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ASSOCIATION DES ANCIENS ÉLÈVES DE L’INSTITUT PASTEUR DÉCEMBRE 2015 Vol. 57 - N° 225 ARTHROPODES VECTEURS D’AGENTS PATHOGÈNES Bulletin de l’AAEIP - 2015 - 57 - n° 225

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ASSOCIATION DES ANCIENS ÉLÈVESDE L’INSTITUT PASTEUR

DÉCEMBRE 2015

Vol. 57 - N° 225

ARTHROPODES VECTEURS

D’AGENTS PATHOGÈNES

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CONSEIL D’ADMINISTRATION

A) MEMBRES DU BUREAU

- Président : Pr. Pierre SALIOU, Docteur en médecine

- Vice-présidents : Jean-Luc GUESDON, Docteur ès sciences

Pr. Anne BOUVET, Docteur en médecine

- Trésoriers : Catherine DE SAINT-SARGET, Scientifique

Jean-Paul PENON, Docteur en pharmacie

- Secrétaires généraux : Jean-Claude KRZYWKOWSKI, Pharmacien

Catherine OFFREDO, Docteur en médecine

- Archiviste : Michel DUBOS, Docteur en médecine*

B) RESPONSABLES DE COMMISSIONS- Activités culturelles : Claude MARQUETTY, Docteur en pharmacie

Catherine OFFREDO

François POTY, Docteur en médecine

- Admissions : Michel BERNADAC, Docteur vétérinaire

- Bulletin : Paulette DUC-GOIRAN, Docteur en médecine

Pr. Anne BOUVET

- Communication et Relations internationales :Jacques POIRIER, Docteur vétérinaire

- Entraide : Catherine DE SAINT-SARGET

- Finances : Catherine DE SAINT-SARGET

et Jean-Paul PENON

- Séminaires à distance : Jean-Luc GUESDON

C) AUTRES CONSEILLERSPaul T. BREY, Docteur ès Sciences

Alain CHIPPAUX, Docteur en médecine

Pr. Philippe CRUAUD, Docteur en pharmacie

Valérie GUEZ-ZIMMER, Docteur ès sciences

Mireille HONTEBEYRIE, Pharmacien, Docteur ès sciences

Paul-Emile LAGNEAU, Scientifique

Yvonne LE GARREC, Docteur en pharmacie*

Pr. Jean-Marc PERSON, Docteur vétérinaire

Daniel VIDEAU, Docteur vétérinaire*

Georges YAZIGI, Docteur en médecine

------------- CONSEILLERS ÉLUS ET CONSEILLERS À VIE* ---------------

-------- CONSEILLERS HONORAIRES ---------

Pr. Bernard DAVID, Docteur en médecine

Pr. Jean-Claude TORLOTIN, Docteur en pharmacie

Pr. Pierre VERGEZ, Docteur en médecine

Pierre VILLEMIN, Docteur vétérinaire

BIENFAITEURS

ADRESSE ET SECRÉTARIAT

Nous remercions la Direction générale de l’Institut Pasteur,ainsi que les nombreux amis qui contribuent généreusement au succès des activités de l’Association.

AAEIP, 28 rue du Docteur Roux, F-75724 Paris Cedex 15Tél. et télécopie : 01.45.68.81.65. www.aaeip.fr

La Banque Postale : 13.387.59 D Paris

----- CONSEILLERS DÉSIGNÉS PAR LA DIRECTION DE L’INSTITUT PASTEUR-----François ROUGEON, Professeur émérite à l’Institut Pasteur

Monica SALA, Directrice Déléguée à l’Enseignement

SECRÉTARIAT : Véronique CHOISY - Mél : [email protected]

PRÉSIDENT FONDATEUR : Pierre BRYGOO, Docteur en Médecine �PRÉSIDENT D’HONNEUR : Professeur Christian BRÉCHOT, Directeur général de l'Institut Pasteur

COTISATION ET ABONNEMENT 2015

Cotisation (33 a) et Abonnement (47 a) pour les membres titulaires de l’Association, en activité .............. 80 aMembres correspondants ................................................................................................................................ 50 aAbonnement.................................................................................................................................................... 49 aPrix du numéro................................................................................................................................................ 15 a

Les tarifs sont dégressifs : retraités (68 a), couples membres titulaires en activité (94 a) et à la retraite (78 a), membres correspondants (50 a), étudiants non titulaires d’un emploi rémunéré (à partir de 14 a)

Bulletin publié par L’ASSOCIATION DES ANCIENS ÉLÈVES DE L’INSTITUT PASTEUR Directeur de la Publication : Professeur Pierre SALIOU

La revue comprend 32 pages ISSN 0183-8849 - Inscription à la Commission paritaire N° 0310 G 86175 - Dépôt légal 4ème trimestre 2015

Conception-Edition : OPAS - RCS Paris B 333 953 12341, rue Saint-Sébastien - 75011 PARIS - Tél. : 01 49 29 11 20

Editeur Conseil : J.P. KALFON - Imprimerie : One Communication

ARTHROPODES VECTEURS D’AGENTS PATHOGÈNES

• ÉDITORIAL : ARTHROPODES HÉMATOPHAGES, HÔTES ET VECTEURS

D'AGENTS INFECTIEUX : BACTÉRIES, VIRUS

ET PARASITES p. 111Geneviève MILON

• ENTOMORIIP, DES ÉQUIPES D’ENTOMOLOGISTES

AU SEIN DU RÉSEAU INTERNATIONAL

DES INSTITUTS PASTEUR p. 112EntomoRIIP, a link between entomologists within the Institut Pasteur International NetworkCatherine BOURGOUIN

• PLAIDOYER POUR L’ENTOMOLOGIE MÉDICALE p. 115Plea for Medical Entomology Didier FONTENILLE

• ASPECTS ZOONOTIQUES DES INFECTIONS

À TRANSMISSION VECTORIELLE p. 120Zoonotic Aspects of Vector-Borne InfectionsAnna-Bella FAILLOUX et Sara MOUTAILLER

ACTUALITÉS DU RÉSEAU INTERNATIONALDES INSTITUTS PASTEUR

• INSTITUT PASTEUR DE LA GUYANE

- 75 ans au service de la recherche et de la santé publique en Guyane - p. 128Mirdad KAZANJI

• PALUDISME : UNE MUTATION CONTRECARRE

LA RÉSISTANCE À LA CHLOROQUINE p. 129

• AUTRES NOUVELLES DU RIIP p. 130

VIE DE L’ASSOCIATION• VIE DES COMMISSIONS p. 131• LE CARNET DE L’AAEIP p. 132

- MÉDAILLE D’OR DE LA LIGUE CONTRE

LE CANCER À YVONNE LE GARREC p. 132- DÉCÈS p. 132

NOUVELLES DE L’INSTITUT PASTEUR• FORMATION p. 133• RECHERCHE / PARTENARIATS p. 133• COLLOQUES p. 133• GOUVERNANCE p. 134• DISTINCTIONS p. 134• PUBLICATION p. 135• ANNIVERSAIRE ET VISITES p. 135• GÉNÉROSITÉ p. 136• NÉCROLOGIE p. 136

LIVRES• NOS LECTURES

- Le parasite, le moustique, l’homme… et les autres - essai sur l’éco-épidémiologie des maladies à vecteurs - p. 137François RODHAIN ; analyse par Edouard LEFEVRE

- L’immortalité p. 138Sous la direction de Jean-Daniel TISSOT, Olivier GARRAUD, Jean-Jacques LEFRERE et Philippe SCHNEIDER ; analyse par Alain CHIPPAUX et Claude CHIPPAUX HYPPOLITE

CONSEIL D’ADMINISTRATION, BIENFAITEURS ET SECRÉTARIAT p. 143

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SOMMAIRE

ASSOCIATION DES ANCIENS ÉLÈVES

DE L’INSTITUT PASTEUR

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- de la propagation de virus et de populations de microbes nonviraux - bactéries et parasites eucaryotes - initialement recon-nus comme agents causals de maladies infectieuses ;

- et de celle de populations d’arthropodes hématophages etd’organismes vertébrés, sources de sang pour ces derniers.

Vous apprécierez également que leurs explorationss’inscrivent dans la construction et l’aménagement renouveléd’infrastructures comme le VECTOPOLE, l’une des plusrécentes au sein du RIIP où sont/seront élevés des arthropodeset où sont et seront intégrées, dans des expérimentations, despopulations d’arthropodes hématophages.

Qu’il est précieux et apprécié de noter que beaucoup deces scientifiques assurent et assureront des enseignements interactifs et, ce faisant, vont transmettre ce qui sous-tend leurquête sans négliger de pointer que sont encore à explorer denombreuses interactions, ce, à toutes les échelles, depuis cellesdes écosystèmes, des populations, des organismes individuels,des tissus, des cellules, des compartiments subcellulaires, jusqu’à celle des biomolécules.

En guise de conclusion et de perspectives, c’est un plaisir de vous inviter à prendre connaissance du contenu d’une publication3 mise en ligne le jour où a été rédigé ce breféditorial.

«Le monde vivant est une sorte de combinatoire d'élé-ments en nombres finis. […] À chaque étape, le scientifique estobligé de s'exposer à la critique et à l'expérience pour limiterla part du rêve dans la représentation du monde qu'il élabore.La démarche scientifique consiste à confronter sans cesse cequi pourrait être et ce qui est».

François Jacob La Souris, la Mouche et l’Homme

Merci à toutes et tous, les auteures et auteurs, qui ontcontribué à ce numéro du Bulletin de l’Association des AnciensElèves de l’Institut Pasteur. Les contenus de chacune de cescontributions révèlent leur appréhension continuellement renou-velée de la complexité du monde vivant, objet de leur quêtescientifique : y est également révélé leur émerveillement devantdes processus biologiques qui sont décryptés et caractérisés.

Quels sont donc les organismes vivants que nos col-lègues scientifiques - membres d’EntomoRIIP2 - nous invitent àdécouvrir et dont ils éclairent ce qui sous-tend leur pérennité ?

Nos collègues nous invitent à prendre connaissance derésultats de leurs explorations conçues et mises en œuvre collégialement pour identifier puis caractériser les interactionsréciproques renouvelées rendant compte, à la fois :

ARTHROPODES HÉMATOPHAGES HÔTES ET VECTEURSD’AGENTS INFECTIEUX : BACTÉRIES, VIRUS ET PARASITES

Geneviève MILON1

Institut Pasteur, Paris

ÉDITORIAL

Marécages/marais : gîtes larvaires des anophèles méditerranéennes et néo-tropicales (Crédit M. Coluzzi)

C’est dans un contexte multidisciplinaire que le Professeur Mario Coluzzi (1938-2012) a, non seulement inscrit sa quête scientifique et biomédicale, mais également retenu la curiosité scientifique de nombreux scientifiques qui prolongent et approfondissent ses travaux pionniers. En témoignent entre autres de remarquables données rendant compte de l’adaptation et de la spéciation de populations tropicales (i) d’anophèlesadultes émergeant de gîtes larvaires aquatiques distincts des marais où se sont perpétuées les larves des anophèles méditerranéennes et néo-tropicaleset (ii) de Plasmodium falciparum. [Coluzzi M. Plasmodium falciparum en Afrique subsaharienne - Spéciation récente des vecteurs, transmissibilité,évolution de la pathogenèse / contrôle de la maladie, et capacité vectorielle. Annales de l'Institut Pasteur / actualités. 2002, 13, 81-99].

1 Directeur de recherche émérite, Institut Pasteur à Paris.2 RIIP, Réseau International des Instituts Pasteur.3 Vega-Rúa A, Schmitt C, Bonne I, Krijnse Locker J, Failloux AB. Chikungunya virus replication in salivary glands of the mosquito Aedes albopictus.Viruses. 2015, 7, 5902-7.

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insecticides vis-à-vis des larves de moustiques vecteurs a stimulé un regain d’intérêt pour l’Entomologie médicale [1,2].L’utilisation de B. thuringiensis israelensis pour contrecarrerl’apparition de résistance aux insecticides chimiques desdiptères vecteurs nécessitait une connaissance approfondie dela biologie et de l’écologie de ces vecteurs. Cependant, cetengouement a été fugace et ce n’est qu’avec l’apparition d’épi-démies (telles, que celle de chikungunya) ou l’augmentationdes risques d’expansion des maladies à transmission vectorielleque l’entomologie médicale a repris des lettres de noblesse.Néanmoins, le terme «entomologie» est trop souvent associé àla seule systématique et au collectionneur d’insectes, en sous-estimant la complexité des systèmes vectoriels qui relèvent dechamps disciplinaires larges associant écologie, épidémiologie,génétique ou encore génomique.

Malgré l’existence d’équipes au sein de plusieurs Insti-tuts du RIIP, l’entomologie médicale conduite dans le RIIP abien souvent manqué de visibilité au niveau international dufait de l’éclatement géographique des compétences, d’effectifslimités et de peu d’interactions entre les entomologistes duréseau.

L’entomologie médicale et vétérinaire est une disciplineessentielle pour l’étude des maladies à transmission vectorielle,telles que le paludisme, la dengue ou la leishmaniose. Par uneapproche intégrée alliant systématique, bio-écologie, génétiqueet génomique des arthropodes vecteurs et de leurs interactionsavec les pathogènes qu’ils transmettent, l’entomologie médi-cale et vétérinaire vise au contrôle efficace de la transmissiondes maladies vectorielles. Cette discipline est d’autant plus cru-ciale que ces maladies ont un fort impact sur la santé publiqueet nuisent au développement des pays où elles sont largementrépandues. Dans un grand nombre d’entre eux, les Institutsmembres du Réseau International des Instituts Pasteur (RIIP)disposent, de longue date, d’équipes d’entomologistes médi-caux.

Curieusement, et en dépit des travaux pionniers commeceux de Paul-Louis Simond [6] ou encore de ceux d’Edmond etEtienne Sergent [3-5], l’entomologie médicale a été trop long-temps considérée comme une discipline annexe et, de ce fait, amanqué de visibilité tant au niveau national qu’international.Au cours des années 1980, la caractérisation à l’Institut Pasteurde Paris de Bacillus thuringiensis israelensis et de ses propriétés

ENTOMORIIP, DES ÉQUIPES D’ENTOMOLOGISTESAU SEIN DU RÉSEAU INTERNATIONAL DES INSTITUTS PASTEUR

Catherine BOURGOUIN1

Institut Pasteur, Paris

1 Génétique Fonctionnelle des Maladies Infectieuses, CNRS URA 3012, 28 rue du Dr Roux75724 Paris cedex 15, France, [email protected]

RÉSUMÉ

Le réseau entomoRIIP a été créé en 2007 afin de fédérer les équipes d’entomologistes du Réseau International des Instituts Pasteur(RIIP) pour une plus grande interactivité et visibilité de leurs activités au bénéfice de la recherche en Santé publique. Ce réseau sou-tenu par la Direction internationale regroupe plus de 70 membres, incluant chercheurs, étudiants et post-doctorants, appartenant à 15 Instituts du RIIP. Résultant d’une meilleure connaissance des compétences scientifiques de chaque membre, entomoRIIP a permis la mise en place de nouveaux projets inter instituts et maintient un lien interactif entre les entomologistes du RIIP. L’objectif futur de ce réseau est d’obtenir une reconnaissance internationale au-delà du RIIP.

ABSTRACT

The « EntomoRIIP » network was born in 2007 to foster interaction and collaborative action amongst medical entomologists workingwithin the Institut Pasteur International network (RIIP). This initiative received a strong support from the Direction internationale of the Institut Pasteur. The entomoRIIP network currently registers more than 70 members including scientists, post-docs and PhDstudents, from 15 research institutions of the RIIP. The entomoRIIP initiative led to new research projects as well as substantialincrease in scientific exchanges amongst the rather small entomologist community. The next objective of the entomoRIIP initiativeis to gain international recognition beyond the Pasteur community.

ENTOMORIIP, A LINK BETWEEN ENTOMOLOGISTS TEAMS

WITHIN THE INSTITUT PASTEUR INTERNATIONAL NETWORK

MOTS-CLÉS : Entomologie, Réseau, Santé publique, International, Institut Pasteur

KEYWORDS: Entomology, Public Health, International, Institut Pasteur

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Bien qu’il existe de fortes collaborations sur des problé-matiques régionales, telles que celle de la dengue en régionAntilles-Guyane ou encore au sein du réseau MATI (Maroc-Algérie-Tunisie-Iran), ces collaborations pourraient bénéficierdes compétences développées dans d’autres instituts du réseau,incluant l’IP Paris.

La répartition des entomologistes médicaux sur plu-sieurs continents constitue de toute évidence une force pour leRIIP, mais elle est insuffisamment exploitée. L’attrait de l’ento-mologie médicale pour les jeunes scientifiques est égalementlimité dans le contexte actuel des débouchés de la recherche, etle manque de considération pour cette discipline.

