DANSLEGARD,LAURENTOLIVIER ...AUCŒURDUMÉTIER 22 LAVIGNE-N 3 20-JUIN2019 E...

12
Histol Histopathol (2000) 15: 131-142 001 : 10.14670/HH-15.131 http://www.hh.um.es Histology and Histopathology Cellular and Molecular Biol ogy Invited Review The female prostate and prostate-specific antigen. Immunohistochemical localization, implications of this prostate marker in women and reasons for using the term" prostate" in the human female M. ZaviaeIC 1 and R.J. Ablin 2 'Department of Pathology, Comenius University School of Medicine, Bratislava, Slovakia and 2lnnapharma, Inc ., Suffern, NY, USA Summary. Prostate-specific antigen (PSA) is currently the most frequently used marker for the identification of normal and pathologically altered prostatic tissue in the male and female. Immunohistochemically PSA is expressed in the highly specia li zed apically-superficial layer of female and male secretory cells of the prostate gland, as well as in uroepithelial ce ll s at other sites of the urogenital tract of both sexes. Unique active moieties of cells of the female and the male prostate gland and in other parts of the urogenital tract are indicative of secretory and protective function of specialized prostatic and uroepithelial cells with strong immunological properties given by the presence of PSA. In clinical practice, PSA is a valuable marker for the diagnosis and monitoring of diseases of the male and the female prostate, especially carcinoma. In the female, similarly as in the male , the prostate (Skene 's gland) is the principal source of PSA. The value of PSA in women increases in the pathological female prostate , e.g., carcinoma. Nevertheless, the total amount of PSA in the female is the sum of normal or pathological female prostate a nd non-prostatic female tissues production , e.g., of diseased female breast tissue. The expression of an antigen specific for the male prostate, i.e., PSA in female Skene's glands and ducts, and structural and functional parameters and diseases similar to that of the male prostate, have provided convincing evidence of the existence of a prostate in women and definitive preference of the term "prostate" over that of Skene's glands and ducts. The use of the term Skene's glands incorrectly implies that some other structure rather than prostate is involved, promoting the vestigial position of this female organ. Offprint requests to: Professor Milan MD, DSc., Department of Pathology, Cornenius University School of Medicine, Sasinkova 4, 811 08 Bratislava, Slovakia. Fax: 00421·7-59357592 Key words: Prostate-specific antigen (PSA), Female prostate, Skene's gland, Male prostate, Immunohisto- chemistry, Serology, Female PSA implications, Male PSA implications, Terminology Introduction Reinier de Graaf (1641-1673), a Dutch physiologist and histologist , was the first to describe the female prostate and to assign it this term (de Graaf, 1672). One year before hi s death, de Graaf (1672) described in his work "De mulierum organis generationi inservientibus .. . ." exactly, and perfectly for his time, the structure of the female prostate as being formed by glands and ducts lo cated around the female urethra. De Graaf was also the first who attempted to formulate the function of the female prostate on writing: "The function of the prostate (corpus glandulosum) is to generate a pituitoserous juice which makes women more libidinous with its pungency and saltiness and lubricates their sexual parts in agreeable fashion during coitus" (Jocelyn and Setchell, 1972). Although de Graaf's notion of homology of the female paraurethral glands and ducts as the female prostate with the male prostate was essentially but an intuitive idea, he is doubtless the discoverer of the female prostate and s hould be accepted and acknowledged as such. Some 200 years after de Graaf, the American gynecologist, Alexander J.C. Skene (1838-1900), redescribed the female prostate as being comprised of two main paraurethral ducts that bear his name - Skene's glands - opening on both sides of the urethral orifice (Skene, 1880). Following Skene's description, the origin, and eve n the presence and fu n ction of these (para)urethral ducts and glands, became the subject of considerable debate. This contributed to a general

Transcript of DANSLEGARD,LAURENTOLIVIER ...AUCŒURDUMÉTIER 22 LAVIGNE-N 3 20-JUIN2019 E...

  • AUCŒURDUMÉTIER

    22 LAVIGNE - N° 320 - JUIN 2019

    En2006,LaurentOliviercommenceà se détacher de sa coopérativepour créer son domaine dans unezoneméconnueavecses fils.« Se lancer de zéro, loin de tout et sans AOC,c’était quand même osé ! observent LaurentOlivier, 61 ans, et ses deux fils, Nicolas,34ans, etThomas,29ans.Maisonvoulait al-ler jusqu’au bout de notre métier. On est sortisde la coopérative afin de produire des vins deterroir haut de gamme, bien les valoriser etconstruire notre image. » C’est chose faite.Onze ans plus tard, en 2017, ils vendenttoute leur production en bouteilles, entre 7et25€TTC,prixconsommateur.« Chi va piano va sano, analyse Nicolas Oli-vier avec le recul. Je pense que notre projet aabouti car on l’a fait à petits pas, de manièretrès raisonnée. » En 2006, année de son ins-tallation, lui et son père sortent partielle-ment de la coopérative de Saint-Hippolyte-du-Fort qu’ils quitteront totalement en2011. Ils créent le domaine Le Sollier, àMo-noblet, au nord-ouest du Gard, sur les con-trefortsdesCévennes.Nicolas, titulaire d’un BTS viti-œno, réalisesapremièrevinification(80hl). Il élaboreunrosé de saignée et un rouge d’entrée degamme sur le fruit. Deux ans plus tard, il vi-nifie son premier blanc, un haut de gammeà base de viognier, roussanne et chardon-nay. L’altitude–de300 à350m–donnedesvins très frais. L’excellent rapport qualité-prix et le succès des animations qu’ils orga-

    LE TABLEAU DE BORD DE LEUR EXPLOITATION

    Un CA plombé par une petite récolte

    CA 2017

    CA 2018

    202 000 €

    Les rouges majoritairesRépartition de la récolte 2018177 664 €

    Prix TTC départ propriété

    (Terre Ronde) (Mon Oncle)

    Bouteilles de à7 ¤ 25 ¤

    TOTAL505 hl

    11 %

    31 %

    Une exploitation en croissance

    2005 2011 20162006 20232018

    Évolution de la surface en productionet du nombre de bouteilles

    12,5

    66

    10

    11

    14 ha

    Huit vins : 4 rouges, 2 blancs, 1 rosé en IGPCévennes et 1 rouge en AOC Duché d’Uzès

    (récolte 2017 - 40 %)

    Rosés

    Blancs

    Rouges58 %

    10 0000

    30 000

    45 000

    62 000

    70 000

    nisenten famille (voir encadré) les fontcon-naître. Lebouche-à-oreille fait le reste.

    En 2011, ils vendent au caveau 80 % des

    30 000 bouteilles qu’ils ont conditionnées.

    « Nous sommes dans un petit paradis. Le lieuestmagique. Le domaine est une anciennema-gnanerie.Nousavonsunehistoireàraconteretc’estdansnotrenaturedebienrecevoir etd’êtreà l’écoute des gens », témoigne Laurent. Lesclients apprécient. En outre, la région esttrès touristique,Monoblet étantdans leparcnational desCévennes.Denombreux étran-gers – « des épicuriens qui prennent plaisir à

    déguster et qui ont de l’argent » – commen-cent à venir. « Je me suis même remis à l’an-glaispour lesaccueillir », souligneLaurent.Thomas, titulaire d’un BTS technico-com-mercial vins et spiritueux, rejoint son pèreet son frère en 2010. S’occupant plus parti-culièrement du commerce, il démarche lesprofessionnels locaux. « C’est importantd’être bien implantés dans la région, à 50 kmàla ronde. Nous sommes présents dans des res-taurants et chez deux cavistes d’Uzès, une villeavec du monde qui a un beau pouvoird’achat», indique-t-il.À partir de2011, le domaineparticipe systé-

    DANSLEGARD, LAURENTOLIVIER quitte sa cooppour lancer le domaineLe Sollier avec ses deux fils, Thomas etNicolas. Une exploitation qu’ils consolidentpas à pas enmisant sur un bon rapport qualité-prix et des animations attractives.

