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5 MAI-JUIN 2009 2008 : ANNEE CHARNIERE POUR L’EUROPE SPATIALE En ce milieu d’année 2009, il est encore temps à l’échelle spatiale de faire un bilan de l’année 2008 que nous venons de vivre. Profitons-en au maximum car les prémisses de 2009 laissent à penser que nous n’en reverrons pas de pareille pour l’Europe spatiale avant longtemps. En effet, 2008 a vu l’aboutissement des efforts accomplis depuis plus de vingt ans par l’Europe pour trouver sa place aux côtés des deux grands acteurs de l’Espace qu’étaient il y a encore un quart de siècle les Etats-Unis et l’Union Soviétique. Avec la disparition de la seconde et les profondes mutations auxquelles se préparent les Etats-Unis, la donne géopolitique sur laquelle reposait jusqu’alors l’essor du Spatial a été profondément et durablement bouleversée. A moins que ne se prépare une nouvelle guerre froide avec un acteur émergeant du côté de la Grande Muraille ? Il n’en reste pas moins que les Européens ont su en 2008 s’imposer en garantissant en février avec Columbus leur présence permanente en orbite pour au moins la décennie à venir et démontrer en avril que l’Europe était digne de figurer dans le club très fermé des puissances pouvant desservir la station spatiale internationale. L’Europe a été également en mesure de relancer, pour la première fois depuis près de 15 ans (une génération sacrifiée), une campagne de recrutement qui s’est conclue ce mois-ci pour son corps d’astronautes (lancée en 2008 depuis Toulouse par Jean-Pierre HAIGNERÉ et Jean-Jacques FAVIER). La boucle a été bouclée à la fin de l’année 2008 lorsque Léopold EYHARTS, qui nous avait rendu visite virtuelle- ment à la Cité de l’Espace à l’occasion de la mise en service de Columbus 1 , est revenu dans la même salle, en chair et en os, faire le bilan de sa mission. Lors de leur exceptionnelle conférence sur l’ATV du 10 décembre dernier au même endroit, André CARIOU et Lionel BAIZE n’ont eu aucun mal à convaincre l’assem- blée qu’il s’agissait bien là de la plus belle réussite, obtenue du premier coup, de l’Europe Spatiale. Heureusement d’ailleurs que cette Europe peut s’enorgueillir d’une telle maîtrise technologique. Le suc- cès du dernier tir d’Ariane 5 de l’année – qui est loin d’être un tir de routine – ne fait que corroborer ce fait malgré quelques minutes de report 2 . Car le bilan politique des 6 derniers mois de l’année est plutôt désastreux. Préoccupée par les conflits limitrophes et dans la crise financière qu’elle n’a pas créée, les résultats de la conférence ministérielle européenne de La Haye ont été plutôt en demi-teinte : budgets Vols Habités et Exploration amputés respectivement de 6% et 48% ! On attend toujours ce grand élan qu’on nous avait fait miroiter et dont l’Europe a encore plus besoin en cette phase de récession. A court terme, la frilosité des décisions prises trahit l’incertitude latente sur le sort réservé à la conquête spatiale par la nouvelle administration OBAMA. Ce que l’on sait d’ores et déjà, c’est que l’arrêt des navettes de la NASA sera partiellement compensé par l’octroi à de nouveaux acteurs de la desserte du fret vers la sta- tion. D’autre part, l’accord avec la Russie pour le trans- port d’astronautes par les Soyouz a été reconduit. Une fois la nouvelle administration américaine en place, l’Europe Spatiale a rendez-vous en juin prochain à Prague pour décider de son avenir à plus long terme : rester en retrait voire à la remorque 3 ou bien, s’appuyant sur les succès de 2008, s’émanciper et suivre pour l’exploration de l’Espace la voie tracée, il y a 40 ans environ, par la construction aéronautique européenne avec la création de la compagnie Airbus. E ditorial Laurent MANGANE 1. Voir La Lettre N°6 de juillet 2008 2. Signalons également le tir réussi du 14 mai dernier qui ouvre des perspectives exaltantes pour l’exploration de l’espace. 3. On pense aux résultats désastreux de la conférence de Grenade, fin 1992 ainsi qu’au feu de paille de la SEI (Space Exploration Initiative) de BUSH Senior qui n’aurait alors pas coûté plus cher au budget fédéral américain que le porte-avion « USS George H.W. BUSH » ! Dans ce La vie de l’association p2-3 La vie des Groupes régionaux p4-5 L’écho des colloques p6-9 Intelligence Économique p10-11 Nouvelles de l’espace p12-13 Libres opinions p14-16

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N°5MAI-JUIN 2009

2008 : ANNEE CHARNIEREPOUR L’EUROPE SPATIALE

En ce milieu d’année 2009, il est encore temps àl’échelle spatiale de faire un bilan de l’année 2008 quenous venons de vivre. Profitons-en au maximum carles prémisses de 2009 laissent à penser que nousn’en reverrons pas de pareille pour l’Europe spatialeavant longtemps.En effet, 2008 a vu l’aboutissement des effortsaccomplis depuis plus de vingt ans par l’Europe pourtrouver sa place aux côtés des deux grands acteursde l’Espace qu’étaient il y a encore un quart de siècleles Etats-Unis et l’Union Soviétique.Avec la disparition de la seconde et les profondesmutations auxquelles se préparent les Etats-Unis, ladonne géopolitique sur laquelle reposait jusqu’alorsl’essor du Spatial a été profondément et durablementbouleversée. A moins que ne se prépare une nouvelleguerre froide avec un acteur émergeant du côté de laGrande Muraille ?Il n’en reste pas moins que les Européens ont su en2008 s’imposer en garantissant en février avecColumbus leur présence permanente en orbite pourau moins la décennie à venir et démontrer en avril quel’Europe était digne de figurer dans le club très fermédes puissances pouvant desservir la station spatialeinternationale. L’Europe a été également en mesurede relancer, pour la première fois depuis près de 15ans (une génération sacrifiée), une campagne derecrutement qui s’est conclue ce mois-ci pour soncorps d’astronautes (lancée en 2008 depuis Toulousepar Jean-Pierre HAIGNERÉ et Jean-Jacques FAVIER).La boucle a été bouclée à la fin de l’année 2008 lorsqueLéopold EYHARTS, qui nous avait rendu visite virtuelle-ment à la Cité de l’Espace à l’occasion de la mise enservice de Columbus1, est revenu dans la même salle,

en chair et en os, faire le bilan de sa mission.Lors de leur exceptionnelle conférence sur l’ATV du 10décembre dernier au même endroit, André CARIOU etLionel BAIZE n’ont eu aucun mal à convaincre l’assem-blée qu’il s’agissait bien là de la plus belle réussite,obtenue du premier coup, de l’Europe Spatiale.Heureusement d’ailleurs que cette Europe peuts’enorgueillir d’une telle maîtrise technologique. Le suc-cès du dernier tir d’Ariane 5 de l’année – qui est loind’être un tir de routine – ne fait que corroborer ce faitmalgré quelques minutes de report2. Car le bilan politiquedes 6 derniers mois de l’année est plutôt désastreux.Préoccupée par les conflits limitrophes et dans lacrise financière qu’elle n’a pas créée, les résultats dela conférence ministérielle européenne de La Haye ontété plutôt en demi-teinte : budgets Vols Habités etExploration amputés respectivement de 6% et 48% !On attend toujours ce grand élan qu’on nous avait faitmiroiter et dont l’Europe a encore plus besoin en cettephase de récession.

A court terme, la frilosité des décisions prises trahitl’incertitude latente sur le sort réservé à la conquêtespatiale par la nouvelle administration OBAMA. Ce quel’on sait d’ores et déjà, c’est que l’arrêt des navettesde la NASA sera partiellement compensé par l’octroi àde nouveaux acteurs de la desserte du fret vers la sta-tion. D’autre part, l’accord avec la Russie pour le trans-port d’astronautes par les Soyouz a été reconduit.Une fois la nouvelle administration américaine enplace, l’Europe Spatiale a rendez-vous en juin prochainà Prague pour décider de son avenir à plus longterme : rester en retrait voire à la remorque3 ou bien,s’appuyant sur les succès de 2008, s’émanciper etsuivre pour l’exploration de l’Espace la voie tracée, ily a 40 ans environ, par la construction aéronautiqueeuropéenne avec la création de la compagnie Airbus.

Editorial

Laurent MANGANE

1. Voir La Lettre N°6 de juillet 20082. Signalons également le tir réussi du 14 mai dernier qui ouvre des perspectives exaltantes pour l’exploration del’espace.3. On pense aux résultats désastreux de la conférence de Grenade, fin 1992 ainsi qu’au feu de paille de la SEI(Space Exploration Initiative) de BUSH Senior qui n’aurait alors pas coûté plus cher au budget fédéral américainque le porte-avion « USS George H.W. BUSH » !

Dans ce N °La v ie de l ’assoc ia t ion

p2 -3La vie des Groupesrég ionaux

p4 -5L’écho des co l loques

p6 -9Inte l l igence Économique

p10 -11Nouve l les de l ’espace

p12 -13Libres op in ions

p14 -16

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Assemblée Générale 2009

L’Assemblée Générale de la 3AF de 2009 a eu lieu le 29 avril,dans les salons de l’Aéro-Club de France à Paris.

RÉSOLUTIONS PRÉSENTÉES AU VOTE DE L’AG1ère Résolution : Approbation du rapport moral de l’exercice2008, à l’unanimité moins une abstention ;2ème Résolution : Approbation des comptes de l’exercice 2008tels qu’ils sont établis et présentés, à l’unanimité;3ème Résolution : Approbation du Budget prévisionnel del’exercice 2009 tel qu’il est établi et présenté, à l’unanimité.

RENOUVELLEMENT DU CONSEIL D’ADMINISTRATIONRappelons que le Conseil d’Administration de la 3AF est com-posé de 24 membres, élus pour trois ans par l’AssembléeGénérale. Conformément aux statuts, il est renouvelé par tierschaque année (sans compter le remplacement des démis-sionnaires). Les membres sortants ne sont pas rééligibles,sauf s’ils appartiennent au Bureau.Les candidats proposés par le Conseil d’Administration donttrois remplaçaient les administrateurs démissionnaires onttous été élus : Pierre-Guy AMAND ; Pierre BESCOND ; PascalCLAUDEL ; Maxime COFFIN ; Robert DUBOST ; BernardFOUQUES ; Olivier FOURRURE ; Paul KUENTZMANN ; PatrickMONCLAR ; Franck POIRRIER ; Jean-Claude THEVENIN.

