Sons d'hiver - Val-de-Marne

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Sons d'hiver édition #25

Du 29 janvier au 21 février 2016

Contact presse nationale Valérie Mauge Tel. 06 15 09 18 48 Email. [email protected] Contact presse locale Catherine Flahaut-Spicq Tel. 01 41 73 11 65 Email. [email protected] Renseignements et billetterie (Billetterie ouverte à partir du 1er décembre 2015) Tel. 01 46 87 31 31

// www.sonsdhiver.org

Rejoignez-nous !

Sons d'hiver Domaine départemental Chérioux, 4 route de fontainebleau, 94407 Vitry-sur-Seine cedex  direction. Fabien Barontini  

                                     

                                                   

Textes : Fabien Barontini, Alexandre Pierrepont  

         

 

CONCERTSVENDREDI 29 JAN.. // 20h30 MUHAL RICHARD ABRAMS PIANO SOLOAuditorium Jean-Pierre Miquel /VINCENNES ANJA LECHNER / FRANÇOIS COUTURIER DUO "Moderato Cantabile"

SAMEDI 30 JAN.. // 20h DEE ALEXANDER / HAMID DRAKE / MICHAËL ZERANGThéâtre Jean-Vilar / VITRY-SUR-SEINE MULATU ASTATKÉ

DIMANCHE 31 JANVIER.. // 17h ÈVE RISSER "White Desert Orchestra"Théâtre de la Cité Internationale / PARIS 14è HAMID DRAKE / BERNARD LUBAT / MICHEL PORTAL

sMARDI 2 FÉV.. // 20h30 JEMEEL MOONDOC QUARTETEspace Jean Vilar / ARCUEIL THE BRIDGE #11

JEUDI 4 FÉV.. ET VENDREDI 5 FÉV.. // 20h30 FABRICE VIEIRA SOLO "Qui verra Vieira"Théâtre Romain Rolland - Salle Églantine / VILLEJUIF DANIEL HUMAIR / EMILE PARISIEN DUO

VENDREDI 5 FÉV.. // 20h30 MIKE LADD - ILLTET ECAM / LE KREMLIN-BICÊTRE MARC RIBOT'S CERAMIC DOG

SAMEDI 6 FÉV.. // 20h TONY MALABY'S TUBACELLO Théâtre Paul Eluard / CHOISY-LE-ROI OLIVER LAKE ORGAN QUARTET play the music of Jackie Mclean & Eric Dolphy

MARDI 9 FÉV.. // 20h30 LOUIS SCLAVIS / BENJAMIN MOUSSAY "The Half Breed" CINÉ-CONCERT CACHAN Cinéma LA PLÉIADE RODOLPHE BURGER "In the land of The Head Hunters" CINÉ-CONCERT

JEUDI 11 FÉV.. // 20h45 MIGUEL ÁNGEL CORTÉS IN CONCERTThéâtre Claude Debussy / MAISONS-ALFORT ESPERANZA FERNÁNDEZ "De lo Jondo y Verdadero"

VENDREDI 12 FÉV.. // 20h30 AYMERIC AVICE / FABIEN RIMBAUD - PATÉ POUR CHIENS Salle Jacques Brel / FONTENAY-SOUS-BOIS THE BRAINS FEATURING YASIIN BEY

SAMEDI 13 FÉV.. // 18h OMAR SOSA / GUSTAVO OVALLES DUO

Théâtre Claude Lévi-Strauss, musée du quai Branly / PARIS 7è

MARDI 16 FÉV. // 20h HASSE POULSEN / HELENE LABARRIERE " Busking" Théâtre d'Ivry-Antoine Vitez / IVRY-SUR-SEINE JACQUES REBOTIER MEETS PAMELA

JEUDI 18 FÉV. // 20h30 Le Hangar / IVRY-SUR-SEINE THE WORLD IS TOO SMALL FOR WALLS SOIRÉE CONCERT-DÉBAT

VENDREDI 19 FÉV. // 20h TONY ALLEN TRIBUTE TO ART BLAKEYMAC - Maison des Arts / CRETEIL MICHEL PORTAL "Minneapolis"

SAMEDI 20 FÉV. // 20h RAPHAËL IMBERT "Music is my Home" featuring Big Ron Hunter/Alabama Slim

MAC - Maison des Arts / CRETEIL NAOMI SHELTON & THE GOSPEL QUEENS

HYPNOTIC BRASS ENSEMBLE

DIMANCHE 21 FÉV. // 17h

La Java / PARIS 10é TÉLAMURÉ/TARENTELLA ROOTS BAL POPULAIRE ITALIEN

TAMBOURS-CONFÉRENCES

P.32-33 Toutes les informationsDIMANCHE 31 JAN.. // 15h30 BERNARD LUBAT & MICHEL PORTAL "50 ans et plus d'improvisations"

LUNDI 1ER FÉV.. // 12h30 THE BRIDGE # 11

LUNDI 8 FÉV... // 18h30 MIKE LADD "Rap et Poésie", une histoire "Post-Futuriste"

MERCREDI 15 FÉV... // 18h30 TONY ALLEN "Jazz et Afrobeat"

MERCREDI 17 FÉV... // 19h30 RUBIN CARTER "Story of a Hurricane"

SAMEDI 20 FÉV... // 18h30 RAPHAËL IMBERT "Musique et Spiritualité"

Programme Sons d'hiver - 25e édition

Sons d’hiver a 25 Ans !

L’édition 2016 du festival fêtera un anniversaire : celui du quart de siècle de Sons d’hiver. En proposant une programmation qui puise impulsion et intérêt dans une fidélité à l’esprit de la "musique créative" comme l’appelle l’AACM de Chicago.

25 ans de rencontres, d'amitiés et de partages !

La musique est un Art. Donc richesse des sensibilités multiples et mise en perspective de nouveaux points de vue, étonnements. Plaisir de la découverte, passion de l’inouï, réponse cinglante et insolente au consumérisme spectaculaire convenu si "sexy" de nos jours. « Ce qui vient au monde pour ne rien troubler ne mérite ni égards, ni patience » disait René Char.

Le festival ouvre son édition avec un solo de Muhal Richard Abrams, pianiste qui possède sous ses dix doigts aussi bien toute l’histoire du piano jazz que celle de Messiaen et Ligeti. Le duo Couturier/Lechner lui répondra, en proposant une autre voie improvisée à partir d’œuvres de compositeurs européens.

Sons d’hiver participe au mouvement culturel de nos temps présents qu’Edouard Glissant a si justement qualifié de "créolisation" et de "mondialité des imaginaires". L’art du jazz et des rencontres entre musiques de tous bords porte cette "poétique de la relation" si chère au philosophe-poète martiniquais. Face aux replis identitaires actuels, grabataires et funestes, qui propagent un totalitarisme culturel de certitudes/servitudes, cette démarche humaniste indique une autre perspective, un autre possible.

Mulatu Astatké nous proposera les dernières volutes sonores de son Éthio-jazz alors que Tony Allen, maître de l’afro-beat, rendra hommage à Art Blakey et à tous les batteurs jazz qui l’ont influencé. Omar Sosa, inspiré par la tradition Yoruba cubaine, offrira un jazz profondément latin et totalement immergé dans les racines multiples des musiques traditionnelles et africaines. Raphaël Imbert nous apportera les fruits de ses escapades musicales avec les bluesmen du "Deep South" américain. Ce projet, fait de rencontres entre musiciens français et nord-américains, entre musique populaire et savante, est symbolique du rhizome artistique qui par ses nombreuses ramifications nourrit la vie musicale contemporaine et, en conséquence, la programmation de Sons d’hiver.

The Bridge #11, ainsi que les projets menés avec Michel Portal, ouvrent les espaces de rencontres transatlantiques autour du jazz et de l’improvisation. Issu de la mouvance du Vision Festival new-yorkais, nous accueillerons exceptionnellement Jemeel Moondoc. Autre géant de la musique afro-américaine et de ses avant-gardes kaléidoscopiques, Oliver Lake sera présent avec son Organ quartet et sa belle leçon d’histoire vivante de la musique. Tony Malaby nous interpellera avec ses nouvelles investigations charmeuses et audacieuses. Le trio double batterie et voix Hamid Drake/Michaël Zerang/Dee Alexander, non conventionnel dans sa forme, propagera ses merveilleuses prouesses. Fabrice Vieira, Daniel Humair, Émile Parisien, Ève Risser, "Paté pour chiens", Hasse Poulsen, Hélène Labarrière, sont les branches plurielles, singulières et inventives de ce "vu d’ici" du rhizome transatlantique.

Autre espace, relié au précédent évoqué ci-dessus. Autre dimension. Celui du savant/populaire. Le gospel de Naomi Shelton, le blues d’Alabama Slim et Big Ron Hunter invités par Raphaël Imbert, et la musique de rue funky de l’Hyptonic Brass Ensemble seront les invités d’un final de Sons d’hiver consacré aux musiques populaires afro-américaines. Cette soirée sera le prolongement de rêves inspirés par deux concerts hip-hop inédits. La création Illtet de Mike Ladd en compagnie de HPrizm et Jeff Parker arpentera les chemins de l’expérimentation hip-hop électro. Alors que Yasiin Bey, himself, frottera son "conscious" rap au rock/punk/reggae des mythiques ex-Bad Brains devenus The Brains : une rencontre inédite, première historique incontournable. La matière rock, énergique, aura auparavant résonné dans les extravagances incendiaires du Ceramic Dog de Marc Ribot.

Deux soirées contribueront à étendre les données du champ musical de cette édition. Le flamenco, compagnon de route de toutes ces musiques d’engagement, sera présent grâce à Esperanza Fernández et Miguel Ángel Cortés. Puis Louis Sclavis et Rodolphe Burger mettront en musique deux ciné-concerts consacrés aux indiens d’Amérique avec des films datant du début du XXe siècle. Très instructif.

C’est pour notre plus grand bonheur que Michel Portal a désiré continuer lors de Sons d’hiver l’expérience qu’il a menée en trio avec Hamid Drake et Bernard Lubat, puis d’ajouter une nouvelle étape au Minneapolis créé, il y a 15 ans, avec des pointures de la musique funk. Il nous offre un beau cadeau, lui, qui vient de fêter ses 80 ans. Un cadeau qui respire le goût du jeu, l’indépendance d’esprit, l’invention. Le dynamisme de la vie. Tout cela respire bon une liberté agissante, réelle, sans laquelle il n’est point de beauté.

Une liberté aujourd’hui à défendre ! L’actualité de ces derniers mois écoulés nous montre que des bataillons de "normopathes" culturels, rassemblés sous la bannière de l’audimat marchand, tirent à vue sur la liberté artistique à coups de baisse de crédits, de disparitions de festivals et autres manifestations. Ces 25 ans appellent à un banquet des sons/émancipation !

Fabien Barontini

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Vendredi VINCENNES

Janvier - 20h30 Auditorium Jean-Pierre-Miquel

MUHAL RICHARD ABRAMS PIANO SOLO

Co-fondateur et premier président de l’AACM (Association for the Advancement of Creative Music), dont on célèbre les 50 ans en cette fin 2015, principal théoricien des thèses de la Great Black Music et mentor depuis plusieurs décennies de générations successives de musiciens résolument créateurs — Muhal Richard Abrams est non seulement l’une des figures légendaires de la vie musicale de Chicago (et de New York, où il s'est établi), mais l’une des personnalités les plus secrètement influentes de l’histoire du jazz moderne. Pianiste toujours en formation, comme il aime à se présenter, dernier dépositaire des grands maîtres du boogie-woogie et du ragtime, fortement influencé par le blues, le rhythm’n’blues et le lyrisme virtuose et tourmenté de Bud Powell, Muhal Abrams a appris son métier et s'est forgé un style original tout au long des années 50 en accompagnant les grands noms du bop de passage à Chicago (de Miles Davis à Sonny Rollins, en passant par Max Roach, Dexter Gordon ou Johnny Griffin…). Dans les années 60, en fondant l’Experimental Band, orchestre matriciel d’où naîtra en 1965 l’AACM, Muhal Abrams a donné une tout autre dimension à sa carrière. Opérant comme une révolution culturelle, il va en quelques années s’imposer comme le catalyseur des désirs d’innovation et d’ouverture esthétiques d’une génération de musiciens tels que Jack DeJohnette, Roscoe Mitchell, Joseph Jarman, Anthony Braxton, Henry Threadgill, Wadada Leo Smith, Leroy Jenkins, Amina Claudine Myers... Mais aussi, Steve Coleman, Greg Osby, Jason Moran, Vijay Iyer, Tyshawn Sorey...

Muhal Richard Abrams s’est initié en autodidacte à un grand nombre d’instruments (clarinette, hautbois, violoncelle, synthétiseur), accumulant au sein d’orchestres à géométries variables une longue suite de projets visionnaires (depuis son premier disque "Levels and Degrees of Light", 1967, il y a presque cinquante ans), qui ont servi de référence aux principes de la Great Black Music. Il s'est révélé être un compositeur dont l'œuvre est considérable, à la fois abstraite et lyrique et qui porte autant la marque du jazz que celle de l’avant-garde européenne du 20e siècle (celle de Messiaen, celle de la seconde école de Vienne).

Passant avec maestria du solo au big band, inventant de larges suites embrassant tout le spectre de la musique noire, alternant passages expérimentaux aux sonorités électroniques et instruments traditionnels plongés dans de longues séquences introspectives, mettant en perspective la voie qu'il a suivie avec celles de Jelly Roll Morton ou de Thelonious Sphere Monk, Muhal Abrams s’impose comme le garant d’une continuité esthétique et morale propre à la culture afro-américaine, repensée et resituée dans le concert des cultures du monde.

Neuf ans après son dernier mémorable passage à Sons d'hiver, il revient en solo pour une nouvelle traversée de plain-pied dans une musique-monde.

À VISITER : http://aacmchicago.org

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"Moderato Cantabile"

ANJA LECHNER / FRANÇOIS COUTURIER DUO FRANÇOIS COUTURIER. piano / ANJA LECHNER. violoncelle

Anja Lechner et François Couturier participeront à cette soirée d'ouverture avec tendresse, intimité et "sans tambour ni trompette". Avec un désir artistique vertigineux. Il faut donc profiter de ce moment musical durant lequel la curiosité poétique est le fil conducteur de l’écoute qui nous mène en toute tranquillité hors des sentiers battus.

"Moderato Cantabile", le nom de leur duo, réalise un tour de force d’une extraordinaire souplesse. Des compositeurs européens qui se situent entre le XIXe et XXe siècle sont convoqués. Inconnus dans nos contrées, pourtant si sûres de leur savoir culturel étendu, ils sont les premiers mystères de ce programme. Leur art de la composition est au carrefour des cultures d’Orient et d’Occident : le philosophe et compositeur gréco-arménien - ecclésiastique de son état - G.I Gurdjieff (1877-1949), l’ethnomusicologue et compositeur arménien Komitas (1869-1935) et le compositeur catalan Federico Monpou (1893-1987). Anja Lechner est spécialiste des deux premiers et François Couturier du dernier. À ce programme s’ajoutent de superbes compositions de Couturier.

Nous voilà embarqués dans un monde étonnant de musiques qui, sans être du jazz, ne peut respirer qu’au contact de cette tradition, avec ce besoin d'improviser, même si, la place de la composition et de l'écriture y est essentielle. De quoi dérouter les esprits douaniers de la musique toujours prompts à l’interdit d’oreille, de quoi réjouir les libres rêveurs des musiques vivantes et inclassables.

Anja Lechner est une violoncelliste classique et aussi, une excellente improvisatrice modale. Cela fait maintenant une dizaine d’années qu’elle partage les aventures musicales de François Couturier au sein du Tarkovsky quartet. Tous deux disposent d’une grande complicité augmentée d’une ouverture d’esprit sans retenue qu’illustre d’une façon exemplaire le parcours du pianiste.

Disposant d’une solide formation classique, François Couturier a acquis une immense expérience dans le champ du jazz et des musiques improvisées. Dès ses débuts dans les années 70, il a inscrit son travail dans la lignée des pianistes modernistes capables d’une profonde intériorité, tels Paul Bley, Chick Coréa, Joachim Kühn, Marilyn Crispell... Après avoir rejoint la formation de Jacques Thollot, batteur "free" légendaire, François Couturier travaille avec des musiciens qui apporteront beaucoup dans l’élaboration de l’originalité de son langage musical (Jean-Paul Céléa, Dominique Pifarély, Anouar Brahem …). Auprès de John McLaughin, François Couturier explorera les possibilités du clavier électrique.

Le rapide résumé de ce parcours musical témoigne d’une unité de trajectoire que le duo "Moderato cantabile" exprime avec clarté. On ressent la qualité de l’histoire musicale européenne, son indéniable sensibilité à atteindre l’intime, le jazz s’y « coule » et serpente en multiples sensations et scintillants apports. Une poussière dorée, magie d’une révolte insouciante, émane des cordes du violoncelle et touches blanches et noires du piano. Elle nous guide et accompagne dans un au-delà poétique, loin des dégâts des musiques actuelles formatées. Cette musique, d’un duo si inclassable et original, devient dès lors étrangement accessible.

À VISITER : www.francois-couturier.fr // www.anjalechner.com

                                     

   

Auditorium  Jean-­‐Pierre-­‐Miquel  -­‐  98,  rue  de  Fontenay,  94300  Vincennes  ☎ 01  43  98  68  87  ou  www.vincennes.fr    TARIFS:  20  €  /  15  €  TR    /  10  €  ABONNÉ  SONS  D'HIVER    M ligne  1  :  Château  de  Vincennes    RER  A  :  Vincennes   A  Porte  de  Vincennes,  prendre  Cours  de  Vincennes  direction  la  D12  PARKING  VINCI,  rue  de  Vorges  (ouvert  24/24)

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Samedi VITRY-SUR-SEINE

Janvier - 20h Théâtre Jean-Vilar (Navette Aller/Retour )*

DEE ALEXANDER / HAMID DRAKE / MICHAEL ZERANG DEE ALEXANDER. chant, voix / HAMID DRAKE. MICHAEL ZERANG. batterie, percussions

Tous les ans depuis 1990, et toutes affaires cessantes, pour le solstice d’hiver, à l’aube réellement, deux vastes tambourinaires de Chicago rassemblent leurs percussions d’Afrique du Nord et de l’Ouest, du Moyen-Orient et de l’Est de l’Inde, puis jouent et jonglent avec mille et un rythmes pour un parterre de vespéraux. Celles et ceux qui ont assisté à ces moments de grâce peuvent en témoigner : telluriques ou transparents, les deux batteurs "musiquent" rubis sur ongle, brodent mesures et démesures, nouent alliance sur alliage, raffinent véloces, jusqu’à satiété. Ils remontent tous les temps, sont les maîtres du sentiment de la durée et des permutations. Hamid Drake et Michaël Zerang font rouler le tonneau des rythmes sur les pentes fertiles d’un volcan. De l’un à l’autre, tout pousse et passe, la communication est définitivement établie. Ils sont propagateurs de rythmes à travers les miroirs et les mondes du jazz et des musiques improvisées.

