Ministère de la Culture - Des sous-mariniers, un corps d' lite ......métiers, il existe entre...

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DES SOUS-MARINIERS "UN CORPS D ! ELITE" de la Marine nationale française Aliette Geistdoerfer Rapport final Mission du patrimoine ethnologique Ministère de la Culture juin 1997

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  • DES SOUS-MARINIERS

    "UN CORPS D! ELITE"

    de la Marine nationale française

    Aliette Geistdoerfer

    Rapport final

    Mission du patrimoine ethnologique Ministère de la Culture

    juin 1997

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    Je tiens à remercier tous ceux qui m'ont aidée et qui veulent bien continuer à m'aider pour poursuivre cette étude, tout particulièrement l'amiral Guilhem Ducléon, Vamiral Roy, le Commandant Massoneau et Vaspirant Quivouron et tous les sous-mariniers et anciens sous-mariniers que fai rencontrés.

    Introduction

    Travaillant depuis plusieurs années avec les marins pêcheurs pour mettre en évidence les spécificité de leurs pratiques techniques et sociales j'ai voulu travailler avec d'autres marins afin d'acquérir des connaissances supplémentaires sur les activités maritimes, permettant l'acquisition de variantes ethnographiques pouvant multiplier des comparaisons et enrichir les hypothèses proposées. En outre travaillant dans le domaines de l'anthropologie des techniques comme les pêcheurs les sous-mariniers sont des gens de métiers qui ont acquis et développent tous les jours leurs savoirs et savoir-faire. Ceux-ci étant attachés à la mer, aux bateaux, à la vie et au travail en mer je me doute que leur compréhension ne peut qu'enrichir nos travaux sur les gens de mer.

    J'ai donc entrepris une recherche ethnologique sur les sous-mariniers français.

    Ce projet se fonde sur les travaux réalisés de longue date en anthropologie maritime ( CETMA et CNRS-UPR 191) sur les relations des "gens de mer" et de "leurs" bateaux du point de vue social, technique et symbolique. Cette recherche était inscrite dans un contexte particulier : la Marine nationale envisageait de transformer le premier sous-marin nucléaire français — aujourd'hui désarmé, "Le Redoutable" — en objet de musée sur le site de Cherbourg, port militaire et haut lieu de la construction des sous-marins français.

    Les recherches que je proposais de mener répondaient à un double objectif. II s'agissait d'élargir le champ de l'anthropologie maritime à l'étude de la marine nationale, domaine jusqu'à présent très peu exploré, tout en ouvrant de nouvelles perspectives quant à la "patrimonialisation" du champ maritime qui a d'abord pris en compte les bateaux de pêche anciens et les petits bateaux de cabotage pour s'étendre désormais aux témoins de la Marine de guerre.

    Etat des recherches

    Sociologues et ethnologues se sont peu intéressés aux marins de la Marine nationale alors que les historiens, au contraire, ont écrit de multiples histoires de la marine et de la vie des marins de guerre, véritable littérature scientifique et para-scientifique.

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    Les références disponibles concernent essentiellement les sous-marins et traitent de leur histoire dans la flottille militaire française ainsi que des techniques de navigation et de construction.

    Des récits descriptifs, souvent romancés, relatent également l'histoire des guerres sous-marines ; nombreux sont les ouvrages de mémoires d'officiers sous-mariniers. Nombreux sont aussi les récits du rôle des sous-mariniers au cours de la Deuxième guerre mondiale ; plusieurs récits écrits en allemand sur ce thème ont été traduits en français ceci est du au rôle déterminant qu'eurent ces sous-marins allemands durant cette guerre. La France a été marqué par ce rôle, cette efficacité à laquelle sont dus le nombre tellement élevé de morts en mer. Le paysage français est aussi marqué puisque les trois grands ports de Brest, Lorient et Bordeaux possèdent encore les bases des sous-marins allemands.

    Il existe plus d'ouvrages sur les sous-marins que sur les sous-mariniers et leur mode de vie.

    Enfin, au moment où cette arme allait connaître un développement, quelques ouvrages de droit s'attachent au statut juridique des sous-marins et aux conséquences d'une guerre sous-marine. La Marine nationale a fait faire de études (rapports internes) sur la guerre sous-marine, la vie des sous-mariniers et les problèmes posés par celle-ci.

    Les marins et leurs bateaux Une tradition maritime française

    Il apparaît indispensable pour approfondir la connaissance de la diversité des relations - hommes bateaux! _ d'entreprendre l'étude ethnologique de la Marine nationale qui réunit le troisième corps de marins français^. Ces relations - hommes bateaux - ne dépendant pas seulement du type de bateau, (de sa forme, de sa fonction {marchand, de pêche, de guerrel), mais essentiellement du statut professionnel, économique (poste de travail à bord, type d'armement [artisanal, industriel]) et de l'origine sociale, régionale, des marins et de ceux que les construisent (quelquefois en partie les usagers). Il s'agit, par exemple, de comprendre pourquoi certains groupes de marins, certaines communautés maritimes entretiennent avec leurs embarcations essentiellement des relations techniques, strictement utilitaires et économiques, alors que d'autres groupes, d'autres communautés témoignent d'une appropriation sociale et symbolique.

    1 Homme, atiplóse au sens laijzc ; il s'agit bien deludier aussi les iclalions qui existent cnlrc les I cm mes des marins et les bateaux sur lesquels embarquent les membres de leurs familles, de leur communauté. {Cf. Anthropologie inririiiine, CETMA, n°4, "Statuts cl fonctions des femmes dans les communautés maritimes"). - Nous parlons là de corps prolcssionncls, celui des "inscrits maritimes" ; l'étude des relations cnlrc les plaisanciers et leurs bateaux serait à entreprendre cl apporterait des éléments supplémentaires de comparaison.

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    L'étude ethnologique de la troisième communauté de marins français, celle des marins de guerre de la Marine nationale française, permettra la mise en évidence de spécificité des pratiques techniques et sociales de ces marins qui enrichiront les comparaisons des pratiques des différentes communautés de marins. Mais, si chaque marine - de commerce, de pêche et de guerre -, en France, existe en tant que groupe social et ensemble de métiers, il existe entre elles des éléments communs.

    D'une part, en France, depuis 1681, les "gens de mer" (au commerce, à la pêche et militaire) constituent un corps social particulier dont l'histoire est étroitement liée à celle de la Marine de guerre puisque tout particulièrement le statut administratif et juridique (érigé par Colbert) de chacun - "inscrit maritime" - a été maintenu pendant des siècles en vue de stabiliser et de constituer des armées de mer. Les personnels de l'Administration maritime (les cadres le sont encore) faisaient partie du corps de la Marine nationale.

    D'autre part, nous avons eu l'occasion de reconnaître l'existence d'une "tradition" maritime française issue de cette marine de guerre ; "tradition" qui a évolué mais s'est perpétuée sous différentes formes, par exemple :

    — l'application d'une hiérarchie de fonction comme garante d'une stabilité sociale, — le maintien des appellations - titres militaires - des postes de travail à bord des bateaux, marchands, de pêche, — le vocabulaire technique, — la conception des patronymes des bateaux, etc. Ces formes sont en effet des expressions d'un élément fondamental de

    la "culture maritime" française, elle-même construite autour de la vie à bord (en mer et à quai), que l'on pourrait désigner par l'expression "l'ordre marin", celui-ci recouvrant un "ordre" technique, social et symbolique. Si certaines pratiques et expressions sociales, rituelles, de la Marine militaire sont aussi celles des marins de commerce et de pêche (et réciproquement, par exemple, le tabou du lapin, les noms des bateaux), c'est bien à cause d'éléments constitutifs fondamentaux des relations hommes-mer-bateaux qui concernent, par exemple, le caractère aléatoire et imprévisible des contraintes maritimes, les relations particulières établies avec l'espace et le temps et avec un danger toujours présent, toutes caractéristiques qui concourent à abolir certaines distances sociales entre les trois groupes d'homme de métier, les marins.

    Hypothèses et orientations de la recherche

    Étant donné l'hypothèse émise que, plus que dans les autres marines, de commerce, de pêche, au sein de la marine militaire "la sous marinade"' : le sous-marinier, l'équipage, le commandant et le sous-marin forment un système structuré dont la clef est le sous-marin, nous

    - Appellation non pejorative, qui regroupe sous-marins et sous-marinieis.

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    proposions pour comprendre la communauté des sous-marinier, d'analyser les relations techniques, sociales, rituelles, symboliques qui existent entre ces quatre éléments :

    - les sous-mariniers : origine, formation, carrière, statut, fonction à bord, à terre, ....

    - les équipages : leur constitution, les fonctions, la hiérarchie, .... - le commandant : origine et carrière, fonction, .... - le sous-marin : conception, construction et entretien et

    navigation

    Nous projetions :

    - de réaliser une "monographie" anthropologique sur la vie et le travail des sous-mariniers, marins peu ou mal connus ;

    - de mettre en évidence les spécificité des pratiques des sous-mariniers pour mieux comprendre et identifier ce que nous considérons être les modèles - références, catégories, codes - communs aux trois groupes de marins, de pêche, de commerce et militaires, cela à des fins de comparaison pour mieux analyser les différences, les variantes ;

    - d'aborder la Marine nationale par l'étude de ce qu'elle considère comme son corps d'élite.

    Au moment où quelques-uns font le projet de montrer aux Français le premier sous-marin nucléaire, "Le Redoutable", qui, une fois à terre, va remplir des fonctions bien différentes de ce qu'étaient les siennes, ces connaissances anthropologiques pourront s'inscrire, peut-être2 , dans le projet - de sa mise à terre, de sa transformation en un musée - afin qu'il devienne l'emblème de la Force navale française mais aussi celui d'un corps de constructeurs et de marins, inconnus et qui sont cependant aujourd'hui un des éléments essentiels de la renommée de la Marine nationale ; pour que "Le Redoutable" ne devienne pas un objet uniquement symbolique pour des touristes et des voyageurs hors de son histoire sociale, technique, politique, régionale

    2 - Peut-être, car, en cf fcl, uujouid'hui le piojcl de mise en musée du Redoutable csl un élément d'un vaste programme municipal d'un espace maritime culturel situe" dans l'ancien port marine marchande de Cherbourg.

