le numéro zéro AQUISUDS MAG - Dominique Deblaine · Iman Maleki 12 Farid Benyaa 14 Paroles...

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Afrique, Amériques, Océan Indien, Pacifique, Antilles/Caraïbes, Aqui- taine, Immigrations. AQUISUDS.COM DOMAINE GEOGRAPHIQUE ET CULTUREL EVENEMENTS CULTURELS ET SPORTIFS EN AQUITAINE La rencontre de l’autre est source d’enri- chissement AQUISUDS MAG le numéro zéro Bientôt

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Afrique, Amériques, Océan Indien, Pacifique, Antilles/Caraïbes, Aqui-taine, Immigrations.

AQUIS

UDS.CO

M

DOMAINE GEOGRAPHIQUE ET CULTUREL

E V E N E M E N T S C U LT U R E L S E T S P O RT I F S E N AQ U I TA I N E

La rencontre de l’autre est

source d’enri-chissement

AQUISUDS MAGle numéro zéro

Bientôt

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La Belle & la Bête

elin, 2012

La Belle & la Bête Regards croisés sur la beauté Exposition du 13 oct. 2012 au 27 janv. 2013

Source : http://www.institut-bernard-magrez.com/

L’Institut Culturel Bernard Magrez

à Bordeaux

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La Belle & la Bête

AquisudsL’EDITO 1

BoualemSansal2

DécalageversleBleu3

BernardMagrez 4

ArtistesExpo5

RioMavuba6

MariageForcé8

EditionauxAntilles10

ImanMaleki12

FaridBenyaa14

Parolesd’uneÎle15

Césairelebien-aimé?16

LaLaîcitéestaussiunevaleurorientale18

JudithAvenel:pasd’artsansvérité20

Chroniquesdelarentréelittéraire21

EDITO

R A FA E L LU C A S / D I R E C T E U R D E L A P U B L I C AT I O N

Quand j’entends le mot culture, je sors mon agenda

Q uand j’entends le mot culture (ou civilisation), j’enlève le cran de sûreté de mon revolver ». Cette phrase devenue célèbre est tirée d’une pièce de théâtre, intitulée Schlageter, d’un certain Hanns Johst, jouée le 20 avril 1933, le jour de l’anniver-saire de Hitler… Le mot culture suscite énormément d’émotions, de rêves, d’en-

gagement, de mythes et de combats. Ce n’est pas un hasard s’il provoque l’hostilité assassine des fascismes et autres intégrismes. Le nazisme, qui était une « identité meurtrière », pour parler comme Amin Maalouf, allait d’ailleurs illustrer sa phobie de la diversité culturelle à grands coups de camps de concentration et d’extermination. Le mélange de cultures débouche sur la véritable aventure qu’est l’interculturel : une aventure collective, humaine et identitaire.

Dans l’Histoire, l’interculturel a souvent été le produit d’un vivre ensemble résultant de conquêtes ou d’expansion de grands empires. Cela ne signifie pas pour autant des rapports d’assimilation forcée. Parfois les vainqueurs adoptent la culture des vaincus, comme le firent les « Barbares » qui adoptèrent en Europe la culture et la religion de

la Chrétienté. D’autres fois, une culture portée par une religion étrangère est répandue dans de vastes régions par les habitants originaires eux-mêmes, comme le montre le rôle des com-merçants dioula et des confréries africaines dans l’expansion d’un Islam tolérant en Afrique Occidentale du XI° au XVII° siècle. Dans l’Europe de l’après Guerre, après 1945, le phéno-mène de l’immigration massive a introduit de nouvelles dynamiques interculturelles : d’abord diffuses et informelles, puis très vite relayées par des associations et prises en charge par les collectivités locales.

L’Aquitaine est un espace privilégié de rencontres culturelles, en tant que lieu d’immigra-tions diverses (Britanniques, Juifs espagnols et portugais (XVI°-XVII°), Italiens, Alle-mands, Maghrébins, Africains, Malgaches, Asiatiques, Turcs, Espagnols, Portugais, Euro-péens de l’Est, immigration intranationale des DOM-TOM). Dans le cas de Bordeaux,

un véritable tissage d’organismes entretient la vitalité de l’interculturalité : des institutions culturelles (Musée d’Aquitaine, la l’IDDAC, les Archives Départementales, la Bibliothèque de Meriadeck), des organismes d’interface entre l’Etat et les populations immigrées (LACSE, ALIF, le RAHMI), des centres d’études universitaires (la Maison des Suds, la MHSA, le CELFA, le LAM, Caraïbes Plurielles, la Faculté d’Ethnologie), des festivals institutionnalisés (Nuits Atypiques de Langon, Rencontres Africaines de Pessac, le Sénéfesti de Cenon) et des initiatives privées de grande envergure comme l’Institut Culturel Bernard Magrez.

AquiSuds a vocation d’être un passeur et fournisseur d’informations dans cet écosystème culturel plein de vitalité. Quand j’entends le mot culture, je sors mon agenda.

Rafael Lucas

RAHMI : réseau aquitain pour l’histoire et la mémoire de l’immigration - ACSE: L’agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances - CELFA est le Centre d’Études Linguistiques et Littéraires Francophones et Africaines-IDDAC : l’Institut départemental du développement artistique et culturel -la MHSA Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine

directeur de la publ icat ionRafael Lucas :Rédacteur enChef :Najah. JamalTouria Bel l i tou : Rédactr iceHamarhoumYasmine :Assis tante DeRédact ionEric Mazeau :Chargédecommunicat ion&PhotographedepresseCollaborateurs : DavidGaüzere DominiqueDeblaine Clément Coyral Imad. AhemadiMaquet te : Far idISSN: encoursL’associat ionédi t r ice:Aquisuds.com(bègles)contact : aquisuds@hotmail . f r

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Boualem Sansal et David Grossmann, deux écrivains, l’un algérien, l’autre israélien, ont lancé à Strasbourg un appel pour la paix au Proche-Orient et dans le reste du monde, qu’ils invitent les écrivains du monde entier à rejoindre.

Les deux intellectuels ont mis à profit le premier Forum mondial de la démocratie, organisé à l’initiative du Con-seil de l’Europe à Strasbourg, symbole de la réconciliation franco-allemande, pour lancer leur initiative. «Le projet de paix», qui s’est dessiné au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, «ne concernait que l’Occident. On avait oublié le reste du monde», écrivent-t-ils dans un texte expliquant leur appel. «L’évolution de certains pays fait craindre le pire», ajoutent-ils en évoquant les menaces que font peser sur l’humanité le terrorisme, le fondamentalisme radical et la perspective d’une guerre entre Israël et l’Iran, sur fond de course aux armements nucléaires.»Il est urgent que la com-munauté internationale intervienne fermement pour mettre sous contrôle le programme nucléaire iranien et s’engage résolument dans le règlement du conflit israélo-palestinien», concluent-ils, en prônant «la création d’un Etat palestinien, à côté de l’Etat d’Israël».

L’appel des écrivains devrait prendre la forme d’un réseau dont le secrétariat sera installé à Strasbourg. Une première liste de signataires sera dévoilée le 11 octobre. Boualem Sansal, auteur de 63 ans, qui a publié récemment «Rue Darwin», est connu pour son attitude critique tant vis-à-vis des islamistes que du gouvernement algérien. A son retour d’Israël où il a séjourné du 13 au 17 mai, invité d’honneur du Festival international des écrivains de Jérusalem, il a publié un texte dans lequel il écrit : «Je suis allé à Jésusa-lem et j’en suis revenu riche et heureux» - un texte qui a suscité de vives réactions en Europe, en Israël et dans le monde arabe. L’auteur du roman controversé «Le village de l’Allemand ou le journal des frères Schiller» (Gallimard, 2008) devait recevoir le 6 juin à l’Institut du monde arabe

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le Prix du roman arabe pour son roman «Rue Darwin». Mais le Conseil des ambassadeurs arabes, mécène du prix, a annulé la cérémonie de remise du prix «en raison des événe-ments actuels dans le monde arabe» s’est-il justifié. C’est à Jérusalem qu’il a rencontré David Grossmann, romancier et essayiste de 58 ans, qui a publié en 2011 «Une femme fuy-ant l’annonce», prix Médicis étranger en France, lui-même engagé en faveur de la paix entre Israël et la Palestine.

LM/Agences

source : http://www.lematindz.net

Pro c h e - O ri e nt :

B o u a l e m S a n s a l e t D av i d G ro s s m a n a p p e l l e nt à l a p a i x

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Décalage vers le bleu

Décalage vers le bleu est un collectif de quatre de-signers, Pierre Florence, Armelle Polette, Benjamin Rolin, Alexandra Valois, qui travaille à partir de l’idée d’un design sous sa forme la plus tactique. Décal-age vers le bleu est une expression scientifique pour désigner un phénomène astrophysique.

« C’est notre expression romantique pour design-er un engagement artistique. Nous ne sommes pas experts d’un savoir-faire. Notre savoir-faire c’est d’explorer ce que nous ne savons pas encore faire. Nous ne sommes pas spécialistes d’une pensée. Notre pensée s’enchevêtre, se perd souvent et parfois se pré-cise, continuellement avec les pensées du monde. »

Décalage vers le bleu est ainsi une entité vivante et mouvante qui vit le design comme une aventure ; il y a de l’action, des rencontres et de l’inattendu.

