Soo-Young Kwak€¦ · des voitures, du métro, l’intensité des affiches, des vitrines, des...

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Soo-Young Kwak Artiste peintre et graveur atelier 07 www.lesarches.com/kwak/

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Soo-Young KwakArtiste peintre et graveur

atelier 07

www.lesarches.com/kwak/

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Ombres fugaces

La présentation écrite d’un artiste qui s’exprime avec des rythmes et des couleurs ne se justifie que si elle donne des raisons de prendre le temps de voir les oeuvres. Alors n’espérez pas trouver ici de références entre cet artiste Kwak Sooyoung et d’autres, par exemple avec ce peintre coréen que je connus à Paris et dont j’ai aimé la peinture, Ungno Lee. A quoi servirait cette mise en rapport, sinon à faire croire que j’ai quelques compétences dans un art du bout du monde, alors que je me veux spécialiste de rien ?Les Coréens à Paris, on les accueille avec intérêt. Quand un artiste voyage, c’est qu’il cherche des informations nouvelles, qu’il est en quête de sa propre métamorphose.Qu’on ne s’y trompe pas : changer n’a d’autre but que s’approcher un peu plus de soi-même. La nature d’une oeuvre est sans cesse modifiable, comme notre corps dont les cellules ne cessent de se renouveler sans que l’apparence générale de l’être perde sa permanence.Alors, pour reconnaître un art national dans les tableaux de Ungno Lee et de Kwak Sooyoung il faut des connaissances qui me manquent. Je suis sûr cependant qu’un oeil exercé distinguera leur origine. Mais mon propos n’est pas de faire apparaître des ensembles, des groupes, des tendances. Je ne veux voir que des individualités. Et Kwak est vraiment un peintre étrange. Et s’il s’est inventé à Paris, on en sera très fier.Au premier regard sur ses tableaux, chacun va faire comme toujours : reconnaitre, identifier, nommer, ce qui veut dire : éviter de regarder.Pourtant, il fait tout ce qu’il peut pour que nous ne résumions pas un tableau à son titre. D’abord, sur ses toiles, il n’y a rien ou presque rien.Ensuite, là où nous distinguons une femme et un enfant, des chevaux, une foule divisée, il met ses titres à lui, qui sont bien loin de confirmer ce qu’on avait cru.Car, vraiment, il n’y a rien à voir dans sa peinture. On identifie un peu de poussière, quelques grains, quelques fils transparents tombés d’une chevelure peut-être, mais ça n’est même pas certain. Les figures ont l’immatériel des rêves. On est ici dans un territoire extrême, à une frontière. Dangereuse, peut-être ?Pouvait-il faire plus pour nous éviter la tentation d’expliquer ? Il propose quelque chose qu’on n’est pas sûr d’avoir vu passer. Le souvenir d’un doute ? Le moins de réalité possible ? Pourtant, c’est vivant. Certes, ça ne semble pas fonctionner selon les lois de l’anatomie humaine ou animale, mais ça fourmille de vie. Ce n’est pas la vie de la femme et de l’enfant, mais celle du tableau, comme chez tous les peintres.Cependant, chez Kwak Sooyoung, l’art ne fait penser à la vie qu’à la limite. Il est presque passé totalement du côté de l’absence. Comment fait-il ? Et cette absence, y sommes-nous un peu présents encore ? Comme un souvenir ?

J’ai aperçu une de ses œuvres, par hasard, dans la foule d’une exposition de galeries sous la Pyramide du Musée de Louvre. Je n’ai alors pas eu le temps de m’interroger sur le fait que ses absences demeuraient dans ma mémoire plus longtemps que certaines présences très insistantes dans les tableaux des autres artistes.Etre interrogé par un tableau, j’ai toujours cherché cela. Je suis allé voir Fernand Léger dans son atelier en 1947, Jean Tinguely dans son auberge de campagne, Yves Klein dans son appartement de Montparnasse. Je suis allé vers eux dans l’espoir qu’ils m’ouvriraient une fenêtre dans une nuit toujours aveuglante. Leurs œuvres m’ont appris (pour celle de