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NOUVEAU BUREAULe conseil d’administration a reconduit Michel SCHELLERdans ses fonctions de Président. Le précédent bureau a éga-lement été reconduit avec, en plus, Paul KUENTZMANN dansla fonction de Vice Président.

RAPPORT ANNUELLe rapport annuel 2008 de la 3AF a été remis aux participantsde l’AG du 29 avril. Il peut être consulté ou téléchargé sur lesite web 3AF1. Il est également diffusé par courrier électro-nique aux membres disposant d’une adresse mél et par cour-rier postal aux autres.

CONSEIL D’ADMINISTRATION : Anne-Bondiou CLERGERIE ;Gérard BOUY ; Maxime COFFIN ; Michel EYMARD ; Olivier FOU-RURE ; Jean-François GEORGES ; Pierre LUSSEYRAN ; FranckPOIRRIER ; Pierre VELAY2.

BUREAU – MEMBRES STATUTAIRES : Michel SCHELLER(Président) ; Anne-Marie MAINGUY (Conseiller spécial, en col-laboration avec Bernard FOUQUES) ; Paul KUENTZMANN (VicePrésident et Président du Haut Conseil Scientifique) ; RobertDUBOST (Secrétaire Général) ; Jean-Claude THEVENIN(Trésorier) ; Christian MARI (Grades et Prix) ; Jean-MarcGAROT (Relations Internationales) ; Philippe CAZIN (Liaisonavec AAE).

BUREAU ÉLARGI : Pierre-Guy AMAND (Animation des Com-missions Techniques) ; Pierre BESCOND (Adjoint auSecrétaire Général) ; Pascal CLAUDEL (Adjoint CommissionsTechniques) ; Bernard FOUQUES (Animation des GroupesRégionaux), François GAYET (Adjoint Relations Interna-tionales) ; Jean-Claude HIRONDE (Conseil en Communication) ;Patrick MONCLAR (Relations avec la Défense et Planificationdes colloques) ; Fanny BOUCHER (Annuaire) ; Khoa DANGTRAN (Publications) ; Gérard LEHOUX (Communication) ;Serge MORLAN (Manifestations, salons…) ; Jean TENSI(Animation des jeunes).

Une initiative a été lancée, au sein de la 3AF, pour que les com-missions techniques et groupes de travail concernés mènentune réflexion en vue de cette conférence4.La France, très présente fin 2008 sur le plan médiatique, n’enreste pas moins qu’à la seconde place des contributeurs dubudget spatial européen. Les prochains ATVs seront doncassemblés en Allemagne et les évolutions majeures d’Ariane 5limitées au suivi des besoins du marché commercial5. Et ceci,loin derrière la Belgique et le Luxembourg si l’on rapporte celaaux 65 millions de Français selon les dernières estimations. Onne s’étonnera pas, à l’heure des comptes, de constater quechaque Français aura contribué plus à épauler ses banquierset ses agents immobiliers par qui la crise est arrivée qu’à faire

rayonner son industrie spatiale qui aura pourtant enregistrétant de succès en 2008.Alors, laissons donc un compatriote de Jacques Brel être lepremier Européen à diriger l’ISS car il semblerait que lemarasme des banques du Benelux n’empêche pas le plat paysde tenir le haut du pavé et puisons notre élan de 2009 dansles propos du barde d’Outre-Quiévrain : « Je vous souhaite desrêves à n’en plus finir et l’envie furieuse d’en réaliser quelquesuns..! »

Laurent MANGANE,Secrétaire du groupe de travail 3AF/TMPObservation et Exploration Spatiale, OES.

4. Voir l’éditorial de La Lettre N°2 de février 2009 sur la Conférence de La Haye.5. C’est l’héritage d’Hubert CURIEN que l’on dilapide et le rapport REVOL qu’on laisse tomber aux oubliettes.

1. Signalons que le rapport annuel version papier distribué à l’assemblée générale ne comportait pas les rapports des commissionsAéronefs Légers, Aviation Commerciale, Environnement et Stratégie et Actions Internationales. Ces rapports sont désormais inclusdans la version pdf disponible sur le site web 3AF.2. Les membres du bureau dont les noms apparaissent en rouge sombre sont également membres du Conseil d’administration de la 3AF.

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Appel à contributions

Nous avons programmé un Conseil d’Administration excep-tionnel, le 8 juillet prochain, afin de faire le bilan des soutiensobtenus ou promis, tant des personnes physiques que despersonnes morales.Un bilan positif permettra au Conseil de confirmer que notreassociation a les moyens de son ambition qui est d’être lasociété savante française de référence en matière d'expertisescientifique et technique du domaine de l'aéronautique et del’espace, civil et militaire, en œuvrant dans ses deuxdomaines d'activité : échanges en matière d'expertise et dif-fusion du savoir, d’une part, organisation de colloques scien-tifiques et techniques, d'autre part. Dans le cas contraire, leConseil devra ajuster l'ambition de la 3AF aux moyens quiseront alors les siens.Au cas où vous n'auriez pas encore apporté votre soutien etque vous souhaitez le faire, vous pouvez établir un chèque àl’ordre de 3AF, Association Aéronautique et Astronautique deFrance, ou payer en ligne en vous rendant sur le site:http://www.aaaf-adher.fr/

Vous remerciant par avance,Bien cordialement.

Le président de la 3AF,Michel SCHELLER

Chère, cher collègue,

Vous devez avoir reçu fin mai un courrier de ma part quivous confirmait nos prévisions de difficultés de trésorerie

pour le 2ème semestre 2009, situation que nous vous avionsprésentée à l'Assemblée Générale du 29 avril dernier.En effet, si nos prévisions de recettes et de dépenses surdeux ans indiquent une situation favorable en 2010, elles met-tent en évidence un manque de fonds très important pour ledeuxième semestre 2009, ce besoin ne pouvant être couvertpar nos réserves actuelles.J'indiquais que ceci était dû pour l’essentiel aux reports, à lafin de 2009, du colloque Espace Militaire et, au début de2010, du colloque Optronique, ainsi qu’aux dépenses impor-tantes que nous avons consenties et que nous devrionsencore consentir pour préparer les grands colloques de2009/2010 sans avoir la possibilité d'être couverts par desrecettes suffisantes.Par ce courrier de fin mai, j’ai fait appel à votre solidarité,comme à celle de tous les membres 3AF, en vous demandantde bien vouloir examiner la possibilité de faire un don à notreAssociation et/ou de verser en avance votre cotisation 2010(et de régler votre cotisation 2009 si vous ne l’avez pasencore fait).Les réponses reçues à ce jour sont encourageantes et jeremercie vivement tous ceux et celles qui ont déjà versé leurcontribution. Mais cela est encore loin d’être suffisant.

LETTRE DU PRESIDENT DE LA 3AF

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ASPECTS MEDICAUXDU TOURISME SPATIALLe 11 avril dernier, le MASTER (groupe régional de MédecineAérospatiale) a organisé au siège Toulousain de Météo Franceune journée de formation de médecine aéronautique et spa-tiale sur le thème « Du plus bas au plus haut : autour de la vol-tige et du vol suborbital ».Une série de conférences, accessibles aux médecins commeaux novices, a présenté différents aspects médicaux liés autourisme suborbital, à des aventures d’aujourd’hui et du futur,à la voltige aérienne et à la microgravité. Des tables rondesréunissant les différents conférenciers ont ponctué chaquedemi-journée.Enfin, la journée s’est terminée par une présentation sur lescontraintes météorologiques pour les lancements Ariane au CSG.Voici un résumé de quelques aspects de ces présentations5.

TOURISME SUBORBITALGarrett SMITH, président du groupe de travail sur le tourismespatial de la 3AF, a eu le privilège d’inaugurer la série deconférences, en rappelant les enjeux et l’impact économiquedu tourisme spatial.Le marché du tourisme spatial représente un potentiel éco-nomique estimé à 80 millions d’Euros à ses débuts et jusqu’à500 millions d’Euros en 2021. L’Europe représenterait 25%de ce marché, les passagers ayant la volonté de survoler leurrégion d’origine.Le prix du billet, actuellement de 200 000 dollars, pourraitchuter à 50 000 dollars dans 15 ans.Les candidats passagers sont motivés par la vision de la terreet par la sensation d’apesanteur. Pour ceux qui ne pourraientpas voler, l’implantation de « Spatioports » pourrait permettred’approcher ce milieu en proposant des activités annexes, quigénéreraient également d’autres revenus.

Henri MAROTTE, Pr. agrégé de médecine aéronautique, aensuite exposé les contraintes physiologiques auxquellesseront soumis les passagers. Il a proposé des solutions tech-nologiques pour y faire face, et a ainsi précisé les critères desélection médicale des candidats aux vols suborbitaux.

A 100 km d’altitude, la disparition de la pression atmosphé-rique a pour conséquences :• l’hypoxie : la pression partielle de l’oxygène étant trop faible,

celui-ci ne peut plus traverser les alvéoles pulmonaires pouroxygéner le sang ;

• l’ébullisme : l’eau de l’organisme se met en ébullition ;• l’aeroembolisme : l’azote dissous dans le sang passe à l’état

gazeux et les bulles embolisent le système circulatoire.

Ces 3 phénomènes sont neutralisés par la mise en placed’une pressurisation correspondant à une altitude de rétablis-sement de 2 500 ou 3 000 mètres, par l’intermédiaire d’unscaphandre ou d’une cabine pressurisée.C’est cette altitude de 3 000 mètres qui contre-indique cesvols chez les insuffisants respiratoires.D’autre part, les accélérations subies par les passagersseront assez importantes, elles pourront aller jusqu’à 4 à 6 Gdans le sens de l’axe des X.L’exposition aux G entraîne une augmentation de la pressionartérielle et de la fréquence cardiaque. La comparaison a étéfaite avec une séance de voltige, qui équivaut du point de vuetravail musculaire cardiaque à une épreuve d’effort faite chezle cardiologue.De plus ces accélérations sont génératrices de troubles durythme.Les accélérations étant moins bien supportées par les sujetsnon entraînés, un entraînement préalable sur centrifugeusepourrait être envisageable. Toutes les maladies cardiaques(maladies du myocarde ou troubles du rythme) sont des

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5. Cet aricle a été publié dans la Gazette TMP N°1-2009

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contre-indications.Afin de mieux supporter le mal des transports, les passagersdes vols paraboliques, comme dans l’Airbus zéro G, prennentde la Scopolamine. Il devrait en être de même pour les can-didats aux vols suborbitaux.Dans ce cas, les contre-indications dues au médicament sontle glaucome et l’adénome prostatique.En résumé, les candidats aux vols suborbitaux devront êtreaptes à supporter une séance de voltige, et pourraient doncpasser cette visite médicale d’aptitude chez tout médecinagréé classe II (pilote privé) par l’aviation civile.L’ancien astronaute de la NASA John HERRINGTON et le Dr.F. LEHOT ont ensuite présenté des solutions américainesd’accès à l’« espace » : la société Rocketplane offre à tousl’opportunité de voler dans l’espace dans des conditions desécurité optimales et la société Zero G corp propose des vols0G pour le grand public en B727.Enfin, le Dr. A. PAVY Le TRAON a clôturé le thème en présen-tant une solution de gravité artificielle par une centrifugeuse àbras courts.

