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E Lichtbericht 82 Paru en mai 2007 Laverie de charbon Zollverein Au cours de sa première vie, la mine Zollverein de Essen était un modèle d’efficacité et de rationalité indus- trielles. L’exposition internationale d’architecture IBA Emscherpark (1989-1999) lui a donné un second souffle, la hissant au rang de sym- bole et de pivot du changement structurel réussi de la Ruhr, région profondément marquée par l’indus- trie lourde. Après d’importants tra- vaux menés en collaboration entre les cabinets OMA et Böll & Krabel, le principal bâtiment du site, la laverie de charbon, fait aujourd’hui office tout à la fois d’accueil des visiteurs, de musée et de centre d’exposition.

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E Lichtbericht 82

Paru en mai 2007

Laverie de charbon ZollvereinAu cours de sa première vie, la mine Zollverein de Essen était un modèle d’efficacité et de rationalité indus-trielles. L’exposition internationale d’architecture IBA Emscherpark (1989-1999) lui a donné un second souffle, la hissant au rang de sym-bole et de pivot du changement structurel réussi de la Ruhr, région profondément marquée par l’indus-

trie lourde. Après d’importants tra-vaux menés en collaboration entre les cabinets OMA et Böll & Krabel, le principal bâtiment du site, la laverie de charbon, fait aujourd’hui office tout à la fois d’accueil des visiteurs, de musée et de centre d’exposition.

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Tout changer en restant dans la continuité: c’est dans cet esprit que nous avons conçu le Lichtbericht 82. L’édition bilingue est ainsi deve-nue unilingue, donnant lieu à six versions lin-guistiques différentes. Les articles jouissent d’un gain de place conséquent et la mise en page a été entièrement revue.

S’agissant du fond, nous avons renforcé la répartition par rubriques du Lichtbericht. Cha-que Lichtbericht étudiera désormais un projet en profondeur, avec de nombreuses informa-tions à la clé et des points de vue très divers, à la rubrique Reportage. La présente édition met à l’honneur la laverie de charbon de la mine Zollverein et l’exposition de design internatio-nale ENTRY qu’elle a accueillie.

La rubrique Arrière-plan s’intéressera à des sujets variés indépendants de tout projet parti-culier, comme ici au pionnier des études d’éclai-rage, le concepteur lumière américain Richard Kelly, dont l’œuvre influence encore aujourd’hui profondément la conception de l’éclairage.

Les principes techniques, les descriptions des produits et les contenus didactiques sur la lumiè-re seront regroupés dans la rubrique Lumière & Technique – consacrée ici au Light Server 64+, indispensable aux projets DALI comptant plus de 64 écepteurs –, ainsi qu’à la perception et aux études d’éclairage.

Enfin, la rubrique Projets continuera évidem-ment à donner de nombreux exemples d’éclaira-ge architectural tirés des quatre coins du monde. Dans le présent numéro, elle va ainsi du Flagship Store de la société Iittala à l’hippodrome d’Ascot.

En résumé, le nouveau Lichtbericht reprend indéniablement l’ancien. Nous espérons cepen-dant que son contenu répondra plus que jamais à vos attentes en matière d’éclairage et de tech-nique d’éclairage.

ERCO LichtberichtMentions obligatoiresDirecteur de la publication : Tim H. MaackRédacteur en chef : Martin KrautterMise en page : Christoph Steinke, Simone HeinzeImpression : Mohn Media Mohndruck GmbH, Gütersloh

�028698000© 2007 ERCO

Photographies (Page) : Frieder �lickle (�), RichardFrieder �lickle (�), Richard �ryant/arcaid.co.uk (25-29), Charles Crowell, �lack Star (�), Ezra Stoller © ESTO (20–2�), �ernd Hoff (24, �6), Alexandra Lechner (�), Thomas Mayer (U�, 2–�, 6–�5, 24), Rudi Meisel (�4–�5), Thomas Pflaum (4–5), Alexander Ring (22–2�), Tomas Södergren (�7), The Richard Kelly Grant (�6–2�), Dirk Vogel (�, 2, �2–��, U4), Sabine Wenzel (�0–��), Edgar Zippel (2)

Traduction : Lanzillotta Translations, Düsseldorf

Tim Henrik Maack

Arrière-plan

Richard Kelly ou la définition d’une architecture moderne de la lumièreUn essai de Margaret Maile sur le pré-curseur de l’éclairage architectural

Projets

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Light Server 64+La solution conviviale d’ERCO pour les installations DALI de grande envergure

ZoomVoir et percevoir : les effets de per-ception dans la pratique des études d’éclairage

Zoom rapproché Voir et percevoir : théorie de la perception

Introduction

Reportage

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Une villa toutes voiles dehors�ienvenue sur le pont ! La mer est le leitmotiv de cette villa construite par Lord Norman Foster à Saint-Jean- Cap-Ferrat.

Rembrandt : la quête du génie Une exposition organisée dans la galerie de peinture du Kulturforum de �erlin

Iittala Flagship Store, AmsterdamL’éclairage scénographique assuré par le Light System DALI confère un aspect théâtral à la boutique Iittala.

AscotLe prestigieux champ de courses dispose aujourd’hui d’un nouveau complexe incluant tribunes, espaces de restaura-tion, guichets de paris et bien d’autres pour un budget de 200 millions de livres.

A propos de cette publication

Flash

Lumières

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Laverie de charbon, EssenElément majeur de la mine Zollverein aujourd’hui désaffectée, la laverie de charbon représente le symbole du changement structurel en marche dans la Ruhr

L’essence de demainL’auteur Holm Friebe à propos de l’exposition inaugurale de la laverie de charbon de Essen ENTRY2006.

Entry Paradise PavilionUne évolution toute informatique : un environnement sous un éclairage dynamique en avant-goût des archi-tectures à venir.

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Sommaire A propos de cette publication

Lumière & Technique

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Flash

DüsseldorfLa Königsallee est connue dans le monde entier comme les « Champs-Elysées » de Düsseldorf. La maison Eickhoff y est l’une des adresses phares en matière de mode, ses collections regroupant des créa-teurs comme Dior, Gucci, Armani ou encore Dolce & Gabbana. Les vitrines spacieuses du magasin donnent le ton par leur décoration et leur éclairage. La mise en lumière est assurée par des projecteurs Parscan.

Vitrine d’Eickhoffwww.eickhoff.eu

New York City « Vorsprung durch Technik », ou « le progrès par la technologie » : un slo-gan qui se passe depuis longtemps de traduction aux Etats-Unis. Le nouveau forum Audi de Manhattan reflète la volonté de la prestigieuse marque allemande de renforcer sa présence sur le sol américain. Le showroom aux proportions géné-reuses fait l’angle entre la 47e rue et Park Avenue. Des projecteurs Stella et Optec assurent une mise en lumière optimale des véhicules.

Forum AudiArchitecture : Oettle Design, Munich ; CR Studio Architects, New York www.audi.com

StockholmLe Kungsträdgården fait partie des incontournables de la capitale suédoise et forme un véritable parc bordé par les somptueux palais de la fin du XIXe siècle. Sur l’ensemble du parcours, les réverbères sont désormais équipés de projecteurs Beamer et de projecteurs Flood Parscoop pour lampes à halogé-nures métalliques, qui assurent un éclairage économique et uniforme, aux couleurs neutres, des façades historiques.

KungsträdgårdsgatanArchitecture : Svante Forsström Arkitekter, Stockholm Etudes d’éclairage : Claes Möller Ljusbyggarna, Stockholm

Zuchwil (Suisse) Pour certains, la forme de cette église évoque celle d’une baleine ; néanmoins, les deux coquilles de béton ébauchent en réalité le geste protecteur de deux mains abritant l’édifice. La communauté néo-apostolique de la petite cité helvé-tique remporte haut la main le pari de l’architecture contemporaine. Des Downlights équipés de lampes halogènes et de lampes à halogé-nures métalliques s’intègrent par-faitement à la construction grâce à des boîtiers d’encastrement pour plafond en béton.

Eglise néo-apostolique, ZuchwilArchitecture : smarch architekten, Berne

Abu DhabiCet hôtel de tous les superlatifs est considéré comme le plus grand et le plus luxueux au monde. Administré par la chaîne hôte-lière Kempinski, l’établissement met à la disposition des invités officiels et des membres de la jet-set �0� chambres et 9� suites d’un luxe inégalé. L’ensemble s’étend sur presque un kilomètre et la surface de la grande cou-pole de l’atrium, d’un diamètre de 4� mètres, est ornée de mosaïques d’or et d’argent. ERCO a livré plu-sieurs milliers de Downlights et d’autres appareils d’éclairage pour mettre parfaitement en valeur cette magnificence à couper le souffle.

Hôtel Emirates PalaceArchitecture : Wimberly Allison Tong & Goo Etudes d’éclairage : DHA Design, Londres et Lighting Design Inter-national, Londreswww.emiratespalace.com

BarceloneLe grand pâtissier catalan Oriol Balaguer fait de la fabrication de chocolat tout un art. L’opulence gustative de ses créations tranche avec des emballages au design minimaliste et un intérieur moder-ne qui ne laisse rien au hasard dans sa boutique sise au n° � de la Pza. San Gregorio Taumaturgo. La. San Gregorio Taumaturgo. La. La lumière brillante des projecteurs Castor laisse étinceler les surfaces et les articles, mettant véritable-ment l’eau à la bouche.

Oriol BalaguerArchitecture et études d’éclairage : GCA architects, Barcelonewww.oriolbalaguer.com

Cologne Tous les deux ans, le salon Orgatec réunit sur les bords du Rhin les professionnels de l’aménagement et du mobilier de bureau. Après une période difficile, l’optimisme est de retour. Une série de petites entreprises espagnoles perfor-mantes du monde du design se présentent ensemble sur le stand du SIDI (Selección Internacional de Diseño) – sous la lumière de projecteurs TM montés sur des rails suspendus.

Stand SIDI du salon Orgatec �006Architecture du stand : Stefano Colli, BarceloneEtudes d’éclairage : Stefano Colli & SIDI Teamwww.sidi.es

FrancfortPendant des années, Neu-Isenburg, quartier périphérique de Francfort, a dissimulé un véritable joyau à la fois classique et moderne du XXe siècle : le restaurant de la piscine Waldschwimmbad. Grâce à une restauration conforme à l’esprit du monument, des annexes élégantes et un nouvel éclairage intérieur et extérieur signé ERCO, l’établisse-ment brille désormais d’un nouvel éclat. En hommage à Feininger, l’un des acteurs du mouvement architectural du Bauhaus, il a été rebaptisé « Lyonel ».

Restaurant LyonelArchitecture : Tom Eisenbach, Francfortwww.restaurant-lyonel.de

DortmundDepuis la conversion de l’industrie au tertiaire amorcée par la ville de Dortmund, l’ambiance évolue également dans les quartiers tra-ditionnellement ouvriers comme Weststadt. Les habitants des origi-nes les plus diverses s’y côtoient et investissent en été l’espace public arboré du Westpark. Respectueuse de cette utilisation, une mise en scène tout en délicatesse réalisée à l’aide d’encastrés de sol Tesis fait du parc un endroit sûr et agréable.

Eclairage du WestparkEtudes d’éclairage : Forum InterArt, Uwe Kiwitt, Dortmund

StockholmLes tapis faits main ne reflètent pas nécessairement un esprit petit-bourgeois : c’est ce que démontre The Rug Company, une entreprise anglaise qui propose de somptueux tapis d’art dessinés par de célèbres créateurs de mode ou décorateurs d’intérieur. Dans le nouveau show-room du centre de Stockholm, les concepteurs ont opté pour des Downlights et des projecteurs à faisceau mural du programme Quadra.

Showroom The Rug CompanyArchitecture : Guy Stansfeld Architects Limited, Londreswww.therugcompany.info

Palma de MajorqueDe l’art contemporain dans une cathédrale vieille de plus de 700 ans : au cours des dernières années, l’artiste majorquin Miquel Barceló a décoré la chapelle Saint-Pierre de la cathédrale de Palma de Majorque avec un relief en céramique de �00 m�. L’ouvrage est éclairé par des encastrés de sol Tesis à faisceau mural et par des projecteurs Stella.

Catedral La Seo, Capilla de San Pedro Etudes d’éclairage : Feliciano Fuster

New York City En pleine expansion, la marque italienne de jeans et vêtements de sport Diesel s’en remet depuis longtemps à la technique d’éclai-rage ERCO pour équiper ses bouti-ques, partout dans le monde. Ainsi, au n° 1�5 de Spring Street, dans SoHo, des projecteurs Optec et des encastrés orientables Gimbal pour lampes à halogénures métalliques éclairent les splendides espaces du magasin planté de piliers histori-ques en fonte.

