Interview du pr patrick goudot

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66 N°68 - novembre 2015 L S S L.S. : Pouvez vous nous expliquer le rôle du CNU ? Pr. Patrick Goudot : Le CNU est une instance composée de membres élus par leurs pairs, divisée en sections et sous-sections qui représentent toutes les matières enseignées par l’Université. La sous-section de Chirurgie maxillo-faciale et Stomatologie (55-03) est composée de 9 membres (7 Professeurs et 2 Maîtres de Conférences). Le CNU a pour mission de procéder à la nomination, la promotion et l’évaluation. Il est aussi, par l’intermédiaire du pré- sident de chaque sous-section, l’interlocuteur de la spécialité auprès du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche. Il est ainsi conduit à donner son avis sur la formation à tous les stades. L.S. : Donc votre fonction ne se limite pas à l’aspect strictement universitaire ? P.G. : En effet, le CNU participe à la réflexion sur la réforme du 3ème cycle des études médicales qui devrait être effective à la ren- trée 2017 mais il sera aussi amené à donner son avis sur la forma- tion continue (« 4ème cycle » des études) lorsque la Commission Nationale de l’Enseignement en Maïeutique, Médecine, Odontologie et Pharmacie (CNEMMOP) abordera le sujet. Pour cette raison, dans toutes les spécialités, le président de la section ou de la sous-section concernée fait partie du CNP, contrairement à ce qui se passe chez nous. L.S. : Donc vous portez un avis sur les futures maquettes d’accès à notre spécialité et notamment sur le problème de la double formation ? Le projet c’est une filière de chirurgie orale et chirurgie maxillo faciale à deux étages successifs, CO puis CMF. Tout au moins c’est l’esprit de la réforme mais dès leur début dans la filière, les internes auront à choisir entre une option CO et une option CMF, voire une option ODMF. L.S. : Et pour les Odontologistes ? P.G. : Par leur concours d’internat les étudiants en odontologie accéderont à cette filière qui les conduira à la CO en acquérant une formation médicale équivalente à un deuxième cycle médical avec un examen de validation du niveau ECN. L.S. : Est ce le cas actuellement de chirurgiens oraux d’origine dentaire actuellement en formation ? P.G. : Non parce que l’enseignement médical délivré actuellement n’est pas aussi exigeant que celui du deuxième cycle des études médicales. Je le regrette. Les actuels « séminaires de mise à niveau » ne devraient pas être des séminaires d’enseignement mais de contrôle des connaissances, qui devraient être du niveau des ECN L.S. : Donc vous voulez dire que dans la nouvelle maquette, l’enseignement délivré leur permettra d’ac- céder aux ECN médicales ? P.G. : Oui. Ils pourront en effet passer les ECN, ce qui leur permet- tra de poursuivre vers la chirurgie maxillo-faciale. L.S. : Quel est le bilan de ces 4 premières années de formation en chirurgie orale ? P.G. : Avant de faire le bilan j’aimerais faire un rappel historique. En 2004 le ministère de la recherche et de l’enseignement supé- rieur a confié aux Odontologistes la création de la filière et de la spécialité de chirurgie orale. Ce sont les enseignants en odontolo- gie qui sont venus chercher les enseignants en chirurgie maxillo- faciale et stomatologie pour créer ensemble cette filière ! On ima- gine facilement le devenir de cette chirurgie orale si ce travail en commun n’avait pas eu lieu. L.S. : Vous voulez dire une chirurgie orale totalement sous le contrôle des odontologistes ? Oui et les odontologistes auraient été cherché auprès d’autres spé- cialités médicales leurs besoins de formation L.S. : Revenons au bilan de quatre premières années, la qualité de formation de ces nouveaux internes est- elle au rendez-vous ? Pour les internes d’origine médicale leur niveau de formation chi- rurgicale est bon avec une base de connaissance en Odontologie comme on n’en avait plus vu dans notre spécialité depuis la dispa- rition du CES de Stomatologie. Interview du Pr Patrick Goudot Président de la section 55 (Pathologie de la Tête et du Cou) et de la sous-section 55-03 (Chirurgie maxillo-faciale et Stomatologie) du CNU, Chef du service de Chirurgie maxillo faciale et stomatolo- gie du groupe hospitalier Pitié Salpétrière. Il nous fait découvrir une structure méconnue de l’organisa- tion universitaire de la médecine en France, le Conseil National des Universités. actualité pro

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LS 68 novembre 2015

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L.S. : Pouvez vous nous expliquer le rôle du CNU ?