L’AVENTURE D’AUJOURD’HUI ET DU FUTURMichel FOURNIER, parachutiste de l’extrême, a exposé desdétails techniques sur le saut d’une altitude de 40 000 mètresqu’il doit effectuer le 25 mai prochain au Canada.Son récit a été complété par une présentation du Pr. HenryMAROTTE sur les contraintes physiques et physiologiques du« grand saut ».Un ballon gonflé à l’Hélium, mesurant 116 mètres de long etd’un volume de 600 000 m3, doit le monter à l’altitude de40 000 m dans une cabine pressurisée dont l’altitude de res-titution sera de 9 000 m. Le saut nécessitera au préalable 6heures de dénitrogénation.Après 30 secondes de chute, il atteindra la vitesse de 296m/s, et au bout de 50 s, celle de Mach 1,3 à 1,5. La duréetotale de la chute libre est de 7 minutes.

Au début de sa chute, M. FOURNIER ne pourra se stabiliserque par une sphère qu’il traîne derrière lui et qui le maintien-dra incliné tête en avant à 58°. A 23 km d’altitude, il pourrautiliser ses membres pour se stabiliser. Enfin, il ouvrira sonparachute à une altitude de 1700 mètres.Le risque principal de cette aventure serait l’ouverture intem-pestive du parachute qui entraînerait une décélération de 30à 40 G. Les données recueillies lors de cette expérienceseront utilisées pour démontrer la possibilité de survie desastronautes en cas d’incidents à une altitude critique du voldes navettes.

Philippe PERRIN a présenté les différents aspects d’une sortieextra-véhiculaire dans l’espace (EVA). Il a mentionné le mal del’espace, les aspects psychologiques (perte des moyens), phy-siologique (répartition de la masse sanguine, processus dedénitrogénisation), la difficulté d’orientation, et les conditionsextérieures (variations de températures à +- 150°C, particules).Le scaphandre de protection implique également d’autrescontraintes comme la limitation des mouvements, de l’eau etde la nourriture.L’entraînement en piscine permet à l’astronaute d’apprendre às’adapter au scaphandre.Enfin, Robert LAINE a clôturé le sujet en présentant le projetEADS Astrium d’avion spatial.

MEDECINE AERONAUTIQUE : LA VOLTIGE

Pierre SELVA, thésard à l’ISAE-Supaero, a présenté son pro-jet, qu’il va continuer au MIT l’année prochaine.Il s’agit de la modélisation du fonctionnement de l’oreilleinterne, que l’on peut comparer à une mini centrale inertielle quidétecte les accélérations angulaires, linéaires et radiales ducorps, et permet l’orientation par rapport à l’axe de la gravité.Le projet de Pierre consiste en l’étude de l’état des senseurspour une stimulation donnée, ce qui aura un intérêt en méde-cine, en voltige, en milieu spatial.Les accélérations sont prises en compte par la cinématique,chaque senseur est modélisé en tenant compte de la méca-nique des solides et de la mécanique des fluides.Ces calculs sont enfin implémentés dans un programme quipermet de visualiser l’état de chaque capteur, en visualisation3D, et de courbe de réalité virtuelle.

Les risques de malaises en vol lors de la voltige ont été unautre sujet traité par le Pr. MAROTTE. Domaine sensible carresponsable de plusieurs accidents, et dont les causes sontregroupées en deux catégories :• Malaise dû à une cause hémodynamique due aux accéléra-

tions dans le sens vertical (axe des Y) qui entraîne une dimi-nution de la perfusion cérébrale, responsable d’une perte deconscience réelle (G LOC) ou une perte de conscience de lasituation (A LOC) ;

• Malaise dû à un trouble du rythme, avec effet pernicieux del’effet push pull pouvant aller jusqu’à l’arrêt cardiaque. L’effetpush pull, qui peut être mal supporté, est la transition avecune certaine amplitude (3 à 4 G minimum) d’une accélérationnégative ou nulle vers une accélération positive.

Enfin, le capitaine RALLET, pilote de chasse, a présenté desvidéos d’entraînement et expliqué les aptitudes de chasse etde présentation d’aéronefs.

ZERO G ET MICROGRAVITE3 étudiants de Supaero, Florient NOBELEN (membre de la3AF), Nicolas AUTRUSSON et Gaspard BONIN, ont préparéune expérience en relation avec le projet de P. SELVA.Le but est l’étude du fonctionnement d’un des canaux semi cir-culaire (Canal horizontal) en microgravité par l’utilisation del’Airbus Zéro G de Novespace.Ce canal horizontal sera stimulé grâce à un fauteuil tournant,afin de pratiquer l’étude et la mesure des nystagmus, de laperception de l’horizontale et verticale virtuelle et de l’effetCoriolis.

CONCLUSIONEn conclusion, cette journée de qualité a offert une vision glo-bale des aspects médicaux des vols suborbitaux et de la vol-tige aérienne. Il est encore difficile de prévoir la réaction dechaque individu, mais l’application des connaissancesactuelles et l’entraînement permettent de limiter les risquesdes pilotes et des passagers à un niveau acceptable.L’idée reste cependant de permettre à un maximum de per-sonnes d’accéder à l’espace, c’est-à-dire de voir la terre etl’atmosphère de haut ainsi que de sentir l’impression d’ape-santeur.

François TRICOIRE et Delphine GOURDOUGroupe Régional Toulouse Midi-Pyrénées

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Aéroacoustique. Bruit à largebande des turbomachines

par Gérard FOURNIER

Le « 12th CEAS (Council of European AerospaceSocieties) Aeroacoustics Workshop » s’est tenu àl’Escuela Técnica Superior de Ingenieria de Bilbao,Espagne, les 23 et 24 octobre 2008. C’était aussi le« Third Scientific Workshop » de l’action de coordina-tion de la Commission Européenne X3-Noise.

Bilbao est maintenant une ville moderne agréable. Son vasteport et la côte basque s’ornent de promenades étendues etde belles villas. Mais 99% de ses visiteurs n’en retiennent quele nouveau musée Guggenheim. L’ingénieur en aéronautiqueen conserve une vision de débauche de titane hallucinante.Alors qu’on lui a appris à n’utiliser qu’avec circonspection etparcimonie ce merveilleux métal, il n’en croit pas ses yeux dedécouvrir les milliers de plaques de titane, toutes façonnéesdifféremment, qui recouvrent cette construction ! Mais reve-nons au colloque dont le titre était : « TurbomachineryBroadband Noise ».

PRESENTATION

OrganisationL’organisation locale en a été assurée par le Professeur AnaVILLATE du CTA (Aeronautical Technologies Centre, Bilbao).Le président du comité scientifique était le Docteur EmilioCAMPOS, INTA (Instituto Nacional de Técnica Aerospacial,Madrid). 63 participants ont suivi les 6 séances. La plupartdes pays européens, dont les nouveaux états-membres,étaient représentés ainsi que les Etats-Unis, la Russie, leBrésil et le Japon, avec une bonne délégation de l’industrieaérospatiale incluant Rolls Royce, Snecma, Alenia Aermacchi,Embraer, EADS et Dassault Aviation.

Le bruit à large bandeLe bruit de raies des soufflantes a déjà été fortement réduitet le bruit à large bande devient un vrai problème pour conti-nuer à réduire le bruit des avions. Dans la plupart des souf-flantes récentes à large corde, la contribution du bruit à largebande au bruit de soufflante est, en première approximation,du même ordre de grandeur que celle du bruit de raies.D’ailleurs, le motoriste recherche souvent à optimiser la géo-métrie de l’aube pour minimiser le bruit à large bande. D’autrepart, les architectures moteur à stator structural ou intégréont un espacement relatif rotor-stator plus important et laconséquence en est souvent un bruit de raies plus faible, leseffets positifs d’espacement l’emportant sur les effets néga-tifs de la non-coupure modale de conduit.

Programme3 conférences pilotes ont été données et 19 contributionsont été présentées au cours de six séances :– Characterization of Turbulence;– Broadband Noise Sources ;– Blade Response and Sound Radiation ;– Computational Methodologies ;

– Broadband Noise Theories ;– Experimental Approaches.

Une discussion générale a été organisée à la fin du pro-gramme mais n’a pas été suivie d’un compte rendu. Les pré-sentations ont été publiées dans un disque compact et sontaussi disponibles sur le site restreint X3-NOISE. Seul le nomdu premier auteur est donné en référence dans ce qui suitpour plus de clarté et nous nous en excusons auprès des co-auteurs.Les turbomachines d’avions comprennent des soufflantes,des compresseurs et des turbines. Le bruit à large bande desturbines est généralement englobé avec le bruit de combus-tion (qui avait fait l’objet du workshop 2007) sous l’appellationde bruit du cœur du moteur. Une seule présentation a traitédes turbines. Les compresseurs ne rayonnent pas vers l’avalet leur rayonnement vers l’amont est dilué dans celui des souf-flantes. L’essentiel du sujet concerne donc le bruit à largebande des soufflantes. Mais aucun résultat n’a été présenté surle bruit de soufflantes d’avion réelles. La recherche est encorebasée sur des ventilateurs de laboratoire à échelle assezréduite. Des travaux sur les ventilateurs de refroidissementd’automobiles ont aussi été présentés. Et beaucoup de contri-butions ne concernaient même pas un ventilateur ou soufflantecomplet mais seulement une pale isolée ou une grille d’aubes.Le bruit à large bande des soufflantes inclut un nombre limitéde mécanismes physiques :– l’interaction des aubes du rotor avec les rafales absorbées

ou la couche limite du conduit ;– le bruit propre du rotor comprenant

• la diffraction des fluctuations de pression de la couchelimite des aubes par leur bord de fuite,

• le bruit lié au jeu en extrémité d’aubes,• un éventuel lâcher tourbillonnaire par les aubes (bruit

plutôt tonal) ;– l’interaction des aubes du stator avec

• la couche limite du conduit ;• la turbulence des sillages du rotor.

