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A JAMAIS LES PREMIERS Récit d’un gars à qui on avait dit : ANYTHING IS POSSIBLE

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A JAMAIS LES PREMIERS

Récit d’un gars à qui on avait dit : ANYTHING IS POSSIBLE

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06 Septembre 2018 – Jour d’inscription – Y A PLUS QU’A

Ça y est me voilà inscrit à mon tout premier Tri longue distance.

Et pour commencer faisons les choses bien ! Voyons les choses en grand. Elle ne ferait pas trop déguelasse la petite breloque IM sur notre tableau des médailles, aux côtés de toutes celles de ma chérie (sa collection est bien plus fournie que la mienne).

Dès lors que les inscriptions pour les Sables ont été annoncées mon sang n’a fait qu’un tour, aucune once d’hésitation. Je crois que j’ai été l’un des tous premiers à cliquer, aux premières minutes des inscriptions.

Ce sera mon objectif de la saison 2018/2019. Place aux entrainements.

J-5 Mardi 11 Juin – lendemain d’un week-end de 3 jours – GROS DOUTESCe week-end de 3 jours qui aurait dû être l’occasion d’enchainer les derniers gros entrainements de qualité, ne s’est pas passé comme prévu.

Sortie vélo du samedi avortée après une vingtaine de km. Gros vent, pas de jambes, pas l’envie. Je ne tente pas le diable, je rentre à la maison.

Repos pendant 3 jours (le repos se prolongera le reste de la semaine en fait).

Du coup gros coup de stress à 5 jours de l’échéance. Je refais tous mes calculs dans ma tête. Une fois, deux fois, des dizaines des fois en fait.

Avec une barrière horaire fixée à 8h je suis large, mais bon je me fixe quand même un objectif de 6h30.

J-2 Vendredi 14 Juin – Jour du départ vers les Sables - CATASTROPHERéveil à 7h, départ prévu à 10h. On est bien, on est large. Préparation du sac de transition sans anicroche aucune. La voiture est chargée, vélo installé sur le porte vélo. Direction Crosne pour passer prendre Florian.

Et là, CATASTROPHE. Au moment de charger l’avion de chasse de Florian, Sandra s’aperçoit que mon vélo est cassé. Bases Arrières fissurées, des deux côtés.

Vélo inutilisable évidement, bien trop dangereux.

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Grosse panique, je n’arrive même plus à réfléchir. A ce moment, je ne me vois même plus prendre le départ.

Heureusement Florian me propose de me prêter un de ses vélos. J’accepte. Mais avais-je seulement le choix ? Bien sûr que non.

C’est parti pour une petite heure de mécanique. On démonte de mon vélo tout ce qui peut l’être, pour le remonter sur ce qui sera ma monture pour les Sables.

11h, départ vers les Sables. Je vous laisse imaginer le bordel dans ma tête et l’ambiance dans la voiture (dsl chérie). Surtout que le GPS s’en mêle lui aussi en bugguant. Plus de GPS plus de radio. On ne peut même pas mettre rire&chanson pour se changer les idées. Sandra essaie de me rassurer, mais à ce moment-là mon esprit n’est ouvert à aucune discussion.

16h30, arrivée au Sables, retrait des dossards et tout le tralala. Petite balade au village, on prend un peu le soleil. Mais on ne traine pas, je veux checker le vélo.

19h, suite à mon étude posturale, j’ai toutes mes côtes que j’essaie tant bien que mal à reporter sur le vélo de Florian. 2 ou 3 tours de roues non loin de la maison pour tester. Mouais bof, ce n’est pas folichon. On verra demain.

Avec Florian on se prévoit une petite sortie de déblocage. On y verra plus clair à ce moment-là.

Il est temps d’aller dormir, la route a été fatigante. Tant physiquement que nerveusement.

J-1 Samedi 15 Juin – Veille de la course – REMOBILISATIONLevé 7h comme d’hab. On a passé une bonne nuit, on ne s’est pas couché trop tard.