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    La Marine nationale

    La Marine militaire tient "(...) une place majeur dans le système de défense" da la France "pour qui la mer représente un enjeu essentiel, car :

    - elle a confirmé sa stratégie de dissuasion nucléaire dont le sous-marin est l'instrument principal; (...) La politique de défense de la France, telle qu'elle est définie par le Livre blanc, vise plusieurs objectifs :(...) Cette nouvelle politique de sécurité qui rééquilibre les rôles respectifs dévolus aux forces nucléaires et conventionnelles, combine désormais dissuation, prévention, action et protection. Ainsi aux côtés des autres armées, la marine participe largement à la posture permanente de sûreté et assure les moyens de projection de force et de puissance (...)" p. 3

    Tel est le premier point donné par l'Etat major de la Marine dans son introduction intitulée "Intérêts Français dans le monde et missions de la Marine" au "Dossier d'information Marine -1995".

    "La dissuasion nucléaire repose sur la perception par tout adversaire des risques inacceptables, hors de proportion avec l'enjeu du conflit, qu'entraînerait une agression contre notre pays. L'intensité des effets detructeurs de l'arme nucléaire, la terreur qu'elle inspire, ont donné à le notion militaire classique de dissuasion une portée stratégique radicale, auparavant inconnue. C'est pourquoi la stratégie nucléaire française est une stratégie de dissuasion, rejetant toute confusion entre dissuasion et emploi." Livre Blanc sur la Défense, 1994, p. 54

    "La mission de dissuasion demeure prioritaire pour la protection des intérêts vitaux de notre pays.

    La quasi invulnérabilité du sous-marin nucléaire lanceur d'engins (SNLF a conduit à confier à la marine la plus grande partie (91%) des armes stratégiques de la France. Cette mission de dissuasion est assurée par la Force océanique stratégique (FOST), composée de cinq unités dont deux, au moins, sont en permanence à la mer. (...)" "Dossier d'information Marine - 1995, p. 4

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    L'organisation des Forces sous-marines

    "Les forces sous-marines comprennent sous un même commandement : - la force océanique stratégique (FOST), constituée par les SNLE (sous-marins nucléaires lanceurs d'engins), - les sous-marins d'attaque, constitués de SNA (sous-marins nucléaires d'attaque) et de SMD(sous-marins diesels). ALFOST est le commandant de la force navale indépendante constituée par l'ensemble des forces sous-marines (...) ALSOUMATT est le commandant organique en sous-ordre ; il est responsable de l'organisation, de la mise en condition des sous-marins d'attaque, de la directive et de règles d'emploi des sous-marins d'attaque. Il est sous l'autorité d'ALFOST. " Missions des Forces sous-marines, (document dact. ) p.3

    Dans trois ports, Cherbourg, Brest et Toulon sont basés les sous-marins et les chantiers de réparation et de construction.

    Répartition des activités Les activités sont : " (...) - des missions opérationnelles : patrouilles des SNLE, sûreté de la force océanique stratégique, présence active dans une zone de crise, protection des navires de commerce, protection des ressortissants (...) démonstration de force, lutte contre les mines, recherche de renseignements, surveillance des activités étrangères, (...) - service public, (...) - soutien des autres armées, (...) - mise en condition opérationnelle des forces, (...) - soutien d'activités marine, (...) Ibidem, p. 35

    Parmi les "composantes de la marine": "(...) - la force océanique stratégique assure la permanence des SNLE à la mer; (...) - les sous-marins d'attaque, assure des missions de sûreté et de renseignement dans nos zones d'intérêts. Ils peuvent être déployés dans toutes les mers du monde. ibidem, p. 37

    La Force océanique stratégique, soit dans le langage courant la FOST, " (...)est la composante principale de la force nucléaire stratégique. Sur les cinq sous-marins nucléaires lanceurs d'engins (SNLE) dont la marine dispose, deux ou trois sont en permanence en patrouille, tandisqu'un quatrième peut appareiler à faible délai. (...)

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    Le renouvellement de la FOST se concrétise par les essais à la mer du SNLE de nouvelle génération LE FOUDROYANT dont les capacités de discrétion acoustique ont été sensiblement accrues, parfois d'un facteur mille par rapport au REDOUTABLE. "

    "Dossier d'information Marine" -1995, p. 61

    "Le groupe d'action sous-marine rassemble à Brest six grandes frégates spécialisées dans la lutte contre les sous-marins, dix avisos et un pétrolier ravitailleur. Dotées des équipements les plus récents dans ce domaien, sonars passifs et actifs en très basse fréquence, hélicoptères mettant en oeuvre sonars et bouées passives, les frégates assurent en priorité le soutien des SNLE. (...) Unités plus légères, les avisos participent avec les frégates à la sûreté de la FOST. (...)" "Dossier d'information Marine" -1995, p. 70

  • MINISTÈRE DE LA DÉFENSE DÉLÉGATION GÉNÉRALE POUR L'ARMEMENT

    DIRECTION TECHNIQUE DES CONSTRUCTIONS NAVALES

    ports et établissements

    D.C.A.N. CHERBOURG 4 300 emplois

    D.C.A.N BREST

    D.C.A.N TOULON

    8 900 emplois

    OUTRE-MER

    PAPEETE 600 emplois

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  • S.N.LE. TYPE «LE REDOUTABLE» En 1980, 5 S.N.L.E. de ce type sont en service. La coque et la propulsion du sixième, «L'inflexible» sont directement dérivées des sous-marins précédents, alors que ses armes et ses équipements en font le premier d'une nouvelle série. Caractéristiques: Déplacement: 8 000 t en surface; longueur: 128 m; largeur: 10,60 m; tirant d'eau: 10 m; appareil propulsif: appareil moteur à vapeur alimenté par un réacteur à uranium hautement enrichi et à eau naturelle sous pression; puissance: 16 000 CV; vitesse: supérieure à 20 nœuds; propulseur auxiliaire: élec-trique avec groupe électrogène pouvant assurer la propulsion principale pour des transits supérieurs à 5 000 nautiques; armement stratégique: 16 M.S.B.S. M-20 lan-çables en immersion ; armement tactique : 4 tubes lance-torpilles autoguidées ; per-sonnel: 135 hommes; durée de croisière: 60 jours (maximum 90 jours)

    Barre de plongée avant Poste central navigation-opérations

    Logements Accumulateur

  • Moteur électrique auxiliaire Réacteur nucléaire

    Barre de plongée arrière Missiles M.S.B.S. dans leur double logement

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    LA FRANCE A CRÉÉ UNE FLOTTILLE DE SOUS-MARINS

    Du submersible au sous-marin - "l'homme devient poisson" Pourquoi le nucléaire ?

    Durant la Seconde guerre mondiale le "sous-marin" n'est qu'un submersible d'attaque qui doit demeurer en surface.

    La Marine recherche : * des moyens permettant aux bâtiments de demeurer le plus

    longtemps possible immergé, * de la discrétion afin d'être efficace, l'usage du Schnorchel

    rend les sous-marin audibles et visibles, *de pouvoir repérer sans l'être afin d'attaquer sans l'être.

    "Discrétion, ubiquité, souplesse d'emploi, telles sont les qualités conférées au plus haut degré par la propulsion nucléaire aux sous-marins. Aujourd'hui les sous-marins nucléaires sont un apanage des grandes marines." * Marine, n°157, octobre 1992, p. 11.

    L'usage de l'énergie nucléaire permet : - une propulsion sans limite, - fournit une puissance nécessaire pour mettre en oeuvre des usines

    de production d'oxygène et des usines de traitement de l'atmosphère (décarbonisation). Donc, une immersion illimitée est possible, on passe d'une capacité anaréobique de quelques jours à une capacité illimitée.

    - L'affranchissement de toute indiscrétion optique et acoustique, visuelle, radar, car le sous-marin nucléaire n'a plus besoin de revenir en surface que quelques minutes pour "le point ;

    - Le sous-marin nucléaire peut atteindre de très grandes profondeurs.

    Le sous-marin nucléaire au contraire des bâtiments classiques diésel-électrique du fait de la présence des auxiliaires à la propulsion nucléaire donnent un "bruit fondamental" quelque soit la vitesse. L'architecture navale cherche aussi a réduire la réalisation des bruits mer-coque ; le sous-marin nucléaire "Le Triomphant"

    "(...) aura ainsi un bruit rayonné inférieur au bruit de fond de la mer.(...) A vitesse égale, l'heure est proche où le sous-marin à propulsion nucléaire sera d'un même ordre de grandeur de discrétion acoustique que les sous-marin conventionnel (...) " Marine, n°157, octobre 1992, p. 13.

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    - Pouvant aller entre 25 et 40 noeuds, les sous-marins nucléaires peuvent pratiquer toutes les stratégies possibles : attaques répétées, pistage et tenue de contact, dérobades rapides, difficulté à être retrouvé, etc.

    Discrétion, réduction de la résistance à l'eau, augmentation de la rapidité (de 14 à 33 noeuds) et mobilité d'actions sont les qualités nouvelles des sous-marins nucléaires d'attaque ; rapidité car ils sont à porté, où qu'ils soient, de celui, le gouvernement, qui doit donner les ordres. Ils ne sont plus isolés comme l'étaient les anciens sous-marins.

    Des sous-marins conventionnels ("classiques") et nucléaires

    A partir de 1951 la France lance 6 sous-marins de type "Narval", 4 de type "Aréthuse", 11 de type "Daphné" et 4 de type "Agosta" ; bâtiments à propulsion classique diésel-électrique mais de haute performance et redoutables : moteurs puissants, grande vitesse en plongée, grâce au Schnorchel 3 , pouvant demeurer en plongée plusieurs semaines, maniables, silencieux, armés de moyens de détection et d'armes efficaces.

    Les sous-marins classiques : Séries "Daphné", "Narval" , "Agosta", "Aréthuse"

    - "Daphné" 19643 , "Diane" 1964, "Doris" 1964, "Flore" 1964, "Galatée" 1964, "Junon" 1965, "Vénus" 1965, "Psyché" 1967, "Sirène" 1967.

    Longueur : 59,30 m. par 6,75 de large ; vitesse : 13,5 noeuds et armé de 12 lances torpilles.

    - "Narval" 1957, "Marsouin" 1957, "Dauphin" 1958, "Requin" , "Espadon" 1960, "Morse" 1960.

    77,70 m. de longueur par 7,80 m. de large, , vitesse 16 noeuds en surface pour 18 en plongée Transformés entre 1966 et 1970

    - "Aréthuse", "Argonaute" 1958, "Amazone", "Ariane" 1960. Longueur : 50 m par 5,80 de largeur ; vitesse 13 noeuds et 16 noeuds en plongée ; 4 tubes lance -torpilles ; très manoeuvrant, parfaitement silencieux.

    "Gymnote"

    3 - Dales de mise en sen ice.

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    Entré en service en 1966 est un sous-marin expérimental servant aux essais de lancement des missiles destinées aux S.N.L.E.