– le bruit propre du stator.

La source dominante n’est pas définitivement identifiée pourune soufflante réelle mais il semble qu’un rôle important doiveêtre attribué à l’interaction rotor-stator.

CONFERENCES PILOTESLa première conférence-pilote, intitulée « PROBAND :Improvement of Fan Broadband Noise Prediction : Experi-mental Investigation and Computational Modelling », a été pré-sentée par Lars ENGHARDT, DLR Berlin, Allemagne. C’était unrésumé du projet européen PROBAND, récemment terminé,

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et donc une excellente introduction au sujet du workshop. Unedes préoccupations actuelles de l’industrie aéronautique estaujourd’hui de porter l’effort sur la réduction du bruit à largebande des turbomachines. Pour progresser dans cette direc-tion, il s’agit d’acquérir une bonne compréhension des phéno-mènes et de valider les outils de prévision. En conséquence,la moitié des présentations suivantes étaient en rapport avecPROBAND. On pourrait regretter que ce colloque ait réuniautant d’auteurs qui avaient déjà travaillé ensemble maisc’était aussi pour eux l’occasion de discuter leurs résultatsavec des spécialistes non partenaires de ce projet. De fait,cette situation est l’image de la bonne coordination desrecherches européennes dans ce domaine.La deuxième conférence-pilote, « The Effect of BladeThickness and Angle of Attack on Broadband Fan Noise », aété donnée par Stewart GLEGG, Florida Atlantic University,USA. La première partie de sa présentation traitait du bruitpropre du rotor, la seconde du bruit d’interaction rotor-stator.Il admit que le bruit propre du rotor est dominé par le bruit debord de fuite des aubes. Toute la discussion était essentielle-ment limitée à des profils isolés.

La troisième conférence-pilote, « Using Phased ArrayBeamforming to Identify Broadband Noise Sources in aTurbofan Engine », avait pour auteur Pieter SIJTSMA, NLR,Pays-Bas. Au titre d’une tâche dans PROBAND, il a essayé delocaliser le mécanisme de source dominant avec un réseauphasé de microphones, sur une maquette de soufflante aubanc d’essai du AneCom Aero Test Facility. Des sourcessemblent situées sur le bord de fuite des aubes du stator. Onpeut noter qu’il devrait être impossible de distinguer dessources réelles, résultant de la diffraction de la couche limitesur les aubes, d’autres sources, situées plus en amont, dontle champ acoustique est aussi diffracté par le bord de fuitedes aubes.

LE BRUIT PROPRE DES AUBESUne bonne partie des présentations concernaient le bruit pro-pre des aubes mobiles de rotor ou des aubes fixes de redres-seur ; beaucoup mais pas toutes avec mesures et prévisions.Des prévisions numériques ont été proposées par J. COUP-LAND (Rolls-Royce, Royaume Uni) dans : « LES/DESCalculations of Thin Fan-Blade Sections ». Une comparaisonavec des résultats RANS (Random Average Navier Stokes) aété montrée dans le cas subsonique mais la discussiondevient plus floue en transsonique. Les contributions de B.GRESCHNER (ISTA-TU Berlin, Allemagne), « Measurementsand Wall Modeled LES (IDDES) Simulation of Trailing EdgeNoise Caused by a Turbulent Boundary Layer », et de J. GRIL-LIAT (LMFA Lyon, France), « Broadband Self-noise PredictionUsing RANS Data » (voir fig. 1), rassemblaient les mêmeschercheurs et se rattachaient au projet PROBAND, tout

Figure 1. Prédiction du bruit de bord de fuite d’un profilNACA5510 isolé, à 15° d’angle d’attaque, à M~0.2,Re~960 000, à partir d’une simulation RANS de l’écoule-ment. Prédiction à l’aide du modèle de Rozenberg (Thèse,EC Lyon, 2008) de la pression pariétale à mi-envergureprès du bord de fuite (97.5% de corde) (a); prédiction dubruit rayonné à 90° en champ lointain à l’aide du modèlede Roger & Moreau (J. Sound and Vib., 286(3), 2005) (b).Résultats du projet PROBAND/6ème PCRD. (d’après J.Grilliat et al., avec autorisation de l’Ecole Centrale de Lyon)

(a) (b) Figure 3. Illustration de la propagation d’une onde à traversune grille d’aubes à Mach 0,4 ; un seul mode se propagedans le cas a, deux modes dans le cas b (d’après H. POS-SON et al., avec autorisation de Snecma)

(a) (b)

Figure 2. Caractérisation expérimentale du bruit d’un jeu de 5% de corde, pour un profil NACA5510 isolé, à 15° d’angled’attaque, dans la zone à potentiel d’un jet rectangulaire à M~0.2, Re~960 000: photo du dispositif (a); cartographie dela composante de vitesse transverse montrant le jet de jeu dévié (b) répartition angulaire et spectrale de la contributiondu bruit de jeu au champ lointain (c). Résultats du projet PROBAND/6ème PCRD (d’après M. JACOB et al., avec autorisa-tion de l’Ecole Centrale Lyon)

(a) (b) (c)

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Annonces des groupes régionauxC

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Date Lieu Manifestation

2009LES SAMEDIS DE L’HISTOIRE (Tél : 01 34 60 11 34 ; Courriel : [email protected])

27 juin Musée de l’Air et « Il y 60 ans, le SE 4100, 1ère fusée françaiseà 14h30 de l’Espace moderne » par Philippe Jung, 3AF

LE BOURGET 2009Le salon est ouvert aux professionnels du 15 au 21 juin et ouvert au grand public du 19 au 21 juin, de9h30 à 18h30 (http://www.salon-du-bourget.fr).

La 3AF disposera de deux stands préparés et animés par Serge MORLAN. Les membres volontaires pourassurer une permanence doivent se signaler à Serge.

TOULOUSE MIDI-PYRÉNÉES (Tél. : 05 56 16 47 44 ; courriel : [email protected])

3 juillet Mont Louis 66210 « constellation Terre : observation de la terre, la nuit, notammentà 21h Salle des Pyrénées via la station spatiale internationale » une conférence de Michel

BONAVITACOLA, 3AF, correspondant Midi-Pyrénées de laSociété Astronomique de France et ingénieur à Airbus Toulouse,dans le cadre de l’Année Mondiale de l’Astronomie (AMA 2009)

Colloques nationauxet internationaux

Date Lieu Organisateur Manifestation

200924-26 juin TOULOUSE 3AF GR TMP-SEE ETTC 2009 : « Conférence Européenne >

Centre des www.aaafasso.fr des essais et télémesure »Congrès P.Baudis

21-24 sept. USA- Hilton Head AIAA & 3AF « Aircraft Noise and Emissions ReductionSouth Carolina Symposium » (ANERS) & « 9th AIAA Aviation

Technology, Integration, and OperationsConference (ATIO) »

1-2 oct. BUCAREST COMOTI, DLR 13th X3-Noise/ CEAS-ASC WorkshopRoumanie Email : [email protected] on « Resolving uncertainties in airframe

noise testing and CAA code validations »

7-8 oct. PARIS AAE « Les aéroports face à leurs défis »Email : [email protected]

26-29 oct. MANCHESTER CEAS CEAS 2009 European AirUK ceas2009.org and Space Conference

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comme la présentation précédente. Les deux comparaientdes prévisions numériques à des résultats expérimentaux. Lechoix des calculs RANS par les seconds auteurs leur permet-tait d’amorcer l’étude du bruit de jeu en extrémité d’aubes.Cette source de bruit était aussi examinée dans la présenta-tion de M. JACOB (LMFA Lyon, France), « AeroacousticInvestigation of a Single Airfoil Tip Leakage Flow », qui traitaaussi de résultats expérimentaux obtenus dans une soufflerie(voir fig. 2). Par ailleurs, d’autres résultats des mêmes expé-riences ont été discutés par R. CAMUSSI (University Roma 3,Italie) dans son exposé intitulé « Pressure/Velocity ConditionalStatistics in a Tip Leakage Flow ». Des modèles analytiquespour le bruit à large bande des profils ont été présentés parM. ROGER (LMFA,Lyon, France) dans sa contribution « Exten-sions and Limitations of Analytical Airfoil Broadband Noise ». Ila aussi parlé des lâchers de tourbillons. Ce dernier phéno-mène a également été étudié par V. KOPIEV (TsAGI, Russie)dans : « Bluff Body Noise : Does Truncation Geometry Reduceor Intensify it ? ». Des recherches sur le bruit propre d’un ven-tilateur de laboratoire complet ont aussi été rapportées par A.MOREAU (DLR Berlin, Allemagne) dans son exposé intitulé« Parametric Study on the Broadband Noise Generated by aLow-speed Fan ».

LE BRUIT D’INTERACTIONUn autre ensemble important de communications traitaient dubruit d’interaction. H. POSSON (LMFA Lyon, France) a déve-loppé un modèle analytique pour prévoir le bruit résultant del’interaction d’un écoulement turbulent avec une grille d’aubesdans son exposé « Cascade Response Function Applied to thePrediction of Fan Broadband Noise » (voir fig. 3). A. LLOYD(University of Cambridge, Royaume Uni) a aussi traité d’unschéma analytique pour une grille d’aubes dans sa communi-cation « Rotor Stator Broadband Noise Prediction ». Dans sacontribution « Ducted-Fan Broadband Noise Simulations UsingUnsteady or Averaged Data », G. REBOUL (ONERA, France) acomparé ses prévisions numériques aux résultats obtenus surle ventilateur DLR (voir fig. 4). Il faut noter que la langueanglaise jouit d’une confusion pudique en appelant fan aussibien un énorme moteur d’avion qu’un minuscule bidule derefroidissement. En français, on ne peut pas qualifier de souf-flante un montage de laboratoire encore modeste. D’autresdiscussions sur le même montage ont été proposées par V.JURDIC (University of Southampton, Royaume Uni) dans :« Comparison Between Measurements and Prediction of Fan

Broadband Noise on a Low-speed Fan Rig ». Des méthodesanalytiques et numériques furent présentées par D. CASA-LINO (CIRA, Italie) pour un ventilateur de refroidissement dansson exposé « One, No One and One Hundred ThousandMethods for Low-speed Fan Noise Prediction ».Une seule contribution importante, par A. SERRANO (ITPMadrid, Espagne) concernait le bruit de turbines : « On theRelevance of Internally Generated Turbine Broadband Noise ».