Formé par Fred Anderson, inspiré par Ed Blackwell, initié par Don Cherry, partenaire hors pair de William Parker, de Nicole Mitchell ou de David Murray, citoyen du monde des rythmes, que ce soit avec un dub poet, un joueur gambien de kora ou une chanteuse mongole de khöömei, du moment qu’il s’agit de milieux ouverts, Hamid Drake sait tout faire avec un rythme. Eduqué par sa famille aux percussions moyen-orientales, par ses voisins latinos aux congas et autres joyeusetés, et par la découverte précoce d’un Rahsaan Roland Kirk, Michaël Zerang, s’est fait laboureur de surfaces résonnantes, qu’il racle, raye et rature, auprès des meilleurs improvisateurs de ces deux mondes.

Hamid Drake est considéré comme l’un des meilleurs praticiens des tambours sur cadre, et il excelle également au tambour batá, ou iyà, ainsi que sur les tablas, tandis que dumbek ou darabukka n’ont plus de secret pour Michaël Zerang. La famille afro-américaine de l’un vient de la vallée du Mississippi ; la famille assyrienne de l’autre vient de la vallée du Tigre et de l’Euphrate.

Pour leur second passage à Sons d'hiver, onze ans après, et peu après le solstice d’hiver, Hamid Drake et Michaël Zerang ont réinvité une chanteuse "mutante", avec laquelle ils s'étaient produits dans le cadre de la série Bleu Indigo, au Musée du quai Branly. La dive Dee Alexander - déjà accueillie à Sons d'hiver - a la nette intonation et les inflexions suaves de Dinah Washington. L’abattage et l’allégresse d’Ella Fitzgerald. La sombre passion de Nina Simone. Mais, Dee Alexander est incomparable, tant elle sait tout faire, elle sait siffler, souffler, susurrer, scatter, et elle connaît autant de chants d’oiseaux, même imaginaires, surtout imaginaires, que le chant des tambours.

À VISITER : http://deealexander.net www.michaelzerang.com

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MULATU ASTATKÉ

MULATU ASTATKÉ. compositions, direction, vibraphone, wurlitzer, percussions + STEP AHEAD BAND,

JAMES ARBEN. saxophone, flûte, clarinette basse / BYRON WALLEN. trompette / DANNY KEANE. violoncelle / ALEXANDER HAWKINS. piano, claviers / JOHN EDWARDS. basse / RICHARD OLATUNDE BAKER. percussions / TOM SKINNER. batterie

L’originalité de la musique de Mulatu Astatké tient dans la maîtrise de son écriture musicale qui s’évertue à nous surprendre par le point d’équilibre établi entre différentes sources culturelles. Il dresse un pont entre divers lieux-repères du monde, comme si la connaissance des hauts plateaux d’Éthiopie - il est né à Jimma au sud-ouest de l’Oromia en 1943 - lui permettait d’envelopper d’un regard ou d’une oreille une dynamique mondiale des sons. Comme si l’ancestrale culture des rythmes d’Afrique lui donnait les clés d’un secret des provenances et origines de notre modernité contemporaine.

Il aime à rappeler cette idée : « Certaines tribus forment depuis des siècles des orchestres symphoniques composés d’une vingtaine de flûtes en bambou de différentes tailles. Ils maîtrisaient les principes rythmiques utilisés dans les improvisations jazz bien avant la naissance de Charlie Parker. »

Entouré par un panel de musiciens londoniens maîtres en groove et improvisations jazz du Step Ahead Band, Mulatu Astatké joue une musique populaire et complexe, résultante fascinante d’un syncrétisme musical des plus étendus. Cette musique africaine s’appelle l’Éthio-jazz. A la fois l’inventeur de cette musique et de sa dénomination dans les années 70, Mulatu Astatké est la preuve vivante que la création musicale doit beaucoup aux hasards et mystères qui circulent secrètement dans la vie des cultures du monde.

À 20 ans, Mulatu Astatké est en Angleterre pour mener des études scientifiques, mais la musique le détourne d’emblée vers le Trinity College of Music de Londres (études de clarinette et de composition). S'ensuit un départ pour New York. Il est le premier étudiant africain du célèbre Berklee College of Music de Boston et y découvre le jazz qui parle tant à ses racines africaines.

Dès les années 60, il commence à construire un monde musical nouveau. Influence afro-cubaine, jazz, funk, Mulatu Astatké invente une nouvelle musique africaine en intégrant les apports de la musique traditionnelle éthiopienne. Ses talents, reconnus par Duke Ellington avec qui il jouera, lui permettent d’influencer toute une nouvelle génération de musiciens éthiopiens. L’Éthio-jazz est né.

Buda Records lance une collection Éthio-jazz et Jim Jarmusch, fin connaisseur de musique - les bandes sons de ces films l’attestent - découvre la musique d’Astatké et lui demande une musique pour Broken Flowers en 2004. « Il a changé le cours de ma carrière », dira Mulatu Astatké. Il est vrai qu'il acquiert alors une reconnaissance mondiale et un large public le découvre.

Avec "Sketchtes of Ethiopa", son dernier opus inspiré de Miles Davis, Mulatu Astatké nous livre une musique faite d’entremêlements musicaux étonnants. Des rythmes funk soutiennent des mélodies africaines, des grooves puissants mènent une transe collective festive tout en accueillant un solo de violoncelle. Le jeu même de Mulatu Astatké au vibraphone porte cette présence des double sens musicaux : on y entend les percussions africaines du marimba tout en y reconnaissant la modernité d’un Bobby Hutcherson. Avec comme horizon l’évocation de son pays natal et ses villes- le morceau Aznari évoque les nuits d’Addis Abeba- alors que Motherland Abay rend hommage aux ethnies du sud de l’Éthiopie.

À VISITER : http://www.mulatu-astatke.com

Théâtre  Jean-­‐Vilar  -­‐  1  place  Jean-­‐Vilar  -­‐  94400  Vitry-­‐sur-­‐Seine  ☎  01  55  53  10  60  /  www.theatrejeanvilar.com  

TARIFS  :  20  €  /  12  €  ABONNÉ  SONS  D'HIVER    +  TR  RER  C  -­‐  arrêt  Vitry-­‐sur-­‐Seine,  puis  bus  180  -­‐  arrêt  Hôtel  de  Ville-­‐Roger  Derry  M   ligne  7  -­‐  arrêt  Porte  de  Choisy,  puis  bus  183  -­‐  arrêt  Hôtel  de  Ville  ;   ligne  7  arrêt  Villejuif-­‐Louis  Aragon,  puis  bus  180  -­‐  arrêt  Hôtel  de  Ville  ;  ligne  8  -­‐  arrêt  Liberté,  puis  bus  180  -­‐  arrêt  Hôtel  de  Ville  -­‐  Roger  Derry  Prendre  la  RD5  à  partir  de  la  Porte  de  Choisy  (sorties  Bd  périphérique  :  Porte  d’Ivry  ou  Porte  d’Italie).  Après  la  place  de  la  Libération  (statue  Dubuffet),  aller  tout  droit  jusqu'à  Hôtel  de  Ville.    Le  théâtre  est  situé  juste  en  face.  PARKING  gratuit  sous  l’Hôtel  de  Ville  les  soirs  de  spectacle.  *  NAVETTE  ALLER-­‐RETOUR  DEPUIS  PARIS  (dans  la  limite  des  places  disponibles)      Renseignements  festival  :  01  46  87  31  31  

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Dimanche PARIS 14e

Janvier - 17h Théâtre de la Cité internationale

EVE RISSER "White Desert Orchestra" ÈVE RISSER. direction, compositions, piano, theremin SYLVAINE HÉLARY. flûte / ANTONIN-TRI HOANG. alto, sax, clarinettes / BENJAMIN DOUSTEYSSIER. saxophones / SOPHIE BERNARDO. basson / EIVIND LØNNING. trompette / FIDEL FOURNEYRON. trombone / JULIEN DESPREZ. guitares (électrique / électroacoustique) / FANNY LASFARGUES. électroacoustique, basse / SYLVAIN DARRIFOURCQ. batterie

Révélée par sa participation à l'Orchestre national de Jazz, la pianiste et compositrice Ève Risser était déjà une ressortissante de la nouvelle scène improvisée française et européenne, membre active du collectif et du label franco-allemand UMLAUT, partie prenante d'une dizaine de groupes allant de la petite à la grande formation (le duo Donkey Monkey, le trio En Corps, le quartet The New Songs...). Elle a sa propre manière d'explorer les confins de son instrument-orchestre, un piano tantôt nuageux, tantôt épineux. En 2015, elle crée ce tentet rassemblant la fine fleur de la scène créative parisienne (et, en partie, norvégienne) pour réaliser un projet traduisant en termes musicaux la beauté de la matière minérale, de la roche.

La transposition musicale des minéraux nous dépose alors près de la ville de Taos, au Nouveau Mexique, au bord du Rio Grande (où d'une tout autre façon dans la partie Nord de la Scandinavie). Ève Risser s'y trouve aussi telle une visiteuse, une rêveuse consciencieuse, quelqu'un pour qui les forces et les phénomènes de la nature demeurent une inépuisable source de contemplation et de réflexion, afin de « traquer l’émotion et transcrire ces états de stupeur, d’émerveillement et de bouleversement physique que peuvent produire sur nous les spectacles de la nature ». Depuis toujours, Ève Risser savoure les processus d'érosion, l'action du temps, du soleil, de la pluie, du vent et de la vie intérieure sur la musique, tout ce qui la travaille ou la ronge, les espaces vides qui n'en sont pas. Tout ce qui s'impose comme immensité indépassable, pourtant travaillée par mille infimes transformations, à l'échelle de nos existences. Car il s'agit non seulement de ce blanc désert, mais en général de l'univers des gorges et des canyons, de ce que peuvent évoquer les âges de la Terre, et toutes les données minéralogiques dont Ève Risser s'est servie pour retourner en musique vers ces formations géologiques, ces "cheminées de fée" qui s’élèvent vers le ciel, ces précipices aussi, pour « transcrire en sons et en arrangements orchestraux, la tension créée par l'air vibrant dans les canyons, lieux puissants où la Terre nous montre ses vieilles cicatrices. Les sons émergent des tréfonds, percent la peau de la Terre. Les timbres ainsi dilués dans l’Air prennent formes et couleurs. Granulés rythmiques, couches, strates et amalgames sédimentaires instrumentaux dessinent petit-à-petit cette œuvre. ».

Posez maintenant l'équation : un piano, un clavier, deux mains, dix doigts, dix musiciens, un orchestre, mouvant et modulable… Car Ève Risser s'intéresse autant à la direction d'orchestre, au pouvoir d'infléchir, qu'aux activités collectives. Et comme une gorge est le résultat de longues périodes d'érosion fluviale dans des régions sédimentaires où alternent strates dures et strates tendres, le White Desert Orchestra prend le temps de sinuer entre des passages encaissés, des failles sur les flancs desquelles on peut voir (entendre) les couches et les textures révélatrices d'une histoire en profondeur. Il ne craint pas de paraître immobile et de se couvrir d'incrustations, puis d'être l'objet de brusques changements. L'orchestre atteint ainsi son profil d'équilibre le long des strates du jazz, de la musique classique et contemporaine, de la musique expérimentale et improvisée, entre les extrêmes du son, vers une énergie rock ou free (si là, ce sont les saxophones, la guitare, la basse et la batterie qui prennent le dessus) ou vers des délicatesses de musique de chambre ou de "post-jazz" (si là, ce sont le basson, la flûte, la clarinette et le piano qui prennent le dessus). Mais tout le temps, il bascule dans la rêverie.

Le premier répertoire du White Desert Orchestra a été co-produit par le festival Banlieues Bleues, et par le festival Jazzdor Strasbourg et fait l’objet d’une aide au projet de la DRAC Ile-de-France en 2015. Production : www.colore.fr

À VISITER : http://www.everisser.com

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HAMID DRAKE / BERNARD LUBAT / MICHEL PORTAL MICHEL PORTAL. saxophones, bandonéon / BERNARD LUBAT. piano, batterie / HAMID DRAKE. batterie

De fil en aiguille. Tout a commencé il y a des années, dans les années 60, pour les improvisateurs tisserands Bernard Lubat et Michel Portal qui n'ont depuis jamais cessé de remettre leur ouvrage sur le métier à tisser et à métisser. Tout a commencé en 2012, avec l'inespérée rencontre entre Portal et Hamid Drake à l'Europa Jazz Festival du Mans (et leurs retrouvailles dès l'année suivante à Sons d'hiver). Il est des rencontres inévitables entre des musiciens qui ont tout fait pour en arriver là, écrivions-nous alors, au moment de leur confrontation. Et qui ne s'y arrêtent pas pour autant, puisque tout a commencé encore en 2015, tout a été remis en jeu au Festival Jazz à Porquerolles, lorsque Drake, Lubat et Portal coïncidèrent enfin.

Vous avez dit Drake ? L'incarnation même du citoyen du monde des rythmes et de ce qu'ils permettent, toutes les géométries, toutes les mancies. Quelqu'un ou quelque chose comme un maître du temps qui n'ordonnerait rien, qui joue et se joue du sentiment de la durée et des permutations. Souvent associé à son alter ego William Parker, la liste des musiciens du monde entier qui ont souhaité sa présence et son empathie à leurs côtés ne pourra jamais être terminée, de Fred Anderson à Peter Brötzmann à David Murray à Ken Vandermak à Raymond Boni à Pharoah Sanders à Evan Parker à Don Cherry à George Lewis à Paolo Angeli à Archie Shepp à Yusef Lateef...

Vous avez dit Lubat ? Le batteur, et le vibraphoniste, et le pianiste, et le parole-à-lier, le maître des géométries non-euclidiennes adaptées aux musiques créatives, formé dans les bals populaires à l’estaminet de son village gascon, où l’on parlait l’occitan et où il est revenu fonder Uzeste Musical, haut lieu de résistance de la musique dans le monde. Non sans avoir fréquenté entretemps le conservatoire national, les clubs de jazz de Saint-Germain-des-Prés (auprès de Kenny Clarke, de Bud Powell, de Jeff Gilson, dans le quartet de René Thomas, Eddy Louiss et Stan Getz), le monde de la chanson (avec les Double-Six, Bobby Lapointe ou Annie Cordy), le monde de la musique contemporaine (avec Diego Masson ou Luciano Berio), et le pays de cocagne de sa propre Compagnie.

Vous avez dit Portal ? Le clarinettiste impeccable interprète de Brahms ou de Mozart, et le saxophoniste de l’intempérance réfléchie, à la recherche depuis toujours du graal de la spontanéité – un seul et même homme qui a fait de ses tiraillements une intarissable source de richesse intérieure, qui, ces dernières années, n’a cessé de chercher le contact avec des batteurs d’outre-mer, au-delà de ces vieilles amitiés avec Lubat ou Jean-Pierre Drouet : non seulement son grand allié Jack DeJohnette, mais aussi Michael Bland, Nasheet Waits, Gerald Cleaver parmi les nouvelles générations…

Vous avez dit improvisation ? Drake en dit ceci : « On ajoute et on retire. On prend un espace qui est vide, proche du silence, et on le remplit de sons ; ensuite, il est toujours possible d’additionner ou de soustraire. Ainsi, lorsque je joue un certain rythme, je génère quelque chose, une certaine énergie, à partir de laquelle je peux aller dans la direction d’un groove, en conjonction avec les autres musiciens, ou je peux évacuer cet espace, aller vers le moins. J’ai le choix de faire l’un ou l’autre. » Lubat en dit ceci : « Les Noirs américains avec qui j’ai joué, ça s’est toujours passé… de commentaires, puisqu’on a joué ! Le jazz c’est quoi ? C’est le groove d’avant, et puis c’est l’improvisation, et puis ça parle de la viande, ça parle de la personne, et en même temps je ne suis pas noir, je suis un blanc pas clair… Il n’y a pas de lois, mais il y a des règles, les règles du jeu. Quand tu joues de la musique, tu ne joues pas que de la musique, tu joues. Tu joues ta peau, tu joues ta vie, tu joues ton rapport au copain avec qui tu joues. C’est une confrontation permanente, c’est une joute, c’est un défi, tu ne joues pas pour gagner, ni pour perdre, tu joues pour jouer. » Portal en dit ceci « C’est un déclenchement, un geste que l’on fait à l’autre et qu’il va reprendre à sa façon. Alors il faut faire un peu de gymnastique cérébrale pour essayer de tirer quelque chose de ce matériau que l’on donne et qui vous revient transformé. Comme des ondes qui arrivent, qui viennent vers moi, et que je rejette vers l’autre… Quand on est musicien, il faut avoir beaucoup de matériaux en soi, comme des paramètres que l’on pourra ajuster de mille manières pour pouvoir répondre aux gestes, aux signaux envoyés par l’autre. Ce sont des stratégies terribles, il faut faire très vite… »

Tout un programme. Non, pas un programme, une remise en jeu permanente.

