APRÈS LE DISCOURS PRÉSIDENTIEL DU MAGAL 2012 Tivaouane en … · Tivaouane en colère contre Wade...

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ISSN • 2230-133X 100 F C M J N [email protected] MARDI 17 JANVIER 2012 NUMÉRO 182 J-38 Tivaouane en colère contre Wade APRÈS LE DISCOURS PRÉSIDENTIEL DU MAGAL 2012 Abdou Aziz Sy Jr réfute les propos à lui attribués DÉMISSIONNAIRE DE L’ADMINISTRATION L’énigmatique lettre de l’ex-pdt de la Cen- tif à Abdoulaye Diop P.2 CAN 2012 - PORTRAIT NDIAYE DÈME NDIAYE Le nouvel héritier P. 12 P.10 SORTIE NÉGOCIÉE DE WADE Les politiques ouverts, la société civile contre P. 4 GÉNÉRAL DIAWARA, NOUVEAU BOSS DES SAPEURS-POMPIERS “On va revenir à l’orthodoxie” P. 7 ENTRETIEN AVEC MALICK NOËL SECK A Rebeuss on humilie les hommes” P.3

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MARDI 17JANVIER 2012 NUMÉRO 182

J-38

Tivaouane en colère contreWade

APRÈS LE DISCOURS PRÉSIDENTIEL DU MAGAL 2012

Abdou Aziz Sy Jr réfute les propos à lui attribués DÉMISSIONNAIRE

DE L’ADMINISTRATIONL’énigmatique lettrede l’ex-pdt de la Cen-tif à Abdoulaye Diop P.2

CAN 2012 - PORTRAITNDIAYE DÈME NDIAYELe nouvelhéritier P. 12

P. 12

P.10

SORTIE NÉGOCIÉE DE WADELes politiques ouverts, la société civile contre P. 4

GÉNÉRAL DIAWARA, NOUVEAUBOSS DES SAPEURS-POMPIERS

“On va revenir à l’orthodoxie” P. 7

ENTRETIEN AVEC MALICK NOËL SECKA Rebeuss on humilie les hommes” P.3

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COULISSESCOULISSES page 2

numéro 182 • mardi 17 janvier 2012

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Un constructeur automobilemarocain au SénégalDepuis bien des décennies mainte-

nant, la République du Sénégal et leRoyaume du Maroc entretiennent, dansdivers domaines de l'économie et de laCulture, de puissants liens. Ceux-cipourraient devenir encore plus étroitsen ce qui concerne l’industrie automo-bile, avec l’annonce de la prochaineinstallation d’un constructeur chérifienà Dakar. Il s’agit de la filiale marocainedu Groupe suédois Scania CV AB, spé-cialisée dans la construction desmoteurs des poids lourds, selon le sitelegrio.info, visité hier par EnQuête.Vendredi dernier, son Conseil d’admi-nistration a annoncé l’ouverture d’unesuccursale au Sénégal à dater du mer-credi 18 janvier prochain. Cette initia-tive émane de ‘’la politique de dévelop-pement régional menée par ScaniaMaroc vers l’Afrique de l’Ouest’’. Ainsi,le constructeur marocain poursuit deuxobjectifs : promouvoir son développe-ment dans cette région subsaharienneet se rapprocher de sa clientèle. Unetelle nouvelle ne peut qu’arranger lapartie sénégalaise, non seulement enmatière d’emploi mais aussi du faitqu’elle est beaucoup moins lotie queson partenaire marocain en entreprisesdu domaine automobile.

Les cablo-diffuseurs, un danger électoralLes cablo-diffuseurs causent du

souci au Conseil national de régulationde l’audiovisuel (CNRA), surtout encette période électorale. C’est ce qu’ontexprimé, hier, les membres de l’institu-tion lors d’une rencontre avec les res-ponsables de médias au Sénégal.D’après Modou Ngom, les cablo-diffu-seurs, dont la plupart piratent les bou-

quets satellitaires pour les redistribuermoyennant une somme modique, fontmaintenant de la production de conte-nus qu’ils diffusent en dehors de toutcontrôle et de façon illicite. Le phéno-mène, constaté il y a quelque jours parEnQuête dans un reportage, s’est géné-ralisé dans la banlieue dakaroise. ‘’Il y amême de petites stars télé locales’’, aironisé l'ancien directeur de la commu-nication, relevant que ce ne sont pasdes journalistes formés. Le CNRA craintque des acteurs politiques n’en profi-tent pour faire de la propagande en vio-lation des règles d’éthique, d’équité etd’équilibre qui régissent les médias.Ces ''pirates'' prospèrent à la faveur dumanque de moyens d’action du CNRAet de volonté de réaction de la part dugouvernement. Avec cette réunion, leCNRA démarre une série de rencontresqui va concerner également les repré-sentants des candidats à l’élection pré-sidentielle de février 2012 et la sociétécivile.

Makhtar DiopL’économiste et ancien ministre de

l’Economie et des Finances dans lepremier gouvernement de l’alter-nance, Makhtar Diop se retrouve, denouveau, sous les coups des projec-teurs. L’homme, dont l’expertise estreconnue au plan international, a éténommé à la Vice-présidence de laBanque mondiale pour l’Afrique. M.Diop remplace à ce poste laNigériane Mme Obiageli Ezekwesili etprendra fonction au mois de mai pro-chain. M. Diop devient le premierafricain francophone à occuper ceposte. Cette information annoncée,ce dimanche 15 janvier, par le prési-dent de la Banque mondiale, RobertZoellick, a été confirmée par le

Conseil d’administration de l’institu-tion. Avant la Banque mondiale,Makhtar Diop a été entre avril 2000et mai 2011, ministre de l’Economieet des Finances du premier gouverne-ment de Wade. Il avait comme minis-tre délégué au Budget AbdoulayeDiop, l’actuel ministre des Finances.Il venait de quitter son poste d’écono-miste au Fonds monétaire internatio-nal (FMI) pour répondre à l’appel deWade.

Pr Ibrahima Mbow chez Macky...Le mercato politique se poursuit de

plus belle. L’Union citoyenne Bunt bidu Pr Ibrahima Mbow a décidé derejoindre la coalition Macky 2012suite à la réunion extraordinaire de sadirection nationale opérationnelletenue le mardi 10 janvier 2012. Dansun communiqué parvenu à EnQuête,l’Ucbi dit avoir répondu à l’invite duprésident de l’APR et de ses alliés,dans le but de ‘’bâtir ensemble unpôle républicain et citoyen avec unedynamique gagnante en vue des élec-tions présidentielles de Février2012’’. Selon toujours le communi-qué, les deux leaders, qui ‘’partagentun projet politique commun’’, ontréaffirmé leur ‘’attachement au res-pect de la charte de gouvernancedémocratique issue des Assisesnationales’’.

...Mously aussiPrésidente du mouvement A3j (And

Jappo Jef ci Jamm), la député MouslyDiakhaté a elle aussi rejoint le camp duprésident de l’APR. Elle l’a officialiséhier au cours d’un point de presse tenuau siège du parti de Macky Sall. Lacoalition Macky 2012 peut se réjouirparce que Mously Diakhaté et les mem-bres de son mouvement ont été séduitspar le discours de Macky Sall au pointde le qualifier du candidat qui fait par-tie ‘’des meilleurs candidats’’.

Me Diouf/DiombassUn duo bien explosif qui devait se

retrouver chez Macky Sall, mais qui,finalement, dépose ses baluchons chezMoustapha Niasse, c'est l'avocat Me ElHadj Diouf et Diombass Diaw. Tous lesdeux ont décidé d'intégrer la CoalitionBenno. Le conseiller municipal à lamairie de Dagana, Diombass Diaw, quia flirté avec le Parti de l'indépendanceet du travail (Pit) ne devrait pas trops'ennuyer avec Dansokho et Bathily àcôté.

Nécrologie La journaliste reporter Thiané Diop,

de la radio Afia, est décédé le 11Janvier 2012 suite à une longue mala-die. Dynamique et très joviale, notreconsœur a rendu orpheline la pressesénégalaise. La cérémonie de 8e jour

aura lieu demain au quartier Léona àOukam. Le personnel d’EnQuête pré-sente ses condoléances à sa famille.Que Dieu l’accueille dans son Paradis !

L’ex-président de la Cellule nationale de traitement de l’informationfinancière (CENTIF) a démissionné hier de la Fonction publique. Ill’a fait à travers une lettre qu’il a adressée au ministre d’Etat, minis-

tre de l’Economie et des Finances, son supérieur hiérarchique. En parcou-rant cette missive, l’on apprend que Ngouda Fall Kane a été reçu enaudience par Abdoulaye Diop hier même. ‘’En sortant de votre bureau (…),je me suis rendu compte à quel point l’Administration du Sénégal (…) a étédévoyée’’, écrit l’ex-président de la CENTIF dans une correspondance dontEnQuête détient copie et adressée au ministre des Finances. C’est pourquoi,à la suite de cette entretien et fort des ‘’valeurs cardinales’’ que son père etson marabout lui ont inculquées, ‘’c'est-à-dire dignité et fierté’’, M. Kane apréféré quitter ‘’l’Administration du Sénégal’’ qu’il a ‘’connue, aimée et ser-vie pendant plus de trente (30) ans’’. Il ajoute : ‘’Je me suis rendu compteégalement à quel point les hommes sont capables de se métamorphoser ausein d’un système aujourd’hui rejeté par les Sénégalais pour des raisons quevous connaissez et que je connais’’. Cette dernière phrase fait allusion à l’attitude du ministre des Finances vis-à-vis de l’ex-président de la CENTIF. En effet, après avoir quitté l’organismede lutte contre le blanchiment de capitaux, il s’attendait (et c’est d’ailleursune règle dans l’administration) à un poste de rang similaire à celui qu’ilavait quitté. Certaines indiscrétions citaient même le poste d’Inspecteurgénéral des finances. Mais les espoirs de M. Kane se sont envolés à la lecturedu communiqué du Conseil des ministres du 29 décembre dernier (rendupublic cette semaine) en voyant l’inspecteur des impôts Boubacar Camaralui chiper le poste qui lui était promis. Autre chose pour le moins bizarre, c’est que de tous les membres de la CEN-TIF arrivés en fin de mandat, seul Ngouda Fall a été remplacé. Pourquoi ?Est-ce parce qu’on voulait l’écarter de cet organisme ? Des sources bieninformées pensent qu'il a été évincé du fait de lobbying de très gros calibresdu régime. Pour rappel, Ngouda Fall Kane, après plus de six ans de présenceà la tête de cette cellule de renseignement financier, l'a cédée à DembaDiallo, Inspecteur du Trésor, précédemment Receveur général du Trésor.Mais il n’est pas le seul à avoir terminé son mandat à la CENTIF. En effet, lecommissaire Moustapha Wade et Soulèye Thiam, qui vient de la Banquecentrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), doivent aussi être rem-placés parce qu’ayant épuisé leur mandat.

