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1 ETUDE DE CAS : « JUST A KISS » de Ken LOACH DISTRIBUTEUR BELGE : Stephan DE POTTER, CINEART Cinéart a l’habitude depuis très longtemps de distribuer les films de Ken Loach, la question de l’acquisition ne s’est donc pas posée, le deal s’est fait directement avec la productrice. Le film est assez atypique dans la carrière de Ken Loach : après The Navigators et Sweet Sixteen, Ae Fond Kiss est une comédie sociale plus commerciale. La presse belge a été un peu moins encline que d’habitude à soutenir le film. Le film était sélectionné à Berlin, où il est passé un peu inaperçu, et surtout il y a eu Cannes avant sa sortie en salles, ce qui constitue encore un désavantage. Cependant Ken Loach dispose d’une vraie assise au niveau du public et des salles qui lui sont fidèles. Cinéart a donc décidé d’accentuer le côté « comédie romantique sur fond social » du film, en essayant de faire fonctionner le film aussi dans des multiplexes (PDM de 77% en Belgique). Le pari a été réussi puisqu’il est resté 5 à 6 semaines à l’affiche dans ces multiplexes, puis la carrière a continué dans les salles art et essai. Le film a fini à 45 000 entrées. Beaucoup de travail a été réalisé avec les écoles, avec les associations. Des dossiers pédagogiques ont été montés, relayés par certaines salles comme « Le Parc Churchill » à Liège. Ce travail a permis de faire 10 000 entrées supplémentaires. La sortie du film début juillet en France par Diaphana n’était pas une bonne option pour la Belgique. La sortie s’est donc faite fin août, ce qui a été un vrai atout pour le film : il est sorti juste avant les « grosses » sorties art et essai, et après les blockbusters de l’été, qui finissent par lasser le public. Cinéart a joué la carte de la contre programmation puisque le film est sorti face à The Village. DISTRIBUTEUR AUTRICHIEN : Hans KÖNIG, POLYFILM Cette sortie de film a été en Autriche un bon exemple de collaboration entre distributeurs suisses, allemands et autrichiens. Il avait été décidé, pour mutualiser les frais de sortie, de sortir le film en Autriche 2 mois après sa sortie en Allemagne et de le sortir en Suisse 2 mois après la sortie autrichienne. L’idée était d’utiliser en Autriche les copies qui ne seraient plus utilisées en Allemagne et en Suisse. Cela permettait de faire un gain de 50% sur les copies (17 000€ de gains). Mais le film a été un échec. Tout d’abord, il faut dire que les importants critiques de cinéma autrichiens n’ont pas apprécié le film. Le choix de la date de sortie était mauvais : le film est sorti en Autriche début 2005, alors que la concurrence était rude : Ray, Alles auf Zucker. Mais l’engagement auprès des distributeurs allemands et suisses ne permettait pas de décaler la date. Dès la 4 ème semaine, le maintien en salles a été difficile. In fine, cette stratégie de sortie apparaît comme une erreur, car ce qui a été économisé en frais de tirage de copies a été perdu en lançant le film en janvier. De plus, le choix de l’affiche internationale, qui par ailleurs ne leur plaisait pas trop, a été une erreur. Mais il aurait été inenvisageable pour les Autrichiens de faire leur propre

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ETUDE DE CAS : « JUST A KISS » de Ken LOACH DISTRIBUTEUR BELGE : Stephan DE POTTER, CINEART Cinéart a l’habitude depuis très longtemps de distribuer les films de Ken Loach, la question de l’acquisition ne s’est donc pas posée, le deal s’est fait directement avec la productrice. Le film est assez atypique dans la carrière de Ken Loach : après The Navigators et Sweet Sixteen, Ae Fond Kiss est une comédie sociale plus commerciale. La presse belge a été un peu moins encline que d’habitude à soutenir le film. Le film était sélectionné à Berlin, où il est passé un peu inaperçu, et surtout il y a eu Cannes avant sa sortie en salles, ce qui constitue encore un désavantage. Cependant Ken Loach dispose d’une vraie assise au niveau du public et des salles qui lui sont fidèles. Cinéart a donc décidé d’accentuer le côté « comédie romantique sur fond social » du film, en essayant de faire fonctionner le film aussi dans des multiplexes (PDM de 77% en Belgique). Le pari a été réussi puisqu’il est resté 5 à 6 semaines à l’affiche dans ces multiplexes, puis la carrière a continué