Square Magazine Issue #1.4

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square MAGAZINE 1.4 Paul Hackmann Sébastien Kuper Chris Verene Benjamin Juhel Traer Scott Roger Ballen Amaia Gomez Kevin Bauman Olivier Valsecchi

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Square Magazine is a quarterly dedicated to the square photographic format. Square Magazine est un trimestriel en ligne dédié au format photographique carré. Issue 1.4/numéro 1.4: Paul Hackmann | Seb Kuper | Chris Verene | Benjamin Juhel | Traer Scott | Roger Ballen | Amaia Gomez | Kevin Bauman | Olivier Valsecchi

Transcript of Square Magazine Issue #1.4

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squareM A G A Z I N E 1.4

Paul Hackmann Sébastien Kuper Chris Verene Benjamin Juhel Traer Scott Roger Ballen Amaia Gomez Kevin Bauman Olivier Valsecchi

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SquarebookLE LIVRE DU CARRÉ

#1

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Squarebook#1Un carré se définit comme un polygone

dont tous les cotés sont égaux et dont les angles intérieurs sont tous à angle droit

(90°). Ceci signifie que les cotés opposés sont paral-lèles.La surface d’un carré contient une émulsion de ni-trate d’argent, de teintures spécifiques ou d’encres spécialisées.Cette couche dépeint des sujets variés, soit en mou-vement, soit gelés dans la performance d’un acte historique.Ces portions d’instants sont réunies, coupées à di-mension (20 cm par 20 cm), puis attachées et empi-lées ensemble.Elles acquièrent du volume.

Squarebook #1 : 120 pages de carrétude. Plein plein plein de photos. Du bonheur.

Si vous pensez que vous en aimeriez un exemplaire, cliquez ici et faites-le nous savoir : ca nous aidera à nous faire une idée du nombre de volumes que nous pourrions imprimer (sans aucune obligation d’achat, hein).

A square is defined as a polygon having all sides equal, with interior angles being all right angles (90°). This means that the op-

posite sides are parallel. The surface of the square is layered with silver ha-lides, specific dyes or specialised inks. This layer de-picts a variety of subjects, either in motion or frozen in the performance of some historical act.These portions of instants are then gathered, cut at a dimension of 20 cm by 20 cm, then bound and stacked together.They acquire volume.

Squarebook #1: 120 pages of squareness. Loads and loads and loads of photos. Happ iness.

If you think you’d like a copy, please register an inte-rest and click here. This will help us get an idea of how many copies of the things to print (no string attached).

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PAUL HACKMANN 6

SÉBASTIEN KUPER 18

CHRIS VERENE 30

BENJAMIN JUHEL 44

TRAER SCOTT 56

ROGER BALLEN 68

AMAIA GOMEZ 82

KEVIN BAUMAN 96

OLIVIER VALSECCHI 110

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2011 va être une année carrée, je le sens venir.Nous avons des projets.

Tout d’abord, nous allons changer nos statuts.

Nous allons devenir une société. Ca ne veut pas

dire que l’on va se faire un tas de sous. Avec un

peu de chance, ça voudra dire qu’on pourra payer

les artistes que nous publions et nous aider à

trouver un moyen de passer à une version papier.

Deuxièmement, il y aura de nouvelles compéti-

tions, si tout va bien. Mais motus et bouche cou-

sue pour le moment. Et de nouvelles personnes

vont venir nous aider. Oh, et notre tout premier

livre devrait paraitre mi février.

Et enfin, nous accueillerons toujours de superbes

et ahurissants photographes. Mais ça ce n’est pas

vraiment une surprise, hein.

Alors oui, l’année 2011 devrait être bien cool. Nous

espérons que ça sera la même chose pour vous.

Christophe Dillinger, janvier 2011

2011 will be a square year; I can feel it in my waters. We got plans.

First of all, we’re soon going to change our sta-

tus and become a limited company. That doesn’t

mean we’re going to make loads of money though.

Hopefully, we’ll make enough to pay the photogra-

phers we publish and to find some kind of option

to go paper based.