Sur la base de ces réflexions, Jean-Bernard Duchemin,médecin entomologiste médical, alors responsable de l’Unitéde Parasitologie du CERMES2 au Niger, et moi-même, basée àl’Institut Pasteur à Paris, avons proposé à nos collègues duréseau de se fédérer afin de renforcer notre coopération et lavisibilité de l’entomologie médicale au sein du RIIP. Ainsi estné «entomoRIIP» en 2007.

L’objectif premier d’entomoRIIP était de créer un réseaud’échanges entre les entomologistes médicaux en partant : (i) de l’identification des compétences complémentaires (de lasystématique à l’écologie, la génétique, la génomique molécu-laire, l’étude des interactions vecteurs-pathogènes…), (ii) desinteractions existantes au sein du RIIP entre l’entomologie etd’autres disciplines (épidémiologie, virologie, parasitologie,immunologie, etc.), (iii) ainsi que de l’identification des forceset faiblesses des différentes équipes. La constitution de ceréseau devait offrir une base pour les échanges-formations entremembres du RIIP (à qui s’adresser – pour quoi), et renforcer lesinteractions entre les équipes basées à Paris et les équipes du«terrain».

Le concept «entomoRIIP» doit faciliter l’identificationde projets collaboratifs intra réseau IP sur la base de la complé-mentarité des compétences.

La création d’entomoRIIP a été soutenue par la Direction internationale à travers une Action Concertée InterPasteurienne ou ACIP.

Fonctionnement et Réalisations d’entomoRIIP

À sa création, entomoRIIP associait 17 équipes répartiesdans 12 Instituts membres du RIIP3 et 9 pays (Tabl. I et Fig. I).Pour répondre à notre objectif premier, un membre de chaqueéquipe a participé à la réunion inaugurale organisée en avril2008, sous forme d’atelier associé à la rencontre de plateformeset services du campus parisien. Outre la formalisation d’unecartographie des activités des différents membres, de la compo-sition des équipes et de leur compétence, cette réunion a permisd’identifier des besoins technologiques récurrents.

2 Centre de recherche médicale et sanitaire3 Dont celui de la Guyane (cf. Actualités du RIIP, texte de Mirdad Kazanji, p. 128)

Tableau I : Thématiques principales des équipes fondatrices d’entomoRIIP

N, Nombre d’équipes

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L’apport d’entomoRIIP

Après sept années de fonctionnement, la liste de diffu-sion [email protected] offre une vraie plateformed’échange d’informations. Utilisée avec modération, ellemaintient le lien et permet d’offrir rapidement des réponses àdes questions d’ordre technique, ou encore, de mobilisation decompétences.

L’existence du réseau entomoRIIP, par une meilleureconnaissance de chacune des équipes, de leurs compétences etdes questions scientifiques abordées, a permis en particulier lacréation d’un programme de recherche sur la bio-écologied’Anopheles sergenti, vecteur de Plasmodium au Maghreb,impliquant les 3 IP du Maghreb et une équipe de IP-Paris. Ellea également facilité l’organisation de stages inter-équipes,grâce à la convivialité du réseau entomoRIIP. Enfin, ce réseaupermet également la valorisation des actions menées au sein dechaque équipe, à l’instar de la diffusion du bulletin mensuel del’équipe d’entomologistes de l’IP de la Nouvelle Calédonie.

Conclusion et Perspectives

Le projet entomoRIIP se veut plus ambitieux que lesréalisations présentées ci-dessus. Au-delà de ses actions régionales, nous souhaitions créer un site web ouvert à l’inter-national pour renforcer la visibilité de l’entomologie médicaledu RIIP et également fédérer plusieurs équipes sur une théma-tique transversale. Force est de constater que de telles ambitionsimpliquent un investissement humain très important, qu’aucunne pouvait réaliser du fait de la charge d’activité, contrainte parle petit nombre de scientifiques au sein de chaque équipe.Néanmoins, le projet entomoRIIP continue de vivre grâce à saliste électronique et au sentiment d’appartenir à une commu-nauté identifiable. Une dynamique a été créée. Elle ne deman-de qu’à s’étoffer avec un renforcement substantiel de sesmoyens. La renaissance du cours d’Entomologie médicale del’IP à Paris, maintenant dénommé «Insectes vecteurs & trans-mission d’agents pathogènes», piloté par Anna Bella Failloux(IPP) et Vincent Robert (IRD) constitue une très bonne oppor-tunité pour mobiliser de nouveaux chercheurs et contribuer aurenforcement d’entomoRIIP.

- Ainsi, un atelier technologique, traitant de l’identifica-tion des repas sanguins chez les arthropodes hématophages, aété mis en place à l’IP de Casablanca et accueilli par notre col-lègue M’hammed Sarih. Des formations théoriques et pratiquesont été dispensées par nos collègues de l’IP de Guyane, deDakar et par Jean-Bernard Duchemin. En marge de cet atelier,une formation en assurance qualité a été proposée par une col-lègue de l’IP de Tunis. Il nous semblait essentiel de sensibiliserchacun et, en particulier, les étudiants, futurs entomologistes, àla rigueur nécessaire à l’archivage et au suivi des échantillonsde terrain ainsi qu’à la validation des données expérimentalessur du matériel biologique unique.

- Pour poursuivre cette dynamique interactive, nousavons créé une liste électronique, indispensable comme moyend’échange et de partage ([email protected]). Cette listecompte, à ce jour, 70 abonnés et accueille régulièrement denouveaux membres notamment étudiants et post-doctorants enentomologie, ainsi que des scientifiques d’autres instituts duRIIP (Fondation Oswaldo Cruz au Brésil, IP du Cambodge) ouissus d’autres disciplines, comme la virologie.

- Une lettre trimestrielle a été créée et assurée successi-vement de mars 2009 à août 2011 par moi-même et Jean-Bernard Duchemin, puis Isabelle Dusfour de l’IP de Guyane.

Les documents de cartographie des équipes et de l’ate-lier réalisé à IP Casablanca sont disponibles sur le site web dela liste de diffusion.

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RÉFÉRENCES

1. Barjac H de. Une nouvelle variété de Bacillus thuringiensis trèstoxique pour les moustiques : B. thuringiensis var. israelensissérotype 14. CR Acad Sci Hebd Seances Acad Sci D. 1978, 286,797-800.

2. Bourgouin C, Klier A, Rapoport G. Characterization of the genesencoding the haemolytic toxin and the mosquitocidal delta-endo-toxin of Bacillus thuringiensis israelensis. Mol Gen Genet. 1986,205, 390-7.

3. Sergent Et, Sergent Ed, Moustiques et maladies infectieuses, guidepratique pour l’étude des moustiques. In «Encyclopédie scientifiquedes aide-mémoire», Masson éd, Paris 1903, n° 327 B.

4. Sergent Ed, Foley H. Fièvre récurrente du Sud Oranais et Pediculus vestimenti. Note préliminaire. Bull Soc Path Exot. 1908,1, 174-6.

5. Sergent Ed, Sergent Et, Parrot I et al. Transmission du clou deBiskra par le phlébotome Phlebotomus papatasi (Scop.) CR AcadSci. 1921, 173, 1030-2.

6. Simond PL. La propagation de la peste. Ann Inst Pasteur. 1898, 12,626-86.

Figure I. Répartition des membres fondateurs d'EntomoRIIP.

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Cette liste doit être complétée par celle, plus mystérieusepour un non initié, des vecteurs des agents pathogènes de cesmaladies : puces (Pulicidae), poux (Pediculidae), tiques (Ixodi-dae), mouches noires (Simuliidae), taons (Tabanidae), mouchestsé-tsé (Glossinidae), punaises (Reduviidae), moucherons arabis (Ceratopogonidae), phlébotomes (Psychodidae), moustiques (Culicidae).

Si on ajoute à ces listes les noms de Pasteur, Yersin, Calmette, Laveran, Thiroux, Roux, Nicolle, Simond, Sergent, etde très nombreux autres, certains toujours en activité, on com-prend que vecteurs et maladies vectorielles sont inséparablesdes Instituts Pasteur.

2. UN ENTOMOLOGISTE MÉDICAL, C’EST QUOI ?

Si les mots sont explicites (tα ενtομα : les insectes,dénomination étendue à d’autres arthropodes), la définition dela discipline et des champs de compétences et d’activités sontmoins intuitifs. Qu’est-ce qu’un entomologiste médical dans leRéseau International des Instituts Pasteur (RIIP) ? Est-ce undoux rêveur avec un filet à insectes cherchant à mettre un nomsur toutes les «bêtes» récoltées, un biologiste des populationscherchant à comprendre comment vit, se reproduit et meurtchaque individu de chaque espèce et chaque population, un

1. LA CONSUBSTANTIALITÉ DE L’ENTOMOLOGIEMÉDICALE ET VÉTÉRINAIRE ET DES INSTITUTSPASTEUR

Lorsque j’ai soutenu ma thèse sur les vecteurs d’arbovi-rus, à la fin du siècle dernier, ma dernière diapositive représen-tait le dessin d’un entomologiste, censé me représenter, munid’un filet à papillon et cherchant à capturer des moustiquesautour d’un lémurien. L’entomologie était donc de la science, etla recherche en entomologie était nécessaire. Ce recul sur notrediscipline et cette petite autodérision est toujours nécessairelorsqu’il faut justifier l’intérêt, l’utilité, la «rentabilité» desentomologistes médicaux.

Quelques années plus tard, avec un peu plus d’expérien-ce [2], je réponds par une liste à la Prévert : onchocercose, filariose de Bancroft, loase, paludisme, leishmanioses, maladiedu sommeil, maladie de Chagas, typhus, peste, rickettsioses,borrélioses, piroplasmose, anaplasmose, maladie de la languebleue, dengue, chikungunya, zika, fièvre jaune, fièvre de la vallée du Rift, fièvre à virus West Nile, encéphalites à tiques,fièvres hémorragiques à tiques, etc. Cet inventaire, dont tout lemonde connaît au moins 3 ou 4 maladies humaines ou animales, montre la place importante des maladies dites «à vecteurs» parmi les maladies infectieuses touchant l’Homme.

PLAIDOYER POUR L’ENTOMOLOGIE MÉDICALE

Didier FONTENILLE1

Institut Pasteur du Cambodge

1 Directeur de recherche de l’IRD, Directeur de l’Institut Pasteur du Cambodge, 5 Blvd Monivong, BP 983, Phnom Penh, Royaume du Cambodge, [email protected]

RÉSUMÉ

Des dizaines de maladies touchant l’homme sont dues à un agent pathogène transmis par un vecteur (insecte ou tique). La lutte contreces maladies, en particulier grâce à la lutte antivectorielle, nécessite de comprendre les mécanismes écologiques, cellulaires et génétiques de la transmission. En cela l’entomologie médicale est une discipline incontournable de l’infectiologie. Ce plaidoyer présente le contexte, les enjeux et les recherches à conduire en entomologie médicale et vétérinaire.

ABSTRACT

Dozens of diseases affecting humans are due to a pathogen transmitted by a vector (insect or tick). The control of these diseases,including by vector control, requires an understanding of the ecological, cellular and genetic mechanisms of the transmission. Medical entomology is an indispensable discipline to achieve these objectives. This article presents the context, the issues and theresearches to develop in medical and veterinary entomology.

PLEA FOR MEDICAL ENTOMOLOGY

MOTS-CLÉS : Vecteurs, Lutte antivectorielle, Entomologie

KEYWORDS: Vectors, Vector control, Entomology

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campagnes soutenues de lutte contre le parasite et contre lesanophèles, dans un contexte de transmission généralement saisonnière. De même, le paludisme a pu être contrôlé, puisquasiment éradiqué d’Afrique du Nord, dans le prolongementdes actions entreprises par les frères Sergent à l’Institut Pasteurd’Alger. Les succès actuels de la lutte contre le paludisme, parplusieurs méthodes complémentaires conduisant à une mortalitédivisée par deux en 10 ans, sont en grande partie attribuables àla lutte antivectorielle [1].

De vastes campagnes de lutte contre les vecteursd’autres agents pathogènes n’ont eu qu’un effet temporaire.Aedes aegypti avait, semble-t-il, été éradiqué de la plupart despays d’Amérique du Sud, lors des campagnes conduites contrela fièvre jaune entre 1916 et les années 1970, par la fondationRockefeller, puis par la Pan American Health Organisation(PAHO). L’arrêt des campagnes de lutte contre les vecteurs,suite à la généralisation du vaccin antiamaril, a inexorablementconduit à la recolonisation de tout le continent par Aedes aegypti,maintenant également vecteur de dengue et de zika.

Le contrôle des vecteurs s’est par ailleurs compliquéavec l’apparition et la diffusion des résistances aux insecticides.La première étude sur la résistance des insectes aux insecticidesdate de 1914. Actuellement, probablement plus de 1 000espèces, dont plus de 200 d’intérêt médical, montrent une résis-tance à au moins une classe d’insecticides. Dans le même tempsdes considérations de coût, d’acceptabilité, de sécurité, et plusrécemment de respect de l’environnement, ont conduit lesindustriels et l’OMS à de nouvelles approches. De nouvellesmolécules ont été utilisées, telles que des insecticides d’originebiologique (Bacillus thuringiensis, Bacillus sphaericus), ou lespyréthrinoïdes, peu toxiques pour les homéothermes. De nouvellesformulations et méthodes d’utilisation de ces produits ont progressivement été intégrées dans les programmes de lutte.Pour certains insectes endophiles5, les pulvérisations intrado-miciliaires restent la règle (triatomes, puces), mais dans le casdu paludisme par exemple, des matériaux imprégnés à longuedurée de vie (rideaux, moustiquaires) permettent d’être plusefficaces à un coût moindre, et de transférer la lutte au niveaucommunautaire. Des écrans attractifs imprégnés sont égalementutilisés pour lutter contre les glossines vecteurs du parasite dela maladie du sommeil. Enfin, des vêtements imprégnés depyréthrinoïdes ou de répulsifs, et résistants à plusieurs lavages,sont maintenant disponibles. Ces différentes méthodes plusspécifiques, ainsi que des rotations ou mélanges d’insecticides,permettent de limiter la pression de sélection et donc le déve-loppement des résistances. La gestion des résistances passecependant par leur caractérisation. Des progrès considérablesont été réalisés ces 20 dernières années concernant le diagnosticet la compréhension de leurs mécanismes génétiques : résistances dues à des mutations de cibles (type «Knock down

généticien spécialiste de l’évolution, déchiffrant les mécanismesadaptatifs aux changements climatiques et environnementauxet les mécanismes d’invasion, un immunologiste développantdes modèles de moustiques transgéniques réfractaires aux parasites, un spécialiste de santé publique mettant en route desprogrammes de lutte antivectorielle ?

Un entomologiste médical, c’est tout cela, et un peuplus. La perle rare maîtrisant l’ensemble de ces compétencesdepuis la recherche fondamentale jusqu’à l’implémentation, etdisposant du temps pour aborder tous ces sujets, ne semblecependant pas encore exister.

C’est pour cette raison que seule la mise en réseau et lamutualisation des compétences et des moyens dans le RIIP,avec les partenaires du premier cercle (IRD2, Cirad3, universi-tés et écoles, agences de santé publique, pour ce qui concernela France), des partenaires nationaux dans les pays d’activitésdes Instituts Pasteur du RIIP et des partenaires internationaux(NIH4, OMS ...) permettent de développer des recherches ambitieuses ayant des conséquences en santé publique.

3. GRANDEURS ET LIMITES DE L’ENTOMOLOGIEMÉDICALE ET VÉTÉRINAIRE

La renommée de l’entomologie médicale concerne sur-tout la lutte antivectorielle et à un moindre degré, les domainesde la systématique, de la biologie ou de la génétique. Même sile séquençage complet d’un des principaux vecteurs de paludisme,Anopheles gambiae, en 2002 [4], suivi de la publication desgénomes de plus de 36 espèces de vecteurs (https://www.vectorbase.org/genomes), est une avancée scientifique majeure, lesretombées en termes de vies sauvées restent difficiles à estimer.

L’histoire de la lutte antivectorielle est parsemée de succès et d’échecs, dont on doit tirer les leçons pour imaginerles méthodes de contrôle dans les années à venir. Un des prin-cipaux succès est sans aucun doute le programme de luttecontre l’onchocercose en Afrique de l’Ouest [5]. Une parfaiteconnaissance des espèces de simulies vectrices et de leur biolo-gie, une stratégie de rotation d’insecticide adaptée au débit descours d’eau, soutenue par des efforts financiers et humainsconsidérables pendant plus de 30 ans, ont permis de contrôler latransmission et de faire en sorte que l’onchocercose ne soit plusdésormais un problème de santé publique. Inversement, la tentatived’éradication mondiale du paludisme conduite de 1955 à 1968,principalement par la lutte antivectorielle, s’est soldée par unéchec qui a conduit l’OMS à réajuster sa stratégie vers desobjectifs plus réalistes de contrôle de la maladie par différentesméthodes, intégrant la lutte antivectorielle. Les bons résultatsobtenus en zones tempérées, en Europe en particulier, où lepaludisme était répandu jusqu’au début du 20ème siècle, résultentde la combinaison d’actions coordonnées d’aménagement de l’environnement, d’amélioration du niveau de vie, de

2 IRD : Institut de Recherche pour le Développement.3 Cirad : Centre de coopération international en recherche agronomique pour le développement.4 NIH pour National Institutes of Health des Etats-Unis.5 Se dit des insectes adultes hématophages qui vivent essentiellement dans les habitations.

