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    CHAPITRE 1 QUEST-CE QUE LCONOMIE POLITIQUE ? 3

    1

    Quest-ce quelconomie politique ?

    Dans la plupart des ouvrages dconomie politique, des considrations diverses et souvent fort longues prcdent lintroduction dune dfinition mrementpese et considre comme incontestable par son auteur. Nous prfrons ladmarche inverse : donner demble ladfinition gnralement accepte delconomie politique , et montrer ensuite quen dpit de sa rigueur, elle laissesubsister bien des incertitudes.

    La section 1.1 dveloppe le contenu de cet nonc, dun point de vue qui prsente lconomie comme une science portant sur une forme particulire du comportement humain : celle qui rsulte du phnomne de la raret. Nous lappelons la conception

    formelle de lconomie qui savre peut-tre excessivement large. La section 1.2 commente la dfinition dun autre point de vue, celui de lobjet matriel et concret de lconomie : production, distribution, consommation des biens et services. Uneconcept ion relle de lconomie est ainsi prsente dont les limites sont pourtant floues. Enfin la section 1.3 avertit ds labord de la diffrence profonde qui caractrise deux mthodologies courantes en conomie : l approche positive et l approche normative .

    Dfini tion de lconomie poli tique Les auteurs contemporains dfinissent lconomie politique comme tantla science sociale qui tudie les comportements humains devant des moyens raressollicits par des fins multiples.

    Les rflexions que suggre cet nonc se groupent autour de deux thmescomplmentaires : le comportement conomique, comme forme gnrale de touteactivit humaine, et le domaine conomique, comme champ particulier dactivit.

    1.1

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    4 INTRODUCTION

    Section 1.1La conception formelle

    1 Besoins et moyens

    Le fondement de tout raisonnement conomique se trouve dans une simpconstatation : alors que lalimitation caractrise la disponibilit des moyens, lebesoins humains sont au contraire multiples etillimits . Sans doute, laccession des niveaux successifs de richesse permet-elle de combler certains dentre mais lexprience quotidienne apprend que cette satisfaction mme saccompade lapparition de nouveaux besoins, parfois mme plus difficiles encore assouFace la limitation des moyens, linsatiabilit des besoins semble la rgle.

    De la confrontation entre ces deux faits surgit le problme de leur compatibilisi les besoins prouvs par les hommes dpassent ce que les moyens disponibleur permettent dobtenir, il est impossible de les satisfaire tous compltementfaut choisir. Pour chaque homme, des choix individuels (conscients ou nodoivent rpondre la question : quels besoins consacrer mes ressources limitet dans quelle mesure? Au plan de la socit, ce sont des choix collectifs sembl(formellement exprims ou spontanment effectus) qui dterminent qui lbiens disponibles sont attribus. De cette ncessit dconomiser les moydcoule lexistence dune science, qui puisse dire comment raliser la meillecombinaison des ressources limites pour raliser les objectifs dsirs.

    2 La raretSi les moyens ntaient pas limits, ou si les besoins ntaient pas nombreuxinsatiables, il ny aurait donc pas de problme conomique. Ceci restreint, en fle domaine des moyens qui relvent de lconomie politique : un objet sutilit pour lhomme ( dont personne na besoin) ne donne lieu aucune dsion humaine et ne saurait intervenir dans un problme de choix; de mme, uobjet en abondance telle que tous les besoins humains correspondants sont comb jusqu la satit, nest pas limit par rapport ses besoins; ds lors, la quede son affectation tel ou tel usage ne se pose pas. Pour ce type de biens, app biens libres , le calcul conomique et donc lconomiste sont inutiles.

    En revanche, et loppos,les biens conomiques sont les biens qui sont limits par rapport aux besoins.Ces biens sont appels biens rares.

    Au fait matriel de la limitation des moyens est maintenant ajoute lidde raret. Celle-ci est prise cependant dans un sens bien prcis, propre nodiscipline : en conomie, en effet, la raret dun bien ne dsigne pas un fadegr dabondance physique dans la nature, mais plutt la relation entre le de

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    6 INTRODUCTION

    En dautres termes, si tous les actes humains, quils soient individuels ou collecconstituent lobjet de lensemble des sciences sociales, le domaine proprlconomie politique se rduit aux actions qui impliquent la mise en uvre biens matriels dans une organisation donne.

    2 Mais aussi les services, la cit Et jusquo?

    Pourtant, il est de plus en plus vident que si lconomie politique daujourdse proccupe de la production, de la distribution et de la consommation des bienelle tudie tout autant celles des services. Ainsi le musicien, lavocat, le prtrpoliticien qui reoivent leur rmunration pour un concert, une plaidoirie, unmesse ou une activit parlementaire font aujourdhui lobjet de bien des analyconomiques.

    Mais alors, la prise en considration de ces services omniprsents risquedboucher sur toute lactivit sociale : elle fait pntrer lconomie dans le domdu politique, du religieux, du psychologique Lobjet de lconomie politiqueconfond finalement avec celui de toute la science sociale, et porte sur lensemdu comportement de lhomme vivant en collectivits organises5.

    Une telle perspective a lavantage de mettre en lumire linterdpendance enles disciplines sociales et limpossibilit dune dcoupe systmatique des domarespectifs. Lorsquelle sinterroge sur son objet, toute science dbouche surdisciplines qui lui sont voisines. Cette ncessaire ouverture tait dj souligneJ.S. Mill lorsquil crivait : il y a peu de chance dtre un bon conomiste snest rien dautre. tant en perptuelle interaction, les phnomnes sociaux seront pas rellement compris isolment. Mais linconvnient dune telle appche est, nouveau, labsence dun critre permettant de dlimiter nettementdomaine de lconomie politique.

    Ainsi, quel que soit le point de vue adopt point de vue formel, selon leqtoute activit qui combine des moyens rares pour atteindre au mieux un objecest conomique, ou point de vue rel, qui voit lactivit conomique comme portsur la production, la distribution et la consommation de biens et de services dfinition de lconomie politique ne permet pas de circonscrire avec prcisison domaine.

    Au mieux, disons que lobjet de lconomie politique est la foi s un champdactivits particulires (production, distribution, consommation), et un aspectparticulier de lensemble des activits humaines.

    5 Cest pourquoi nous utilisons le terme d conomie politique de prfrence celui d conomie science conomique . Cette expression, qui fut employe pour la premire fois en franais par AntoiMontchrtien (1615), insiste sur lide dune gestion de la cit, dune organisation de la socit.

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    CHAPITRE 1 QUEST-CE QUE LCONOMIE POLITIQUE ? 7

    La dfinition nonce au dbut de ce chapitre est aujourdhui classique, et cestpourquoi il est de bon sens de ladopter dans un manuel dinitiation. Il importecependant de rester conscient de ce que les rponses quelle apporte saccompa-gnent dindterminations quelle narrive pas lever.

    Section 1.3Les approches positive et normative

    Avant de se lancer dans les premiers rudiments du raisonnement conomique,deux perspectives alternatives, mais nanmoins complmentaires, sont distinguer.

    En tant quescience positive , cest partir dunedescription dtaille de la ralitque lconomie tudie le comportement humain devant les moyens rares ; dansune seconde tape, elle passe lanalyse , qui consiste laborer une explicationlogique des faits, en dfinissant des relations entre eux. Lensemble des propositionsqui expriment ces relations constitue une thorie. Enfin, dans une troisimetape, faits observs et thorie peuvent tre utiliss conjointement pour formulerdes prvisions . Le succs ou linsuccs de celles-ci dterminera en partie la valeurde la thorie qui les fonde.

    En rsum,l approche posi ti ve vise essentiellement lexplication logique du mode effectif de rsolution des problmes conomiques ; elle sert de base aux prvisions conomiques.

    Notons de suite les difficults que rencontre cette conomie positive. Son objettant les faits humains, individuels ou collectifs, lexprimentation y est malaise.Il est presque impossible disoler certains lments pour procder des observa-tions rptes, en milieu inchang. Lhypothse usuelle selon laquelle, dans ltudedes relations entre deux ou plusieurs variables, toutes les autres choses restentgales (ceteris paribus ) est ici particulirement dangereuse6. En ralit, le fait socialest en perptuel devenir et ne se rpte jamais dans des conditions identiques.Davantage que dans les sciences de la nature, il est donc hasardeux de prvoirou de prdire. Sans doute, les tentatives ne manquent-elles pas, mais les insuccsconstats jusqu prsent laissent penser que les progrs accomplir restentconsidrables.

    En tant quescience normat ive , lconomie part au contraire de la thorie : tenantpour donne lexplication des relations entre les faits, elle cherche en dduire

    6 Notons les espoirs ns du recours aux techniques de simulation qui permettent de reproduire en chambre certaines situations conomiques relles et, grce notamment lemploi des ordinateurs, danalyser leffet desvariations dans les conditions environnantes (le fameux jeu du Monopoly en est un exemple simplifi). Jamaiscependant on ne pourra simuler les comportements de socits entires dans toutes leurs composantes.

    1.3

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    8 INTRODUCTION

    quels comportements les hommesdoivent adopter dans les faits sils dsirent raliseau mieux unobjectif donn. Elle propose donc la meilleure manire dorganiser production, la distribution, la consommation, et fournit les moyens de juger lavantages respectifs des divers types dorganisation dans ces domaines. Son discest ici prescriptif ; il est la base de toutes les propositions de politique conomiqu

    En rsum,l approche normative vise essentiellement lvaluat ion, par rapport ses objectifs,de la manire dont la Socit rsout ses problmes conomiques; elle sert de baseaux recommandations de politique conomique.

    ce niveau galement, le caractre complexe du fait social rend dlicatdtermination de la meilleure solution. Une solution purement conomiquerisque de prsenter un caractre dangereusement partiel et de ngliger des donnou des effets indirects pourtant fondamentaux du point de vue du bien-tre gnrde lindividu ou de la socit.

    La mthode de cet ouvrage se situe mi-chemin entre les deux ples qui vienndtre dcrits, dans la mesure o ils supposent tous deux le recours lanalconomique. Cest sur ce terrain commun que nous voulons nous placer. Notobjectif premier est de prsenter, dans leur tat actuel, les propositions principade lanalyse conomique. Selon les ncessits pdagogiques, tantt nous les inrons de lobservation, tantt nous en dduirons des prescriptions daction, tantencore nous chercherons seulement les illustrer. Mais toujours, nous nous efforrons daider le lecteur ne pas confondre les divers plans possibles du raisonnemcar cest de telles confusions que naissent le plus facilement les erreurs conomiqcest--dire les gaspillages.

