CLADOSPORIOSE DU MELON Bilan des expérimentations Cefel...

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Fruits et légumes 10 MAI 2013 ACTION AGRICOLE 12 L a cladosporiose du melon est une maladie aérienne causée par un champignon du sol Cladosporium cucumeri- num qui attaque tous les organes (tige, feuille et fruit) à tous les stades de développement de la plante : du cotylédon au fruit en récolte. La cladosporiose est fréquente dans le Sud-ouest ou les condi- tions climatiques sont favorables à son développement : période de température fraiche et épisodes pluvieux. Elle apparait souvent en même temps que la bactériose (même périodes à risque). Son cycle épidémique est assez court en conditions favo- rables : températures voisines de 17 °C et forte hygrométrie (pluie) ; à l’inverse, des tempéra- tures supérieures à 30°C et l’ab- sence de pluie limitent fortement la maladie. À partir des organes du cham- pignon conservés au sol, les spores germent et pénètrent dans les tissus de la plante puis la colo- nisent. Les symptômes (chancre sur tige – photo 1) et la sporula- tion à partir du duvet grisâtre apparaissent dans les 5 jours en conditions très favorables. La dissémination des spores se fait par le vent, l’eau, les outils, les insectes, l’homme... Prophylaxie Au regard du cycle du champi- gnon, les mesures prophylac- tiques ne doivent pas être négli- gées. Elimination des résidus de culture, respect de la rotation (2 à 4 ans), choix d’une parcelle bien ventilée et drainée, faible hygro- métrie et températures nocturnes suffisantes dans les abris, ainsi qu’un plant indemne de symp- tômes sont autant de mesures limitant le développement du champignon. Choix de la variété Les variétés proposées ne per- mettent actuellement pas de limi- ter le risque cladosporiose à la parcelle même si parfois des comportements différents peu- vent s’observer au champ. Introduire une résistance inter- médiaire ou une résistance à la cladosporiose dans des variétés commerciales proposées par les sélectionneurs serait un avantage pour le producteur. Dans cette optique, le réseau de stations régionales melon - dont fait partie le CEFEL - a évalué au champ diverses accessions (variétés sou- vent non commerciales) mainte- nues par l’Inra. Comparées à des hybrides commerciaux ou à Védrantais, 2 à 3 accessions pré- sentent une plus faible sensibilité sur feuilles et sur fruit vis-à-vis de la cladosporiose. Ces acces- sions pourraient à terme être introduites dans un programme de sélection. Positionnement des traitements La protection chimique doit permettre d’éviter la pénétration du champignon pendant la totali- té du cycle de la culture (presque trois mois), de la plantation au stade pré-récolte. La pression cla- dosporiose est très variable sui- vant les années climatiques et reste très dépendante de la plu- viométrie. En 2012, la pression cladosporiose est restée faible dans le bassin de production sud- ouest (sauf parcelles ponctuelles) et n’a pas engendré de déchets importants par rapport aux deux campagnes précédentes (Cf BSV melon Midi-Pyrénées bilan 2012). Les expérimentations menées au Cefel depuis 2009 en condi- tions de contamination artificielle montrent que le positionnement du traitement après pluie limite mieux l’attaque, notamment sur fruits, qu’une seule application avant pluie annoncée. Mais en cas de période annoncée comme froi- de et humide intense ou après une longue période sans pluie, le choix d’une application en enca- drement de pluie semble plus judicieux. Notamment s’il s’avère finalement difficile ou impossible d’intervenir après pluie en raison de la faible portance du sol. En année à pression cladospo- riose moyenne, ce positionne- ment après pluie tend à réduire le nombre d’applications (4 à 6) par rapport à une stratégie