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Le livre secret… Assis à la terrasse du café de Cucugnan, buvant un verre de vin de Maury, je pensais au discours du vieux de Rennes le Château. Ce vieux, organisant un colloque autour du mystère de Rennes le Château, racontait l’histoire du curé Bellanger. Il prétendait avoir connu le Grand Maître de l’Ordre des Rose- Croix, et avoir détenu des secrets terribles concernant les trésors qui attisant la convoitise de toutes les sociétés secrètes, que ce soit l’ordre du Temple, l’Ordre de Sion, les différentes obédiences maçonniques. Il avait rappelé qu’en 1982, François Mitterand avait envoyé ici une équipe secrète de chercheurs. Il avait également précisé que l’Etat d’Israël avait la même année envoyé une équipe secrète, suite à la découverte d’un manuscrit en mère morte. Ce manuscrit établi de toute évidence par un membre de l’Ordre du Temple établissait que l’essentiel du trésor du Temple de Salomon avait été caché dans les montagnes de l’aude, vraisemblablement au pic de Bugarash. Je ne pouvais pas ne pas penser que Jules Vernes avait lui aussi fait partie, comme Poussin, et multitude d’autres, initiés à ce terrible secret. Ou pourquoi, dans « l’Inde noire », Jules Verne aurait cité le capitaine Bugarash ? Ou pourquoi Poussin aurait-il peint le tombeau d’Arques ? Je ne pouvais pas oublier comment, au bout d’années et d’années de recherches, j’avais enfin trouvé ce tombeau, à l’Orient d’Arques… Et comment, à peine un an après l’avoir trouvé, il avait été explosé. Je n’avais retrouvé qu’un trou béant. 1

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Le livre secret…

Assis à la terrasse du café de Cucugnan, buvant un verre de vin de Maury, je pensais au discours du vieux de Rennes le Château.

Ce vieux, organisant un colloque autour du mystère de Rennes le Château, racontait l’histoire du curé Bellanger.

Il prétendait avoir connu le Grand Maître de l’Ordre des Rose-Croix, et avoir détenu des secrets terribles concernant les trésors qui attisant la convoitise de toutes les sociétés secrètes, que ce soit l’ordre du Temple, l’Ordre de Sion, les différentes obédiences maçonniques.

Il avait rappelé qu’en 1982, François Mitterand avait envoyé ici une équipe secrète de chercheurs. Il avait également précisé que l’Etat d’Israël avait la même année envoyé une équipe secrète, suite à la découverte d’un manuscrit en mère morte.

Ce manuscrit établi de toute évidence par un membre de l’Ordre du Temple établissait que l’essentiel du trésor du Temple de Salomon avait été caché dans les montagnes de l’aude, vraisemblablement au pic de Bugarash.

Je ne pouvais pas ne pas penser que Jules Vernes avait lui aussi fait partie, comme Poussin, et multitude d’autres, initiés à ce terrible secret. Ou pourquoi, dans « l’Inde noire », Jules Verne aurait cité le capitaine Bugarash ? Ou pourquoi Poussin aurait-il peint le tombeau d’Arques ?

Je ne pouvais pas oublier comment, au bout d’années et d’années de recherches, j’avais enfin trouvé ce tombeau, à l’Orient d’Arques…

Et comment, à peine un an après l’avoir trouvé, il avait été explosé. Je n’avais retrouvé qu’un trou béant.

Je pensais également à cette grotte, dans les gorges de Galamus, qui semblait correspondre précisément à un ancien lieu d’initiation. Cheminement difficile pour escalader la falaise, puis un boyau qui mène vers le centre de la terre…

Le boyau se resserre, il faut ramper. Un bout du boyau, je sens le vide. Un lac souterrain.

Je sens bizarrement une ficelle au bord du gouffre. Je lance une pierre pour mesurer la profondeur et la pierre met plus de 10 secondes pour s’enfoncer dans une eau profonde.

Je tire sur la ficelle et une clé est attachée au bout. La clé restait coincée et de toute façon, je n’avais aucun matériel de spéléologie pour aller voir ce lac souterrain. J’avais décidé de revenir plus tard mais je n’en avais pas eu l’occasion.

J’étais tellement perdu dans mes pensées que je ne m’étais pas rendu compte qu’un homme c’était assis à ma table et me dit :

« Sais-tu lire et écrire ? ».

Je me retourne brutalement, et je vois un homme aux yeux d’un vert flamboyant, sans âge apparent. Comme si il avait toujours été là.

« Sais tu lire et écrire ? ». Je ne réponds pas à ce premier « tuilage ». Mais je tente de répondre par la pensée. Il est visiblement télépathe, puisque immédiatement, il me dit :

« Si tu sais épeler, donne-moi la première lettre, je te donnerai la seconde. »

J’étais obligé de répondre. Il me demanda ensuite mon âge, d’où je viens, conformément à tous les rituels « classiques » et acceptés. Je répondais. Puis ensuite, il me dit :

« Je sais que tu cherches depuis longtemps le Vrai Secret. Suis-moi ».

Je me suis souvenu du principe bouddhiste que je respecte depuis mon initiation.

« Celui qui sait qu’il ne sait pas, laisse-le. Celui qui ne sait pas qu’il sait, initie-le. Celui qui ne sait pas qu’il ne sait pas, fuis-le. Celui qui sait qu’il sait, suis-le ».

Nous contournons, par l’Orient, la montagne, en direction du village de Maury. Il ne dit pas un mot et marche à une telle vitesse que j’ai du mal à le suivre malgré mes expériences d’alpinistes. Je ne comprends pas comment un homme peut se déplacer comme un félin.

Nous passons à la croisée d’un chemin, balisé d’une croix cathare, ou plutôt templière vu sa galme. Il se retourne et me dit :

« Il est encore temps de faire demi-tour. Les terribles secrets qui t’attendent, si tu continues, peuvent te tuer. Crains tu la mort ? ».

Sans réfléchir, je lui réponds : « Je ne crains pas la mort, car elle est l’aboutissement de toute vie. Mais je crains l’agonie, et c’est pourquoi je préfère mourir en guerrier ».

Alors il me dit que je dois forger ma propre épée, si je veux, comme les vikings, les celtes, les samouraïs, tous les chevaliers de la Lumière, combattre la mort par la mort, et rejoindre l’Orient éternel par la voie royale.

Je lui dis que mon épée est déjà forgée, de mes mains, et s’appelle Excaliburne.

« TubalCaïn a-t-il tenu ta main, lorsque tu as forgé ton épée ? »

« VITRIOL ».

La réponse a semblé convenir au maître qui a poursuivi sa course sans se retourner.

Quelques minutes après, nous nous retrouvons aux abords d’une ferme fortifiée, qui me semble templière. Une femme, qui semble centenaire, mais sèche comme une cep de vigne, droite, avec un regard d’aigle, nous toise.

« Sois en paix, ma Sœur. Nous avons l’âge et il est l’heure. Notre frère a sept ans, travaille au Rite de M. ?.M. ?.

Nous devons lui ouvrir le fonds misraique. Il doit prendre connaissance du Secret. Tu es gardienne d’Isis et je ne peux pas ouvrir le Tombeau sans toi. »

Le regard de cette femme me transperça. Puis elle regarda longuement mon hôte dans les yeux, et se mise à l’ordre. Elle s’avança vers une porte massive, cachée par les lierres, derrière un acacia. Elle frappa trois fois le marteau, une tête de griffon, deux noires, une blanche.

La porte grinça. Un crapaud énorme poussait la porte ! Il était rouge et noir, particulièrement nocif. Je me souvint que les seuls crapauds mortels étaient de cette nature, mais censés être beaucoup plus petits.

« N’ait pas peur ! Tu as dit ne pas avoir peur de la mort ! Le gardien du Temple ne te tuera que si tu as de mauvaises intentions. Sinon, il te protégera ! ». Le maître avait raison. Le crapaud m’a dévisagé, puis m’a laissé rentrer. La cave était haute de voûte, et je remarquais qu’elle était de structure wisigothique. Les courbes, semi elliptiques, les voûtes légèrement outrepassées, ne laissaient aucun doute. Le sol était pavé de quartz.

Sur le mur était inscrit en toute lettres :

Visitare incognita terra, rectificande incognita occulta lapida.

Dessous l’inscription, un crâne humain, une chandelle, une plume, un manuscrit vierge.

Je compris qu’il s’agissait d’un cabinet de réflexion. Mais qui datait de quand ?

Je brule d’envie de poser la question, puis me souviens de mon obligation de silence vu le contexte.

Sur une plaque de marbre, qui me semble venir de Carrare, je vois inscrit des noms :

D’abord le Comte de Cagliostro, puis Garibaldi. Puis le Comte de Saint Germain. Juste après, je n’en crois pas mes yeux : Napoléon Bonaparte !

D’autres noms, moins illustres, mais néanmoins importants : Poussin, Jules Vernes, Cocteau…

J’essaye de comprendre quel terrible secret réuni tous ses hommes illustres.

Je m’apprête à rompre le silence pour demander à mes deux hôtes de quoi il s’agit, quand un hurlement terrible, tel celui d’un loup, retentit.

« Vite, suis-nous ! »

L’homme a crié, en se précipitant avec sa compagne au fond de la crypte. Je les suis.

Il soulève une dalle de pierre cachée sous un coffre. Je me demande comment il peut y arriver car cette dalle doit peser près de trois cents kilos.

Il plonge, suivi de la femme, qui semble voler vers le trou béant. Je me précipite.

Au moment où il relâche la dalle, la porte semble céder à un coup de bêler terrible et une troupe rentre dans le temple.

Un hurlement encore plus puissant, strident, me glace le sang en m’assourdissant.

Mes amis retiennent leur souffle, et je fais de même. Une lueur verdâtre transparait autour de la dalle. J’entend des murmures dans une langue étrange, qui me rappelle le basque, ou la langue parlée par les Inuits, ou encore certains indiens d’Amérique centrale.

Un bruit assourdissant vient étouffer les hurlements. J’ai l’impression que tout va exploser. La lumière verte devient insupportable et je ferme les yeux, puis tout bascule, je sens que je perds connaissance.

*

* *

Au fond du cachot, le citoyen Balsamo, alias le Comte de Cagliostro, médite.

Sa « Lettre au peuple français » a été diffusée à 100 000 exemplaires dans tout Paris.

Elle lui a valu une condamnation d’embastillement, alors que très précisément, il préconise la destruction de la Bastille, l’abolition de la monarchie et l’avènement de la Res Publica.

A la veille de la diffusion de son tract, le Comte avait fait ériger une immense statue d’Isis, dont les seins opulents déversaient du lait d’ânesse.

L’Eglise catholique avait été choquée d’une telle manifestation et avait exigé des représailles.

La Sainte inquisition, dont le bras armé était l’Opus Dei, avait décidé de neutraliser ce dangereux provocateur.