PROPAGATIONOn peut regrouper les autres contributions sous un titre géné-ral de propagation. L. CAMPOS (IST Lisbon, Portugal) a parléd’un conduit avec écoulement cisaillé et enroulé dans sonétude théorique de propagation intitulée « On SoundGeneration in Axisymmetric Sheared and Swirling MeanFlow ». L’exposé « Broadband Turbomachinery Noise :Exhaust Noise Propagation Simulation » de R. LENEVEU (FFT,Mont-Saint-Guibert, Belgique) traitait également de propaga-tion en écoulement giratoire. L’auteur partait d’un code de cal-cul validé précédemment du côté entrée d’air d’une soufflanteréelle, avec un écoulement convectif simple. Il concluait quece code pouvait encore être utilisé valablement en sortie pourles modes acoustiques de soufflante mais pas pour ceux deturbines qui nécessitent la modélisation du cisaillement entreles flux interne et externe. La contribution de G. BENNETT(Trinity College Dublin, Irelande), « Non-linear IdentificationApplied to Broadband Turbomachinery Noise », était une ana-lyse de résultats expérimentaux sur des ondes se propageantdans un conduit, où étaient particulièrement examinées lesinteractions non-linéaires entre une autre source de bruit et unventilateur. L’exposé « PU Surface Impedance Measurementson Liner Materials in the Presence of a Grazing Flow », de H.-E. DE BREE (Microflown Technologies, Zevenar, Pays-Bas),montrait le développement d’une sonde d’impédance à utiliseren écoulement à basse vitesse.Enfin, une conférence supplémentaire, intitulée « Optimisationof Future Aircraft and Propulsion Systems », a été faite par A.JOSELZON (Airbus and chair of the CEAS propulsion commit-tee) pour rappeler aux participants l’urgence des recherchessur le bruit des rotors non carénés, de types hélices rapidescontra-rotatives ou « openrotor ».

CONCLUSIONEn conclusion, les présentations et les discussions ont ététrès stimulantes et la plupart des sujets importants pour lebruit à large bande des turbomachines ont bien été traités.Des résultats marquants pour valider les codes de prévisionont été obtenus à l’échelle du laboratoire dans le cadre duprojet de recherches coordonnées PROBAND. Dans ces mon-tages de laboratoire, les nombres de Mach (jusqu’à 0,3) et deReynolds (jusqu’à 1,3 x 106) n’étaient plus trop éloignés dessituations de vol réelles, tout au moins pour les conditionsd’approche. Une extrapolation des résultats et une extensiondes modèles à des nombres de Reynolds plus élevés nedevraient a priori pas poser de difficultés. Ainsi la principalelimitation de ces études provient essentiellement du faitqu’elles ne s’appliquent pas au régime transsonique desmoteurs, atteint lors du décollage.L’auteur remercie J. JULLIARD (Snecma), D. GELY (ONERA) etM. JACOB (Ecole Centrale Lyon) pour leur assistance dans lapréparation de cet article.

Gérard FOURNIER, GFIC

Figure 4. Comparaison de résultats expérimentaux avecdes prévisions anlytiques ou numériques (d’après G.REBOUL et al., avec autorisation de l’ONERA)

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Une nécessité incontournablepour notre devenirPar Michel SCHELLER

Les 2 et 3 octobre 2008, à l’occasion de la PrésidenceFrançaise de l’Union européenne et du 12ème Sommet de laFrancophonie, a été organisée à l’Ecole Militaire de Paris la1ère UNIVERSITE D’ETE DE L’INTELLIGENCE ECONOMIQUE,sur le thème : « La France, l’Europe et les Etats francopho-nes sont-ils des marchés conquis ? ».Une des tables rondes organisées le vendredi 3 octobreavait pour thème : « Comment les industries européennesvont-elles saisir les promesses économiques offertes par laréalisation des grandes infrastructures : l’exemple deGalileo ». Les modérateurs en étaient :

Michel SCHELLER, administrateur du CED, Président del’Association Aéronautique et Astronautique de France,Conseiller du Président d’INEO et Marc PAOLONI, adminis-trateur du CED, Vice-président de l’Association de la PresseEuropéenne, fondateur de BUSINESS BRIDGE EUROPE.

Michel SCHELLER a rédigé à cette occasion un texte intro-ductif que nous publions ci-après.

« Mesdames, Messieurs,

Nous sommes entrés dans une période où le monde industrielrencontre de nombreuses difficultés :• les marchés stagnent, la concurrence est plus vive en étant

plus ouverte, et dans tous les cas les marges diminuent ;• la mutation est considérable, passant d’une culture patri-

moniale à celle de satisfaction capacitaire, d’abonnement àdes services ;

• des contraintes ou des opportunités nouvelles apparaissentavec la prise en compte des normes environnementales etdes considérations de développement durable.

Par ailleurs, note balance commerciale est déficitaire. Il nousfaut donc analyser les raisons de cette situation et nous adap-ter sans tarder.Il me semble que nous rentrons pleinement dans une nouvelleère de révolution industrielle.

Quelques exemples suffiront à montrer l’ampleur de la mutation :• Homeland Security1 : une officine dont la mission affichée

est « la sécurisation de la Nation américaine et la préserva-tion des libertés » : on s’abonne à un système de sécurisa-tion avec facturation des performances ;

• La Cité du futur2 : notion plus ou moins extensible, avec éga-lement abonnement à un service ;

• Les nouvelles approches de notre Exécutif :– La carte des établissements pénitentiaires ;– La carte hospitalière ;– La carte Défense ;– Le plan campus...

Autant d’approches qui vont se traduire par de nombreux par-tenariats et qui, pour être éligibles doivent conduire à de nou-veaux réflexes :• Une stratégie de l’offre ;• Une prise en compte des normes environnementales et des

considérations de développement durable ;• Une appréciation des risques et une gestion de ceux-ci.

En d’autres termes, une nouvelle culture d’entreprise doit êtrela volonté première de tout chef d’entreprise, et je suis intime-ment persuadé que nous allons, dans les deux années à venir,assister à une évolution profonde du panorama industriel.

Je voudrais vous donner un autre exemple.Le Moyen-Orient met en œuvre un programme de villes nou-velles tout à fait considérable. La nouvelle cité de Massad enArabie Saoudite par exemple, 40 000 habitants, vit complè-tement sur elle-même : énergie, eau, traitement des déchets,normes environnementales, volonté d’un énorme campus uni-versitaire de type anglo-saxon, volonté également de disposerde revenus tiers.La valorisation se fera à travers des partenariats, et en sus,les élus auront démontré une capacité à créer des richesses.Sommes-nous loin du sujet de notre université d’été et duthème de notre table ronde ? Je ne le pense pas.La stratégie de l’Union pour soutenir le développement éco-nomique se traduit par la mise en œuvre de grandes infra-structures.

Un bel exemple en est Galileo.La mise en place de cette infrastructure devait se faire à tra-vers un partenariat ; ce n’est pas le cas. Mais cette infra-structure va permettre d’offrir à la société de nouveaux ser-vices dont beaucoup sont liés au positionnement, mais passeulement.Mise en place de l’infrastructure : la concurrence bat sonplein. Une bonne proposition doit présenter, par rapport à sesconcurrentes, le plus de valeur ajoutée. Un maître d’œuvre derang 1 doit connaître le tissu des partenaires industrielspotentiels (des PME innovantes en général). Mais à l’inversedes relations étroites doivent être établies.Les pôles de compétitivité en France ont précisément cetobjet. Il conviendra d’en apprécier les réelles performances etsi les résultats sont probants, d’envisager une extension auniveau européen.Mais sans doute n’est-ce pas suffisant. J’ai entendu hier danscette enceinte, parler de réseaux d’experts. Il nous faut abso-lument - et c’est culturel - mettre notre intelligence collectiveau service de notre économie et ce au travers de réseauxd’expertise, et si l’on se réfère aux approches anglo-saxonnes, c’est au travers de sociétés savantes que cetteexpertise peut le mieux se développer.Sociétés savantes, réseaux d’experts et d’expertise, intelligenceéconomique valorisée à travers notre intelligence collective.

Par ailleurs, la mise en place d’infrastructures doit se traduirepar la mise en place de nouveaux services. Je pense par

1. Homeland security : voir http://www.dhs.gov/xlibrary/assets/DHS_StratPlan_FINAL_spread.pdf2. La « Cité du futur » est un concept de la société INEO du groupe GDF SUEZ regroupant des solutions et des services dans lesdomaines de l’énergie, des télécommunications, de la sécurité et des transports pour accompagner les collectivités dans leurdémarche durable.

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exemple à la Taxe Poids Lourds qui peut aller jusqu’à la per-ception de cette taxe.Mais bien d’autres nouveaux services sont concevables, liés àla santé, à la météorologie, à la sécurité, etc.Nous concevons bien là, qu’il faut une politique de l’offre et,dans la majorité des cas, d’offres à la société.Sont concernés les maîtres d’œuvre de rang 1 mais aussi lesPME innovantes. Alors il nous faut faire preuve de dynamisme,d’inventivité, et faire en sorte que nos infrastructures « euro-péennes » se traduisent par de la création de richesses auniveau européen.Alors n’ai-je pas besoin d’insister - l’intelligence économique,la connaissance mutuelle, la mise en commun de nos savoirs- sont une nécessité incontournable pour notre devenir.Ce que je viens de dire rapidement, à grands traits, est uneréalité d’aujourd’hui, non nécessairement perçue. Peut-êtredes questions vont-elles enrichir notre table ronde ?Mais auparavant, nous avons prévu des éclairages sur lethème de notre table ronde : « Comment les industrieseuropéennes vont-elles saisir les promesses économiquesoffertes par la réalisation des grandes infrastructures : l’ex-emple de Galileo ».

On nous rappellera rapidement ce qu’est Galileo et commentcette infrastructure offre de larges potentialités. Un maîtred’œuvre de rang 1 nous parlera de la concurrence vive, deses approches pour faire émerger de la valeur ajoutée, deses relations avec des partenaires PME/PMI. Il nous évoqueraégalement les perspectives en ce qui concerne les nouveauxservices qui pourraient retenir son attention. Alain BORIES,Vice-président stratégie et business development de OHBTECHNOLOGY AG et président honoraire de Galileo Services,traitera de ces sujets.