    Les sous-marins d'attaque à hautes performances, sous-marins océaniques : Type "Agosta"

    - "Agosta" 1976, "Béveziers" 1977, "La Praya" 1977, "Ouessant" 1978.

    Longueur : 67,57 m. par 6,80 de large ; vitesse 20 noeuds, armés de 20 torpilles.

    Sous-marins nucléaires "les bateaux noirs" Les SNLE

    "Il convient de détruire la légende selon laquelle le général De Gaulle (...) fut le promoteur [de l'autodéfense] .(...). C'est en 1954, sous le gouvernement du socialiste Pierre Mendès-France, que la Marine Nationale et le commissariat à l'Énergie Atomique étudièrent la création d'un sous-marin nucléaire. (...) en France ces études ne cessèrent jamais malgré l'arrivée au pouvoir d'hommes de tendance aussi diverses que MM. Edgar Faure, Guy Mollet, Bourgès-Maunoury et Pflimlin." J.J.Antier, p. 211

    L'amiral Frémy lui se rallie à la tradition : "Au moment où sous l'impulsion du général De Gaulle, la France

    résolut de construire à cet effet une "Force nucléaire stratégique " (F.N.S.), elle décida en même temps que des Sous-marins à propulsion Nucléaire Lanceurs d' Engins (S.N.L.E.) formeraient la composante majeure de cette F.N.S. : ce serait la Force océanique stratégique (FOST).

    Le programme initial, en avril 1963, prévoyait de réaliser trois S.N.L.E. Pour maintenir à la mer un nombre de sous-marins permettant d'assurer "la suffisance" de la menace, le nombre de S.N.L.E. à réaliser fut progressivement porté à six." A.Frémy, p. 12.

    - Cinq du type Redoutable : S 611 "Le Redoutable" 1971, S 612 "Le Terrible" 1972, S 610 "Le Foudroyant" 1974, S 613 "L'Indomptable" 1975 et S 614 "Le Tonnant" 1980.

    - Un dérivé des précédents : S 615 "L'Inflexible" 1984.

    Caractéristiques : Déplacement en surface : 8 000 tonnes Longueur : 128 mètres - largeur : 10,60 mètres, tirant d'eau : 10 mètres Propulsion : nucléaire, armement : stratégique : 16 missiles balistiques et armement de surface :

    4 tubes lance-torpilles et 18 torpilles.

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    "Le Redoutable" fut lancé à Cherbourg le 29 mars 1967 tandis que le second sous-marin Le Terrible" est mis en chantier.

    Les sous-marins nucléaires d ' a t t aque , S.N.A., du type "Provence" et "Rubis"

    Une deuxième série des sous-marins nucléaires est mise en chantier ultérieurement, les sous-marins nucléaires d'attaque.

    - "Provence" 1982, "Bretagne" 1984, "Bourgogne" 1986, S.N.A. n°4 1987 et S.N.A. n°5 1988.

    Longueur 72 m. par 7,60 de large ; vitesse 25 noeuds, armés de 14 torpilles ou missiles.

    - "Rubis" 1981, "Saphir" 1983, "Casabianca" 1986, "Emeraude" 1987, "Améthyste" 1990,

    "Perle" 1992.

    Longueur de 73 m. par 7 m. de largeur.

    Sous-marin d ' a t t aque Le SNA "Les sous-marins d 'at taque, en particulier ceux à propulsion nucléaire (SNA), sont indispensables d'une part dans la stratégie nucléaire de dissuasion, d'autre part dans la nouvelle stratégie d'emploi des moyens conventionnels sous les trois formes que sont la prévention, l'action et la protection.

    Le sous-marin d'attaque est pleinement partie prenante dans la politique de stratégie nucléaire. Par sa permanence à la mer en plongée, il concourt à la crédibilité tant opérationnelle que tehnique et humaine de la composante sous-marine de la dissuad-sion . Il est indispensable à la maîtrise de l'espace marin et sous-marin où évoluent les SNLE. Occupant efficacement l'espace sous-marin, il donne un poids important à la marine française face aux puissances maritimes.

    Dans la gestion des crises, le sous-marin a un rôle essentiel grâce à sa mobilité, son autonomie, sa descrétion et son endurance, par sa présence supposée ou istensible, dans des actions coordonnées avec les forces de surface ou dans des opérations en solitiaires, près des côtes ou en haute mer.

    Les six sous-marins d'attaque à propulsion nucléaire ont été modernisés et mis au s t a n d a r t AMETHYSTE ce qu i a considérablement accru leurs capacités militaires en particulier

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    dans les domaines de la détection sous-marine, des transmissions et de la dsicrétion acoustique.

    "Dossier d'information Marine" -1995, p. 62

    Les SNLE "nouvelle génération

    Les SNLE, sous-marins nucléaires lanceurs d'engins, représentent la composante principale de la dissuasion française.

    Une nouvelle série a été lancée pour remplacer progressivement les "Redoutable" vieillissant, celle des S.N.L.E./N.G. dont le premier "Le Triomphant" qui en 1993 sort des chantiers pour ses premiers essais à la mer devrait entrer en service en 1995.

    "Plus grand, plus puissant, plus silencieux, descendant plus profondément, lançant des missiles plus performants, il bénéficie d'améliorations considérables et entre de plain-pied dans l'ère informatique. "ADDIM, 1993.

    La construction et l'entretien

    Tous ces sous-marins classiques et nucléaires ont été construits par la Direction des Constructions navales de Cherbourg dans les chantiers de la marine Nationale. Des réparations peuvent être réalisées à Brest ou Lorient. Exceptions :" Daphné" et "Diane" ont été construits par le Chantier Dubigeon ; les "Psyché" et "Sirène" à Brest et le "Morse" dans le chantier A.C.de Seine Maritime et T'Espadon" dans celui A.Normand.

    L'arsenal de Cherbourg s'est donc spécialisé et ses personnels ont acquis des compétences irremplaçables et pourtant la Marine décide de fermer partie de ce chantier et de déplacer la base militaire.

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    Deux Métiers hors du commun: Chimiste dans un

    sous-marin nucléaire Didier Desclaux, chimiste.

    Etre chimiste à bord du sous-marin nucléaire "Le Terrible" n'est pas donné à tout le monde ! Son rôle : analyser et suivre en permanence le fonc-t ionnement du réacteur nucléaire qui fournit la propul-sion du navire. Un poste à res-ponsabi l i té que le Maître Desclaux, âgé de 27 ans, assu-me pleinement.

    Un Bac E en poche, il s'engage dans la Marine et devient apprenti mécanicien de la flotte. "Moi qui en avait assez des études j 'a i découvert que la Marine, elle, les prisait forte-ment ! || m'a donc fallut

    retrousser les manches et tra-vailler d'arrache-pied. En fait, grâce aux formations succes-sives j 'ai appris à travailler". Après son CAP de mécanicien et avoir été atomicien, le Maître Desclaux est donc devenu chi-miste.

    "La disponibil ité ? C'est un impératif, il faut aimer l'impré-vu, être curieux. Le jeu en vaut la chandelle, surtout si comme moi on déteste la routine : en dix années de carrière, j'ai eu la chance d'exercer au moins quatre métiers différents. Une opportunité peu concevable dans le civil !"

    Informaticien dans un sous-marin

    Phillipe Houplain, informaticien sous marinier.

    C'est par passion de l'aéronavale que Philippe Houplain entre dans la Marine Nationale en 1983. Déclaré inapte au vol, il bifurque vers une spécialité "trapue", infor-maticien sous-marin. Après un an de formation, il embarque dans un sous-marin nucléaire lanceur d'en-gins... et se découvre une vraie, passion, pour l'environnement si particulier que constitue l'univers clos du sous-marin : "Dans un sous-marin, la mission de chacun est essentielle à la sécurité de tous. Le professionnalisme règne à tous les niveaux car on ne peut pas se permettre d'embarquer quelqu'un qui se croit en croisière, cela met-

    trait la vie de tous en péril." Quant à sa fonction, il la juge primordiale : "Ma mission consiste à analyser en permanence l'environnement dans

    - lequel évolue le sous-marin. C'est une responsabilité non négligeable : pas question de lancer un missile

    • ou une torpille siï'bn ne sait pas ce qui nous entoure. De plus, si un soús-rriarin doit avant tout fuir toute rencontre et ne jamais être repéré, il est essentiel en revanche d'identifier les bâtiments qui évo-luent autour de nous, identification qui se fait notamment par la recon-naissance des "signatures", c'est-à-dire des bruits des hélices des navires que nous croisons."

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    DE SEJOUR LORS D'UNE EXPERIMENTATION SUR LES EFFETS DU GAZ CARBONIQUE

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  • 14

    UN CORPS D'ÉLITE EST CRÉÉ

    PAR LA MARINE NATIONALE

    LES SOUS-MARINIERS

    "Rallié au général De Gaulle avec tout l'équipage du Rubis, le commandant Cabanier (...) s'exprime à la manière d'un moine :

    «Quelle vie merveilleuse, une vie barrée de tout ce qui ne vaut vraiment pas dans l'existence! L'équipage est fondu dans l'exécution de la mission, où doit disparaître tout individualisme. (...) monde privilégié qui ne s'entrouvre qu'à ceux qui l'ont pleinement et longuement désiré. (...) l'homme sort des limites établies du genre humain.(...)>>. J.J. Antier, p. 143

    Pour construire, entretenir les sous-marins et naviguer à leur bord, la Marine Nationale a du penser à la constitution d'un corps particulier de marins, des marins devant être capables de vivre et de travailler, de commander et d'obéir à bord d'un bateau d'un type particulier, car submersible de quelques heures à quelques mois. Au fur et à mesure, en effet, de l'évolution de la technologie des sous-marins, du sous-marin classique à celui à propulsion nucléaire, les sous-mariniers vont devoir aussi évoluer car de quelques heures passées en plongée, dans de très mauvaises conditions de vie, ils doivent, aujourd'hui, demeurer entre 6 à 8 semaines en plongée, mais dans des conditions meilleures quant à la vie quotidienne et pour réaliser un travail différent car de plus en plus informatisé.

    Un même esprit Qu'ils soient sous-mariniers "classiques" ou sous-mariniers "nucléaires", ces marins acquièrent. Une identité particulière :

    - car ils vivent dans la "5ème dimension" comme certains le disent ; par plusieurs centaines de mètres au fond de la mer, souvent au côté de matière (uranium enrichi) et d'armes capables de les détruire et de tuer ;

    - conscience d'appartenir à un corps d'élite (compétence technique, endurance morale, confiance de l'État Major ...), à un groupe d'initiés au "secret-défense". Ils sont sûrs de partager une vocation militaire au dessus du commun, la défense de leur pays.