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général rattaché à un genre, une famille, voire à quelquesespèces de vecteurs seulement. Parmi plus de 3 500 espèces demoustiques décrites, moins de vingt transmettent naturellementles virus de la dengue à l’homme. La connaissance de la réponsedes anophèles aux Plasmodium, et d’Aedes aegypti aux virus dela dengue, a considérablement progressé ces dernières années[7], mais sans pouvoir encore être utilisé pour limiter la trans-mission. Les interactions des autres pathogènes (leishmanies,trypanosomes, borrélies ...) avec leurs vecteurs sont en généralmal connues et sont peu étudiées.

5.2. ÉVALUER ET PRÉDIRE LES RISQUES DE TRANS-MISSION VECTORIELLE

Les importants changements globaux modifient ou vontmodifier la distribution des vecteurs, la structure génétique deleurs populations, leurs capacités vectorielles et leurs contactsavec les parasites et les hôtes. Ces changements peuvent augmenter ou diminuer l’incidence d’une maladie à transmissionvectorielle. Certains vecteurs sont ainsi en expansion dans lemonde, tel Aedes albopictus, le moustique tigre vecteur desvirus dengue, zika et chikungunya (Fig. II). Cette espèce d’ori-gine asiatique est maintenant présente sur tous les continents,transportée passivement par route et par mer. D’autres vecteurs

resistance» ou insensibilité à l’acéthylcholinestérase, résistancesd’origine métabolique (type surexpression des monooxygé-nases, des estérases, des glutathione-S-transférases), et plusrécemment résistances comportementales.

4. LES GRANDS ENJEUX DE L’ENTOMOLOGIEMÉDICALE ET VÉTÉRINAIRE

Dans l’avenir, les recherches visant à une meilleure maîtrisede maladies infectieuses transmises par vecteurs devront non seulement intégrer les progrès récents des techniques et concepts,mais surtout prendre en compte les évolutions de l’environnementplanétaire, des modes de vie et des aspirations des sociétés. Leschangements globaux récents, climatiques (réchauffement, saisonnalité, évènements extrêmes), environnementaux (défores-tation, urbanisation, agriculture) et sociétaux (démographie, pauvreté, déplacements), modifient des systèmes vectoriels issus d’une lente coévolution. Des maladies émergent, d’autresvoient leur aire de distribution se modifier, certaines maladies historiques, comme le paludisme, semblent enfin régresser.

5. LES AXES DE RECHERCHE

Les recherches futures sur les vecteurs devront s’articulerautour de quelques grands thèmes :

5.1. COMPRENDRE CE QU’EST UN VECTEUR

Au regard du nombre d’espèces d’arthropodes, les vecteursd’agents pathogènes ne constituent qu’une infime minorité.Les études de systématique, utilisant les données morpholo-giques, morphométriques, biologiques, comportementales, protéomiques, génétiques, génomiques, devront se poursuivre.Au Cambodge, par exemple, la dernière liste des espèces demoustiques a été dressée avant 1975, date du début de la guerrecivile. Une brève recherche de la littérature et l’étude de spéci-mens récemment collectés ou conservés dans les collections afait passer le nombre d’espèces signalées de 174 à plus de 220(Fig. I). Toutes ces informations doivent cependant être véri-fiées, ce qui prendra des années. L’identification plus précisedes espèces à l’intérieur des complexes, par des techniquesmoléculaires, permet de mieux cibler la période et le lieu de contrôle. Le développement de réseaux de collaborationsinternationales, la généralisation et la simplification des outilstaxonomiques (logiciels génériques d’identification, kitsd’identification) permettra de pallier partiellement la raréfactiondes taxonomistes spécialistes des vecteurs.

La capacité et la compétence vectorielles (abondance,comportement reproductif, recherche des gîtes de pontes et derepos, durée de vie, contact avec l’homme, fréquence des repasde sang, développement des pathogènes, susceptibilité auxsymbiontes et pathogènes d’insectes, etc..) d’un arthropodehématophage est dépendante de l’environnement dans lequel ilvit. Il faut donc parfaitement caractériser, dans les populationsnaturelles et en laboratoire, les variables que l’on étudie, etcomprendre les facteurs physiologiques, génétiques et épigéné-tiques qui font d’un arthropode un vecteur.

La spécificité vecteur-agent pathogène reste pour lemoment une grande boîte noire. Un pathogène donné est en

Figure I : Récolte de larves de moustiques forestiers, Cambodge (crédit D. Fontenille)

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connaissances accumulées depuis de nombreuses années pouraméliorer l’existant et faire preuve d’innovation pour développerdes stratégies de contrôle de la transmission, moins polluantes,plus ciblées, acceptables par les populations et durables [3].

5.3.1. Améliorer

L’approche immédiate, pragmatique, et déontologique-ment prioritaire est de mieux utiliser et de perfectionner lesoutils dont on dispose et qui ont déjà fait leurs preuves. La luttepar biocides doit être plus spécifique, moins polluante, plusefficace, peu onéreuse. Pour ce faire, et en raison du peu demolécules nouvelles arrivant sur le marché, la stratégie actuellepeut passer par l’association d’insecticides déjà existants, soiten mélange, soit en mosaïque, soit encore en rotation dans letemps. Les insecticides spatiaux doivent mieux atteindre leurscibles grâce à des méthodes de pulvérisation adaptées dans letemps et l’espace. Les moustiquaires imprégnées peuvent être encore plus efficaces, plus durables et moins chères. Denouveaux répulsifs doivent être développés.

Un des freins majeurs à l’efficacité de la lutte antivecto-rielle est l’acceptabilité sociale et financière des méthodes pro-posées. Des recherches associant entomologistes et spécialistesen sciences humaines devront s’intensifier afin de mieuxrépondre à la demande, aux besoins et aux possibilités finan-cières des habitants et des états. L’éducation sanitaire doit êtrerenforcée. La gestion de la résistance aux insecticides est unepriorité. Ceci nécessite de poursuivre les recherches sur lesmécanismes génétiques, en particulier concernant les résis-tances d’origine métabolique. La connaissance des structuresgénétiques des populations de vecteurs et des flux géniquesdevra permettre de prévoir, et limiter, la diffusion de ces résistances. Des kits de détection de la résistance, plus facilesd’utilisation et adaptés au terrain, devront être développés.

5.3.2. Innover

Un des objectifs de la recherche sur les vecteurs et lalutte antivectorielle est de développer des méthodes de contrôlenon chimiques et ciblées. La première étape est de bien identi-fier les vecteurs. En ce sens la systématique, y compris avec sesoutils modernes, garde toute sa place. Même si dans l’immensemajorité des cas la lutte biologique contre les vecteurs s’estrévélée décevante (le succès majeur venant de l’utilisation detoxines d’origine biologique issues de Bacillus), il est nécessairede poursuivre des recherches dans ce domaine (autres bactéries,virus, champignons, parasites, prédateurs).

Les données de terrain de biologie des populations et lesrésultats issus des études de génomique devront être mis à pro-fit pour imaginer et développer de nouvelles méthodes decontrôle. Les comportements trophiques particuliers (absorp-tion de sucs végétaux par exemple) pourraient être utilisés pourfaire ingérer aux insectes des substances antivirales ou antipa-rasitaires. Une meilleure connaissance du choix du partenairesexuel, de l’hôte vertébré, du gîte de repos et du gîte larvaire,l’identification de gènes impliqués et la compréhension desmécanismes de leur expression pourraient permettre de déve-lopper des pièges olfactifs ou visuels. Les comportements deponte fractionnée des femelles de certains moustiques comme

pourraient voir leur aire de distribution se déplacer induisantune disparition de certaines maladies par endroit et une appari-tion ailleurs. Ce pourrait, par exemple, être le cas de la leishma-niose cutanée à Leishmania tropica, transmise dans des foyerssemi arides du pourtour méditerranéen par le phlébotome Phlebotomus sergenti. L’expansion du virus West Nile en Amérique du Nord, transmis par moustiques, a suscité uneinquiétude justifiée en Europe, faisant craindre que le scénarionord-américain ne se reproduise.

L’épidémiologie du paludisme pourrait changer : enAfrique, où les vecteurs sont essentiellement des moustiques desavane, les villes hébergent maintenant des anophèles adaptésaux bas-fonds inondés et aux zones de maraichages irriguées, ycompris polluées. En Asie, en particulier au Laos, au Vietnam etau Cambodge, où les vecteurs sont essentiellement des mous-tiques forestiers, on assiste à la disparition du biotope d’originesuite à une forte déforestation. Le remplacement des forêts natu-relles par des forêts cultivées (hévéa, teck ...) modifie le risquepalustre. Sur ces deux continents, l’augmentation des résistancesaux insecticides limite l’efficacité de la lutte antivectorielle.

Les changements climatiques et environnementauxexercent directement (température, pluviométrie, ..) ou indirec-tement (espèces commensales, prédatrices, concurrentes,proies, gîtes de développement, gîtes de repos, ..) des pressionsde sélection sur les populations de vecteurs et de pathogènes.Ces pressions conduisent à des adaptations phénotypiques etgénétiques, ayant des répercussions sur le risque vectoriel.Comme le suggérait déjà, en d’autres termes, Charles Nicolleen 1933 [6], ces évolutions doivent être comprises, interprétéeset exploitées.

Face à un catastrophisme parfois peu rationnel, ou aucontraire à une politique de l’autruche, les recherches en ento-mologie médicale, couplées à des modèles épidémiologiques et écologiques devront permettre d’appréhender les effets possibles de ces modifications et les moyens d’y faire face.

5.3. AMÉLIORER LES MÉTHODES ACTUELLES DELUTTE ET DÉVELOPPER DE NOUVELLES APPROCHES

La lutte contre les vecteurs est confrontée à un doubledéfi : mettre davantage à profit la somme considérable de

Figure II : Aedes albopictus femelle (crédit M. Dukhan)

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techniques de paratransgénèse, mettant à profit la présence debactéries symbiotiques (par exemple de type Wolbachia) estégalement une voie prometteuse. L’utilisation de moustiquestransgéniques nécessite évidement un nombre considérable derecherches en amont pour s’assurer de la faisabilité de l’approche (capacité reproductive des moustiques modifiés,réponse évolutive des agents pathogènes, innocuité, acceptabi-lité par les populations humaines, coût).

CONCLUSION

L’expérience prouve que le contrôle des maladies à vec-teurs est très rarement obtenu par une approche unique, que cesoit la lutte contre les vecteurs, contre les agents pathogènes oul’action sur les réservoirs, et que seule une approche intégréeest réaliste. Même si les ressources actuellement les plus souvent mobilisées dans la lutte antivectorielle le sont contreles anophèles vecteurs de plasmodies, les glossines vecteurs detrypanosomes et les aèdes vecteurs des virus dengue, il fautégalement poursuivre les recherches pour limiter la transmissionpar les autres vecteurs : triatomes, tiques, culicoïdes, phlébo-tomes, puces, etc. contre lesquels nous restons très démunis.Les nouvelles technologies, les efforts de formation (cours IP,cours IRD...), le travail en partenariat, offrent ces opportunitésexceptionnelles de développer les connaissances et d’améliorerle contrôle des maladies vectorielles.

Aedes aegypti ou Aedes albopictus, sont déjà mis à profit pourfaire disséminer par les moustiques eux-mêmes des substancesbiocides dans les gîtes de pontes.

Plusieurs approches de lutte dite «génétique» sontactuellement suivies :

1/ La technique de lâchers massifs de mâles stérilesou technique de l’insecte stérile. Cette méthode prometteuseutilisée avec succès sur la mouche myasigène Cochliomyiahominivorax, avec un succès localisé sur les glossines à Zanzi-bar (alors que les résultats étaient décevants sur le continentafricain au Nigeria, en Tanzanie et au Burkina Faso), est enexpérimentation dans plusieurs pays contre Anopheles arabien-sis, Aedes aegypti et Glossina sp. La stratégie consiste à saturerdes populations naturelles avec des mâles stérilisés, mais néan-moins capables de s’accoupler avec des femelles sauvages. Plu-sieurs méthodes de stérilisation et de séparation de mâles sontutilisables (irradiation, transgénèse, utilisation de bactériessymbiotiques, telles que Wolbachia, inhibition de la féminisa-tion par ARN interférent …).

2/ Le développement de populations d’insectes géné-tiquement modifiés incapables de transmettre des virus ou desparasites à l’Homme. Les gènes introduits dans les populationsnaturelles pourraient concerner le comportement (la zoophilie)ou l’immunité (blocage des cycles des Plasmodium, des virus,des trypanosomes chez les vecteurs). Le développement de

RÉFÉRENCES

1. Bhatt S, Weiss DJ, Cameron E et al. The effect of malaria controlon Plasmodium falciparum in Africa between 2000 and 2015.Nature. 2015, 526, 207–211.

2. Fontenille D. 2006. Vers une meilleure connaissance des vecteurs etde leur contrôle. Rapport sur la Science et la Technologie de l’Académie des Sciences de France: La maîtrise des maladies infectieuses RST n°24:299-314.

3. Fontenille D, Lagneau C, Lecollinet S, Lefait Robin R, Setbon M,Tirel B, Yebakima A. 2009. La lutte antivectorielle en France / Disease vector control in France. Book (Expertise Collégiale), IRD ed. 533 p.

4. Holt RA, Subramanian GM, Halpern A et al. The genome sequenceof the malaria mosquito Anopheles gambiae. Science. 2002, 298,129-49.

5. Hougard JM, Yaméogo L, Sékételi A et al. Twenty-two years ofblackfly control in the onchocerciasis control programme in WestAfrica. Parasitol Today. 1997, 13, 425-31.

6. Nicolle C. Destin des maladies infectieuses. Ed Felix Alcan, Paris,1933.

7. Sim S, Jupatanakul N, Dimopoulos G. Mosquito immunity againstArboviruses. Viruses 2014, 6, 4479-504.

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Cette recrudescence coïncide avec les changements climatiquesobservés pendant cette même période, ce qui conforte l’hypo-thèse de l’influence du climat dans l’émergence des maladies àvecteurs, ces derniers étant sensibles aux conditions de l’envi-ronnement (pluies, température…). Ces maladies figurentparmi les principales causes de morbidité et de mortalité pour

1. INTRODUCTION : DU CYCLE ENZOOTIQUE AUCYCLE ÉPIDÉMIQUE, DU CYCLE ÉPIDÉMIQUE AUCYCLE URBAIN

Les maladies à transmission vectorielle sont respon-sables de 22,8 % des maladies infectieuses émergentes, et de28,8 % de celles survenues durant cette dernière décennie [21]

ASPECTS ZOONOTIQUES DES INFECTIONS À TRANSMISSION VECTORIELLE1

Anna-Bella FAILLOUX2 et Sara MOUTAILLER3

Institut Pasteur, ParisAgence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation,

de l’environnement et du travail

1 Article reproduit avec l’autorisation de l’Organisation Mondiale de la Santé Animale (OIE www.oie.int) (http://web.oie.int/boutique/index.php)2 Unité de recherche et expertise – Réseau «Arbovirus et insectes vecteurs», département de Virologie, Institut Pasteur, 25-28 rue du Dr Roux, 75724 ParisCedex 15 Tél. +33(0)140613617, [email protected]

3 Unité mixte de recherche (UMR) Biologie moléculaire et immunologie parasitaires et fongiques (BIPAR), Institut national de la recherche agronomique(INRA), École nationale vétérinaire d’Alfort (ENVA), Laboratoire de santé animale, 14 rue Pierre-et-Marie-Curie, 94701 Maisons-Alfort, France.

RÉSUMÉ

Les maladies à transmission vectorielle sont avant tout des zoonoses, qui sont des maladies transmises à l’homme par l’animal. Lesagents pathogènes tels que les bactéries, parasites et virus sont originellement entretenus au sein d’un cycle enzootique entre despopulations de primates non humains ou autres mammifères et des vecteurs très peu anthropophiles. Des débordements de ce cycle«sauvage» sont constatés par la mise en évidence d’infections occasionnelles chez l’homme et les animaux domestiques. L’évolu-tion des modes de vie, les incursions de l’homme dans les habitats naturels, le bouleversement de certaines pratiques agropastoralescréent autant d’occasions qui rendent plus perméables les frontières entre la vie sauvage et l’homme. Enfin, certaines maladies àtransmission vectorielle se sont affranchies de la nécessité d’être amplifiées chez l’animal sauvage ou domestique avant d’assurerune transmission à l’homme. C’est le cas de certaines maladies virales (la dengue et le chikungunya), qui sont à l’origine de trèsimportantes épidémies. Par ailleurs, des bactéries du genre Bartonella ont réduit leur cycle de transmission au minimum, avec l’hom-me jouant à la fois le rôle de réservoir, d’amplificateur et de disséminateur. L’élaboration des stratégies de lutte contre les maladiesà transmission vectorielle doit s’inspirer des recherches sur les mécanismes d’émergence pour comprendre comment à partir d’uncycle «sauvage», un agent pathogène devient responsable d’épidémies urbaines dévastatrices.