Un peu petit dèj de champion avalé, une petite douche pour se réveiller et nous voilà prêt pour une petite sortie de déblocage.

On enfourche nos montures direction le parc à vélo pour tâter le terrain, puis reco des premiers km du parcours vélo. Léger vent dans le dos, belle route qui sillonne la forêt. On file à 37km/h comme qui rigole. On est bien Tintin.

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Au bout de quelques kilomètres on fait demi-tour, ba ouais on a une course demain, ce n’est pas le moment de s’enflammer. Léger vent de face sur le retour, on chute à 31km/k, mais là encore on est facile, on déroule.

Néanmoins, je ressens une petite douleur au mollet … aïe aïe aïe. D’où est ce que cela peut venir? Deux possibilités me viennent à l’esprit :

- Présence de plateaux ovales (une inconnue pour moi)- Grosse tension nerveuse due à l’approche de l’épreuve

Je retiendrais la seconde. La seule qui me rassure... Un peu.

Après 45min de bike nous voilà avec les baskets aux pieds, petit run de 3km sur le front de mer. Là encore on est bien, facile. Trop ?

Me voilà boosté comme jamais. L’envie est revenue.

Petite douche, puis préparation minutieuse des sacs de transition avec l’aide précieuse de ma coach préférée.

Déjeuner dans le jardin, en famille, au soleil. En mode détente complète.

L’après-midi sera consacrée à la dépose de tout le matériel dans le parc à vélo. J’ai les yeux qui brillent. Autour de nous, des machines de guerre, des engins furtifs. Un rapide calcul avec mon frère, nous donne le tournis. Plus de 15 millions d’euros seront parqué ici pour la nuit.

On dépose tout notre fatras. C’est vite expédié. On retire nos puces.

On file vers le village faire un peu de shopping. La veille Florian s’est dégoté un superbe t-shirt. Un avec le fameux Dot M dans le dos avec le nom de chacun des participants. Il me le faut.

Arrivé sur place, plus grand-chose de dispo, ils se sont fait dévaliser. Je me rabats sur ce que je trouve. Une taille S. Je rentre au chausse pied. Mais l’important n’est pas là.

Une superbe casquette pour ma Coach et on rentre. On a pas mal marché quand même. Il faut penser au repos.

On dine puis on file se coucher avec les poules.

Jour J Dimanche 16 Juin 2019 – Jour de la course– LE JOUR LE PLUS LONGLevé 7h, on ne change pas une équipe qui gagne.

Petit déjeuner : Café (d’après Florian, 3 cafés c’est 4% de perf en plus), pates, poulet

Popo 

Douche fraiche.

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8h45 Heure du départ. Pile poil en phase avec notre planning établi la veille. Sandra nous dépose Florian et moi au parc à vélo. On retrouve Guillaume et Jiji au parc à vélo. Je dépose mes gourdes sur le vélo, et me voilà déjà ressorti.

Direction le départ à environ 2km de là. Accompagné de mes acolytes.

NAT

Le départ pro est prévu à 10h15 puis en Rolling START. Je me cale dans le SAS 36-38 min. L’attente est longue, mais j’arrive à me vider l’esprit et à être détendu.

Puis vient mon tour, je suis parti, je peine à réaliser que ça y est c’est lancé. L’eau est à 60/80m de l’arche, je trottine, je me jette dans l’océan. Cette eau à 18 degrés me fait un bien fou, je commençais à cuire à l’étouffé dans la combi. Fait déjà assez chaud à 11h.

Les premiers 300m ne sont pas des plus agréables, des vagues ralentissent ma progression. Guillaume nous en avait averti, donc je ne suis pas surpris, je prends mon mal en patience. Première bouée, deuxième bouée nous voilà déjà à l’entrée du chenal. Le fameux chenal du Vendée globe.

A partir de ce moment l’eau est calme, je le suis aussi. Je place alors ma nage, je déroule, je respire tous les 3 voire 4 mouvements.