À VISITER : www.cie-lubat.org

Théâtre  de  la  Cité  internationale  -­‐  17  Boulevard  Jourdan    75014  Paris  ☎ 01  43  13  50  50  ou  www.theatredelacite.com    

TARIFS  :  22  €  PT  /16  €  ABONNÉ  SONS  D'HIVER  +  SENIORS    /  11  €  INTERMITTENTS,  DEMANDEURS  D'EMPLOI,  ÉTUDIANTS    M  ligne  4  -­‐  arrêt  Porte  d'Orléans    RER  B  -­‐  arrêt  Cité  Universitaire  BUS  21,27,  88  T3  -­‐  arrêt  Montsouris  /VELIB'    

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Mardi ARCUEIL

Février - 20h30 Espace Jean Vilar

THE BRIDGE #11

DAUNIK LAZRO. saxophone baryton, saxophone ténor / JOE MCPHEE. saxophone ténor, saxophone alto, cornet / JOSHUA ABRAMS. contrebasse, guembri / GUILLAUME SÉGURON. contrebasse / CHAD TAYLOR. batterie, m'bira

Depuis trois ans que The Bridge, réseau transatlantique pour le jazz et les musiques créatives, met en relation improvisateurs d'ici et de là-bas, de France et des États-Unis, on n'a peut-être pas trouvé meilleure description de la nécessité de ces échanges que chez Joe McPhee : « On s'engage dans des conversations à plusieurs niveaux, on apprend les uns des autres, les uns sur les autres, sur nos expériences du monde, sur nos propres histoires et nos passés, nos familles et comment nous en sommes arrivés là, à cet endroit, à ce moment précis. Alors c'est plus que de la route, mais une épopée… C’est le genre de choses, je crois, qu’il faut développer dans le monde en général : nous sommes très différents sous bien des rapports, mais nous ne sommes pas séparés. »

En l'occurrence, il y a de l'historique (et du légendaire) dans un "Dream Band" qui pour une fois mérite cet effronté qualificatif. En 1996, Daunik Lazro avait constitué avec Joe McPhee, compagnon de route dès le début de la décennie, le quintet Dourou, déjà complété par deux contrebassistes et un batteur. Entre eux et avec d'autres, il y eut d'enfiévrées souffleries en présence d'Evan Parker et d'André Jaume, d'échevelés encordages en présence de Raymond Boni et de Claude Tchamitchian. « Ce Bridge nous fait traverser 20 années (lumières), rapporte Lazro, pour approfondir notre aventure sonique », avec cette fois-ci les contrebassistes-conteurs que sont Joshua Abrams et Guillaume Séguron. L'un et l'autre partagent le même amour pour les formes hypnotiques comme pour les formes incertaines de la musique. Abrams dans toutes ses collaborations chicagoanes (avec Nicole Mitchell, David Boykin, Mike Reed ou Jeff Parker...), et lorsqu'il descend dans le cratère des musiques rêveuses avec Town & Country, ou lorsqu'il grimpe sur le versant des musiques éveilleuses avec Natural Information Society. Beau comme la rencontre d'El Mâalem Mahmoud Guinia et de Morton Feldman sur la contrebasse de Fred Hopkins... Séguron, précipité dans la nue par Jean-François Jenny-Clark, en bourlinguant auprès d'Anthony Ortega ou de Lionel Garcin, de Régis Huby ou de Mat Maneri, de Gerry Hemingway ou de Denis Fournier, mais aussi et surtout en questionnant inlassablement ses sources, qu'elles soient musicales et multiples, ou qu'elles soient d'ailleurs (la mémoire des Républicains espagnols, la littérature de Jorge Luis Borges, la peinture de Robert Motherwell, les photographies de Shim, de Taro ou de Capa...). Joshua Abrams et Chad Taylor, qui alternent contrebasse et batterie avec guembri et mbira, se sont rencontrés lors des jam-sessions du dimanche soir, au Velvet Lounge de Fred Anderson, à Chicago. Ils y formèrent même un trio avec Matana Roberts, avant que le batteur ne parte pour New York où son crible de rythmes cliquetants et voltigeurs a fourni une horlogerie de fulgurances et de papillonnements aux formations de Cooper-Moore, de Jemeel Moondoc ou de Marc Ribot, parallèlement au Chicago Underground dont il règle toujours les mouvements avec Rob Mazurek.

Si on ne sait jamais à quel instrument s'attendre avec Joe McPhee (trompette de poche ? trombone à pistons ? clarinette alto ? saxophone, et lequel ?), la grande nouveauté est que, depuis leurs précédents échanges, l'acéré Lazro, l'intraitable Lazro a délaissé l'alto pour le ténor, outre le baryton. Doit-on encore présenter les parcours de ces deux instrumentistes à voix, leurs saxophones (et apparentés) foudroyés et foudroyants ? McPhee a bel et bien trempé son ténor chargé de corps et d'oracles dans l'encrier de la voix. Quand il ameublit son phrasé, comprime ses timbres, quand il s'éboule ou se blottit dans un cri, dans un spasme, faisant parfois libation d'une ballade, voire d'un spiritual, c'est pour atteindre cette région du cœur où matière et esprit se rejoignent. Vraie soul music. Chez Lazro aussi, écorchant une sonorité qu'il sait faire grêle ou râpeuse, se tient un chant profond, davantage protégé que menacé par cette grammaire de craquements et de sifflements dans laquelle passe, comme en un couloir d'avalanche, la réalité indélébile de l'homme noir et blanc. L'un et l'autre ne peuvent s'entendre que dans l'infatigable mobilité de leurs télescopages, dans l'éventail de leurs voix. Dans la mine des sons, où la musique est une veine, les saxophones (et apparentés) chargent ce que les contrebasses extraient. Les contrebasses effritent ce que malaxent les saxophones et le reversent dans la corbeille des rythmes, tressage de cymbales cillées et de peaux haletantes. Pour celles et ceux qui en douteraient, Joe McPhee rappelle : « Quelqu’un m’a fait la description suivante du musicien : « D’où cela vient-il ? De l’idée de faire de la magie avec les muses. » Ce qui embrasse assez justement ce que nous considérons être la musique. ». Et pour cela, rapporte encore Lazro, « la méthode n’a pas changé (puisqu’elle a fourni de beaux fruits) : c’est par l’improvisation ouverte que la musique advient, accueillant le lyrisme autant que l’abstraction, la pulsation qui peut avoisiner le silence, l’expressionnisme et le rêve. » Dream Band, décidément.

The Bridge est un projet transatlantique pour le jazz et les musiques créatives, réunissant des musiciens français et de Chicago lors de voyages d'explorations musicales et extra-musicales

À VISITER : www.acrossthebridges.org

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JEMEEL MOONDOC QUARTET JEMEEL MOONDOC. saxophone ténor / MATTHEW SHIPP. piano / HILLIARD GREENE. contrebasse / NEWMAN TAYLOR BAKER. batterie

Sa carrière est un condensé de l'aventure afro-américaine moderne, ainsi qu'il a d'ailleurs été dit à son sujet. Né à Chicago sous un nom hérité d'un ancêtre minstrel-médecin ambulant qu'on appelait Moondoctor, Jemeel Moondoc s'imprègne en famille de gospel et de blues (il a même l'occasion d'accompagner Willie Dixon), et défile en fanfare. Le tournant vient à l'Antioch College, dans l'Ohio, où il participe au début des années 70 au Black Music Ensemble que dirige comme un ouragan Cecil Taylor. Il y trouve mieux qu'une vocation, il y trouve la liberté. Dans la foulée, le saxophoniste s'installe à New York et forme l'ensemble Muntu (notamment, Roy Campbell, William Parker et Rashid Bakr) qui marquera la vie des lofts et servira de modèle. Un coffret de trois disques a récemment retracé la vie d'une formation incontournable. Au début des années 80, il enregistre le trépidant Judy’s Bounce, en trio avec Fred Hopkins et Ed Blackwell, qui attire l'attention, et monte le Jus Grew Orchestra (en référence au livre d'Ishmael Reed, Mumbo Jumbo), toujours en activité, dans le cadre duquel il se sert de la conduction. S'ensuit, jusqu'au milieu des années 90, une traversée du désert provoquée pour lui comme pour tant d'autres par la mainmise des néo-boppers de stricte obédience sur le monde et le milieu du "jazz" – période au cours de laquelle il ne cesse pas pour autant de pratiquer la musique et l'architecture, ses deux passions. C'est seulement avec le front de résistance ouvert par le Vision Festival dans le paysage new-yorkais et international que Jemeel Moondoc refait surface en public, pour le plus grand bonheur de ceux qui ont un jour été touchés par le "haut mal" que décrit Ishmael Reed, ce « Jes’Grew, ce Quelque Chose qui a permis à Charlie Parker d’escalader les gammes pour atteindre un Everest. Vole, plonge, glisse, s’élève puis c’est la divine vitesse ; c’est la voix par-delà la voix d’Otis Redding, c’est Jes’Grew qui se glisse du saxophone ténor de John Coltrane et qui inspire Herman le Noir lorsqu’il établit son dictionnaire des rêves (un ouvrage dont Freud aurait été jaloux). Jes’Grew, c’est la voix qui s’emporte, entraîne l’artiste, oublieux de la précision-netteté-lucidité ! C’est l’ennemie héréditaire que méprise et jalouse celui qui suit la voie atoniste, celui qui pratique de la main gauche le loa Petro, celui qui se raidit, ne cèdera pas, ne bondira pas, aigu, tranchant, emporté ; celui qui dit non, ne frétille pas, ne vibre pas, ne glisse pas d’une vibration entière, hanches libres, jusque plus bas, plus bas, les spasmes, le tremblement final, se hisse plus haut, plus haut ! ».

On croirait lire une description du jazz en liberté de Jemeel Moondoc, car il y a du magicien chez le saxophoniste. Il faut l'avoir vu diriger l'action, le dos légèrement arqué, les bras tendus comme des antennes et les phalanges effilées telles des baguettes de sourcier, le visage dans l'ombre transpercé par le carré magique des yeux... Et commenter après : « La musique est devenue si intense que les esprits sont entrés dans la pièce et se sont mis à tournoyer. D'un certain côté, c'était incroyablement effrayant. C'était presque comme si nous avions invoqué les ancêtres, et qu'ils étaient venus. Et ils sont vraiment venus. ». On a comparé sa sonorité profondément vocalisée, frappée au coin métallique de la voix, aux complaintes renversantes d'Ornette Coleman, au sens de l'attaque de Jackie McLean, à la folle scansion de Jimmy Lyons. Faiseur de mélodies-miracles, l'alto de Moondoc crache des pépins et vire à l'euphorie, dévale et distend les rythmes, presse les harmonies pour en exprimer le jus grew, l'essence polytonale. Avec trois autres piliers de la scène new-yorkaise, dont le pianiste Matthew Shipp souvent entendu à Sons d'hiver, il cultive l'esprit des workshops de Charles Mingus. Leur quartet est une assemblée d'hommes libres chez qui l'exubérance est la moindre des politesses, pour lesquels il s'agit toujours d'envisager un problème musical sous différents angles, de suivre un fil, de l'emmêler et de le démêler. Puis l'orchestre délibère et juge par consentement unanime. L'orchestre dérange les corps et les esprits. La dernière fois que Jemeel Moondoc a été vu et entendu à Paris remonte à 1999. Ne laissez pas passer cette occasion de tournoyer décisivement.

À VISITER : http://jemeelmoondoc.com

                                                           

Espace  Jean  Vilar -­‐  1  rue  Paul  Signac  -­‐  94110  Arcueil ☎ 01  46  15  09  77   TARIFS  : 14  €  /  8  €  ABONNÉ  SONS  D'HIVER    +  TR   RER  B  -­‐  arrêt  Arcueil-­‐Cachan.  Prendre  la  sortie  située  à  l’arrière  du  train  (sorite  1  –  rue  du  Dr  Gosselin) A  porte  d’Orléans,  prendre  la  RD920.  Aux  portes  d’Arcueil,  prendre  à  gauche,  direction  Arcueil-­‐Laplace.  L’espace  Jean  Vilar  est  situé  en  haut  d’un  escalier  de  pierre.  

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Jeudi. Vendredi. Villejuif

Février - 20h30 Théâtre Romain Rolland

"Qui verra Vieira" FABRICE VIEIRA SOLO FABRICE VIEIRA. guitare, voix, électronique, jouets, percussions

Fabrice Vieira a rejoint la Cie Lubat en 1995 comme objecteur de conscience, statut arraché à l’Institution militaire après d’opiniâtres démarches pour faire reconnaître la compagnie comme lieu de service civil. Dès lors, œuvrier indispensable de la Cie Lubat, il s’est installé à Uzeste. Se concrétisait ainsi la réalisation d’un désir irrésistible et absolu qui s’empara de lui à 13 ans.

Apprenant la guitare dans un conservatoire de la banlieue parisienne et membre d’une chorale d’enfants, genre les "p’tits loups" du jazz, Fabrice Vieira participe à une première partie d’un concert de la Cie Lubat. C’est le choc. Intense et déterminant. L’adolescent décide de devenir membre de cette joyeuse compagnie de sons vivants « quand il sera grand ». Lycéen puis étudiant en Sciences physiques, il continue de « bosser » la guitare.

L’époque est propice aux développements de l’enseignement du jazz, heureusement peu codifié administrativement. Les professeurs enseignent aussi bien qu'ils apprennent des élèves ; la transmission est vivante. Au CIM, première mouture, il a comme enseignant Pierre Cullaz, puis Louis Winsberg. Les professeurs sont musiciens et on peut « apprendre par les yeux » en assistant à leurs concerts. Alby Cullaz, à la contrebasse, vient faire le bœuf avec les élèves, l’atelier chant est assuré par Angélique Kidjo. Fabrice Vieira suit également l’enseignement de Patricio Villaroel, découvre aux Instants Chavirés Noël Akchoté et prend des cours avec lui.

Eclectique, il se passionne pour Prince et Joao Gilberto, écoute aussi bien Jimi Hendrix que György Ligeti. Il assiste dès qu’il peut aux concerts de la Compagnie ; se « paie » le voyage pour Uzeste à chaque Hestajada et se met à participer aux bals « Un musicien doit savoir faire danser les gens ». Tout cela n’a rien à voir avec une formation musicale provenant d’un enseignement qui travaille à créer une élite performante au-dessus du monde « C’est dans le magma de la diversité que se nourrissent les choses »… La Cie Lubat sera donc l’espace idéal et réel d’une aventure incroyable dans lequel il jouera avec Michel Portal, Archie Shepp, Louis Sclavis… et une fabuleuse noria de musiciens connus et inconnus, artistes de toutes les disciplines (théâtre, danse, arts du cirque et de la parole).

L’idée du solo est venue à Fabrice Vieira en travaillant au solo de Bernard Lubat, fondateur de la Compagnie. Elle a lentement mûri ces dix dernières années pour éclôre naturellement au moment propice. Fabrice Vieira conçoit le solo comme « le rêve éveillé d’un amusicien, entremêlimélomêlé d’impertinence en imperformance où la parole le dispute au chant et l’humour à la musique ». C’est loufoque et poétique, ludique et profondément musical. Il dispose d’une cinquantaine de chansons dans son répertoire, brésilienne, pop, occitane, standards. Selon le déroulé du spectacle improvisé, Fabrice Vieira pioche dans ce vivier et choisit le chant approprié. L’interprétation garde alors toute fraîcheur et échappe à la routine du spectacle. La situation l’emporte ainsi sur la monotonie du rabâchage.

Fabrice Vieira envisage le solo comme une autobiographie, thèse et antithèse de soi. La musique est plongée dans un bain créatif dans lequel le théâtre et le one-man-show se mêlent. Une "transartisticité" qui convoque dans ses improvisations à la guitare le free, le jazz, le bruitisme, les trafics sonores, les Double Six, les chants traditionnels et les mots… les mots du théâtre… les mots de la vie… Les mots des intellectuels, artistes et militants toutes catégories croisées à Uzeste lors des débats. Car les mots permettent de retrouver la musique, une histoire dans la musique. Le Mot redonne du sens à la note qui, elle même, arrive à redonner du sens au mot. L’humour regorge de sens critique et fait société.

La musique se love avec délice dans ces formes d’interrogation fine. Le solo devient ainsi une performance du dépassement de soi face aux surprises imprévues que le cours du spectacle provoque. L’heureux présage des musiques entendues devient un antidote au climat de peur ambiant des temps actuels.

À VISITER : www.cie-lubat.org/Oeuvriers/Fabrice-Vieira

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DANIEL HUMAIR / ÉMILE PARISIEN DUO DANIEL HUMAIR. batterie / ÉMILE PARISIEN. saxophones

Ce duo provoque une irrépressible envie de le découvrir tant il s’annonce comme une joyeuse fête des sons. Ce que le jazz a toujours été, et demeure, dans ses moments les plus intenses.

Notre intérêt est tout autant aiguisé par la qualité musicale des deux musiciens, l'audace dont ils ont fait preuve dans leur parcours musical, que par le symbole qu’ils représentent. En résumé, c’est la longue histoire du jazz et de l’improvisation que porte ce duo, avec naturel et sans prétention. Plus de cinquante ans d’histoire musicale et aussi… les cinquante à venir. L’écart générationnel de ce duo n’est en fait qu’une continuité artistique extrêmement riche, un lien fécond.

Daniel Humair n’est plus à présenter tant son rôle est prépondérant dans l’histoire contemporaine musicale. Batteur, il a su intégrer les innovations de Kenny Clarke, puis Elvin Jones et Tony Williams. Son arrivée à Paris le fait jouer dès les années cinquante avec des musiciens français et américains les plus en vues (Don Byas, Jackie Mc Lean, René Urtreger, Pierre Michelot, Michel Hausser, Chet Baker, Jef Gilson, Eric Dolphy, Don Cherry, Anthony Braxton, George Lewis… et aussi Guy Lafitte qui fut beaucoup plus tard un des formateurs d’Émile Parisien). Son œuvre musicale est jalonnée de formations qui ont été des repères essentiels et moments clés du jazz européen.

De 1959 à 1965, il forme un trio historique avec le pianiste Martial Solal. Puis c’est l’époque de l’inclassable trio HLP avec Eddy Louiss et Jean Luc Ponty. Phil Woods l’invite à rejoindre son fameux « European Rythm Machine ». Le trio HJT avec Henry Texier et François Jeanneau voit le jour dans les années 70 alors que les années 80 seront caractérisées par le trio Humair/Kühn/Jenny-Clarke. Entre temps, Daniel Humair aura tenu baguettes et tambours derrière une myriade de géants du jazz européen (Enrico Rava, Franco D’Andrea, Franco Ambrosetti…).