ABSTRACT

Vector-borne diseases are principally zoonotic diseases transmitted to humans by animals. Pathogens such as bacteria, parasites andviruses are primarily maintained within an enzootic cycle between populations of non-human primates or other mammals and largelynon-anthropophilic vectors. This ‘wild’ cycle sometimes spills over in the form of occasional infections of humans and domestic animals. Lifestyle changes, incursions by humans into natural habitats and changes in agropastoral practices create opportunities thatmake the borders between wildlife and humans more permeable. Some vector-borne diseases have dispensed with the need for ampli-fication in wild or domestic animals and they can now be directly transmitted to humans. This applies to some viruses (dengue andchikungunya) that have caused major epidemics. Bacteria of the genus Bartonella have reduced their transmission cycle to the minimum, with humans acting as reservoir, amplifier and disseminator. The design of control strategies for vector-borne diseasesshould be guided by research into emergence mechanisms in order to understand how a wild cycle can produce a pathogen that goeson to cause devastating urban epidemics.

ZOONOTIC ASPECTS OF VECTOR-BORNE INFECTIONS

MOTS-CLÉS : Arthropode, Cycle enzootique, Cycle épidémique, Cycle urbain, Épidémie, Émergence, Vecteur, Zoonose.

KEYWORDS: Arthropod, Emergence, Epidemic, Vector, Zoonosis, Enzootic cycle, Epidemic cycle.

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ongulés, oiseaux). Les hommes ne sont contaminés qu’acciden-tellement, lors de leur pénétration dans les milieux forestiers.Certaines bactéries ou parasites circulent principalement ausein des populations d’animaux domestiques et là encore,l’homme n’est contaminé qu’occasionnellement. À l’image desarbovirus infectant principalement l’homme, certaines bactériesvectorisées par des puces ou des phlébotomes se transmettentd’homme à homme sans avoir recours à un hôte mammifèreamplificateur.

2. CYCLE ENZOOTIQUE AVEC INFECTION ACCI-DENTELLE DE L’HOMME

Les arbovirus circulent originellement dans un cycleforestier où la transmission s’effectue entre des populations devertébrés (singes, rongeurs…) et des arthropodes zoophiles servant de vecteurs. L’homme n’est qu’accidentellement contaminé. La fièvre de la vallée du Rift, transmise par desmoustiques, est principalement une zoonose survenant parpoussées épizootiques lorsque certaines conditions environne-mentales exacerbent la pullulation des vecteurs. De même,l’encéphalomyélite équine vénézuélienne, transmise par desmoustiques, endémique sur le continent américain a provoquédans les années 1960 des centaines de milliers de décès de chevaux et de nombreux cas humains.

Enfin, la fièvre hémorragique de Crimée-Congo,transmise par des tiques, provoque des flambées de fièvrehémorragique virale avec une très forte multiplication du viruschez les animaux (bovins, moutons et chèvres, mais sans signescliniques), entraînant une contamination humaine avec un trèsfort taux de mortalité chez l’homme. Parmi les agents patho-gènes transmis par les tiques, de nombreux virus, bactéries etparasites circulent principalement en zones forestières où secôtoient tiques et animaux sauvages (rongeurs, lagomorphes,ongulés, oiseaux). Les hommes ne sont contaminés qu’acciden-tellement, lors d’une incursion en milieux forestiers. C’est lecas notamment des bactéries responsables de la borréliose deLyme avec des milliers de nouveaux cas répertoriés chaqueannée en Europe et aux États-Unis. De même, le virus de l’encéphalite à tiques est responsable de la plus importantemaladie neuro-invasive transmise par les tiques en Europe etAsie, avec plusieurs milliers de cas humains par an.

2.1. EXEMPLES DE VIRUS TRANSMIS PAR LES MOUSTIQUES/TIQUES

2.1.1. Virus de la fièvre de la vallée du Rift

Le virus de la fièvre de la vallée du Rift (VFVR), décritpour la première fois en 1931 dans la vallée du Rift au Kenya[7] appartient à la famille des Bunyaviridae et au genre Phlebo-virus. Il est responsable d’épizooties affectant principalementles ruminants domestiques (bovins, ovins, caprins, buffles) etprovoquant des avortements et de fortes mortalités chez lesjeunes animaux. Avant 1977, la fièvre de la vallée du Rift étaitlimitée à l’Afrique sub-saharienne et provoquait surtout desépizooties, les cas humains étant rares et sans gravité. En 1977,des épizooties massives sévissent dans le delta du Nil, où denombreux cas humains mortels sont recensés [11]. Le virus se

l’homme et les animaux. À titre d’exemple, la dengue affectede 50 à 100 millions de personnes chaque année avec un tauxde mortalité pouvant atteindre 2,5 % [14]. La fièvre de la vallée du Rift a été à l’origine d’épizooties massives touchantdes animaux domestiques, 3 500 agneaux et 1 200 brebismorts en 1930 au Kenya [7]. L’infection par le virus West Nilea décimé une partie de la faune aviaire du continent nord-amé-ricain et a infecté 40 000 personnes dont près de 1 700 décèssur la période 1999-2013. Le virus de l’encéphalite à tiquesest responsable de la plus importante maladie neuro-invasivetransmise par les tiques en Europe et en Asie, avec plusieursmilliers de cas humains par an et une mortalité pouvantatteindre 35 % selon le sous-type impliqué [36]. Leur pointcommun est un agent étiologique d’origine virale. On compteainsi plus de 500 virus transmis par des arthropodes, plus com-munément appelés arbovirus (pour arthropod-borne virus),dont le quart est responsable de pathologies chez l’homme :fièvres hémorragiques, méningo-encéphalites pouvant conduireau décès du patient [43].

Les moustiques sont les premiers vecteurs d’agentsinfectieux pour l’homme, suivis par les tiques [37]. Les tiquesreprésentent les vecteurs qui transmettent la plus grande varié-té d’agents infectieux au monde (bactéries, parasites et virus),aussi bien aux hommes qu’aux animaux. Il est important desavoir qu’il n’existe pas de tiques spécifiques de l’homme, cedernier s’infectant toujours accidentellement. Les tiques, entransmettant un très grand nombre de bactéries, de parasites etde virus sont les vecteurs privilégiés de la plupart des zoonosesdans le monde. Par exemple, la maladie de Lyme qui est liée àdes bactéries du genre Borrelia transmises par les tiques estdevenue très répandue dans les régions tempérées et notammentaux États-Unis, avec près de 300 000 nouveaux cas chaqueannée alors que l’Europe n’en compterait que 60 000.

Les agents pathogènes vectorisés (bactéries, parasiteset virus) sont transmis entre des hôtes vertébrés par un arthro-pode vecteur qui en assure la transmission biologique. Parmieux, les arbovirus sont originellement responsables de zoonosesqui exploitent des écosystèmes forestiers et ruraux très complexes faisant intervenir de nombreuses espèces vectricesmajoritairement zoophiles et infectant une grande variétéd’hôtes non humains. L’émergence virale coïncide avec la«capture» par un arthropode anthropo-zoophile (piquant à lafois l’homme et l’animal) d’un virus d’origine selvatique pourinitier un cycle interhumain où l’homme devient le principalhôte amplificateur. Les anthropozoonoses exploitent essentiel-lement un environnement urbain où une seule espèce vectrice etun seul hôte vertébré, l’homme, sont acteurs de la transmission.Les arboviroses telles que la dengue ou le chikungunya se sontainsi affranchies de la nécessité d’un cycle selvatique pour produire des épidémies. Elles ont réussi à exploiter l’environne-ment humain en tirant profit de la forte anthropophilie des vecteurs qui prennent des repas sanguins essentiellement surl’homme et se développent dans des gîtes larvaires créés parl’homme. Parmi les agents pathogènes transmis par les tiques,de nombreux parasites, bactéries et virus circulent principale-ment en zone forestière au sein d’un cycle faisant intervenir des tiques et des animaux sauvages (rongeurs, lagomorphes,

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cliniques apparents [45]. Seul l’homme paraît présenter dessignes pathologiques lorsqu’il est infecté par le virus, ce quisignifie que seuls les cas humains survenant chez les éleveurs,les agriculteurs ou les vétérinaires permettent de détecter la présence du virus. Les humains sont infectés par les piqûres detiques ou par contact direct avec des tissus ou du sang infectés[24]. Il n’existe pas de vaccin, ni pour l’homme, ni pour l’animal. Les modifications environnementales liées aux activi-tés humaines (états de guerre, nouvelles pratiques agropasto-rales…) semblent être les facteurs majeurs qui conduisent à uneperturbation du cycle zoonotique créant les conditions à l’émer-gence d’épidémies. De tous les virus transmis par les tiques qui infectent l’homme, celui de la FHCC est celui dont la répartition géographique est la plus étendue, ce qui fait craindreune recrudescence de la maladie en régions tempérées et plusprécisément, en Europe occidentale.

2.1.4. Virus de l’encéphalite à tiques

Le virus de l’encéphalite à tiques (ou tick-borne ence-phalitis virus [TBEV]) appartient à la famille des Flaviviridaeet au genre Flavivirus. Décrit pour la première fois en 1931 enAutriche, le virus ne fut isolé qu’en 1937 en Russie [47]. Dansles pays où il est présent, le virus est localisé sous forme de«foyers» plus ou moins stables définis à partir de cas humainsautochtones répertoriés et/ou de sa détection au sein de tiquesrécoltées sur le terrain. Le cycle sauvage implique principale-ment les populations de tiques qui restent infectées toute leurvie [13] (I. ricinus en Europe de l’Ouest et I. persulcatus enEurope de l’Est et Asie) et de micromammifères sauvages(mulots, campagnols) qui sont les réservoirs [23]. Plusieursautres espèces sauvages et domestiques ainsi que l’homme sontconsidérés comme des hôtes accidentels, ne développant pas oupeu de virémie et donc, non compétents pour la transmission duvirus par le vecteur [26]. Néanmoins, ils peuvent constituer un outil de surveillance du risque zoonotique en tant que sentinelles [31].

L’infection humaine est saisonnière, avec un pic de fréquence au printemps et en été, lié à l’activité des tiques vectrices. La zone d’endémie pour l’homme couvre la majeurepartie de l’Europe orientale ainsi que la Sibérie et l’Extrême-Orient, correspondant aux trois différents sous-types de ce virusdont la répartition géographique est plus ou moins corrélée à ladistribution géographique de leur vecteur. L’infection chezl’homme se manifeste généralement par un syndrome pseudo-grippal qui peut se compliquer en méningo-encéphalites plus oumoins sévères. La mortalité est comprise entre 0,5 % et 3 %pour les sous-types européen et sibérien, mais atteint 35 %pour le sous-type extrême-oriental. Les séquelles neurologiquessont présentes dans 10 % des cas pour le sous-type européenmais sont plus élevés pour les autres sous-types [8]. Chezl’homme, on note également des contaminations par ingestionde produits lactés consommés crus (fromages, lait) [17]. Onpeut noter qu’un vaccin inactivé est disponible.

manifeste aussi sur l’île de Madagascar en 1990/1991 [25]. En2000, il survient en dehors du continent africain, simultanémentau Yémen et en Arabie saoudite [2]. L’infection chez l’hommese manifeste généralement par un syndrome grippal qui peut secompliquer en encéphalites, hépatites accompagnées de fièvreshémorragiques d’issue souvent mortelle. À la différence desautres arbovirus, le contact avec des tissus d’animaux infectésou l’inhalation par aérosols peut être une source de contamina-tion. Il existe un vaccin vivant atténué Smithburn essentielle-ment administré au bétail. En Afrique, près d’une trentained’espèces de moustiques appartenant aux genres Aedes, Culex,Anopheles, Eretmapodites et Mansonia ont été retrouvées natu-rellement infectées par le VFVR. Il a aussi été isolé d’autresinsectes tels que les culicoïdes, les simulies et les tiques. Lespectre d’hôtes vertébrés du VFVR est également très large.Les facteurs contribuant à amplifier le risque épidémique sontles fortes pluies accompagnant le phénomène El Niño en1997/1998 en Afrique de l’Est ou encore la construction de barrages avec la mise en eau des barrages d’Assouan et Diamaen Égypte en 1977, et le long du fleuve Sénégal en 1987. Lepotentiel épidémique du VFVR est très important ; il est pro-bable que l’arrivée d’un animal ou d’un homme infecté enphase de virémie serait suffisante pour initier la transmissionvectorielle en raison du large spectre d’hôtes que ce virus estcapable d’infecter.

2.1.2. Virus de l’encéphalomyélite équine vénézuélienne

Le virus de l’encéphalomyélite équine vénézuélienne(VEEV) est un Alphavirus de la famille des Togaviridae, endémique dans le Nouveau Monde. Le virus a été isolé pour lapremière fois en 1938 [44]. Le cycle zoonotique en forêt tropicale fait intervenir des rongeurs comme hôtes réservoirs etdes moustiques du sous-genre Culex (Melanoconion) commevecteurs. Le virus est transmis à l’homme et aux équidés par des moustiques des genres Psorophora (P. confinnis,P. columbiae) et Ochlerotatus (O. taeniorhynchus, O. sollici-tans). Il semblerait que le remplacement de certains acides aminés dans l’enveloppe virale (E2) de certaines souchesenzootiques ait donné lieu à une intensification de la virémiechez les chevaux, ce qui à son tour a permis l’infection desmoustiques. L’homme n’est qu’accidentellement contaminé etdéveloppe un syndrome fébrile dengue-like très invalidant quipeut dégénérer parfois en encéphalite d’issue fatale.

2.1.3. Virus de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo

La fièvre hémorragique de Crimée-Congo (FHCC) estdue à un Nairovirus de la famille des Bunyaviridae qui provoque une fièvre hémorragique sévère chez l’homme, avecune mortalité de 10 % à 40 %. Le virus a été isolé pour la pre-mière fois en République démocratique du Congo en 1944 [46]et est présent en Afrique, en Europe, au Moyen-Orient et enAsie. Le virus est principalement transmis par les tiques desgenres Hyalomma (H. marginatum ou H. anatolicum), Rhipi-cephalus, Ornithodoros, Boophilus, Dermacentor et Ixodes.Les hôtes vertébrés sont des mammifères sauvages (buffles,sangliers, mouflons…) ou domestiques (bovins, caprins, ovins,équidés, camélidés) ; ces animaux sont infectés sans signes

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graves. C’est le cas notamment de la bactérie Anaplasma phagocytophilum responsable de l’anaplasmose granulocytaireanimale et humaine ou encore des parasites du genre Babesia.Les animaux domestiques infectés sont à l’origine de la conta-mination humaine par contacts rapprochés augmentant les rencontres entre les tiques et les hommes.

3.1. EXEMPLES DE VIRUS TRANSMIS PAR LES MOUSTIQUES

3.1.1. Virus de la fièvre jaune

Le virus de la fièvre jaune (VFJ) appartient au genreFlavivirus de la famille des Flaviviridae. Il a été isolé enAfrique de l’Ouest en 1927. À ce jour, on a décrit sept génotypes : cinq africains et deux américains [4]. En Afrique,il existe un cycle forestier où le virus est transmis entre des primates non humains et des moustiques zoophiles telsqu’Aedes africanus. La sortie du virus de la forêt est possiblegrâce à des moustiques capables de piquer l’homme (Ae. luteo-cephalus, Ae. furcifer, Ae. metallicus, Ae. opok, Ae. taylori,Ae. vittatus et des membres du complexe simpsoni). La fièvrejaune urbaine n’est observée qu’en Afrique où la transmissioninterhumaine est assurée par le moustique anthropophile Ae. aegypti. La situation est tout à fait différente sur le continentaméricain, puisqu’il n’y subsiste qu’un cycle forestier où le virus circulerait entre les singes et des vecteurs selvatiquesdu genre Haemagogus. L’expansion grandissante des vecteursAe. aegypti et Ae. albopictus fait craindre le retour des épidé-mies de fièvre jaune urbaines en Amérique du Sud comme parle passé. Il existe un vaccin efficace et sûr, le vaccin 17D dontl’utilisation n’est malheureusement pas étendue sur toute larégion endémique pour la fièvre jaune en Afrique, qui couvre34 pays et expose 500 millions d’habitants.

