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8 solidaritéS – N°97 / 15 novembre 2006

I N T E R N A T I O N A L

ACTIVISTE GUATÉMALTÈQUEPOUR LA DÉFENSE DE L’ENVIRONNEMENT

Sur invitation de Peace BrigadesInternational Suisse, Eloyda Mejía,présidente de l’Association des Amis duLac d’Izabal, a expliqué, lors d’interviewsaux médias suisse (du 9-15 octobre 2006),les graves conséquences écologiques etsociales de l’exploitation minière dans ledépartement d’Izabal.

Le département d’Izabal se situe au nord-est du Gua-temala. Cette région, très riche en ressources naturel-les (plus grand lac du pays, cours d’eau, faune, flore,pétrole, minerais) est devenue, en particulier pourses minerais, un site privilégié pour l’implantationdes multinationales. Une implantation facilitée,comme l’indique Eloyda Mejía, par le gouvernementguatémaltèque qui, ne se souciant guère de l’opiniondes communautés indigènes vivant sur ces terres,accorde facilement les concessions nécessaires auxexploitations minières. De plus, les autorités soutien-nent que ces activités encouragent le développementéconomique de la municipalité. Toutefois, les expé-riences du passé prouvent le contraire.

Multinationales prédatricesPar exemple, en 1982, l’entreprise canadienne INCO,spécialisée dans l’extraction du nickel, ferme ses por-tes. Ses activités n’ont, comme le mentionne l’activiste,certainement pas contribué au développement écono-mique de la région: le département d’Izabal est à ce jourle plus pauvre du Guatemala. En outre, l’entreprise aattendu 25 ans avant de verser les royalties, cependant,sans intérêts. Un versement qui s’est fait, préciseMadame Mejía, uniquement parce que l’entreprise al’intention de revenir s’installer dans la région.

Si l’exploitation minière n’a, jusqu’à présent, pas favo-risé le développement économique de la région, ellepeut, par contre, comme l’explique l’activiste, avoird’importantes conséquences sociales et écologiques.

Communautés indigènes spoliéesA l’heure actuelle, 29 demandes de concessions sontexaminées pour le département d’Izabal. Si elles sontaccordées, un grand nombre d’habitant-e-s indigènesde la zone qui, pour la plupart ne possèdent pas detitres de propriété, devront se déplacer ou vivre àquelques mètres de l’exploitation. Une situation quiva à l’encontre de l’article 7 de l’accord 169 de l’Or-ganisation Internationale du travail (OIT) concernantles peuples indigènes.

Cet article assure le droit aux communautés indigènesconcernées de «décider de leurs propres priorités ence qui concerne le processus de développement, dans

la mesure où celui-ci a une incidence sur leur vie […]et les terres qu’ils occupent ou utilisent d’une autremanière», et contraint les gouvernements à «prendredes mesures, en coopération avec les peuples intéres-sés, pour protéger et préserver l’environnement desterritoires qu’ils habitent.»1 L’Etat guatémaltèque a rati-fié, il y a dix ans, l’accord 169 de l’OIT.

Sol et eaux menacésD’un point de vue écologique, les procédés chimiquesutilisés pour retirer les minerais de la roche sont hau-tement toxiques tout comme les processus piro-métal-lurgiques qui, pour leur part, génèrent des scories. Lesentreprises minières prévoient de stocker ces déchetsdans les zones humides du bord du lac d’Izabal, les-quelles forment des filtres naturels pour les coursd’eau se jetant dans le lac. Les scories ainsi stockéesvont donc contaminer le sol, les cours d’eau et le lac,sources de vie de tous les habitant-e-s de la région.

Le premier objectif de l’Association des Amis du Lacest de développer un tourisme soutenable c’est-à-dire,qui n’épuise pas et ne détruise pas les ressources

naturelles et qui profite directement à la populationlocale. Pour y parvenir, l’Association présidée parEloyda Mejía, sensibilise la population locale sur lesconséquences néfastes de l’exploitation minière et l’in-forme sur les concessions accordées par le gouverne-ment guatémaltèque.

De telles activités dérangent. Les membres de l’Asso-ciation sont victimes d’intimidations et de gravesmenaces. Pour poursuivre ses activités, l’Associationa fait appel à Peace Brigades International. Unaccompagnement protecteur qui comme l’indiquel’activiste, est très dissuasif. Pour le moment, lesmenaces à l’encontre d’Eloyda Mejía sont, en effet,moins fréquentes. ■

Marion TINGUELYCollaboratrice PBI Suisse • site:

www.peacebrigades.ch

1 Article 7 de la Partie 1 «Politique générale» de la Convention 169 del’OIT, Convention relative aux peuples indigènes et tribaux dans lespays indépendants adoptée en 1989, entrée en vigueur en 1991.

Eloyda Mejía, lors de son séjour en Suisse. DR