Diesel StoreArchitecture : Diesel Interior Design Department, Molvenawww.diesel.com

StockholmLe nouveau showroom de Kvadrat à Stockholm combine l’esthétique d’un loft à la scandinave avec une technique d’éclairage parfaitement adaptée : des rails lumière équipés de projecteurs et projecteurs à fais-ceau mural du programme Optec créent des conditions optimales pour la mise en valeur des précieux textiles d’intérieur danois.

Showroom KvadratArchitecture : Ronan & Erwan Bouroullec, ParisEtudes d’éclairage : Vincent Muracciole, Pariswww.kvadrat.dk

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Situation Kunst, BochumArchitecture : Soan Architekten (Gido Hülsmann, Bochum ; Dirk Boländer, Warburg) Photographie : Thomas Pflaum, Castrop-Rauxel

www.situation-kunst.de

Lumières

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Schéma directeur Zollverein 2001 : Rem Kool­haas, Office for Metropolitan Archiecture (OMA)Rénovation laverie de charbon : collaboration entre l’OMA et le cabinet d’architectes Böll & Krabel, EssenEtudes d’éclairage : Licht Kunst Licht, Bonn/BerlinEquipe projet : Nicole Kober, Stefan HofmannPhotos : Thomas Mayer

www.zollverein.de

De 1928 à 1932, en créant le puits XII de la Zollverein, Fritz Schupp et Martin Kremmer ont non seulement élaboré l’une des plus grandes et modernes mines de charbon du monde mais également signé un véritable modèle d’archi­tecture industrielle. Cet ensemble aux formes géométriques strictes, tout en cubes épurés, convainc encore aujourd’hui par son esthétique rationnelle et sa réduction formelle. L’extraction et la transformation du charbon dans la laverie et la cockerie ont pris fin en 198� et 1993. Lors­que la mine était encore en activité, le complexe était pratiquement entièrement fermé au public. Seuls sa viabilisation dans le cadre de l’IBA Emscherpark (exposition internationale d’archi­tecture) jusqu’en 1999, son accession au statut de monument en 2000 puis son inscription à la liste du patrimoine culturel mondial de l’UNESCO en 2001 ont insufflé une vie nouvelle à cet impressionnant site industriel.

Dès 199�, le Design Zentrum Nordrhein Westfalen a emménagé sur le site minier, dans la chaufferie à l’intérieur entièrement remanié par Lord Norman Foster et le cabinet d’architectes Böll & Krabel. L’implantation d’entreprises por­teuses est également une réussite ; des sociétés de création et des agences de design louent des espaces du puits XII pour leurs bureaux et ateliers. Cette année, la Zollverein School of Management and Design a ouvert ses portes avec 18 étudiants, en vue d’assurer l’avenir des études conceptuel­les qualitatives de haut niveau. L’inauguration a eu lieu en juillet 200�. Cet édifice inhabituel réa­lisé par le groupe d’architectes japonais SANAA étant la première construction nouvelle sur le site minier depuis cinquante ans.

En 2001, Rem Koolhaas, fondateur du fameux Office for Metropolitan Architecture (OMA), a présenté un schéma directeur pour la Zollverein afin d’inscrire les critères conceptuels de réfé­rence dans un développement global continu. L’un des principaux bâtiments, la laverie de charbon du puits XII, a été assaini par l’OMA et le cabinet Böll & Krabel à partir de 2003 avant d’être montré à un large public à l’occasion de l’exposition ENTRY200�. Pendant cent jours, du 2� août au 3 décembre 200�, acteurs et visiteurs se sont penchés sur les questions du design de demain. Cette initiative ENTRY200� sera suivie par l’aménagement du musée de la Ruhr et l’accueil de la mine Zollverein dans l’ancienne laverie de charbon.

La surface utile totale d’environ � 500 m2 s’étend sur trois niveaux. Des installations modernes contrastent merveilleusement avec la fonctionnalité de l’architecture industrielle, tous les éléments techniques et architecturaux étant visibles. Des halls aux volumes généreux alternent avec de petits et surprenants cabinets.

Laverie de charbon, EssenElément majeur de la mine Zollverein aujourd’hui désaffectée, la laverie de charbon représente le symbole du change-ment structurel en marche dans la Ruhr : d’un complexe pour l’industrie lourde, elle est passée au rang de patrimoine culturel mondial, véritable scène de l’architecture et du design de demain.

Après avoir fait ses preuves avec l’exposition ENTRY200�, la nouvelle infrastructure de la lave­rie de charbon abritera en 2008 le musée de la Ruhr, qui se veut un portail d’accueil pour les visiteurs du monde entier venus découvrir la région.

Des couleurs vives, comme la cage d’escalier principale qui irradie d’un orange intense, donnent le ton. L’intervention la plus specta­culaire – et la plus controversée – pratiquée sur l’existant concerne cependant le nouvel accès aménagé pour ce bâtiment : un gigantesque escalier roulant extérieur achemine les visiteurs au niveau 24 – à 24 mètres de hauteur – vers l’accueil. Là commence le circuit, qui les mène à travers les espaces d’exposition jusqu’au pied de l’édifice. Les visiteurs se retrouvent ainsi à suivre, métaphoriquement, le « chemin du charbon » alors que la structure spatiale verticale originelle des anciens silos à charbon fait largement place à des zones d’exposition à l’horizontale. La nette séparation entre l’ancien et le nouveau, le par­fait équilibre entre modernité fonctionnelle et sauvegarde du patrimoine avec la nouvelle faça­de et, surtout, la proximité entre les éléments historiques et le circuit des visiteurs font de la laverie de charbon de Essen un exemple de la réaffectation des vestiges de l’ère industrielle.

Controversé au début, encensé depuis : l’escalier mécanique géant est le point de départ sensation­nel de toutes les visites de la laverie de charbon.

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Ses vitres panoramiques confèrent à la salle de réception aménagée sur le toit de la laverie de charbon une vue grandio­se sur le site de Zollverein et l’ensemble du bassin houiller de la Ruhr.

technique ouvert intègre tous les éléments domotiques indispensables à la ventilation et à l’éclairage ainsi qu’à l’organisation de manifes­tations et d’événements multimédias. Orientés vers le sol, des projecteurs Parscan pour lampes halogènes à incandescence peuvent être com­mutés et gradués par groupes selon les besoins, pour un éclairage sur mesure de tous les types de manifestations possibles.

Architecture industrielle surdimensionnée et cabinets d’exposition intimistes, lumière naturelle diffuse et lumière artificielle orientée, ancien et moderne forment un ensemble har­monieux. Le souvenir d‘un cadre de travail sale, éreintant et dangereux se marie à des concepts dynamiques et futuristes : forte de cette identité plurielle, la mine Zollverein devient un véritable lieu vivant. Dramaturgie : le visiteur

passe des espaces d’expo­sition pourvus d’un éclai­rage fonctionnel à la cage d’escalier nouvellement ajoutée, mise en scène dans un orange incan­descent.

A l’intérieur, des pro­jecteurs Parscan orien­tés vers le sol servent à un éclairage flexible. A l’extérieur, la série de Downlights qui court le long du larmier forme un tapis de lumière sur la terrasse, respectant la transparence des parois vitrées y compris la nuit.

Le contraste de qualité de lumière entre l’éclairage indirect froid et l’éclairage direct orienté aux tons chauds est frappant. La parcimonie des ombres créées autour des reliques industrielles prévient toute surdramatisation.

Les arcades en béton qui enjambent les anciens rails se muent en espaces de lumière, grâce aux Downlights apparents du programme d’éclairage extérieur ERCO.

Par leur esthétique très technique, les tracés lumineux qui regroupent les fonctions d’installa­tion et d’éclairage se fondent parfaitement au site industriel. Les rails lumière intégrés suppor­tent des projecteurs et des projecteurs à faisceau mural Optec.

Licht Kunst Licht : l’équipeL’agence d’études d’éclairage Licht Kunst Licht dirigée par Andreas Schulz a été fondée en 1992 à Bonn et Berlin et comp­te aujourd’hui parmi les plus importantes d’Allemagne. La Chancellerie fédérale à Berlin, le Campus Novartis à Bâle, la Jahr­hunderthalle à Bochum ou le musée Max Ernst à Brühl près de Cologne sont autant de ses références. Le projet Zollverein occupe les concepteurs du cabinet depuis déjà plus de deux ans : début 2005, Licht Kunst Licht en collaboration avec un architecte paysagiste et un concepteur graphiste a remporté l’appel d’offres pour la conception des espaces extérieurs du site. Parallèlement, les études d’éclairage de la laverie de charbon ont été confiées à Bonn. Dans cette équipe, Nicole Kober (ci­dessus) et Stefan Hofmann ont dû développer et mettre en œuvre un con­cept d’éclairage concluant et économique pour cette architecture des plus hétéro­gènes.

www.lichtkunstlicht.com

Le concept d’éclairage de la laverie de charbonPour l’éclairage général du bâtiment, les éclaira­gistes de Licht Kunst Licht ont conçu des « tracés lumineux » formés pas des profils suspendus en tôle d’acier qui obéissent aux contraintes de l’ossature métallique en présence. Ils servent à l’installation des éléments d’acoustique et de communication, des outils d’éclairage indirect et des rails triphasés ERCO.

D’un blanc volontairement froid, la tempéra­ture de couleur des appareils d’éclairage indirect équipés de lampes fluorescentes T1� crée un ciel d’une lumière diffuse homogène, réminiscence de l’association initiale de lumière naturelle laté­rale et de la lumière fluorescente à rayonnement libre des luminaires industriels. Des ballasts élec­troniques graduables adaptent les luminances aux différents volumes spatiaux. Des appareils d’éclairage direct émettant une lumière chaude viennent s’y ajouter, sans verser pour autant dans le spectaculaire. Les objets mis en lumière sont éclairés depuis au moins quatre points, avec une intensité lumineuse réduite afin d’évi­ter toute ombre portée. Ce système permet de répondre à de nouveaux besoins d’éclairage avec une grande flexibilité, qu’il s’agisse des zones de passage, de réception ou d’exposition. Les rails lumière supportent tout un éventail de projecteurs Optec ERCO dotés de lampes, puis­sances et répartitions de l‘intensité lumineuse différentes.

Le toit de la laverie de charbon constitue une particularité architecturale : il dissimule aujourd’hui une salle de réception. Un plafond

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Zollverein, un centre d’attraction : le bassin de la Ruhr se cherche un avenir dans les « Creative Industries » et dans son environnement universi­taire.

D’imposantes installations subversives conquièrent l’espace : aperçu de la partie de l’exposition inti­tulée « Talking Cities ».

L‘architecture specta­culaire dans la presse grand public : Francesca Ferguson, directrice du musée d’architecture suisse et conservatrice associée de l’exposition ENTRY se réjouit des articles publiés.

Des visions d’hier pour demain : outre des pré­sentations contemporai­nes, l’exposition « Open House » du musée Vitra revient sur les utopies de l’école moderne.

Le troisième millénaire a commencé et il est temps qu’il prenne de la vitesse. Le futur sera fait, mais par qui ?

A plusieurs égards, les designers semblent les médiateurs désignés pour faire le lien entre les différents univers d’expertise destinés à façonner le futur à court et moyen terme – tout en accompagnant ce processus humainement. Parallèlement, la corporation manque d’esprit de renouveau et de velleité à sortir des sentiers battus et à relever de nouveaux défis, contraire­ment à d’autres secteurs, en sciences et techni­ques notamment. En 2004, le designer canadien Bruce Mau avait tenté au travers de son projet « Massive Change: The Future of Global Design » (Un changement radical : le futur du design global) d’imposer à sa discipline le changement radical qui s’annonce en proposant un concept élargi qui n’a que très rarement trait à l’aména­gement intérieur. Bien plus, il s’agit pour lui de la façon dont les connaissances scientifiques et les innovations technologiques pourront être mises en pratique pour améliorer la coopération humaine. Selon l’un des messages fondamen­taux, le design actuel est et reste invisible dans la plupart des cas – jusqu’à s’avérer comme une certaine impuissance.