Second, there’ll be new competitions, if all goes

well. But my lips are sealed for now. And new

people are going to come on board and help us

out. Oh, and our first book should be published in

February too.

And lastly we’ll welcome ever more scrumptious

and mind-bogglingly great square photographers.

But I guess that’s not really a surprise, is it?

So yeah, 2011 should be cool. We hope it’ll be just

as good for you guys.

Christophe Dillinger, janvier 2011

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Paul Hackmann

Les élèves d’El RapidoEl Rapido’s students

L’origine de ce travail fut un désir de retour

aux sources, l’envie de plonger dans le pas-

sé nomade de ma famille et de découvrir les

lieux d’enfance de mon père a Cuba, avec Ia langue

et les musiques qu’il nous a toujours fait partager.

L’atmosphère qui règne à La Havane m’a donc tout

de suite paru familière. Là-bas, j’ai entrepris un

travail sur Ie portrait photographique. La maîtrise

de I’espagnol m’a très vite permis de tisser des

liens avec des familles cubaines et de découvrir

leur quotidien, Ieurs habitudes, leur intimité. C’est

à Matanzas, à une centaine de kilomètres de la

Havane, que j’ai rencontré «EI Rapido».

Ancien boxeur amateur, il entraîne désormais de

jeunes sportifs, dont les plus doués rejoindront

peut-être I’Ecole Nationale de Ia Havane. Angel,

Guillermo, Jose et les autres sont étudiants. Cer-

tains travaillent, mais tous consacrent l’intégralité

de leur temps libre à la boxe. J’ai pu assister à

leurs entrainements, mais ai finalement privilégié

Ia simplicité des portraits saisis lors du « retour au

calme » après leur journée de travail et d’efforts.

Paul Hackmann

This work stems from a desire to go back to

my roots, a desire to delve into my family’s

nomadic past and to discover my father’s

childhood country, Cuba, with its language and

the music he’s always shared with us. I found the

atmosphere in Havana very easy to get used to.

I started working on portraits there. I speak fluent

Spanish, and that helped me interact with Cuban

families who welcomed me in their day to day life,

their interests and their intimacy.

I met El Rapido in Matanzas, a hundred kilometres

away from Havana. He’s an ex amateur boxer and

nowadays he trains young people. The best of

them might join Havana’s National College.

Angel, Guillermo, Jose and Al are all students.

Some of them have jobs, but all of them dedicate

as much of their free time to boxing as possible.

I was there while they were training, but I prefer-

red doing these portraits afterwards, when things

have calmed down after their bouts.

Paul Hackmann

www.flickr.com/photos/hackmann/

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www.flickr.com/photos/hackmann/

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Sébastien Kuper

RivagesShores

Le choix du format carré s’est peu à peu

imposé à moi par des voies détour-

nées. Je me suis doucement aperçu que

mon travail, sans l’avoir consciemment orienté

comme tel, mettait en scène des situations d’iso-

lement ou de solitude, des moments où le sujet

se confond avec l’environnement, pas complète-

ment, mais avec juste ce qu’il faut d’incongruité.

Comme j’utilise un boitier argentique, donc avec

un viseur traditionnel 2/3, je m’efforce de compo-

ser et d’imaginer ma prise de vue en carré. D’ail-

leurs, le résultat en 2/3 me semble systématique-

ment boursouflé et inadapté.

Seul le format carré me permet d’atteindre le ré-

sultat recherché et d’exprimer au mieux le vide et

le non sens et ceci par les jeux de symétrie qu’il

offre et par les horizons qu’il limite.

The choice of square format kind of gra-

dually, sneakily imposed itself on to me. I

came to realise that my photographic work,

without having consciously made it so, was about

situations dealing with solitude and isolation, mo-

ments when the subject kind of blends with the

environment, not completely mind you, but just

enough to appear incongruous.

However, I use an ordinary SLR film camera, with

a traditional 2/3 viewfinder, I try to compose and

imagine my image in square format. Actually, the

pre crop result in 2/3 format always feels bloated

and ungainly.