    1.4

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    CHAPITRE 2 LALLOCATION DES RESSOURCES 9

    2

    Lallocation des ressources

    On vient de voir que le problme conomique nat de la confrontation desbesoins humains, multiples et quasi insatiables, la limitation et donc la raretdes ressources disponibles. Dans ce chapitre, le problme est soumis un examenplus dtaill, au moyen dinstruments qui permettent de comprendre ensuitequelles solutions ont tent de lui apporter nos Socits.

    La section 2.1 prcise le problme, en dcrivant ses composantes principales : les actes conomiques, lesagents , et lesbiens . La section 2.2 propose ensuite une tripl e mthode numrique, graphi que et mathmat ique pour soutenir les raisonnements devant permettre de saisir le problme dans toutes ses dimensions. La section 2.3 prsente enfin lessolutions apportes au problme, telles que les socits les ont conues et mises en uvre dans le cadre de systmes conomiques.Ceux-ci sont soit dcentraliss lesconomies de mar ch , soit centraliss les conomies de commandement .

    Cette leon danatomie sera notre premier pas dans lanalyse conomique.

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    10 INTRODUCTION

    Section 2.1Lanatomie de lconomie

    Considr dans sa gnralit, le problme dlaffectation des ressources dune socit efonction de ses besoins parat immense : comment en traiter de manire raliste sans seperdre dans lnumration des divers biensde tous les besoins imaginables, et de tous leactes qui peuvent tre accomplis pour lesatisfaire ? Procdons par simplification. Lfigure 2.1 donne une reprsentation schmatique du problme : ressources limites dunct, besoins illimits satisfaire de lautr

    Comment la relation stablit-elle entre cedeux ples?Essentiellement par deux catgories dactions humaines : la consommation e

    production, qui sont, en raison de ce rle, les actes conomiques principaux.

    1 Les actes conomiques :consommation et production

    En partant du ple des besoins, dfinissons dabord laconsommation comme

    tanttout acte par lequel des biens sont utiliss pour satisfaire directement des besoihumains spcifiques.

    Parmi les ressources quoffre la nature, il en est un certain nombre qui soconsommes telles quelles : leau qui nous dsaltre, les vgtaux dont nous nnourrissons, le sol que nous occupons.

    Mais il y a quantit dautres biens que nous consommons, et qui ne sont pdirectement fournis par la nature sous une forme adquate : dans nos pays,temprature du climat ne suffisant pas nous maintenir en vie, il faut produirde la chaleur, grce au bois, au charbon ou au fuel-oil ; la force motrice humaou animale ne suffit pas non plus nos besoins : il faut en produire au moyde ressources trouves ailleurs ; nos gots alimentaires ne sont pas davantage safaits par les seuls produits de la nature.

    Ainsi apparat laproduction, dfinie comme tanttout acte par lequel des biens sont utiliss pour tre transforms en produitscest--dire en dautres biens.

    Le produit pain, par exemple, est le rsultat dune activit de transformat

    Figure 2.1 Le problme conomique

    2.1

    2.2

    RESSO URCES

    BESOINS

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    CHAPITRE 2 LALLOCATION DES RESSOURCES 11

    quun producteur (le boulanger) a fait subir un ensemble dautres biens : la farine,le beurre et le travail du boulanger.

    Cependant, tout produit nest pas ncessairement consommable au sens dfinici-dessus : un rail de chemin de fer, une brique ou une machine crire sont desproduits au mme titre que le pain. Mais dans leur cas, lactivit de productionsexplique, non par la consommation, mais par le fait que le produit est son tour

    utilis dans la production dun autre produit, ventuellement susceptible dtreconsomm : le rail, conjointement la locomotive, lnergie et aux wagons, fournit(ou produit) le transport consomm par les voyageurs; la brique, jointe auciment, au bton, aux pieux et autres matriaux de construction, servira produire une habitation dont les services sont leur tour consomms par unmnage. Le plus souvent, les transformations successives dun mme bien sontdailleurs multiples : il suffit de penser au bl qui devient farine, celle-ci tant trans-forme en pte, pour qu son tour la pte devienne du pain, seul de ces produits tre consomm.

    La figure 2.2 illustre ce raisonnement. Elle montre comment sintercalent, entreles deux ples du problme conomique, les deux catgories dactes fondamenta-

    lement diffrents qui viennent dtre dfinis : la production et la consommation.

    2 Les agents conomiques

    Au dpart de cette premire typologie du comportement humain face aux ressources matrielles, deux types dagents conomiques sont traditionnellementdistingus : les mnages et les entreprises.

    Lesmnages, regroupant les individus en cellules familiales, ont pour premirefonction la consommation. Ils sefforcent dobtenir les quantits de biens et deservices ncessaires pour la satisfaction de leurs besoins.

    Figure 2.2 Les actes conomiques

    BE

    SOINS

    RESSOURCES

    CONSO

    MMATI

    ON

    PRODUITSou

    OUTPUTS

    FACTEURSou

    INPUTSPRO DU CTI O N

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    12 INTRODUCTION

    Lesentreprises sont les agents dont la fonction est la production de biens et dservices. Elles rassemblent les moyens ncessaires cette production : elles egent des travailleurs, se procurent des matires premires et des quipementssil y a lieu, des capitaux financiers.

    Selon une stricte dfinition des agents par leurs fonctions spcifiques (la csommation pour les mnages, la production pour les entreprises), une troisim

    fonction distincte des deux premires doit tre reconnue : celle de la dtention dressources. Elle est essentiellement passive par rapport aux deux autres, mais pnanmoins des problmes caractristiques : ceux du prt, de la mise en locatide la proprit, de la vente de ces ressources. Lesdtenteurs de ressources serontdonc considrs dans la suite comme des agents distincts.

    Il va de soi que cette distinction fonctionnelle entreagents ne se confond pasavec un classement desindividus : une mme personne, physique ou morale, peuparfaitement tre la fois consommateur, producteur et dtenteur de ressourceou ne remplir quune ou deux de ces fonctions.

    Ltat doit-il tre ajout cette liste des agents conomiques? Son rle majdans nos conomies modernes suggre que oui, du moins premire vue. Ma

    ayant dfini jusquici les agents conomiques par leurs actes, nous devrionspralable dcrire les actes conomiques de ltat. Lextrme varit et la complde ceux-ci, dans le cadre de nos conomies de marchs, nous amnent postpocette tche au chapitre 14, lorsque nous disposerons dun cadre appropri.

    3 Les biens conomiques

    a Biens de consommation et biens de production

    La distinction entre actes conomiques de consommation et de production sugg

    des classifications correspondantes des biens, selon leur position dans le procesdallocation des ressources aux besoins.Les biens de consommation sont ceux qui font lobjet des dcisions de

    consommateurs. On distingue les biens de consommation durables, dont lulisation schelonne dans le temps (habitation, voiture, appareil mnager), dbiens de consommation non durables, qui sont dtruits par lusage quon fait (aliments, combustibles).

    Lesbiens de production, par contre, sont utiliss par les producteurs, et dmanire durable ou non : cest le cas des machines, de loutillage, des matipremires, de lnergie, et du travail. Ils sont finalement destins accrotrequantits de biens de consommation disponibles.

    Remarquons que cette distinction entre biens de consommation et biens dproduction ne tient pas la nature mme des biens, mais la nature de lagent les utilise. Ainsi, un mme bien physique peut tre qualifi, selon le cas, de bieconsommation et de bien de production. La pomme que je cueille dans mon vergest un bien de consommation si je la mange directement ; elle devient un bienproduction si je lutilise pour fabriquer du cidre. Ce double caractre se retroudans la majorit des biens conomiques.

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    CHAPITRE 2 LALLOCATION DES RESSOURCES 13

    b Outputs et inputs

    Si lon considre plutt les biens du seul point de vue de la production, la classifi-cation fondamentale parce que la plus utile pour lanalyse est celle qui dis-tingue entre ce qui est produit et ce qui sert produire. Cest ce quexprimentparfaitement les termes anglo-saxons doutput et dinput :

    un bien est unoutput sil est le rsultat dune production, quels que soient son tat(fini, semi-fini, brut labor) et sa destination (consommation ou production);un bien est uninput sil est utilis pour en fabriquer dautres, quels que soient sontat et son origine.

    Il nexiste pas de termes franais exactement quivalents1.

    c Biens et services

    Les outputs doivent tre conus au sens le plus large, et englober non seulement lesbiens matriels mais aussi le rsultat dactivits plus immatrielles telles que lamdecine, lenseignement, les beaux-arts, ou le tourisme, car celles-ci requirentlemploi de ressources rares. Cest l tout le domaine des services, qui jouent unrle de plus en plus important dans notre socit industrielle.

    Une telle extension sapplique galement aux inputs : lacquisition dun brevetou dune licence de fabrication, les apports dun laboratoire de recherches sont desservices souvent indispensables la ralisation de certaines productions.

    d Produits et facteurs de production

    La distinction output-input est certes utile, mais il en est une autre, plus classique,qui prsente galement un certain intrt : cest celle entre produits et facteursde production. Ici encore, le point de vue de la production sert de critre.

    Le terme deproduit est synonyme de celui doutput encore que lon se limiteparfois aux produits dits finals , cest--dire ceux qui sont effectivementconsomms (le pain), par opposition aux produits intermdiaires , qui sontrutiliss comme inputs dans dautres productions (la farine).

    Lexpressionfacteurs de production dsigne lensemble des divers biens etservices qui permettent la production. Elle pourrait tre identifie au terme inputs,mais elle est plutt employe en faisant rfrence une classification des facteursen trois catgories typiques : les ressources naturelles, le travail et le capital.

    Lesressources naturelles comprennent la terre et tous les minraux quelle con-tient ltat brut, tandis que letravail dsigne toute activit productive humaine.On appelle souvent facteurs primaires ces deux catgories dinputs, car ils ne sont

    le fruit daucune activit conomique antrieure : ils ne sont en rien des outputs.Le termecapital , par contre, recouvre un ensemble composite de biens et deservices (le capital physique), dune part, et de sommes financires (le capital

    1 G. FAIN, traducteur du clbre manuel amricain crit par Paul SAMUELSON,Economics : An Introductory Analysis , New York , McGraw-Hill (1e dition : 1948 ; 16e dition, co-signe avec William NORDHAUS : 1998), apropos extrants et intrants, mais la littrature conomique franaise na pas vraiment adopt ces termes.

