THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain...

82
VETAGRO SUP CAMPUS VETERINAIRE DE LYON Année 2015 - Thèse n° 059 EVALUATION DE L’IMPLICATION DU FIBROBLAST GROWTH FACTOR 23 (FGF-23) DANS L’INSTALLATION DE L’HYPERPARATHYROÏDIE SECONDAIRE RENALE CHEZ LE CHAT THESE Présentée à l’UNIVERSITE CLAUDE-BERNARD - LYON I (Médecine - Pharmacie) et soutenue publiquement le 30 Octobre 2015 pour obtenir le grade de Docteur Vétérinaire par DEMENOIS Albane Née le 29 Novembre 1988 à Le Mans

Transcript of THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain...

Page 1: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

VETAGRO SUP CAMPUS VETERINAIRE DE LYON

Année 2015 - Thèse n° 059

EVALUATION DE L’IMPLICATION DU

FIBROBLAST GROWTH FACTOR 23 (FGF-23) DANS L’INSTALLATION DE L’HYPERPARATHYROÏDIE

SECONDAIRE RENALE CHEZ LE CHAT

THESE

Présentée à l’UNIVERSITE CLAUDE-BERNARD - LYON I (Médecine - Pharmacie)

et soutenue publiquement le 30 Octobre 2015 pour obtenir le grade de Docteur Vétérinaire

par

DEMENOIS Albane

Née le 29 Novembre 1988 à Le Mans

 

Page 2: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  2  

   

Page 3: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  3  

LISTE  DES  ENSEIGNANTS  DU  CAMPUS  VÉTÉRINAIRE  DE  LYON  Mise  à  jour  le  09  juin  2015  

Civilité Nom Prénom Unités pédagogiques Grade M. ALOGNINOUWA Théodore UP Pathologie du bétail Professeur M. ALVES-DE-OLIVEIRA Laurent UP Gestion des élevages Maître de conférences Mme ARCANGIOLI Marie-Anne UP Pathologie du bétail Maître de conférences M. ARTOIS Marc UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. BARTHELEMY Anthony UP Anatomie Chirurgie (ACSAI) Maître de conférences Contractuel Mme BECKER Claire UP Pathologie du bétail Maître de conférences Mme BELLUCO Sara UP Pathologie morphologique et clinique des animaux de compagnie Maître de conférences Mme BENAMOU-SMITH Agnès UP Equine Maître de conférences M. BENOIT Etienne UP Biologie fonctionnelle Professeur M. BERNY Philippe UP Biologie fonctionnelle Professeur Mme BERTHELET Marie-Anne UP Anatomie Chirurgie (ACSAI) Maître de conférences Mme BONNET-GARIN Jeanne-Marie UP Biologie fonctionnelle Professeur Mme BOULOCHER Caroline UP Anatomie Chirurgie (ACSAI) Maître de conférences M. BOURDOISEAU Gilles UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. BOURGOIN Gilles UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences M. BRUYERE Pierre UP Biotechnologies et pathologie de la reproduction Maître de conférences M. BUFF Samuel UP Biotechnologies et pathologie de la reproduction Maître de conférences M. BURONFOSSE Thierry UP Biologie fonctionnelle Professeur M. CACHON Thibaut UP Anatomie Chirurgie (ACSAI) Maître de conférences M. CADORE Jean-Luc UP Pathologie médicale des animaux de compagnie Professeur Mme CALLAIT-CARDINAL Marie-Pierre UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences M. CAROZZO Claude UP Anatomie Chirurgie (ACSAI) Maître de conférences M. CHABANNE Luc UP Pathologie médicale des animaux de compagnie Professeur Mme CHALVET-MONFRAY Karine UP Biologie fonctionnelle Professeur M. COMMUN Loic UP Gestion des élevages Maître de conférences Mme DE BOYER DES ROCHES Alice UP Gestion des élevages Maître de conférences Mme DELIGNETTE-MULLER Marie-Laure UP Biologie fonctionnelle Professeur M. DEMONT Pierre UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur Mme DESJARDINS PESSON Isabelle UP Equine Maître de conférences Contractuel Mme DJELOUADJI Zorée UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme ESCRIOU Catherine UP Pathologie médicale des animaux de compagnie Maître de conférences M. FAU Didier UP Anatomie Chirurgie (ACSAI) Professeur Mme FOURNEL Corinne UP Pathologie morphologique et clinique des animaux de compagnie Professeur M. FREYBURGER Ludovic UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences M. FRIKHA Mohamed-Ridha UP Pathologie du bétail Maître de conférences Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise UP Gestion des élevages Professeur M. GRANCHER Denis UP Gestion des élevages Maître de conférences Mme GREZEL Delphine UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences M. GUERIN Pierre UP Biotechnologies et pathologie de la reproduction Professeur Mme HUGONNARD Marine UP Pathologie médicale des animaux de compagnie Maître de conférences M. JUNOT Stéphane UP Anatomie Chirurgie (ACSAI) Maître de conférences M. KECK Gérard UP Biologie fonctionnelle Professeur M. KODJO Angeli UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur Mme LAABERKI Maria-Halima UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences M. LACHERETZ Antoine UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur Mme LAMBERT Véronique UP Gestion des élevages Maître de conférences Mme LATTARD Virginie UP Biologie fonctionnelle Maître de conférences Mme LE GRAND Dominique UP Pathologie du bétail Professeur Mme LEBLOND Agnès UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur Mme LEFRANC-POHL Anne-Cécile UP Equine Maître de conférences M. LEPAGE Olivier UP Equine Professeur Mme LOUZIER Vanessa UP Biologie fonctionnelle Maître de conférences M. MARCHAL Thierry UP Pathologie morphologique et clinique des animaux de compagnie Professeur M. MOUNIER Luc UP Gestion des élevages Maître de conférences M. PEPIN Michel UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. PIN Didier UP Pathologie morphologique et clinique des animaux de compagnie Maître de conférences Mme PONCE Frédérique UP Pathologie médicale des animaux de compagnie Maître de conférences Mme PORTIER Karine UP Anatomie Chirurgie (ACSAI) Maître de conférences Mme POUZOT-NEVORET Céline UP Anatomie Chirurgie (ACSAI) Maître de conférences Mme PROUILLAC Caroline UP Biologie fonctionnelle Maître de conférences Mme REMY Denise UP Anatomie Chirurgie (ACSAI) Professeur Mme RENE MARTELLET Magalie UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences stagiaire M. ROGER Thierry UP Anatomie Chirurgie (ACSAI) Professeur M. SABATIER Philippe UP Biologie fonctionnelle Professeur M. SAWAYA Serge UP Anatomie Chirurgie (ACSAI) Maître de conférences M. SCHRAMME Serge UP Equine Professeur associé Mme SEGARD Emilie UP Anatomie Chirurgie (ACSAI) Maître de conférences Contractuel Mme SERGENTET Delphine UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme SONET Juliette UP Anatomie Chirurgie (ACSAI) Maître de conférences Contractuel M. THIEBAULT Jean-Jacques UP Biologie fonctionnelle Maître de conférences M. TORTEREAU Antonin UP Pathologie morphologique et clinique des animaux de compagnie Maître de conférences stagiaire M. VIGUIER Eric UP Anatomie Chirurgie (ACSAI) Professeur Mme VIRIEUX-WATRELOT Dorothée UP Pathologie morphologique et clinique des animaux de compagnie Maître de conférences Contractuel M. ZENNER Lionel UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur

     

Page 4: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  4  

     

Page 5: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  5  

Remerciements        A  Madame  le  Professeur  Claire  RODRIGUEZ-­‐LAFRASSE    

De  la  faculté  de  Médecine  de  Lyon,  

Qui  nous  a  fait  l’honneur  d’accepter  la  Présidence  de  ce  Jury  de  thèse,    

Pour  l’intérêt  porté  à  ce  travail,  

Que   vous   trouviez   ici   l’expression   de   ma   reconnaissance   ainsi   que   de   mes  

sincères  remerciements.  

 

 

A  Monsieur  le  Professeur  Thierry  BURONFOSSE    

De  VetAgro  Sup,  Campus  Vétérinaire  de  Lyon,  

Qui  nous  a  fait  l’honneur  d’encadrer  ce  travail,  

Pour  sa  disponibilité,  sa  gentillesse  et  ses  conseils  avisés,  

Que  vous  trouviez  ici  l’expression  de  mes  remerciements  chaleureux.  

 

 

A  Monsieur  le  Professeur  Thierry  MARCHAL    

De  VetAgro  Sup,  Campus  Vétérinaire  de  Lyon,  

Qui  nous  a  fait  l’honneur  de  participer  à  ce  jury  de  thèse,  

Pour  sa  gentillesse,  

Que  vous  trouviez  ici  l’expression  de  mes  remerciements  les  plus  sincères.  

   

Page 6: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  6  

                                       

A  ma  famille,  A  mes  amis,  

Merci  pour  tout.    

                                         

Page 7: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  7  

                               

       

«    Le  plus  grand  art  est  l’art  de  vivre    une  vie  ordinaire  de  façon  extraordinaire  »  

Proverbe  tibétain                                              

Page 8: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  8  

     

Page 9: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  9  

Table  des  Matières    

REMERCIEMENTS  .....................................................................................................  5  TABLE  DES  MATIERES  ............................................................................................  9  TABLE  DES  FIGURES  .............................................................................................  12  TABLE  DES  TABLEAUX  .........................................................................................  14  LISTE  DES  ABREVIATIONS  ..................................................................................  15  INTRODUCTION  ......................................................................................................  17  PREMIERE  PARTIE  :  ETUDE  BIBLIOGRAPHIQUE  .........................................  19  I.   MALADIE  RENALE  CHRONIQUE  CHEZ  LE  CHAT  ..............................................................  21  A.   Epidémiologie  ...............................................................................................................  21  B.   Anatomie  et  physiologie  du  rein  ..........................................................................  21  1.   Structures  macroscopique  et  microscopique  ..............................................................................  21  a)   Structure  macroscopique  ................................................................................................................  21  b)   Structure  microscopique  .................................................................................................................  22  

2.   Physiologie  rénale  ....................................................................................................................................  23  C.   Généralités  sur  l’insuffisance  rénale  ...................................................................  23  1.   Importance  de  la  différenciation  entre  IRA  et  MRC  ..................................................................  23  2.   Stades  IRIS  ...................................................................................................................................................  24  3.   Etiologie  de  la  Maladie  Rénale  Chronique  chez  le  Chat  ...........................................................  26  a)   Maladies  congénitales  .......................................................................................................................  26  b)   Maladies  acquises  ...............................................................................................................................  27  

4.   Signes  cliniques  .........................................................................................................................................  28  D.   Pathogénie  de  la  MRC  et  conséquences  physiopathologiques  ................  28  1.   Pathogénie  de  la  MRC  .............................................................................................................................  28  2.   Conséquences  sur  l’homéostasie  hydro-­‐électrolytique  (hyperaldostéronisme  secondaire  rénal)  –  acido-­‐basique  ............................................................................................................  30  a)   Elimination  de  l’eau  ...........................................................................................................................  30  b)   Elimination  des  électrolytes  ..........................................................................................................  30  (1)   Le  sodium  ........................................................................................................................................  30  (2)   Le  potassium  ..................................................................................................................................  30  (3)   Les  phosphates  .............................................................................................................................  31  (4)   Le  calcium  .......................................................................................................................................  31  

c)   Elimination  des  acides  ......................................................................................................................  31  3.   Conséquences  sur  l’homéostasie  phospho-­‐calcique  .................................................................  31  4.   Conséquences  sur  l’érythropoïèse  ....................................................................................................  32  

E.   Généralités  sur  la  prise  en  charge  thérapeutique  ........................................  33  1.   Objectifs  thérapeutiques  .......................................................................................................................  33  2.   Plan  thérapeutique  ..................................................................................................................................  33  

(1)   Mesures  diététiques  ...................................................................................................................  33  (2)   Les  chélateurs  du  phosphore  .................................................................................................  34  (3)   IECA  et  «  sartans  »  .......................................................................................................................  35  

F.   Quels  moyens  pour  un  dépistage  précoce  de  la  MRC  ?  ...............................  35  II.   HYPERPARATHYROÏDIE  SECONDAIRE  RENALE  CHEZ  LE  CHAT  ....................................  36  A.   Epidémiologie  ...............................................................................................................  36  B.   Les  parathyroïdes  :  anatomie  et  physiologie  ..................................................  36  1.   Rappel  d’anatomie  ...................................................................................................................................  36  

Page 10: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  10  

2.   Physiologie  ..................................................................................................................................................  37  a)   La  Parathormone  ................................................................................................................................  37  b)   La  calcitonine  .......................................................................................................................................  37  c)   La  vitamine  D  ........................................................................................................................................  37  

C.   Physiopathologie  .........................................................................................................  38  1.   Mécanisme  d’installation  ......................................................................................................................  38  a)   Avant  la  découverte  du  FGF23  ......................................................................................................  38  b)   En  intégrant  le  FGF23  .......................................................................................................................  40  (1)   FGF23  chez  un  animal  sain  ......................................................................................................  41  (2)   FGF23  dans  les  stades  très  précoces  de  MRC  ..................................................................  41  (3)   FGF23  dans  les  stades  précoces  de  MRC  ...........................................................................  42  (4)   FGF23  dans  les  stades  tardifs  de  la  MRC  ...........................................................................  43  

2.   Conséquences  de  l’hyperparathyroïdie  ..........................................................................................  44  a)   Ostéodystrophie  :  ...............................................................................................................................  44  b)   Calcifications  ectopiques  :  ..............................................................................................................  45  

D.   Stratégies  thérapeutiques  ......................................................................................  45  1.   Mesures  diététiques  ................................................................................................................................  45  2.   Chélateurs  du  phosphore  ......................................................................................................................  45  3.   Administration  de  calcitriol  .................................................................................................................  45  4.   Autres  thérapeutiques  ...........................................................................................................................  46  a)   Cimétidine  ..............................................................................................................................................  46  b)   Parathyroïdectomie  ...........................................................................................................................  46  

III.   LE  COMPLEXE  FGF23-­‐KLOTHO  ET  SON  IMPLICATION  DANS  L’HYPERPARATHYROÏDIE  SECONDAIRE  RENALE  ..................................................................  47  A.   Fibroblast  Growth  Factor  23  .................................................................................  47  1.   Gène  et  Structure  protéique  ................................................................................................................  47  a)   Au  sein  de  sa  sous-­‐famille  ...............................................................................................................  47  b)   Génomique  ............................................................................................................................................  47  c)   Caractéristique  structurale  unique  du  FGF23  ........................................................................  48  d)   Mode  d’action  .......................................................................................................................................  48  

2.   Expression  ...................................................................................................................................................  48  3.   Fonctions  spécifiques  à  certains  tissus  ...........................................................................................  49  a)   Rein  ...........................................................................................................................................................  49  b)   Parathyroïde  .........................................................................................................................................  49  c)   Autres  organes  .....................................................................................................................................  50  (1)   Cerveau  et  plexus  choroïde  .....................................................................................................  50  (2)   Os  ........................................................................................................................................................  50  

4.   Régulation  du  FGF23  ..............................................................................................................................  50  a)   Régulation  systémique  du  FGF23  ................................................................................................  51  b)   Régulation  locale  de  la  transcription  du  FGF23  ....................................................................  52  (1)   Régulation  par  PHEX  et  DMP1  ...............................................................................................  52  (2)   Régulation  par  la  voie  des  FGF  et  récepteurs  FGF  ........................................................  52  

5.   Déficit  versus  excès  de  FGF23  .............................................................................................................  53  B.   Le  complexe  FGF23-­‐Klotho  .....................................................................................  54  1.   Klotho  et  spécificité  de  tissu  ................................................................................................................  54  2.   Les  récepteurs  FGF  (FGFR)  ..................................................................................................................  55  

C.   FGF23  et  métabolisme  minéral  .............................................................................  55  D.   FGF23  et  Maladie  Rénale  Chronique  ..................................................................  56  1.   FGF23  et  PTH  .............................................................................................................................................  56  2.   FGF23  et  calcitriol  ....................................................................................................................................  57  3.   FGF23  et  phosphore  ................................................................................................................................  57  4.   FGF23  et  le  système  Rénine-­‐Angiotensine-­‐Aldostérone  .........................................................  58  5.   Cascades  de  facteurs  menant  à  la  perturbation  du  métabolisme  minéral  et  osseux  lors  MRC  ................................................................................................................................................................  59  

Page 11: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  11  

DEUXIEME  PARTIE  :  PHASE  EXPERIMENTALE  .............................................  61  I.   MATERIELS  ET  METHODES  ..............................................................................................  65  A.   Animaux  et  échantillons  biologiques  .................................................................  65  1.   Echantillons  de  sang  ...............................................................................................................................  65  2.   Organes  .........................................................................................................................................................  65  3.   Conditions  d’inclusion  et  d’exclusion  ..............................................................................................  65  

B.   Méthodes  d’étude  ........................................................................................................  65  1.   Dosage  des  analytes  ................................................................................................................................  65  a)   Dosage  de  la  créatinine  ....................................................................................................................  65  b)   Dosage  du  calcium  .............................................................................................................................  66  c)   Dosage  des  phosphates  ....................................................................................................................  66  d)   Dosage  de  l’urée  ..................................................................................................................................  66  

2.   Dosages  hormonaux  ................................................................................................................................  67  a)   Dosage  du  FGF23  intact  (ELISA)  ..................................................................................................  67  b)   Dosage  de  la  PTH  intacte  (ELISA)  ...............................................................................................  68  c)   Dosage  de  la  vitamine  D  ...................................................................................................................  69  

3.   Analyses  statistiques  ..............................................................................................................................  69  II.   RESULTATS  .......................................................................................................................  70  A.   Etablissement  d’un  intervalle  de  référence  chez  les  chats  sains  ............  70  B.   Comparaison  entre  FGF23  et  stades  IRIS  .........................................................  70  C.   Comparaison  entre  PTH  et  stades  IRIS  .............................................................  71  D.   Comparaison  entre  Phosphore  et  FGF23  .........................................................  72  E.   Comparaison  entre  25-­‐0H  vitamine  D  et  FGF23  ...........................................  73  

III.   DISCUSSION  .....................................................................................................................  74  CONCLUSION  ............................................................................................................  77  BIBLIOGRAPHIE  .....................................................................................................  79        

Page 12: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  12  

Table  des  Figures    

Figure  1  :  Reins  en  position  anatomique  chez  le  chat  .........................................................................  21  

Figure  2  :  Schéma  d'une  coupe  longitudinale  de  rein  chez  le  chat  ................................................  22  

Figure  3  :  Pathogénie  de  la  MRC  :  théorie  de  l'hyperfiltration.                                                                                                                                                                                                                  D’après  J-­‐P  Cotard  :  Néphrologie  et  urologie  chez  le  chien  et  le  chat  .................................  29  

Figure  4  :  Pathogénie  de  l'anémie  lors  de  MRC  .....................................................................................  32  

Figure  5  :  Visualisation  in  situ  des  parathyroïdes  ................................................................................  36  

Figure  6  :  Développement  de  l’hyperparathyroïdie  secondaire  rénale  selon  hypothèse  «  trade-­‐off  »                            (Basé  sur  De  Brito  Galvao  et  al.,  2013)  ...................................................  40  

Figure  7  :  Rôle  du  FGF-­‐23  chez  le  chat  sain                                                                                                                                                                                                                                          (Basé  sur  De  Brito  Galvao  et  al.,  2013)  ...........................................................................................  41  

Figure  8  :  Rôle  du  FGF-­‐23  dans  les  stades  très  précoces  de  la  MRC                                                                                                                                                    (Basé  sur  De  Brito  Galvao  et  al.,  2013)  ...........................................................................................  42  

Figure  9  :  Rôle  du  FGF23  dans  les  stades  précoces  de  la  MRC                                                                                                                                                                                                                                  (Basé  sur  de  Brito  Galvao  et  al.,  2013)  ............................................................................................  43  

Figure  10  :  Rôle  du  FGF23  dans  les  stades  tardifs  de  la  MRC                                                                                                                                                                                                                            (Basé  sur  De  Brito  Galvao  et  al.,  2013)  ...........................................................................................  44  

Figure  11  :    Interactions  entre  le  FGF23  /  Klotho,  la  vitamine  D  et  le  SRAA                                                                                                                                                      (D'après  de  Borst  et  al.)  ........................................................................................................................  59  

Figure  12  :  Schéma  récapitulatif  des  différentes  boucles  de  contrôle  et  hormones  et                                                                              protéines  impliquées  dans  le  contrôle  du  phosphate                                                                                                                                                                                                                                                                                                          (D'après  Tan  et  al.,  2014)  ....................................................................................................................  60  

Figure  13  :  Schéma  de  dosage  de  la  créatinine  par  méthode  enzymatique  colorimétrique  66  

Figure  14  :  Dosage  de  l'urée  .........................................................................................................................  67  

Figure  15  :  Principe  du  dosage  du  FGF23  par  méthode  ELISA  ........................................................  68  

Figure  16  :  Box-­‐plot  illustrant  la  concentration  du  FGF23  en  fonction  de  l'évolution  de  la  MRC  ..............................................................................................................................................................  70  

Figure  17  :  Box-­‐plot  illustrant  la  concentration  de  PTH  en  fonction  de  l'évolution  de  la  MRC.  .............................................................................................................................................................  71  

Figure  18  :  Relation  entre  la  distribution  des  concentrations  plasmatiques  de  PTH  et  de  FGF23.  .........................................................................................................................................................  72  

Figure  19  :  Box-­‐plot  illustrant  la  concentration  de  Phosphate  en  fonction  de  l'évolution  de  la  MRC.  ..................................................................................................................................................  72  

Page 13: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  13  

Figure  20  :  Relation  entre  la  distribution  des  concentrations  plasmatiques  de  Phosphate  et  de  FGF23  ...............................................................................................................................................  73  

Figure  21  :  Relation  entre  la  distribution  des  concentrations  de  vitamine  D  et  de  FGF23  ........................................................................................................................................................................  74  

 

                                                                         

 

Page 14: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  14  

Table  des  Tableaux    

Tableau  1  :  Classification  de  la  MRC  selon  IRIS  .....................................................................................  25  

Tableau  2  :  Sous-­‐stades  IRIS  selon  la  protéinurie  ................................................................................  26  

Tableau  3  :  Sous-­‐stades  IRIS  selon  la  PA  ..................................................................................................  26  

Tableau  4  :  Facteurs  régulant  le  FGF23  dans  le  cadre  de  la  MRC  ..................................................  51  

 

                                   

     

Page 15: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  15  

Liste  des  Abréviations    

   ADH  :  Hormone  antidiurétique  

DFG  :  Débit  de  Filtration  Glomérulaire  

EPO  :  Erythropoïétine  

FNA  :  Facteur  Natriurétique  Atrial  

FGF23  :  Fibroblast  Growth  Factor  23  

HPSR  :  Hyperparathyroïdie  Secondaire  Rénale  

IECA  :  Inhibiteur  de  l’Enzyme  de  Conversion  de  l’Angiotensine  

IRIS  :  International  Renal  Interest  Society  

MRC  :  Maladie  Rénale  Chronique  

PA  :  Pression  Artérielle  

PTH  :  Parathyroid  Hormone  =  Parathormone  

RPCU  :  Ratio  Protéines  sur  Créatinine  Urinaires  

SRAA  :  Système  Rénine  Angiotensine  Aldostérone  

   

   

Page 16: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  16  

     

Page 17: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  17  

Introduction    

La  Maladie   Rénale   Chronique   est   l’une   des  maladies   les   plus   présentes   chez   le  chat  âgé.  En  effet,  deux  tiers  des  chats  atteints  de  Maladie  Rénale  Chronique  ont  plus  de  10  ans.  Le   diagnostic   précoce   de   la   maladie   est   rendu   compliqué   par   l’apparition   tardive   de  signes   cliniques   facilement   identifiables   par   le   propriétaire.   De   plus,   les   marqueurs  biochimiques  permettant  le  diagnostic  de  la  maladie  n’augmentent  qu’à  partir  d’un  stade  avancé  de  la  maladie.  En  effet,  les  marqueurs  les  plus  fréquemment  utilisés  dans  le  cadre  du   diagnostic   de   la   maladie   rénale   chronique   sont   la   mesure   de   l’urémie   et   de   la  créatininémie.  Or,  ce  dernier  n’est  augmenté  qu’à  partir  de  75%  de  néphrons  atteints.       La   rétention  du  phosphore  dans   la  Maladie  Rénale  Chronique   est   à   l’origine  de  l’hyperparathyroïdie   secondaire   rénale   et   parfois   d’une   hyperphosphatémie.   Il   est  communément   admis   que   la   rétention   du   phosphore   est   le   contributeur  majeur   de   la  progression  de  la  MRC.    