De l’installation dans l’espace public, au travail de scénographie, d’édition, de communication, ou de marchand, Décalage vers le bleu s’empare de tech-niques et de stratégies issues de différents univers professionnels pour déployer ses activités.

à visiter : http://decalageverslebleu.tumblr.com/

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30 dalles, béton, peinture dorée, L 180 x l 90 x h 10 cm (1 dalle)

30 dalles, béton, peinture dorée, L 180 x l 90 x h 10 cm (1 dalle)

simulation sur une place publique

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BERNARD MAGREZ

Après avoir bâti une carrière dans les Grands Crus Classés de

Bordeaux où la perfection est le maître-mot, j’ai souhaité, par le biais

du mécénat artistique rendre à la vie la chance qu’elle m’a donnée.

C’est la raison pour laquelle j’ai créé l’Institut Culturel Bernard

Magrez qui place l’artiste au coeur de sa réflexion. Nos

activités, sous l’angle de la musique, de la littérature et de

l’art contemporain, se déploient sur quatre de mes propriétés.

À travers l’accueil d’artistes en résidence, les expositions

d’art moderne et contemporain ouvertes au grand public, le

développement d’une collection d’art contemporain ; avec les

Grands Prix de l’Institut récompensant le talent et l’ambition de

jeunes lauréats, ainsi que l’accompagnement du public autour de

nos actions culturelles, je souhaite oeuvrer pour une plus grand

visibilité et un plus grand accès à la création artistique.

Je suis ravi de vous présenter la nouvelle exposition de l’Institut

Culturel, La Belle & la Bête qui invite à des Regards Croisés

sur toutes les Beautés : physiques, naturelles, spirituelles,

symboliques… À travers les oeuvres de trente artistes français et

internationaux, cette notion, liée à la recherche de la perfection,

est au centre-même de mes préoccupations, d’entrepreneur

mais également d’amateur d’art. Comme représentée dans

l’oeuvre vidéo Jamais Renoncer de Benoit Maire, que j’ai

commandée à l’artiste, la sculpture l’Ephèbe d’Anticythère

est un symbole de cette perfection, qui touche au sacré, à

rechercher toute une vie durant. La Beauté, oui, pour s’élever,

pour se transcender, pour « rêver plus grand », mais également

pour appréhender son pendant incarné par la Bête, par le Mal...

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L’exposition La Belle & la Bête est l’occasion de célé-brer

également notre première année d’ouverture. Depuis notre

exposition inaugurale, L’Etoffe du Temps, en octobre 2011,

nous avons réalisé trois grandes expositions et accueilli plus

de 30 000 visiteurs. Plus de 80 artistes ont été exposés, avec

la présentation de plus de 200 oeuvres, dont 100 prêtées par

des musées, fondations, collectionneurs, artistes et galeries

internationales. Nous avons invité plus de 50 personnalités

du monde de l’art à nos 30 conférences hebdomadaires*,

qui ont connu un grand succès avec plus de 3 000 personnes

venues écouter et débattre avec des artistes, des critiques, des

professionnels culturels. Autant de moments de convivialité et

de partage de connaissances. Enfin, la Collection n’a de cesse

de se développer avec près de 40 oeuvres qui ont intégré

la collection en un an.

Que tous les artistes et les prêteurs de cette exposition soient

remerciés de leur participation, de même que le public et les

professionnels du monde l’art qui, je l’espère, reviendront

nombreux goûter aux émotions que va donner cette nouvelle

découverte artistique dans un cadre unique à Bordeaux.

Bernard Magrez,

Président de l’Institut Culturel

Source: http://www.institut-bernard-magrez.com/

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La Belle & la Bête

Regards croisés sur la BeautéExposition du 13 octobre 2012 au 27 janvier 2013

À l’Institut Culturel Bernard Magrez

Les artistes de l’expositionAdel Abdessemed, Claire Adelfang, David Altmejd, Judith Avenel,

Valérie Belin, Marie Bovo, Bernard Buffet, Mircea Cantor,

Johan Creten, Wim Delvoye, Camille Henrot, Bharti Kher,

Yves Klein, Rachel Labastie, Sigalit Landau, Guy Limone,

Liza Lou, René Magritte, André Masson, Boris Mikhailov,

Moataz Nasr, Shirin Neshat, Jean-Michel Othoniel, Paola Pivi,

Martial Raysse, Germaine Richier, Raqib Shaw, Djamel Tatah,

Xavier Veilhan et Yang Fudong.

Artiste Adel Abdessamed

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René François Ghislain Magritte, né le 21 novembre 1898 à Lessines1 dans le Hainaut (Belgique) et mort à Bruxelles le 15 août 1967, est un peintre surréaliste belge.

Liza Lou est une artiste américaine née en 1969 qui fit sensation dans le monde de l’art contemporain

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R I O M AV U BA : u n fo o t b a l l e u r vo u é à l a c a u s e h u m a n i t a i re

« Les orphelins de Makala »

Rio Mavuba & l’humanitaire

io Mavuba est un footballeur qu’on ne présente plus. Après avoir quitté son club formateur Bordeaux pour un très court passage en Espagne à Villarreal, il fait aujourd’hui le bonheur du club de Lille. Auréolé de 6 sélections en équipe de France, il est aujourd’hui l’un des meilleurs joueurs du championnat français. Mais au-delà du football, c’est un homme voué à la cause humani-taire. Ainsi, il a ouvert un orphelinat en République démocratique du Congo le 23 avril 2009 : « Les orphelins de Makala » qui ac-cueillent des enfants pour leur permettre d’avoir une vie la plus normale possible. Rio Mavuba a pris le temps de nous le présenter dans cet entretien.

Rio Mavuba, pouvez-vous nous faire une rapide présentation de votre orphelinat ?

Rio Mavuba : « Les orphelins de Makala » accueillent 31 en-fants âgés de 5 à 15 ans qui n’ont pas de parents. Cependant, ils vivent chez leurs oncles et tantes ou bien grands-parents. Le but premier de l’orphelinat est de leur permettre d’avoir des condi-tions de vie dignes de ce nom. Aussi, ils sont initiés à l’éducation car 75% d’entre eux sont illettrés. Nous essayons aussi de les divertir grâce à des activités telles que le coloriage, des tables de jeu mais aussi d’autres divertissements choisis selon les envies des enfants.

Comment l’idée de sa création a-t-elle émergé ?

Cela fait plusieurs années que je pensais à ouvrir un orphelinat à Makala. C’est une chose qui m’a toujours tenu à cœur dans un pays, hélas, sous-développé. Cependant, pour pouvoir le réaliser, il a fallu attendre d’avoir les fonds nécessaires. Ce n’est pas quel-que chose qui se prend à la légère et qui se décide et s’ouvre du jour au lendemain. Une fois ces fonds rassemblés, j’ai décidé de l’ouverture réelle de l’orphelinat environ 8 mois avant son inaugu-ration le 23 avril 2009.

6

R

Pourquoi avoir ouvert cet orphelinat en République démocratique du Congo, et plus précisément à Kin-saha ?

C’est bien évidemment un clin d’œil à mes parents, mais sur-tout à mon papa, qui est originaire de ce quartier. Créer cette structure ne pouvait se faire ailleurs qu’en République démocra-tique du Congo. Cependant, j’aurai également aimé créer une structure de ce même acabit en Angola, mais ce n’est que partie remise, j’espère.

D’où sont provenus les financements à la création du projet et comment la survie de l’orphelinat s’opère-t-elle ?

J’ai investi une bonne somme d’argent pour pouvoir ou-vrir l’orphelinat. En plus de cela, il y a eu quelques aides. Aujourd’hui, l’orphelinat subsiste grâce aux dons d’argent ou de vêtements faits par les gens de la terre entière. Mais attention, il faut bien comprendre qu’il n’y a pas de don plus important qu’un autre. Un don de 10€ ou 1000€ est accueilli avec la même joie par tous les membres de l’orphelinat.

Proche-Orient : Boualem Sansal et David Grossman ap-pellent à la paix

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Sans nous dire votre engagement au centime près, à hauteur de quelle somme par mois subventionnez-vous votre projet ?

Je donne en effet une somme tous les mois à l’orphelinat. Dire combien, c’est très compliqué. Cependant, 10% de toutes mes primes de match sont automatiquement envoyées à Makala.

Combien de personnes travaillent sur le lieu ? Sont-elles bénévoles ou rémunérées ?

On va dire qu’il y a une bonne demi-douzaine de per-sonnes à plein-temps qui s’occupent des 31 enfants. Elles sont toutes salariées et sont donc rémunérées par l’association. Il s’agit de cuisiniers, d’enseignants, d’accompagnateurs, et il subsiste aussi un médecin à plein temps sur le lieu.

À ce jour, l’orphelinat accueille 31 enfants qui vivent chez des grands-parents, oncles ou tantes. Seulement deux dorment à l’orpheli-nat. Pourquoi ?

On a voulu faire les choses dans l’ordre. Tout d’abord, il s’agissait de réaliser correctement la construction de l’orphelinat. Il fallait rassembler et créer les éléments principaux pour que les orphelins passent de vraies journées d’enfants normaux. En cela nous avons ins-tauré la création de salles de cours pour qu’ils puis-sent recevoir de l’enseignement tous les matins après avoir pris le petit déjeuner à leur arrivée. Ensuite, nous avons bâti des cuisines, et ce afin de leur servir un repas digne de ce nom le midi. Enfin, il a fallu créer des espaces jeux dans le but qu’ils puissent se divertir les après-midi.