préventive d’intervention systématique tous les 8 à 10 jours, tout en assurant une protection des plantes équiva- lente. Spécialités commerciales autorisées ou en cours d’expérimentation Les spécialités commerciales, disposant d'une AMM cladospo- riose en traitement des parties aériennes sont : des spécialités commerciales à base de mancozè- be ou manèbe ou chlorothalonil, Topsin 70 WG (thiophanate méthyl), Gana (mancozèbe + myclobutanil), Foliogold (chloro- thalonil + méfénoxam), Ortiva (azoxystrobine). Cette gamme devrait s’enrichir prochainement puisque dans le cadre d’essais conduits au Cefel, plusieurs produits (substance active ou association de sub- stances actives) ont montré une très bonne efficacité sur clado- sporiose du melon. Pour prévenir l’apparition de résistance, l’alternance et la limi- tation du nombre de traitements par famille chimique sont préco- nisées. Sur les 4 années d’essai du Cefel, les programmes les plus performants ont limité la fréquen- ce de fruits atteints à moins de 20% : • spécialité commerciale à base de mancozèbe en début de végé- tation puis 2 interventions maxi- mum avec Topsin 70WG (thio- phanate-méthyl) puis spécialité commerciale à base de chlorotha- lonil en fin de culture - position- nement après pluie feuillage sec (17% de fruits atteints contre 75% pour le témoin non traité) ; • 2 interventions maximum avec Topsin 70WG (thiophanate- méthyl) en début de végétation puis Ortiva (azoxystrobine) puis Ortiva Top (azoxystrobine + difé- noconazole / homologué sur d’autres légumes / demande d’ex- tension d’homologation prévue sur cucurbitacées dont le melon) puis une référence proposée par BASF - positionnement après pluie feuillage sec (18 % de fruits atteints contre 75% pour le témoin non traité) ; Des analyses de résidus pour diverses modalités avec Topsin 70WG ont montré qu’il est préfé- rable de positionner cette spécia- lité assez précocement dans le cycle de culture (au plus tard à la nouaison / début grossissement du fruit), un positionnement trop tardif entrainant la présence de résidus toutefois inférieurs à la LMR. Méthodes alternatives : protection temporaire précoce par agrotexti- le non tissé ou bâches plastiques En 2012, l’évaluation de l’ac- tion d’une protection temporaire à base d’agrotextile P17 a été entreprise. Positionné dès la plan- tation et enlevé après 1 mois de végétation, le voile n’a pas per- mis une limitation de l’attaque sur fruit voire l’a aggravée. L’effet « climat » de la protection temporaire entraine une végéta- tion plus abondante et plus sen- sible aux attaques du feuillage. Cette protection précoce par voile textile ou bâche sera de nouveau évaluée en 2013 avec diverses modalités. Méthodes alternatives : stimula- teurs de défenses des plantes (SDP) Deux SDP développés par Syngenta ont été évalués. L’ajout en 2011 d’une spécialité type SDP à un programme à base de mancozèbe (Dithane Néotec) - azoxystrobine (Ortiva) - chloro- thalonil (Fungistop FL) a forte- ment limité la fréquence d’at- taque sur fruits à la récolte (28%) par rapport au témoin (87%). Toutefois, l’intégration de pro- duits de type SDP reste encore à optimiser, notamment en ce qui concerne la dose d’emploi, la fré- quence d’utilisation ainsi que le positionnement des traitements. Les SDP devront aussi bénéfi- cier d’une AMM. Volume de bouillie La comparaison du volume de bouillie par ha (200 ou 600 L/ha) n’a pas permis de mettre en évi- dence des différences d’efficacité entre ces 2 volumes. Daniel Lavigne - Cefel Sylvie Bochu CA 82 CLADOSPORIOSE DU MELON Bilan des expérimentations Cefel 2009-2012 nécrose sur tige Cette action de diffusion est cofinancée par l’Union européenne avec le fonds européen agricole pour le déve- loppement rural en Midi-pyrénées et par l’Etat au travers du CasDar

