Le volet en ligne - Solaris · Group – Space International plus de 200 tirées à 2000...

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L’A NTHOLOGIE PERMANENTE DES LITTÉRATURES DE L IMAGINAIRE N˚ 165 Gratuit 161 Les Télécartes SF et fantastique Jean-Pierre Laigle 171 Lectures N. Faure, R. D. Nolane, É. Vonarburg et Y. Meynard 179 Écrits sur l’imaginaire N. Spehner 191 Sci-néma C. Sauvé et H. Morin S OLARI S Science-fiction et fantastique Le volet en ligne

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  • L ’A N T H O L O G I E P E R M A N E N T ED E S L I T T É R AT U R E S D E L ’ I M A G I N A I R EN˚ 165 Gratuit

    161 Les Télécartes SF et fantastiqueJean-Pierre Laigle171 LecturesN. Faure, R. D. Nolane, É. Vonarburg et Y. Meynard179 Écrits sur l’imaginaireN. Spehner191 Sci-némaC. Sauvé et H. Morin

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    Solaris est une revue publiée quatre fois par année par les Publications bénévoles des littératuresde l’imaginaire du Québec. Fondée en 1974 par Norbert Spehner, Solaris est la première revuede science-fiction et de fantastique en français en Amérique du Nord.

    Ces pages sont offertes gratuitement. Elles constituent le Supplément en ligne du numéro 165 de larevue Solaris. Toute reproduction – à l’exclusion d’une impression unique en vue de joindre cesupplément au numéro 165 de Solaris –, est strictement interdite à moins d’entente spécifiqueavec les auteurs et la rédaction.

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    Date de mise en ligne : décembre 2007 © Solaris et les auteurs

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  • LancementLa carte téléphonique procède du brevet de Roland Moreno

    déposé en 1974. Celui-ci répondait au problème croissant de ladétérioration des cabines téléphoniques dans le but de récupérer lespièces de monnaies versées pour les communications. De mêmeque l’envoi d’un pli était prépayé grâce à un timbre-poste, l’inser-tion de la télécarte dans un lecteur supprimait l’utilisation directede numéraire.

    Cette carte à circuit intégré, dite « à puce », remplaçait, outreles pièces, les timbres-téléphone, les jetons téléphoniques, les ticketsthermo-magnétiques et autres procédés plus ou moins commodes.Elle fut lancée dans le public en 1984 et supplanta la carte holo-graphique qui date de 1978. À son tour, elle fut concurrencée par lacarte à code avec laquelle elle se partage le marché des télécommu-nications.

    La carte à code est plus pratique : son crédit est renouvelable àdistance ; sa fonction la dispensant d’être insérée dans un lecteur,peu importe sa forme ; mais elle a généralement gardé celle d’unrectangle aux angles arrondis. Toutefois s’est popularisé en Thaïlandeau début du XXIe siècle un modèle plus étroit qui coexiste avec l’an-cien. Elle s’est même adaptée au téléphone mobile (mobicarte).

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    Dans sa mouture originelle, la télécarte fut d’abord assez som-maire, rappelant les débuts du timbre-poste. Toutefois, alors que laGrande-Bretagne avait fait œuvre de pionnier avec ce dernier, ce futla France qui inaugura ce nouveau moyen et fut imitée dans lemonde entier. Ceci n’aurait pas été possible sans le développementhors pair de l’électronique vers la fin du XXe siècle.

    Comme le timbre-poste, la télécarte, en plastique ou en carton,avec ou sans puce, se prête aux commémorations de divers événe-ments culturels ou politiques. Toutefois, publique ou privée, elle avite servi à vanter les mérites des pays, des organismes, des asso-ciations ou des firmes qui les commanditaient et des produits qu’ilsoffraient. Ainsi est-elle largement devenue un support publicitaire.

    Contrairement au timbre-poste qui date de 1840, la télécarte estun concept récent. Il manque encore un catalogue des émissions dela planète entière ; seuls existent ceux des pays où elle se collec-tionne. Aussi cet article ne saurait-il prétendre à l’exhaustivité,même dans des domaines aussi réduits que la SF et le Fantastiquequi ne dépassent pas 2000 valeurs, hors variétés et retirages.

    La SF semble s’inviter en 1991 par une émission française dela firme Forclum représentant une ville futuriste que survole unesorte de soucoupe volante. Tirée à 2000 exemplaires, elle est cotéetrès cher. L’année suivante paraissait une carte d’inspiration fantas-tique – un mort-vivant en armure – de Wojciech Siudmak émise à11100 exemplaires par l’éditeur français Presses Pocket.

    En 1994 sortait en Allemagne une carte dépeignant une sou-coupe volante et deux têtes d’extraterrestres verts annonçantGalaxy, un spectacle étatsunien présenté pour la première fois enEurope. L’année suivante, pour le centenaire du cinéma allemand,une autre portraiturait le robot féminin de Metropolis (1926) deFritz Lang. Une tendance qui devait éclater au début du XXIe siècle.

    Cinéma et télévisionEn 1995, la compagnie téléphonique étatsunienne Mercury

    émettait une série célébrant les personnages originels du feuilletontélévisé Star Trek (tr. Star Trek ou Patrouille du Cosmos), lancé en1966 par Gene Roddenberry. Une initiative qui devait connaître unefortune extraordinaire puisqu’au moment de rédiger ces lignes(2007), en comptant ses extensions, plus de 300 cartes lui ont étéconsacrées.

    D’une façon générale, le cinéma et la télévision ont largementutilisé la télécarte comme médium promotionnel, et en particulier,mais plus tardivement, pour la SF et le Fantastique. Ainsi les deuxgenres finissaient-ils par prendre une place comparable à celle

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    qu’ils occupaient sur les écrans, grands ou petits, depuis la fin duXXe siècle. Et Star Trek en est sans conteste le champion.

    Une autre compagnie étatsunienne, Patco, a également sortideux séries limitées de quatre cartes qui constituent deux puzzlesreprésentant la station spatiale de Deep Space Nine (tr. EspaceProfond Neuf, 1993) et les personnages principaux de Star Trek -The Next Generation (tr. Star Trek - La Prochaine Génération, 1987).À noter aussi une série privée portugaise qui est très recherchée.

    Pourtant, la plus grosse productrice de cartes trekkistes est laGrande-Bretagne. Freephone en a émis plusieurs dizaines et SpaceGroup – Space International plus de 200 tirées à 2000 exemplaireset davantage en cas de rééditions, regroupant non seulement lefeuilleton originel mais les dessins animés, tous les longs métrages,The Next Generation, Deep Space Nine, Voyager, etc.

    Cette dernière production mérite plus qu’une mention. Elle esttrès soignée et chaque série de dix cartes est incluse dans une luxueusechemise pelliculée. Il existe même un classeur pour les accueillir.Sont-elles vraiment censées être utilisées? Certes, le collectionneurn’a qu’à renvoyer à l’éditeur leur code-barres autocollant pour lesactiver, mais une note le prévient que cela pourrait réduire leur cote…

    Deuxième en popularité, Star Wars (tr. La Guerre des Étoiles,1977-2005), les six films confondus ne dépasse pas 150 valeurs. Ici,le champion est la compagnie thaïlandaise Freedom avec unetrentaine de cartes réparties en quatre séries, dont deux en formatétroit, une de ces dernières incorporant deux règles, en systèmesmétrique et anglais, entre lesquelles sont coincés les principaux per-sonnages.

    La plus belle série est cependant d’origine italienne: vingt-deuxcartes holographiques de tous les films, sauf le plus récent. La pluscurieuse, chinoise, en comprend trois photographiées d’après desboîtes de Coca-Cola annonçant l’épisode III. Quatre autres en pro-

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    venance de Singapour portent au verso trois réductions (entre autres)de papier mural « starwarsien » et l’adresse où les commander.

    La compagnie française Kertel a consacré à l’épisode 124mobicartes dont trois offrant cinq minutes de communication gra-tuites et Freephone deux séries de douze à la version rénovée deStar Wars et à The Phantom Menace (tr. La Menace Fantôme).L’Indonésienne Celcom a célébré l’épisode III par cinq cartes. Unecuriosité rare : l’émission privée japonaise représentant GeorgeLucas en compagnie de C3PO.

    Autre succès: Lord of the Rings (tr. Le Seigneur des Anneaux,2001-03) de Peter Jackson d’après J. R. R. Tolkien. France Telecoma émis quatre séries de deux, trois par film plus une à tirage limité,très recherchée, donnant droit à cinq minutes gratuites et représen-tant Arwen et Gollum. Elle a été reprise telle quelle en Thaïlandepar Orange qui a aussi sorti quatre mobicartes françaises et deuxisraéliennes.

    Le Brésil a consacré à la trilogie deux séries : une de cinq etune de douze qui propose autant de portraits des personnages. Elleest également bien représentée en Chine, mais comme les provinces,voire certaines villes, ont leur propre réseau de communication, lenombre d’émissions reste indéterminé. Cependant il atteint au moinsquelques dizaines. Le Japon et les USA viennent loin derrière.

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    Ces chiffres seront sans doute dépassés grâce aux prochainsfilms de Harry Potter. Pour le moment, il existe deux grandesséries en Chine et en Thaïlande et d’autres plus modestes ailleurs.Échec relatif, par contre, pour la trilogie des X Men de Brian Singer(2000 et 2003) et de Brett Ratner pour le dernier volet (2006) : 15cartes ont été consacrées au deuxième par Freedom.

    Sans doute sous l’impulsion des distributeurs, la même com-pagnie a fait un effort particulier pour les Fantastic 4 (2005) deTim Story : une belle série de quatre cartes constituant un puzzle,une de sept, une de cinq et deux au format étroit dont une de cinq etune de quatre, celle-ci comportant deux petites règles selon les sys-tèmes métrique et anglais. C’est très encourageant en attendant lesprochains films.

    Le Cinquième Élément (1997) de Luc Besson mérite une placeà part avec les quatre cartes que lui a consacrées British Telecom:le recto représente le dessin allégorique de l’affiche en couleurs dif-férentes et chaque verso le « multipass », avec la photographie et lesignalement, de Leeloo, Zorg, Cornélius et Corben Dallas. La Franceet l’Italie ne se sont fendues que d’une carte chacune.

