CINÉMOVIDA...Avec le clown Footit, qu’il rencontre dans un petit cirque ambulant, ils vont...

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www.cinemovida.com 94 Le Lapérouse ALBI Le César APT Le Lido CASTRES Cinémovida CHÂTEAUROUX Les Tanneurs DOLE Le Forum LAON Le Lido MANOSQUE Le Clovis SOISSONS Le magazine Art & Essai de vos salles CINÉMOVIDA du 3 février au 22 mars 2016

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    Le magazine Art & Essai de vos salles

    CINÉMOVIDAdu 3 février au 22 mars 2016

  • FlashbackSalles � lms

    Édito

    ALBI • Le Lapérouse60 rue Séré de Rivières

    81000 Albi

    Alexandre Kloeckner : 09 64 15 69 85

    [email protected]

    APT • Le César

    Rue Scudéry

    84400 Apt

    Tél. : 04 90 74 16 46

    Victoria Vinciguerra-Andreani

    [email protected]

    CASTRES • Le Lido24 quai Miredames

    81100 Castres

    Tél. : 05 63 71 23 65

    Pascal Humbert

    [email protected]

    CHÂTEAUROUX • Cinémovida86 av. Charles De Gaulle

    36000 Châteauroux

    Tél. : 02 54 22 55 80

    Stéphane Castro

    [email protected]

    DOLE • Les Tanneurs

    12 rue du 21 janvier

    39100 Dole

    Tél. : 03 84 82 63 75

    Amélie Jeantou

    [email protected]

    LAON • Le Forum17 av Carnot

    02000 Laon

    Tél. : 03 23 79 09 59

    Valérie Vaugoyeau

    [email protected]

    MANOSQUE • Le Lido2 av St Lazare

    04100 Manosque

    Tél. : 04 92 72 00 85

    Williams Hourantier

    [email protected]

    SOISSONS • Le Clovis12-14 rue du Beffroi 02200 Soissons

    Tél. : 03 23 59 31 42

    Tony Waeghe

    [email protected]

    www.cinemovida.com

    ART’CINE - Cinemovida est une publication de la SAS Cap CinémaDirection : Philippe Dejust ([email protected])–Directeur d’exploitation : Cyril Audineau ([email protected]) Programmation : Christelle Bréquel ([email protected])–Art & Essai / Jeune public : Vanessa Ode ([email protected]) Réalisation : COTÉ CINÉ GROUP–32 avenue Georges Clémenceau 34000 Montpellier–04 30 78 68 92–[email protected] Rédaction : Aysegul Algan, Bertrand Morane, Cécile Vargoz–PAO : Philippe Cosqueric–Impression : ROTIMPRES

    SAUF INDICATION CONTRAIRE ET FILMS “JEUNE

    PUBLIC”, TOUS LES FILMS ÉTRANGERS SONT PROJETÉS

    EN VERSION ORIGINALE SOUS-TITRÉE EN FRANÇAIS

    Jeune PublicLES ANIMAUX FARFELUS ...............................P. 30

    LES ESPIÈGLES .................................................P. 31

    FERDA LA FOURMI ..........................................P. 31

    LE GARÇON ET LA BÊTE ..................................P. 30

    LE PIANO MAGIQUE ......................................P. 31

    LE PROPHÈTE ...................................................P. 30

    SAMETKA LA CHENILLE… ..............................P. 30

    TOUT EN HAUT DU MONDE ...........................P. 31

    ANOMALISA ......................................................P. 5

    THE ASSASSIN .................................................P. 11

    AU-DELÀ DES MONTAGNES...........................P. 20

    AVE CÉSAR ! ......................................................P. 7

    BEIJING STORIES .............................................P. 19

    BELGICA .............................................................P. 9

    CAROL..............................................................P. 23

    CE SENTIMENT DE L’ÉTÉ ...................................P. 7

    LES CHEVALIERS BLANCS ...............................P. 24

    CHOCOLAT ........................................................P. 5

    CHORUS ...........................................................P. 13

    LES DÉLICES DE TOKYO ..................................P. 22

    EL CLAN .............................................................P. 6

    FREE LOVE .......................................................P. 25

    L’HOMME QUI RÉPARE LES FEMMES .............P. 27

    LES INNOCENTES...............................................P. 6

    JANIS................................................................P. 15

    JE NE SUIS PAS UN SALAUD ...........................P. 23

    MIDNIGHT SPECIAL .........................................P. 11

    MOONWALKERS .............................................P. 10

    NAHID ................................................................P. 8

    NEW TERRITORIES...........................................P. 19

    LES OGRES .......................................................P. 21

    LES PREMIERS, LES DERNIERS ........................P. 25

    45 ANS .............................................................P. 28

    SAINT AMOUR ................................................P. 10

    TANGERINE ......................................................P. 21

    TEMPÊTE ............................................................P. 9

    LA TERRE ET L’OMBRE ....................................P. 13

    TOTO ET SES SŒURS ......................................P. 15

    THE REVENANT .................................................P. 8

    Calendrier ................................ P. 16-17

    Castres : Encore un grand merci à Florence Routoulp de la société « Comme un Caméléon » et à l'ensemble de son équipe pour l'organisation de la soirée événement "Star wars After work" à Castres le 18 décembre. Bien entendu mes remerciements vont aussi aux partenaires sans qui rien n'aurait pu voir le jour. Bonne continuation à tous en attendant une prochaine collaboration.

    Salles

    Profusion

    D'une édition à l'autre, l'accumulation de sorties cinématographiques devient de plus en plus inquiétante. La profusion est telle, que les choix deviennent douloureux. Quel fi lm choisir ?

    À travers cette nouvelle édition, vous aurez un panel assez large et hétéroclite de la création artistique du moment.

    N'hésitez pas à lire les critiques de cette revue et à vous renseigner sur les fi lms non programmés dans votre ville.

    Vous pouvez ainsi demander à vos directrices et directeurs de salles, si ce fi lm passera, ou pas, sur vos écrans. Vos demandes et impressions, très précieuses, permettent de mieux appréhender la programmation, en proposant une diversité cohérente.

    Les fi lms du moment sont le raffi né Délices de Tokyo, le dynamique El Clan, le poétique Sentiment de l'été, le disjoncté Moonwalkers, qui sera dans certaines villes accompagné de 2001 : L'Odyssée de l'espace, l’ovni venu du monde de l’animation Anomalisa, le tendre Géant timide, la belle Nahid, le généreux Saint Amour, le festif Belgica, le sublime Assassin, l'engagé avec L'homme qui répare les femmes, le pudique avec Les Innocentes, le vengeur de The Revenant, le délicat Un jour avec un jour sans, le lumineux de La terre et l’ombre, le dynamique Ogres…Bonnes séances à vous.

    Vanessa Ode

    Les Délices de Tokyo

    [du 3 février au 22 mars 2016] 32 32

  • ANOMALISAde Charlie Kaufman et Duke Johnson, USA, 2015, 1h30avec les voix VO de Jennifer Jason Leigh, David Thewlis, Tom Noonan...❯ Mostra de Venise 2015 : Grand Prix du Jury

    Qui est donc cet homme gris, abattu et dégoûté

    par la normalité de la vie, qui arrive à Cincinatti,

    apparemment en voyage d’affaires ? À le voir, on

    peine à croire qu’il est l’auteur d’un best-seller

    sur le développement personnel, qu’il est venu

    présenter dans un congrès aussi déprimant que

    cette chambre d’hôtel où il prend seul son repas.

    Et voilà qu’il rencontre une petite représentante

    en pâtisserie timide, Lisa, qui pourrait bien être

    l’amour de sa vie… ou pas. Mais qu’est-ce qui

    pourrait être ou ne pas être normal, dans cette

    étrange anomalie animée, à la fois hyper réaliste

    et totalement fantastique, où le brillant scénariste

    de Eternal Sunshine of the Spotless Mind et

    Dans la peau de John Malkovitch – et réalisateur

    de Synecdoche New York – choisit, bien sûr, de

    ne pas tout expliquer.

    Car il y a quelque chose qui cloche dans cet

    univers en stop motion si vrai, où les gens nous

    ressemblent… et se ressemblent tous, dont le

    masque est à la fois bouleversant d’humanité et

    tragiquement impersonnel. Il y a ces moments

    d’élan, quand le désir ou même l’amour pourrait

    tout illuminer... si l’ennui et la dépression ne me-

    naient pas à la folie. Anomalisa est un film fou,

    cruel et caustique, terriblement drôle et

    profondément mélancolique. Anomalisa est un

    film anormal, un rêve éveillé fascinant et déstabi-

    lisant, un conte dépressif... mais jubilatoire.

    C.V.

    ❯ Sortie le 3 février

    CHOCOLATde Roschdy Zem, France, 2015, 1h50avec Omar Sy, James Thierrée, Clothilde Hesme, Olivier Gourmet, Frédéric Pierrot, Noémie Lvovsky, Alice De Lencquesaing, Oliver Rabourdin...

    C’est une histoire assez peu connue : celle du

    clown Chocolat, fils d’un esclave cubain devenu

    star dans le Paris de la Belle Époque, qui fut le

    premier artiste noir de la scène française, à une

    époque où l’on regardait les “nègres” comme des

    cannibales. Avec le clown Footit, qu’il rencontre

    dans un petit cirque ambulant, ils vont inventer le

    duo de “L’Auguste et du clown blanc” et connaître

    la gloire, avant que Chocolat, écartelé entre le

    succès et l’humiliation, ne s’éloigne de lui et ne

    s’égare...

    L’ascension et la chute, l’amour et l’amitié, l’écho

    avec l’actualité... : Chocolat réunit tous les ingré-

    dients et qualités d’un film populaire. Le sujet est

    fort, et l’émotion est immédiate. Celle que procure

    une success story hors du commun, mais celle

    aussi qui naît des correspondances entre ses

    interprètes et leurs personnages : la rencontre

    extraordinaire entre James Thierrée, petit-fils de

    Chaplin, artiste acrobate acharné, et Omar Sy,

    enfant de la télé et clown “spontané”, est aussi

    passionnante et féconde qu’a pu l’être celle entre

    Footit et Chocolat. Et bien sûr, comment ne pas

    penser au parcours de Roschdy Zem, l’un des

    premiers “enfants de l’immigration” devenu acteur

    emblématique du cinéma français, et depuis ré-

    alisateur. C’est lui que l’on a choisi pour ce “gros”

    projet : un film d’acteur pour des acteurs, où la

    mise en scène s’efface pour les laisser exploser,

    sur la piste ou en coulisses, jusque dans les

    moindres seconds rôles, tous épatants. Merci

    pour le Chocolat. C.V.

    ❯ Sortie le 3 février

    5

    Les Films du mois

  • EL CLANde Pablo Trapero, Argentine/Espagne, 2015, 1h48avec Guillermo Francella, Peter Lanzani, Lili Popovich, Gaston Cocchiarale...❯ Mostra de Venise : Lion d’Argent du meilleur réalisateur

    El Clan s’inspire de la terrifiante affaire Puccio,

    durant les dernières années de la junte militaire

    argentine, entre 1982 et 1985. Dans un quartier

    bourgeois de Buenos Aires, un père de famille

    respectable, ancien homme de main du régime,

    organise d’odieux enlèvements contre rançon,

    obligeant son fils, star du rugby protégé par sa

    popularité, à lui fournir des « candidats » au kid-

    napping...