    Un statut particulier dans la Marine

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    Ils savent que la Marine Nationale leur a octroyé un statut particulier, ce qui contribue à les constituer en un corps à part, dont les membres entretiennent entre eux une solidarité exceptionnelle qui est étroitement identifiée, aussi, aux liens qu'ils entretiennent avec leurs sous-marins.

    Un état d'esprit, un corps "à part" de marins, mais deux sous-groupes depuis le lancement des sous-marins nucléaires. Selon le type d'embarquement, classique ou nucléaire, les sous-mariniers vont vivre et travailler dans des conditions différentes et constituer deux sous-groupes. La Marine a créé une sur-élite, le sous-groupe des sous-mariniers nucléaires.

    Quelle idée les sous-mariniers se font d'eux mêmes et qu'est-ce que la Marine nationale a fait pour cela ? Il faut comprendre les conditions morales et symboliques de la constitution de ce "corps" de la Marine.

    C'est bien en raison de cette idée qu'ils se font de leur métier et de leur valeur que les sous-mariniers peuvent vivre et travailler dans des conditions si "particulières", à bord de bâtiments submersibles, "dans la 5ème dimension" loin des humains. D'abord dans quelles conditions matérielles et morales vont-ils vivre et travailler ?

    Pourquoi et comment un corps particulier de marins de guerre ?

    Devenir sous-marinier

    Volontaires Les sous-mariniers de la Marine française sont volontaires. En s'engageant dans la Marine, au cours de leur service militaire ou de leurs études dans les différentes écoles de la Marine certains vont, au moment où ils peuvent, et s'ils le peuvent, faire des propositions, demander à devenir sous-marinier.

    Les conditions de vie et de travail à bord d'un sous-marin, quelque soit sont type sont telles que l'État major ne contraint personne à devenir sous-marinier*. Jusqu'à aujourd'hui la Marine ne manque pas de volontaires ; chaque année connaissant la composition de ses différents corps et de "leur évolution", la Marine doit "guider" les choix des futurs officiers et officiers mariniers afin de disposer en temps voulu des personnels nécessaires.

    Pour devenir sous-marinier il faut être volontaire ce qui signifie d'emblée que les conditions de vie et de travail d'un sous-marinier sont tellement différentes de celles qu'ont les marins de surface qu'obliger un marin à

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    devenir sous-marinier contre sa volonté pourrait être considéré d'une part comme le soumettre à des conditions "insupportables" et d'autre part que le marin ainsi contraint pourrait se permettre de se révolter mais à bord d'un sous-marin l'absence de mesure disciplinaire concrète (débarquement, aux fers, etc.) empêche d'embarquer quelqu'un risquant de devenir une "menace" pour le sous-marins et ses hommes.

    Celui qui est décide de devenir sous-marinier s'engage :

    - à vivre différemment des autres marins de guerre, - à affronter un danger quasi quotidien jamais dénoncé une fois

    embarqué, - à acquérir une valeur sociale quasi héroïque mais "en secret".

    La Marine a su aussi "valoriser" le métier de sous-marinier.

    Pourquoi être volontaire sous-marinier ?

    Pour tenter de comprendre pourquoi des jeunes gens, aujourd'hui, veulent faire le métier de sous-marinier qui est un métier militaire et qui s'effectue dans des conditions de vie particulières, nous pensons indispensable de préciser quelques unes des images que les Français peuvent avoir de la Marine mais aussi de ce qui est aujourd'hui considéré par les jeunes comme "exceptionnel" et "un exploit" ; images qui peuvent influencer certains de ceux qui choisissent ce type de métier. Nous allons voir que limage de la mer elle-même est secondaire.

    La Marine nationale a toujours été communément mieux considérée par les Français en général comparée à l'Armée de terre. Comme si devenir marin militaire réclamait de celui qui le décidait des qualités humaines et professionnelles supérieures à celles réclamées pour s'engager dans les forces militaires de terre. La même considération existe pour les Forces aériennes et nous allons le voir encore plus pour les Forces aéro-navales.

    On ne peut pas dire des sous-mariniers, comme on a l'habitude de le dire des marins pêcheurs et des marins de commerce, que c'est par tradition familiale que le choix est fait. Les sous-mariniers ne sont pas majoritairement fils de marins pas plus militaire que commerce et encore moins fils de sous-mariniers. Beaucoup sont issus de familles de terriens et sont originaires des régions les plus éloignées du littoral : Alsace, Lorraine, Ardennes, Périgord, etc. Les officiers de marine, sous-mariniers, peuvent être de familles d'officiers de Marine et dans ce corps nous trouverons des Bretons.

    Il faut reconnaître, et quelques-uns tiennent à le préciser, ils n'étaient pas attirer par un métier marin. Plusieurs, en effet, précisent que

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    - "s'ils avaient du choisir un autre métier cela aurait été aéronaval". Les sous-mariniers issus de familles terriennes, en effet, s'engagent dans un métier plus considéré comme "exceptionnel" que marin ; c'est bienpour cela qu'en cas d'impossibilité à devenir sous-marinier ils auraient préfés devenir aviateur que marin "surfacier". Aucun ne semble avoir eu l'idée de devenir "surfacier" et nous verrons que nombreux sont ceux qui au cours de leur carrière de sous-marinier ont naviguer à bord des navires de surface avec plus ou moins d'intérêt et de plaisir.

    Avant même de faire leur service militaire ou de finir des études secondaires les jeunes gens connaissaient le métier de sous-marinier de par des lectures, des discussions avec des amis, des vacances au bord de la mer.

    La brève remarque : "la mer nous ne la voyons jamais" est réaliste confirme ce que disent plusieurs que "ce n'est pas par amour de la mer que le choix a été fait". Elle répond, à notre avis, à la remarque que galvaudent bien des gens : "les marins pêcheurs font la pêche par amour de la mer et de l'aventure", alors que tout le monde sait qu'ils font ce métier, comme chacun d'entre nous travaille, pour gagner de quoi vivre et faire vivre leur famille. L'amour de la mer, c'est à dire "l'amour" du métier fait partie de l'apprentissage et s'acquiert.

    Les sous-mariniers en précisant qu'ils auraient "bien aimer" aussi faire "aéronaval" identifient eux mêmes les raisons de leur choix :

    - aller sous la mer, le monde sous la mer les attirait (ou les airs) ; un milieu dans lequel les hommes ne vivent pas communément et qui pour y accéder exige un "choix personnel" et donc une "volonté de caractère" ;

    - intégrer une communauté militaire et y remplir une fonction militaire, mais "à part" des autres et qui a toujours été bien particulière. Aucun, hors rare exception, n'aurait choisi l'armée de terre et peu "la surface".

    - apprendre un métier, acquérir de hautes compétences dans des domaines "de pointe" : électricité, mécanique, électronique, accoustique, énergie nucléaire, balistique, etc.

    - bénéficier d'une formation adéquate.

    Etre sous-marinier, pour beaucoup, c'est être capable de faire preuve de courage personnel dans le sens de l'endurance physique et morale, d'une certaine force de caractère ; c'est aussi participer, pour certaine, à une oeuvre nationale. Nous verrons que porter le "macaron" pour beaucoup, au sein de la Marine, va être appartenir au corps d'élite de la Marine nationale.

    La vocation ?

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    Le civil, ou le marin qui décide de suivre la formation pour devenir sous-marinier, aux dire de beaucoup le fait par vocation, il voue sa vie à la Patrie, à la Marine, à son équipage, à son commandant ; ces deux éléments faisant corps avec le troisième compagnon, le sous-marin lui même.

    La vocation des sous-mariniers est donc étroitement liée à celle attachée à la force sous-marine. On doit donc distinguer deux formes d'une même vocation celle qui s'est développée durant les deux dernières guerres et celle qui inspire les sous-mariniers aujourd'hui qui participent à une force de dissuasion.

    En 1917, les sous-marins, pouvaient "s'en tirer avec de l'audace du sang froid et du courage (...) en 1940 un sous-marin improvisé était voué à la mort." JJ . Antier, p. 122

    *Le palmares se compte en tonneaux : 25 000, 30 000 tonneaux coulés.

    Aujourd'hui, "...la mission d'un sous-marin SNLE. est d'assurer la présence à la mer de missiles (16 à bord du Redoutable) stratégiques en se tenant à portée des objectifs assignés par les instances gouvernementales." Connaissances de l'Histoire, n°26, 1980.

    *Les 16 missiles balistiques que porte un SNLE : " (...) dont l'énergie totale de destruction représente 400 fois celle de la bombe atomique d'Hiroshima." (ibidem).

    Les sous-mariniers vouent leur vie à la défense militaire maritime de leur pays pour cela ils acceptent de vivre et de travailler dans des conditions matérielles particulières d'isolement, d'enfermement, en relation avec risques et danger.

    Cette vocation nous l'avons vu connaît les limites de nouvelles conditions de travail des sous-mariniers, à bord des SNA et SNLE, où la notion de carrière peut présider au choix. Cependant, la notion de vocation demeure chez ceux qui ont choisi cette arme par volonté de faire un métier qui se déroule dans des conditions dites "extrêmes".

    Ce n'est pas pour disqualifier les marins de la Marine de surface mais par simple constatation, et cela est dû, à la particularité même de ce qu'est une Force sous-marine, on peut dire qu'un sous-marinier ne peut être "médiocre" sinon il n'est pas sous-marinier ; la sélection est sévère et agit tout au long de la carrière de chacun.

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    VSL 9a ne m'intéresse pas la terre, les sous marins c'est pas pareil, à Bordeaux il demandait des volontaires, il y avait des films sur les sous marin, c'est quelque chose ! ca m'intéressait. J'ai été le seul appelé sur classique, pas beaucoup par années, sur les SNLE ils sont trois. Pendant mes trois jours j'ai demandée au gradé de s'occuper des choix, j'ai demandé d'abord la marine. Quand on est civil on y pense pas, je connaissais un copain sur le Foch. Bordeaux trois semaines, feuilles de route, formation marine : on apprend les grades, à saluer, le tir, à marcher au pas. Le psycho lui demande pourquoi avoir choisi sous-marin, si ça dérange d'être enfermé, de voir beaucoup de monde, j'ai été deux ans en internat ialors ! 1 donne l'accord ou non il y en a qui sont refusés. On passe des tests de santé : yeux ,oreilîes. Trois quatre semaines de test à la Bofost ; des séjours dans le caisson citerne pour la pression : si l'oreille supporte. Examen médical encore très approfondi : prise de sang, sida ,les yeux oreilles ,poumons près les tests je suis resté à la Bofost et j'ai été affecte à un équipage d'alerte.