Only the square format allows me to achieve what

I want to do and to better express emptiness and

nonsensicality, through the play on symmetry it

offers and through the way it deliberately limits

the horizon.

www.flickr.com/photos/skuper/

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www.flickr.com/photos/skuper/

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Chris Verene

Bienvenue dans une autre Amérique

Homme du moment bien avant que la com-

pagnie locale Maytag ne décampe pour

Reynosa au Mexique, Verene le quarante-

naire a pris en photo sa famille, ses parents et di-

vers connaissances depuis l’âge de 10 ans (« Avant

que je ne sache que je faisais déjà de l’art », dit-il.).

Au travers de photos d’une Amérique culturelle-

ment supportée par le Clubs 4H, les festivals Ag

et les poèmes lyriques de Carl Sandburg, les por-

traits que Verene fait des habitants de Galesburg

ressemblent, d’une façon synesthésique, au Ba-

dland de Bruce Springsteen, un Badland affublé

d’une nuisette en acrylique criarde de chez Target.

Le résultat photographique –d’une ville le plus

souvent seulement entraperçue depuis l’autoroute

est, on doit l’avouer, émouvant

« Ceci est le travail de ma vie », a déclaré Verene,

face à une foule assemblée à la galerie Postmas-

ter de Chelsea, il y a deux semaines. Ils étaient

là afin de célébrer la parution de Family, à la fois

le nouveau livre et l’exposition itinérante. « Je fais

des photos qui racontent des histoires que tout le

monde peut comprendre ». Artiste qui fit partie du

Whitney Biennal en 2000, et vétéran des galeries

d’art, les travaux de Verene résonnent plus loin

que la scène des siroteurs de vin.

Comme autant de reflets de vies qui ignorent tout

des musées et de leurs programmes d’expansion

à coup de multi millions de dollars, ou de leur ten-

dance à taper du marteau pour acheter des Picas-

so, les images de Verene montrent le visage d’une

Amérique pauvrissime, bête et alcoolique. Un peu

comme dans le film Deliverance, avec le banjo et

la menace anale en moins. Que l’on soit averti : ça

n’est pas joli joli.

Extrait d’un article de Christian

Viveros-Fauné, publié dans The Village Voice,

New York, le 11 mai 2010

www.chrisverene.com

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Chris Verene

Welcome to another America

A Johnny-on-the-spot since before the

local Maytag plant decamped for Reyno-

sa, Mexico, the 40-years-old Verene has

been photographing family, friends, and assor-

ted acquaintances since he was 10 (“Prior to my

knowing,” he says, “that what I was doing was

art”). Pictures of an America culturally under-

girded by 4-H Clubs, Ag Festivals, and Carl San-

dburg paeans, Verene’s portraits of Galesburg

locals resemble, synesthetically speaking, Bruce

Springsteen’s Badlands turned out in loud Tar-

get stretch- and sleepwear. The photographic re-

sults—for a town often merely glimpsed from the

Interstate’s passing lane—overwhelmingly prove,

in a word, moving.

“This is my life’s work,” Verene told a crowd gathe-

red at Chelsea’s Postmasters Gallery two weeks

ago. They were there to celebrate the publication

of Family, a new book of his photographs that

will also become a travelling museum exhibi-

tion. “I make pictures that show stories anyone

can understand.” A Whitney Biennial artist (2000)

and veteran of countless gallery shows, Verene’s

work resonates far beyond wine-sipping country.

Reflections of life that ignore multimillion-dollar

museum expansions and gavel-ready Picassos,

the images Verene collects in Family lay bare

America’s dirt-poor, cracker, punch-drunk face.

That’s Deliverance minus the banjo and anal me-

nace. Fair warning: it is still not a pretty picture.

Excerpt from an article by Christian

Viveros-Fauné, published in The Village Voice,

New York, Tuesday, May 11 2010.

www.chrisverene.com

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Benjamin Juhel

Structures urbaines # Cités balnéairesUrban structures # Seaside resorts

En marche le long de côtes désertées, en face

à face aux architectures balnéaires, compo-

sition, décomposition : Structures Urbaines.