    Récompensé à Venise, le réalisateur de Carancho

    et Elefante Blanco passe à la vitesse supérieure

    avec le récit palpitant de cette histoire qui trau-

    matisa les Argentins, au point qu’il eurent peine

    à la croire au moment de sa révélation. Certes,

    la violence y est presque surréaliste : celle, sour-

    noise, de la dictature au pouvoir, celle, plus

    concrète, des enlèvements et des meurtres, et

    celle, plus psychologique, qui règne dans la famille

    Puccio. La manipulation qu’exerce le père psy-

    chopathe sur son fils aîné, la complicité tacite de

    toute la famille – impassible quand des cris

    montent de la cave de la maison – reflètent bien

    sûr le fonctionnement et la soumission d’un pays

    à un régime agonisant. Pour autant, le film se voit

    d’abord comme un excellent thriller. Rythmé comme

    un Scorsese (notamment par l’emploi d’une BO

    pop qui «accompagne» les crimes), porté par le

    jeu nuancé de Guillermo Francella (star de comédie

    dans son pays), El Clan est à ce jour le plus gros

    succès, avec ses 2,5 millions d’entrées, du cinéma

    argentin. Bien mérité. C.V.

    LES INNOCENTESde Anne Fontaine, France, 2016, 1h50avec Lou de Laâge, Vincent Macaigne, Agata Buzek, Agata Kulezsza...

    Après la chaleur dionysiaque d’une boulangerie

    normande dans Gemma Bovery, Anne Fontaine

    plonge sans transition dans la froideur d’un couvent

    de la Pologne de 1945. C’est là que débarque

    Mathilde Beaulieu, interne de La Croix-Rouge

    appelée au secours par une religieuse polonaise

    affligée. Elle va y découvrir l’horreur vécue par les

    Bénédictines dans leur retraite coupée du monde,

    mais pas de la bestialité des hommes... ni des

    diktats de l’institution ecclésiastique.

    C’est une histoire terriblement vraie qu’Anne

    Fontaine (La Fille de Monaco, Coco avant Chanel,

    Perfect Mothers) déterre avec la complicité de

    son co-scénariste Pascal Bonitzer. Le contexte

    historique lui permet d’observer l’interpénétration

    progressive de deux mondes que tout oppose :

    celui, matérialiste de Mathilde, médecin communiste

    rationaliste, et celui, spirituel, des sœurs, qui nous

    renvoient à tant d’interrogations. Comment se

    confronter à la maternité lorsque l’on s’est engagée

    à dédier sa vie à Dieu ? Comment comprendre le

    sens de la vie dans un tel chaos ? Et pour Mathilde

    comme pour le spectateur, comment juger cette

    foi qui semble survivre aux épreuves les plus

    douloureuses ?

    Tout en insufflant du mouvement à sa mise en

    scène, Anne Fontaine épouse le rythme de la vie

    dans le couvent, fait résonner les chants liturgiques

    grégoriens et filme ses “Madones” avec des images

    dignes du Quattrocento (dont Agata Kulesza, la

    révélation d’Ida et Lou de Laâge dans son premier

    rôle “adulte”). Et si Les Innocentes nous entraîne

    si loin dans la noirceur de ces destins, creusant

    la part d’ombre de chaque personnage, ce n’est

    que pour mieux nous inonder de lumière. B.M.

    ❯ Sortie le 10 février

    ❯ Sortie le 10 février

    AVE CÉSAR !de Ethan Coen et Joel Coen, USA, 2016, 1h45avec Josh Brolin, George Clooney, Scarlett Johansson, Channing Tatum, Ralph Fiennes, Tilda Swinton, Jonah Hill, Frances McDormand, Christopher Lambert...

    Après le spleen “sixties” d’Inside Llewyn Davis,

    les frères Coen passent sur la côte Est des

    années 50, pour un hommage satirique éblouis-

    sant à l’âge d’or d’Hollywood.

    Les cinéastes iconoclastes convoquent un casting

    5 étoiles pour nous plonger, dans une explosion

    de couleurs, dans les péripéties d’un studio, des

    coulisses aux plateaux. Quand Baird Whitlock,

    l’une des plus grandes vedettes du moment, est

    mystérieusement kidnappé pendant le tournage

    du péplum Ave César, on appelle à la rescousse

    Eddie Mannix, débrouilleur d’embrouilles du

    studio. Mais ce n’est que le début du quart des

    problèmes que l’enquêteur sera chargé de ré-

    soudre, au cours d’une journée de folie.

    S’inspirant du “vrai” Eddie Mannix – qui fut

    producteur à la MGM, mais surtout zélé “fixer”,

    chargé de protéger la réputation des stars –, les

    Coen mixent le film noir et la screwball comedy,

    genres qui ont fait l’âge d’or des studios – et

    qu’ils eux-mêmes revisités avec brio, de la blanche

    noirceur de Fargo à la loufoquerie d’O’Brother.

    Une reconstitution virtuose dans laquelle ils in-

    sufflent, évidemment, leur ironie féroce, leur

    humour teinté d’absurde et leur maîtrise du

    rythme, avé le concours inestimable de leurs

    comédiens fétiches (Brolin, Clooney,

    McDormand…) et deux nouvelles femmes fatales :

    Scarlett Johansson et Tilda Swinton. Jouissif.

    C.V.

    ❯ Sortie le 17 février

    CE SENTIMENT DE L’ÉTÉde Mikhaël Hers, France, 2016, 1h46avec Anders Danielsen Lie, Judith Chemla, Marie Rivière, Féodor Atkine...

    Quand la jeune Sasha, 30 ans, meurt brusquement

    en plein été, son compagnon Lawrence et sa sœur

    Zoé se rapprochent et vont partager leur peine,

    entre Berlin, Paris et New York, au fil de trois étés

    successifs…

    Un très beau film sur le deuil et surtout le retour

    à la vie, par le réalisateur de Memory Lane, dont

    on retrouve la gracieuse mélancolie. Sans occulter

    la douleur, mais en l’abordant avec douceur, le

    cinéaste s’imprègne des trois villes dans lesquelles

    il a tourné, en pellicule super 16 (et parfois même

    en super 8). Une image réelle, qui, comme ses

    personnages, se nourrit de la lumière estivale, et

    saisit toute la valeur du moment présent, comme

    elle rend compte, aussi, du temps qui passe. En

    étalant son histoire sur trois étés ponctués de

    longues ellipses, le cinéaste filme avec subtilité

    l’évolution des sentiments, les corps qui se libèrent

    peu à peu, et les moments qui se répètent, les

    lieux qui se ressemblent et se répondent étrange-

    ment d’une année à l’autre.

    Les comédiens – Anders Danielsen Lie, le héros

    de Oslo, 31 août, Judith Chemla, vue dans Camille

    redouble et plus récemment dans Atlit, et les

    “rohmériens” Marie Rivière et Féodor Atkine dans

    le rôle des parents – illuminent ce film sensoriel

    de leur sensibilité immense.

    B.M.

    ❯ Sortie le 17 février

    [du 3 février au 22 mars 2016] 76

    Les Films du mois

  • NAHIDde Ida Panahandeh, Iran, 2015, 1h45avec Sareh Bayat, Pejman Bazeghi, Navid Mohammad Zadeh...❯ Festival de Cannes : Un Certain Regard 2015 - Prix de l’avenir

    Nahid a réussi à obtenir le divorce, mais à un lourd

    prix : la jeune femme ne peut se remarier avec un

    autre homme, sans risquer de perdre la garde de

    son fils, aujourd’hui âgé de 10 ans. Sa rencontre

    avec Massoud, qui l’aime passionnément et veut

    l’épouser, va l’obliger à résister aux lois absurdes

    qui régissent sa vie, quitte à recourir à une loi

    encore plus absurde...

    Ida Panahandeh inscrit son premier long métrage

    dans le thriller domestique “à l’iranienne” initié

    par son compatriote Farhadi (À propos d’Elly,

    Une séparation), pour décrire le parcours d’une

    femme indépendante dans une atmosphère sociale

    pesante – qui, ici, se confond avec la brume d’une

    ville portuaire du bord de la mer Caspienne. La

    réalisatrice filme les archaïsmes exacerbés de la

    province iranienne, mais aussi ses petits plaisirs,

    laissant autant transparaître les touches de violence

    que la poésie latente du quotidien. Car Nahid

    reste avant tout l’histoire romanesque, et univer-

    selle, d’une femme amoureuse à laquelle Sareh

    Bayat (interprète de l’aide-soignante de Une

    séparation) insuffle la ferveur d’une Pietà qui ré-

    clame le droit d’être mère et femme, d’aimer et

    de ne pas se soumettre. B.M.

    ❯ Sortie le 24 février

    THE REVENANTde Alejandro González Iñárritu, USA, 2h36avec Leonardo DiCaprio, Tom Hardy, Domhnall Gleeson, Will Poulter...❯ Golden Globes 2016 : meilleur film dramatique, meilleur réalisateur, meilleur acteur

    L’année dernière, Iñárritu nous plongeait dans le

    chaos d’un théâtre – et d’un esprit d’acteur –

    new-yorkais. Cette année, préparez-vous à être

    immergés dans un espace encore plus hostile :

    l’Amérique des pionniers, en compagnie d’un

    Revenant magistral.

    En ce début de 19ème siècle, avant le pétrole,

    avant l’or, avant l’Ouest... seuls les trappeurs en

    quête de fourrure s’aventurent dans les territoires

    inexplorés du Nouveau Monde, guettés par les

    maladies, les indigènes ennemis, la folie, et l’amo-

    ralité la plus profonde de l’Homme. L’un d’entre

    eux, grièvement blessé par un ours et traîtreuse-

    ment abandonné à son sort, va revenir d’entre

    les morts, consumé par la fièvre de la vengeance

    contre celui qui lui a pris ce qui comptait plus

    que sa vie.

    L’histoire vraie de Hugh Glass, devenue une des

    légendes qui forgent l’Amérique, prend la forme

    d’une expérience cinématographique “iñarritesque”.

    Le cinéaste mexicain y étend son exploration du

    plan-séquence en 360° aux contraintes de la

    lumière naturelle en forêt. La seule scène de

    l’attaque des indiens en début de film a nécessité

    un mois de répétitions avec 200 figurants pour 8

    minutes de film, tandis que, plus éloquent et géant

    que jamais dans ce rôle quasi muet, DiCaprio le

    végétarien est allé jusqu’à avaler du foie cru pour

    les besoins d’une scène. Un maximum de ciné-

    ma-vérité pour un récit de survie qui nous trans-

    porte hors de la civilisation, dans un conte natu-

    raliste viscéral, entre croisade vengeresse et

    rédemption. B.M.

    ❯ Sortie le 24 février

    BELGICAde Felix Van Groeningen, France/Belgique, 2016, 2h07avec Stef Aerts, Tom Vermeir, Hélène Devos, Charlotte Vandermeersch...