Émile Parisien, déjà reconnu pour ses qualités impressionnantes, fait partie de la jeune génération des musiciens français. Né en 1982, sa formation musicale, au collège "jazz" de Marciac et au conservatoire de Toulouse, lui a fait bénéficier de l’enseignement de Guy Lafitte, Pierre Boussaguet, Tonton Salut mais aussi Johnny Griffin, Bobby Hutcherson ou Wynton Marsalis. Très jeune, il joue avec de nombreux musiciens français de toutes générations de Michel Portal à Hervé Sellin ou Claude Tchamitchian. Avec son quartet et quatre disques à son actif, il montre toute ses qualités de leader et compositeur. Il rejoint aussi les formations de Vincent Peirani, le "New Reunion Quartet" de Daniel Humair et le Syndicate (hommage à Joe Zawinul).

La confrontation de ces deux solistes, improvisateurs toute catégorie, nous apportera des moments musicaux précieux et passionnants. Le style très pulsé, souvent sous-jacent, et puissant du batteur s’enrichit d’une coloration de timbres immensément riches. De quoi provoquer, soutenir les improvisations du saxophoniste et converser sans limites. Ce dernier peut jouer du registre lyrique puis se mouvoir dans un état contemplatif. De son engagement émane une énergie salutaire, inventive nourrie de foucades rythmiques, dissonances et chatoiements en tous genres. Résolument moderne, leur musique est une allègre refonte constante des certitudes, de l’écoute musicale et de ses règles. « Improviser… c’est créer une situation musicale ambiguë. Varier les couleurs sonores. Se surprendre et trouver du bonheur à la découverte de nouvelles perspectives. » C’est Daniel Humair qui le dit.

À VISITER : www.danielhumair.com

Théâtre  Romain  Rolland    (Salle  Eglantine)  -­‐  Esplanade  Pierre-­‐Yves  Cosnier  -­‐  94800  Villejuif ☎  01  49  58  17  00  /  www.trr.fr  TARIFS  :  18  €  /  12  €  ABONNÉ  SONS  D'HIVER  +  TR    M  ligne  7  -­‐  arrêt  Villejuif-­‐Paul  Vaillant  Couturier      A  Porte  d’Italie,  prendre  N7,  direction  Villejuif  puis  Villejuif  Centre-­‐Ville.    AUTOLIB'  Cinq  stations  en  centre-­‐ville;  dont  une  à  50  mètres  du  théâtre.  www.autolib.eu  

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Vendredi Le Kremlin-Bicêtre

Février - 20h30 Espace Culturel André Malraux (ECAM)

ILLTET MIKE LADD. voix / HPRIZM. MC, laptop,claviers / JEFF PARKER. guitare / DAVID FRAISER. batterie

Est-ce encore du rap ? Et d'abord, pourquoi la question se poserait-elle ? La musique, d'où qu'elle parte, n'est-elle pas censée être une aventure ? ILLTET, ou The Ill Quartet (parce que ce groupe est "malade", parce qu'il est – c'est intraduisible – « sick as in illmately good »), le nouveau projet de Mike Ladd, « compte quatre musiciens tous versés dans l'art de l'improvisation totale, et c'est leur pierre de touche, ce rapport au moment transitoire et à l'amorphe, cette capacité de bondir du micro au macro en faisant le lien, cette capacité de construire une narration en un instant. ». C'est ce qu'il s'est passé lorsque les quatre musiciens se sont retrouvés en studio, à Brooklyn fin juin 2015, et ont dû faire face à des contretemps qui ont transformé leur séance d'enregistrement en session d'improvisation totale, jusqu'aux textes de Mike Ladd riffant sur les événements du moment, du tréfonds. Ils ont répondu à la situation en improvisant, en prenant conscience des circonstances, des contingences, et en les réorientant. Ils se sont resitués dans le cours des événements, même involontaires, pour reprendre l'initiative. Et le fait est que le bien-nommé et ombreux « Gain », leur premier disque, sinue superbement entre une logique narrative linéaire et une logique anguleuse de digressions, de décalages, de dérives, distillant silences, essences et vapeurs entre les échancrures et les déchirures pratiquées. Musique enchantée...

Ils sont quatre musiciens, dont High Priest ou HPrizm qui appartient comme Mike Ladd à une génération qui a appris à se livrer à toutes sortes d'exercices de réinterprétation, de régénération. Membre fondateur du collectif Anti-Pop Consortium, HPrizm a propagé sa science de "SoundDesigner" auprès de The Roots et de Mos Def, avec Matthew Shipp, Wadada Leo Smith, Radiohead ou David Lynch. Ici, il donne à peine de la voix pour se consacrer sur ses étranges claviers et machines. Quatre musiciens dont Jeff Parker avec sa guitare filet à papillons et à caméléons. Membre de l'AACM depuis 1995 et du groupe Tortoise depuis 1997, le guitariste a intégré, de “post-bop” en “post-rock”, des éléments d’ambient, de krautrock, de musique concrète et industrielle à un phrasé par ailleurs aussi limpide que celui de Charlie Christian, que celui de Jim Hall. Quatre musiciens, dont David Shepard qui aura la mission impossible de remplacer Tyshawn Sorey, le batteur, tromboniste et co-claviériste du groupe et du disque, indisponible pour cette date. Ce pourquoi Shepard ne le remplacera pas réellement, mais misera sur une vieille complicité avec Mike Ladd pour s'adapter et adapter, pour improviser.

Et Mike Ladd sait y faire. Dès 1997 et son premier opus, « Easy Listening 4 Armageddon », il donnait le ton : ne jamais oublier que le rap est moins un style de musique plus ou moins offensif ou inoffensif (après tout, sa musique à lui garde aussi des traces de dub, de punk, de free, voire de funk-rock psychédélique) qu’une arme à longue portée symbolique, et utopique. Elle allait lui servir, au fil des années, aux États-Unis et en Europe, d’Infesticons en Majesticons (créatures fantastiques entre lesquelles se jouent le sort de la planète et des quelques humanoïdes qui s’y échangent des virus organiques ou informatiques), à envoyer message secret sur message secret plutôt que de verser dans l’explicite et la caricature où s’enlisent tant de rappeurs aujourd’hui, pour mieux casser les codes symboliques de ce qui décidément nous aliène. Afin que nous prenions davantage conscience de l’“afterfuture” dans lequel nous vivons déjà, ce grand temps présent fait de tant de passés sans cesse rejoués, d’avenirs et de devenirs imaginés pêle-mêle. Et que tel Ladd nous repartions toujours plus loin à l’aventure.

SORTIE DE CD : ILLTET, "Gain", ROGUEART, 05  février  2016

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MARC RIBOT'S CERAMIC DOG MARC RIBOT. guitare / SHAHZAD ISMAILY. guitare, basse, électronique / CHES SMITH. batterie, percussions

Il y a une méthode : « Si vous écoutez attentivement, vous entendrez la colère, l'espoir, la déception, l'excès rituel, l'amour et l'anarchie qui saturaient l'air que nous avons respiré ensemble et séparément pendant toutes ces années. » Celui qui parle ainsi est l'un des hommes-clefs de la scène downtown new-yorkaise, un musicien certainement paradoxal, trop complexe pour être simplement avant-gardiste, un musicien capable de toutes les audaces avec un détachement qui fait son charme. Un homme-clef, et longtemps l'homme de l'ombre sur les disques de Tom Waits. Elève du guitariste haïtien Frantz Casseus, venu du klezmer, de la soul et du rock no wave dans les années 70, accompagnateur avec les Real Tones des vedettes du label Stax (que ce soit Wilson Pickett, Carla Thomas, Rufus Thomas ou Syl Johnson), puis électron libre avec les Lounge Lizards des frères Lurie dans les années 80, Marc Ribot a ensuite manipulé la musique cubaine, écumé les bas-fonds de la noise ou conçu dans les hautes sphères un concerto pour guitare électrique et orchestre symphonique... Tout en restant toujours fidèle à ce jazz qu'il joue avec une verve insolente, avec décontraction. Après tout, quel autre guitariste peut se vanter d'avoir joué avec Jack McDuff et Tricky, Alain Bashung et Don Byron, Caetano Veloso et John Zorn ? Ou de savoir interpréter la musique d'Arsenio Rodriguez, de Laurie Anderson et d'Albert Ayler ?

Voilà longtemps que l'idée d'un "power trio" taraudait Marc Ribot. Jusqu'à ce que Shahzad Ismaily (bassiste électrique, contrebassiste, guitariste, claviériste, batteur, électro-acousticien ; américain et pakistanais versé dans les musiques de ses deux pays, mais aussi celles de Bali, du Japon, du Maroc...) lui fasse valoir qu'il était l'homme de la situation. Et que leur batteur devait être Ches Smith qui joua étant jeune avec un groupe de "prog/punk/psych/metal" avant de s'assagir en « apparence » et d'aller étudier au Mills College auprès de William Winant, Fred Frith, Pauline Oliveros ou encore Alvin Curran. Soit la fine fleur des musiques contemporaines et improvisées.

Ensemble, Ribot, Ismaily et Smith ont donc formé Ceramic Dog, enregistré tour à tour "Party Intellectuals" et "Your Turn", dans le sens d'une esthétique en déconstruction, ou dans le sens d'équipées sinueuses. Ils ont procédé avec désordre et méthode, la même méthode que suit depuis toujours le guitariste : « Cela fait des années que je monte des projets qui sont essentiellement des groupes de rock avançant masqués. Rootless Cosmopolitans était un groupe de rock déguisé en ensemble de musique nouvelle. Los Cubanos Postizos était vraiment un groupe de punk rock déguisé en groupe de musique cubaine. Même le projet sur Albert Ayler, « Spiritual Unity », parce qu'il est adapté pour la guitare, est une sorte de groupe de punk-rock bizarre jouant la musique d'Ayler. Mais dire "déguisé" est un peu une exagération... Disons que j'aime approcher les choses indirectement. Par exemple, si j'avais été saxophoniste, je ne me serais jamais lancé dans un projet sur Albert Ayler. Quelque chose d'intéressant se produit à partir du moment où vous essayez de traduire les choses. » Quelque chose qui évoque la colère, l'espoir, la déception, l'excès rituel, l'amour et l'anarchie.

À VISITER : http://marcribot.com/ceramic-dog

Espace  Culturel  André  Malraux -­‐  2  place  Victor  Hugo  -­‐  94270  Le  Kremlin-­‐Bicêtre   ☎ 01  49  60  69  42  /  www.ecam-­‐lekremlinbicetre.com TARIFS  :  20  €  /  15  €  ABONNÉ  SONS  D'HIVER  +  TR  /  9  €  MOINS  DE  26  ANS  M ligne  7  -­‐  arrêt  Le  Kremlin-­‐Bicêtre.  Le  théâtre  est  à  5  minutes  de  la  station. BUS lignes  47,  131,  185,  323  -­‐  arrêt  Le  Kremlin-­‐Bicêtre  métro  VALOUETTE ligne  1  -­‐  arrêt  Espace  Culturel  André  Malraux  ;  ligne  6  -­‐  Hôpital  de  Bicêtre    A  Porte  d'Italie,  prendre  RD7  sur  650  mètres,  direction  Villejuif.  À  la  hauteur  de  la  station  de  métro,  tourner  à  droite  (avenue  Eugène  Thomas),  puis  1re  rue  à  gauche  au  feu  (rue  Jean  Monnet).    VELIB’ 2  stations  à  150  mètres  du  théâtre  PARKING  GRATUIT  (2  premières  heures)  au  sous-­‐sol  du  centre  commercial  Okabé  (Attention  :  après  22h30,  sortie  obligatoire  rue  Michelet).    

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Samedi CHOISY-LE-ROI

Février - 20h Théâtre Paul Éluard

TONY MALABY'S TUBACELLO TONY MALABY. saxophones / BOB STEWART. tuba / CHRISTOPHER HOFFMAN. violoncelle / JOHN HOLLENBECK. batterie, percussions, piano préparé

Originaire de Tucson, dans l'Arizona, et citoyen à part entière de New York-Babel depuis le milieu des années 90, Tony Malaby s'est fait connaître avec le Liberation Music Orchestra de Charlie Haden et l'Electric Bebop Band de Paul Motian, avec les groupes de Mark Helias, Fred Hersch et Tim Berne, mais aussi ceux de Chris Lightcap, Eivind Opsvik et Ches Smith dans la nouvelle génération. Et en France où ses pas souvent le ramènent avec ceux de Michel Portal, Daniel Humair et Benoît Delbecq. C'est toutefois en le découvrant en leader, dans son trio Tamarindo avec William Parker et Nasheet Waits (parfois augmenté de Wadada Leo Smith), ou dans le nonet pour lequel la pianiste Kris Davis a imaginé de fascinants arrangements autour de ses compositions, qu'on a pu prendre toute la mesure de l'une des voix les plus singulières apparues ces dernières années. Une voix pénétrée de lointains et sulfureux sujets, puisque Malaby se souvient encore de son enfance à Tucson, « qui ne pouvait qu'être une expérience très mexicaine. Il y régnait une atmosphère créée par la musique, par les rituels – aller aux cérémonies, aux enterrements, les chapelets qu'on récite, les panaches de fumée des encens... toutes ces choses, et comment elles se chevauchaient, ont perduré en moi. Je pense vraiment que c'est qui je suis, comment je suis venu au monde. Cela représente un univers mental prégnant, qui remonte pour moi à cette époque. J'essaye de restituer ces expériences, à travers ma sonorité et ma manière de jouer. »

Jouant ses mélodies comme des effluves, parfois pris par des bouffées de saxophone ou camouflant tout au contraire son soprano ou son ténor en flûte ou en hautbois, Tony Malaby préfère prendre part aux activités collectives comme dans Tubacello. Après différents trios avec un tubiste ou un violoncelliste et un batteur, le saxophoniste n'a fait que changer de centre de gravité : « Le tuba et le violoncelle sont deux de mes instruments favoris. Il y a un mystère constant dans le son du tuba, d'où il monte, de quelle source il émane, comment il se situe dans le contexte d'un ensemble. Parfois, il se situe juste derrière moi, et à d'autres moments il est carrément au-devant, quand il n'est pas loin dans les marges... C'est une dimension que j'apprécie vraiment. Et j'aime aussi terriblement ces sortes d'aspérités que fournit Christopher Hoffman au violoncelle, en se frottant au son du tuba. Ajoutez à cela l'univers en soi de John Hollenbeck non seulement à la batterie et aux percussions, mais au piano préparé... J'ai juste envie de faire partie de ça, de me retrouver au milieu de ça. » Notons que, remplaçant Dan Peck au tuba pour cette tournée, il y a Bob Stewart, lequel fait directement le lien entre Tubacello et leur principal prédécesseur, les formations du fougueux Arthur Blythe avec Stewart et le violoncelliste Abdul Wadud.

Jouer, musiquer, frictionner. À tout moment, en toute assurance, ces quatre hommes prennent plaisir à s’égarer ensemble et à se retrouver ensemble. Voilà quelques années que la Régie Autonome des Transports Parisiens diffuse ce message dans les couloirs et sur les quais du métro : « Attentifs ensemble », etc. S’ensuit l’habituel appel à la surveillance des uns par les autres qui sert désormais de lien social. Mais, « attentifs ensemble », ça veut dire tout autre chose, n’est-ce pas ? Attentifs ensemble à tout ce qui pourrait fort heureusement nous dé-router, nous dé-tourner, nous dé-ranger (nous déterritorialiser, nous replanter dans le tout-monde). La musique improvisée comme sens de la désorientation, avec son nécessaire de voyage fantastique. Comme le saxophone de Tony Malaby se glissant entre les branchages du violoncelle et de la batterie, sous le dôme du tuba. Saxophone-phasme jouant sans cesse avec eux. S'écartant avec eux, s'écartant ensemble, attentifs.

À VISITER : www.tonymalaby.net/band_tubacello.html

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"Play the Music of Jackie McLean and Eric Dolphy" OLIVER LAKE ORGAN QUARTET OLIVER LAKE. flûte, saxophone alto / JARED GOLD. orgue Hammond B-3 / FREDDIE HENDRIX. trompette / CHRIS BECK. batterie

D'abord, Oliver Lake s’arrache. Les rafales de son saxophone filent, cinglantes, trépidantes, allant de la stridulation à la cajolerie. C'est-à-dire qu'il fait partie de la famille des jazzmen immédiatement reconnaissables. Pour le reste, une fois sa personnalité campée sur l'instrument, Oliver Lake serait plutôt l'incarnation même du musicien créateur contemporain – ce qu'aux États-Unis, on continue d'appeler un "Renaissance Man". Depuis sa participation décisive au Black Artists' Group de Saint Louis dans les années 70, le saxophoniste aura tout fait.

Contribuer grandement à la vie du jazz : du solo qu'il pratique tout en récitant sa poésie ou en invitant Ntozake Shange à ses côtés au big band dans lequel il continue à former de jeunes musiciens, ou au World Saxophone Quartet qu'il a cofondé avec Hamiet Bluiett, Julius Hemphill et David Murray dans les années 70 ainsi qu’au Trio 3 qu'il anime avec Reggie Workman et Andrew Cyrille depuis les années 80.

Composer de la musique de chambre, notamment pour l'Arditti String Quartet ; monter des groupes accordant reggae ou calypso à l'improvisation collective venue du jazz ; travailler avec la chanteuse amérindienne Mary Redhouse, la joueuse coréenne de kumongo Jin Hi Kim, le joueur chinois de flûte de bambou Shuni Tsou ; partager la scène avec des danseurs et des chorégraphes, avec Yasiin Bey aka Mos Def ou avec Me'shell Ndegeocello (à Sons d'hiver, en 2007) ; arranger les sections de cuivres des projets de Björk ou d'A Tribe Called Quest...