« Je ne veux pas expliquer. Je demande seulement qu’on regarde. »

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Fernand Léger) qu’il fallait ne pas marcher vite dans la rue, mais prendre le temps de ressentir le rythme des passants, des voitures, du métro, l’intensité des affiches, des vitrines, des lumières. De même, je dois à Jean Tinguely de croire que les rythmes cassés de ses machines ne conduisent pas à la mort : elles y préparent l’esprit et le ‘bleu’ d’Yves Klein m’a donné l’espoir d’approcher l’invisible.L’œuvre de Kwak Sooyoung m’interroge sur les ombres, sur notre fugacité. Il ne me demande pas : « Qui suis-je ? »Non, la question que sa peinture pose est : « Suis-je ? »Dans ses tableaux, je trouve une valeur d’interrogation métaphysique. Ils se tiennent à la limite de la perception, juste avant que le spectateur les nomme.Chacun s’interrogera sur l’homme qui a voulu que la peinture puisse poser la question de l’être et du non-être à celui qui la regarde en le plaçant sur la frontière de cette interrogation fondamentale : « Suis-je ? »Il propose quelque chose qu’on n’est pas sûr d’avoir vu passer, qu’on n’a pas eu le réflexe de nommer. Le souvenir d’un doute ? Le moins de références identifiables à la réalité qu’on connait ? Ou, alors, de quelle origine ?Chez lui, l’art ne fait penser à la vie que de justesse. Un peu plus d’effacement et on ne verrait plus rien.Peut-être la matière de son oeuvre nous donnera-t-elle accès à sa spiritualité.

Sa peinture demeure dans la tradition occidentale de la peinture à l’huile. Elle ne se fait pas sans qu’on lui consacre du temps, beaucoup de temps, ce qui nous ramène au siècle des frères Van Eyck. Et elle en appelle à la vitesse, ce qui est moderne.Ainsi confronte-t-elle deux méthodes et deux durées : elle agit sur le passé qu’elle s’est donné.Chaque tableau commence par l’application d’une couche de couleur. Il en faudra sept ou huit, qui prendront environ trois mois pour sècher l’une sur l’autre.Quand les couches pourront supporter d’être traitées, alors le peintre interviendra dans les épaisseurs. Vite, en les griffant, en les grattant, en les arrachant, en révélant les présences qu’il décidera ou non de conserver. Le tableau ne parviendra pas à son état final avant quelques semaines.Ainsi les apparitions incertaines de ses figures auront-elles été accompagnées par les longues attentes de la peinture.Son art est une action dans la matière, mais rien ne permet d’y reconnaître quelque chose de l’automatisme qui séduisit naguère tant de peintres. Ici, tout se fait en pleine clarté consciente.Il faut savoir aussi que Kwak SooYoung esquisse, prépare, dessine ses thèmes, avant de les faire apparaître sur ses toiles. Les présences incertaines qu’on y voit proviennent d’un besoin de certitude. Donc, le peintre de ces êtres en voie d’effacement ou, à l’inverse, d’apparition, se consacre à l’indécis et le représente avec le plus de précision possible. Sa peinture interroge. Ces femmes, ces enfants, ces animaux, ces hommes nous arrivent au milieu de la vibration du mouvement brownien qui commande toute vie et qui est, sur la toile, le frémissement de fils et de grains entre lesquels, sous lesquels, devant lesquels se distinguent les figures.Pendant combien de temps percevrons-nous encore ces êtres ? Seront-ils longtemps reconnaissables, comme lorsque nous les croisons dans la rue, dans les champs ? Ou bien disparaîtront-ils devant la réalité scientifique des atomes, des molécules et des ondes ? Dans les tableaux de Kwak, les surfaces entre lesquelles ils demeurent encore repérables, ne vont-elles pas les recouvrir ? Autrement dit, le peintre nous propose-t-il les dernières images de la vie, d’une vie identifiable comme nous la suivons dans l’art depuis les peintures rupestres ?Je crois qu’il y a, dans l’œuvre de Kwak SooYoung, un moment de la pensée où l’on comprend que l’être puisse se demander si il existe.L’art a-t-il jamais posé cette question à qui le regarde ?