Le Comte avait reçu une copie d’un courrier rédigé par le Grand Maître du Grand Orient de France. Celui-ci s’interrogeait au sujet du Comte, se demandant s’il s’agissait d’un usurpateur, ou d’un vrai maçon. « Il prétend avoir été initié en Egypte et pouvoir soigner les gens à distance. Il raconte des choses incroyables et se dit alchimiste. »

Ce courrier était sans pitié et le Comte ne put s’empêcher de dire à haute voix : « honte aux marchands du Temple ». Ne te laisse pas aveugler par la colère, et réfléchis plutôt à ton évasion. Un vrai maçon ne peut pas rester enformé.

Il regardait les murs d’un mètre d’épaisseur, les barreaux d’acier trempé, la lourde porte en chêne…

La solution viendrait d’elle même, pensa Cagliostro au moment ou la serrure grinça.

La lourde porte s’ouvrit et il vu un immense gardien, une écuelle à la main. L’homme devait bien mesurer deux mètres et peser 120 kilos. L’écuelle paraissait minuscule dans une main qui devait faire plus du double de la sienne, estimait le Comte.

Il se disait que si son intelligence était inversement proportionnelle à sa taille de géant, cela serait un jeu d’enfant d’en faire ce qu’il en voudrait. Il le regarda doit dans les yeux et compris que son cerveau était celui d’un enfant de cinq ans.

Trois minutes après, le géant, hypnotisé, lâcha l’écuelle, et laissa Cagliostro monter sur son dos. Il sortit de la geôle, marcha à travers les longs couloirs de la Bastille.

Arrivant vers la sortie, Cagliostro découvrit qu’il y avait un garde dans une guérite. Il souffla un mot à l’oreille de son véhicule. Celui-ci accéléra le pas, et, arrivé au niveau du garde, lui infligea un coup de poing qui lui fit carrément traverser la guérite…

Il n’aura plus mal aux dents, pensa le Comte, toujours accroché au dos de son gardien.

Ils franchirent la lourde porte de la Bastille et Cagliostro donna l’ordre au géant de rentrer dans la Bastille et s’enfuit à toutes jambes.

Enfin libre ! Cagliostro jura de ne plus se faire embastillé et de faire détruire cette horrible prison comme il avait demandé au peuple français de le faire.

Il marcha à vive allure et une demi-heure plus tard, il était rendu dans la petite auberge tenue par un bon ami. Léo était le vénérable de la très respectable Loge du Chevalier Kadosh, à l’orient de Paris, de l’obédience de Memphis Misraïm.

Le Comte, fondateur et Grand Maître de l’obédience, avait parrainé Léo sept ans auparavant. Leurs liens étaient donc puissants.

« Tu dois m’aider à rejoindre l’Italie car je dois contacter mes frères carbonari.

Leur magie m’aidera à renverser la monarchie et détruire l’inquisition. Peux-tu me trouver montures et carrosse cette nuit, je compte partir à minuit. »

« Si je ne parviens pas à te trouver le nécessaire, je me les coupe moi-même ! ».

Léo avait toujours ce côté jovial et rabelaisien. « Tu vas bien manger un morceau et boire un verre de nectar, je me suis fait livrer une amphore de vin de Sardaigne, un délice ! »

« Ce n’est pas refus, tu te doutes que la soupe pourrie et l’eau croupie de la Bastille ne sont pas ma tasse de thé ». Le Comte s’empiffra de jambon fumé, de saucissons, bien arrosé de nectar. Il se sentait revivre. « Vive la sociale ! A bas la calotte ! ».

A minuit pile, un carrosse noir, attelles à deux purs sangs arabes, noirs comme l’ébène, attendait devant l’auberge du phare qui s’endort.

Le Comte monta sans hésitation dans le carrosse, après avoir fait les trois bises à son frère et filleul. Le carrosse quitta Paris à vive allure et à quatre heures du matin, il avait déjà dépassé Fontainebleau, loin des troupes militaires parisiennes. Le Comte finit par s’endormir.

Au lever du soleil, le Comte se réveilla. Immédiatement, une pensée vient à son esprit :

La Bastille a découvert ma fuite. Le Vatican a été prévenu. D’une façon ou d’une autre, ils finiront par savoir ou je vais. Je dois changer mon plan.

Il indiqua au cocher qu’il convenait de changer de route, et de bifurquer vers Limoges, puis Millau. Une Commanderie pourrait les héberger. Il s’agissait de la Commanderie.

Le cocher répondit par un grognement, proche du loup. Le Comte se lit en alerte maximale…

A quoi a joué Léo ? Il n’est pas possible qu’il m’ait trahi.

A-t-il été joué par une terrible conspiration ? Peu importe, il faut faire face. Il était impossible pour le Comte de regarder le cocher dans les yeux, donc de l’hypnotiser.

Il restait deux ou trois cents kilomètres pour vérifier si le cocher respectait le nouvel itinéraire.

Qui est ce cocher ? Il est étrange…

A ce moment, comme si le cocher étrange l’avait perçu, par télépathie, le carrosse pris un virage dangereux pour s’immobiliser dans un fossé, en bordure d’une forêt. Cagliostro bondit hors du carrosse, pendant que le cocher courait vers la forêt…

Le danger était imminent, il le sentait. Une lueur verdâtre, puissante, surgit de là où avait disparu le cocher, qui n’était autre que l’envoyé des Forces Ténèbres. Cagliostro se concentra. Autour de lui, il sentait un cercle qui se refermait. La lueur verte venait de torches sulfureuses. Les hommes autour de lui tenaient des scramasaxes.

« Sais-tu lire et écrire ? » Cagliostro failli exploser de rire et répondit selon le code commun à toutes les obédiences. « Je ne sais qu’épeler ».

« Quel âge as-tu ? » dit le plus grand des charbonniers autour de lui.

« Si tu me dis que tu as trois ans, je te dirai que j’en ai cinq. Si tu me dis que tu as cinq ans, je te dirai que j’en ai sept… et plus»

Le véné se tourna vers les deux surveillants, puis vers le frère terrible, puis vers tous les frères de la Loge Charbonnière, leur demandant de sortir les boules. Cagliostro savait que ce rituel était normal, et que lui-même n’avait pas à échapper à la règle commune.

A l’exception de trois boules noires, Cagliostro était accepté dans la Loge Carbonari avec plus des deux tiers des boules blanches. Il était un peu vexé de ne pas avoir eu l’unanimité. Mais le défit d’une opposition le stimulait.

« Maintenant que tu es notre frère, saches que tu es en grand danger. Tu étais à peine sorti de la Bastille que les chiens du Vatican étaient prévenus. Ils se doutent de tes projets et des centaines d’espions sont à ta recherche. Si tu tentes de passer la frontière pour gagner l’Italie, ils te prendront, te tueront. »

« Comment dois-je faire, Vénérable Maître, je dois absolument regagner la Romagne. Le destin de l’humanité est en jeu ».

« Nous le savons, ton projet est à la fois révolutionnaire et subversif pour l’Ordre établi. Mais il existe une solution. Tu vas rejoindre la côte narbonnaise, nous y avons beaucoup d’amis. De là, tu prendras un bateau pour rejoindre Malte, où, comme tu sais, nous avons de puissants alliés parmi les Hospitaliers. De Malte, tu atteindras l’Italie sans risque majeur. Ce sera plus long, mais qui lantano va sano… » Cagliostro apprécia l’humour et le signe fraternel d’utiliser quelques mots de sa langue maternelle. Après les travaux, les agapes furent très fraternelles, redonnant le moral au Comte. Il partirait le lendemain à l’aube, ses chevaux étant bien reposés.

*

* *

Quand je repris connaissance, j’eu le choc de me rendre compte que j’étais couché dans un cercueil, la tête légèrement vers le bas.

Tout autour de moi, des frères et des sœurs faisaient la chaine de l’Union. Ils étaient tous vêtus de blanc et portaient tous l’épée flamboyante à leur flanc. Ils étaient tous « ni nus ni vêtus », puisqu’ils avaient tous l’épaule droite et la jambe gauche dénudée. Je remarquais que toutes les sœurs avaient le sein droit d’une blancheur de marbre, le téton rouge vif.

Une sœur, arborant un tablier rouge et noir, s’approcha de moi. Je crus reconnaître le grade de Chevalier Kadosh du rite écossais ancien et accepté.

« Tout comme Hiram, tu as été ressuscité grâce à la magie et l’amour de tes frères et tes sœurs. La magie noire de l’ordre teutonique de Lupus t’avait quasiment tué. Ils utilisent un rayon destructeur qui vient d’une sorte de pierre philosophale négative. Ils nous ont volé le Livre Secret. C’est une véritable catastrophe. La providence t’a envoyé pour nous aider à le retrouver. Sinon, le temps des ténèbres plongera l’humanité dans la misère pour des siècles. Encore une fois, nous t’implorons de te joindre à nous, mais il est encore temps de faire volte-face. Dans ce cas, du devra faire le serment de ne nous avoir jamais rencontré, ni même soupçonné l’existence de notre Loge. »

- « Pouvez-vous me dire de quel Livre secret s’agit-il ? Avant de me lancer dans une aventure, j’aime savoir où je mets mes pieds ; et puis, comment avez-vous su qui j’étais ? J’ai l’impression de vivre un étrange rêve.»

- « Ce Livre est secret, aucun d’entre-nous, depuis des siècles, n’a été autorisé à l’ouvrir. Selon la Tradition de l’Ordre, quiconque l’ouvrirait ne survivrait au delà de 24 heures, non parce qu’il serait empoisonné, mais à cause des révélations tellement terribles et extraordinaires. Le cœur du commun des mortels ne saurait résister selon les anciens. Ses origines remonteraient aux Templiers, et aurait été rédigé par le Grand Maître de l’Ombre, et au moment où la plupart de ses frères, et notamment le Grand Maître « officiel », Jacques de Molay, son « ombre », allaient subir le bûcher.

J’ai dit. »

La Vénérable ayant conclu, il savait qu’il n’était plus possible de poser de nouvelle question. Il avait quelques minutes pour réfléchir et prendre sa décision. S’il disait non, ne risquait-il pas de disparaître, comme bien d’autres, dans la longue histoire de l’ésotérisme, et tout particulièrement lorsqu’il s’agit des sociétés secrètes liées à l’ordre du temple, aux chevaliers teutoniques, et tout ce qui peut graviter autour, voire les forces politiques aux intérêts contradictoires. Et sa curiosité pour le surnaturel, l’alchimie, les traditions chevaleresques, le poussa à répondre.

« Mes très chers frères, mes très chères Sœurs, je vous remercie de l’honneur et de la confiance que vous me faites. Je ne sens pas à la hauteur pour affronter l’immense tâche qui nous incombe si ce Livre contient de tels secrets, que mal utiliser, peuvent provoquer la chute de la civilisation ou son basculement vers l’horreur. Toutefois, si vous êtes unanimes à me faire confiance, j’accepte. J’ai dit ».