3.1.2. Virus West Nile

Le virus West Nile (VWN) est l’un des exemples lesplus impressionnants qui illustre la rapidité avec laquelle unearbovirose a envahi les cinq continents. Isolé en Ouganda 1937,ce Flavivirus de la famille des Flaviviridae est maintenu dansla nature dans un cycle enzootique entre les moustiques Culexet plusieurs espèces d’oiseaux. Il existe sept lignées du VWN,dont la lignée 1 est la plus largement distribuée en Afrique, enEurope et dans les Amériques. À partir de 1994, le VWNregagne de l’activité dans l’Ancien Monde et révèle une patho-génicité plus importante pour l’homme et/ou les chevaux. En1996, une épidémie éclate à Bucarest (Roumanie) avec plus de500 cas d’encéphalite. En 1999, 40 décès sont rapportés enRussie et en 2000, huit décès sont rapportés en Israël. En 1999,le VWN a été introduit à New York, probablement par un oiseauinfecté provenant du Moyen-Orient. Ce génotype NY99 s’estrépandu dans toute l’Amérique. En 2002, un nouveau génotypeWN02 a remplacé le précédent génotype ; WN02 présente unesubstitution d’acide aminé V159A dans la protéine d’envelop-pe qui a facilité l’adaptation du virus aux moustiques du genreCulex [22]. Cet exemple illustre la plasticité du génome viralqui peut contribuer à une adaptation à différents autres vecteursdont les vecteurs anthropophiles qui revêtent un rôle essentieldans l’émergence d’épidémies. En effet, on a isolé le VWN de

2.2. EXEMPLE DE BACTÉRIES TRANSMISES PAR LESTIQUES

2.2.1. Borrelia burgdorferi sensu lato

La borréliose de Lyme est due à des bactéries spiro-chètes appartenant au groupe des Borrelia burgdorferi, sensulato. Le cycle naturel fait intervenir des tiques du genre Ixodeset un grand nombre d’espèces animales qui peuvent être réser-voirs (rongeurs, lagomorphes, oiseaux, lézards, etc.) [10, 18].L’aire de répartition de la maladie est très étendue et coïncideavec celle de ses différents vecteurs, principalement dans l’hémisphère Nord, à savoir Ixodes scapularis et I. pacificus enAmérique du Nord (côte Est et côte Ouest, respectivement), I.ricinus en Europe de l’Ouest, I. persulcatus en Europe de l’Estet en Asie. La maladie semble cependant s’étendre à l’hémi-sphère Sud avec des cas humains répertoriés en Australie et enAmérique du Sud. Les animaux ou l’homme sont contaminéslors de la piqûre d’une tique infectée. Parmi les 19 espèces deborrélies identifiées à ce jour, une seule espèce, B. burgdorferisensu stricto (ss) est reconnue pathogène pour l’homme enAmérique du Nord, contre cinq espèces en Europe : B. burg-dorferi ss, B. garinii, B. afzelii, B. spielmanii, et B. bavarien-sis. On peut également noter trois autres espèces potentielle-ment pathogènes, B. bissetii, B. lusitaniae et B. valaisiana.Chez l’homme, la première manifestation clinique la plus fréquente est une inflammation cutanée, l’érythème migrant.On observe également des arthrites, des neuroborrélioses voire des manifestations cutanées tardives selon les espèces deborrélies impliquées [28, 33].

3. CYCLE ÉPIDÉMIQUE, DE L’ANIMAL À L’HOMME

L’émergence d’un agent pathogène à partir d’un cycleforestier correspond à la mise en contact du cycle enzootiqueavec l’homme et les animaux domestiques. Les préférences trophiques des vecteurs jouent alors un rôle fondamental enassurant le relais entre l’animal et l’homme. Ainsi, la fièvrejaune qui fonctionnait originellement au sein d’un cycle forestier où le virus est entretenu entre des populations desinges et des moustiques zoophiles de canopée, a subi un processus d’«urbanisation» principalement en Afrique où le virusest transmis par un moustique domestique fortement anthropo-phile, Aedes aegypti. De même, le virus West Nile affectaitprincipalement les oiseaux migrateurs qui jouent le rôle d’animaux réservoirs. Il est devenu l’arbovirus le plus répanduà travers le monde après les virus de la dengue. Il infecte l’homme, qui n’était jusqu’alors qu’un hôte accidentel, avec denombreux cas mortels recensés durant cette dernière décennieen Europe (Grèce) et aux États-Unis. Enfin, l’encéphalite japonaise est l’une des viroses majeures des zones rurales ducontinent asiatique où elle affecte les oiseaux sauvages et leschauves-souris. Ce profil épidémiologique a été bouleverséavec la pratique de l’élevage intensif du porc qui est l’hôteamplificateur le plus efficace, facilitant le transfert du virus àl’homme vivant à proximité. De même, certaines bactéries oucertains parasites transmis par les tiques sont capables d’infecterun grand nombre d’animaux sauvages ainsi que des animauxdomestiques au sein desquels ils provoquent des maladies

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probablement sous-évaluée au regard des chiffres élevés deséroprévalence constatés, tant aux États-Unis : de 11 % à 15 %[1] ; qu’en Europe : de 2 % à 28 % [34]. Chez les ruminantsdomestiques, les symptômes vont d’une forte fièvre à une diminution de la production de lait, alors que chez les autresmammifères, les symptômes sont très variés mais souvent l’in-fection est asymptomatique. Chez l’homme, la maladie provoqueune forte fièvre accompagnée de frissons, mais globalement lagravité de l’anaplasmose est faible. De rares cas mortels ont étédécrits aussi bien chez l’animal (ruminants domestiques et ani-maux sauvages) que chez l’homme (moins de 1 % des cas) [35].

3.2.2. Babesia divergens, B. venatorum et B. microti

Les babésioses sont dues à des parasites obligatoires(protozoaires intraérythrocytaires) transmis par les tiques dureset capables de se multiplier chez un grand nombre d’animauxsauvages et domestiques. Cependant, seules trois espèces deBabesia sont transmissibles à l’homme : B. divergens, B. venatorum (ou Babesia EU1) et B. microti. Une cinquan-taine de cas humains, ont été répertoriés en Europe mais cenombre est probablement sous-estimé en raison de nombreusesformes asymptomatiques. Babesia divergens est un parasite debovins transmissible à l’homme par la piqûre de la tique I. rici-nus. C’est le parasite responsable du plus grand nombre de babésioses humaines en Europe [19] ; il est le plus répandu enzone tempérée, et son aire de répartition ne cesse de croître. Ceparasite est également capable d’infecter des animaux sauvagestels que les ongulés ou certains rongeurs [6, 30]. Babesia vena-torum, une espèce proche phylogénétiquement de B. divergens,est transmise par les tiques I. ricinus et les chevreuils sont fortement suspectés d’en être les réservoirs. Sa détection est deplus en plus fréquente chez l’homme [16] et au sein de popula-tions de tiques et de ruminants sauvages en zone forestière péri-urbaine [30] . Enfin, B. microti est un parasite de rongeurstransmis par les tiques du genre Ixodes dont I. ricinus en Euro-pe. Il est responsable de plusieurs centaines de cas humainschaque année aux Etats-Unis [12] mais jusqu’à présent, seul uncas humain a été répertorié en Europe [16].

4. CYCLE URBAIN : IMPLICATION UNIQUE DEL’HOMME

Certains agents pathogènes se sont affranchis de lanécessité d’être amplifiés chez l’animal, sauvage ou domes-tique, pour assurer une transmission à l’homme. Les virus dela dengue et du chikungunya sont des exemples embléma-tiques de cette situation où l’homme est à la fois l’hôte réservoir, l’hôte amplificateur et l’hôte disséminateur et où levecteur majeur est Ae. aegypti, strictement anthropophile etprésent dans les zones urbaines, qui offrent des conditions propices à sa prolifération. La dengue est la première arboviroseen termes de morbidité et de mortalité chez l’homme, avec unesituation qui s’est aggravée ces dernières décennies où une co-circulation des quatre sérotypes de dengue est observée dansquasiment toute la ceinture intertropicale. Le chikungunya,quant à lui, tend à envahir les régions tropicales avec des incur-sions en régions tempérées suite à une modification d’un acideaminé de l’enveloppe virale facilitant la transmission par un

plus de 70 espèces de moustiques, principalement du genreCulex, en particulier Cx. pipiens dont la forme molestus piquepréférentiellement les mammifères.

3.1.3. Virus de l’encéphalite japonaise

Le virus de l’encéphalite japonaise (VEJ) appartient à lafamille des Flaviviridae et au genre Flavivirus ; il a été décritpour la première fois en 1871 au Japon lors d’une épidémied’encéphalite chez des chevaux et l’homme. Il est endémiqueen Asie, de la République populaire de Chine à l’Indonésie etde l’Inde aux Philippines. Ce virus comprend cinq lignées : leslignées I, II et III se retrouvent en régions subtropicales et tempérées et les lignées IV et V sont limitées à l’archipel indo-nésien [39]. Actuellement, plus de trois milliards de personnesdans le monde vivent en zones à risque, avec une estimation de30 000 à 50 000 cas survenant chaque année. La zone géogra-phique où l’encéphalite japonaise est endémique s’est étendueau cours des 70 dernières années, avec la propagation du virusvers l’Ouest. Le VEJ est transmis dans un cycle zoonotiqueentre espèces de Culex (Cx. tritaeniorhynchus) et les porcs oules oiseaux. L’homme n’est qu’accidentellement infecté et estconsidéré comme une impasse parasitaire en raison du faibleniveau de virémie qu’il développe. Néanmoins, cette situationtend à changer en raison du développement de la riziculture(lieux de pullulation des vecteurs) à proximité d’élevages deporcs, les amplificateurs du virus. De ce fait, l’encéphalite japonaise ne doit plus être considérée comme une maladieexclusivement rurale, mais tend à atteindre les périphéries desvillages voire des villes.

3.2. EXEMPLES DE BACTÉRIES ET DE PARASITESTRANSMIS PAR LES TIQUES

3.2.1. Anaplasma phagocytophilum

L’anaplasmose granulocytaire humaine (AGH) ou animale est due à une petite bactérie intracellulaire stricte àcoloration de Gram négative, Anaplasma phagocytophilum, dela famille des Anaplasmataceae (ordre des Rickettsiales). Cettebactérie est vectorisée par un grand nombre d’espèces detiques : I. ricinus en Europe, I. persulcatus en Russie et enAsie et I. scapularis, I. pacificus et I. spinipalpis aux États-Unis [29]. Cette maladie, décrite pour la première fois en Écossechez le mouton en 1932, est répertoriée aussi bien chez les animaux que chez les hommes en Europe, en Asie, aux États-Unis ou en Australie. De nombreux mammifères sauvages sontnaturellement infectés par cette bactérie : les rongeurs, lesinsectivores, les ruminants sauvages comme les chevreuils(Capreolus capreolus), les cerfs (Cervus elaphus), etc. AuxÉtats-Unis, les ruminants domestiques semblent peu touchésalors qu’en Europe, cette bactérie infecte principalement lestroupeaux (bovins, moutons, chèvres et chevaux) [35]. Les pre-miers cas humains d’AGH ont été répertoriés aux États-Unisdans les années 90 et, depuis, le nombre de cas n’a fait qu’augmenter. Son incidence actuelle est évaluée à 6,1 cas pourun million d’habitants [5]. En Europe, les premiers cas ont étédécrits en Slovénie en 1997, puis dans de nombreux pays tels que la Suède, la Grèce, l’Espagne, la Russie, le France.Cependant la fréquence réelle de l’infection chez l’homme est

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sein d’un cycle forestier faisant intervenir des moustiques selvatiques du genre Aedes, tels qu’Ae. furcifer, Ae. taylori,Ae. luteocephalus, Ae. dalzieli, Ae. vittatus et Ae. africanus,et des primates non humains [27]. À la différence de ce qui sepasse en Afrique, le VCHIK circule en Asie en zone urbaineavec l’intervention de moustiques domestiques du genre Aedes(Ae. aegypti et Ae. albopictus) et l’homme comme principalhôte amplificateur. Les symptômes du chikungunya sont uneforte fièvre, des atteintes articulaires, des maux de tête, des dou-leurs musculaires, une éruption cutanée. En 2004, le génotypeECSA du VCHIK a ré-émergé au Kenya et s’est, par la suite,propagé pour la première fois dans la région de l’Océan Indien,provoquant des épidémies sans précédent. Dès 2006, des épidé-mies de chikungunya sont déclarées en Inde, en Afrique (Came-roun, Gabon, République démocratique du Congo). Depuis2008, des souches de génotype ECSA ont circulé en Asie duSud-Est (Malaisie, Singapour, Thaïlande, Indonésie, Birmanieet Cambodge). De façon exceptionnelle, les premiers casautochtones ont été recensés en Europe : en Italie en 2007 et enFrance en 2010. Ces vagues de réémergence sont liées à uneespèce vectrice, Ae. albopictus. Il a été démontré qu’un seulchangement d’acides aminés au niveau de la glycoprotéine E1de l’enveloppe virale est à l’origine de cette adaptation [32].Une des explications vient du fait qu’en conditions expérimen-tales, Ae. albopictus présente une compétence vectorielleaccrue pour le nouveau variant du VCHIK [38, 41]. En octobre2013, les premiers cas autochtones de chikungunya ont étérecensés dans la Caraïbe où Ae. aegypti est le seul vecteur pré-sent assurant la transmission d’un VCHIK de génotype asia-tique. Depuis, près de 40 pays d’Amérique, dont les États-Uniset le Brésil sont touchés par cette vague épidémique comptantplus d’un million de cas. Que le vecteur soit Ae. aegypti ouAedes albopictus, tous deux très anthropophiles, le VCHIK vacontinuer son expansion. Il sévit aujourd’hui dans la région duPacifique Sud (Nouvelle-Calédonie, Samoa, Tokelau, Polyné-sie française). Des candidats vaccins sont en cours d’étude :des vaccins chimériques contenant les protéines structurales duVCHIK couplées à la structure globale d’un autre Alphavirus,des vaccins à ADN basés sur des séquences consensus desgènes structuraux, des virus-like particles (c’est-à-dire des particules virales sans génome) capables d’induire la produc-tion d’anticorps neutralisants ou encore un vaccin composé parun vecteur dérivé du vaccin contre la rougeole exprimant unantigène du VCHIK.

4.2. EXEMPLES DE BACTÉRIES TRANSMISES PAR LESPOUX, LES PUCES ET LES PHLÉBOTOMES

4.2.1. Bartonella bacilliformis et B. quintana

Bartonella bacilliformis, responsable de la maladie deCarrion (ou fièvre d’Oroya ou verruga peruana) et B. quinta-na responsable de la fièvre des tranchées sont des bactériesintracellulaires à coloration de Gram négative appartenant ausous-groupe ·2 de la classe des Proteobacteria et au genre Bar-tonella. Plus de 30 espèces de Bartonella ont été isolées jusqu’àprésent chez l’homme et chez les animaux domestiques et sau-vages partout dans le monde. Un large panel de mammifèresservent de réservoirs aux différentes espèces de Bartonella

vecteur jusque-là plutôt discret, Ae. albopictus. Par ailleurs, lesbactéries Bartonella bacilliformis, transmise par des phlébo-tomes et B. quintana, transmise par des poux de corps illustrent aussi que des bactéries sont capables de s’affranchird’un hôte intermédiaire amplificateur animal ; on considèreque l’homme est le réservoir de ces deux agents pathogènes.

4.1. EXEMPLES DE VIRUS TRANSMIS PAR LES MOUSTIQUES

4.1.1. Virus de la dengue

Le virus de la dengue (VDEN) de la famille des Flavivi-ridae et du genre Flavivirus est responsable de la plus impor-tante des arboviroses en termes de santé publique [40]. Oncompte quatre sérotypes (VDEN-1 à VDEN-4) qui se subdivi-sent chacun en quatre à cinq génotypes. L’immunité acquisesuite à l’infection par l’un des sérotypes confère une immunitéprotectrice contre le sérotype infectant mais pas contre lesautres sérotypes. Les formes ancestrales des VDEN circulaientau sein de cycles selvatiques entre populations de primates nonhumains et des moustiques de canopée peu anthropophiles. Cescycles sont décrits en Asie et en Afrique. Les différents séro-types de dengue responsables des épidémies actuelles auraientévolué chacun indépendamment des autres, à partir d’unesouche selvatique de même sérotype. Les infections humainessont aujourd’hui dues à des souches de VDEN ne s’amplifiantque chez l’homme, qui devient à la fois hôte réservoir, amplifi-cateur et disséminateur. Le tableau clinique va de la formeasymptomatique à la dengue classique ou à la dengue hémorra-gique pouvant conduire au décès du malade. On compte envi-ron 50 à 100 millions de personnes atteintes chaque année, avecun taux de mortalité pouvant atteindre 2,5 %. Alors que ladengue classique survient dans presque toute l’aire de distribu-tion du vecteur d’écologie urbaine, Ae. aegypti, la denguehémorragique est plus largement décrite en Asie du Sud-Est eten Amérique tropicale. Aujourd’hui, la situation de la denguetend à s’y aggraver avec un taux de mortalité en nette augmen-tation. Cette situation semble coïncider avec les dégradationsinfligées à l’environnement urbain (urbanisation rapide et nonplanifiée des villes en voie de développement) qui favorisent lamultiplication des gîtes potentiels et donc, la pullulation desvecteurs. L’Asie du Sud-Est est ainsi devenue le foyer majeurdes VDEN, avec une co-circulation des quatre sérotypes décri-vant une situation d’hyperendémicité. La dengue hémorragiquea été décrite pour la première fois aux Philippines en 1953-1954. En absence de traitements symptomatiques spécifiques,un vaccin est en cours de développement (phase III) ; il s’agitd’un vaccin tétravalent dirigé contre les quatre sérotypes, déve-loppé par Sanofi Pasteur [42].

