourrait quand même me demander mon avis
Paulette : Pas la peine (Elle lui met un chiffon dans la bouche)
Léon : Allez les filles, à vous de jouer !
(Laure aidée de Natacha commence l’opération).
Laure : Bistouri
Natacha : C’est quoi, le bistougri ?
Léon : Bistouri, soit un peu attentive.
Laure : (Lui montrant) C’est ça.
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Natacha : J’en fais quoi ?
Paulette : Plantez-le !
(Elle le fait, Lucien a mal, il crie et se débat)
Laure : Mais non pas comme ça… comme ça… (Lucien à mal, il crie et se débat) ….
Ciseaux
Paulette : Tu sais ce que c’est des ciseaux ?
(Lucien se débat de plus en plus, il laisse tomber le chiffon).
Lucien : Mais enfin, allez-vous arrêter les conneries !
Léon : Qu’est-ce qu’il y a ?
Lucien : Il y a qu’elle s’est trompée de fesse. Elle me charcute la droite et pas la
gauche.
Léon : (A laure), Mais qu’est-ce que tu as fait… on t’avait dit la gauche.
Laure : Mais c’est bien la gauche.
Lucien : Non c’est la droite… j’en suis sûr.
Laure : Ca dépend de quel côté on regarde… en regardant les pieds, c’est bien la
gauche
Natacha : C’est peut-être la tête, qu’il faut prendre comme repère ?
Lucien : Oui, comme dans la marine, comme ça, il n’y a pas d’erreur possible, c’est ni
la droite ni la gauche, c’est la fesse bâbord
Laure : Il fallait le dire dès le début.
Natacha : On aurait dû s’en douter, aussi…
Laure : Pourquoi ?
Natacha : Regarde, il y a une croix sur la fesse gauche.
Natacha : Oh oui, c’est trop bête.
Lucien : Faites attention maintenant !
Paulette : (Lui remettant le chiffon dans la bouche). Silence, on tourne !
(Laure continue l’opération)
Natacha : (Regardant Laure). Elle n’est pas un peu grande ton incision
Lucien : (Avec le chiffon dans la bouche) Si elle est trop grande…
Laure : C’est plus pratique de faire comme ça… regarde, tu vois, la puce est là… Et
hop, la voilà. (Elle la montre entre ses doigts)
Natacha : C’est vraiment minuscule… À peine gros comme une tête d’épingle.
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Paulette : Tout ce cirque, pour ça !
Léon : Eh bien, voilà une bonne chose de faite… Fais vite un pansement à Lulu.
Lucien : (Libéré a enlevé le chiffon de sa bouche) Deux pansements, s’il vous plait…
Laure : (À Natacha). Aidez-moi ! (Avant de faire le pansement, elle met la puce dans
un verre, qu’elle pose sur le buffet à côté des autres verres)
Natacha : Vous, vous faites un pansement à bâbord et moi à tribord.
Laure : Ça y est, c’est fini, vous pouvez vous rhabiller.
Lucien : (Lucien passe devant le paravent). Eh bien voilà, une bonne chose de faite.
(Il veut s’asseoir sur le canapé et se relève en criant) Aie…
Léon : Qu’est-ce qu’il y a ?
Lucien : Il y a que je ne peux plus m’asseoir, elles m’ont charcuté les deux fesses.
Paulette : Comme ça, vous ne passerez pas des heures assis sur le canapé, à
regarder la télé… vous pourrez vous rendre utile… Moi, je vais chercher ma fille, et lui
dire que tout s’est bien passé. (Elle sort).
Lucien : Qu’est-ce qu’on fait maintenant ?
Léon : Comme prévu on convoque la presse, pour leur expliquer que l’on a extrait la
puce, on la détruit devant les caméras. Comme ça, plus personne n’a d’intérêt à
supprimer Lulu.
(Paulette revient avec Véronique, Sylvie et Vincent)
Véronique : Oh chéri, c’est super, le cauchemar est terminé.
Lucien : On va pouvoir reprendre, notre petite vie normale.
Paulette : On va pouvoir partir en vacances ensemble.
Lucien : Ah, ne me parlez pas de ça… car ça aussi, c’est un cauchemar.
Véronique : Enfin Lulu, souris… maman, c’est quand même mieux que la dissolution
dans la soude caustique.
Lucien : (Hésitant). Tu as raison, dans le fond, je préfère partir avec vous, plutôt que
de subir le sort que l’on voulait me réserver… Allez tiens, je propose que l’on arrose
ça… Whisky pour tout le monde.
(Laure remet ses ustensiles dans sa trousse, pendant que Lucien et Sylvie font le
service. Sylvie donne le verre qui contient la puce à Léon).
Lucien : (Prenant Véronique par l’épaule). Si vous me le permettez, avant de lever
mon verre, je voudrais tous vous remercier, vous avez tous été formidables… Vous
avez pour certains (il regarde Léon) déployé des trésors d’ingéniosité… pour d’autres
(il regarde Paulette), vous avez même risqué votre vie, pour me sortir de là... Je vous
en suis vraiment très reconnaissant et je vous en remercie du fond du cœur.