    «Noussommesdansunpetit paradis»

    NICOLAS, THOMAS ET LAURENT OLIVIER dansle caveau aménagé par leurs soins et où ils vendent entre45 et 55 % de leur production aux particuliers. PHOTOS : F. BAL

  • AUCŒURDUMÉTIER

    22 LAVIGNE - N° 320 - JUIN 2019

    En2006,LaurentOliviercommenceà se détacher de sa coopérativepour créer son domaine dans unezoneméconnueavecses fils.« Se lancer de zéro, loin de tout et sans AOC,c’était quand même osé ! observent LaurentOlivier, 61 ans, et ses deux fils, Nicolas,34ans, etThomas,29ans.Maisonvoulait al-ler jusqu’au bout de notre métier. On est sortisde la coopérative afin de produire des vins deterroir haut de gamme, bien les valoriser etconstruire notre image. » C’est chose faite.Onze ans plus tard, en 2017, ils vendenttoute leur production en bouteilles, entre 7et25€TTC,prixconsommateur.« Chi va piano va sano, analyse Nicolas Oli-vier avec le recul. Je pense que notre projet aabouti car on l’a fait à petits pas, de manièretrès raisonnée. » En 2006, année de son ins-tallation, lui et son père sortent partielle-ment de la coopérative de Saint-Hippolyte-du-Fort qu’ils quitteront totalement en2011. Ils créent le domaine Le Sollier, àMo-noblet, au nord-ouest du Gard, sur les con-trefortsdesCévennes.Nicolas, titulaire d’un BTS viti-œno, réalisesapremièrevinification(80hl). Il élaboreunrosé de saignée et un rouge d’entrée degamme sur le fruit. Deux ans plus tard, il vi-nifie son premier blanc, un haut de gammeà base de viognier, roussanne et chardon-nay. L’altitude–de300 à350m–donnedesvins très frais. L’excellent rapport qualité-prix et le succès des animations qu’ils orga-

    LE TABLEAU DE BORD DE LEUR EXPLOITATION

    Un CA plombé par une petite récolte

    CA 2017

    CA 2018

    202 000 €

    Les rouges majoritairesRépartition de la récolte 2018177 664 €

    Prix TTC départ propriété

    (Terre Ronde) (Mon Oncle)

    Bouteilles de à7 ¤ 25 ¤

    TOTAL505 hl

    11 %

    31 %

    Une exploitation en croissance

    2005 2011 20162006 20232018

    Évolution de la surface en productionet du nombre de bouteilles

    12,5

    66

    10

    11

    14 ha

    Huit vins : 4 rouges, 2 blancs, 1 rosé en IGPCévennes et 1 rouge en AOC Duché d’Uzès

    (récolte 2017 - 40 %)

    Rosés

    Blancs

    Rouges58 %

    10 0000

    30 000

    45 000

    62 000

    70 000

    nisenten famille (voir encadré) les fontcon-naître. Lebouche-à-oreille fait le reste.

    En 2011, ils vendent au caveau 80 % des

    30 000 bouteilles qu’ils ont conditionnées.

    « Nous sommes dans un petit paradis. Le lieuestmagique. Le domaine est une anciennema-gnanerie.Nousavonsunehistoireàraconteretc’estdansnotrenaturedebienrecevoir etd’êtreà l’écoute des gens », témoigne Laurent. Lesclients apprécient. En outre, la région esttrès touristique,Monoblet étantdans leparcnational desCévennes.Denombreux étran-gers – « des épicuriens qui prennent plaisir à

    déguster et qui ont de l’argent » – commen-cent à venir. « Je me suis même remis à l’an-glaispour lesaccueillir », souligneLaurent.Thomas, titulaire d’un BTS technico-com-mercial vins et spiritueux, rejoint son pèreet son frère en 2010. S’occupant plus parti-culièrement du commerce, il démarche lesprofessionnels locaux. « C’est importantd’être bien implantés dans la région, à 50 kmàla ronde. Nous sommes présents dans des res-taurants et chez deux cavistes d’Uzès, une villeavec du monde qui a un beau pouvoird’achat», indique-t-il.À partir de2011, le domaineparticipe systé-

    DANSLEGARD, LAURENTOLIVIER quitte sa cooppour lancer le domaineLe Sollier avec ses deux fils, Thomas etNicolas. Une exploitation qu’ils consolidentpas à pas enmisant sur un bon rapport qualité-prix et des animations attractives.

    «Noussommesdansunpetit paradis»

    NICOLAS, THOMAS ET LAURENT OLIVIER dansle caveau aménagé par leurs soins et où ils vendent entre45 et 55 % de leur production aux particuliers. PHOTOS : F. BAL

  • AUCŒURDUMÉTIER

    22 LAVIGNE - N° 320 - JUIN 2019

    En2006,LaurentOliviercommenceà se détacher de sa coopérativepour créer son domaine dans unezoneméconnueavecses fils.« Se lancer de zéro, loin de tout et sans AOC,c’était quand même osé ! observent LaurentOlivier, 61 ans, et ses deux fils, Nicolas,34ans, etThomas,29ans.Maisonvoulait al-ler jusqu’au bout de notre métier. On est sortisde la coopérative afin de produire des vins deterroir haut de gamme, bien les valoriser etconstruire notre image. » C’est chose faite.Onze ans plus tard, en 2017, ils vendenttoute leur production en bouteilles, entre 7et25€TTC,prixconsommateur.« Chi va piano va sano, analyse Nicolas Oli-vier avec le recul. Je pense que notre projet aabouti car on l’a fait à petits pas, de manièretrès raisonnée. » En 2006, année de son ins-tallation, lui et son père sortent partielle-ment de la coopérative de Saint-Hippolyte-du-Fort qu’ils quitteront totalement en2011. Ils créent le domaine Le Sollier, àMo-noblet, au nord-ouest du Gard, sur les con-trefortsdesCévennes.Nicolas, titulaire d’un BTS viti-œno, réalisesapremièrevinification(80hl). Il élaboreunrosé de saignée et un rouge d’entrée degamme sur le fruit. Deux ans plus tard, il vi-nifie son premier blanc, un haut de gammeà base de viognier, roussanne et chardon-nay. L’altitude–de300 à350m–donnedesvins très frais. L’excellent rapport qualité-prix et le succès des animations qu’ils orga-

    LE TABLEAU DE BORD DE LEUR EXPLOITATION

    Un CA plombé par une petite récolte

    CA 2017

    CA 2018

    202 000 €

    Les rouges majoritairesRépartition de la récolte 2018177 664 €

    Prix TTC départ propriété

    (Terre Ronde) (Mon Oncle)

    Bouteilles de à7 ¤ 25 ¤

    TOTAL505 hl

    11 %

    31 %

    Une exploitation en croissance

    2005 2011 20162006 20232018

    Évolution de la surface en productionet du nombre de bouteilles

    12,5

    66

    10

    11

    14 ha

    Huit vins : 4 rouges, 2 blancs, 1 rosé en IGPCévennes et 1 rouge en AOC Duché d’Uzès

    (récolte 2017 - 40 %)

    Rosés

    Blancs

    Rouges58 %

    10 0000

    30 000

    45 000

    62 000

    70 000

    nisenten famille (voir encadré) les fontcon-naître. Lebouche-à-oreille fait le reste.

    En 2011, ils vendent au caveau 80 % des

    30 000 bouteilles qu’ils ont conditionnées.