    Frank est grand, costaud et grande gueule… et

    s’ennuie dans le chenil que tient sa femme ; son

    frère Jo est petit, borgne et réservé, et vient d’ouvrir

    un bar, le Belgica. Différents, ces deux frères

    s’aiment autant qu’ils aiment faire la fête. Ils dé-

    cident d’agrandir ensemble le Belgica pour en

    faire une salle de concert, un “Arche de Noé”

    ouvert à tous les noctambules de Gand…

    Après le succès “country” d’Alabama Monroe,

    Felix Van Groeningen renoue avec la fibre plus

    rugueuse et non moins déchirante de La Merditude

    des choses, pour raconter encore, cette fois à

    travers l’histoire d’un bar, des relations familiales

    houleuses et passionnelles. Le cinéaste flamand

    s’inspire ici de l’histoire du Charlatan, café-concert

    mythique de Gand qu’a tenu son propre père,

    avant qu’il ne soit repris... par deux frères. C’est

    dans ce bar qu’a grandi Van Groeningen, entre

    une mère serveuse et un père qu’il ne voyait jamais,

    et où il a été lui-même barman. Souvenirs intimes

    qui abreuvent ce Belgica, film furieux qui sent les

    effluves de bière et l’amertume de la coke, qui

    s’enflamme de l’euphorie et des égarements de

    la nuit, mais qui gronde, aussi, de l’amour – et de

    l’humour – rock’n’roll de ces deux frangins. Le

    Belgica lui-même est un personnage à part entière :

    un bar mouvant qui matérialise les rêves des deux

    frères, mais les engloutit comme un “monstre” qui

    finirait par avoir la peau de ses créateurs. Le Belgica

    comme une micro société où l’on s’aime et où l’on

    se bagarre, où l’on se retrouve et où l’on se sépare,

    est à lui seul une Belgique, pluvieuse et chaleu-

    reuse, flamande et fêtarde. C.V.

    ❯ Sortie le 2 mars

    TEMPÊTEde Samuel Collardey, France, 2016, 1h29avec Dominique Leborne, Matteo Leborne, Mailys Leborne...

    Depuis toujours, Dom fait “le grand métier” : à 36

    ans, il est marin pêcheur en haute mer et ne voit

    ses deux enfants ado, Mailys et Matteo, dont il a

    la garde, que quelques jours par mois. Dom fait

    tout pour être un bon père, et rêve d’avoir son

    propre bateau qu’il exploiterait avec son fils. Mais

    une expérience malheureuse avec sa fille va l’obliger

    à faire des choix…

    Ce film est incroyable : comme dans L’Apprenti,

    Samuel Collardey filme des personnes réelles qui

    jouent leur vie devant sa caméra, mais atteint la

    densité narrative de Comme un lion – inspiré

    d’une histoire vraie mais joué par des acteurs. Et

    c’est aussi beau que bouleversant. Son héros,

    Dominique Leborne, a l’aura (et la beauté) d’une

    star, et la capacité de ses enfants à livrer leurs

    émotions et leur histoire intime est sidérante. Une

    expérience basée sur la complicité et la confiance

    que le réalisateur a su instaurer entre lui et cette

    famille, et au-delà, celles que le film a su restaurer

    entre ce père et sa fille. Jamais le regard du cinéaste

    n’est malsain ou impudique : il ne “vole” pas les

    sentiments de ses acteurs, il met en scène leur

    réalité, les magnife en scope et en 35 mm, dans

    la lumière de l’Atlantique. Son film a la puissance

    romanesque d’une fiction, le souffle “sain” d’une

    tempête en mer. C.V.

    [du 3 février au 22 mars 2016] 98

    Les Films du mois

  • SAINT AMOUR de Benoît Delépine et Gustave Kervern, France, 2015, 1h42avec Gérard Depardieu, Benoît Poelvoorde, Vincent Lacoste, Céline Salette, Chiara Mastroianni, Ovidie, Solène Rigot, Ana Girardot, Andréa Férréol, Izïa Higelin…

    Chaque année au salon de l’Agriculture, pendant

    que son père présente ses bestiaux, Bruno fait la

    route des vins... de stand en stand. Jean sait bien

    que son fiston de 40 ans, avec lequel il est en

    froid, n’a pas la fibre d’un éleveur et que dans son

    état, il ne reprendra jamais l’exploitation familiale.

    Alors sur un coup de tête, pour renouer avec lui,

    il appelle un taxi et, ni une, ni deux, l’emmène faire

    une vraie route des vins...

    Commence alors un road movie en roue libre et

    beuveries, du Beaujolais au Bordelais, avec Vincent

    Lacoste au volant, où Kervern et Delépine donnent

    pour fils à leur impérial Depardieu de Mammuth,

    leur punk déjanté du Grand Soir, Poelvoorde. Il

    fallait oser. Or, au-delà des sommets de déconnade

    et de la truculence grolandaise, le film distille une

    tendresse immense et une vraie profondeur. Si le

    titre emprunte le nom d’un cru du Beaujolais, c’est

    que Saint Amour est d’abord une bouleversante

    histoire d’amour. Celle entre un père et un fils qui

    se retrouvent, celles qu’ils vivent ou rêvent avec

    plusieurs femmes croisées sur la route – ce qui

    nous vaut les apparitions d’exquises actrices

    inattendues dans cet univers de “bourrin” –, celle

    aussi des cinéastes pour leurs acteurs, leurs

    personnages et... les paysans. On ne pensait pas

    pleurer autant dans un film aussi hilarant. Comme

    l’effet d’un Saint-Amour qui exacerbe les émotions

    quelles qu’elles soient, un film fruité aux arômes

    très marqués, qui, peu à peu, révèle sa rudesse.

    Réalisé sans aucune modération, mais à savourer

    sans retenue. C.V.

    MOONWALKERSde Antoine Bardou-Jacquet, France, 2015, 1h47avec Ron Perlman, Rupert Grint, Robert Sheehan, Éric Lampaert...

    Et si, pendant que la mission Appolo 11 décollait

    vers la lune, des hurluberlus filmaient de fausses

    images d’alunissage... au cas où ? Pour tordre

    une fois pour toutes le cou aux théories du complot

    paranos, Antoine Bardou-Jacquet nous révèle la

    «vraie fausse plus grosse» supercherie de

    l’histoire ! Juillet 1969. Les États-Unis ne peuvent

    pas se permettre de rater les premiers pas de

    l’Homme sur la lune. C’est pourquoi ils missionnent

    l’un des meilleurs agents de la CIA pour convaincre

    Stanley Kubrick «himself» de filmer une nouvelle

    Odyssée, soit un faux alunissage, au cas où la

    vraie mission échouerait. Tout juste débarqué de

    la jungle vietnamienne en plein cœur du Swinging

    London, l’agent Kidman ne trouve pas Kubrick...

    mais il tombe sur Jonny, manager haut perché

    d’un groupe de rock hippie, qui a bien quelques

    idées de mise en scène de son cru.

    Le «Hellboy» Ron Perlman et le «Ron» Rupert

    Grint se mettent au service d’une comédie d’action

    psychédélique planant au gré d’un choc des

    cultures intergalactico-initiatique... en compagnie

    de l’esprit de Kubrick ! B.M.

    ❯ Sortie le 2 mars

    ❯ Sortie le 2 mars

    MIDNIGHT SPECIALde Jeff Nichols, USA, 2016, 1h51avec Michael Shannon, Joel Edgerton, Jaeden Lieberher, Kirsten Dunst, Adam Driver, Sam Shepard...

    Découvrant que son enfant possède des pouvoirs

    surnaturels, un père part en cavale pour le protéger

    du gouvernement comme de la mystérieuse secte

    qui le recherchent. Mais il va bientôt découvrir la

    véritable nature des dons de son fils, qui pourraient

    changer la face du Monde...

    Lorsque Jeff Nichols s’attaque au film de super-hé-

    ros, prévoyez une « rencontre du troisième type »

    aux antipodes des univers Marvel et DC Comics.

    Pour son premier film de studio, le réalisateur de

    Take Shelter et Mud, armé d’un droit au « final

    cut », offre un nouveau rôle de père pas si parano

    que ça à Michael Shannon, fidèle de sa filmo (mais

    aussi méchant Général Zod de Man of Steel et

    Batman V. Superman). Plus dans la lignée 80’s

    du genre, Midnight Special exploite sa différence

    à travers une course-poursuite fantastique, une

    S-F intimiste dans laquelle tout peut arriver, surtout

    le moins probable. A.A.

    ❯ Sortie le 16 mars

    THE ASSASSINde Hou Hsiao-hsien, Taïwan, 2015, 1h44avec Qi Shu, Chen Chang, Satoshi Tsumabuki, Zhou Yun, Juan Ching-Tian...

    Au IXème siècle, sous la dynastie Tang, Nie Yinniang

    revient dans sa famille après de longues années

    d’exil, et un mariage avorté avec son cousin. Elle

    a été initiée en secret aux arts martiaux, et sa

    mission est de maintenir la paix entre la cour

    impériale et les régions rebelles. C’est ainsi que

    la belle justicière est chargée d’assassiner le

    gouverneur de la province de Weibo, qui n’est

    autre que son cousin qu’elle aime encore… et

    qui est marié à une autre.

    On n’attendait pas le réalisateur de Millenium

    Mambo et des Fleurs de Shanghaï, maître du

    cinéma taïwanais – et du cinéma contemporain

    en général – , avec un film de sabre. Mais évi-

    demment, The Assassin ne ressemble à aucun

    autre film de sabre. Aussi rebelle à l’égard des

    codes du wu xia pian que sa belle héroïne l’est

    à l’égard des règles de l’Ordre des Assassins,

    Hou Hsiao-hsien poursuit son travail d’esthète

    irrévérencieux, travaillant la lumière, la matière et

    le mouvement avec une grâce infinie. Il y aura

    bien quelques combats, ici, mais d’autant plus

    foudroyants que rares et furtifs, dans un ensemble

    à la lenteur sidérante. Il y aura bien un fond

    d’intrigues historiques, guerrières ou amoureuses,

    mais qui ne valent que par la composition de

    chaque plan, où tout n’est que beauté : les visages

    et les paysages, chaque couleur et chaque texture,

    le bruit du vent ou le moindre murmure…

    et ce, dans une économie d’effets qui tend à

    l’épure parfaite. Ce film est une splendeur visuelle

    où mieux vaut ne pas chercher le sens du récit ;

    une invitation au rêve à laquelle il faut savoir

    s’abandonner... sans se presser. C.V.

    ❯ Sortie le 9 mars

    [du 3 février au 22 mars 2016] 1110

    Les Films du mois

  • Bonjour cher(e) ami(e),

    Pour ces sept prochaines semaines, le cinéma

    réserve des moments uniques de rires et de

    larmes.

    Le cinéma Lapérouse va proposer le «Cap

    Junior», avec une programmation spéciale

    pour bambins. Toutes les deux semaines, un

    fi lm d'animation sera proposé, sur une durée

    de 40 minutes à 1h20. Vous n'avez plus d'ex-

    cuses pour ne pas faire découvrir le 7ème art à

    vos enfants. Des fi lms comme Tout en haut du

    monde, de Rémi Chayé, Le Prophète, de Roger

    Allers et Tomm Moore, et, bien d'autres, pro-

    grammation à apprécier après sélection dans

    les pages centrales.