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Véronique : C’est vrai merci à tous, vous avez sauvé, mon Lulu.
Paulette : Même moi, vous me remerciez ?
Lucien : Mais bien sûr… tiens, pour vous le prouver, j’ai même envie de vous faire la
bise. (Il s’exécute).
Paulette : Eh bien, si je m’attendais à ça !
Léon : Et comme une bonne nouvelle ne vient jamais seule, je déclare l’opération
« Danlecululu », terminée
Lucien : Ah je vous retiens, vous et votre nom d’opération à la noix.
(Tout le monde rigole).
Léon : Allez à ta santé, mon vieux Lulu… Allez cul sec ! (Tout le monde s’exécute).
Laure: Oh !
Véronique : Qu’est-ce qu’il y a ?
Laure : Le verre où il y avait la puce a disparu, il était là.
Sylvie : Je l’ai pris pour servir le whisky.
Véronique : Qui a bu dedans ?
Lucien : C’était quel verre ?
(Tout le monde panique un peu en regardant son verre)
Laure : (Examine un par un les verres en disant à chaque fois). Non.
(Chacun est soulagé, quand Laure dit que ce n’est pas son verre qui contenait la puce).
Laure : (Montrant le verre de Léon). C’est celui-là !
Lucien : Oh purée ! Tu as avalé la puce !
Léon : Mais ce n’est pas possible !
Véronique : (Regardant dans le verre). Regarde, il n’y a plus rien dans le fond. Tu l’as
avalée…
Lucien : C’est toi, maintenant, qui vas être recherché.
Léon : (Paniqué), Mais qu’est-ce que je vais devenir ?
Lucien : Le dispositif est toujours en place, il suffit de prévenir les gars, pour qu’il
continue leur travail.
Sylvie : (À paulette). Nous on garde notre tenue de combat… Parée mamie !
Paulette : Parée fillette … (Joignant le geste à la parole) Suffit de nous dire qui on doit
castagner ?
Vincent : (Assis sur le canapé entre Paulette et Sylvie, se lève) Je me joins à votre
commando !
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Paulette : (Le jugeant du regard, d’un geste le repousse pour qu’il se rassoit) Trop
tendre…
Lucien: T’inquiètes pas mon Léon… on va faire pour toi ce que vous avez fait pour
moi… Allez, tout le monde sur le pont. Il faut tenir le temps que tu renvoies la puce…
Léon : Comment ?
Laure : Par les voies naturelles… Bien sûr. Je ne vais pas t’ouvrir le ventre…
Léon : Combien de temps, ça peut durer ?
Laure : Ça dépend de ton transit
Léon : Ça risque d’être long…
Lucien : On va l’accélérer… Mamie, allez à la pharmacie, chercher tout ce qu’ils ont
comme laxatifs
Paulette : Et c’est parti, mon kiki… (Elle part vers la porte quand Laure l’arrête).
Laure : Pas la peine, j’ai ce qu’il faut dans ma trousse.
Véronique : Vous avez quoi ?
Laure: (Elle sort une boîte de sa trousse). Ça… c’est comme qui dirait des dragées
FUCCA en plus fort… On s’en sert quand les chevaux ont des problèmes de…
Véronique : Inutile de préciser, on a compris.
Lucien : Si ça ce n’est pas efficace, c’est à désespérer.
Léon : (Prenant la boîte de médicament). Vous croyez vraiment que je peux en
prendre… ce n’est pas trop fort ?
Lucien : Tu n’as pas le choix.
Léon : Qu’est-ce que je risque, si j’en prends ?
Lucien : Le risque, c’est de ne pas en prendre… Rappelle-toi, tout ce que je risquais,
moi, quand j’avais la puce sur moi… Eh bien maintenant, c’est toi qui a l’épée de
Damoclès au-dessus de ta tête… Car la puce, on ne l’a pas arrêtée, elle continue
d’émettre, et tout le monde sait, maintenant que c’est toi qui l’as… et c’est toi qu’ils
veulent supprimer.
(Léon à regret, avale un cachet, puis 2, puis 3, puis veut en avaler un autre)
Lucien : Non, là, ça suffit… j’aimerais, s’il te plait ne pas avoir à repeindre
l’appartement.
(Tout le monde rit sauf Léon)
Léon : (Effondré) Mais vous ne vous rendez pas compte, de ce qui m’arrive !
Lucien : (Levant les yeux au ciel) Oh si, je me rends compte… Tu ne peux pas savoir
à quel point, moi, je me rends compte.
La puce [email protected] 63
Léon : (Abattu). Qu’est-ce qu’on fait maintenant ?
Lucien : Moi, je vais au QG, pour briefer les gars des évolutions. (Sur le pas de la
porte, il demande). Quelqu’un a une idée comme nouveau nom de code à l’opération ?
Paulette : Moi… on pourrait mettre… (Elle rit)
Léon : Quoi ?
Paulette : « Danlefionléon »
Lucien : (En sortant). Ok, ça marche.
Léon : Oh non pas ça !
Tous sauf Léon : Trop tard. (Tout le monde rit, sauf Léon)
FIN