APRÈS AVOIR QUITTÉ LA CENTIF

Ngouda Fall Kane démissionnede la Fonction publique PAR MOUSSA PAYE

Aussi loin que la mémoire col-lective remonte vers le passédes luttes contemporaines

menées pour la libération de l’Afriqueet la promotion sociale de ses peuples,le Docteur Ahmed est aux avant-postes. Membre de la direction de laFédération des étudiants d’Afriquenoire en France (Féanf), il a contribuéà forger un instrument de coordinationdes associations d’étudiants, l’Uniongénéral des étudiants d’Afrique occi-dentale (Ugeao), des travailleurs del’Union générale des travailleursd’Afrique noire (Ugtan) et de la jeu-nesse : le Conseil de la jeunesse afri-caine (Cja). A partir du mois dedécembre 1957, sous la houlette duParti africain de l’indépendance (Pai)qui venait de naître, ces organisationsde masses seront à l’avant-garde detoutes les actions d’agitation en faveurde l’indépendance.Après le référendum qui a vu le

triomphe du Oui, les nouveaux maîtresdes pays africains balkanisés vontasseoir leur démocratie forte sur l’op-position radicale. A la faveur des élec-tions municipales largement truquéesdu 31 juillet à Saint-Louis, le Pai estdissous par décision administrative àla suite d’affrontements au cours des-quels son leader Majhmout Diop serablessé et fait prisonnier ainsi que plu-sieurs cadres du parti. A Dakar, leDocteur Amath Ba se porte dès le len-demain à la permanence alors situéesur la rue de Bayeux où il est arrêtéavec ses camardes Khalil Sall quivenait d’arriver de Conakry et leDocteur Cheikh Tidiane Fall.Les militants décident de la pour-

suite de la lutte dans la clandestinitéet le choisissent comme premier pré-sident du comité provisoire du Partiafricain de l’indépendance (Pai), fonc-tion qu’il exercera dans les circons-

tances difficiles d’une période derépression féroce, de conspiration etd’intrigues qui approfondissent lacrise interne du Pai avec la décou-verte des maquis implantés auSénégal oriental et en Casamance puisde l’imprimerie clandestine du parti.La conférence rectificative qui se tienten 1967 consacre l’éclatement du Paien plusieurs factions. Entretemps, parun travail de noyautage soutenu, l’op-position de gauche avait investi lessyndicats de travailleurs qu’elle pous-sait à l’unification et à l’autonomie parrapport au pouvoir d’Etat.Le Pai qui influençait peu ou prou

l’Union des étudiants de Dakar (Ued)à travers sa section locale, l’Uniondémocratique des étudiants sénéga-lais (Udes) et son organisation affiliée,le Mouvement des étudiants du Pai(Mepai), prenait pied aussi dans lessyndicats de la petite bourgeoisie dansl’enseignement, les banques. Ainsiquand cinq centrales et deux syndi-cats autonomes entreprirent la réunifi-cation, ils furent vite rejoints par leSyndicat des médecins, pharmacienset chirurgiens- dentistes de l’assis-tance médicale du Sénégal.Cette force de frappe ainsi consti-

tuée dans l’Union nationale des tra-vailleurs sénégalais (Unts) volera ausecours des étudiants en grève quandl’université sera investie par les forcesde la répression avec une brutalitéinouïe. Lors des négociations du 12juin 1968, parmi les 18 points derevendications, certains portent lamarque du Syndicat dont le DocteurAmath Ba était membre de la direction: la création d’un système de méde-cine d’entreprise avec participationdes employeurs aux frais médicauxfigure au point 4, juste après l’aug-mentation du Smig et des salaires. Labaisse des prix des spécialités phar-maceutiques est exigée et fait l’objetd’une attention particulière au point18.

Cette période marquante de luttepour la démocratie politique et socialemérite d’être rappelée pour l’exempleque doit être pour la jeunesse l’épo-pée d’hommes comme Amath Ba, quise battirent pour un monde meilleur etsans oppression. Mais c’est au début des années

1980 que j’ai commencé à approcherle Docteur, d’abord dans ses fonctionsde médecin chef du Centre médico-social des fonctionnaires. Ensuite,mon cousin feu Sidy Diaw m’introdui-sit chez lui. Les évènements deMauritanie nous rapprochèrent un peuplus encore quand sa maison sise àBourguiba servit de lieu de rencontreavec les cadres de l’une des organisa-tions politico-militaires les plus déter-minées et les plus combatives. Ceux-là n’oublieront jamais ce médecinstoïque qui soignait leurs blessures etqui adoucissait les derniers instantsde leurs combattants les plus griève-ment atteints, au retour des attaquesen profondeur, au-delà du fleuve. C’est dans le salon du docteur que

j’ai rencontré les membres de la direc-tion politico-militaire du Front unipour la résistance armée enMauritanie (Furam). C’est dans monsalon qu’ils me firent leurs adieux aucœur d’une nuit inoubliable, dansleurs plus beaux atours, chaussés deleurs bottes de cuir jaunes, le turbannoir tombant sur les épaules : leurcombat n’avait plus de sens après querevenus d’une offensive militaire victo-rieuse en Mauritanie, ils furent la cibledes « Jambaars » sur la rive sénéga-laise. Ensuite, leur convoi s’ébranladans le silence vers « la vallée » à par-tir de laquelle chacun choisira un nou-veau destin : le retour incertain oul’exil vers l’inconnu.L’un deux, chef des opérations mili-

taires de son organisation, nous a livréson témoignage sur l’homme qui futdes plus accueillants, des plus compa-tissants envers eux. Un juste de moinssur cette terre. Que le paradis promisaux combattants soit sa récompense.

Un juste s’en est allé

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numéro 182 • mardi 17 janvier 2012

POLITIQUEPOLITIQUE

PROPOS RECUEILLIS PAR GASTON COLY

Vous sentez-vous héros ou plutôtmartyr de la lutte pour la démocratie sénégalaise ?Je ne me sens pas comme un héros.

Les vrais héros sont les hommes commeMamadou Dia, Mandéla ou Nkrumah. Jesuis martyr parmi d'autres Sénégalais quisont tous les jours victimes de l'incompé-tence du régime en place.Je me sens un peu commeun haut-parleur.

Avez-vous, de la prison, ressenti le soutien des populations sénégalaises ?Oui, je l'ai senti. Cela m'a réconforté et

rassuré sur le bien fondé du combat quenous menons. J'ai senti la population,notamment à Tambacounda. Je les enten-dais tous les jours, du fond de ma cellule,exigeant ma libération. Je l'ai senti aussià travers les médias dont j'ai pu avoiraccès. De manière générale, je crois quecette lutte est bien comprise par unemajorité de Sénégalais. Espérons que celava être traduit en acte, jusqu'à la victoire.

Avez-vous douté du bien-fondé devotre action, de l'acte que vous avezposé et qui vous a valu la prison ?Non, je n'ai jamais douté de cela. Je

pense que cela devait être fait. Cela devaitêtre dit et écrit. Mes camarades et moiavions senti un piège dans cette histoire devalidité de la candidature de Wade. Cela acommencé avec le séminaire illégal orga-nisé par les membres du Conseil constitu-tionnel. On a voulu attirer l'attention desSénégalais sur le fait que le Conseil va vali-der sa candidature, qu'Abdoulaye Wade vafrauder les élections et qu'ensuite, il va ins-taller son fils. Ce que redoutent les Séné-galais est prévu, écrit et est planifié. Celava être fait.

Avez-vous des appréhensions par rapport à cela ?Moi, je suis certain qu'ils vont valider

la candidature de Me Wade. Mais, nousl'avons refusé. Non pas parce que cela luiest interdit par la Constitution, non pasparce qu'il est vieux et sénile. Mais pourdes raisons de morale et d'éthique et pourla dignité nationale. Nous ne pouvons pasaccepter un président qui est mêlé à l'as-

sassinat de Me Babacar Sèye, un gouver-nement qui est corrompu, une justice quiest garrottée et des opposants qui sont enprison. Un pays comme cela n'a pasd'avenir.

Malick Noël était-il prêt à resterdeux années en prison ?Oui et même pire. Moi, je suis arrivé à

un point où je préfère mourir dans cecombat que mourir parcequ'il n'y a pas d'oxygène dansles hôpitaux ; ou mourirparce qu'il y a un chauffard

qui a acheté son permis de conduire etqui a fait un massacre. Mieux vaut mourirpour ce combat-là que de mourir bête-ment par l'incompétence de ce régime.

La vie en prison a-t-elle été diffi-cile, surtout à Tambacounda ? La vie carcérale n'est facile pour per-

sonne. Moi, selon les normes en vigueur,j'étais soi-disant un privilégié, dans ce quel'on appelle les cellules VIP. Mais je peuxvous assurer que ce n'est pas le Radisson(rires).

Des anecdotes, ou un souvenirmarquant...J'ai vu là-bas le visage de la misère sous

une autre forme. Ce que j'ai vu là-bas,c'est qu'on humilie des hommes, surtoutà Reubeuss. J'ai assisté à des scènes ter-ribles. Les conditions des détenus y sonten dessous des normes des droits del'Homme. Les gens qui y travaillent aussi,je crois qu'ils sont aussi fatigués que lesSénégalais. Cette expérience m'a faitcomprendre qu'il faut réformer la justicede bas en haut.

Vous parlez de scènes terribles, àquoi faites-vous allusion ? J'ai vu de mes propres yeux des déte-

nus se faire tabasser, se faire fouetter. ÀReubeuss, cela existe. On y fouette lesdétenus. Il faut que cela soit dit.

Quels ont été vos rapports avecvos geôliers et avec l'administra-tion pénitentiaire en général ?On m'a bien fait comprendre, dès le

départ, que j'étais un détenu politique.Donc, mes rapports avec l'administrationpénitentiaire étaient des plus courtois. Onm'a traité comme un détenu politique.

La solitude vous a-t-elle pesé quel-quefois, notamment en pensant àvos proches, votre fils ?Non, à aucun moment je ne me suis

senti seul. Je sentais la présence de Dieu,le soutien des Sénégalais. Mon fils m'ainspiré cette lettre, mais quand je dis monfils, ce sont ceux de tous les Sénégalais.Je suis convaincu que pour notre généra-tion, c'est foutu. Mais, nous pouvonsouvrir les yeux de nos fils sur un autreSénégal. Je suis hanté par cette phraseque l'on pourrait me poser demain : “Maispapa, qu'as-tu fait pour nous empêchercela ?” Il faudra que j'y réponde.

Quel était le quotidien de MalickNoël Seck en prison ? La journéetype ? La journée type, c'était: sport, petit-

déjeuner, lecture, jeu de domino, lecturede journaux, la radio, le tout rythmé parles cinq prières quotidiennes.

Et si c’était à refaire ?On le referait de manière identique.

Vous savez, la politique se nourrit des obs-tacles qu’on lui pose. Chaque jour, unnouveau combat, une nouvelle forme delutte. On ne sait pas ce que demain nousréserve. Mais je crois que l’issueheureuse, c’est le développement etl’épanouissement des Sénégalais. Et celame commande de ne pas reculer et de nepas faiblir. On espère contaminer le maxi-mum de jeunes et leur faire comprendrequ’aujourd’hui, ce combat n’est pas uncombat partisan. Tout le monde doit semobiliser et ne pas attendre des tee-shirts, des cars ou de l’argent. Mais sebattre pour l’avenir et l’intérêt de la géné-ration qui vient.

Certains parmi vos amis politiqueset même le père de BarthélémyDias ont estimé que le Parti socialiste ne vous a pas défenduavec assez de vigueur et deconviction. Quel est votre avis?Moi, je crois que l’attitude du Parti

socialiste, celle d’Ousmane Tanor Diengprocédaient d’une stratégie. Les connais-sant, c’est une stratégie qui était bienmenée et le résultat est là. Je suis libre.Donc, c'est le combat mené par le partisocialiste et celui des jeunesses d’autresmouvements du M 23 qui ont permis demettre la pression sur le régime. Il fautmaintenir cette pression jusqu’à la libé-ration de Barth.

Voilà, parlons de Barthélémy Dias.Quelle attitude adopterez-vouspour le faire libérer ?Je crois que le ton est déjà donné.

Au niveau du parti, et les jeunes desautres mouvements que j’ai rencontrésaprès ma sortie sont mobilisés. Je vaism’associer à eux dans ce combat enutilisant tous les moyens possibles,nécessaires et disponibles pour le fairesortir. C’est devenu une priorité pournous tous. Nous sommes sur plusieursfronts, mais ce front-là va nous

occuper. Nous avons des soutiens, desraisons et des moyens. On va lesutiliser pour le faire sortir.

Entre-temps, Benno a éclaté.Comment avez-vous vécu cela etqu’en pensez-vous ?À l’origine, je n’étais pas pour la candi-

dature unique. Dans les débats internes,j’étais pour une candidature plurielle,mais limitée. Le Benno avait opté pourcela et on a suivi. J'ai appris la nouvelledu fond de ma cellule à Tamba. Il y apeut-être deux choses qui m’ont rendutriste quand j’étais en prison. Cela en faitpartie. J’ai été déçu par certaines per-

sonnes qui sont dans le Benno qui pourmoi, incarnaient l’intégrité et les valeursque l’on promeut. Pour moi, le Ps est vrai-ment victime d’une injustice.

Comment?Parce qu’on répondait à tous les cri-

tères. Il ne devait pas y avoir de vote. Jepense qu’on a fait un petit “gal-gal” (croc-en-jambe) quelque part. C’est dommage !Mais maintenant la page tournée. Quecela ne fasse pas de nous des ennemis etque l’on ne se perde pas sur l’essentiel.J’ai toujours du respect pour tout lemonde et j’espère que chacun assumerases erreurs

MALICK NOËL SECK Dans cet entretien, le leader de convergence socialiste revient sur son séjour carcéral, le combat pour la libération de Barthélémy Dias, l'éclatement de Benno...