    Parmi les séries télévisées, X-Files (tr. Au-delà du Réel, 1993-2002) compte six cartes de Patco, quatre de sa compatriote Tele2000 et sept de Freephone. Cette dernière compagnie en a émis dixen l’honneur de Buffy the Vampire Slayer (tr. Buffy contre lesVampires). En France, ce feuilleton a suscité quatre tickets de télé-phone pour cinq minutes gratuites glissés dans les paquets de biscuitsGolden Grahams.

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    The Matrix (1999) de Larry & Andy Wachowsky a donné vieà deux cartes canadiennes et Matrix Reloaded (2003) six au Japon.En France, Planet of the Apes (tr. La Planète des Singes, 2001) deTim Burton a fait l’objet de deux séries de quatre mobicartes parOrange : une en quadrichromie et une en monochromie bleu-vertreprenant les mêmes personnages légèrement réduits.

    Parmi les curiosités, signalons deux séries de quatre : trois dePatco découpant les portraits en pied de Superman (Steve Reeve),Batman (Micheal Keaton) et Wonder Woman (Lynda Carter) ; unede Belgacom résolvant la querelle linguistique entre Wallons etFlamands par l’emploi de l’anglais pour les légendes relatives auxdinosaures de The Lost World (tr. Le Monde Perdu, 1997) deSteven Spielberg.

    N’oublions pas le dessin animé. La compagnie française SEPATéléphonique a consacré deux séries de cinq aux adaptations dis-neyennes d’Alice in Wonderland (tr. Alice au Pays des Merveilles)et de The Beauty and the Beast (tr. La Belle et la Bête). TelecomItalia a émis deux cartes pour Final Fantasy (2001) d’IronobuSakaguchi. Quant à l’apport des mangas japonais, c’est un continenthélas mal exploré et compris.

    Nous l’avons vu au début, commémoration et cinéma seconjuguent parfois. Ainsi la multinationale Orange a-t-elle marquéle trentenaire de 2001 : A Space Odyssey (tr. 2001 : L’Odyssée del’Espace, 1968) de Stanley Kubrick par une mobicarte reproduisantl’affiche originale. Et le Philippin PLDT avec une série de quatreles vingt ans de E.T. (1983) de Steven Spielberg.

    Un certain nombre de cartes se contentent de reproduire enminiature des affiches de films. C’est souvent le cas dans les pro-ductions déjà évoquées. Freedom, Telecom Italia et l’ÉtatsunienneUnitel/Unicom ont ainsi émis des dizaines de mini-affichettes etbeaucoup d’autres le font occasionnellement. En raison de l’extrêmeréduction, ce sont les moins intéressantes.

    La bande dessinéeLe deuxième médium le plus promu dans la télécarte est la

    bande dessinée. Rien d’étonnant dans la mesure où celle-ci est trèspopulaire et où le format se prête au transfert des vignettes et descouvertures illustrées. Elle n’y est pourtant apparue qu’à l’extrêmefin du XXe siècle et le nombre d’émissions reste inférieur à celuisuscité par leurs adaptations cinématographiques, tous genresconfondus.

    Le champion toutes catégories de la télécarte bédéistique estTintin : plusieurs centaines célèbrent le petit reporter d’Hergé. Pour

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    la SF, elles dépassent la cinquantaine. Setcall – à la nationalitéincertaine, ses productions étant en anglais mais libellées en eurosou en dollars – a repris, outre de nombreuses vignettes, toutes lescouvertures en français des albums de la série sous forme de puzzlesde quatre.

    Également en français, le Chinois Telegold les a toutes reprises,mais chacun sur une seule carte en éditions limitées à 250 exem-plaires, ce qui laisse sceptique. Unitel/Unicom aussi, mais en anglaiset dans un format plus réduit. Le Costaricain ICE en a émis quatrerelatives à Objectif Lune et On a marché sur la Lune. Dans l’œuvred’Hergé la SF représente six albums et le fantastique deux.

    Autres personnages de bandes dessinées belges de SF, Blake &Mortimer d’Edgar P. Jacobs et ses successeurs ont eu l’honneurchez l’Israélien Willcom de dix cartes prétendument tirées à 100exemplaires, sans doute destinée à appâter les collectionneurs.L’Étatsunien Touchstone en a émis deux reproduisant les couver-tures (en français!) de La Marque jaune et Le Secret de l’Espadon.

    L’éditeur allemand pour la jeunesse Norbert Hethke a consacréplusieurs dizaines de cartes aux personnages des bandes dessinées

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    qu’il publiait. Ceux relevant au moins en partie de la SF sont Rakad’Enzo Chiomenti, Nick de Hansrudi Wäscher, Tarzan de BurneHogarth, Fulgor et Akim d’Augusto Pedrazza. Certaines sont holo-graphiques, hélas les plus fragiles.

    Aux USA, MM Network Inc. a émis une série consacrée auxsuper-héros de chez Marvel. Mais le plus bel hommage à cet édi-teur est celle de huit cartes italiennes intitulée Heroes and Villains.Au verso de chacune sont indiquées les caractéristiques de chacundes personnages. De même nationalité, celles de chez TIM : deuxd’après Mandrake de Phil Davis et six d’après Flash Gordon d’AlexRaymond.

    France Telecom et les Éditions Dupuis se sont unis pour émettrecinq tickets téléphoniques offrant chichement trois minutes gratuitesdans des boîtes de friandises Chocapic. Chacune représente un per-sonnage de Kidpaddle de Midam face à un monstre visiblementinquiétant. Contrairement aux précédentes, ces cartes semblents’adresser exclusivement à la jeunesse.

    Le reste et l’avenirLes jeux électroniques de SF et de Fantastique s’invitent

    rarement chez les télécartes. Citons pourtant les deux consacrées àLara Croft par la compagnie française Decatel et celle d’Orange-France promouvant Dark Cloud de Playstation. Quant aux auteursde SF et à leurs œuvres, ils sont tout simplement absents. MêmeJules Verne n’y a pas trouvé grâce, même si, maigre consolation,cinq capsules de bouteille de champagne commémorent le cente-naire de sa mort ! Le livre ne serait-il plus assez porteur ?

    Il est révélateur que la littérature ne soit guère présente dans lestélécartes que par l’intermédiaire de ses adaptations au grand et aupetit écran : la série des Harry Potter, Lord of the Rings, LaPlanète des Singes, etc. Le seul service qu’elles lui rendent serait-ild’inciter les spectateurs à lire les œuvres originales, voire les dérivésécrits d’après des scénarios de films et de feuilletons télévisés?

    Notons en passant que les quatre cartes consacrées aux dragonsémises par British Telecom étaient extraites de l’album Dragons ofSummer Flame qui reprenait d’anciennes couvertures et qu’ellesétaient remboursées aux acheteurs de l’édition cartonnée. Les seulesautres reprises d’illustrations de SF ou de fantastique ne semblentprovenir que de bandes dessinées.

    Quant aux œuvres inédites, elles font figure d’exception. Lacompagnie brésilienne Telemar a émis des cartes regroupées sous letitre Série Cibernética Intergalática Espacial. Une partie est consti-tuée par des clichés astronomiques et l’autre par des toiles de SF

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    d’artistes locaux. L’une représente un couple d’extraterrestres avecson rejeton. Chacune comporte au verso une légende poétique.

    France Telecom a aussi sorti une série humoristique qui aconnu deux tirages avec des puces différentes et dont quatre cartesillustrent les problèmes que rencontrent ses usagers sur la Lune, enplein espace, dans une jungle fréquentée par un dinosaure et prèsd’un château de Transylvanie. Dans le même esprit, Swiss Telecomen a émis deux représentant un extraterrestre et sur l’autre une ca-bine téléphonique lunaire.

    Parmi les cartes isolées les plus intéressantes, signalons cellede Tele Danmark où sept astronautes entourent un astronef en pleinespace, celle de la compagnie française GTS Omnicon célébrantHalloween et celle des Émirats Arabes Unis annonçant la quatrièmeExposition et Conférence Internationale sur la Défense (Idex’99)par la tête d’un superbe robot militaire à l’œil unique.

    Enfin, la compagnie française Galaxy a choisi comme mascotteun extraterrestre à antennes et en scaphandre. Malheureusement,celui-ci a fini par disparaître du recto pour se retrouver en miniatureau verso. Décidément, la télécarte de SF et de Fantastique, contrai-rement au timbre-poste, loin de favoriser la création artistique origi-nale, préfère emprunter celle des médias dominants.

    À cet égard, les télécartes sont moins intéressantes que les tim-bres-poste et les cartes postales ou même les boîtes d’allumettes etles briquets. Hors SF et Fantastique, leurs commanditaires, publicscomme privés, ont pourtant su encourager les artistes et l’imagina-tion. Tout en rendant hommage à leur popularité et à leur rentabilité,ils n’ont guère laissé ces deux domaines développer leur propreiconographie.

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    Cette attitude est-elle définitive? Encore faudrait-il que la télé-carte ait un avenir. Déjà des cartes de crédit sont compatibles avecdes lecteurs de cabines téléphoniques et ces dernières subissent laconcurrence des téléphones mobiles. Des pays ont drastiquementréduit leurs émissions et/ou les réservent aux collectionneurs qui secontentent de les remiser dans leurs classeurs.

    Dans les pays riches, la carte à puce devient surtout un ticket dedépannage pour une minorité privée de téléphone mobile ou mêmefixe, voire de carte de crédit, et la carte à code également un aide-mémoire pour une fastidieuse série de chiffres. La publicité qu’ellespeuvent véhiculer est donc négligeable pour les annonceurs, aupoint que des compagnies y ont renoncé. Y aura-t-il encore demaindes cabines publiques?

    Il reste heureusement les pays émergents et sous-développés.Les premiers semblent appelés tôt ou tard à rejoindre les nantis ; enattendant, les émissions de télécartes explosent en Chine et enAmérique Latine. Dans les seconds, comme en Thaïlande, ellestendent à se généraliser parmi une population dépourvue, sansdoute pour longtemps, des moyens de s’offrir mieux.