Ayant moi-même conclu de façon à ce qu’aucune question ne puisse m’être posée, et exigeant l’unanimité, les officiers de la Loge quittèrent le Temple quelques minutes pour un conciliabule dans la Chambre du Milieu. A leur retour, ile remirent une boule noire et une boule blanche à chaque frère et chaque sœur. La Vénérable, qui officiait exceptionnellement en tant que Maître de cérémonie, en réalité une sœur magnifique, altière, au visage proche de celui de Cléopâtre, fit le tour de l’atelier, tournant sénestrogyre, ce qui me surpris.

Quelques minutes après, elle vidait l’urne, les boules étaient celles d’ivoire. Pas d’ébène !

J’avais atteint un point de non retour, un peu effrayé, mais très fier d’avoir rejoint ce mystérieux atelier.

*

* *

Le Comte avait opté pour la solution proposée, même s’il était pressé, et allait perdre quelques jours pour rejoindre la Romagne, mais comme l’avait dit l’ami, qui va lentano va sano. En une nuit, il avait rejoint la Narbonaise. Le carrosse bifurqua avant Narbonne, en direction de Carcassonne, puis pris la petite route, à peine carrossée, qui mène aux châteaux cathares. Il passa près d’Aguilar, Peyrpertuse, Quéribus. Que de lieux magiques, imprégnés d’une histoire riche en secrets, mais aussi en drames. Il avait admiré l’architecture, d’inspiration wisigothique, qui faisait que les châteaux se confondaient totalement avec les rochers sur lesquels ils étaient perchés.

L’inquisition n’avait pas fait de cadeaux, ni aux cathares, ni même aux albigeois, dont la seule faute était d’avoir soutenu, même caché, les cathares, qui eux-mêmes avaient soutenu l’Ordre du Temple contre le Vatican. L’inquisition reprochait aussi aux albigeois de vénérer Isis au travers des rites des vierges noires, et d’entretenir des liens avec les Druides, encore présents dans le Languedoc, et mieux organisés qu’en Bretagne.

Les massacres avaient commencé au 14ème siècle, mais avaient durer bien au delà du 15ème. Il n’y eu jamais de reddition. La plupart des cités avaient résister jusqu’au bout et toutes les populations, femmes et enfants compris, massacrés.

Le siège de Minerve avait duré plusieurs semaines. Les minervois n’avaient plus d’eau, leur puis ayant été empoisonné, et avaient survécu en ne buvant, en cuisinant, en se lavant, avec du vin, grâce à l’énorme quantité de tonneaux dans le château. Mais ils avaient fini comme tous les autres, sur un bûcher.

Mais le Comte ne pouvait pas ignorer le rôle qu’avait joué le roi de France pour convaincre le Vatican d’excommunier les Templiers, tout cela car la dette qu’il avait dépassait le budget du pays. En ayant inventé, ou développer un concept venant des juifs et des arabes. Les riches qui voyageaient déposaient leur or dans un Temple, ou ferme fortifiée templière, et recevaient un manuscrit. Ils récupéraient leur or arrivés à destination.

Mais s’ils étaient tués par des brigands, déçus de ne pas trouver d’or, l’Ordre gardait l’or. Vu le nombre de brigands de grands chemins, leur cruauté, le nombre de dépositaires qui ne revenaient jamais chercher leur or était important, mais bon nombre de marchands préféraient encore prendre le risque d’être tués pour rien, plutôt que d’être sûrs d’être tués après que leur or leur ait été volé.

L’Ordre était à l’époque au moins aussi riche que le Vatican et commençait à faire de l’ombre à toutes les autres congrégations, y compris l’Ordre de Jésus. Ils étaient extrêmement érudits comme ces derniers, mais avaient deux atouts particuliers. Ils avaient des liens avec toutes les religions du monde, et s’intéressaient énormément aux sciences occultes, tout comme à toutes les sciences en général. C’était également de terribles guerriers, avertis à tous les arts martiaux, ayant même été initiés par les moines de Shao Lin.

Le Comte savait qu’ici, la haine à l’encontre de la monarchie française, doublée de la haine contre la hiérarchie catholique romaine, était aussi forte chez la plupart des citoyens que chez lui. Cela lui donnait une impression de force, et de sécurité. Peu nombreux seraient ceux qui le dénonceraient à l’armée ou l’église, quand bien même il serait démasqué.

Après avoir dépassé Quéribus, le carrosse pris une route extrêmement escarpée en direction du pic de Bugharash. Le Comte avait entendu que ce pic était peut-être celui où était caché une partie du Trésor de Rennes-le-Château, près de la tête de l’homme mort.

Il envisageait, ultérieurement, d’organiser une équipe de chercheurs pour aller à la chasse à ce trésor colossal selon toutes les sociétés secrètes. Mais il devait rejoindre, de l’autre côté du pic, le petit village de Maury, à côté du village plus connu de Cucugnan. Il était attendu par les frères de la Loge des fils de la Vierge noire à l’Orient de Maury.

Il arriva à Maury à midi pile. Le frère jovial Jacques, qui était vigneron dans la vie profane, l’attendait ? Il l’accueilli les bras ouverts, et après les chaleureuses bises et accolades, lui dit, avec l’accent rugueux mais chantant typique de la région :

« Tu arrives pile poil à l’heure des travaux, et surtout à l’heure de l’opéra ! ».

Cagliostro, grand adepte des contrepèteries, en conclu qu’il allait enfin goûter le fameux nectar dont il avait tant entendu parler, par son ami Léo. C’était bien entendu le cas et Jacques apparut avec une vieille bouteille, sortie de sa cave profonde. Le flacon avait vingt ans d’âge, et il pu enfin découvrir les arômes particuliers des vendanges tardives de figue, de fraise des bois, mais aussi de cannelle… trop bon, pensait-il, on y prend goût.

Au bout de quelques verres, il senti un début d’ivresse, et interrogea son hôte sur le degré d’alcool du vin. « On ne sait pas exactement, mais il fait en général entre 18 et 20 degrés…Mais ce millésime était particulièrement sucré, et propice à une longue conversation, oh, pardon, conservation ! ».

-« Tu n’avais pas besoin de me traduire, j’avais bien compris ton contrepet !!! ».

Jacques proposa une petite collation que le Comte accepta volontiers, pensant que les effets du vin de Maury s’estomperaient un peu. Jacques revint bientôt avec différents pâtés, tous aussi succulents les uns que les autres, pendant que la saucisse au fie, spécialité de la région, grillait sur des braises de ceps de vignes, avec quelques oignons, poivrons et tomates. Ce fut pour le Comte un festin, bien arrosé d’un vin plis léger, moins sucré, mais quand même aussi charpenté que Jacques, son créateur.

« Il va être l’heure de la sieste, car l’on ne peut rien faire jusqu’à cinq heures, il fait trop chaud. Et tu te doutes que notre loge a organisé ce soir une Tenue extraordinaire pour ta venue. Ce n’est pas souvent que nous accueillons le Grand Maître de Memphis Misraïm. »

-« Je suis touché par votre attention. Travaillez-vous toujours au rite primitif de Misraïm ? J’aimerai vous parler du rite que j’ai créé, fusionnant ainsi le rite de Memphis avec le rite primitif, lui donnant la puissance de la magie égyptienne, qui complète parfaitement le rite primitif d’origine celtique. »

-« Avec plaisir, mon frère. Notre atelier est très intéressé par ton projet. Tu es libre de choisir ta planche. Mais en attendant, il est l’heure de la sieste ! ».

Cagilostro sourit, puis suivit Jacques dans la maison dont les murs devaient faire plus d’un mètre cinquante d’épaisseur et gardait la fraicheur. Il n’eut pas de mal à s’endormir, le bon vin et les victuailles l’ayant mis dans un état de douce somnolence euphorique.

*

* *

Après la tenue d’acceptation, les agapes avaient été copieuses. Je ne pouvais pas ne pas admirer la beauté des sœurs, notamment la Vénérable, fille d’Isis, ou réincarnation de Cléopâtre. Au moment ou j’eu cette pensée, elle s’approcha de moi, et me dit que nous devions nous entretenir en particulier, n’ayant pas pu tout dévoiler de ce qu’elle savait pendant la tenue.

« Il y a des frères apprentis et compagnons, et seuls les maîtres ont accès, comme tu le sait, au secret d’Hiram ». Il n’y a aucune défiance, mais simplement prudence. »

J’acceptais, bien entendu, en essayant de ne pas trop montrer mon envie d’être seul avec une si belle femme. Mais ses pouvoirs télépathiques devaient être puissants vu le petit sourire en coin, un peu coquin, qu’elle me fit. Tu ne vas quand même pas tomber amoureux, pensais-je. Elle me donna rendez-vous le lendemain, à l’heure des travaux.

Après une bonne nuit de sommeil, qui me permit de me remettre de mes émotions, j’arrivais en pleine forme chez la Vénérable. « Mon nom profane est Isabelle, quel est le tien ? »

« Greg ».

En plein jour, elle était encore plus resplendissante, mais m’impressionnait. Je sentais une force colossale et ancestrale en elle. Elle me proposa quelques agapes tout à fait délicieuses, arrosées d’un bon vin des Corbières. Puis elle commença à me parler de ces horribles Chevaliers teutoniques de l’Ordre du Lupus. Ils sévissaient depuis le haut moyen âge, et leur rite était ici d’anciennes initiations vikings.

Leur quête était presque identique à celle des Chevaliers de l’Ordre du Temple, puisqu’ils avaient parcouru toute la terre depuis deux mille ans, avides de toutes les sciences, et tout particulièrement les sciences occultes.

Selon Isa, ils avaient, à l’inverse de l’Ordre du Temple, une attirance pour toutes les pratiques sataniques, lucifériennes, et étaient grands experts en magie noire. Leur projet était de prendre le pouvoir absolu, et mettre l’humanité sous le joug d’une dictature sans merci. Selon eux, seulement un humain sur dix environ mérite de vivre. Isa m’expliqua des gens tristement célèbres comme Goebbels, en faisaient partie. Hitler avait été initié par l’intermédiaire de Goebbels. Bien avant, la puissante famille des Habsbourg avait été le phare de cette terrible obédiences.

« Ils ont pillé une bonne partie du trésor de Rennes le château. Les prétendus alchimistes que les Habsbourg ont envoyé à Rennes n’étaient que fondeurs. Cet idiot d’abbé de campagne avait été séduit par une aventurière, grande musicienne, mais membre des Lupus, donc contrôlée directement par le Grand Maître des Lupus.

Il avait fini par lui dire son secret. Par sa faute, nous avons peut-être perdu à jamais le chandelier à sept branches de Salomon, la colombe d’or des cathares, et je ne sais quoi de plus précieux. Mais le pire est ce qu’ils viennent de faire, en nous volant le Livre secret. Il faut absolument le retrouver avant que leurs experts aient pu déchiffrer son contenu, afin de l’utiliser à des fins terribles. Sinon il est probable qu’ils l’utiliseront pour parvenir à réussir là où Hitler a échoué. »

Enfin je compris l’enjeu. Mais quel terrible secret pouvait ce livre contenir. L’arme absolue ? Le secret de la pierre philosophale, ils le maîtrisaient visiblement pour partie, vu l’attaque que nous avons subie et qui avait failli me tuer. Alors quoi ?