“A Rebeuss, on humilie les hommes”

MORPHO-PSYCHOLOGIE APPLIQUEE À LA POLITIQUE

MOUSTAPHA NIASSE (3)Considérée comme une pseudo-science, la morphopsychologieest l'étude, chez l'homme, des correspondances entre la morpho-logie des traits de son visage et sa psychologie (Wikipédia). «En-Quête» s’est amusé à appliquer, point par point, les règles les plusconnues de cette discipline aux candidats à l’élection présiden-tielle de 2012… et le 3e de cette série est Moustapha Niasse.

Exigeant et pragmatiqueSOPHIANE BENGELOUN

A près étude de plusieurs de cesportraits, on a dégagé, sur levisage du candidat Moustapha

Niasse les caractéristiques physiquesles plus marquantes. Voilà ce que dit lamorphopsychologie par rapport à leurscorrespondances quant à sa personna-lité. Le front de Moustapha Niasse,

bombé avec une ligne de cheveuxfuyante, laisse supposer, chez lui, unegrande intelligence et un sens du prag-matisme. Riche en idées, il est créatif,idéaliste et porte beaucoup d’impor-tance à l’amitié.La forme de ses sourcils, presque

circonflexe, suggère quant à elle que lecandidat de l’AFP est, par nature,extrêmement dominateur, cherchant àavoir du contrôle sur tout et tout le monde. Un trait souvent retrouvé chez lespersonnes occupant des postes de grande responsabilité (dont de nombreuxchefs d’Etat). Dans ce sens, il faut constamment surveiller ce genre de per-sonnes, elles n’hésitent pas à se débarrasser de ce qui est sur leur chemin.La forme de ses yeux (globuleux, espacés, avec les coins qui remontent)

dénote une personnalité ambitieuse, opportuniste, qui sait calculer tous lesangles et sait comment obtenir ce qu’elle veut, et veut être incluse dans toutesles prises de décisions. Le fait que le blanc soit visible sous les iris est typiqued’une sorte d’incapacité à totalement être en phase avec les autres : les per-sonnes possédant ce trait sont difficiles à satisfaire et mettent la barre très hautvis-à-vis de leurs proches. Son nez court mais bulbeux traduit une approche méticuleuse de tous les

aspects de la vie. Ses lèvres larges dénotent, chez le candidat de Benno SiggilSenegaal, un don pour la communication (ce qui n’est pas une surprise), leurforme harmonieuse signifie une approche équilibrée des choses autant qu'ungoût prononcé pour le luxe. Ce genre de personnes, quand elles sont contra-riées, ont souvent le besoin de vocalement exprimer leur déplaisir…parfois demanière excessive.Le philtrum assez plat (zone de la lèvre supérieure dessinant une petite

dépression située juste en dessous de la cloison séparant les deux narines) tra-duit un manque de vitalité qui débouche fréquemment sur des ennuis de santé.Ses petites oreilles, proches du visage, suggèrent un homme hyper-organisé,

qui planifie presque tous ses actes pour laisser le moins de place possible auhasard. Ce qui ne tue pas le moins du monde chez lui un instinct développé

Demain : Cheikh Tidiane Gadio* Avertissement : cela ne prouve rien, comme son nom l’indique, une pseudo-science

se base juste sur des observations et suppositions…

ENTRETIEN

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numéro 182 • mardi 17 janvier 2012

POLITIQUEPOLITIQUE page 4

DAOUDA GBAYA

L a proposition de BennoSiggil Senegaal (BSS) pré-sentée par le Pr. Abdoulaye

Bathily continue de susciter desréactions diverses dans la classepolitique. Invité à l’émission GrandJury de la RFM dimanche, le prési-dent du Directoire de campagne deBSS avait déclaré en substance :“Si Abdoulaye Wade, solennelle-ment, dit qu’il est d’accord pourretirer sa candidature à l’électiondu 26 février 2012, nous seronsprêts à examiner les conditionspour lui permettre de partir en paixet en beauté”. Du côté du Parti socialiste (PS),

on juge cette sortie “intempestivequi ne sera réglée que par des actespolitiques”. Le porte-paroleAbdoulaye Wilane rappellequ”'Ousmane Tanor Dieng a ditpubliquement que son parti travail-lait avec lui et l’ensemble desforces vives de la Nation à cequ’Abdoulaye Wade ne puisse passe présenter en 2012” ; car “celaest une source d’instabilité pour lepays et la sous-région”. Pour cefaire, le maire de Kaffrine conseilleau Pr. Bathily de se ranger derrièrele M23 qui, jusque là, a agi de“manière discrète et responsable»

et d'éviter une “démarche soli-taire”. Du reste, Abdoulaye Wilanedit craindre que “l’annonce préma-turée” du retrait du président de lacourse à la présidentielle de 2012pourrait profiter aux forcesoccultes. “Si Wade déclarait qu’iln’est plus candidat, bonjour ladébandade ! Bonjour les coupsd’Etat!”.

“Pas de prime à l'impunité”Moins alarmiste, Seydou Guèye,

porte-parole de l’Alliance pour laRépublique (APR), espère encoreque la raison finira par l’emportersur la véhémence affichée par unprésident de la République dont lacandidature n’a pas été encoredéposée au Greffe du Conseilconstitutionnel. “Le Sénégal toutentier souhaite que Wade sorte parla grande porte en retirant sa candi-dature et en favorisant l'organisa-tion d'élections libres et transpa-rentes”, déclare M. Guèye. Mais àquel prix cette sortie honorablepourrait-elle se réaliser ? A ce sujet,Seydou Guèye rappelle que le “pré-sident de la République bénéficied’un statut digne de son rang”. Ilne faut pas oublier que “Wade a étéun acteur majeur de la démocratie,dit-il ; il avait rendez-vous avecl’histoire en 2000, il ne faut pasqu’il laisse au Sénégal une petite

histoire”. Ce qui ne signifie pas,précise-t-il, une caution à “l’impu-nité”. “Les politiques ne peuventaccuser qui que ce soit, dit-il, c’està la justice de faire son travail”. Le Pr. Buuba Diop ne dit pas

autre chose. Le directeur de cam-pagne du candidat indépendantIbrahima Fall, pense que même s’ilfaut offrir une sortie honorable auprésident de la République comptetenu de “son âge, de sa santé”, lesconditions de son départ restent un“débat de fond”. “Nous devonsfaire en sorte que les hommes et lesfemmes, qui ont assuré de hautesfonctions puissent bénéficier d’untraitement honorable”, préconisel’universitaire. “(...) L’homme doitêtre digne. Je me rappelle que leprésident Senghor avait presquesubi une humiliation quand, aprèsson départ, on lui a privé de l’avionprésidentiel”. Toutefois, le Pr. Dioppense qu”'il faut être ferme sur lesprincipes” et éviter que “ceux qui

ont des comptes à rendre puissentdormir sur leurs lauriers”. A sesyeux, il est hors de question quel’on passe par pertes et profits surla “boulimie foncière, l’accapare-ment de la façade atlantique” parles pontes du régime de l’alter-nance.

“C'est une capitulation”Pour sa part, Aliou Diack,

Directeur de campagne du candi-dat indépendant Serigne MansourSy Jamil, est dans une posture radi-cale. Pour l’ex-président du Conseilrural de Mbane, il n y a plus rien ànégocier avec le président de laRépublique qu’il invite à se rendreà l’évidence. “Le départ de Waden’est pas négociable, dit-il, il doitsavoir que le Sénégal a tourné lapage du Sopi, décrète-t-il. LaConstitution ne lui permet pas dese présenter en 2012.” Même s’ilreste convaincu que “le Sénégal est

un pays mature où les gens saventpardonner”, M. Diack pense que cen’est pas du ressort de la classepolitique de rendre justice à laplace de cette dernière. “Tout estréglementé par la loi, dit-il. Quandquelqu’un a volé, il doit répondrede ses actes. Wade et Karim sontdes citoyens comme tout lemonde.” Un avis entièrement partagé par

Mouhamadou Mbodj, coordonna-teur du Forum civil. Ce dernierpense qu’au regard des conven-tions internationales ratifiées par leSénégal, la question d’un “arrange-ment politique” entre Wade et l’op-position parait malsain. “Ni l’oppo-sition ni la société civile n’ont lalégitimité pour décider de l’immu-nité d’un président de laRépublique, fait-il savoir. On nepeut pas reprocher au président dela République de violer la loi, etvouloir violer soi-même la loi”. PourM. Mbodj, une immunité qui pro-tège Wade de toutes poursuitesjudiciaires est “une capitulation”.“Cela n’est pas négociable, dit-il,ils (les acteurs politiques) doiventtenir discours de fermeté”. Par ailleurs, mais dans le même

ordre d'idées, le coordonnateur duForum civil se désole de promessesnon tenues de la coalition BennooSiggil Senegaal qui, au lendemaindes locales de 2009, avait promisde faire les audits des mairies. Maisjusque là, rien, dit-il pour s'en dés-oler.

PROPOSITION DE DÉPART NEGOCIÉ POUR WADELa proposition de Benno Siggil Senegaal de négocier le départ du président de la République seraitune prime à l'impunité et constituerait une capitulation face aux principes intangibles de la loi.

Attentisme chez les politiques,indignation dans la société civile

POST-POINT

Mauvais signal à Benno !

O n est en plein délire ! Laperche magique subitementtendue par Benno Siggil

Senegaal à Abdoulaye Wade pour le dis-suader de briguer un troisième mandatd'affilée est de celle que l'on peutqualifier de repoussoir. En même tempsqu'elle renseigne sur la volatilité moralede certains représentants de notre classepolitique face aux exigences minimalesd'un système démocratique non parti-san, elle permet de comprendre com-ment des hommes politiques en sontparvenus à organiser leur fusionmentale avec le pouvoir, en dépit de leurstatut d'opposant.

Cette démarche de Benno SiggilSenegaal visant à promettre l'amnistieau président de la République sortantpose problème. Elle est à la fois inaccep-table, dangereuse et compromettante.Inacceptable car il n'appartient pas à unecoalition politique, de surcroît d'oppo-sition, de promettre une hypothétiqueamnistie à un chef d'Etat sortant que l'onveut dissuader de briguer un troisièmemandat d'affilée. Le Conseil constitu-tionnel existe pour ce travail là, malgrétout. Une telle initiative est égalementdangereuse car, dans une démocratie quise veut respectable, la sanction politiquedes délits supposés commis dans le cadrede fonctions d'Etat est du ressort exclusifdes services judiciaires de la République,sous peine de tomber dans la confusiondes genres. Enfin, la démarche de Bennoest compromettante parce qu'elle donneun mauvais signal préfigurant, au moinsen partie, d'une prorogation des tares etanomalies tant reprochées au systèmemis en place par le clan des Wade.

En réalité, sur cette question de la can-didature d'Abdoulaye Wade, il y a desquestions de fond que les partis d'oppo-sition se refusent à aborder pour des rai-sons strictement tactiques, liées à leursincapacités chroniques à gagner la guerredes rapports de forces contre le pouvoir.L'une d'elles, capitale, est la suivante : quoifaire si le Conseil constitutionnel validaitla prétention de Me Wade à se succéderà lui-même ? L'extrême difficulté à pren-dre en charge ce sujet là est apparue asseznettement dans les différents interviewsréalisées la semaine dernière par RadioFrance Internationale (RFI) avec lesprincipaux leaders d'opposition. A lalimite, ils ne savent pas encore quoi faire! Et même s'ils le savaient, seraient-ellesen mesure d'en porter la responsabilitéalors même qu'ils ont accepté de fait queles juges politiques qu'ils détestent tanttranchent la question ?

Au final, cette proposition de BennoSiggil Senegaal apparaît comme l'échecsenti d'une stratégie politiquetotalement obsolète, qui mettrait l'Etatde droit au service d'une reconquête dupouvoir. A tout prix. Depuis près de septmois, tout l'argumentaire du M23contre une future candidature de Wades'est structuré autour du principe d'in-violabilité de la Constitution que seraitjustement une présence du vieux cheflibéral au scrutin du 26 février. Or,Benno est la puissance essentielle duM23. Que signifie donc une contradic-tion aussi fondamentale au planpolitique et morale, sinon l'embrigade-ment de principes élémentaires liés à laséparation des pouvoirs ? Au moins unechose peut-être : un signal que lescitoyens ne se priveront pas de décrypteravec l'intelligence qui leur est propre.