Le  Fibroblast  Growth  Factor-­‐23   (FGF23),  hormone  peptidique  phosphaturiante,  découvert   à   l’origine   lors   de   recherches   sur   des   maladies   génétiques  hypophosphatémiantes   en   médecine   humaine,   semble   être   au   cœur   de   la  physiopathologie   de   l’hyperparathyroïdie   secondaire   rénale   et   semble   permettre   un  diagnostic  plus  précoce  de  la  maladie  rénale  chronique.    

 Dans   notre   étude,   nous   avons   cherché   à   caractériser   l’Hyperparathyroïdie  

secondaire   rénale   dans   un   contexte   de   Maladie   Rénale   Chronique   chez   le   Chat   et   à  évaluer   l’implication   du   FGF23   en   fonction   du   stade   IRIS.   L’axe   et   la   stratégie  expérimentale  de  ce  travail  reposent  sur  l’évaluation  de  l’évolution  de  la  concentration  sanguine  du  FGF23  sur  des  stades  de  plus  en  plus  marqués  d’insuffisance  rénale.    

   

                           

Page 18: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  18  

             

Page 19: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  19  

                           

   

 Première  partie  :  Etude  bibliographique  

                 

Page 20: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  20  

     

Page 21: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  21  

I. Maladie  rénale  chronique  chez  le  chat  

A. Epidémiologie    

La  Maladie  Rénale  Chronique  (MRC)  affecte  1  à  3%  des  chats  gériatriques.    C’est  la  seconde  cause  de  mortalité  chez  les  chats  avec  une  maladie  chronique.  L’âge  moyen  des  chats  qui  présentent  des  signes  cliniques  au  moment  du  diagnostic  est  entre  12  à  14  ans,  mais  la  fourchette  d’âge  est  très  large.      

La  médiane  de  survie  est  de  400   jours  à  compter  du  début  de   la  perte  de  poids  contre   40   jours   après   la   première   crise   urémique.   C’est   pourquoi   il   est   primordial   de  diagnostiquer  une  MRC  dans  les  stades  les  plus  précoces  de  la  maladie.    Cas  particulier  des  néphropathies  familiales  :  -­‐  Chez  l’Abyssin  :  amyloïdose  (apparition  de  la  MRC  vers  1  à  2  ans)  -­‐   Chez   le   Persan   :   maladie   polykystique   (PKD   -­‐   apparition   de   la   MRC   vers   7   ans   en  moyenne).    

B. Anatomie  et  physiologie  du  rein  

1. Structures  macroscopique  et  microscopique  

a) Structure  macroscopique    

Les  reins  sont  au  nombre  de  2,  en  forme  de  flageolet.  Ils  sont  placés  dorsalement  dans   la   cavité   abdominale,   plaqués   contre   la   voûte   lombaire,   en   position  rétropéritonéale.  Le  rein  droit  est  plus  crânial  que  le  gauche.  

 Chez  le  chat,  les  reins  sont  oscillants,  mobiles  et  plus  caudaux  que  chez  le  chien.  

Le  rein  droit  est  positionné  au  niveau  de  L1-­‐L4  tandis  que  le  rein  gauche  est  au  niveau  de  L2-­‐L5.      

 

Figure  1  :  Reins  en  position  anatomique  chez  le  chat  

Page 22: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  22  

La  face  latérale  est  convexe,  la  face  médiale  concave.  La  région  du  hile  comprend  le  passage  des  vaisseaux,  nerfs  et  uretères  qui  entrent  ou  sortent  du  rein.    Il  est  unilobaire,  ne  présente  pas  de  démarcations  externes.  Sa  surface  externe  est  lisse,  associée  à  la  présence  d’une  capsule  fibreuse.  

 Sa  section  permet  de  visualiser  une  couche  supérieure,  le  cortex,  plus  sombre  et  

très  vascularisé,  surplombant  la  médulla,  plus  claire.    

 

Figure  2  :  Schéma  d'une  coupe  longitudinale  de  rein  chez  le  chat  

 

b) Structure  microscopique    

Le  néphron  est  l’unité  fonctionnelle  du  rein.  L’urine  qui  est  produite  en  son  sein  sera  modifiée  lors  de  son  trajet  dans  le  système  conducteur  rénal.  Celui-­‐ci  est  composé  du  corpuscule  et  des  tubules  rénaux.    

L’ultrafiltration   rénale   est   réalisée   par   3   filtres  :   les   cellules   endothéliales   du  glomérule,  la  membrane  basale  du  glomérule  et  les  podocytes  de  la  couche  viscérale  de  la  capsule  de  Bowman.  

L’appareil   juxta-­‐glomérulaire   est   impliqué   dans   le   maintien   de   la   pression  sanguine  et  du  volume  plasmatique.  

Dans  les  tubules  rénaux  sont  réabsorbés  les  ¾  des  fluides  passant  à  ce  niveau.  L’appareil   collecteur   quant   à   lui   permet   de   collecter   l’urine   ainsi   produite   à   la  

suite  des  différents  échanges  ayant  eu  lieu.    Remarque  :   le  rein  du  chat  est  adapté  à  sa  physiologie  d’animal  du  désert.  La  taille  de   la  anse  de  Henlé  est  proportionnellement  plus  grande  chez  le  chat  que  chez  le  chien  du  fait  de  la  nécessité  de  réabsorber  le  maximum  d’eau  filtrée  au  niveau  rénal.      

Page 23: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  23  

2. Physiologie  rénale    

Il   existe   200.000   néphrons   par   rein   chez   le   chat   contre   500.000   néphrons   par  rein  chez  le  chien.  La   fonction   primaire   est   avant   tout   la   régulation   de   la   composition   du   liquide   extra-­‐cellulaire.  Ainsi   le   rein   joue   un   rôle   central   dans   la   régulation   du   volume   sanguin,   du   volume  extracellulaire,   de   la   pression   artérielle   systémique,   de   l’hématocrite,   de   l’équilibre  acido-­‐basique   et   de   la   concentration  plasmatique   en   électrolytes,  minéraux   et   déchets  du  métabolisme.    

- Fonction   émonctoire  :   les   reins   ont   pour   fonction   essentielle,   grâce   à   leur  capacité  d’excrétion,  d’épurer  les  déchets  de  l’organisme  (acides  organiques,  urée).  

-   Stabilité  du  milieu   intérieur  :   les  reins  assurent   l’équilibre  entre   les  entrées  et  les   sorties   de   l’eau   et   des   électrolytes.   Ils   sont   le   point   d’impact   de   l’hormone  antidiurétique  (ADH)  et  de  l’aldostérone.  

- Fonction   endocrine   des   reins  :   les   reins   sont   en   jeu   dans   trois   régulations  importantes:  

-­‐   Equilibre   tensionnel  :   la   sécrétion   de   rénine   par   l’appareil   juxtaglomérulaire  conditionne  la  synthèse  de  l’angiotensine.  

-­‐  Erythropoïèse  (sécrétion  de  l’érythropoïétine).  -­‐  Métabolisme  phosphocalcique  (1α-­‐hydroxylation  de  la  vitamine  D).  

   

C. Généralités  sur  l’insuffisance  rénale    

1. Importance  de  la  différenciation  entre  IRA  et  MRC    

Il   est   important   de   distinguer   insuffisance   rénale   aigüe   (IRA)   et   maladie  rénale   chronique   (MRC)  du   fait  de   la  prise  en  charge  variable  et  des  conséquences  à  plus  ou  moins  long  terme.  Chronique  dans   le  contexte  d’une  maladie  rénale  signifie  que   la  maladie  évolue  depuis  suffisamment   longtemps  pour  que  les   lésions   induites  soient  irréversibles,  et  souvent  progressives  impliquant  une  perte  fonctionnelle  progressive.    Cette  notion  est  à  opposer  à  un  potentiel  réversible  de   l’IRA  :  réversibilité  de   l’atteinte  primaire   du   rein   et/ou   de   la   possibilité   d’adaptations   compensatoires   qui   permettent  aux  néphrons  subsistants  d’augmenter  leur  fonction.    

La   MRC   évolue   depuis   environ   3   mois   ou   plus   pour   appliquer   le   terme  «  chronique  ».   En   effet,   la   mise   en   place   totale   des   mécanismes   d’adaptation  compensatoires  prend  approximativement  3  mois.    Ainsi,   il   existe   quelques   preuves   substantielles   de   chronicité   de   l’affection   rénale  :  présence  de  signes  cliniques  depuis  environ  3  mois  (perte  de  poids,  polyurie,  polydipsie,  perte  d’appétit  et  autres).  Un  statut  nutritionnel  altéré  ainsi  que  la  qualité  du  pelage  sont  d’autres  signes  de  chronicité.  

Page 24: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  24  

La   diminution   de   la   taille   des   reins   par   un   examen   échographique   permet   également  d’orienter  vers  un  processus  chronique  car  la  perte  de  néphrons  fonctionnels  entraîne  le  remplacement  par  de  la  fibrose.  

 Cependant,   les   examens   de   laboratoire   restent   difficiles   à   relier   avec   une  

éventuelle   chronicité   du   phénomène.   Seuls   une   anémie   hypoproliférative   et  l’importance  de  l’hyperphosphatémie  sont  des  éléments  en  faveur.  Ainsi,   pour  un   taux  donné  de   créatinine   sanguine,   les  patients   avec  une   IRA  montrent  des   signes   cliniques   plus   sévère   car   l’augmentation   de   ce   paramètre   s’est   fait  rapidement  et  la  capacité  d’adaptation  de  l’organisme  à  l’azotémie  a  été  dépassée  par  ce  manque   de   temps.   C’est   pourquoi   des   chats   avec   une   azotémie   marquée   mais   pour  lesquels  les  signes  cliniques  semblent  modérés,  la  maladie  rénale  est  vraisemblablement  installée  de  façon  chronique.    

2. Stades  IRIS    

Depuis   2006,   l’International   Renal   Interest   Society   (IRIS)   cherche   à   faciliter   la  mise  en  place  du  traitement,  du  suivi  et  à  établir  un  pronostic  pour  chaque  animal.  Dans  ce  but,   elle  propose  une   classification  des  maladies   rénales   chroniques  du   chien  et  du  chat.    

C’est  un  système  de  stades  basé  sur   la  concentration  sérique  de  créatinine  chez  des  patients  stables  à  au  moins  deux  occurrences  (1).    

L’intérêt   de   l’identification   du   stade   est   de   mettre   en   place   une   stratégie   de  traitement  adaptée.  Le  but  du  traitement  est  de  ralentir  ou  limiter  la  progression  de  la  maladie.    

Il  est  à  noter  que  plus  de  chats  avec  une  MRC  sont  diagnostiqués  en  stade  1  et  2,  alors  que  la  plupart  des  chiens  avec  une  MRC  ne  sont  identifiés  qu’à  partir  des  stades  3  ou  4.  

                           

Page 25: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  25  

Tableau  1  :  Classification  de  la  MRC  selon  IRIS  

 

Stade  

 Créatininémie  

μmol/L  mg/dL  

Commentaires  

A  risque   <140  <1,6  

L'histoire  suggère  que   l'animal  est  à  risque  accru  de  développer   une  maladie   rénale   chronique   à   l'avenir  en   raison   d'un   certain   nombre   de   facteurs   (par  exemple,   l'exposition   à   des   médicaments  néphrotoxiques,   la   race,   la   prévalence   élevée   des  maladies   infectieuses   dans   la   région,   ou   de  vieillesse).  

1  <140  <1,6  

Non-­‐azotémique.   D’autres   anomalies   rénales   sont  présentes  (par  exemple,  l’incapacité  à  concentrer  les  urines   sans   cause   identifiable   non   rénale,   une  palpation   rénale   ou   des   résultats   d’imagerie   rénale  anormaux,   une   protéinurie   d'origine   rénale,   des  résultats   anormaux   suite   à   une   biopsie   rénale,  l'augmentation   des   concentrations   de   créatinine  sérique   dans   des   échantillons   prélevés   à   plusieurs  reprises).  

2  140  -­‐  250  1,6  -­‐  2,8  

Azotémie   rénale   légère   (l’extrémité   inférieure   de   la  fourchette  se  situe  dans  les  fourchettes  de  référence  pour   de   nombreux   laboratoires,   mais   l'insensibilité  de  la  concentration  de  la  créatinine  comme  un  test  de  dépistage   signifie   que   les   animaux   avec   des   valeurs  de   créatinine   proches   de   la   limite   supérieure   de  référence   ont   souvent   des   anomalies   au   niveau   de  l’excrétion).   Les   signes   cliniques   sont   généralement  bénins  ou  absents.  

3   251  -­‐  440  2,8  -­‐  5,0  

Azotémie   rénale   modérée.   Beaucoup   de   signes  cliniques  extrarénaux  peuvent  être  présents.  

4   >  440  >  5,0  

Augmentation   du   risque   de   signes   cliniques  systémiques  et  de  crises  urémiques.  

   

Le   patient   peut   ensuite   être   classé   dans   des   sous-­‐catégories   afin   d’affiner   le  pronostic.  Ces  sous-­‐stades  sont  basés  sur  l’existence    ou  d’une  protéinurie  ainsi  que  sur  l’existence  ou  non,  ainsi  que  l’ampleur,  d’une  hypertension  artérielle  systémique.    

Dans   le  cadre  de   la  protéinurie,   le  but  est  d’identifier  une  protéinurie  rénale  en  s’affranchissant   des   causes   pré-­‐rénales   et   post-­‐rénales.   Les   bandelettes   urinaires  classiquement   utilisées   par   les   praticiens   peuvent   être   à   l’origine   de   faux-­‐positifs.   Le  

Page 26: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  26  

ratio  protéines  sur  créatinine  urinaires   (RPCU)  devrait  être  utilisé  dans   tous   les  cas,  à  condition  d’avoir  exclu   l’existence  d’une   inflammation  ou  d’une  hémorragie  au  sein  du  tractus  urinaire.      

Tableau  2  :  Sous-­‐stades  IRIS  selon  la  protéinurie  

 

Valeur  du  RPCU   Sous-­‐stade  

<  0,2   Non  Protéinurique  (NP)  

0,2  à  0,4   Protéinurie  Borderline  (BP)  

>  0,4   Protéinurique  (P)  

 Concernant  la  mesure  de  la  pression  artérielle  (PA)  systémique,  les  patients  sont  

classés  selon  le  degré  de  risque  de  lésions  sur  les  organes  cibles.      

 Tableau  3  :  Sous-­‐stades  IRIS  selon  la  PA  

 

PA  systolique  mmHg  

PA  diastolique  mmHg  

Sous-­‐stade  

<  150   <  95   0  Risque  minimal  

150  -­‐159   95  -­‐  99   1  Risque  faible  

160  -­‐  179   100  -­‐  119  2  

Risque  modéré  

>  180   >  120  3  

Risque  élevé  

 

3. Etiologie  de  la  Maladie  Rénale  Chronique  chez  le  Chat    

Le  terme  MRC  est  un  terme  général  et  non  spécifique  qui  n’indique  aucunement  la  cause  de   l’atteinte  rénale  et/ou  de   l’altération  de   la   fonction  rénale.  Ces  causes  sont  multiples  et  bien  souvent  ne  peuvent  être  identifiées.  On  peut  les  diviser  en  2  groupes  :  congénital  versus  acquis.    

a) Maladies  congénitales    

Les   maladies   congénitales   sont   présentes   dès   la   naissance   et   comprennent   les  maladies  transmises  par  les  ascendants.  

Page 27: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  27  

 La  maladie  génétique   la  plus   fréquente  chez   le  chat  est   la  maladie  polykystique  

rénale  (PKD  –  Polycystic  Kidney  Disease)  chez  les  Persans  et  apparentés.  Elle  atteignait  il  y  a  quelques  années  environ  40%  des  chats  de  cette  race  mais  les  efforts  de  sélection  effectués  par  les  éleveurs  tendent  à  faire  baisser  cette  prévalence.  

 L’amyloïdose   rénale   est   également   une   maladie   congénitale,   présente  

principalement  chez  les  chats  de  race  Abyssin,  Siamois  et  Oriental.  

b) Maladies  acquises    

Plusieurs   maladies   acquises   ont   été   identifiées   ou   suspectées   comme   étant   à  l’origine  d’une  maladie  rénale  chronique  chez  le  chat  :       -­‐  Urolithiases  :  prioritairement  à  l’origine  d’une  insuffisance  rénale  aigüe  lorsque  celles-­‐ci  sont  obstructives  dans   les  uretères  ou   l’urètre,  elles  peuvent  également  être  à  l’origine  d’une  atteinte  chronique  du  parenchyme  rénal.  En  effet,  chez  la  moitié  des  chats  ayant  été   traités  pour  urolithiases  persiste  une  créatininémie  élevée   (2).  Cependant,   il  reste   parfois   difficile   de   savoir   si   la   présence   d’urolithiases   est   la   cause   ou   la  conséquence  de  la  maladie  rénale  chronique.       -­‐  Lymphome  rénal  :  c’est  la  néoplasie  rénale  majoritaire  chez  le  chat  et  peut  être  à  l’origine   d’une   maladie   rénale   chronique.   Il   est   rapporté   que   16%   des   chats   atteints  d’une   MRC   présentent   un   lymphome   et   60%   des   chats   atteints   d’un   lymphome   sont  azotémiques  (2).       -­‐  Hyperthyroïdie  :  c’est  la  maladie  endocrine  la  plus  commune  chez  les  chats  âgés  et  peut  être  observée  concomitamment  de  la  MRC.  L’hyperthyroïdie  peut  masquer  voire  même  exacerber  une  MRC  coexistante,  avec  des  signes  cliniques  qui  apparaissent  dans  20  à  40%  des  cas  après  la  mise  en  place  d’un  traitement  antithyroïdien  (2).       -­‐  Infections  :  dans  certains  cas  de  MRC,  les  infections  peuvent  avoir  un  rôle  causal  dans   l’apparition   de   la  maladie.   Il   pourrait   exister   un   lien   entre   infection   par   le   virus  leucémogène   félin   (FeLV)   et   le   virus   d’immunodéficience   féline   (FIV)   avec   le  développement  d’une  maladie  rénale.         -­‐  Alimentation  non   appropriée  :   des   régimes   avec  des   taux   élevés  de  protéines,  carencés  en  potassium  pendant  plusieurs  années  peuvent   conduire  à   l’existence  d’une  MRC.   Une   alimentation   riche   en   sel   pourrait   également   altérer   la   fonction   rénale,  secondairement  à  la  mise  en  place  d’une  hypertension  systémique.    Cependant,  dans  la  majeure  partie  des  cas  aucun  diagnostic  étiologique  n’est  possible.      

Page 28: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  28  

4. Signes  cliniques    

Les  chats  avec  une  MRC  sont  présentés  à  différents  stades  de  la  maladie.  Certains  sont   diagnostiqués   lors   de   dépistage   dans   le   cadre   de   consultations   vaccinales   par  exemple  ;   certains   sont   diagnostiqués   avec   des   signes   cliniques  modérés  ;   le   reste   des  patients   présentent   la   forme   terminale   de   la  maladie   rénale   avec   des   signes   cliniques  sévères  comme  de  la  cachexie  ou  déshydratation  majeure.    

Les   signes   cliniques   apparaissent   dans   les   stades   tardifs   de   la  maladie   rénale.  Cependant,   il   doit   être   gardé   à   vue   le   fait   que   la   progression   de   la  maladie   n’est   pas  prédictible  et  que  la  fonction  rénale  peut  rester  stable  durant  une  période  plus  ou  moins  longue.        

La  polyurie   et   la  polydipsie   (PUPD)   représentent   les   signes   cliniques   les   plus  précoces   et   les   plus   fréquents   lors   de   MRC.   Bien   souvent,   les   chats   présentent   cette  phase  de  PUPD  dans  l’année  précédant  le  diagnostic  de  la  maladie.  La  polydipsie,  qui  est  une  réponse  compensatrice  à  la  mise  en  place  d’une  polyurie,  est  le  signe  clinique  le  plus  facilement   identifiable   par   les   propriétaires.   Dans   les   stades   plus   avancés,   la   polyurie  résulte  de  la  déshydratation  induite  par  une  perte  liquidienne  supérieure  à  l’apport  de  fluides.    