    2.3

    2.4

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    14 INTRODUCTION

    financier), dautre part. Sous laspect physique, il sagit des quipementsmachines, de loutillage et des stocks existant un moment donn et qui accroisslefficacit du travail humain dans son rle productif 2 ; sous laspect financier, lecapital est constitu par les sommes montaires utilises par les entreprises pacqurir leur capital physique. Ces deux aspects sont intimement complmentairet le terme capital, en tant que facteur de production, les recouvre tous les de

    Nanmoins, chaque fois que ce sera ncessaire, lexpos prcisera sil sagit de cphysique ou de capital financier.

    Enfin, depuis longtemps, la question se pose de savoir sil ny a pas un quatrime type de facde production, qui serait li la notion dorganisation . Il est en effet vident que la productiondune entreprise nest pas seulement dpendante des trois types de facteurs dj identifis, maussi de facteurs qualitatifs, tels un degr de coopration ou dinformation, une capacit dprentissage, dorganisation ou de progrs technique. Des recherches rcentes se proccupparticulirement de cette question.

    Section 2.2Le problme de lallocation desressources et les possibilits deproduction

    a Les possibilits de production dune conomie

    Nous disposons maintenant dun schma du problme conomique, et des dfintions de ses principales composantes. Il manque encore un lment essentiel, est le processus dechoix sur lequel laccent a t mis au chapitre prcdent. Polintroduire, nous raisonnerons sur un exemple simple, qui sera gnralis pasuite.

    Supposons le cas extrme dune conomie dans laquelledeux biens seulementseraient consomms : de la nourriture et de la boisson ; lconomie sedote en outre dun ensemble de ressources fixes en quantits et en qualit : dis200 000 travailleurs de mme qualification ; enfin elle disposerait de techniqueproduction bien dfinies permettant de transformer ces ressources en nourriture

    ou en boisson.2 Lexemple classique est celui du paysan dont la maison est loigne dune source. Deux comportement

    possibles : ou bien le paysan dsireux de boire va jusqu la source et puise leau la main, ou bien il conscertain temps creuser des arbres et construire une canalisation qui amne leau de la source sa maisonmthode indirecte qui recourt au capital (la canalisation) se rvle la longue plus efficace pour la satisfactbesoin. Un tel exemple fait comprendre dune part que le capital nat du travail humain, et dautre part qplupart des produits qui composent le capital physique sont des produits intermdiaires, au sens voci-dessus.

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    CHAPITRE 2 LALLOCATION DES RESSOURCES 15

    Supposons ensuite que lensemble des ressources, cest--dire tous sestravailleurs, et toutes ses techniques de production soient consacrs la nourriture.En raison de la limitation du nombre et de la qualit des ressources et techniquesdisponibles, la quantit de nourriture qui pourra tre produite en un temps donnsera elle aussilimite : soit, dans notre exemple, un maximum de 100 millions dekg par an. Si, au contraire, toutes les ressources taient alloues la production de

    boisson, la mme limitation initiale entranerait aussi un maximum possible deboisson, soit 50 millions de litres par an. Voil dj deux choix possibles (maismutuellement exclusifs) pour la socit en question.

    Avant daller plus loin, consignons au tableau 2.3 les alternatives qui viennentdtre dcrites : la premire (A ) implique labsence totale de boisson, puisque toutesles ressources passent en nourriture; la deuxime (F , au bas du tableau) renverseles positions respectives des deux biens. La figure 2.3A permet de visualiser lesdeux cas : en mesurant le long des axes les quantits produites des deux biensconsidrs, les coordonnes des pointsA et F du diagramme correspondent aux chiffres de production du tableau 2.3.

    Entre ces choix extrmes, il en est videmment dautres, galement possibles, et

    sans doute plus ralistes : vraisemblablement la communaut voudra-t-elle disposer la fois dune certaine quantit de boisson et dune certaine quantit de nourriture.Imaginons donc que la socit, aprs avoir choisi lalternativeA , se ravise et dcidequelle devrait galement disposer de 10 millions de litres de boisson :ncessairement, la quantit de nourriture qui pourra tre obtenue sera infrieure 100, car la production de la boisson exigera des ressources3 qui ne seront trouvesque parmi celles antrieurement consacres la nourriture. Pour illustrer num-riquement, nous dirons que si la socit veut 10 millions de litres de boisson paran, les ressources qui lui resteront ne lui permettront de produire, au maximum,que 96 millions de kg de nourriture, par exemple, au cours de cette anne. CestlalternativeB du tableau 2.3, ou encore le pointB de la figure 2.3A : on y voit bienque lobtention de boisson en ce point implique moins de nourriture quenA .

    Ce nest l cependant quun choix intermdiaire parmi dautres; mais dcrireceux-ci devient maintenant trs simple : il suffit de rpter le raisonnement pourdautres grandeurs. Ainsi, lexigence de 20 millions de litres de boisson diminue-rait encore le montant des ressources restant disponibles pour la nourriture, etramnerait la production de celle-ci 84 millions de kg par exemple (alternativeC ) ; les alternativesD et E , ainsi que leur reprsentation graphique par les pointscorrespondants sobtiennent de faon similaire.

    La multiplication de ces choix possibles, et donc des combinaisons des deux biens, conduit une srie de points de plus en plus rapprochs les uns des autres,qui finissent par se confondre en une ligne continue joignantA F en passant parB , C , D etE (figure 2.3B). Cette courbe porte le nom decourbe des possibilits deproduction. Linfinit de points dont elle est constitue (deA F ) reprsente eneffet une srie de choix possibles dans une telle conomie, choix contenus danscertaines limites en raison de la raret des ressources et de ltat donn de la tech-nique qui les met en uvre. Cette courbe sera dans la suite un prcieux instrumentde raisonnement, car sa construction fait appel aux lments essentiels du problmeconomique fondamental : la raret des ressources et le choix entre alternatives.

    3 Sans quoi la boisson ne serait pas un bien conomique!

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    16 INTRODUCTION

    b Remarque mthodologique

    Jusquici, les alternatives du problme conomique ont t exprimes en trmanires : lune est la forme verbale ; la seconde consiste donner sous fonumrique une liste exemplative des solutions possibles (tableau 2.3) ; la troisia fourni, sous forme graphique, une description de toutes les solutions possib(figure 2.3B).

    Le trac dune courbe dans un diagramme cartsien tel que celui de cette figvoque videmment lide dune relation fonctionnelle entre les grandeumesures le long des axes ; par ailleurs, notre raisonnement a prcisment consen une recherche des relations qui pourraient tre dfinies entre trois grandeurune quantit fixe de ressources (R = 200000 travailleurs) et des quantits variableQ b etQ n des deux types de produits, sachant quelle est la cause de ces relationest ds lors naturel dadjoindre aux illustrations de notre problme celles que pmet le langage mathmatique. Lexpression analytique 2.3A fournit, sous forfonctionnelle, une description de la courbe trace la figure 2.3B, ou encore, expression synthtique des relations qui existent entre les valeurs numriques tableau 2.3. Il sagit l dune fonction particulire, du deuxime degr, tout comlexemple numrique tait lui aussi particulier4. Lexpression 2.3B au contraire esgnrale, en ce sens quelle ne spcifie pas la forme des relations entre les grandeurs (ressources, boisson et nourriture). Mais, sachant quelle peut prenddes valeurs numriques bien dtermines, et quelle peut tre reprsente gomtriquement, elle suffit illustrer lide de la limite des possibilits de producti

    Quatre formes possibles de prsentation du raisonnement conomique sonainsi juxtaposes : la forme verbale du texte, la forme numrique du tableauforme graphique de la figure, et la forme analytique des quations. Les dbentre conomistes sur les mrites respectifs des unes et des autres sont incessa et agaants. Pour notre part, nous souhaitons beaucoup quaprs ltude de ouvrage, le lecteur attentif soit affranchi des prjugs et des mythes qui accomgnent lune ou lautre mthode. Nous sommes persuads de leur complmentarfoncire, et cest pourquoi nous les prsenterons ensemble chaque fois que lexple permettra.

    c Les tats de lconomie

    La courbe des possibilits de production (ou la fonction quelle reprsente) cotitue un premier outil danalyse conomique. En effet, elle permet (1) de distingdeux types dtats de lconomie, et (2) de caractriser, selon ces tatsconditions dans lesquelles peut soprer un changement dans les choix de la soci

    1 Supposons que les choix des agents conomiques aient t tels que lconoproduise les quantits de boisson et de nourriture correspondant au pointB . Dansces circonstances, les ressources sont compltement utilises. Mais il en va de mpour tout autre point appartenant la courbeAF . Ds lors, les diffrents choix quces points reprsentent ont une caractristique commune : celle dassurer un de plein emploi des ressources de lconomie5.

    4 Dun point de vue strictement numrique, le lecteur pourra vrifier que la relation 2.3A est bien lquatila courbeAF , et quelle est vrifie par les valeurs donnes au tableau 2.3.

    5 Dans un autre langage, toutes les valeurs deQ b et deQ n qui satisfont exactement la relation 2.3A ou plugnralement, 2.3B pourR donn reprsentent des productions de plein emploi.

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    CHAPITRE 2 LALLOCATION DES RESSOURCES 17

    Un point tel queG au contraire, qui nappartient pas la courbeAF et quicorrespond une production annuelle de 20 millions de litres de boisson et de40 millions de kilos de nourriture, implique par construction que toutes les res-sources ne sont pas employes ; il suffit en effet de comparerG avec lalternativeC au tableau 2.3. Un tel point reprsente donc un tat de sous-emploi des ressources.Il en va de mme de tous les autres points situs gauche (ou en de) de la courbedes possibilits de production6.

    Enfin, un point tel queH , comme tout autre point situ droite (ou au-del) dela courbe des possibilits de production, reprsente un choix irralisable : ceci, parconstruction mme de la courbe.

    La courbe des possibilits de production apparat donc la fois comme unefrontire entre le possible et limpossible, et comme une description de tous leschoix qui impliquent un tat de plein emploi des ressources.

    6 Analytiquement, on peut dire que toutes les valeurs deQ b etQ n qui ne satisfont pas les relations 2.3, mais quivrifieraient une ingalit de la forme f (Q b, Q n, R ) < 0 sont des productions de sous-emploi.