Ces bâtiments construits au service de la multi-

plication des présences humaines soulèvent de

nombreux rapports de dualité.

Confrontation des matières naturelles et béton-

nées, espaces publics et espaces privés, indivi-

dualités et groupes. Chacune de ces données fait

signe à travers l’image de ces architectures.

Benjamin Juhel

Along the deserted coastline, face to face

with seaside architecture, composition,

decomposition: Urban Structures.

These buildings, erected to serve a certain mul-

tiplication of human presence, are dualist in es-

sence.

Confrontation between natural and concrete ma-

terials, public and private spaces, individuality and

groups. Each of these can be found through these

architectural images.

Benjamin Juhel

www.benjaminjuhel.com

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Traer Scott

Histoire naturelle

L’été de mes neuf et dix ans, ma mère au

lieu d’engager une babysitter, m’enfermait

toute la journée dans le Musée d’Histoire

Naturelle de la ville où l’on habitait... et ce, tous

les jours ! Excentrique et pleine de vie, elle y était

conservatrice bénévole, et moi je passais des

semaines en solitaire à communier avec les ani-

maux du musée, vivants et morts, à faire fonction-

ner le vieil ascenseur manuel pour les employés

et à fouiller dans la collection privée de livres et

de journaux, en désordre et rongée par les mites.

Depuis, je revendique cette immense affection

pour toutes les choses mystérieuses, anciennes et

qui sentent un peu le moisi, en particulier les ani-

maux conservés dont la présence à la fois morte et

vivante nous fascine autant qu’elle nous déroute.

En 2008, lors d’une longue visite à l’American Mu-

seum of Natural History de New York, j’ai acciden-

tellement créé une curieuse image en prenant des

clichés instantanés de leurs dioramas. L’image de

mon mari s’est reflétée sur une vitre et s’est par-

faitement juxtaposée sur une énorme autruche.

Ça m’a fait réfléchir. Quelques mois plus tard,

j’ai commencé à parcourir le pays à la recherche

d’expositions de dioramas ; mon but était de cap-

turer ces narrations à la dérobée. C’est à la fois

exaltant et salutaire d’être le catalyseur de ces

images, réellement alchimiques, qui s’opposent à

une période vieille d’un siècle et issue d’une syn-

chronisation aléatoire et d’une lumière singulière.

Natural History est une série de clichés candides,

à huis clos et à pose unique dans laquelle les

vivants se mêlent aux morts, créant par ce biais

les narrations allégoriques de notre coexistence

troublée avec la nature. Aux reflets fantomatiques

des visiteurs modernes qui observent les diora-

mas de la vie sauvage se superposent des sujets

eux-mêmes empaillés, abrités derrière le verre

épais, le visage moulé dans des expressions per-

manentes de la peur, l’agression ou la passivité

fugace.

www.traerscott.com

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www.traerscott.com

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Traer Scott

Natural History

During the summer of my ninth and tenth

years, my mother, in lieu of hiring a baby-

sitter, kept me captive in our hometown

Natural History Museum all day… everyday. She

functioned as a vibrant and quirky volunteer cura-

tor while I spent very long, solitary weeks commu-

ning with the museum’s animals, both living and

dead, as well as operating the ancient manual

elevator for employees and rummaging through

the museum’s disheveled collection of mite ridd-

led, century old periodicals and books housed in a

private storage. I have since harbored an immense

affection for all old and musty and mysterious

things, particularly preserved animals whose half

dead/half alive presence is at once fascinating and

unnerving.

In 2008, during a long anticipated visit to the Ame-

rican Museum of Natural History in New York, I

accidentally created an intriguing image while

“snapshotting” their dioramas. A reflection of my

husband, inadvertently rendered in the glass and

framed behind a large ostrich, gave me pause.