Les   symptômes   gastro-­‐intestinaux   sont   le   reflet   d’une   hyperurémie   et  représentent   l’un   des   motifs   de   consultations   les   plus   fréquents   dans   le   cadre   d’une  MRC.  On  observe  assez  classiquement  une  anorexie,  des  vomissements  et,  a  contrario  du  chien  qui  présente  préférentiellement  une  diarrhée,   le   chat  a  plutôt  une   tendance  à   la  constipation.   Ceci   est   à   relier   à   la   déshydratation   fréquemment  observée   lors  de  MRC  mais   également   à   l’utilisation  d’agents   chélateurs  du  phosphate   classiquement  utilisés  en  thérapeutique.    

En   résumé,   les   signes   cliniques   de   la   MRC   les   plus   fréquents   comprennent   de  l’inappétence,   de   la  polyurie,   de   la  polydipsie,   une  perte  de  poids,   de   la   léthargie,   une  halithose  et  des  vomissements  (1).      

D. Pathogénie  de  la  MRC  et  conséquences  physiopathologiques  

1. Pathogénie  de  la  MRC    

Dans   le   cadre   de   la   MRC,   il   existe   des   modifications   fonctionnelles   et  histologiques  :  une  hypertrophie  des  néphrons  restants  et  l’adaptation  fonctionnelle  de  ces  derniers  qui  augmentent  leur  propre  débit  de  filtration  glomérulaire.  Ce  phénomène  est   qualifié   d’hyperfiltration.   Cela   permet   de   maintenir   une   filtration   glomérulaire  normale  malgré  une  perte  néphronique  substantielle.    Progressivement,   les   lésions   glomérulaires   augmentent   et   sont   responsables   d’une  aggravation  de  la  MRC,  conduisant  inexorablement  à  la  mort  de  l’animal.  

Page 29: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  29  

 Les   lésions  sont  caractérisées  par  une  sclérose  et  une  hyalinose  glomérulaires  

segmentaires  et  focales.  La  sclérose  glomérulaire  est  caractérisée  par  une  augmentation  de   la  matrice  mésangiale  et  une  dégénérescence  des  podocytes  ;   le  dépôt  de  substance  hyaline  est  localisé  dans  la  membrane  basale  des  cellules  endothéliales.    Ainsi  les  lésions  glomérulaires  s’accompagnent  d’une  perte  de  perméabilité  sélective  des  glomérules   aux   protéines   plasmatiques,   ce   qui   est   à   l’origine   d’une   protéinurie  croissante.      

La  pathogénie  de  la  MRC  repose  sur  la  notion  de  compensation  rénale  (notion  de  «  super-­‐néphrons  »)  face  à  une  réduction  néphronique  secondaire  à  l’évolution  des  lésions  rénales,  qui  deviennent  irréversibles  (3).    Les  principaux  acteurs  de  cette  compensation  sont  une  hypertrophie  glomérulaire,  une  hypertension   capillaire   glomérulaire   à   l’origine   d’une   hyperfiltration,   permettant   aux  néphrons   restants   sains   d’assurer   l’équilibre   du   milieu   intérieur.   Ces   mécanismes  compensateurs   ne   sont   pas   sans   conséquence,   des   effets   délétères   sont   induits,   en  particulier  une  sclérose  glomérulaire.  Celle-­‐ci  aggrave  les  lésions  initiales.      

Toute  la  démarche  thérapeutique  dans  le  cadre  de  la  MRC  vient  donc  de  l’objectif  de  limiter  la  progression  des  lésions  auto-­‐entretenues  de  glomérulo-­‐sclérose.      

 Figure  3  :  Pathogénie  de  la  MRC  :  théorie  de  l'hyperfiltration.                                                                                                                                                                                                                  

D’après  J-­‐P  Cotard  :  Néphrologie  et  urologie  chez  le  chien  et  le  chat  

Page 30: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  30  

 

2. Conséquences   sur   l’homéostasie   hydro-­‐électrolytique  (hyperaldostéronisme  secondaire  rénal)  –  acido-­‐basique  

a) Elimination  de  l’eau    

Dans  le  cadre  de  la  MRC,  la  diminution  de  la  quantité  d’eau  filtrée  est  compensée  par   une   réduction   de   la   réabsorption   tubulaire   dans   les   néphrons   sains,   grâce   à   une  diurèse   osmotique   élevée,   via   l’élimination   des   déchets   azotés,   dont   l’urée.   L’urine  primitive  ainsi  collectée  possède  une  charge  osmotique  élevée,  ceci   inhibant   les  autres  mécanismes  de  réabsorption  de  l’eau  et  modifie  notamment  la  réabsorption  de  l’eau  au  niveau  des  tubes  collecteurs  du  rein.  Ainsi,  l’ADH  se  voit  être  inefficace  à  ce  niveau.      

En  conséquence  de  quoi,  une  polyurie  se  met  en  place  associée  à  une  polydipsie,  afin  de  maintenir  l’équilibre  hydrique  de  l’animal.      

La  polydipsie  compensatrice  et  les  apports  hydriques  doivent  être  suffisant  pour  compenser   les   pertes   urinaires   et   extra-­‐urinaires   de   l’animal,   afin   d’éviter   une  déshydratation  qui  serait  susceptible  d’aggraver  l’insuffisance  rénale  fonctionnelle.    

 

b) Elimination  des  électrolytes    

(1) Le  sodium    

Malgré  la  réduction  néphronique,  la  quantité  de  sodium  excrétée  dans  l’urine  est  maintenue  à  un  niveau  normal  grâce  à  la  mise  en  jeu  de  mécanismes  compensateurs.  Ainsi   la   réabsorption   tubulaire   du   sodium   est   limitée   du   fait   de   la   diurèse   osmotique  secondaire  à   la  MRC  mais  aussi  plus  spécifiquement  par   la  sécrétion  élevée  du   facteur  natriurétique  atrial  (FNA).    

 Ces   mécanismes   compensateurs   sont   très   efficaces   et   expliqueraient   une  

différence  majeure  avec  les  mécanismes  en  jeu  chez  l’Homme  concernant  l’homéostasie  du  sodium  :  l’absence  d’œdème  dans  l’espèce  féline,  a  contrario  de  l’Homme.    

(2) Le  potassium    

Au  cours    de   l’évolution  de   la  MRC,   la  kaliémie  reste  dans   les  normes  du  fait  de  l’augmentation   de   la   fraction   excrétée   du   potassium   dans   l’urine.   Les   mécanismes  compensateurs   responsables,   même   dans   les   stades   avancés   de   la   maladie,   sont   la  diurèse  osmotique  et  d’autres  mécanismes  non  identifiés.      

Chez   le   chat,   dans   30%   des   cas   de   MRC,   une   hypokaliémie   peut   être   mise   en  évidence  (3).  Le  mécanisme  en  jeu  dans  ce  cas  n’est  pas  clairement  élucidé.        

Page 31: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  31  

(3) Les  phosphates    

La  fraction  d’excrétion  urinaire  du  phosphate  est  augmentée  dans  le  cadre  de  la  MRC.   Il   existe  deux  mécanismes   compensateurs  qui  participent   à   cette   augmentation  :  l’augmentation  de  la  charge  filtrée,  secondaire  à   la  baisse  du  DFG  (les  phosphates  sont  physiologiquement   éliminés   par   filtration   glomérulaire)   et   la   diminution   de   leur  réabsorption  tubulaire,  qui  est  à  mettre  en  relation  avec  l’hyperparathyroïdie.       Il   est   à   noter   que   l’hyperparathyroïdie   apparaît   lorsque   la   valeur   du   DFG   est  inférieure  à  50%  du  DFG  normal.  L’hyperphosphatémie,  quant  à  elle,  apparaît  dès   lors  que  le  DFG  est  abaissé  de  plus  de  70%.    

(4) Le  calcium    

L’évolution  du  calcium  au  cours  de  la  MRC  se  fait  vers  la  baisse.  Cela  s’explique  en  partie  par  la  diminution  de  la  synthèse  rénale  de  1,25-­‐dihydroxyvitamine  D.  Il  en  résulte  une   diminution   de   l’élimination   rénale   du   calcium.   Cependant,   la   calcémie   reste  maintenue  dans  des   valeurs  proches  des   valeurs  usuelles   durant   la  majeure  partie   de  l’évolution  de  la  MRC.      

c) Elimination  des  acides    

Le  maintien  de  l’équilibre  acido-­‐basique  passe  en  partie  par  l’élimination  rénale  des  acides  produits  dans  l’organisme.    Le  rein  a  pour  fonction  d’ajuster  la  production  de  ces  acides  et  leur  élimination  par  des  mécanismes  divers  dont  la  réabsorption  des  bicarbonates  filtrés  et   l’excrétion  des  ions  H+  dans  l’urine.    

 L’équilibre  acido-­‐basique  est  assuré  chez   l’animal  malade  rénal  chronique  et  ce,  

jusqu’à   un   stade   avancé   de   la   maladie.   Une   acidose   métabolique   décompensée  n’apparaît  donc  que  lorsque  ces  mécanismes  compensateurs  sont  débordés.    

 

3. Conséquences  sur  l’homéostasie  phospho-­‐calcique      

L’hyperparathyroïdie  secondaire  rénale  (HPSR)  est  un  processus  adaptatif  et  à  terme   délétère   qui   se   développe   en   réponse   au   déclin   de   la   fonction   rénale,   à   la  rétention  du  phosphate  et  à  l’impossibilité  de  bio-­‐activer  la  vitamine  D.      

La   MRC   induit   donc   une   rétention   du   phosphate   et   la   diminution   de   la  production   rénale   de   la   forme   active   de   la   vitamine   D,   à   l’origine   d’une  hyperphosphatémie  et  d’une  hypocalcémie.  En  effet,   la  diminution  de   la  bio-­‐activation  de  la  vitamine  D  entraîne  une  diminution  de  l’absorption  gastro-­‐intestinale  du  calcium  et  une  résistance  du  squelette  aux  effets  de  la  parathormone  sur  la  calcémie.    

Page 32: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  32  

L’hypocalcémie,   la   déficience   en   vitamine   D   active   (calcitriol   ou   1,25-­‐dihydroxyvitamine  D)  et  l’hyperphosphatémie  stimulent  la  production  de  la  PTH  par  les  parathyroïdes  et  par  conséquent,  la  prolifération  des  cellules  parathyroïdiennes.    

Il  est  communément  admis  que  la  rétention  du  phosphate  est  l’élément  majeur  de   la   progression   de   la   maladie   rénale   chronique.   Une   hyperphosphatémie   et   une  augmentation  de  la  concentration  plasmatique  en  PTH  sont  très  fréquemment  associées  à  la  MRC  :  elles  sont  respectivement  observées  chez  20%  et  84%  des  chats  atteints(4).  L’hyperparathyroïdie   secondaire   rénale   est   particulièrement   présente   dans   les   stades  IRIS  3  et  4,  la  sévérité  de  l’HPSR  augmentant  avec  le  degré  d’azotémie.    

4. Conséquences  sur  l’érythropoïèse    

L’anémie  est  une  complication  fréquente  de  la  MRC.  Dans  le  cadre  de  celle-­‐ci,  elle  est   typiquement   normocytaire,   normochrome   et   peu   régénérative   (5).   Il   a   été  montré  dans  les  années  1950  que  le  déficit  en  érythropoïétine  (EPO)  lors  de  MRC  était  la  cause  prédominante   de   la   mise   en   place   d’une   anémie.   On   sait   aujourd’hui   qu’il   existe  également  des  inhibiteurs  de  l’érythropoïèse  induits  par  l’urémie,  sans  pour  autant  que  ceux-­‐ci  soient  clairement  identifiés.    

L’hepcidine,  la  principale  hormone  responsable  du  maintien  de  l’homéostasie  du  fer   dans   l’organisme,   est   présente   en   excès   lors   de   MRC  ;   elle   semble   avoir   une  implication  dans  la  mise  en  place  d’une  anémie  via  son  implication  dans  le  métabolisme  du  fer.    

En  résumé,   l’apparition  d’une  anémie  dans   le  cadre  de   la  MRC  est  un  processus  multifactoriel,  due  à  une  implication  relative  d’un  déficit  en  EPO,  l’existence  de  facteurs  inhibant  l’érythropoïèse  induits  par  l’urémie,  une  durée  de  vie  raccourcie  des  hématies  et  des  perturbations  dans  le  métabolisme  du  fer.    

 Figure  4  :  Pathogénie  de  l'anémie  lors  de  MRC  

Page 33: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  33  

E. Généralités  sur  la  prise  en  charge  thérapeutique  

1. Objectifs  thérapeutiques    

Les  objectifs  thérapeutiques  sont  multiples  et  ciblent  plusieurs  axes  :  -­‐   Diminuer   les   déchets   du   métabolisme   azoté   qui   sont   le   signe   d’une   urémie   (le  syndrome  urémique  est  lié  à  l’accumulation  de  ces  déchets  dans  le  sang  due  à  un  défaut  de  filtration  glomérulaire),  -­‐   Protéger   la   réserve   fonctionnelle   néphronique,   c’est-­‐à-­‐dire   préserver   les   super-­‐néphrons,  -­‐  Diminuer  l’hypertension  capillaire  glomérulaire,  -­‐  Diminuer  la  protéinurie  rénale  due  à  un  filtre  glomérulaire  abimé  ;  l’hyperprotéinurie  est  un  facteur  d’aggravation  des  lésions  rénales,  -­‐  Lutter  contre  l’hypertension  artérielle  car  elle  augmente  la  perfusion  rénale  et  donc  induit  de  nouvelles  lésions  rénales,  -­‐   Lutter   contre   l’hyperparathyroïdie   secondaire   rénale.  En  effet,   la  parathormone  peut  être   considérée   comme   une   toxine   urémique.   La   parathormone   est   stimulée   par  l’hyperphosphatémie.    

2. Plan  thérapeutique    

Les  mesures  diététiques  et   les  chélateurs  du  phosphore  au  niveau  intestinal  sont  les  axes  majeurs  pour  contrôler  de  façon  optimale  le  phosphore  et   la  PTH  dans  le  cadre  de  la  MRC.    

 Certaines  études  se  contredisent  quant  à  la  possibilité  de  limiter  voire  contrôler  

l’hyperparathyroïdie  secondaire  rénale  chez  le  chat  (6).      

(1) Mesures  diététiques    

Une   réduction   de   l’apport   en   phosphore   dans   l’alimentation   qui   se   voudrait  proportionnelle   à   la   diminution   du   DFG   lors   de   MRC   pourrait   maintenir   la  phosphorémie  dans  des  valeurs  cibles  proches  des  valeurs  usuelles,  sans  augmenter   la  parathormonémie.  Un  hyperphosphatémie  est  associée  à  une  espérance  de  vie  diminuée  chez  les  chats  atteints  et  est  un  facteur  prédictif  indépendant  pour  la  progression  de  la  maladie  rénale  (7).    Remarque  :   Chez   le   chat,   il   semble   délicat   de   recourir   à   une   alimentation   appauvrie   en  phosphore   de   façon   drastique   du   fait   d’un   apport   insuffisant   en   protéines   requis   pour  atteindre  ces  taux  bas  de  phosphore.    

Une   alimentation  modérément   limitée   en   phosphore   semble   suffisante   pour  contrôler   de   manière   adéquate   le   phosphate   dans   les   stades   précoces   de   la   MRC.  Cependant,  alors  que  la  maladie  progresse,  une  thérapeutique  uniquement  basée  sur  les  

Page 34: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  34  

mesures   diététiques   est   insuffisante   pour   obtenir   des   concentrations   satisfaisantes   de  phosphore.  Des  chélateurs  du  phosphore  ajoutés  à  l’alimentation  apparaissent  indiqués  dans  la  prise  en  charge  de  l’hyperphosphatémie.    

(2) Les  chélateurs  du  phosphore    

Les   agents   chélateurs   du   phosphore   sont   donnés   per   os   afin   de   capter   le  phosphore  dans  l’intestin  et  augmenter  l’excrétion  de  celui-­‐ci  dans  les  selles.  L’action  de  ces   chélateurs   est   secondaire   à   la   liaison   du   cation   avec   le   phosphate   alimentaire,  produisant  un  composé  insoluble,  non-­‐absorbable  et  de  ce  fait,  éliminé.    

 Il  est  à  noter  que  malgré  une  utilisation  massive  de  ces  chélateurs  du  phosphore  

en  médecine  vétérinaire  dans  le  cadre  de  la  gestion  thérapeutique  de  la  MRC,  très  peu  de  publications  relèvent  de  son  innocuité  et  de  son  efficacité.  De  plus,  aucun  chélateur  du  phosphore  ne  présente  d’AMM   (Autorisation  de  Mise   sur   le  Marché)   concernant   cette  cible   thérapeutique   chez   le   chien   et   le   chat.   A   l’heure   actuelle,   la   plupart   de   ces  molécules  entrent  dans  la  catégorie  des  compléments  alimentaires.    

(a) Sels  d’aluminium    

Ce  sont  les  chélateurs  du  phosphate  les  plus  largement  utilisés  chez  le  chat  dans  la  gestion  thérapeutique  de  l’hyperphosphatémie  intervenant  dans  le  cadre  d’une  MRC.  Ils  sont  au  nombre  de  deux  :  l’hydroxyde  d’aluminium  (Phosphaluvet  ND)  et  carbonate  d’aluminium.  Ils  permettent  la  formation  de  précipités  de  phosphate  insolubles  et  non-­‐absorbables  dans  la  lumière  intestinale.      

(b) Sels  de  calcium    

Ces   chélateurs   sont   moins   utilisés   que   les   précédents   du   fait   d’une   moindre  efficacité  dans  sa  liaison  avec  le  phosphate,  à  relier  à  une  affinité  plus  basse.    Remarque  :  Une  hypercalcémie  peut  être  secondaire  à  l’utilisation  des  sels  de  calcium  mais  elle  reste  rare.  

(c) Chitosan    

Ce   composé,   extrait   de   la   carapace   de   crabe   et   de   crevette,   présent   dans  l’Ipakitine   ND   (associé   à   du   carbonate   de   calcium)   pourrait   être   une   alternative   aux  mesures   diététiques,   impliquant   un   changement   alimentaire.   Il   permettrait   ainsi   à  certains   chats   de   continuer   leur   alimentation   classique   tout   en   réduisant   le   risque   de  progression   de   la   maladie   rénale.   Celui-­‐ci   permet   de   réduire   l’absorption   gastro-­‐intestinale   du   phosphore   et   diminuer   l’urémie   via   la   réduction   de   la   digestibilité   des  protéines.  

Page 35: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  35  

(3) IECA  et  «  sartans  »    

Une   protéinurie   excessive   est   un   facteur   pronostic   négatif   chez   les   chats  atteints   d’une   MRC.   L’administration   d’un   inhibiteur   de   l’enzyme   de   conversion   de  l’angiotensine   (IECA),   le   plus   fréquemment   utilisé   étant   le   bénazépril,   permet   de  diminuer  la  protéinurie  et    d’augmenter  la  durée  de  vie  des  chats  protéinuriques.  

 

F. Quels  moyens  pour  un  dépistage  précoce  de  la  MRC  ?    

Un  dépistage   de   routine   chez   des   animaux   âgés   en   bonne   santé   est   important  pour   la   détection   de  maladies   chroniques   telles   la  MRC   (1).   En   effet,   les  médianes   de  survie  pour  les  chats  atteints  de  MRC  sont  significativement  corrélées  à  une  azotémie  et  une   protéinurie,   les   chats   étant   diagnostiqués   le   plus   précocement   vivent   plus  longtemps   que   des   chats   diagnostiqués   avec   une   azotémie   plus   sévère.   Ainsi,   un  pronostic  plus   favorable  peut  être  attendu  pour  des  chats  diagnostiqués  dans   le   stade  non-­‐azotémique   de   la   maladie   (stade   IRIS   1)   du   fait   d’une   mise   en   place   de   la  thérapeutique  plus  précoce  permettant   de  prévenir   ou   repousser   la   progression  de   la  maladie  et  ses  complications.  

 Malheureusement,  le  diagnostic  précoce  de  la  MRC  est  compliqué.  Plus  des  deux  

tiers  de   la  masse  rénale  fonctionnelle  doit  être  détruite  avant  que  les  reins  ne  perdent  leur  capacité  à  concentrer  les  urines  et  plus  des  trois  quarts  doivent  être  détruits  avant  qu’une   azotémie   ne   se   développe.   C’est   pourquoi   les   concentrations   sériques   de  créatinine   et   d’urée   ainsi   que   la   densité   urinaire   restent   la   plupart   du   temps  dans   les  valeurs   usuelles   dans   le   stade   précoce   de   la   maladie,   particulièrement   du   fait   de   la  persistance  de  la  capacité  à  concentrer  les  urines.  

 Temps  qu’une  méthode  précise,  peu  coûteuse  et  pratique  pour  détecter  de  façon  

précoce  la  MRC  n’est  pas  disponible,  les  vétérinaires  se  doivent  de  rester  à  l’écoute  des  propriétaires  afin  de  pouvoir  détecter  des  signes  précoces  de  MRC.    

 Il   est   à   noter   qu’une   perte   de   poids   associée   à   un  mauvais   état   général,   de   la  

polyuro-­‐polydipsie  ne  sont  pas   toujours   rapportés  et  détectés  par   les  propriétaires  de  chats.  Il  est  donc  important  que  le  vétérinaire  puisse  évaluer  de  façon  régulière  le  poids  de   l’animal,   son  appétit  et  sa  note  d’état  corporel,   le  plus  évident  étant   la  consultation  vaccinale   qui   a   lieu   tous   les   ans,   qui   permet   de   faire   le   point   sur   l’évolution   de   ces  critères  au  cours  de  l’année  écoulée.  

       

Page 36: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  36  

II. Hyperparathyroïdie  secondaire  rénale  chez  le  chat  

A. Epidémiologie    

L’hyperparathyroïdie   secondaire   rénale   (HPSR)   se   développe   précocement  lors  de  MRC,  ce  qui  signifie  qu’au  moment  du  diagnostic,  elle  est  bien  souvent  déjà  en  place.  

 La   prévalence   totale   de   l’HPSR   chez   le   chat   est   de   84%,   comme   rapporté   par  

Barber  and  Elliott  en  1998(4).  Elle  est  présente  chez  100%  des  chats  en  phase  terminale  de   la   maladie   et   chez   47%   des   chats   asymptomatiques   avec   uniquement   des  modifications   biochimiques   rénales.   L’hyperparathyroïdie   est   l’anomalie   du  métabolisme  phospho-­‐calcique  la  plus  fréquente  (8).    

Il  est  rapporté  que  l’HPSR  est  présente  même  quand  les  concentrations  sériques  de   calcium   et   de   phosphore   sont   dans   les   normes.   Cependant,   le   phosphore   diminue  quand   le   débit   de   filtration   glomérulaire   (DFG)   diminue   lors   de   MRC   précoce,  intimement  lié  au  développement  d’une  HPSR.    