Etant rationaliste, je savais que la science officielle n’expliquait pas tout ? La preuve, quand mon père était à l’école, on lui enseignait que l’atome était la plus petite particule de l’univers.

Quant à moi, c’était l’électron. Mes professeurs ne m’aimaient pas, car j’affirmais que l’infiniment grand et comme l’infiniment petit, et par définition infini.

Je soutenais la thèse selon laquelle un électron était lui-même comme une galaxies, ou un système planétaire, les plus petites particules gravitant autour d’un noyau plus gros, dont les énergies étaient inversées, provoquant une attraction répulsion. Je développais aussi l’idée des trous noirs, étant pour moi de la matière concentrée sur elle-même, Ainsi une boule de la taille d’une boule de pétanque pèserait autant que le soleil. Tout ceci m’avait valu sarcasmes et mauvaises notes.

Bref, je ne voyais toujours pas de quoi il pouvait s’agir. Isa me dit d’arrêter de me torturer, et qu’il s’agissait peut-être de secrets de type historique, sur l’existence ou non du Christ, de Marie-Magdalène, sur la prétendue virginité, sur la prétendue résurrection. Une « bombe » virtuelle, me dit Isa.

Nos échanges étaient tellement forts que j’en avais oublié sa fascinante beauté. J’en avais également oublié que parfois, le temps semble changer ses paramètres, et je réalisais que nous avions parlé pendant six heures puisque le soleil commençait à baisser.

Sentant qu’il faudrait bientôt achever cette conversation, je l’interrogeais de nouveau sur les émissaires de Lupus qui nous avaient attaqués et volés le Livre. Ou les trouver ?

Sont-ils encore à nos trousses ? Quels sont leurs points faibles ? Ils ne sont pas éternels, je ne cois pas aux balivernes du pouvoir d’immortalité, si ce n’est symbolique.

Isa pensait que s’ils étaient encore dans les parages, ils attendraient de voir si nous les pourchassons pour nous tendre un piège. Ils savent que nous ne baisserons pas les bras et feront tout, quitte à perdre la vie, pour récupérer le Livre. Ils sont donc sur leurs gardes. Bien sûr, ils sont mortels. Leur force et aussi leur faiblesse. Ils sont toujours deux par deux, comme les templiers, et se sentent faibles si seuls. Quand on tombe sur eux, il faut à tout prix essayer de les isoler un par un. Il devient relativement facile de les tuer. Ils n’utilisent jamais les armes à feu, trop traditionalistes. Ce sont en revanche d’excellents archers, et manient à la perfection glaives, épées à deux mains et scramasaxes.

Isa tourna la tête vers moi, et ce moment j’entendis un sifflement. Une flèche frôla la joue d’Isa, et s’enfonça d’un tiers de sa longueur dans le chêne liège sous lequel nous étions assis. Je réalisais que si elle n’avait pas tourné la tête au bon moment, sa tête aurait été traversée par le projectile. Un dixième de seconde plus tard, nous étions tous les deux couchés au sol, l’un contre l’autre, s’attendant à être la cible de nouveaux projectiles. Mais rien. Au bout de quelques minutes, Isa me dit qu’il s’agissait d’un avertissement, une intimidation.

Avec le contrecoup de l’agression, de la chance d’Isa, je ne pus pas m’empêcher de poser tendrement mes lèvres sur les siennes, qui étaient rouges écarlates, et douces comme le pétale d’une rose. Je sentais sa poitrine chaude, ferme et opulente, sous mes vêtements.

*

* *

« Vénérable Maître, mes très chers frères, je suis honoré et heureux de participer aux travaux de la très respectable Loge des frères charbonniers, de l’Obédience de Misraïm, à l’Orient de Maury.

La Planche que j’ai préparée pour vous, pour travaux communs, n’est pas écrite, et je suggère que le Secrétaire de l’Atelier me soumette son procès verbal avant de le consigner, car certains de mes propos pourraient compromettre l’existence même de votre Atelier, de vos vies.

La prudence doit prévaloir, il ne s’agit pas de défiance.

Le Véné, comme tous les Officiers de la Loge, acquiesça.

Mes frères, j’ai été initié en l’an 5773 dans la Très respectable Loge Secret et Harmonie, à l’Orient de Malte. Ma loge mère travaille au Rite de Memphis, fondé dans la capitale spirituelle et magique dans l’Égypte des pharaons.

Je ne ferai pas l’insulte de vous apprendre que Misraïm, en hébreu, signifie Memphis.

C’est donc par l’intermédiaire d’initiés à la Gnose hébraïque que le Rite égyptien est parvenu d’abord dans ma région, la Romagne, puis s’est répandu dans tout le nord de l’Italie, puis est remonté en Narbonnaise.

Mais les initiés hébraïques égyptiens d’adoption avaient compris que leurs fondamentaux, si proches de ceux des Druides, méritaient un rapprochement.

Ils savaient que les sociétés Druidiques étaient très présentes, et puissantes, en Occitanie, notamment en terre Narbonnaise, et surtout dans l’Aude, en pays Cathare.

Le mariage symbolique de la Grande Maîtresse des Druides avec le Gand Maître de Memphis consacra la magnifique, mais combien combattue, Obédience de Misraïm.

Le Rite se déclara primitif, ce qui valu les foudres des obédiences Royalistes, anglo-saxonnes, ce qui me semble normal.

Moins logique fût l’opposition inacceptable de la maçonnerie dite française, la GLF et surtout le GO.

Nous – Vous, avons été traité de brigands, d’imposteurs, de charlatans…par des marchands du Temple !

Un courrier du G.M. du G.O. a contribué à m’embastiller, car le G.OD.F collabore avec l’Ordre établi, j’en suis la preuve.

Quant à d’autres, qui recherchant comme nous les mêmes secrets, ne cessent de nous mettre les bâtons dans les roues dès qu’ils pensent que nous sommes prés de découvrir l’essentiel.

Je pense évidemment aux Rosicruciens, qu’ils soient d’obédience judaïque ou chrétienne.

Tous ceux-là, selon mes analyses, sont au moins aussi dangereux que le Vatican et tous ses bras armés, Jésuites, Opus Deï, Légion du Christ…

Mes frères, nous devons être particulièrement prudents sur la qualité de ceux que nous initions, car je vous informe que certaines sectes catholiques acceptent la double appartenance, notamment les Roses Croix. Il en est de même de la branche rose+ judaïque, qui travaille la magie de la Thora.

Les cercles néo alchimistes, Mages en tous genres, font de même. Je recommande aux frères enquêteurs d’être particulièrement vigilants, nous risquons des infiltrations.

Ces précautions d’usage ayant été prises, je vous demande, mes T.C.F, de prendre connaissance de mon réel projet.

L’humanité est à la croisée des chemins. Tout tend à prouver qu’elle risque de retomber dans les horreurs que nous avons connues au moyen âge. Inquisition, armée, Monarchie, voilà les seules organisations humaines qui décident d’ores et déjà, au nom du syncrétisme, avec des représentants de l’Islam et de certaines branches extrémistes judaïsâtes se sont associées, sans parler de la plupart des grands Gourous africains, corrompus.

Nous sommes, Carbonari ou égyptiens, toujours obligés de nous cacher pour survivre et éviter d’être exterminés par des pourris, des vérolés, des hypocrites, des assassins.

Des gens qui inversé totalement le sens des textes sacrés, des paroles des prophètes. Des gens qui transforment l’amour en haine.

Des gens qui ont transformé, au fil des siècles, le paradis en enfer. Des gens qui font croire au commun des mortels qu’il faut vivre de façon misérable pour accéder au fameux paradis… qui n’est que métaphore.

Nos anciens philosophes, notamment grecs, Sénèque, ¨Socrate, Platon, prônaient déjà, nos valeurs humanistes, scientifiques, épicuriennes, tolérantes toutefois du croyant.

Oh combien il doit être rassurant de croire à une vie après la mort, d’un paradis conquis par nos bonnes actions.

Oh combien il doit être confortable de penser qu’il suffit de mourir pour renaître dans une meilleure condition lorsque l’on est né intouchable ?

Mais tout converge vers une vérité : tous ces pourris qui ont complètement travestis les textes ou dires des prophètes, l’ont fait avec un objet précis : détruire l’humanité et la planète.

Si nous n’arrivons à faire ce que nos ancêtres ont réussi à faire, et je fais référence aux sumériens, puis aux grecs, puis aux Romains… La Res Publica. La démocratie, en langue moderne. Vox Deï, vox populi, l’humanité va plonger dans une horreur incomparable, dans son ampleur, jamais connue.

L’alchimie a été mise au service des forces du mal et la pierre philosophale, à savoir l’Uranium, est déjà utilisée à des fins obscures par des alchimistes qui travaillent pour des forces obscures.

Si nous n’y prenons garde, dans le siècle à venir, ils trouveront le secret de la fusion, de le scission, et de la fission nucléaires. Selon mes études, un seul gramme d’uranium enrichi pourrait détruire la ville de Paris, et tuer toue vie animale et végétale dans un rayon de cinquante kilomètres autour du lieu de la déflagration.

Si nous n’arrivons pas à créer un double front contre eux, je pense que la planète elle-même est vouée à une asphyxie rapide. Dans deux ou trois cents ans, elle crèvera de tous les détritus, et surtout de l’utilisation des combustibles, très connus, comme le charbon, et le pétrole, peu connu, pourtant excellent combustible, une fois raffiné.

Pire sera l’utilisation de l’uranium, appelé communément pierre philosophale. En réalité, les pierres radioactives telles l’uranium, le plutonium, ainsi que certains météorites issus de la nébuleuse d’Andromède, ont des effets transmutants évidents, mais extrêmement destructeurs.

Certains de nos amis, travaillant ces métaux, ont été gravement atteints, même s’ils portaient gants et tabliers comme il se veut lorsque l’on est forgeron.

Certains ont même vu des feuilles pousser sur leur tête, se prenant ainsi pour de grands druides.

D’autres ont vieilli de cinquante en deux jours et se sont desséchés comme des momies.

N’oublions jamais ces dangers.

Mais la solution que je propose n’est pas seulement de contrecarrer les forces du mal, mais d’envoyer un message positif.

Le Rite de la haute maçonnerie égyptienne, dont je suis fondateur et Grand Maître ad vitam æternam, est en réalité le Rite de Misraïm enrichi de ce que l’on appelle communément l’échelle de Naples. C’est à Napoli où j’ai en effet ouvert un atelier qui a propagé la maçonnerie égyptienne dans toute l’Italie, Romagne bien entendu, mais même la Lombardie.

C’est dans cet atelier que j’ai opéré le transfert de l ‘Arcana Arcanorum dans le Rite primitif de Misraïm.

Or, mes très chers frères, la voie de l ‘Arcana Arcanorum est une voie alchimiste interne, une voie de l’immortalité acquise sur terre par la constitution d’un corps de Gloire.