    « Nous sommes dans un petit paradis. Le lieuestmagique. Le domaine est une anciennema-gnanerie.Nousavonsunehistoireàraconteretc’estdansnotrenaturedebienrecevoir etd’êtreà l’écoute des gens », témoigne Laurent. Lesclients apprécient. En outre, la région esttrès touristique,Monoblet étantdans leparcnational desCévennes.Denombreux étran-gers – « des épicuriens qui prennent plaisir à

    déguster et qui ont de l’argent » – commen-cent à venir. « Je me suis même remis à l’an-glaispour lesaccueillir », souligneLaurent.Thomas, titulaire d’un BTS technico-com-mercial vins et spiritueux, rejoint son pèreet son frère en 2010. S’occupant plus parti-culièrement du commerce, il démarche lesprofessionnels locaux. « C’est importantd’être bien implantés dans la région, à 50 kmàla ronde. Nous sommes présents dans des res-taurants et chez deux cavistes d’Uzès, une villeavec du monde qui a un beau pouvoird’achat», indique-t-il.À partir de2011, le domaineparticipe systé-

    DANSLEGARD, LAURENTOLIVIER quitte sa cooppour lancer le domaineLe Sollier avec ses deux fils, Thomas etNicolas. Une exploitation qu’ils consolidentpas à pas enmisant sur un bon rapport qualité-prix et des animations attractives.

    «Noussommesdansunpetit paradis»

    NICOLAS, THOMAS ET LAURENT OLIVIER dansle caveau aménagé par leurs soins et où ils vendent entre45 et 55 % de leur production aux particuliers. PHOTOS : F. BAL

  • LAVIGNE - N° 320 - JUIN 2019 23

    Les particuliers, premier débouchéRépartition du CA 2018 selon le circuit de vente

    Cavistes

    Export

    ParticuliersRestaurants55 %

    25 %

    15 %

    5 %

    matiquement au salon Vinisud, àMontpel-lier. Ils y trouvent de « bons cavistes », quicommandent des dizaines de cartons d’uncoup. Ils réalisent quelques expéditions enChine, enBelgique et auDanemark.Mais ilsprivilégient les partenariats à long terme enFrance et réservent l’export aux années debelle récolte. Dans le même temps, le do-maine développe une collaboration avecdeuxgrossistes, unenLanguedoc, l’autre enArdèche. Plus récemment, ils se mettent àtravailler avec Vinatis, un caviste en lignebaséenHaute-Savoie.

    Au fil des ans, ils étoffent leur gamme, tout en

    restant majoritairement en IGP « pour conser-ver la liberté d’assembler des cépages variés ».Depuis le début, ils font appel aux servicesdu laboratoire réputé Natoli & Coe qui les« accompagne très bien ». Sur les recomman-

    SU

    CC

    ÈS

    ET

    ÉC

    HE

    CS Planter 5 ha de blanc alors qu’ils n’en avaient

    pas lorsqu’ils étaient en coop a été « judicieux ».Comme les vignes sont à 300-350 m d’altitude,

    les vins sont frais et se vendent très bien.pp

    « Nous avons été très bien conseillés parle laboratoire Natoli & Coe, se réjouit Nicolas.Il y a deux ans quand notre œnologue-conseil,

    Matthieu Lequeux, s’est mis à son compte,nous l’avons suivi. »

    pp

    Cette année, Thomas était présent pourla deuxième fois au salon Découvertes en Vallée

    du Rhône. Il estime avoir eu des contactsprometteurs avec une dizaine de cavistes.

    Cette présence est le résultat de l’adhésionde l’AOC Duché d’Uzès à Inter Rhône.

    CE QUI A BIEN MARCHÉ

    CE QU’ILS NE REFERONT PLUS

    « Croyant innover », ils ont replanté 6,5 ha engobelets palissés. Mais ce fut une erreur car ilsn’avaient pas la main-d’œuvre qualifiée pourentretenir ces vignes. Ils ont tout transformé

    en double cordon de Royat. Un travailsupplémentaire non prévu.

    qq

    En 2006, ils ont déploré 80 % de mortalité sur40 ares de roussanne greffés sur le 161-49 C.Ils ne reprendront plus ce porte-greffe qu’ils

    tiennent pour responsable de cette perte.qq

    Avec le recul, Thomas estime qu’ils auraient dûfixer dès le départ le prix de leur entrée de

    gamme à 6 € au lieu de 4,5. « On l’aurait vendu.On s’est sacrifié un revenu, mais on doutaiténormément de nous et on avait peur que

    personne ne veuille acheter nos vins. »

    dations de ce dernier, ils ajustent leurs cu-vées pour s’adapter à la demande. Ainsi, àpartirde2011, ilsélaborent leurrosémajori-tairement par pressurage direct de raisinsrécoltésmoinsmûrsetnonpluspar saignée«pourobtenirdes rosés clairs et légers».« Nous pratiquons une vinification à la bour-guignonne,autrementdit oncoupe les cheveuxen quatre, prévient Nicolas. Chaque parcelleet chaque cépage sont vinifiés séparément.Nous disposons ainsi d’une trentaine de lots debase que nous assemblons ensuite en fonctionde nos besoins. Les syrah, grenache et cinsaultdestinés à l’élevage en barriquemacèrent troissemaines.Nous pratiquons également desma-cérations plus courtes pour notre entrée degamme rouge à base de cinsault que nous vou-lons croquant, sur le fruit, souple et gourmand,sans tomber dans le cliché du vin de soif amyli-queet technologique. »Prenant le contre-pied de la hiérarchisationhabituelle, leurs IGP Cévennes haut degammerougesnesontpasprincipalementàbase des cépages les plus prestigieux. Créédès 2007, Les 4 Chemins est un assemblagede60%devieillesvignesdecinsaultetdesy-rah élevé en barriques.MonOncle, lancé en2012, est issu d’une vieille vigne d’alicanteBouschet récoltée en surmaturité, assem-blée à l’encuvage avec 40 % de grenache.« Trèsmassif, il a fallu le civiliser en égrappantet en raccourcissant les macérations à dixjours», souligneNicolas.En2013, ilsmodifient leurentréedegammeblanc pour lui donner plus d’éclat. Ils récol-tent les raisins moinsmûrs, laissent stabu-ler une partie du viognier à 5 °C pen- lll

    Main-d’œuvre : eux trois et des saisonniers ;Surface : 12,5 hectares ;Appellations : IGP Cévennes, AOC Duché d’Uzès ;Densité de plantation : de 4 000 à 4 500 pieds/haEncépagement : grenache, syrah, cinsault,

    merlot, alicante, vermentino, viognier, chardonnay,sauvignon et roussanne ;Taille : double cordon de Royat ;Production 2018 : 500 hectolitres.

    L’exploitation

    DANS CETTE PARCELLE de chardonnay de 30 ares,Thomas et Nicolas tombent les fils du palissage.

    En arrière-plan, on aperçoit les deux collines reprisesstylisées sur toutes leurs étiquettes.

  • 24 LAVIGNE - N° 320 - JUIN 2019

    En2015, ilsdémarrent lacertificationenbioqu’ils obtiennent en 2018, année durant la-quelle ils ont « réussi à n’employer que 4,2 kgde cuivremétal à l’hectare, malgré la très fortepression de mildiou, signale Thomas. Maisquand il a fallu traiter le dimanche, on y estallé ». Avec succès. « Commercialement, êtreen bio est clairement un avantage », consta-tent-ils. L’an prochain, ils participeront ausalonMillésimeBio.Autre raison de leur réussite : ils sont trèsautonomesetéconomes.«Noussommestrèspaysans, très cévenols, argumentent-ils.Onatout fait nous-mêmes, en aménageant le masparpetitsbouts,avec lesamis : la cavedevinifi-cation en 2006 que nous avons agrandie en2015, un bâtiment de stockage en 2012, le ca-veau et le bureau en2017 et, cette année, nousallons construire une salle pour stocker100 000 cols en tiré-bouché. » Ils font égale-ment leurcomptabilité eux-mêmes,«à l’an-cienne», et tiennentà jour leursite internet.Ils ont équipé leur chai avec la même pru-dence, au furàmesurede leursbesoinsetdeleurs moyens. Ainsi, toute leur cuverie esten résine à chapeaux flottants avec commepressoir un Vaslin de 25 hl. En 2013, ils ontacquisungroupede froid, en2015unenou-velle chaîne de tirage – ils ont toujours em-bouteillé leurs vins – et, en 2017, un filtrepresse«pourgarder tous les jus».Depuis trois ans, Thomasprésente les vins àdavantage de guides ou de concours. « Lacommunication, c’est essentiel et les médaillesaident bien », note-t-il. Demême, il est entréau conseil d’administration de l’ODGDuchéd’Uzès. Pour l’instant, le domaine revendi-que àpeine10%de saproductiondans cetteAOC, avec un seul rouge vendu 10 € TTC.