    Une carrière rapide et bien valorisée

    La Marine a su depuis reconnaître qu'être sous-marinier c'était bien vivre et travailler dans des conditions particulières et même si ceux qui le font sont volontaires il faut valoriser ce volontariat. Aussi, la carrière d'un sous-marinier est différente de celle d'un "surfacier"; elle est disons plus rapide et les soldes sont différentes. Ceci est d'autant plus nécessaire qu'après quarant ans les marins sont contents de rester en surface et d'être moins occuper en opérations à la mer.

    Le texte "Devenez sous-marinier" distribué dans les collèges et lycées met en avant le caractère exceptionnelle de la carrière :

    "Outre l'acquisition d'une qualification technique dont la valeur est unanimement reconnue, et l'exercice d'un métier passionnant marqué par un grand professionnalisme et la maîtrise des techniques de pointe, la carrière de sous-marinier offre des perspectives fortement attrayantes :

    - sur le plan financier (majoration), - sur le plan de l'avancement, accession rapide aux grades

    supérieurs par des bonification des notations, - sur le plan des permissions, compte tenu du caractère particulier

    de leur mission et de la présence de deux équipages, les équipages des sous-marins nucléaires bénéficie d'un régime de permission "avantageux".

  • 20

    - sur le plan de la retraite : pour chaque année d'embarquement, trois annuités sont acquises pour le calcul de la retraite pour laquelle le maximum de 40 annuités est rapidement atteint.

    On peut avec une certaine consternation comparer ce statut privilégié qui est fait sans faveur à un corps professionnel à haute compétence, qualification et courage et celui des marins-pêcheurs qui eux travaillent et vivent dans des conditions largement aussi difficiles et dangereuses, sans être assurés après chaque campagne de gagner leur vie.

    Aujourd'hui, cette particularité n'est pas sans attirer bien des jeunes marins ce qui est tout a fait compréhensible. Cela permettra aux "anciens" de porter des jugements ironiques quant aux jeunes sous-mariniers soit-disant plus attirés par la solde que par le métier !

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    EVENEZ ARIN

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    MARIN ^r NATIONALE ^** INFO-CARRIERES

  • INSIGNES DE CERTIFICAT'OM

    C o m m a n d a n t " &v a n c i e n Cdí"

    de S.M.

    Aphhude la n a v i g a h o n s.m 8 v S o u s - m a n n i e r

    s u p é n e u r

    S o u s - m a r i n i e r é I é m e n l a ¡ re

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    Le corps des sous-mariniers

    Un corps d'élite, pourquoi ?

    Les sous-mariniers dans la Marine nationale

    Les sous-mariniers sont "à part" car ils vivent et travaillent à bord d'embarcations qui même lorsqu'elles naviguent en surface exigent des pratiques originales, spécifiques et cela car elles doivent "vivront" immergées par plusieurs centaines de mètres de fond.

    A bord des bateaux de pêche, de commerce ou militaires, spontanéisme et improvisation n'apparaissent qu'en cas d'incidents. L'équipage est constitué en nombre et qualité de marins selon les tâches qui doivent être accomplies au corps de la campagne de pêche, transport, exercice militaire. Il ne faut jamais oublier qu'un navire quel qu'il soit, en mer, ne s'arrête jamais, doit naviguer nuit et jour. A bord des sous-marins le nombre de tâches devant être exécutées en même temps sont fort nombreuses de telle sorte que les équipages de sous-mariniers ont toujours compté un grand nombre de marins et tous quasiment spécialisés.

    Devenir sous-marinier - Formation technique et psychologique pour vivre "dans un autre monde"

    Le volontariat ne suffit pas pour faire un sous-marinier. Les marins volontaires vont être techniquement et moralement formés dans les écoles spécialisées de la Marine Nationale et à bord de sous-marins. Formation "continue", longue et intensive. Tous ceux qui espèrent devenir sous-mariniers ne le deviennent pas. La formation des sous-mariniers a lieu à l'école de navigation sous-marine de Toulon (pour les sous-marins d'attaque) ou au centre d'entraînement et d'instruction à Brest (pour les sous-marins nucléaires lanceurs d'engins), à l'École atomique à Cherbourg, au Centre marine de Cadarache. Le recours aux simulateurs à terre est systématiquement pratiqué. A chaque type d'embarquement une formation spécifique.

    Fonctions / Spécialités

    La flottille de sous-marins en 1993: - 1 - S.N.L.E. - sous-marins nucléaires lanceurs d'engins : "Le

    Foudroyant", "Le Terrible", "L'Indomptable", "Le Tonnant", "L'Inflexible", "Le Triomphant", "Le Téméraire" ;

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    - 6 - S.N.A. - sous-marins d'attaque : "Rubis", "Saphir", "Casabianca", Emeraude", "Améthyste", "Perle" ;

    - 4 - sous-marins à Haute performance : "Agosta", "Béveziers", "La Praya", "Ouessant".

    Equipages Exemple : Le type Rubis, S.N.A., 55 hommes tous spécialisés, patrouille de 45 à 60 jours.

    la moitié = mécaniciens, torpilleurs, électriciens, la moitié = radios, écouteurs, timoniers, gabiers, canonniers,

    fusiliers, infirmier, cuisinier, maître d'hôtel, et seulement : 2 matelots sans spécialités

    L'état major = le commandant "pacha ou vieux" Un officier en second = chargé des machines, service

    intérieur, "sécurité plongée", l'électricité, Un officier torpilleur = souvent Premier lieutenant, = chargé

    des torpilles, mines, artillerie, compagnie de débarquement, navigation, transmission,

    Le deuxième lieutenant, utilisé en surnombre pour les quarts, il apprend tout

    Le premier maître timonier = "le patron", chef de quart, service des vivres.

    Postes - spécialités Poste central, cerveau du sous-marin Surveillance de la propulsion nucléaire Centrale de génération d'air le poumon du sous-marin Commande des barres de plongée La cuisine, "le moral" des marins

    Fonctions élémentaires : - barreur, pilotage - veilleur-écouteur -mécanicien, électricien de central diélisiste etc. Fonctions supérieurs : - opérateur de conduite de chaufferie nucléaire -chef de quart propulsion nucléaire, conduite du réacteur - chef de poste central, adjoint de l'officier chef de quart pour la sécurité-plongée - chef de central opérations, adjoint de l'officier chef de quart pour la conduite des opérations etc.

    L'équipage est divisé en 2 bordées ayant chacune les mêmes rôles : plongée , faire surface, torpiller, naviguer et quart de 4 heures.

    A bord des sous-marins nucléaires A bord des SNLE, 135 hommes d'équipage, dont 15 officiers. Patrouilles de 60 à 90 jours.

  • 23

    II y a toujours deux équipages pour un seul sous-marin, un "rouge" et un "bleu" afin que les sous-marins puissent naviguer quasiment sans arrêt et "un vert" d'alerte à terre.

    Aujourd'hui, en 1997, on compte : - près de 2 000 sous mariniers.

    La Marine choisit

    Parmi ceux qui sont volontaires et pourraient devenir sous-mariniers nombreux sont ceux qui ne vont pas passer l'ensemble des épreuves ; comme dans les légendes elles sont nombreuses ces épreuves et doivent être toutes passées. Elles jalonnent la vie du sous-marinier.

    Les premières sont de nature physique et psychologique. Rien ne sert de dépenser de l'argent et de l'énergie à former un sous-marinier alorsqu'il y a un risque qu'il soit bientôt malade ou légèrement désiquilibré.

    La vie en sous-marin exige, en effet, des corps et des esprits "sains" : nombreuses et fréquentes sont les visites médicales et nombreux sont les tests et entretiens "psychologiques" ; surtout nombreux et fréquents les passages à terre dans les "simulateurs" afin de tester sans cesse ses capacités.

    Les sous-mariniers un corps de marins particuliers

    Au sein de la Marine, hors celui de l'Aéro-navale, les sous-mariniers forment un groupe identifié "à part" plus ou moins "aimé" par les autres et qui tient à rester à part en portant lui aussi des jugements plus ou moins ironiques sur les autres corps de la Marine.

    Nous devons préciser deux particularités qui sont communes à tous les marins et aux trois métiers de la mer : pêche, commerce et guerre.

    Nous avons appelé "système" pêche l'ensemble intimement intriqué d'un "équipage-d'une embarcation gréée à la pêche" comme nous appellerons "force sous-marine" pour notre propos l'ensemble : "équipage-sous-marin" ; ensemble, c'est à dire que chaque élément participe au fonctionnement de l'ensemble et que la modification (forme, place, fonction ...) de l'un d'entre eux réagit sur l'ensemble.

    Ces ensembles, en mer, ne peuvent subir que très partiellement des interventions externes et qu'ils doivent "fonctionner" de manière autonomes dans des milieux - les mers et les fonds sous-marins - dont les caractéristiques sont :

    - la variabilités des éléments cosntituants, et

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    - leurs imprévisibilités.

    Ces deux caractéristiques vont, comme.pour toutes les autres conbnaître pour les Forces sous-marines des conséquences différentes. En traitant des "ensembles forces-sous-marine" nous allons parler de marins et de marines mais d'abord en changeant d'échelle.

    Exemples : Là où il doit y avoir deux jours de formation, ici en sont exigés quatre ; ce qui est à bord d'un navire de pêche "l'ordre de rangement" des outils est à bord des sous-marins est l'ordre de rangement pour tous les objets mobiles.

    La carrière Que des marins qualifiés

    Chez les sous-mariniers ne demeurent pas "les médiocres" ! A bord que des marins qualifiés : deux corps celui des officiers (sortis de l'École navale) et les officiers mariniers issus pour la pluspart de l'Ecole de Maistrance et quelques appelés-volontaires.

    "Pas de bouche inutile", sous entendu comme à bord, je pense, de certains navires de surface ! Les seules "bouches inutiles" mais toujours bien accueillies pour quelques jours à bord des "classiques" les invités.

    "On a l'habitude de dire qu'il n'y a que des officiers dans la sous-marinade"

    "Sous -marinier ? Ou on réussit (sous entendu, sa carrière militaire) ou on part !"

    Ce que j'appellerai cette "construction" de la carrière doit être rapide, dans le temps car rares sont les sous-mariniers qui naviguent après 40 ans et qui peuvent encore, "la navigation" étant l'élément clef pour monter en grade, construire une carrière. Cette remarque signifie que beaucoup de jeunes entament une carrière de sous-mariniers mais,

    - d'une part il y en aura peu qui la finiront car d'années en années plusieurs quittent pour des raisons variées soit volontairement soit parce qu'ils n'ont pas les capacités professionnelles, (la sélection est forte),

    - d'autre part, rester sous-mariniers veut donc dire avoir fait une carrière quelle qu'elle soit, mais comme quelqu'un précise :

    - "Chez nous il n'y a pas de has de gamme" !