Faire dormir tous les enfants est-il un éven-tuel projet pour le futur ?

Bien entendu, c’est l’un des enjeux majeurs de la suite de l’orphelinat. Pour ce faire, il va falloir agrandir encore le site et ses infrastructures, mais cela viendra en temps voulu bien que je veuille que ce soit le plus rapidement possible. Il ne s’agit pas de faire venir d’autres enfants mais surtout de penser d’abord au bien-être et au confort de ceux déjà présents.

Une fois par mois, les enfants de Makala ont droit à une sortie à un parc d’exposition. C’est un financement représentant par en-fant un mois de salaire d’une famille norma-le au Congo. Comment l’idée est elle venue ?

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C’est une proposition qui a été émise par les mem-bres de la structure. Je trouve que c’est une excel-lente chose car elle permet aux orphelins de voir d’autres choses tout en se divertissant. Au Congo, ce parc d’attraction n’est réservé qu’aux classes aisées. Et justement, c’est bien de leur montrer que tout le monde a le droit de s’amuser et d’être heureux même avec de faibles moyens. Tous les enfants ont le droit au bonheur.

Propos recueillis par Clément Coyral

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“ Tout mariage forcé est arrangé mais tout mariage arrangé n’est pas forcé”

Touria Bellitou, doctorante à l’université de Bordeaux II,

nous explique la différence entre le mariage forcé et le mariage arrangé. A l’origine, ils étaient conclus dans le but de créer des alliances acceptées par des sociétés

voisines. Un paradoxe saute alors aux yeux : les mariages arrangés durent plus longtemps que les unions consenties…

Aquisuds:

Pour ceux qui pensent que le mariage est l’aboutissement d’une rencontre basée sur l’amour libre et le choix individuel, l’idée de mariage « arrangé » n’est-elle pas une contrainte ?

Touria Bellitou :

L’idée que la plupart des gens se font du mariage arrangé est faussée. Il y a une confusion entre le mariage arrangé, avec le consentement libre et explicite des intéressés, et le mariage forcé qui est imposé à des individus ciblés. La confusion vient du fait que tout mariage forcé est arrangé mais tout mariage arrangé n’est pas forcé. D’où cette image de contrainte scandaleuse associée au mariage arrangé. Cependant, certains individus choisissent de s’unir librement, selon le modèle du mariage arrangé, où ils participent activement à la « sélection » de leur conjoint. Ils procèdent de la même manière que les tenants du mariage libre, sauf que ce dernier est basé sur des rencontres supposées faites au hasard. Elles seraient soi-disant le résultat d’un libre choix. En réalité dans le cas des mariages ar-rangés, les intéressés contrôlent et organisent ces rencontres, avec l’aide de leur entourage qui va, au préalable, les filtrer. On parle de rencontres amoureuses libres et de choix du cœur. Dans l’autre cas il s’agit de rencontres planifiées, organisées, ce qui n’empêche pas le coup de cœur. Mais au fond, toutes nos rencontres sont influencées par nos cultures, nos valeurs, notre attachement à notre rang social et à nos principes familiaux. Peu de rencontres sont le résultat d’un pur hasard. Beaucoup sont le fruit de notre identité sociale. Si le mariage arrangé est imposé, c’est une contrainte ; on tombe alors dans le mariage arrangé forcé. S’il y a une décision libre de la part des intéressés, le mariage arrangé ne peut être considéré comme une oppression mais comme un moyen de créer une rencontre et de fonder une famille, en cas d’affinité.

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Comment distinguer le mariage arrangé du mariage forcé ?

Tout d’abord, la frontière entre les deux cas est extrêmement mince, d’autant plus que, dans certaines cultures, il y a de plus en plus d’amalgame entre les mariages arrangés consentis et les mariages arrangés forcés. La première étape fondamentale dans le mariage forcé est l’arrangement conclu par les familles à l’insu des futurs conjoints. Tout mariage forcé est arrangé, parce qu’il a été décidé sans le consentement des individus con-cernés. On peut ainsi définir le mariage forcé : c’est une dévi-ance du mariage arrangé. Ce dernier est une pratique partagée par la plupart des cultures qui y voient un moyen d’établir des liens, de préserver des biens et de reproduire ainsi des schémas familiaux. Le mariage arrangé est planifié par l’entourage des jeunes gens, dont le désir est de « fonder une famille » en ayant la possibilité de choisir leur futur conjoint. L’un est le résultat d’une rencontre favorisée par l’entourage avec le consentement des individus, tandis que l’autre est une obligation imposée avec violences psychologiques, voire physiques. Aujourd’hui le mariage forcé est condamné par la loi. Il porte atteinte aux droits de l’Homme, et même aux droits de La Femme. Ces dernières sont le plus souvent victimes de ce type d’arrangement familial, d’autant plus qu’il viole leur principe de liberté et d’indépendance en tant qu’individu.

Quel type de population a recours au mariage arrangé ?

Jusqu’à la fin du XIXéme siècle, la pratique du mariage arrangé ou forcé était ordinaire dans les classes aisées en Europe. Cette pratique persiste encore dans un certain rang social, mais on en parle davantage à propos de la population migrante, plus pré-cisément d’origine musulmane. Par ailleurs il y a une déviance du mariage arrangé qui, dans le contexte migratoire, aboutit souvent à une union forcée.

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L’Islam préconise le consentement libre des intéressés et précise que toute union forcée est vouée à l’échec. Il est à éviter pour le bien-être des individus.

Comment expliquer la persistance du mariage arrangé ou forcé dans le cadre de l’immigration ?

Autrefois ce type d’union était pratiqué aussi dans l’Hexagone mais aujourd’hui ces mariages arrangés ou forcés persistent plutôt dans certaines familles d’origine étrangère. Ils expriment une vraie difficulté à intérioriser les règles qu’exige le mariage français : la liberté de chaque individu à choisir son conjoint sans aucune pression sociale et familiale. Cette persistance révèle la fragilité de la situation dans laquelle ces individus se trouvent dans la société d’accueil. Cette dernière n’arrive pas à les intégrer et à les accepter comme des citoyens à part en-tière. L’ambiguïté de leur appartenance et la difficulté de s’intégrer les renvoie à des pratiques originelles qui leurs semblent « protectrices ». Ils les utilisent pour se sentir rattachés à une société qui les rassure. N’oublions pas que les mariages arrangés ont toujours été conclus pour créer des alliances et se faire accepter par des sociétés voisines, des clans et des familles. La population migrante n’arrive pas à se détacher de cette pratique qui est un moyen de garantir une appartenance identitaire, ce qui ne justifie nullement ces pratiques violentes. Il est important que l’Etat favorise l’intégration de ces migrants pour qu’ils se sentent mieux insérés dans notre société. Autrement dit, tant que l’immigré se sentira fragilisé par sa situation d’accueil, il continuera à instrumentaliser l’union conju-gale à des fins communautaires. Pour lui, c’est un moyen de préserver le connu, de se protéger de l’inconnu, de rest-er en contact avec ses origines. Finalement, le mariage ar-rangé a trouvé sa raison d’être en situation d’immigration.

Contrairement à une opinion courante, les mariages ar-rangés sont plus solides que les relations de couples basées sur la liberté. D’où vient ce paradoxe ?

Si les principes de base sont respectés comme dans un mariage arrangé « libre », les intéressés participent au choix du conjoint, l’union devient plus solide. C’est encore plus vrai si les con-joints ont la même vision du mariage, c’est à dire un engage-ment à vie pour fonder une famille. L’individualisme a un rôle réduit dans ce type d’union. Ce qui est important c’est le couple familial et social, dans le sens où ce ne sont pas seulement deux individus qui se sont engagés mais tout l’entourage familial. Cela peut paraître paradoxal mais ce n’est pas le cas. C’est une suite logique dans laquelle le partisan du libre choix s’appuie sur le principe d’une option purement individuelle.

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Il peut changer d’avis à tout moment et est libre d’agir comme bon lui semble, d’où cette fragilité basée sur le bon vouloir de chacun. Par contre, les mariages arrangés sont la conséquence d’une implica-tion de nombreuses personnes qui se sont engagées auprès du cou-ple, afin de permettre son fondement et sa durabilité. Les personnes qui ont accompagné la construction du couple jouent le rôle de médiateur matrimonial, en cas de difficulté. Ainsi, le couple ne peut décider de se quitter sans avoir l’approbation de l’entourage. Des aides concrètes vont être apportées par le milieu familial pour faire durer le couple. Cependant un critère vital de la stabilité est que les conjoints adhèrent aux valeurs du mariage arrangé : un respect mutuel, un engagement à vie, la priorité à la famille etc. Sinon, le couple est voué à l’échec. Et si l’entourage s’aperçoit que l’un des conjoints ne respecte plus ces principes, la demande de séparation est acceptée et le couple reçoit un soutien moral.