    «On souhaite conserver notre liberté d’assem-blage », expliquent-ils.Mais d’ici à cinq ans,ilscomptentportercetteproportionà25%etproduire un blanc. Dans ce but, ils vontplanter du grenache blanc – cépage indis-pensablede l’AOC– l’anprochain.«Notremétier est beaucoupplus intéressant etplus valorisant qu’en coop », confie le trio.Mais sonobjectifn’estpas«purement écono-mique». Lesdeux frères s’estiment«gestion-naires » du patrimoinemagnifique que leurfamille leur a transmis. Ils le développent àleur tour avec « le souci de tenir le cap » pourlagénérationqui suit. FLORENCE BAL

    AUCŒURDUMÉTIER

    NICOLAS, à gauche, et Thomas préparent la nouvelle cuvée Lise – un sauvignon élevé huit mois en barriques – qui sera vendue 14 €. © F. BAL

    «On souhaiteconserver notre

    liberté d’assemblage »

    LEUR STRATÉGIE COMMERCIALE

    « Nos animationsrencontrent un succèsphénoménal »

    > > Pour se faire connaître, chaque étépendant huit ans, ils ont organisé une « circuladevigneronne en Piémont cévenol », parfois avecd’autres domaines. Il s’agissait d’une baladeaccompagnée de grignotages (6 €) suivie d’unesoirée avec un repas « gaulois » (15 €) et àl’occasion d’un concert. « On faisait tout :l’accueil, l’accompagnement pour les balades, lerepas. On a eu un succès phénoménal », témoigneLaurent Olivier. Un fort bouche-à-oreilles’instaure, y compris sur les forums de discussionet les réseaux sociaux, sans même qu’ils lesachent. En 2016, ils enregistrent 200inscriptions pour le repas et 320 pour la balade.C’est trop ! Ils arrêtent. Les années suivantes,ils instaurent une animation « truffes et vins »en hiver, limitée à 25 personnes, qui plaîtbeaucoup elle aussi. Ils réfléchissent aujourd’huià une opération estivale inspirée de la circulademais à une plus petite échelle.

    dant une semaine puis levurent lesmoûts avec la souche CK S102 qui favorisel’expressiondes thiols. Ilsobtiennentunvintrès frais qui tranche nettement avec leurhautdegamme.En 2015, ils lancent L’Originel, un vin sanssulfites ajoutés, vendu10€, et pour lemillé-sime 2018, un troisième blanc, Lise, un100 % sauvignon élevé huit mois en barri-ques. Il seravendu14€dès lemoisde juin.

    À la vigne, leur gros chantier a été les plan-tiers. Dans la perspective de l’arrivée de Ni-colas et de la création du domaine, Laurentarrache 8 ha d’aramon, cinsault et alicanteBouschet en 2003, ne conservant que quel-ques vieilles vignes de cinsault et d’alicante« dans un état parfait et sans unmanquant ».Entre 2005 et 2009, le père et le fils replan-tent 3 ha de syrah, 1 ha de grenache et 3 hade blanc, une première dans le domaine.En 2013 et 2014, ils arrachent 2 ha supplé-mentaires pour les replanter en sauvignonetvermentino.

    lll

    LAURENT a réalisé cet outilpour chausser les vignes. © F. BAL

  • LAVIGNE - N° 320 - JUIN 2019 23

    Les particuliers, premier débouchéRépartition du CA 2018 selon le circuit de vente

    Cavistes

    Export

    ParticuliersRestaurants55 %

    25 %

    15 %

    5 %

    matiquement au salon Vinisud, àMontpel-lier. Ils y trouvent de « bons cavistes », quicommandent des dizaines de cartons d’uncoup. Ils réalisent quelques expéditions enChine, enBelgique et auDanemark.Mais ilsprivilégient les partenariats à long terme enFrance et réservent l’export aux années debelle récolte. Dans le même temps, le do-maine développe une collaboration avecdeuxgrossistes, unenLanguedoc, l’autre enArdèche. Plus récemment, ils se mettent àtravailler avec Vinatis, un caviste en lignebaséenHaute-Savoie.

    Au fil des ans, ils étoffent leur gamme, tout en

    restant majoritairement en IGP « pour conser-ver la liberté d’assembler des cépages variés ».Depuis le début, ils font appel aux servicesdu laboratoire réputé Natoli & Coe qui les« accompagne très bien ». Sur les recomman-

    SU

    CC

    ÈS

    ET

    ÉC

    HE

    CS Planter 5 ha de blanc alors qu’ils n’en avaient

    pas lorsqu’ils étaient en coop a été « judicieux ».Comme les vignes sont à 300-350 m d’altitude,

    les vins sont frais et se vendent très bien.pp

    « Nous avons été très bien conseillés parle laboratoire Natoli & Coe, se réjouit Nicolas.Il y a deux ans quand notre œnologue-conseil,

    Matthieu Lequeux, s’est mis à son compte,nous l’avons suivi. »

    pp

    Cette année, Thomas était présent pourla deuxième fois au salon Découvertes en Vallée

    du Rhône. Il estime avoir eu des contactsprometteurs avec une dizaine de cavistes.

    Cette présence est le résultat de l’adhésionde l’AOC Duché d’Uzès à Inter Rhône.

    CE QUI A BIEN MARCHÉ

    CE QU’ILS NE REFERONT PLUS

    « Croyant innover », ils ont replanté 6,5 ha engobelets palissés. Mais ce fut une erreur car ilsn’avaient pas la main-d’œuvre qualifiée pourentretenir ces vignes. Ils ont tout transformé

    en double cordon de Royat. Un travailsupplémentaire non prévu.

    qq

    En 2006, ils ont déploré 80 % de mortalité sur40 ares de roussanne greffés sur le 161-49 C.Ils ne reprendront plus ce porte-greffe qu’ils

    tiennent pour responsable de cette perte.qq

    Avec le recul, Thomas estime qu’ils auraient dûfixer dès le départ le prix de leur entrée de

    gamme à 6 € au lieu de 4,5. « On l’aurait vendu.On s’est sacrifié un revenu, mais on doutaiténormément de nous et on avait peur que

    personne ne veuille acheter nos vins. »

    dations de ce dernier, ils ajustent leurs cu-vées pour s’adapter à la demande. Ainsi, àpartirde2011, ilsélaborent leurrosémajori-tairement par pressurage direct de raisinsrécoltésmoinsmûrsetnonpluspar saignée«pourobtenirdes rosés clairs et légers».« Nous pratiquons une vinification à la bour-guignonne,autrementdit oncoupe les cheveuxen quatre, prévient Nicolas. Chaque parcelleet chaque cépage sont vinifiés séparément.Nous disposons ainsi d’une trentaine de lots debase que nous assemblons ensuite en fonctionde nos besoins. Les syrah, grenache et cinsaultdestinés à l’élevage en barriquemacèrent troissemaines.Nous pratiquons également desma-cérations plus courtes pour notre entrée degamme rouge à base de cinsault que nous vou-lons croquant, sur le fruit, souple et gourmand,sans tomber dans le cliché du vin de soif amyli-queet technologique. »Prenant le contre-pied de la hiérarchisationhabituelle, leurs IGP Cévennes haut degammerougesnesontpasprincipalementàbase des cépages les plus prestigieux. Créédès 2007, Les 4 Chemins est un assemblagede60%devieillesvignesdecinsaultetdesy-rah élevé en barriques.MonOncle, lancé en2012, est issu d’une vieille vigne d’alicanteBouschet récoltée en surmaturité, assem-blée à l’encuvage avec 40 % de grenache.« Trèsmassif, il a fallu le civiliser en égrappantet en raccourcissant les macérations à dixjours», souligneNicolas.En2013, ilsmodifient leurentréedegammeblanc pour lui donner plus d’éclat. Ils récol-tent les raisins moinsmûrs, laissent stabu-ler une partie du viognier à 5 °C pen- lll

    Main-d’œuvre : eux trois et des saisonniers ;Surface : 12,5 hectares ;Appellations : IGP Cévennes, AOC Duché d’Uzès ;Densité de plantation : de 4 000 à 4 500 pieds/haEncépagement : grenache, syrah, cinsault,

    merlot, alicante, vermentino, viognier, chardonnay,sauvignon et roussanne ;Taille : double cordon de Royat ;Production 2018 : 500 hectolitres.