Depuis son premier disque en leader, Oliver Lake revient régulièrement à ses premières amours, Jackie McLean et Eric Dolphy : « Dolphy m’a fait prendre conscience que je ne serais jamais "un parfait petit bopper". Ce qui m’a tout de suite fasciné chez lui, c’est qu’il était imprévisible. On ne pouvait pas prévoir à l’avance les sons qui sortiraient de ses instruments, contrairement à tant de solos calibrés que je pouvais entendre par ailleurs. Ceux-là, je pouvais en terminer les phrases à la place des instrumentistes eux-mêmes. C’est strictement impossible avec Dolphy ! Pour obtenir un tel résultat, j’ai compris qu’il me fallait créer mon propre vocabulaire – comme Dolphy et comme Jackie McLean. Dans l’espoir que ceux qui m’écoutent ne puissent pas prévoir ce qui va suivre… L’élément de surprise est ce qui ajoute de la beauté à cette musique. »

L'angle choisi pour ce nouveau détour, est la fameuse formation à base d'orgue Hammond B-3 (sans basse, donc), avec une poignée de jeunes mercenaires qui ont écumé tout ce que la Côte Est de l'Amérique du Nord compte de repaires, dont Jared Gold en digne héritier de Larry Young. Moyennant un travail sur les régularités et les irrégularités (harmonies captivantes quoique cubistes, métriques entraînantes quoique paradoxales, morceaux en forme de chansons qui se déforment...), les quatre hommes sont, selon les besoins d'une musique à la mesure exacte de leur démesure, dans la médiation, dans la juxtaposition, dans la superposition, dans l’intrusion, dans la contradiction. Des forces de frottement traversées par les spirales post-bop de Oliver Lake à l'alto et les arcs électriques de Gold à l'orgue. Cet Organ Quartet est un noyau instable où chacun a constamment le dessus, constamment le dessous, dans une course poursuite suspendue entre le groove et le libre cours. Il est à l'image du premier souvenir musical d'Oliver Lake. Sa famille tenait un restaurant à Saint Louis, où trônait un juke-box qui fonctionnait en permanence. Et c’est notamment là, pendant que sa mère s’affairait en cuisine, chantant des spirituals, et pendant que le juke-box diffusait les merveilles du jour, que le futur saxophoniste eut la révélation des pouvoirs de la musique. Tous les pouvoirs. Toutes les musiques.

À VISITER : http://oliverlake.net

Théâtre  Paul  Éluard -­‐ 4  avenue  de  Villeneuve  Saint-­‐Georges  -­‐  94600  Choisy-­‐le-­‐Roi

☎ 01  48  90  89  79  /  www.theatrecinemachoisy.fr  

TARIFS  : 20  €  /  14  € ABONNÉ  SONS  D'HIVER  +  TR    RER  C  -­‐  arrêt  Choisy-­‐le-­‐Roi.  Sortie  côté  Seine,  remonter  la  passerelle  et  traverser  la  Seine,  le  Théâtre  se  trouve  à  droite.  BUS  lignes  182,  103  -­‐  arrêt  Pont  de  Choisy  //  RER  D  -­‐  arrêt  Créteil-­‐Pompadour  +  TVM  -­‐  arrêt  Pasteur       À   Porte   de   Bercy,   prendre   A4,   puis   A86,   direction   Créteil   et   prendre   sortie   23,   direction   Melun-­‐Sénart.   Au   carrefour  Pompadour,  suivre  S  9,  puis  Choisy-­‐le-­‐Roi  sur  la  N186,  au  7e  feu,  serrer  à  droite  et  tourner  à  gauche  sous  l'auto-­‐pont.  Le  Théâtre  se  trouve  tout  de  suite  à  droite.  Ou  sortir  du  périphérique  quai  d’Ivry,  direction  Ivry,  puis  direction  Alfortville,  passer  le  pont,  tourner  à  droite,  suivre  la  Seine  rive  droite  jusqu’à  Choisy-­‐le-­‐Roi.  Dans  Choisy,  passer  sous  l’auto-­‐pont,  le  Théâtre  est  à  droite.  

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Mardi CACHAN

Février - 20h30 Cinéma La Pléiade

// Ciné-Concert

The Half-Breed (Le Métis), film d'Alan Dawn, 1916 LOUIS SCLAVIS / BENJAMIN MOUSSAY

LOUIS SCLAVIS. saxophone soprano, clarinette basse / BENJAMIN MOUSSAY. piano, claviers

Allan Dawn est un des grands cinéastes hollywoodien du cinéma muet jusqu’aux années trente et quarante. Lorsqu’il tourne The Half-Breed en 1916, il a déjà 400 films à son actif. Ce film est un des premiers à traiter de la relation amérindienne/européenne au travers de la vie d’un métis rejeté de tous mais accueilli par Nellie, la fille du pasteur. Le métis, Lo Dorman, est interprété par le grand acteur du cinéma muet, Douglas Fairbanks. Le quotidien des relations entre indiens et blancs est abordé tout autant que d’impossibles histoires d’amours interraciales, sources de réflexion sur les figures d’exclus qui composent la société américaine.

The Half-Breed est un film courageux qu’il faut resituer historiquement. En 1890, le massacre de "Wounded Knee" clôturait les guerres indiennes. Il était encore très présent dans la mémoire de tous et D.W. Griffith avait réalisé en 1913, The Battle of Elderbush Gulsh, film représentant les indiens comme de sauvages sanguinaires. Au musée anthropologique de San Francisco, Ishi, le "dernier" indien sauvage, venait de mourir après avoir passé la fin de sa vie comme objet d’exhibition. L’industrie naissante du cinéma recommandait de ne pas embaucher d’indiens pour jouer leur rôle, de peur de réveiller en eux leur nature sauvage. The Half-Breed nous parle de l’Amérique du début du XXe siècle, l’Amérique où naquit le jazz.

La Cinémathèque française a commandé ce ciné-concert à Louis Sclavis. Son œuvre musicale est faite de multiples rencontres, à l’exemple de son dernier disque "Silk Quartet". Nul doute que ce film exceptionnellement tourné en extérieur dans le cadre majestueux du Parc National de la Sierra Nevada et le Boulder Creek (Californie) ne l’inspire.

L’univers poétique de la musique de Louis Sclavis comporte toujours des temps d’évocations élégiaques. Nous sont alors suggérés des moments de grâce que l’on regrette de voir disparaître ; le génocide des guerres indiennes et leur abject racisme ont détruit le mythe du "bon sauvage". Il y a de la gravité à traiter ce film d’Alan Dawn.

Benjamin Moussay est l’indispensable alter ego pour aborder cet univers. Il dispose d’une magnifique et profonde sonorité qui mêle judicieusement romantisme et expérimentation. Le pianiste du "Silk Quartet" a été formé à l’étude de la musique de Monk, Ellington et Lennie Tristano tout en étant doté d’une solide culture classique et contemporaine (Beethoven, Bach, Debussy, Ligeti, Messiaen, Reich) sans oublier les incontournables Radiohead et Bowie.

La fin du film The Half Breed voit le héros métis s’échapper d’une cité intolérante en rejoignant une troupe de music hall itinérante rassemblant d’autres exclus. Le combat pour le droit à la reconnaissance va se dérouler sur un autre terrain, celui de la conquête culturelle…

The"Half-Breed" a été restauré en 2013 par La Cinémathèque française et le San Francisco Silent Film Festival

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// Ciné-Concert

In the Land of the head hunters, film de Edward Sheriff Curtis, 1914 RODOLPHE BURGER

RODOLPHE BURGER. guitare, theremin

Le photographe et ethnologue Edward Sheriff Curtis est connu pour nous avoir offert de magnifiques photographies des indiens d’Amérique qu’il commença à réaliser à la fin du XIXe siècle. Au total près de quatre-vingts tribus (apaches, sioux, cheyennes…) furent ainsi représentées et mises en valeur par des dizaines de milliers de clichés. Nous lui devons le célèbre portrait du chef Geronimo. Il travaille donc dans un contexte qui est marqué par la fin des guerres indiennes. La société américaine a perpétué un génocide impitoyable. Holocauste fondateur "libérant" un immense territoire propice au développement du capitalisme américain. Des sept à dix millions d’amérindiens, seuls, cinq cents mille ont survécu. Edward S. Curtis veut témoigner de la particularité de cette "civilisation disparue".

En 1914, il tourne In the Land of the head hunters, film d’une rare splendeur qui sera un retentissant échec commercial aggravant les dettes du photographe. Il se sépare du film en le vendant au Musée d’Histoire Naturelle de New York qui le triture et l’égare. Une copie dans un piteux état fut retrouvée dans une poubelle en 1947. Elle est maintenant restaurée avec l’aide du Registre national du Film Américain et la Bibliothèque du Congrès.

Ce film est une fiction qui comporte des éléments de documentaires. Edward S. Curtis le tourne sous les conseils de l’ethnologue George Hunt. Les acteurs sont les indiens de la tribu Kwakiutl de l’île de Vancouver au Canada. Le film est tourné dans leur village et les indiens jouent leur propre rôle avec un plaisir évident. À partir d’un scénario propice à attirer l’attention du public - une histoire d’amour de tragédie classique -, l’histoire raconte la confrontation entre le jeune fils du chef de tribu et le vieux sorcier jaloux qui veut lui prendre sa fiancée. Ce film exubérant, inventif, est rythmé par une narration parcourue de rituels, de glorieux faits d’armes, têtes réduites brandies, danses tribales, masques fabuleux et parures d’animaux fantastiques.

Rodolphe Burger s’est attelé à produire une musique incandescente suggérant la montée en transe, usant de son expérience du rock et du mixage de sons issus de la musique folk américaine et des chants traditionnels indiens. La magie des sons électro-acoustiques artificiels intervient comme un amplificateur de sensations. On entend la force des éléments de la nature ; le vent démiurge et les effets d’écho qu’on distingue dans les grands espaces. Le musicien est tel un Antonin Artaud face aux indiens Tarahumaras du Mexique. C’est un peu comme une correspondance entre les Arts et les Civilisations. Rodolphe Burger aime ce dialogue fructueux avec cette œuvre essentielle du début du siècle dernier et ces hommes d’une civilisation autre. « Je veille toujours à laisser une grande part à l’improvisation. C’est le film qui dicte cela… Ce qui m’intéresse avec le sampler, c’est que je peux jouer à la main. Je peux manipuler des sons, des voix, des bruits faciles à mélanger. C’est d’une richesse incroyable. »

Ce ciné-concert nous adresse une question des plus pertinentes. Les "sauvages" de la "civilisation disparue" étaient totalement immergés dans un onirisme époustouflant. Cette richesse culturelle nous interpelle sur l’imaginaire dégradé de nos sociétés fondées sur l’hyper consommation et le culte de l’argent. Vous avez dit sauvages ? Mais qui sont les barbares ?

Soutien financier pour l’enregistrement de la musique : Rutgers, Office of Undergraduate Academic Affairs Production : Compagnie Rodolphe Burger. La Compagnie Rodolphe Burger est soutenue par le Fonds de dotation agnès b. pour la permanence artistique et par le Ministère de la Culture et de la Communication, direction régionale des affaires culturelles d’Alsace.

Cinéma  La  Pléiade  -­‐  12,  avenue  Cousin  de  Méricourt  -­‐  94230  Cachan  Informations  et  réservation  avec  le  théâtre  de  Cachan-­‐Jacques  Carat  ☎  01  45  47  72  41  /  www.theatredecachan.fr  TARIFS  :  20  €  /  12  €  ABONNÉ  SONS  D'HIVER  +  TR    RER  B  -­‐  arrêt  Arcueil-­‐Cachan  BUS  lignes  162,  184,  187  -­‐  arrêt  Mairie  de  Cachan    A  porte  d’Orléans,  prendre  la  N20.  Au  niveau  du  supermarché  Casino,  tourner  à  gauche  direction  Cachan  centre.  PARKING  HENOUILLE    gratuit  est  situé  au  dessus  du  magasin  Simply  Market  pour  les  spectateurs  du  cinéma.  Valider  le  ticket  de  parking  au  moment  de  l'achat  de  la  place.    

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Jeudi MAISONS-ALFORT

Février - 20h45 Théâtre Claude Debussy

MIGUEL ÁNGEL CORTÉS IN CONCERT

MIGUEL ÁNGEL CORTÉS. guitare, compositions / JORGE PÉREZ “EL CUBANO”, JOSÉ MANUEL FERNÁNDEZ. percussions, palmas

À l’occasion de la 18e Biennale de Flamenco de Séville en 2014, le jury, à l’unanimité, attribua à Miguel Ángel Cortés le prix Giraldillo pour la qualité et la maturité de son jeu de guitare dans toutes les disciplines du flamenco. Ce prix incluait pour la première fois de son histoire les catégories multiples que sont le concert, la composition, l'arrangement et l’accompagnement de danseurs et chanteurs. Cette distinction exceptionnelle est révélatrice de la place qu’occupe Miguel Ángel Cortés aussi bien dans le flamenco contemporain que dans son histoire qui l’adopta dès ses plus jeunes années.

Né le 26 janvier 1972 à Grenade en Andalousie, Miguel Ángel Cortés rejoignit dès l’âge de huit ans le monde du flamenco au sein de "La zambra del Sacromonte". À partir de quatorze ans, il participe à de nombreuses tournées en Europe, Japon et États-Unis, en accompagnant des danseurs prestigieux tels que Mariquita, Manolete, Javier Barón, Antonio Canales, Juan Ramirez, Beatriz Martin, Eva La Yerbabuena et Juan Andrés Maya. Cette liste d’artistes talentueux avec lesquels il travailla très jeune est révélatrice tant par la précocité artistique de Miguel Ángel Cortés que par son expérience actuelle acquise de longue date.

L’année 1991 marque une nouvelle étape dans sa vie artistique puisqu’il devient, avec son frère Paco Cortés, guitariste auprès de la chanteuse Carmen Linares. Il l’accompagne durant de nombreuses tournées à travers le monde tout en commençant à développer son propre travail de soliste. Il est remarqué à l’occasion du concours Guitar Contest Paco de Lucía en 1994 et reçut pour sa prestation le second prix. Deux ans plus tard, Miguel Ángel Cortés est sélectionné parmi les jeunes espoirs de la guitare flamenco à la Biennale de Séville. Il publie en 1998 son premier album solo "Patriarch" et en 2007, son second album "Refrain from Rag" obtient le prix du meilleur album de guitare du site web Deflamenco.com.

Il ne délaisse pas pour autant les autres aspects du champ artistique flamenco et conserve son rôle d’accompagnateur des grandes figures de cet art vivant. La plupart des grands chanteurs contemporains ont recours à son soutien musical : Enrique Morente, Estrella Morente, Miguel Poveda, Chano Lobato, Luz Casal, José de la Tomasa, Chiquete et El Pele, Carmen Linares, et bien sûr Esperanza Fernandez. En 2008, il est l’invité de Manolo Sanlúcar qui inaugure la Biennale Flamenco de Séville avec le spectacle "Ton oreille est plus vieille que ton grand-père".

Devenu un artiste incontournable de la scène flamenco actuelle, Miguel Ángel Cortés est un instrumentiste virtuose et extrêmement sensible disposant d’un jeu au rythme précis et d’une palette expressive très étendue. Cette soirée de Sons d’hiver sera l’occasion de l’entendre, et pour beaucoup de spectateurs de le découvrir, dans le cadre des deux facettes de son art : celle du soliste et celle de l’accompagnateur auprès d’Esperanza Fernández.

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"De lo jondo y verdadero" ESPERANZA FERNÁNDEZ

ESPERANZA FERNÁNDEZ. chant / MIGUEL ÁNGEL CORTÉS. direction musicale, arrangements, guitare / JOSE MANUEL FERNÁNDEZ, JORGE PÉREZ "EL CUBANO". percussions, palmas DANIEL BONILLA. voix, palmas // Invitée : ANA MORALES. danse Née à Triana, quartier gitan sévillan, Esperanza Fernández a reçu l’héritage flamenco d’une famille de cantaores, guitaristes et danseurs dont son père, Curro Fernández, est une figure emblématique. Elle a donc été à "bonne école" et a toujours baigné dans cette musique. Sa mère, Pepa Vargas, est aussi chanteuse et sa tante est la danseuse réputée Concha Vargas. Cette "école" de transmission familiale a permis précocement à Esperanza Fernández de se produire sur scène. À neuf ans, elle rejoint le groupe de ses deux frères La Pandilla Gitana. À seize ans, elle chante pour le danseur et chorégraphe Mario Maya à l’occasion de la tournée européenne de son spectacle "Amargo". Quatre ans plus tard, elle devient célèbre en participant au spectacle d’Enrique Morente "A Oscuras" lors de la Maestranza de Séville. Elle publie son premier album solo en 2001. Puis son second disque en 2007 "Recuerdos". Produit sous la direction artistique de José Antonio Rodríguez en 2007, l'album est primé quatre fois et obtient notamment le prestigieux prix national de la critique Flamenco. En 2009, Esperanza Fernández obtient le prix du chant Flamenco à la XXe Biennale de Flamenco de Séville en raison de ses qualités vocales et de son sens du lien entre la tradition et l’exploration de nouvelles formes.

Esperanza Fernández dispose d’une voix souple et claire au large registre et aux timbres multiples que soutient un compás impeccable. Sa tessiture peut tour à tour, se faire douce ou âpre, voilée ou limpide. Esperanza Fernández maîtrise une exécution parfaite de la profondeur du cante jondo. Pour parvenir à cette qualité de chant, elle dispose d’une solide connaissance de la tradition flamenco acquise de chanteuses comme la Nina de los Peines et dans les cheminements les plus naturels d’une culture musicale transmise familialement depuis de nombreuses générations.

Cet enracinement historique ne l’empêche pas de mener aussi bien de nombreuses expériences musicales avec des orchestres symphoniques qu'avec des musiciens de jazz français comme Jean Marc Padovani ou des musiciens traditionnels marocains. Deux créations que Sons d’hiver avait programmées durant la première décennie des années 2000. Depuis 2012, elle chante L’Amour sorcier composé par Manuel de Falla, ce qui lui a valu de se produire sur la scène du Liceo à Barcelone, le Teatro Real à Madrid ou le Palacio de Bellas Artes à Mexico.

Le projet que nous découvrirons à Sons d’hiver est une création réalisée à la dernière Biennale de Flamenco de Séville en 2014. Ce spectacle se nomme "De lo jondo y verdadero", il y est question d’authenticité et Esperanza Fernández rend hommage à la tradition en célébrant des chanteurs comme Tomás Pavón, Antonio Chacón ou La Perla de Cádiz. Ce spectacle est fondé sur une recherche du flamenco ancien du début du XXe siècle jusqu’aux années 50. Ce travail de reconstitution du chant ancien est une volonté de conserver la mémoire et les racines de la musique flamenca. Il s’appuie sur des chants de travail comme La Mariama, chant évoquant les travaux des champs et le labour, d’autres, inspirés de la vie quotidienne, tombés en désuétude ou une chanson à la réputation maudite comme La Petenera ; chanson très difficile à interpréter et considérée comme "porte malheur ". Avec l’interprétation d’Esperanza Fernández, la chanson cesse d’être maudite.

… Le directeur musical de cette création sévillane est Miguel Ángel Cortés.