Interview réalisée par R. Lucas

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Les enjeux, les stratégies de l ’édit ionL’histoire de l ’édit ion aux Anti l les

L’universitaire et écrivaine guadeloupéenne Dominique Deblaine retrace avec une minutie documentée l’histoire de l’édition aux An-tilles en mentionnant les étapes, les acteurs essentiels, les enjeux, les stratégies, les domaines explorés et les thématiques privilégiées. Elle éclaire le rôle central de l’édition dans une société qui est passée en un demi-siècle d’un statut postcolonial à un vécu de consommation ou d’hyperconsommation. Dans ce cas, comment situer l’activité éditoriale, entre les impératifs commerciaux, les enjeux identitaires et l’incitation à la création ?

Aquisuds : Quelles sont les principales maisons d’édition aux Antilles ?

Dominique Deblaine : Désormeaux (Martinique) créée en 1971 par Émile Désormeaux, MGG (pour Martinique Guadeloupe Guyane) créée en 1972 par Tony Delsham et devenue Martinique Éditions en 1999, Jasor (Guade-loupe) créée en 1985 par Hubert Jasor puis reprise par sa fille Régine Jasor, Ibis Rouge (Martinique, Guyane, Guadeloupe) créée en 1995 par Jean-Louis Malherbe, et Desnel (Martinique) créée en 2002 par Jean-Benoît Desnel.

Y a-t-il des politiques éditoriales et thématiques bien précises ?

Il faut rappeler que peu de choses prédisposaient les Antilles à l’édition, du fait de leur histoire : sociétés tournées essentiellement vers la production agricole. Les premières imprimeries viennent du besoin administratif de communiquer : publications

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d’affiches, de gazettes, essentiellement pour la vente d’esclaves, puis avec l’abolition de l’esclavage, viennent des journaux d’opinion mais aussi parfois des œuvres littéraires publiées à compte d’auteur. Il faut souligner le courage d’un pionnier : Émile Désormeaux. Comme le rappelait Jack Corzani dans le Dictionnaire Ency-clopédique Désormeaux, la première véritable maison d’édition n’est apparue en fait aux Antilles qu’en 1971 ; c’est la maison d’édition Désormeaux avec une véritable politique éditoriale, une infrastructure, des salariés, etc. Émile Désormeaux était concessionnaire des éditions Bordas quand, en 1971, il sort un fascicule sur l’histoire des Antilles. La même année, il entreprend la publica-tion d’un ouvrage conséquent, l’Encyclopédie antillaise (en six volumes), qui dressait pour la première fois un bilan culturel des Antilles. Les 2 premiers volumes sur la littérature sont signés par Jack Corzani, puis suivent les autres volumes sur la flore, la faune, la gastronomie, l’économie , la démographie. Le succès est d’autant plus remarquable que Désormeaux est concurrencé par les grosses maisons d’édition parisiennes qui ouvraient des antennes dans les DOM.

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Désormeaux réédite Fab’ Compè Zicaq de Gilbert Gratiant (grand succès), publie des encyclopédies telles La Cuisine créole de A à Z (6 volumes), L’Univers guyanais (5 volumes), le Dictionnaire de la langue créole (3 volumes), l’Histoire des Antilles-Guyane par l’image (6 volumes) et le Dictionnaire Encyclopédique Désormeaux (7 volumes et 2 thésau-rus, édité de 1992 à 1999). Il publie la thèse de Jack Corzani La Littérature des Antilles-Guyane françaises en 1978.

Il publie également Antilles d’hier et d’aujourd’hui, une série d’ouvrages qui reprend l’ensemble de l’évolution de l’univers antillais, du début de la colo-nisation jusqu’à nos jours, en faisant appel à la fois aux chroniqueurs du passé et aux chercheurs mod-ernes. Cette série d’ouvrages aborde à la fois le milieu naturel des Antilles, faune, flore, vie marine, ainsi que leur Histoire. On peut dire que dès le début, finalement il est peu préoccupé par la rentabilité. Son souci est d’œuvrer à la connaissance de la culture antillaise. Il fait école, et en Guadeloupe un groupe de jeunes crée les éditions Jeunes Antilles, mais l’aventure dure peu. Il est à noter que les ouvrages chers, de luxe, très étonnamment se vendent mieux que les tirages traditionnels. Cela tient probable-ment d’un désir de connaissance, car les ouvrages de ce type n’existaient pas, notamment pour le cursus scolaire.

Désormeaux, qui a une politique d’édition tournée vers l’encyclopédie, a fait des émules, notamment les maisons d’édition dont j’ai parlé plus haut, mais qui publient en grande partie des romans et des recueils poétiques. Jasor a un auteur phare, Max Rippon, poète et romancier ; plus exactement, depuis 2002, il écrit ce qu’il nomme « racontage », entre roman et conte. Desnel a un auteur phare, Suzanne Dracius. Ces deux auteurs travaillent la question de la mé-moire pour inventer un a-venir en prise avec la réali-té. Tony Delsham, écrivain, essayiste et journaliste, a lui-même fondé sa propre maison d’édition ; il s’édite lui-même. C’est l’auteur le plus lu en Martinique et Guadeloupe. On peut consulter leurs biographies et leurs œuvres, notamment, sur le site « île en île » de Thomas Spear, leurs œuvres. Ces maisons d’édition antillaises se soucient peu d’être en concurrence avec les maisons d’édition hexagonales, elles choisissent librement leurs auteurs et leurs politiques éditoriales.

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Elles tentent d’ouvrir la publication à des auteurs qui seraient peut-être moins compris dans l’hexagone, voire refusés. Ces maisons prennent en compte des ques-tions pertinentes des Antilles, allant de la question de l’identité à celle de l’altérité. Elles travaillent également sur la stylistique en rapport avec le fond. Si certaines à leur début, notamment les éditions Jasor, favorisaient les productions en créole (pour défendre cette langue), dé-sormais elles ne s’enferment ni dans un combat ni dans une école stylistique.

Dominique Deblaine & R.Lucas

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12 EUGUER ELIQUAT

I m a n M a l e k i : p o r t ra i t

d ’ u n g ra n d m a î t re

La peinture persane, (connue en Occident comme l’art de la miniature) est à juste titre fameuse dans le monde entier. Jusqu’à très récemment, le style de peinture figurative connu depuis des siècles en Europe, était inconnu en Iran. Les portraits ou

la représentation de personnages ou d’événements sacrés, bien que non interdits, étaient désapprouvés par les lois islamiques. La perspective, le relief, la lumière et les ombres ont été pen-dant longtemps inconnus des peintres iraniens. La calligraphie, les motifs floraux et les compositions géométriques étaient les sources de toutes les décorations et l’utilisation du polychrome était réservée uniquement aux céramiques. La peinture était en-tièrement dévolue à l’illustration de certains textes : le Qoran, les travaux scientifiques, les poèmes épiques, les légendes, les épopées. Voilà comment l’art de la miniature vit le jour et fut ainsi développé.

Reza Abassi, le précurseurCependant une nouvelle évolution prend place sous l’influence d’un peintre iranien du XVI° siècle, du nom de Reza Abassi (1565-1635) . Dès lors un certain degré de réalisme rigide apparaît dans les miniatures iraniennes. Il fut le premier artiste à prendre son inspiration directement des scènes de la rue et du bazar d’Ispahan.

C’était à cette époque que les murs des palais étaient recou-verts de fresques guerrières ou de thèmes frivoles. Le meilleur exemple de ce travail est assez bien préservé dans les palais d’Ali Qapu et dans le palais aux 40 colonnes d’Ispahan. Mais aujourd’hui, la tradition est toujours vivace et continue de se développer au travers des très grands peintres iraniens. « Il y a des hommes qui disparaissent avec leurs œuvres. Il y en a d’autres que leurs œuvres immortalisent à jamais » . Cette phrase d’Aristote est très appropriée pour décrire l’art du grand peintre réaliste Iranien contemporain Iman Maleki. Il a ouvert la voie à beaucoup de peintres iraniens contemporains et arabes d’une manière générale.

LIman Maleki, né à Téhéran en 1976, est dès l’enfance fasciné par la peinture. En 1991, à l’âge de quinze ans, il commence à prendre des cours de peinture, avec le plus célèbre peintre d’Iran, Morteza Katouzian, qui restera par la suite son unique enseignant. Parallèlement, Iman Maleki se met à peindre en tant qu’artiste peintre à part entière. À partir de vingt-deux ans, il a commencé à bien maîtriser différents aspects techniques de la peinture, tant dans le maniement des formes que dans le traitement des sujets et l’harmonie des couleurs. Nous ne connaissons les civilisations disparues qu’aux travers de leurs vestiges et de l’art dans lesquels elles ont incrusté à jamais leurs modes de vie, leurs coutumes, leurs cultu-res. Dans ses œuvres Iman Maleki donne l’impression qu’un tableau est un cumul de connaissances multiples : philosophiques, culturelles, artis-tiques, sociales et historiques. Il exprime aussi une conception de l’amour qui provient du plus profond de l’âme. Comme la poésie et la musique, il réunit les plus beaux sentiments de l’être humain et laisse parler la magie du dessin jusqu’à vie s’ensuive.

Imam Maleki,

peindre jusqu’à ce que vie

s’ensuive

u u n p e i nt re p ro d i g i e u x

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13LOREM IPSUM

L’ensemble est passionnant et révèle en Iman Maleki une émotion esthétique née du mé-lange « des choses de la vie » et de la beauté spirituelle. C’est ce qui donne à son œuvre un parfum de quintessence.