PAR MOMAR DIENG

Seydou Guèye

Abdoulaye Willane, porte-parole du PS

Pr. Buuba Diop

Mouhamadou Mbodj

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numéro 182 • mardi 17 janvier 2012

SOCIÉTÉSOCIÉTÉ page 5

FATOU SY

L es accusés et les victimesne sont pas traités sur lemême pied. C’est l’avis de

l’avocat général El Hadj GormackTall. Pour ce magistrat, les accuséssont mieux traités que les victimeset ayants-droit laissés souvent enrade par la justice. Nombreuses, eneffet, sont les victimes qui ne com-paraissent pas devant la Cour d’as-sises. Pour quelle raison ? Quoiqu’il en soit, l’avocat a relevé avecdésolation dans son discours: “Lesaccusés ont attendu longtemps cejour pour être jugés. Les victimeségalement qui espèrent obtenirgain de cause mais malheureuse-ment, tous les regards sont jetéssur l’accusé qui bénéficie même dela commission d’office dès sa pre-mière comparution alors qu’il n’y aaucune disposition pour les ayants-droit et victimes”. Pour soutenir sespropos, il a argué : “À titre d’exem-ple, quand vous avez démarré cette

session ce matin, il y a eu l’appeldes accusés et non des victimes”.Et d’ajouter : “Cet appel des vic-times devait se faire ne serait-ceque pour le parallélisme desformes, surtout qu’il faut maintenirl’équilibre de la justice”. Ainsi,pour parer à cette défaillance de laloi, le magistrat suggère la mise enplace d’une structure d’accueil etd’orientation des victimes.“L’existence de cette structure estimportante”, a souligné l’avocatgénéral non sans citer l’exemple dela France qui dispose d’un bureaud’accueil et d’orientation des vic-times. Car, a-t-il expliqué, “au-delàde l’assistance judiciaire, la vic-time a besoin d’assistance psycho-logique”. Sur un autre volet, l’avocat général

a salué le fait que les accusés n’aientpas fait l’objet de longue détentionprovisoire comme c’est souvent lecas. “12 personnes sont en détentiondepuis 2007, 13 depuis 2008 et 16depuis 2009”, a-t-il précisé tout ensoulignant que la justice a fait uneffort. Un effort insuffisant aux yeuxde Me Massokhna Kane qui a estiméque “des efforts supplémentaires doi-vent être faits pour que les dossierssoient enrôlés dans des délais pluscourts”.

U n œil perdu (pour AlassaneGuèye) suite à des sévices cor-porels ; près de cinq ans de pri-

vation de liberté. Voici le préjudice subipar les accusés avant d’être condamnéshier, par la Cour à une peine inférieure àleur détention provisoire. Car, dans sondélibéré, la Cour a disqualifié les faits devol en réunion avec usage d’armes repro-chés à Assane Yabaré dit Assane Sadio etAlassane Guèye alias Boy Poulo en vol enréunion. Ils ont écopé de trois ans fermetandis que Mama Diagne, coupable devol en réunion, accusé de tentative de volcommis avec usage de violence, a écopéde deux ans ferme. Ils ont été tous acquit-tés d’association de malfaiteurs. Maiségalement, ils ont contesté avoir agressé,les 14 et 17 avril 2007, le chauffeurMamadou Gaye et le médecin colonel desEaux et forêts, Cheikh Dieng. Celui-ci,atteint à la tête et à l’avant-bras, télépho-nait devant son domicile à Pikine Djidah2. Les agresseurs armés de machette ontblessé au dos et au bras le chauffeuravant d’emporter son téléphone portablequ’ils ont vendu à 19.000 francs. C’estde là que tout est parti car Mama Diagne

s’est emparé de l’argent du butin. Cepen-dant à la barre, ils ont déclaré avoir ont étéarrêtés à la suite de bagarre. “Un jour, jefrappais ma copine qui avait injurié mamère et Alassane Guèye est intervenu”, asoutenu Mama Diagne. Arrêté trois moisaprès les faits, Assane Yabaré a égale-ment déclaré : “Un jour, j’ai renversé leverre de bière de Mama Diagne et ons’est violemment bagarré dans le bar etAlassane Guèye nous a séparés”. Etd’ajouter à l’image de ses co-accusés,que les aveux mentionnés dans le pro-cès-verbal sont extorqués. “C’est àcause des tortures que j’ai avoué. Lespoliciers m’ont accroché et m’ontfrappé avec un gourdin tout en m’élec-trocutant”, a expliqué Alassane Guèyequi serait devenu borgne à cause dessupplices. L’avocat général a requissept ans de travaux forcés contre lesaccusés. La défense a plaidé l’acquit-tement en dénonçant l’absence depreuve. “Ces accusés sont victimes dudélit de faciès car ils consomment tousde l’alcool et sont issus de milieu défa-vorisé”, a laissé entendre MeMassokhna Kane.

PREMIÈRE SESSION DE LA COUR D’ASSISES 2012La cérémonie d’ouverture de la première session 2012 de la Cour d’assises de Dakar a été une occasion pour l’avocat général de déplorer l’absence d’assistance des victimes et ayants-droit.C’est pourquoi, El Hadj Gormack Tall a proposé la mise sur pied d’une structure d’accueilet d’assistance des victimes.

Patte blanche, crocs de loup

C’est au bout de moult retards que les trois accusés se sont présentés hierà la barre. Bien qu’on les ait attendus toute la matinée, le public n’en apas eu pour son argent puisqu'Assane “Sadio” Yabare, Mama Diagne et

Alassane Barry dit “Boy Poulo” n’ont, pour ainsi dire, rien d’exceptionnel. Des accu-sés, à première vue, remarquablement ordinaires pour une affaire qui, elle non plus,n’avait rien d’extra. Voilà donc le menu servi lors de cette première journée desAssises 2012. On en baillerait, si ce n’était le respect dû à cette haute instance et ausort des accusés pris dans l’engrenage de la justice…

Pour en revenir à ceux qui ont tant voulu montrer patte blanche aux magistratspour ainsi échapper au couperet de la justice, ils étaient tous les trois accusés d’asso-ciation de malfaiteurs, vol en réunion avec violence et usage d’armes blanches.Difficile, c’est sûr, de les prendre pour des agneaux, ces loups qui ont montré leurscrocs à plus d’une occasion, terrorisant les habitants du quartier de Djeddah 2, àPikine. Âgés respectivement de 27, 36 et 22 ans, les accusés entendus à la barre, hiermatin, semblent tous avoir eu une enfance pauvre mais équilibrée. Avec la présencede leurs parents à leurs côtés. Si seulement deux d’entre eux ont été à l’école, avec unautre plus instruit qui n’est allé que jusqu’en 5e secondaire, tous sont en pleine pos-session de leurs moyens. S’exprimant de manière cohérente et ne souffrant d’aucunemaladie physique ou mentale. L’enquête de personnalité a relevé, quant à elle, unpenchant certain pour l’alcool chez chacun d’entre eux et un comportement belli-queux qui a déjà valu à “Sadio” Yabaré et à son compère, Mama Diagne, de faire dela prison pour coups et blessures volontaires avec, respectivement, des peines de 5 anset de 6 mois… L’un des accusés porte même sur son visage de larges lacérations faitesà l’arme blanche. A l’en croire, un cadeau de l’un ses complices lors d’un règlement decomptes les ayant opposés peu avant leur arrestation par les forces de la police.

Malintentionnés, peut-être, mais honnêtes. Puisqu’aucun des prévenus n’a niéavoir commis les faits reprochés… En cela réside, peut-être, leur trait le plus remar-quable. Des miettes dont on doit se contenter en attendant la suite des procès quisera, on l’espère, plus excitante…

MOT DU JOUR

“De la Rigueur”C’est très expressément que Me

Massokhna Kane, le représentantdu bâtonnier, a demandé aux jugesde faire preuve de “rigueur” lors decette 1ère session d’assises de l’an-née. Le mot était d’ailleurs surtoutes les lèvres, celles des avocatscomme celles des juges, alors que sesont présentés à la barre lesquelques quarante-six accusésdevant être jugés durant ces deuxprochaines semaines. Avec une plé-thore pareille, où l’on retrouve unefoison de nationalités différentes etune variété de délits, c’est évidentqu’il va falloir énormément de“rigueur” aux magistrats.Souhaitons-leur le courage néces-saire pour appliquer la loi demanière impartiale. Car c’est seule-ment de là que découle la justice

S.BENGELOUN

Le manque d’assistance aux victimes fustigé

PROFIL DES ACCUSÉS

B ien que prévue pour 9h tapantes, ce n’est qu’à 12h26 quela cérémonie d’ouverture de cette 1ère session d’assises del’année 2012 a commencé. Les juges, sentant la langueur,

que disons-nous, la torpeur qui avait envahi la salle, ont expédié lacérémonie d’ouverture pour aller, en 4ème vitesse, vers… une sus-pension de 20 minutes qui, en vérité, a frôlé la demi-heure. C’est direle courage des badauds et journalistes, venus assister à l’applicationde la justice. Café et autres excitants coulaient à flots. Mais les yeuxpeinaient à rester ouverts. C’est sûr que, quand lors de la cérémonied’ouverture, le représentant du bâtonnier a plaidé pour une tenueplus régulière et rapide des procès, nombre de gens n’ont pu s’empê-cher, dans l’intimité de leur esprit, d’ajouter “et rapidité d’exécution”à ses vœux. Pour revenir à une note plus sérieuse, avocats et juges ont émis,

pour cette 1ère session de l’année, le vœu unanime d’une applicationimpartiale et rigoureuse des verdicts. Un bonne résolution quand onsait que ce ne sont pas moins de 46 accusés, dont de nombreuxétrangers, qui vont donc, lors de 18 affaires, être fixés sur leur sortpendant ces 10 jours d’assises…

AMBIANCE

Ça tire en longueur…

APRÈS 5 ANS DE DÉTENTION PRÉVENTIVE

Les 3 agresseurs condamnés à 2 et 3 ansferme recouvrent la libertén détention provisoire depuis 2007 pour agression, Assane Yabaré, Alassane Guèye et Mama Diagne ont recouvré hier la liberté, après avoir été condamnés par la Cour d’assises de Dakar à deux et trois ans ferme.

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HUBERT SAGNA (Correspondant à Ziguinchor)

L es faits remontent au 04décembre 2006 aux environsde 21 heures. Les éléments

de la Brigade mixte de la gendarme-rie de Ziguinchor sont informés d’unbraquage opéré sur la route reliantladite ville au Cap-Skirring et les mal-faiteurs interpellés à Brin sontconduits à la base militaire deNyassia. Victime de l’attaque,Abdoulaye Faye qui revenait d’unelivraison au Cap-Skirring est obligépar la bande de malfaiteurs de s’arrê-ter à hauteur du village de Brin.Ayant obtempéré, ces derniers,armés de fusils, lui intiment, demême que son apprenti, l’ordre deleur remettre les sacs qu’ils transpor-taient et qui contenaient dessommes d’argent d’un montant de685.OOO francs, sans quoi, ilsallaient les tuer. Leur forfait accompli, ils dispa-

raissent dans la forêt avant de seréfugier au domicile de FrédérickSagna où Bassène avait une cham-

bre. Mais la battue organisée par lesmilitaires basés à Brin permit d’ap-préhender les nommés JosephNyafouna, El Hadji Amadou Bassèneet Frédéric Sagna dans le village voi-sin de Djibonker. Interpellés et inter-rogés, ils reconnaissent les faits quileur sont reprochés. Les rechercheseffectuées sur place permirent deretrouver les deux sacs volés ainsique des pellicules dans l’une deschambres occupées par les deuxpremiers nommés. Se disant à l’ori-gine de toute l’histoire, JosephNyafouna a expliqué que depuisqu’il a quitté le maquis et remis sonarme aux autorités sénégalaises, iln’a cessé d’être harcelé par sesanciens compagnons qui lui récla-ment l’arme. C’est ainsi que crai-gnant pour sa vie, il a, avec l’aide deson ami Amadou Bassène, ourdi unplan de braquage pour se procurerde l’argent afin de se rendre à Bissauet acheter une arme pour la rendreau maquis. Amadou Bassène a ensuite expli-

qué que Frédérick Sagna ignoraittout de l’opération. Ce qui a été

confirmé par ce dernier qui préciseque ce jour-là, de retour de son tra-vail, il n’avait pas trouvé Bassène.Parti se coucher aussitôt, c’est tarddans la nuit qu’il avait été réveillé parles militaires qui avaient déjà fini deprocéder à l’arrestation de Bassèneet de Joseph Nyafouna. A toutes lesétapes de la procédure, comme à labarre, hier, les inculpés JosephNyafouna et El Hadji AmadouBassène ont avoué, de manière cir-constanciée, qu’après s’être concer-tés, ils se sont armés d’un fusilKalachnikov et se sont attaqués auvéhicule conduit par Abdoulaye Fayequi, sous la menace de leur arme,leur a laissé l'argent. Les enquêtes depersonnalité effectuées ont été assezfavorables aux accusés. L’inculpé El hadji Amadou