    La semaine du 16 mars, le cinéma Lapérouse

    passera sous les couleurs de l'Espagne avec la

    3ème édition du festival hispanique, en partena-

    riat avec l'association la 7ème Toile et le festival

    cinélatino. Vous pourrez découvrir les fi lms Ar-

    gentina, de Carlos Saura, Paco de lucia, La terre

    de l’ombre, de César Acevedo, et bien d'autres

    fi lms, mais c'est une surprise, car il faudra venir

    pour les découvrir .

    Ces sept semaines vont proposer des moments

    uniques de découverte et de dépaysement.

    Mon équipe et moi-même espérons que vous

    allez passer des moments agréables dans vos

    salles obscures.

    À très vite !

    Alexandre Kloeckner

    Dans toutes les salles CinémovidaMetropolitan Opera en Direct de New York& Le Ballet du Bolchoï de Moscou

    MANON LESCAUTOpéra en direct de New-York

    Compositeur : Giacomo Puccini

    Mise en scène : Sir Richard Eyre

    Direction musicale : Fabio Luisi

    Distribution : Kristine Opolais (Manon Lescaut), Jonas Kaufmann (des Grieux), Massimo Cavalletti (Lescaut)…

    ❯ samedi 5 mars à 18h55 

    Opéra en italien sous-titré en français

    SPARTACUSMusique : Aram Katchatourian

    Chorégraphie : Youri Grigorovitch

    Livret : Youri Grigorovitch

    Distribution : Mikhail Lobukhin (Spartacus), Svetlana Zakharova (Egine), Vladislav Lantratov (Crassus)… et le Corps de ballet du Bolchoï

    ❯ dimanche 13 mars à 16h00

    Albi Le Lapérouse Le doc’ du mois !

    DOMINIQUE A,LA MÉMOIRE VIVE de Thomas Bartel lecture et chansons avec Aurore Lerat et Loïc Edline : un accordéon, deux chanteurs-lecteurs pour par-tager avec vous quelques extraits du dernier livre de Dominique A « Regarder l’océan  ».

    ❯ dimanche 28 février à 18h30

    Ciné-p’tit-déj

    LES ESPIÈGLES de Janis Cimermanis petit-déj offert par La Septième Toile à 10h30, film à 11h

    ❯ dimanche 06 mars à 10h30

    Festival Cinélatino en partenariat avec l’ARCALT et la salle Arcé

    ❯ du 16 au 22 mars

    Argentinade Carlos Saura

    Tierra y sombra (La terre et l’ombre)de César Acevado

    Desde alláde Lorenzo Vigas Caste

    en avant-première

    Paco de Lucía, légende du flamencode Curro Sánchez

    Paulinade Santiago Mitre

    en avant-première

    LA TERRE ET L’OMBREde César Acevedo, Colombie, 2015, 1h37avec Haimer Leal, Hilda Ruiz, Edison Raigosa, Marleyda Soto…❯ Festival de Cannes 2015 : Caméra d’or et dans le cadre de la Semaine de la critique :Rail d’or, Prix Révélation, Prix SACD

    Un vieux paysan, qui a abandonné les siens il y a

    17 ans, revient à la maison au chevet de son fils

    qui agonise. Il y retrouve son ex-femme, sa belle-

    fille, et découvre son adorable petit-fils. Mais autour

    d’eux tout a changé : l’exploitation des cannes à

    sucre provoque une pluie de cendres continue,

    où triment et crèvent à petit feu les ouvriers…

    Tourné dans la vallée du Cauca, au pied des Andes,

    ce premier film d’un jeune colombien surdoué est

    à la fois un drame intime cruel, une fresque politique,

    et un objet poétique à l’esthétique saisissante.

    César Acevedo filme un paysage apocalyptique

    dans lequel se débattent des travailleurs agricoles

    soumis à la pollution et à l’exploitation, et une

    famille déchirée qui tente de renouer des liens.

    Sur un rythme lent mais dans un mouvement

    hypnotique, il saisit l’atmosphère et la culpabilité

    étouffantes, la terre et la colère qui gronde, l’ombre

    et le silence qui pèsent sur les gens.

    Au risque parfois de figer ses personnages dans

    ses tableaux superbement composés, le cinéaste

    rend palpable l’enfermement à ciel ouvert, l’épreuve

    de l’attente, le temps du renoncement et de la

    rédemption. Jusqu’à laisser affleurer l’émotion,

    dans un final bouleversant. B.M.

    ❯ Sortie le 3 février

    CHORUSde François Delisle, Canada, 2015, 1h37avec Fanny Mallette, Sébastien Ricard...

    Tout commence par une confession insoutenable.

    Celle d’un pédophile assassin qui raconte comment

    il aurait laissé partir le petit Hugo s’il n’était pas

    monté dans sa voiture ce jour-là, il y a 10 ans...

    Mais l’histoire de Chorus, c’est celle de ses parents,

    dont la vie s’est disloquée et qui survivent chacun

    à leur façon : Christophe au Mexique, Irène au sein

    d’une chorale de Montréal. Amenés à se retrouver

    pour la conclusion de l’enquête, ils vont devoir

    identifier les restes de leur enfant, mais aussi leurs

    souvenirs, remords, et amour...

    Le Québécois François Delisle s’attaque à un

    territoire émotionnel extrême (voire même casse-

    gueule), qui ferait rebrousser chemin à plus d’un.

    Mais ce n’est pas tant la souffrance que filme le

    cinéaste, qu’un combat de vivre et la reconstruction

    d’un couple. Une romance toute en nuances de

    gris, portée par de remarquables interprètes, qui

    nous fait regarder en face et fixement ce dont,

    d’habitude, on se détourne. Célébrant, avec pudeur

    et poésie, le pouvoir cathartique à nul autre pareil

    de la fiction. B.M.

    La Septième Toilepropose

    ❯ Du 03 au 09 février

    Chorus

    ❯ Du 10 au 16 février

    Je vous souhaite d’être follement aimée

    ❯ Du 17 au 23 février

    Carol

    ❯ Du 24 février au 01 mars

    Peur de rienDominique A

    ❯ Du 02 au 08 mars

    45 ans

    ❯ Du 09 au 15 mars

    Tempête

    ❯ Du 16 au 22 mars

    Festival Cinélatino

    [du 3 février au 22 mars 2016] 1312

    Les Films du mois

  • De nombreux rendez-vous…

    C’est encore un bel hiver de cinéma qui conti-

    nue à se dessiner dans les salles. Ça tombe bien

    car la cité d’Apt, au cœur du Parc naturel du

    Luberon, a comme atout d’avoir trois salles bien

    équipées où chaque année se retrouvent des

    milliers de spectateurs.

    D’ici le début du printemps, nous aurons donc

    le choix entre de nombreux fi lms en direction,

    une fois de plus, de tous les publics. Et l’associa-

    tion La Bande Production va proposer de nou-

    veaux « Coups de Cœur ».

    Dès à présent, soyez attentifs à la diffusion de

    certaines œuvres, dont la dernière fi ction de la

    brillante Naomi Kawase, Les Délices de Tokyo,

    fi lm d’émotion et de poésie, ainsi que du docu-

    mentaire-choc, Toto et ses sœurs, du roumain

    Alexander Nanau. Bien sûr, en cette période

    des Oscars, nous retrouverons aussi Leonardo

    DiCaprio, dans The Revenant (après toutes ses

    sélections aura t-il enfi n la récompense du meil-

    leur acteur ?).

    Plusieurs événements sont annoncés dans votre

    cinéma. Amnesty International propose, en

    mars, un festival de fi lms, qui donnera lieu à

    des débats. Olivier Meissel présentera son docu-

    mentaire, La vie devant soi, sur le défi de Rémy

    Landier de traverser l’Atlantique à la rame. Et

    un hommage sera rendu à l’auteur italien ré-

    cemment décédé, Ettore Scola.

    Merci à Cap’Cinéma, au Cinémovida-Apt et à

    toute l’équipe autour de sa directrice Victoria

    Vinciguerra, de chaque jour participer à faire

    vivre le cinéma dans notre territoire.

    L’équipe de l’association La Bande Production

    Plus d’info et adhésions :

    https ://labandeproduction.wordpress.com

    Apt Le César

    Ciné goûter AtelierLE PIANO MAGIQUE de Martin Clapp, Gabriel Jacquelen partenariat avec l’association Zoomy dans le cadre du festival greli-grelo

    ❯ mercredi 17 février à 15h30

    Ciné DébatFestival Amnesty International sur la région PACA❯ du 1er au 31 mars

    THIS IS MY LAND en présence de la réalisatrice Tamara Erde

    ❯ mercredi 2 mars à 18h30

    INVISIBLESréalisé par l’association mine de rien Débat animé par l’association Amnesty International

    ❯ jeudi 10 mars à 18h30

    EAU ARGENTÉE de Ossama Mohammed, Wiam Simav BedirxanDébat animé par l’association Amnesty International

    ❯ lundi 21 mars à 18h30

    ZANETA de Petr Vaclav en présence du réalisateur

    ❯ jeudi 31 mars à 18h30

    LA VIE DEVANT SOI / DANS LE SILLAGEde Remy Landier de Olivier MeisselRames Guyane 2014 est la quatrième édition d’une course transatlantique à l’aviron disputée en solitaire, sans escale ni assistance sur des monotypes de 8 mètres

    Soirée Ettore ScolaParlons Femme

    ❯ mardi 23 février à 18h30

    Qu’il est étrange de s’appeler FedericoEn partenariat avec l’association amitiés Thiene-apt et la bande production

    ❯ mardi 23 février à 21h15

    TOTO ET SES SŒURSd’Alexander Nanau, Roumanie, 2015, 1h33❯ Grand Prix, Festival premiers plans Angers 2015 - Rotrou d'or par les élèves du lycée Rotrou de Dreux lors du festival Cap sur le Monde ❯ Film Coup de Cœur de Cap'Cinéma

    Totonel, dit Toto, a 10 ans et vit dans une cité-ghetto

    de Bucarest avec deux sœurs, Andrea, 14 ans, et

    Ana, 17 ans. Leur mère est en prison, le père on

    ne sait pas, et ces gamins roms se débrouillent

    comme ils peuvent, au milieu d’un univers de

    junkies. Pourtant Toto ne se contente pas de

    survivre ; avec passion il essaie d’apprendre à lire

    et écrire, et surtout à danser, pour gagner un

    concours de hip-hop... C’est une histoire incroyable,

    qui pourrait presque être le scénario d’une success

    story. C’est pourtant la vie de Toto et ses sœurs

    que filme Alexander Nanau, réalisateur allemand

    né en Roumanie, qui ne savait rien d’eux avant de

    les rencontrer. Encore moins ce qui allait leur arriver.

    Pendant quatorze mois il les a filmés “sur le vif”,

    laissant les événements se dérouler, dans la chro-

    nologie, sans filtre ni a priori, laissant même par

    moment sa caméra aux mains de la petite Andrea.

    Et rarement ce qu’on appelle “documentaire” ou

    “cinéma du réel” n’aura donné à ce point l’impres-

    sion d’être une fiction, tant l’écriture semble parfaite.

    Au-delà des scènes les plus cruelles – ou les plus

    incongrues - la personnalité et l’humour de ces

    gamins sont tels qu’ils “rafraîchissent” la misère.