    L’avenir est donc à ces pays. À défaut d’originalité et en atten-dant mieux, ils offrent la quantité. Ils sauveront sans doute la télé-carte de la désaffection qui la menace ailleurs. C’est déjà là que lescollectionneurs puisent une part de leur matière, entre autres pour laSF et le fantastique. Pour les amateurs des deux genres, il est tempsde s’y intéresser. Le but de cet article était de leur en révéler unnouvel aspect.

    Jean-Pierre LAIGLE

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    De son coin de pays en France, Jean-Pierre Laigle a toutfait dans la SF : il l’a traduite, critiquée, étudiée, imprimée,éditée ; il a fondé et publié la revue Antarès ; il en aachetée, vendue et collectionnée. Il en a écrit aussi,comme en font foi ses nouvelles « Mission : Destinée »,« Deuxième victoire » et « Opération Comète » (Solaris139, 143 et 154). Jean-Pierre Laigle a aussi publié un articleprésentant la science-fiction dans la philatélie dans levolet Internet de notre numéro 146.

  • Lucie Chenu (Anthologiste)(Pro)CréationsParis, Glyphe (Imaginaires), 2007, 309 p.

    Une maison d’édition spécialiséedans les ouvrages médicaux ouvre sacollection de textes de fiction aveccette anthologie. Lucie Chenu, écrivaine,anthologiste et critique française,nous présente ici une sélection detextes variés sur le thème de la pro-création au sens large, qu’elle soithumaine, extraterrestre ou simplementartistique.

    Presque tous les textes sont desinédits sauf les deux extraits de romand’Amin Maalouf et de Martin Winckler,que je ne présenterai pas. C’est aussi

    le cas d’« Arthro » de Joëlle Wintrebert,qui est déjà paru dans la collectionAutres Mondes chez Mango Jeunesse.Une nef spatiale humaine s’est écraséesur une planète étrangère et les survi-vants devront tenter de communiqueravec les habitants, des insectoïdes. Untrès beau texte sur les relations inter-espèces, la communication, foisonnantd'impressions, de couleurs, de sen-teurs… Affûtez vos sens !

    Dans « Le Cimetière des Toucans »,de Francis Berthelot, un sculpteur tailledes pièces dans une pierre étrange etmagnifique. Une exploration hors ducommun du lien entre création etcréateur portée par le style unique del'auteur.

    Lionel Davoust nous propose un textede facture classique, « Regarde versl’Ouest », construit en flash-backs. Uncouple séparé que seul leur enfantrelie, un jeu sur la flamme créative etles sources d'inspiration. Patrick Erispropose de son côté « Les Enfantsmiracle », une nouvelle courte et effi-cace. Un scientifique découvre le moyend'aider à enfanter des couples qui nesont pas fertiles, mais les enfantssemblent mourir les uns après lesautres…

    Autre thème de la procréationamené par Hélène Calvez avec« Emmanuel », une bonne enquêtepolicière, enlevée et efficace, façonpolar des années 30. Un Parisiendécouvre que le poupon de la crèchelocale s'est transformé en enfant véri-

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    table… Miracle ? Dans « Je sais, ilsm’avaient dit non », Antoine Lencoutrace le portrait d’une société post-apocalyptique où le désir de grossesseest extrêmement réglementé et con-trarié. Brrr, efficace.

    Certaines procréations s’annoncentétrangères et fantastiques. Pierre-Alexandre Sicart propose avec « LeSang des fées », dans un très beaustyle clair et précis, une histoire defantasy contemporaine sur atmosphèrede landes bretonnes. Un grand-pèreattaché à la tradition raconte depuistoujours les légendes à sa petite fille,qui devenue jeune femme ne sait plussi elle est folle ou si elle a vraimentrencontré un être de faërie. Jean-MichelCalvez joue « À quatre mains » pourcomposer un excellent texte à la thé-matique dérangeante, une grossessedont la nature provoque la réaction dumonde entier… la chute m’a laisséestupéfaite.

    Jess Kaan propose d’attendre lesfées avec un futur père dans « LeCouloir », un très beau texte de fantasyurbaine. Ambiance russe et fantastiquepour « Inné ! », ce texte subtil d’unauteur confirmé, Alain le Bussy. Unjeune couple vivant dans des conditionsdifficiles attend un enfant, et la mèrefatigue de plus en plus chaque jour…Quel mal étrange la ronge?

    Sylvie Miller voit dans le futur des« Ventres d’airain ». Connue commeanthologiste, traductrice et spécialistede SF espagnole, Sylvie écrit aussi. Untexte SF dur et prenant, vitrine d’unfutur où règnent le clonage, l’eugénismeet où l’enfantement reste réservé.Mélanie Fazi rêve du « Pollen de mi-nuit » avec un être de faërie qui utiliseles songes pour vivre une maternitépar procuration. Atmosphère étrangeet sentiments justes.

    Avec « En chair », Pierre Bordagenous présente une humanité parfaitemais qu’on sent aseptisée, immortelle,contrôlée, où la différence est fustigéeet la grossesse… non, vous verrez !« Hantise » de Jean Milleman : quelstyle ! Des mots choisis avec soin, uneambiance prenante, des sentimentsforts ou plus nuancés et l’évocationdouce-amère d’une vie qui n’a pas vule jour. Du fantastique urbain de laplus belle eau et un des meilleurstextes parmi un ensemble qui estd’une excellente qualité, malgré laprésence de deux ou trois textes plusfaibles, toujours normal dans ce genrede collection.

    Du tout bon ou presque. Et con-seillé aussi aux hommes!

    Nathalie FAURE

    Roger BozzettoLa Science-fictionParis, Armand Colin (128. Lettres),2007, 127 p.

    Il fut un temps lointain où ceux quivoulaient se renseigner vite, sinonbien, sur la science-fiction – étudiants,professeurs, lecteurs autodidactes – nepouvaient avoir recours qu’à l’ouvragede Jean Gattégno dans la collectionQue sais-je? du PUF (la réponse était :« pas grand-chose »…).

    Alléluia, cette époque est révolue,grâce à l’excellent et sérieux petit livrede Roger Bozzetto, qui porte le mêmetitre sous une pimpante couverturerouge. (Il y a d’autres petits précis,mais celui-ci me semble le meilleur dutas.) L’auteur, un universitaire, œuvredepuis assez longtemps dans le do-maine avec amour et respect critiquepour savoir de quoi il cause et le fairebien, – malgré l’exergue de la préface :« Les recherches d’un grand nombre

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    de commentateurs ont déjà jeté beau-coup d’obscurité sur le sujet. Il estprobable que, s’ils persévèrent, nousn’en connaîtrons bientôt plus rien. »(Mark Twain).

    Bozzetto nous présente un tableauhistorico-littéraire des origines à nosjours, avec les différentes étapes del’évolution de la SF elle-même, un cha-pitre sur quelques procédés narratifs,des survols thématiques pertinents(« Le thème de l’altérité », « Deuxapproches de la science »…) et unflorilège d’une quinzaine d’auteursconsidérés comme représentatifs d’unaspect ou d’un autre du genre (dontquelques francophones récents). Unebibliographie des plus raisonnables etun court glossaire de termes SF accom-pagnent le tout, lequel défend etillustre bien cette description généralede la SF avec laquelle je ne peux qu’êtred’accord : « La SF, quand elle est origi-nale, prend en effet la mesure desbouleversements introduits par ledéveloppement des sciences et destechniques, et elle en incarne les po-

    tentialités. Elle accompagne le senti-ment moderne d’incertitude et nousaide ainsi à affronter notre ignorancede façon ludique, jouant le même rôleque les mythes dans les civilisationspréscientifiques. »

    Élisabeth VONARBURG

    Armand CabassonPar l’épée et le sabreParis, Thierry Magnier (Nouvelles),2007, 160 p.

    Un joli petit livre-objet à l’inhabituelformat carré dans une collection d’ins-piration éclectique mais qui afficheclairement sa volonté de publier desnouvelles, voici le nouveau recueild’Armand Cabasson.

    Comme son titre le laisse supposer,le contenu de Par l’épée et le sabretourne autour de la guerre. Les nou-velles relèvent soit du fantastique soitdu récit historique, quatre d’entre ellesse situant dans le Japon médiévalqu’affectionne tant l’auteur. Les cinqautres se partagent des tranches d’unMoyen Âge européen historiquementplus ou moins imaginaire mais toujoursd’un grand réalisme pour ce qui a traitaux détails et, surtout, à l’ambiance.

    Les personnages centraux de cesnouvelles n’affrontent pas que depuissants adversaires mais doiventaussi faire face aux plus puissants detous ceux-ci : eux-mêmes. Que le com-bat soit de nature fantastique ou non,les démons personnels valent bienceux qui marchent dans les pas deSatan et on finit toujours par se re-trouver face à son destin. Les erreursdu passé resurgissent souvent sous lestraits d’une femme qui personnifiealors les amours enfuis, le bonheur quis’est évanoui parce qu’on n’a pas su leretenir, ou par manque de compassion.

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    Dans les précédents recueils del’auteur, ce genre de récits étaient dis-persés parmi les autres, très différentsde ton et d’inspiration, et c’est unebonne idée de leur avoir ainsi consacréun recueil thématique, d’autant plusque, à ma connaissance, la presquetotalité des textes de Par l’épée etle sabre sont inédits, au moins envolume. Le style d’Armand Cabassonest toujours aussi prenant et montreune manière très personnelle de ra-conter des faits d’armes avec forcedétails cruels tout en restant en équi-libre sur la frontière séparant le récithistorique du conte pour adultes racontéau coin du feu : on est très loin desfurieuses empoignades et des histoiresde meurtres et de conspirations del’excellente série historico-policièrenapoléonienne de l’auteur publiéechez 10/18…

    Ce livre est de ceux qu’on a envied’encourager et de soutenir déjà parprincipe dans un monde où l’éditionest plus stéréotypée que jamais, quece soit au niveau de la forme littéraireou de la présentation en librairie. Belobjet abritant de bons moments de lit-térature et défiant la dureté du marché

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    pour les recueils de nouvelles, Parl’épée et le sabre (par ailleurs dis-tribué au Québec) est de ces livres quidevraient se nicher dans toute biblio-thèque amie de l’insolite, du fantastiqueet du mystère… Pour ce qui est de laposologie, je préconise une nouvelletous les soirs, à déguster tranquil-lement à la manière d’un digestifhors-d’âge. Et comme l’auteur a suagréablement éviter de se répéterd’un texte à l’autre en dépit d’uneattirance certaine pour les histoires desièges de châteaux forts européens oujaponais, ce sera donc un plaisir renou-velé à chaque occasion. [RDN]

    Robert SheckleyLa Dimension des Miracles revisitéeCalifornie/France, Black Coat Press(Rivière Blanche, Fusée 3), 2007, 234 p.