Bassène, qui a été à l’école jusqu’enclasse de CM2, est décrit commeétant calme, discret, réservé, braveet responsable. L’enquête a égale-ment révélé qu’en dépit d’une parti-cipation avérée à la rébellion, il avaitchangé positivement, ne fumant nine se droguant, et n’avait de pro-

blèmes avec personne. Pourquoijustement n’a-t-il pas rendu l’armecomme l’a fait Joseph ? A cettequestion, il a répondu qu’il attendaitque le processus de restitution sedéclenche comme ce fut le cas deJoseph Nyafouna. De même, en cequi concerne Joseph Nyafouna, quiavait abandonné ses études aprèsl’obtention du CEFE, l’enquête depersonnalité a révélé qu’il est dis-cret, respectueux et travailleur.Bénéficiaire d’un prêt suite à sadécision de quitter le maquis, ils’était investi dans un projet qui,malheureusement, a fait faillite.L’avocat général a, dans son réqui-

sitoire, relevé qu’en ce qui concerneEl Hadji Amadou Bassène à quiappartient l’arme, il y a un sérieuxdoute quand il soutient avoir quitté lemaquis.Contrairement à Joseph Nyafouna

qui, lui, a quitté la rébellion et amême déposé son arme à la gendar-merie mais, a souligné Djibril Ba,s’est recyclé dans le grand bandi-tisme comme on le voit tous lesjours sur les routes de la région oùles gens sont braqués parfois pardes gens qui ne sont pas dans lemaquis. Selon Djibril Ba, les faitsqui leur sont reprochés sontconstants et ne souffrent d’aucundoute. Par conséquent, il ademandé à la Cour de retenir tousles chefs d’accusation retenuscontre eux et de les reconnaître cou-pables de vols en réunion avec portd’armes véritables et usage demenaces. Pour cela, il a requis à laCour de les condamner à 2O ans detravaux forcés. La défense, assuréepar Maître Kaoussou Kaba Bodian,

s’est appesantie sur l’enquête depersonnalité et mieux, sur leur déci-sion courageuse de rompre avec larevendication indépendantiste.Selon Me Bodian, ses clients étaienttous les deux, le jour de leur forfait(braquage), dans un “état de néces-sité”. Joseph Nyafouna avait une“contrainte morale”, celle de resti-tuer au maquis l’arme qu’il a dépo-sée à la gendarmerie afin d’échap-per aux représailles de ses ancienscompagnons de lutte. Et la “solutionqui s’offrait à lui était le braquage.”La défense a insisté sur la bonne foides accusés qui, selon elle, se sont“repentis” et a récusé la thèse déve-loppée par l’avocat général selonlaquelle Amadou Bassène etnotamment Joseph Nyafouna sesont recyclés dans le “banditismede grand chemin”. Me Bodian ademandé à la Cour d’acquitter, aubénéfice du doute, ses clients.Subsidiairement, de leur accorderdes circonstances atténuantes dufait de l’âge (mineur) à partir duquelils ont intégré le maquis. Il ademandé à la Cour de les considérercomme des “délinquants mineurs”qui se sont “repentis” et de leur“appliquer une peine douce”. Ou deretenir une peine qui correspond auxannées qu’ils ont passées à la déten-tion préventive. Les accusés, aprèsavoir “regretté” leur acte, ontdemandé à leur tour la “clémencede la Cour”.Mis sous mandat de dépôt depuis

le 08 décembre 2006, la Cour les areconnus coupables des faits qui leursont reprochés et les a condamnés àdix ans de travaux forcés. Ils reste-ront encore cinq ans en prison

numéro 182 • mardi 17 janvier 2012

CMJN

page 6SOCIÉTÉSOCIÉTÉVOL EN REUNION AVEC PORT D’ARMES ET USAGE DE MENACESLa première affaire inscrite au Rôle de la Cour d’Assises de Ziguinchor, session 2012, a étévidée, hier. Reconnus coupables des faits à eux reprochés, les accusés Joseph Nyafouna et El Hadji Amadou Bassène, tous ex-combattants du Mouvement des Forces Démocratiquesde Casamance (MFDC), ont été condamnés à dix ans de travaux forcés.

2 ex-combattants du Mfdc prennent 10 ans

NDÈYE FATOU NIANG (Correspondante àThiès)

A Keur Demba Ly, un villagesitué dans la communautérurale de Notto Gouye

Diama, on ne parle que du viol de lajeune fille A. K. par son cousin AmarSow. D'ailleurs, la grossesse qui s’enest suivie est arrivée à son terme. A.K, visiblement affectée, témoignemalgré la faiblesse de sa voix : “Moncousin m’appelait souvent quand jejouais avec mes copines, il m’emme-nait dans sa chambre et me forçait àcoucher avec lui”. La mère de la fille,Fatoumata Sow, très en colère, s'estdit écœurée quand elle a vu le ventrede sa fille ballonné : “J’ai appris lanouvelle comme les autres. J’ai vuson ventre gonflé, je lui ai demandéet elle m’a dit que c’est son cousin

Amar qui en est le responsable, vousvous rendez compte ! Elle n’a que 13ans !” Interpellé Amar a nié les faitset a même refusé de coopérer. Lafamille impuissante avait décidé,malgré tout, de veiller sur la petite A.K. qui a souffert de sa grossesse neufmois durant. Après une crise, lapetite fille a été évacuée au dispen-saire de Notto. Puis au centre desanté de Tivaouane. Et finalement àl’hôpital Amadou Sakhir Ndiéguènede Thiès. Opérée, elle a mis aumonde un bébé qu’elle a de la peineà allaiter à cause de la petitesse deses seins. Sa mère explique : “Je suisobligée d’extraire le lait de ses seinspour allaiter son enfant”. La familleKa s’en remet à Dieu et souhaitecependant que son cousin Amar Sowreconnaisse les faits et prenne sesresponsabilités

UNE FILLE DE 13 ANS VIOLÉE ACCOUCHE À NOTTO GOUYE DIAMA

“Je suis obligée d’allaiterson enfant”, dit sa mèreA. K, une fille de 13 ans a accouché après avoir , été violée à plu-sieurs reprises par son cousin Amar Sow. Ce dernier, marié etpère de 2 enfants, a nié les faits.

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CMJN

numéro 182 • mardi 17 janvier 2012

page 7SOCIÉTÉSOCIÉTÉ

PROPOS RECUEILLIS PAR BACHIR FOFANA

Général, vous quittez l'aéroport (un com-mandement civil) pour les sapeurs-pompiers(des militaires). Êtes-vous en terrain conquisou c'est la même chose ?Vous savez, avant, j'avais quitté le poste de

Chef d’État-major de l'armée de l'air pour meretrouver dans le civil. C’était une premièreexpérience et il a fallu m'adapter. Ce qui n'a pasété facile mais je ne dirais pas aussi que cela aété difficile. Vous savez, un emploi, ce sont descompétences. Etant donné que je suis aviateur,ceci m’a grandement facilité mon adaptation.Je ne pouvais pas dire que c'était un terrainconquis mais j'étais dans un environnement queje connaissais à peu près. Et c'est pourquoi j'aipu m'adapter. Le travail qu'on me demandait,c'était la sûreté. C'est un travail qui tend doncbeaucoup plus vers la sécurité, étant donné quela frontière entre la sûreté et la sécurité est dif-ficile à établir. C'était un travail enrichissant quim'a permis effectivement d'avoir d'autres com-pétences. Maintenant, quitter encore le milieu civil pour

me retrouver dans celui des sapeurs-pompiers,je peux dire que je reviens dans l'armée. Parceque ce sont des militaires mais qui sont mispour emploi auprès du ministre de l'Intérieur. Jene dirais pas que c'est un milieu vraimentconquis, mais je retrouve ma famille, celle mili-taire et d'autres compétences.

Vous dites que vous retrouvez en terrain pasconquis mais aussi pas inconnu. Donc,Général, quelle sera la marque ou l'empreinteque vous allez apporter à ce groupement ?Le chef n'existe que par ses hommes. Ma

contribution ne sera que celle d'un officier à quion a donné une mission qu’il compte exécuteravec la contribution de ceux qui l'entourent.Donc je compte remplir ma mission en appor-tant une certaine marque. Dans le cadre dumanagement, celui des hommes avec unevision prospective mais qui tiendra quandmême compte des directives de monemployeur, c'est-à-dire le ministère del'Intérieur qui reçoit ses instructions du prési-dent de la République. Je compte travailler enmanager, en coordinateur du travail qui seraeffectué au sein du groupement. Il faut trèsrapidement connaître l'état des lieux.

Allez-vous continuer le renforcement desmoyens humains et matériels, le déploie-ment des casernes dans les régions et dépar-tements?Oui, je serai dans cette continuité, c'est pour-

quoi je parle de mon employeur. Véritablementil y a quelque chose qui a été fait et c'est sûrque nous resterons sur cette lancée. L’essentielde ce qui a été fait sera continué, mais jecompte beaucoup plus insister véritablementsur une vraie gestion des ressources humaines.La première des choses, c’est d’apporter descorrections parce qu’aucune œuvre humainen’est parfaite. Celui qui m’a précédé a fait unexcellent travail et il faut le reconnaître. Mais jecompte faire autant ou mieux que lui.

Et pour ce qui est des hommes ?

J’aurais une préoccupation du bien-êtresocial des hommes. Quand je parle du bien-êtresocial, je veux parler des conditions de travailmais aussi des conditions de vie. Dans monordre du jour numéro 1 qui va décliner ma mis-sion prospective, je mettrai en valeur ce pré-

cepte en ajoutant, s’il y a nécessité, la transfor-mation de ce groupement comme beaucoup lepensent. Transformer ce n’est pas facile. Et pourtransformer, il faut réorganiser, gérer autrementles ressources humaines, quitter le domaine del’administration où on ne gère que les droits et

les acquis et avoir une vision beaucoup plus pro-fessionnelle des hommes. Il faut faire une ges-tion prévisionnelle des emplois et des compé-tences. Maîtriser le réel, ce sont les acquis ; ceque j’ai trouvé, il faut que je le maîtrise totale-ment et il faut que j’apporte les corrections pourpouvoir le maîtriser réellement. il y a une gestionbeaucoup plus adroite des ressources humainesmais aussi il y a un rééquipement, pas n’im-porte comment, mais un rééquipement appro-prié. Il y aura un certain retour à l’orthodoxieparce qu’il y aura une mission principale que jerésume en mission de sécurité de sauvetage. Jepense qu’il faut privilégier l’acquisition deséquipements beaucoup plus adaptés à leur mis-sion principale avant de s’attaquer aux missionssecondaires

GENERAL MOUHAMADOU MOUSTAPHA DIAWARA, COMMANDANT DU GNSPInstallé hier par le ministre de l’Intérieur Ousmane Ngom, au cours d’une cérémonie de prise de commandement, le GénéralMouhamadou Moustapha Diawara, le nouveau Commandant du Groupement national des sapeurs-pompiers, livre à EnQuête

le sens et la direction qu’il entend donner à ce service. “Il y aura un certain retour à l’orthodoxie”, dit-il, promettant de mettre“le bien-être social des hommes” au cœur de ses préoccupations.