Cette approche était au centre de « ENTRY2006: Wie werden wir morgen leben? » (Comment vivrons­nous demain ?), une initiati­ve organisée à Essen fin 2006. Pendant 100 jours, cette exposition a occupé la laverie de charbon de la mine Zollverein transformée par Rem Koolhaas. Au­delà de la préparation de 2010 qui verra Essen désignée capitale de la culture,

elle visait à sonder les perspectives et les domai­nes d’application futurs du design et de l’archi­tecture. Une formule qui fera probablement date en a été tirée : le « design B.A.N.G », dont le nom même suggère la possibilité optimiste d’un renouveau, d’un big­bang bis dans l’univers du design.

B.A.N.G. est l’acronyme de « Bits, Atome, Neuronen, Gene » (octets, atomes, neurones et gènes), soit les unités microscopiques et sous­microscopiques à la base des sauts quantiques et des innovations fondamentales attendus dans le cadre de ce long processus nommé pro­grès. En effet, technologie et biologie se fondent et se confondent à un rythme étourdissant – phénomène qualifié depuis longtemps en science­fiction de « wetware ». Organisée par Werner Lippert et Peter Wippermann, la partie de l’exposition « Entry Paradise » en est une illustration saisissante : les robots ressemblent toujours plus aux êtres humains tandis que la chair mortelle recourt de plus en plus à la tech­nologie. Les deux devraient bien se rejoindre à un moment donné. L’évolution des technologies de l’information promet pour le siècle en cours des machines encore plus intelligentes. La bio­technologie et la médecine travaillent à l’im­mortalité de l’homme.

Cette terre aussi inconnue qu’engageante ne doit toutefois pas nous masquer le fait que la plupart des problèmes profonds de notre spécia­lité trouvent encore leur origine au macroniveau fondamental. Plusieurs d’entre eux découlent de l’évidence même du corps humain, qui doit s’attarder quelque part et, idéalement, s’y sen­

tir bien. L’architecture, le paysage urbain, les espaces publics et privés demeurent le théâtre de toutes les expressions humaines. Cela nous oblige à réfléchir à la façon dont le progrès tech­nologique peut se métamorphoser en progrès social : suivant de nouvelles formes de cohabita­tion ici – et partout dans le monde.

La seconde partie de l’exposition, « Talking Cities », organisée par Francesca Ferguson et son cabinet Urban Drift était consacrée à ces ques­tions. Les avis recueillis sur le thème de la ville reflètent moins la position des ingénieurs en termes de faisabilité technique et de réalisations novatrices, que celle des personnes directement concernées par le progrès, la mondialisation et les mutations urbaines. La « micropolitique de l’espace urbain » révèle des utopies concrètes, à petite échelle, souvent au sens d’une appro­priation et d’une réaffectation fantaisistes de l’espace public et de l’architecture, que l’on pourrait assimiler à un urbanisme de guérilla. Citons notamment la sidérante proposition du designer industriel Andreas Bergmann de défor­mer tout simplement les barrières de chantier pour en faire des bancs. Sans parler de l’initiative « Land for free » qui fait cadeau de parcelles de terre de la Ruhr industrielle pour y attirer d’ici 2010 des colons prêts à échanger leur loft de New York ou Berlin contre un terrain en pente sur un ancien terril planté de bouleaux. Nous revoici tout à coup au cœur du changement structurel en cours dans la Ruhr ; à Essen, qui s’applique à devenir un repère des activités créatives en vue de son année de la culture ; sur la mine Zollverein, que l’intervention réussie de

Koolhaas et de l’OMA n’a justement pas cons­ciencieusement sauvegardée comme monu­ment historique, au titre de patrimoine culturel mondial, mais transformée en « Junk Space », en site ouvert, tourné vers le futur.

La tradition est ici plus une source d’inspi­ration qu’un poids. Andrej Kupetz, directeur de la Zollverein School of Management and Design l’a développé lors de l’« Entry Paradise » : « L’avenir de Zollverein nécessite que nous le vivions comme une véritable chance. Nous les hommes et les femmes de l’ère post­industrielle – à mesure que nous nous affranchissons du travail physique et des processus de production industriels –,l’occasion donnée par l’évolution de la société de redécouvrir le romantisme d’une époque mécanique – à l’odeur d’huile de grais­sage et au goût de poussière de charbon. » L’ar­tiste norvégienne Sissel Tolaas a sublimé cette idée dans le cadre de « Talking Cities », en reliant simultanément le niveau moléculaire du design B.A.N.G. au macroniveau urbain : elle a capturé les odeurs significatives de différentes villes, les a synthétisées en laboratoire avant d’en remplir des flacons. Elle a même fait fabriquer en édition limitée (200 exemplaires) un parfum sur mesure pour l’exposition de Essen : « Essense ». Tout imprégné d’une nostalgie postmoderne, il déga­ge des effluves de poussière, de charbon et de rouille, évoquant, telle la madeleine de Proust, des images du bassin de la Ruhr dans le cortex visuel de notre wetware, le cerveau humain.

BibliographieMassive Change – A Manifesto for the Future of Global Design (Bruce Mau, Phaidon)

Entry Paradise – Neue Welten des Designs(Gerhard Seltmann et Werner Lippert (dir. pub.), Birkhäuser)

Talking Cities – The Micropolitics of Urban Space / Die Mikropolitik des urbanen Raums(Francesca Ferguson & Urban Drift Productions Ltd. (dir. pub.), Birkhäuser)

L’essence de demainL’auteur Holm Friebe à propos de l’exposition inaugurale de la laverie de charbon de Essen ENTRY2006 (26 août – 3 décembre 2006)

Irréel : une mise en scène basée sur le con­traste d’une lumière orientée avec les surfaces industrielles brutes ren­force l’impact des objets exposés.

Un prêt du musée Cooper Hewitt de New York : « Second Skin » porte sur les matériaux nouveaux de l’ameublement, la mode et l’architecture.

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Entry Paradise PavilionUne évolution toute informatique : un envi-ronnement sous un éclairage dynamique en avant-goût des architectures à venir.

« Comment vivrons-nous demain ? », telle est la question que posait l’exposition ENTRY2006. Des designers et des architectes issus de plus de 20 pays y ont apporté des réponses diffé-rentes, sous la forme d’innovations diverses : produits, matériaux, vêtements, habitats ou idées. Montée dans l’ancienne laverie de char-bon de la mine Zollverein à Essen, inscrite au patrimoine culturel mondial, cette exposition a posé un jalon fantastique dans le futur tant les objets présentés étaient visionnaires. L’entrée commune aux différents espaces thématiques était formée par l’ENTRY Paradise. Le visiteur faisait ensuite tout un voyage, du design indus-triel et émotionnel classique du XXe siècle à un design futuriste, le design B.A.N.G.. Chris Bosse du cabinet PTW Architects de Sydney a créé l’Entry Paradise Pavilion comme cadre de cette réflexion résolument tournée vers le futur.

Né de la mousseInspiré par les structures cellulaires micro-scopiques, Chris Bosse s’est aidé de logiciels d’architecture spéciaux pour mettre au point des ouvrages qui rappellent des formes natu-relles irrégulières comme la mousse, l’éponge ou le corail. Cette « biomorphic architecture » implique la transposition des algorithmes de croissance et d’optimisation des structures organiques à des formes architecturales. En partenariat avec PTW Architects, CCDI et Arup, l’architecte a procédé de même pour les études du Centre national de natation, le « Watercube » ou cube d’eau, prévu pour les Jeux olympiques de 2008 à Pékin : une construction transparente légère aux reflets bleutés, qui découle de la struc-ture géométrique de l’eau à l’état de mousse.

Pour l’ENTRY2006, ce procédé a ainsi donné lieu à un fascinant pavillon biomorphe en tissu high-tech élastique blanc – un matériau égale-ment utilisé pour créer des surfaces minimales par plusieurs architectes et designers dont Frei Otto, Aleksandra Kasuba, 3deluxe et Ernesto Neto. Quatre semaines ont été nécessaires aux voiliers australiens pour réaliser l’installation à partir de patrons dessinés par ordinateur. De seulement 17 kg pour 350 m3 une fois monté, le pavillon a pu ensuite être plié dans un sac de voyage et transporté par Chris Bosse jusqu’à Essen.

Des mondes sous-marins mis en lumièrePour mettre en valeur l’esthétique de cette for-me par la couleur, une équipe de spécialistes de l’éclairage architectural d’ERCO, Lüdenscheid, a mis en scène le pavillon grâce à une lumière colorée dynamique. Des scénarios d’éclairage changeant au rythme de suites chromatiques minutées ont ainsi été projetés sur le tissu. En

complément, des reflets lumineux produits par des boules à facettes éclairées formaient diffé-rents motifs. De cette façon, l’équipe d’ERCO a instauré un monde sous-marin virtuel. Marc Hartings, responsable du projet Entry Paradise Pavilion chez ERCO explique que « le thème de l’eau avait été fixé par Chris Bosse. Nous l’avons ensuite décliné pour présenter aux visiteurs des ambiances lumineuses et des compositions chromatiques toujours nouvelles. »

L’éclairage était assuré par des appareils ERCO compatibles DALI à la pointe de la tech-nologie : des projecteurs Focalflood équipés de lampes fluorescentes T16 en rouge, vert et bleu, des appareils d’éclairage de façade Focalflood LED varychromes et des projecteurs Stella dotés de filtres de couleur dichroïques skyblue. La technique de mélange des couleurs RVB a permis d’obtenir différentes températures de couleur par le biais des lampes fluorescentes et des LED. Les systèmes optiques des appareils d’éclairage de façade Focalflood varychromes prévoyaient une répartition de la lumière à fais-ceau étroit vers les surfaces murales pour une lumière rasante adéquate et une répartition à faisceau large dans la direction opposée.

Chaque appareil était piloté individuellement avec le système de gestion numérique de l’éclai-rage Light System DALI ERCO. Même les boules à facettes étaient connectées à ce système via un actionneur. Selon Jens von der Brelie, développeur chez ERCO, « ces scènes d’éclairage auraient été impossibles sous cette forme avec la technique analogique. Un système tradition-nel aurait en outre nécessité beaucoup trop de place pour les armoires de commande et de temps pour l’installation. » Au lieu de dispositifs fixes et complexes, composés de multiples cir-cuits réglables séparément, les systèmes DALI permettent un contrôle individuel des appareils d’éclairage. L’alimentation électrique et la ges-tion de l’éclairage interviennent indépendam-ment l’une de l’autre. Des ballasts compatibles DALI garantissent pour chaque appareil diverses fonctionnalités, dont la commutation et la gradation, qui sont actionnées par le système de gestion de l’éclairage suivant le protocole de communication DALI (Digital Addressable Lighting Interface).

L’Entry Paradise Pavilion est le fruit d’algorithmes évolutifs et de logiciels pour voiliers sur ordina-teur : l’architecte Chris Bosse a laissé la structure se développer suivant les lois organiques.

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tune the light

L’effet-lumière dynami-que de bulles en mouve-ment sur la surface du pavillon résulte de boules à facettes éclairées par des projecteurs Stella. Le protocole DALI contrôle la luminosité des projec-teurs et, via des action-neurs, le mouvement des boules.

S’agissant de la planification et de la prépara-tion de l’installation d’éclairage, Chris Bosse a mis à la disposition de l’équipe ERCO des maquettes numériques virtuelles du pavillon. Une fois l’objet réel en place, seules quelques heures restaient imparties pour programmer les scénarios d’éclairage. Marc Hartings rapporte ainsi : « Après l’installation électrique des Light Clients et du Light Server, nous avons disposé graphiquement les appareils d’éclairage in situ avec le Light Studio, suivant le procédé WYSIWYG (What You See Is What You Get), puis programmé l’ensemble des scènes d’éclairage et des suites dynamiques. Les personnes impli-quées pouvaient systématiquement observer le résultat obtenu et retenir ainsi une succession des meilleures scènes à répéter dans le temps. » Chris Bosse a également pris part avec enthou-siasme à la sélection des couleurs. Grâce aux outils conviviaux du logiciel, dont la palette ou la bibliothèque de couleurs et celle des suites de scènes, il a pu définir de manière très intuitive les propriétés des Light Clients (valeur de grada-

Les appareils LED vary-chromes sont des outils idéals pour des effets de couleur saturés. Dans la laverie de charbon, des appareils d’éclairage de façade Focalflood varychromes LED pilotés via DALI déposaient leur lumière rasante de la cou-leur souhaitée sur la sur-face textile du pavillon.

Epreuve de vérité pour DALI : le Light System DALI remplit ici des fonc-tions réservées jusqu’alors à la scénographie.

tion ou emplacement de la couleur) et les suites dynamiques pour tous les groupes d’appareils.