dans les salles art et essai. Le film a fini à 45 000 entrées. Beaucoup de travail a été réalisé avec les écoles, avec les associations. Des dossiers pédagogiques ont été montés, relayés par certaines salles comme « Le Parc Churchill » à Liège. Ce travail a permis de faire 10 000 entrées supplémentaires. La sortie du film début juillet en France par Diaphana n’était pas une bonne option pour la Belgique. La sortie s’est donc faite fin août, ce qui a été un vrai atout pour le film : il est sorti juste avant les « grosses » sorties art et essai, et après les blockbusters de l’été, qui finissent par lasser le public. Cinéart a joué la carte de la contre programmation puisque le film est sorti face à The Village. DISTRIBUTEUR AUTRICHIEN : Hans KÖNIG, POLYFILM Cette sortie de film a été en Autriche un bon exemple de collaboration entre distributeurs suisses, allemands et autrichiens. Il avait été décidé, pour mutualiser les frais de sortie, de sortir le film en Autriche 2 mois après sa sortie en Allemagne et de le sortir en Suisse 2 mois après la sortie autrichienne. L’idée était d’utiliser en Autriche les copies qui ne seraient plus utilisées en Allemagne et en Suisse. Cela permettait de faire un gain de 50% sur les copies (17 000€ de gains). Mais le film a été un échec. Tout d’abord, il faut dire que les importants critiques de cinéma autrichiens n’ont pas apprécié le film. Le choix de la date de sortie était mauvais : le film est sorti en Autriche début 2005, alors que la concurrence était rude : Ray, Alles auf Zucker. Mais l’engagement auprès des distributeurs allemands et suisses ne permettait pas de décaler la date. Dès la 4ème semaine, le maintien en salles a été difficile. In fine, cette stratégie de sortie apparaît comme une erreur, car ce qui a été économisé en frais de tirage de copies a été perdu en lançant le film en janvier. De plus, le choix de l’affiche internationale, qui par ailleurs ne leur plaisait pas trop, a été une erreur. Mais il aurait été inenvisageable pour les Autrichiens de faire leur propre

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affiche pour des raisons financières. C’est seulement après la sortie que Polyfilm a appris que les Français avaient fait leur propre affiche, plus romantique. Hans Koenig regrette le manque de collaboration entre distributeurs européens. DISTRIBUTEUR ITALIEN : Antonio MEDICI, BIM DISTRIBUZIONE Bim suit Ken Loach depuis très longtemps, comme Cinéart. Ae Fond Kiss a marqué un tournant puisqu’à partir de ce film, Bim est entré en coproduction sur les œuvres de Ken Loach (auparavant, Bim pré-achetait). Les coproductions ont cet avantage qu’elles permettent de toucher plus d’aides nationales. Pour les films de Ken Loach, il y a désormais 4 coproducteurs (Angleterre, Allemagne, Espagne, Italie) et 4 distributeurs (Belgique, France…) qui mettent des MG conséquents, donc c’est assez facile de monter financièrement un film de Ken Loach. Comme Cinéart, Bim a eu l’impression que le film était assez atypique et qu’il allait être difficile de communiquer auprès du public fidèle. En même temps, The Navigators et Sweet Sixteen avaient eu de mauvais résultats en salles. Donc Bim décide de ne pas mettre de gros P&A sur le film. Bim fait faire une affiche qui mise sur le côté romantique et fait passer le FA du film avant les films « Bim » du Circuito Cinema (qui appartiennent aux distributeurs indépendants italiens) deux mois en amont de la sortie. Le public réagit bien au film avant la sortie, il apprécie que cette comédie romantique soit aussi un film intelligent. La sortie est prévue pour janvier 2005. Bim sort le film sur peu de copies (37) sans grosse campagne TV ou d’affichage. Mais au final, le budget de sortie est de 400 000€ pour 85 copies, ce qui est beaucoup pour une sortie Loach. Mais le film a plu et le bouche-à-oreille a bien fonctionné. Le film n’est sorti que dans les salles art et essai car les multiplexes sont beaucoup moins développés en Italie. Le film a obtenu le soutien Média, remboursé intégralement, à part les sous-titres. Le film a été doublé en italien, car en Italie, on traduit presque tout, c’est une question de culture. Si le film sort seulement en version sous-titrée, alors on peut être certain qu’il ne va pas faire d’entrées. Seules 2 copies sont sorties en VO.