“Il y aura un retour à l’orthodoxie”

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numéro 182 • mardi 17 janvier 2012

SERVICES & LOISIRSSERVICES & LOISIRS

Numéros UtilesSECURITEPolice secours : 17Sapeurs Pompiers : 18

TELEPHONERenseignements Annuaire :1212Service Dérangements : 1213Service Clients : 1441

EAU - SDEService dépannage & Renseignements800.00.11.11(appel gratuit)

ONASEgoûts, collecteursNUMERO ORANGE(appel gratuit)81 800.10.12

SENELECService Dépannage : 33 867.31.00

TRANSPORTSSociété nationale de Chemins de Fer du Sénégal(SNCS): 33 823.31.40Aéroport Léopold S. Senghorde Yoff : 33 869.22.01 / 02Port Autonome de Dakar(24H/24) : 33 849.45.45Heure non ouvrableCapitainerie : 33 849.79.09Pilotage : 33 849.79.07

URGENCES :S.U.M.A : 33 824 24 18SUMA-MEDECIN : 33 864 05 6133 824 60 30S.O.S MEDECINS : 33 889 15 15

HOPITAUXPrincipal : 33 839.50.50Le Dantec : 33 889.38.00Abass Ndao : 33 849.78.00Fann : 33 869.18.18HOGGY (ex-CTO) : 33 827.74.6833 825.08.19

Humour

Le lendemaind’un incendiequi a ravagé leur maison, une mère et son fils viennentconstater les dégâts :- Maman, c'est vrai que la maison a brûlé ?- Oui, mon chéri.- Maman, c'estvrai que grand-mère a brûlé avecla maison ?- Oui, mon chéri.- Maman, pourquoi ça sent le caramel ?- Mon chéri, tu sais bien quegrand-mère avaitdu diabète...

MOTS FLÉCHÉS • N°181 (FORCE 2)

MOTS MELÉS • N°179

SUDOKU N°178

Bon Sens

“Pour être hanté, nul besoinde chambre, nul besoin demaison, le cerveau regorge de corridors plus tortueux les uns que les autres.”Emily Dickinson,Poète américain

“Le destin ne se satisfait pasd'infliger un seule calamité.”Publilius Syrus,Penseur romain

Cita

tions

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SERVICES & LOISIRSSERVICES & LOISIRS page 9

numéro 182 • mardi 17 janvier 2012

Horoscope

Solutions

MOTS FLÉCHÉS • N°180 (FORCE 2) MOTS FLÉCHÉS • N° 178 (FORCE 3)

MOTS FLÉCHÉS • N°179 (FORCE 3)

BélierN'oubliez pas que vous avez faitune promesse osée à quelqu'unque vous aimez bien. Une date im-portante très proche risque de vousréunir. Il est urgent de soignervotre forme et votre moral si vousne voulez pas passer à côté debelles émotions.

TaureauOn pourrait vous faire une proposi-tion intéressante qui vous convien-dra et qui pourrait bien vousconduire vers un beau succès d'ar-gent. Vous recevez d'importantesnouvelles qui vous conduisent defaçon inattendue à une solution fi-nancière.

GémeauxIl vous faudra dégager des prioritésdans un domaine qui vous tientparticulièrement à cœur. Essayezde voir les choses avec plus de réa-lisme. Une opportunité de dernièreminute va bien arranger vos af-faires.

CancerVotre énergie est débordante pourtoutes sortes d'activités y comprisdans les affaires. Une rencontreimportante lors d'une réunion im-prévue va éveiller votre curiosité etvotre imagination.

LionVous donnez suite à une nouvelleinvitation qui vous intéresse auplus haut point. Celle-ci vous sem-blera correspondre mieux à vos dé-sirs. Une belle aventure pourraitbien démarrer à l'issue de cet en-tretien. Gardez quand même la têtefroide.

ViergeSi vous sentez que vous perdez pa-tience, essayez de ne pas le mon-trer. Reprenez et gardez le contrôlede vous-même en respirant profon-dément face à l'événement et vousn'aurez plus ce sentiment de frus-tration et la chance vous sourira.

BalanceFaites en sorte de bien conduirevotre barque. La prochaine propo-sition subtile que l'on vous ferarisque de vous charmer. Mais cesera pour vous une lourde décisionà prendre. N'agissez pas à la lé-gère, les jours qui viennent vouspermettent la prudence.

ScorpionVotre environnement vous rend unpeu tendu et nerveux mais lachance vous sourit aussi bien dansles situations financières difficilesque dans la vie affective et senti-mentale. Essayez de penser quevous êtes sur la bonne orbite et quevous êtes lancé pour réussir.

SagittaireAvec votre forme physique, vousaurez le pouvoir de gagner une cer-taine indépendance. Si seulementvous vouliez prendre quelquesrisques supplémentaires tout voussemblerait infiniment mieux. Laréussite est toute proche de vous.

CapricorneVous saurez préserver malgré tout unmoral un peu endormi. Une diversionbienvenue vous conduit à réfléchirsur votre sort. Vous pensez pouvoirréaliser des prouesses dans une af-faire qui vous séduit malgré les diffi-cultés qu'elle semble présenter.

VerseauVotre forme physique entrainera unecertaine sérénité utile dans ce quevous aimeriez commencer. Laissezde côté vos angoisses qui vous em-pêchent parfois de réussir là où iln'y a pas tant de difficultés à sur-monter. Vous pouvez avoir confianceen la vie qui vous apportera du bon.

PoissonsSaisissez la belle occasion qui vase présenter à vous. Attendez-vousà connaître de bonnes relationsavec une personne proche de vous.Vous n'aurez pas la déception pres-sentie. C'est le moment d'essayerde faire bouger les choses.

Vous avez sûrement déjà joué aux jeux de lo-gique Sudoku ou au Karuko, alors découvrez lejeu de réflexion Hanjie. Une fois la grille deHanjie terminée, vous découvrirez un dessinformé par les cases noircies. Le but consiste àretrouver les cases noires dans chaque grille.Les chiffres donnés sur le côté et en haut de lagrille vous donnent des indices : ils indiquentla taille des blocs de cases noires de la ligneou de la colonne sur laquelle ils se trouvent.

Par exemple 3,4 à gauche d'une ligne indiquequ'il y a, de gauche à droite, un bloc de 3 casesnoires puis un bloc de 4 cases noires sur cetteligne. ATTENTION, ces deux blocs ne peuventpas se toucher, ils sont séparés par au moins unecase blanche. En combinant les informations deslignes et des colonnes, vous verrez qu'il n'y aqu'une répartition possible pour les cases noires.

HANJIE N°178MOTS MELÉS • N°178 HANJIE N°177

SUDOKU N°177

PETIT RONGEUR D’EURASIE

HEURES DE MESSE• Cathédrale : 7H• Martyrs de l'Ouganda : 6H30-18H30• Saint Joseph : 6h30 - 18h30z

HEURES DE PRIERES MUSULMANES• Fadiar : 06:27• Tisbar : 14:15• Takussan : 17:15• Timis : 19:04• Guéwé : 20:04

Prières

LEMMING

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ECO/SOCIAL

numéro 182 • mardi 17 janvier 2012

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VIVIANE DIATTA

L e combat est engagé ; leCadre unitaire syndical desenseignants du moyen et du

secondaire (CUSEMS) se radicaliseavec son 7e plan d'action quidevrait déboucher, si le gouverne-ment ne prend pas le taureau parles cornes, sur une année blanche.En conférence de presse hier, leCUSEMS a dénoncé l'iniquité et ladiscrimination dont l'Etat fait mon-tre à l'endroit des professeurs, lachute vertigineuse de leur pouvoird'achat et la dégradation de leursconditions de vie et de travail. Cequi serait la conséquence du lan-gage de sourds avec les autoritésqui ont jusque-là refusé de prêterattention à leurs revendications,ce, malgré les nombreux courriersqui leur ont été adressés dans cesens. Toutes choses qui font que

Mamadou Mbodj et ses camaradesn’excluent pas d’arriver à uneannée blanche. “Si le gouverne-ment ne règle pas la situation dansun bref délai, nous allons directe-ment à une année blanche. Et sur-tout, qu'il n'y ait pas de discrimina-tion”, a prévenu Dame Mbodj, leChargé des revendications duCUSEMS. Les syndicalistes n'en-

tendent lâcher du lest que lorsquele chef de l'Etat sénégalais se déci-dera à régler définitivement cettecrise qui risque de paralyser le sec-teur. “La grève est la dernière armeque nous utilisons. Si rien n'estfait, le gouvernement endossera lesconséquences d'une annéeblanche”, tonne Abdoulaye Ndoye,le porte-parole.

Le SAEMS en grève aujourd'huiMais avant d’en arriver là, le

CUSEMS déroule son 7e plan d’ac-tion à partir d’aujourd’hui mardi,avec une grève de 48 heures. “Avecce plan d'action, les professeursdes lycées et collèges entamentune grève ce mardi avant d'observerun débrayage le jeudi, suivi d'uneautre grève les vendredis et same-dis. Il sera aussi question de procé-der à la rétention de toutes lesnotes à compter de ce lundi (hier)et de boycotter les compositions dupremier semestre”, a expliquéMamadou Mbodj, le Secrétairegénéral du CUSEMS.Le Syndicat autonome de l'ensei-

gnement du moyen et du secondaire(SAEMS) annonce une grève géné-rale aujourd'hui. Selon MamadouLamine Dianté, Secrétaire généraledu Saemss-Cusems, le déroulement

du plan d'action a démarré hier avecun débrayage. “Nous irons en grèvetotale demain (aujourd'hui). Lesecrétariat permanent est dans l'at-tente des propositions issues des AGd'établissement qui vont sûrementprovoquer un plan d'action pluscorsé, car les instances de base duSaemss-Cusems sont plus quejamais sur des positions de lutte”, a-t-il précisé. Et d'ajouter : “L’attitudeirrespectueuse du gouvernement àl’égard des enseignants ne nouslaisse aucun autre choix que d’enga-ger la lutte. Elle sera farouche carnous la mènerons à la dimension dela provocation dont notre mouve-ment fait l’objet”, a déclaré M.Dianté.

V.DIATTA

L'ÉCOLE SÉNÉGALAISE ENCORE EN GRÈVELe Cadre unitaire syndical des enseignants du moyen et dusecondaire (CUSEMS) est sur le pied de guerre et n’exclutpas d’arriver à une année blanche. Grève de 48 heures à partir d’aujourd'hui, boycott des compositions du premiersemestre et rétention de toutes les notes sont les nouveauxjalons de leur radicalisation.

Le CUSEMS pour uneannée blanche si...

SORTIE DU CHEF DE L'ÉTAT LORS DU MAGAL DE TOUBALa récente sortie du Président Wade lors du Magal de Toubadéclarant qu'il est devenu ce qu'il est grâce à la confrériemouride de sorte qu'il ne peut mettre Touba au même piedque les autres confréries, a déclenché la colère noire de la famille tidiane de Tivaouane. Et c'est le Porte-parole du khalife général de cette famille religieuse qui est à l'avant-garde de la fronde.

Tivaouane se fâchecontre Wade

ECO/SOCIALECO/SOCIAL

ABDOULAYE DIOP SUR LALICENCE DE SUDATEL“Je ne sais quece qui est rentrédans les caisses”

E n marge d’un atelierrégional d’échanges sur lamodalité “Exécution

nationale”, le ministre del’Economie et des Finances,Abdoulaye Diop, s’est prononcésur le coût de la troisième licencetéléphonique accordée à Sudatel.Dans sa livraison d’hier,“EnQuête” a fait état d’un diffé-rentiel de 14 milliards débusquépar la Cour des comptes. Eneffet, il est déclaré au Trésorpublic que la licence accordée àSudatel a coûté 103,604 milliardsde F Cfa au lieu de 89,08 mil-liards. “Je ne sais vraiment pas.Tout ce que je sais, c’est ce qui estentré dans les caisses”. Telle est laréponse servie par AbdoulayeDiop. Ainsi, M. Diop n’a de réfé-rences que les 89,08 milliardsdéclarés au niveau du Trésor  ;donc des caisses de l’Etat.