    Et le regard du cinéaste, sans complaisance ni

    discours politique, est tel que ce sont eux, en vivant,

    qui racontent leur histoire. Une histoire vraie.

    C.V.

    JANISde Amy J. Berg, USA, 2015, 1h45

    Qui peut entendre et regarder Janis Joplin sans

    frissonner jusqu’à la moelle ? “Reine de la Soul

    psychédélique”, emblème de la “révolution cultu-

    relle” des sixties, étoile filante du rock – morte à

    27 ans en 1971 – , première blanche à chanter le

    Blues à ce niveau... Janis, c’est d’abord une puis-

    sance et un feeling, qui électrise tout dans la joie

    comme dans la douleur.

    Au-delà des images fascinantes de ses perfor-

    mances, Amy J. Berg – réalisatrice du saisissant

    Délivrez-nous du mal, sur les abus sexuels au sein

    de l’église catholique – a collecté pendant sept

    ans une mine d’archives et de témoignages inédits,

    qui retracent la courte vie de la petite ado torturée

    du Texas partie enflammer le San Francisco hippie.

    Et ce sont les propres lettres de Janis à ses parents,

    lues par la chanteuse Cat Power, qui constituent

    la trame narrative du film. Un portrait intime et

    intense qui vibre de l’humour et la rage de vie

    d’une fille au seul mot d’ordre : “Bougez-vous le

    cul et vivez les choses !”. C.V.

    de longueur, entre le Sénégal et la Guyane. Qualifiée d’Everest de la route Sud, tant son parcours est sélectif, rude et d’une grande exigence physique et morale, elle n’a laissé passer à ce jour qu’une cinquantaine de skippers...

    Rémy Landier, 59 ans résidant à Buoux dans le Vaucluse, moniteur de voile et de ski alpin a relevé le défi en éta-blissant un parallèle entre les difficultés d’une traversée de l’Atlantique à la rame et celles rencontrées lors de la traversée de la maladie par les enfants leucémiques de l’hôpital de La Timone à Marseille, auxquels il donne des cours de voile depuis 20 ans. En filmant sa préparation, mais aussi sa famille et ses amis restés à terre (sans oublier les nécessaires prises de vue embarquées !), le réalisateur Olivier Meissel retrace, en images, cette grande aventure humaine.

    ❯ jeudi 11 mars à 18h30La moitié des recettes sera reversée aux enfants leucémiques de l’hôpital de la Timone.Débat en présence de Rémy Landier et Olivier Meissel

    Qu'Il est étrange de s'appeler Federico

    [du 3 février au 22 mars 2016] 1514

    Les Films du mois

  • CalendrierALBI

    7ème toileAPT

    La Bande Production

    CASTRESLes Cinglés de cinéma Petits cinglés du ciné

    CHÂTEAUROUXCinéma et psychanalyse

    DOLE LAON MANOSQUE SOISSONS

    3FEV

    Anomalisa Chocolat Chocolat Chocolat Chocolat Au-delà des montagnes Chocolat Au-delà des montagnes

    Beijing Stories Carol Carol Le garçon et la bête Carol Du 2 au 6 février Rencontres de Manosque

    Chorus Au-delà des montagnes Mistress America Les espiègles AP / Volta à Terra AP

    Tout en haut du monde Demain Les Fables de M.Renard Le Bois dont les rêves sont faits AP

    Sametka, la chenille qui danse Homeland : Irak année zéro 1 et 2 AP

    Dans ma tête un rond point AP

    Jodorowsky's Dune AP

    C'est quoi ce travail?

    Je suis le peuple

    Je veux être une actrice

    Seuls, ensemble

    Le roi et l'oiseau

    10FEV

    Les innocentes Janis Les chevaliers blancs Au-delà des montagnes Au-delà des montagnes Carol Au-delà des montagnes Carol

    El clan Le bouton de nacre Le prophète Le garçon et la bête

    Je vous souhaite d'être follement aimée Les Fables de M.Renard

    Le prophète

    17FEV

    Ave César! VF/VOSTF Ave César! VF/VOSTF Ave César! VF/VOSTF Ave César! VF Ave César! VF Ave César! VF et VOSTF Ave César! VF/VOSTF Ave César! VF et VOSTF

    Ce sentiment de l'été Les chevaliers blancs Au-delà des montagnes Les premiers et les derniers Les chevaliers blancs

    Tangerine Parlons femmes Tout en haut du monde Le prophète Le garçon et la bête

    Carol Qu'il est étrange de s'appeler Federico

    Le prophète Le piano magique

    24FEV

    The revenant VF/VOSTF The revenant VF et VOSTF The revenant VF et VOSTF The revenant VF The revenant VF The revenant VF The revenant VF et VOSTF The revenant VF

    Nahid Beijing Stories Les délices de Tokyo Tout en haut du monde Les chevaliers blancs Les délices de Tokyo Les chevaliers blancs

    Toto et ses sœurs Les délices de Tokyo Je vous souhaite d'être follement aimée Ferda la fourmi Les premiers et les derniers

    Peur de rien Le piano magique Tout en haut du monde Tout en haut du monde

    Dominique A, la mémoire vive

    Les espiègles

    2MAR

    Saint Amour Saint Amour Saint Amour Moonwalkers 45 ans Les délices de Tokyo Saint Amour Les délices de Tokyo

    Belgica Toto et ses sœurs L'étreinte du serpent Belgica Free Love 45 ans L'homme qui répare les femmes 45 ans

    45 ans This is my land Sametka, la chenille qui danse Les combattants Tout en haut du monde

    Les espiègles Le parfum de la carotte Ferda la fourmi

    Tout en haut du monde

    9MAR

    The assassin Les premiers et les derniers Les innocentes Les innocentes Les innocentes Les innocentes 45 ans Les innocentes

    Tempête 45 ans New territories Tangerine Peur de rien Les premiers et les derniers Les animaux farfelus Les premiers et les derniers

    Le garçon et la bête Invisibles Sametka, la chenille qui danse Les animaux farfelus Week-end Cinéma et peinture

    La vie devant soi Sayat Nova

    Le parfum de la carotte Maestra, la Passion du Christ

    Jean-Michel Basquiat, the Radian Child

    Francofonia, le Louvre…

    Le grand musée

    16MAR

    Midnight special Les innocentes Ce sentiment de l'été Les ogres Les délices de Tokyo Free Love Les innocentes Free Love

    Moonwalkers Eau Argentée El Club Les animaux farfelus Je ne suis pas un salaud Les salsifis du Bengal

    Le garçon et la bête Le garçon et la bête Le garçon et la bête

    Semaine Hispanique

    Desde Alla AP

    Paulina AP

    Argentina

    Paco de Lucia

    La terre et l'ombre

    P R I N T E M P S D U C I N É M A 2 0 , 2 1 E T 2 2 M A R S P R I N T E M P S D U C I N É M A 2 0 , 2 1 E T 2 2 M A R S

    Film en sortie nationale - (M) : Multiplexe - Programmation Art & Essai - Jeune Public - Programmation associations

    17[du 3 février au 22 mars 2016]16

  • Castres Le LidoLes semaines à venir seront riches en émotions

    Émotions cinématographiques avec :

    ❯ La venue, à Castres, grâce au partenariat de

    l’ACID, de la réalisatrice Fabianny Deschamps,

    qui présentera un fi lm passionnant, New

    Territories.

    ❯ De nombreux fi lms attendus avec impatience,

    comme l’extraordinaire documentaire du

    chilien Patricio Guzmán, Le Bouton de Nacre, ou

    Au-delà des montagnes, du grand réalisateur

    chinois Jia Zangh Ke

    Émotion plus personnelle avec le départ de

    Pascal Humbert, directeur du LIDO depuis 9

    ans. Il nous quitte pour prendre la direction

    d’un important multiplexe à Agen. Nous nous

    réjouissons, bien sûr, de voir sa compétence

    récompensée par une belle promotion, mais

    nous regretterons son dévouement à la cause

    du cinéma. Malgré la capacité réduite du LIDO,

    il s’est montré ouvert à de multiples partena-

    riats, avec Les Cinglés du Cinéma, mais aussi de

    nombreuses autres associations castraises, favo-

    risant, ainsi, la présence sur les écrans du Lido

    de tous les aspects du cinéma. C’est avec Pascal

    Humbert que Florence Panis a pu créer, il y a

    neuf ans, le Festival Trois Jours Trop Courts.

    Clin d’œil du destin, c’est Florence Panis qui va

    lui succéder à la Direction du LIDO. Nous savons

    que Pascal Humbert est heureux de remettre

    les clés du LIDO à une amie qui s’appliquera

    comme lui à en faire un lieu de convivialité ou-

    vert à tous les publics.

    Au revoir Pascal, et grand merci pour toute

    l’aide apportée pendant 9 ans aux Cinglés du

    Cinéma.

    Bienvenue Florence ! Nous sommes heureux de

    la perspective de travailler avec toi sur de nom-

    breux projets, dont évidemment le prochain

    festival 3JTC, du jeudi 31 mars au samedi 2 avril.

    Et nous espérons, sincèrement, que Pascal Hum-

    bert pourra honorer cette dixième édition de

    sa présence.

    Pierre Klein pour Les Cinglés du Cinéma

    Les Cinglés du cinémaLE BOUTON DE NACRE de Patricio Guzmán

    ❯ du 10 au 16 février

    AU-DELÀ DES MONTAGNESde Jia Zhang Ke (p. 20)

    ❯ du 17 au 23 février

    JE VOUS SOUHAITE D’ÊTRE FOLLEMENT AIMÉEde Ounie Lecomte

    ❯ du 24 février au 1er mars

    L’ÉTREINTE DU SERPENT de Ciro Guerra

    ❯ du 2 au 8 mars

    NEW TERRITORIES de Fabianny Deschamps

    ❯ du 9 au 15 mars à 21hle mardi 15 mars à 21h, projection présentée par la réalisatrice, en partenariat avec l’ACID

    EL CLUB de Pablo Larrain

    ❯ du 16 au 22 mars

    NEW TERRITORIESde Fabianny Deschamps, France/Chine, 2015, 1h33avec Eve Bitoun, Yilin Yang, Dimitri Sani...

    Avec New Territories, Fabianny Deschamps nous

    entraîne dans une Chine aux traditions millénaires,

    ébranlée dans ses fondations par la présence

    d’une jeune femme française, venue y commer-

    cialiser une nouvelle pratique funéraire, contraire

    aux rites ancestraux. Si, en apparence, les vivants

    ne s’offusquent pas de ce procédé, les fantômes

    et l’armée des morts de la Chine immémoriale

    semblent se soulever contre lui.

    Tandis que la voix d’une Chinoise de 20 ans raconte

    sa fuite avec son fiancé vers de nouveaux territoires,

    des tourments de plus en plus violents s’emparent

    de la jeune femme française, porteuse de cette

    pratique mercantile funeste. Elle tente de faire

    taire ses démons, mais ne peut y échapper, tel

    Caïn poursuivi par l’œil de la conscience chez

    Victor Hugo.