Au final, le flot fantastique d’ambiances colorées renforçait la magie de l’architecture novatrice du pavillon et plongeait pleinement le visiteur dans les univers thématiques de l’exposition.

Le Watercube de PékinCentre national de natation Photographie : PTW Architects/Arup/CCDI

Des rêves numériques : Chris BosseSelon un dicton allemand, les rêves sont comme l’écume, comme la mousse. Or, la physique a trouvé dans la mousse un objet de recherche des plus intéressants. Mais les scientifiques ne sont pas les seuls à être fascinés par la capacité des bulles de savon à s’adapter pour envelopper des volumes donnés, ou encore par la stabilité et l’éco-nomie des structures mousseuses comme les éponges naturelles. Les architectes aussi – et Chris Bosse est l’un d’entre eux – s’y intéressent grandement. Ils s’en inspirent pour développer et structurer des ouvrages en relief extrêmement performants, légers, transparents et plus stables que les édifices traditionnels. Espaces, structures et images se fondent alors en une même unité. Né en 1971 à Stuttgart, Chris Bosse a étudié en Allemagne (à l’Institut für Leichtbau notam- ment, auprès de Frei Otto) et en Suisse avant de travailler dans plusieurs cabinets d’archi-

tectes européens. Il a terminé sa formation à l’Université de Stuttgart par un mémoire con- sacré aux répercussions des inventions for-melles virtuelles et réelles sur l’architecture. Avec www.smoarchitektur.com (S. M. Oreyzi, Cologne) il a élaboré en 2002 le Bubble Highrise à Berlin (voir a+u 05_01). En 2003, il entre chez PTW Architects, à Sydney, où il participe à différents projets prestigieux en Chine, au Japon et au Moyen-Orient. Depuis 2004, un édifice dérivé des structures à bulles et conçu par ordinateur par des architectes et des ingé-nieurs via un « algorithme évolutif » voit le jour à grande échelle en Chine : le projet axé sur le Centre national de natation pour les Jeux olympiques de Pékin en 2008, connu sous le nom de « Watercube » ou cube d’eau, a été récompensé par le prix spécial Atmosphère de la 9e Biennale d’architecture de Venise. Un autre pavillon, réalisé pour MOËT à Melbourne, est également l’expression de l’intérêt profond du jeune architecte pour les structures insolites : il a créé un intérieur aux volumes libres, inspiré des propriétés physiques des bulles de cham-pagne et des surfaces minimales. Les créations de Chris Bosse font l’objet de plusieurs publica-tions. Il tient également des conférences dans plusieurs universités, comme dernièrement à l’AA à Londres et à la Columbia University à New York. Ce printemps, l’exposition « Out from Down Under » organisée à l’American Institute of Architecture à San Francisco montrait des œuvres réalisées par Chris Bosse et PTW.

www.chrisbosse.dewww.ptw.com.au

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Richard Kelly ou la définition d’une architecture moderne de la lumièreMargaret Maile

Le pionnier des études d’éclairage Richard Kelly se voyait avant tout comme un architecte spécialisé.

Richard Kelly (à gauche) et Edison Price, son génial partenaire au titre de constructeur de lumi-naires dans de nombreux projets. En arrière-plan, le modèle du lustre du Barbizon Plaza (vers 1955).

L’éclairage est une composante des arts visuels – notamment de l’architecture – d’une importance telle que le mieux que nous puissions faire aujourd’hui sera déjà obsolète demain. J’aurai beau utiliser toute une série de techniques d’éclairage pour améliorer la vie des gens ou pour embellir une maison, tout cela restera de la pure théorie tant que nous n’aurons pas acquis plus d’expérience dans ce domaine – et nous n’en sommes qu’au tout début. — Richard Kelly, 1958

Difficile de s’imaginer à quoi ressemblerait aujourd’hui l’éclairage architectural sans la contribution riche et durable de ce pionnier des études d’éclairage au XXe siècle que fut Richard Kelly (1910-1977). Son influence profonde est tellement liée à la théorie et à la pratique des études modernes d’éclai-rage architectural qu’elle en est peu à peu devenue une évidence. Beaucoup d’entre nous acceptent les techniques et les prin-cipes auxquels Kelly a contribué sans être implicitement conscients, bien souvent, de leur origine. Familiers que nous sommes de nombreuses étapes fondamentales de l’ar-chitecture moderne, nous avons chaque fois la surprise de découvrir qu’à chacune d’entre elles Kelly a apporté sa contribution, comme c’est le cas pour la Glass House (New Canaan, CT – 1949), la galerie d’art de l’université Yale (New Haven, CT – 1953), le Seagram Building (New York, NY – 1958), l’aéroport international de Dulles (Dulles, VA – 1963) et le Yale Center of British Art (New Haven, CT – 1974). La longue liste d’architectes et de designers du XXe siècle avec lesquels Kelly a travaillé tout au long de sa carrière reste impressionnante : Ludwig Mies van der Rohe, Philip Johnson, Eero Saarinen, Louis I. Kahn, I. M. Pei, Eliot Noyes, Richard Neutra, Gordon Bunshaft, Alexander Girard, Henry Dreyfuss ou encore Florence Knoll et bien d’autres personnalités encore. Kelly a travaillé avec beaucoup d’entre eux à des projets communs, établissant ainsi une rela-tion mûrie et fondée sur le respect mutuel. C’est de cette façon que Kelly put atteindre son objectif de faire fusionner la lumière et l’architecture. Outre les nombreux projets auxquels il a collaboré, Kelly fut aussi profes-seur invité dans plusieurs universités parmi lesquelles Yale, Harvard, Princeton, Cornell, la Rhode Island School of Design et l’Illinois Institute of Technology, où il a transmis l’art de l’éclairage à des générations de concep-teurs lumière. Son influence fondamentale pour l’évolution des études d’éclairage archi-tectural, Kelly l’a exercée en tant que prati-cien, mais aussi en tant qu’enseignant.

Afin de bien comprendre l’influence de Kelly sur la profession, il faut se représenter avec quel acharnement il s’est battu pour faire reconnaître les études d’éclairage comme un élément à part entière de l’architecture. Depuis l’invention de la lumière électrique, vers la fin du XIXe siècle, le lien entre l’archi-tecture et l’éclairage électrique ne s’est déve-loppé que lentement et il a été marqué par de nombreux antagonismes. Certains archi-

tectes et théoriciens estimaient que l’éclaira-ge architectural représentait un danger pour l’intégrité de l’architecture et qu’il pouvait s’imposer face à la forme architectonique. Malgré ces réticences, Kelly décrit obstiné-ment la lumière comme la clé sans laquelle l’architecture et un environnement structuré ne peuvent être compris et éprouvés. Ferme-ment convaincu que des études d’éclairage modernes doivent offrir davantage qu’une lumière purement fonctionnelle ou qu’un embellissement décoratif, Kelly argumentait que l’éclairage devait être pris en compte dès la première phase de la conception au même titre que les autres éléments architecturaux. Il a contribué de façon considérable à ce que les études d’éclairage soient considérées d’un nouvel œil dans le milieu des architectes et son œuvre a été plusieurs fois distinguée de son vivant par des associations d’architectes. L’American Institute of Architects (AIA) a même récompensé Kelly par deux fois : en 1964, en lui décernant le prix « Collaborative Achievement Award » pour son concours au Seagram Building et au restaurant Four Seasons, puis en 1967, lorsqu’il lui remit la médaille d’or pour l’ensemble de son œuvre au service de la « lumière dans l’architecture ».

Né peu après le tournant du siècle à Zanesville dans l’Ohio, Kelly manifeste très tôt de l’intérêt pour le rôle de l’éclairage dans notre perception et dans notre appréhension de l’environnement (sa prise de conscience remonterait à son enfance, le jour où la fai-blesse de l’éclairage dans de la cuisine mater-nelle le gênait).

Durant sa jeunesse, Kelly s’investit dans des productions théâtrales de son lycée, y faisant pour la première fois l’expérience de l’éclairage en tant que puissant moyen d’or-ganisation de l’espace. Après le lycée, Kelly part vivre à New York où, parallèlement à ses études à la Columbia University, il dessine des luminaires pour différents fabricants. Diplômé de Columbia, Kelly travaille ensuite brièvement pour un architecte d’intérieur new-yorkais très en vue, mais il a tôt fait de réunir les fonds nécessaires à la création de son propre bureau d’études d’éclairage en 1935. Comme Kelly le raconte lui-même, cette époque de sa vie fut marquée par la frustration. « Il n’y avait pas d’éclairagistes. Personne n’était prêt à payer pour mes idées, les gens voulaient acheter des luminaires à la place. J’ai donc commencé, parallèlement à mes études d’éclairage, à concevoir des luminaires que je fabriquais et vendais. » De cette façon, Kelly put mettre en pratique son approche de l’éclairage architectural – en concevant de nouveaux luminaires et en cherchant à imposer leur intégration dans l’architecture.

Tout en accumulant de l’expérience au contact de différents architectes et designers avant la Seconde Guerre mondiale, Kelly comprend que les formes et matériaux archi-tectoniques modernes – et particulièrement le verre –, de plus en plus populaires, exigent de nouveaux outils d’éclairage totalement inexistants à cette époque. Cependant, Kelly ne cesse de souligner que les lampes et les

luminaires ne peuvent, seuls, suffire à résou-dre le problème. Kelly estime que l’architec-ture moderne ne peut se réaliser sur les plans formel et conceptuel que si l’on traite avec soin de la question de l’éclairage. Un éclai-rage doit être conçu pour correspondre aux formes modernes grâce à une compréhen-sion parfaite des matériaux architectoni-ques. Très tôt, il prend conscience du besoin urgent de moderniser les techniques aussi bien que la structure de l’offre de l’indus-trie des luminaires. Au moment où éclate la Seconde Guerre mondiale, Kelly, qui a été exempté du service militaire, s’inscrit à la School of Architecture de l’université Yale. Il est convaincu que son diplôme en archi-tecture lui donnera la légitimité nécessaire pour défendre ses idées et ses dessins face aux autres architectes. En effet, Kelly ne veut pas être considéré comme un créateur de luminaires ou un ingénieur éclairagiste, mais plutôt comme un architecte éclairagiste.

Kelly quitte Yale en 1944 avec en poche un diplôme de « Bachelor in Arts » en archi-tecture. Cette étape marque un tournant pour Kelly qui le distinguera nettement de la plupart de ses collègues de l’industrie de l’éclairage. Kelly, qui se dit lui-même « archi-tecte spécialisé », emploiera dès ce moment le titre de « conseiller en éclairage architec-tural » et se démarquera par ses méthodes et par son travail des ingénieurs éclairagistes et des éclairagistes de théâtre. Kelly fut l’un des premiers concepteurs lumière en architec-ture américains à être titulaire d’un diplôme professionnel d’architecture et à travailler en toute indépendance des fabricants de luminaires et des donneurs d’ordre du sec-teur électrotechnique. En cela, il a largement contribué à l’indépendance de la profession de concepteur lumière telle qu’on la connaît aujourd’hui. Dès lors, Kelly ne parlera plus de la lumière qu’en tant que concept architec-tural et en des termes architechtoniques qu’il reprendra pour fixer les principes et le voca-bulaire des études d’éclairage architectural modernes.