A few months later, I began to frequent diorama

exhibits around the country furtively aiming at

capturing these narratives. It is both exhilarating

and humbling to be the catalyst for these truly al-

chemical images which are set against a century

old stage and born of random timing and fractured

light.

Natural History is a series of completely candid in-

camera single exposure images which merge the

living and the dead, creating allegorical narratives

of our troubled co-existence with nature. Ghost-

like reflections of modern visitors viewing wildlife

dioramas are juxtaposed against the taxidermied

subjects themselves, housed behind the thick

glass with their faces molded into permanent ex-

pressions of fear, aggression or fleeting passivity.

www.traerscott.com

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Roger Ballen

La chambre de l’ombre

Les photos de Roger Ballen sont étranges,

mais dans le bon sens du terme. Elles

offrent un contrepoint aux billions d’images

de gentils petits chats, de rayons de soleil au tra-

vers des feuilles d’automne et des jeunes femmes

nues à l’anatomie parfaite et totalement impos-

sible. Les petits chats des photos de Ballen ne

sont pas particulièrement mignons, et c’est un

répit : ces images sont un traitement médical

contre l’effarante banalité de notre monde visuel

contemporain.

Même en essayant de toutes vos forces, vous ne

trouverez pas de symboles ou de clichés dans

les œuvres présentées ici. Rien n’est signalé, les

éléments qui forment les mises en scènes sont

déjointés et de travers. C’est un peu comme lire

un roman en langue étrangère : nous pouvons voir

que les gribouillis sur le papier représentent cer-

tainement des lettres, qui à leur tour forment des

mots, mais on n’a aucune idée de ce que ces mots

pourraient bien signifier.

Tout ce que nous pouvons supposer, c’est qu’ils

veulent dire quelque chose. Dans ces conditions,

il ne nous reste plus qu’à imaginer, à inventer, à

créer nos propres images à partir des rares in-

dices visuels que l’on peut trouver de ci de là.

A regarder des photos de Roger Ballen, on se

met à se demander si on ne serait pas entré, par

hasard, dans un asile d’aliénés, ou si quelqu’un,

quelque part, ne serait pas en train de faire une

espèce de blague incompréhensible. Et bien sûr,

voilà la raison pour laquelle j’adore son travail :

il est excitant, sombre et ne rentre dans aucune

catégorie.

Christophe Dillinger

www.rogerballen.com

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Roger Ballen

Shadow Chamber

Roger Ballen’s pictures are weird, but in a

good way. They are a counterpoint to the

billions of images of cute kittens, sun-

beams through autumn leaves and naked ladies

with impossibly perfect bodies. The kittens in Bal-

len’s photos are not particularly cute, and that’s a

relief: they are a medicinal treatment against the

mind boggling boredom of today’s ubiquitous ima-

gery.

Try as you might, you will not find any symbol or

cliché in the series presented here. Nothing is

signposted; the elements making up the images

are askew and disjointed. It’s a bit like reading

a novel in a foreign language: we can actually

recognise the arrangement of scribbles on the

paper as letters forming words but we can’t

understand what the words themselves mean.

All we can assume is that they mean something.

So we are reduced to imagine, to invent, to create

our own stories from whatever visual hints we can

salvage here and there.

Looking at Ballen’s photographs is a bit like won-

dering whether we’ve stumbled into a giant mental

asylum or whether someone, somewhere, is gent-

ly winding us up. And of course, that’s the reason

why I love his work: it’s thrilling, dark and utterly

genre defying.

Christophe Dillinger

www.rogerballen.com

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Amaia Gomez

Portraits

L’origine de ce travail fut un désir de retour

aux sources, l’envie de plonger dans le pas-

sé nomade de ma famille et de découvrir les

lieux d’enfance de mon père a Cuba, avec Ia langue

et les musiques qu’il nous a toujours fait partager.

L’atmosphère qui règne à La Havane m’a donc tout

de suite paru familière. Là-bas, j’ai entrepris un

travail sur Ie portrait photographique. La maitrise

de I’ espagnol m’a très vite permis de tisser des

liens avec des familles cubaines et de découvrir

leur quotidien, Ieurs habitudes, leur intimité. C’est

à Matanzas, à une centaine de kilomètres de la

Havane, que j’ai rencontre «EI Rapido».