BIGUE BOB

HUBERT SAGNA (Correspondant, Ziguinchor)

U n étudiant d’origine bis-sau-guinéenne répondantau nom de Jean Michel

Cabral est décédé, hier, au coursd’une manifestation d’étudiants àZiguinchor. L’étudiant, en 2e annéeen informatique appliquée à SudInformatique, a reçu une balle tiréepar un soldat en faction au domiciledu colonel commandant la zonemilitaire n°5, sis au quartier Escalede la capitale méridionale où lesmanifestants se sont rendus pourdéloger leurs camarades del’Institut supérieur de managementsitué tout près. Le militaire, aprèssommation, a ouvert le feu sur lesgrévistes qui refusaient d’obtempé-rer à ses injonctions. L’incident aeu lieu dans la matinée vers 10

heures. Blessé, il a été évacué àl’hôpital régional de Ziguinchor où ila succombé suite à ses blessures.Une vendeuse de café répondant aunom de Bineta Ba a aussi été légè-rement touchée par une balle. Ellea été aussitôt évacuée à l’hôpitalSilence de Ziguinchor où elle a reçules premiers soins.Il faut souligner que depuis

quelques jours, les élèves et étu-diants de la capitale sud du paysobservent un mouvement de grèvepour réclamer, entre autres, le paie-ment des arriérés de bourses, larevue en hausse du nombre de pro-fesseurs, la finition des travaux dela Faculté de médecine et l’orienta-tion de près de 200 nouveauxbacheliers. Les étudiants avaientdécrété, hier, 48 heures non renou-velables. Mais avec cet incident, les

choses risquent de s’envenimercomme le confirme Ibrahima Ba, leporte-parole des Etudiants. “Unplan d’action se prépare. On ne res-tera pas les mains croisées”, ful-mine-t-il

ASSANE MBAYE

L a déclaration du présidentde la République, MeAbdoulaye Wade, à l'occa-

sion de la 117e édition du Magal deTouba continue à fâcher au niveaude la famille Sy de Tivaouane. LePrésident Wade a déclaré, lors deson Magal à Touba, capitale reli-gieuse du mouridisme, que lorsqu'ila décidé de prendre un décret pourfaire du Magal, journée chômée etpayée, il aurait reçu les félicitationsd'Abdoul Aziz Sy, Porte-parole dukhalife général des Tidianes. Un denos interlocuteurs de déclarer, que''le fait que Wade ait cité le nom deJunior, comme ayant cautionnél'initiative de faire de la journée duMagal, jour férié, ne correspondaucunement à la réalité. Junior nel'a jamais dit à Wade'', dément-onfermement au sein de cette famillereligieuse.Selon, des sources proches de la

famille du Khalife des Tidianes,Serigne Mansour Sy, le Porte-parolede la famille tidiane est entré dansune colère noire après cette sortiedu chef de l'Etat, à la veille duMagal de Touba. Il s'en est d'ail-leurs confié à des proches pour leurdire toute la déception qu'il a res-sentie après la déclaration duPrésident Wade. ''Non pas principa-lement à cause des propos duPrésident Wade sur son apparte-nance confrérique - chose qui n'est

un secret pour personne -, mais àcause de la convocation de SerigneAbdoul Aziz Sy comme témoin''.Pourquoi donc le Président Wade aconvoqué le Porte-parole desTidianes dans ce débat ? Mystère etboule de gomme. En tout cas,l'onde de choc de ce malaisedépasse l'univers familial. Toutesles fractions, même éclatées decette famille, se sont senties frus-trées. Et ''tout le monde est d'avisqu'il faut rester uni devant un divi-seur comme Wade qui pense qu'endivisant, il pourra régner alors quenos deux familles (Touba etTivaouane) sont unies depuis trèslongtemps et rien ne pourra lesséparer'', assure un de nos interlo-cuteurs. En tout cas, le Président Wade

ayant eu vent de cette colère deSerigne Abdoul Aziz Sy Junior, l'ad'ailleurs reçu, en audience. Mais,selon des indiscrétions dont nousavons eu vent, l'ambiance de ceface-à-face, était ''assez élec-trique''. Junior qui avait du mal àcacher sa colère, se serait vu pro-mettre lors de cette rencontre, uneenveloppe lourde de 4 milliards defrancs Cfa, pour les besoins duGamou de Tivaouane. Wade diraque des instructions auraient d'ail-leurs été données pour que leministre de l'Economie et desFinances, Abdoulaye Diop, suiveces instructions présidentiellespour une bonne organisation duGamou. Evénement qui, d'ailleurs,se tiendra dans un contexte émi-nemment électoral, parce qu'ayantlieu le jour même du démarrage dela campagne électorale en vue de laprésidentielle du 27 février 2012,c'est-à-dire le 5 février prochain.Mais Wade, manifestement, n'a pasréussi à apaiser la frustration duPorte-parole des Tidianes. Enatteste, toujours d'après nossources, la réponse de Junior qui luiaurait servi : ''Xaalis amul solo, yëgnit, moo am solo'' '(l'argent importepeu, la considération est au-dessusde tout). Mieux, le Porte-parole dela famille tidiane aurait confié à unde ses proches, dans le cadre d'unerencontre familiale, que ''Tivaouanene soutiendra personne à l'électionprésidentielle de février 2012''.

…À Ziguinchor, un étudiant tué par balle

Amadou Tidiane Ba, ministre de l’Enseignement supérieur

Serigne Mansour SyKhalife général des Tidianes

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numéro 182 • mardi 17 janvier 2012

ECO/SOCIAL page 11SPORTSSPORTS

MAMADOU LAMINE SANÉ

Il n'a pas la renommée d'un MamadouNiang, Demba Ba, Moussa Sow ouencore Papiss Demba Cissé en équipenationale. Mais au fil des matches, Moha-med Diamé est en train de se faire unnom et d'éclipser petit à petit tout ce beaumonde de vedettes. Au sortir des deuxvictoires étriquées (1-0) et trèslaborieuses des Lions, contre le Soudanet le Kenya en amical, le jeune milieu deterrain de 24 ans était l'une des raressatisfactions avant le départ pour laCoupe d'Afrique des Nations (Can) 2012qui s'ouvre ce samedi en Guinée Équato-riale et au Gabon. Dans un jeu “lent et enmanque d’accélérateur” comme l’asignalé le coach Kényan, James Nandwa,l'ancien milieu de terrain du Racing clubde Lens (L 2, France) est venu balayer leshuées du public sénégalais, très en colèreaprès une première période catastro-phique. Tel Prométhée, le dieu de la créa-tion et de l’innovation, Mohamed Diaméa éclairé le jeu sénégalais à son entrée endeuxième mi-temps. Avec un nouveaustyle en sélection, le joueur de Wigan(Premier League, Angleterre) a changé ladonne et éveillé le public du stadeLéopold Sédar Senghor. Il a été le premierinstigateur des attaques sénégalaises eta su, avec l'aide de Souleymane Camara,désorganiser le bloc kényan, bienregroupé dans sa moitié de terrain. Unpeu comme contre le Soudan jeudi oùDiamé a tenté d'amorcer les attaques pla-cées. Positionné en milieu récupérateurface aux “Crocodiles du Nil”, le natif deCréteil (France) a pu imposer sa masseathlétique avec ses 81kg et son fightingspirit devant des soudanais agressifs.

Une solution offensiveDimanche dernier, Mohamed Diamé

a peut-être réalisé l'une de ses meilleuresprestations depuis qu'il est arrivé ensélection en juin 2011. Meilleur Séné-galais au sortir des deux derniersmatches, l'ex-joueur du Rayo Vallecano(Liga, Espagne) a su sortir son épingledu jeu au sein d'un collectif enmanque d'inspiration. Bagarreur à

l'anglaise, ce joueur doté d’une vistaet d’une capacité de passe hors normea séduit tout le monde devant les“Harambee stars” du Kenya. Pendantce match, Diamé, connu commemilieu relayeur en sélection, se posi-tionne comme une solution sûre à l'or-ganisation offensive des Lions. Et lestaff technique a certainement prisbonne note pour la Can.

KHADY FAYE

“J e suis aujourd'huidégoûté par le milieu etl'entourage de la lutte”,

clame Gaston Mbengue. Des motsqui montrent que rien ne va pour cepromoteur de lutte cette saison.Connu pour sa capacité à décrocherles grands chocs de l'arène, GastonMbengue a vu les plus grandesaffiches de luttes de la saison luifiler entre les doigts : Balla Gaye 2/Yékini, Modou Lô/Eumeu Sène,Bombardier/Tapha Tine, entreautres... Certes, il se console avecle combat Eumeu Sène/Lac de

Guiers 2, mais son rival de tous lesjours, Luc Nicolaï, semble lui avoirdamé le pion. En plus, le “DonKing” de l'arène n'a plus le mono-pôle du grand sponsor Orange. Il lepartage désormais avec le promo-teur de la Petite Côte. “Je sais quije suis et où je vais”, fait savoir, aubout du fil, un Gaston Mbengueaffecté et en proie à quelques diffi-cultés qu'il refuse néanmoins d'ad-mettre. Mais il est confronté à l'af-faire Ness/Baboye. Deux lutteursqui se disent prêts à le traduire enjustice pour récupérer leur reliquat,après leur combat avorté du 11décembre dernier. Un conflit latent

qui vient s'ajouter aux rumeurs d'uncombat commun Luc Nicolaï et lanouvelle structure Wwr de la 2stvcontre Gaston Mbengue. “Ils sonttrop petits pour me faire tomber,soutient le Lougatois. Je suis leurmaître, je ne cesserai jamais de ledire. Il y a au Sénégal des gensmalsains et très méchants”.Le promoteur fait actuellement

dans le social, en organisant uncombat de lutte dont les fondsseront versés à la quatrième – laclasse de sa fille - des CoursSainte-Marie de Hann qui doiventfaire un voyage d'étude auCanada.

Les Ivoiriens confirmentQuatre jours après sa victoire (2-0) face à la Tunisie, la Côte d'Ivoire a bissé contrela Libye, lundi à Abu Dhabi (1-0), en match de préparation à la CAN (21 janvier-12 février). Le seul but de la rencontre a été inscrit à l'heure de jeu par SalomonKalou, déjà décisif contre les Aigles de Carthage, vendredi. L'attaquant de Chelseaa surgi entre deux défenseurs libyens pour pousser au fond un centre d'Igor Lolo, ledéfenseur du FC Kuban (D1 russe). La sélection dirigée par François Zahoui débu-tera dimanche contre le Soudan à Malabo (Guinée Équatoriale).

Le Gabon ne marque toujours pasUn ballon de Daniel Cousin repoussé sur la ligne (40e), un tir à bout portant deFabrice Do Marcolino contré par le gardien (69e)... Malgré les meilleures occasions,le Gabon a dû se contenter d'un nouveau 0-0 lundi soir contre le Soudan en matchde préparation à la CAN. Le co-organisateur avait déjà concédé un nul vierge auBurkina Faso la semaine dernière. Une première un peu tristounette pour le stadede Franceville, inauguré à cette occasion dans sa version rénovée et agrandie (20 000places). Pas forcément un bon signe avant l'entrée des Panthères dans la compétitiondans une semaine contre le Niger. Et plutôt encourageant au contraire pour leSoudan qui débutera dimanche contre la Côte d'Ivoire.

Autre résultatMaroc-Grasshopper Zurich 3-1

ÉQUIPE NATIONALE DU SÉNÉGALMohamed Diamé a marqué le jeu des Lions lors de ses deux derniers matches amicaux préparatifspour la CAN. Créatif et impérial dans l’entrejeu, le joueur de Wigan s’est adjugé un nouveau statutau sein de la Tanière.

Mohamed, le nouveau Diamant

CAN – DERNIÈRE LIGNE DROITE

REVUE TOUT TERRAIN

LUTTE - GASTON MBENGUE, PROMOTEUR

“Personne ne peut me faire tomber”Doublé cette saison sur les plus grandes affiches de l'arène, Gaston Mbengue se dit dégoûté par la lutte. Mais le “Don King” se sent “plus fort “ que jamais et avertit : “Personne ne peut me faire tomber”.

AMICAUX

CHAMPIONNATS EUROPEENS

ANGLETERRE 21e JournéeMan.City a souffertManchester City, qui restait sur deuxdéfaites consécutives en Coupes, adominé Wigan (1-0), non sans mal,ce lundi soir. Les Citizens confortentleur place de leader, avec troispoints d'avance sur ManchesterUnited.

Aston Villa - Everton 1-1Blackburn - Fulham 3-1Chelsea - Sunderland 1-0Liverpool - Stoke City 0-0Manchester United - Bolton 3-0Tottenham - Wolves 1-1West Brom - Norwich 1-2Newcastle - QPR 1-0Swansea - Arsenal 3-2hierWigan – Man City

ITALIE 18e JournéeNaples dit adieu au titreEn concédant le nul face à Bolognece lundi (1-1), en clôture de la 18e

journée de Serie A, le Napoli a mis auplacard ses rêves de Scudetto. Leshommes de Walter Mazzari, sixièmesdu classement, n'ont pas su profiterdes défaites de l'AC Milan et del'Udinese dimanche, et pointent à dixlongueurs du leader, la Juventus, elleaussi contrainte au partage des pointsce week-end.