     

Théâtre  Claude  Debussy  -­‐  116  avenue  du  Général  de  Gaulle  -­‐  94700  Maisons-­‐Alfort

☎  01  41  79  17  20  /  www.theatredemaisons-­‐alfort.org

TARIFS  :  22  €  /  19  €  TR  /  14  €  ABONNÉ  SONS  D'HIVER     RER  D  (7  mn  depuis  gare  de  Lyon)  -­‐  arrêt  Maisons-­‐Alfort  Alfortville.  Sortie  Maisons-­‐Alfort,  aller  en  face  puis  tourner  la  2e  à  droite  avenue  du  Général  de  Gaulle.  Le  Théâtre  se  trouve  sur  le  parvis  de  la  Mairie.  M Ligne  8  -­‐  Sortie  de  droite  escalators,  tourner  la  1re  à  droite  rue  du  11  Novembre  1918,  continuer  tout  droit  rue  Paul  Vaillant  Couturier,  puis  tourner  à  gauche  avenue  du  Général  de  Gaulle.  Depuis  Paris  prendre  l’A4,  1re  sortie  Maisons-­‐Alfort,  tout  droit  après  le  Pont  de  Charenton.  Autrement,  le  théâtre  se  trouve  au  carrefour  avenue  du  Général  de  Gaulle  et  l’avenue  de  la  République.  PARKING  marché  du  centre-­‐ville,  avenue  de  la  République,  face  au  n°34  

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Vendredi FONTENAY-SOUS-BOIS

Février - 20h30 Salle Jacques Brel (Navette Aller/Retour )*

PATÉ POUR CHIENS AYMERIC AVICE. trompette / FABIEN RIMBAUD. Batterie, voix

Ce duo-là possède l’art de la transgression portée à son point ultime. Rock Punk et improvisation non stéréotypée se mêlent dans une liberté orgiaque démesurée. La musique, balancée à l’auditoire dans un parfait oxymore d’élégance dandy et de rage de vivre dantesque est un torrent indomptable d’énergie. Cette vitalité non artificielle impressionne l’auditeur, elle est le résultat d’une liberté sans contrainte, absolue. Le désir ne calcule pas, il jaillit.

L’amplitude des sons recherchés, primitifs ou électro, leur puissance spontanée, les rythmes jusqu’au-boutiste, le chant déclamé d’une poésie d’urgence. Tout se superpose, s’enlace, s’entrechoque. Le corpus musical devient un enchaînement de propositions inattendues dont on suit les successions et péripéties sans relâche, avec délectation. Le plaisir de se confronter à l’attrait mystérieux de ces sons inouïs nous envahit. Ce duo est la définition exacte de la beauté donnée par un certain Stravinsky : déroutante, terrifiante et si attirante.

On connaît l'itinéraire du trompettiste Aymeric Avice, très emblématique de la nouvelle scène improvisée. Et son investissement dans les orchestres du collectif Coax. Sa rencontre avec Fabien Rimbaud venu d'autres horizons du rock indépendant (réellement indépendant) ne cesse depuis quelques années de surprendre leur auditoire.

« Des tambours. Des voix. Des trompettes. Deux mecs. Qui peuvent être aussi des pneus sous la route ou des marionnettes dans un champ, les bras dans la terre et les langues dans le béton qui fait remonter l’huile et les baves par le nez. Dans leurs yeux, des ssrips des bulles de couleurs éclatées frottent des clics aux bruits de chevaux sur les plaines et leurs paysages entrecoupés de centrales et de vides. Les villes ont des sons. Rien à foutre de reproduire tel ou tel son. Comme une radiation comme un appel aux étoiles les images prennent la main de la musique et les gens reçoivent les coups des échos. » Fabien Rimbaud

À VISITER : http://fabienrimbaud.blogstop.fr/

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THE BRAINS FEATURING YASIIN BEY DR. KNOW. guitare / DARRYL JENIFER. basse / EARL HUDSON. batterie / YASIIN BEY. voix

On a fait des Bad Brains, contre leur volonté, les précurseurs du punk-hardcore américain. Contre leur volonté, car le jazz, la soul, le funk, le reggae ou le rap font autant partie que le rock de leur culture musicale. Une autre manière d'aborder la Great Black Music, comme en témoigne leur tout nouveau chanteur..., un dénommé Yasiin Bey. Groupe célèbre en raison de leurs rares passages en France mais aussi pour leurs influences sur le punk-hardcore, les voilà pour une première mondiale à Sons d'hiver, ce qui rend cette soirée encore plus indispensable.

Comme pour faire peau neuve, il ne s'agit plus exactement des Bad Brains mais de The Brains, au sein duquel il faudra s'adresser à Mos Def sous son nouveau nom, Yasiin Bey. Le groupe n'en est pas à sa première métamorphose depuis l'époque durant laquelle le guitariste Gary Miller (alias Dr. Know), le bassiste Darryl Jenifer et les frères Hudson (H.R. au chant et Earl à la batterie) se firent connaître à l'enseigne du groupe Mind Power en pratiquant un jazz-rock alambiqué, à la fin des années 70, dès la sortie d'un lycée de Washington D.C… La découverte simultanée du punk avec les Ramones et les Sex Pistols ou du reggae et du mouvement rastafari, décidait de leur réorientation. Mind Power devint Bad Brains (autrement dit, on passa du "pouvoir de l'esprit" à quelques "redoutables cerveaux"), et même Soul Brains pendant un laps de temps, et les complexités d'antan furent condensées (les morceaux brefs et incisifs, très incisifs, intenses, très intenses, sont désormais la norme) et assouplies (la raideur associée au genre, au punk-hardcore précisément, est évacuée par la précision et la plasticité des rythmes et des riffs). Ce pourquoi le groupe a aussi bien inspiré les Beastie Boys que Living Colour, Henry Rollins que Lil Jon.

Au cours des trois dernières décennies et d'une poignée de disques, les Bad Brains n'ont cessé de se séparer, de se retrouver, au gré des présences et des absences. Leur ex chanteur, H.R. (Human Rights) ne craignait pas de claironner que le groupe « voulait jouer une musique qui heurte les riches qui ont oublié l'émotion » et…, qu'il n'est pas impossible de voir revenir « Only JAH knows », dixit Dr Know... Unis ou désunis, ils ont longtemps été intenables. Ils sont féroces, ils sont excessifs, ils sont galvanisants. Mais sans incertitude quant à la marche à suivre. Et l'on peut comprendre que ce qui semblait opposer les frères Hudson (davantage enclins à développer la vélocité rythmique du funk et du reggae) à Dr. Know et Darryl Jenifer (peut-être plus portés sur les alliages funk-jazz-metal) était en réalité ce qui les rapprochait, la formule magique associant dans leur musique, grâce et violence.

Après Israel Joseph I et Jesse Royal, Yasiin Bey assurera la partie voix du concert. Il est l'un des plus grands artistes du "conscious rap". Il sait poser son flot comme une ondée, le soulever comme un raz-de-marée, avec calme ou avec puissance, et il charrie toute la conscience politique nécessaire, celle qui a toujours été la marque de fabrique des Brains, qu'ils soient Bad ou Soul. Le nouveau Mind Power en quelque sorte. Au programme des chansons et musiques du répertoire Brains ainsi que des nouveautés.

Salle  Jacques  Brel -­‐  164  boulevard  Gallieni  -­‐  94210  Fontenay-­‐sous-­‐Bois ☎ 01  71  33  53  35  /  www.fontenayenscenes.fr TARIFS  :  19  €  /  12€  ABONNÉ  SONS  D'HIVER  +  TR  /  8  €  (MOINS  DE  25  ANS)   RER  A  -­‐  direction  Torcy,  Chessy,  Marne-­‐La-­‐Vallée  -­‐  arrêt  Val-­‐de-­‐Fontenay  ou  direction  Boissy-­‐Saint-­‐Léger  -­‐  arrêt  Fontenay-­‐sous-­‐Bois,  puis  bus  124  -­‐  arrêt  Hôtel  de  Ville.  RER  E  direction  Villiers-­‐sur-­‐Marne,  Tournan  -­‐  arrêt  Val-­‐de-­‐Fontenay,  puis  bus  124  -­‐  arrêt  Hôtel  de  Ville   A  porte  de  Bagnolet,  prendre  A3  direction  Charles  de  Gaulle  -­‐  Lille,  puis  A86,  direction  Fontenay-­‐sous-­‐Bois.  A  la  sortie  19,  aller  en  direction  de  Fontenay  centre.  PARKING  souterrain  gratuit  de  l’hôtel  de  ville  

*  NAVETTE  ALLER-­‐RETOUR  DEPUIS  PARIS  (dans  la  limite  des  places  disponibles)  Renseignements  festival  :  01  46  87  31  31  

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Samedi PARIS 7e

Février - 18h musée du quai Branly

OMAR SOSA / GUSTAVO OVALLES DUO OMAR SOSA. piano / GUSTAVO OVALLES. percussions

Compositeur, arrangeur, producteur, pianiste, percussionniste, Omar Sosa crée une musique totalement originale. Il aime la musique électronique et selon l’inspiration, il mêle des éléments de musique traditionnelle provenant de la diaspora africaine ainsi que du jazz afro-cubain. La clave de la musique cubaine croise des sons expérimentaux.

Né en 1965 à Camaguey, ville située en plein centre de l’Ile de Cuba, il étudie dès l’âge de huit ans les percussions et le rythme à l’école locale de musique. Il est accueilli par l’excellente École nationale de Musique de la Havane pour y apprendre le piano avant de rejoindre le prestigieux Institut Supérieur d’Art.

Avec le vénézuélien Gustavo Ovalles, formé au Conservatoire national de Caracas, il forme un duo latin jazz ultra moderne et plongé dans la tradition. Le percussionniste a parcouru les villages vénézuéliens pour apprendre une multitude de savoirs, rythmes traditionnels et sophistiqués. Gustavo Ovalles dispose sur scène d’un foisonnement de petites, moyennes et grandes percussions qui vont sans cesse propulser le concert dans une fête merveilleuses de timbres et pulsations : batterie, tumbadora, maracas, congas, quitipla, cumaco, culoe’puya, tambour de Parranda et divers mambranophones qui vont se transformer en percussions à eau.

Omar Sosa, heureux de se confronter avec un compagnon de jeu qui dispose de tant de trésors, fait dialoguer le piano et les claviers électriques avec ce panel incroyable de grands et petits tambours. Le concert nous attire dans un tourbillon vertigineux. La magie des rituels de transe est convoquée dans l’urgence d’un désir irrépressible.

Le duo peut se lancer tour à tour dans une musique jouée avec virtuosité et profondément marquée par des rythmes afro-cubains. Musique qui échappe à toute démonstration technique tant elle est interprétée avec générosité et chaleur communicative. On comprend alors que Omar Sosa a étudié les maîtres cubains du Conjunto Folklorico nacional, Irakere ou Orquestra Aragon mais aussi Chucho Valdes. Il a aussi voyagé en Amérique latine, notamment en Équateur, pour rechercher les musiques populaires les plus traditionnelles.

Puis une séquence musicale s’invite par surprise toute en délicatesse et douceur. Elle est propice à l’utilisation de sons électroniques d’une profondeur méditative saisissante. L’auditeur est invité à écouter le silence sculpté. Le percussionniste produit des sons fragiles provenant de mondes primitifs. Les musiciens sont des guides qui font resentir les prémices d’une spiritualité secrète qui nous est inconnue. Subitement, le culte Yoruba exulte de nouveau dans des rythmes de feu. Omar Sosa improvise et l’on découvre ce goût qu’il a pour les trafics sonores expérimentaux et pour la musique de Thelonious Monk ou Herbie Hancock.

Ce jeu, oscillant en permanence entre phases rythmiques et phases méditatives, nous attire dans une autre réalité : celle de la culture latino américaine profondément immémoriale et raffinée à la fois. Cette musique est un appel à vivre intensément. Le duo déborde de propositions offertes ou suggérées comme une illusion de débauches musicales dont il nous donnerait à entendre qu’une infime partie. Le désir se nourrit du manque, l’adage est bien connu.

On comprend alors pourquoi Dizzy Gillespie, se tournant en son temps vers ces rythmes afro-cubains, jetait les bases du latin-jazz et que Charlie Parker avait rejoint le grand orchestre de Chico O’Farril.

À VISITER : http://www.omarsosa.com http://gustavo.ovalles.free.fr/

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Théâtre  Claude  Lévi-­‐Strauss  du  musée  du  quai  Branly -­‐  37  quai  Branly  -­‐  75007  PARIS ☎ 01  56  61  71  72  /  www.quaibranly.fr  TARIFS  : 15  €  /  10  €  ABONNÉ  SONS  D'HIVER  +  TR  (le  billet  du  concert  donne  accès  aux  collections  et  expositions  en  mezzanines)

M ligne  9  -­‐  arrêt  Alma  Marceau  (traverser  le  pont)  RER  C  -­‐  arrêt  Pont  de  l’Alma  (sur  votre  droite  en  sortant  de  la  gare  RER)  BUS ligne  42  -­‐  arrêt  Tour  Eiffel  ;  lignes  82,  92,  63  -­‐  arrêt  Bosquet-­‐Rapp  ;  ligne  72  -­‐  arrêt  musée  d’art  moderne  -­‐  Palais  de  Tokyo  (traverser  la  passerelle) Parking  payant  accessible  au  25  quai  Branly.  L’accès  piéton  se  fait  rue  de  l’Université,  à  l’orée  du  jardin. VELIB’  1  station  quai  Branly  et  1  station  au  niveau  du  43  avenue  Rapp NAVETTE  FLUVIALE arrêt  Tour  Eiffel  (Batobus,  Bateaux  parisiens,  Vedettes  de  Paris)

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Mardi IVRY-SUR-SEINE

Février - 20h Théâtre d'Ivry-Antoine Vitez

"Busking" HASSE POULSEN / HÉLÈNE LABARRIÈRE HASSE POULSEN. guitare / HÉLÈNE LABARRIÈRE. contrebasse

En consacrant leur nouveau duo à la chanson, Hélène Labarrière et Hasse Poulsen s’inscrivent dans l’histoire musicale d’un jazz qui, depuis toujours, est attiré par la chanson. Dès les débuts du jazz enregistré dans les années 20, la forme chanson fut même un des ingrédients qui façonna l’originalité de cette musique. On se souvient comment Fats Waller aimait s’amuser avec les succès de Broadway. Comment Charlie Parker décortiquait les standards en vitesse accélérée. Et comment Miles Davis a aussi célébré la beauté épurée des Feuilles mortes comme du Time after Time de Cindy Lauper.

Hélène Labarrière et Hasse Poulsen proposent une relecture improvisée en ce XXIe

siècle déjà bien avancé, de la chanson dans tous ses états. Nous ne dévoilerons pas le répertoire choisi pour garder intact l’intérêt de la découverte au soir même du concert. À chacun de reconnaître les titres proposés et choisis pour leur personnalité musicale propre - la "force archétypale" de leur contenu mélodique ou rythmique dixit Hasse Poulsen -, car les deux protagonistes ne chanteront pas mais se consacreront à l’exploration des qualités musicales de ces standards. Certains proviennent de la récente "variété" française, d’autres sont des trésors du mythe américain. Nous découvrirons des mélodies de chants issus de la langue du pays de Lars Von Trier.

La simplicité apparente de la chanson peut renvoyer aux profondeurs de l’existence. Elle émerge de sensations qui éveillent des souvenirs d’enfance. Comme le notait le psychanalyste Theodor Reik, ami de Freud, dans ses Écrits sur la musique, l’émergence d’une mélodie est le témoin par les paroles qu’elle sous-tend d’un état du désir de l’être. En consacrant leur duo à l’exploration musicale des chansons, nos deux complices seront comme des guides initiatiques d’un voyage inédit parmi des mélodies qu'à tort, nous croyions définitivement achevées.

Le duo contrebasse/guitare permet, dans l’intimité de deux instruments, proches par les cordes et l’accord, de conjuguer des états différents. La gravité de l’un s’accompagne du son plein mais non étouffant des harmonies de l’autre. Il y a un groove intrinsèque à l’un, et une fragilité de l’autre qui se complètent dans l’intime de l’échange dans lequel les rôles de chaque instrument peuvent s’inter-changer. Les cordes se frottent et s’entremêlent avec jubilation, pour plus de partage. Variations, improvisations vont redéfinir ces chansons si connues.

De cet univers de la chanson, Hélène Labarrière avait déjà commencé l’exploration lors de ses duos avec Violaine Schwartz avec qui elle a sorti le disque "J’ai le cafard", titre album qui pourrait être une appellation digne de Robert Johnson. Elle développa cette expérience chanson en accompagnant Rodolphe Burger. Hasse Poulsen se consacra à ce genre avec un magnifique album solo "The man they call ass" et puis avec son quartet "Langston Project". Depuis 2001, il est le guitariste du quartet d’Hélène Labarrière. C’est dire s’ils se connaissent et nous sommes curieux d’entendre ce que cette rencontre avec la chanson produira d’original tant le parcours musical de chacun d’eux est riche. Créateur d’un des plus iconoclastes trio actuel, Das Kapital, Hasse Poulsen a aussi bien étudié la musique de Derek Bailey, György Ligeti, Ed Thigpen que l’ancestral Jelly Roll Morton. Hélène Labarrière, qui a joué avec Lee Konitz ou Slide Hampton, a fréquenté la scène improvisée française et européenne (Sylvain Kassap, Yves Robert, Daniel Humair) comme la musique traditionnelle bretonne, le slam, le théâtre ou la musique contemporaine avec l’ensemble Ars Nova.

Toute cette expérience artistique sera au service de la chanson, sa poésie. Le nom de leur duo "Busking" est en lui même tout un programme puisqu’il désigne la musique que l’on joue dans la rue, sur les trottoirs, la poésie du macadam.

SORTIE DE CD : HÉLÈNE  LABARRIÈRE,  HASSE  POULSEN,  "Busking",  INNACOR  RECORDS, 16  février  2016

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JACQUES REBOTIER MEETS PAMELA// JACQUES REBOTIER. texte, musique, voix

+ QUATUOR A CORDES. ANTOINE MAISONHAUTE. IVAN LEBRUN. violons / MAXIME DESERT. alto / JEANNE MAISONHAUTE. violoncelle et ANNE GOURAUD. contrebasse, chant

Mis bout à bout, Jacques Rebotier (catégorie compositeur inclassable, écrivain inclassable, metteur en scène inclassable) et un Quatuor (catégorie quadrature du cercle des cordes) déjouent en réalité toute tentative de catégorisation.