L’hyperparathyroïdie   secondaire   rénale   est  multifactorielle   avec   une  probable  implication  centrale  du  Fibroblast  Growth  Factor-­‐23  (FGF23).      

B. Les  parathyroïdes  :  anatomie  et  physiologie  

1. Rappel  d’anatomie    

Elles  sont  constituées  de  deux  paires  de  glandes  associées  aux  glandes  thyroïdes.  Les  parathyroïdes  externes  sont  localisées  aux  pôles  crânio-­‐latéraux  de  la  thyroïde;  les  glandes   caudales   (parathyroïdes   internes)   sont   localisées   dans   la   thyroïde,  classiquement   sur   la   surface   médiale,   aux   environs   du   point   médian   de   l’axe  longitudinal.  

 

                                                                                                     Figure  5  :  Visualisation  in  situ  des  parathyroïdes  

 

Page 37: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  37  

2. Physiologie  

a) La  Parathormone    

La   parathormone   (PTH)   est   produite   par   les   cellules   sécrétoires   de   la  parathyroïde.   C’est   une   hormone   peptidique,   responsable   dans   un   premier   temps   du  contrôle  minute  à  minute  de  la  concentration  sanguine  du  calcium  ionisé.  Si   le  calcium  baisse,  la  sécrétion  de  PTH  augmente.    

Les  effets  à  court   terme  de   la  PTH  sont  d’augmenter   la   libération  de  calcium  à  partir   du   pool   osseux   utilisable,   c’est   donc   une   source   d’ions   calcium   pour   un  mouvement  rapide  vers  le  sang  ;  augmenter  la  réabsorption  rénale  du  calcium  dans  les  tubules   contournés   distaux   et   d’augmenter   l’excrétion   du   phosphore   dans   tubules  rénaux  proximaux.    

Les   effets   à   long   terme   de   la   PTH   sont   la   mobilisation   du   calcium   et   du  phosphore   par   la   réabsorption   de   cristaux   d’hydroxyapatite   à   partir   de   la   matrice  osseuse   et   d’augmenter   l’absorption   du   calcium   et   du   phosphore   à   partir   du   tractus  gastro-­‐intestinal,  indirectement  par  la  stimulation  de  la  production  de  la  forme  active  de  la  vitamine  D  dans  les  reins.      

En  résumé,  les  effets  de  la  PTH  sont  d’augmenter  la  concentration  plasmatique  en  calcium  et  de  diminuer  la  concentration  de  phosphore.  Ainsi,  une  hypercalcémie  inhibe  la  sécrétion  de  PTH.    

b) La  calcitonine    

La   calcitonine  est   une   hormone   peptidique   produite   les   cellules   para-­‐folliculaires   ou   cellules   C   dans   les   thyroïdes.   Elle   est   impliquée   dans   l’hypercalcémie  pour  diminuer  le  calcium  circulant.  Sa  sécrétion  est  stimulée  par  une  hypercalcémie  et  inhibée  par  l’hypocalcémie.    

 Ainsi,  elle  permet  une  diminution  de  la  mobilisation  du  calcium  et  du  phosphore  

à   partir   des   os   et     une   augmentation   des   échanges   de   phosphate   des   liquides   extra-­‐cellulaire  vers  les  os.  Cette  hormone  augmente  également  l’excrétion  rénale  du  calcium  et  du  phosphore.    

c) La  vitamine  D    

La  vitamine  D  est  produite  dans  la  peau  lors  de  l’exposition  aux  UV.  Pour   être   biologiquement   active,   celle-­‐ci   doit   être   hydroxylée   par   la  1α–hydroxylase  dans  le  foie  et  dans  le  rein,  au  niveau  des  tubules  rénaux,  pour  devenir  sa  forme  active,  le  calcitriol  (1,25-­‐dihydroxycholécalciférol).  La  dernière  étape  d’activation  fait  intervenir  la  PTH.    

Page 38: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  38  

Ainsi   les   effets   majeurs   de   la   PTH  sur   le   métabolisme   de   la   vitamine   D   sont  d’augmenter   l’absorption   du   calcium   et   du   phosphore   à   partir   du   tractus   gastro-­‐intestinal  ;  d’orienter  les  mouvements  de  calcium  et  de  phosphore  à  partir  des  os  vers  le  liquide  extra-­‐cellulaire  par   l’intervention  de  mouvements  de  calcium  du  pool  utilisable  dans   les   os,   par   résorption   osseuse   et   par   amélioration   des   effets   de   la   PTH   sur   le  métabolisme  osseux.    

En   résumé,   les   effets   de   la   vitamine   D   sur   les   concentrations   plasmatiques   de  minéraux  sont  une  augmentation  du  calcium  et  du  phosphore  circulants.    

C. Physiopathologie      

L’HPSR  est  une  constante   lors  de   la  progression  de   la  MRC   lorsque  des  dosages  sensibles  et  spécifiques  sont  utilisés  pour  détecter  la  PTH.  Les  concentrations  en  PTH  ne  peuvent   pas   être   prédites   à   partir   de   la   créatinine,   du   calcium   ou   du   phosphore   et  doivent  être  mesurées  pour  une  évaluation  précise.    

Il  est  à  noter  qu’une  mesure  unique  de  la  PTH  sérique  dans  les  valeurs  usuelles  ne  peut  pas  être  considérée  et  ne  peut  pas  écarter  la  possibilité  d’une  augmentation  de  la  valeur  seuil  normale  de  l’animal  lui-­‐même.  Idéalement,  des  mesures  répétées  doivent  être  réalisées  afin  de  pouvoir  documenter  l’hyperparathyroïdie  secondaire  rénale.  La   PTH   ne   dépasse   les   valeurs   seuils   normales   que   chez   les   patients   avec   une   MRC  avancée.    

De   légères   augmentations   de   la   PTH   chez   le   chien   et   le   chat   avec   une   MRC  précoce  peuvent  ne  pas  être  mises  en  évidence  si   la  concentration  de  base  de   l’animal  sain  n’a  pas  été  déterminée.    

La   mise   en   place   d’une   HPSR   est   classiquement   expliquée   par   l’effet   de   la  rétention  du  phosphore  sur  la  concentration  sérique  de  calcium  ionisé.  Il  a  par  ailleurs  été  montré   qu’une  HPSR  peut   se   développer   avant   une   azotémie   ,  même   en   l’absence  d’une  hyperphosphatémie  et  d’une  hypocalcémie  (9).    

1. Mécanisme  d’installation    

a) Avant  la  découverte  du  FGF23    

Tout   d’abord,   il   est   très   important   de   mettre   en   exergue   le   rôle   important   de  l’altération  de  la  production  rénale  du  calcitriol  dans  la  pathogénèse  de  l’HPSR.    

Ainsi,   la  diminution  du  taux  de  filtration  glomérulaire  (TFG)  diminue  l’excrétion  du  phosphate  et  entraîne  une  hyperphosphatémie  (10).  L’hyperphosphatémie  entraîne  une   diminution   réciproque   de   la   concentration   sérique   en   calcium   ionisé   par   la   loi  d’effet   de  masse  (bien   que   la   contribution   de   cette   loi   soit  mince   car   il   faut   une   forte  augmentation   du   phosphore   pour   qu’en   retour   il   y   ait   une   très   faible   diminution   du  

Page 39: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  39  

calcium).   L’hypocalcémie   ionisée   stimule   les   parathyroïdes   pour   la   synthèse   et   la  sécrétion  de  la  PTH.    

L’augmentation   de   la   PTH   stimule   l’augmentation   de   l’excrétion   du   phosphate  ainsi  que   l’augmentation  de   la   libération  du  calcium  et  du  phosphate  par   les  os,  ce  qui  permet   le  retour  à   la  normale  des  concentrations  en  phosphore  et  calcium  ionisé.  Une  partie  de  l’augmentation  du  calcium  est  due  à  l’effet  indirect  de  la  PTH  sur  les  intestins  suite  à  l’augmentation  de  la  synthèse  du  calcitriol  (11).    

La   PTH   diminue   la   réabsorption   du   phosphate   dans   le   rein   en   diminuant   le  seuil   tubulaire   de   réabsorption   maximale   pour   le   phosphate.   Cet   effet   diminue  initialement   la   concentration   sérique  du  phosphore  dans   les   limites  normales  puisque  plus  de  phosphore  est  excrété  dans  les  urines.  La  limite  de  ce  mécanisme  compensatoire  est  atteinte  quand  le  TFG  diminue  d’environ  15  à  20%  de  la  normale.  Si  le  TFG  diminue  encore,  une  hyperphosphatémie  se  met  en  place.    Remarque  :  cette  théorie  ignore  les  effets  génomiques  importants  du  calcitriol  nécessaires  pour  inhiber  la  synthèse  de  la  PTH.    

L’effet  de   la   rétention  du  phosphore  et  de   la  perte  de   la  masse   tubulaire   sur   la  production  rénale  de  calcitriol  suggère  une  alternative  à  l’explication  de  la  mise  en  place  de   l’hyperparathyroïdie   secondaire   rénale,   appelée   l’hypothèse   “trade-­‐off”   du  calcitriol,  dans  laquelle  les  effets  génomiques  du  calcitriol  sur  la  synthèse  de  la  PTH  sont  plus  importants.  

 La   rétention   du   phosphore   et   l’hyperphosphatémie   inhibent   la   1α-­‐hydroxylase  

produite   par   le   rein,   qui   altère   la   conversion   du   25-­‐hydroxycholécalciférol   en   1,25-­‐dihydroxycholécalciferol  (calcitriol).    

Le  calcitriol  cause  normalement  la  diminution  de  la  synthèse  et  de  la  sécrétion  de  la  PTH  par   les   parathyroïdes.   Cette   boucle  de   rétrocontrôle  négatif   est   altérée   lors  de  MRC  du   fait  de   la  production   réduite  de   calcitriol  par   les   reins.  De  plus,   le  nombre  de  récepteurs   au   calcitriol   dans   la   parathyroïde   est   réduit   lors   d’urémie,   ce   qui   a   pour  conséquence  une  diminution  dans   la   réponse  des  parathyroïdes   à   l’effet   inhibiteur  du  calcitriol  sur  la  synthèse  et  la  libération  de  la  PTH.  Les  effets  du  calcitriol  sur  la  PTH  surviennent  normalement,  en  partie,  de  sa  capacité  à  induire  la  synthèse  de  récepteurs  au  calcium  dans  les  cellules  de  la  parathyroïde.    

Enfin,   la   diminution  de   la   production  de   calcitriol,   la   diminution  du  nombre  de  récepteurs   au   calcitriol   dans   les   parathyroïdes   et   la   diminution   du   nombre   de  récepteurs  au  calcium  jouent  tous  un  rôle  dans  la  mise  en  place  de  l’hyperparathyroïdie  secondaire  rénale.    

La  concentration  sérique  en  calcitriol  est  normale  chez  la  plupart  des  chats  dans  les  stades  précoces  de  la  MRC  du  fait  de  l’effet  de  la  stimulation  de  taux  élevés  de  PTH  sur   la  production  rénale  du  calcitriol.  Compte   tenu  de   la  concentration  de  PTH  élevée,  

Page 40: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  40  

même  une  concentration  normale  de  calcitriol  doit  être  considérée  inadaptée.  En  effet,  la   concentration   haute   de   PTH   maintient   la   concentration   sérique   de   calcitriol  relativement  normale  dans   les  stades  précoces  à  modérés  de  MRC.  Les  concentrations  sériques  de  calcitriol  sont  basses  chez  les  patients  dont  la  MRC  est  avancée.    

b) En  intégrant  le  FGF23    

L’hypothèse   classique   quant   à   la   mise   en   place   d’une   hyperparathyroïdie   lors  d’une   maladie   rénale   chronique   ne   permet   pas   d’expliquer   certains   aspects   du  syndrome,  particulièrement   la  présence  d’un  déficit  en  calcitriol  et   l’augmentation  des  concentrations   de   parathormone   constatées   chez   des   patients   dont   la   maladie   est  modérée.    

Traditionnellement,  l’hyperparathyroïdie  secondaire  rénale  était  supposée  être  la  résultante   d’une   perte   de   fonction   rénale   avec   une   réduction   directe   de   la   1α-­‐hydroxylase,   avec   une   diminution   de   la   production   de   calcitriol   et   une   sécrétion  exagérée   de   PTH.   Cependant,   lors   de   réduction   de   masse   tubulaire,   à   la   fois   la   1α-­‐hydroxylase   et   l’érythropoïétine   (EPO)   devraient   être   diminuées  mais   il   a   été  montré  que  la  sécrétion  d’EPO  n’est  pas  affectée  dans  les  stades  précoces  de  la  maladie  quand  le  calcitriol  est  déjà  diminué.    

 Figure  6  :  Développement  de  l’hyperparathyroïdie  secondaire  rénale  selon  hypothèse  «  trade-­‐off  »                            

(Basé  sur  De  Brito  Galvao  et  al.,  2013)  

 

Page 41: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  41  

A   travers   l’action   du   FGF23,   la   concentration   plasmatique   de   phosphore   est  maintenue  au  détriment  du  calcitriol  et   la  diminution  du  calcitriol  est  plus   importante  que  ce  qui  serait  attendu  à  partir  du  nombre  de  néphrons  perdus.  La  diminution  précoce  du  calcitriol  médiée  par  le  FGF23  facilite  la  sécrétion  de  PTH,  initie  l’hyperparathyroïdie  secondaire  rénale  et  peut  arriver  avant  le  développement  d’une  phosphaturie.    

Chez   l’Homme,   les   concentrations   de   FGF23   augmentent   graduellement   avant  une  augmentation  de  la  phosphorémie.  Il  est  à  noter  une  corrélation  significative  entre  la  concentration  plasmatique  de  FGF23  et  le  taux  de  filtration  glomérulaire.      

Il   était   à   la   base   pensé   que   l’augmentation   du   FGF23   lors   de   MRC   est  principalement   le   résultat   d’une   diminution   de   la   clairance   rénale.   Il   est   maintenant  pensé   que   bien   que   la   sécrétion   de   FGF23   soit   augmentée   lors   de   MRC,   il   y   a   une  résistance  des  organes  cibles  du  FGF23  due  à  un  déficit  de  son  co-­‐facteur  Klotho  (12).  L’expression  de   l’ARNm  Klotho  est  diminuée  dans   les  parathyroïdes  des  patients  MRC.  En  conséquence  de  la  régulation  à  la  baisse  du  complexe  récepteur-­‐FGF/  Klotho  dans  les  parathyroïdes,   une   augmentation   du   FGF23   circulant   ne   permet   plus   de   diminuer   la  concentration  de  PTH  dans  la  MRC.    

(1) FGF23  chez  un  animal  sain    

   

 Figure  7  :  Rôle  du  FGF-­‐23  chez  le  chat  sain                                                                                                                                                                                                                                          (Basé  sur  De  Brito  Galvao  et  al.,  2013)  

 

(2) FGF23  dans  les  stades  très  précoces  de  MRC      

Une   perte   de   néphrons   fonctionnels   et   une   diminution   du   TFG   entraînent   une  diminution  de  l’excrétion  du  phosphate  par  le  rein,  à  l’origine  d’une  augmentation  de  la  concentration  plasmatique  de  phosphore.  Cette  augmentation  stimule  la  production  du  

Page 42: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  42  

FGF23.  Les  mécanismes  sont  identiques  à  ceux  mis  en  œuvre  chez  un  animal  normal  lors  d’une  augmentation  de  la  phosphorémie.  Ainsi,  le  FGF23  augmente  l’excrétion  urinaire  du   phosphate   et   diminue   de   façon   indirecte   l’absorption   gastro-­‐intestinale   du  phosphate   via   la   diminution   de   la   synthèse   du   calcitriol.   Ces   effets   permettent   au  phosphore  de  se  maintenir  dans  des  valeurs  normales  jusqu’à  ce  que  la  maladie  soit  plus  avancée.     L’augmentation  du  FGF23  circulant   semble  être   responsable  du  maintien  de  concentrations   normales   de   phosphore   dans   les   stades   très   précoces   de   la   maladie  rénale.    

 Figure  8  :  Rôle  du  FGF-­‐23  dans  les  stades  très  précoces  de  la  MRC                                                                                                                                                    

(Basé  sur  De  Brito  Galvao  et  al.,  2013)  

 

(3) FGF23  dans  les  stades  précoces  de  MRC      

Lorsque   le   TFG   persiste   à   diminuer,   l’augmentation   du   phosphore   sérique  devient  plus  sévère  avec  une  augmentation  de  la  production  du  FGF23.  Avec  l’altération  de   la   fonction   rénale,   la   valeur   absolue   du   nombre   de   tubules   proximaux   diminue,  contribuant   à   la   diminution   de   l’activité   de   la   1α-­‐   hydroxylase,   ce   qui   est   à   l’origine  d’une  diminution  de  la  production  de  calcitriol.  En  conséquence  de  quoi  la  concentration  de  calcium   ionisée  stimule   la   sécrétion  de  PTH  (hyperparathyroïdie  secondaire).  Cette  augmentation   de   la   concentration   en   PTH   permet   de   majorer   l’activité   de   la   1α-­‐hydroxylase   dans   les   tubules   rénaux   fonctionnels,   entraînant   une   augmentation   de   la  concentration  en  calcitriol.  Cette  dernière  aide  à  normaliser  la  concentration  en  calcium  ionisé  mais  contribue  à  augmenter  la  phosphore  sérique.      

 Ainsi,  dans  ces  stades  précoces  de  la  maladie  rénale,  une  concentration  normale  

de  calcium  ionisé  associée  à  une  majoration  de  la  PTH  et  des  valeurs  normales  à  élevées  de  phosphore  peuvent  être  observés.  

 

Page 43: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  43  

La  régulation  à  la  hausse  du  FGF23  dans  la  MRC  résulte  de  la  déficience  précoce  en  calcitriol,  qui  initie  l’hyperparathyroïdie  secondaire.  L’hyperparathyroïdie  secondaire  est  clairement  la  première  complication  répertoriée  chez  les  patients  humains  atteints  d’une  MRC  et   arrive   avant   l’hyperphosphatémie.   Chez   les   chats   et   les   chiens   avec  une  MRC   précoce,   il   n’y   a   pas   de   corrélation   entre   la   concentration     plasmatique   en  phosphore   et   la   concentration   en   PTH.   Un   certain   nombre   de   ces   animaux   avec   une  hyperparathyroïdie  secondaire  ont  des  concentrations  normales  de  phosphore.    

 Figure  9  :  Rôle  du  FGF23  dans  les  stades  précoces  de  la  MRC                                                                                                                                                                                                                                  

(Basé  sur  de  Brito  Galvao  et  al.,  2013)  

   

(4) FGF23  dans  les  stades  tardifs  de  la  MRC      

Plus  la  fonction  rénale  décline,  plus  la  diminution  du  TFG  est  importante,  menant  à   une   augmentation   de   plus   en   plus   significative   de   la   phosphorémie.   Cela   conduit   à  l’augmentation   de   la   concentration   de   FGF23.   La   calcémie   ionisée   diminue   de   façon  importante  secondairement  aux  effets  de  la  perte  de  masse  rénale  et  de  la  diminution  de  la  production  de  calcitriol  due  à  la  perte  de  tubules  proximaux  fonctionnels.  Les  valeurs  basses  de  calcémie  ionisée  stimulent  la  production  de  PTH,  mais  cette  augmentation  de  PTH  est  incapable  de  majorer  la  synthèse  de  calcitriol  du  fait  de  l’insuffisance  du  nombre  de  tubules   fonctionnels  restants.  Ainsi,   la  concentration  en  calcium  ionisée  reste  basse  avec   une   perpétuelle   augmentation   de   la   sécrétion   de   PTH   dans   une   tentative  infructueuse  pour  normaliser  la  concentration  de  calcium  ionisé.  Associé  à  la  perte  des  tubules  rénaux,  il  y  a  une  diminution  de  Klotho  dans  les  reins  et  les  parathyroïdes,  avec  une  résistance  des  organes  cibles  aux  actions  du  FGF23.    

 

Page 44: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  44  

En   conséquence,   les   actions  du  FGF23  pour  excréter   le  phosphore  ou   limiter   la  synthèse   de   PTH   sont   minimisées.   De   plus,     la   stimulation   de   la   24-­‐hydroxylase  augmente  la  dégradation  de  tout  ce  qui  peut  rester  de  calcitriol.    

 Ainsi   dans   les   stades   tardifs   de   la   maladie   rénale,   la   calcémie   ionisée  

classiquement   basse,   associée   à   une   phosphorémie   augmentée   et   une  hyperparathyroïdie  significative  se  développe.    

 Figure  10  :  Rôle  du  FGF23  dans  les  stades  tardifs  de  la  MRC                                                                                                                                                                                                                            

(Basé  sur  De  Brito  Galvao  et  al.,  2013)  

 

2. Conséquences  de  l’hyperparathyroïdie    

Les  conséquences  de  l’hyperparathyroïdie  sont  multiples  :     -­‐   une   ostéofibrose,   associée   à   une   déminéralisation   osseuse   liée   à   l’activité  ostéoclastique  ;     -­‐   des   calcifications   ectopiques   au   niveau   des   tissus   mous   tels   que   reins,  poumons,  myocarde,  artères,  etc….     -­‐  une  anémie  centrale  normocytaire  et  normochrome,  liée  au  rôle  inhibiteur  de  la  PTH  sur  la  production  et  l’activité  érythropoïétique.    

a) Ostéodystrophie  :    

L’ostéodystrophie  se  manifeste  par  des  signes  variés  tels  des  douleurs  osseuses,  des   fractures   spontanées,   une   perte   de   dents   par   déchaussement,   une   hyperostose  

Page 45: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  45  

faciale  avec  envahissement  partiel  des  cavités  nasales  et  le  syndrome  de  la  mâchoire  de  caoutchouc  (à  l’origine  de  dysphagie,  ptyalisme  et  protrusion  de  la  langue).  

 

b) Calcifications  ectopiques  :    

Les  symptômes  liés  aux  calcifications  ectopiques  sont  fonction  du  lieu  de  dépôt.  Ainsi,   ces   calcifications   peuvent   être   à   l’origine   d’une   nécrose   ischémique   de   certains  organes   (calcifications   des   artères),   des   troubles   du   rythme   cardiaque   lors   de   dépôts  myocardiques,   de   dyspnée   restrictive   (atteinte   pulmonaire)   ou   néphrocalcinose,   qui  peut  aggraver  les  lésions  rénales  préexistantes.  Des  calculs  vésicaux  peuvent  également  être  observés.  En  général,  ceux-­‐ci  sont  composés  de  phosphates  de  calcium.    