    Les possibilits de production

    Ressources : (nombre de travailleurs) 200 000

    Quantits de Quantits deAlternative nourriture ( Q n) boisson ( Q b)

    en millions de kgs en millions de litres

    A 100 0B 96 10C 84 20D 64 30E 36 40F 0 50

    (A) Expression analytique de la courbede possibilits de production illustre ci-contre

    2 0 08 200 0

    100 0 04

    2

    2

    Q Q

    Q Q

    n b

    n b(ou )

    + =

    =

    ,

    ,

    (B) Expression gnrale dune courbe de possibilitsde production pour deux produits et une ressource

    f Q Q R ( )b n, , = 0

    N.B. Ces relations nont de sens conomique que pour

    Q Q R n b, , 0 0 0

    Tableau 2.3 Figures 2.3

    Relations 2.3

    B

    C

    D

    E

    F

    A

    10 20 30 40 50

    nQ

    bQ

    AA

    100

    80

    60

    40

    20

    0

    B

    C

    D

    E

    F

    A

    G

    10 20 30 40 50

    H

    nQ

    bQ

    BB

    100

    80

    60

    40

    20

    0

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    18 INTRODUCTION

    2 Selon ltat de lconomie, un changement dans les choix de la socisoprera dans des conditions diffrentes.

    Dans une conomie en sous-emploi, il est en principe possible daugmentoutes les productions simultanment (passage deG enD par exemple). La raisonen est videmment que les ressources non utilises enG sont mises en uvre pouratteindre D .

    Dans une conomie de plein emploi au contraire, laugmentation simultane toutes les productions est impossible, et tout changement dans les choix desocit se caractrise par des substitutions. Pour passer deB enC , il faut renoncer de la nourriture pour obtenir de la boisson; celle-ci ne peut tre obtenue qumoyen dune rallocation des ressources du secteur de la nourriture celui deboisson. Cette rallocation revient en somme transformer de la nourriture boisson.

    Remarquons que lorsque la socit passe deA en B , puis deB en C , deC en D , etc., la transfor-mation de la nourriture en boisson ne se ralise pas dans des conditions identiques. Danspremier cas, on renonce 4 millions de kilos de nourriture pour obtenir 10 millions de litresboisson, soit donc 0,4 kg par litre; mais dans le deuxime, il faut abandonner 12 millions dpour que lconomie puisse produire les 10 millions de litres supplmentaires, soit 1,2 kg litre. En dautres termes, la transformation ne se fait pas toujours au mme taux. On dfinitaux de transformation de la nourriture en boisson comme tant :

    le rapport de la quantit de nourriture laquelle il est renonc(elle figure au numrateur) laquantit de boisson qui est obtenue(elle figure au dnominateur).

    EntreA etB , ce taux est de 4/10= 0,4; entreB et C , il est de 12/10= 1,2; entreC etD , le taux estde 20/10= 2 ; etc. Il apparat donc que dans une conomie de plein emploi, le taux de transfmation dun produit en un autre, travers une rallocation des ressources, est croissant, au et mesure que lconomie possde de moins en moins du bien auquel elle renonce. Les raisprofondes de ce phnomne apparatront dans ltude dtaille de la production.

    Section 2.3Les rponsesdes systmes conomiques

    Les tats de sous-emploi, comme ceux de plein emploi, ne sont pas uniqueschacun deux constitue une solution possible au problme conomique fondmental, ni leur description, ni leur reprsentation graphique ou analytique ne disecomment la socit en arrive telle ou telle solution dtermine, cest--dcomment elle choisit un tat particulier. Le choixA serait sans doute lexpressiondun vote lunanimit dans une socit de boulimiques, tandis queF serait pluttcelui dune socit divrognes. Mais quid alors des tats intermdiaires (y com

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    CHAPITRE 2 LALLOCATION DES RESSOURCES 19

    les tats ventuels de sous-emploi, tels queG ) ? Si la socit comporte et desboulimiques et des ivrognes, comment va-t-elle dterminer les quantits respectivesde boisson et de nourriture quelle va produire, cest--dire le point choisir sur sacourbe des possibilits de production? En dautres termes, quelle est la procdurede dcision par laquelle une socit rsout le problme de lallocation de sesressources?

    Une telle procdure de dcision caractrise ce quon appelle un systmeconomique, cest--dire un type dorganisation de la socit tabli en vue dersoudre le problme. Il en existe en fait plusieurs, mais on les groupe tradition-nellement en deux grandes catgories : les conomies de march et les conomiesde commandement.

    1 Les conomies de march

    a Principe

    Le systme des conomies de march repose essentiellement sur linitiative indivi-duelle . Chaque agent conomique (consommateur, producteur, dtenteur deressources) est cens dcider souverainement ce quil va consommer, produire ouutiliser et comment, o et quand il le fera :

    les consommateurs acquirent les biens et services quils dsirent, selon leursprfrences subjectives, et dans la limite des moyens dont ils disposent;

    les producteurs fournissent les biens et services quils jugent souhaitable deproduire, et le font en utilisant les facteurs de production quils jugent les plusappropris, compte tenu des ncessits techniques;

    enfin, les dtenteurs de ressources dcident librement de les consacrer aux

    emplois quils jugent les meilleurs leur point de vue.Donc, personne nimpose rien personne.

    b Fonctionnement

    Une question se pose manifestement : comment les dsirs des uns et des autres,fonds sur des critres purement subjectifs, sont-ils renduscompatibles ? Par exem-ple, que se passe-t-il si les consommateurs veulent beaucoup de nourriture et peude boisson, alors que les producteurs auraient jug souhaitable et dcid deproduire plus de celle-ci que de celle-l? La rponse est donne par le march, etplus prcisment par lemcanisme de lchange .

    Un march est essentiellement une rencontre entre deux ou plusieurs agentsconomiques, leur permettant de confronter leurs intentions; les uns cherchent acqurir certains biens ou services : ce sont les acheteurs ou demandeurs ; pourles autres, il sagit de fournir ce dont ils disposent ou ce quils ont produit : ce sontles vendeurs ou offreurs. La rgle du jeu des rencontres entre demandeurs etoffreurs sur les marchs est alors celle de lchange: chaque agent nobtient cequil achte que moyennant une contrepartie accepte par celui qui le fournit; et

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    20 INTRODUCTION

    tout vendeur obtient, pour ce quil apporte, ce que veulent bien lui payer acheteurs. La contrepartie est gnralement exprime en monnaie, et le rappentre la somme de monnaie paye et la quantit du bien ou service fournie taux de lchange est appelprix .

    Les dcisions des consommateurs, des producteurs et des dtenteurs de ressoces sont donc rendues compatibles grce au prix de chaque bien, sur le march

    le concerne; si vendeurs et acheteurs se mettent daccord sur un prix, leurs inttions deviennent compatibles; aussi longtemps quils ne parviennent pas un accord, lchange na pas lieu. Ltude de lconomie de march revient exam quelles conditions les changes sont possibles entre les agents conomiqindividuels, dans quelle mesure ils satisfont par ce moyen leurs dsirs de consomation et leurs objectifs de production, et quel est finalement ltat de lconomqui rsulte de lensemble de ces dcisions.

    En principe, il existe un march distinct pour chaque bien ou service, que celci soit input ou output, produit ou facteur. Mais lanalyse les groupe en deux ty

    principaux : les marchs des produits, et lemarchs des facteurs de production. Le

    marchs des produits sont les rencontres entreles demandes de biens et services manant deconsommateurs (ou mnages), et les offrefaites par les producteurs (ou entreprises). Lemarchs des facteurs sont les rencontres en-tre les demandes de facteurs de production(ressources naturelles et terre, travail, capitalces demandes manant des entreprises, et leoffres de ces facteurs, celles-ci tant faites ples mnages qui les dtiennent.

    Ainsi, chaque agent conomique est la fodemandeur et offreur sur lun ou lautre typede march, selon quil est consommateur ouproducteur.

    Lensemble du systme apparat schmatiquement la figure 2.4. Les lments de description qui vient dtre prsente sy trouvent disposs sous la forme dun vastecircuitconomique, les biens et services circulandans un sens (produits dans le haut du circuit,facteurs dans le bas), la monnaie dans lautre

    c Cadre institutionnel

    Lexistence et le fonctionnement dun tel systme de marchs ne sont possibque dans le cadre dinstitutions qui permettent que sexercent :

    le droit la proprit individuelle, qui permet une dtention et un contrexclusifs des biens ou services que lon dsire consommer ou changer ;

    Figure 2.4 Schma dune conomie de marchs

    MARCHSDES

    PRODUITS

    MARCHSDES

    FA CTEURS

    MNAGES

    Dtenteurs desressources

    Consommateurs

    ENTREPRISES

    Inputs

    Outputs

    Monnaie

    Monnaie Monnaie

    Monnaie

    Demandes Offres

    Offres Demandes

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    la libert de contracter et dchanger, cest--dire dacheter ou de vendre, deprter ou demprunter, de louer, dembaucher;

    la libert du travail qui confre chaque individu le droit de choisir son activitou den changer;

    la libert dentreprendre, cest--dire de sengager ses risques et prils, dansune activit productive quelconque.

    Si lensemble de ces droits et liberts sont reconnus chacun des agents cono-miques, et si ceux-ci poursuivent effectivement leurs objectifs individuels, le sys-tme se caractrise alors par laconcurrence : les besoins de chacun tant multipleset insatiables, les biens et les ressources aptes les satisfaire ne pouvant tre acquisque par des changes librement accepts, chacun nobtiendra ce quil dsire quen y mettant le prix, cest--dire en offrant en contrepartie de chaque bien, aumoins autant que ceux qui recherchent le mme bien, et mme plus si les quantitsdisponibles ne sont pas suffisantes pour satisfaire tout le monde.

    La concurrence est donc une consquence des principes dindividualisme et delibert sur lesquels le systme est fond. Mais sa ralisation effective nen est pas

    assure pour autant, et les formes quelle peut prendre sont extrmement varies.Elle constitue un des objets essentiels de ltude des conomies de march.

    2 Les conomies de commandement

    a Principe

    loppos des conomies de march, le systme des conomies de commandementrepose sur lautorit . Chaque agent conomique (consommateur, producteur,dtenteur de ressources) se voit dicter par une autorit coordinatrice quelles seront

    la forme et lampleur de sa participation lactivit conomique : les consommateurs acquirent les biens et services quon leur permet

    dacqurir; les producteurs fournissent les biens et services quon leur enjoint de produire,

    au moyen des facteurs qui leur sont dsigns ; les ressources appartiennent lautorit, qui dcide des emplois auxquels elles

    seront consacres.Ici, le principe est donc le commandement.

    b Fonctionnement

    nouveau, la question de la compatibilit des dcisions se pose : comment lauto-rit sassure-t-elle que ses dcisions en matire de consommation et de productionne soient pas contradictoires? La rponse se trouve ici dans le plan, et dans lemcanisme rglementaire.

    Un plan est essentiellement un calcul comptable, faisant dune part le bilan desressources disponibles, et fournissant dautre part la liste des objectifs recherchs.