Pierre Descargues

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Vues de loin, ou en reproduction réduite, les peintures peuvent faire penser à un style vaguement impression-niste, ou « pointilliste évanescent » : une myriade de petits traits, une nébuleuse de taches et de touches, qui laissent deviner, au limite du visible, des ombres, des silhouettes, humaines ou animales, des paysages fantomatiques, plus flous que nets, qu’on entrevoit plus qu’on ne les voit, qui surgissent d’une sorte de brume colorée. Autant de motifs clas-siques qui semblent jouer avec les effets optiques de matières lumineuses. Mais avec plein de réticences. Et surtout l’évanescence est plus forte que le motif : on devine à peine les sujets, on est au bord de la disparition du visible. A certains moments, on se pense davantage devant un champ abstrait, simplement marqué. L’effacement du motif et l’affirmation de la matière dans une nébuleuse de petites touches colorées semblent l’essentiel de cette première vision. Et dans tous les cas, il faut ajuster sa vision, régler son regard, faire le point, accommoder.

Vues de près, surtout si l’éclairage est bien orienté et si on se met légèrement de biais pour les observer dans leur « épaisseur », les peintures s’avèrent en fait comme autant de sculptures : la surface du tableau est envahie de petits bouts de matière recroquevillée, de tortillons de peinture, comme de la poussière à gros grains.Et plus surprenant encore : sous ces débris en relief, les motifs, les lignes, les traits ne sont pas dessinés « par dessus » mais apparaissent « du dedans ». Par petites marques colorées. On comprend alors qu’ils ont été littéralement, physiquement, creusés dans la matière de peinture. On a envie de toucher, de passer sa main pour sentir ce relief - mais on n’ose s’y risquer tant on pressent la fragilité de ces scories et de cette poussière du geste graveur. Vues de près, ces entailles sont comme des blessures de peinture, avec les pointes de couleur qui saignent. Et quand on prend du recul, elles se referment en motifs, se font cicatrices figuratives. De près, de loin. Dialectique du regard et du geste. Question de distance. Ajuster son regard. Les creux laissent des traces. Peinture, sculpture. Peinture sculptée.

Philippe Dubois

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Soo-Young Kwak Né en 1954 à Dae-Gu, Corée du sud.

Vit à Paris et travaille à Issy-les-Moulineaux.

En France depuis 1983.

Formation1987 Maîtrise d’Arts Plastiques, Université de Paris VIII, St-Denis,

France

1980 Licence d’Arts Plastiques, Université Hong-ik, Séoul, Corée du sud

Expositions personnelles 2013 Galerie 89, Paris Galerie JMD, Paris

2006 Centre culturel coréen, Paris

2005 Insa Art Center, Seoul Galerie Seojong, Pohang, Corée

2001 Gallery Artside, Séoul, Corée

2000 Galerie Gana-Beaubourg, Paris

Expositions collectives (sélection) 2013 Hymne a la vie, espace OCDE, Paris Avec, Galerie Pont des arts, Paris Art’Monie, Galerie Fablicque, Ivry-sur-Seine Triptich, Galerie LeeC, Seoul

2012 Healing camp, Art park, Janghung, Seoul Paris-Seoul, Ara galerie, Seoul Exposition, Korean Gallery, New York

2011 Humanism, Garelly space Womb, New York Arbre et Vent, Mediatheque sartroux, Issy-les-Moulineaux

2010 ARTNIM, Zina art production, Nim Art contemporain coréen, Centre culturel Varsovie,

Pologne. Les femmes au pays du matin calme, Gallery Lipao-Huang,

Paris Gallery Lumen, Paris Polyptique, Musée Français de la Carte à Jouer, Issy-les-