Ancien boxeur amateur, il entraine désormais de

jeunes sportifs, dont les plus doués rejoindront

peut-être I’Ecole Nationale de Ia Havane. Angel,

Guillermo, Jose et les autres sont étudiants. Cer-

tains travaillent, mais tous consacrent l’intégralité

de leur temps libre à la boxe. J’ai pu assister à

leurs entrainements, mais ai finalement privilégié

Ia simplicité des portraits saisis lors du “retour au

calme» après leur journée de travail et d’efforts.

Paul Hackmann

This work stems from a desire to go back to

my roots, a desire to delve into my family’s

nomadic past and to discover my father’s

childhood country, Cuba, with its language and

the music he’s always shared with us. I found the

atmosphere in Havana very easy to get used to.

I started working on portraits there. I speak fluent

Spanish, and that helped me interact with Cuban

families who welcome me in their day to day life,

their interests and their intimacy.

I met El Rapido in Matanzas, a hundred kilometres

away from Havana. He’s an ex amateur boxer and

nowadays he trains young people. The best of

them might join Havana’s National College.

Angel, Guillermo, Jose and Al are all students.

Some of them have jobs, but all of them dedicate

as much of their free time to boxing.

I was there while they were training, but I prefer-

red doing these portraits afterwards, when things

have calmed down after their bouts.

Paul Hackmann

www.flickr.com/photos/etframboise/

À travers ces photos, j’essaie de montrer ma

relation avec certains objets, dans laquelle

le labyrinthe complexe du subconscient

apparaît. Raconter une histoire sans rien dire,

permettre au spectateur d’inventer la sienne. Une

photo produite par la fusion entre sujet et objet.

Grâce à des techniques rendues obsolètes, je

cherche à plonger le spectateur dans une atmos-

phère permanente en les faisant se perdre dans le

vide de mon esprit.

In this series of, I attempt to show myself

through my personal relationship with objects,

in which the intricate labyrinth of the subcons-

cious lets itself be seen. Telling a story without

saying anything, allowing the spectator to create

their own. A photograph that is produced as a

fusion of subject and object. Through techniques

that are nowadays being made obsolete, I attempt

to introduce the observer to a permanent atmos-

phere, making them lose themselves in the void of

my mind.

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Kevin Bauman

Maisons abandonnées

Le projet Abandoned Houses a débuté

tout à fait innocemment il y a environ 10

ans. J’ai commencé à capturer le déla-

brement de Détroit dans le milieu des

années 90, par désir créatif, mais également pour

satisfaire ma curiosité sur l’état de ma ville natale.

J’ai toujours trouvé incroyable, triste et interpel-

lant qu’une ville jadis florissante puisse se retrou-

ver dans une telle détresse, bien qu’entourée de

tant d’affluence. Prendre ces maisons est un peu

une obsession, même si cela peut parfois être un

peu déprimant. Très souvent j’ai souhaité en finir,

mais je ne m’y suis jamais résolu.

Aujourd’hui, la série compte plus de 100 photos

de maisons et je suis sûr que ce chiffre ne fera

qu’augmenter, puisque de plus en plus d’habita-

tions sont abandonnées. Presque toute la série a

été prise avec un Hasselblad vieux d’une quaran-

taine d’années ou plus, pareil pour l’objectif, et sur

pellicule.

En ces temps du tout instantané (je travaille en

numérique pour mes commandes commerciales

et éditoriales), je trouve que cette série fonctionne

mieux avec mon vieil appareil argentique. C’est

une façon simple d’aborder un sujet complexe. Je

conduis jusqu’à ce que je trouve un endroit dans

lequel je souhaite travailler. Une fois sur place,

plusieurs films dans la poche et l’appareil posé

sur trépied, je photographie maisons, églises ou

autres structures que je juge intéressantes.