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    Beaucoup reconnaissent que cette rapidité de la carrière est nécessaire ; c'est à dire que les missions "à la mer ! ça va car on est jeune" et qu'après 35 ans beaucoup sont contents de pouvoir rester "plus" à terre et cela pour eux mais aussi pour leur famille. Ce projet, "Dans tant d'années je serai à terre" est certainement un élément qui permet aux marins de "négocier" avec leurs femmes et leur famille la poursuite de ce type de métier.

    Il n'y a pas de coupure dans une carrière des officiers elle se déroule à bord des trois types de sous-marins. Pour les officiers mariniers cela peut être différent.

    Grade/fonction

    La compétition interne est d'autant plus forte que le nombre de postes de commandement n'est pas très grand ; cela entraîne comme dans n'importe quel corps réduit en nombre les pratiques de "soutien personnel" mais dans ce corps, précisément, cela ne peut que provoquer une émulation professionnelle car celle-ci, comme nous le verrons, sera toujours à "l'épreuve" du métier "à la mer".

    Peut-on dire que dans le corps des sous-mariniers la relation grade/fonction connaît une plus grande correspondance qu'au sein des autres corps ?

    Une sélection "naturelle" chez les Officiers mariniers

    "On voit très bien lors des embarquements ceux que Von peut ne pas garder ; tant qu'ils n'ont pas leur macarons de sous-mariniers on peut les renvoyer facilement ,après non "

    Bien des jeunes volontaires quittent d'eux mêmes le métier de sous-marinier après quelques mois. Les principales raisons évoquées sont

    - "l'impossibilité de supporter les conditions de vie à bord, la promiscuité, la vie avec les autres, etc."

    Il ne faut pas oublier les relations avec la famille, mais cela semble moins évoqué car il semble y avoir une grande séparation entre vie a terre et vie en escadre et l'abandon de ce métier n'aura pas pour origine comme on le voit à la pêche et au commerce, un désir de la femme du marin et cela d'autant plus que les marins deviennent sous-mariniers très jeunes et souvent avant d'être mariés.

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    Trois types de sous-marins : trois sous-mariniers ?

    Trois types différents de sous-marins sont aujourd'hui armés. Les sous-marins : PSYCHÉ - 1969 - désarmé en 1996 SIRENE - 1970 - désarmé en 1997

    Les sous-marins a haute performance :

    AGOSTA - 1977 BEVEZIERS - 1977 LA PRAY A - 1978 OUESSANT- 1978

    Les sous-marins nucléaires d'attaque :

    RUBIS - 1983 SAPHIR-1984 CASABIANCA -1987 ÉMERAUDE - 1988 AMÉTHYSTE-1991 PERLE- 1993

    Les sous-marins nucléaires lanceurs d'engins :

    LE FOUDROYANT - 1974 LETERRRIBLE- 1973 L'INDOMPTABLE - 1976 LE TONNANT- 1980 L'INFLEXIBLE - 1985 LE TRIOMPHANT-1996 LE TÉMÉRAIRE - (prévu 1998)

    La propulsion nucléaire, toute la différence

    "L'énergie nucléaire a ouvert une nouvelle ère de la propulsion des bâtiments en leur donnant ue autonomie jusqu'alors inacessible et en les rendant indépendants de l'atmosphère.(...) Cette autonomie alliée à la puissance donne aux sous-marins une mobilité inconnue jusqu'alors." CA Guilhem - Ducléon, 1990 : 6 et 8

    Donc : "la durée de plongée n'est plus limitée"

    "Les conséquences opérationnelles sont de deux ordres : une réduction des indiscrétions visuelles et acoustiques par la suppression des périodes

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    de charges de la batterie au Schnorchel, et un accroissement des zones accessibles aux sous-marins, les patrouilles sous la banquise sont devenues possibles." CA Guilhem - Ducléon, 1990 : 6

    Les "classiques" et I'ESMAT

    Le GESMAT fait parti de la "lignée" de la Deuxième Escadrille de Sous-marins créée en janvier 1947, et devenue en 1970 l'Escadrille de Sous marins de l'Atlantique (ESMAT). L'escadrille fonctionne d'abord avec des sous-marins allemands récupérés puis avec des sous-marins français de type Minerve, l'Aurore, Narval, Daphné et Agosta, jusquà 10 sous-marins et un bâtiments de soutien.

    Le groupe des sous-marins d'attaque de l'Atlantique

    Les "classiques" "Les vrais"!

    "Les sous-mariniers naviguaient à la demande ; on peut partir un week-end ; hier on était "corvéable à merci" ; on ne pouvait même pas trop prévoir les permissions. Les familles parfois supportaient mal. On essayait d'améliorer les situations. " Massoneau

    A Lorient, "On avait une certaine autonomie !" C'était une unité administrative complète : bateaux et soutien logistique les ateliers militaires plus la base : hébergement, restaurant et entraînement. A Brest "on ne sera plus autonome"! II a fallu aller manger au restaurant de la BOFOST ! et pour l'hébergement pareillement.

    Changement de nom : à Lorient c'est ESMAT Escadrille ...à Brest Groupe ...GESMAT.

    "La restructuration de la Marine à Lorient, décidée en 1993 dans le cadre du plan "Optimar", prévoit la dissolution de rESMAT et la fermeture de la BSM Kéroman le 1er juillet 1995, suivies de transfert des sous-marins vers Brest et Toulon.

    Cette fermeture répond à dux considérations. La première a pour objet de recentrer les activités de la Marine sur deux ports, afin de parvenir à des économies de fonctionnement. La seconde est liée à la disparition à terme des sous-marins à propulsion conventionnelle, remplacée par des sous-marins nucléaire d'attaque que le site de Lorient ne peut accueillir.

    L'activité du site industriel cessera définitivement en 1997."

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    Des bois de Keroman à la Base des Sous-Marins, 1996 : 79

    Comme le précise l'auteur : les ateliers de la DCN à vocation générale ont été transférés vers l'arsenal principal de Lorient ; le chantier sous-marin a continué à fonctionner jusqu'en 1997 "pour effectuer le grand carénage des sous-marins Psyché et Sirène. Ils ont rejoints en 1996 et 1997 l'Escadrille des Sous -marins de la Méditerranée de Toulon.

    Les membres de VESMAT et les quatre sous-marins de type Agosta : 1 'Agosta, le Bévéziers , Ouessant et La Pray a ont rejoint la base de Brest le 1er Juillet 1995 ; ils forment le GESMÀT , Groupe des Sous-Marins de l'Atlantique ; "Héritier des traditions de VESMAT, il continuera d'asurer les missions qui lui sont actuellement dévolues" ibidem : 79.

    "Après avoir passé dix années à Keroman au cours desquelles s'inscrivent sept IPER, les sous-marins de type Agosta seront les premiers [et les derniers] des sous-marins d'attaque français basés à Brest." ibidem :45

    Les bureaux du GESMAT sont installés dans un bâtiment construit pour cela aux côtés de la base sous-marine ; ils abritent l'Etat -major et des bureaux.

    La BOFOST "soutient" Ï'ESMAT et les moyens industriels du port peuvent être utilisés par elle.

    Sous-marin type Agosta

    Définition "Conçus par la Direction Technique des Constructions Navales comme

    des sous-marins océaniques à propulsion classique très silencieux et très performants, les bâtiments de la classe Agosta sont armés de quatre tubes lance-torpilles montés à l'vant et dotés d'un système de refouloirs pneumatiques à rechargement rapide qui tirent les projectiles avec une signature sonore minimale. Ces tubes sont d'u type entièrement nouveau qui permettent au sous-marins de lance les engins, quelqque soient la vitesse et la profondeur.(...) Toutes les unités françaises ont été équipées du SM 39, version lancée en plongée de l'engin anti-navires Exocet.." Des bois de Keroman à la Base des Sous-Marins, 1996 : 44

    Avec les sous-marins de type Daphné les Agosta sont "les derniers sous-marins à propulsion diesel-électric".

    Les Agosta peuvent effectuer des patrouilles de 45 jours, sans ravitaillement d'aucune sorte, hors de l'oxygène.

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    Missions : Les activités des sous-marins Agosta : - les déploiements outre-Atalantique ou en Méditerranée, - les consours au profit de la FOST, - les exercises multi-nationaux, - les patrouilles et l'entraînement des forces navales et aéronavales.

    "Ils sont en outre particulièrement adaptés "aux opérations spéciales" mettant en oeuvre des nageurs de combat (sas et valise propulseur sous-marin PSM) et des commandos." Des bois de Keroman à la Base des Sous-Marins, 1996 : 45

    "La technologie de ces sous-marins, directement issue des progrès consentis pour les SNLE, préfigure le développement des sous-marins d'attaque de l'ère moderne. Les Agosta sont les sous-marins précusseus de l'outil performant que sont les SNA." Des bois de Keroman à la Base des Sous-Marins, 1996 : 45

    Dans le langage courant ces sous-marins sont désignés soit par un sigle issu de leur définition : les SNLE et les SNA, soit du nom du type, "type Agosta" ou de celui de leur mode de propulsion, les "diesel", les "classiques" comparés aux "nucléaires". Par les sous-mariniers ils sont aussi appelés par le nombre de tonnes "déplacement" : les "700", les "1200".

    Etant donné les différences importantes de vie et de travail à bord de ces trois types de sous-marins pouvons nous parler des trois types de sous-mariniers ? Si aujourd'hui encore la plupart* des sous-mariniers d'activé ont connu la vie et le travail sur "les classiques" et les SNA ou/et les SNLE cependant de plus en plus nombreux sont ceux qui ne connaissent que les "nucléaires" et n'ont embarqué à bord d'un "classique" qu'une fois et de moins en moins nombreux sont ceux qui ont fait toute leur carrière à bord des "classiques" et la termineront membre du GEISMAT ou comme le disent quelques uns avec une petite amertume "on ne sait où" puisque dans deux ans, peut-être, il en sera fini des sous-marins "classiques".

    A ces trois types de sous-marins encore actifs correspondent plutôt, c'est un point de vue personnel, deux groupes de sous-mariniers :

    - ceux qui ont fait leur carrière à bord des "classiques" et qui se considèrent comme des "classiques" même si ils ont fait quelques années à bord des SNA et des SNLE et pour quelques-uns terminent leur carrière à bord de ceux-ci et,

    - ceux qui font leur carrière à bord des sous-marins nucléaires SNA et SNLE, tout en ayant, pour quelques-uns "fait un passage" bref à bord des "classques".