D. Stratégies  thérapeutiques    

En  premier  lieu,  il  convient  de  mettre  en  place  un  traitement  visant  à  limiter  les  signes  cliniques  de  la  maladie  rénale  chronique  (réhydratation,  traitement  des  troubles  digestifs,  …).  Le  traitement  spécifique  de  l’hyperparathyroïdie  a  pour  but  de  contrôler  la  progression   de   la   pathologie   rénale   et   d’interrompre   les   effets   délétères   de  l’hyperphosphatémie  et  l’hypersécrétion  de  parathormone  (13).  

 

1. Mesures  diététiques    

La  première  mesure  à  instaurer  est  la  mise  en  place  d’un  régime  hypoprotéique  et  hyposphosphoré.  La  restriction  protéique  ne  doit  cependant  pas  être  trop  marquée  afin   d’éviter   une   hypoprotéinémie   qui   serait   alors   plus   néfaste.   La   restriction   en  phosphore   doit   permettre   de  maintenir   la   phosphorémie   en   dessous   de   60  mg/L,   en  agissant   directement   sur   les   cellules   parathyroïdiennes   pour   diminuer   la   sécrétion  de  PTH.    

2. Chélateurs  du  phosphore    

Les   chélateurs   du   phosphore   permettent   de   limiter   l’absorption   intestinale   du  phosphore,  via  un  mécanisme  de  complexation  du  phosphore  dans  le  tube  digestif.  Pour  la   plupart,   il   s’agit   de   pansements   intestinaux   à   base   d’hydroxyde   d’aluminium.   Il   est  cependant  à  noter  que  le  phosphate  d’aluminium  ne  convient  pas  pour  cette  utilisation  car  celui-­‐ci  entraîne  un  apport  d’ions  phosphates.  

 

3. Administration  de  calcitriol    

L’administration  de  calcitriol  permet  de   réguler   la  biosynthèse  de   la  PTH.   Il   est  très  peu  utilisé  en  pratique  courante  mais  devrait  être  instauré  dès  que  possible  dans  les  stades   précoces   de   la   maladie   rénale   chronique.   La   concentration   plasmatique   en  phosphore  doit  être  inférieure  à  60  mg/L  avant  et  pendant  le  traitement.  

 

Page 46: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  46  

4. Autres  thérapeutiques    

a) Cimétidine    

La   cimétidine,   un   anti-­‐histaminique   anti-­‐H2   pourrait   également   réguler   la  sécrétion  de  PTH.  En   effet,   celle-­‐ci   diminuerait   la   sécrétion  de  PTH  via  un  mécanisme  non  encore  connu,  en  réduisant  le  volume  des  glandes  parathyroïdes  ou  en  empêchant  la   synthèse   hormonale.   L’intérêt   de   la   cimétidine   réside   aussi   dans   le   traitement  symptomatique  de  l’hyperacidité  gastrique  secondaire  à  la  maladie  rénale  chronique.  

 

b) Parathyroïdectomie    

Elle   n’est   envisagée   qu’en   médecine   humaine,   dans   les   cas   réfractaires   à   tout  traitement  médical   avec   une   hyperparathyroïdie   secondaire   rénale   sévère.   Une   HPSR  sévère  est  associée  à  des  taux  extrêmement  élevés  de  FGF23  et  ces  taux  diminuent  après  la  réalisation  d’une  parathyroïdectomie  chirurgicale  (14).  

                                             

 

Page 47: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  47  

III. Le   complexe   FGF23-­‐Klotho   et   son   implication   dans  l’hyperparathyroïdie  secondaire  rénale  

A. Fibroblast  Growth  Factor  23  

1. Gène  et  Structure  protéique  

a) Au  sein  de  sa  sous-­‐famille      

Le  FGF23  est  le  22ème  Fibroblast  Growth  Factor  découvert  au  sein  de  cette  famille.  En  tant  que  membre  de  cette  famille,  le  FGF23  partage  une  structure  centrale  invariante  et  notamment  certains  acides  aminés  hautement  conservés.    

Cette   famille  peut  être  divisée  en  7  sous-­‐familles  phylogénétiques,  composant  3  groupes   correspondant   à   leurs   mécanismes   d’action  :   intracellulaire,   paracrine   et  endocrine   (15).   Le   groupe   «  intracellulaire  »   comprend   la   sous-­‐famille   des  FGF11/12/13/14.  Le  groupe  «  paracrine  »  inclus  les  sous-­‐familles  FGF1/2/5,  FGF3/4/6,  FGF7/10/22,  FGF8/17/18  et  FGF9/16/20.  Leur  réponse  biologique  est  médiée  par  des  protéines   extracellulaires   s’y   liant   et   activant   une   tyrosine   kinase   à   la   surface   des  cellules  avec  l’aide  d’un  co-­‐facteur,  l’héparine  sulfate.    

 Basé  sur  des  analyses  phylogénétiques,   le  FGF23  appartient  à   la  sous-­‐famille  du  

FGF19,   au   même   titre   que   le   FGF21.   Cette   sous-­‐famille   partage   une   même   structure  caractéristique,   les   distinguant   des   autres   sous-­‐familles,   tout   en   conservant   cette  structure  en  feuilletβ  particulière  à  la  famille  des  FGF.  C’est  un  pont  disulfure  qui  en  fait  leur  particularité,  tant  au  niveau  structural  que  fonctionnel  :  le  mode  d’action  du  FGF23  est   ainsi   unique,   il   agit   en   tant   qu’hormone,   action   endocrine,   au   travers   son   action  systémique  ou  spécifique  en  se  liant  avec  des  récepteurs,  expliquant  plusieurs  de  ses  effets  biologiques  que  n’ont  pas  les  autres  FGF.        

b) Génomique    

Le   gène   Fgf23   est   localisé   sur   le   chromosome   12   chez   l’Homme   et   sur   le  chromosome  6  chez  la  souris  (15).  Il  comprend  3  exons,  séparés  de  2  introns,  qui  codent  pour   une   glycoprotéine   de   251   acides   aminés   et   d’un   poids   moléculaire   d’environ  32kDa.   Les   24   premiers   acides   aminés   semblent   correspondre   au   peptide   signal  hydrophobe,  suggérant  une  fonction  sécrétoire  du  FGF23.  La  séquence  peptidique  entre  les  acides  aminés  180  et  251  semble  être  à  l’origine  de  sa  fonctionnalité  particulière,  au  vu   de   ses   actions   sur   le   métabolisme   du   phosphate   et   de   la   vitamine   D   au   sein   de  l’organisme  :  cette  séquence  le  distingue  des  autres  membres  de  la  famille  des  FGF.  

     

Page 48: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  48  

c) Caractéristique  structurale  unique  du  FGF23    

Le  polypeptide  FGF23  est  large  en  comparaison  aux  autres  membres  de  la  famille  des  FGF.  Le  clivage  au  niveau  de  l’acide  aminé  n°180  par  une  proprotéine  convertase  est  important.  

 Ainsi  une  mutation  au  sein  de  cette  structure  entraîne  une  absence  de  clivage  et  

l’impossibilité  de   l’action  biologique  spécifique  du  FGF23.  Ceci  soulignant   l’importance  fonctionnelle  de  la  portion  C-­‐terminale  spécifique  au  FGF23.    

d) Mode  d’action    

A  l’inverse  des  autres  membres  de  la  famille  des  FGF  qui  travaillent  en  tant  que  facteurs   locaux  régulant   la  prolifération  et   la  différenciation  cellulaire  au   travers   leurs  actions  sur  les  récepteurs  FGF  (FGFRs),    le  FGF23  possède  une  action  systémique  (16).  Tous  les  membres  de  la  famille  des  FGF  se  lient  à  leurs  récepteurs,  pour  lesquels  existent  au  moins  4  gènes,  FGFR1  à  FGFR4.  Ces  récepteurs  présentent  des  sous-­‐types  caractérisés  par   l’agencement  des  boucles  «  immunoglobuline-­‐like  ».  Ainsi   le  FGF23  est  connu  pour  se   lier   spécifiquement   au   FGFR2c   et   FGFR3c.   Il   est   rapporté   que   le   FGF23   peut  également  stimuler  la  prolifération  des  cellules  exprimant  le  FGFR1c.    

Le  FGF23  étant  sécrété  prioritairement  par  les  os  et  agissant  au  niveau  des  reins,  a   contrario   des   autres   membres   de   la   famille   FGF   qui   agissent   en   tant   que   facteurs  locaux,   l’interaction  entre   le  FGF23  et  ses  récepteurs  ne  peut  expliquer  à  elle  seule   les  différents  rôles  biologiques  spécifiques  de  cette  protéine.      

C’est   ainsi   que   Klotho,   son   co-­‐facteur,   a   été   trouvé   en   cherchant   à   mettre   en  évidence  les  différentes  protéines  capables  de  se  lier  au  FGF23.    Remarque  :   il   existe   un   effet   direct   possible   du   FGF23   sur   l’expression   de   l’enzyme   du  cytochrome   P450   et   sur   la   translocation   des   cotransporteurs   sodium-­‐phosphate   sur   une  courte  période  (17).        

Il   semblerait   que   le   rein   ne   manifeste   pas   une   expression   du   gène   Fgf23   en  grande   quantité,   impliquant   ainsi   une   production   par   des   tissus   extra-­‐rénaux   et  transportés  de  façon  physiologique  jusqu’aux  reins  via  la  circulation  sanguine  (17).  

 

2. Expression    

Le  FGF23  est  exprimé  prioritairement  dans  les  ostéocytes  (18)  mais  également  dans  les  cellules  de  type  péricyte  qui  entourent  les  sinus  veineux  dans  la  moelle  osseuse,  dans  le  noyau  thalamique  ventral,  ainsi  que  dans  le  thymus  et  les  nœuds  lymphatiques.  Il   est   à   noter   que   la   contribution   relative   de   ces   différents   organes   à   l’expression   du  FGF23   n’est   pas   connue.   Cependant,   le   haut   niveau   d’expression   cellulaire   dans   les  

Page 49: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  49  

ostéocytes  associé  au  fait  que  les  ostéocytes  sont  le  type  cellulaire  le  plus  abondant  dans  le   tissu   osseux   suggère   que   le   taux   plasmatique   de   FGF23   est   consécutif   à   cette  production  par  les  ostéocytes.    

3. Fonctions  spécifiques  à  certains  tissus    

La   connaissance  des   fonctions   spécifiques  à   certains   tissus   est   intrinsèquement  relié  à  la  connaissance  de  la  distribution  du  complexe  FGFR/Klotho  (19).  Ainsi,  il  semblerait  que  le  FGF23  présente  une  spécificité  pour  certains  organes  à  savoir  le   rein,   la   parathyroïde,   le   plexus   choroïde   et   de   façon   moins   certaine   la   glande  pituitaire.  

a) Rein    

Le  rein  est  la  cible  majeure  du  FGF23  et  la  fonction  principale  de  cette  hormone  est   de   réguler   la   réabsorption   du   phosphate   et   la   production   de   la  1,25dihydroxyvitamine  D(18).    

Les   conséquences  majeures  d’un   excès  de  FGF23   sont   l’hypophosphatémie,   des  perturbations  du  métabolisme  de  la  vitamine  D,  une  croissance  altérée  et  du  rachitisme.  Inversement,   chez   des   souris   sans   FGF23   apparaissent   une   hyperphosphatémie,   un  excès  de  1,25dihydroxyvitamine  D  et  des  calcifications  des  tissus  mous.  Ainsi,  la  plupart  des   fonctions   physiologiques   connues   du   FGF23   pour   réguler   le  métabolisme  minéral  peuvent  être  mises  sur  le  compte  des  actions  de  cette  hormone  sur  le  rein.    

La   fonction   physiologique   la   mieux   caractérisée   du   FGF23   est   sa   fonction  d’hormone  régulant  la  vitamine  D.  Avant  la  découverte  du  FGF23,  il  était  rapporté  que  la   régulation   du   phosphate   était   secondaire   à   l’action   de   la   PTH   et   de   la  1,25dihydroxyvitamine  D.    

Le   rein   joue   un   rôle   centrale   dans   l’homéostasie   du   phosphate.   Il   ajuste  l’excrétion   urinaire   du   phosphate   par   rapport   aux   apports   et   maintient   les  concentrations   sériques   de   phosphate   dans   des   valeurs   étroites.   Le   phosphate   est  pratiquement   réabsorbé  uniquement   par   les   tubules   proximaux   rénaux,   à   travers   une  voie  transcellulaire.  L’étape   limitante  pour  ce  système  de  transport  trans-­‐épithélial  est  l’entrée   du   phosphate   au   niveau   du   pôle   apical   des   cellules   tubulaires   proximales.   Ce  processus  requiert  un  co-­‐transporteur  du  phosphate  sodium-­‐dépendant.      

b) Parathyroïde    

La   glande  parathyroïde   est  une   autre   cible  du  FGF23.   Le   rôle  du  FGF23   sur   les  parathyroïdes  dans  la  physiologie  normale  de  l’organisme  n’est  pas  claire.  

 Les  modèles  murins  présentant  des  concentrations  élevées  de  FGF23  manifestent  

des  concentrations  circulantes  élevées  de  PTH.  De  plus,  il  existe  une  forte  interrelation  

Page 50: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  50  

entre  une  concentration  élevée  de  FGF23  et   la  sévérité  de  l’hyperparathyroïdie   lors  de  maladie  rénale  chronique  chez  l’homme  (18).  

Les   effets   réels   du   FGF23   sur   la   production   et   la   sécrétion   PTH   et   sur   la  prolifération  cellulaire  parathyroïdes  restent  à  être  confirmés.    

 

c) Autres  organes  

(1) Cerveau  et  plexus  choroïde    

La   fonction  du  FGF23  au  niveau  cérébral  n’est  pas  du   tout  étudiée.   Il  n’en  reste  pas  moins   que   le   FGF23   est   produit   par   le   noyau   thalamique   ventro-­‐latéral   et   que   le  plexus   choroïde   exprime   à   la   fois   Klotho,   des   récepteurs   aux   FGF   et   transporteur   du  phosphate   sodium-­‐dépendant.   Du   fait   de   l’existence   d’un   gradient   de   concentration  phosphorique  entre   le   liquide  céphalo-­‐rachidien  et   le  sang,   il  est  envisagé  l’implication  du  FGF23  dans  la  régulation  du  phosphate  dans  le  liquide  céphalo-­‐rachidien.  

 

(2) Os    

Une  action  directe  du  FGF23  sur  le  tissu  osseux  n’est  pas  prouvée.  Klotho  n’étant  pas  exprimé  dans  les  os  mais  nécessaire  pour  la  réalisation  des  fonctions  endocrines  du  FGF23,  les  changements  observés  dans  le  tissu  osseux  lors  de  majoration  ou  minoration  du   FGF23   circulant   semblent   secondaires   à   des   modifications   des   concentrations  sériques  de  phosphate  et  de  1,25-­‐dihydroxyvitamine  D.  

 

4. Régulation  du  FGF23    

Le  FGF23  circule  dans  une  forme  physiologiquement  active,  intacte  d’un  poids  de  32-­‐35kDa   (iFGF23)   et   dans   une   forme   inactive,   carboxy-­‐terminale   de   15-­‐17kDa  (cFGF23)(20).  Les   deux   formes   cFGF23   et   iFGF23   sont   augmentées   chez   les   patients   MRC.   Cette  augmentation   apparaît   malgré   la   mise   en   place   de   l’hyperparathyroïdie   secondaire  rénale.      

Cependant,   le  mécanisme  par   lequel   le  FGF23  est   retiré  de   la   circulation  et  par  quel  moyen  et  où  il  est  dégradé  reste  à  découvrir  (21).                      

Page 51: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  51  

Tableau  4  :  Facteurs  régulant  le  FGF23  dans  le  cadre  de  la  MRC  

 

Facteurs  régulant  le  FGF23    dans  le  cadre  de  la  MRC  

A  l’origine  d’une  augmentation   A  l’origine  d’une  diminution  

PTH   Acidose   Chélateurs  du  phosphore  Calcium   Traitement  à  base  de  fer   Calcimimétiques  Apport  de  phosphore   Remodelage  osseux  et  

relargage  de  FGF  de  bas  poids  moléculaire  

Parathyroïdectomie  Métabolites  de  la    vitamine  D  

 

 

a) Régulation  systémique  du  FGF23    

La  1,25dihydroxyvitamine  D  est   le   facteur   le  plus   important   régulant   le   FGF23.  L’administration    de  1,25dihydroxyvitamine  D  augmente  les  taux  de  FGF23,  tandis  que  la   perturbation   de   son   métabolisme   réduit   le   FGF23   circulant   chez   la   souris   (15).  L’augmentation   de   la   1,25dihydroxyvitamine   D   implique   d’augmenter   l’absorption   du  calcium  et  du  phosphore  par  le  tractus  gastro-­‐intestinal.  L’augmentation  du  calcium  en  même  temps  que  la  1,25dihydroxyvitamine  D  entraîne  une  diminution  de  la  PTH  par  les  parathyroïdes,  qui  ensuite  cible   le  rein  pour  augmenter  l’excrétion  urinaire  du  calcium  afin  de  maintenir  un  équilibre  du  calcium.  Cependant,  abaisser  les  taux  de  PTH  diminue  l’excrétion   du   phosphate   et   pourrait   potentiellement   être   à   l’origine   d’une   balance  positive   de   phosphate   à   partir   de   l’augmentation   de   l’absorption   du   phosphate   par   le  tractus  gastro-­‐intestinal,  sinon  pour  une  augmentation  compensatrice  de  FGF23.    

 C’est   ainsi   qu’on   obtient   une   boucle   hormonale   classique  :   augmentation   de   la  

1,25-­‐dihydroxyvitamine   D   -­‐>   augmentation   du   FGF23   -­‐>   diminution   de   la   1,25-­‐dihydroxyvitamine  D.    

Jusqu’à   présent,   les   effets   du   phosphate   sur   le   FGF23   restent   partiellement  connus.  A  l’inverse  du  calcium,  possédant  un  capteur  (CaSR  =  Calcium  Sensing  Receptor)  qui  permet   la  détection  et   le   contrôle   étroit   des   taux  de   calcium,   il   n’a  pas   encore   été  identifié   de   capteur  du  phosphate   et   la   régulation  de   la   phosphorémie  n’est   pas   aussi  étroitement  contrôlée.    

 Il  a  été  montré  que  le  FGF23  peut  varier  chez  les  animaux  et  humains  sans  pour  

autant  avoir  de  changement  dans  les  taux  de  phosphate  sérique,  suggérant  que  l’apport  de  phosphate,  plutôt  que  la  concentration  plasmatique,  doivent  être  pris  en  compte  pour  la  régulation  du  FGF23.  C’est  pourquoi  il  semblerait  que  les  taux  de  phosphate  circulant  ne  reflètent  pas  de  façon  adéquate   l’équilibre  du  phosphate  dans   l’organisme  et  que   le  phosphate  sérique  n’est  pas  le  régulateur  majeur  du  FGF23,  au  moins  dans  le  cadre  de  la  MRC.    

Page 52: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  52  

Concernant   les   interactions  entre   la  PTH  et   le  FGF23,  des  controverses  existent.  L’existence  d’une  boucle  de  rétrocontrôle  entre  la  PTH  et  le  FGF23  (augmentation  de  la  PTH  -­‐>  augmentation  du  FGF23  -­‐>  diminution  de  la  PTH)  semble  prédominer.  En  effet,  l’action  de  la  PTH  permet  d’augmenter  l’expression  de  FGF23  (22).  Cependant,  les  effets  de  la  PTH  sur  le  FGF23  semblent  dépendant  de  la  vitamine  D  et  du  métabolisme  minéral.  Les   effets   indirects   pour   stimuler   le   FGF23   seraient   médiés   au   travers   d’une  augmentation   de   la   1,25dihydroxyvitamine   D   secondaire   à   l’implication   de   la   PTH   ou  bien  par  la  présence  de  cofacteurs  modulant  les  effets  de  la  PTH.  La  capacité  de  la  PTH  d’augmenter   ou   diminuer   le   FGF23   semble   être   le   reflet   des   différents   effets,  cataboliques  ou  anaboliques,  sur  le  remodelage  osseux.      

D’autres   facteurs   systémiques   semblent   entrer   en   jeu   dans   la   régulation   du  FGF23.   La   leptine,   une   hormone   sécrétée   par   le   tissu   adipeux   blanc   qui   agit   de   façon  centrale   sur   l’hypothalamus   et   de   façon   périphérique   sur   d’autres   organes   pour  contrôler   les   apports   et   dépenses   énergétiques   et   l’homéostasie   osseuse,   stimule   la  production  du  FGF23  par  les  os  (15).      Du  fait  que  le  FGF23  soit  connu  pour  être  principalement  une  hormone  squelettique,  la  plupart   des   facteurs   régulant   le   métabolisme   osseux   pourrait   également   agir   sur   la  synthèse  du  FGF23.      

b) Régulation  locale  de  la  transcription  du  FGF23    

(1) Régulation  par  PHEX  et  DMP1    

Le   gène   de   régulation   du   phosphate   ayant   des   homologies   avec   les  endopeptidases  sur  le  chromosome  X  (PHEX)  est  une  protéine  de  106kDa,  membre  de  la  famille  des  enzymes  de  conversion  de  l’endothéline.  Il  est  exprimé  par  les  ostéoblastes  et  les  ostéocytes  dans  les  os.  Ainsi,  une  mutation    inactivant  le  gène  Phex  est  à  l’origine  de  l’augmentation  de  la  transcription  du  gène  Fgf23  dans  les  os  (15).  Jusqu’à  présent,  le  mécanisme  par  lequel  PHEX  régule  la  transcription  du  gène  Fgf23  reste  non  élucidé.    

La   protéine   de   la   matrice   de   la   dentine   (DMP-­‐1)   est   une   protéine   de   94kDa  appartement   à   la   famille   des   protéines   SIBLING   («  small   integrin-­‐binding   ligand,   N-­‐linked   glycoprotein  »),   des   protéines   non-­‐collagéniques.   De   façon   similaire   à   PHEX,  DMP-­‐1   est   exprimée   par   les   ostéoblastes   et   ostéocytes   dans   les   os.   L’inactivation   de  DMP-­‐1  est  également  à   l’origine  de   l’augmentation  de   l’expression  du  gène  Fgf23  dans  les   os.   La   fonction   principale   de  DMP-­‐1   est   de   réguler   la  minéralisation   de   la  matrice  extra-­‐cellulaire.      