    Les fans de Robert Sheckley, disparuen 2005, ont sûrement ressenti un peude méfiance en voyant ce roman inédit,y compris aux États-Unis, être publiépar un « petit » éditeur français, et nonun « gros » comme on aurait pu s’yattendre… Ceci d’autant plus que leroman en question se présente commeune suite, pour le moins tardive, d’undes plus célèbres de l’auteur, la fameuseDimension des Miracles, chef-d’œuvred’humour qui avait eu l’honneur d’êtretraduit voici trente-cinq ans dans lacollection Ailleurs & Demain deGérard Klein. Mais bon, comment ré-sister à des retrouvailles, même risquées,avec ce cher vieux Tom Carmody, n’est-ce pas?

    Allez, on ne va pas laisser planerplus longtemps le suspense : si cen’est pas le meilleur texte du grandRobert, c’est du bon Sheckley dans laveine qui l’a conduit au panthéon dela SF, celle de l’humour débridé etdynamiteur de poncifs.

  • Si mes souvenirs sont exacts, il nereste de La Dimension des miraclesque le personnage de Sheesh, celuiqui était venu chercher Carmody surTerre pour l’amener prendre livraisonde son fameux « lot ». À part Sheesh,donc, le casting a été totalement re-nouvelé et une galerie d’acteurs plusinsensés les uns que les autres (lesétats d’âmes des objets robotisés dela vie courante, il n’y a que Sheckleypour les étaler comme ça !) s’est em-paré de cette histoire tordue tournantautour d’un complot visant à renverserle Roi de l’Espace Infini. Un roi qui, deson côté, se découvre des penchantslibertaires et anti-monarchistes !

    Convoqué par lui au Centre Ga-lactique, Carmody apprend qu’il estdevenu une star locale après sa précé-dente visite d’heureux gagnant du« lot » et que Sheesh a organisé unevaste escroquerie pour se remplir lespoches en vendant des faux souvenirs

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    de lui… L’arrivée imprévue de Carmodydans cette maison de fous qu’est ap-paremment le Centre Galactique va,on s’en doute, bousculer encore un peuplus les cartes de la raison et changerquelque peu les données d’une in-trigue déjà pour le moins compliquée.

    Si la première Dimension desMiracles ressemblait à une odysséegalactique avec des épisodes hilarantsarticulés l’un à la suite de l’autre, cettesuite, qui se déroule essentiellementdans le Centre Galactique, est plus« éclatée », l’auteur s’en donnant àcœur joie au cours des 42 chapitresdès qu’il sent approcher l’occasiond’une digression humoristique, ceci detemps en temps aux dépens de lacohésion du scénario. L’esprit MontyPython n’est pas loin !

    Pour terminer, et en rêvant qu’unjour un éditeur à grande diffusion re-prenne en un seul volume ces deuxvolets de La Dimension des Miracles,signalons la traduction inspirée deJean-Marc Lofficier, la préface tendreet nostalgique de Robert Silverbergainsi que la belle couverture de Grillonà l’esprit 100 % sheckleyen qui fontde ce Rivière Blanche un must pourl’amateur et un vrai « coup » pour cedynamique petit éditeur. On peut seprocurer ce livre réjouissant en visitantle site www.riviereblanche.com.

    Richard D. NOLANE

    James Morrow et Kathryn Morrow(Anthologistes)The SFWA European Hall of FameNew York, Tor Books, 2007, 336 p.

    Vous qui lisez Solaris n’avez pasbesoin d’être convaincus que la SF quis’écrit hors des États-Unis, en d’autreslangues que l’anglais, vaut la peined’être lue. L’inverse est loin d’être

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    vrai : si les étagères de nos librairiescomme de celles du marché européendébordent de traductions de SF madein USA, le consommateur américainmoyen pourrait fort bien ignorer qu’ils’écrit de la SF ailleurs que chez lui.Comme l’explique lucidement la préfacede cet ouvrage, la traduction coûte cheret il est difficile de justifier la dépensepour un auteur qui n’a pas de public ;mais un auteur n’aura jamais de publicsi on ne se donne pas la peine de letraduire… Et, faut-il le souligner, debien le traduire. Le défi que se don-naient donc nos valeureux antholo-gistes était de réunir des œuvres de SFeuropéenne non-anglophone, de s’as-surer d’obtenir la meilleure traductionpossible (et ce en impliquant l’auteur)et de rendre le résultat attrayant à unpublic américain. Pas évident deconvaincre quelqu’un de lire un tasd’auteurs inconnus… C’est finalementen invoquant le prestige de la SFWA(Science Fiction and Fantasy Writers ofAmerica) que l’on a trouvé une formuleprometteuse, ce qui nous vaut unepetite hypocrisie dans le titre. Quevoulez-vous, Europe Still Swings SFn’aurait jamais marché…

    L’entreprise était noble ; mais cequi importe en fin de compte, ce sontles textes choisis. C’est bien beau,mais est-ce que c’est bon ? Eh bien,oui. Le choix des anthologistes rendjustice à leur ambition. On trouveradans ce livre seize textes variés maisde haute qualité, qui tous valent ledétour, sans compter l’excellente pré-face de James Morrow, laquelle pré-sente un condensé de l’historique dela SF européenne qui donne le goût dese (re)plonger dans les textes fondateursdu genre.

    L’anthologie s’ouvre sur un nom quivous sera familier, celui de Jean-Claude

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    Dunyach, qui signe une nouvelle deHard SF typique de sa manière, oùl’art et la psychologie jouent un rôlecapital. Le choix est malin : face auscepticisme de l’hypothétique lecteurréfractaire, ce texte ne peut que passerla rampe. C’est de la SF pure et dure,même si son argument ne repose passur une astuce technoscientifique. Letexte suivant, « A Birch Tree, A WhiteFox » d’Elena Arsenieva, a un parfumquelque peu vieillot : des cosmonauteséchoués sur une planète où le simplefait de prononcer des paroles a desconséquences désastreuses. Pas letexte le plus convaincant à mon avis,mais il offre une méditation sur l’im-portance de la parole chez l’être humain.

    Changement de registre avec« Sepultura » de Valerio Evangelisti,qui nous avait visités à Boréal il y aquelques années. On retrouvera lemême mariage féroce entre SF etmagie qui empreint le roman inau-gural de la série des Eymerich. Uneprison brésilienne dont les détenussont immergés dans une colle cyano-acrylique qui fusionne avec leur orga-nisme : de quoi couper court à toutespoir d’évasion… ou peut-être pas.

    Si « The Fourth Day to Eternity »d’Ondrej Neff présente un paradoxetemporel mordant mais dont on resteun peu détaché, impossible de resterfroid face au « Babydoll » de JoannaSinisalo, qui se déroule dans un futurtrès proche où les petites filles nepeuvent plus s’imaginer autrementque comme objets de désir. L’auteureexagère, nous dirons-nous, elle tapetrop fort sur le clou. Parce que ce seraittrop horrifiant si elle avait raison, n’est-ce pas?

    La nouvelle de Marek Huberathnous offre une vision d’étrangetéépoustouflante dans son début ; si la

  • deuxième moitié nous ramène à unedystopie plus convenue, impossibled’oublier la pièce cauchemardesqueoù le protagoniste entame sa vie.Moins classique est le contexte de« The Day We Went through theTransition » de Richard de la Casa etPedro Jorge Romero, qui nous présenteune patrouille du temps principalementpréoccupée par la période de tran-sition espagnole à l’après-Franco, etun contexte de lignes temporelles quine divergent qu’à partir d’une daterécente. C’est aussi une histoire d’amourà la fois triste et heureuse, et ce d’unefaçon indissociable de son aspect SF.

    « Athos Emfovos in the Temple ofSound » de Panagiotis Koustas nousoffre une tranche de cyberpunk, ouplutôt de cybertrance, le temple sonorenous rappelant davantage les clubsrave que les bouges sordides du Sprawlgibsonien. Dénonciation de la guerrevue comme un destin inévitable, letexte est peut-être un peu trop idéaliste

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    dans la solution qu’il évoque, mais onvoudrait quand même que ça marche.Par contraste, « Some Earthlings’ Ad-ventures on Outrerria » est une farceloufoque qui malheureusement ne m’afait rire qu’une ou deux fois. C’est letexte que j’ai le moins apprécié ; l’hu-mour est un genre qui ne passe pastoujours aussi bien d’un lecteur àl’autre.

    Sergei Lukyanenko est un nom quivous dira quelque chose si vous avezeu la chance de voir Nightwatch ouDaywatch, films jouissifs de SF fourre-tout. Je n’osais trop croire à la valeurdes romans à leur source, mais « Des-tiny, Inc. » est une nouvelle très bienmenée, qui traite son sujet avec rigueur.Ne vous demandez pas comment onparvient à échanger le destin de deuxpersonnes afin que la catastrophe re-doutée par chacun se produise pourl’autre, pour qui elle est banale. De-mandez-vous jusqu’où on peut poussercet échange et comment diable uneentreprise fondée sur cette technologiepeut opérer sans but lucratif…

    Andreas Eschbach, dont plusieursromans ont bénéficié d’une traductionvers le français, signe « Wonders ofthe Universe », histoire très classiqued’une astronaute face à sa mort immi-nente, qui trouve une belle justesse deton. Comme dans plusieurs autres cas,et particulièrement celui de la nouvelleprécédente, un lecteur américain bornéserait forcé de dire « ça aurait pu êtreune nouvelle américaine! » Ce qui dansune certaine mesure est exactement laréaction appropriée. Oui, les textesprésentés ici sont intelligibles pour unlectorat formé à l’école de la SF états-unienne ; les anthologistes n’ont pascherché des œuvres en complète ruptureavec la SF nord-américaine anglophone.