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    Deux groupes : - qui n'ont pas la même histoire au sein de la Marine et précisément

    plus ou moins "d'avenir", - qui n'ont pas le même type de carrière au sein même des Forces sous-

    marines, - qui n'ont pas les mêmes types de métier, ni la même vie en mer et à

    terre, - qui n'ont pas les mêmes relations sociales entre eux.

    Deux groupes, celui des "classiques" et celui des "nucléaires".

    Le groupe des "classiques" réunit les sous-mariniers qui ont fait tout leur carrière à ESMAT (Toulon puis Lorient) et aujourd'hui la poursuivent au GESMAT à Brest et la termineront quand celui-ci sera dissout, d'ici deux ou trois ans, dans différents services de la Marine et ceux qui en quittant le GESMAT poursuivront leur carrière à la FOST de Brest ou de Toulon (base des SNA). Le GESMAT n'a pas d'avenir puisque les 4 derniers types "Agosta" vont être peu à peu désarmés.

    Le groupe des "classiques" ("pures") va d'autant plus être différent des autres qu'il a vécu en relative autonomie à Lorient, à la base des sous-marins de Keroman alorsque beaucoup étaient "installés" à Lorient avec leurs familles et qu'ils espéraient y finir leur carrière. Des regrets apparaissent donc en outre.

    Le groupe des "nucléaires" réunit les sous-mariniers formant les équipages des SNA de Toulon et ceux de la FOST de Brest qui comprend la base de l'Ile Longue. Ce groupe qui appartient à la FOST pourra constituer les équipages de ceux des sous-marins appelés "nouvelle génération" tels que le TRIOMPHANT et le TÉMÉRAIRE mais aussi ceux du porte-avions nucléaire CHARLES DE GAULLE.

    Pourquoi deux groupes ? Quelles sont les différences qui distinguent les uns des autres. La première et qui est pour nous, ethnologues essentielles, est que les sous-mariniers se distinguent les uns des autres de par leur histoire au sein des Forces sous-marine. On se reconnaît comme "classiques" ou "SNListes".

    "Les classiques"

    Aujourd'hui au sein du GESMAT sont confrontés des "classiques" et des SNListes.

    Un SNListes parle de ses collègues "classiques" :

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    On est plusieurs SNLE ici ils ressentent la différence quant ils venaient en escale ils allaient la BOFOST, la tenue réglementaire est obligatoire, ils étaient erado ils ressemblaient a rien on les regardaient avec des yeux éberlués. Il y a deux mondes à part J'arrive ici avec ma discipline, il y a des tensions, j'applique les principes snliste : la tenue.

    Un monde à part ! Ils sont obligés de se plier aux règles de l'arsenal pas aussi souples qu'à Lorient ; ils sont obligés de cohabiter avec la Bofost; ils ont du mal ils ont eu des remontrances quant à l'habillement par le président de la base. Certains ont mal accepté Ils ont perdu leurs marques, ils estiment avoir beaucoup perdu ici il n'y a pas d'âme, ils ne sont plus chez eux ; même avec les alvéoles ils n'en ont que deux et un ponton. A Lorient ils faisaient leur vie c'était la Marine dans la Marine. J'y suis allé. Ils se comportent pour maintenir la tradition de U-boot, leurs codes, leur façons de vivre. Je ne me sentais pas du tout chez moi, dépaysé. Je ne savais pas si il y avait un règlement, des directives, une hiérarchies. Ici il y a une unité militaire, à Lorient on se demande ou on est. La présence des ateliers ne devait rien changer : à Vile Longue il y a aussi les ateliers, c'est pas pareil. Les "snlistes" sont plus dans la norme, ils sont marginaux, ils veulent donner une image d'eux mêmes.

    Quant au travail, pareil, ils sont fiers pour la maistrance une hiérarchie différente moins élevée au niveau compétence ils n'ont rien a envier.

    Et un "classique" parle des "SNListes" :

    "Les parasites ce sont les bouffeurs de budget (...) SNLE des presses boutons des fils de riches ils montrent pas pour les notations".

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  • A BORD D'UN SOUS-MARIN NUCLEAIRE

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  • 32

    Les Forces sous-marines : Tout est particulier ?

    Tout est spécial dans la "sous-marinade"

    Il est fréquemment entendu que comparée à l'armée de terre, mode de vie et mode de travail dans la Marine nationale sont différents et ainsi même il arrive que des personnes remarquent nuance leur appréciations quant à leur souvenir de service militaire par exemple en valorisant ce qui ce passe dans la Marine à laquelle ils accordent leur faveur au sein d'un jugement critique de la vie militaire en général. Ainsi les marins c'est différent, c'est pas pareil, conclusion "c'est mieux", etc.

    Nous connaissons ce type de jugement quant aux pêcheurs et à la vie a bord des chalutiers ou navire de commerce : "en mer cela ne peut être que différent, ils ne peuvent pas faire autrement" etc.

    Nous avons entamé la mise en évidence des raisons principales qui ainsi déterminent les particularismes des pratiques et pensées des marins pêcheurs tant en mer qu'à terre*. Devoir une partie de sa vie vivre et travailler en mer avec d'autres personnes déterminent en effet des particularismes dont certains sont communs aux marins militaires, de commercer et marins pêcheurs.

    Au sein même de la Marine, cela est souvent remarqué il y a trois groupes de marins : "la surface" , Taéro-navale" et la "sous-marinade".

    Nous avons entrevu que les pratiques des sous-mariniers présentent ces particularismes communs au marin, et plus particulièrement aux marins de guerre, mais aussi qu'une partie de celles-ci vont être des variantes des particularismes communs aux marins de guerre.

    Contre la mobilité formation de groupes

    "Les officiers mariniers s'installent alors que les officiers savent que tous les deux ans il faut partir. C'est peut être pour cela que nous nous retrouvons entre nous ; nous n'avons pas de racines alors nous recherchons les amis quand on arrive. Les officiers se sentent plus déracinés que les officiers mariniers. Les femmes d'officiers travaillent moins fréquemment aussi de ce fait. Il y a des célibataires géographiques pour une ou deux affectations cela est possible ; à la longue c'est dur."

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    Les relations hiérarchiques

    Les sociétés occidentales comprennent des groupes sociaux ; au sein de ceux-ci les gens se réunissent du fait de leur profession, de liens familiaux, de relations politiques, d'origines géographiques, etc. Les membres remplissent des fonctions différentes et les relations qui existent entre eux sont soumises à des règles de différentes natures. Dans les groupes militaires, au sein des différentes armées, comme dans bien d'autres groupes, existe entre les hommes et le femmes une hiérarchie, matérialisée par ce qu'on appelle des grades, qui est établie pour le bon fonctionnement du groupe puisque dans nos société celui qui a un grade plus élevé a autorité sur l'inférieur et toutes les armées fonctionnent conformément à cette règle. Tant la vie quotidienne que les activités de travail sont organisées conformément à cette hiérarchie et ceux sont des relations d'obéissance et d'autorité qui régissent les rapports interpersonnelles. Cette hiérarchie est matérialisée par l'habillement , s'exprime dans le langage et les termes d'adresses, la répartition des fonctions et des tâches.

    Ainsi chaque membre du groupe détient au sein de la hiérarchie une place qui correspond à son grade et remplit la ou les fonctions qui y sont attachées. En devenant membre du groupe chacun apprend les règles de fonctionnement du groupe soit celles qui régissent les relations sociales.

    Le futur marin de guerre apprend au cours des premiers mois de formation comme le disent les jeunes "les règles marines" soit "les galons", les différents grades ainsi que leur expression vestimentaire et les appellations et cela pour que rapidement il puisse correctement vivre et travailler au sein du groupe dans lequel il est en formation.

    A bord des SNLE ? "Sans insigne de grade" tee-shirt et blue-jean, sauf le samedi soir et le dimanche" Merle, p. 19

    Aujourd'hui cela ne semble plus être le cas ; le port des grades est obligatoire.

    A bord des "classiques", et cela va distinguer les sous-mariniers classiques des "seigneurs" du nucléaire, les marins ne portent pas leurs uniformes, même pas les epaulettes galonnées et les officiers ne portent les epaulettes que pour le repas du dimanche.

    "A bord, on en a pas besoin, tout le monde se connaît et ainsi on sait bien un tel est officier en second , que xx est quartier maître, etc."

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    Le port de l'uniforme permet à tout un chacun d'identifier celui qui le porte il est "cap de veau" et donc qu'il faut d'une part l'appelé commandant et d'autre part si l'interlocuteur est lui aussi marin le saluer ou pas selon son propre grade.

    A bord d'un "classique", d'une part tout le monde se connaît car l'équipage est de 60 hommes qui ont travaillé, ensemble à terre et parfois déjà à bord ensemble en outre, si chacun embarque son uniforme il est impensable d'embarquer pour une patrouille des chemises blanches alors que la denrée la plus rare à bord en mer est l'eau et que chacun a droit par jour à quelques verres d'eau pour faire sa toilette. Il "faudrait une chemise par jour" et il n'y a pas de place pour emmagasiner 10 ou 15 chemise blanches !! L'uniforme : le jean (marin) et un chandail en coton de type tee-shirt et un chandail en laine parfois il fait froid.

    L'embarquement, en outre, ou les rencontres avec des étrangers au bord au cours d'une patrouille sont très rares. Pour les escales, par contre, chacun doit revêtir son uniforme.

    A terre, hier à Lorient, aujourd'hui à Brest, les sous-mariniers "classiques" ne se sentent pas obligés de les porter, les uniformes.

    - "Comme cela on nous reconnaît" Les "classiques" sont en effet connus des sous-mariniers "nucléaires" comme peu respectueux des usages "Marine", soit le port obligatoire de l'uniforme et de la casquette à terre dans le cadre de la Base. "Classiques" et "Lorientais" ! Une critique ironique dans la bouche peut-être de quelques "nucléaires" mais un compliment pour les intéressés. "Il faut faire évoluer les mentalités ; porter les galons et la casquette à Brest ".

    Socialiser la vie à bord - les marées - les missions

    Comme sur tous les bateaux les marins doivent vivre : plus ou moins longtemps, en groupe (d'hommes), sous l'autorité de l'un d'entre eux ou de plusieurs, en mer, dans un espace clos et restreint, etc. mais ces spécificités techniques et sociales vont être accusées à bord des sous-marins plus ou moins selon qu'on est à bord d'un classique, d'un SNA. ou d'un SNLE :

    - en groupe, important en nombre, 60 sur les "classiques" et 150 à bord des SNLE et 70 à bord des SNA.,

    - sous une pression sociale accusée du fait qu'on vit dans un espace très restreint dans lequel la partie "privée" est inexistante, ("la couchette chaude"), 2 couchettes pour 3 marins, réduite à la "bannette" et même parfois avec possibilité de branchement radio et réduite à bord des SNLE.