L'un, c'est bien connu, ne tient pas en place, ni dans la boîte des rôles et des fonctions, ni dans la boîte du langage. Ne se présente-t-il pas comme cette forte tête, dans sa 47e autobiographie : « Je suis né au moment où je m’y attendais le moins. Tout petit déjà, je. (Papa m’encourageait.) Très déjà, tout petit. Es-tu bien sûr de ton cerveau, mon chéri ? A quatre ans je passais sous un silence. A quel âge êtes-vous passé sous le silence ? A quatre ans. A onze ans, je serai musicien, pour ne pas avoir à ne parler qu’une seule langue. A douze ans écrivain, pour penser dans les coins. A treize, rien. De zéro à x ans, je restai ainsi entre la vie et la mort. Quarante et sept : pas encore dans l’espace, et déjà dans les temps ? » Depuis, Jacques Rebotier s’apparente à la folle famille des dislocateurs de mots et de cerveaux, tels François Rabelais, Alfred Jarry ou Gherasim Luca. Jeux et feux de langage, glissements du son et du sens, tous les aspects du phrasé et de l’articulation, intonation, accentuation, rythme, débit, tout y passe. Tous les dérèglements qui font que l'homme se définit bien mieux par ses ratés et ses approximations, son manque d'assurance dans l'infini, là où la société voudrait faire de lui une meilleure machine. Chez Rebotier, le virus du texte vire souvent au théâtre instrumental et c'est ainsi que, en 1992, il a fondé la compagnie voQue, ensemble de musique et compagnie verbale à l’origine de nombreuses…

Le Quatuor brise ici l’ « habituelle » séparation entre interprètes et compositeurs, virtuosité dans l’interprétation ainsi que liberté d’expression…

Ensemble, ils vont ourdir un tour de paroles éclectiques, comme on dirait un tour de chant. Il y aura donc un parleur/chanteur et quatre musiciens eux-mêmes parlants, parfois chantants, sur des compositions originales de Rebotier tirées de ses Brèves pour musiciens-parlants. Mais aussi, emprunté au répertoire le plus hétéroclite, de L’Été pas bien façon Joe Dassin ou My Fucky Valentine façon Chet Baker à quelques transcriptions-réécritures des augustes Bach, Mahler et Schubert, en passant par des scies circulaires comme La jument de Micho, Un oranger sur le sol irlandais ou Pauvre Rutebeuf.... Ces œuvres sont malaxées, et leurs musiques dérivent du tonal à l’atonal et au bruitiste, tandis que leurs paroles virent au rouge ou au vert de la critique sociale et écologique, et sont parfois "babélisées » à la moulinette du "multiglingue" cher à Rebotier. Quelques chansons difformes pourront être tirées de déclarations d’hommes politiques, capturées sur la toile par l'araignée poétique, décryptées musicalement et politiquement. Tout ce que vous voulez, tout ce que nous voulons, du moment que soit respectée « la distance au monde, seule capable de générer un regard libre, et donc critique, sur le monde. »

Production : Compagnie voQue conventionnée par le Ministère de la Culture et de la Communication - DRAC Île-de-France. Coproduction : Théâtre d’Ivry-Antoine Vitez, Sons d’hiver, la Cité de la Voix (Vézelay), ADIAM 94, Quatuor Tana. Aide à la résidence de compositeur SACEM. (En cours) ADAMI, SPEDIDAM.

À VISITER : http://www.rebotier.net/

Théâtre  d’Ivry-­‐Antoine  Vitez -­‐  1  rue  Simon  Dereure  -­‐  94200  Ivry-­‐sur-­‐Seine  ☎  01  46  70  21  55  :  http://theatredivryantoinevitez.ivry94.fr  TARIFS  : 20  €  /  15  €  ABONNÉ  SONS  D'HIVER  +  TR    M   ligne  7  -­‐  arrêt  Mairie  d'Ivry  (terminus).  Par  la  sortie  "Robespierre",  suivre  la  rue  Marat  sur  50  mètres,  prendre  à  gauche  le  "Chemin  du  Théâtre"  qui  débouche  dans   la  rue  Simon  Dereure.  Par   la  sortie  3  "rue  Marat"  (en  tête  de  train)   :   le  "Chemin  du  Théâtre"  est  en  face.   ligne  C    -­‐    arrêt  gare  d’Ivry,  puis  bus  125    -­‐    arrêt  Hôtel  de  Ville  d’Ivry   A  Porte  d'Ivry,  de  Vitry  ou  de  Choisy,  direction  Centre  ville.  Le  théâtre  est  à  deux  pas  de  l'hôtel  de  ville.  

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Jeudi IVRY-SUR-SEINE

Février - 20h LE HANGAR

// Soirée Concert-Débat LES MURS CONTRE LES HOMMES. La crise dite des migrants en Europe a pris une ampleur nouvelle à l’automne passé et continue aujourd’hui. Cette crise soulève des questions majeures.

"THE WORLD IS TOO SMALL FOR WALLS" SYLVAIN KASSAP. clarinettes / BENJAMIN DUBOC. Contrebasse ALEXANDRA NOVOSSELOFF. photographies Le clarinettiste Sylvain Kassap a eu l’idée du spectacle "The World is too small for Walls" en découvrant les photographies d’Alexandra Novosseloff en 2010. Leur contenu révélait déjà l’ampleur du nombre de murs qui se construisaient de par le monde, la haine et la peur séparant les hommes. Il inventa une musique accompagnant ces images pour nous alerter. Ce projet artistique est d’une actualité brûlante.

Pour nourrir la réflexion, la soirée musicale sera suivie d’une table ronde à laquelle participeront :

NICOLAS JOUSSIN. Sociologue. Auteur de Voyages de classes (Éditions de la Découverte), OLIVIER RAZAC. Philosophe, maître de Conférences à l’Université Pierre Mendès-France Grenoble. Auteur de L’histoire politique du barbelé (Flammarion), CLAIRE RODIER. Juriste au Gisti. Cofondatrice du réseau Migreurop, Auteure de Immigration : fantasmes et réalités (Éditions de la Découverte), DOMINIQUE VIDAL. Journaliste au Monde Diplomatique, auteur de plusieurs livres sur le conflit au Proche-Orient.

Cette soirée est organisée en partenariat avec la librairie ivryenne Envie de lire, qui s’associe ainsi au festival pour la 7e année consécutive. Et proposera également, lors de la plupart des concerts, une sélection d’ouvrages en résonance avec la programmation du festival comme la culture afro-américaine d’abord et surtout... puisque c’est là l’un de ses fonds thématiques de spécialité

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Le  Hangar -­‐  3/5  rue  Raspail  -­‐  94200  Ivry-­‐sur-­‐Seine  ☎  01  72  04  64  25  /  www.lehangar94.fr  Entrée  libre  sur  réservation  M  ligne  7  -­‐  arrêt  Mairie  d'Ivrysur-­‐Seine  (3min  à  pied)     ligne  C    -­‐    arrêt  gare  d’Ivry  (3  min  à  pied) Bus  : 125-­‐182-­‐323-­‐325.  Station  Vélib’  à  proximité.   Bd  périphérique  sortie  :  Porte  d’Ivry  -­‐  Direction  centre  ville  -­‐  Parking  Hôtel  de  ville  

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Vendredi Créteil Maison des Arts

Février - 20h

TONY ALLEN TRIBUTE TO ART BLAKEY TONY ALLEN. batterie / JOWEE OMICIL. saxophones, flûte / JEAN-PHILIPPE DARY. piano / MATHIAS ALLAMANE. contrebasse

Ce n'est que justice, le batteur inventeur de l'afrobeat rendant hommage au batteur inventeur du hard bop, et de tellement plus. Car depuis quelques années que Tony Allen connaît une seconde jeunesse à Paris et ailleurs, ne reculant devant aucune expérience, enregistrant avec les grandes pointures de la techno et de l'électro, tels Sébastien Tellier ou Moritz von Oswald, formant le "supergroupe" Rocket Juice and The Moon avec Damon Albarn (le chanteur de Blur et de Gorillaz) et Flea (le bassiste des Red Hot Chili Peppers), recevant de la bouche même de Brian Eno le plus hardi des compliments (il serait peut-être le plus grand batteur de tous les temps), on a eu tendance à oublier que son style si particulier (l'articulation/désarticulation des éléments de la batterie, l'insistance sur la Charley et la cymbale ride permettant de lâcher les coups sur les autres tambours) lui vient autant de ses sources africaines et nigérianes, que des boppers rythmiciens que furent Kenny Clarke, Max Roach et, en particulier, Art Blakey. Lesquels auraient tous pu contresigner sa déclaration : « Je m’engage dans la batterie comme dans un orchestre, j’essaye de rendre mon jeu orchestral. ».

On sait que Tony Allen fut, de 1968 à 1979, le temps de 36 albums, non seulement le batteur mais le directeur artistique de Fela Anikulapo Kuti qui décréta que, « sans Tony Allen, il n'y aurait pas d'afrobeat ». On trouvera le récit de cette histoire décidément palpitante dans l'autobiographie (coécrite avec le bassiste et musicologue américain Michael Veal, qui se produisit en 2010 à Sons d'hiver avec son propre ensemble, Aqua Ife) : Tony Allen: an Autobiography of the Master Drummer of Afrobeat. On sait moins, en revanche, que les deux amis se rendirent ensemble aux États-Unis, au milieu des années 60, alors que le Mouvement des droits civiques et celui du Black Power battaient leur plein. C'est là qu'ils aiguisèrent leur conscience politique et reçurent la confirmation de la marche à suivre, développée dans leurs formations successives – Koola Lobitos, Nigeria 70, Afrika 70 : ajouter aux rythmes yoruba et au style High-Life de nouveaux ingrédients, puisés du côté de la musique dite modale et de la musique dite "free" des formations de Miles Davis et de John Coltrane, du côté de la soul de James Brown et du rock de Jimi Hendrix, voire de la salsa…. Fela confia ainsi, après son séjour américain : « Le jazz m'a servi de porte d'entrée dans l'univers des musiques africaines. Plus tard, quand je suis allé en Amérique, j'ai été exposé à l'histoire de l'Afrique, dont je n'avais jamais entendu parler ici. C'est à ce moment que j'ai vraiment commencé à comprendre que je n'avais jamais joué de musique africaine. J'avais utilisé le jazz pour jouer de la musique africaine, alors que j'aurais dû utiliser la musique africaine pour jouer du jazz. Ainsi c'est l'Amérique qui m'a ramené à moi-même. »

S'il y eut de nombreuses suites (par exemple en 1977, lorsque Lester Bowie, le trompettiste de l’Art Ensemble of Chicago, fut accueilli dans la commune libre de Kalakuta, à Lagos, par Fela et par Tony Allen, et qu'il s'y produisit avec Archie Shepp et des membres de l'Arkestra de Sun Ra pour protester contre les détournements économiques, politiques et symboliques du Second World African Festival of Arts and Culture), il faut savoir qu'il y eut quelques antécédents, du côté d'Art Blakey précisément. On raconte que Blakey fit un voyage "initiatique" au Nigéria, dès la fin des années 40, dont plusieurs disques de prolifération rythmique réalisés ensuite, avec ou sans le concours des Jazz Messengers, portent la trace. Notamment le bien-nommé « The African Beat », enregistré en 1962 avec un Afro-Drum Ensemble auquel se joignirent James Ola Folami et Solomon Ilori, venus du Nigéria. Ilori dit alors de Blakey qu'il était « capable de faire réussir cette fusion, car cette fusion existe déjà en lui ». Elle existe aujourd'hui chez Tony Allen, qui prolonge ce dont Stuart Hall parlait comme de « processus de créolisation et de diasporisation ».

À VISITER : www.tonyallesafrobeat.com

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MICHEL PORTAL "Minneapolis"

MICHEL PORTAL. saxophone, clarinette basse, bandonéon / TONY HYMAS claviers / VERNON REID guitare / SONNY THOMPSON basse / STOKLEY WIILIAMS batterie

En 2001, Michel Portal adressait un disque marquant et singulier aux amateurs de jazz et musique funk ainsi qu’à un public moins spécialiste mais connaissant la musique du clarinettiste-bandonéoniste. Une carte postale nous arrivait de Minneapolis, la ville des lacs du grand nord américain. Minne signifie « eau » en indien Dakota. La pochette du cd nous l’apprenait. Elle était illustrée de photos réalisées par Guy Le Querrec qui avait accompagné son ami Portal lors de cette aventure sur les terres de Prince. Le livret était un recueil photographique relatant l’ambiance de travail au Creation Studio situé Avenue Nicollet, une des voies de circulation principale de Minneapolis.

En accueillant le quintet « Minneapolis », Sons d’hiver a accompagné la sortie de ce disque pour son concert de clôture. La réécoute du cd, 15 ans plus tard est réjouissante. La musique n’a pas pris une ride, elle est toujours vivante et belle. `

La rythmique d’alors de Prince est convoquée avec Michael Bland à la batterie et Sonny Thompson à la basse. Ce dernier se fendra d’un remarquable rap pour l’occasion MP on the run. Vernon Reid, fondateur de la Black Rock Coalition et leader de Living Colour était invité à la guitare. Tony Hymas, le clavier et compositeur de nombreuses productions nato, apportait sa discrète et habile collaboration à l’édifice musical en gestation.

La musique tissait un subtil et fascinant apport de mélanges sonores. L’échange s’opérait avec grâce et naturel. Une rythmique funky somptueuse dans The Dred Scott Marker ou dans Shopping for Black Shirts stimulait les impros de Portal. Sans oublier les envolées prodigieuses de On Nicollet Avenue. Les titres des morceaux évoquent l’histoire des Twin Cities (Saint-Paul/Minneapolis) ou des instants vécus du quotidien. Des ballades profondes et tendres s’invitent tranquillement dans Solitudes ou Au Blackdog. Chaque opus créé était un continent d’imaginaire poétique…

Interviewé par Serge Loupien dans Libération d’alors, Portal racontait les coulisses de l’élaboration de cette musique : « Cela a été difficile au départ parce qu’ils m’ont tout de suite entraîné sur un terrain où je me suis senti mauvais. Et dès que je m’aventurais dans le free, ils ne comprenaient plus rien à ce qui se passait… We play n’importe quoi, ai-je alors décidé. Comme ça pour se libérer. De là sont sorties des choses. Spontanément, nous arrivions à jouer un quart d’heure, vingt minutes… Vernon Reid me faisait penser à un griot. Il me regardait en me proposant des trucs et si ça ne me plaisait pas, il faisait autre chose. Ad libitum comme un mec dans le désert qui enchaîne les riffs sans s’arrêter. J’ai joué une ou deux heures avec lui sans interruption… » Puis plus loin ce constat : « Des sons, des forces… quand on est à côté d’eux (les américains) c’est flagrant. Ils ont la pêche, le sens de l’after beat. Pour assurer celui-ci, ils mettent un temps fou à régler la batterie. C’est leur truc. » Et Michel Portal de conclure : « Qu’avons nous de mieux à faire, dans cette putain de vie de musicien, que de rencontrer un maximum de gens ? »

Pour ses 80 ans, Michel Portal a eu l’idée et l’envie de recommencer à nouveau cette rencontre. Ou de la continuer. Pour un maximum de musiques. Des nouvelles pièces musicales se mêleront aux anciennes. La musique peut être un formidable trait d’union d’affinité, voire même de fraternité.

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Samedi Créteil Maison des Arts

Février - 20h

"Music is my Home "

RAPHAËL IMBERT featuring Big Ron Hunter and Alabama Slim RAPHAËL IMBERT. saxophones, direction artistique / THOMAS WEIRICH. guitares / SIMON SIEGER. trombone, accordéon, claviers / PIERRE FENICHEL. contrebasse / ANNE PACEO. batterie // BIG RON HUNTER. / ALABAMA SLIM. chant, guitare / MARION RAMPAL. chant

Les multiples projets que mène Raphaël Imbert sont toujours guidés par cette conviction empreinte de générosité : la musique comme vecteur de rencontres et d’échanges culturels. Cela donne naissance à des projets musicaux surprenants tellement évidents, quand on y regarde d’un peu plus près.

"Music is my Home" est le nouveau spectacle élaboré avec ses musiciens et ses invités. Le titre générique dit bien le sens de sa démarche : « Je suis partout chez moi grâce à la musique. » Celle-ci le porte toujours vers de nouvelles inspirations…

De 2011 à 2013, Raphaël Imbert parcourt le Deep South des États-Unis d’Amérique, de Caroline du Nord à la Louisiane. Il y rencontre de nombreux bluesmen et des musiciens d’une musique qui, encore vivace dans ces territoires, garde les racines intactes d’une expression musicale qui a révolutionné la musique au XXe siècle.

Si aujourd’hui, la création musicale est essentiellement marquée dans nos contrées européennes et françaises, d’un dialogue entre l’improvisation et les langages savants contemporains, le free et le rock, Raphaël Imbert soulève une nouvelle question tout aussi évidente qu’originale : « Et le blues ? Que faisons nous du blues ? »

Son périple dans le sud profond des USA lui a fait découvrir des réalités transmises aujourd’hui : « C’est un carnet de voyages dans une région où la musique est un langage comme créateur d’un lien social inébranlable… "Music is my home Act1" revendique une diversité et une curiosité façonnées au fil des rencontres, facilitées par une atmosphère chaleureuse et hospitalière, particulièrement à la Nouvelle Orléans : si vous entrez quelque part avec un instrument, c’est que vous êtes venus pour jouer. Il ne faut pas attendre longtemps pour que l’un des membres de l’orchestre vous invite à monter sur scène, quelque soit le répertoire ou l’instrument. Il en est de même avec l’hospitalité. Vous êtes régulièrement invité à partager les moments forts de la vie quotidienne et des proches. Si la culture sudiste présente certains paradoxes du fait de son histoire lourde, elle peut être fière de son sens de l’accueil et de l’écoute. "Music is my home Act1" est un hymne à cette hospitalité résistante et à cette créolisation des savoirs musicaux qui ont eu pour mérite de lutter contre l’exclusion, le racisme et la ségrégation dans une région gangrénée par les tenants de la haine. »

Raphaël Imbert invite pour ce concert deux bluesmen découverts lors de cette aventure musicale : Alabama Slim et Big Ron Hunter. Cette rencontre non fortuite permet à une formation de jazz de s’immerger dans les racines que lui offre le blues. On entend une musique aux accents mingusiens qui joue dans les contrastes. La voix de Marion Rampal répond à celles des invités. Alabama Slim et Big Ron Hunter nous saisissent par leur présence ; tout ce qui fait la qualité, la présence, le mystère brûlant du blues est sous nos yeux et… dans nos oreilles. Le "moanin", la force expressive de voix si chaleureuses, nous charme tant par sa profondeur que par l’élégante décontraction avec laquelle les bluesmen imposent leur présence sur scène.