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    Peut-être bien que ce lecteur bornéajouterait un gros mais : « mais ça finitmal ! ». Ce qui caractérise sans doutele mieux la différence entre les textesrecueillis dans cette antho et ceux as-sociés à la SF américaine, ce serait lemanque de triomphalisme. Ce n’estcertes pas vrai pour toute SF amé-ricaine : je me souviens de numérosd’Asimov’s SF dont la teneur généraleétait tout aussi noire. Mais l’engineering-fiction style Analog ne ressemble guèreaux textes qui suivent. Dans « A Nighton the Edge of the Empire » de JoãoBarreiros, la Terre a été annexée à unempire galactique essentiellementconstitué de races d’oiseaux intelli-gents. La visite de l’ambassadeurChantVibrant est une plongée aussiféroce que drôle dans la corruption denotre planète de mammifères xéno-phobes. Vous avez dit : critique du colo-nialisme ? Chut, chut…

    « Transfusion » de Joëlle Wintrebertest un texte impressionniste, dont laprotagoniste pourrait être simplementschizophrène et non pas envahie parun démon d’outre-espace ; il appelle àune relecture serrée, mais celle-cipourrait-elle trancher ? Par contraste,« Verstummte Musik » de W. J. Marysonne laisse pas place au doute sur sonpropos. Nous sommes bel et bien dansun futur dystopique, où l’Europe del’Ouest est régie selon les principesd’un visionnaire mort depuis desdécennies, et où la population estcontrôlée à l’individu près. Ce qui com-mence par la description d’un universtotalitaire dont les protagonistes nes’échappent que parce qu’il en étaitdécidé ainsi se termine sur une visionambiguë d’un Palais de l’Humanité àla fois merveilleux et immonde. On aun peu de mal à y croire, même si c’estun beau texte.

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    José Antionio Cotrina signe« Between the Lines », qui relève àmon sens de la fantasy, nonobstantles fumeuses échappatoires des an-thologistes. Ce n’est pas grave, car onest à mille lieux des licornes télépatheset des elfes dompteurs de dragons.Vision des univers imbriqués les unsdans les autres par le moyen de la lec-ture entre les lignes, ce texte borgésienest une belle réussite.

    On termine avec « A Blue andCloudless Sky » de Bernhard Ribbeck,une autre histoire de paradoxe temporelmais beaucoup plus douloureuse quel’autre. Si son assise est un peu précaire(ce qui dans le cas d’un texte de cegenre ne devrait pas trop surprendre),la nouvelle est émouvante dans sadescription d’un monde condamné àl’extinction, que l’on ne peut sauverdu désastre qu’en effaçant son exis-tence même du cours de l’histoire. Onpourrait voir dans ce dernier texte lemeilleur exemple de la SF outre-Atlantique réunie par les anthologistes :un genre littéraire intelligible, mais quimet davantage son emphase sur lesgens qui habitent ses pages et un peumoins sur les boulons ; une SF recon-naissable comme telle mais dont l’as-saisonnement, pour reprendre la méta-phore de James Morrow, est différentde celui dont nous avons l’habitude.Un texte qui dérange, qui ne vientpeut-être pas vous chercher au début,mais qui une fois terminé refuse dequitter votre esprit, qui vous rappellequ’il y a toutes sortes de façons de direles choses, et que ce qu’il vous a ditvous a changé quelque part.

    Chapeau donc à tous ceux et cellesqui se sont impliqués dans ce projet. Nereste qu’à leur souhaiter une réussiteproportionnelle à leurs efforts. Ils neméritent rien de moins.

    Yves MEYNARD

  • LITTÉRATURE

    BAK, Jon S. (ed.)Post Modern Dracula : From Victorian Themesto Postmodern PraxisCambridge, Cambridge Scholar Press, 2007, 180pages.

    BAKER, Dorothy Z.America’s Gothic Fiction: The Legacy of MagnaliaChristi AmericanaColombus, Ohio State University Press, 2007, viii,161 pages.

    BARONIAN, Jean-BaptistePanorama de la littérature fantastique de languefrançaise : des origines à demainParis, La Table Ronde (La Petite Vermillon), 2007,322 pages.

    BAUDRY, RobertLe Mythe de Merlin: depuis les premiers textes auMoyen Âge jusqu’aux auteurs d’aujourd’huiRennes, Terre de brume (Essais), 2007, 399 pages.

    BENFORD, Gregory & Élisabeth MALARTREBeyond Human: Living with Robots and CyborgsNew York, Tor/Forge Books, 2007, 272 pages.

    Quoi de neuf à propos de la science-fiction, du fantastique et de la fantasy?Cette nouvelle rubrique, qui se veut le pendant « non fiction » de celleque vous trouvez dans le volet papier de Solaris, « Sur les rayons del’imaginaire », vous propose un choix d’études internationales sur diversaspects de vos genres favoris. La bibliographie est divisée en deux parties:les études littéraires, qui portent donc sur la littérature fantastique et descience-fiction proprement dite, et les essais qui traitent du cinéma oude la télévision.

    par Norbert SPEHNER

  • S O L A R I S 165180

    BENNET, BridgetTransatlantic Spiritualism and Nineteenth CenturyLiteratureNew York, Palgrave, 2007, x, 247 pages.Occultisme et littérature.

    BILLIANI, Francesca & Gigliola SULIS (eds.)The Italian Gothic and Fantastic : Encountersand Rewritings of Narrative TraditionsMadison (NJ), Farleigh Dickinson Press, 2007,243 pages.

    BOUVET, RachelÉtranges Récits, étranges lectures: essai sur l’effetfantastiqueQuébec, Presses de l’Université du Québec, 2007,252 pages.Réédition de l’ouvrage paru chez Balzac-Le-Grioten 1998.

    BRANDT, DinaDer deutsche Zukunftsroman 1918-1945: Gattungs-typologie und sozial-geschichtliche VerortunTübingen, Niemeyer (Studien und Texte zur Sozial-geschichte der Literatur 113), 2007, ix, 406 pages.

    BRASEY, ÉdouardLa Petite Encyclopédie du merveilleuxParis, Le Pré aux Clercs, 2007, 432 pages.Illustrations de Sandrine Gestin.

    BUCH, Robert (ed.)Figures and Figurations of the (Un-) deadDossier paru dans The German Review, vol. 82,n˚ 2, Washington (DC), Heldref, 2007, 199 pages.Numéro spécial.

    CASSOU-NOGUÈS, Pierre & Emmanuel BAROT(dirs.)Que prouve la science-fiction?Dossier paru dans Alliage, Nice, n˚ 60, juin 2007,187 pages.

    CHEN, FanfanFantasticism. Poetics of Fantastic LiteratureFrankfurt, New York, et al., Peter Lang (Arbeitenzur Literarischen Phantastik 1), 2007, 375 pages.

    DILAS-ROCHERIEUX, YolèneL’Utopie ou la mémoire du futurParis, Pocket (Agora), 2007. Éd. or. : Robert Laffont, 2000.

    DUPEYRON-LAFAY, Françoise & Arnaud HUFTIER (dirs.)Poétique(s) de l’espace dans les œuvres fantastiqueset de science-fiction. Figures et fantasmesParis, Michel Houdiard (avec le concours du CERLI),2007, 242 pages.

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    FINCHER, MaxQueering Gothic in the Romantic Age : ThePenetrating EyeNew York, Palgrave Macmillan, 2007, vi, 205 pages.

    FOURNIER KISS, CorinneLa Ville européenne dans la littérature fantastiquedu tournant du siècle (1860-1915)Lausanne, L’Âge d’homme (Slavica), 2007, 356pages.

    GEILFUS, MartinSanfte Magic und ehrgeizige Hexerei : Magie-theorie und ihre Anwendung auf AusgewähltenArtusromaneWetzlar, Phantastische Bibliothek (Schriftreihe undMaterialen der Phantastischen Bibliothek Wetzlar 98),2007, 141 pages.

    GREBOWICZ, Margret (ed.)SciFi in the Mind’s Eye: Reading Science throughScience FictionChicago, Carus Publishing/Open Court, 2007, 323pages.

    GUILLAUD, Lauric & Jean-Pierre PICOT (dirs.)Les Détectives de l’étrange: domaine anglo-saxonParis, Le Manuscrit (Manuscrit Université), 2007,tome I, 325 pages.

    GUILLAUD, Lauric & Jean-Pierre PICOT (dirs.)Les Détectives de l’étrange: domaine francophoneet expansions diversesParis, Le Manuscrit (Manuscrit Université), 2007,tome II, 315 pages.

    HARAWAY, DonnaManifeste Cyborg et autres essaisParis, Exils, 2007, 336 pages.Anthologie établie par Laurence Allard, DelphineGardey et Nathalie Magnan.

    HITCHCOCK, Susan TylerFrankenstein : A Cultural HistoryNew York, W.W. Norton, 2007, 392 pages.

    HOWE, David J.The Target Book: A History of the Target « DoctorWho » BooksTolworth Surrey (UK), Telos Publishing, 2007,172 pages.

    HUG, FranziskaDie Gattung der Utopie im Wandel : SamuelButler’s Erewhon und George Orwell’s NineteenEighty-Four als BeispieleTrier, WVT Wissenschaftlicher Verlag Trier (JenaerStudien zur Anglistik und Amerikanistik), 2007,155 pages.

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    HUANG, Han-YuHorror and Evil in the Name of Enjoyment : APsychoanalytic Critique of IdeologyBerlin, New York, et al., Peter Lang (EuropeanUniversity Studies/Anglo-Saxon Language andLiterature), 2007, 187 pages.

    JAMESON, FredricArchéologies du futur : le désir nommé utopieParis, Max Milo (L’Inconnu), 2007, 400 pages.

    KANDOLO, SondeepGothic Britain : Nation and Race, Culture andCriticism, 1707-1897Manchester (UK), Manchester University Press,2007, 336 pages.

    KYROU, ArielParanofictions : traité de savoir vivre pour uneépoque de science-fictionCastelnau-le-Lez, Flammarion (Climats), 2007,252 pages.Philip K. Dick, James Graham Ballard, DavidCronenberg, et al.

    LAVOCAT, Françoise, Pierre KAPITANIAK &Marianne CLOSSON (dirs.)Fictions du Diable : Démonologie et littérature deSaint Augustin à Léo TaxilGenève, Droz (Cahiers d’Humanisme et Renais-sance), 2007, 344 pages.