    L’exploitation

    DANS CETTE PARCELLE de chardonnay de 30 ares,Thomas et Nicolas tombent les fils du palissage.

    En arrière-plan, on aperçoit les deux collines reprisesstylisées sur toutes leurs étiquettes.

  • 24 LAVIGNE - N° 320 - JUIN 2019

    En2015, ilsdémarrent lacertificationenbioqu’ils obtiennent en 2018, année durant la-quelle ils ont « réussi à n’employer que 4,2 kgde cuivremétal à l’hectare, malgré la très fortepression de mildiou, signale Thomas. Maisquand il a fallu traiter le dimanche, on y estallé ». Avec succès. « Commercialement, êtreen bio est clairement un avantage », consta-tent-ils. L’an prochain, ils participeront ausalonMillésimeBio.Autre raison de leur réussite : ils sont trèsautonomesetéconomes.«Noussommestrèspaysans, très cévenols, argumentent-ils.Onatout fait nous-mêmes, en aménageant le masparpetitsbouts,avec lesamis : la cavedevinifi-cation en 2006 que nous avons agrandie en2015, un bâtiment de stockage en 2012, le ca-veau et le bureau en2017 et, cette année, nousallons construire une salle pour stocker100 000 cols en tiré-bouché. » Ils font égale-ment leurcomptabilité eux-mêmes,«à l’an-cienne», et tiennentà jour leursite internet.Ils ont équipé leur chai avec la même pru-dence, au furàmesurede leursbesoinsetdeleurs moyens. Ainsi, toute leur cuverie esten résine à chapeaux flottants avec commepressoir un Vaslin de 25 hl. En 2013, ils ontacquisungroupede froid, en2015unenou-velle chaîne de tirage – ils ont toujours em-bouteillé leurs vins – et, en 2017, un filtrepresse«pourgarder tous les jus».Depuis trois ans, Thomasprésente les vins àdavantage de guides ou de concours. « Lacommunication, c’est essentiel et les médaillesaident bien », note-t-il. Demême, il est entréau conseil d’administration de l’ODGDuchéd’Uzès. Pour l’instant, le domaine revendi-que àpeine10%de saproductiondans cetteAOC, avec un seul rouge vendu 10 € TTC.

    «On souhaite conserver notre liberté d’assem-blage », expliquent-ils.Mais d’ici à cinq ans,ilscomptentportercetteproportionà25%etproduire un blanc. Dans ce but, ils vontplanter du grenache blanc – cépage indis-pensablede l’AOC– l’anprochain.«Notremétier est beaucoupplus intéressant etplus valorisant qu’en coop », confie le trio.Mais sonobjectifn’estpas«purement écono-mique». Lesdeux frères s’estiment«gestion-naires » du patrimoinemagnifique que leurfamille leur a transmis. Ils le développent àleur tour avec « le souci de tenir le cap » pourlagénérationqui suit. FLORENCE BAL

    AUCŒURDUMÉTIER

    NICOLAS, à gauche, et Thomas préparent la nouvelle cuvée Lise – un sauvignon élevé huit mois en barriques – qui sera vendue 14 €. © F. BAL

    «On souhaiteconserver notre

    liberté d’assemblage »

    LEUR STRATÉGIE COMMERCIALE

    « Nos animationsrencontrent un succèsphénoménal »

    > > Pour se faire connaître, chaque étépendant huit ans, ils ont organisé une « circuladevigneronne en Piémont cévenol », parfois avecd’autres domaines. Il s’agissait d’une baladeaccompagnée de grignotages (6 €) suivie d’unesoirée avec un repas « gaulois » (15 €) et àl’occasion d’un concert. « On faisait tout :l’accueil, l’accompagnement pour les balades, lerepas. On a eu un succès phénoménal », témoigneLaurent Olivier. Un fort bouche-à-oreilles’instaure, y compris sur les forums de discussionet les réseaux sociaux, sans même qu’ils lesachent. En 2016, ils enregistrent 200inscriptions pour le repas et 320 pour la balade.C’est trop ! Ils arrêtent. Les années suivantes,ils instaurent une animation « truffes et vins »en hiver, limitée à 25 personnes, qui plaîtbeaucoup elle aussi. Ils réfléchissent aujourd’huià une opération estivale inspirée de la circulademais à une plus petite échelle.

    dant une semaine puis levurent lesmoûts avec la souche CK S102 qui favorisel’expressiondes thiols. Ilsobtiennentunvintrès frais qui tranche nettement avec leurhautdegamme.En 2015, ils lancent L’Originel, un vin sanssulfites ajoutés, vendu10€, et pour lemillé-sime 2018, un troisième blanc, Lise, un100 % sauvignon élevé huit mois en barri-ques. Il seravendu14€dès lemoisde juin.

    À la vigne, leur gros chantier a été les plan-tiers. Dans la perspective de l’arrivée de Ni-colas et de la création du domaine, Laurentarrache 8 ha d’aramon, cinsault et alicanteBouschet en 2003, ne conservant que quel-ques vieilles vignes de cinsault et d’alicante« dans un état parfait et sans unmanquant ».Entre 2005 et 2009, le père et le fils replan-tent 3 ha de syrah, 1 ha de grenache et 3 hade blanc, une première dans le domaine.En 2013 et 2014, ils arrachent 2 ha supplé-mentaires pour les replanter en sauvignonetvermentino.

    lll

    LAURENT a réalisé cet outilpour chausser les vignes. © F. BAL

  • AUCŒURDUMÉTIER

    22 LAVIGNE - N° 320 - JUIN 2019

    En2006,LaurentOliviercommenceà se détacher de sa coopérativepour créer son domaine dans unezoneméconnueavecses fils.« Se lancer de zéro, loin de tout et sans AOC,c’était quand même osé ! observent LaurentOlivier, 61 ans, et ses deux fils, Nicolas,34ans, etThomas,29ans.Maisonvoulait al-ler jusqu’au bout de notre métier. On est sortisde la coopérative afin de produire des vins deterroir haut de gamme, bien les valoriser etconstruire notre image. » C’est chose faite.Onze ans plus tard, en 2017, ils vendenttoute leur production en bouteilles, entre 7et25€TTC,prixconsommateur.« Chi va piano va sano, analyse Nicolas Oli-vier avec le recul. Je pense que notre projet aabouti car on l’a fait à petits pas, de manièretrès raisonnée. » En 2006, année de son ins-tallation, lui et son père sortent partielle-ment de la coopérative de Saint-Hippolyte-du-Fort qu’ils quitteront totalement en2011. Ils créent le domaine Le Sollier, àMo-noblet, au nord-ouest du Gard, sur les con-trefortsdesCévennes.Nicolas, titulaire d’un BTS viti-œno, réalisesapremièrevinification(80hl). Il élaboreunrosé de saignée et un rouge d’entrée degamme sur le fruit. Deux ans plus tard, il vi-nifie son premier blanc, un haut de gammeà base de viognier, roussanne et chardon-nay. L’altitude–de300 à350m–donnedesvins très frais. L’excellent rapport qualité-prix et le succès des animations qu’ils orga-

    LE TABLEAU DE BORD DE LEUR EXPLOITATION

    Un CA plombé par une petite récolte

    CA 2017

    CA 2018

    202 000 €

    Les rouges majoritairesRépartition de la récolte 2018177 664 €

    Prix TTC départ propriété

    (Terre Ronde) (Mon Oncle)

    Bouteilles de à7 ¤ 25 ¤

    TOTAL505 hl

    11 %

    31 %

    Une exploitation en croissance

    2005 2011 20162006 20232018

    Évolution de la surface en productionet du nombre de bouteilles

    12,5

    66

    10

    11

    14 ha

    Huit vins : 4 rouges, 2 blancs, 1 rosé en IGPCévennes et 1 rouge en AOC Duché d’Uzès

    (récolte 2017 - 40 %)

    Rosés

    Blancs

    Rouges58 %

    10 0000

    30 000

    45 000

    62 000

    70 000

    nisenten famille (voir encadré) les fontcon-naître. Lebouche-à-oreille fait le reste.