(2) Régulation  par  la  voie  des  FGF  et  récepteurs  FGF    

Les  voies  de   signalisation  dépendantes  des   récepteurs  FGF  sont  aussi   apparues  comme  étant  des  éléments  de  régulation  importants  de  l’expression  du  FGF23  dans  les  ostéocytes.  Ces  voies   semblent   réguler   l’expression  du  FGF23  dans   les  os  de  plusieurs  

Page 53: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  53  

manières  :   la   voie   canonique   ou   clairement   identifiée,   la   voie   non-­‐canonique   ou  alternative  et  la  voie  intracrine.    Voie  canonique  :   l’activation  des  FGFR  est  médiée  par  la  sécrétion  de  FGF  de  bas  poids  moléculaire  à  travers  la  liaison  aux  FGFR  en  présence  de  sulfate  d’héparine.  L’activation  des  FGF/FGFR  semble  être  une  voie  centrale  régulant  l’expression  du  FGF23  dans  les  os.    Voie   non-­‐canonique  :   les   interactions   protéine-­‐FGFR   facilitent   l’activation   des   FGFR.  L’interaction  de  Klotho  avec  les  récepteurs  FGF  est  un  exemple  d’activation  via  une  voie  non-­‐canonique.   Le   domaine   extra-­‐cellulaire   de   Klotho   est   exprimé   par   épissage  alternatif   ou   sécrété   dans   la   circulation   sanguine   et   dans   les   urines,   rendant  théoriquement   possible   le   fait   que   le   domaine   extra-­‐cellulaire   de   Klotho   active   les  récepteurs  FGF  en  présence  du  FGF23  et  créé  une  boucle  de  rétrocontrôle  positive.      Voie   intracrine  :   Une   activation   indépendante   des   récepteurs   FGF,   présents   sur   la  surface  cellulaire,  est  aussi  décrite.    

5. Déficit  versus  excès  de  FGF23    

La  connaissance  de  la  physiologie  du  FGF23  dérive  largement  des  études  menées  sur  des  modèles  murins  (18).  

 Ainsi,   à   la   fois   l’administration   d’un   recombinant   FGF23   ou   l’implantation   de  

cellules  sur-­‐exprimant  le  FGF23  entraînent  une  phosphaturie  et  une  hypophosphatémie.    Quant  aux  modèles  déficients  en  FGF23,   ils   sont  au  nombre  de  3  et   chacun  de   ceux-­‐ci  sont  caractérisés  par  une  hyperphosphatémie,  qui  est  la  résultante  d’une  augmentation  de  la  réabsorption  rénale  du  phosphate  associée  à  une  augmentation  du  taux  sérique  de  1,25dihydroxyvitamine  D  consécutive  à  l’augmentation  de  l’activité/expression  de  la  1-­‐αhydroxylase.   La   clinique   de   ces   souris   déficientes   comprend   des   calcifications   des  tissus   mous,   de   sévères   retards   de   croissance,   des   anomalies   au   niveau   de   la  minéralisation   osseuse,   une   durée   de   vie   raccourcie   de   façon   significative   et   des  anomalies   du   métabolisme   du   glucose.   Ce   phénotype   ainsi   obtenu   est   relativement  proche  de  celui  de  patients  atteints  de  calcinose  tumorale,  causée  par  des  mutations  du  FGF23   qui   mènent   à   la   diminution   du   FGF23   circulant   ou   par   des   mutations   sur   la  GALNT3  (N-­‐acétylgalactosaminyl  transférase  3),  notamment  responsable  de  la  stabilité  du  FGF23.    

Il  est  à  noter  que  les  souris  déficientes  en  FGF23  présentent  un  phénotype  tout  à   fait   semblable   à   celui   des   souris   déficientes   en   Klotho   (18).   Ces   dernières   ont  cependant  des  taux  élevés  de  FGF23  et   la  1,25dihydroxyvitamine  D   induit   l’expression  de  Klotho  dans  le  rein.      

C’est  pourquoi,  associées  au  fait  que  Klotho  semble  être  un  co-­‐facteur  essentiel  pour   l’activation   des   récepteurs   au   FGF23,   les   souris   déficientes   en   Klotho  

Page 54: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  54  

représentent,  au  moins  en  partie,  un  modèle  compatible  avec  la  résistance  terminale  des  organes  au  FGF23  lors  de  MRC.      

B. Le  complexe  FGF23-­‐Klotho    

La  découverte  du  FGF23  et  de  son  co-­‐récepteur  Klotho  a  nettement  amplifié   les  connaissances   sur   le  métabolisme  minéral.   Klotho,   initialement   identifié   comme   étant  une  protéine  anti-­‐âge,   est  devenu  un  axe  majeur  pour   la   recherche  en  néphrologie  du  fait  de  son  rôle  clé  au  sein  de  l’homéostasie  du  phosphate  (23).  

 Klotho  est  une  protéine  de  1012  acides  aminés  et  d’un  poids  de  130  kDa  avec  une  

région   transmembranaire   simple   et   une   très   courte   portion   intracellulaire   (24).   Elle  présente   des   homologies   avec   les   β-­‐glucuronidases   (18).   Le   peptide   N-­‐terminal   du  FGF23  se  lie  aux  récepteurs  tissulaires  et  la  partie  C-­‐terminale  se  lie  à  Klotho.    

La   co-­‐expression   Klotho-­‐FGFR   définit   la   spécificité   tissulaire   des   effets  biologiques  du  FGF23   (18).  Ainsi,   autant   les  FGFR  sont  exprimés  de   façon   importante,  autant   l’expression   de   Klotho   est   limitée   dans   les   tissus   suivants  :   les   reins,   les  parathyroïdes,   la  glande  pituitaire  et   le  plexus  choroïde  (25).  Il  n’en  est  pas  moins  que  ces  tissus  sont  les  tissus  cibles  du  FGF23.  Au  contraire,  l’absence  de  Klotho  dans  les  os,  les   poumons,   le   foie,   la   peau,   la   rate,   les   intestins   et   les   surrénales   suggèrent   que   ces  tissus  ne  sont  pas  des  cibles  pour  le  FGF23  (18).       Les  récepteurs  au  FGF23  sont  présents  dans  plusieurs  tissus,  mais  seuls  les  reins  et   les  parathyroïdes  peuvent   répondre  biologiquement  au  FGF23  car   ils  ont   tous  deux  les  récepteurs  et  Klotho.  L’activité  du  FGF23  nécessite  de  façon  obligatoire  le  co-­‐facteur  Klotho  (26).    

Le   rein   est   la   source   majeure   de   Klotho   mais   son   expression   est   également  retrouvée  dans   le  cerveau,   le  cœur,   les  parathyroïdes,   les  testicules,   l’aorte,   le  colon,   la  glande   pituitaire,   les   thyroïdes   et   le   pancréas.   Dans   le   rein,   Klotho   est   retrouvé  principalement  dans  les  tubules  contournés  distaux,  mais  également  dans  une  moindre  mesure  dans  les  tubules  contournés  proximaux.    

1. Klotho  et  spécificité  de  tissu    

Il  existe  deux  formes  pour  le  co-­‐facteur  Klotho  :  la  forme  α-­‐Klotho  et  la  forme  β-­‐Klotho.  Β-­‐Klotho  détermine  les  organes  cibles  pour  le  FGF15  et  FGF19.  Le  gène  β-­‐Klotho  code  pour  une  protéine  transmembranaire  exprimée  dans  le  tissu  adipeux,   le  foie  et   le  pancréas  (15).  La  protéine  α-­‐Klotho  partage  41%  d’acides  aminés  avec   la   forme  β,  elle  est   exprimée   de   façon   prédominante   dans   le   rein   et   dans   l’épithélium   du   plexus  choroïde   du   cerveau.     Une   faible   expression   est   également   rapportée   dans   la   glande  

Page 55: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  55  

pituitaire,   le   placenta,   les   muscles   squelettiques,   la   vessie,   l’aorte,   le   pancréas,   le  testicule,  l’ovaire  et  le  colon.       Les  organes  cibles  du  FGF23  sont  donc  définis  par   la  co-­‐expression  de   la   forme  membranaire  d’α-­‐Klotho  et  des   récepteurs  FGFR.  De  nombreuses  études  ont  ainsi  peu  mettre  en  évidence  la  nécessité  de  l’implication  de  ce  co-­‐facteur  Klotho,  en  formant  un  complexe  avec  les  récepteurs  FGF  et  en  augmentant  leur  affinité  pour  le  FGF23.    

2. Les  récepteurs  FGF  (FGFR)    

Les  FGFR  des  mammifères  sont  codés  par  4  gènes  distincts  :  Ffgr1,  Fgfr2,  Fgfr3  et  Fgfr4.   Il   existe   des   isoformes   de   ces   gènes   «  b  »   et   «  c  »,   qui   ont   des   spécificités   de  liaisons  distinctes.      

Il  est  à  noter  que   la  capacité  d’α-­‐Klotho  à  se   lier  au  FGFR2  est   inférieure  à  celle  possible  avec  les  autres  FGFR.  La  liaison  d’  α-­‐Klotho  aux  FGFR  change  leur  affinité  pour  les  différents  FGF.  Ainsi,   le  FGF23  se   lie  au  complexe  FGFR-­‐  α-­‐Klotho  avec  une  affinité  bien  plus  haute  qu’avec  le  FGFR  seul  et  le  signal  obtenu  est  maximal  quand  le  FGF23  se  lie  avec  le  complexe  FGFR1c-­‐  α-­‐Klotho  (15).  En  l’absence  de  Klotho,  FGF23  possède  une  très   faible   affinité  pour   le  FGFR1  et  ne  permet  pas  d’induire   la   transduction  du   signal  (phosphorylation)  (27).      

Il  reste  cependant  incompris  comment  le  FGF23  exerce  ses  effets  physiologiques  sur   le   tubule  proximal   rénal   alors   que   l’expression  du   complexe  Klotho-­‐FGFR1c   est   la  plus  élevée  au  niveau  des  cellules  épithéliales  tubulaires  distales  (28).  Il  est  suggéré  que  les  actions  du  FG23  sur  le  tubule  proximal  serait  médié  par  la  stimulation  du  FGF23  au  niveau   du   tubule   distal   et   menant   à   des   interactions   secondaires   entre   les   tubules  distaux  et  proximaux.  

 Ainsi   le   système   FGF23-­‐Klotho   représente   un   réseau   endocrine   hautement  

spécialisé   qui   a   pour  but  de  maintenir   l’équilibre  phosphocalcique   interne   et   externe  (29).  Ce  réseau  implique  l’homéostasie  phosphocalcique  au  niveau  des  intestins,  des  os  et  des  reins,  et  nécessite  l’implication  de  plusieurs  boucles  de  rétro-­‐contrôle.    

C. FGF23  et  métabolisme  minéral    

Avant  la  découverte  du  FGF23,  il  était  supposé  que  la  régulation  du  métabolisme  phospho-­‐calcique   était   principalement   le   résultat   de   modifications   sur   la   PTH   et   la  vitamine  D  en  agissant  sur  les  os,  reins  et   intestins  (30).  Les  parathyroïdes  et   les  reins  sont  respectivement  responsables  de  la  production  de  PTH  et  de  calcitriol.    

 A  présent,  il  est  rapporté  que  le  FGF23  est  produit  par  les  os,  ceux-­‐ci  n’étant  plus  

seulement   juste   un   organe   cible   mais   un   organe   endocrine   actif   qui   participe   à   la  régulation  du  métabolisme  minéral  en  envoyant  des  signaux  au  travers  du  FGF23.  

Page 56: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  56  

 La   régulation   du   calcium   et   du   phosphate   n’était   que   partiellement   comprise  

avant  la  découverte  du  FGF23.    

D. FGF23  et  Maladie  Rénale  Chronique    

L’hyperparathyroïdie   secondaire   est   une   complication   fréquente   et   majeure  chez   les   patients   atteints.   Chez   l’Homme,   cette   complication   est   à   l’origine   d’un   taux  élevé   de  mortalité.   L’HPSR   est   caractérisée   par   une   rétention   du   phosphate,   des   taux  abaissés  de  1,25dihydroxyvitamine  D,  une  concentration  plasmatique  élevée  de  PTH  et  une  résorption  osseuse  augmentée(20).    

Le  FGF23  est  considéré  à  l’heure  actuelle  comme  étant  un  facteur  important  dans  le   mécanisme   de   l’HPSR   chez   l’Homme   et   les   études   chez   le   chat   n’ont   été   que  récemment  réalisées,  par  l’équipe  du  Pr  Geddes  au  Royal  Veterinary  College  de  Londres.  Ils  ont  ainsi  pu  mettre  en  évidence  le  fait  que  le  FGF23  augmente  en  parallèle  du  stade  de  la  maladie  rénale  (31).    

 Le  métabolisme  du  phosphate  est  au  cœur  de  la  physiologie  du  FGF23.  En  effet,  

le   FGF23   est   plus   élevé   chez   des   chats   azotémiques   avec   une   hyperphosphatémie  comparé   à   des   chats   azotémiques   normophosphatémiques,   même   avec   un   stade   IRIS  identique.   De   plus,   le   phosphate   est   un   facteur   prédictif   indépendant   de   la  concentration  plasmatique  de  FGF23.    

1. FGF23  et  PTH    

La   PTH   est   capable   de   stimuler   directement   les   ostéocytes   pour   induire   la  sécrétion   du   FGF23   et   réciproquement   le   FGF23   inhibe   directement   la   production   et  sécrétion  de  PTH,  formant  ainsi  une  boucle  de  rétrocontrôle  (31).      

La  PTH  et  le  FGF23  ciblent  le  rein  afin  d’induire  une  phosphaturie.  Le  FGF23  agit  également  sur  les  parathyroïdes  pour  diminuer  l’expression  de  la  PTH,  mais  lors  de  MRC  il  existe  une  augmentation  des  concentrations  plasmatiques  de  PTH  et  de  FGF23  et  une  résistance    des  parathyroïdes  aux  actions  du  FGF23  (32).    

De  plus,   les  taux  élevés  de  PTH  associés  à   la  progression  de  la  MRC  contribuent  aux  changements  du  métabolisme  osseux  et  il  résulte  une  diminution  des  taux  de  DMP1  (dentin  matrix  protein  1)  et  le  relargage  de  FGF  de  bas  poids  moléculaire  à  partir  de  la  matrice  osseuse,  ce  qui  stimule  la  transcription  du  FGF23(20).         Reste  à  savoir  qui  du  FGF23  ou  de  la  PTH  intervient  primairement  dans  la  mise  en  place  de  l’HPSR.  L’augmentation  du  FGF23  serait  un  marqueur  précoce  de  la  MRC  ;  le  FGF23   serait   l’événement   premier   lors   de   MRC   menant   à   la   baisse   de   la   1,25-­‐dihydroxyvitamine  D  et  secondairement  une  augmentation  de  la  PTH  (33).  Il  y  a  de  plus  

Page 57: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  57  

des  preuves  de   l’existence  d’une  boucle  de   contrôle  entre   les  parathyroïdes  et   le   tissu  osseux,  où  le  FGF23  supprime  directement  l’expression  de  l’ARNm  de  la  PTH  in  vitro  et  diminue  la  PTH  sérique  in  vivo.  La  PTH  stimule  l’expression  du  FGF23  au  niveau  du  tissu  osseux  lors  de  MRC.    

2. FGF23  et  calcitriol      

Le  calcitriol  permet  de  stimuler  la  sécrétion  de  FGF23  et  dans  une  autre  boucle  de  rétrocontrôle,  le  FGF23  est  capable  d’inhiber  la  production  de  calcitriol  dans  le  rein  via  l’inhibition  de   la  1α-­‐hydroxylase.  Cette  enzyme  permet   la  conversion  du  calcidiol  en   la  forme   active   de   la   vitamine   D,   le   calcitriol.   Bien   que   le   FGF23   diminue   le   taux   de  calcitriol,   le   calcitriol   lui-­‐même   stimule   la   production   du   FGF23   par   la   liaison   à   une  région  répondant  à  la  vitamine  D  dans  le  gène  promoteur  du  FGF23.    

De   façon   intéressante,     une   quantité   moindre   de   FGF23   est   nécessaire   pour  réduire  le  niveau  de  calcitriol  circulant  que  pour  diminuer  la  phosphatémie  et  le  taux  de  calcitriol  diminue  avant  qu’une  phosphaturie  n’apparaisse  (34).      

 Du   fait  de   l’implication  du  calcitriol  dans   l’augmentation  de   la   calcémie,  un   lien  

pourrait   être   établi   entre   FGF23   et   calcium   sans   pour   autant   avoir   de   certitude   à   cet  égard.  

3. FGF23  et  phosphore    

Le  FGF23  est  un  régulateur  majeur,  produit  par  le  tissu  osseux,  de  l’homéostasie  du  phosphate,  qui  apparaît  comme  étant  un  important  biomarqueur  de  l’homéostasie  du  phosphate  chez  des  patients  atteints  d’une  MRC  (35).  L’identification  et  la  caractérisation  du  FGF23  a  permis  d’obtenir  une  nouvelle  vision  sur  le  métabolisme  du  phosphore  (36).  

 Les   effets   du   FGF23   sur   la   réabsorption   tubulaire   du   phosphate   sont  

indépendants  de  la  PTH  et  du  calcitriol.  Le  FGF23  inhibe  l’activité  de  la  1α-­‐hydroxylase  au   niveau   du   rein   et   stimule   l’activité   de   la   24-­‐hydroxylase.   Consécutivement,   une  diminution  de  la  synthèse  du  calcitriol  est  obtenue  et  une  augmentation  du  métabolisme  du  calcitriol  vers  sa  forme  inactive.  

 Le   phosphate   est   un   régulateur   majeur   de   l’expression   du   FGF23   (35).Une  

augmentation   de   la   quantité   de   phosphore   plasmatique   est   à   l’origine   d’une  augmentation   de   l’expression   du   FGF23.   Une   augmentation   du   FGF23   entraîne  l’inhibition   de   l’activité   de   la   1α-­‐hydroxylase   et   l’augmentation   de   l’activité   de   la   24-­‐hydroxylase  dans   le   rein,   ayant  pour   conséquence  une  diminution  de   la   concentration  circulante  de  calcitriol.  La  diminution  du  calcitriol  circulant  diminue  l’absorption  du  phosphore  au  niveau  des  intestins,  contribuant  à  la  diminution  du  phosphore  plasmatique.    

Page 58: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  58  

L’augmentation  du  FGF23  diminue  de  façon  indirecte  le  co-­‐transport  NaPi2  dans  les   intestins.   Il   s’en  suit  une  réduction  de   la  synthèse  du  calcitriol  qui  aide  à  diminuer  l’absorption   gastro-­‐intestinale   du   phosphore.   Cette   augmentation   du   FGF23   est  également   à   l’origine   de   l’augmentation   de   l’expression   génique   du   récepteur  FGF/Klotho  dans  le  rein,  ce  qui  diminue  le  co-­‐transport  NaPi2a  dans  le  rein  également,  entraînant   la   diminution   de   la   réabsorption   tubulaire   de   phosphore   et   à   terme,  permettant  d’abaisser  la  concentration  plasmatique  de  phosphore.    

Enfin,  une  élévation  du  FGF23  plasmatique  entraîne  l’augmentation  du  récepteur  FGF/Klotho  dans   les  parathyroïdes  et   induit  une  diminution  de   la  synthèse  de   la  PTH.  Cela  abaisse  indirectement  la  phosphatémie  à  travers  la  diminution  de  la  production  du  calcitriol.    

4. FGF23  et  le  système  Rénine-­‐Angiotensine-­‐Aldostérone    

Les  interactions  entre  la  vitamine  D,  le  FGF23  et  Klotho  sont  à  l’origine  d’un  axe  endocrinien  pour  le  métabolisme  du  calcium  et  du  phosphore  ;  des  modifications  au  sein  de   cet   axe   contribuent   à   la   progression   de   la   maladie   rénale.   Il   semblerait   que   la  vitamine   D   inhibe   le   gène   de   la   rénine.   Lors   de   Maladie   Rénale   Chronique,   des   taux  faibles  de  calcitriol,   secondaires  à  une  diminution  de   la  1α-­‐  hydroxylase,  augmente   la  production  rénale  de  la  rénine.  L’activation  du  système  rénine-­‐angiotensine-­‐aldostérone  (SRAA)   réduit   ainsi   l’expression   rénale   de  Klotho.   L’augmentation   du   FGF23   circulant  qui  en  résulte  inhibe  la  1α-­‐hydroxylase,  diminuant  encore  le  calcitriol.    Cette  boucle  de  rétrocontrôle  est  donc  à   l’origine  d’une  déficience  en  vitamine  D,   l’activation  du  SRAA,  des  taux  élevés  de  FGF23  et  un  déficit  en  Klotho  au  niveau  rénal  (37).  Ceci  étant  associé  à  la  progression  des  lésions  rénales.      

Le  SRAA  joue  un  rôle   important  dans   la  progression  de   la  maladie  rénale  et  ses  complications.   Le   déficit   en   vitamine   D   est   un   facteur   clé   des   modifications   du  métabolisme   minéral   intervenant   lors   de   MRC.   En   plus   d’avoir   des   effets   sur   le  métabolisme  minéral,  la  vitamine  D  est  associée  à  la  progression  de  la  maladie  rénale.  Certaines   études   récentes   semblent   montrer   que   l’angiotensine   II   réduit   l’expression  rénale  de  Klotho,  ce  qui  modifie  les  interactions  avec  le  FGF23  et  la  1α-­‐hydroxylase.         Chez  les  patients  sains,  la  forme  active  de  la  vitamine  D  (1,25-­‐dihydroxyvitamine  D),  produite  par  la  conversion  de  la  25-­‐hydroxyvitamine  D  par  la  1α-­‐hydroxylase,  inhibe  la  production  rénale  de  rénine.  Lorsque  le  SRAA  n’est  pas  activé  –  angiotensine  II  basse-­‐,  les  taux  rénaux  de  Klotho  sont  suffisants  pour  permettre  un  fonctionnement  normal  du  récepteur  FGF23.  Ainsi,  les  taux  de  FGF23  sont  normaux  dans  ces  conditions.        

Lors   de   MRC,   le   SRAA,   la   vitamine   D,   le   FGF23   et   Klotho   sont   tous   perturbés.  L’activité  de  la  1α-­‐hydroxylase  est  abaissée  due  à  la  perte  de  néphrons  et  au  taux  élevé  de  FGF23,  menant  à  la  diminution  de  la  production  de  la  1,25-­‐dihydroxyvitamine  D.  Ceci  entraîne   une   augmentation   de   la   production   rénale   de   rénine.   L’augmentation   de  l’angiotensine   II   qui   en   résulte   cause   une   diminution   de   Klotho   au   niveau   rénal   et  

Page 59: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  59  

perturbe  la  signalisation  du  FGF23.  Il  en  résulte  une  phosphaturie  et  une  augmentation  des  taux  de  FGF23  circulants.      