    LIPPINCOTT, Gary A. & Dominique SARANL’Illustration fantasy : toutes les techniquesParis, Eyrolles (Trait pour trait), 2007, 128 pages.

    MILDORF, Jamila & al. (eds.)Magic, Science, Technology, and LiteratureMünster, LIT (Kultur und Technik), 2007, 269 pages.

    MORRIS, NicolaThe Golem in Jewish American Literature Risksand Responsabilities in the Fiction of ThaneRosenbaum, Nomi (Sic) Eve and Steve SternParis, New York, et al., Peter Lang, 2007, x, 147pages.

    MOYLAN, Tom & Raffalea BACCOLINI (eds.)Utopia Method Vision : The Use Value of SocialDreamingNew York, et al., Peter Lang (Ralahine UtopianStudies 1), 2007, 345 pages.

    MÜNCH, Detlef (ed.)Die Frau der Zukunft vor 100 Jahren: 5 vergessenefeministische Utopien aus den Jahren 1899-1910(klassische deutsche Science Fiction Erzählungenvon Frauen zur Emanzipation und Frauenweltder Zukunft)

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    Dortmund, Synergen Verlag (Beiträge zur Bibliogra-phie und Rezension der deutsche Science Fiction 12),2007, 110 pages.

    PERRO, Bryan & Alexandre GIRARDCréatures fantastiques du QuébecMontréal, Trécarré, 2007, 160 pages.Pour jeunes.

    POZZUOLI, AlainPetite Encyclopédie de l’étrangeParis, Scali, 2007, 250 pages.

    RAINER, Karin A.Literatur des Bösen : Satan, Teufelskult undSchwarze Messen in der LiteraturMarburg, Tectum Verlag, 2007, 149 pages.

    RIEDER, John (ed.)Life Writing and Science FictionNuméro spécial de Biography : An Interdiscipli-nary Quarterly, vol. 30, n˚ 1, Honolulu, Universityof Hawai‘i Press, Winter 2007, xvii, 254 pages.

    ROBITAILLE, AntoineLe Nouvel Homme nouveau. Voyage dans lesutopies de la posthumanitéMontréal, Boréal (Essais), 2007, 224 pages.

    SEED, David (ed.)Science FictionNuméro spécial de The Yearbook of English Studies,vol. 37, n˚ 2, xv, London (UK), Modern HumanitiesResearch Association, July 2007, 254 pages.

    SMITH, Andrew, Martin HALLIWELL & AndyMOUSLEYGothic LiteratureEdinburgh, Edinburgh University Press (EdinburghCritical Guides to Literature), 2007, 201 pages.

    TALAIRACH-VIELMAS, LaurenceMoulding the Female Body in Victorian FairyTales and Sensational NovelsAldershot, Hants (UK) & Burlington (VT), Ashgate,2007, 220 pages.

    TOWNSHEND, DaleThe Orders of Gothic : Foucault, Lacan and theSubject of Gothic Writing, 1764-1820New York, AMS Press, 2007, ix, 365 pages.

    VINCENT, Jérôme & Éric HOLSTEINLe Petit Guide à trimbaler de la SF étrangèreParis, ActuSF (Les Trois Souhaits), 2007, 68 pages.

    WILLIAMS, Gilda (ed.)The GothicCambridge (Mass.), MIT Press (Documents ofContemporary Art), 2007, 208 pages.

  • S O L A R I S 165184

    WRIGHT, AngelaGothic FictionNew York, Palgrave Macmillan (Reader’s Guidesto Essential Criticism), 2007, ix, 178 pages.

    À PROPOS DES AUTEURS

    BERG, Christian, Alexandre GEFEN & als (dirs.)Retours à Marcel Schwob: D’un siècle à l’autre(1905-2005)Rennes, Presses de l’Université de Rennes, 2007,290 pages.

    BRAY, SuzanneC. S. Lewis, la vocation du best-sellerParis, Imago, 2007, 250 pages.

    BURROUGHS, WilliamMon éducationParis, Christian Bourgois (Titres), 2007, 256 pages.

    BURSTEIN, AndrewThe Original Knickerbocker : The Life ofWashington IrvingNew York, Basic Books, 2007, x, 240 pages.

    BUTLER, Andrew M.Philip K. DickHarpenden (UK), Pocket Essentials, 2007, 160pages.

    CANI, IsabelleHarry Potter ou l’Anti-Peter Pan : pour en finiravec la magie de l’enfanceParis, Fayard, 2007, 321 pages.

    CAPPELO, SergioLes Années parisiennes d’Italo Calvino: 1964-1980Paris, Presses de l’Université de Paris-Sorbonne,2007, 363 pages.

    CLARKE, BenOrwell in Context : Communities, Myths, ValuesNew York, Palgrave Macmillan, 2007, ix, 225 pages.

    COLBERT, DavidLes Mondes magiques de Harry PotterParis, Le Pré aux Clercs, 2007, 256 pages.

    DONNELLY, Sean (ed.),W. Paul Cook: The Wandering Life of a YankeePrinterNew York, Hippocampus, 2007, x, 239 pages.

    CRUSO, SarahGuida alla lectura di Italo Calvino « Fiabe italiane »Roma, Carocci (Piccolo biblioteca letteraria), 2007,117 pages.

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    DUNLAP, John R. (ed. + introduction)Essential Bierce : A Selection of the Writings ofAmbrose BierceSanta Clara (CA), Santa Clara University & Berkeley(CA), Heyday Books, 2007, xviii, 168 pages.

    FERNANDEZ NAVAL, Francisco X.Respirar por el idioma (los gallegos y Julio Cortazar)Buenos Aires, Corregidor, 2007, 217 pages.

    FRANCA, GabrieleL’oscuro scrutare di Philip K. DickRoma, Meltemi, 2007, 263 pages.

    HOCKE, Roman & Uwe NEUMAHRMichael Ende – Magischen WeltenBerlin, Henschel, 2007, 208 pages.

    HUGHES, GillianJames Hogg: A LifeEdinburgh, Edinburgh University Press, 2007, 349pages.

    KRISDÓTTIR, MorineDescents of Memory : The Life of John CowperPowysWoodstock (NY), Overlook Duckworth, 2007, 480pages.

    KREUZER, StefanieLiterarische Phantastik in der Postmoderne: KlausHoffers Methoden der VerwirrungHeidelberg, Universitätsverlag Winter (FrankfurterBeiträge zur Germanistik), 2007, 612 pages.

    LATHAN, David (ed.)Writing on the Image : Reading William MorrisToronto, University of Toronto Press, 2007, xii,254 pages.

    LIGOTA, Christopher (ed.)Lucian of Samosata vivus et redivivusLondon, Warburg (Warburg Institute Colloquia 10),2007, 222 pages.

    MALONE, AubreyHarry Potter de A à ZParis, City, 2007, 272 pages.Pour les plus jeunes.

    MECENATE, Stefano (ed.)La saggezza del mistero : saggi su Dino BuzzatiEmpoli (Firenze), Ibiskos (Frontiere dello spirito),2007, 161 pages.

    MESSAC, RégisLes Romans de l’Homme-singe : et autres textesParis, Ex-nihilo, 2007, 116 pages.Édition préparée par Olivier Messa; préface de MarcAngenot.

  • S O L A R I S 165186

    MIKOS, Lothar, et al. (eds.)Die « Herr der Ringe » - Trilogie : Attraktion undFaszination eines populär-kulturellen PhänomensKonstanz, UVK (Alltag, Medien und Kultur 1),2007, 299 pages.

    MORRISSEY, Thomas & Oscar de LOS SANTOS(eds.)When Genres Collide (Selected Essays from the37th Annual Meeting of the Science FictionResearch Associations)Waterbury (CT), Fine Tooth Press, 2007, 239 pages.

    ORTIZ, LuisEmshwiller Infinity X Two: The Art and Life ofEd and Carol EmshwillerNew York, Nonstop, 2007, 173 pages.

    PAGANONI, Maria CristinaThe Magic Lantern: Representation of the Doublein DickensNew York, Routledge, 2008, viii, 203 pages.

    PARTINGTON, John S. (ed.)H. G. Wells Fin-de-Siècle : Twenty-first CenturyReflections on the Early H. G. Wells (Selectionsfrom the Wellsian)Frankfurt, Berlin et al., Peter Lang (ALPH: Arbeitenzur literarische Phantastik 2), 2007, vi, 150 pages.

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    190

  • parHugues MORIN [HM] et Christian SAUVÉ [CS]

    BeowulfSi on vous oblige à voir Beowulf, assurez-vous que ce soit dans

    un cinéma IMAX 3D. Sans quoi vous allez passer plus de temps àvous interroger sur le film qu’à en apprécier les aspects les pluspotables.

    Oui, c’est basé sur un classique de la littérature anglo-saxonne,un fait qui a évidemment beaucoup moins d’importance pour le lec-torat de Solaris que pour tous ces pauvres adolescents américainsobligés d’étudier l’œuvre durant leurs cours de lettres anglaises. Lesplus érudits savent que ce poème épique mettant en vedette undragon est d’une des œuvres les plus anciennes de tout le corpusanglophone. Un rappel que la littérature fantastique ne date pas d’hier,mais ce genre de considération n’est pas particulièrement utile en2007 dans une discussion sur un film d’action à la sauce numérique.

    Utilisant des techniques inaugurées dans The Polar Express(2004), le réalisateur Robert Zemeckis a capturé les performancesd’acteurs professionnels (Angelina Jolie, Anthony Hopkins, CrispinGlover, etc.) pour en générer des images entièrement numériques.L’effet recherché étant un photoréalisme convaincant plutôt qu’unereprésentation stylisée comme dans The Incredibles, Beowulf seretrouve confronté au célèbre paradoxe baptisé Uncanny Valley parles artisans qui œuvrent dans le domaine: plus des simulacres se rap-prochent de véritables humains, moins ils sont agréables à contempler,au point même de susciter du dégoût chez certains. Les mouvementsdes personnages possèdent un côté mécanique qui est un irritantmineur pendant tout de film, et qui même parfois devient majeur.Ainsi, pendant la bagarre entre Beowulf et Grendel, on jurerait un

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    hommage aux vénérables techniques de stop-motion de RayHarryhausen.