    En 2011, ils vendent au caveau 80 % des

    30 000 bouteilles qu’ils ont conditionnées.

    « Nous sommes dans un petit paradis. Le lieuestmagique. Le domaine est une anciennema-gnanerie.Nousavonsunehistoireàraconteretc’estdansnotrenaturedebienrecevoir etd’êtreà l’écoute des gens », témoigne Laurent. Lesclients apprécient. En outre, la région esttrès touristique,Monoblet étantdans leparcnational desCévennes.Denombreux étran-gers – « des épicuriens qui prennent plaisir à

    déguster et qui ont de l’argent » – commen-cent à venir. « Je me suis même remis à l’an-glaispour lesaccueillir », souligneLaurent.Thomas, titulaire d’un BTS technico-com-mercial vins et spiritueux, rejoint son pèreet son frère en 2010. S’occupant plus parti-culièrement du commerce, il démarche lesprofessionnels locaux. « C’est importantd’être bien implantés dans la région, à 50 kmàla ronde. Nous sommes présents dans des res-taurants et chez deux cavistes d’Uzès, une villeavec du monde qui a un beau pouvoird’achat», indique-t-il.À partir de2011, le domaineparticipe systé-

    DANSLEGARD, LAURENTOLIVIER quitte sa cooppour lancer le domaineLe Sollier avec ses deux fils, Thomas etNicolas. Une exploitation qu’ils consolidentpas à pas enmisant sur un bon rapport qualité-prix et des animations attractives.

    «Noussommesdansunpetit paradis»

    NICOLAS, THOMAS ET LAURENT OLIVIER dansle caveau aménagé par leurs soins et où ils vendent entre45 et 55 % de leur production aux particuliers. PHOTOS : F. BAL

  • LAVIGNE - N° 320 - JUIN 2019 23

    Les particuliers, premier débouchéRépartition du CA 2018 selon le circuit de vente

    Cavistes

    Export

    ParticuliersRestaurants55 %

    25 %

    15 %

    5 %

    matiquement au salon Vinisud, àMontpel-lier. Ils y trouvent de « bons cavistes », quicommandent des dizaines de cartons d’uncoup. Ils réalisent quelques expéditions enChine, enBelgique et auDanemark.Mais ilsprivilégient les partenariats à long terme enFrance et réservent l’export aux années debelle récolte. Dans le même temps, le do-maine développe une collaboration avecdeuxgrossistes, unenLanguedoc, l’autre enArdèche. Plus récemment, ils se mettent àtravailler avec Vinatis, un caviste en lignebaséenHaute-Savoie.

    Au fil des ans, ils étoffent leur gamme, tout en

    restant majoritairement en IGP « pour conser-ver la liberté d’assembler des cépages variés ».Depuis le début, ils font appel aux servicesdu laboratoire réputé Natoli & Coe qui les« accompagne très bien ». Sur les recomman-

    SU

    CC

    ÈS

    ET

    ÉC

    HE

    CS Planter 5 ha de blanc alors qu’ils n’en avaient

    pas lorsqu’ils étaient en coop a été « judicieux ».Comme les vignes sont à 300-350 m d’altitude,

    les vins sont frais et se vendent très bien.pp

    « Nous avons été très bien conseillés parle laboratoire Natoli & Coe, se réjouit Nicolas.Il y a deux ans quand notre œnologue-conseil,

    Matthieu Lequeux, s’est mis à son compte,nous l’avons suivi. »

    pp

    Cette année, Thomas était présent pourla deuxième fois au salon Découvertes en Vallée

    du Rhône. Il estime avoir eu des contactsprometteurs avec une dizaine de cavistes.

    Cette présence est le résultat de l’adhésionde l’AOC Duché d’Uzès à Inter Rhône.

    CE QUI A BIEN MARCHÉ

    CE QU’ILS NE REFERONT PLUS

    « Croyant innover », ils ont replanté 6,5 ha engobelets palissés. Mais ce fut une erreur car ilsn’avaient pas la main-d’œuvre qualifiée pourentretenir ces vignes. Ils ont tout transformé

    en double cordon de Royat. Un travailsupplémentaire non prévu.

    qq

    En 2006, ils ont déploré 80 % de mortalité sur40 ares de roussanne greffés sur le 161-49 C.Ils ne reprendront plus ce porte-greffe qu’ils

    tiennent pour responsable de cette perte.qq

    Avec le recul, Thomas estime qu’ils auraient dûfixer dès le départ le prix de leur entrée de

    gamme à 6 € au lieu de 4,5. « On l’aurait vendu.On s’est sacrifié un revenu, mais on doutaiténormément de nous et on avait peur que

    personne ne veuille acheter nos vins. »

    dations de ce dernier, ils ajustent leurs cu-vées pour s’adapter à la demande. Ainsi, àpartirde2011, ilsélaborent leurrosémajori-tairement par pressurage direct de raisinsrécoltésmoinsmûrsetnonpluspar saignée«pourobtenirdes rosés clairs et légers».« Nous pratiquons une vinification à la bour-guignonne,autrementdit oncoupe les cheveuxen quatre, prévient Nicolas. Chaque parcelleet chaque cépage sont vinifiés séparément.Nous disposons ainsi d’une trentaine de lots debase que nous assemblons ensuite en fonctionde nos besoins. Les syrah, grenache et cinsaultdestinés à l’élevage en barriquemacèrent troissemaines.Nous pratiquons également desma-cérations plus courtes pour notre entrée degamme rouge à base de cinsault que nous vou-lons croquant, sur le fruit, souple et gourmand,sans tomber dans le cliché du vin de soif amyli-queet technologique. »Prenant le contre-pied de la hiérarchisationhabituelle, leurs IGP Cévennes haut degammerougesnesontpasprincipalementàbase des cépages les plus prestigieux. Créédès 2007, Les 4 Chemins est un assemblagede60%devieillesvignesdecinsaultetdesy-rah élevé en barriques.MonOncle, lancé en2012, est issu d’une vieille vigne d’alicanteBouschet récoltée en surmaturité, assem-blée à l’encuvage avec 40 % de grenache.« Trèsmassif, il a fallu le civiliser en égrappantet en raccourcissant les macérations à dixjours», souligneNicolas.En2013, ilsmodifient leurentréedegammeblanc pour lui donner plus d’éclat. Ils récol-tent les raisins moinsmûrs, laissent stabu-ler une partie du viognier à 5 °C pen- lll

    Main-d’œuvre : eux trois et des saisonniers ;Surface : 12,5 hectares ;Appellations : IGP Cévennes, AOC Duché d’Uzès ;Densité de plantation : de 4 000 à 4 500 pieds/haEncépagement : grenache, syrah, cinsault,

    merlot, alicante, vermentino, viognier, chardonnay,sauvignon et roussanne ;Taille : double cordon de Royat ;Production 2018 : 500 hectolitres.