Nous chercherons ensuite les réactions d’un patron dePME/PMI. Marc POLLINA, Directeur Général de M3 SYSTEMSréagira sur les points suivants :• développement d’une nouvelle infrastructure, rôle d’une

PME, réseaux d’experts, pôles de compétitivité, intelligenceéconomique ;

• intégration de nouveaux services au profit de la société ;• comment il perçoit la notion de risques.

Enfin, Stanislas CHAPRON, Président du Directoire de MARSHS.A. et Directeur Général du groupe MARSH, traitera de cettequestion qui devient essentielle : de l’appréciation, de la ges-tion et de la couverture des risques.Je pense que nous saisissons tous que ce passage d’une cul-ture patrimoniale à une culture capacitaire impose à tous lesstades des partenariats et doit être nourri par les apports del’intelligence économique enrichie de l’intelligence collective.

Ce sont à mes yeux des conditions incontournables d’une poli-tique de l’offre qui doit s’appuyer sur le moteur de l’innovation.

Michel SCHELLER

« Le différentiel va se créerpar la connaissance » : le

point de vue d’Alain JUILLETPar Thibault RENARD1

A l’occasion du Séminaire aéronautique de préparation auSalon du Bourget 2009, organisé le 12 mars dernier par laChambre de Commerce de Paris (CCIP), le Haut Responsableen charge de l’Intelligence Economique (HRIE) Alain JUILLET,a partagé son point de vue concernant l’impact de la criseactuelle sur le secteur aéronautique, expliquant en quoil’Intelligence Economique (IE) constitue aujourd’hui un atoutpour y gagner des parts de marché.Alain JUILLET a d’abord précisé la situation du secteur aéro-nautique : des carnets de commandes pleins qui permettrontd’atténuer le choc de la crise, mais une différence désormaisinfime entre ses différents acteurs. Pour maintenir ses partsde marché, il s’agit désormais non seulement d’innover, maisd’être capable de faire la différence par sa maîtrise de laconnaissance.Cela implique de trouver l’information, mais également del’analyser, afin d’anticiper les actions concurrentes et appor-ter de meilleures offres. L’IE est en effet d’abord un état d’es-prit : elle ouvre les yeux sur les attentes de l’autre, qu’il soitconcurrent, client ou partenaire.

LES PME EN PREMIèRE LIGNECe pilotage de la connaissance par l’IE est vital, mais estresté trop longtemps l’apanage des grands groupes. Or, AlainJUILLET fait le constat que les PME de l’aéronautique, qui ontparticulièrement besoin de développer leur capacité d’IE, sontdans une situation similaire à celle du secteur automobile :elles ne sont pas aidées par les grands groupes, qui aucontraire ont tendance à faire peser le poids de la crise surleurs sous-traitants.Face à ce besoin pour les PME d’accroitre leur autonomie,Alain JUILLET a donc fait deux suggestions : d’abord multiplierles Partenariats Public-Privé, en construisant un relationnelbeaucoup plus fort entre l’Etat et les entreprises, mais égale-ment leur apporter l’appui nécessaire leur permettant dedévelopper leurs capacités d’analyse de l’information.

L’EMERGENCE DE NOUVEAUX PôLES FACEà UN OCCIDENT EN CRISESur le plan international, Alain JUILLET a tenu à rappeler qu’ilfallait se préparer à ce que le centre de gravité économiquede la planète se déplace vers l’Asie : la vision occidentale desrègles régissant le commerce mondial, longtemps incarnéepar l’OMC, est derrière nous, et cet état de fait concerne éga-lement les entreprises.Cependant, l’économie mondiale ne se dirige pas vers un nou-veau modèle dominant, mais vers un monde multipolaire oùchaque pôle aura sa spécificité. Celui qui maitrisera l’IE com-prendra donc avant les autres les règles régissant chaquepôle, et s’ouvrira des possibilités.Illustrant son propos, Alain JUILLET souligne que le monden’est pas partout en crise : la Chine continue de se dévelop-per et d’afficher une forte croissance. D’autres pays commele Mexique, l’Indonésie, ou encore le Brésil montent en puis-

1. Thibaud RENARD est membre de la Commission Informationpour l’Entreprise de la 3AF (CIPE), animateur du Pôle IntelligenceEconomique à l’Assemblée des Chambres Françaises deCommerce et d’Industrie (AFCI) à Paris.

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La politique spatiale européenne

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sance et vont offrir des opportunités majeures aux entre-prises qui sauront les saisir.

L’INTELLIGENCE ÉCONOMIQUE, UN ATOUTPOUR LA CRISE;La crise actuelle impacte donc d’abord l’occident, contraintde remettre en cause de son modèle industriel, mais égale-ment de revoir sa manière de peser sur les affaires du Monde.Après le Soft Power, le Hard Power, les Etats-Unis ont déjàfait le choix du Smart Power : « Influence et persuasion »,techniques qui sont précisément au cœur de l’IE.En conclusion, Alain JUILLET a réaffirmé sa confiance. Grâceà son modèle d’IE et à une moins forte dépendance que son

voisin Allemand aux exportations, la France a une opportunitéà saisir : en développant ses partenariat public-privé, en réfor-mant et clarifiant son dispositif d’aide à l’export, et enfin enpermettant à ses PME de s’approprier les techniques de l’IE,elle disposera de tous les atouts pour rester dans le pelotonde tête de l’économie mondialisée.

Thibault RENARD, CIPE

Une conférence de Joost Van IERSEL, membre du CESE(Conseil Economique et Social Européen)1

Monsieur Joost van IERSEL, membre du CESE de l’Unioneuropéenne a présenté une conférence sur la politiquespatiale européenne sur la base de la Communication dela Commission..., à l’instigation du Groupe régional Ile deFrance et notamment, grâce aux contacts étroits avecles Institutions européennes qu’a su conserver GérardFOUILLOUX, membre de la 3AF et retraité de SAFRANdont il fut longtemps le représentant auprès d’elles. Cetteconférence a été organisée par Anne-Marie MAINGUY,Haut conseiller scientifique auprès du président del’Onera et présidente du Groupe régional Ile de France,qui a animé le riche débat qui a clôturé l’événement. YvesBEGUIN, directeur de Space Development BY et retraitédu Cnes, a établi le compte rendu ci-après de cette man-ifestation, en relation avec Joost Van IERSEL.

Michel de Vriès

LE MODèLE DE DÉVELOPPEMENT EUROPÉENPOUR L’ESPACEL’Espace a ceci de particulier qu’il s’est développé en Europedans un contexte où se mêlent patriotisme, intérêt national etintérêt industriel. L’ESA s’est délibérément développée horsdu Traité UE, comme les états membres eux-mêmes enmatière de développement des activités spatiales. Avec quelsrésultats après plus de 30 ans de pratiques ?Cette politique a connu de vrais succès, mais dans la situationactuelle il faut prendre en considération les réalités exté-rieures. Quelles sont-elles ?• les budgets spatiaux mondiaux s’élèvent à 50 MD €, dont

40 proviennent des Etats-Unis ;• l’ensemble ESA et UE représente environ 6 MD € ;• les USA représentent donc un très grand marché, « natio-

naliste », avec les protections légales en place.L’UE considère que l’ESA a réalisé avec succès de grandesinfrastructures spatiales, des activités de R&D fructueuses,de grands projets et programmes comme Eutelsat,Eumetsat, Ariane, qui fonctionnent très bien. De plus degrands programmes nationaux comme on en trouve enAllemagne et surtout en France ont été inspirés par des tra-ditions et des intérêts nationaux, mettant en œuvre de grandsréseaux industriels.Ainsi le modèle de développement européen pour l’espace seprésente-t-il de façon très complexe, entremêlant intérêtscommunautaires et nationaux.

UN MODèLE à FAIRE ÉVOLUERIl parait difficile à la Commission de continuer sur cette voieet un ajustement progressif du modèle de l’ESA sur le marchélui semble devenu nécessaire. A quelles conditions ?• l’industrie veut accéder à des marchés internationaux, ce

qui conduit à privatiser les activités industrielles correspon-dantes. Les tenants du protectionnisme n’y sont pas favo-rables, mais ce mouvement de privatisation a lieu partout. Ilpermet de dynamiser les processus industriels, dans lecadre d’un marché ouvert. Une intensification des coopéra-tions désirables et prometteuses à l’intérieur et hors Europedevient alors possible ;

• des sociétés de taille internationales doivent émerger.Même les PME high tech se sentent concernées par cetteévolution et par les opportunités qu’elle comporte.

Les circonstances ont changé :• des efforts nationaux sont en plein essor un peu partout ;• de nouveaux acteurs, tels la Chine, l’Inde et d’autres pays

asiatiques ou des anciens acteurs comme la Russie appa-raissent ou réapparaissent : le champ des activités s’ouvre ;

• il faut combiner dynamique du marché et politique ;• il est devenu nécessaire de placer tout le processus dans

les perspectives de la sécurité et de la défense, ce qui estréalisé par la France, mais doit l’être pour le reste de l’UE.Les fondations pour une Europe de la défense liée à l’ESA

1. Cette conférence a été donnée le 18 septembre 2008, de 18 h à 20 h, sur le site parisien de la Sagem, 27 rue Leblanc,à l’instigation du Groupe régional Ile de France de la 3AF

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et à l’UE sont à mettre en place avec l’objectif de réaliserdes projets militaires communs.

Toutes ces évolutions créent un paysage différent de celui dupassé :• les besoins des utilisateurs, très importants, sont apparus :

avec Galileo et GMES (rebaptisé Copernicus). Il faut les met-tre en œuvre sans retard, après de longues attentes ;

• tous ces changements pris en compte doivent débouchersur des développements à l’échelle mondiale, qui incitent àchanger fondamentalement de politique ;

• le potentiel de services nouveaux plus ou moins liés à l’es-pace est considérable ;

• un accès indépendant à l’espace pour l’Europe doit êtreconservé ;

• le nombre des acteurs dans le monde augmente, qui sont àla fois concurrents et partenaires ;

• l’espace est une source d’innovation ;• les infrastructures scientifiques doivent être développées ;• recherches et développements d’applications sont liés ;• les implications pour la défense européenne sont évi-

dentes ;• les frontières sont floues entre les systèmes civils et mili-

taires ;• la taille individuelle des Etats ne permet pas de répondre à

ce type de défis.