    New Territories ouvre une brèche en matière de

    réalisation cinématographique. Réussissant à

    capter des images dans la réalité factuelle du

    quotidien et à leur donner une dimension onirique

    et envoûtante, Fabianny Deschamps nous fait

    ressentir qu’il y a une vérité bien plus profonde et

    insondable derrière la fine coquille du “monde des

    faits”. Mariant avec une grande cohérence et une

    incroyable créativité le récit, l’image, le son, la

    musique, la voix-off et le montage, ce film nous

    plonge dans un univers hypnotique et sensoriel,

    qu’aucune autre forme d’art ne peut créer : une

    captivante expérience de cinéma total.

    Claus Drexel, cinéaste membre de l’ACID

    BEIJING STORIESde Pengfei, France/Chine, 2015, 1h15avec Ying Ze, Luo Wenjie, Zhao Fuyu , Li Xiaohui...

    Il y a le Beijing des gratte-ciel, des autoroutes

    suspendues, des panneaux publicitaires et des

    cadres sup en costume-cravate. Et il y a le Beijing

    de la banlieue, des chantiers ravageurs et des

    anciens abris souterrains transformés en habita-

    tions. Celui du jeune Yongle qui revend des meubles

    de récup, de sa jolie voisine Xiao Yun qui danse

    malgré elle, et du vieux Jin, qui essaie de vendre

    à bon prix sa maison bientôt réquisitionnée...

    C’est le premier long métrage d’un jeune cinéaste

    pékinois (issu d’une famille d’acteurs d’opéra

    traditionnel) qui a fait ses études à Paris. De ces

    années “à l’étranger”, Pengfei a gardé une profonde

    empathie pour tous les exilés à la dérive ; et un

    regard particulièrement perçant sur les mutations

    d’une mégalopole boulimique, qui vomit toujours

    un peu plus loin, un peu plus bas, les rêves de

    ceux qui ont été attirés par ses lumières. En croisant

    trois destins dans les souterrains de cette Chine

    moderne, Beijing Stories matérialise la métaphore

    d’une société impitoyablement stratifiée, où ceux

    du “dessous” aspirent à gagner la surface, et d’une

    ville frénétique qui se construit sur des... dé-

    combres. Le portrait du nouveau rêve chinois,

    représenté avec cruauté, mais aussi avec une

    poésie propre à l’Asie faite d’humanité et d’humour.

    B.M.

    Mes cher(e)s ami(e)s,

    Une nouvelle année pour un nouveau départ.

    Après 9 ans passés aux côtés des spectateurs

    castrais et des environs, c’est avec une grande

    émotion que je vous quitte pour une nouvelle

    aventure puisque je prendrai prochainement la

    direction du multiplexe d’Agen. La perspective

    de ce nouveau défi me procure une grande ex-

    citation, mêlée à une certaine tristesse à l’idée

    de tourner cette page de ma vie. Au cours de

    ces années, j’ai pris plaisir à côtoyer le grand

    public, au travers des projections cinématogra-

    phiques classiques, mais aussi les publics plus

    sensibles au monde de l’opéra, du ballet, ou ce-

    lui des soirées thématiques, et bien plus enclin

    aux débats d’idées…

    Au moment des « Au revoir », je prends

    conscience du travail accompli avec l’ensemble

    des acteurs locaux. Je pense, entre autres,

    à Pierre Klein et aux Cinglés du cinéma qui

    œuvrent, tout au long de l’année, pour offrir

    une vision plus fi ne et plus variée des produc-

    tions cinématographiques du monde. Je pense

    aussi à Florence Panis, avec qui j’ai vu naître et

    grandir le formidable festival Trois jours trop

    courts.

    Je tiens, d’ailleurs, à les remercier de m’avoir

    accordé leur confi ance et d’avoir partagé, avec

    moi, leurs rêves qui permettent d’élargir la vi-

    sion du cinéma que peut avoir tout un chacun.

    Je suis d’ailleurs heureux de passer le relais à

    Florence, certain d’avoir trouvé, en elle, la force

    nécessaire à la bonne continuation de l’en-

    semble des projets présents et à venir du ciné-

    ma de Castres. Je profi te, aussi, de cette tribune

    pour remercier l’ensemble des partenaires avec

    qui nous avons collaboré dans le cadre des

    nombreuses manifestations qui ont jalonné

    mon passage parmi vous. Merci d’avoir fait, de

    toutes ces années, une expérience de vie ma-

    gnifi que. Je pars riche des moments partagés

    et de tous ceux dont j’ai croisé la route dans

    le cadre de mes fonctions. Soyez assurés du

    souvenir fort et indélébile que vous me laissez,

    souvenir dans lequel je puiserai l’énergie pri-

    mordiale pour répondre au nouveau challenge

    qui s’offre à moi.

    Pascal Humbert, directeurPascal Humbert, directeurPascal Humbert, directeur

    [du 3 février au 22 mars 2016] 1918

    Les Films du mois

  • Châteauro� CinémovidaRecette pour une bonne séance de ciné (pour 1 à 300 personnes)

    En plein hiver, quoi de plus savoureux et

    d'appréciable que de se mettre au chaud

    devant un bon fi lm ?

    Commencez simplement par vous accorder

    un temps pour vous, un temps hors du temps.

    De préférence, faites-vous accompagner : le

    cinéma s'apprécie d'autant plus quand on le

    partage ! Puis, choisissez un fi lm avec soin,

    en fonction de votre envie du moment ; vous

    pouvez également vous laisser porter par la

    curiosité ou demander conseil à notre équipe.

    Les fi lms sont parsemés de toutes les émotions ;

    vous trouverez forcément de quoi apaiser

    votre appétit : un zeste d'amour, une pincée

    d'humour, quelques gouttes de tristesse,

    un soupçon de frissons, une bonne dose de

    réfl exion

    Vous pouvez maintenant vous installer

    confortablement et laisser défi ler les images

    pendant 1h30 à 2h . Savourez Chocolat,

    dégustez Ave César, appréciez The revenant

    (enfi n un Oscar pour Leonardo DiCaprio ?!),

    laissez-vous tenter par Belgica ou Les nouvelles

    de la planète Mars…

    Vous êtes gourmands ? Pour accompagner Les

    combattants, prenez donc part à la discussion

    qui suivra la projection : samedi 5 mars, à 14

    heures, Laure Naveau, psychanalyste membre

    de l'École de la Cause Freudienne, offrira

    sa lecture du fi lm, dans le cadre du cycle

    « Cinéma et Psychanalyse, Faire couple : liaisons

    inconscientes ».

    Au ciné, la gourmandise est un joli défaut  et

    elle s'apprend, dès le plus jeune âge,  dans le

    cadre de notre programme Jeune Public ! Osez

    le supplément chantilly : Le garçon et la bête,

    Le prophète, Tout en haut du monde, Ferda la

    fourmi, Les animaux farfelus, 1, 2, 3 Léon !

    Bon ciné à tous

    Ciné SéniorEn partenariat avec l’association« 55 et plus »

    LES SAISONS de Jacques Perrin, Jacques CluzaudPrésentation du film et discussion à l’issue de la séance autour d’un café.

    ❯ vendredi 5 février à 14h15

    LES OGRES de Léa Fehner, France, 2015, 2h25avec Adèle Haenel, Marc Barbé, Lola Dueñas, François Fehner, Marion Bouvarel, Inès Fehner...

    Ils vont de ville en ville, un chapiteau sur le dos,

    un cabaret Tchékov en bandoulière, qu’ils jouent

    en changeant de port, imbibés de rêve et de

    désordre. Leur monde est une scène, et le spec-

    tacle constant, dans cette tribu fière et déjantée,

    qui mélange famille, travail, amour et amitié, sans

    jamais se préserver. Mais un lustre qui tombe en

    pleine représentation, le retour d’une ancienne

    amante, l’arrivée imminente d’un bébé... vont raviver

    des blessures que l’on croyait oubliées.

    Après avoir croisé trois destins dans un parloir

    de prison (dans son très remarqué Qu’un seul

    tienne et les autres suivront), Léa Fehner nous

    immerge dans un tourbillon de bruit et de fureur,

    librement inspiré de sa propre enfance “sauvage”

    passée dans les jupes et les débordements de

    la troupe théâtrale de ses parents. Ce sont bien

    entendu ces derniers, entourés de leur cohorte

    (et de quelques acteurs de cinéma dont Marc

    Barbé et la césarisée Adèle Haenel) qui se glissent

    dans la peau et les crocs de ces ogres croquant

    la vie à pleines dents, dont le métier est le théâtre,

    mais la vie, un vrai cirque ! La caméra de Léa

    Fehner épouse leur itinérance et leurs errances,

    les filmant dans un mouvement constant, comme

    un pas de tango calqué sur la dynamique fémi-

    nin-masculin, violence-délicatesse. L’évocation

    ciné-romancée de ce quotidien néo-circassien

    est une expérience extrême en soi, où Fellini croise

    la route de... la Mano Negra ! A.A.

    ❯ Sortie le 16 mars

    TANGERINEde Sean Baker, USA, 2015, 1h28avec Kitana Kiki Rodriguez, Mya Taylor, Karren Karagulian...❯ Festival de Sundance 2015 : Prix du public

    À sa sortie de prison un 24 décembre écrasé de

    soleil, Sin Dee apprend par sa copine Alexandra,

    prostituée transsexuelle comme elle, que son mac

    l’a trompée avec une femme “biologique”.

    Commence alors une épopée vengeresse dans

    les bas-fonds de la Cité des Anges, pour les filles

    et leur chauffeur de taxi arménien préféré, entre

    clubs chelous, laveries désertes et boutiques de

    donuts paroxystiques...

    Couleurs saturées et interprètes (non profession-

    nelles) hautes en couleur, pour une furieuse virée

    en cinémascope, tournée entièrement avec un

    iPhone (équipé de lentilles anamorphiques). Une

    “technique” et une image au diapason de ce road

    movie sauvage mais très stylisé, qui s’inspire du

    vécu de ses deux actrices, Kitana Kiki Rodriguez

    et Mya Taylor. Le film pulse au rythme de leur

    quartier de Los Angeles, avec un humour et une

    énergie surprenants, mais sait aussi se poser,

    saisir ces moments de calme où leur solitude

    devient criante. Le film qui a électrisé le Festival

    de Sundance, puis de Deauville. B.M.

    AU-DELÀ DES MONTAGNESde Jia Zhang Ke, Chine, 2015, 2h11avec Tao Zhao, Yi Zhang, Jingdong Liang, Sylvia Chang...

    En 1999, dans une Chine qui s’apprête à faire

    son “Grand Bond en avant capitaliste”, le cœur

    de Tao balance entre Liang, un humble mineur, et

    Zang, un ambitieux entrepreneur...

    Après les quatre récits de A Touch of Sin, Jia

    Zhang Ke se concentre sur un seul – l’histoire

    ordinaire d’une famille chinoise tout aussi ordi-

    naire –, qu’il déroule sur un quart de siècle et deux

    générations, de 1999 à 2025, d’une ville de pro-

    vince chinoise à une “city” futuriste d’Australie.

    Une longue fresque intime qui, en filigrane, dresse

    le portrait d’un pays en plein bouleversement. Car

    le choix la jeune Tao, qui scellera son destin et

    celui de son fils à naître, est aussi le choix de toute

    une nation. Au fil des années qui passent et des

    relations qui se fanent, on y voit l’émergence de

    la Chine nouvelle, celle des iPods et des stations

    Shell. Une terre qui, à force de rêver d’Occident,

    deviendra étrangère à ses propres enfants.