Catane - AS Rome interrompuLazio Rome - At Bergame 2-0Cesena - Novare 3-1Chievo Vérone - Palerme 1-0Fiorentina - Lecce 0-1Genoa - Udinese 3-2Juventus Turin- Cagliari 1-1Parme - Sienne 3-1AC Milan - Inter Milan 0-1hierNaples – Bologne 1-1

BARÇAAbidal prolongeSelon la presse espagnole,LaVanguardia en tête, Eric Abidal aprolongé son contrat avec le FCBarcelone. Courtisé par le PSG,Manchester City et Arsenal notam-ment, le latéral français a donc trouvéun accord avec le club catalan aprèsplusieurs mois de négociations. Ladurée du nouveau contrat n'a cepen-dant pas été précisée par LaVanguardia. Début janvier, les discus-

sions semblaient pourtant dans l'im-passe.

ARGENTINE

Maradona revient mercrediOpéré d'urgence dimanche soir pourdes calculs rénaux, Diego Maradonafera son retour à l'entraînement dèsmercredi, a annoncé Al-Wasl, leclub émirati de l'icône argentine.“Maradona va bien et est en bonnesanté. Il va se reposer une journée(mardi) avant de diriger l'entraîne-ment mercredi”, explique un com-muniqué. L'opération, qui consistaità fragmenter les calculs, s'est biendéroulée. Au point que Mardaona,51 ans, s'est remis très vite au tra-vail. Il “a insisté pour visionner lematch entre Sharjah et Bani Yas quia eu lieu hier (dimanche) afin depréparer la rencontre entre Al-Waslet Sharjah”, programmée le 23 jan-vier, a souligné son club.

REALPepe pourrait manquer le ClasicoLe Real Madrid accueillera ce mer-credi le FC Barcelone pour lecompte des 1/4 de finale aller de laCoupe du Roi. Une premièremanche que le défenseur centralmadrilène, Pepe (28 ans, 14matchs et 1 but en Liga cette sai-son) pourrait manquer en raisond'une contusion au quadricepsdroit. Le portugais ne s'est pasentraîné ce lundi et subit un traite-ment de physiothérapie pour êtreopérationnel pour cette rencontre.

HAND - EURO (H)Il n'y a plus de jokerPour la première fois depuis leMondial 1993, l'équipe de France aperdu son match d'ouverture dansune grande compétition internatio-nale. Il y a dix-neuf ans, c'est laSuisse qui avait battu les Bleus.Lundi à Novi Sad, l'Espagne, médail-lée de bronze du dernier Mondial, aeu raison des Français (29-26). Onsavait que ces derniers avaient sou-vent du mal à entrer dans un grandtournoi. On savait aussi que lesEspagnols pouvaient en profiter.Claude Onesta les avait d'ailleursestimé plus en forme que ses pro-pres joueurs. Et la première périodea été un excellent exemple de ce quela France pouvait redouter

Mohamed Diamé (n°21) face au Kenya

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numéro 182 • mardi 17 janvier 2012

CMJN

GASTON COLY

Encore une victime de Kha-lilou Fadiga. Comme tousles gauchers offensifs qui

se sont succédé dans la Tanièredepuis la retraite de l’ex-numéro10 des Lions, Ndiaye Dème

Ndiaye est jugé en comparaison des anciennes perfor-mances de Fadiga. Ce n’est pas sa faute. Il est “juste”gaucher et élégant sur un terrain comme son prédéces-seur. Mais il n’a pas encore ce soupçon de génie, cecaractère de tueur ou cette inspiration décisive dans lesgrands rendez-vous qui avaient fait de Fadiga l’enfantchéri des amoureux du beau jeu. Mais comme les Rah-mane Barry, Frédéric Mendy ou Ibrahima Diédhiou“Thiakass”, Ndiaye Dème a su susciter les attentes desinconditionnels de l'équipe nationale friands du beau jeuet d'un public sénégalais qui a cette particularité d'êtreextrêmement chauvin. Amsatou Fall, aujourd'huidirecteur technique national, déclarait ceci à propos desa venue dans la Tanière en 2009 : “Depuis longtemps,la sélection nationale a eu des difficultés à pourvoir soncôté (gauche) et dans ces matchs de préparation, il estintéressant de voir à l’œuvre un footballeur qui démarreune bonne saison en club où il réussit à faire marquer età marquer”. Ndiaye Dème au summum de son art peutêtre une pierre précieuse pour la sélection nationale.

Fadiga, l’exempleMais, le joueur est-il prêt à assu-

mer ce statut en équipe nationale? A 27 ans, l'âge de la maturitépour un joueur de football,Ndiaye Dème semble répondrepar l'affirmative. "C'est mainte-nant ou jamais", se dit-il aumoment d'étrenner sa premièresélection, en 2009 et de mar-cher sur les pas d'un certainKhalilou Fadiga, pour lequel il ditvouer respect et admiration. D'ail-leurs, la comparaison avec l'an-cien joueur d'Auxerre va de soi,tant les deux joueurs offrentdes ressemblances dans lagestuelle et la grâceinhérentesaux gau-

chers. “En équipe nationale, dit Ndiaye Dème, il (Fadiga)était mon joueur préféré. De temps en temps, je regardeses vidéos pour m'inspirer de son jeu, ses gestes tech-niques”. L'élève dépassera-t-il le maître ? Le peuplesénégalais le veut, lui se contente pour l'instant dedonner “le meilleur de (lui)-même”, même si, recon-naît-il, “le rendement n'est pas le même dans tous lesmatches”. “Mon souci, déclare-t-il, est de toujoursapporter un plus à l'équipe”. Ce plus est jusqu'iciquelques passes décisives et un but. Car, si son talentne fait pas l'ombre d'un doute, le gaucher a du mal à s'im-poser véritablement au poste de milieu excentré gaucheen équipe nationale. Après avoir démarré leséliminatoires de la Can 2012 comme titulaire, NdiayeDème s'est retrouvé en cours de chemin sur le banc avantde revenir fort lors du sprint final pour l'obtention duticket qualificatif à la grande messe du foot africain quise tiendra en Guinée Equatoriale et au Gabon.

La France pour existerNé le 6 février 1985 à Dakar (Sénégal), Ndiaye Dème

Ndiaye (dit Dème Ndiaye) s'est révélé au monde du footprofessionnel dans le club portugais d'Estrela Amadora.En 2005, il pose ses baluchons au pays d'Eusébio et deCristiano Ronaldo. Trois années plus tard, il opte pourl'Hexagone et s'en explique: “ J'ai quitté le Portugal pourrejoindre Arles-Avignon en France, un championnat plusmédiatisé que le Portugal où j'ai fait quatre ans sans êtresuffisamment connu”. Le choix est payant. Il contribue

à la montée du club et étrenne sa première convo-cation en équipe nationale.

Toutefois, le rêve tourne court. Arles-Avi-gnon est relégué après une saison parmil'élite du football français, à la suite d'unemontée historique dont Ndiaye Dèmeavait été l'un des grands artisans (36matches pour 6 buts.) Toutefois, leséjour en Ligue 1 sera désenchanteur.Ndiaye Dème en donne les raisons: “L'erreur a consisté à ne pas maintenir labase qui avait réussi à faire monterl'équipe en Ligue 1: On l'a payé cash. Là,on est retourné en ligue 2 et ça nous estresté en travers de la gorge”. Lecontrecoup est terrible. L'équipe est actuel-lement 19e de la Ligue 2. “Dans la tête, onn'est toujours pas bien”, déclarait l'interna-tional sénégalais en novembre dernier, après laqualification pour la Can. Souvent relégué sur

le banc en début de saison, NdiayeDème a fait les frais de ce difficiledébut de saison. Toutefois, l'in-ternational sénégalais en avu d'autres. “Au début dema carrière, j’ai eu des dif-ficultés,mais passagères”,révèle-t-il.

Son credo : “Seul le travail paie”. En effet, Ndiaye Dèmedébute sa carrière au Guédiawaye FC. Après deuxannées, il part à l'AS Douanes, “en petite catégoried'abord, avant de monter dans l’équipe première l’annéesuivante”. Là-bas, il est obligé de se battre pour se faireune place au soleil. “A la Douane, au début, je ne jouaispas, mais à la fin, je suis parvenu à être un pionessentiel”. Au bout de deux saisons en équipe première,il part faire des tests au Portugal et atterrit dans le clubd'Estrela Amadora.

À la Can pour franchir un capNdiaye Dème Ndiaye a besoin, pour la suite de sa car-

rière, de franchir un cap en allant dans un club plushuppé. Car, les choses se passent moins bien que prévuau sein de l'ACA. “Ici (à Arles-Avignon), dit-il, je ne peuxpas dire qu'il n'y a pas de la qualité, mais certains necomprennent pas mon jeu”. Ainsi, les convocations enéquipe nationale sont restées de véritables cures de jou-vence pour le natif de Dakar, en difficulté cette saisondans son club. "La sélection m’aide beaucoup, confiait-il de retour en club, après le 7-0 infligé à l'Île Maurice.L’entraîneur (Amara Traoré, ndlr) me fait confiance, il serepose sur moi. Sur le plan mental, c’est important dejouer et de gagner avec eux. Le Sénégal va me permettrede regagner ma place". Cette Can pourrait être pourDème Ndiaye le tremplin qui lui permettra de rejoindreune grosse cylindrée du championnat français ou desautres championnats européens. Le joueur est attendupour être l’un des leaders techniques de l'équipenationale et pourquoi pas le dépositaire du jeu des Lionssur le côté gauche (ou dans l’axe ?). Mais pour cela, il luifaudra lâcher la bride et se départir de sa réserve ou plutôtde sa timidité. Durant les éliminatoires de la Can, AmaraaTraoré, coach national, a utilisé principalement deux systèmes. Le 4-4-2 et le 4-3-3. Dans les deux configu-rations, le milieu gaucher a joué sa partition. A la Can, lesélectionneur devrait privilégier dans un premier tempsle 4-4-2, ce qui ferait de Ndiaye Dème un titulaire enpuissance. À lui de saisir sa chance qu'il évalue en cestermes: “Si tout se passe bien, dit-il, cette Can sera unepremière pour moi. On fera en sorte de montrerdavantage la valeur collective du Sénégal et individuellede ses joueurs”. Et surtout faire oublier Fadiga…

DEMAIN : LAMINE SANÉ

page 12SPORTSSPORTS LES 23 LIONS POUR LA CAN 2012 NDIAYE DÈME NDIAYE (16/23)Attendu (encore) pour être le digne successeur de Khalilou Fadiga sur le flanc gauche de l'attaque sénégalaise, Ndiaye Dème Ndiaye en a montré les dispositions, mais tarde à être le leader technique que le peuple sénégalais attend. Et si cette Can lui permettait de mettre tout le monde d’accord ?

Le nouvel héritier ?LA PREMIÈRESÉLECTION

N diaye Dème Ndiayedécouvre la sélectionnationale le 5 septembre

2009, contre l’Angola (1-1) enmême temps qu’un certain JacquesFaty. Il est la surprise de la listed'Amsatou Fall qui veut “le voir évo-luer sur un côté gauche où l’équipenationale a souvent éprouvé des dif-ficultés”. Le match se déroule auPortugal. Ndiaye y voit un signe dudestin  : “Il est certainement ditquelque part que les bonnes chosespour moi doivent commencer auPortugal”. En effet, le sociétaired'ACA sort un grand match, saluépar le technicien sénégalais. “C’étaitla grande satisfaction”, laisse-t-ilentendre à l'issue de la rencontre.Pour ce premier match avec lesLions, le milieu excentré fait étalagede sa classe. Le technicien est mêmedithyrambique à son sujet : “ Il a étéà l’origine de tous nos bons coups etsur le but, c’est lui qui a fait le centreà Mamadou Niang”. Ndiaye Dème,lui, prend un bail avec les Lions etapprécie l'accueil au sein de laTanière. “Pour ma première sélec-tion, j'ai été bien encadré par lesanciens. Ils m'ont mis tout de suitedans le bain. C’est cela aussi la forcede l'équipe, on ne peut pas distin-guer le nouveau venu des anciens”.

REPÈRES

Ndiaye Dème Ndiayené le 06 février 1985 à DakarTaille : 1m83Poids : 72 kgPoste : MilieuClubs successifs :Guédiawaye Fc ; As Douanes (1999-2005) ;Estrella Amadora, Portugal (2005-2009) ; Arles-Avignon (2009-...)