Le ponton pointe déjà le bout de son nez, c’est louche. Je sors de l’eau je regarde ma monte qui m’indique 32m30. Impossible, ma montre a du se mettre en pause a un moment donné ou alors il n’y a pas 1900m, je pose la question à un concurrent qui sort de l’eau en même temps, il m’indique qu’il a 2000m…

Bon je tirerai cela au clair plus tard, je trottine sur le ponton qui nous mène au parc à vélo, c’est long, près de 400m. J’avoue pour cette transition j’ai pris mon temps (12m50s). Je me suis séché tranquille, petit tour aux toilettes, petit coup de crème solaire, un peu de nutrition. A la cool. La journée est encore longue.

VELO

Me voilà parti sur le vélo, je croise ma petite femme et toute la petite famille au bout de quelques centaines de mètres, ça fait du bien. Je les avais quittés tôt ce matin et pas revus depuis.

Les premiers km du vélo se passe nickel. Les 15-20 premier km passent à une vitesse folle, je suis bien, je lâche un peu les watts mais pas trop, je double des gens (si si).

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Je me souviens alors les paroles de Guillaume qui avait fait la reco complète du vélo. « Attention y’a beaucoup de relances ». Ha bah pour le moment c’est plutôt vachement roulant.

Puis vers le 20ème l’enchainement de petites bosses commence, je gère. J’avais parfaitement étudié le profil du vélo je savais que cela durerait jusqu’au 50ème km, avant de basculer sur un profil un peu plus descendant.

Toutes les 5km ma montre me donne ma moyenne. Je suis bien. Je mange, je bois.

Le 50ème km pointe le bout de son nez, je suis bien, je suis frais. La première moitié du parcours est passée sans trop laisser de trace sur mon organisme.

A 60km les choses se compliquent, gros changement de direction, on retourne vers les Sables. On se prend alors le vent de plein fouet. Là encore pas de surprise, avec ma coach nous avions étudié la force du vent et sa direction (14-15 km/h direction sud-ouest). Donc fort de ce nouvel élément perturbateur, on se met bien au chaud dans les prolongateurs avec une position la plus AERO qui soit.

Vient alors une très longue ligne droite (pas loin de 10km). Je croise des gens qui draft comme des salauds. Pas d’arbitre en vue, je draftouille aussi un petit peu. Hé bah oui pourquoi se gêner si les autres le font. Donc malgré le vent on envoi quand même pas mal à 30km/h en vitesse de croisière

Finalement nous voilà à 10km de la fin, je déroule tranquillement, je tourne les jambes. De toute façon ca y est ma moyenne est faite. Je ressens une douleur diffuse dans le genou gauche, ce qui m’incite encore plus à ralentir le rythme. Cela me fait peur pour la cap.

Je franchi la ligne, je check ma montre 3h07 ouaaou. Je m’étais fixé 3h30

J’avoue, j’avais quand même un objectif secret qui était de 30km/h de moyenne soit 3h04. Donc hyper content et gonflé à bloc pour la suite …

CAP

Les choses sérieuses commencent. Je pense qu’au club tout le monde ou presque connait mon amour fou pour la CAP…

Pendant la transition, je prends le temps de bien souffler. Je mange, je bois. Je me masse rapidement le genou douloureux. J’enfile mes baskets, je prends une grande respiration et GO, je me lance. Je me cale à 6min10 au kilo.

Environs 2.5km nous sépare des remblais, là où se situe la boucle pour la CAP.

Pendant un petit quart d’heure je cours dans des rues presque désertes, je profite un peu de ce calme tout relatif pour faire le point sur la première partie de ma course. Je suis bien. Logiquement je suis en avance sur mes temps de passage grâce à cette

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Nat très rapide (qui me turlupine encore l’esprit à ce moment-là d’ailleurs) et à mon vélo qui l’a été tout autant.

J’arrive à la portion de 300m dans le sable avant de rejoindre la boucle principale. Guillaume nous avait dit de courir dans le sable dur. Mais pas de sable dur à l’horizon c’est dur... Sniff. Je rejoins l’escalier qui mène aux remblais, j’arrive en haut. Et là… Je n’étais pas prêt …

Une foule de supporters amassés le long des rambardes, des centaines de concurrent qui courent. Enorme. Je me suis pris ça en pleine face et j’ai dit Houa, c’est ça un Ironman.