    Capable d’assumer son intrigue de mélo tout en

    ponctuant son prologue d’une séquence quasi-ex-

    périmentale, ou en prenant un virage “egoyanesque”

    dans sa dernière partie, Zhang Ke s’offre toutes

    les libertés visuelles et narratives. Et s’il nous mène,

    comme ses personnages, si loin “au-delà des

    montagnes”, ce n’est que pour mieux nous faire

    partager l’émotion du retour. A.A.

    [du 3 février au 22 mars 2016] 2120

    Les Films du mois

  • Dole Les Tanneurs JE NE SUIS PAS UN SALAUDde Emmanuel Finkiel, France, 2016, 1h51avec Nicolas Duvauchelle, Mélanie Thierry, Driss Ramdi...❯ Festival d’Angoulême : Valois du meilleur acteur et de la meilleure mise en scène

    Pas de travail, un penchant pour la bouteille, un

    couple en crise... Eddie est au bout du rouleau,

    lorsqu’il est violemment passé à tabac dans la rue.

    Grâce à son nouveau statut de victime, il va dé-

    crocher un boulot, regagner l’amour de sa femme,

    le respect de son fils... et devenir le bourreau de

    l’innocent qu’il a désigné comme étant son

    agresseur.

    Longtemps premier assistant sur les films de

    Godard et Kieslowski, passé à la réalisation avec

    des films sans concession comme Voyages et

    Nulle part, terre promise, Emmanuel Finkiel revient

    tendre sa caméra sur la corde raide du réel. Il y a,

    dans son observation du jeu de rôles que la société

    nous pousse à jouer, à la fois une précision docu-

    mentaire, et des effets flirtant avec le film de genre.

    Entre spontanéité de la matière brute filmée (dont

    beaucoup de non professionnels appartenant aux

    monde hospitalier, juridique...) et sophistication

    épurée de sa mise en scène (le travail sur les

    reflets et la transparence, sur les couleurs, la

    musique somatique...), le film resserre progressi-

    vement l’étau autour de son « salaud ». Nicolas

    Duvauchelle, en marginal qui rêve de se couler

    dans le moule, est saisissant de justesse dans

    son incarnation de la faiblesse humaine. A.A.

    ❯ Sortie le 24 février Ciné Sénior

    Un vendredi par mois à 15h00 avec présentation du film, projection suivie d’un échange autour d’un verre (4€50)

    LES NAUFRAGÉS de David Charhon

    ❯ vendredi 26 Février à 15h

    MÉDECIN DE CAMPAGNE de Thomas Lilti

    ❯ vendredi 25 Mars à 15h

    Chers cinéphiles,

    Voilà déjà plus d'un mois que nous sommes

    en 2016. Que le temps passe vite encore

    plus j'imagine quand vous venez vous

    détendre dans nos salles et profi ter d'une

    programmation toujours plus riche.

    Dans cette édition, j'ai très envie de vous parler

    de mes deux fi lms «coup de cœur» de ce mois-ci.

    Chocolat, de Roschdy Zem, avec l'incroyable

    Omar Sy, ou une histoire vraie et touchante

    du premier clown noir de la scène française.

    Si vous voulez pleurer de rire, mais aussi

    d'émotions, ne manquez surtout pas ce fi lm

    merveilleusement réalisé aussi sur l'histoire

    d'un homme qui va tout gagner, mais qui

    risque de très vit e tout perdre.

    Et mon deuxième coup de cœur pour The

    Revenant, de Alejandro Gonzalez Iñárritu,

    avec Leonardo DiCaprio nous partons dans un

    tout autre registre, mais nous allons pouvoir

    nous aventurer dans des paysages sauvages.

    Ce fi lm nous apprend bien des choses, mais ce

    qu'il faudra retenir c'est que la volonté d'un

    homme ou ce qu’il est capable de faire par

    amour n’est nullement quantifi able.

    N'oubliez pas également ce mois-ci, comme

    tous les mois, notre Ciné senior programmé

    le vendredi 26 Février, à 15 heures, pour la

    projection Les Naufragés.

    En espérant que vous allez partager mes coups

    de cœur. On se rencontre très bientôt dans

    votre cinéma.

    Amélie Jeantou.

    LES DÉLICES DE TOKYOde Naomi Kawase, Japon/France/All., 2015, 1h53avec Kirin Kiki, Masatoshi Nagase, Kyara Uchida...

    Dans sa petite échoppe de Tokyo, le sombre et

    solitaire Sentaro vivote en vendant des dorayakis,

    gâteaux traditionnels farcis aux haricots rouges,

    dont les japonais raffolent. Un jour, une adorable

    vieille dame toute flétrie, Tokue, vient lui proposer

    ses services. Quand Sentaro goûte ses dorayakis,

    il succombe et l’embauche. Des quelques rares

    collégiennes qui fréquentaient sa boutique, se

    presse désormais une foule de nouveaux clients.

    Qui s’aperçoivent bientôt que la cuisinière a les

    doigts tordus par la lèpre...

    C’est un film à la fois délicieux et douloureux, où

    la délicate Naomi Kawase (Suzaku, La Forêt de

    Mogari, Still The Water...) se laisse plus ouver-

    tement aller à l’émotion. Comme si elle succombait

    à la gourmandise, elle filme avec sensualité les

    haricots rouges en train de confire, qui vont fédérer

    et rendre la joie à des êtres solitaires malmenés

    par la vie. Une “jolie” histoire qui pourtant lève

    un sujet tabou au Japon : ces lépreux qu’on a

    cachés dans des sanatoriums jusqu’à la fin des

    années 90, et qui, comme Tokue dans le film, ont

    continué à y vivre. C’est cette réalité que dévoile

    peu à peu le film, non pas dénonciateur, mais apte

    à regarder les gens se retrouver, se reconnaître

    dans leur environnement. Moins panthéiste et

    contemplatif que Still The Water, ces Délices de

    Tokyo, qui se déroule en ville, n’en célèbre pas

    moins la nature. Et quand elle filme la lumière dans

    les cerisiers en fleurs, la cinéaste “chamane” s’ex-

    tasie, encore, face aux délices du monde.

    C.V.

    CAROLde Todd Haynes, USA, 2015, 1h58avec Cate Blanchett, Rooney Mara, Sarah Paulson, Kyle Chandler...❯ Cannes 2015 : prix d’interprétation féminine pour Rooney Mara

    Todd Haynes (Velvet Goldmine, I’m Not There)

    est de retour dans l’Amérique flamboyo-conser-

    vatrice des fifty’s de son Loin du Paradis. Au

    couple impossible de la jeune veuve WASP et de

    son jardinier noir succède celui de deux femmes,

    qui se croisent une veille de Noël dans la section

    “poupées” d’un grand magasin new-yorkais. Carol

    y est descendue de sa “suburb” pour gâter sa

    fille, la jeune Therese y travaille sans grande convic-

    tion, en attendant que sa vie se trace devant elle

    sans son intervention. Mais si les lois de l’attraction

    commencent immédiatement à opérer entre ces

    deux-là, les lois de l’univers social qui les entoure

    n’auront de cesse de les séparer...

    Avec Carol, adapté d’un roman de Patricia

    Highsmith (publié en 1952 sous pseudonyme),

    Haynes emmène son cinéma au-delà de l’hommage,

    pour capturer l’essence de l’Amérique répressive

    de l’époque. Au Technicolor saturé et aux dialogues

    maniérés succèdent des figures plus naturalistes

    et feutrées, des surcadrages dans les vitres de

    voitures, des paysages urbains brumeux ou des

    chambres de motels à la Edward Hopper. Le film

    reconstitue méticuleusement cette époque où l’on

    mettait trois jours pour faire Paris-Chicago, où l’on

    s’enfermait dans des cabines pour parler au télé-

    phone... Il y a ici sûrement plus de la Brève ren-

    contre de David Lean que du roi du mélo Sirk.

    Mais surtout, il y a Cate Blanchett, majestueuse

    comme une lionne blessée, et Rooney Maara, petit

    oiseau fragile, mais capable d’une résistance in-

    soupçonnée. De celles qui permettent de croire

    que l’amour est plus fort que... les autres. A.A.

    [du 3 février au 22 mars 2016] 2322

    Les Films du mois

  • Laon Le Forum

    LES PREMIERS, LES DERNIERSde Bouli Lanners, France, 2015, 1h38avec Bouli Lanners, Albert Dupontel, Suzanne Clément, Michael Lonsdale, Philippe Rebbot, Serge Riaboukine, Aurore Broutin,Lionel Abelanski, Max von Sydow...

    Dans l'immensité d'un plat pays battu par les vents,

    deux cowboys solitaires recherchent... un précieux

    téléphone portable perdu par un homme d'affaires

    puissant. Mission sensible pour Cochise (du nom

    du grand chef Apache) et Gilou (flanqué de son

    chien Gibus), deux anciens bikers devenus chas-

    seurs de prime, qui au fil de leur quête, font

    d'étranges rencontres. En particulier celle d'un

    jeune couple en cavale, qui semble fuir un grand

    danger... Et si c'était la fin du monde ?

    On l'a vu acteur dans Astérix, dans les films de

    ses complices Kervern et Delépine (Louise Michel,

    Le Grand Soir...), ceux de Dupontel (Enfermés

    dehors, Le Vilain, 9 mois ferme...), et bien sûr dans

    son bouleversant Eldorado. Mais Bouli Lanners

    voulait être peintre. Après Les Géants, son qua-

    trième long métrage frappe d'abord par son cadre

    extraordinaire : ces paysages de Beauce où le ciel

    gris rase la terre et écrase l'horizon, où la platitude

    se perce de grands silos à grain abandonnés, que

    le cinéaste belge magnifie dans la largeur du

    scope. Des paysages infinis de western qui isolent

    davantage ses personnages insolites – et ses

    acteurs phénoménaux – à la fois derniers et pre-

    miers représentants d'une humanité... qu'on peut

    encore réinventer. Car au-delà de son désespoir,

    le film permet de rêver.

    C.V.

    LES CHEVALIERS BLANCSde Joachim Lafosse, France, 1h47avec Vincent Lindon, Louise Bourgoin, Valérie Donzelli, Reda Kateb, Bintou Rimtobaye, Philippe Rebbot...

    Jacques Arnault, président d’une ONG, prépare

    une action coup de poing dans un pays d’Afrique

    en pleine guerre civile : l’évacuation de 300 petits

    orphelins, pour les faire adopter par des familles

    françaises qui financent l’opération. Il entraîne

    une équipe de volontaires, ainsi que sa compagne

    et une journaliste, dans une aventure extrême de

    plus en plus tendue...