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  • Fruits et légumes

    10 MAI 2013 ACTION AGRICOLE12

    La cladosporiose du melonest une maladie aériennecausée par un champignondu sol Cladosporium cucumeri-num qui attaque tous les organes(tige, feuille et fruit) à tous lesstades de développement de laplante : du cotylédon au fruit enrécolte.La cladosporiose est fréquente

    dans le Sud-ouest ou les condi-tions climatiques sont favorablesà son développement : période detempérature fraiche et épisodespluvieux. Elle apparait souventen même temps que la bactériose(même périodes à risque).Son cycle épidémique est

    assez court en conditions favo-rables : températures voisines de17 °C et forte hygrométrie(pluie) ; à l’inverse, des tempéra-tures supérieures à 30°C et l’ab-sence de pluie limitent fortementla maladie.À partir des organes du cham-

    pignon conservés au sol, lesspores germent et pénètrent dansles tissus de la plante puis la colo-nisent. Les symptômes (chancresur tige – photo 1) et la sporula-tion à partir du duvet grisâtreapparaissent dans les 5 jours enconditions très favorables.La dissémination des spores se

    fait par le vent, l’eau, les outils,les insectes, l’homme...

    Prophylaxie Au regard du cycle du champi-

    gnon, les mesures prophylac-tiques ne doivent pas être négli-gées. Elimination des résidus deculture, respect de la rotation (2 à4 ans), choix d’une parcelle bienventilée et drainée, faible hygro-métrie et températures nocturnessuffisantes dans les abris, ainsiqu’un plant indemne de symp-tômes sont autant de mesureslimitant le développement duchampignon.

    Choix de la variétéLes variétés proposées ne per-

    mettent actuellement pas de limi-ter le risque cladosporiose à laparcelle même si parfois des

    comportements différents peu-vent s’observer au champ.Introduire une résistance inter-

    médiaire ou une résistance à lacladosporiose dans des variétéscommerciales proposées par lessélectionneurs serait un avantagepour le producteur. Dans cetteoptique, le réseau de stationsrégionales melon - dont fait partiele CEFEL - a évalué au champdiverses accessions (variétés sou-vent non commerciales) mainte-nues par l’Inra. Comparées à deshybrides commerciaux ou àVédrantais, 2 à 3 accessions pré-sentent une plus faible sensibilitésur feuilles et sur fruit vis-à-visde la cladosporiose. Ces acces-sions pourraient à terme êtreintroduites dans un programmede sélection.

    Positionnement des traitementsLa protection chimique doit

    permettre d’éviter la pénétrationdu champignon pendant la totali-té du cycle de la culture (presquetrois mois), de la plantation austade pré-récolte. La pression cla-dosporiose est très variable sui-vant les années climatiques etreste très dépendante de la plu-viométrie. En 2012, la pressioncladosporiose est restée faibledans le bassin de production sud-ouest (sauf parcelles ponctuelles)et n’a pas engendré de déchetsimportants par rapport aux deuxcampagnes précédentes (Cf BSVmelon Midi-Pyrénées bilan2012).Les expérimentations menées

    au Cefel depuis 2009 en condi-tions de contamination artificiellemontrent que le positionnementdu traitement après pluie limitemieux l’attaque, notamment surfruits, qu’une seule applicationavant pluie annoncée. Mais en casde période annoncée comme froi-de et humide intense ou après unelongue période sans pluie, lechoix d’une application en enca-drement de pluie semble plusjudicieux. Notamment s’il s’avèrefinalement difficile ou impossible

    d’intervenir après pluie en raisonde la faible portance du sol.En année à pression cladospo-

    riose moyenne, ce positionne-ment après pluie tend à réduire lenombre d’applications (4 à 6) parrapport à une stratégie préventived’intervention systématique tousles 8 à 10 jours, tout en assurantune protection des plantes équiva-lente.