Le mix entre les compositions de Marion Rampal, de Raphaël Imbert et le blues des invités réussit à merveille. Alabama Slim évoque le cyclone Katrina qui lui a tout pris. Des compositions sont dédiées à Martin Luther King ou à la mémoire des premiers esclaves afro-américains. Big Ron Hunter célèbre la joie de vivre. Toute l’essence du blues est ici présente « Rire pour ne pas pleurer. »

Production de la Compagnie Nine Spirit réalisée en résidence de création et en coproduction avec le Théâtre Durance, Scène conventionnée – Château-Arnoux-Saint-Auban, avec le soutien de la Spedidam, de la Music Maker Relief Foundation et de Nueva Onda Production. La Compagnie Nine Spirit reçoit le soutien de la Région P.A.C.A., du Département des Bouches-du-Rhône, de la Drac P.A.C.A., de la Ville de Marseille et de la Sacem.

SORTIE DE CD : RAPHAËL  IMBERT  &  CO, "Music is my Home - Act1", JAZZVILLAGE, HARMONIA MUNDI, 23  janvier  2016 À VISITER : http://www.ninespirit.org  

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NAOMI SHELTON & THE GOSPEL QUEENS

NAOMI SHELTON. voix / CYNTHIA LANGSTON. BOBBY JEAN GANT. ANGEL MCKENZIE. chœur GUESTS : CLIFF DRIVER. orgue / GABRIEL CAPLAN. guitare / JEREMY KAY. basse / CHEVON BRIDGES. batterie

Appréciée dans les clubs de jazz new-yorkais, Naomi Shelton est reconnue aux USA et internationalement dès la sortie de son cd en 2009. Son disque "What have you done, my brother ?", arrangé par l’organiste Cliff Driver, accompagnateur de grands noms de la soul, nous replongeait dans le beau son de cette musique des années 60/70 et lui donnait une stature de grande voix du gospel. Le label Daptone Records était une garantie de qualité et la découverte de son nom par le public, ainsi facilitée.

Même si cette reconnaissance tardive peut nous surprendre, Naomi Shelton, née en 1942, nous apprend quelque chose d’important sur la musique afro-américaine et la quantité impressionnante de musiciens de qualité qui la compose... Il suffit d’assister à l’office d’une église noire pour le constater. La qualité du chant, le nombre de solistes impressionnants exercent sur l'auditeur profane un cinglant éveil de transe jubilatoire, extase et aussi de l'extrême émotion… et aussi il faut bien le reconnaître… laisse un brin songeur sur l'état catastrophique dans lequel baigne la variété française. Fermons la parenthèse.

Naomi Shelton est justement une représentante typique de ce qu’est cette culture afro-américaine, le gospel et la soul music. Née dans un petit village de l’Alabama, elle participe, enfant, au chœur de sa paroisse. À 6 ans, elle forme avec ses deux sœurs aînées un trio qui se produit dans les églises des villages alentours. À 18 ans, elle se passionne pour la soul music naissante et ses nouveaux chanteurs de Wilson Pickett à Otis Redding. Puis en 1963, elle s’installe à New York et chante régulièrement dans un club, le Night Cap.

Elle continuera cette vie de chanteuse de clubs en participant à diverses formations durant les années 70 et 80 sous le nom profane de Noami Davis. Dans le même temps, elle participe au chœur de la Greater Croosroad Baptist Church de Brooklyn sous le nom sacré de Naomi Shelton. Elle nous rappelle qu’elle est toujours présente à l’office aujourd’hui : « J’ai ma propre église où je continue de chanter. Cette église sert à me ressourcer ! Lorsque je me trouve à l’église, je me contente de chanter ce qui semble en accord avec la doctrine du pasteur. Tandis que quand je suis sur scène, je tiens le rôle du pasteur. »

Depuis les années 2000, elle développe une collaboration avec les Gospel Queens apportant ainsi sur scène une parcelle de l’expérience du chant collectif d’église. L’impact émotif et bouleversant de sa voix tient autant à sa puissance qu’à son timbre rauque, éraillé qui peut brusquement s’envoler dans des aigus inattendus. Une expérience de la communication des émotions par le chant et le rythme. Naomi Shelton rappelle volontiers : « J’ai commencé à proclamer que je serai chanteuse à l’âge de six ans. Je l’ai dit et je m’y suis tenu durant plus de 60 ans. »

À VISITER : http://www.myspace.com/naomisheltonthegospelqueens

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THE HYPNOTIC BRASS ENSEMBLE

GABRIEL HUBERT. trompette / SEBA GRAVES. trombone basse / SAIPH GRAVES. trombone /

UTTAMA HUBERT. euphonium / AMAL BAJI HUBERT. trompette / TARIK GRAVES. trompette / HASHIM BUNCH. basse / ANDREW MCLEAN. batterie

Monsieur l'ambassadeur des États-Unis au Mexique n'a pas hésité à considérer que leurs activités avaient autant de valeur qu'une authentique mission diplomatique. Leurs activités ?! Répandre le funk. Comment présenter cette fanfare d'"afro-free-funk-rap", ces joueurs éperdus de trompettes, trombones et sousaphones, de cuivres et de cornes d'abondance qui jouent une musique hypnotique (parce que résolument du moment), sinon comme la plus ébouriffante et la plus explosive des fanfares apparue depuis le début du millénaire ?

Il faut dire que l'histoire de ces 8 frères n'est pas commune. Ils ont comme dénominateur commun un père littéralement fondateur : Kelan Phil Cohran, trompettiste, membre de l'Arkestra de Sun Ra, co-fondateur de l'AACM, parrain des légendaires Artists Heritage Ensemble et Afro-Arts Theater, dont sont notamment issus Chaka Khan, Earth Wind & Fire et nombre d'équipiers de Miles Davis ou de Curtis Mayfield dans les années 70. Eminence grise de la plupart des improvisateurs de Chicago depuis 50 ans, Kelan Phil Cohran dispense les bienfaits d'une musique populaire d'avant-garde, saturée de rythmes et d'effets magnétiques...

L'Hypnotic Brass Ensemble découle de l'une des formations de Cohran - Hypnotic Love, Fury & Harmony. Chaque matin, le trompettiste levait sa marmaille sur le coup des cinq heures afin de procéder à quelques exercices musicaux avant le départ pour l'école, leur rappelant que "le musicien créateur est le prêtre de cette société, parce qu'il a accès à l'infini". En fin de journée, la salle à manger familiale se transformait en studio de répétition pour les formations du père; les fils y étaient toujours les bienvenus. Les week-ends, on pouvait se produire dans des meetings en soutien à Harold Washington (le premier maire noir de Chicago) ou à Nelson Mandela...

En d'autres termes, Smove, Hudah, Baji, Yosh, Clef, Cid, et Rocco ont été éduqués dans la musique et pour la musique. Ils le revendiquent, comme le dit Smove "Nous sommes nés pour jouer de la musique. C'est ainsi que nos parents nous ont éduqués, ils nous ont dit: "Voilà ce que vous ferez plus tard." Ce n'est donc pas seulement notre vocation, nous répondons aussi au vœu de nos parents." À partir de 1999, ils ont galvanisé les énergies dans le métro et les rues de Chicago, avant de se transporter en 2006 à New York où l'on a longtemps pu les entendre prêcher la bonne parole de cet énergétique "afro-free-funk-rap" du côté d'Union Square, de Washington Square ou de Times Square, détournant les passants - les squares - de leurs destinations quotidiennes. C'est ainsi que le rappeur Mos Def les a pris sous son aile pour une première tournée triomphale, de même que Blur et Damon Albarn avec Gorillaz. Depuis, d'enregistrement en enregistrement, ils ont été recrutés à diverses occasions par Prince, Erykah Badu, Maxwell, De La Soul, le Wu Tang Clan, Femi Kuti, Tony Allen... ou pour la bande originale de The Hunger Games. Le mieux reste d'entendre ces impénitents diplomates sur le cirque de la scène, décidément leur Terre Promise.

À VISITER : http://www.hypnoticbrassensemble.com/

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Dimanche La Java

Février - 17h Paris 10e

// Bal Populaire Italien

TÉLAMURÉ / TARENTELLA ROOTS FRANCESCO ROSA. guitare battante, surdulina, zampogna, tambourin, chants / FRANCESCO SEMERARO. accordéon diatonique, percussions, tambourin, chants / GIOVANNI SEMERARO. accordéon diatonique, tambourin, flûte à bec, clarinette, chants / NATALE LARICCIA. batterie

Depuis trois ans, le festival Sons d’hiver se termine par un bal à La Java, haut lieu historique de la musique populaire à Paris. Le cadre art-déco du lieu accueillera cette année un bal populaire roots/moderne italien avec Télamuré. Quatre musiciens de l’Italie du Sud, quatre spécialistes de la "tarantella" qui ramènent dans leurs spectacles les ambiances, la spontanéité, l’ivresse des fêtes populaires de leurs terres ; la tarantelle vient du la sud de l’Italie, Pizzica des Pouilles. Loin du concept de musique folklorique, leur répertoire se compose exclusivement de musiques, chants ou mélodies qu’ils ont appris dans leurs villages et dans leurs propres familles. Les musiciens jouent avec leur propre personnalité, leur capacité d’improvisation et développe un rythme au groove entraînant, chaleureux et joyeux. On danse pour le plaisir du corps et de l’insouciance, spontanément. Le bal est indispensable ! Viva U sonu a Ballu !* Vive le son pour danser !

La  Java -­‐  105  rue  du  Faubourg  du  Temple  -­‐  75010  Paris ☎ 01  42  02  20  52  /  www.la-­‐java.fr

TARIFS  UNIQUE  : 10  €     M ligne  2  -­‐  arrêt  Belleville  ;  ligne  11  -­‐  arrêt  Goncourt  Bus  lignes  46,  75  -­‐  arrêt  Goncourt  VELIB'  3  stations  -­‐  104  avenue  Parmentier  -­‐  2  rue  du  Buisson  Saint-­‐Louis  -­‐  116  bd  de  Belleville  PARKING au  83  rue  du  Faubourg  du  temple  

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TAMBOURS-CONFÉRENCES

En prenant le temps de lʼéchange, les Tambours-Conférences créent un lien entre public et musiciens, elles font le lien entre musique, histoire et société. Entrée libre dans la limite des places disponibles. Réservation conseillée au 01 46 87 31 31

Bernard Lubat et Michel Portal 50 ET PLUS D'IMPROVISATIONS Qui nierait que Michel Portal, du haut de ses 80 ans, n’est pas l’emblématique représentant de l’improvisation musicale en France, de la libre allure ? En compagnie de Bernard Lubat, son complice depuis un demi-siècle, soit 50 ans d’histoires et d’explorations communes. Ils nous convient à un joyeux banquet philosophique, d’échanges aussi bien poétiques que musicales, ou poïélitiques. Gai savoir en perspective.

. Dimanche 31 janvier • 15h30 Théâtre de la Cité internationale - 17 boulevard Jourdan - Paris 14e Métro ligne 4 - arrêt Porte d’Orléans The Bridge #11 DAUNIK LAZRO - JOE MCPHEE - JOSHUA ABRAMS GUILLAUME SÉGURON & CHAD TAYLOR Les échanges se poursuivent et s’élaborent au fur et à mesure que musiciens improvisateurs de France et des Etats-Unis formulent les uns après les autres leur projet coopératif, et empruntent ce pont transatlantique pour aller inventer et partager une musique commune dans la culture de l’autre. Mais dans quelles conditions, avec quel bonheur et quels effets ? C’est ce qu’il est toujours captivant de mesurer ! Lundi 1

er

février • 12h30

Université de Chicago - 6 rue Thomas Mann - Paris 13e RER C, Bibliothèque François Mitterrand / Métro ligne 14, Bibliothèque François Mitterrand / Bus 62,64,89,132,325, arrêt François Mitterrand

Mike Ladd RAP ET POÉSIE, UNE HISTOIRE "POST-FUTURISTE" Mike Ladd défend et illustre une manière originale de traiter du spoken word en musique, selon une conception "postfuturiste". L’humour critique de cette notion interrogeante n’est pas moins en continuité avec celle d’"afro-futurisme". Un engagement à dire l’expérience de la vie qui se sert de toutes les ressources de la poésie pour dialoguer avec la musique et le monde. L’histoire du hip-hop est revisitée, réinterprétée, réinventée. . Lundi 8 février • 18h30 Columbia University – 4 rue de Chevreuse - Paris 6e Penn Programs in Paris – Université Française – REID HALL Métro ligne 4, arrêt Vavin

Tony Allen JAZZ ET AFROBEAT Tony Allen, on le sait, fut le batteur qui inventa la musique afrobeat auprès de Fela Kuti. Il crée à Sons d’hiver son nouveau projet, un hommage à Art Blakey qui, comme tous les batteurs de jazz, Kenny Clarke, Max Roach, Elvin Jones, lui ont donné des outils et des ailes. L’occasion rêvée pour revenir avec lui sur cet outillage et cet imaginarium. Lundi 15 février • 18h30 Université Paris-Diderot, UFR Lettres, Arts et Cinéma (LAC) / Bâtiment Grands Moulins - 9,15 espl. Vidal Naquet - Paris 13e RER C, arrêt Bibliothèque François Mitterrand BUS 62, arrêt Bibliothèque François Mitterrand. Bus 325, arrêt Thomas Mann Rubin CARTER "Story of a Hurricane" Avec la librairie SCOP Envie de Lire Il y a cette première histoire, qui commence en 1966, lorsque Rubin Carter, boxeur noir américain, est condamné à tort à la prison à perpétuité pour le meurtre de trois "blancs". Il ne cessera jamais de clamer son innocence. En prison, il écrit son autobiographie. Pleine de rancoeur contre ce système raciste, mais également emplie de rage de vivre. Le livre tombe dans les mains de Bob Dylan. Une visite et un enregistrement plus tard, la chanson "Hurricane" est née. Ici commence la deuxième histoire, où entre en jeu Larry "Ratso" Sloman, jeune journaliste témoin de l’enregistrement et du projet fou de Dylan d’une revue itinérante avec pour modèle les fêtes foraines de l’étrange de sa jeunesse… Une rencontre boxe, folk et politique autour de deux belles parutions récentes, "Le 16e round", l’autobiographie de Rubin Carter, et "Sur la route avec Bob Dylan", de Larry Sloman, tous deux publiés par les excellentes éditions "Les Fondeurs de Briques". Les éditeurs seront du voyage pour nous en causer et dialoguer avec Laurent Lévy, essayiste et animateur du fourmillant blog "Folk et politique" (http://www.folkpolitik.one/).

Mercredi 17 février • 19h30 Librairie SCOP Envie de lire - 16 rue Gabriel Péri - 94200 Ivry s/Seine Tél 01 46 70 35 03 - http://www.envie-de-lire.fr/ Métro ligne 7 - Mairie d’Ivry / RER C, Ivry-sur-Seine

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Raphaël Imbert MUSIQUE ET SPIRITUALITÉ Raphaël Imbert est un musicien si complet qu’il a aussi écrit un livre remarqué, JAZZ SUPRÊME, initiés, mystiques et prophètes. Cette étude met en perspective une notion malaisée et pourtant incontournable, le "spirituel" dans la musique et dans la vie de la communauté afro-américaine, et au-delà. Vu de France, cela interpelle, mais nous donne l’occasion de saisir certains aspects, complexes et passionnants, de cette décidément autre dimension. Samedi 20 février • 18h30 Maison des Arts de Créteil (voir p.32)

 

Sons d’hiver du 29 janvier au 21 février 2016

Présidente, Monica Guillouet-Gelys Directeur, Fabien BarontiniDirectrice adjointe, Léda Le Querrec Administratrice, Nathalie Ballée-Fadili, Assistant administration, Dominique Bataille Responsable Communication, Armelle BoulliungAssistante Communication,Catherine Flahaut-Spicq

Billetterie, Loïc VénonRelations Presse, Valérie MaugeCoordinateur des conférences, Alexandre PierrepontDirection technique, Nicholas Championet toute l’équipe technique...

L’EQUIPE DU FESTIVAL

En partenariat avec

Paris 13 Les Gobelins

Nous remercions vivement pour leur précieuse coopération tous nos partenaires qui ont participé à l’élaboration de cette 25e édition, les villes, structures d’accueil, leurs équipes techniques, administratives, relations publiques, information et accueil.

• ELEONORE JOUAN, programmatrice spectacles vivants, ARCUEIL • ANNEttE VARiNOt, directrice du C.Cult. Communal de Cachan et MAGALi LÉRiS, directrice artistique du Th.de CACHAN • CÉCiLE MARiE, directrice du Théâtre Paul Eluard, CHOISY-LE-ROI• DiDiER FUSiLLiER, directeur de la Mac-Créteil-Maison des Arts - CRÉTEIL• EVELYNE BiRiBiN, directrice des Affaires Culturelles, FONTENAY-SOUS-BOIS • CHRiStOPHE ADRiANi, directeur du Théâtre Antoine Vitez, IVRY-SUR-SEINE• CHRiStiNE GODARt, directrice de l’Espace Culturel André Malraux, LE KREMLIN-BICÊTRE• CHRiStiNE PiCON, directrice de La Java, PARIS • GiLLES MACHtO, directeur des Théâtres de MAISONS-ALFORT • StÉPHANE MARtiN, président du musée du quai Branly et les équipes du musée du quai Branly, PARIS • Et L’ÉQUiPE DU Théâtre de la Cité internationale, PARIS• ALEXANDRE KRiEF, directeur du Théâtre Romain Rolland, VILLEJUIF • NAtHALiE HOCQUARD, directrice du service de l’action culturelle de VINCENNES • NAtHALiE HUERtA, directrice du Théâtre Jean-Vilar, VITRY-SUR-SEINE