De nombreux frères et de nombreuses sœurs ont décidé de se joindre à mes travaux. J’ai en effet, contrairement aux obédiences monarchistes et déistes de la Grand Loge Unie d’Angleterre, mais ce qui est plus surprenant, de l’Obédience prétendument progressiste du rite français, le G.OD.F, mis les femmes sur un pieds d’égalité avec les hommes.

N’est-ce pas l’inquisition qui a décidé que les femmes n’avaient pas d’âme ???

N’est-ce pas ces mêmes pédérastes refoulés qui ont prétendu que la femme était l’œuvre du Démon ?

N’est pas toujours ces mêmes sadiques assoiffés de richesses, d’horreur, et de petits garçons, qui ont pourchassé et décimé presque toutes les druidesses, mages, guérisseuses ?

Ne pas aimer les femmes revient à haïr la vie. C’est la femme qui donne la vie, même si elle ne peut le faire qu’avec la fertilisation de l’homme. La véritable alchimie, le véritable miracle, c’est le principe de pouvoir donner la vie et d’être ainsi un Dieu.

Mais pour pouvoir donner cette précieuse vie, il faut également deux ingrédient : l’acceptation de la mort qui peut seule permettre la renaissance, donc l’évolution vers la perfection. L’autre étant l’amour, spirituel, fraternel, mais aussi charnel. On ne donne pas la vie par télépathie !

J’ai appris que le G.O.D.F, même s’il refusait d’initier des femmes, reconnaissait l’existence de la franc-maçonnerie féminine, contrairement à la maçonnerie sclérosée anglaise. Mais je pense comme les maçons du G.O que la mixité pourrait troubler parfois les travaux, ou pire.

Que penser d’un deuxième surveillant qui serait épris d’une jeune apprentie ?

Ou d’un premier surveillant vis à vis d’une sœur au grade de compagnon, prétendant à son augmentation de salaire ?

Nous sommes là pour bâtir des temples à la vertu, creuser des tombeaux pour les vices.

Mais nos frères sont des hommes faits de chair et d’os, et la chair est faible.

J’ai donc trouvé une solution acceptable.

Les sœurs travaillent dans des ateliers différents, mais ont les mêmes grades, devoirs et puissances que les ateliers masculins. Elles ont le droit de visite et réciprocité.

L’une des questions que je pose à votre atelier est de savoir s’il serait envisageable de soucher une Loge féminine sur votre atelier, et travailler au nouveau Rite de M.M.

Si vous voulez accéder au niveau de l ‘Arcana Arcanorum, il vous faudra inévitablement travailler avec des sœurs. Imaginez Osiris sans Isis.

Nous sommes force et vigueur, elles sont sagesse et beauté. Nous sommes le soleil, elles sont la Lune. Nous sommes le Ying, elles sont le yang. Le jour, la nuit…

Voici, mes frères, l’essentiel de ce que je voulais vous faire partager, et je suis tout à fait disposer à répondre à toutes vos questions.

J’ai dit. »

*

* *

Je tentais par tous les moyens de savoir où était passé le tueur. Aucune trace. A part cette flèche, il n’y avait rien pour prouver quoi que ce soit.

Isa me dit de ne pas perdre mon temps car si le, ou les agresseurs, avaient persisté, nous aurions eu d’autres attaques. Le coup était « one shoot ».

Mais comment retrouver ces ordures, ne pas se laisser traquer ou tirer comme des lapins ?

Je commençais à avoir une haine qui montait en moi, aussi brutale que l’euphorie de prendre Isa entre mes bras après sa survie extraordinaire. Je pensais qu’il y avait automatiquement un moyen de débusquer ces crapules teutoniques, et peut-être récupérer le Livre.

C’est alors qu’une idée me traversa l’esprit : qui, à part un autre Ordre Teutonique, pouvait nous aider ? Ce serait bien entendu risqué, car un autre ordre aurait automatiquement le même objectif, tenter de s’emparer du Livre. Mais il faut parfois travailler avec les ennemis de ses ennemis sans pour autant les considérer comme amis, mais au mieux, comme alliés objectifs.

Le problème majeur était de prendre contact avec eux. Pas évident, ces sociétés sont réellement secrètes, et pas seulement discrètes. Je me souvins alors de ce que m’avait raconté un frangin, ancien inspecteur des RG. Il avait enquêté sur une loge bizarre, où le port de l’épée était obligatoire à toutes les tenues, qui travaillaient au rite Teutonique.

Il n’était pas envisageable de lui en parler au téléphone, et qui plus est, la loge en question était à l’Orient de Paris, ou de la proche banlieue.

Je devais écourter mon séjour, et remonter à Paris le plus vite possible. Je ne voulais pas, à cette étape, donner le détail de mon plan à Isa tant que je n’avais pas vu Erik.

Je l’informais que je devais, dès le lendemain matin, remonter à Paris. Son regard transparent me laissait penser qu’elle avait plus ou moins lu ma pensée. Elle m’embrassa tendrement sur les lèvres après m’avoir dit : « Sois prudent, ces gens sont des monstres. Reviens vite, tu vas me manquer ».

Je la rassurais, en tentant de cacher ma vive émotion, et sachant qu’elle allait aussi me manquer, mais il n’y avait pas le choix.

Pendant le retour, tout ce qui s’était passé en quelques jours défilait dans ma tête, et, comme cela m’arrive, mon cerveau moulinait, continuant parfois contre mon gré ses analyses. Le lendemain soir, je prenais rendez-vous d’urgence avec Erik.

« Tu ne sais pas ou tu mets tes pieds, mon frère, c’est très dangereux. Les Chevaliers Teutoniques sont sans pitié. Tous ceux qui les ont fréquentés de près, sans les rejoindre, ont disparu, sans exception. Comme je te l’avais dit, j’avais enquêté sur une loge supposée travailler au Rite Teutonique. Je me suis fait des frayeurs. Les frères gardent le glaive pendant toute la tenue. Ils portent d’étranges cagoules, un peu comme le KKK.

Dans le Temple, figurent des symboles aryens, et entre autres, la fameuse, ou plutôt « fumeuse », croix gammée, dextrogyre, et sénestrogyre…au côté de la croix templière.

J’en avais eu le froid dans le dos. Mais pourquoi t’intéresses-tu à ces fous dangereux ?

Je te recommande de les fuir, et faire comme si tu n’avais jamais entendu parler d’eux. »

J’hésitais à tout lui raconter. Même si c’était un ami, un frère, il travaillait aussi pour les R.G, et je savais que dans les hauts grades de la maçonnerie écossaise, la question du combat millénaire entre l’Ordre du Temple et les Chevaliers Teutoniques était suivie de près.

« Erik, je ne peux pas tout te dire, j’ai fait le serment de garder le secret d’une Loge qui travaille au Rite primitif. Le secret est lourd. Cet atelier était détenteur d’un secret terrible depuis que l’Ordre du Temple a été officiellement détruit. Les Chevaliers Teutoniques ont volé ce secret et je dois le retrouver. Tu dois m’aider, coûte que coûte.

Fais moi confiance. Je te promets que si je gagne ce combat, je te raconterai tout, sous le maillet bien entendu. »

Erik me regardais droit dans les yeux comme tous ceux qui, adeptes de la télépathie ou pas, savaient qu’un mensonge ou un non dit interdisent à quiconque de tenir un regard perçant. Il hésita encore quelques secondes, puis me dit :

« Je vais t’indiquer le contact avec l’atelier que j’ai visité, mais, à mon avis, tu vas devoir voyager beaucoup. Prépares-toi à devoir visiter plusieurs ateliers tous plus dangereux les uns que les autres, et finir du côté des Habsbourg, en Bavière. Le siège de l’obédience doit être dans l’un des châteaux de Bavière car le Grand Maître est obligatoirement le Prince héritier de la famille royale autrichienne. »

« C’est une obédience royaliste, comme la maçonnerie anglaise ? J’avais toujours pensé que l’obédience était de souche purement germanique, et pas autrichienne. Mais après tout, dès que je travaille sur l’affaire de Rennes le château, sur les trésors qui se cachent derrière, je tombe systématiquement sur les Habsbourg… Je pensais qu’ils s’étaient contentés de piller l’or des wisigoths, des cathares, lui-même venant pour partie du trésor du temple de Salomon. J’ai fait d’importantes recherches sur la question comme tu le sais. »

Erik me souris de façon énigmatique et me dit :

« N’oublies pas que tu m’as donné ton excellente planche sur la question du secret du temple de Salomon, et tu sais très bien que personne, sauf cet idiot d’abbé Saunière, tout le monde se moquait de l’or. Surtout les Habsbourg, qui sont richissimes et n’ont pas besoin d’or. C’est quelque chose de bien plus important que tous les initiés recherchent depuis plus de mille ans. L’arche d’alliance ? Tu penses qu’il est dans les caves du Vatican. Le Graal, un mythe symbolique?

Les tables d’émeraude ? Je pense que les Templiers les ont englouties en Agartha.

Alors que reste-t-il ? Nul ne le sais…Nul, sauf peut-être…toi. »

Je compris que je ne pouvais plus cacher la vérité à Erik et lui dit que de terribles secrets étaient enfermés dans un ouvrage qui avait été dérobé. Sans donner de détails, je lui expliquais que si ce livre restait entre de mauvaises mains, toute l’humanité risquait de plonger dans l’horreur, d’une dictature sanglante pire que celle qu’Hitler avait essayé de mettre en place.

« Erik, je pense qu’il s’agit d’un Livre, secret, qui aurait été écrit par l’Ordre du Temple au moment où la décision a été prise conjointement par le Pape et le Roi de les exterminer. Cet ouvrage doit contenir des secrets de nature à faire basculer l’humanité, dans un sens ou un autre. Les lumières ou l’obscurité. La concorde universelle ou la barbarie. A cette étape, je peux te dire que je n’en sais guère plus, je te le jure. »

« Te souviens-tu de la visite que nous avions organisée à Provins, et du cabinet de réflexion dans le quel il y avait des larmes d’argent ? Te souviens-tu que cet atelier du G.O travaille au rite écossais, depuis l’allumage des feux, et depuis lors ?

Figure toi que c’est dans ce temple souterrain que j’ai visité cette étrange loge. La tenue n’a lieu qu’une fois par mois, les troisièmes mardi du mois, sous les auspices de Mars, Dieu de la guerre, comme tu le sais».

Inutile de t’indiquer l’accès, c’est toi qui me l’avais montré».

Je me souvenais qu’en effet, quelques années auparavant, j’avais organisé pour son atelier la Saint-Jean, choisissant les souterrains de Provins, et sachant qu’une loge de la G.L.F apprécierait d’être reçue par un atelier du G.O ; qui étant pourtant l’une des plus anciennes loges du G.O, travaillait au rite écossais.

Pourquoi choisir Provins ? Il y avait-il un rapport entre ce haut lieu templier et les Teutons ? Mon cerveau moulinait. Erik s’en rendait compte.

Je réalisais que nous étions lundi soir, le troisième du mois, quelle coïncidence.