    Spécialités commerciales autorisées ou en coursd’expérimentationLes spécialités commerciales,

    disposant d'une AMM cladospo-riose en traitement des partiesaériennes sont : des spécialitéscommerciales à base de mancozè-be ou manèbe ou chlorothalonil,Topsin 70 WG (thiophanateméthyl), Gana (mancozèbe +myclobutanil), Foliogold (chloro-thalonil + méfénoxam), Ortiva(azoxystrobine).Cette gamme devrait s’enrichir

    prochainement puisque dans lecadre d’essais conduits au Cefel,plusieurs produits (substanceactive ou association de sub-stances actives) ont montré unetrès bonne efficacité sur clado-sporiose du melon. Pour prévenir l’apparition de

    résistance, l’alternance et la limi-tation du nombre de traitementspar famille chimique sont préco-nisées.Sur les 4 années d’essai du

    Cefel, les programmes les plusperformants ont limité la fréquen-ce de fruits atteints à moins de20% :• spécialité commerciale à basede mancozèbe en début de végé-tation puis 2 interventions maxi-mum avec Topsin 70WG (thio-

    phanate-méthyl) puis spécialitécommerciale à base de chlorotha-lonil en fin de culture - position-nement après pluie feuillage sec(17% de fruits atteints contre75% pour le témoin non traité) ;• 2 interventions maximum avecTopsin 70WG (thiophanate-méthyl) en début de végétationpuis Ortiva (azoxystrobine) puisOrtiva Top (azoxystrobine + difé-noconazole / homologué surd’autres légumes / demande d’ex-tension d’homologation prévuesur cucurbitacées dont le melon)puis une référence proposée parBASF - positionnement aprèspluie feuillage sec (18 % de fruitsatteints contre 75% pour letémoin non traité) ;Des analyses de résidus pour

    diverses modalités avec Topsin70WG ont montré qu’il est préfé-rable de positionner cette spécia-lité assez précocement dans lecycle de culture (au plus tard à lanouaison / début grossissementdu fruit), un positionnement troptardif entrainant la présence derésidus toutefois inférieurs à laLMR.

    Méthodesalternatives : protection temporaireprécoce par agrotexti-le non tissé ou bâchesplastiquesEn 2012, l’évaluation de l’ac-

    tion d’une protection temporaireà base d’agrotextile P17 a étéentreprise. Positionné dès la plan-tation et enlevé après 1 mois devégétation, le voile n’a pas per-mis une limitation de l’attaquesur fruit voire l’a aggravée.L’effet « climat » de la protectiontemporaire entraine une végéta-

    tion plus abondante et plus sen-sible aux attaques du feuillage.Cette protection précoce par voiletextile ou bâche sera de nouveauévaluée en 2013 avec diversesmodalités.

    Méthodesalternatives : stimula-teurs de défenses des plantes (SDP)Deux SDP développés par

    Syngenta ont été évalués. L’ajouten 2011 d’une spécialité typeSDP à un programme à base demancozèbe (Dithane Néotec) -azoxystrobine (Ortiva) - chloro-thalonil (Fungistop FL) a forte-ment limité la fréquence d’at-taque sur fruits à la récolte (28%)par rapport au témoin (87%).Toutefois, l’intégration de pro-

    duits de type SDP reste encore àoptimiser, notamment en ce quiconcerne la dose d’emploi, la fré-quence d’utilisation ainsi que lepositionnement des traitements.Les SDP devront aussi bénéfi-

    cier d’une AMM.

    Volume de bouillieLa comparaison du volume de

    bouillie par ha (200 ou 600 L/ha)n’a pas permis de mettre en évi-dence des différences d’efficacitéentre ces 2 volumes.

    Daniel Lavigne - Cefel

    Sylvie Bochu CA 82

    CLADOSPORIOSE DU MELON

    Bilan des expérimentations Cefel 2009-2012

    nécrose sur tige

    Cette action de diffusion est cofinancée parl’Union européenne avec le fonds européen

    agricole pour le déve-loppement rural

    en Midi-pyrénées etpar l’Etat

    au travers du CasDar