4.1.2. Virus du chikungunya

Le virus du chikungunya (VCHIK), isolé pour la pre-mière fois en Tanzanie en 1952 appartient à la famille des Toga-viridae et au genre Alphavirus. Le nom de chikungunya dérivede la langue Makondé et signifie «qui se recourbe», faisantréférence aux signes cliniques des patients infectés. Trois géno-types sont décrits : est-centre-sud-africain (ECSA), ouest-afri-cain et asiatique. Ce virus originaire d’Afrique est maintenu au

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l’agent pathogène, mais dépend également des interactionsentre les deux génotypes [9]. De même, les populations de vertébrés ne sont pas toutes égales face à l’infection, d’où desréceptivités différentes selon l’espèce ou la population géogra-phique. Les facteurs environnementaux, quant à eux, peuventmodeler la transmission en l’exacerbant ou en la contraignant(par exemple, le développement de conditions climatiquesfavorables ou non à la prolifération des vecteurs ou des animaux). Le système vectoriel est complexe et il en va demême pour les stratégies de lutte.

Le plus grand risque pour la santé humaine concerne lesmaladies à transmission vectorielle qui sont essentiellemententretenues au sein d’un cycle urbain où une population humaineen fortes densités crée les conditions propices à la proliférationde vecteurs essentiellement anthropophiles. Les épisodes épidé-miques récents de dengue ou de chikungunya nous rappellentque le développement d’un vaccin est une priorité. Néanmoins,ces stratégies ciblant essentiellement l’homme et les animauxdomestiques, le cycle selvatique subsiste dans un fonctionne-ment qui reste inaltéré, demeurant toujours la source de conta-mination pour les autres cycles en aval. De plus, certains agentspathogènes peuvent très vite s’adapter à une transmission parun vecteur anthropophile ; par exemple, un unique changementd’acides aminés dans une protéine de l’enveloppe virale peutconduire à des épidémies dévastatrices. En plus de développerdes études sur les mécanismes d’émergence en alliant desapproches de terrain et de la recherche fondamentale, il demeu-re important d’améliorer les techniques de surveillance endéveloppant des outils qui permettent de détecter très rapide-ment la circulation de l’agent pathogène, d’imaginer d’autresalternatives de prévention en testant des vaccins contre lespiqûres d’arthropodes, et de proposer de nouvelles stratégies delutte sans négliger l’amélioration des techniques déjà existantesde lutte anti-vectorielle.

RemerciementsLes auteures remercient les membres de l’Unité de recherche

et expertise – Réseau «Arbovirus et insectes vecteurs» ainsi que lesmembres de l’équipe Vectotiq. Elles remercient particulièrement SarahBonnet et Muriel Vayssier pour discussions fructueuses. La prépara-tion de cet article a été possible grâce à l’appui financier de l’IP et del’ANSES par le biais d’un projet transversal de recherche (PTR-Chi-pArbo). Ces remerciements s’étendent au réseau EurNegVec COSTAction TD1303, ainsi qu’au groupe «Tiques et maladies à tiques» duréseau Écologie des interactions durables.

mais l’homme est le seul réservoir connu de B. bacilliformis etB. quintana. Ces deux bactéries ont été découvertes respective-ment en 1909 et 1914 [20]. La fièvre des tranchées est présen-te partout dans le monde alors que l’aire de répartition de lamaladie de Carrion est restreinte à celle de son vecteur, à savoirles zones arides comprises entre 500 et 3 000 m d’altitude dela cordillère des Andes (Pérou, Équateur, Colombie) ainsi qu’enBolivie, au Chili et au Guatemala. Bartonella bacilliformis etB. quintana sont transmises à l’homme par des phlébotomes del’espèce Lutzomyia verrucarum et des poux du corps de l’espècePediculus humanis corporis, respectivement. La premièreinfection est asymptomatique dans la plupart des cas, mais chez certains patients, une fièvre d’Oroya ou une fièvre destranchées se développe lorsque les bactéries pénètrent dans lesérythrocytes. Les bactéries peuvent dans certains cas coloniserdes foyers secondaires tels que les tissus vascularisés au niveaudu cœur entraînant des endocardites (B. quintana), ou encore lefoie et la rate, ou les cellules endothéliales au niveau de la peauentraînant des éruptions cutanées (B. bacilliformis dans saforme chronique : verruga peruana) [3]. Sans traitement, lesinfections à B. bacilliformis peuvent conduire à une mortalitédans près de 40 % des cas. Bartonella quintana fut à l’originede millions de cas humains chez les soldats ; aujourd’hui lamaladie est considérée comme ré-émergente chez les sans-abripartout dans le monde avec des séroprévalences élevées, lesformes chroniques étant faiblement réceptives aux traitementsantibiotiques [20].

5. CONCLUSIONS

La transmission vectorielle tire son efficacité de chaquecomposante du système vectoriel, l’agent pathogène, l’insectevecteur et l’hôte vertébré (réservoir, amplificateur, dissémina-teur) et également de leurs interactions au sein d’un environne-ment dont les paramètres peuvent affecter directement ou indi-rectement les différents acteurs. Il est admis que les génotypesde l’agent pathogène, de l’insecte vecteur et de l’hôte vertébré(que l’on peut définir globalement par la réceptivité à l’infec-tion) conditionnent le succès de la transmission. N’importe quelagent pathogène ne peut pas être transmis par n’importe quelvecteur ni être hébergé par n’importe quel hôte, animal ouhumain. Les relations qui lient l’agent pathogène au vecteurpeuvent se mesurer par la compétence vectorielle [15]. Néanmoins, la compétence vectorielle n’est pas seulement larésultante des effets additifs dus aux génotypes du vecteur et de

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2. LA MISSION DE L’IPG DE PRÉVENTION ET DE LUTTE CONTRE

LES MALADIES

Elle s’articule autour de quatre composantes : la recherche, l’appui à la santé publique, l’enseignement et laformation, ainsi que les services à la population.

• La recherche est ciblée sur les maladies vectorielles et émer-gentes, telles que les arboviroses comme la dengue et le chi-kungunya, le paludisme, la rage, les maladies provoquées parles Hantavirus et les Arenavirus. Elles sont abordées par deséquipes pluridisciplinaires complémentaires (virologues,entomologistes, parasitologues, médecins, vétérinaires, épidé-miologistes...) sur trois axes stratégiques de recherche.

- Un axe sur les arboviroses avec une approche vectorielle pouraméliorer le diagnostic et la prise en charge, comprendre latransmission, la dissémination, la résistance et renforcer la luttecontre ces maladies virales largement endémiques en Guyane.

- Un deuxième axe sur la biodiversité des virus et de leurs réservoirs, leur émergence (comme les Hantavirus) ou réémer-gence (comme les virus de la Rage) s’appuie sur des approchesgénomiques et immunologiques, ainsi que sur l’épidémiologie,la biodiversité des réservoirs et la bio-informatique.

- Le troisième axe concerne la compréhension du Paludisme enGuyane et en Amérique du Sud. Des recherches de terrain surle moustique vecteur et les cycles de transmission, leurs dynamiques et leurs variabilités, ainsi que des recherches àl’échelle moléculaire sur les résistances du parasite et de sonvecteur, sont développées (Cf. encadré page suivante).Les projets de recherche menés à l’IPG sont financés en répon-se aux appels d’offre pasteuriens (Programmes Transversaux deRecherche/PTR, Actions inter-pasteuriennes/ACIP, Groupe à 5 ans), nationaux (Agence Nationale de la Recherche, AgenceNationale de la Recherche sur le SIDA/ANRS), européens(Fonds Européen de Développement Régional/FEDER) ouautres (Fondations privées, Centre National de la RechercheScientifique/CNRS, Ligue contre le Cancer…)

• L’appui à la santé publique. L’IPG abrite plusieurs centresde référence nationaux et internationaux pour les Arbovirus,les virus Influenzae, les Hantavirus et la chimiorésistance duPaludisme, qui contribuent à la surveillance épidémiologiqueet apportent expertise et conseil aux autorités de santé pour larégion Antilles-Guyane. Le centre collaborateur de l’OMSpour la résistance aux antipaludiques assure une fonctionsimilaire pour le réseau de l’OMS. Les laboratoires de réfé-rence de l’IPG sont reconnus pour leurs compétences enmatière de diagnostic de certaines maladies (chikungunya,dengue, SIDA, paludisme, tuberculose) chez nos voisins ainsique dans les Caraïbes.

L’Institut Pasteur de la Guyane (IPG), fondé en 1940 aucœur de Cayenne, est une fondation privée à but non lucratifdont la mission est de contribuer à la prévention et au traitementdes maladies, en priorité infectieuses. Il mène des activités derecherche biomédicale d’appui à la Santé publique et de diffu-sion du savoir. Entre les laboratoires de recherche et de serviceset les unités administratives et logistiques, une centaine de personnels y travaillent.

1. LE CONTEXTE

• Une situation géographique exceptionnelle. L’écosystèmeéquatorial et intertropical de la Guyane est une caractéristiqueprivilégiée pour la veille microbiologique dans cette région dumonde.

• Les équipes de l’IPG possèdent une expertise largementreconnue dans le domaine des principales maladies infec-tieuses des régions amazonienne et caribéenne (la dengue, lechikungunya et les autres arboviroses, le paludisme, la leish-maniose et les infections à VIH).

• Un plateau technique à la pointe de la technologie- Dans le bâtiment «Principal», les laboratoires d’hygiène et

environnement, d’épidémiologie, de biologie médicale et devirologie sont équipés notamment de deux laboratoires desécurité biologique de niveau de confinement P3.

- Le bâtiment «Recherche» abrite une plateforme commune debiologie moléculaire, deux laboratoires de sécurité de niveaude confinement P2 pour la culture cellulaire et deux autrespour l’extraction et l’amplification d’acides nucléiques, ainsique des laboratoires de parasitologie, des interactions virus-hôtes et d’immunologie.

- Le bâtiment «Animalerie» comporte une salle d’autopsie etune pièce dédiée à l’élevage des souris pour la production in situ d’anticorps qui servent en particulier pour le diagnosticdes arbovirus.

- Inauguré en octobre 2014, le VECTOPOLE, 550 m2, a tripléla surface des anciens locaux de l’unité d’entomologie médi-cale. Le fleuron technologique de l’édifice est un laboratoirede biosécurité de niveau de confinement P3 de 100 m2. Lebâtiment est également équipé d’un laboratoire de biologiemoléculaire, de nouveaux insectariums composés d’une ani-malerie, de pièces pour l’élevage de différentes espèces demoustiques, d’un laboratoire sécurisé dédié à l’étude in vitroet in vivo de la résistance des insectes vecteurs aux insecti-cides, d’un laboratoire de taxonomie et systématique, d’unesalle pour la collection d’insectes d’intérêt médical, d’un«open space» pouvant accueillir une douzaine de scientifiquesainsi qu’une salle de réunion.

ACTUALITÉS DU RÉSEAU INTERNATIONAL DES INSTITUTS PASTEUR

1. INSTITUT PASTEUR DE LA GUYANE- 75 ANS AU SERVICE DE LA RECHERCHE ET DE LA SANTE PUBLIQUE -

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lancement et pour surveiller la qualité de l’eau destinée à lastation spatiale européenne.

3. LES PARTENAIRES

L’IPG collabore avec de nombreuses équipes en Franceet dans le monde (Brésil, Surinam, Réseau des Instituts Pasteur,Europe, Etats-Unis, Colombie, Mexique…), en plus des autori-tés de santé et des unités de recherche locales.

Les travaux de Louis Pasteur et de ses successeurs sontune grande source d’inspiration pour tous. La rigueur, le dyna-misme et l’enthousiasme qu’ils ont montrés pour répondre auxdéfis en matière de recherche et de ses applications, sont exem-plaires. C’est avec la même énergie et le même enthousiasmeque l’Institut Pasteur de la Guyane mène ses travaux dans larégion Amazonienne, fidèle aux valeurs qui nous ont été trans-mises par ceux qui nous ont précédés.

Dr Mirdad KAZANJI1

Directeur de l’Institut Pasteur de la Guyane

• L’enseignement et la formation. Les chercheurs intervien-nent dans les enseignements régionaux (Université desAntilles et de la Guyane) ou internationaux (cours de virolo-gie soutenus par le programme AmSud-Pasteur au Brésil). Ilsaccueillent également chaque année étudiants et stagiaires dumonde entier jusqu’au niveau Doctorat. L’IPG organise régu-lièrement des séminaires scientifiques qui permettent auxchercheurs de partager leurs travaux et d’interagir avec lescommunautés scientifiques régionales et internationales.

• Les services à la population. Polyvalent, le laboratoire debiologie médicale est le référent pour certaines analyses spé-cialisées parmi lesquelles le diagnostic de la tuberculose, lacharge virale pour le VIH et l’analyse génotypique du VIH etdes résistances du VIH-1 aux antirétroviraux. Le laboratoire d’hygiène et d’environnement est référent dansle domaine de l’analyse de l’eau notamment. Ce laboratoireest agréé depuis fin 2005 par l’Agence Spatiale Européenne,la NASA et l’Agence Spatiale Russe pour détecter une éventuelle contamination microbienne des satellites avant

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Paludisme : une mutation contrecarre la résistance à la chloroquine*

Depuis 1995, la chloroquine n’est plus utilisée en Guyane pour traiter le paludisme à Plasmodium falciparum devenurésistant. L’Institut Pasteur de la Guyane décrit pour la première fois, une réversion de cette résistance chez le parasite du faitde l’acquisition d’une nouvelle mutation. Ce résultat publié dans la revue scientifique PNAS permet d’avancer dans l’optimisa-tion de l’usage et de la conception des antipaludiques [Pelleau et al. PNAS 2015, 112, 11672].

La résistance aux antimicrobiens est un phénomène dynamique qui évolue en fonction de nombreux paramètres, dont lapression médicamenteuse. En Guyane, le traitement de P. falciparum par la chloroquine a été abandonné en 1995 alors que 100%des parasites étaient résistants. Plus de 15 ans après cette levée de la pression médicamenteuse, 75% des parasites sont « redeve-nus » sensibles au traitement alors même que ces derniers restent porteurs de la mutation initialement responsable de leur résis-tance (pfcrt 76T). Des chercheurs de l’Institut Pasteur de la Guyane se sont attachés à comprendre les raisons de cette discordan-ce. Grâce à l’importante collection parasitaire obtenue au cours de leurs activités de santé publique et aux moyens techniques dontils disposent, ils ont pu mettre en évidence l’acquisition par le parasite d’une nouvelle mutation (pfcrt 350R) dans le mêmegène, qui abolit complètement l’effet de la mutation de résistance pré-existante. L’émergence et la dispersion de cette nouvellemodification génétique auraient été favorisées par la résistance qu’elle confère vis-à-vis d’un antipaludique actuel, la pipéraqui-ne. Le laboratoire de parasitologie de l’Institut Pasteur de la Guyane décrit là, pour la première fois dans le monde, une réversionde la résistance à un antipaludique obsolète. L’autre scénario généralement décrit en Afrique consistait en la ré-expansion desparasites sauvages (sans aucune mutation). Ce résultat apporte un éclairage nouveau sur les différentes voies possibles de retourà la sensibilité et va servir à optimiser l’usage et la conception des antipaludiques en fonction des connaissances acquises grâceaux molécules passées.

*www.pasteur.fr/fr/institut-pasteur/actualites-l-institut-pasteur/paludisme-une-mutation-contrecarre-la-resistance-la-chloroquine

1 23 avenue Pasteur, BP 6010, 97306 Cayenne cedex. www.pasteur-cayenne.fr [email protected]

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- Symposium scientifique international 2015 - RIIP. Autour de la thématique : «Pour une recherche en santé mon-diale» ou «Global Health and One Health», étaient invités du14 au 16 octobre, 950 inscrits de 60 pays. Plus de 60 confé-renciers ont animé les sessions, portant notamment sur :Ebola, résistance antimicrobienne, zoonoses et maladiesémergentes, sida, vaccinologie, dépistage de molécules phar-maceutiques, maladies non transmissibles.