LES NOUVELLES TâCHES DE L’UEEN MATIèRE D’ESPACEA partir de ce constat on en arrive à définir des tâches pourl’UE en matière d’espace :• développer les capacités et les potentiels cachés des diffé-

rents pays, en particulier des petits pays et des nouveauxvenus, à l’Est de l’Union, qui ont leurs propres potentiels etcentres de recherche ;

• tirer parti de l’avantage créé par l’intégration communau-taire, au sein d’un vaste marché intérieur en développant l’in-novation, en assistant les PME/PMI high tech, en formantles industriels à ce nouveau contexte. L’intégration euro-péenne devrait augmenter la compétitivité européenne ;

• la DG Compétitivité devrait, elle, favoriser la création d’un« level playing field » qui n’existe pas dans le cadre del’ESA ;

• le 7ème PCRD, deviendrait applicable à l’espace, entrainantplus des ressources financières pour ce secteur, plus d’inci-tations à créer des projets communs accélérant l’intégrationeuropéenne ;• les projets spatiaux devraient être progressivement inté-

grés aux autres projets, ce qui contribuerait à atteindre lesobjectifs de la stratégie de Lisbonne. Si les télécommunica-tions se développent en Europe, un effet positif devrait sefaire sentir sur les administrations des pays membres quisont toujours très divisées.

COMMUNAUTARISER TOUTE LA POLITIQUE SPATIALECes changements politiques et l’apparition des exigences desutilisateurs devraient conduire, selon le CESE, à une évolutiondu cadre réglementaire de l’ESA qui devient trop étroit.La communication 5INT/360 du 6 février 2008, (COM 2007sur www.eesc.europa) approuvée unanimement en mai 2008constitue un pas en avant. Depuis 2007 il existe un nouveauconseil qui pour L’UE remplace dans le domaine de l’espacele conseil Compétitivité et celui de l’Espace, qui est le conseilcommun qui va disposer de plus de pouvoirs.La question se pose maintenant de savoir quelle sera l’étapesuivante? Il faudra engager des discussions pour faire évoluer

la situation actuelle dans laquelle UE et ESA sont maîtres deleur domaine – financement du développement des technolo-gies spatiales par l’ESA, et développement des applicationspar la Commission, mais UE et ESA restant séparées tout encoopérant étroitement –, évolution nécessaire pour commu-nautariser in fine, si possible, toute la politique spatiale. Cesera une œuvre de longue haleine, délicate à conduire avecla plupart des états. Ce qui est paradoxal dans cette affairec’est que les Français exceptionnellement sont plus en faveurdu marché que les Allemands, qui redoutent une capture deleur marché..., exception de taille dans ce panorama des acti-vités industrielles européennes.

CONCLUSIONRythme des évolutionsFace à une situation délicate, il faut éviter le chaos, en pro-cédant à des évolutions graduelles, en augmentant l’activitéspatiale de tous les acteurs présents : petits grands, ancienset nouveaux arrivants, pour accroître les capacités spatialesde l’UE, à partir de la politique de juste retour de l’ESA, maisen introduisant progressivement plus de flexibilité vis-à-vis dumarché, afin de favoriser l’innovation dans un milieu industrielqui dans des circonstances actuelles n’y est pas toujoursenclin. Innovation nécessaire pour que les PME puissent réa-gir rapidement face à des besoins nouveaux, et accélérer lamarche vers l’économie de marché. Des évolutions brutalespourraient être contreproductives pour certains pays et doncpour le processus lui-même.Le CESE estime que les états doivent se prononcer pour uncalendrier, que le dialogue devrait s’étaler sur une dizained’années, afin d’établir des modes d’intervention communeESA-UE et de financements coordonnés, pour atteindre lesPME et faire jouer pleinement la concurrence.

Défense et sécuritéDans un ensemble humain de 500 millions d’habitants, unepolitique étrangère et de défense doit progressivement émer-ger, comparable à ce qu’elle est dans de grands ensemblesde taille équivalente, comme les Etats-Unis, la Russie et peu àpeu la Chine. Le lien entre espace et défense est manifeste etla coopération entre les Européens doit être améliorée dansce domaine. En fait économie et sécurité-défense sont liées,et les conditions pour une coopération plus poussée enmatière de défense existent de facto.

A l’unanimité, le CESE s’est prononcé pour :• inscrire le débat sur l’espace dans les perspectives des

avancées souhaitées qui découlent des décisions ESA - UEd’avril 2007 ;

• ne plus considérer que la sécurité ressorte exclusivementdu domaine de compétence national ;

• mettre en valeur le flou existant entre applications civiles etmilitaires afin de tirer profit des opportunités réciproques ;

• faire déboucher les évolutions vers des projets concrets ;• éviter les doubles emplois, et s’orienter vers une spéciali-

sation progressive ;• la mise en place de programmes de recherche ;• considérer que l’agence européenne de défense constitue

un cadre de développement de cette nouvelle politique, enconcertation avec l’ESA et les agences nationales.

Yves BEGUIN

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SESAR : une faute ...d’orthographe ?

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Un organe consultatif représentant desgroupes d’intérêts de la « société civileorganisée »Créé en 1957 par le traité de Rome, le Comité éco-nomique et social européen (CESE) est un organeconsultatif qui représente les employeurs, les syndi-cats, les agriculteurs, les consommateurs et d’autresgroupes d’intérêt qui constituent, ensemble, « lasociété civile organisée ». Il fait connaître l’avis de sesmembres et défend leurs intérêts dans les discus-sions politiques menées avec la Commission, leConseil et le Parlement européen.Le CESE constitue donc un pont entre l’Union et sescitoyens et favorise une société européenne plus par-ticipative, plus inclusive, plus cohérente et, partant,plus démocratique.Il compte 344 membres, le nombre de sièges attri-bué à chaque pays reflétant approximativement sapopulation. La répartition par pays est la suivante : 24pour l’Allemagne, la France, l’Italie et le Royaume-Uni ;21 pour l’Espagne et la Pologne ; 15 pour laRoumanie ; 12 pour la Belgique, la Bulgarie, la

Le Comité économique et social européenTchéquie, la Grèce et la Hongrie, les Pays Bas,l’Autriche, le Portugal et la Suède ; 9 pour leDanemark, l’Irlande, la Lituanie, la Slovaquie et laFinlande ; 7 pour l’Estonie, la Lettonie et la Slovénie ;enfin 6 pour Chypre et le Luxembourg.Les membres sont nommés par les gouvernementsnationaux, mais ils agissent en toute indépendancepolitique. Leur mandat est de quatre ans et peut êtrerenouvelé.

Les fonctions du CESELe Comité économique et social européen remplittrois fonctions principales:• il donne des avis au Conseil, à la Commission et au

Parlement européen, à leur demande ou de sapropre initiative;

• il incite la société civile à s’impliquer davantagedans l’élaboration des politiques de l’UE;

• il stimule fortement le rôle de la société civile dansles pays tiers et contribue à mettre en place desstructures consultatives.

L’article suivant de Jean-Marc GAROTsur le projet européen SESAR, parudans la gazette du Groupe régional Ilede France février-mars 2009, quenous vous proposons dans cetterubrique « Libres Opinions » est l’oc-casion de tenter une nouvelle manièrede communiquer. Il est prévu qu’ilpuisse être complété par d’autrespoints de vue.

LE CONTROLE DU TRAFICAERIEN :UN UNIVERS MYSTERIEUXAvant d’essayer d’expliquer ce qu’estSESAR, ce grand projet européen pourles systèmes techniques du contrôle dutrafic aérien, il est nécessaire de pré-senter un peu cet univers qui reste mys-térieux.

Les systèmes de traitement de l’in-

formation du contrôle aérien tradi-tionnelDans le contrôle du trafic aérien conven-tionnel que nous connaissons depuis cin-quante ans, la technologie permet d’ac-quérir et de présenter des informationsde position (radar) et d’intention (plansde vols), mais le contrôle lui-même resteun artisanat intellectuel qui se passedans la tête du contrôleur, un peucomme pour le journaliste face à sonsystème de traitement de texte. Durantces cinquante ans, les seuls progrès dela technologie ont été : une meilleurequalité de l’information et de sa présen-tation, ainsi qu’une amélioration de sadisponibilité.Ces systèmes de traitement d’informa-tion ont été longtemps des « prototypescouronnés de succès » développés loca-lement et donc différents pour chaquecentre de contrôle sous le prétexte de lanécessité de l’adaptation aux particulari-

tés locales du trafic. La France reste(avec l’Espagne qui s’en est inspirée) leseul pays européen à avoir le même sys-tème pour tous ses centres. Et même sile nombre d’industriels européens s’estréduit à trois (THALES, INDRA et SELEXex Alenia -Marconi), leurs systèmes nesont pas vraiment des produits. Le voca-bulaire est révélateur : on n’achètejamais un système de contrôle de traficaérien, on le fait développer. Sousl’égide d’Eurocontrol des spécificationscommunes ont certes été développées,mais elles sont encore insuffisantespour que les systèmes fassent autrechose que de se ressembler.

Les projets de « liaison numérique »sol-bordOn comprend bien que si autrefois cessystèmes étaient peu coûteux, avec letemps ils se sont complexifiés, leurmaintenance coûte de plus en plus cher

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et la mise en œuvre de toute nouveauté doit se dupliquer surautant de systèmes.En parlant de nouveauté, les deux « serpents de mer » de cedomaine sont l’intégration entre le sol et le bord et l’« auto-matisation ». Actuellement la seule « liaison numérique » entrele sol et le bord est, via le radar secondaire, l’envoi par l’avion« coopératif » de son code et de son altitude. Cette technolo-gie a été inventée et surtout utilisée par nos amis britan-niques. Pendant la seconde guerre mondiale pour que ladéfense anti-aérienne reconnaisse les avions amis des enne-mis, c’est l’IFF (Identification Friends Foes). L’idée de l’éva-luation de cette intégration sol bord et de ses apports ne datepas d’hier car j’en ai trouvé des traces, dans un rapport de1955 ; René BULIN, le premier directeur d’Eurocontrol, y pro-posait de créer dans ce but le Centre Expérimental qui aeffectivement été créé et que j’ai dirigé de 1995 à 2005.