Najah Farid

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14 EUGUER ELIQUAT

Un parcours dans l ’univers fascinant du peintre entraîne le v is i teur à la découver te de la femme algérienne et de la v is ion qui s’en dégage. Ce voyage à travers les ima-ges de l ’Algérie féminine est un mélange de témoigna-ge passionné et de défense d ’une culture.

tableau peut être vu - ou plutôt lu - à diffé-rents niveaux. Au-delà de son thème princi-pal, chaque composition recèle des allusions et des clins d’œil. Et puis, mémoire omnipré-sente, la femme... Contrairement à bien des idées reçues, son rôle social dans l’Algérie profonde vient du fond des âges. Complexe, nuancé, il varie selon les régions. Il fallait essayer de saisir cela, afin de mieux com-prendre et faire comprendre les mouvements actuels pour un statut égalitaire de la femme.

Une autre vision de la femme algérienneLes tableaux de Benyaa, d’une grande ha-bileté technique, fixent notre attention par l’importance donnée à l’esthétique des lignes et à la spiritualité. Au travers de son oeuvre l’artiste nous invite à la contemplation des visages et à partager sa conception très ap-profondie de la femme algérienne. Bien sûr il peint la grâce et l’élégance mais aussi une certaine gravité. En observant les portraits féminins, on constate que l’artiste se focalise sur certaines parties du corps. Il y a surtout les regards. Des regards où se reflètent des émotions, de l’énergie et peut-être un coin de l’âme. Au-delà de la description exté-

Hommage à la femme algérienne

Farid BENYAA,

artiste plasticien algérien

e discours des couleurs

Farid BENYAA, peintre, architecte et plasticien, est né en 1953 à Sidi-Aich dans la Wilaya de Bejaia en Algérie. Classée au pa-trimoine mondial par l’UNESCO, la Casbah d’Alger a déterminé l’évolution de l’artiste. Chargé, au sein d’équipes pluridisciplinaires, de la réhabilitation des constructions les plus menacées par les ravages du temps, il s’est attaché aux habitants de ces lieux histori-ques. De cet intérêt du cœur et de l’esprit est née chez lui la nécessité de fixer des vues et des scènes menacées de disparaître à jamais. De là est venue une première série d’œuvres, basée sur une technique en noir et blanc qui permet de restituer les contrastes les plus forts. Unique et diverse, l’Algérie tout entière a ensuite été le vaste champ où l’ar-tiste a porté son regard. Voyages multiples, observations aiguës, recueils de traditions orales, partage de la vie quotidienne des plus humbles... Comment exprimer et communi-quer toutes ces denses impressions autrement que par la couleur ?

C’est ainsi que s’est élaborée la seconde série d’œuvres, dans laquelle la préoccupation esthétique s’accompagne d’une mise en pers-pective culturelle et historique. Chaqueque

l

rieure, le peintre cherche aussi à traduire une réflexion et à exprimer de l’intériorité.

Imad Ahemadi

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15LOREM IPSUM

île bou-can, île vomissure, île aux abois ; île lassitude, île solitude, c’est moi que l’on prend, que l’on pille, que l’on souille, que l’on fait sienne, puis qu’on roule dans la boue. Et mes ailes supportent le saccage, l’entassement, la frénésie terrifiante ». Tour à tour maternelle, indignée, sen-suelle, enthousiaste, l’île parlante a parfois un lan-gage d’une énergie césairi-enne : « j’exhale la vigueur de ceux qui ont survécu à l’indigne. » C’est aussi une île à l’esprit caribéen, qui voy-age et rend visite à ses voisines, dans une nouvelle traversée du milieu. Domi-nique Deblaine, jusque là auteur de nouvelles douces-amères, a fait corps avec son île natale pour une « vagabondagerie vivifi-ante » de l’écriture antil-laise, loin des nouveaux exotismes et des « fuyards sans marronnage ». Après Simone Schwarz-Bart, Daniel Maximin, Ernest Pépin et Max Rippon, elle vient d’ouvrir une nouvelle tracée dans la littérature antillaise.

Rafael Lucas, Université de Bordeaux-3

Île était une fois la Guadeloupe. Île était une voix, celle d’une île créole de la Caraïbe. Paroles d’une île vagabonde est une chronique hal-lucinante, un journal passionné et un récit géopoétique de la Guade-loupe, mêlant l’énergie du discours et l’intimité de la confidence. Ici c’est la terre elle-même qui s’est emparée de la parole et qui dit le vécu pluriel d’une île à l’histoire mouvementée. Comme dans un manuel de con-science naturelle, elle dit tout : le dépeuplement fondateur, l’esclavage, la vitalité identitaire, les volcans, les cyclones, les conflits, les conserva-tismes et les audaces, les errances et l’enracinement, les solidarités et les solitudes. La parole captatrice de ce paysage parlant a enregistré les merveilles d’une nature vigoureuse mais aussi les ratages et les ravages : « Sur mon territoire, tout prolifère et se délite. » Loin d’être enfermée dans l’éloge d’une créolité sûre d’elle-même, la parole de l’île dit longue-ment la complexité ambiante : « Moi, île bonté, île têtue, île refuge ; moi île alcool, île poussière, île boucan, île vomissure, île aux abois ; île

lassitude, île solitude, c’est moi que l’on prend, que l’on pille, que l’on souille, que l’on fait sienne, puis qu’on roule dans la boue. Et mes ailes supportent le saccage, l’entassement, la frénésie terrifiante ». Tour à tour maternelle, indignée, sensuelle, enthousiaste, l’île parlante a parfois un langage d’une énergie césairienne : « j’exhale la vigueur de ceux qui ont survécu à l’indigne. »

C’est aussi une île à l’esprit caribéen, qui voyage et rend visite à ses voi-sines, dans une nouvelle traversée du milieu. Dominique Deblaine, jusque là auteur de nouvelles douces-amères, a fait corps avec son île natale pour une « vagabondagerie vivifiante » de l’écriture antillaise, loin des nou-veaux exotismes et des « fuyards sans marronnage ». Après Simone Schwarz-Bart, Daniel Maximin, Er-nest Pépin et Max Rippon, elle vient d’ouvrir une nouvelle tracée dans la littérature antillaise.

Rafael Lucas, Université de Bordeaux-3

Dominique Deblaine, Paroles d’une île vagabonde, Prix Fetkann 2012, Paris, Ed. Riveneuve, 2011

Paroles d’une île vagabonde, de

la Guadeloupéenne Dominique De-blaine : une longue confidence épique du

pays natal

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16 EUGUER ELIQUAT

Césaire le bien-aimé? Le grand départ du héros identitaire de la Négritude a donné lieu à une émouvante série d’hommages sincères, révélateurs de l’envergure conquise dans l’imaginaire collectif par le rebelle aux armes miraculeuses. Néanmoins parmi la compréhensible floraison des ave Césaire de toute sorte, comment ne pas remarquer les lar-mes miraculeuses de nombreux crocodiles de grands marigots politiques et littéraires ?

I l y eut un ancien ministre de l’Education Nationale, à l’hommage larmoyant, qui s’était pourtant acharné à faire retirer du programme des Terminales les très salutaires Cahier d’un retour au pays natal (1939)

et Discours sur le colonialisme (1950), par une note de service du Bulletin Officiel de l’Education Nationale du 27 juillet 1995. Le retrait des oeuvres de Césaire avait été annoncé par une indignation vertueuse du député UDF Alain Griotteray qui trouvait « choquant et inac-ceptable » (séance parlementaire du 12 septembre 1994) que Césaire ose comparer le colonialisme au nazisme. Il y eut un illustre homme d’Etat pourfendeur de la racaille des banlieues de la France continentale, qui salua l’œu-vre révolutionnaire de Césaire pourtant défenseur de « la négraille ». Il y eut l’inévitable Raphaël Confiant, auteur d’une biographie de Césaire, sous forme de règlement de comptes générationnel et de meurtre médiatique du père (meurtre subventionné par les éditions Stock qui réalisa un bon « coup » éditorial). Dans le livre intitulé Aimé Césaire, Traversée paradoxale du siècle Césaire est traité de « Nègre marron d’opérette ». . . Il convient de relire ce livre, pour mieux évaluer la nature de certains hommages à Césaire englués dans le consensus amnésique, et pour habituer notre mémoire à échapper à l’envoûtement de l’événement du maintenant. La liste des crocodiles attirés par les caméras lacrymogènes ne s’arrête pas là. Mais, au fond, peu importe. Le soleil luit pour tout le monde, qu’il s’agisse d’un compère général soleil ou d’un soleil cou coupé. L’important, à vrai dire, c’est la densité des travaux (au sens des travaux d’Hercule) de celui qui, à l’instar de l’Haïtien Frankétienne, maîtrisait le dialecte des cyclones et des volcans. Ce n’est pas un hasard si en parcourant le Cahier on tombe sur « l’énorme poumon des cyclones qui respire et le feu thésaurisé des volcans » . Jetons un bref coup d’œil cependant sur la grosse biographie (350 pages) de Raphaël Confiant consacrée à Césaire, une vraie tenta-tive de laminage de l’image du grand poète auteur de Moi laminaire (1982).