 Figure  11  :    Interactions  entre  le  FGF23  /  Klotho,  la  vitamine  D  et  le  SRAA                                                                                                                                                      

(D'après  de  Borst  et  al.)  

 

5. Cascades  de  facteurs  menant  à  la  perturbation  du  métabolisme  minéral  et  osseux  lors  MRC  

 La  MRC  est  associée  à  une  rétention  du  phosphate,  associée  à  une  augmentation  

de  la  sécrétion  de  la  PTH  et  FGF23,  ainsi  que  la  calcification  des  vaisseaux.      

Dans   le   rein,   le   FGF23  diminue   la   synthèse  de   la   1,25dihydroxyvitamine  D.   Les  taux   de     Klotho   rénal   et   Klotho   soluble   sont   aussi   diminués,   ce   qui   contribue   à   la  calcification  vasculaire.    

Le  FGF23  inhibe  normalement  l’expression  de  la  PTH  mais  lors  de  MRC  terminale  le  récepteur  FGF23  est  régulé  à  la  baisse  et  le  FGF23  ne  peut  plus  inhiber  l’activité  des  parathyroïdes.   La   PTH   augmente   la   transcription   de   FGF23   directement   et   augmente  aussi  probablement  le  remodelage  osseux  et  la  sécrétion  de  facteurs  locaux  osseux,  qui  stimulent  la  synthèse  de  FGF23  par  les  ostéocytes.    

Page 60: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  60  

 Figure  12  :  Schéma  récapitulatif  des  différentes  boucles  de  contrôle  et  hormones  et                                                                              

protéines  impliquées  dans  le  contrôle  du  phosphate                                                                                                                                                                                                                                                                                                          (D'après  Tan  et  al.,  2014)  

 

   

     

Page 61: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  61  

         

   

Deuxième  partie  :  Phase  expérimentale                                                

Page 62: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  62  

   

   

Page 63: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  63  

En   seulement   quelques   années,   la   découverte   et   la   caractérisation   du   FGF23   à  changer  de  façon  certaine  la  compréhension  des  perturbations  du  métabolisme  minéral  dans  le  cadre  de  la  Maladie  Rénale  Chronique  chez  l’Homme.    

D’après   les   études   récemment  menées   au  Royal  Veterinary  College  de  Londres,  les   concentrations   plasmatiques   de   FGF23   augmentent   en   parallèle   du   stade   de   la  maladie   rénale  chronique  chez   le   chat  et   sont  encore  plus  élevées   lorsque   les  patients  sont  hyperphosphatémiques.    Son   statut   de   marqueur   ou   de   médiateur   dans   le   cadre   de   l’hyperparathyroïdie  secondaire   rénale   n’est   pas   encore   élucidé.   Il   serait   un   biomarqueur   utile   de   la  perturbation   de   l’homéostasie   du   phosphate   chez   les   chats   avec   une   Maladie   Rénale  Chronique  (38).    

Il   existe   une   étroite   relation   entre   l’hyperparathyroïdie   secondaire   rénale   et  l’augmentation   du   FGF23   plasmatique   lors   de   Maladie   Rénale   Chronique.  L’hyperparathyroïdie  secondaire  rénale  possède  un  rôle  crucial  dans  l’augmentation  de  l’expression  du  FGF23.    

Le  FGF23  agit  sur  le  rein  pour  diminuer  la  synthèse  de  la  1,25dihydroxyvitamine  D,  ce  qui  contribue  à  la  mise  en  place  de  l’HPSR,  alors  que  la  1,25dihydroxyvitamine  D  elle-­‐même  augmente  la  transcription  du  FGF23.  Le   complexe     FGF23-­‐Klotho-­‐FGFR1   est   régulé   à   la   baisse   dans   les   parathyroïdes   de  patients  MRC,  entraînant  la  perte  de  la  capacité  du  FGF23  à  diminuer  l’expression  de  la  PTH.    

L’effet  global  du  FGF23  est  de  diminuer  le  phosphate  sérique  en  augmentant  son  excrétion  rénale  et  en  diminuant  l’absorption  intestinale  via  la  diminution  du  calcitriol  circulant.  Ainsi  il  tend  à  maintenir  l’homéostasie  du  phosphore.          

Page 64: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  64  

       

Page 65: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  65  

I. Matériels  et  méthodes  

A. Animaux  et  échantillons  biologiques  

1. Echantillons  de  sang    

18   chats   ont   été   prélevés   parmi   une   population   de   chats   apparemment   sains,  appartenant  aux  étudiants  de  l’Ecole  Vétérinaire  de  Lyon.  Cette  population  correspond  à  notre  lot  témoin.    

Le   groupe   d’étude   comprend   38   chats   atteints   d’une   MRC.   Ceux-­‐ci   ont   été  recrutés   via   le   service   de   Médecine   de   VetAgro   Sup,   le   service   d’urgence   et   soins  intensifs   SIAMU   et   de   façon  majoritaire,   prélevés   par   des   vétérinaires   praticiens   dans  plusieurs  régions  de  France.  La  récolte  des  échantillons  a  été  menée  durant  8  mois.    

2. Organes    

Les   prélèvements   d’organes   représentés   par   un   fragment   de   rein   et   par   les  parathyroïdes  ont  été  réalisés  sur  quelques  animaux  euthanasiés.  Ces  prélèvements  ont  été  rendus  possibles  par  la  contribution  du  service  d’urgence  de  VetAgro  Sup,  le  SIAMU  ainsi   que   par   quelques   vétérinaires   praticiens.   Toutefois,   compte   tenu   du   très   faible  nombre   d’animaux   et   du   délai   imparti   à   cette   étude,   ces   échantillons   n’ont  malheureusement  pas  pu  être  intégrés  à  l’étude.  

 Les  prélèvements  consistaient  à  une  fixation  tissulaire  dans  du  formaldéhyde  4%  

pour   une   analyse   histologique   et   la   réalisation   d’immunomarquages   et   en   un  prélèvement  conservés  dans  une  solution  de  RNA  later  (Ambion)  en  congélation  -­‐20°C  pour  une  analyse  par  RT-­‐qPCR  des  transcrits  d’intérêt.    

3. Conditions  d’inclusion  et  d’exclusion    

L’étude  inclut  des  chats  tout  venant  atteints  de  MRC,  quelque  soit   leur  âge,  sexe  ou  race  ;  qu’ils  soient  nouvellement  diagnostiqués  ou  déjà  dans  une  démarche  de  suivi    et  de  contrôle  de  la  maladie.      

B. Méthodes  d’étude  

1. Dosage  des  analytes    

Les   dosages   des   analytes   ont   été   réalisés   avec   l’automate   d’analyse   de   chimie  clinique  Konelab,  appartenant  au  Laboratoire  de  Biologie  médicale  de  VetAgro  Sup.  

a) Dosage  de  la  créatinine    

La   créatinine   est   dosée   par   une   méthode   enzymatique   colorimétrique   de   la  manière  suivante  :  

Page 66: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  66  

 

 Figure  13  :  Schéma  de  dosage  de  la  créatinine  par  méthode  enzymatique  colorimétrique  

 La   créatinine   est   convertie   en   sarcosine   à   l’aide   de   la   créatininase   et   de   la  

créatinase.   La   sarcosine   est   ensuite   convertie   en   glycine,   formaldéhyde   et   péroxyde  d’hydrogène  en  présence  d’oxygène  par  la  sarcosine  oxydase.  Le  peroxyde  d’hydrogène  libéré   réagit   avec   la   4-­‐aminophénazone   et   le   HTIB   pour   donner   naissance   à   un  chromogène  quinone  imine  dans  une  réaction  catalysée  par  la  peroxydase.  L’intensité  de  la  coloration  est  directement  proportionnelle  à  la  concentration  en  créatinine  présente  et  peut  être  mesurée  par  photométrie  à  540  nm.    

b) Dosage  du  calcium    

Les  ions  calcium  forment  un  complexe  fortement  coloré  avec  l’Arsenazo  III  à  pH  neutre.  La  quantité  de  complexe  est  mesurée  à  660  nm.    

c) Dosage  des  phosphates    

Les  phosphates  en  milieu  acide  donnent  naissance  à  un  complexe  coloré  en  jaune  avec  le  molybdate  d’ammonium.  L’intensité  de  cette  coloration  est  proportionnelle  à  la  concentration  en  phosphates   inorganiques  dans   l’échantillon  ;   la   coloration   formée  est  mesurée  à  340  nm.    

d) Dosage  de  l’urée    

L’urée  est  hydrolysée  en  présence  d’eau  et  d’uréase  pour  donner  naissance  à  de  l’ammoniac   et   à   du   dioxyde   de   carbone.   En   présence   de   glutamate   déshydrogénase  (GLDH)   et   de   nicotinamide   adénine   dinucléotide   sous   forme   réduite   (NADH),  l’ammoniac  se  combine  à  l’α-­‐cétoglutarate  (α-­‐CG)  pour  former  du  L-­‐glutamate.  

Page 67: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  67  

La  diminution  de  l’absorbance  à  340  nm  qui  en  résulte,  suite  à  la  conversion  du  NADH  en  NAD,  est  proportionnelle  à  la  concentration  en  urée  dans  l’échantillon.  

 Figure  14  :  Dosage  de  l'urée  

 

2. Dosages  hormonaux  

a) Dosage  du  FGF23  intact  (ELISA)    

Le   principe   du   dosage   ELISA   (Enzyme   Linked   Immunosorbent   Assay)   est   un  dosage  immunologique  en  2  étapes.  La  première  réaction  mise  en  place  comprend  l’incubation  de  l’échantillon  contenant  le  FGF23  avec  l’anticorps  immobilisé  dans  les  micropuits.  Le  FGF23  dans  l’échantillon  est  alors  capté  par  cet  anticorps.    

Ensuite,   le   FGF23   ainsi   immobilisé   est   incubé   avec   un   anticorps   HRP   (Horse  Radish  Peroxydase)  pour  former  un  complexe  «  sandwich  ».  Parce   que   la   liaison   du   HRP   dépend   de   la   quantité   de   FGF23,   celle-­‐ci   peut   être  déterminée   en   mesurant   de   manière   colorimétrique   la   quantité   de   TMBZ  (Tétraméthylbenzidine)  via  une  réaction  utilisant   le  TMBZ  et   le  peroxyde  d’hydrogène  en  tant  que  substrats.  

Page 68: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  68  

 Figure  15  :  Principe  du  dosage  du  FGF23  par  méthode  ELISA  

 Il  est  à  noter  que  cette  réaction  ainsi  obtenue  présente  les  caractéristiques  suivantes  :  

-­‐   haute   spécificité  :   peu   d’implications   des   autres   composants   sériques   sur   la  réaction.  

-­‐  haute  sensibilité  :  la  concentration  minimale  détectable  est  de  3  pg/mL.  -­‐   large   gamme   de   détection  :   la   concentration  maximale   détectable   est   de   800  

pg/mL.    Remarque  :   le  FGF23   intact  semble  être  hautement   instable  du   fait  de   la  décroissance  de  l’immuno-­‐réactivité  à  travers  le  temps.    

b) Dosage  de  la  PTH  intacte  (ELISA)    

Le  test  PTH  intacte  ELISA  sert  à  déterminer  la  quantite  de  PTH  intacte  (hormone  parathyroïdienne  intacte  ou  iPTH)  dans  le  sérum.  

 Le   dosage   immunologique   PTH   intacte   est   un   test   ELISA   [Enzyme-­‐Linked  

ImmunoSorbent   Assay]   à   deux   sites   («en   sandwich»),   servant   à  mesurer   la   chaîne   de  PTH  biologiquement  intacte.    

 Dans  ce  dosage,  les  étalons,  les  contrôles  ou  les  échantillons  des  patients  ont  été  

simultanément  incubés  avec  l'anticorps  marqué  à  l’enzyme  et  avec  un  anticorps  couplé  à  la   biotine   dans   un   puits   à   microplaques   recouvert   de   streptavidine.   À   la   fin   de  l'incubation,   les  composants  libres  sont  retirés  du  puits  par  lavage  et  l'enzyme  liée  à  la  

Page 69: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  69  

phase  solide  est  incubée  avec  le  substrat,  le  tétraméthylbenzidine  (TMB).  On  ajoute  alors  une   solution   bloquante   acide   pour   arrêter   la   réaction   dont   la   couleur   devient   jaune.  L'intensité   de   la   couleur   jaune   est   directement   proportionnelle   à   la   concentration   de  PTH  intacte  dans  l'échantillon.  À  l'aide  des  résultats  fournis  par  les  étalons,  on  crée  une  courbe  dose-­‐réponse  indiquant  l'unité  d'absorbance  en  fonction  de  la  concentration.  Les  concentrations   de   PTH   intacte   présentes   dans   les   contrôles   et   les   échantillons   des  patients  sont  directement  déterminées  à  partir  de  cette  courbe.      

c) Dosage  de  la  vitamine  D    

Le  dosage  de   la  vitamine  D  a  été  réalisé  par  un   immunodosage  dont   le  principe  est  celui  d’une  méthode  immunoenzymatique  par  compétition  associée  à  une  détection  finale  en   fluorescence  (ELFA).  Cet   immunodosage  permet   la  détection  équimolaire  des  dérivés   25-­‐hydroxylés   de   la   vitamine   D2   (ergocalciférol)   et   de   la   vitamine   D3  (cholécalciférol).   Ces   formes   activées   de   vitamine   D   représentent   la   forme   principale  circulante   dans   le   plasma   et   sont   considérées   comme   représentatives   de   la   ressource  globale  de  stockage  de  l’organisme.  Ces  dérivés  25-­‐hydroxylés  servent  de  substrats  à  la  1α-­‐hydroxylase  pour  l’activation  terminale  en  calcitriol  (1,25  diOH-­‐cholécalciférol  pour  la  vitamine  D3)  sous  un  déterminisme  principalement  PTH  dépendant.    

 Le  dosage  de  ces  métabolites  25-­‐OH  vit  D  a  été  réalisé  à  l’aide  des  réactifs  Vidas®  

25   OH   vitamine   D   total   (BioMérieux)   adaptés   à   la   détection   sur   appareil   Vidas  (BioMérieux).  

 Le   dosage   de   la   1,25-­‐diOH   cholécalciférol   (dosage   en   RIA   après   extraction)   n’a  

pas  pu  être  conduit  du  fait  de  l’insuffisance  de  volume  des  échantillons  prélevés  car  ce  dosage  requiert  plus  d’1  mL  de  sérum,  volume  difficilement  atteint  chez  le  chat.  

 

3. Analyses  statistiques    

Les   différentes   analyses   statistiques   ont   été   réalisées   à   l’aide   du   logiciel   Prism.  Les  résultats  ont  été  représentés  sous  forme  de  box-­‐plot  avec  la  médiane  et  les  95ème  et  5ème  percentiles.  La   significativité   statistique  a  été  déterminée  comme  P  <  0.05  ou  P  <  0.001  en  fonction  de   la  puissance  du  test  statistique.  Les  variables  ont  été  considérées  comme   respectant   une   distribution   normale   à   l’exception   de   la   concentration  plasmatique   de   FGF23   dont   l’amplification   exponentielle   ne   permettait   pas   de  considérer  sa  distribution  comme  normale.  Pour  palier  à  cette  insuffisance  des  tests  non  paramétriques  ont  été  utilisés.  

 Les  analyses  statistiques  pour  la  réalisation  des  comparaisons  entre  les  groupes  

ont   été   réalisées   grâce   aux   tests   de   comparaisons   de   Kruskal-­‐Wallis   et   le   test   U-­‐   de  Mann-­‐Whitney.    

 

Page 70: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  70  

Les  analyses  de  corrélation  entre  les  concentrations  plasmatiques  de  FGF23  et  la  PTH  ou  la  phosphatémie  ou  la  concentration  plasmatique  de  25-­‐OH  vitamine  D  ont  été  évaluées  en  utilisant  le  coefficient  de  corrélation  de  Spearman.  

II. Résultats  

A. Etablissement  d’un  intervalle  de  référence  chez  les  chats  sains    

Une  approche  de  détermination  des  valeurs  usuelles  a  été  réalisée  sur  18  chats  ne  présentant  pas  de  paramètres  biologiques  ou  de   signes   cliniques  apparentés   à  une  MRC.  L’intervalle  de  référence  proposé  est  de  133.8  ±  33.7  pg/mL.    

B. Comparaison  entre  FGF23  et  stades  IRIS    

Les  échantillons  sanguins  de  38  chats  ont  été  analysés  pour  leur  concentration  en  FGF23  et  les  animaux  ont  été  répartis  en  fonction  de  leur  concentration  plasmatique  de  créatinine  permettant  leur  graduation  dans  les  différents  stades  IRIS  (Figure  16).  

 La   concentration   plasmatique   de   FGF23   augmente   de   façon   exponentielle   en  

fonction   de   l’augmentation   de   la   créatininémie   et   donc   du   stade   IRIS   de   la   maladie.  Même   si   cette   différence   ne   devient   significative   que   pour   les   stades   IRIS   les   plus  avancés  (stades  3  et  4).  

 Aucune  différence  significative  n’a  pu  être  mise  en  évidence  avec  le  stade  IRIS  2.    

                 

             

Figure  16  :  Box-­‐plot  illustrant  la  concentration  du  FGF23  en  fonction  de  l'évolution  de  la  MRC  

   

Page 71: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  71  

C. Comparaison  entre  PTH  et  stades  IRIS    

L’étude   de   la   comparaison   entre   le   stade   IRIS   de   l’animal   et   la   concentration  plasmatique  en  PTH  est  représentée  dans  la  figure  17.    

 Une   augmentation   significative   de   la   concentration   de   PTH   est   observée  

principalement   pour   les   stades   IRIS   3   et   4   arguant   de   l’installation   de  l’hyperparathyroïdie  secondaire  rénale  avec  l’aggravation  de  la  maladie.  

                               

 Figure  17  :  Box-­‐plot  illustrant  la  concentration  de  PTH  en  fonction  de  l'évolution  de  la  MRC.  

 La   corrélation   entre   les   concentrations   plasmatiques   de   PTH   et   de   FGF23   est  

représentée  dans   la   figure  18.  L’analyse  de  Spearman  de  ces  deux  variables  ne  permet  pas  de  supporter  l’existence  d’une  corrélation  (P  =  0.18,  r  =  -­‐0.19).  

Page 72: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  72  

                             

 Figure  18  :  Relation  entre  la  distribution  des  concentrations  plasmatiques  de  PTH  et  de  FGF23.  

 

D. Comparaison  entre  Phosphore  et  FGF23    

 La  comparaison  entre  la  phosphatémie  et  le  stade  IRIS  de  la  MRC  est  représentée  

dans  la  Figure  19.                                      

   

Figure  19  :  Box-­‐plot  illustrant  la  concentration  de  Phosphate  en  fonction  de  l'évolution  de  la  MRC.  

 

Page 73: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  73  

  Une  évolution  significative  entre  les  groupes  est  observée  entre  le  stade  IRIS  4  et  les   stades   1,   2   et   3,   la   phosphatémie   devenant   très   élevée   dans   le   stade   ultime   de   la  progression  de  la  MRC.       La   comparaison   entre   la   valeur   de   FGF23   et   la   phosphatémie   est   représentée  dans  la  figure  20.  Une  analyse  de  corrélation  de  Spearman  entre  ces  deux  variables  a  mis  en  évidence  une  très  forte  interdépendance  (P  <  0.0001,  r  =  0.51)  quelque  soit  le  stade  de  la  maladie.  

                             

   

Figure  20  :  Relation  entre  la  distribution  des  concentrations  plasmatiques  de  Phosphate  et  de  FGF23  

 

E. Comparaison  entre  25-­‐0H  vitamine  D  et  FGF23    

  La  comparaison  entre  la  valeur  de  FGF23  et  la  concentration  plasmatique  de  25-­‐OH   vitamine   D   a   été   recherchée   et   est   représentée   dans   la   figure   21.   Une   analyse   de  corrélation   de   Spearman   entre   ces   deux   variables   a  mis   en   évidence   une   absence   de  dépendance  (P  =  0.016,  r  =  0.20)  quelque  soit  le  stade  de  la  maladie.                