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    Espace dont on ne peut pas partir, une fois en mer, comme sur tous les bateaux, mais, un espace clos, sans aucune relation physique avec l'extérieur même marin autrement que par l'intermédiaire d'appareils, et cela doit durer entre quelques heures, quelques jours et aujourd'hui plusieurs semaines à bord des sous-marins nucléaires (ils ont été construits pour cela).

    L'organisation sociale

    Pour les "Agosta" deux types d'équipage ; ceux attachés directement à un sous-marin et celui qui à terre réunis des membres des sous-mariniers dits "d'alerte". Au cas où l'un des membres d'un équipage devant embarquer est rendu indisponible pour une raison grave il doit pouvoir être immédiatement remplacé.

    Pour les SNLE, deux équipages "en activité" qui se relaient à bord : l'équipage rouge et l'équipage bleu. Et à terre existe aussi un équipage "d'alerte".

    Inorganisation spatiale Les "tranches" La machine Les "compartiments"

    Uéquipage Le commandant le second les officiers

    Patron du pont : officier des équipages Maître adjoint : mécanicien, électricien Président des officiers mariniers Jeune second maître Quartier maître

    Le commandant "Ils combattaient pour moi je combattais pour eux", J.J. Antier, p.46. "Aimé de ses hommes et respecté parce qu'il paye de sa personne au moment de l'alerte en surface alors que l'avion pique sur le sous-marin surpris (...) le commandant rentre le dernier, c'est lui qui ferme la porte et il n'ordonnera jamais la plongée tant qu'un homme demeure sur le pont (...) le devoir du commandant de se sacrifier pour sauver le navire."J.J. Antier, p. 129

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    Le commandant d'un SNLE

    La responsabilité, appelons cela ainsi, d'un commandant d'u SNLE est au sein de l'Etat Major extrêmement élevée.

    Le commandant d'un SNLE seul, possède la clef du coffre dans lequel sont déposés à bord les dossiers d'objectifs, documents ultra confidentiels :

    "Ces documents sont des disques d'informatique qu'il suffit de placer dans un lecteur de disques pour obtenir immédiatement et en clair sur un écran de visualisation , les références de l'objectif choisi par les autorités gouvernementales." Connaissance de l'Histoire, n°26, juillet-août 1980, p.25

    Mais l'ordre de tir réel ne peut être donné que par le Président de la République française.

    C'est ainsi que le commandant héros du roman "Octobre Rouge" peut (en tuant le second) ordonner la route qu'il désire à son équipage qui lui fait confiance jusqu'à la mort.

    Le commandant, garantie de la vie du système, est en état de veille pour tous, chacun et chaque chose de manière plus accusée que sur tout autre embarcation. Chaque jour, il est en relation avec le plus grand nombre de ses marins afin de ne jamais les laisser sans relation avec lui et surtout afin de se rendre compte par lui même si "un problème " risque d'arriver.

    // a "appris " son sous-marin Les commandants des sous-marins nucléaires sont choisis avant

    même la construction des navires, car comme dans les autres marines, principalement la pêche ils doivent suivre leur construction :

    "Pour le commandant du "Redoutable" l'aventure n'a pas commencé le jour de l'appareillage. Mais sept ans auparavant, en décembre 1964, par une convocation chez le Directeur du personnel de la Marine.

    Celui-ci annonce au capitaine de corvette Louzeau que c'est lui qu'il a été choisi pour suivre les travaux et être le commandant du Q 252, c'est à dire du premier sous-marin nucléaire lanceur d'engins dont la France à décidé de se doter. (...) pour son futur "pacha" c'est déjà le moment de constituer un équipage. Connaissance de l'Histoire, n°26, juillet-août 1980, p.20.

    Routine et exercice La vie à bord des bateaux de marine marchande ou de la Marine nationale peut être très monotone. A bord des sous-marins elle est réglée par les

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    horaires des quarts différents de ceux mis en place à bord des navires de la Marine : les 24 heures sont divisés en trois au lieu de quatre.

    A bord des sous-marins classiques la vie était moins "monotone" qu'à bord des nucléaires car les manoeuvres étaient moins mécanisées, informatisées et la navigation de surface périodiquement rendue obligatoire.

    La vie à bord est aussi rythmée par les appels au exercices de tir (fictifs) commandés depuis la France (P.C. de la Force océanique stratégique (Houilles) transmis via la station de Rosnay (Indre) reçues par la bouée-antenne que le sous-marin traîne derrière lui.

    Devant le "synoptique" donnant les informations concernant l'état des différents composants du missile, "charge nucléaire, carburant (16 tonnes de poudre), centrales inertielles, gyroscope, etc. veillent jours et nuits 3 des 9 "missiliers" de l'équipage. Quand un ordre d'exercice parvient tout l'équipage est appelé "au poste de combat" et durant près d'une heure est préparée "la mise à feu". "Ces exercices, (une dizaine par patrouille à intervalles plus ou moins réguliers) permettent d'entraîner l'équipage et de s'assurer du bon état de chacun des missiles" Connaissance de l'Histoire, n°26, juillet-août 1980, p.25.

    "La tranche réacteur" à l'arrière du bâtiment est le fief du "groupement énergie propulsion", 50 marins ; le fonctionnement du réacteur est surveillé

    Espaces I confort Quelque soit le type de sous-marin, les marins sont spatiallement et temporairement toujours répartis en deux groupes les officiers et les autres : toujours deux carrés. Le respect de la hiérarchie est sur les sous-marins d'autant plus fortement exprimée que mieux acceptée (car fondée sur la compétence) . Ceux qui ont navigué à bord des classiques et des nucléaires comparent les modes de travaillent et de vie ; "ils n'en reviennent pas" des différences. La principale est la possibilité d'avoir de l'eau pour d'autres usages que l'alimentation, la possibilité d'avoir sa propre couchette, et enfin d'avoir le droit de fumer. Bien d'autres différences à observer et analyser et leurs conséquences pour la vie de chacun et de celle de l'équipage. A bord du Redoutable un confort auquel les sous-mariniers ne sont pas habitués : chaque officier à sa chambre, (de la longueur de la couchette) et chaque membre d'équipage à sa "bannette". L'eau est à volonté, ils peuvent "même se laver" alors que sur les autres les marins devaient demeurer entre 10 et 15 jours sans se laver

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    Les officiers prennent leur repas dans un carré et les officiers mariniers, les quartiers maîtres et matelots dans une cafétéria moderne, alors que sur les autres un carré pour les officiers et une installation parfois précaire pour les membres d'équipage. Mais à bord des uns comme des autres un bon cuisinier !

    Rythmer la vie - Marquer les jours

    A bord des bateaux le temps n'est pas rythmé comme à terre car il l'est selon les activités pratiquées à bord, les conditions atmosphériques etc. Si à bord des bateaux de pêche c'est le poisson d'abord qui gouverne et les contraintes techniques, à bord d'un sous-marin nucléaire la notion du temps va pouvoir être perdue, celui-ci n'étant rythmé que par les routes prises mais cela ne modifie que peu la vie à bord. Comme à bord de pas mal de bateau de la Marine marchande et même de pêche au large. Le temps à bord des sous-marins est rythmé selon les pratiques habituelles à bord des navires de surface, quarts, repas, distractions, jours de fête, messages avec la terre, les familles, etc. Le dimanche est marqué, soit par un repas "amélioré" soit, à bord des sous-rnarin par le port de la tenue (l'uniforme) imposée par le commandant pour le repas. Contre la monotonie à bord des sous-marins nucléaires désormais :

    - le cinéma, et un circuit fermé de télévision, - salle de sport, bicyclettes fixes.

    Un service religieux "est diffusé grâce à des cassettes préenregistrées par l'aumônier de la base sous-marine" {Connaissance de VHisîoire, n°26, juillet-août 1980, p.24).

    Tous les "heureux événements" qui surviennent sont fêtés par tous : anniversaires, fêtes, "la cabane" fête de mi-patrouille, la première descente d'un marin, etc;

    Tous les 10 jours sont reçus les messages des familles "familigramme" (une trentaine de mots pour chacun).

    A bord d'un sous-marin, ainsi, quel qu'il soit et quelle que soit la durée de la mission le rythme des activités est celui de la terre adapté "à la mer" mais on vit 24 heures sur 24 grâce à la lumière artificielle. Un sous-marin comme n'importe quel vaisseau à la mer ne stoppe jamais et les marins travaillent donc 24 heures sur 24 heures mais par "bordées". A bord d'un sous-marin "classique "ou "nucléaire" il n'y a que trois "bordées" au lieu de quatre, les quarts sont donc plus longs. La vie est rythmée principalement par les activités du bord : comme a bord de n'importe que! navire la vie est rigoureusement organisée

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    temporellement : il y a trois changements de bordée mais que deux services de repas tant pour le déjeuner que pour le dîner.

    Pour différencier "le jour" de "la nuit" les lumières sont différentes blanche le jour et rougeâtre tamisé la nuit, de 22 h. à 6 h.

    Travail - loisir

    A bord des "classiques" chacun peut après son quart se reposer et se distraire :

    - à la "caffe" regarder une bande "vidéo", - se reposer en lisant, écoutant de la musique, seul.

    Les distractions du genre travail manuel, sport, etc. ne sont praticables qu'à bord des SNLE ; à bord des "classiques" en effet "il n'y a pas le temps" et pour ce qui est du bricolage pas de place pour emmagasiner d'objets. A bord des SNLE : l'un vous dira ne jamais avoir vu autant de film, l'autre réaliser des maquettes, ranger une collection de timbres, dessiner, etc. Chaque marin peut emporter personnellement de quoi s'occuper.

    Pas de temps , nous l'avons vu, le travail est beaucoup plus intense à bord des "classiques" :

    - au cours de certaines missions "nous n'arrêtons pas, entre le quart, les opérations et les postes d'alerte."

    La semaine, les jours sont différenciés les uns des autres car le jeudi, le samedi et le dimanche les repas sont dits améliorés c'est à dire comme le précise un sous-marinier "encore meilleur" ou comme le précise un autre "une surprise".

    Ce qui est fréquent à bord des navires de surfaces de commerce ou de guerre et à bord des grands chalutiers est à bord des sous-mariniers obligatoirement appliqué

    Les repas : la clef de voûte d*une bonne mission, d*une bonne patrouille -

    Comme dans toutes les groupes clos, manger est le principal outil d'une bonne socialisation de relations sociales en un espace clos et isolé. Il suffit de constater le rôle du