Le projet d’une liaison numérique était aussi explicitementdans le fameux NAS (National Airspace System) PlanAméricain de 1981 qui en prévoyait le déploiement completpour l’espace aérien américain en 2000. Aujourd’hui, enEurope il existe un embryon de fonction liée à cet échange.Cette situation est d’autant plus étonnante que les industrielsde l’ATC sont aussi les industriels de l’électronique dedéfense, et que dans le cadre de l’OTAN, il existe depuis plu-sieurs années une liaison dite liaison 16 permettant une inté-gration très poussée entre le sol et les objets volants : avionsd’armes et de reconnaissance et surveillance.

UNE INTÉGRATION SOL-BORD QUI TARDEComment expliquer cette situation ? Il y a, à mon avis, deuxraisons.

Une histoire d’œuf et de poulePour l’instant on n’a pas réussi à démontrer l’intérêt réel de laliaison sol- bord faute d’avoir réussi à développer une « auto-matisation ». Il n’y a jamais eu de véritable projet d’automati-sation du contrôle, malgré les légendes qui courent dans lemilieu, notamment le fameux projet du NAS Plan évoqué pré-cédemment, avec un programme Advanced AutomatedSystem qui n’avait d’automatisation que le nom et s’est arrêtépour d’autres raisons. Et donc on n’a pas réussi à déterminerles besoins en bande passante de cette liaison et on a passéle temps à « procrastiner » sur différents types de data link(satellite, extension radar, liaisons radio terrestres, etc.), cha-cun prétendant que sa solution était la plus performante et lamoins chère.

Un peu comme si « on » n’avait pas développé la téléphoniemobile parce qu’on ne savait pas si un jour on y passerait dela vidéo ou pas.

Une absence de processus de décisionEt cela aussi bien aux USA qu’en Europe du fait du grand nom-bre de participants ou « stakeholders », comme on dit en «France ». En Europe, un élément important a été l’échecd’Eurocontrol, dont l’Agence et les états membres portent laresponsabilité à torts partagés. Bel exemple, sur un sujet spé-cifique, des échecs de l’Europe. Ironie de l’histoire, le seulcentre européen de contrôle du trafic aérien se trouve àMaastricht et ce bien avant le traité du même nom, et bienaprès que le vrai d’Artagnan y ait perdu la vie.La sécurité est assurée aujourd’hui en prenant des margesimportantes, avec des « filets de sauvegarde » de dernier

recours au sol tels les STCA (Short Term Conflict Alert),MSAW (Minimum Safe Altitude Warning) et à bord comme lesTCAS (Traffic Collision Avoidance System) et GPWS (GroundProximity Warning System).

La capacité a été augmentée par une optimisation du réseaude routes aériennes, une régulation des flux par une « ControlFlow Management Unit » (située à Bruxelles), laquelle allouedes créneaux de décollage et une diminution de la taille desunités sectorielles de contrôle.On a donc pour conséquence une augmentation du nombrede secteurs et du nombre de contrôleurs. Pour l’instant on n’aconstaté aucune « économie d’échelle ». Au contraire la dimi-nution de la taille des secteurs a augmenté la complexité, etl’augmentation du nombre des secteurs a accru les tâches decoordination entre secteurs. Ainsi le nombre d’avions maximalque peut traiter un contrôleur a donc tendance à diminuer,même si les contrôleurs ont le sentiment, à juste titre, queleur charge de travail augmente.La sécurité étant assurée sauf accident (qui arrivent malheu-reusement parfois, comme au dessus d’Überlingen enAllemagne et sur l’aéroport de Milan Linate en Italie) et la «capacité » globale ayant plus ou moins bien suivi la demandeavec quelques années de retard, on n’a toujours pas été faceà ce « mur de la capacité » annoncé depuis 30 ans ! Il n’y adonc pas d’incitation forte au changement.

Le « ciel unique européen » ; l’ATCLe changement ne peut venir que de la CommissionEuropéenne, laquelle dispose d’un droit d’initiative qu’elleexerce lorsque le sujet est dans son domaine de « compé-tence », lorsqu’elle voit une opportunité et que le ou la com-missaire concernée en a le courage.La Commission Européenne s’intéresse depuis longtemps aucontrôle du trafic aérien du fait de son impact sur l’économiedu transport aérien en Europe, mais Madame de PALACIO aprofité de la crise du Kosovo en 1999, qui a bloqué en grandepartie l’espace aérien européen et entrainé des retards consi-dérables, pour lancer le processus du « ciel unique euro-péen » et son cortège de règlements.

L’idée très ambitieuse et très libérale était d’avoir des « opé-rateurs » devenant transnationaux (la logique « télécoms »)avec la disparition des petits opérateurs. Le but, en diminuantle morcellement de l’espace et le nombre des systèmes,devait être d’augmenter l’efficacité et de diminuer les coûts.D’une part, elle s’est heurtée à des oppositions et, d’autrepart, les deux collisions aériennes évoquées ont apporté del’eau au moulin de ceux qui utilisent aussi ce sujet pour blo-quer ou du moins freiner les évolutions. Le premier paquet duciel unique a donc mis l’accent sur un processus de certifica-tion, nouveau pour le contrôle du trafic aérien (ATC pour AirTraffic Control) mais pas pour le transport aérien, avec uneséparation des fonctions entre l’opérateur et le certificateurou régulateur et une logique de corporatisation/privatisation(ce qui a lieu partout en Europe sauf en France où l’ATC estrestée étatique).

SESAR : Single European Sky Air Traffic Research

DE DEPLOY à SESAMEVenons maintenant à SESAR. A l’origine SESAR s’est appeléDEPLOY. DEPLOY (pour une fois pas un acronyme mais unnom qui explicitait son objectif) a été inventé par Lionnel WON-

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Editeur• Association Aéronautiqueet Astronautique de France3AF – 6, rue Galilée, 75016 ParisTél. : 01 56 64 12 30Fax : 01 56 64 12 31www.aaaf.asso.fr

Directeur de Publication• Michel SCHELLER

Rédacteur en chef• Khoa DANG-TRAN

Comité de rédaction• Michel de la BURGADE, Jean LIZON-TATI, Jean TENSI

RédactionTél. : 06 81 88 98 51E-mail : [email protected]

Conception• Khoa DANG-TRAN,Sophie BOUGNON

Imprimerie• Bialec, Nancy

Réalisation• Sophie BOUGNON

Dépôt légal : 2ème trimestre 2009

Crédits Photos :EADS Astrium, Ecole Centrale Lyon, Onera,Snecma

Ont notamment contribuéà ce numéro :Yves BEGUIN, Gérard FOURNIER,Jean-Marc GAROT, Delphine GOURDON,Joost van IERSEL, Laurent MANGANE,Thibault RENARD, Michel SCHELLER,François TRICOIRE.

ISSN 1767-0675 / Droit de reproduction,texte et illustrations réservés pour tous pays

NEBERGER, président d’ATM Alliance (Thales, EADS et Airbus)à son retour d’Australie où Thales a réussi avec l’ATC austra-lien un partenariat couronné de succès (partenariat qui n’ajamais eu lieu en France) facilité par le fait que l’Australie al’avantage d’être un continent où les chaînes de commande-ment sont très courtes. Résultat : l’Australie est actuellementle pays le plus avancé dans le domaine technique de l’ATC.Lionnel WONNEBERGER a donc proposé à Mme de PALACIOune dimension industrielle au « ciel unique », c’est-à-dire unprogramme de « déploiement » (DEPLOY) avec un nouveauprocessus de décision et une sorte de contrat avec les usa-gers, c’est-à-dire les : compagnies aériennes, avec notam-ment un planning de déploiement du data-link. Le lendemainnos amis italiens de Selenia sont allés proposé la mêmechose et là, au lieu de prendre le schéma de la compétitionartificielle qui a fait tant de mal à Galileo, la CommissionEuropéenne a demandé à avoir UN SEUL projet incluantINDRA (le grand industriel de l’électronique de défense espa-gnol dont THALES était un actionnaire important...) etDEPLOY est devenu SESAME (commençant comme SingleEuropean Sky auquel on pouvait ensuite ajouter AM commeAir Traffic Management, mais surtout un mot chargé d’espoirvers un avenir... de richesses...).

DE SESAME à SESARSESAME devait conduire à une restructuration de l’industrie età un changement de paradigme pour le développement dessystèmes, analogues à celui qu’a connu la construction aéro-nautique. Avec Airbus. L’autre point fondamental est que laCommission investissait des fonds d’infrastructures pour letransport aérien, qui est le seul mode de transport qui financepar taxes et redevances toutes ses infrastructures.Malheureusement SESAME s’est transformé en SESAR ou lafaute d’orthographe n’est pas dans la première lettre, maisdans la dernière puisque le M pour Management s’est trans-formé en R pour Research. Officiellement, c’était pour pouvoirmettre en œuvre les mécanismes notamment d’entreprisecommune qui avaient été déployés pour Galileo et qui s’ap-puient sur des articles du traité de Maastricht relatifs à la

Recherche. Mais en réalité, une autre explication est quetoutes les forces centrifuges que Madame Loyola de PALACIOet Lionnel WONNEBERGER voulaient neutraliser sont revenuesen force.

Une phase d’étude préalable qui a duré 2 ans et couté 36 M€a abouti à des objectifs de performance calqués sur ceuxd’ACARE et qui relèvent donc de la méthode Coué. Ces objec-tifs sont fondés d’une part sur un « concept opérationnel »censé avoir trouvé le Graal pour les deux serpents de merévoqués ci-dessus et d’autre part sur un « Master Plan » quiplanifie mais laisse la responsabilité aux états membres.On en est maintenant à la phase dite de développement sousla responsabilité de l’entreprise commune SESAR qui a étécréée.

Il faudra tout le talent de son directeur exécutif, Patrick KY, quine manque pas de qualités, pour que SESAR ne soit pas à nou-veau la collection de « projets » habituels, non validés ,comme au bon vieux temps d’Eurocontrol et de ses pro-grammes EASIE, EATCHIP, EATMP ...et autres acronymes oudes projets de type « take the money and run » de laCommission Européenne . Les quelques 700 M€ apportés parla Commission attisent bien des convoitises ! En attendant, mal-gré l’armada de règlements de la Commission Européenne,dont la liste s’allonge de jours en jours, les objectifs en termesde déploiement et de bénéfices restent encore quelque peu vir-tuels.

Un autre problème de fond, est que SESAR est plus complexeque Galileo car il n’est plus un objet technique identifiable maisil est devenu un objet politique.

Jean-Marc GAROT,Administrateur et membre du Bureau 3AF