Pr. Patrick Goudot : Le CNU est une instance composée demembres élus par leurs pairs, divisée en sections et sous-sectionsqui représentent toutes les matières enseignées par l’Université. Lasous-section de Chirurgie maxillo-faciale et Stomatologie (55-03)est composée de 9 membres (7 Professeurs et 2 Maîtres deConférences). Le CNU a pour mission de procéder à la nomination,la promotion et l’évaluation. Il est aussi, par l’intermédiaire du pré-sident de chaque sous-section, l’interlocuteur de la spécialité auprèsdu Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche. Il estainsi conduit à donner son avis sur la formation à tous les stades.

L.S. : Donc votre fonction ne se limite pas à l’aspectstrictement universitaire ?

P.G. : En effet, le CNU participe à la réflexion sur la réforme du3ème cycle des études médicales qui devrait être effective à la ren-trée 2017 mais il sera aussi amené à donner son avis sur la forma-tion continue (« 4ème cycle » des études) lorsque la CommissionNationale de l’Enseignement en Maïeutique, Médecine,Odontologie et Pharmacie (CNEMMOP) abordera le sujet. Pourcette raison, dans toutes les spécialités, le président de la section oude la sous-section concernée fait partie du CNP, contrairement à cequi se passe chez nous.

L.S. : Donc vous portez un avis sur les futuresmaquettes d’accès à notre spécialité et notammentsur le problème de la double formation ?

Le projet c’est une filière de chirurgie orale et chirurgie maxillofaciale à deux étages successifs, CO puis CMF. Tout au moins c’estl’esprit de la réforme mais dès leur début dans la filière, les internesauront à choisir entre une option CO et une option CMF, voire uneoption ODMF.

L.S. : Et pour les Odontologistes ?

P.G. : Par leur concours d’internat les étudiants en odontologieaccéderont à cette filière qui les conduira à la CO en acquérantune formation médicale équivalente à un deuxième cycle médicalavec un examen de validation du niveau ECN.

L.S. : Est ce le cas actuellement de chirurgiens orauxd’origine dentaire actuellement en formation ?

P.G. : Non parce que l’enseignement médical délivré actuellementn’est pas aussi exigeant que celui du deuxième cycle des étudesmédicales. Je le regrette. Les actuels « séminaires de mise àniveau » ne devraient pas être des séminaires d’enseignement maisde contrôle des connaissances, qui devraient être du niveau desECN

L.S. : Donc vous voulez dire que dans la nouvellemaquette, l’enseignement délivré leur permettra d’ac-céder aux ECN médicales ?

P.G. : Oui. Ils pourront en effet passer les ECN, ce qui leur permet-tra de poursuivre vers la chirurgie maxillo-faciale.

L.S. : Quel est le bilan de ces 4 premières années deformation en chirurgie orale ?

P.G. : Avant de faire le bilan j’aimerais faire un rappel historique.En 2004 le ministère de la recherche et de l’enseignement supé-rieur a confié aux Odontologistes la création de la filière et de laspécialité de chirurgie orale. Ce sont les enseignants en odontolo-gie qui sont venus chercher les enseignants en chirurgie maxillo-faciale et stomatologie pour créer ensemble cette filière ! On ima-gine facilement le devenir de cette chirurgie orale si ce travail encommun n’avait pas eu lieu.

L.S. : Vous voulez dire une chirurgie orale totalementsous le contrôle des odontologistes ?

Oui et les odontologistes auraient été cherché auprès d’autres spé-cialités médicales leurs besoins de formation

L.S. : Revenons au bilan de quatre premières années,la qualité de formation de ces nouveaux internes est-elle au rendez-vous ?

Pour les internes d’origine médicale leur niveau de formation chi-rurgicale est bon avec une base de connaissance en Odontologiecomme on n’en avait plus vu dans notre spécialité depuis la dispa-rition du CES de Stomatologie.