« Merci pour tout Erik, tu sais où je serai demain. »

« Prend ton temps, Greg. Ils ne travaillent pas de midi à minuit, comme nous, mais de minuit à midi. La tenue commence avec les treize coups de minuit. Tu sais comment être sur place à l’heure. »

Le lendemain, je partais pour Provins pour arriver à temps pour la dernière visite des souterrains, vers 19 heures. J’aurais quelques heures à attendre avant de pouvoir tenter ma chance, à mes risques et périls.

*

* *

Le carrosse du Comte, propulsé par deux chevaux puissants, noirs comme l’ébène, traversait les terres de la Narbonnaise, après avoir prudemment traversé les terres cathares, les routes sinueuses des montagnes.

Il fallait rattrapé le temps perdu et filer le plus vite possible vers la côte. Malgré toutes ces contraintes, ces risques, le Comte pensait à tout autre chose : Avait-il réussi à convaincre ses frères ?

Cette question le hantait. Mais il devait revenir à la réalité, comment retrouver les forces vives en Italie pour lui porter secours : voilà la question essentielle qu’il devait se poser.

Demain, il serait caché dans un bateau. Mais il avait été prévenu que l’itinéraire pouvait être modifié à chaque instant, dès lors qu’il atteindrait l’adriatique dans les délais impartis.

Le carrosse filait le long de la côte de Narbonne pour rejoindre un port qui s’appellera. plus tard Port la Nouvelle, au sud, en direction de Leucate, puis l’Espagne.

Il s’immobilisa tout près d’un bateau sombre, qui devait être très peu visible la nuit.

Le cocher descendit du carrosse, ouvrit la porte, et demanda au Comte de vite grimper dans le bateau. « Ne trainons pas, on ne sait jamais qui peut rôder dans les ports, et il n’est pas question de prendre de risque ».

Le Comte acquiesça et sauta dans le bateau. Le cocher fut étonné de sa sveltesse, comme si le poids des années ne l’avait en aucune façon altéré.

Il était à peine à bord que le navire commença à faire manœuvre, le cocher ayant lâché les amarres. Ils sont vraiment prudents, pensa le Comte, alors que le bateau prenait le large à vive allure.

C’était une nuit sans lune, et Cagliostro savait qu’il n’avait été ni repéré, ni suivi.

Mais il n’était pas encore arrivé dans sa Romagne, et sentait qu’il y aurait des embuches.

L’île de Malte était censée être sûre. Mais il avait une confiance toute relative dans l’Ordre de Malte. Après tout, c’est eux qui avaient hérité du trésor « officiel » des templiers, « couvrant » le massacre des templiers, contrôlaient l’île.

C’est pourquoi il devait par tous les moyens contacter les frères de sa loge mère, « Secret et Harmonie ».

Il était sur le pont, toujours perdu dans ses pensées, quand un homme s’approcha de lui pour lui dire : « Grand frère, sois prudent.

Même ce navire est pris par le démon. Il y a un traitre à bord. »

Un bruit sec, que le comte reconnu, ancien archer, d’une flèche.

Le matelot qui était venu prévenir le Comte avait une flèche plantée en plein front.

Cagliostro bondit derrière le mat, et évita de justesse une deuxième flèche, qui se planta à quelques centimètres de sa tête. Il localisa facilement l’archer vu la trajectoire des deux flèches.

Il rampa jusqu’à la proue du navire, et aperçu l’archer, qui avait réarmé son arc. Il sorti sans bruit sa lame de lancé, et la projeta sans réfléchir. Il fit mouche et l’homme s’effondra, la lame plantée en plein front.

Qui était complice, ennemi, ou ami à bord du bateau ?

Tout devenait possible et le Comte devait être prudent mais téméraire.

Il se rapprocha du poste de commandement du navire et vérifia que le capitaine était toujours en poste, au courant de rien. Il décida de ne rien lui dire et de poursuivre la visite du bateau.

Il découvrit qu’un autre matelot avait été égorgé, il n’y avait plus personne sur le pont.

Le reste de l’équipage dormait dans les cales.

Mais où était celui qui avait essayé de le tuer ?

Le comte réalisa qu’il avait quitté le bateau lorsqu’il s’aperçu que la chaloupe avait disparu.

Il regarda immédiatement aux alentours du bateau, et grâce à une demi-lune, vu un autre homme, un arc accroché à l’épaule, dans la chaloupe.

Il évalua la distance : sept mètres environ mesura-t-il.

Il sorti sa lame mambo negra, noire comme l’ébène, invisible la nuit.

Elle traversa le ciel, tournoyant trois fois sur elle-même, pour finir sa trajectoire en s’enfonçant profondément dans la veste de cuir, puis dans les dorsaux, pour finir en plein cœur du fugitif.

Il décida de laisser la chaloupe dériver, quitte à perdre sa deuxième précieuse lame de lancer.

Mais avant de voir disparaître la chaloupe, il cru voir l’individu, dans l’agonie, se retourner : il avait une tête de loup !

*

* *

Je descendais la ruelle qui mène de la tour César à l’entrée des souterrains, en veillant que personne ne me suive.

Tout allait bien, et je pensais à la fois où j’avais organisé la fête de la Saint-Jean ici pour la loge d’Erik.

Le frère qui m’avait accueilli à l’endroit où je me trouvais m’avait rappelle que la loge de Provins, pourtant très ancienne, l’une des premières du G.O.D.F, avait toujours travaillé au Rite écossais ancien et accepté, et non au Rite français, de l’obédience.

Je me souvenais surtout du cabinet de réflexion, dans lequel j’avais été surpris de voir des larmes d’argent incrustées dans le mur. C’est là que je comptais me cacher, même si cela pouvait s’avérer dangereux.

Je retrouvais assez vite l’entrée cachée des souterrains, et grâce à ma maglite, retrouvais rapidement l’allée principale qui menait ensuite vers la place compagnonnique, qui menait aux allées des différentes corporations.

Je suivais l’allée des maçons, puis celle des tailleurs de pierre, celle des charpentiers, des couvreurs. J’hésitais un instant entre la ruelle des menuisiers et celle des forgerons, que je choisis sans réfléchir.

Tubalkain doit être leur idole, pensais-je, leur temple doit être dans cette direction, et probablement près du cabinet de réflexion, qui donne sur la ruelle des forgerons. Je décidais donc de me diriger vers le cabinet que j’avais repéré quelques années avant.

En empruntant la ruelle des forgerons, je commençais à ressentir le sentiment d’être épié, en danger. Pourtant, je me voyais personne, n’entendais personne.

Je décidais de contourner la ruelle des forgerons, sachant qu’il avait ensuite une ruelle qui menait vers le cabinet. Je gardais la maglite éteinte, malgré l’obscurité presque totale.

Tournant sur la droite, je vis une lueur. Je me cachais derrière un pilier et j’aperçus une grande salle, éclairée par des torches, avec deux colonnes au fond. En bref, un vrai Temple. Mais si les hommes portaient bien gants, mais en cuir, baudriers, aucun ne portait de sautoir, ils portaient également des tabliers, mais rouges et noirs.

Encore plus bizarre, ils portaient des cagoules pointues, blanches, et portaient tous le glaive à la ceinture.

Inquiétant. J’étais immédiatement convaincu qu’il s’agissait du rituel des chevaliers teutoniques. Nous ne nous étions pas trompés, les chevaliers teutoniques avaient bien choisi Provins, symbole de l’Ordre du Temple, comme relais en France.

Je ne risquais pas d’être vu ni entendu, mais j’étais trop loin pour entendre ce qui se disait et je supposais que la tenue avait déjà commencé depuis un moment. Je décidais de bondir en souplesse vers un autre pilier plus proche du lieu de culte.

Enfin, je pouvais entendre ce qui se disait.

« Mes frères, cela fait 666 ans que nous attendons ce moment. Nous avons enfin pu reprendre ce qui nous revient depuis toujours le Livre secret. Ces imposteurs de l’Ordre du Temple Rosicruciens, puis les francs-maçons du rite primitif de Misraim nous l’avais dérobé. Grâce aux loges lupus de notre obédience, il est de nouveau entre nos mains. »

Comme un soupir de contentement et d’admiration émana de l’égrégore. Le vénérable se tenait droit comme un I, l’allure particulièrement martial. Il continua, et j’en restais bouche bé.

« Le livre secret a été rédigé par le Grand Maître de l’ombre de l’ordre du Temple. Comme vous le savez, lorsque Jacques de Molay, Grand Maître officiel de l’Ordre, a su que la pape avait cédé au roi de France, et allait prononcer l’excommunication, il compris quel sort était réservé à l’ordre.

Il demanda à son alter ego, le G.,M, inconnu de tous, d’écrire ce livre, afin de dévoiler non seulement la félonie du pape et du Roi, mais surtout pour faire la vérité.

Les templiers avaient fait des découvertes incroyables, et avaient surtout compris que les empires religieux, notamment celui de l’église catholique, étaient basés sur des mensonges incroyables.

Le mythe de la virginité de Marie, le mythe de la résurrection, n’étaient, au mieux, que des symboles dans la bouche du prophète.

Plus grave, les « patriarches », et particulièrement Jean, avaient procéder à une véritable opération de révisionnisme. Le prophète avait déclaré que les chances d’un homme riche d’aller au paradis étaient égales à celle d’un chameau de passer par le chat d’une aiguille. Il en était ressorti « si tu es pauvre sur terre, tu seras riche au paradis » !

Je ne m’étendrais pas sur la multitude d’exemples. Plus fort, le livre démontre que la vraie gnose remonte au minimum à 4000 ans avant J.C.

Enfin, il prouve que le Vatican, grâce à l’ordre du temple, a pillé le temple de Salomon, et détient de terribles secrets, mais aussi le chandelier à sept branches, l’arche d’alliance…

Ce livre est une véritable bombe. Plus grave, ce qui s’est passé depuis treize siècles démontre que toutes les religions ont emboîté le pas du Vatican, pervertissant les enseignements des prophètes, voire commettant en leur nom les pires méfaits.

L’inquisition, les guerres, les croisades, les tortures… Combien de crimes ont été commis en ton nom, toi qui n’existe pas, et n’a jamais existé !

Seuls les imbéciles peuvent encore croire aujourd’hui que celui qui ne peut pas exister à créé le monde en six jours, grâce aux progrès de la sciences.

Le livre révèle aussi comment la radioactivité, l’électricité, mais aussi la chirurgie, l’astrologie, existaient depuis des millénaires déjà, à l’époque où le livre a été écrit.

Quand nous rendrons public son contenu, ou une partie, toutes les religions s’effondreront. Nous prouverons que nous sommes les véritables enfants et héritiers de l’ordre du Temple. Nous prouverons que l’église catholique, comme toutes les autres, notamment monothéistes, judaïque, islamiste, etc, ne sont que pure chimère, au mieux, ou mensonge éhonté.

Le quatrième Reich prendra rapidement le pouvoir au niveau mondial. Nous aurons alors accompli notre mission, au bout de 666 ans de combat.

Mes frères, l’heure est bientôt venue.