    En s’inspirant de l’affaire de L’Arche de Zoé,

    Joachim Lafosse ne cherche pas la reconstitution

    ou la “vérité” judiciaire, mais s’empare d’un for-

    midable matériau dramatique, pour s’interroger

    en toute subjectivité sur le droit d’ingérence oc-

    cidental. Rythmé, vibrant, son film a la puissance

    émotionnelle d’une fresque d’aventures, la préci-

    sion d’un documentaire, et surtout l’intelligence

    de poser des questions morales sans faire la

    morale. Comme dans ses déstabilisants Élève

    libre et À perdre la raison, le réalisateur belge

    met en scène des gens qui pensent agir au nom

    du bien, et décident de ce qui est bon pour les

    autres. Ce Jacques qui, face à des parents africains

    démunis, a décidé de “sauver” leurs enfants, est

    prêt à tout pour imposer ses règles. Vincent Lindon,

    avec son charisme et son image d’homme généreux

    et engagé, rend d’autant plus troublant ce per-

    sonnage qui nous renvoie à l’attitude de tous les

    “chevaliers de la charité”, des plus cyniques aux

    plus sincères.

    C.V.

    FREE LOVEde Peter Sollett, USA, 2015, 1h43avec Julianne Moore, Ellen Page, Steve Carell, Michael Shannon...

    Elle ne s'y attendait pas elle-même : quand Laurel,

    brillante inspecteur du New Jersey, rencontre la

    jeune Stacie, elle tombe follement amoureuse et

    décide de s'installer avec elle. Mais leur nouvelle

    vie s’effondre quand Laurel découvre qu’elle est

    atteinte d’un cancer en phase terminale. Sa

    dernière volonté est de transmettre sa pension à

    la femme qu’elle aime, mais la hiérarchie policière

    refuse catégoriquement. Laurel et Stacie vont

    alors se battre jusqu’au bout pour faire triompher

    leurs droits.

    Le scénariste de Philadelphia – premier film

    hollywoodien à avoir abordé l’impact social et

    politique du SIDA – retrace cette fois le combat

    d'un couple de femmes pour ses droits civiques.

    Là aussi, l'histoire d'amour est d'un romantisme

    poignant et le processus d'identification est

    d'autant plus fort que le personnage principal,

    interprété par la star Julianne Moore, est une

    représentante intègre de la loi. Le film s'inspire

    de l'histoire vraie de Laurel Hester et Stacie

    Andree, dont la bataille, il y a dix ans, avait

    bouleversé l'opinion publique américaine et a

    contribué à une évolution sociale majeure : en juin

    2015, la Cour Suprême des États-Unis a légalisé

    à son tour le mariage pour tous. B.M.

    ❯ Sortie le 10 févrierCher(e)s cinéphiles,

    Le cinéma est, avant tout, un endroit de par-

    tage. Ce nouveau numéro ne manquera pas de

    vous ravir à nouveau avec tout d’abord :

    Au-delà des montagnes, de Zhang-Ke Jia

    Ces montagnes qui traversent les temps et l’es-

    pace sont le projet le plus ambitieux du réali-

    sateur.

    Carol, de Todd Haynes

    Est un fi lm qui donne envie d’aimer.

    Ave César !, des frères Coen

    Dans les années 50, le fi lm suit un homme

    contracté par Hollywood pour étouffer les

    scandales et les secrets des stars.

    Les chevaliers blancs, de Joachim Lafosse

    Vincent Lindon est très convaincant.

    Les délices de Tokyo, de Naomi Kawase

    Ce fi lm est un bijou d’émotion et de poésie.

    45 ans, d’Andrew Haigh

    Est un drame qui explore avec fi nesse l’histoire

    d’un couple apparemment sans histoires.

    Les Innocentes, d’Anne Fontaine

    Très belle histoire.

    Free Love, de Peter Sollett

    Un drame poignant et effi cace.

    The Revenant, d’Alejandro Gonzales Iñárritu

    Ce fi lm est l’Odyssée de survie et de vengeance.

    À très vite !

    Valérie Vaugoyeau

    [du 3 février au 22 mars 2016] 2524

    Les Films du mois

  • Week-End Cinéma et PeintureEn partenariat avec la Fondation Carzou et Les Correspondances de manosque. Discussion au tour des films par des professionnels.

    ❯ du vendredi 11 au dimanche 13 mars

    Jean-Michel Basquiat : The Radiant Child❯ vendredi 11 mars à 20h30

    La Maesta, la Passion du Christ❯ samedi 12 mars à 18h

    Francofonia, le Louvre sous l’occupation❯ samedi 12 mars à 20h30

    Sayat Nova-la couleur de la grenade❯ dimanche 13 mars à 15h

    Le grand musée❯ dimanche 13 mars à 17h

    Man� que Le LidoChers cinéphiles,

    Nous démarrons cette nouvelle édition avec

    les 29èmes Rencontres Cinéma de Manosque.

    Comme chaque année, le cinéma s'associe à

    cet événement incontournable de notre ré-

    gion. Pascal Privet a encore concocté de belles

    surprises et découvertes cette année. Le pro-

    gramme détaillé est disponible au cinéma.

    Nous participons, pour la première fois, au 3ème

    festival de Cinéma « Au Cœur des Droits Hu-

    mains », soutenu par Amnesty international.

    Dans ce cadre, le mardi 8 mars, à 20h15, le fi lm

    L’Homme qui réparait les femmes, sera un fi lm

    à la fois exceptionnel et très dur, suivi d'une soi-

    rée à ne pas manquer !!!

    Dans cette édition également, vous retrouve-

    rez notre « célèbre » et très attendu « Week-

    end Cinéma et peinture », du vendredi 11 au

    dimanche 13 mars, en partenariat avec la Fon-

    dation Carzou, et animé par Raymond Tétart.

    Pour cette 10ème édition, un nouveau partenaire

    se joint à nous, Les Correspondances de Ma-

    nosque !! L'auteur en résidence, Pierre Ducro-

    ze, viendra parler de Basquiat, avec le fi lm The

    Radiant Child. Vous aurez aussi l'opportunité

    de voir La Maesta, Francofonia, Sayat Nova et

    Le grand Musée.

    En parallèle à ces événements, un large choix

    de fi lms permettra, chaque semaine, de conti-

    nuer à voyager dans l'univers du cinéma et à

    travers le monde.

    Le Cinéma japonais sera à l'honneur, avec la dif-

    fusion de Au-delà des montagnes, et Les délices

    de Tokyo, tous deux présentés au Festival de

    Cannes 2015. Les frères Coen font leur retour,

    avec leur nouvel opus Ave César ! Le fi lm-phare

    des Golden Globes 2016, The Revenant, d'Ale-

    jandro Gonzalez Iñárritu, avec Leonardo DiCa-

    prio, qui emmène le public dans une Amérique

    sauvage, à l'époque des trappeurs.

    Laissez-vous porter…

    À très vite dans nos salles obscures !

    Rencontres Cinéma de Manosque Plusieurs films à l’affiche avec notamment les venues de Claire Simon pour « Le bois dont les rêves sont faits »; de Anne Roussillon avec « Je suis le peuple », de Hassen Ferhani avec « Dans ma tête un rond point ». Et biens d’autres réalisateurs..... à Manosque.Programme complet sur : www.oeilzele.net

    ❯ du 02 au 07 février

    Ciné-GoûterLES SALSIFIS DU BENGALEde Robert DesnosSuivi d’un goûter offert à la MJC

    ❯ mercredi 22 Mars à 14h30

    L’HOMME QUI RÉPARE LES FEMMESde Thierry Michel et Colette

    Braeckman, Belgique, 2015, 1h50

    Le docteur Mukwege est connu comme l’homme

    qui “répare” ces milliers de femmes violées, depuis

    20 ans de conflits et de crises humanitaires à

    l’Est de la République Démocratique du Congo,

    où le viol est utilisé comme une arme de guerre

    et de destruction sociale. Pourtant, dans son pays,

    la lutte exemplaire de Mukwege dérange. Car le

    gynécologue est devenu, malgré lui, un témoin

    de premier plan qui dénonce l’impunité des cou-

    pables et interroge la responsabilité du régime

    dans ces horreurs, en les reliant au contexte

    économique d’un pays parmi les plus pauvres du

    monde, mais au sous-sol extrêmement riche.

    Menacé de mort, le docteur Mukwege vit cloîtré

    dans son hôpital de Bukavu, sous la protection

    des Casques bleus. Avec, à ses côtés, ces femmes

    auxquelles il a rendu intégrité physique et dignité,

    devenues grâce à lui de véritables activistes de

    la paix.

    À travers son quotidien dangereux au Congo et

    ses déplacements à l’étranger où il est acclamé,

    le film de Thierry Michel (Zaïre le cycle du serpent,

    Congo River…) retrace le parcours d’un humaniste

    exceptionnel, et donne la parole à ses patientes,

    pour lesquelles il représente le dernier espoir...

    et qui en retour, lui donnent la force de continuer.

    C’est cette force, cette volonté que le film met en

    avant, au-delà des atrocités qu’il évoque. En

    inscrivant l’histoire d’un homme dans celle d’un

    pays, et sa lutte dans un contexte universel.

    B.M.

    ❯ Sortie le 17 février

    Participation au 3ème festival de cinéma Au cœur des droits humains

    L’HOMME QUI RÉPARE LES FEMMESde Thierry Michelprojection suivie d’une discussion animée par Amnesty International

    ❯ mardi 8 mars à 20h15

    [du 3 février au 22 mars 2016] 2726

    Les Films du mois

  • Soissons Le Clovis

    45 ANSde Andrew Haigh, G-B, 2015, 1h33avec Charlotte Rampling, Tom Courtenay, Geraldine James, Dolly Wells, David Sibley...❯ Berlin 2015 : Ours d’argent de la meilleure actrice et du meilleur acteur pour Charlotte Rampling et Tom Courtenay

    La vie de Kate et Geoff, retraités anglais, ressemble

    à un long fleuve tranquille : une balade matinale

    avec le chien, un thé en décortiquant le courrier

    dans leur pavillon, un rapide baiser sur le front...

    Mais alors qu’ils s’apprêtent à célébrer en grande

    pompe (et playlist) leur 45ème anniversaire de

    mariage, une simple lettre bouleverse soudain les

    perspectives de Kate sur son quasi demi-siècle

    de vie commune avec Goeff.

    Le courrier, rédigé en allemand, annonce que le

    corps du premier amour de son époux, Katja, qui

    avait disparu dans une crevasse des Alpes suisses,

    a enfin été retrouvé, plus de soixante ans après

    l’accident. Un effet inattendu du réchauffement

    climatique sur les glaciers, qui va dérégler le climat

    au beau fixe du couple. Voilà un film qui déplace

    des montagnes sans quitter son environnement

    casanier, entre les vitrines de la ville et la maison,

    la cuisine et le grenier, en l’espace des six jours

    menant à la fête d’anniversaire. Aux côtés d’un

    Tom Courtenay plus opaque, Charlotte Rampling

    décrit la progressive aliénation émotionnelle de

    son personnage face à sa rivale invisible (voire

    même inexistante) avec une précision cristalline.

    Elle est en cela aidée par la mise en scène, d’une

    délicatesse infinie, de Andrew Haigh (Week-End),

    dans un drame en mode mineur qui ne parle pas

    tant de ces élans spectaculaires qui nous emportent

    loin de l’être aimé, mais des démons qui s’installent

    dans nos têtes lorsque l’on décide de rester.

    A.A.

    Des fi lms de vérité(s)…

    Bonjour et bienvenue dans cette nouvelle édi-

    tion de votre magazine «Art’Ciné». Au pro-

    gramme ces proch