Raphaël Confiant, le moi lamineur

Certes tout grand écrivain doit être soumis à des lectures critiques, mais l’ouvrage de Confiant relève de trois types d’approche : celle d’un Œdipe

attardé réalisant un gros coup publicitaire, en voulant tuer la figure paternelle, celle d’un initiateur de courant littéraire qui a besoin de liquider un courant antérieur pour mieux se positionner dans la république des lettres, et celle d’un écrivain souffrant de boulimie de visibilité, gêné par l’ombre d’un immense écrivain. Dans la biogra-phie en principe iconoclaste de Confiant, Césaire apparaît sous les traits d’un « petit député de couleur », un « nègre en costard cravate » à la rigidité ridicule, frappé d’une « incapacité coloniale » à écrire le créole. Il est en outre décrit comme un aliéné linguistique « cannibalisé » par la langue française, un petit chef « à l’ego hypertrophié » souffrant d’une paranoïa de complots, et révélant une af-fligeante « incapacité » à comprendre la réalité anthropo-logique martiniquaise. Il est « responsable » d’avoir favo-risé l’élite mulâtre, ou plutôt « la mulâtraille » (en français dans le texte) au détriment des « prolétaires noirs ». Il est donc coupable de la « mulâtrisation » des cadres du Parti Progressiste Martiniquais (PPM). Il est également tenu pour responsable (par la loi de la départementalisation de 1946)) d’avoir sacrifié les élans d’indépendance de la so-ciété martiniquaise et d’avoir causé la « bétonisation » du tissu urbain martiniquais. Cette haine anti-mulâtre (chez cet écrivain qui est un chantre du métissage), je l’avais déjà lue chez un personnage célèbre de l’histoire contem-poraine, quasiment dans les mêmes termes, chez François Duvalier : Problème des classes à travers l’Histoire d’Haïti (1948). On sait ce qu’a donné dans l’Histoire la désigna-tion de groupes raciaux comme ethnoclasses privilégiées. Enfin Césaire aurait développé aux Antilles une funeste « chimère d’Afrique », l’Afrique étant décrite par Confiant comme une mère indigne vendeuse de ses enfants, c’est-à-dire le contraire de l’Afrique de la Négritude de Senghor et de Césaire.

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La traversée du siècle

’ j’emprunte ce titre au prologue de l’excellente biographie de Césaire rédigée par Roger Toumson et Simonne Henry-Valmore, intitulée Aimé Césaire le Nègre inconsolé

. Le titre fait allusion à un passage du célèbre poème El Desdichado de Gérard de Nerval : « Je suis le Ténébreux, le Veuf, l’Inconsolé » . Aimé Césaire a 18 ans lorsque la III° République célèbre son apothéose colonisatrice par la mémorable Exposition coloniale de 1931. Il a 23 ans à l’époque du Front Populaire. Il est témoin et acteur de nombreuses mutations idéologiques du XX° siècle : le choc entre fascisme et communisme, les derniers soubre-sauts de la III° République, les révolutions esthétiques (le surréalisme) et philosophiques (l’existentialisme). Il publie le Cahier l’année du début de la II° guerre Mondiale. Il a vécu l’oppression de l’amiral Robert, haut commissaire de la France aux Antilles-Guyane en 1940, nommé par le pouvoir pétainiste. Césaire est au cœur de ce qui était à l’époque une révolution identitaire et ontologique, le mouvement de la Négritude. Il a su tirer parti des apports de l’anthropologie de Leo Frobenius, de la psychanalyse et du potentiel contestataire des avant-gardes littéraires. Il fait partie des animateurs des revues subversives qui impulsent toute une pédagogie de la Négritude : Légitime Défense (paru en 1932), L’Etudiant noir (paru en 1934), Tropiques (paru en 1941). L’engagement de Césaire est multiple : l’œuvre poétique, la contestation de l’histoire coloniale, le combat de légitime défense pour dénoncer l’agression séculaire de l’esclavage et de la colonisation contre le monde noir, l’action politique en Martinique. siste Martiniquais (1958). A partir des années 1960, out en conservant la vigueur de ses dénonciations des régimes coloniaux (Discours sur le colonialisme), Césaire a su capter la complexité des enjeux de pouvoir

qui surgissent dans les contextes post-coloniaux : les identités blessées en mal de réponses, les incom-préhensions entre peuples et dirigeants, les frustra-tions croisées, la lutte à mort entre les reconstructeurs

pressés et les boulimiques de pouvoir pulsionnel. Au mo-ment où la dictature de Duvalier en Haïti est contempo-raine de nombreux despotismes issus des décolonisations africaines, Césaire exprime à travers des tragédies (La Tragédie du roi Christophe, 1963-1964, Une Saison au Congo, 1966-1967, Une tempête, 1968-1969) le drame de dirigeants animés de projet de construction nationale confrontés à un triple obstacle : le malentendu entre le leader visionnaire et son peuple (Christophe), les rivali-tés meurtrières (la mort de Lumumba dans Une Saison au Congo) et l’interdépendance tragique et imprévisible entre le maître impérialiste et le dominé, Prospéro et Caliban dans Une Tempête, adaptation de La Tempête de Shakespeare. La décennie 1970 est celle du combat pour la Régionalisation de la Martinique (compte tenu de l’échec de la départementalisation) et d’une véritable guérilla administrative menée par les autorités françaises contre Césaire. En décembre 1974, Giscard D’Estaing (pourtant massivement élu par l’électorat martiniquais, à la grande « honte » de Césaire) fera faux bond au maire de Fort-de-France lors d’une rencontre officielle prévue. Ce raté de l’aristocrate républicain qu’était Giscard, s’inscrit dans une tradition de visites problématiques des chefs d’Etat français en Martinique, inaugurée par le passage de Gaulle en mars 1964 à Fort-de-France. L’engagement du maire en faveur de l’Union de la Gauche et de la Régionalisation sera récompensé après l’élection de François Mitterrand en 1981. Jusqu’en 2007 où il appuie la candidature de Sé-golène Royal, Césaire fait figure de combattant des idées, fidèle à un esprit de vigilance permanente.

Rafael Lucas

Césair e tout s implement

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Islamisme et laïcitéNous entendons souvent de s appréc ia t ions a larmante s ( ju s t i f i é e s ou mythi f i é e s ) sur « l ’ i s lamisme » en France . L’ i s -lamisme e s t devenu un souc i pour l e s soc i é t é s européennes , du fa i t de l ’ in f luence c ro i s sante de s e s organi sa t ions sur l e s j eune s l e s p lu s dé favor i s é s mai s i l menace aus s i de nombreux autre s pay s à populat ions musulmanes . Mai s doi t -on envi sager l ’ i s lamisme uniquement s e lon une per spec t ive européenne ? Le p iège t endu par l e s i s lamis t e s e s t ju s t ement d’ imposer un choix s impl i s t e : Is lam ou Occ ident . De nombreux mi l i tant s d ’une la ï c i t é bornée tom-bent dans ce p iège . Le s Soc ié t é s e t Etat s musulmans ont connu de tout t emps dans l eur His to i re de s l ibéraux e t de s la ï c s par t i sans de la s éparat ion du po l i t ique e t du re l ig i eux , notamment dans la Turquie de Musta fa Kemal e t en Eg ypte dè s l e début du XIX° s i è c l e .

1-Les premières victimes de l’islamisme sont les populations des pays musulmans

Lorsqu’un régime islamiste élimine toute forme de contestation, la seule opposition viable dans des so-ciétés très marquées par la religion se structure autour de la foi religieuse. Une masse populaire, peu édu-

quée et conduite par des “leaders” arrivistes, pense alors trouver dans toujours plus de religion une alternative poli-tique, comme cela se passait jadis avec le “parti dévôt” de Madame de Maintenon sous Louis XIV, en France et dans d’autres monarchies absolues catholiques européennes. La monarchie absolue de l’époque, sous peine d’être taxée de mécréante, ne pouvait alors dissoudre cette faction contrairement aux autres. Il en va de même de l’islamisme aujourd’hui qui manipule la crédulité d’une masse peu instruite et joue sur la peur des accusations de blasphème et de mécréance. Ceci l’amène à se radicaliser pour se faire entendre. Les anciens radicaux deviennent alors des modérés dépassés par leur base. En se radicalisant, les mouvements islamistes se divisent, puisqu’une fois qu’une organisation est en place, une répression interne élimine les plus libéraux. Le résultat d’une telle radicalisation est alors double :

les organisations islamistes se divisent et ri-valisent entre elles, avec souvent pour conséquence l’intervention d’une armée étrangère non-musulmane, en appui au sol à des forces armées locales. L’initiative

étrangère débouche alors sur un piège islamiste dangereux pour l’opposition libérale.

Les terroristes islamistes, bien que minoritaires font davantage de victimes dans les populations musulmanes, que chez les croyants d’autres religions lors des attentats suicide.