    À cette impression d’étrangeté se superposent des choix demise en scène inexplicables pour ceux qui voient le film sur unécran ordinaire. Pour profiter de l’impact de la troisième dimension,Zemeckis privilégie souvent desangles de vue ridicules durant les-quels il ne cesse de projeter desobjets pointus à l’audience. (Voyezl’affiche du film.) Une pointe delance qui occupe la moitié de l’écransera sans doute spectaculaire en 3D,mais elle sera mystifiante en 2D.

    Mais des problèmes plusgênants que ces naïvetés affligentBeowulf. À commencer par le scé-nario, ce qui surprend considérantqu’il s’agit d’une collaboration entredeux pros tels Roger Avary (PulpFiction) et Neil Gaiman. Oh, l’in-fluence de Gaiman est claire auplan de la résonance mythique. Lesconnaisseurs du poème originalseront surpris, voir intrigués par les liens que tissent Avary et Gaimanentre Beowulf, Grendel, sa mère et le dragon. En reliant les deuxmoitiés disparates de l’histoire d’origine, notamment en les situantau même endroit, les scénaristes ont réussi à resserrer l’intrigue.Finalement, le poème ne pouvait décidément pas représenter uneexcellente scène d’action comme celle qui coiffe le film.

    En contrepartie, le poème ne s’encombrait pas d’une séquencede combat à nu entre Beowulf et Grendel, où on a dû recourir à desastuces dignes d’Austin Powers pour s’assurer de ne jamais voirles bijoux de famille du héros ou du monstre. Je laisse égalementaux connaisseurs le soin de vérifier si le poème a des dialoguesaussi fades que ceux du film; si on y retrouve autant d’amputations,de viscères et de morts violentes ; ou encore si la description de lamère de Grendel s’accorde avec la vision d’une Angelina Jolie nueet dorée, avec un accent transylvanien, une queue et des talons hautsfaçonnés à même ses pieds.

    Bref, cette nouvelle adaptation de Beowulf offre souvent ma-tière à rire, et on peut parier qu’elle ne sera pas souvent utiliséecomme aide pédagogique dans les salles de classes anglaises.Destiné à épater les amateurs d’imagerie numérique, le film offre aumoins aux amateurs de fantasy une belle bataille finale, avec

  • 193S O L A R I S 165

    quelques détours à la scène de la caverne pour se rincer l’œil denudité numérique. Quel étrange destin pour un classique de la lit-térature anglo-saxonne. [CS]

    30 Days Of NightPrémisse géniale, réalisation incompétente, résultat mitigé :

    voilà, vous savez tout sur 30 Days Of Night.En effet, les amateurs de films de vampire et les fans de la

    bande dessinée d’origine ont sans doute déjà vu le film. Quant auxautres, se baseront-ils sur une critique grognonne parue dans uneobscure revue spécialisée en littérature fantastique pour décider ounon d’aller le voir ?

    Parlons au moins de l’idée de base. Quand on sait le nombre delivres publiés en Amérique du Nord mettant en scène au moins unvampire, il est étonnant de constater que personne n’avait encoreréfléchi au fait que dans certaines villes nordiques la nuit peut durerjusqu’à trente jours, ce qui en ferait des destinations privilégiées pourles vampires. Cette ville, c’est Barrow en Alaska. Dès la tombée dela nuit hivernale, les vampires arrivent. Ayant préalablement court-circuité les communications de la ville, ils peuvent ainsi s’en donnerà cœur joie, traitant la ville comme un buffet ouvert pour le mois.

    Avouez que c’est tout de même pas mal comme idée. Ajoutezdes survivants terrés au milieu du froid, de la neige et de la glace,concluez l’histoire par un retournement moyennement intriguant etvous obtenez les fonde-ments d’une bonne his-toire. Ce n’est pas unesurprise si la BD origi-nale, publiée en 2002,continue de plaire et d’ac-cumuler les fans.

    Hélas, nous savonstous que l’excellence

    d’une BD ne garantit pasune adaptation cinéma-tographique réussie, àcommencer par le faitque le style graphiquetrès particulier de BenTemplesmith a été rem-placé par la réalisation

    Photos : Columbia Pictures

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    sans éclat de David Slade. Il y a pire qu’un style fade : 30 Days OfNight est plein de passages tout à fait incohérents, durant lesquelson ne sait trop ce qui se passe, ni comment on y est arrivé. Aucunesurprise de constater que Slade semble lui aussi apprécier la rage-camsi mal employée dans 28 Days/ Weeks Later : tous les combatssont un assemblage impressionniste de plans rouges, menaçants etpropulsé par un speed-métal discordant. Tout ce tumulte parvientmal à camoufler le manque d’intérêt d’une intrigue qui s’égare ets’éparpille, comme l’intérêt de l’audience qui à hâte, elle aussi, auretour du soleil.

    Ceci dit, le résultat n’est pas nécessairement pire que la majo-rité des films d’horreur récents. L’atmosphère et les quelques bonsmoments du film finissent par compenser plus ou moins pour lesincohérences du scénario et les accrocs de la réalisation ou bien lesens du déjà-vu qui finit tout de même par se dégager du projet. Detemps en temps, Slade et son cinématographe parviennent même ànous étonner avec une trouvaille. Tous garderont un net souvenir dulong plan aérien où l’on montre le résultat de la première journée derègne vampirique sur Barrow, avec des corps éclaboussés ici et là lelong de la rue principale… et pour les Canadiens habitués aux longueset froides nuits d’hiver, l’atmosphère glaciale du film fait résonnerdes cordes sensibles d’une manière que des films tels Near Dark nepeuvent reproduire.

    Ce n’est pas une révolution dans le sous-genre du cinémad’horreur, mais c’est un peu plus qu’un autre film de série B sur lesujet. On s’en souviendra certainement plus longtemps que, disons,Dracula 2000 ou bien The Forsaken.

    Bref, prémisse géniale, réalisation incompétente, résultat mitigé.Aviez-vous besoin d’en savoir plus? [CS]

    The Mist : Peur, brouillard et amertumeJe n’ai tellement pas aimé The Mist que de devoir me remémorer

    son visionnement pour écrire ce commentaire m’indispose déjà.N’allez pas conclure que Frank Darabont a réalisé un mauvais film;c’est juste que l’amertume qui s’en dégage n’est jamais un sentimentque je recherche au cinéma, même en fantastique horrifique.

    The Mist est adapté de la novella éponyme de Stephen King etDarabont est le réalisateur des excellents The Shawshank Redemp-tion et The Green Mile, tous deux adaptés d’œuvres du même auteur.Cette nouvelle collaboration me mettait dans de bonnes dispositionsenvers ce film, surtout que la novella est un des très bons textes deKing… La bande-annonce, à grands renforts de créatures visqueuses,s’est vite chargée d’amenuiser mes espoirs.

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    La prémisse est simple. Après une violente tempête, uneépaisse brume s’abat sur un petit village du Maine et nous suivonsles mésaventures d’un groupe d’une quarantaine de personnescoincées dans l’épicerie du village alors qu’une menace inconnuerampe dans la brume. Parmi elles, David, illustrateur, son fils, desvoisins et madame Carmody, la rongeuse de balustre locale.

    Commençons par ce qui fonctionne bien. L’ensemble bigarréde personnages est bien dépeint par le film. Les relations tenduess’installent rapidement entre les divers individus et les divers grou-puscules qui se forment naturellement. La ferveur religieuse de certains,qui décident d’écouter lecharabia biblique de ma-dame Carmody, l’incrédu-lité des autres, la stupiditéde quelques-uns, la résur-gence de vieilles tensionsentre voisins, tout çafonctionne aussi biendans le film que dansl’histoire originale. Lepersonnage le plus in-téressant du film estOllie, l’assistant-gérantde l’épicerie, et il résumeà lui seul le propos dufilm en prédisant qu’avecdes terreurs intenses, lesgens perdent ce qui faitd’eux des gens civilisés,ajoutant : « as a species,we’re fundamentally in-sane » (« comme espèce,nous sommes fondamen-talement fous »). Lorsque les nouveaux disciples de madame Carmodycommencent à parler de sacrifice pour calmer Dieu, on ne peut quetrouver la démonstration convaincante.

    Le scénario explore aussi habilement les diverses solutionsenvisagées par nos personnages ainsi que leurs conséquences ; ten-tatives erronées, attaques des créatures, maladresses des gens quitentent de se défendre avec des plans improvisés, etc. Tout cela estvraisemblance et traités convenablement par Darabont.

    Enfin, si on est un amateur de créatures visqueuses pleines depattes et de tentacules, on va adorer. On sent que les intentions deDarabont dépassaient le simple film de bibittes ; mais sur ce plan le

    Photos : Dimension Films

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    film n’est pas parfaitement à la hauteur de ses ambitions. Re-marquez, je ne lui reproche pas ses ambitions, car on a fait le tourdu film de créatures qui attaquent depuis longtemps, mais c’est undéfaut de taille quand la chute du film se pointe.

    Car le propos du film étant plus psychologique qu’horrifique,on s’étonne du choix de finale, la plus horrifique possible dans lescirconstances, qui laisse le spectateur sur un sentiment d’inutilitéconcernant tout le film et son propos. Je n’ai rien contre les finshorribles ou difficiles. La finale de Seven, par exemple, vous sciaitles deux jambes, mais elle s’inscrivait dans la continuité du film etde son propos. Aussi horrible était-elle, elle semblait cohérente etpresque logique. Ce qui n’est malheureusement pas le cas de lafinale de The Mist. Et en ce sens, le film rate donc sa cible la plusambitieuse : faire de l’horrible un élément signifiant et non pas sim-plement une source de dégoût. [HM]

    Des DVD pour les soirs de début d’hiverSi la pauvreté de l’offre en salles vous afflige ou le froid vous

    empêche de sortir loin de chez vous, il est peut-être temps de louerun film dont vous avez raté la sortie au grand écran… Voici quelquessuggestions à se mettre sous l’œil… ou à éviter.