    L’exploitation

    DANS CETTE PARCELLE de chardonnay de 30 ares,Thomas et Nicolas tombent les fils du palissage.

    En arrière-plan, on aperçoit les deux collines reprisesstylisées sur toutes leurs étiquettes.

  • 24 LAVIGNE - N° 320 - JUIN 2019

    En2015, ilsdémarrent lacertificationenbioqu’ils obtiennent en 2018, année durant la-quelle ils ont « réussi à n’employer que 4,2 kgde cuivremétal à l’hectare, malgré la très fortepression de mildiou, signale Thomas. Maisquand il a fallu traiter le dimanche, on y estallé ». Avec succès. « Commercialement, êtreen bio est clairement un avantage », consta-tent-ils. L’an prochain, ils participeront ausalonMillésimeBio.Autre raison de leur réussite : ils sont trèsautonomesetéconomes.«Noussommestrèspaysans, très cévenols, argumentent-ils.Onatout fait nous-mêmes, en aménageant le masparpetitsbouts,avec lesamis : la cavedevinifi-cation en 2006 que nous avons agrandie en2015, un bâtiment de stockage en 2012, le ca-veau et le bureau en2017 et, cette année, nousallons construire une salle pour stocker100 000 cols en tiré-bouché. » Ils font égale-ment leurcomptabilité eux-mêmes,«à l’an-cienne», et tiennentà jour leursite internet.Ils ont équipé leur chai avec la même pru-dence, au furàmesurede leursbesoinsetdeleurs moyens. Ainsi, toute leur cuverie esten résine à chapeaux flottants avec commepressoir un Vaslin de 25 hl. En 2013, ils ontacquisungroupede froid, en2015unenou-velle chaîne de tirage – ils ont toujours em-bouteillé leurs vins – et, en 2017, un filtrepresse«pourgarder tous les jus».Depuis trois ans, Thomasprésente les vins àdavantage de guides ou de concours. « Lacommunication, c’est essentiel et les médaillesaident bien », note-t-il. Demême, il est entréau conseil d’administration de l’ODGDuchéd’Uzès. Pour l’instant, le domaine revendi-que àpeine10%de saproductiondans cetteAOC, avec un seul rouge vendu 10 € TTC.

    «On souhaite conserver notre liberté d’assem-blage », expliquent-ils.Mais d’ici à cinq ans,ilscomptentportercetteproportionà25%etproduire un blanc. Dans ce but, ils vontplanter du grenache blanc – cépage indis-pensablede l’AOC– l’anprochain.«Notremétier est beaucoupplus intéressant etplus valorisant qu’en coop », confie le trio.Mais sonobjectifn’estpas«purement écono-mique». Lesdeux frères s’estiment«gestion-naires » du patrimoinemagnifique que leurfamille leur a transmis. Ils le développent àleur tour avec « le souci de tenir le cap » pourlagénérationqui suit. FLORENCE BAL

    AUCŒURDUMÉTIER

    NICOLAS, à gauche, et Thomas préparent la nouvelle cuvée Lise – un sauvignon élevé huit mois en barriques – qui sera vendue 14 €. © F. BAL

    «On souhaiteconserver notre

    liberté d’assemblage »

    LEUR STRATÉGIE COMMERCIALE

    « Nos animationsrencontrent un succèsphénoménal »

    > > Pour se faire connaître, chaque étépendant huit ans, ils ont organisé une « circuladevigneronne en Piémont cévenol », parfois avecd’autres domaines. Il s’agissait d’une baladeaccompagnée de grignotages (6 €) suivie d’unesoirée avec un repas « gaulois » (15 €) et àl’occasion d’un concert. « On faisait tout :l’accueil, l’accompagnement pour les balades, lerepas. On a eu un succès phénoménal », témoigneLaurent Olivier. Un fort bouche-à-oreilles’instaure, y compris sur les forums de discussionet les réseaux sociaux, sans même qu’ils lesachent. En 2016, ils enregistrent 200inscriptions pour le repas et 320 pour la balade.C’est trop ! Ils arrêtent. Les années suivantes,ils instaurent une animation « truffes et vins »en hiver, limitée à 25 personnes, qui plaîtbeaucoup elle aussi. Ils réfléchissent aujourd’huià une opération estivale inspirée de la circulademais à une plus petite échelle.

    dant une semaine puis levurent lesmoûts avec la souche CK S102 qui favorisel’expressiondes thiols. Ilsobtiennentunvintrès frais qui tranche nettement avec leurhautdegamme.En 2015, ils lancent L’Originel, un vin sanssulfites ajoutés, vendu10€, et pour lemillé-sime 2018, un troisième blanc, Lise, un100 % sauvignon élevé huit mois en barri-ques. Il seravendu14€dès lemoisde juin.

    À la vigne, leur gros chantier a été les plan-tiers. Dans la perspective de l’arrivée de Ni-colas et de la création du domaine, Laurentarrache 8 ha d’aramon, cinsault et alicanteBouschet en 2003, ne conservant que quel-ques vieilles vignes de cinsault et d’alicante« dans un état parfait et sans unmanquant ».Entre 2005 et 2009, le père et le fils replan-tent 3 ha de syrah, 1 ha de grenache et 3 hade blanc, une première dans le domaine.En 2013 et 2014, ils arrachent 2 ha supplé-mentaires pour les replanter en sauvignonetvermentino.

    lll

    LAURENT a réalisé cet outilpour chausser les vignes. © F. BAL

  • LAVIGNE - N° 320 - JUIN 2019 23

    Les particuliers, premier débouchéRépartition du CA 2018 selon le circuit de vente

    Cavistes

    Export

    ParticuliersRestaurants55 %

    25 %

    15 %

    5 %

    matiquement au salon Vinisud, àMontpel-lier. Ils y trouvent de « bons cavistes », quicommandent des dizaines de cartons d’uncoup. Ils réalisent quelques expéditions enChine, enBelgique et auDanemark.Mais ilsprivilégient les partenariats à long terme enFrance et réservent l’export aux années debelle récolte. Dans le même temps, le do-maine développe une collaboration avecdeuxgrossistes, unenLanguedoc, l’autre enArdèche. Plus récemment, ils se mettent àtravailler avec Vinatis, un caviste en lignebaséenHaute-Savoie.

    Au fil des ans, ils étoffent leur gamme, tout en

    restant majoritairement en IGP « pour conser-ver la liberté d’assembler des cépages variés ».Depuis le début, ils font appel aux servicesdu laboratoire réputé Natoli & Coe qui les« accompagne très bien ». Sur les recomman-

    SU

    CC

    ÈS

    ET

    ÉC

    HE

    CS Planter 5 ha de blanc alors qu’ils n’en avaient

    pas lorsqu’ils étaient en coop a été « judicieux ».Comme les vignes sont à 300-350 m d’altitude,

    les vins sont frais et se vendent très bien.pp

    « Nous avons été très bien conseillés parle laboratoire Natoli & Coe, se réjouit Nicolas.Il y a deux ans quand notre œnologue-conseil,

    Matthieu Lequeux, s’est mis à son compte,nous l’avons suivi. »

    pp

    Cette année, Thomas était présent pourla deuxième fois au salon Découvertes en Vallée

    du Rhône. Il estime avoir eu des contactsprometteurs avec une dizaine de cavistes.

    Cette présence est le résultat de l’adhésionde l’AOC Duché d’Uzès à Inter Rhône.