En attendant, patientons encore un peu car le Livre est en route pour le siège de l’obédience, et notre G.M, le Prince de Habsbourg, va l’étudier dans son château afin de voir ce qui doit être exotérique de ce qui doit demeurer ésotérique.

C’est une question de semaines ;

J’ai dit. »

Les chevaliers se mirent à l’ordre, claquant des bottes, puis firent la chaine d’union.

Mais quand elle fut rompue, un chevalier se tourna brusquement en ma direction et dis à voix forte. « Je sens une présence. Frère terrible, Frère expert, venez avec moi. Couvreur, garde bien la porte du Temple. Allez, glaive au poing ! »

Je retirais mes chaussures pour ne faire résonner mes pas, et je partis rapidement en direction du cabinet de réflexion. J’entendais les pas précipités derrière moi, mais trop loin pour être vu.

Je me précipitais dans le cabinet, refermais la porte, puis je me suis placé derrière la porte de façon que celle-ci me cache si quelqu’un ouvrais la porte.

J’avais bien fait, car quelques minutes après, la porte s’entrebâilla. Quelqu’un regarda à l’intérieur, mais sans pénétrer, et ne pu pas me voir. Je retenais ma respiration et la porte se referma. Quelques minutes plus tard, c’était de nouveau le silence. Je décidais de ne pas bouger tant que les chevaliers n’auraient pas quitté les souterrains.

En fin de compte, je décidais qu’il était plus prudent d’y passer la nuit, et de me fondre dans la première visite demain matin au cas ou ils aient postés un surveillant à la sortie du souterrain, sachant que je n’avais peut-être pas eu le temps de sortir quand ils me poursuivaient. J’avais pensé à prendre une couverture de survie. J’eus beaucoup de mal à fermer l’œil, et quand je réussis enfin, je rêvais du combat millénaire entre chevaliers teutoniques et l’ordre du Temple.

Le lendemain matin, comme prévu, je réussis à me faufiler dans un groupe de touristes sans me faire repérer par le guide. Une heure après, je sortais, rassure de n’être ni attendu ni suivi.

Quelques heures plus tard, j’étais à Paris, visiblement toujours pas suivi.

*

* *

Le Comte resta un moment tapi dans l’ombre, au cas où un autre individu, lupus, serait en embuscade dans le bateau. Au bout d’une demi-heure, il décida de prévenir le capitaine, censé être un homme de confiance.

Après tout, il se rendrait rapidement compte de la disparition de deux de ses matelots, l’équipage étant réduit. Par ailleurs, comment l’intrus avait pu s’introduire sur le bateau, puis resté caché jusqu’au moment ou il pouvait tenter de commettre son forfait.

Le Comte s’approcha avec prudence du poste de commandement et dit au capitaine :

« Deux hommes de notre équipage ont été assassinés. C’est bien sur moi qui suis visé. J’ai tué deux tueurs qui étaient à mes trousses. A vous de voir comment nous prévenons le reste de l’équipage, au risque de la panique, mais je pense que nous n’avons pas le choix. » Ayant terminé cette phrase, il scruta intensément les yeux du capitaine, tentant de lire sa pensée.

« Je ne comprend pas. Nous avons fouillé le moindre racoin du navire avant d’appareiller. Rien. Je suppose que les deux tueurs que vous avez tués ne faisaient pas partie de l’équipage. De toute façon, nous allons vérifier qu’à part nos deux marins assassinés, tous les autres dorment dans la soute. »

Le Comte proposa au capitaine de tenir la barre pendant qu’il se chargeait de réveiller les marins afin de leur annoncer la terrible nouvelle. C’était son rôle.

Il ne pouvait pas ne pas envisager qu’à bord, un complice aurait pu faciliter l’embarquement des deux tueurs. Mais il ne fallait surtout pas que l’équipage réduit tombe dans la panique ou la paranoïa.

Le capitaine surgi un quart d’heure plus tard, suivi par tous les matelots, l’angoisse visible dans les regards.

« Ils ne comprennent pas comment ces individus ont pu monter à bord, c’est incompréhensible.» affirma le capitaine. « Je propose de fouiller minutieusement le navire ».

Nul ne pouvait contester le bien fondé de la démarche. Au bout d’un quart d’heure, un marin s’exclama. « Venez voir, venez voir, pitaine. Il y a des cordages amarrés à l’arrière du bateau sous la ligne de flottaison ! »

En effet, deux cordages avaient été solidement fixés à la coque, par des pointes d’acier.

Le comte et le capitaine décidèrent de tirer sur les cordes. Au bout des cordes avaient été amarrés deux tonneaux, lestés de façon à ne pas être visibles, le haut dépassant désormais le niveau de l’eau. De toute évidence, un corps dans chaque tonneau ne laissait dépasser hors de l’eau que le trou supérieur du tonneau et à la place de la bonde, il y avait un tuyau permettant de respirer aux occupants, même avec des vagues, sans être vus.

Quelle ingéniosité, pensa le Comte ! Ces « ninjas » sont vraiment redoutables. Il se souvent que certains tueurs étaient capables de rester enterrés, respirant grâce à une tige de bambou, plusieurs heures, en attendant leur proie. Le principe était le même.

Demeurer invisible en attendant son heure. Il compris qu’il avait eu chaud.

A priori, le risque d’un complice à bord était écarté, mais il décidait de rester sur ses gardes pendant toute la traversée. Il s décidèrent de ne pas suivre le trajet initialement prévu, et de passer par les îles de Lipari.

Le Comte savait qu’une véritable conspiration contre lui s’avérerait fatale si il continuait la route initialement prévue. Pour autant, il n’oubliait pas qu’en tant que Grand Maître, il devait suivre sa feuille de route philosophique…

Et puis il savait que les îles Eoliennes, notamment la plus grande, Lipari, réservait un secret, un élixir miraculeux, un vin issu de vendanges tardives, de vignes qui poussent sur les coteaux du volcan gris, qui culmine à 600 mètres.

Légèrement sulfureux, balsamiques, dégageant des arômes de fruits exotiques, ils correspondaient précisément à l’alchimie rapportée aux vins. Si des maîtres étaient capables de produire de telles réussites, ils devaient être initiés.

Cagliostro se souvint alors du Maître, de passage à Paris, qui lui avait fait goûter ce nectar, aux agapes qui avaient suivi une tenue. Ce frère était d’une prestance incroyable, extrêmement jovial, et pourtant très réfléchi. Il affirmait que le savoir de Lipari venait, au delà des grecs, des égyptiens.

Il en conclu qu’un détour par ces îles fantastiques était une bonne ironie du sort. Ce n’était pas vraiment la route la plus courte pour rejoindre Malte, mais tant pis. De toute façon, ils avaient été contraints de contourner la Corse et la Sardaigne par l’ouest, pour éviter de mauvaises rencontres.

Passer par Lipari les obligeaient à plonger dans la mer, au lieu de contourner la Sicile directement par l’ouest pour rejoindre Malte, qui est tout au Sud. Mais Le port de Lipari permettait un accueil correct, et il fallait se ravitailler et essayer d’aller aux nouvelles. Il savait qu’il n’était pas à l’abri d’un nouveau piège, mais l’idée du nectar lui plu…Il contacterait dès son arrivée le frère qui lui avait fait découvrir le fameux nectar.

Si la vie mérite d’être vécue, c’est aussi parce que les nectars existent ! pensant le Comte avant de s ‘assoupir, enfin rassuré.

*

* *

De retour à Paris, je m’interrogeais immédiatement sur un détail qui n’aurait jamais dû m’échapper : de quel château des Habsbourg s’agissait-il ?

Le château de Habsbourg le plus connu est celui près de Brugg, en Argovie, en Suisse.

Pour autant, le château le plus habité par la dynastie est celui de Hofburg, à Vienne, en Autriche. Dans les deux cas, ces châteaux étaient censés être des lieux publics, sans relation particulière avec ceux qui pourraient prétendre être les héritiers de la dynastie.

De toute évidence, la société secrète redoutée, les lupus, de l’Ordre des chevaliers teutoniques, était étroitement liée aux Habsbourg depuis le haut moyen-âge.

Alors de quel château s’agissait-il ? Je devais consulter plusieurs amis avant de partir tête baissée dans la mauvaise direction. Je décidais de rencontrer plusieurs spécialistes de la question, Erik, bien sûr, mais aussi Damien, et Horus.

Mais il manquait surtout Isa : comment faire ? Difficile de lui demander de faire le trajet, vu le danger. Mais j’hésitais à lui demander, de peur qu’elle prenne le risque. Mais avais-je le temps de retourner en pays cathare avant de partir vers la Suisse, ou l’Autriche, ou je ne sais où ?

Je décidais tout simplement de l’appeler, en étant prudent au cas où nous serions sur écoute.

« Bonjour Isa, c’est Greg. Comment vas-tu ? »

« Ca va, et toi ? Pas de nouvelles des chiens enragés depuis ton départ, tu dois être plus près d’eux que moi. »

« En effet, j’étais très près d’eux, sous terre, dans une ville médiévale. Mais je dois les retrouver dans une ville, quelque part en Europe je suppose, mais je ne sais si c’est en Suisse, en Autriche ou ailleurs. Tu me comprends ? »

« Je te comprend parfaitement, mais je ne sais pas te répondre comme cela, sans détails, sans piste, il faudrait pouvoir en parler de vive voix, et je t’aurais bien revu avec plaisir. »

Je sentais mon cœur battre à 100 en pensant à sa beauté, sa chair blanche, ses lèvres rouges, sa poitrine arrogante, son parfum de miel et de fleurs sauvage, et surtout ses yeux, dans lesquels j’aurai voulu me noyer. Notre rencontre avait été courte, mais tellement dense.

« Peux-tu me rejoindre à Paris, ou dois-je venir chez toi ? »

« Je serai à Paris demain soir sans faute, retrouve moi vers minuit au pieds de la Tour Saint Jacques. »

« J’y serai, sans faute. A demain. ».

le lendemain paru long, et pourtant je ne perdais pas mon temps.

J’avais pris rendez-vous avec de hauts dignitaires d’obédiences particulières.

Bizarrement, elles avaient disparues de mon ordinateur, alors que je les avais indiquées.

Ce qui prouve que ce livre n ‘est plus secret.

Les obédiences concernées sont :

L'ORDRE INITIATIQUE ET TRADITIONNEL DE L'ART ROYAL: O:.I:.T:.A:.R Obédience mixte créée en 1974 et ne travaillant qu'au Rite de Salomon

LE GRAND PRIEURE DES GAULES: Obédience masculine héritière de la Grande Loge écossaise rectifiée de 1935. Depuis 2000 elle s'est détachée de la G:.L:.N:.F:. et travaille exclusivement au Régime écossais rectifié.

LA GRANDE LOGE TRADITIONNELLE DES RITES EGYPTIENS: Obédience mixte travaillant au Rite de Memphis-Misraïm.

LA GRANDE LOGE MIXTE SOUVERAINE: Obédience mixte travaillant à divers Rites dont le Rite de Venise.