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    22 INTRODUCTION

    Le bilan des ressources porte sur lensembdes facteurs de production disponibles unmoment donn; la liste des objectifs sexprimsous la forme des quantits globales dproduits et services qui sont censs venir existence dans un temps donn, au moyen de

    ressources inventories; elle inclut galemenquelle sera la rpartition des divers biens entrles agents conomiques. Une fois le plaarrt, son excution est le critre premier dtoute action conomique, et cette fin, lautorit est investie par deslois et rglementsappropris du droit de dterminer ce qui estattribu chacun (consommateur ou produc-teur) et ce qui est attendu de chacun (produc-teur ou travailleur).

    Faisant pendant la figure 2.4, la figure 2

    propose le schma de la circulation des biensde la position des agents conomiques, et decentres de dcision dans le cas dune conomide commandement.

    c Cadre institutionnel

    Dans ce systme, les caractristiques institutionnelles sont les suivantes : lorganisation de la production est essentiellement aux mains des fonctio

    naires de ltat, et non dentrepreneurs individuels ;

    les conventions entre individus sont remplaces par les procdures admintratives qui assurent lexcution du plan de ltat ; enfin, ltat est le seul propritaire des ressources et facteurs de producti

    Donner aux individus un droit exclusif sur les biens conomiques na plussignification, puisque ceux-ci doivent pouvoir tre mobiliss dans le sens prpar lautorit planificatrice.

    Si linstitution du plan rsout logiquement le problme de la compatibilit ddcisions, elle en soulve un autre : celui deladquation des objectifs du plan aux dsirs des individus qui composent la socit. Cest l le point fondamental slequel sopposent les deux types de systmes dcrits ici. Alors que le principlconomie de march est la confiance totale dans les dcisions libres des agindividuels et dans laptitude de la concurrence rendre celles-ci compatiblessystme des conomies de commandement sen rfre auxsources politiques du pouvoir de lautorit planificatrice pour lgitimer les choix quelle fait . Sans doute,cette autorit peut-elle chercher connatre les besoins et dsirs de ses adminispar voie denqutes, de votes, de rfrendums, etc. Mais la majeure partie dcisions et des arbitrages invitables ne peuvent se prter de telles consultatidirectes. Aussi la validit des choix du plan ne trouve-t-elle gure doccasionsexprimer que dans le consensus par lequel les planificateurs sont dsigns fonction.

    Figure 2.5 Schma dune conomiede commandement

    MNAGES

    Travail

    Consommateurs

    ENTREPRISES

    Inputs

    Outputs

    D tenteur desressources

    PLA N(tat)

    Monnaie

    Monnaie

    Produits

    Facteurs

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    3 Les conomies mixtes

    Les deux systmes conomiques qui viennent dtre prsents comme des rponsestypes au problme de lallocation des ressources, lont t de manire trs schma-tique. Le but tait moins de prsenter la ralit de telles ou telles conomies, que demettre en lumire les lignes dominantes de deux principes alternatifs dorganisationconomique, sans sattarder pour linstant ni aux exceptions ni aux cas despce.

    La comparaison que lon peut faire sur cette base permet de comprendre djune diffrence essentielle : en conomie de march, cest lensemble des prfren-ces individuelles qui, travers le mcanisme des changes sur les marchs, dter-mine la combinaison des biens finalement retenue, alors quen conomie decommandement, cest le pouvoir central qui effectue un tel choix. De manireplus lapidaire : les conomies de march sont dmocratiques, tandis que lesconomies de commandement sont dictatoriales.

    Auquel de ces deux types appartiennent les conomies relles? Si certains paysdonnent, ou ont donn dans le pass, une image qui se rapproche plus ou moinsde lun ou de lautre type le monde dit capitaliste dEurope occidentale,dAmrique du Nord et du Japon tant organis selon le systme des marchs,alors que le monde communiste de lEurope de lEst et de la Chine connaissaitdes conomies de commandement, on peut dire que depuis la chute du mur deBerlin en 1989 (point de repre de leffondrement du systme communiste), laplupart des pays du monde vivent actuellement sous des systmes dans lesquelsdominent les aspects de march.

    Ltat joue cependant partout un rle conomique, et celui-ci est souvent trsimportant. Cest pourquoi tous les systmes conomiques actuels peuvent trelgitimement appelssystmes dconomie mixte, dans lesquels la libert des choix individuels est reconnue comme le moteur principal de lactivit, tout en tantlimite par les exigences de lautorit publique.

    Schmatiquement, on peut imaginer une superposition des figures 2.4 et 2.5,laissant chaque systme particulier le soin de prciser quels sont les domainesrespectifs de lintervention autoritaire publique et de linitiative individuelle.

    4 Modle rhnan v s Modle anglo-saxon

    Si les conomies de commandement sont largement rejetes depuis la chute dumur de Berlin (1989), le modle du march a pris depuis lors des formes et desdegrs diffrents.

    Ainsi, les tats-Unis privilgient la dynamique du march, tandis que la plupartdes pays europens ont mis en uvre des politiques sociales. Cette conomiesociale de march repose sur la solidarit. Lenjeu est de prvenir lexclusion dutissu social, maintenir la main-duvre dans le march du travail, soutenir larequalification hors et lintrieur de lentreprise.

    Ceci amne sinterroger sur la nature du capitalisme daujourdhui.Dans son ouvrageCapitalisme contre capitalisme 7, Michel ALBERT contraste,

    dune part, unmodle rhnan couvrant lAllemagne, la France, le Benelux et les7 d. du Seuil, Paris, 1991.

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    24 INTRODUCTION

    pays scandinaves et, dautre part, lemodle anglo-saxon. Le premier donneraitla priorit au succs collectif, au consensus et aux perspectives de long terLe second serait bas sur la russite individuelle, lesprit dinitiative et la lconcurrence.

    Mais les limites de chacun de ces modles ont galement t mises en lumicot excessif de ltat-Providence dans le modle rhnan, socit duale et exclu

    sociale dans le modle anglo-saxon.Notre culture et notre histoire nous donnent quelques raisons de prfrer modle rhnan, mais il faut raliser que lavenir de cette forme de capitalisme npas assur. Plusieurs menaces se dessinent en effet : pourrons-nous prserver nospcificit dans un monde globalis qui semble tendre vers lhomogniPourrons-nous faire face nos contraintes budgtaires sans dmanteler notsystme social ? Pourrons-nous promouvoir nos valeurs mises en cause partentation de lindividualisme et du repli sur soi?

    Si notre futur est ainsi charg dincertitudes, il lest aussi despoirs. Surtousera porteur de ce que nous aurons choisi aujourdhui comme systme conomiq cet gard, concilier qualit de la vie et prosprit est un des traits les plus typi

    du modle de dveloppement europen. Cest aussi une volont, comme atteste Jacques DELORS qui, lpoque o il tait Prsident de la CommisEuropenne, appelait son rve une Europe faisant fructifier son immense pamoine culturel, et une Europe imprimant la marque de la solidarit un mondpar trop dur et par trop oublieux de ceux quil exclut.

    De la description des systmes conomiques, nous passons ainsi, insensibment, aux choix de socit. Ceux-ci font en effet partie intgrante de la discip laquelle nous voulons initier le lecteur. Mais pour les discuter en connaissanccause, et ainsi mieux fonder nos options, le passage par les analyses qui vont suest incontournable.

    Section 2.4Objet et plan de louvrage

    Lobjet de cet ouvrage est dtudier les principaux aspects du fonctionnement dconomie mixte.

    Dans une premire partie, intituleAnalyse microconomique, nous commen-cerons par ltude des comportements des agents conomiquesindividuels . AuTitre I, consommateurs, producteurs, dtenteurs des ressources naturelletravailleurs, et finalement pargnants feront successivement lobjet dun examspcifique. Ensuite, ce seront lesrelations stablissant entre ces agents qui retiendront notre attention : au Titre II, celles des multiples mcanismes des marchsau Titre III celles des mcanismes politiques au sein de ltat.

    Dans une deuxime partie, consacre lAnalyse montaire, le rle particulierde la monnaie fera lobjet dune tude systmatique.

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    CHAPITRE 2 LALLOCATION DES RESSOURCES 25

    La troisime partie sera consacre lAnalyse macroconomique: celle-ci portesur les grandeurs conomiquesglobales , cest--dire constitues par lagrgationde celles qui caractrisent les comportements individuels. On y identifiera dabordquelles relations tendent stablir spontanment entre ces grandeurs (Titre I) ; etensuite quelles sont les modalits de laction publique ce niveau, cest--dire lapolitique conomique (Titre II).

    Enfin dans une quatrime partie, intituleAnalyse conomique internationale,on dveloppera ltude des relations entre plusieurs conomies nationales.

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    26 INTRODUCTION

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    PREMIRE PARTIE

    Analyse microconomique

    La microconomie est ltude de lconomie dans chacune de sescomposantes, prises isolment dans un premier temps (consom-mateurs, producteurs, travailleurs, pargnants, investisseurs, marchs

    de produits, marchs de facteurs), et considres ensuite simultanmentdans une vaste synthse appele quilibre gnral des marchs. Commeil sagit dune conomie mixte, la microconomie porte aussi sur lerle de ltat et de ses diverses composantes.

    Le fil conducteur de lanalyse est donn par les mots comportementet quilibre. Chaque composante du systme fait lobjet dunedmarche qui au dpart dhypothses sur les motivations des agentsconomiques considrs, caractrise les actions qui en dcoulentlogiquement : ce sont les quilibres microconomiques.

    TITRE I

    Les comportements individuels prix donns

    TITRE IILes marchs et la formation des prix

    TITRE III

    Le rle de ltat dans lallocation des ressources

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    TITRE I

    Les comportements individuels prix donns

    3 Les choix du consommateur et la demande des biens

    4 Les choix du producteur (I) : production, cots et recettes

    5 Les choix du producteur (II) :quilibre, offre du produit et demande des facteurs

    6 Les choix des dtenteurs de facteurset loffre des ressources naturelles

    7 Les choix du travailleur et loffre de travail

    8 Les choix intertemporels :loffre dpargne et la demande de capital

    Dans les conomies de marchs, les comportements conomiques portent sur deux grandes catgories dobjets : les quantits des divers biens, services, et facteurs qui sont consomms, produits, ou utiliss, et les prix auxquels ils sont achets et vendus sur les divers marchs. Lanalyse microconomique ambitionne dexpliquer les premires tout autant que les seconds. Dans ce titre I, nous nous consacrerons uniquement aux

    quantits. Ceci ne veut pas dire que nous ignorerons les prix ; ce serait irraliste, car ils jouent un rle majeur dans les comportements expliquer. En fait, nous considrerons que les quantits sont les seules dcisions prendre par les divers agents, ceux-ci prenant les prix tels quils sont, et nous ne nous proccuperons pas de la question de savoir pourquoi ces derniers se situent tel ou tel niveau. Cest l ce que nous appelons analyser les comportements prix donns. Ltude du choix des prix par les agents cono-miques fera, quant elle, lobjet du titre II. Les comportements que nous voulons analyser sont les actes de consommation, de production, et de fourniture de ressources, dfinis au chapitre 2. Comme chaque catgorie de ces actions il correspond une catgorie dagents,cest en examinant ces derniers, tour tour, et selon le plan suivant, que nous tenterons de cerner ce que sont les principales dcisions individuelles dans les conomies de marchs.