    CE QUI A BIEN MARCHÉ

    CE QU’ILS NE REFERONT PLUS

    « Croyant innover », ils ont replanté 6,5 ha engobelets palissés. Mais ce fut une erreur car ilsn’avaient pas la main-d’œuvre qualifiée pourentretenir ces vignes. Ils ont tout transformé

    en double cordon de Royat. Un travailsupplémentaire non prévu.

    qq

    En 2006, ils ont déploré 80 % de mortalité sur40 ares de roussanne greffés sur le 161-49 C.Ils ne reprendront plus ce porte-greffe qu’ils

    tiennent pour responsable de cette perte.qq

    Avec le recul, Thomas estime qu’ils auraient dûfixer dès le départ le prix de leur entrée de

    gamme à 6 € au lieu de 4,5. « On l’aurait vendu.On s’est sacrifié un revenu, mais on doutaiténormément de nous et on avait peur que

    personne ne veuille acheter nos vins. »

    dations de ce dernier, ils ajustent leurs cu-vées pour s’adapter à la demande. Ainsi, àpartirde2011, ilsélaborent leurrosémajori-tairement par pressurage direct de raisinsrécoltésmoinsmûrsetnonpluspar saignée«pourobtenirdes rosés clairs et légers».« Nous pratiquons une vinification à la bour-guignonne,autrementdit oncoupe les cheveuxen quatre, prévient Nicolas. Chaque parcelleet chaque cépage sont vinifiés séparément.Nous disposons ainsi d’une trentaine de lots debase que nous assemblons ensuite en fonctionde nos besoins. Les syrah, grenache et cinsaultdestinés à l’élevage en barriquemacèrent troissemaines.Nous pratiquons également desma-cérations plus courtes pour notre entrée degamme rouge à base de cinsault que nous vou-lons croquant, sur le fruit, souple et gourmand,sans tomber dans le cliché du vin de soif amyli-queet technologique. »Prenant le contre-pied de la hiérarchisationhabituelle, leurs IGP Cévennes haut degammerougesnesontpasprincipalementàbase des cépages les plus prestigieux. Créédès 2007, Les 4 Chemins est un assemblagede60%devieillesvignesdecinsaultetdesy-rah élevé en barriques.MonOncle, lancé en2012, est issu d’une vieille vigne d’alicanteBouschet récoltée en surmaturité, assem-blée à l’encuvage avec 40 % de grenache.« Trèsmassif, il a fallu le civiliser en égrappantet en raccourcissant les macérations à dixjours», souligneNicolas.En2013, ilsmodifient leurentréedegammeblanc pour lui donner plus d’éclat. Ils récol-tent les raisins moinsmûrs, laissent stabu-ler une partie du viognier à 5 °C pen- lll

    Main-d’œuvre : eux trois et des saisonniers ;Surface : 12,5 hectares ;Appellations : IGP Cévennes, AOC Duché d’Uzès ;Densité de plantation : de 4 000 à 4 500 pieds/haEncépagement : grenache, syrah, cinsault,

    merlot, alicante, vermentino, viognier, chardonnay,sauvignon et roussanne ;Taille : double cordon de Royat ;Production 2018 : 500 hectolitres.

    L’exploitation

    DANS CETTE PARCELLE de chardonnay de 30 ares,Thomas et Nicolas tombent les fils du palissage.

    En arrière-plan, on aperçoit les deux collines reprisesstylisées sur toutes leurs étiquettes.

  • 24 LAVIGNE - N° 320 - JUIN 2019

    En2015, ilsdémarrent lacertificationenbioqu’ils obtiennent en 2018, année durant la-quelle ils ont « réussi à n’employer que 4,2 kgde cuivremétal à l’hectare, malgré la très fortepression de mildiou, signale Thomas. Maisquand il a fallu traiter le dimanche, on y estallé ». Avec succès. « Commercialement, êtreen bio est clairement un avantage », consta-tent-ils. L’an prochain, ils participeront ausalonMillésimeBio.Autre raison de leur réussite : ils sont trèsautonomesetéconomes.«Noussommestrèspaysans, très cévenols, argumentent-ils.Onatout fait nous-mêmes, en aménageant le masparpetitsbouts,avec lesamis : la cavedevinifi-cation en 2006 que nous avons agrandie en2015, un bâtiment de stockage en 2012, le ca-veau et le bureau en2017 et, cette année, nousallons construire une salle pour stocker100 000 cols en tiré-bouché. » Ils font égale-ment leurcomptabilité eux-mêmes,«à l’an-cienne», et tiennentà jour leursite internet.Ils ont équipé leur chai avec la même pru-dence, au furàmesurede leursbesoinsetdeleurs moyens. Ainsi, toute leur cuverie esten résine à chapeaux flottants avec commepressoir un Vaslin de 25 hl. En 2013, ils ontacquisungroupede froid, en2015unenou-velle chaîne de tirage – ils ont toujours em-bouteillé leurs vins – et, en 2017, un filtrepresse«pourgarder tous les jus».Depuis trois ans, Thomasprésente les vins àdavantage de guides ou de concours. « Lacommunication, c’est essentiel et les médaillesaident bien », note-t-il. Demême, il est entréau conseil d’administration de l’ODGDuchéd’Uzès. Pour l’instant, le domaine revendi-que àpeine10%de saproductiondans cetteAOC, avec un seul rouge vendu 10 € TTC.

    «On souhaite conserver notre liberté d’assem-blage », expliquent-ils.Mais d’ici à cinq ans,ilscomptentportercetteproportionà25%etproduire un blanc. Dans ce but, ils vontplanter du grenache blanc – cépage indis-pensablede l’AOC– l’anprochain.«Notremétier est beaucoupplus intéressant etplus valorisant qu’en coop », confie le trio.Mais sonobjectifn’estpas«purement écono-mique». Lesdeux frères s’estiment«gestion-naires » du patrimoinemagnifique que leurfamille leur a transmis. Ils le développent àleur tour avec « le souci de tenir le cap » pourlagénérationqui suit. FLORENCE BAL

    AUCŒURDUMÉTIER

    NICOLAS, à gauche, et Thomas préparent la nouvelle cuvée Lise – un sauvignon élevé huit mois en barriques – qui sera vendue 14 €. © F. BAL

    «On souhaiteconserver notre

    liberté d’assemblage »

    LEUR STRATÉGIE COMMERCIALE

    « Nos animationsrencontrent un succèsphénoménal »

    > > Pour se faire connaître, chaque étépendant huit ans, ils ont organisé une « circuladevigneronne en Piémont cévenol », parfois avecd’autres domaines. Il s’agissait d’une baladeaccompagnée de grignotages (6 €) suivie d’unesoirée avec un repas « gaulois » (15 €) et àl’occasion d’un concert. « On faisait tout :l’accueil, l’accompagnement pour les balades, lerepas. On a eu un succès phénoménal », témoigneLaurent Olivier. Un fort bouche-à-oreilles’instaure, y compris sur les forums de discussionet les réseaux sociaux, sans même qu’ils lesachent. En 2016, ils enregistrent 200inscriptions pour le repas et 320 pour la balade.C’est trop ! Ils arrêtent. Les années suivantes,ils instaurent une animation « truffes et vins »en hiver, limitée à 25 personnes, qui plaîtbeaucoup elle aussi. Ils réfléchissent aujourd’huià une opération estivale inspirée de la circulademais à une plus petite échelle.

    dant une semaine puis levurent lesmoûts avec la souche CK S102 qui favorisel’expressiondes thiols. Ilsobtiennentunvintrès frais qui tranche nettement avec leurhautdegamme.En 2015, ils lancent L’Originel, un vin sanssulfites ajoutés, vendu10€, et pour lemillé-sime 2018, un troisième blanc, Lise, un100 % sauvignon élevé huit mois en barri-ques. Il seravendu14€dès lemoisde juin.

    À la vigne, leur gros chantier a été les plan-tiers. Dans la perspective de l’arrivée de Ni-colas et de la création du domaine, Laurentarrache 8 ha d’aramon, cinsault et alicanteBouschet en 2003, ne conservant que quel-ques vieilles vignes de cinsault et d’alicante« dans un état parfait et sans unmanquant ».Entre 2005 et 2009, le père et le fils replan-tent 3 ha de syrah, 1 ha de grenache et 3 hade blanc, une première dans le domaine.En 2013 et 2014, ils arrachent 2 ha supplé-mentaires pour les replanter en sauvignonetvermentino.

    lll

    LAURENT a réalisé cet outilpour chausser les vignes. © F. BAL