C’est également à ce moment là que Kelly commencera à développer sa propre philo-sophie de la lumière qu’il présentera en 1952 au cours de la conférence qu’il donnera sur le thème « Lighting as an Integral Part of Archi-tecture » (l’éclairage, une partie intégrante de l’architecture). Dans son exposé, Kelly énonce sa théorie des « incidences de l’éner-gie lumineuse », au cœur de son approche philosophique et de sa pratique des études d’éclairage. Il entame l’exposé de sa théorie par ces mots : « Pour notre œil spirituel, trois éléments mènent à la perception visuelle – trois types élémentaires d’effets-lumière... 1. le « focal glow » ou lumière d’accentuation, 2. l’ « ambient luminescence » ou lumière ambiante, 3. le « play of brilliants » ou lumiè-re décorative. Ces trois éléments constituent également l’ordre du processus créatif. » Pour Kelly, chacun de ces trois « effets lumière » élémentaires jouait un rôle spécifique pour la composition et la représentation d’un environnement structuré. Kelly définissait le focal glow comme le « faisceau de lumière

sur votre coin de lecture préféré » et un effet de lumière qui « attire l’attention... met en valeur la marchandise, distingue l’important du futile. » Kelly assimile l’ambient lumines-cence au « voile de brume sur une rivière, lorsque le rivage, l’eau et le ciel se confon-dent... C’est également l’éclairage indirect et tout ce que nous en savons. » Il insiste sur le fait que l’ambient luminescence « produit un éclairage dénué d’ombres... réduit formes et volumes... et par là-même, l’importance des choses et des êtres. Elle peut suggérer la liberté spatiale voire l’infini. » Le dernier élé-ment, le play of brilliants, est décrit par Kelly comme « Times Square de nuit... la lumière du soleil sur un jet d’eau ou un ruisseau » ; il « excite le nerf optique... stimule le corps et l’esprit... et éveille les sens. » Kelly conclut son intervention en précisant que « toute beauté visuelle est perçue par l’interaction de ces trois catégories de lumière », même si l’une ou l’autre d’entre elles est souvent dominante dans la composition générale. Selon la théorie de Kelly, la composition de la lumière est un facteur majeur du succès d’un projet d’éclairage. En identifiant les effets élémentaires de la lumière qui sont directe-ment responsables de la perception visuelle, Kelly nous a laissé un héritage durable sous la forme de ses « incidences de l’énergie lumineuse ».

Kelly, tout en continuant de s’intéresser à l’interaction de la lumière, de la perception et de l’expérience sensible, s’occupe également activement de l’application concrète de ses principes à l’éclairage. En 1950, soit six ans seulement après sa sortie de Yale, Kelly a déjà conçu l’éclairage de plus de trente bâtiments publics et d’au moins autant de maisons par-ticulières. Durant cette phase, Kelly collabore à des projets très variés et compose l’éclairage de bâtiments célèbres tels que le Stork Club Cub Room, le Little Casino Club (en coopéra-tion avec Oscar Nitzschke), le Tiffany & Co., le Bonwit Teller de New York ou encore les bureaux de la Container Corporation of America de Chicago.

Les premiers projets de Kelly portant sur des maisons particulières sont probablement les plus innovants de cette période et présen-tent un lien direct avec ses œuvres ultérieu-res. Deux projets de ce début de carrière se détachent particulièrement : la résidence de Richard Neutra pour Edgar J. Kaufman Sr à Palm Springs en Californie (1947) et la Glass House de Philip Johnson. Toutes deux illus-trent parfaitement la réponse apportée par Kelly aux défis posés par l’éclairage architec-tural moderne. Ces deux édifices témoignent en outre du crédit que Kelly accordait à l’idéal moderne qui consistait à vouloir gom-mer la frontière entre les espaces intérieur et extérieur. Les études d’éclairage de Kelly pour le projet Kaufmann montrent quelles techniques il expérimentait à ses débuts, techniques qu’il mènera à maturité au cours de la décennie suivante : parmi celles-ci figu-rent les murs et les plafonds éclairés ainsi que les downlights pour les zones périphériques. Toutes ces techniques fascilitaient la jonction entre l’intérieur et l’extérieur. D’une manière

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ral. Kelly était fermement convaincu que les études d’éclairage devaient aborder la nature cyclique de l’architecture de façon globale, argumentant que : « La gestion des formes, la signification d’une pièce doivent entre-tenir un lien avec la lumière du jour. » La sensibilité et la perfection des connaissances de Kelly et l’intérêt qu’il portait à la lumière du jour se manifestent en particulier dans sa collaboration avec Louis Kahn. Pour le musée Kimbell de Kahn, Kelly a dessiné avec Edison Price et avec le mathématicien Issac Goodbar le désormais célèbre réflecteur en aluminium perforé et incurvé longeant la voûte cycloïde, source dans le musée d’une lumière naturelle diffuse et réfléchie. Cette équipe au talent exceptionnel a donné naissance avec ce pro-jet commun à l’un des musées les plus beaux et les mieux éclairés de l’époque moderne.

Les fascinants projets de Kelly issus de cette phase de création sont trop nombreux pour pouvoir être détaillés ici. Les relations profondes et durables que Kelly a établies avec Mies van der Rohe, Philip Johnson, Eero Saarinen et Louis Kahn mériteraient un livre à elles seules. Heureusement, l’ex-position « Richard Kelly : Œuvres choisies » actuellement organisée par ERCO en colla-boration avec la PLDA (Professional Lighting Designers Association) fera halte cette année dans six lieux différents en Europe. Elle sera l’occasion pour les visiteurs de découvrir une quantité exceptionnelle de matériau issu des archives de Richard Kelly. Cette exposition nous aide à garder en mémoire et à apprécier à sa juste valeur l’apport considérable de Richard Kelly à la pratique moderne des études d’éclairage architectural. Son enga-gement en faveur de la reconnaissance de la profession de concepteur lumière en archi-tecture et ses efforts infatigables pour don-ner une légitimité à la lumière en tant que « matériau » fondamental de l’architecture devraient tous nous inspirer et nous encou-rager à rechercher des solutions toujours meilleures en matière d’architecture de la lumière.

Restaurant Four SeasonsNew York, New York, 1957 – 1958Architecture : Philip Johnson Associates

Wiley HouseWestport, Connecticut, 1954Architecture : Philip Johnson

Van Meter ResidenceSpringfield, Illinois, 1962-63Architecture : King & Murphy

J’ai connu Richard Kelly ! Lorsque j’ai débuté ma carrière, il représentait pour moi une per-sonnalité tout à fait à part. J’étais un jeune type plein d’un respect craintif qui voyait en lui une figure culte ; il m’appelait – à raison – « le petit polisson ». Son travail m’inspirait, il était mon modèle : comme lui, je voulais, un jour, marquer la conception lumière de mon propre sceau. Ma rencontre avec Kelly m’a formé et influencé à long terme.

Mon mentor, le Pr Stanley R. McCandless, disait toujours : « Celui qui n’est pas aussi un instructeur restera un pur praticien et ne réalisera jamais toutes les facettes de son métier. » Je suis convaincu que la forma-tion est la clé pour faire accéder les études d’éclairage à la reconnaissance et au succès. Il est intéressant de constater quelle impor-tance l’enseignement a prise pour moi avec le temps – c’est tout simplement devenu une passion. Je gère mon cabinet d’études avec le même enthousiasme que je guide la

formation des concepteurs lumière. Si je devais laisser un héritage au monde de l’éclairage, je souhaiterais que cela soit dans le domaine de la formation. Cette dernière est elle-même évi-demment soumise à des évolutions cycliques. Qu’est-ce que je me souhaite pour l’avenir ?

Voici les quatre points qui pour moi ont leur place dans un plan d’études pour éclairagistes :

Tout d’abord, il faut apprendre aux acteurs de l’éclairage à voir. Comment peut-on créer ce que l’on souhaite voir, si l’on ne sait pas voir ? C’est lorsque la représentation visuelle revêt une forme concrète qu’émerge la perception. Voir et percevoir sont deux choses très diffé-rentes. Si la vision est universelle, la perception est individuelle, elle dépend de chacun, de ses expériences et de son vécu culturel.

Deuxièmement, nous devons stimuler la créativité. Etre créatif, cela signifie simplement saisir l’inutilité d’agir tel qu’on l’a toujours fait. Suivre des chemins tout tracés, ce n’est pas être créatif, c’est sacrifier à un exercice imposé sans faire preuve de réflexion.

Troisièmement, nous devons apprendre aux individus à aller plus loin, à se dépasser. Mais pour cela, il faut tout d’abord connaître parfai-tement ce qui existe – les aspects scientifiques et techniques de l’art de l’éclairage, dont la par-faite maîtrise est une condition fondamentale.

Enfin, quatrièmement, nous devons ensei-gner la conscience de notre responsabilité : nous devons être prêts à assumer la responsa-bilité d’une solution créative satisfaisant aux

Howard M. Brandston

Fondateur du bureau d’études d’éclairage Brandston Partnership Inc. en 1966, Howard Brandston s’appuie sur une expérience de plus de 40 ans d’études d’éclairage, de construc-tion et d’électronique.

www.concerninglight.com

besoins des donneurs d’ordre et non pas inféodée à de quelconques normes et stan-dards. Sinon, pourquoi nous choisir nous ?

Si je n’avais pas suivi l’exemple de Richard Kelly et de Stanley McCandless en formant des personnes à ce métier, personnes qui à leur tour le remodèlent, le font avancer et le développent, en guidant et en formant les générations futures, quel gâchis aurait été ma vie. J’espère qu’un nombre maximal d’ac-teurs de notre branche se consacrera aussi à la formation : à titre de sponsor, comme la fondation d’études Richard Kelly Fund, en tant qu’enseignant dans les centres de formation locaux ou dans les associations, ou bien en tant que mentor d’un stagiaire assoiffé de savoir. La formation est un pro-cessus continu et nous avons le devoir de nous assurer que la profession de concep-teur lumière se renouvelle sans cesse avec de jeunes talents qui aient bénéficié d’une bonne formation, qui soient capables et qui soient en mesure d’assumer les responsabi-lités inhérentes à cette tâche. Je suis convaincu que cela plairait à Richard Kelly.

similaire, Kelly emploie de puissants down-lights autour de la Glass House, les alliant à un éclairage du paysage soigneusement étudié afin d’assurer la transparence de la maison de verre de Johnson, y compris après le coucher du soleil. Revenant sur ses plans pour la Glass House, Philip Johnson com-mentait en 1979 : « Lorsque j’ai emménagé dans la Glass House, il n’y avait aucune autre lumière que celle du soleil. On imagine bien le problème des reflets. Si on allumait une ampoule, six apparaissaient. La tombée de la nuit posait un problème impossible à résou-dre pour un éclairagiste – c’est du moins ce que je croyais. Richard [Kelly] a inventé l’art de l’éclairage résidentiel le jour où il a conçu l’éclairage de la Glass House. »

Durant les deux décennies qui suivent, Kelly participe à quelques-uns des projets majeurs de l’architecture du XXe siècle. A notre époque de spécialisation, il est difficile de se représenter comment un homme seul, qui de surcroît travaillait en toute indépen-dance et sans un personnel important pour l’assister, a pu réaliser tant de projets divers aussi concluants et en un laps de temps si court. De 1955 à 1965, Kelly a achevé une centaine de projets. Parmi eux, le Seagram Building et son révolutionnaire effet de « tour de lumière », qui fut le premier exem-ple monumental d’architecture de l’éclairage aux Etats-Unis. On ne mesurera jamais assez l’importance du programme d’éclairage du Seagram Building. Comme un critique le fit remarquer peu après son achèvement, l’éclai-rage du Seagram Building conférait « une toute nouvelle signification à l’éclairage artificiel comme élément de design architec-tural. » C’est en des termes comparables que l’Architectural Forum verra dans le Seagram Building en 1958 « l’un des édifices les mieux éclairés jamais construit. »

Au cours de cette décennie, Kelly con-duit également, en collaboration avec Eero Saarinen, une série de grands projets qui marqueront l’esthétique et le fonctionne-ment de différentes typologies de l’architec-ture moderne, comme les sièges d’entrepri-ses, les laboratoires de développement, les universités, les théâtres, les amphithéâtres et les aéroports. C’est probablement sur les laboratoires de développement que la coopération entre Saarinen et Kelly aura l’influence la plus marquée, notamment le General Motors Technical Center (1956) à Detroit dans le Michigan, l’IBM Thomas Watson Research Center (1961) à Yorktown dans l’état de New York et les Bell Telephone Laboratories (1962) à Homdel dans le New Jersey. Pour chacun de ces projets, Kelly intègre des concepts d’éclairage aux diffé-rents bureaux, laboratoires, halls d’accueil, showrooms, façades et paysages. L’idéal caressé par Kelly d’une symbiose complète de la lumière avec l’environnement bâti sera alors atteint dans sa dimension la plus complète.

Dès les années 50 et 60, bien avant qu’ex-ploiter la lumière naturelle ne soit à la mode, Kelly plaidait pour qu’elle soit prise en comp-te en architecture et en éclairage architectu-

Le lustre sans fil de l’hôtel Barbizon Plaza New York, New York,1955

Sur l’auteurMargaret Maile est historienne du design, spécialiste de l’éclairage architectural et enseigne à la « Parsons the New School for Design » de New York. Sa thèse de Master traitait de Richard Kelly et du caractère révolutionnaire de sa collaboration avec Philip Johnson et Mies van der Rohe. Elle rédige actuellement sa thèse de doctorat au Bard Graduate Center, à New York. Elle a notamment publié : « Spiegelungen / Reflections » dans Leuchtende Bauten: Architektur der Nacht (Allemagne : édi-tions Hatje Cantz, 2006), « Illuminating the Glass Box: Architectural lighting design and the performance of modern architecture in post-war America », Jour-nal of the Society of Architectural Histo-rians v6 (juin 2007), et « The Seagram Building: Standing Up to the Test of Time », Professional Lighting Design n° 50 (juillet/août 2006) ainsi que de nombreux articles pour le compte du magazine Architectural Lighting.