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    CHAPITRE 3 LES CHOIX DU CONSOMMATEUR ET LA DEMANDE DES BIENS31

    3

    Les choix du consommateuret la demande des biens

    Lobjet de ce chapitre est le comportement dun consommateur typique enconomie de marchs. Lexplication qui en est donne consiste dire, en rsum,que ce quil achte est ce quil prfre, dans les limites de ses moyens. Cetteargumentation trs simple, et trs ancienne en science conomique, a reu au fildes annes une formulation scientifiquement rigoureuse, que nous rsumonscomme suit.

    La section 3.1 propose tout dabord un instrument de description des prfrences individuelles, appel prordre de prfrence, et reprsent graphiquement par la carte d indi ffrence . La section 3.2 spcifie ensuite, et reprsente par la contrainte du budget , les limites dans lesquelles tout consommateur doit restreindre ses choix, dans une conomie de marchs. La section 3.3 dtermine alors le choix rationnel appel qui libr e du consommateur comme celui qui, dans les limites du budget, est prfr tous les autres. Pour chacun des biens considrs la quantit ainsi choisie constitue la

    demande de ce bien par le consommateur . La section 3.4 examine enfin comment, lorsque les prix et/ou le revenu changent,le choix du consommateur sadapte en consquence, et donc sonquilibre se dplace .Cest ce quexpriment et rsument lacourbe de demande de chaque bien, ainsi que les dplacements le long de la courbe et les dplacements de celle-ci. L annexe ce chapitre introduit le concept d lastici t , et son application la courbe de demande.

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    32 PARTIE I ANALYSE MICROCONOMIQU

    Section 3.1Les prfrences

    Pour donner un contenu lide de base de ce chapitre, selon laquelle le consomateur achte ce quil prfre1, nous prsentons dans cette premire section loutde raisonnement mis au point par la science conomique contemporaine poudcrire ce que sont des jugements de prfrence individuels portant sur des bieconomiques. Au dpart de simples axiomes que les prfrences sont censrespecter (1), celles-ci peuvent tre illustres sous une forme graphique tcommode (2), facile interprter conomiquement (3).

    Notons bien quil ne sagit dans cette section-ci que de dcrire les prfrencenon pas encore les comportements dachat eux-mmes. Ces derniers, tels qudcoulent de ces prfrences, feront lobjet des sections suivantes.

    1 Axiomes sur les prfrences

    La description des prfrences dun individu quelconque savre possible, touprservant sa subjectivit, si lon admet quelles ont une certaine structure. Le mmum dont nous aurons besoin dans cet ouvrage, est prcis dans les axiomes suiva

    Soit un consommateur qui considre divers paniers contenant deux biens de la bire (b) et du vin (v) paniers diffrant les uns des autres uniquement ples quantitsq b et q v de ces deux biens quils contiennent. Le tableau 3.1 en doncinq exemples : les paniers dsigns par les lettresX , Y , Z , Y etY * , dont le contenuest constitu par les coordonnes des points correspondants sur la figure 3.1. O

    pourrait imaginer dautres paniers, qui seraient reprsents par dautres points

    1 Et pour pouvoir nous en servir par la suite, car la mme ide consistant expliquer les comportementles prfrences sera utilise au chapitre 7 pour traiter de loffre de travail dun individu et au chapitre 8 pooffre dpargne. Cette varit daspects du comportement humain que lapproche par les prfrences pedaborder montre bien son caractre fondamental et unificateur.

    Panier Composition du panierde biens Quantit de bire Quantit de vin

    (litre / unit de temps) (litre / unit de temps)q b q v

    X 30 40Y

    20 30Z 20 20Y 30 20Y * 25 25

    Tableau et figure 3.1

    vq 0 10 20 30 40

    10

    20

    30

    Y

    bq

    X

    Z

    Y

    Y

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    CHAPITRE 3 LES CHOIX DU CONSOMMATEUR ET LA DEMANDE DES BIENS33

    diagramme. En fait, chacun des points du quadrant positif de la figure 3.1 (ceux qui sont reprsents et tous les autres) dsigne par ses coordonnes un panier debiens diffrent.

    Axiome de comparaison En prsence de deux paniers quelconques appelons-les A et B comprenant chacun diverses quantits des deux biens b et v, le consommateur

    peut toujours exprimer lun des trois jugements alternatifs suivants : ou bien il prfre le panier A au panier B ; ou bien il prfre le panier B au panier A ; ou encore il est indiffrent entre les paniers A et B, c.--d. quil les considre comme quivalents.

    Cet axiome postule que le consommateur est capable de comparer entre eux les divers paniers debiens, et dnoncer leur propos un jugement de prfrence ou dindiffrence. Laxiome postuleaussi que le consommateur peut ainsi classertous les paniers imaginables.

    Axiome de tr ansiti vit Soient trois paniers quelconques A, B et C; si le panier A est prfr ou indiffrent au panier B, et le panier B est prfr ou indiffrent au panier C, alors le panier A est prfr ou indiffrent au panier C.

    Cet axiome revient postuler que les jugements de prfrence du consommateur ne sont pasincohrents (ils le seraient si le consommateur affirmait queC est prfr A ).

    Axi ome de dominance (ou de non satur ati on) Soient deux paniers A et B, ne contenant que des biens b et v ; si le panier A contient plus de v que le panier B, et contient autant ou plus de b, alors le panier A est prfr au panier B.

    En termes simples, plus est prfr moins, toutes autres choses restant gales.

    Axi ome de substi tuabil i t Soient deux paniers de biens B et C ne contenant que des biens b et v, le panier C contenant autant de b que le panier B, mais un peu moins de v ; B est prfr C (par dominance), mais il existe une certaine quantit, si petite soit-elle, de b telle quen lajoutant au panier C, le nouveau panier obtenu, B soit indiffrent B pour le consommateur.

    Ceci revient dire que lorsquun panier est jug prfrable un autre, il y a moyen decompenser : le consommateur admet quil est toujours possible de rendre le second panierindiffrent au premier en compensant linsuffisance dun bien par un surplus dun autre bien.

    Axiome de convexitstricte Soient deux paniers de biens A et B contenant des quantits diffrentes des biens b et v, mais entre lesquels le consommateur est indiff-rent. Le panier C, compos dune moyenne arithmtique des quantits de b et de v contenues dans A et dans B, est toujours prfr ces deux derniers.

    Laxiome revient supposer que, en cas dindiffrence entre paniers diffrents par leur composition,le consommateur prfre toujours un compromis sous la forme dune moyenne des deux.

    Nous allons montrer ci-dessous que si un individu respecte ces axiomes dans ses jugements, alors il est possible de classer, selon ses prfrences et en tenant comptedes cas dindiffrence,tous les paniers de biens quon pourrait lui prsenter. Un telclassement logique est appel prordre 2; puisquil est fond sur des jugementsde prfrence, on dit prordre de prfrence.

    2 Et non ordre, car on ne pourrait ordonner les paniers indiffrents. Nous empruntons ici un vocabulairepropre aux mathmatiques.

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    34 PARTIE I ANALYSE MICROCONOMIQU

    2 La carte dindiffrence

    Mais le prordre de prfrence est un concept abstrait, peu facile manier. Heursement, il se prte une reprsentation graphique suggestive : la carte dindrence . Celle-ci reprsente lensemble des paniers prfrs et ceux qui indiffrents au moyen dune famille de courbes, appeles courbes dindiffren

    Relations 3.1

    Figure 3.1

    Panier Composition du panierde biens Quantit de bire Quantit de vin

    (litre / unit de temps) (litre / unit de temps)q b q v

    X 30 40Y 20 30Z 20 20Y 30 20Y * 25 25

    Tableau 3.1

    Les jugements de prfrence dun consommateur face divers paniers de biens

    Expression formelle des axiomes sur les prfrences dun consommateurquant aux paniers de biens reprsents la figure 3.1.

    Pour toute paire de paniers de biens, par exemple X et Y ,il existe une relation f entre ces deux paniers*, qui spcifie que, pour ce consommateur,ou bien X est prfr Y ( X Y f ), ou bien Y est prfr X (Y X f )ou encore X est indiffrent Y ( X Y ~ ).

    Pour tout triplet de paniers, par exemple X , Y et Z ,si pour ce consommateur X f Y et Y f Z ,alors pour lui aussi X f Z .

    Pour toute paire de paniers Y q q = ( )b v, et Z q q = ( )b v, qui sont tels queou bien q q q q b b v vet= > , ou bien q q q q b b v vet> = , ou encore q q q q b b v vet> > ,on a chaque fois Y Z f .

    Pour toute paire de paniers Y q q = ( )b v, et Z q q = ( )b v, , qui sont tels que Y Z f ,il existe une quantit d q b (ou dq v) qui, ajoute Z ,permet de constituer un nouveau panier = + Y q q q ( d )b b v,qui est tel que Y Y ~ .

    Pour toute paire de paniers indiffrents, Y Y ~ par exemple,le panier moyen Y Y Y = + a ( a)1 , o 0 1< a < ,est toujours tel que Y Y Y f ~ .

    * ne pas confondre avec la relation plus souvent utilise, et qui spcifie est suprieur ou gal .