Un hommage émouvant a été rendu à l’ensemble desacteurs de la mobilisation face à Ebola. Les organisateurs dusymposium et la Direction générale ont tenu à remercier toutescelles et tous ceux qui ont contribué, sur le terrain et dans leslaboratoires, à déployer les moyens de lutte contre ce virus.

Une session «Santé et environnement», était organiséeavec le gouvernement princier de la Principauté de Monaco, laFondation Prince Albert II de Monaco et le Centre scientifiquede Monaco qui financent de nombreux projets du RIIP.

Au cours d’une «Breakthrough ideas session», ont étéexposés la progression de trois projets issus de la session de2014, et 24 nouveaux projets (dont 10 de l’université Monashen Australie).

Une trentaine de sessions satellites et les échangesautour de 160 posters ont permis de nombreuses autres ren-contres. Les résumés des présentations sont téléchargeables enligne (BIP 25/10/2015).

Au cours du Symposium, quatre accords ont été signéssur des projets de recherche destinés à améliorer la santé infantile dans les domaines de la malnutrition, la coqueluche,l’hépatite B et la maladie pied-main-bouche. Financés grâce aumécénat de la Fondation Total, ces projets seront mis en œuvrepar des Instituts membres du RIIP, ainsi que par l’Agence deMédecine Préventive et le LAMIVAC.

Le symposium a également été l’occasion de remises dePrix. • Le Prix Dedonder Clayton 2014 a été remis à Mme Oanh

Thi Hai Khuat (Founder and Executive Director, Center forSupporting Community Development Initiatives, Vietnam)par les Pr C. Bréchot et F. Barré-Sinoussi, pour son implica-tion et l’originalité de sa proposition sur «No one left behind -Understand HIV risks and burden and mitigation approachesamong most marginalized adolescents in Vietnam”.

• Le Prix Robert Deschiens de la Société de Pathologie Exo-tique a été remis par Yves Buisson à Anne Lavergne (IP deGuyane).

• Le Prix Jeune Chercheur du RIIP a été remis par AntoineGessain et Eliane Coëffier à Janin Nouhin (IP du Cambodge)pour récompenser la meilleure présentation orale d’un jeunechercheur du RIIP.

- Le Rapport 2014 du RIIP présente les principales réalisa-tions de santé publique, les grands programmes de recherche,les nouveaux groupes à 4 ans et le programme international deformation au sein du Réseau.: https://www.pasteur.fr/fr/inter-national/le-reseau-international-instituts-pasteur/les-rapports(BIP 26/06/2015).

- Base d’informations du RIIP : Base unique de référenceaccessible par institut, et par projet. Pour améliorer la visibilité du RIIP et de ses chercheurs et pour actualiser lesinformations relatives à chaque institut, la direction interna-tionale a réalisé une base de données du RIIP / Database RIIPsous la forme d’un site extranet. Contact Éliane Coëffier etNicolas Brard (BIP 11/09/2015).

- Création de l’IP de Guinée à Conakry. Le protocole d’accord du futur IP de Guinée entre la

République de Guinée et l’IP a été signé le 21 septembre 2015à Conakry par Saïd Fofana, Premier Ministre de la Républiquede Guinée, en présence de nombreux ministres du gouverne-ment guinéen, de Bertrand Cochery, Ambassadeur de France enGuinée et en Sierra Léone et de Patricia Aubras, directrice del’AFD. L’IP était représenté par Marc Jouan, directeur interna-tional, et Noël Tordo, futur directeur de l’IP de Guinée.

Répondant aux attentes des autorités guinéennes suite àl’épidémie de maladie à virus Ebola, l’IP de Guinée, 33ème

membre du RIIP, aura pour objectif de répondre aux urgencesépidémiques, de participer à la surveillance et à la recherche surles maladies infectieuses et de former et accompagner les scien-tifiques guinéens dans la prévention des épidémies.

Sous la direction de Noël Tordo, spécialiste des fièvreshémorragiques virales à l’IP de Paris, l’IP de Guinée sera undépartement autonome de l’université Gamal Abdel Nasser deConakry. Ses premières activités seront centrées sur les mala-dies à potentiel épidémique, notamment les arboviroses et lesvirus de fièvres hémorragiques, qui ont fait l’objet de plusieursépidémies en Guinée (fièvre Ebola, fièvre de Lassa, fièvrejaune, fièvre de la vallée du Rift, grippe…).

Les deux premières unités de recherche, l’une en virolo-gie et l’autre en entomologie, disposeront de plateformes dediagnostic de premier plan. Elles assureront la formation d’étu-diants, de techniciens et de responsables de laboratoires, au diagnostic et aux bonnes pratiques de laboratoire. Des pro-grammes de recherche permettront de renforcer la surveillanceépidémiologique en lien avec les laboratoires de la sous-région,notamment ceux des Instituts Pasteur de Dakar et d’Abidjan. Leprojet de création de l’IP à Conakry bénéficie actuellement desfinancements de l’Agence française de développement (AFD)et du ministère des Affaires étrangères et du développementinternational (BIP 25/09/2015).

2. AUTRES NOUVELLES DU RIIP

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VIE DE L'ASSOCIATION

Manguin, Matisse, Marquet, Renoir, Vallotton, Vuillard etVan Gogh.

• Osiris, Mystères engloutis d’Egypte. Plusieurs visites decette exposition ont été organisées à l’Institut du MondeArabe (6 octobre et 16 décembre 2015). Situées dans la zonestratégique de la région canopique à l’ouest du Nil, les citésantiques de Thônis-Héracléion et de Canope ont été englouties au VIIIème siècle av. J.-C., suite à divers accidentssismiques et géologiques.

Depuis 1996, des équipes de l’Institut Européen d’Archéologie sous-marine dirigées par Franck Goddio s’efforcent de les restituer et présentent ainsi 20 ans de fouillessous-marines en baie d’Aboukir.

Le mythe d’OsirisOsiris fait partie de la troisième génération des Dieux

Egyptiens. Il devient l’époux de sa sœur Isis qui lui donne unfils, Horus. Geb, dieu de la terre avait transmis le pouvoir à sonfils ainé Osiris, tandis que Seth, son frère, régnait sur lescontrées désertiques. Au cours d’une fête, Seth fit essayer unsarcophage à Osiris, le scella et le fit jeter dans le Nil. Isis pleu-ra tant que ses larmes firent la crue du Nil. Isis finit par retrou-ver le corps de son époux et le cacha. Mais Seth découvrit lacachette et fit découper le corps d’Osiris en 14 morceaux qu’iljeta à nouveau dans les eaux du Nil et qui se dispersèrent auxquatre coins du pays. Isis parcourut le pays sous forme d’uneoiselle et réussit à localiser, une à une, les diverses parties ducorps d’Osiris, à l’exception de son membre viril avalé par un poisson. Une fois tous les membres rassemblés, avec l’aided’Anubis, elle reconstitua le corps d’Osiris, lui fabriqua unphallus, le ranima et c’est ainsi que prit forme le futur Horus.Finalement Seth fut vaincu et Horus monta sur le trône. Osiris,dieu de la fertilité et maître du monde représente un immenseespoir, celui d’une possible victoire contre la mort.

Les mystères d’OsirisChaque année, les mystères d’Osiris sont célébrés à Héra-

cléion. Un an auparavant, on prépare deux statues du Dieu. Lapremière est constituée de matières végétales, soigneusementarrosées. Les graines d’orge doivent éclore et on recueille soi-gneusement l’eau qui s’écoule, représentant les humeurs du Dieu.C’est l’Osiris végétant. La seconde est élaborée en limon, en rési-ne et en pierres précieuses. C’est Osiris Sokar. Les deux statuessont emmaillotées et placées dans des sarcophages en attendant lejour de la cérémonie où on célèbrera la résurrection d’Osiris.

La célébration des mystères d’Osiris, ensemble derituels, processions et prières qui se fait en quinze étapes, estrestée secrète durant des millénaires.

Abydos, dès 3100 avant notre ère, devint le lieu desépulture des premiers pharaons.

Né il y a plus de 2500 ans avant Jésus-Christ, le DieuOsiris est une pure création de l’Egypte. Cependant, le mythed’Isis et d’Osiris va se perpétuer encore longtemps après, dansles civilisations gréco-romaines.

1.1. ADMISSION

Selon l’approbation du Conseil d’Administration endate du 23 septembre 2015, nous avons le plaisir d’accueillir,comme membre titulaire, Mme Mamy GNOLE ZITA,scientifique de nationalité congolaise, cours «Sécurité transfu-sionnelle infectieuse» (2015).

1.2. ACTIVITÉS CULTURELLES

1.2.1. Visites guidées (annonce parue dans le Bulletin n° 224, p. 99).Au cours du 4ème trimestre, cinq visites ont été programmées. • Le 23 septembre 2015, visite au Grand Palais de la première

rétrospective française consacrée à Elisabeth Vigée-Lebrun.Femme d’une grande beauté, comme en témoignent de nom-breux autoportraits, elle vécut de 1755 à 1842 et a connu lesfastes de l’Ancien Régime, les heures sombres de la Révolu-tion et l’essor d’une société nouvelle sous l’Empire. Son père,Louis, était un pastelliste de renom.

Issue de la petite bourgeoisie, elle deviendra l’une desportraitistes les plus habiles de son temps. Elle étudia dans lescollections royales et privées et chez son époux, le marchand detableaux Jean Baptiste Pierre le Brun, les œuvres des maîtresanciens et contemporains, notamment Greuze.

A partir de 1778, elle devint le peintre officiel de la reineMarie Antoinette. Elle fut reçue à l’Académie Royale de peinture et de sculpture en 1783, ce qui lui permit de montrerqu’elle pouvait se mesurer aux hommes.

Elle fit de très nombreux portraits, parfois embellis parrapport à leur modèle. En plus d’une galerie de portraits, elleaccorda une place marquée aux liens unissant une femme et sesenfants ; c’était aussi l’époque de Jean-Jacques Rousseau.

En 1789, elle dut émigrer avec sa fille. Elle se rendit enItalie (portraits du roi et de la reine de Naples), à Vienne, puisà Saint Pétersbourg où elle travailla pour toute l’aristocratieRusse. De retour à Paris en 1802, elle travailla pour le Consu-lat et l’Empire. Après un voyage en Angleterre puis en Suisse,elle revint en France en 1805 et ajouta à son art des paysages deplein air.

Les œuvres exposées (plus de 150) proviennent de laGalerie des Offices à Florence, du musée du Louvre, du muséede l’Ermitage, du Metropolitan museum of Art de New York,ou encore du Kunsthistorisches Museum de Vienne, ainsi quede nombreuses collections particulières.

Elisabeth Vigée-Lebrun fut une femme exceptionnellequi disait «je n’ai eu de bonheur qu’en peinture», mais ce futaussi pour notre propre bonheur.• Le 30 septembre, nous avons visité la collection Arthur et

Hedy Hahnloser, au Musée Marmottan-Monet. Cette collec-tion particulière a été constituée entre 1906 et 1936 par lecouple suisse Hahnoser-Bühler installé non loin de Zurichpour décorer leur résidence de la Villa Flora. Nous y avonsadmiré 80 chefs-d’œuvre, de Bonnard, Cézanne, Manet,

1. VIE DES COMMISSIONS

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• En 2017, la Commission propose :- Un voyage «exceptionnel» intitulé : «Argentine-Chili

‘Fjords de la terre de Feu’». (Il semble déjà intéresser lamajorité des participants au voyage de Sicile qui vient de seterminer). Ses points forts consistent en une croisière de 5 jours sur le détroit de Magellan avec le cap Horn, la visi-te des deux capitales, Santiago du Chili et Buenos Aires. Ilse déroulera du 8 au 22 mars 2017 (Voir Bulletin n° 224, 3e tr. 2015). Etant donné son importance il est nécessaire des’y prendre sérieusement à l’avance. Le voyagiste Syltoursnous demande une estimation raisonnable du nombre des participants, au plus tard fin décembre 2015. La durée de cevoyage est de 14 jours pour un prix d’environ 4.500 a.

- Une courte croisière sur le Rhin est envisagée à l’occasionde l’Assemblée générale prévue le 27 mai à Strasbourg.

Ces voyages sont souvent l’occasion de faire connais-sance ou de retrouver des amis pasteuriens. Ainsi ont été visitésen Iran en 2009, l’Institut Pasteur de Téhéran, au Brésil en2008, la Fondation Oswaldo Cruz, et en Belgique en 2012,l’Institut Scientifique de la Santé de Mons.

• Autres visites déjà annoncées dans le Bulletin n° 224 :- D’Azincourt à Marignan 1415-1515 : Chevaliers et

Bombardes, le 26 novembre - Tigres de papier, cinq siècles de peinture en Corée, le

7 décembre 2015 - Musée Rodin, le 13 janvier 2016.

2.2.2. Voyages

• Durant l’année 2015, deux voyages ont permis à quelques-uns d’entre nous de partager des souvenirs et de découvrir ouredécouvrir Prague avec une promenade en Bohême, du 24 au 27 mai et la Sicile, du 12 au 21 septembre. Les comptes-rendus de ces voyages seront publiés dans les numéros 226 et227 du Bulletin.

• L’année 2016 se profile et notre Commission a programméune croisière de huit jours sur le Douro avec CroisiEurope,du 3 au 13 juin (inscriptions presque closes). Cette croisièredébutera à Porto, nous passerons par la vallée du Douro :Regua, Vega de Teron, Barca d’Alva avec une extension àSalamanque en Espagne, puis Ferrdosa, Pinhao et, enfin,retour à Porto.

Parallèlement, et en plus de ces responsabilités, YvonneLe Garrec continue ses activités au sein de l’AAEIP et rédige,pour notre Bulletin, articles, analyses de livres, ainsi que le chapitre «Nouvelles de l’Institut Pasteur» de chaque numéro.En octobre 2007, avec notre confrère Jean-Paul Moreau, elle aorganisé la «Rencontre régionale en Bretagne armoricaine» -portant notamment sur les Actualités microbiologiques- qui aremporté un franc succès et dont les résumés de conférence ontété publiés dans le Bulletin de l’AAEIP.

Au nom de l’Association, nous adressons nos vives félicitations et tous nos compliments à Yvonne Le Garrec.

La Rédaction2.2. IL NOUS A QUITTÉS

M. Yves PELOUX, Professeur du Service de Santé desArmées, Docteur en médecine, cours Microbiologie, Immuno-logie générale et Sérologie (1956). Le Professeur PELOUX «a joué un grand rôle au Pharo en participant très efficacementà la préparation aux concours d’assistanat, de spécialités etd’agrégation de nombreuses générations de camarades».

Nous adressons à la famille du Professeur PELOUXl’expression de notre sympathie et de nos sincères condo-léances, ainsi que l’assurance de toujours trouver, auprès del’AAEIP, un accueil très chaleureux.

2.1. MÉDAILLE D’OR DE LA LIGUE CONTRE LE CANCER À YVONNE LE GARREC

Présidente de l’AAEIP de 2000 à 2002, Yvonne LE GARREC a retrouvé sa Bretagne natale et s’est installée àVannes, auprès de sa famille.

De par sa formation en immunologie (Institut Pasteur)et en oncologie (Georges Mathé), Yvonne Le Garrec s’est toujours intéressée à la cancérologie dans son parcours : Ecolevétérinaire d’Alfort, Institut Pasteur, Institut Cochin. À son arrivée à Vannes, elle s’est naturellement investie dans les activités de la Ligue nationale contre le cancer. Membre duConseil d’Administration et du Conseil scientifique de la Liguecontre le cancer du Morbihan, elle s’est notamment investiedans l’attribution des subventions destinées à la recherche, auxhôpitaux et aux associations.

Cette médaille représente, à l’avers, Saint Michel terrassant l’hydre de l’Herne et, à droite, le portrait de JustinGodart, fondateur en 1918 de la Ligue franco-anglo-américaine,qui deviendra la Ligue contre le cancer ; au revers, un arbreenraciné, symbole de vie. Elle récompense les services rendusà la Ligue par Yvonne Le Garrec, la qualité de ses interventionset l’abnégation manifestée au profit du rayonnement et des intérêts de cette œuvre.

2. LE CARNET DE L’AAEIP

À l’occasion de la Nouvelle Année,le comité de rédaction vous adresse ses souhaits de santé,

de bonheur et de réussite dans toutes vos entreprises

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- Mutations des streptocoques du groupe B chez les nourris-sons après transmission materno-fœtale. Des chercheurs de l’IP et de l’Inserm ont montré le rôle de mutation de Streptococcus agalactiae chez le nourrisson après transmissionpar sa mère dans la survenue de méningite et de sepsis chez lenouveau-né (BIP 04/09/2015).- Nouveau site web axé sur la recherche :https://research.pasteur.fr (BIP 11/09/2015).- Accord-cadre entre l’IP et l’Ecole supérieure de Physiqueet de Chimie industrielles (ESPCI) visant à renforcer larecherche technologique, à stimuler la dynamique scientifiquedans le domaine de la biologie, et à faciliter la mise en place denombreux projets interdisciplinaires. Ce partenariat s’appuieranotamment sur le Centre d’Innovation et Recherche Technolo-gique (Citech) de l’IP (BIP 18/09/2015).