1-’islamisme nie la diversité culturelle : l’exemple de l’Asie Centrale

Là où des gouvernements islamistes sont au pouvoir, les intellectuels progressistes et laïcs sont menacés. Les femmes, généralement assimilées à des «êtres dévoyés et démoniaques», perdent certains de leurs

droits élémentaires chèrement acquis dans les dictatures laïques du XXe siècle. Mais, c’est toute l’hétérogénéité de l’Islam que l’islamisme entend également remettre en cause. Les Alévis de Turquie payent les frais de leur particularité religieuse par des tracasseries administra-tives ou, parfois, des atteintes physiques. Les Pamiris du Haut-Badakhchan du nord de l’Afghanistan et du sud du Tadjikistan (chiites ismaéliens fidèles de l’Agha-Khan), dont l’esprit de tolérance est équivalent à celui des Alévis (qui a inspiré Montesquieu dans les Lettres persanes), sont aujourd’hui prisonniers d’un bourbier islamiste et narco-mafieux afghano-tadjik. De même, la légendaire hospi-talité de certains peuples superficiellement islamisés et pratiquant un Islam syncrétique (Guinéens, Dogons, Java-nais, Tanzaniens du littoral, Turkmènes, Kirghiz...) risque d’être sapée, au même titre que leurs propres spécificités culturelles par la montée de l’islamisme et surtout par les pétrodollars saoudiens et qataris qui l’alimentent. Une partie écrasante des laïcs et des progressistes musulmans pensent donc à juste titre que l’islamisme met en péril leurs propres cultures nationales, même lorsqu’un mouve-ment islamiste se revendique comme étant national (et même pro-européen comme le gouvernement d’Erdogan en Turquie). Ainsi, les peuples nomades turcophones d’Asie centrale perçoivent négativement l’obligation faite par les islamistes de renoncer à d’anciennes pratiques et croyances culturelles héritées du nomadisme. La yourte restera toujours leur habitat traditionnel. Ils continueront à chanter les exploits épiques nationaux et la mémoire des quelques émirs féminins qui les avaient dirigés au Moyen-Âge (Saikal, Janyl, Kourmandjan-Datka...), pourtant par-fois jugés “haram” par les puristes de l’Islam. Une écras-ante majorité de musulmans souhaitent préserver cette pluralité de l’Islam mais se trouve de plus en plus prise en otage de la surenchère obscurantiste de quelques uns.

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Sec2:19LOREM IPSUM

L’islamisme est contre l’épanouissement individuel et la libre-expression religieuse et culturelle en Islam.

L’ennemi culturel de l’islamiste est certes « l’occidental perverti ». Mais, il trouve encore un ennemi plus important, à l’intérieur-même du monde musulman. En effet, plus que tout, l’islamiste ne peut pas supporter un Omar Khayyam chantant en vers les plaisirs de la vie à Samarkande aux XIe et XIIe siècles ou un Jalal-oud-Din al-Roumi s’évertuant à privilégier au XIIIe siècle depuis Konya (Turquie) le “voile intérieur” des femmes (comme des hommes) sur l’attribut vestimentaire, pour lui inutile. Les islamistes n’aiment pas écouter les voix discordantes qui témoignent de la diversité culturelle. Leurs pratiques répressives visent en particulier les habitudes alimentaires et vestimentaires. Pourtant certaines écoles, comme celle des Hané-fites (présentes surtout dans les pays de l’ancien Empire Ottoman) sont très tolérantes dans ces deux domaines. En ce qui concerne

l’alcool par exemple, pour l’école hanéfite c’est davantage l’ivresse qui est interdite que la consommation-même d’alcool elle-même.

L’islamisme sunnite veut détruire les autres écoles de pensée de l’islam

L’islamisme s’attaque notamment au hanafisme, au profit de deux nouvelles écoles de pensée : le wahhabisme hiérarchisé et de plus en plus conservateur, et sa variante plus implantée en milieu popu-laire le salafisme. On note la même stratégie de la part du pouvoir chiite théocratique de Téhéran qui voit d’un mauvais oeil les actions d’ouverture et de modernisation entreprises par l’Agha-Khan, le chef spirituel des chiites nizarites, ou encore l’ouverture européenne de l’Azerbaïdjan chiite. Or, la vision de l’islam imposée par les islamis-tes repose avant tout sur une imposture datant de la prise du pouvoir des Saoud en Arabie (avec l’aide naïve du Colonel Lawrence) en 1923-24 pour chasser des lieux saints les Turcs ottomans et la famille hachémite que ces derniers protégeaient. Cette famille règne depuis en Jordanie, où elle diffuse une image plutôt moderne et tolérante de l’islam.

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(avec l’aide naïve du Colonel Lawrence) en 1923-24 pour chasser des lieux saints les Turcs ottomans et la famille hachémite que ces derni-ers protégeaient. Cette famille règne depuis en Jordanie, où elle diffuse une image plutôt moderne et tolérante de l’islam.

A l’opposé, les Saoudiens, tirent parti de leur prestige de propriétaires des Lieux saints (qu’ils avaient usurpé à la famille hachémite) pour proposer une vision ultra-conservatrice de l’Islam. Ils utilisent leurs pé-trodollars et les nouvelles technologies de l’information pour diffuser leur conception du “vrai” Islam. Depuis, nourris à l’école wahhabite, puis salafiste, les islamistes propagent dans le monde une lecture très sélective du Coran. Ils ne retiennent que les sourates les plus contraig-nantes pour le croyant et ignorent étrangement les plus libérales. Pire, en Asie centrale, des recueils d’interprétations hanafites du Coran, jugés trop libéraux et permissifs, sont brûlés ou des pages sont arra-chées, car jugés hérétiques par des islamistes qui, avec la complicité de l’Arabie, saoudite souhaitent contrôler et façonner l’Islam à leur image.

- l’islamisme reflète la forte disjonction des mentalités urbaines et rurales dans le monde musulman.

L’arrivée au pouvoir de forces islamistes représente de fait une revanche de populations rurales, traditionnelles et religieuse, sur la ville occi-dentalisée et “décadente”. En cela, les forces islamistes de Nouakchott à Djakarta, en passant par Le Caire, Istanbul et Tachkent (Ouzbékistan), ont trouvé un soutien massif parmi les déshérités des banlieues urba-ines, rejetés du monde rural sans être pour autant acceptés par leur lieu d’accueil urbain. Dans les pays musulmans jamais un tel exode rural n’avait été aussi important que celui des années 1960. Cet exode est bien plus fort que celui rencontré par nos sociétés européennes au cours des années 1930-1940, puis 1950-1980. Partout, modernité et Islam se sont violemment entrechoqués dans un cadre urbain en totale mutation, où les valeurs connaissent un chamboulement sans précé-dent. Du coup, nous assistons souvent à la superposition de réseaux sociaux totalement hermétiques : les modernistes, progressistes et laïcs restent entre eux, les traditionnels et religieux entre eux, avec pour chacun des groupes ses habitudes et ses lieux propres de sociabilisation. A ce jeu-là, c’est la ruralité qui est gagnante car elle trouve désormais ses relais dans les périphéries urbaines populeuses. Cela lui permet d’imposer par supériorité numérique et le simple jeu démocratique un pouvoir politique proche de ses aspirations conservatrices et religieus-es. Cependant dans les Etats périphériques du monde musulman, où l’islam est pénétré par le soufisme et les rituels chamaniques (Sénégal, Moluques, Asie centrale), la ruralité peut présenter deux visages : un Islam conservateur et un islam ouvert, tolérant et syncrétique.

David Gauzère

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A travers l’art et le corps comme médiation, Judith Avenel poursuit le cheminement d’une réflexion existen-tielle et esthétique. Le corps est partout, dans une omni-présence qui est aussi une « réelle présence », au sens où l’entendait George Steiner, dans le livre du même nom. Dans les souvenirs de Judith, une scène de dissection de cadavre place le corps au point de départ d’une interro-gation sur les rapports entre vie et survie confrontées au « défi de la disparition des choses ». C’est bien le corps qui constitue « le socle du questionnement ». D’où la question : « Comment vivre la disparition et la perte » ?

En composant L’homme de boue (un homme d’argile et de paille), Judith Avenel touche et travaille un signifiant chargé de contenu mythique : l’homme à « l’argile pro-méthéenne » rappelle aussi l’homme de la Genèse animé par le souffle divin. L’argile, symbole de l’humaine condition est « soumise à l’érosion naturelle du temps». Cette prise de conscience de la dégradation programmée de notre argile vitale débouche sur l’idée « avenellienne » de « l’entropie », déperdition et désordre dynamique, mais déperdition tout de même, suivie de dispersion et de désintégration. La structure de paille et d’argile de L’homme de boue, attaquée par l’eau de pluie, met à nu l’armature, comme une carcasse dérisoire.

La quête sur l’aspect transitoire de l’existence, Judith Avenel l’a poursuivie également en Afrique de l’Ouest, lors d’un séjour au Burkina Faso, en plein plateau mossi à Koudougou. Il en a résulté Funérailles, où elle a mis en scène l’enterrement d’une carotte, d’une tomate et de son propre visage.

L’artiste procède aussi par moulage, ce qui permet à la matière de garder la mémoire du corps. Dans le moulage d’un corps d’enfant atteint du kwashiorkor, l’ombre de la souffrance et de la carence du corps est captée par l’artiste. L’ombre des absents se dessine dans l’herbe. La verdure tranquille et implacable de l’herbe entoure l’image du corps recroquevillée, annonçant la victoire inéluctable du végétal. La dimension entropique, celle du désordre est également celle du scandale de la dégra-dation de l’énergie vitale.

Dans un autre tableau, la fenêtre d’une salle aux murs blancs donne sur un parc mélancolique. Cette fenêtre ma-térialise-t-elle « la peur d’une séparation définitive » ? Face à l’angoisse de « l’insoutenable vulnérabilité de l’être » et de l’horizontalité définitive du « ici gît », il faut rester debout (bien qu’on soit de boue), ou du moins « chercher à ne pas tomber ». Judith Avenel évoque le roi Bérenger, dans Le Roi se meurt de Ionesco, personnage émouvant et tragicomique confronté à l’épreuve de la mort.