    Axiome de comp araison

    Axiome de t ransit iv i t

    Ax iome de domin ance

    Axiome de substit uabili t

    Ax iome de con vex it stri cte

    vq 0 10 20 30 40

    10

    20

    30

    Y

    bq

    X

    Z

    Y

    Y

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    CHAPITRE 3 LES CHOIX DU CONSOMMATEUR ET LA DEMANDE DES BIENS35

    laide des axiomes que nous avons poss,nous allons construire dabord une de cescourbes, et ensuite lensemble de celles-ci, cest--dire la carte dindiffrence. Nousobtiendrons ainsi ce que nous avons annonc :un outil de reprsentation des prfrences.

    a Constructiondune courbe dindiffrence

    Partons du panier de biens Y , qui contient20 litres de bire et 30 litres de vin (tableau etfigure 3.2). Supposons alors quune certainequantit dun des biens, dix litres de vin,par exemple, soit enleve ce panier : lacombinaison de biensZ est obtenue ; selon lepremier axiome (comparaison), le consom-mateur est capable de choisir entreY et Z ;selon le troisime axiome (dominance), ilchoisira Y , car plus est prfr moins;selon le quatrime axiome (substituabilit), ilexiste cependant une certaine quantit delautre bien (la bire) qui, ajoute au panierZ ,donnera naissance un nouvel assortiment,quivalent Y aux yeux du consommateur;soit dans lexemple, une quantit de dix litresde bire : en lajoutant au panierZ , nous obtenons le nouveau panier Y qui est indiffrent Y .

    Rptons ce type dexprience , mais ennenlevant cette fois Y quune plus petitequantit de vin : cinq litres par exemple.Nous obtenons un nouveau panier Y , indiffrent Y , grce une petite adjonction de bire; lepoint reprsentant ce panier se situe ncessai-rement droite et en dessous du panierY .Lexprience peut encore tre rpte pour unprlvement de vin suprieur 10 litres : elleaboutit alors la dtermination dun autre

    panier, lui aussi indiffrent Y , tel queY

    . En faisant varier davantage les quantitsde bire et de vin que contient le panierY , et en veillant obtenir toujours des paniers indif- frents Y , nous obtenons encore dautrespoints : la limite, lensemble de ces pointsforme la courbe continueI 2, qui passe parY .Cest la courbe dindiffrence.

    Relations 3.2

    Tableau 3.2

    (A) Cas de la figure 3.2

    quation de la fonction de satisfaction reprsente autableau et la figure 3.2 :

    S q q = b v

    (B) Cas gnralForme gnrale de la fonction de satisfaction :

    S f q q = C b v( ),

    Figure 3.2

    La carte dindiffrence dun consommateur

    Panier Composition Courbe dindiffrencede biens du panier laquelle appartient

    le panierq b q v

    X 30 40X 40 30 I 4M M M

    Y * 25 25

    I 3M M M

    Y 20 30Y 30 20

    I 2Y 22,5 25M M M

    Z 20 20I 1M M M

    vq 0 10 20 30 40

    10

    20

    30

    bq

    40

    50

    Y

    Y

    Y Z Y

    Y *

    X

    X

    I 1

    I 2

    I 3

    I 4

    50

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    36 PARTIE I ANALYSE MICROCONOMIQU

    Une courbe dindi ffrence , associe un panier donn , est une courbe dont chacundes points repr sente un panier de biens jug par le consommateur indiff rent ce panier.

    Notons immdiatement trois proprits de cette courbe :

    (a ) Elle descend de gauche droite. En effet, si elle tait montante de gauche droitepoints successifs au fur et mesure que lon scarte de lorigine seraient prfrs les unsautres, en vertu de laxiome de dominance : ce ne serait donc plus une courbe dindiffrenc

    (b ) La courbe peut parfaitement rencontrer les axes (lordonne aussi bien que labscisCest mme l le cas gnral.

    (c ) En vertu du cinquime axiome, une courbe dindiffrence est convexe par rapporlorigine des axes. En effet, si nous considrons deux paniers indiffrents :Y et Y , le panierY *

    compos de la moyenne arithmtique du contenu des deux premiers (et prfr ceux-ci phypothse) se situe le long de la corde qui joint les pointsY etY ; ds lors, des paniers interm-diaireset indiffrents Y etY , tel par exempleY , doivent se situer en dessous et gauche de cettcorde. La courbe dindiffrence est donc convexe entreY et Y , tout comme entre toute autrepaire de ses points.

    b Construction de la carte dindiffrenceDans la figure 3.2, lopration de substitution de quantits de bire des qu

    tits de vin peut tre mene partir du panierX , plutt qu partir du panierY :

    Figure 3.2on construit alors une nouvelle courbe dindiffrence, passant cette fois par le pointX , qui reprsente lensemble des panierindiffrents X et indiffrents entre eux.

    Soit le panierX , considr comme indif-frent X . Sachant queX est prfr Y , X estdonc prfr Y (axiome de transitivit).Dune manire gnrale,tous des paniers ap- partenant la mme courbe dindiffrence que X sont prfrs tous des paniers appartenant la mme courbe dindiffrence que Y .

    Rptons plusieurs fois lopration dcrite en (a), partir de divers autres points dudiagramme tels queY * , ou Z par exemple,cest--dire au dpart de divers autres panierde biens. On obtient une famille de courbeembotes les unes dans les autres. Cest carte dindiffrence.

    La car t e d i ndi ffr ence d un consommateur est la famille de courbesdindiff rence d crivant ses pr f rences lgard de tous les paniers de biensconcevables.

    3.1

    3.2

    vq 0 10 20 30 40

    10

    20

    30

    bq

    40

    50

    Y

    Y

    Y Z Y

    Y *

    X

    X

    I 1

    I 2

    I 3

    I 4

    50

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    CHAPITRE 3 LES CHOIX DU CONSOMMATEUR ET LA DEMANDE DES BIENS37

    3 Interprtation

    a Carte dindiffrence et niveaux de satisfactionEn vertu des axiomes de dominance et de transitivit, le principe suivant sapplique la carte dindiffrence : plus le consommateur se situe sur une courbe dindif-

    frence leve, plus son niveau de satisfaction est lev. En effet, chaque courbereprsente un ensemble de combinaisons de biens quivalentes entre elles, maisprfres lensemble des combinaisons reprsentes par les courbes dindiffrenceinfrieures. Les courbes dindiffrence peuvent donc tre vues comme des courbesde niveau de satisfaction ; ce niveau crot au fur et mesure que lon sloigne delorigine des axes3.

    Ds lors, tout dplacement du consommateurdune courbe dindiffrence une autre signifie pour lui un changement dans son degr de bien-tre, cest--diredans la satisfaction des besoins quil prouve.

    Plus gnralement, ceci revient dire que la satisfaction du consommateur apparat comme unefonction (au sens mathmatique du terme) des quantits consommes. Cette fonction, dontlexpression gnrale est donne par la relation 3.2B et un exemple particulier par la relation3.2A, est dailleurs appele fonction de satisfaction 4. Dans le cas de lexemple numrique dutableau et de la figure 3.2, o il est postul que la fonction de satisfaction est de la forme nonce la relation 3.2 A, on peut dduire que le panierY fournit une satisfaction gale 20 30= 600,de mme que les paniersY et Y (qui sont dailleurs indiffrents Y ), tandis que le panierX fournit une satisfaction de 30 40 = 1200, tout comme le panierX .

    Est-il raliste de quantifier ainsi numriquement les satisfactions? Bien des auteurs sy refusent,notamment parce que lon ne voit pas trs bien dans quelles units mesurer les utilits. Heureu-sement pour la suite de notre propos, ce nest pas ncessaire : on peut en effet se borner classer les niveaux dindiffrence, comme nous lavons fait, sans pour autant devoir les chiffrer au moyende la fonction particulire de la relation 3.2A. Dailleurs dautres fonctions auraient pu servirpour reprsenter la carte dindiffrence de la figure 3.2. Et nous ne nous servirons dans la suite

    que du classement que reprsente la carte dindiffrence, sans nous aventurer dans une mesurenumrique des satisfactions.

    b Courbes dindiffrence et substitution entre les biensTout dplacementle long dune courbe dindiffrence sinterprte comme un passage dunassortiment de biens un autre, passage qui est caractris par deux traits essentiels : la substitutionentre les biens, et le maintien un niveau inchang de la satisfaction du consommateur.

    La substitution entre les biens le long dune courbe dindiffrence se mesure par letaux desubstitution d un bien un autre , qui se dfinit comme tant

    le rapport entre quantit s de biens c des (num rateur) et quantit s obtenues (d nominateur),qui laissent le consommateur en tat d indiff rence, c est--dire un niveau constant desatisfaction.

    Au lieu de considrer une substitution dune ampleur quelconque, on effectue habituellementla mesure en ne considrantquune unit au dnominateur. On parle alors de tauxmarginal desubstitution. Ainsi par exemple au pointY 1 de la figure 3.3, ce taux est de 5,45 pour 1, au pointY 3

    3 Remarquons quil est logiquement impossible que deux courbes dindiffrence se croisent.4 On dit parfois aussi fonction dutilit, le mot utilit tant entendu dans le mme sens que satisfaction.

    3.3

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    38 PARTIE I ANALYSE MICROCONOMIQU

    il est de 1,4 pour 1, au pointY 9 il est de 0,16 pour 1, etc. Il sagit toujours dun rapport entquantit cde et quantit obtenue, mais cette dernire tant unitaire, le rapport est alors gla valeur du seul numrateur5.

    En calculant le taux marginal de substitution du consommateur en chacun des points ducourbe dindiffrence, on constate que ce taux est dcroissant6 lorsquon se dplace de gauche droite. Cette caractristique est commune toutes les courbes dindiffrence. Une interprtatintuitive de ce phnomne peut tre facilement donne : plus on dispose dun bien, plus granest la quantit de celui-ci que lon est prt sacrifier pour une quantit donne dun autre biou inversement, moins on a dun bien, moins on est prt en abandonner pour une unit du

    autre bien.

    c Gnralit de la reprsentation des prfrencesComme lnonc des jugements de prfrence peut varier dun individu laule prordre est essentiellement subjectif, et propre chaque consommateur.Les cartes dindiffrence individuelles qui en rsultent varient donc dune personne lautre .Dailleurs, comme la description de ces jugements nest pas fonde sur les mobqui y ont conduit, elle nexclut aucune thique individuelle7.