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Au même moment où je prenais la décision d’entamer une carrière de concepteur lumière, celle de Richard Kelly touchait à sa fin. Très naï-vement, j’ai sonné à la porte de son bureau pour postuler auprès de lui. Nous avons eu une brève discussion, j’ai laissé mon dossier et ce fut tout.

Aussi bref qu’ait été notre échange, l’influen-ce de Richard Kelly sur mon travail fut considé-rable, et ce sous deux aspects :

D’une part, parce que Kelly, véritable inven-teur de l’éclairage architectural moderne et de l’idée d’un bureau professionnel d’études d’éclai-rage, est pour ainsi dire le père spirituel de tout ce qu’aujourd’hui des centaines et des centaines de concepteurs lumière du monde entier osent mettre en œuvre. Il faut l’avouer, Kelly a aussi eu la chance d’appartenir à une génération qui comptait nombre d’architectes grandioses. Mais sa capacité à faire « vibrer » l’architecture avec sa lumière fut un cadeau extraordinaire et durable dont l’influence sur mes confrères et moi per-dure encore aujourd’hui.

D’autre part, Kelly possédait en la personne du jeune Edison Price un complice tout à fait consentant dès qu’il s’agissait d’élaborer les outils adéquats pour de nouveaux concepts d’éclairage. Ensemble, ils ont inventé les solu-

Paul MarantzAyant suivi des études d’architecture, d’his-toire de l’architecture, de design industriel et de technique d’éclai-rage, Paul Marantz s’appuie dans sa pratique des études d’éclairage sur un savoir multidiscipli-naire. Titulaire du diplôme de Bachelor of Arts du Oberlin College, il est égale-ment diplômé de la

tions techniques de l’éclairage architectu-ral moderne (beaucoup d’entre elles sont aujourd’hui proposées par des sociétés comme ERCO). J’ai eu, des années plus tard, la chance de pouvoir « comploter » d’une manière similaire avec Price : son esprit est toujours resté jeune.

Il y a peu, notre bureau a eu la chance de collaborer à la restauration de la Yale Art Gallery de Louis Kahn, un projet commun de Kelly et de Price à leurs débuts. Nous n’avons pas hésité une seconde sur la marche à suivre. Il fallait rafraîchir la vision de Kahn que Kelly avait concrétisée, sans la modifier. Toute autre approche aurait été sacrilège.

Glass House de Philip Johnson New Canaan, Connecticut, 1948-49 Architecture : Philip Johnson

Seagram BuildingNew York, New York, 1957Architecture : Ludwig Mies van der Rohe et Philip JohnsonPhotographie : Ezra Stoller © ESTO

New York State TheaterLincoln Center for the Performing ArtsNew York, New York,1965Architecture : Philip JohnsonPhotographie : Ezra Stoller © ESTO

Case / Western Reserve University et du Brooklyn College. Cofondateur du bureau Fisher Marantz Stone de New York en 1971, il y occupe actuel-lement le poste de Con-sulting Design Principal. Ses concepts d’éclairage lui ont valu de nombreu-ses récompenses.

www.fmsp.com

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0441AO0148230-240V~50-60Hz

N10348J T i CDALI

Light Server 64+La solution conviviale d’ERCO pour les installations DALI de grande envergure : 12 Light Servers 64+ interconnectés per-mettent de démultiplier le champ de 64 adresses par segment DALI et d’attein-dre 768 adresses au total.

Le Light Server interconnectable 64+Le protocole de communication DALI limite le nombre d’adresses d’une installation DALI con-ventionnelle à 64. Le Light System DALI d’ERCO va plus loin avec le Light Server 64+, qui peut être connecté par Ethernet à d’autres Light Servers de même type. Capable de gérer jusqu’à 64 adresses DALI, le Light Server 64 satisfait de nombreuses applications d’éclairage typiques de petite ampleur. Des installations plus importan-tes, de plus de 64 adresses, deviennent possibles grâce à la mise en réseau de 12 Light Servers 64+ maximum, reliés par Ethernet. Il est ainsi possi-ble de gérer jusqu’à 768 adresses DALI, le nombre de Light Changers connectables se multipliant d’autant. Chaque Light Server 64+ doit alors absolument dépendre d’un brin DALI distinct, lui-même limité à 64 adresses. Cela est notam-ment important pour le câblage, car les espaces ou les groupes d’appareils de 64 adresses DALI maximum sont systématiquement connectés à un Light Server.

Des Light Clients avec ID appareil d’éclairageLe confort de la mise en service « Plug-and-play » grâce à des Light Clients identifiés par un code individuel reste intact avec les Light Servers 64+ et leur nombre considérable d’adresses DALI. Avec un contact visuel, l’identification des Light Clients sur leur lieu de montage s’effectue en toute simplicité via la fonction « Clignoter » du logiciel Light Studio. Cela n’est pas forcément possible dans le cadre d’installations Light System DALI en réseau plus importantes, aussi tous les Light Clients sont-ils dotés d’un auto-collant supplémentaire indiquant l’ID appareil d’éclairage. Cet identifiant individuel permet d’identifier sans ambiguïté les différents Light Clients, lors de la mise en service et dans le logi-ciel de programmation de la lumière. Pour réper-torier le lieu de montage du Light Client, l’élec-tricien retire l’autocollant collé sur l’appareil d’éclairage et le recolle à l’endroit approprié sur le plan de plafond projeté. Outre l’ergonomie du Plug-and-play, le concept ERCO des ID appareils d’éclairage identifiables sans ambiguïté assure une sécurité maximale du processus, grâce à la cohérence de la documentation aux niveaux du plan, du produit et du logiciel.

Light Server 64+max. 12

DALI

Hub/Switch

Ethernet

120V-240V50-60Hz

Etape n°2L’autocollant permet de répertorier avec précision le lieu de montage de chaque Light Client sur le plan de plafond projeté.

Etape n°3Les ID appareils d’éclai-rage sont également sauvegardés dans les ballasts de chaque Light Client avant la sortie d’usine. Grâce au logiciel Light Studio, ils apparais-sent dans une colonne particulière de la liste des Clients.

Données-clés- Jusqu’à 12 Light Servers 64+- Max. 64 adresses DALI par serveur- Installation complète :

max. 12 x 64 = 768 adresses- 12 x 31 Light Changers - 12 x 4 groupes de touches- 1024 scènes d’éclairage- 64 zones

L’ID appareil d’éclairage permet de référencer le lieu de montage d’un Light Client ERCO sur le plan, puis de l’identifier sur le PC simplement et avec certitude.

Les ID appareils d’éclai-rage sont sauvegardés dans les ballasts en usine, automatique-ment reconnus par le logiciel Light Studio et listés à l’écran dans une colonne distincte. Pour finir, le concepteur peut facilement agencer les symboles représentant les appareils sur le plan du Light Studio. Une liste complémentaire pour les Light Changers et les bou-tons poussoirs recense les serveurs correspondants.

Hub/SwitchDeux Light Servers 64+ peuvent être connectés directement entre eux par un câble réseau (Cat5). L’interconnexion de plus de deux appa-reils nécessite un switch (connecteur) et un hub (concentrateur) Ethernet classiques.

Etape n°1Pour le montage dans la pièce, l’autocollant indiquant la référence de l’article et l’ID appareil d’éclairage supplémen-taire est retiré.

Pour en savoir plus, reportez-vous à notre brochure sur le nouveau Light Server 64+. Votre conseiller ERCO se tient à votre disposition : www.erco.com/contact

Ou téléchargez la bro-chure au format PDF sur le Light Scout ERCO : www.erco.com/download

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Voir et percevoir : les effets de perception dans la pratique des études d’éclairageQuelques personnes possèdent l’oreille absolue et reconnaissent la note la sans aucun repère. Pour la lumière, ce phénomène n’a pas d’équiva-lent, l’œil travaillant toujours de manière relative – par exemple l’impression de luminosité déga-gée par un mur éclairé dépend fortement de son environnement. Ainsi dans un environnement sombre, un mur éclairé à 100 lx peut paraître très clair. Dans un hall baigné de lumière natu-relle, en revanche, une surface bénéficiant du même éclairement ne donne qu’une impression de luminosité dérisoire. De même, nous n’inter-prétons jamais les températures de couleur de façon absolue. Lorsque nous séjournons dans une pièce s’instaure une certaine constance de la perception des couleurs. Ainsi, en l’absence de référentiel, le blanc chaud et le blanc de la lumière du jour peuvent être tous deux perçus comme un blanc neutre. En pratique, pour choi-sir l’éclairement ou la température de couleur appropriés, il faut donc prendre en compte les surfaces et les espaces limitrophes, ainsi que les variations de luminosité en présence.

Outre l’adaptation des couleurs et de la lumi-nosité, les formes et les constrastes lumineux des différents motifs de lumière jouent un rôle important dans les études d’éclairage. Ces motifs focalisent le regard, structurent ou décorent l’espace. Il revient au concepteur d’harmoniser ces motifs avec l’architecture, pour qu’ils restent intégrés. L’éclairagiste fait le choix d’une tech-nique d’éclairage selon qu’il souhaite travailler avec des motifs appuyés, par le biais de faisceaux lumineux orientés notamment, ou privilégier un éclairage régulier pour souligner l’homogénéité des éléments architecturaux. En recourant à des motifs d’éclairements différents, il peut établir une hiérarchie dans la perception, accentuant certains objets et en laissant d’autres dans l’om-bre. Tout espace s’articule en différentes zones d’importance variable. L’essentiel est alors de comprendre quels contrastes sont perceptibles. Si un contraste de luminosité d’un rapport 1 à 2 entre un objet et son environnement se perçoit à peine, alors qu’un rapport d’éclairement de 1 à 5 crée un contraste subtil, tandis qu’une relation de 1 à 10 génère une opposition marquée. Dans ce contexte, on comprend mieux pourquoi il importe souvent de développer un concept d’éclairage à partir du plus faible niveau d’éclai-rage général possible.

Thomas Schielke

Le contraste entre des températures de couleur froides et chaudes crée une attention continue alors qu’une lumière tein-tée homogène est rapi-dement perçue comme neutre.

L’œil ne peut traiter les contrastes de luminance que dans une certaine mesure. Le système de photorécepteurs s’adapte à l’environnement, les impressions de luminosité étant de fait relatives.

Zoom Zoom rapproché

Les faisceaux lumineux sont perçus comme des motifs à part entière. Selon leur forme et leur position sur le mur, ils structurent l’espace.

La lumière d’accentuation dirigée sur les objets relè-gue l’espace à l’arrière- plan. L’éclairage permet ainsi de focaliser l’atten-tion.

Par opposition, un éclai-rage mural homogène présente la surface éclai-rée comme un élément unitaire de l’architecture.

Voir et percevoir : théorie de la perceptionIl n’est possible de comprendre et d’organiser efficacement de nombreux effets de lumière qu’au regard de la psychologie perceptive. Nous abordons ici seulement certains des aspects de la théorie de la perception dont l’ensem-ble est détaillé dans le Guide du Light Scout (www.erco.com).

La perception de notre environnement visuel passe par le système visuel, les yeux, les nerfs optiques, mais aussi les parties du cerveau qui participent activement au traitement et à l’interprétation des images. La perception de la luminosité est d’abord prise en charge par l’œil. Ce dernier ne couvrant pas la totalité du spectre visible avec le même système de photo-récepteurs, il s’adapte chaque fois selon la cir-constance. Les objets assortis d’une luminance trop élevée pour un certain état d’adaptation éblouissent et semblent trop clairs. L’impression de luminosité d’un mur éclairé dépend donc de l’état d’adaptation de l’œil, selon que l’individu sort de la clarté ou de l’obscurité.