Moulineaux

2009 Correspondance de l’âme, OECD Korea, Paris

2008 Prise de la tête, Roman, Galerie 89, Paris Daegu Art Fair, Galerie Machyang, Daegu, Corée Paris Centre Art Séoul, Hangaram, Séoul

2007 Triptique, Centre d’Art de Ville de Angers, France ACAF NY, New York Art Fair 21, Cologne, Allemend Art Paris, Galerie Gana, Grand Palais, Paris

Portaits Croisés, Musée nationale carte à Jouer, Issy-les-Moulineaux

KIAF, Korea International Art Fair, COEX, Séoul Korea Print Photo Art Fair, Seoul Art Center

2006 Face, Gallery 2x13, New York, USA Art Paris, Grand Palais, Paris La Seine, Teheran, Iran L’ombre, Galerie Mille plateaux, Paris Frontière, Musée Montparnasse, Paris, Centre d’art municipal,

Bar-le-Duc,France

2005 Exposition 4 artistes, galerie Enviedart, Paris Salon d’Art, Mairie de 8ème, Paris Home comming, Centre d’art municipal, Daegu, Corée Daegu, Home Coming 2005, Centre Culturel Daegu Toronto Art Fair, Gallery Um, Canada Les artistes des Arches, Kurogu, Seoul Les Artistes Sonamou, Korea foundation Art Center, Séoul Les Traces, exposition 2 artistes, Galerie Wooson, Daegu,

Corée

2004 La Paix, Musée nationale d’art contemporain, Corée Art Paris, Carrousel de Louvre, Paris Exposition Sonamou, Centre culturel coréen, Paris CoréeGraphie, Musée français de la carte à jouer, Issy-les-

Moulineaux Les ateliers, Galerie Gana-Beaubourg, Paris

2003 Sol, Mur, Temps, Centre culturel coréen, Paris 100ans d’Histoire des artistes coréens en France,

Galerie Gana-Beaubourg, Paris Famille, Gana art center, Séoul Séoul Print Art Fair, galerie Musim, Séoul Mis à nu, Centre Culturel Coréen, Paris Art Paris, Carrousel de Louvre, Paris

2002 Rêve de réussite, Musée de la Carte à jouer, Issy-les-Moulineaux

L’exposition des artistes Sonamou, Centre Culturel Coréen, Paris

2001 Nos traces, Galerie Gana-Beaubourg, Paris. Biennale de Montargis, France Art, Entreprise ; Espace, Issy-les-Moulineaux, France EstamPage, Edition Mundi/lee, Espace Austerlitz, Paris

2000 Hong-Kong, Japan, Korea, Municipal Art Museum, Tokamachi, Japon

Poisson en Avril, Centre Culturel Coréen, Paris

Voyage immobile 13-XII, 2013160 x 140 cm, huile sur toile

Un autre voyage 13-VII, 2013120 x 80 cm, acrylique sur toile

Un autre voyage 13-IV, 2013 120 x 80 cm, acrylique sur toile

Voyage immobile 11-V, 201180 x 160 cm, huile sur toile,

Voyage 12-II, 201274 x 144 cm, acrylique sur toile

Voyages 13, 201380 x 80 cm, acrylique sur toile,

Voyage sans titre -II, 2012 62 x 165 cm, acrylique sur toile

Voyage immobile 13-IV, 2013 144 x 74,5 cm, acrylique sur toile

Sans titre, 2012144 x 74,5 cm, acrylique sur toile

Sans titre 13-II, 2013 80 x 80 cm, acrylique sur toile

Voyage 7-XIII, 2007130 x 130 cm, acrylique sur toile

Voyage immobile, 200818 x 24 cm (ovale), huile sur toile

Voyage immobile 9-V, 2009 130 x 130 cm, huile sur toile

Détail

Voyage immobile 13-II, 2013120 x 80 cm, acrylique sur toile

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arche 11Boulevard Garibaldi92130 Issy-les-MoulineauxFrance

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Soo-Young Kwak

ISBN 978-2-36443-022-8Prix : 10 euros