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Kevin Bauman

Abandoned houses

The “Abandoned Houses” project began

innocently enough roughly ten years ago.

I actually began photographing abandon-

ment in Detroit in the mid 90’s as a creative out-

let, and as a way of satisfying my curiosity with the

state of my home town. I had always found it to be

amazing, depressing, and perplexing that a once

great city could find itself in such great distress, all

the while surrounded by such affluence.

Photographing the houses is something of an ob-

session, though it can become depressing.

Many times I’ve wished I was done with the project,

but I keep coming back to it.

Currently the series has more than 100 houses,

and I’m sure the number will continue to grow as

more houses are abandoned. The series is almost

entirely shot on a forty (or more) years old Hassel-

blad, with one equally old lens, and negative film.

In this day of instant everything, in which I shoot

almost all of my commercial and editorial work on

a digital camera, I’ve found that series seems to

work best with my old camera and negative film.

It’s a simple way to work with a complex subject.

I drive around until I find an area I want to work

in. Once there I’ll often wander around with seve-

ral rolls of film in my pocket and my camera on a

tripod, stopping to photograph houses, churches,

and any other structure that I find interesting.

Kevin Bauman

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Olivier Valsecchi

Dust

J’organise de petites rencontres fictives et

pulsionnelles : entre le hasard et la maî-

trise, entre ce qui initie et ce qui achève, la

rage et la plénitude, la présence et le fantôme. Ce

sont des contradictions qui m’animent et rendent

une photo hystérique comme un bruit sourd.

J’imagine l’effort et l’abandon passés au blender,

l’explosion qui protège le silence, la course qui re-

tient la retraite. C’est cette frénésie que je cherche

à provoquer dans une image, comme pour nicher

une petite part d’impossible dans ma réalité.

La série Dust est présentée à la Galerie Fokus à

Graz en Autriche jusqu’au 28 janvier 2011.

I organise short meetings, fictitious and unplan-

ned: halfway between luck and mastery, initia-

tion and arrival, rage and plenitude, presence

and ghostliness. They are the contradictions that

push me, making the images hysterical like a

bang.

I imagine the effort and the abandonment, the ex-

plosion that protects the silence, the race holding

back the desire for returning. It is this frenzy I wish

to provoke in an image, to squeeze a small part of

impossibility within my reality.

The series Dust is exhibited in Gallery Fokus, Graz,

Austria, until the 28th January 2011.

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The Square team> Rédacteur en chef : Christophe Dillinger

www.cdillinger.co.uk

> Direction artistique : Yves Bigot

www.yvesbigot.com • www.studiobigot.fr

> Aide précieuse, conseils avisés : Carine Lautier

> Tête chercheuse éclairée : Audrey Lamandé

> Traduction : Vanessa Coquelle - www.vanshawe.wordpress.com

Thomas Branconier & Alexandre Alt

> Relecture : Clara Forest, Véronique De Launay & Nelly Bigot

> Assistants UK: Kayleigh Hadley, Eanna Freeney, Timothy Coultas

> Sites internet et blog sur mesure> Template pour Wordpress> Animations Flash et Bannieres> XHTML/CSS conforme W3C> Référencement naturel

Lemonfig creative a réalisé le site internet de Square Magazine.

> Editeur de livres photographiques & tirages d’art> Communication institutionnelle & événementielle> identité visuelle

Le Studio Bigot a créé la maquette et réalise la mise en pages de Square Magazine.

www.lemonfig.ie www.studiobigot.fr

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Soyez sûrs de ne nous envoyer que des

photos au format carré. Nous acceptons

toute image dans ce format, que ce soit

du film 24x36, du numérique recadré ou

du Polaroid… Un carré, c’est dans l’œil,

pas seulement dans l’appareil.

Nous avons besoin d’une série

cohérente d’une quinzaine de photos

maximum et d’une description de votre

travail.

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24x36 or digital cropped, or Polaroid.

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the camera.

We need a coherent series of around

15 pictures max as well as an artist

statement about your work.

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