Pourtant dans l’œuvre de Judith, malgré le contenu « grave et constant » qui pour George Steiner carac-térise l’œuvre d’art, l’amour de la vie est présent ; il s’échappe par tous les pores de son œuvre, notamment par l’attention accordée aux ventres féminins et aux courbes et aux volumes. Une présence réelle et diffuse.

Rafael Lucas

Judith Avenel à l ’ I nst itut B ernard M agrez : pas d ’ar t sans vérité

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Ch ro n i q u e s d e l a re nt ré e l i t té ra i re

LA VOIE EST LIVRE : Laurent Ayçaguer (Les Beaux aiment et les laids tuent, 2012)

Peut-être aime-t-il Prévert, Feydeau, Boby Lapointe, Céline, Kafka, Jules Vallès (le Vallès de L’Enfant) et Philippe Delerm (le Delerm de La première gorgée de bière) ? Car il me semble ressentir des bribes de parfum de ces écritures chez Laurent Ayçaguer. Plus que ce bouquet de parfums des ambiances de l’ineffable du quotidien, ce qui fixe mon attention c’est cette manière non dramatique de capter la poésie du quotidien, le lyrisme des choses et des gens ordinaires. Des gens ordinaires palpitant d’humanité, une humanité qui les sort de la manière la plus inattendue de la routine purement apparente de leur vie. Comme ce Monsieur Lagrange le rondouil-lard. Et puis il y a les confidences de Victor, ce gamin qui a fugué. D’après sa mère, c’est :

« un enfant équilibré, heureux, entouré d’amour et tout ce qu’il y a de plus normal. Et puis malgré son âge, c’est encore un bébé. Il serait bien incapable d’avoir de telles idées. »

Dans son squat, l’enfant perdu fait l’apprentissage de la solitude :

« J’ai des provisions : des biscottes, du chocolat, un peu de pain et du jambon que j’ai pris dans le frigo de la maison. J’ai deux bouteilles d’eau que j’avais apportées mardi matin. Et puis un gros livre pour m’occuper. Et un jeu de cartes. Parce que le temps risque d’être long. Il faut que je tienne. Mais je tiendrai. Je sais ce que je fais.

Il y a un vieux matelas par terre dans la pièce et une couverture toute mitée. Peut-être quelqu’un s’est-il déjà caché ici ? Une fois j’ai entendu la concierge dire que des juifs s’étaient planqués dans cet immeuble pour échapper aux Allemands pendant la guerre. C’est peut-être leur couverture. J’espère que je n’aurai pas peur cette nuit. Parce que j’aurai pas le droit d’allumer. Sinon on va me repérer. »

Cette histoire est tirée du recueil de nouvelles Les Beaux aiment et les laids tuent. Comme dans les récits fantastiques, l’inattendu rôde à chaque détour du texte. On se dit « c’est trop simple, ça va déraper. » Il faut donc lire Les Beaux aiment et les laids tuent, Parempuyre, Editions du Non-Verbal, 2012. L’auteur habite dans le quartier Nansouty de Bordeaux. Il a écrit des recueils de poèmes

Des Mots D’Amour Aux Mots D’Amour recueil de poésie (1999), réédité et réécrit en 2012

La Vie Extraordinaire Des Gens Ordinaires, Recueil de nouvelles et poésies publié en 2002.

Les Comédies Inhumaines, Recueil de (bonnes) nouvelles publié en 2006.

Po-M-Rock, Musique, poésie, rock’n’roll... publié en 2008. Petit clin d’oeil à Charlélie et Margerin...

JeunesseMylène Girard Baptista, Inawa, 47360 Prayssas, Arphivolis Edi-tions, 2012, illustrations : Juliette Armagnac., 69 p., 8€50. Les aventures d’un jeune Amazonien de 12 ans perdu dans la jungle.

Inawa Mylène Girard Baptista

Roman junior dès 9 ans (broché).

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BiographieJean Verdun, L’Enfant nu, 64 600 Anglet, Editions Aubéron. Un récit biographique qui inclut la période de l’Occupation, dans un parcours d’Aix-en-Provence à paris. 294 p. 23€

Roman historiqueEmilie Nudd-Mitchell, Missions byzantines. La suite des aven-tures de Majid (2° tome d’une trilogie romanesque). Majid part en mission dans la Byzance du VIII° siècle, afin de dérober à l’impératrice Irène le secret du feu grégeois pour le calife de Bag-dad. 328 p. 18€50

Nouvelles Francesc Serés, La force de gravité (nouvelles traduites du catalan par François-Michel Durazzo), 24680 Gardonne, Edi-tions Fédérop. 272 p. 17€50. Un univers de marges, de lisières, d’étrangeté.

Guide secret de Bordeaux et de ses environsNaly Razakandraibe -Ouest France - Guides Secrets

·26 Septembre 2012 -Tourisme France Livres

·144 pages, 19.4 X 13 cm, 230 grammes -13.50 €

Le mot de l’éditeurComment redécouvrir sa ville par son histoire secrète, ses lieux insolites, mystérieux ou étonnants... tel est l’esprit de cette collection, servie par une iconographie à l’ancienne (gravures) et une couverture imitation cuir. Naly Razakandraïbé nous dévoile les richesses insoupçonnées de nombreux sites bordelais.

Gabriel Okoundji, Prix spécial Poésie de l’Académie des Sci-ences, Belles-Lettres et Arts de Bordeaux 2011 pour l’ensemble de son œuvre

Terres d’Afrique, anthologie de poésie contemporaine, éditions Ndzé, 2011

ANTHOLOGIE DE POÉSIE CONTEMPORAINE

Terres d’Afrique - Anthologie de poésie contemporaine

Poèmes réunis par :

Gabriel Mwènè Okoundji-Parution : décembre 2011-

Prix public conseillé : 18 €

190 pages-Format broché 15 x 21-ISBN : 9 78 2 91146452 2

Yves Klein embrasure

Auteur: Prot Frederic, Editeur: CINQ CONTINENTS, 2012, 448 p. Longueur (mm): 335, largeur :547,Poids (g) : 1934 prix, 52.25 €

L’espace d’une course météorique de huit ans Yves Klein (1928-1962) met en oeuvre un art immatériel du réalisme merveilleux destiné à changer la vie par une intime révolution esthétique de la personne. Les oeuvres du feu et de l’air donnent forme à ce projet. L’aventure artistique d’Yves Klein est une des plus emblématiques du XXe siècle. Peinture musique sculpture architecture économie religion philosophie : elle aura tout investi pour s’accomplir. Libérée du système de la représentation et de la perspective forgée à la Renaissance elle redimensionne l’art et en fait le grand stimulant de l’existence. Yves Klein élabore une esthétique du corps et de l’esprit sensible et étendue à la vie même. La couleur l’immatériel et l’imagination viennent opérer une transfiguration du réel et une reconversion des valeurs. L’homme est invité à se surmonter : en faisant peau neuve il se met lui-même en présence d’un monde redevenant création. Le feu - en tant que principe d’explication universelle (Bachelard) destructeur et révélateur - fonctionne dans l’oeuvre comme l’élément plastique métaphore de l’immatériel et autoportrait de l’artiste Prométhée rimbaldien voyant et voleur. Un puissant tropisme édénique ordonne le réalisme merveilleux d’Yves Klein qui aspire à l’avènement d’un nouvel âge : celui de l’humanité bienheureuse et accomplie ici et maintenant. Chacune de ses oeuvres destine à une expérience intime de cette possibilité : monochromes filles du feu. Le dépassement des paradoxes et des tiraillements de l’être dans une esthétique de l’existence.

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Yves Klein embrasure

Auteur: Prot Frederic, Editeur: CINQ CONTINENTS, 2012, 448 p. Longueur (mm): 335, largeur :547,Poids (g) : 1934 prix, 52.25 €

L’espace d’une course météorique de huit ans Yves Klein (1928-1962) met en oeuvre un art immatériel du réalisme merveilleux destiné à changer la vie par une intime révolution esthétique de la personne. Les oeuvres du feu et de l’air donnent forme à ce projet. L’aventure artistique d’Yves Klein est une des plus emblématiques du XXe siècle. Peinture musique sculpture architecture économie religion philosophie : elle aura tout investi pour s’accomplir. Libérée du système de la représentation et de la perspective forgée à la Renaissance elle redimensionne l’art et en fait le grand stimulant de l’existence. Yves Klein élabore une esthétique du corps et de l’esprit sensible et étendue à la vie même. La couleur l’immatériel et l’imagination viennent opérer une transfiguration du réel et une reconversion des valeurs. L’homme est invité à se surmonter : en faisant peau neuve il se met lui-même en présence d’un monde redevenant création. Le feu - en tant que principe d’explication universelle (Bachelard) destructeur et révélateur - fonctionne dans l’oeuvre comme l’élément plastique métaphore de l’immatériel et autoportrait de l’artiste Prométhée rimbaldien voyant et voleur. Un puissant tropisme édénique ordonne le réalisme merveilleux d’Yves Klein qui aspire à l’avènement d’un nouvel âge : celui de l’humanité bienheureuse et accomplie ici et maintenant. Chacune de ses oeuvres destine à une expérience intime de cette possibilité : monochromes filles du feu. Le dépassement des paradoxes et des tiraillements de l’être dans une esthétique de l’existence.

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