L’interprétation de motifs lumineux fait inter-venir la constance de la perception. Des motifs de lumière, autrement dit des écarts de lumino-sité sur des objets, peuvent avoir différentes ori-gines : le type d’éclairage, la forme de l’objet ou ses propriétés superficielles. La détermination de l’aspect en question est liée au processus de per-ception de l’œil et du cerveau, selon l’expérience en mémoire. Des motifs lumineux irréguliers peuvent générer des situations d’éclairage per-turbantes, notamment en présence de faisceaux irrespectueux de l’architecture ou des objets. Les Notions de base du Guide vous en dirons plus au chapitre consacré à la constance. Quant au chapitre sur la perception des formes, il explique la façon dont certains motifs sont perçus sous forme d’objets. Les exemples fournis illustrent également à quel point la disposition des appa-reils d’éclairage influe sur l’impression d’ensem-ble d’un espace.

L’effet produit par les couleurs dépend en partie du système de photorécepteurs à cônes de l’œil, tout comme la variation d’intensité de couleur trouve son origine dans la sensibilité chromatique irrégulière des cônes rouges, verts et bleus. Peintre et professeur d’art, Johannes Itten fonde ses cours sur les contrastes de cou-leur sur la subjectivité. Le Guide aborde les ques-tions physiologiques dans ses Notions de base et illustre les contrastes de couleur au chapitre Concevoir avec de la lumière, par des exemples interactifs.

Thomas Schielke

Les lois de la perception ne s’appliquent pas uni-quement à la position du faisceau lumineux, mais aussi à la disposition des appareils : en termes de proximité, elles les envisa-gent par paires.

Pour de plus amples infor-mations sur Voir et perce-voir, reportez-vous aux Notions de base du Guide.

www.erco.com/guide

La position du faisceau détermine si ce dernier doit être perçu comme fond ou comme élément dérangeant. Les faisceaux lumineux qui ne corres-pondent pas à la géomé-trie de la surface d’image sont assimilés à des motifs indépendants et pertur-bants.

Cornée

CristallinIris

Rétine (fovéa)

Nerf optique

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Les façades vitrées aux dimensions généreuses font le rêve de nombreux maîtres d’ouvrage pri­vés : le salon semble s’ouvrir et rejoindre l’hori­zon – ou du moins les limites de la propriété. Comme Phillip Johnson l’avait déjà constaté avec sa maison expérimentale, la « Glass House », la transparence des vitres laisse rapidement place à un miroir sans tain une fois l’obscurité venue. Pour résoudre ce problème, l’architecte avait fait appel à Richard Kelly. Un autre article de ce Lichtbericht étant consacré à ce précur­seur des études d’éclairage, nous nous conten­terons ici d’évoquer brièvement la solution qu’il préconisa : éviter les sources lumineuses éblouissantes à l’intérieur de la maison et met­tre en scène l’extérieur en illuminant la pelouse et les arbres environnants.

Toutefois, cette seconde recommandation ne pouvait pas être appliquée à cette villa, où le regard erre librement sur la falaise escarpée, la plage rocheuse et la Méditerranée pour se per­dre dans le lointain. L’architecte Lord Norman Foster est néanmoins parvenu à trouver une solution technique adaptée : une simple pres­sion sur un bouton suffit pour que la façade, soit pas moins de 18 tonnes de verre et d’acier, glisse sur le côté comme poussée par une main invisible : l’électricité. Le problème des reflets est ainsi réglé, le climat doux de la Côte d‘Azur permettant de tirer le meilleur parti de cette exceptionnelle fusion entre l’intérieur et l’exté­rieur. Pour éclairer le paysage alentour, seule suffit la lumière naturelle de la Lune et des étoi­les, voire de l’un ou l’autre des yachts croisant à proximité.

Une villa toutes voiles dehorsBienvenue sur le pont ! La mer est le leitmotiv de cette villa construite par Lord Norman Foster à Saint-Jean-Cap-Ferrat.

A propos de yacht : en filant la métaphore maritime, Foster s’inscrit dans une tradition de l’art moderne classique dont des représen­tants comme Le Corbusier ou Eileen Gray ont également construit ou occupé des résidences secondaires sur la côte pittoresque du Cap Ferrat. Ici, la ressemblance avec un luxueux navire ne tient pas seulement aux bastingages en acier et à la couleur blanche, omniprésente, mais aussi et surtout au spectaculaire dispositif brise­soleil : entre deux gigantesques cintres d’acier qui s’étirent au­dessus de l’ensemble de ce bâtiment aménagé en terrasses sur la pente escarpée, des voiles en tissu, naturellement d’un blanc éclatant, tendues par des filins d’acier protègent l’édifice du soleil. Pour la petite his­toire, cette villa est à proprement parler une rénovation : depuis longtemps déjà, aucun ter­rain n’est plus disponible dans cet endroit très prisé, par ailleurs soumis à une réglementation stricte en matière de protection du littoral. Il ne reste cependant quasiment aucune trace du bâtiment initial : cette maison d’une élégance et d’une nonchalance inégalées est aujourd’hui un ouvrage caractéristique de Foster.

Tendues entre deux gigantesques cintres d’acier, des voiles protè­gent du soleil cette villa blottie à flanc de coteau.

Un luxe désinvolte : une habitation de quatre étages avec vue sur la Méditerranée peut sem­bler dénuée de toute pré­tention lorsque son archi­tecte a pour nom Foster. L’éclairage concentré et faiblement accentué des projecteurs Jilly pour lampes halogènes basse tension contribue nota­blement au sentiment de bien­être.

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L’ameublement de la villa : réduit à l’essentiel, avec des réalisations de l’archi­tecte ou des classiques du design, comme cette chaise longue signée Charles Eames.

L’environnement, marqué par une esthétique tech­nique tout en retenue, met d’autant mieux en valeur les lueurs du feu de cheminée ou des bougies disposées sur la table. Au fond du salon, un « Mud painting » de Richard Long est accroché au mur.

Les balustrades vitrées sont caractéristiques du style de Foster. De même, les bastingages en acier utilisés en guise de ram­pes reprennent le style « Paquebot », qui imprègne l’architecture moderne depuis Le Corbusier.

La perspective depuis le bureau du maître des lieux n’a rien à envier à la passerelle de commande­ment d’un navire – l’inté­rieur ayant toutefois un cachet différent.

Située sur le toit, la pis­cine contribue à rafraîchir l’ensemble du bâtiment au plus fort de l’été.

Deux solutions pour accéder aux multiples étages de l’édifice : un ascenseur vitré, pour un accès rapide ; l’escalier d’acier en zigzag, pour un parcours enthousiasmant.

Le long des murs latéraux garnis d’étagères de livres, l’éclairage vertical tamisé des projecteurs à faisceau mural Optec montés sur des rails lumière permet d’apprécier les dimensions du salon et crée une lumi­nosité générale des plus agréables.

Architecture : Foster & Partners, LondresPhotographie : Richard Bryant / arcaid.co.uk

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2006, année de Rembrandt : elle a en effet marqué le 400e anniversaire de cet artiste de génie, au rythme d’un florilège de manifesta-tions. La grande exposition montée à Berlin en collaboration avec le musée Het Rembrandthuis d’Amsterdam et le Rembrandt Research Project en aura certainement été l’apothéose.

En temps normal, les Staatliche Museen zu Berlin (musées publics de Berlin) disposent déjà de l’un des fonds les plus significatifs des œuvres de Rembrandt. Or, pour cette exposition, les conservateurs ont rassemblé 82 tableaux, dont des prêts de musées et de collections privées du monde entier. Il s’agissait de mettre l’accent sur la crise de création de Rembrandt, après 1642, et sur son inlassable quête d’un style nouveau, jus-qu’au début des années 1650. Si Rembrandt est populaire, une grande part d’énigme demeure, et l’indécision qui entoure l’attribution de cer-taines toiles tient les historiens d’art en haleine. La multitude d’élèves et d’aides qui ont assisté Rembrandt dans son atelier laisse planer le doute sur la paternité des œuvres. Ce thème était également au centre de l’exposition, qui s’est brillamment conclue par un symposium consacré aux derniers résultats des recherches menées sur la carrière de l’artiste.

Contrairement aux expositions de dessins et d’estampes du maître hollandais qui se tien-nent en continu au Kulturforum sous le titre de « Rembrandt-Block », la salle des expositions temporaires occupée par la collection de pein-tures a été obscurcie et équipée pour l’occasion par le scénographe et architecte d’exposition Hansjörg Hartung. Des murs gris foncé et rouges ont apporté une touche de baroque à Berlin. Quant à l’éclairage, les organisateurs tenaient à ce qu’il soit tamisé et homogène sur les parois murales teintées, de façon à former un arrière-plan complété par des faisceaux intensifs le plus blanc neutre possible et orienté avec précision sur les peintures. Ce mélange d’effets apporte une solution qualitative. Les techniciens ont ainsi utilisé des projecteurs et des projecteurs à faisceau mural Optec pour lampes halogènes basse tension, montés sur des rails triphasés. Ces projecteurs ont été équipés de grilles en nid d’abeille pour un anti-éblouissement maximal et de filtres de conversion pour corriger la tempé-rature de couleur. On a pu alors obtenir des con-ditions visuelles optimales et une atmosphère sensible, toute en clair-obscur, qui ont permis à plus de 200 000 visiteurs de se plonger dans l’univers de Rembrandt.

Rembrandt : la quête du génieUne exposition organisée dans la galerie de peinture du Kulturforum de Berlin du 4 août au 5 novembre 2006.

Les concepteurs ont soigneusement dosé le contraste de luminosité entre le mur coloré et les toiles mises en valeur en vue d’une observation optimale. Ils ont opté pour des projecteurs Optec graduables indi-viduellement par poten-tiomètre sur le transfor-mateur. Les filtres de conversion compensent par des tons chauds le

Rembrandt, une énigme : même les jeunes visiteurs ne peuvent se soustraire à la fascination exercée, des siècles après, par ses peintures – dont la

« Jeune fille au cadre » de 1641, un prêt du Palais royal de Varsovie.

Des couleurs sombres et soutenues, un jeu animé de clair-obscur : l’éclai-rage de l’exposition se fait l’interprète, par des moyens modernes, des ambiances lumineuses typiques de l’œuvre de Rembrandt.

Conception de l’exposition et études d’éclairage : Hansjörg Hartung, BerlinStaatliche Museen zu BerlinPhotographie : Sabine Wenzel, Berlin

www.smb.museum

décalage de température de couleur des lampes halogènes graduées : les peintures semblent éclai- rées de manière particuliè-rement neutre et analy-tique. La hauteur sous plafond permet un angle d’incidence idéal du fais-ceau d’accentuation de près de 30°.

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S‘il existe parmi les vases un véritable classique de l‘art moderne, c‘est bien le vase Savoy créé par l‘architecte Alvar Aalto. Non seulement il est exposé dans tous les grands musées de design du monde, mais c‘est également, depuis sa présentation en 1937, l‘un des objets les plus populaires, caractéristique du mode de vie à la scandinave dans des milliers de foyers. Sa forme sans prétention, à la fois simple et organique, remplit son rôle avec une fonctionnalité à toute épreuve : mettre en valeur un bouquet de fleurs de la meilleure manière possible. Pour ERCO également, le vase d‘Aalto constitue depuis plusieurs années l‘archétype des objets décora-tifs autorisés par le guide du Corporate Design, naturellement en blanc opale, afin de rester dans la gamme de couleur choisie par l‘entreprise.

Le vase Savoy cache une entreprise qui pro-pose bien plus que cet unique produit-phare : le groupe finlandais Iittala se définit volontiers comme la « Scandinavian design company �.Scandinavian design company �. �. Avec ses différentes enseignes, il est présent sur l’ensemble du marché des articles ménagers,

Iittala Flagship Store, AmsterdamLorsque l’émotion gagne les Scandinaves, connus pour leur réserve, l’aurore boréale pourrait avoir un rôle à jouer : l’éclairage scénographique assuré par le Light System DALI confère un aspect théâtral à la bouti-que Iittala.

Cette « aurore boréale � est une paroi en verre éclairée en arrière-plan. Les lampes de couleurs rouge, vert et bleu qui équipent les platines pour lampes fluorescentes compatibles DALI permet-tent un réglage simple des luminosités et des températures de couleur souhaitées via le Light System DALI.