Interview du Pr Patrick Goudot

Président de la section 55 (Pathologie de la Tête et du Cou) et de la sous-section 55-03 (Chirurgie

maxillo-faciale et Stomatologie) du CNU, Chef du service de Chirurgie maxillo faciale et stomatolo-

gie du groupe hospitalier Pitié Salpétrière. Il nous fait découvrir une structure méconnue de l’organisa-

tion universitaire de la médecine en France, le Conseil National des Universités. actualité pro

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Pour les internes d’origine dentaire ils ont acquis des connaissancesmédicales supérieures à celles qui étaient exigées dans le cadre del’ancien DES CB.

C’est à l’arrivée une meilleure prise en charge des patients en parti-culier grâce à la fonction d’interne des hôpitaux.

Enfin et toujours au titre du bilan, il faut regretter que pendant leurformation les DESCO d’origine médicale aient été perturbés,inquiétés, par l’opposition du CNOM vis à vis de la chirurgie oraled’une part et par l’opposition d’un certain nombre d’universitairesqui n’ont pas proposé des postes nécessaires aux besoins de santépublique d’autre part.

L.S. : Revenons à la réforme du 3ème cycle, cette nou-velle maquette aboutira-t-elle à un double diplôme ?

D’abord une précision : le ministère de l’enseignement supérieurs’est encore une fois adressé aux odontologistes, en la personne duprésident de la conférence des doyens d’odontologie, pour mener àbien cette réflexion sur la double formation. Nous (le CNU et leCollège des enseignants de CMF) participons bien sûr à ce groupede travail. Il faut être conscient de ces réalités avant de vouloir pré-senter nos propres solutions !

En ce qui concerne la question, la réponse est oui puisque lediplôme de fin de deuxième cycle dans chacune des deux filièrescomplémentaires sera exigé. Il devra être acquis parallèlement à laformation d’interne.

L.S. : Cette double formation pourrait-elle, à votre

avis, être acquise par une autre formation, du type« université » privée telle que le CLESI ?

Cette façon de faire serait inacceptable pour plusieurs raisons. Lapremière est qu’il est inconcevable de confier cette formation à unestructure qui n’offre aucune garantie sur la qualité de son ensei-gnement (je rappelle que les enseignants de nos universités sontévalués par le CNU) et qui est en conflit avec l’état. Il n’est pas sûrque l’éventuel diplôme puisse être reconnu en France, voire enEurope. Enfin, et surtout, il n’est pas imaginable que cette formationpuisse être effectuée en France en dehors de l’Université

L.S. : Un chirurgien oral d’origine dentaire pourra t’ilintégrer une formation en CMF ?

Oui à condition qu’il passe les ECN médicales, ce qui veut direque la chirurgie maxillo-faciale restera une spécialité médicale.

Quelles sont les niveaux d’acceptabilité et quelle estla probabilité que cette nouvelle réforme apparaisse ?

Actuellement cette filière semble recueillir l’assentiment de la majo-rité des enseignants de CMF et de chirurgie orale odontologistes. Ilexiste des difficultés d’ordre technique et règlementaire qui devrontêtre réglées, notamment concernant la durée des formations quidevront être égales et pas beaucoup plus longues qu’actuellement.Elles devront aussi tenir compte des possibilités et des besoinsrégionaux.

Cette filière devrait voir le jour à la rentrée 2017, comme l’en-semble des différentes maquettes de toutes les filières médicales.

RÉSULTATS DES ELECTIONS

A la lecture de ces résultats

on constate un recul de la

CSMF pour les élections aux

URPS dans les collèges 2 et 3

par rapport aux élections de

2010. Ces élections ont été

dominées par un taux d’abs-

tention record de plus de

60%. Du jamais vu comme si

ce mal abstentionniste gangrénait tous les secteurs en France. Ces résultats montrent également une forte progression de syndicats « ultra »

contestataires proches de certaines coordinations allant jusqu’à prôner des procédures de déconventionement.

Cela montre le malaise d’une profession qui ne maitrise plus ses propres enjeux.

Les prochains mois seront déterminants dans l’organisation d’une opposition syndicale unitaire, réaliste des vrais enjeux et durable.

Dans ce combat difficile saluons la remarquable réélection d’un des nôtres : en effet dans ce contexte hostile le dr CHAZELLE Philippe secré-

taire général de l’Union et président sortant de l’URPS de la région Nord Pas de Calais a été de nouveau élu sous la bannière UMESPE/CSMF.

Toutes nos félicitations pour ce nouveau mandat.

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