    Figure 3.3

    Panier Composition Taux marginalde des paniers de substitution

    biens (en litres) (approch)q b q v

    q

    q q b

    vvo = 1

    Y 1 60 10 5,45Y 2 54,55 11Y 3 30 20 1,40Y 4 28,6 21Y 5 20 30 0,65Y 6 19,35 31Y 7 15 40Y 8 12 50Y 9 10 60 0,16Y 10 9,84 61

    Tableau 3.3

    La courbe dindiffrence et le taux marginal de substitution

    5 On peut formuler aussi le taux marginal de substitution en termes de la drive de p b par rapport p v enchaque point de la courbe dindiffrence. Mais nous naurons pas besoin de lutiliser sous cette forme.6 Logiquement, elle rsulte de la forme strictement convexe de la courbe dindiffrence, due elle-mme

    des axiomes qui ont servi la construire.7 Beaucoup dauteurs invoquent la notion dutilit des biens plutt que celle de prfrence entre pa

    alternatifs pour expliquer les choix de consommation. Cette ide, convaincante premire vue (lutilit duou des chaussures est assez vidente) conduit vite des difficults logiques (que signifie lutilit des cigarepratiques : comment mesurer les utilits pour pouvoir dire si un bien est plus utile quun autre ? cet ganotion de prfrence est plus neutre et respecte davantage la subjectivit de lagent conomique.

    bq

    10

    0 20 30 40 50 60 vq

    20

    30

    40

    50

    60

    10

    Y 1

    Y 2

    Y 3Y 4

    Y 5 Y 6Y 7

    Y 8 Y 9 Y 10

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    CHAPITRE 3 LES CHOIX DU CONSOMMATEUR ET LA DEMANDE DES BIENS39

    De plus, les prfrences dun individune sont pas supposes immuables dansle temps : elles peuvent parfaitement se modifier, ainsi que la carte dindiffrencequi les illustre. Nous supposons seulement qu chaque moment du tempselles conservent leur cohrence logique, cest--dire quelles respectent lesaxiomes.

    Par ailleurs, nous avons raisonn sur deux biens seulement; il ny a cependant

    aucune difficult de principe appliquer les mmes arguments des paniers detrois biens, de cent biens, ou den biens. Pour la commodit de lexpos, nousnaborderons cependant pas cette gnralisation.

    Enfin, et comme nous lavons dj mentionn, le concept de carte dindiff-rence, ainsi que le prordre que celle-ci reprsente, postulent seulement que leconsommateur soit capable de comparer entre eux et de classer les paniers debiens. Il nest pas suppos prciser lintensit de sa prfrence, ni mesurer la quantitde satisfaction ou dutilit quil retire de ces paniers.Seul compte , pour lesbesoins de cet ouvrage,le classementde ceux-ci.

    Section 3.2La contrainte du budget

    Dans la section prcdente, on a ignor la question de savoir comment le consom-mateur se procurerait les paniers de biens envisags et, en particulier, sil pourraitse les payer. Cest ce qui sera examin ici.

    Par la nature mme du problme conomique, le consommateur na que desmoyens limits pour satisfaire ses besoins. Le moyen limit est, dans ce cas, lebudget dont il dispose. Tous les paniers de biens que dcrivent les courbes dindif-frence ne lui sont donc pas galement accessibles : son budget lempche dedpasser un certain seuil, quil faut maintenant dfinir et reprsenter.

    Ces limites sont essentiellement dtermines par le montant de son revenu, ainsique par les prix des biens considrs.

    1 Choix accessibles et choix inaccessibles

    Soit un revenuR = 600 S et deux biens, la bire et le vin, le prix de la bire tant p b = 10 S le litre et celui du vin p v = 15 S le litre. Si tout le revenu est consacr labire, la quantit maximum quil est possible dacheter est de 60 litres ; sil lest auvin, cette quantit est de 40 litres. Ces deux choix alternatifs apparaissent dans letableau et sur la figure 3.4 comme les paniersA et B .

    Partant alors du casA , supposons que le consommateur se ravise et dcidedacheter tout de mme un litre de vin. Son revenu tant fix 600 S , il ne pourrale faire quen achetant moins de bire. Aux prix auxquels se vendent les deux biens,

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    40 PARTIE I ANALYSE MICROCONOMIQU

    il lui faudra renoncer un litre et demi de bire pour librer une somme suffisa(soit 1,5 10 S = 15 S) lachat dun litre de vin. Il se retrouvera donc au pointC ,qui correspond lachat dun panier comportant 58,5 litres de bire et 1 litre de v

    En rptant cet argument pour une plus grande quantit de vin, soit cette foq v = 2 litres, on constate que les limites du mme budget ne permettent plus dachter que 57 litres de bire, ce qui correspond au panierD dans le tableau et sur la

    figure. En poursuivant de la mme manire, on peut construire dautres panieque permet dacheter un revenu de 600 S , aux prix en vigueur : ainsi par exemplles paniersE , F , etG , et mmeB . Remarquons quils sont tous situs sur une mmdroite, celle qui joint les pointsA et B .

    Mais en fait, tous les paniers contenant des quantitsq b et q v que permet 600 Sdoivent satisfaire lgalit

    10 15 600q q b v + =

    Cette expression est appele contrainte de budget du consommateur etdroiteAB qui la reprsente gomtriquement est sa droite de budget. En termgnraux :La droite de budget du consommateur est une droite dont chacun des pointsrepr sente un panier qui occasionne une m me d pense totale, d pense qui estgale son revenu.

    Les points situsen de de la droite de budget (M etN par exemple) reprsen-tent des paniers pour lesquels la dpense estinfrieure au montant du revenudisponible, comme le montrent dailleurs les lignesM etN de la dernire colonnedu tableau 3.4. Il y a pargne dans ces cas (cf. le chapitre 8).

    En revanche, un point tel queP , situ au-del de cette droite, reprsente unpanier pour lequel la dpense estsuprieure au revenu. Alors que tous les pointsprcdents taient accessibles au consommateur, ce dernier ne lest pas.

    Ainsi, la droite de budget apparat comme une frontire entre choix accessibles et inaccessibles au consommateur, tant donn son revenu et les prix des deux bienPar analogie avec ce qui a t dit au chapitre 2, on pourrait lappeler droite possibilits de consommation; cest pourquoi le revenu est considr par la thomicroconomique comme une contrainte qui limite les choix du consommateu

    2 Pente de la droite de budget et prix des biens

    La droite de budget est incline de gauche droite, pour la raison vidente que le long de celle-ci, lacquisition de chaque nouveau litre de vin requiert labandon dune quantit de bire de

    litre. En dautres termes, lorsque le revenu est totalement dpens, le remplacement dun bpar lautre se fait dans le rapport 1,5/+ 1, cest--dire de 1,5 unit de bire pour+ 1 unit de vin.Convenons de reprsenter par dq b/dq v le rapport de ces deux quantits (o dq b est la quantitngative de bire et dq vla quantit positive de vin), et observons sur la figure 3.4 que gomtquement,ce rapport sinterprte comme la pente ngative de la droite de budget .

    Par ailleurs les prix des deux biens sont respectivement de p b = 10 S le litre pour la bire et de p v = 15 S pour le vin, et sont donc dans le rapport p b/ p v = 10/15, soit+ 1/+ 1,5.

    3.4

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    CHAPITRE 3 LES CHOIX DU CONSOMMATEUR ET LA DEMANDE DES BIENS41

    On peut ds lors noncer la proprit suivante :

    La pente de la droite de budget est n gative et gale, au signe pr s, linverse du rapport des prix des biens figurant en ordonn e et en abscisse.

    Dans les notations que nous venons dadopter, dq b/dq v = p b/ p v .

    Avant de terminer cette section, notons encore que le revenu dont il est questionici sentend comme relatif une certaine priode de temps : par exemple un mois,ou mme une anne entire. La longueur de la priode retenue importe peu, maisil est essentiel de raliser que lanalyse est ncessairement insre dans le temps,celui-ci tant implicitement dcoup en priodes dgale longueur.

    Relations 3.4

    Figure 3.4Tableau 3.4

    La contrainte de budget dun consommateur

    (A) Cas de la figure 3.4

    quation de la droite de budget de la figure 3.4 : 15 10 600q q v b+ = ou q q b v= 60010

    1510

    Pente de la droite : dd

    b

    v

    q

    q =

    1510

    (B) Cas gnral

    Forme gnrale de la contrainte de budget : p q p q R v v b b+ =

    Pente de la droite de budget : dd

    b

    v

    v

    b

    q

    q

    p

    p =

    Paniers Composition des paniers (a) Montant (a)alternatifs (en litres) de la dpense

    q b q v

    A 60 0 600C 58,5 1 600D 57 2 600E 55,5 3 600F 54 4 600

    G 30 20 600M 20 20 500 N 20 10 350 P 20 30 650 B 0 40 600

    (a)

    Le revenu du concommateur est R = 6003 . Le prix de la bire estp b = 103 le litre. Le prix du vin est p v = 153 le litre.

    3.1

    vq 0 10 20 30 40 50

    10

    20

    30

    N M

    G

    bq

    40

    50

    60

    P

    A

    B

    F

    0

    F E

    DC

    A

    12345

    54

    57

    60 Pente :

    1,51

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    42 PARTIE I ANALYSE MICROCONOMIQU

    Section 3.3Lquilibre du consommateuret la demande des biens

    ce stade, nous avons notre disposition un ensemble dlments qui intervinent de manire importante dans la dtermination des comportements possibledu consommateur : dune part ses prfrences, qui permettent de classer ses chventuels; dautre part son budget et les prix, dans les limites desquels ses chsont restreints.

    En posant maintenant lhypothse dun comportement rationnel, ces lmenvont apparatre comme suffisants pour identifier et justifier un comportemedachat bien prcis, appel quilibre du consommateur.

    1 Dtermination de lquilibre

    Si lon admet que le consommateur se comporte conformment aux axiomes en particulier ceux de dominance et de transitivit il est logique den dduque celui-cichoisit le panier de biens quil prfre . De manire un peu plus imagecela revient dire que tout consommateur dsire se situer sur la courbe la pleve de sa carte dindiffrence, ou encore quil sefforce datteindre un nivmaximum de satisfaction8.

    Dautre part, la raret des ressources, que traduit au niveau du consommateurcontrainte de son budget, loblige se limiter aux choix qui lui sont accessibles .

    Ces deux exigences ne sont que partiellement contradictoires, comme le monla figure 3.5. Une carte dindiffrence et une droite de budget y ont t traces dle mme diagramme. Il apparat immdiatement que la contrainte budgtaire reinaccessible la combinaison de biens correspondant au pointH et la courbedindiffrenceI 3. Par contre, la combinaisonF , situe sur la courbe dindiffrenceI 1, est sa porte, de mme que la combinaisonG qui lui cote dailleurs moinscher pour le mme niveau de satisfaction ; mais la courbeI 1 nest pas la plus levepossible : en passant lassortimentE , le consommateur accrot sa satisfaction(courbe I 2), tout en restant dans les limites de son budget ; il choisira donc certnement E plutt queF ouG . Pourrait-il encore amliorer sa situation? La rponsest ngative : par rapport E , aucun autre point accessible (cest--dire situ suou en de de la droite de budget) natteint une courbe dindiffrence aussi leque I 2, et aucun des points prfrs ceux de la courbeI 2 (courbes suprieures)nest accessible avec le budget disponible