Un éclairage optimal pour des objets étince-lants comme les verres, les couverts et les articles en porcelaine. L’éclairage d‘arrière-plan diffus asso- cié à la lumière d‘accen-tuation des projecteurs rehausse leur éclat et

notamment la verrerie, la vaisselle en porce-laine, les couverts et les ustensiles de cuisine. Parmi ses marques, les plus connues en Scandi-navie sont bien sûr Iittala pour la verrerie et la vaisselle, et Boda Nova pour les couverts et la ferblanterie. Néanmoins, les autres entreprises du groupe sont également fermement implan-tées par le biais de leurs enseignes nationales. Sur le plan économique, la clarté du positionne-ment passe par la qualité du design. Le groupe peut se prévaloir d‘une croissance soutenue au cours des dernières années et enregistre pour 2006 un chiffre d‘affaires de quelque 190 mil-lions d‘euros. Dans ce contexte, Iittala accélère son développement à l‘international, notam-ment en ouvrant des boutiques de marque dans les grandes métropoles mondiales. Conscient des opportunités de croissance exceptionnelles offertes par ce réseau de commercialisation, le groupe se fixe des objectifs ambitieux : les magasins Iittala doivent être simultanément les plus attractifs et les plus performants du secteur.

Les Light Clients ERCO comme les projecteurs Optec montés sur des rails DALI fonctionnent par « Plug-and-Play � avec le Light System DALI. Les éléments compatibles DALI d’autres fabricants, comme ceux affectés aux présentoirs et aux étagè-res pourvus de lampes fluorescentes, s’intègrent également à cette installa-tion de manière optimale.

Les murs et les plafonds sombres focalisent le regard sur les présentoirs et les étagères de couleur claire. Au fond, l’installa-tion d’éclairage apposée au mur émet une lueur fascinante.

Dans leur nouveau magasin concept du numéro 30 de l‘Amsterdamer Leidsestraat, les Finlandais joignent le geste à la parole. La conception est le fruit d‘une collaboration entre des spécialistes de la vente au détail d‘Iittala et les architectes d‘intérieur néerlandais Carlijn Kriekaard et John Maatman, dirigeants du cabinet Bearandbunny depuis 2002. Si le magasin reprend certains élé- ments de l‘apparence à la fois moderne et clas-sique des boutiques scandinaves d‘Iittala, les jeunes concepteurs d‘Amsterdam y ont apporté leur touche particulière, fraîche et contempo-raine.

Très attrayants, les produits s‘inscrivent dans un cadre neutre, qui renforce leur potentiel théâtral. Cependant, l‘émotion suscitée n‘a pas sa source dans les aménagements expressifs en place – étagères et présentoirs rectangulaires, blancs ou noirs, aux lignes épurées – mais dans l‘éclairage utilisé. Tout vise en effet à mettre admirablement en scène les articles en verre, porcelaine et acier inoxydable. Les présentoirs et les étagères émettent ainsi un éclairage diffus

en arrière-plan. Tout aussi nécessaire, l‘éclairage d‘accentuation par une lumière orientée brillan-te est assuré par des projecteurs Optec compati-bles DALI dotés de boîtiers noirs et montés sur des rails DALI également noirs. A l‘instar des pla-fonds et des murs noirs, les éléments techniques et les contours de la pièce sont quasiment éclip-sés au profit des articles, sur lesquels l‘attention se trouve entièrement focalisée. Toutefois, le clou de cette mise en scène est une installation d‘éclairage de grande envergure apposée au mur du fond, qui attire le regard depuis l‘exté-rieur à travers la large vitrine. Cette « aurore boréale � est un gigantesque bloc lumineux aux couleurs paramétrables à volonté via le Light System DALI ERCO. Elle est recouverte d’une grille comprenant différents verres multicolores de la collection Iittala comme autant de « pixels de couleur �. Les produits, leur mise en valeur et l‘éclairage retenu se fondent ainsi dans un con-cept scénographique global d‘une esthétique grandiose.

Iittala Flagship Store, Amsterdam.Architecture : Bearandbunny, Amsterdam.Etudes d‘éclairage : Iittala, Otto Freijser (Pays-Bas), Juha Vesamäki (Finlande).Photos : Dirk Vogel Dirk Vogel

www.iittala.com/amsterdam

assure une présentation adéquate des couleurs et des surfaces. La connexion avec le Light System DALI permet de rééquilibrer à chaque instant les diver-ses composantes de ce concept scénographique.

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« Ascot est si sélect qu’il s’agit du seul hippo­drome au monde où ce sont les chevaux qui possèdent les gens. » – Lorsque le fameux chroniqueur américain Art Buchwald écrivit en 1957 sa satire « J’ai choisi le caviar », le champ de course avait la réputation d’être réservé à l’élite. Aujourd’hui, cinquante ans plus tard, Ascot s’est affranchi de toutes les barrières socio­économiques. Les plus fortunés se mêlent allègrement à l’ensemble des citoyens et tous savourent l’hospitalité du lieu, tandis que les chevaux sont unanimement acclamés en véri­tables héros.

Propriété de la couronne britannique, l’hip­podrome d’Ascot date de 1711. Lové dans le paysage enchanteur du comté de Berkshire, il accueille des courses prestigieuses 26 fois par an. En juin, le Royal Ascot, qui se tient pendant cinq jours, attire plus de 300 000 visiteurs et compte parmi les incontournables du calen­drier sportif britannique.

AscotEn septembre 2004, l’hippodrome d’Ascot a fermé ses portes pour s’agrandir. Ce projet de 200 millions de livres, achevé en juin 2006, est l’un des plus importants d’Europe du genre.

En 2006, 59 hippodromes britanniques ont accueilli environ 6 millions de visiteurs. Eleveurs ou pro­priétaires de chevaux de race, joueurs profession­nels ou simples parieurs occasionnels : un jour au champ de course est pour tous un plaisir.

La tribune de six étages conçue par HOK Sport constitue la pièce maîtresse des édifices inau­gurés en 2006. Sa toiture en parasol, de cons­truction légère, se compose de 54 poutres en treillis, dont la structure ramifiée rappelle les allées verdoyantes du site. La forme incurvée du toit et une façade vitrée de près de 10 000 m2 laissent pénétrer abondamment la lumière du jour, ce qui assure aux spectateurs une vue imprenable sur le circuit et son environnement pittoresque, le Windsor Great Park.

Plus de 1 000 appareils d’éclairage ERCO, principalement des Downlights Lightcast, des projecteurs Focalflood et des projecteurs Optec, garantissent dans l’ensemble du complexe d’Ascot un parfait équilibre entre lumières artificielle et naturelle.

Cliffe Tribe

Debout dans la galerie, les spectateurs suivent l’évolution des paris sur écran – sans être éblouis, grâce aux Downlights Lightcast pour lampes à halogénures métalliques montés au plafond.

Architecture : HOK Sport, LondresEtudes d’éclairage : Buro HappoldPhotographie : Rudi Meisel

www.ascot.co.uk

Orientés vers le sol, des projecteurs Focalflood assurent l’éclairage des zones de circulation. La galerie comprend 24 escaliers mécaniques, 40 passerelles et 20 cages d’escalier, dont 6 de secours.

Les allées sont bordées d’encastrés orientables Lightcast pour lampes à halogénures métalliques, équipés de lentilles à sculpture afin d’éviter toute lumière diffuse au­delà des parapets.

Parmi les sports pré­férés des spectateurs britanniques, les courses de chevaux se classent immédiatement après l’indétrônable football. Le montant des paris excède les 10 milliards de livres par an, dont 300 millions sont perçus par l’Etat sous forme de taxes et plus d’1 milliard représentent les bénéfi­ces des bookmakers.

Le 20 juin 2006, Sa Majesté la Reine en per­sonne a inauguré les nou­veaux aménagements du champ de course d’Ascot. La concrétisation de cet ambitieux projet n’aura nécessité que 20 mois – les échéances et le bud­get ayant été respectés.

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Feux stop

Monographie : Kiessler + PartnerCet ouvrage couvre plus de 40 ans de travail du cabinet d‘architectes munichois, qui a conçu, entre autres édifices, le centre technique d‘ERCO en 1989.

Kiessler + Partner ArchitektenKiessler, Uwe (dir. pub.), Birkhäuser, 2006,ISBN: 978-3-7643-7627-7

Switched on London(8–16 février 2007) A Londres, une réinterprétation du City Hall de Foster & Partners comptait au nombre des projets montés pour ce festival de lumière, le long de la Tamise. Les concep-teurs lumière ont éclairé des élé-ments précis de l‘édifice dans des couleurs soutenues. Consomma-tion de courant de l‘installation : pas plus qu‘un sèche-cheveux !

Etudes d‘éclairage : Indigo Light Planning, Londreswww.switchedonlondon.co.uk

Monographie : Otl AicherERCO se compte non sans fierté au nombre des quelques entreprises à avoir résolument conservé et développé une image signée du designer Otl Aicher. D‘où la joie d‘apprendre la parution chez le fameux éditeur new-yorkais Phaidon d‘une monographie complète, profonde et merveilleusement conçue, consacrée à Aicher. C‘est là une façon de familiari-ser un large public à l‘actualité de ses principes conceptuels. Un ouvrage indispensable dans toute bibliothèque spécialisée liée au design. Rathgeb, Markus: Otl Aicher (monographie), Phaidon Press, 2006, ISBN 0714843962

Richard Kelly : Œuvres choisies, Stockholm ERCO, en collaboration avec la PLDA (Professional Lighting Designers Association), présente cette exposition itinérante pour la première fois en Europe. Notre showroom de Stockholm a été le premier site à l‘accueillir, du 9 février au 2 mars 2007. Cette exposition regroupe 37 panneaux de photographies, d’impressions et de dessins originaux tirés des archives de Richard Kelly. On y trouve une brillante illustration de la philosophie du célèbre concep-teur lumière américain et de son approche visionnaire de l’éclairage architectural, de l’utilisation de la lumière du jour et de la conception des appareils d’éclairage. Le Light Scout (www.erco.com) vous infor-mera sur le lieu d‘exposition actuel.

Prochaines étapes :Berlin (16.03.–01.04.2007)Paris (26.04.–10.05.2007)Barcelone (14.06.–30.06.2007)Amsterdam (13.09.–05.10.2007) Londres (25.10.–16.11.2007)Vienne (29.11.–16.12.2007)

Spectacular CityNRW-Forum, Düsseldorf(27 janvier 2007 - 6 mai 2007) L‘exposition organisée par le NAI, l‘institut d‘architecture néerlandais à Rotterdam, montre les différen-tes stratégies retenues par les photographes contemporains pour approcher le phénomène que représente la « ville » : du regard documentaire au montage artis-tique, toutes sont parfaitement mises en lumière par ERCO.

www.nrw-forum.de

Tempo Shop, Berlin(15 nov. 2006 –10 janv. 2007) –10 janv. 2007)–10 janv. 2007) De 1986 à 1996, la revue « Tempo » a marqué un nouveau style de magazine en Allemagne. Dix ans après sa disparition et parallèle-ment à la parution d‘un hors série exceptionnel, une boutique tem-poraire a ouvert dans la Chaussee-straße à Berlin, présentant divers objets estampillés du logo Tempo. Son inauguration a été un véritable événement de la scène médiatique et créative berlinoise.

Architecture : Susanne Raupach, Berlinwww.tempo.de

Le vernissage a rassemblé des architectes et des concepteurs lumière dans le showroom ERCO de Stockholm. Au micro : Jan Ejhed, président de l’ELDA+ (PLDA), ci-contre, et Kenneth Petersson, responsable de ERCOERCO Nordic Countries..

Des icônes architectu-rales sous un éclairage nouveau : des appareils d’éclairage varychromes ERCO dotés de la techni-que LED, pilotés par le Light System DALI, éclai-rent le City Hall tout en couleur.

Contraste détonnant avec le mobilier improvisé fait de piles de journaux : l’éclairage professionnel est assuré par des projec-teurs Parscan montés sur des rails Hi-trac.

L’exposition comprend des œuvres d’artistes célèbres dans le monde entier comme Andreas Gursky (ci-dessous), Thomas Struth, Thomas Ruff, Olivo Barbieri et bien d’autres.

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E ERCO Leuchten GmbHPostfach 24 6058505 LüdenscheidGermanyTel.: +49 2351 551 0Fax: +49 2351 551 [email protected]

« Mais que recouvre vraiment le terme de province ? » Cette ques-tion figurait déjà dans une publica-tion d’ERCO en 1984. Aujourd’hui, des édifices comme la nouvelle caserne de pompiers d’Altena- Rosmart signée KKW Architekten montrent que l’architecture n’est pas réservée à l’Autriche ou aux Pays-Bas, mais qu’elle se développe aussi avec prestige et ambition dans la « province » allemande : à juste titre, elle y est mise en valeur également de nuit, par les outils d’éclairage extérieur ERCO.