LA GRANDE LOGE SYMBOLIQUE DE FRANCE: Obédience ayant la particuilarité d'avoir des Loges masculines, féminines et mixtes, travaillant au Rite de Memphis-Misraïm.

LA GRANDE LOGE SYMBOLIQUE DES GAULES ET D'ARMORIQUE

Cette dernière est tellement « sulfureuse » qu’elle ne transmet aucune donnée, et surtout pas la liste de ses membres, aux autres obédiences.

Quant à d’autres, comme le Grand prieuré des gaules, sont connus pour avoir des membres ayant double, voire triple appartenance avec les sociétés secrètes, R+, Prieuré de Sion…

Mais j’avais besoin de toutes ces lumières pour parvenir à savoir où aller.

Je préparais ma planche pour cette tenue étrange. Je décidais de commencer par le commencement, l’Ordre du Temple, l’Ordre Teutonique.

« Mes T.C.F, mes T.C.S, je vous remercie d’avoir accepté d’ouvrir les travaux avec moi ce soir. Je suis à la recherche d’un Livre secret, qui a été dérobé à nos amis de Misraîm qui le conservaient précieusement depuis des années. Les funestes voleurs, selon nos investigations, feraient partie d’une société secrète : les Lupus. Ils sont dangereux, et ont tenté de nous tuer, Isa et moi, après leur forfaiture. Non seulement contents de voler le Livre, mais voulant détruire toute forme de témoins, ou potentiels prédateurs. Mais pour bien déterminer une quelconque filiation avec des Ordres Anciens, et acceptés, il reste un travail important à faire. Quitte à être un peu fastidieux, je préfère commencer par le commencement.

« Tout commence dans les années qui suivent la première croisade en Terre Sainte (1096-1099). Malgré la prise de Jérusalem par les croisés (le 15 Juillet 1099), la sécurité des pèlerins n'est pas assurée. Entre les brigands locaux et les croisés aux buts peu louables, les pèlerinages deviennent parfois tragiques.

Hugues de Payns (Hugues de Payens, de la Maison des comtes de Champagne) et Geoffroy de Saint-Omer vivant sous la Règle des chanoines de saint-Augustin choisissent d'assurer la garde du défilé d'Athlit, le chemin d'accès le plus dangereux pour les pèlerins. Ce dernier deviendra plus tard le Château-pèlerin. Et c'est en 1118 que l'Ordre des Pauvres Chevaliers du Christ voit le jour ...

Revenant près des Lieux Saints, Baudoin II, roi de Jérusalem, leur octroie une partie de son palais, à l'emplacement du Temple de Salomon. Ils deviennent alors très rapidement les Chevaliers du Temple ou Templiers du fait de cet emplacement symbolique (bâti en 961 avant Jésus-Christ, le Temple de Salomon fut détruit par les Chaldéens en 587 avant Jésus-Christ, reconstruit et définitivement détruit en 135 par l'empereur Hadrien).

Ils se font alors assister par sept autres chevaliers français : André de Montbard (neveu de Saint-Bernard), Gondemare, Godefroy, Roral, Payen de Montdésir, Geoffroy Bisol et Archambaud de Saint-Agnan. L'Ordre du Temple prend forme en 1119 par ces neuf chevaliers désirant protéger les chrétiens en pèpèlerinage à Jérusalem.

C'est au concile de Troyes (14 Janvier 1128), à la demande de Saint-Bernard (Bernard de Clairvaux) que l'Ordre est véritablement créé. L'Éloge de la Nouvelle Milice est un témoignage capital de l'importance de Saint-Bernard dans la création de l'Ordre du Temple. Il aurait lui-même écrit la Règle qui régit le fonctionnement complet de l'Ordre.

C'est seulement en 1147 que le pape octroie la croix pattée rouge aux Templiers. Auparavant, les chevaliers étaient seulement vêtus d'un manteau blanc et les sergents d'un manteau brun. Cette croix est cousue sur l'épaule gauche de leur vêtement. De nombreux dessins ou illustrations sont trompeurs à ce sujet ... De plus, chaque époque a adapté leur apparence à son style : le XVIIème siècle, par exemple présente le grand maître avec un chapeau, portant une plume d'ornement, ce qui semble plutôt anachronique au temps des croisades !

Pendant près de deux siècles, les Templiers vont accroître leur aura pour revenir en Occident en 1291 après le chute de Saint-Jean d'Acre. Leur mission de protection des pèlerins avait bien évolué et de nombreuses dérives eurent lieu. La prise d'Ascalon (Août 1153) est un exemple de l'ambition de certains grands maîtres à l'égard du pouvoir temporel. Le grand maître en fonction, Bernard de Trémelay, avait en effet cherché à bloquer l'entrée aux autres Francs dès l'ouverture d'une brèche dans les murs de la ville pour laisser le champ libre aux chevaliers du Temple ... Leur lutte continue avec les Chevaliers de l'Hôpital provoque souvent des tensions dans les camps des croisés et ne facilite pas la cohésion des Francs en Terre Sainte. Leur retour ne pouvait pas plaire à tout le monde, d'autant plus que l'Ordre du Temple ne faisait que s'enrichir au fil du temps : donations, achats, intérêts des prêts accordés, ... tout semblait donner à l'Ordre une puissance lui permettant de bouleverser l'organisation féodale ...

Philippe le Bel, envieux vis-à-vis des Templiers, du fait de leurs richesses et de leur puissance a cherché par plusieurs moyens à les utiliser à ses fins. Cherchant au départ à en devenir le grand maître tout en restant roi de France, il joua un jeu de trahison qui finit par l'arrestation, le Vendredi 13 Octobre 1307 au matin, de tous les Templiers du royaume. Les Templiers étaient devenus trop puissants et ils menaçaient de dépasser les rois en fonction. Banquiers (Henri III d'Angleterre, Saint-Louis, Philippe Auguste, ... y firent appel) , milices protectrices, ils avaient pourtant bien aidé Philippe le Bel en le protégeant par exemple des émeutes à Paris qui faillirent lui coûter la vie !

Un procès inique suivra cette arrestation bien orchestrée. Pendant sept années, les Templiers en liberté chercheront à se justifier auprès du pape, le seul à qui ils devaient théoriquement des comptes. Menacé par Philippe le Bel et ses sbires, ce dernier ne les écoutera souvent même pas ! Le 22 Mars 1312, le pape Clément V abolit l'Ordre du Temple.

Le 18 Mars 1314, Jacques de Molay et Geoffroy de Charnay furent livrés aux flammes d'un bûcher dressé dans l'île de la cité de Paris. Jacques de Molay, dernier grand maître du Temple (et vingt-deuxième) lança alors l'anathème «Clément, juge inique et cruel bourreau, je t'assigne à comparaître, dans quarante jours, devant le tribunal de Dieu ! Et toi aussi, roi Philippe !». De fait, Clément V et Philippe le Bel moururent respectivement le 20 Avril et le 29 Novembre de la même année ...

Nombreux sont les mouvements sérieux ou non qui se sont attribués l'héritage des Templiers et ce thème est figure parmi ceux qui ont suscité le plus thèses et antithèses : le trésor des Templiers, l'ésotérisme des Templiers, la puissance des Templiers, ... tous les ingrédients semblent rassemblés pour déchaîner les passions et les extrapolations parfois osées. »

Quant à l’Ordre des Chevaliers Teutoniques, voilà ce qu’il en est dit, officiellement :

« L'Ordre des Chevaliers de l'Hopital de Sainte Marie des Allemands 
-Les Chevaliers Teutoniques-

D'après Jacques de Vitry, évêque du XIème siècle (dans son «Histoire de Terre Sainte»), «Ce furent un particulier et sa femme qui fondèrent vers 1127-1128, un hospice pour recueillir les pélerins du Saint Empire Germanique, leurs compatriotes, afin de les soigner et d'adoucir leurs souffrances».

Les membres de cette communauté furent appelés Frères de la Maison Teutonique de Sainte-Marie-de-Jérusalem et fonctionnèrent de la même manière que l'hôpital de Saint-Jean, créé par les marchands italiens.


Une profonde modification intervint à l'arrivée de plusieurs nobles, chevaliers et seigneurs et l'ordre devint militaire, au même titre que celui des Templiers. En 1192, le pape Célestin III plaça l'ordre sous la seule autorité du Saint-Siège. Les princes germaniques décidèrent alors, en 1198 d'en faire un véritable ordre de chevalerie. Une cérémonie eut lieu en présence des templiers et Hospitaliers de saint-Jean.

Les teutoniques adoptèrent la règle des Hospitaliers pour leurs activités charitables et celle des Templiers pour leurs missions militaires.

Le sceau teutonique est constitué de la Vierge et l'Enfant montés sur un âne conduit par Saint-Joseph.

Les chevaliers Teutoniques bâtirent l'Etat Prussien entre le XVIIème et le XIXème siècle.

Cette institution charitable, abolie en 1938 par Hitler (qui voulut le récupérer à ses propres fins moins louables ...), fut rétablie en 1947 comme une communauté religieuse, avec des prêtres et des soeurs. »

Voilà donc la version « officielle » de ce que sont devenus les deux Ordres.

Mais il ne vous a pas échappé que la vraie question réside autour du devenir du Trésor de Salomon. Pillé par Titus, avant sa destruction ultérieure par Hadrien.

Mais Titus fût aussi pillé par les Wisigoths, qui furent eux aussi détruits, pris en tenaille par les Maures au sud, les francs au nord. Ils ont établi leur dernière capitale en France à Rennes le château, ayant visiblement laissé suffisamment de traces pour qu’il soit presque certain que l’abbé Saunière, comme d’autres, avant et après, aient fait des trouvailles très intéressantes. Où alors comment se fait-il que dans les années 6O, 70, différents services secrets, entre autres le Mossad, aient jugé bon envoyer des commandos dans ce petit village perdu des Corbières ?

Qui a mis la main sur une bonne partie des masses d’or du trésor ? De toute évidence les Habsbourg qui ont envoyé de vulgaires fondeurs en les faisant passer pour alchimistes…ont emporté gros.

Mais depuis toujours, reste une rancœur entre les Ordres, tout particulièrement de l’Ordre du Temple vis à vis des Hospitaliers, mais certainement plus des chevaliers Teutoniques. La papauté, après la mort prévisible et prévue de Clément V, tenta de se donner bonne conscience en donnant tous pouvoirs, et quelques biens, aux hospitaliers. Sans commune mesure bien entendu avec les immenses richesses accumulées par l’Ordre du Temple, décimé, mais aussi spolié de tous ses trésors par le Roi de France.

De quoi vouloir se venger pendant au moins 666 ans…

Quant aux prétendus « anges » que sont devenus les Chevaliers Teutoniques, comment y croire un seul instant ? Loups devenus agneaux ? Il doit y avoir toujours un Ordre secret, qui sévit.

J’ai dit.»

Je me rendais compte que ma planche avait été longue, et qu’il était grand temps de rendre la parole aux lumières que j’avais fait venir. Je proposais immédiatement la parole à Isa.

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