               

0 5 10 151

10

100

1000

10000

Phosphatémie (mM)

FGF2

3 (p

g/m

L)

Corrélation de Spearman P < 0.0001, r = 0.51

Page 74: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  74  

                               

Figure  21  :  Relation  entre  la  distribution  des  concentrations  de  vitamine  D  et  de  FGF23  

 

III. Discussion    Validation  analytique  du  dosage  sanguin  de  FGF-­‐23  

 Pour  évaluer  l’implication  du  FGF23  dans  la  mise  en  place  de  l’HPSR  chez  le  chat  

et   afin   de   caractériser   le   plus   précocement   possible   l’installation   de   l’HPSR   dans   un  contexte   de   MRC,   nous   avons   évalué   différents   kits   d’immunodosage.   Il   n’existe   pas  d’outils   analytiques   commerciaux   pour   un   dosage   spécifique   du   FGF23   chez   les  carnivores  domestiques.  Les  principaux  immunodosages  disponibles  sont  orientés  pour  le  dosage  de  la  protéine  humaine.  La  stratégie  mise  en  avant  dans  notre  étude  était  de  mettre  à  profit  une  éventuelle  antigénicité  croisée  qui  nous  aurait  permis  d’accrocher  la  protéine  chez  le  chat.  Les  immunodosages  exploités  en  médecine  humaine  et  présentant  la   meilleure   sensibilité   sont,   actuellement,   les   immunodosages   dits   de   deuxième  génération.  La  particularité  essentielle  de  ces  nouveaux  dosages  est  d’exclure  la  fraction  dosée  les  peptides  de  clivages  considérés  actuellement  comme  inactifs.  En  effet,  il  a  été  montré,  chez  l’homme,  que  deux  peptides  de  FGF23,  issus  du  clivage  de  la  forme  intacte  entre  les  acides  aminés  176  et  179,  étaient  également  détectables  dans  le  plasma  par  les  tests   de   première   génération.   Notre   tentative   pour   utiliser   ces   systèmes   de   dosage  récents   s’est   avérée,   au  moins  pour   l’immunodosage  utilisé,   être  un   échec.   En   effet,   la  sensibilité  de  notre  dosage,  évaluée  sur  une  dizaine  d’échantillons  de  chats  normaux  ou  présentant  divers  grades  de  MRC,  était  très  basse  (résultats  non  montrés)  suggérant  une  faible   antigénicité   croisée.   Le   retour   à   un   immunodosage   de   première   génération   a  permis  de  retrouver  une  sensibilité  analytique  permettant   le  dosage  du  FGF23  chez   le  chat.   La   sensibilité   réelle   de   ce   test,   dans   cette   espèce   non   cible,   n’a   pas   pu   être  réellement   évaluée   ne   disposant   pas   d’un   système   d’étalonnage   approprié   (forme  intacte  et  purifiée  du  FGF23  félin).  Toutefois,  la  dynamique  des  concentrations  obtenues  

Page 75: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  75  

chez  le  chat,  à  savoir,  depuis  la  limite  de  détection  (3  pg/mL)  jusqu’à  des  concentrations  de  près  de  10.000  pg/mL  (animal  non  inclus  dans  l’étude  car  ne  présentant  pas  de  MRC)  ainsi   que   la   réponse   observée   au  parallélisme  de  dilution   réalisés   sur   les   échantillons  élevés  suggèrent  une  bonne  sensibilité  et  une  bonne  spécificité  du  test.  Par  ailleurs,  cet  immunodosage  avait  fait  l’objet  d’une  validation  analytique  chez  le  chat  (31).  Toutefois,  dans   nos   conditions   expérimentales,   les   concentrations   observées   entre   les   différents  stades  de  MRC  étaient  de  3  à  10  fois  plus  faibles  que  dans  l’étude  de  référence  (7).  Cette  différence   considérable   dans   les   concentrations   mesurées   est   questionnable.   En  considérant   qu’il   n’y   ait   pas   de   déviance   analytique   entre   les   deux   groupes,   cette  différence  pourrait  éventuellement  être  expliquée  par  la  différence  dans  le  recrutement  des  animaux.  En  effet,  dans  les  études  princeps  réalisées  par  l’équipe  de  R.F.  Geddes  au  Royal  Veterinary  College  ont   été   conduites   sur  des   animaux   en  pathologie   gériatrique  très  largement  âgés  de  plus  de  9  ans  alors  que  notre  étude  a  été  menée  sur  des  animaux  tout  venant,  incluant  les  jeunes,  à  partir  du  moment  où  la  maladie  rénale  chronique  était  diagnostiquée.  Ainsi,   il  est  possible  que  l’âge  des  animaux  influent  sur  la  concentration  plasmatique  de  FGF23.  Une  autre  explication  pourrait  résider  sur  le  côté  exponentielle  de  l’amplification  avec  l’aggravation  de  la  MRC.  

 La   détermination   des   valeurs   usuelles   chez   le   chat   réalisée   sur   18   animaux  

supposés  sains,  permet  de  proposer  une  concentration  moyenne  de  133.8  ±  33.7  pg/mL.  Dans   cette   étude   et   avec   un   échantillonnage   très   restreint,   des   écarts   individuels  importants   ont   été   observés.   Ces   apparentes   variations   individuelles   ont   déjà   été  observées  avec  des  concentrations  s’échelonnant  de  56  à  700  pg/mL  (38).  Parce  que  ces  variations   individuelles   peuvent   éventuellement   rendre   difficile   l’exploitation   clinique  de  ce  paramètre,   il  apparaît   indispensables  d’étendre  l’échantillonnage  pour  en  borner  plus  fidèlement  les  extrémités.  

 Ainsi,   le   dosage   de   FGF23   peut   être   réalisé   chez   le   chat   à   l’aide   d’un  

immunodosage  de  première  génération  permettant  ainsi  d’évaluer   la  pertinence  de  ce  dosage  dans  l’installation  et  le  suivi  de  la  MRC  chez  le  chat.      Pertinence   du   dosage   du   FGF23   dans   le   cadre   de   la   MRC   et   l’installation   de  l’hyperparathyroïdie  secondaire  rénale      

Les  chats,   inclus  dans  cette  étude,  présentaient  une  évolution  naturelle  de  MRC  en   l’absence   d’hyperthyroïdie   associée   permettant   de   graduer   l’importance   de   cette  MRC  en   fonction  de   la   créatininémie.   Ce   résultat   conforte   les   observations   rapportées  montrant   que   ce   paramètre   évolue   avec   la  MRC   du   chat   permettant   ainsi   de   graduer  l’importance   de   la   maladie.   L’augmentation   du   FGF23   plasmatique   accompagnant   la  diminution   du   débit   de   filtration   rénale   (GFR)   a   fait   l’objet   de   plusieurs   études   chez  l’homme(39)   .Toutefois,   l’augmentation  non   significative  du  FGF23  pour   les   stades   les  plus  précoces  (IRIS  1  et  2)  correspondant  à  une  phase  sub-­‐clinique  de  la  maladie  semble  rendre  peu  pertinent  l’utilisation  éventuel  de  ce  paramètre  dans  le  diagnostic  précoce  de  la   maladie   rénale.   Par   contre,   comme   chez   l’homme,   il   apparaît   que   la   concentration  plasmatique  du  FGF23  soit  un  facteur  prédictif  de  l’aggravation  de  la  maladie  rénale  et  son  évolution  vers  l’anomalie  de  l’homéostasie  phosphocalcique.  

Page 76: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  76  

 Cette   augmentation,   extrêmement   marquée   pour   les   groupes   les   plus   évolués  

dans   la  maladie   (stades   IRIS   3   et   4),   accompagne   l’augmentation   de   la   phosphatémie  comme   le   justifie   la   très   forte   corrélation   entre   ces   deux   paramètres   (P   <   0.0001,   r   =  0.51).   En   effet,   la   concentration   de   FGF23   est   significativement   plus   élevée   chez   les  animaux  présentant  la  phosphatémie  la  plus  forte.  Il  a  été  montré  que  le  FGF23  circulant  est  augmenté  par  les  apports  digestifs  en  phosphate  et  l’élévation  de  la  phosphatémie  ou  de   la   calcitriolémie  et  que   l’invalidation  du  gène,   chez   la   souris,   est   responsable  d’une  hyperphosphatémie   (Liu   et   al.,   2003).   Cette   corrélation   observée   est   à  mettre   en   lien  avec  les  propriétés  du  FGF23  à  diminuer  la  phosphatémie,  rôle  initialement  attribué  à  la  PTH.   En   effet,   si   il   apparaît   dans   notre   étude   que   les   stades   IRIS   3   et   4   présentaient  effectivement   une   augmentation   plus   importante   de   la   concentration   de   PTH,   la  corrélation  entre  les  concentrations  plasmatiques  de  FGF23  et  de  PTH  est  extrêmement  faible   au   plan   statistique   (P   =   0.18,   r   =   -­‐0.19)   laissant   sous   entendre   l’absence  d’interdépendance   entre   ces   paramètres.   Cette   observations   suggèrent   que  l’hyperparathyroïdie   secondaire   rénale   et   l’augmentation   du   FGF23   accompagnent   la  MRC  chez   le  chat   indépendamment   l’un  de   l’autre.  Or,   il  a  été  montré  chez   l’homme  et  dans  les  modèles  animaux  que  l’augmentation  de  FGF23  est  responsable  de  la  baisse  de  la   calcitriolémie  et  de   la  genèse  de   l’hyperparathyroïdie   secondaire   .  Chez   l’homme,   la  phosphatémie   et   la   concentration   de   PTH   sont   corrélées   aux   concentrations  plasmatiques  de  FGF23.  Pour  essayer  d’appréhender  cette  apparente  contradiction,  un  dosage   de   la   réserve   de   vitamine   D   a   été   entrepris   chez   ces   chats.   L’absence   de  corrélation  entre  la  concentration  en  25-­‐OH  vitamine  D  et  la  concentration  plasmatique  de  FGF23  (ou  la  phosphatémie)  ne  renseigne  pas  davantage  sur  la  réelle  implication  du  FGF23  dans  l’établissement  de  l’hyperparathyroïdie  secondaire.  Le  dosage  du  calcitriol  aurait   été   plus   pertinent   à   réaliser   mais   l’importance   du   volume   requis   pour   la  réalisation  du  dosage  de  1,25-­‐diOH  vitamine  D  n’a  pas  permis  cette  approche.  Toutefois,  le   rétrocontrôle   négatif   puissant   du   calcitriol   sur   la   15-­‐hydroxylase   aurait   pu  éventuellement   permettre   d’objectiver   l’impact   du   FGF23   sur   la   calcitriolémie   et  l’établissement  de  la  l’hyperparathyroïdie  secondaire.  Enfin,  le  dosage  de  la  PTH  chez  les  carnivores  reste  délicat  du  fait  du  côté  très  labile  du  paramètre  hormonal  et  la  difficulté  éventuelle  à  pouvoir  toujours  garantir  l’absence  de  biais  pré-­‐analytique.    

 En   conclusion,   notre   étude   conforte   les   résultats   décrits   que   le   FGF23   est   un  

paramètre   hormonal   pertinent   à   évaluer   chez   le   chat.   La   concentration   plasmatique  semble  peu  pertinente  pour   le  diagnostic  précoce  de   la  maladie   rénale  mais   se   trouve  être  d’une  bonne  valeur  prédictive  de  l’aggravation  de  la  maladie  rénale  chronique  et  de  son  orientation  vers  le  déséquilibre  de  l’homéostasie  phospho-­‐calcique  qui  conduit,  par  lui-­‐même,   en   l’aggravation   des   lésions   tubulaires.   Son   rôle   dans   l’installation   de  l’hyperparathyroïdie   secondaire   n’est   pas   clair   chez   le   chat.   La   mise   en   œuvre   d’une  approche   appropriée   semble   essentielle   pour   appréhender   ce   processus  physiopathologique  morbide.        

Page 77: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  77  

Conclusion    

   

Page 78: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  78  

     

Page 79: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  79  

Bibliographie        

1.     Paepe  D,  Daminet  S.  Feline  CKD:  Diagnosis,  staging  and  screening  -­‐  what  is  recommended?  J  Feline  Med  Surg.  2013  Sep  1;15(1  Suppl):15–27.    

2.     Reynolds  BS,  Lefebvre  HP.  Feline  CKD:  Pathophysiology  and  risk  factors  -­‐-­‐  what  do  we  know?  J  Feline  Med  Surg.  2013  Sep  1;15(1  Suppl):3–14.    

3.     Cotard  J-­‐P.  Néphrologie  et  urologie  du  chien  et  du  chat.  1993.  488p  p.    

4.     Barber  PJ,  Elliott  J.  Feline  chronic  renal  failure:  calcium  homeostasis  in  80  cases  diagnosed  between  1992  and  1995.  J  Small  Anim  Pract.  1998;39(3):108–16.    

5.     Babitt  JL,  Lin  HY.  Mechanisms  of  Anemia  in  CKD.  J  Am  Soc  Nephrol.  2012  Oct  1;23(10):1631–4.    

6.     Kidder  AC,  Chew  D.  Treatment  options  for  hyperphosphatemia  in  feline  CKDWhat’s  out  there?  J  Feline  Med  Surg.  2009  Nov;11(11):913–24.    

7.     Geddes  RF,  Elliott  J,  Syme  HM.  The  Effect  of  Feeding  a  Renal  Diet  on  Plasma  Fibroblast  Growth  Factor  23  Concentrations  in  Cats  with  Stable  Azotemic  Chronic  Kidney  Disease.  J  Vet  Intern  Med.  2013  Nov;27(6):1354–61.    

8.     Geddes  RF,  Finch  NC,  Syme  HM,  Elliott  J.  The  role  of  phosphorus  in  the  pathophysiology  of  chronic  kidney  disease:  Role  of  phosphorus  in  the  pathophysiology  of  CKD.  J  Vet  Emerg  Crit  Care.  2013  Mar;23(2):122–33.    

9.     Finch  NC,  Syme  HM,  Elliott  J.  Parathyroid  hormone  concentration  in  geriatric  cats  with  various  degrees  of  renal  function.  J  Am  Vet  Med  Assoc.  2012;241(10):1326–35.    

10.     Gutierrez  OM.  Fibroblast  Growth  Factor  23  and  Disordered  Vitamin  D  Metabolism  in  Chronic  Kidney  Disease:  Updating  the  “Trade-­‐off”  Hypothesis.  Clin  J  Am  Soc  Nephrol.  2010  Sep  1;5(9):1710–6.    

11.     Isakova  T,  Wolf  MS.  FGF23  or  PTH:  which  comes  first  in  CKD ?  Kidney  Int.  2010  Nov;78(10):947–9.    

12.     De  Brito  Galvao  JF,  Nagode  LA,  Schenck  PA,  Chew  DJ.  Calcitriol,  calcidiol,  parathyroid  hormone,  and  fibroblast  growth  factor-­‐23  interactions  in  chronic  kidney  disease:  Calcitriol,  calcidiol,  PTH,  and  FGF-­‐23  in  CKD.  J  Vet  Emerg  Crit  Care.  2013  Mar;23(2):134–62.    

13.     Demory  C.  Parathormone  et  hyperparathyroïdie  secondaire  rénale.  Point  Vét.  (242):18–25.    

14.     Kazama  JJ,  Gejyo  F,  Shigematsu  T,  Fukagawa  M.  Role  of  circulating  fibroblast  growth  factor  23  in  the  development  of  secondary  hyperparathyroidism.  Ther  Apher  Dial.  2005;9(4):328–30.    

Page 80: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  80  

15.     Martin  A,  David  V,  Quarles  LD.  Regulation  and  Function  of  the  FGF23/Klotho  Endocrine  Pathways.  Physiol  Rev.  2012  Jan  1;92(1):131–55.    

16.     Fukumoto  S,  Yamashita  T.  FGF23  is  a  hormone-­‐regulating  phosphate  metabolism—Unique  biological  characteristics  of  FGF23.  Bone.  2007  May;40(5):1190–5.    

17.     Yamashita  T.  Structural  and  biochemical  properties  of  fibroblast  growth  factor  23.  Ther  Apher  Dial.  2005;9(4):313–8.    

18.     Liu  S,  Quarles  LD.  How  Fibroblast  Growth  Factor  23  Works.  J  Am  Soc  Nephrol.  2007  May  18;18(6):1637–47.    

19.     Wolf  M.  Forging  Forward  with  10  Burning  Questions  on  FGF23  in  Kidney  Disease.  J  Am  Soc  Nephrol.  2010  Sep  1;21(9):1427–35.    

20.     Silver  J,  Naveh-­‐Many  T.  FGF-­‐23  and  secondary  hyperparathyroidism  in  chronic  kidney  disease.  Nat  Rev  Nephrol.  2013  Jul  23;9(11):641–9.    

21.     Wolf  M.  Update  on  Fibroblast  Growth  Factor  23  in  Chronic  Kidney  Disease.  Kidney  Int.  2012  Oct;82(7):737–47.    

22.     Kovesdy  CP,  Quarles  LD.  Fibroblast  growth  factor-­‐23:  what  we  know,  what  we  don’t  know,  and  what  we  need  to  know.  Nephrol  Dial  Transplant.  2013  Sep  1;28(9):2228–36.    

23.     Tan  S-­‐J,  Smith  ER,  Hewitson  TD,  Holt  SG,  Toussaint  ND.  The  importance  of  klotho  in  phosphate  metabolism  and  kidney  disease:  Klotho:  phosphate  metabolism  and  kidney  disease.  Nephrology.  2014  Aug;19(8):439–49.    

24.     Gutiérrez  OM.  Fibroblast  growth  factor  23,  Klotho,  and  disordered  mineral  metabolism  in  chronic  kidney  disease:  unraveling  the  intricate  tapestry  of  events  and  implications  for  therapy.  J  Ren  Nutr.  2013;23(3):250–4.    

25.     Larsson  T.  Un  rapido  aggiornamento  su  FGF23  per  il  nefrologo  clinico  Un  rapido  aggiornamento  su  FGF23  per  il  nefrologo  clinico  A  brief  update  on  FGF23  for  the  clinical  nephrologist.    

26.     Stubbs  J,  Liu  S,  Quarles  LD.  PHOSPHORUS  METABOLISM  AND  MANAGEMENT  IN  CHRONIC  KIDNEY  DISEASE:  Role  of  Fibroblast  Growth  Factor  23  in  Phosphate  Homeostasis  and  Pathogenesis  of  Disordered  Mineral  Metabolism  in  Chronic  Kidney  Disease:  ROLE  OF  FGF23  IN  CHRONIC  KIDNEY  DISEASE.  Semin  Dial.  2007  Jul  17;20(4):302–8.    

27.     Guo  Y-­‐C,  Yuan  Q.  Fibroblast  growth  factor  23  and  bone  mineralisation.  Int  J  Oral  Sci.  2015  Feb  6;    

28.     Nakai  K,  Komaba  H,  Fukagawa  M,  others.  New  insights  into  the  role  of  fibroblast  growth  factor  23  in  chronic  kidney  disease.  J  Nephrol.  2010;23(6):619–25.    

29.     Hu  MC,  Shiizaki  K,  Kuro-­‐o  M,  Moe  OW.  Fibroblast  Growth  Factor  23  and  Klotho:  Physiology  and  Pathophysiology  of  an  Endocrine  Network  of  Mineral  Metabolism.  Annu  Rev  Physiol.  2013  Feb  10;75(1):503–33.    

Page 81: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  81  

30.     Rodríguez  M,  López  I,  Muñoz  J,  Aguilera-­‐Tejero  E,  Almaden  Y.  FGF23  and  mineral  metabolism,  implications  in  CKD-­‐MBD.  Nefrologia.  2012;32(3):275–8.    

31.     Geddes  RF,  Finch  NC,  Elliott  J,  Syme  HM.  Fibroblast  Growth  Factor  23  in  Feline  Chronic  Kidney  Disease.  J  Vet  Intern  Med.  2013  Mar;27(2):234–41.    

32.     Lavi-­‐Moshayoff  V,  Wasserman  G,  Meir  T,  Silver  J,  Naveh-­‐Many  T.  PTH  increases  FGF23  gene  expression  and  mediates  the  high-­‐FGF23  levels  of  experimental  kidney  failure:  a  bone  parathyroid  feedback  loop.  AJP  Ren  Physiol.  2010  Oct  1;299(4):F882–9.    

33.     Quarles  LD.  Role  of  FGF23  in  vitamin  D  and  phosphate  metabolism:  Implications  in  chronic  kidney  disease.  Exp  Cell  Res.  2012  May;318(9):1040–8.    

34.     Seiler  S,  Heine  GH,  Fliser  D.  Clinical  relevance  of  FGF-­‐23  in  chronic  kidney  disease.  Kidney  Int.  2009  Dec;76:S34–42.    

35.     Jüppner  H.  Phosphate  and  FGF-­‐23.  Kidney  Int.  2011;79:S24–7.    

36.     Gupta  A,  Winer  K,  Econs  MJ,  Marx  SJ,  Collins  MT.  FGF-­‐23  Is  Elevated  by  Chronic  Hyperphosphatemia.  J  Clin  Endocrinol  Metab.  2004  Sep;89(9):4489–92.    

37.     De  Borst  MH,  Vervloet  MG,  ter  Wee  PM,  Navis  G.  Cross  Talk  Between  the  Renin-­‐Angiotensin-­‐Aldosterone  System  and  Vitamin  D-­‐FGF-­‐23-­‐klotho  in  Chronic  Kidney  Disease.  J  Am  Soc  Nephrol.  2011  Sep  1;22(9):1603–9.    

38.     Finch  NC,  Geddes  RF,  Syme  HM,  Elliott  J.  Fibroblast  Growth  Factor  23  (FGF-­‐23)  Concentrations  in  Cats  with  Early  Nonazotemic  Chronic  Kidney  Disease  (CKD)  and  in  Healthy  Geriatric  Cats.  J  Vet  Intern  Med.  2013  Mar;27(2):227–33.    

39.     Larsson  T,  Nisbeth  U,  Ljunggren  O.  Circulating  concentration  pf  FGF-­‐23  increases  as  renal  function  declines  in  patients  with  chronic  kidney  disease,  dut  does  not  change  in  response  to  variation  in  phosphate  intake  in  healthy  volunteers.  Kidney  Int.  2003;(64):2272–9.    

 

                               

Page 82: THESE Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences Mme GRAIN Françoise

  82  

NOM PRENOM : DEMENOIS Albane TITRE : EVALUATION DE L’IMPLICATION DU FIBROBLAST GROWTH FACTOR 23 (FGF-23) DANS L’INSTALLATION DE L’HYPERPARATHYROÏDIE SECONDAIRE RENALE CHEZ LE CHAT Thèse d’Etat de Doctorat Vétérinaire : Lyon, le 30 Octobre 2015 RESUME : Le FGF-23, récemment caractérisée comme le principal facteur hormonal responsable de la phosphaturie, se présente comme un élément déterminant dans la réponse physiopathologique du rein lors des manifestations d’hyperparathyroïdie secondaire rénale accompagnant fréquemment l’insuffisance rénale chronique. La concentration plasmatique du FGF-23 mesurée sur des chats insuffisants rénaux s’accroît significativement avec l’aggravation du stade de classification de la maladie rénale et explique, à elle seule, la phosphatémie associée au grade. Toutefois, à la lumière de cette étude, les concentrations de FGF-23 deviennent significativement plus élevées pour les stades IRIS 3 et 4 le rendant ainsi peu exploitable comme paramètre précoce d’évaluation de la maladie rénale. Compte tenu du processus physiopathologique accompagnant l’augmentation de sa concentration plasmatique lors de l’insuffisance rénale, on était en droit de penser qu’elle serait un élément déterminant dans la caractérisation de l’hyperparathyroïdie secondaire rénale pouvant accompagner la maladie rénale. Dans cette étude, et d’une façon inattendue, ce travail n’a pas permis de retrouver de dépendance entre la concentration plasmatique observée de FGF-23 avec celle de la PTH correspondante, que ce soit au sein de l’ensemble des chats inclus dans l’étude ou auprès de la population restreinte aux animaux ayant développé une hyperparathyroïdie secondaire rénale. MOTS CLES : - Hyperparathyroïdie - Facteur de croissance du fibroblaste - Insuffisance rénale chronique - Chat domestique - Physiopathologie JURY : Président : Madame le Professeur Claire Rodriguez-Lafrasse 1er Assesseur : Monsieur le Professeur Thierry Buronfosse 2ème Assesseur : Monsieur le Professeur Thierry Marchal DATE DE SOUTENANCE : 30 Octobre 2015 ADRESSE DE L’AUTEUR : 21, route d’Albi 82370 SAINT NAUPHARY