Moi qui m’étais mis dans ma bulle pendant un peu plus de 4h, me voilà confronté de plein fouet au monde extérieur dans toute sa folie et toute sa ferveur …

Je me remobilise, je me remets dans ma bulle, j’essaie de m’en tenir au plan. Avec Sandra on s’était fixé un premier bloc de 6 ou 7km histoire de faire avancer le schmilblick. Sinon on ne s’en sortira pas, ce sera interminable. Je serre les dents.

Au bout de quelques kilomètres je commence à prendre mes premiers ravitos, eau plate sur la tête pour me rafraichir car je commence à avoir très chaud, et Saint-Yorre que je j’avale d’une traite ainsi qu’un gel comme défini dans mon plan de nutrition.

Ce petit arrêt au ravito m’a fait un bien fou mais ensuite très compliqué de repartir, il me reste alors une quinzaine de km à boucler. Je relance la machine, toujours en serrant les dents. Tout au long de cette première boucle je zieute les autres concurrents qui portent à leur poignet 1 voire 2 chouchous. Je les envies.

Je me dirige vers le lac, autour duquel je devrais faire 3 passages, j’aperçois alors ma chérie et toute la famille. Ils m’encouragent, et me transmettent toute leur énergie. A partir de ce moment j’ai su que j’allais être finisher. L’abandon ne faisait pas parti des options. Je crois même n’y avoir jamais pensé en fait.

Je récupère mon chouchou à la fin de la première boucle.

Dans le deuxième tour je sens mon mollet gauche à la limite de la crampe, merde, il reste encore pas mal de chemin quand même. J’essaie de m’hydrater un peu plus.

Je recroise la famille qui m’encourage. Je gère mon début de crampe. J’alterne course et marche. Le sol commence à me bruler les pieds.

Au 13ème, j’avale mon gel coup de fouet (en cas de coup dur) le dernier prévu au plan.

Je boucle ce deuxième tour et glane un nouveau chouchou.

Cette fois c’est bon je suis dans mon dernier tour. Je repense alors à tous les messages d’encouragement reçus les jours précédents. Venant du CYT, des amis, de la famille et de ma chérie.

Putain les Cons ils avaient raison, je vais le finir ce 70.3

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Désormais chaque foulée me rapproche un peu plus de l’arrivée. Il est maintenant temps de réfléchir à la pose à faire pour la photo finish ^^.

Je récupère le dernier chouchou, il me reste une centaine de mètre. Mon cœur se serre ou s’emballe je ne sais plus. Je n’ai pourtant pas accéléré, non c’est juste la vue de l’arche d’arrivée qui déclenche tout ça.

Je franchi l’arrivée on me passe la médaille autour du cou. Ça y est cette fois c’est bel et bien fini. Je ne réalise pas vraiment. Je suis ailleurs, plus trop lucide.

Je pars vite fais chercher mon t-shirt de finisher, pour rejoindre au plus vite ma chérie et la famille.

Un peu plus tard j’irais casser la croute avec Florian, Jiji et Guillaume. Je me suis gavé de pizzas, saucisson, charcuterie. Le ravito sur Ironman c’est quand même autre chose qu’à Iton.

Me voici finisher de mon premier L. Trop content. Un énorme merci à tous. Sans votre soutient tout cela n’aurait jamais été possible.

Merci au club, à mes partenaires d’entrainement du groupe 1 (ou 3 selon dans quel sens on le voit). J’ai pensé à vous les filles (Céline, Jiji, Lydie, Carine, Sandrine et Sandrine).

A ma famille qui avait fait le déplacement et à ma petite chérie.

Mon objectif de l’année est rempli, je vais baisser un peu le pied, en plus faut que je me remonte un nouveau vélo.

Et puis d’ici 2 mois, un nouveau défi nous attend Sandra et moi, bien plus grand encore …

C’était l’histoire d’un mec …