    The Order of the Phoenix : un autre sans faute pour Harry PotterAlors que le ministère de la magie ne semble ni croire Harry ni

    Dumbledore au sujet du retour de Lord Voldemort, notre héros etson mentor deviennent la cible du ministère et de ses bureaucrates.Les forces supportant Voldemort prennent lentement le contrôle duministère et de Hogwarts (Poudlard), où Harry et ses copains suiventleur 5e année d’études.

    Que dire de Harry Potter and the Order of the Phoenix sinonque les attentes étaient élevées en raison de la qualité et la popula-rité des quatre films précédents ainsi que de la série de livre duquelle film est tiré. Le film – réalisé avec brio par David Yates – réussi àrevisiter cet univers très bien connu, sans que le spectateur ne selasse d’assister aux aventures de ces jeunes magiciens, même aprèscinq films, même après sept livres.

    Il est intéressant de voir comment les créateurs poursuiventleurs excellentes adaptations de l’œuvre de J. K. Rowling en sachantque la grande majorité des spectateurs aura lu le matériel originalavant de voir leur film. Dans le cas de ce cinquième volet, la ciné-matographie et certains choix de montage ont particulièrementattiré mon attention par leur efficacité à dépeindre l’école deHogwarts comme un lieu inquiétant, lugubre, sombre et dangereux.

  • Ce sentiment était omniprésent dans le livre, mais le lieu avait tel-lement été lié au bonheur d’Harry et à sa sécurité dans les voletsprécédents qu’il me semblait que la chose relevait du défi visuel.

    L’intrigue, également plus sombre et violente, démontre uneévolution certaine de la série. On est loin de Harry Potter and theSorcerer’s Stone ! Quand aux acteurs principaux, ils vieillissentplutôt bien, ce qui estrassurant pour l’amateurde la série, et commepour les films antérieurs,les responsables de ladistribution mériteraientun Oscar tant les nou-veaux personnages sontbien campés et bien inté-grés à l’univers de HarryPotter.

    Bref, un (autre) excellent film de divertissement, qui donne enviede voir le suivant. Harry Potter and the Half-Blood Prince est entournage en ce moment, sous la caméra de David Yates, le premierréalisateur à s’attaquer à un autre volet depuis Chris Colombus,réalisateur des deux premiers. [HM]

    Rise of the Silver Surfer : Rien ne sert de surferAlors que les quatre super-héros de Fantastic Four semblent

    contrôler le crime sur la planète et que Reed Richards et Sue Stormprojettent même de se marier, une nouvelle menace s’attaque à laTerre : le Silver Surfer, un humanoïde argenté qui se déplace surune planche de surf magnétique. Il semble invincible et aurait causéla destruction de toutes les planètes où il est passé avant de nousvisiter… Voilà, en une phrase, l’intrigue de Rise of the Silver Surfer,le nouvel opus de la série Fantastic Four.

    J’avoue avoir baillé à quelques reprises pendant le visionnementde ce second volet des adaptations cinématographiques des 4 Fan-tastiques. Ni plus ni moins que lors du visionnement du premiervolet, je vous avoue, mais même à 85 minutes, le film a des longueurs,ce qui en dit… long, sur son scénario et ses dialogues !

    Du côté des bons coups, je dirais que le Surfer est cool, surtoutqu’il s’avère ne pas être le méchant de l’histoire – le méchant est enfait un mangeur de planète qui prend la forme d’une sorte de grosseet décevante tempête à la fin. La finale, justement, est un peu prêchi-prêcha, mais le Surfer demeure le personnage le moins unidimen-sionnel du film, les 4 fantastiques inclus.

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    Photo : Warner Bros Pictures

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    Le film souffre des mêmes problèmes de scénario et dialoguesque le premier opus ; la multiplication des gags idiots en tête, etl’éternel manque de maturité de Johnny Storm agace plus qu’iln’amuse. Certains dialogues sont particulièrement pénibles, demême que certaines scènes qui semblent tirées d’un soap opera. Lascène où Ben surprend une conversation entre Reed et Sue au sujetde leur mariage prochainet de la possibilité debriser le quatuor m’a faitpousser un soupir d’im-patience. Enfin, l’idée deramener le Dr Doom estun choix étrange qui faitcroire que le corpus deFantastic Four est déjàépuisé au niveau des mé-chants, un comble.

    Dans les circonstances, les acteurs font ce qu’ils peuvent sansgrande conviction… et voulez-vous bien me dire ce qu’ils ont fait àJessica Alba pour la rendre méconnaissable à ce point ? Je n’étaismême plus certain si c’était elle ou bien une actrice maquillée pourlui ressembler !

    Bref, à ne louer que si vous n’avez pas encore 18 ans et quevous êtes un inconditionnel du premier film. [HM]

    Final Cut : le film de votre vieAlan est un cutter, un monteur. Il travaille sur d’importantes

    quantités de matériel avec un but précis : il doit monter le film d’unevie. Le matériel a été enregistré grâce à une puce insérée dans lecorps du sujet pendant sa vie. Maintenant que le sujet est mort, Alana le mandat de monter sa vie pour le film qui sera présenté à sesfunérailles, la manière dont le défunt sera remémoré.

    Alors qu’il travaille sur un contrat de montage précis, Alan setrouve mêlé à une intrigue dont la source remonte à son proprepassé.

    Le film Final Cut est passé inaperçu lors de sa sortie en salle,et sa disponibilité en DVD est une belle opportunité de voir un filmde SF un peu différent des grosses productions que l’on nous serthabituellement. Le film n’explore pas suffisamment son potentielSF et se concentre sur une intrigue polar plus classique, mais il n’endemeure pas moins une intéressante petite production se déroulantdans un avenir proche, aussi crédible qu’inquiétant. Le scénario estfluide et ne prémâche pas l’intrigue pour le spectateur. La person-

    198

    Photo : 20th Century Fox

  • nalité trouble d’Alan et la présence d’un groupe opposé à l’utilisationde la puce et la technologie qui en découle sont de bons exemplesd’éléments qui ajoutent à la vraisemblance.

    La réalisation et ladirection photo serventparfaitement un scénariocohérent et font de cefilm une belle surprisedans le rayon SF. RobinWilliams joue Alan avecretenue (on pense à soninterprétation dans OneHour Photo) et l’en-semble est bien maîtriséet ne manque pas de revi-rements. À part quelques réserves sur le rythme de la finale, quisemble débouler un peu vite (on aura compris que le film aura souffertde coupures au montage, hum, assez ironique vu son sujet), je lerecommande sans hésitation pour un soir où vous aurez envie d’unfilm à idée plutôt que d’un film d’action.

    Une note en parallèle. Je me souviens avoir vu un court-métragequébécois en 2000, dont le sujet était tangent à la prémisse de FinalCut : un personnage présentait au défunt le film de sa vie, avant quece dernier ne passe vers l’inconnu… Malheureusement, je ne mesouviens ni du titre ni du réalisateur du court, vu dans un festival. [HM]

    1408 : une terrifiante chambre n˚ 13Adapté d’une novella de Stephen King (c’est la saison !), le

    film 1408 se déroule entièrement dans une chambre d’hôtel… oupresque.

    Le film suit Mike Enslin, un écrivain jadis talentueux qui seconcentre aujourd’hui sur une série de Ghost surviving guides. Ilexplore donc les hôtels, motels et manoirs hantés afin de faire sesrecherches. Devenu cynique au fil des ans, il n’a jamais vu un vraifantôme et ne croit en rien. Un jour, il reçoit une carte postale del’hôtel Dolphin de New York, mentionnant « N’entrez pas dans lachambre 1408 ». Intrigué, il fait des recherches et décide d’allervisiter cette chambre, qui aurait été le théâtre de dizaines de morts ;naturelles ou par suicides. Le gérant prétend que personne n’a jamaistenu plus qu’une heure entre ses murs. Malgré les avertissements dece dernier, Mike décide d’y passer la nuit pour faire de la chambre1408 le dernier chapitre de son nouveau livre. Il entre donc dans lachambre… En sortira-t-il vivant ?

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    Photo : Lions Gate

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    Si on met de côté quelques détails cute (en l’absence de 13eétage, la chambre est au réel 13e étage, et en additionnant les chiffrescomposant son numéro, on obtient également 13), le film 1408 estun film plutôt bien mené. Dans le rôle de Mike, John Cusack portele film à peu près à lui seul, puisqu’il occupe l’écran en solo pendantles trois quarts de la projection. L’évolution de ses réactions auxdivers phénomènes présents dans la chambre est cohérente et crédibledans les circonstances et son excellent jeu rend l’identification duspectateur au personnage principal naturelle, un élément sans lequelle film ne pourrait fonctionner.

    Le principal élément original du film est certainement cet équi-libre aux frontières du réel, du surnaturel, de l’imaginaire et de lafolie. Jamais le spectateur ne sait vraiment de quoi il retourne avantla toute fin du film. L’idée d’exploiter les fantômes personnels deMike plutôt que de ne lui faire voir les fantômes des gens ayantperdu la vie dans la chambre est aussi un des éléments forts du film.

    Comme j’ai vu le filmsur DVD, format qui pro-pose le Director’s Cut,les quelques longueursrelevées étaient peut-êtreabsentes de la versionprojetée en salle. Malgrécela, le film a un rythmeassez soutenu, son fil nar-ratif est très efficace àl’écran et une multitude de petits détails de réalisation viennentappuyer plusieurs scènes. Contrairement à la plupart des filmsd’horreur qui misent sur les effets sanglants, les créatures vis-queuses ou les effets sonores, 1408 prend le parti de la subtilité. Ilen résulte un film d’ambiance, bien plus efficace pour vous effrayerque n’importe quel film gore. Mieux encore, le film se réinventelui-même en cours de route avant la chute, pour surprendre encoreplus le spectateur avec un revirement qui représente une réelle trou-vaille.

    La présence d’un hôtel hanté et d’un écrivain, tout cela associéau nom de Stephen King, rappelle évidemment The Shining. Ledistributeur ne se gêne d’ailleurs pas pour citer sur la jaquette duDVD une critique affirmant que 1408 est aussi bon que le film deKubrick. C’est étirer l’élastique un peu fort, mais le film de MikaelHafstrom est certainement un film qui plaira à l’amateur de fantas-tique qui cherche à avoir un bon frisson dans le dos. [HM]

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    Photo : Dimension Films