- Ebola : 3 variants du virus identifiés en Guinée. Le séquen-çage du génome de souches du virus Ebola circulant en Guinée,par des chercheurs de l’IP de Dakar et de Paris, du CNRS et del’université de Sydney, a permis de retracer la diffusion du viruset de suivre son évolution dans le pays où l’épidémie a débuté.Ces travaux révèlent la co-circulation, notamment dans lesrégions urbaines, de trois différents variants du virus (Nature,2015, 524, 102). La caractérisation des variants est crucialepour le diagnostic et le traitement et de vaccins efficaces :http://www.pasteur.fr/fr/institut-pasteur/presse/documents-presse/ebola-3-variants-du-virus-identifies-en-guinee (BIP 26/06/2015).

- Education newsletter de la Direction déléguée à l’Ensei-gnement (DDE) n°3 : informations sur la refonte du tutorat desdoctorants, les formations au sein du RIIP et sur les aménage-ments du futur centre d’Enseignement (BIP 25/09/2015).

- IP-Université de Cambridge : formation des leaders de lasanté mondiale de demain. Une collaboration à l’initiative deDennis et Mireille Gillings, sur des programmes de 3 ans viseà développer l’esprit d’entreprise et les compétences managé-riales des jeunes scientifiques, tout en favorisant l’excellencede la recherche. Ces programmes porteront sur les maladiesinfectieuses émergentes et les neurosciences, avec un accentparticulier sur l’autisme. Les post-doctorants suivront une for-mation en santé publique et en management en alternance avecdes stages dans les laboratoires de recherche des deux institu-tions (BIP 2/10/2015).

- Appel à projets MOOCs (Massive Open Online Courses, ouCours en ligne ouverts et massifs).L’IP s’investit dans le développement de l’enseignement numé-rique et crée ses propres MOOCs : «Concepts et méthodes enépidémiologie», par Arnaud Fontanet, suivis par ceux sur laVaccinologie et sur les Neurosciences.L’IP souhaite développer son offre en partenariat avec leCNAM et le Réseau International des Instituts Pasteur (RIIP).Un studio d’enregistrement dédié aux MOOCs sera créé pour larentrée 2017. La Direction générale et la direction déléguée àl’Enseignement (DDE) vous invitent à proposer de nouveauxMOOCs, sur un thème de votre compétence. Les projets serontsélectionnés en fonction de l’originalité (par rapport auxMOOCs disponibles à l’international), la cohérence avec lastratégie de l’IP, la qualité des enseignants, le partenariat avec un IP du RIIP (obligatoire), et la taille prévisionnelle del’auditoire. Les 3 à 4 MOOCs retenus seront réalisés au coursde l’année 2016 (BIP 16/10/2015).

2. RECHERCHE / PARTENARIATS

concernant le contrôle génétique de la synthèse des enzymes etdes virus». Au-delà du prestige du Nobel, les travaux de cestrois Pasteuriens, souvent réalisés en collaboration avecd’autres collègues (Elie Wollman, Melvin Cohn, etc.), furentreconnus comme l’une des contributions les plus importantes àla conception de la biologie moléculaire. La manière dontJacques Monod et François Jacob conçurent les principes de la régulation génétique devint rapidement essentielle pour comprendre les interactions génétiques et pour envisager lemécanisme de l’embryogenèse chez les métazoaires. L’objectif du colloque (28-29/09/2015) a été de reconsidérer lasignification du modèle de l’opéron à la lumière de l’histoire dela biologie du 20e siècle. La «préhistoire» du modèle de l’opé-ron a été évoquée en reprenant l’histoire des deux programmes

- Journée mondiale de lutte contre le sepsis le 11 septembre2015 - Lutter contre les infections qui tuent. L’IP a accueillile colloque du World Sepsis Day, dont un des objectifs est desensibiliser le grand public et les décideurs à ce problème desanté publique, et de besoin d’une recherche à la hauteur desenjeux identifiés. Cette année le colloque a traité d’épidémiolo-gie, de diagnostic des sepsis non-bactériens (virus, paludisme,champignons), des conséquences du syndrome de choc septique, et des traitements (BIP 04/09/2015).

- Colloque international « 50 ans après le Prix Nobel. Jacob,Lwoff et Monod fondateurs de la biologie moléculaire ». En1965, le prix Nobel de physiologie était attribué à André Lwoff,Jacques Monod et François Jacob «pour leurs découvertes

3. COLLOQUES

NOUVELLES DE L’INSTITUT PASTEUR1. FORMATION

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2015. Rattachée au département Parasites et insectes vecteurs,elle sera dirigée par Rogerio Amino, chargé de recherche à l’IP.• de l’unité Biologie des ARN des pathogènes fongiques -RNA Biology of Fungal Pathogens, pour 5 ans à compter du 1er octobre 2015. Rattachée au département Mycologie, elle seradirigée par Guilhem Janbon, chef de laboratoire à l’IP. • de l’unité Génomique et épigénomique du développementdes vertébrés - Genomics and Epigenomics of VertebrateDevelopment, pour 5 ans à compter du 1er octobre 2015. Ratta-chée au département Biologie du développement et cellulessouches, elle sera dirigée par François Spitz, directeur derecherche à l’IP (BIP 9/10/2015).

- NOMINATIONS • Jean-Christophe Olivo-Marin, Chef de l’unité d’Analysed’images biologiques et directeur du Citech, est nommé direc-teur de la technologie, à compter du 1er juillet 2015, et placésous l’autorité de la direction générale (BIP 2/10/2015).• Gérard Eberl, Professeur à l’IP, est nommé directeur dudépartement d’Immunologie à compter du 1er octobre 2015jusqu’au 30 juin 2016 (BIP 23/10/2015).

- CRÉATIONS • de l’unité Infection et immunité paludéennes - MalariaInfection and Immunity, pour 5 ans à compter du 1er octobre

4. GOUVERNANCE

sida, et les valeurs humanistes qu’elle a toujours défendues.• pasteur.fr a également réservé une place d’honneur à FrançoiseBarré-Sinoussi à travers une interview exclusive, sa biographieou encore un diaporama (BIP 23/10/2015).

- Hommage à Françoise Barré-Sinoussi. • Le 13 octobre se tenait, à l’IP, une conférence consacrée à sacarrière scientifique unique, par sa vision pasteurienne de larecherche, son engagement infatigable dans la lutte contre le

5. DISTINCTIONS

défi intellectuel majeur pour l’Homme en général et pour leschercheurs en biologie expérimentale en particulier. Ce rendez-vous du 29/09-2/10/15 réunissait des scientifiques de renomdont le travail sur différents organismes - levures, plantes, dro-sophiles, papillons, poissons, souris, humains, etc. - a offert unéclairage sur le rôle des réseaux régulateurs des gènes au coursdu développement et sur l’origine de la diversité organismique(BIP 25/09/2015).

- Le Centre d’immunologie humaine a organisé, le 15 octo-bre, un séminaire technologique intitulé «NanoString : unetechnologie numérique à codes-barres couleur», présenté parRudy van Eijsden. NanoString Technologies fournit auxchercheurs des outils de résolution de problèmes de recherchetranslationnelle et de diagnostic moléculaire. Son systèmed’analyse nCounter exploite une technologie numérique inno-vante à codes-barres couleur reposant sur la mesure directe enmultiplexage de l’expression génétique et offrant des niveauxélevés de précision et de sensibilité (<1 copie par cellule).Cette technologie utilise des «codes-barres» moléculaires etl’imagerie de molécule unique pour détecter et quantifier descentaines de transcrits au cours d’une seule réaction. Contact :[email protected] (BIP 9/10/2015).

- International Symposium GPF «Microbes and Brain».L’objectif de cette conférence du 3 juillet était de présenter destravaux de recherche, promus par le Grand Programme fédéra-teur M&B, lancé par l’IP, qui porte sur l’impact du microbiotesur les fonctions biologiques liées au système nerveux, parmilesquelles la barrière sang-cerveau, le métabolisme et l’immu-nité du cerveau et le comportement :https://research.pasteur.fr/fr/program_project/major-federating-program-microbes-brain (BIP 26/06/2015).

de recherche qui finirent par converger dans les travaux deJacques Monod et François Jacob : celui traitant du mécanismede l’adaptation enzymatique et celui explorant le phénomène dela lysogénie. La question est posée sur la postérité du modèle del’opéron et les oppositions qu’il rencontra depuis les années1960 jusqu’aux années 1990 dans les domaines de la biologiedu développement, de la théorie de l’évolution, et de la biolo-gie des systèmes. L’aspect original de ce moment scientifique aété souligné : l’étude des liens complexes qui se sont nouésentre science, philosophie, éthique et même politique dans lecontexte de la fondation de la biologie moléculaire à l’IP (BIP04/09/2015).

- Conférence annuelle DIM Malinf. Celle du 5 octobre portaitsur les «Pathologies infectieuses humaines : mécanismes,risques et impact sociétal». Créés à l’initiative de la RégionIle-de-France, les domaines d’intérêt majeur (DIM) sont desréseaux scientifiques pluridisciplinaires qui ont pour objectif defédérer des équipes de recherche franciliennes autour de théma-tiques partagées. Coordonnés par une structure chef de file -l’IP pour ce DIM - ces programmes de recherche bénéficientd’un soutien intégré en investissement (équipements, pro-grammes immobiliers) et fonctionnement (allocations derecherche doctorales et post-doctorales, congrès...) (BIP18/09/2015).

- Conférence de l’EMBO : « Contrôle génétique du dévelop-pement et de l’évolution ». Ce thème s’inspire des travaux deFrançois Jacob sur la régulation des gènes et de sa réflexion surl’évolution, exprimée dans Le jeu des possibles, essai sur ladiversité du vivant et dans Evolution and Tinkering, Science,1977, 196, 1161. Comprendre comment les organismes évo-luent et se développent dans divers écosystèmes représente un

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de l’unité de Génétique évolutive humaine IP/CNRS, ont respectivement reçu les Grands prix Claude Bernard et JeanHamburger, attribués par la Mairie de Paris pour leur engagement dans la recherche médicale (BIP 9/10/2015).

- Prix de l’Académie des sciences :• Pierre-Jean Corringer, responsable de l’unité Récepteur -canaux, a reçu le prix Emile Jungfleisch et le prix biennal dechimie organique/biochimie, pour ses découvertes sur l’archi-tecture fonctionnelle et la modulation des récepteurs impliquésdans des fonctions cérébrales.• Lluis Quintana-Murci, responsable de l’unité Génétiqueévolutive humaine, a reçu le Prix Mergier-Bourdeix, pour sestravaux sur l’architecture génétique des populations humaines,la façon dont les agents infectieux ont exercé des pressions desélection sur le génome humain et les relations entre diversitégénétique et expression génique suite à l’infection.• François Schweisguth, responsable de l’unité Génétique dudéveloppement de la drosophile, a reçu le Prix Charles-Léo-pold Mayer 2015, pour ses travaux concernant le contrôle del’identité cellulaire au cours du développement.

- Félix Rey, professeur, responsable de l’unité de Virologiestructurale a reçu le prix international Pasteur-Weizmann/Servier en faveur de la recherche biomédicale à visée thérapeu-tique, pour ses travaux sur les virus pathogènes émergents.

- Kiri Couchman, post-doctorante dans l’unité d’Imageriedynamique du neurone, a reçu une bourse du programmeL’Oréal-UNESCO «Pour les Femmes et la Science», pourses travaux sur le fonctionnement du système nerveux (BIP16/10/2015).

- Médaille de bronze pour l’équipe iGEM de l’IP, compre-nant des chercheurs de différentes disciplines, qui participaientpour la première fois au concours «international GeneticallyEngineered Machine», créé en 2004 au Massachusetts Instituteof Technology, Etats-Unis, pour promouvoir la recherche enbiologie synthétique (BIP 9/10/2015).

- Symposium scientifique des lauréats des Prix Sanofi-IP2015. Sanofi a renouvelé son mécénat à l’IP sous forme de prix,qui récompensent des chercheurs d’envergure internationalepour leurs travaux innovants dans les sciences du vivant et larecherche biomédicale. Le Pr Pascale Cossart et Gary Nabel(Chief Scientific Officer, Global R&D de Sanofi) ont remis àMohamed Hakimi et Marco Vignuzzi (responsable de l’unitédes Populations virales et pathogénèse), le National JuniorAward, à Keith Mathews le mid career Award et à Emil Unanue,le Senior Award (BIP 23/10/2015).

- Claude Parsot, directeur de recherche dans l’unité de Pathogéniemicrobienne moléculaire dirigée par Philippe Sansonetti, a reçule Prix Georges, Jacques et Elias Canetti 2015. Ses travauxsur Shigella flexneri, responsable de la dysenterie bacillairechez l’homme, ont contribué à la découverte d’un système d’injection de protéines bactériennes dans les cellules de l’hôte. Ces protéines effectrices permettent à la bactérie dedétourner les fonctions cellulaires pour s’y multiplier et interfé-rer avec les réponses immunitaires déclenchées par l’infection(BIP 25/09/2015).

- Thomas Bourgeron, responsable de l’unité Génétique humaineet fonctions cognitives, a reçu le Prix Plasticité Neuronale2015 de la Fondation Ipsen, pour ses travaux pionniers sur lavulnérabilité génétique à l’autisme, en particulier, sur les muta-tions responsables d’anomalies de la plasticité synaptique et dela connectivité neuronale (BIP 04/09/2015).

- Arnaud Fontanet, responsable de l’unité d’Épidémiologie desmaladies émergentes et directeur du Center for Global Health -Research and Education de l’IP a reçu le prix René et AndréeDuquesne, pour l’ensemble de ses travaux et son expertise enépidémiologie des maladies infectieuses et tropicales, et notam-ment celle de l’hépatite C. Ce prix a été partagé avec HinrichGronemeyer, du département de génétique fonctionnelle et cancer de l’Institut de génétique et de biologie moléculaire etcellulaire de l’université de Strasbourg (BIP 18/09/2015).

- Philippe Sansonetti, responsable de l’unité de Pathogéniemicrobienne moléculaire et Lluis Quintana-Murci, responsable

matoires de l’intestin, obésité, diabète, sclérose en plaques,allergies, cancer du côlon et même maladies psychiatriques),ouvre ainsi la voie à de nouvelles thérapies. Contact :[email protected] (BIP 04/09/2015).

- La Lettre de l’IP (LIP) n°90, dédiée aux donateurs de l’IP,propose un dossier sur les recherches menées à l’IP sur lemicrobiote humain. L’identification de déséquilibres du micro-biote intestinal associés à diverses maladies (maladies inflam-

6. PUBLICATION

L’exposition extérieure, disséminée sur plusieurs sites du campus, présentait des photos prises dans la période qui aentouré l’annonce du Prix Nobel. L’exposition, située dans le bâtiment François Jacob, présentait

- 50ème anniversaire de remise du Prix Nobel à André Lwoff,Jacques Monod et François Jacob. En hommage à ces pion-niers de la biologie moléculaire, l’IP a proposé, de septembre àdécembre, deux expositions.

7. ANNIVERSAIRE ET VISITES

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Bioscience fondée par Xavier Duportet. Eligo Bioscience développe des antibiotiques intelligents, programmés pour éradiquer les bactéries pathogènes, tout en laissant intact lereste du microbiote (BIP 2/10/2015).

- M. Algirdas Butkevicius, Premier Ministre lituanien a étéaccueilli à l’IP le 22 octobre. Grâce au programme européenErasmus, un partenariat avec l’université de Vilnius permettrad’accueillir à l’IP des étudiants de Master. Depuis son indépen-dance en 1991 et son adhésion à l’Union européenne en 2004,la Lituanie a profondément réformé son système de rechercheet d’innovation, notamment dans les biotechnologies (BIP23/10/2015).

les travaux qui ont mené, à formuler un système de régulationde la transcription des gènes. L’expérience Spaghetti, l’induction du système lactose, l’expérience PaJaMo… autantd’étapes cruciales qui ont conduit les trois scientifiques à établir le modèle de l’opéron.Ces expositions ont été réalisées par la Médiathèque scienti-fique, son pôle Archives, avec l’appui de la photothèque et la contribution du Musée, en coordination avec Henri Buc, Professeur honoraire de l’IP et la direction de la communicationet du mécénat.

- Mme Marisol Touraine, Ministre des Affaires sociales, dela Santé et des Droits des femmes, a visité la start-up Eligo

Laury Thilleman, Ladji Doucouré, Mehdi Baala et MarcRaquil, ce rendez-vous du sport et de la générosité a réuni35 membres pour l’équipe IP, chercheurs et donateurs, qui ont franchi avec succès les 4 zones de défis, ponctuantles 10 km de cette course originale, au cœur du bois de Vincennes. Le compteur affichait fin octobre plus de

36 000 a au profit des recherches menées au sein de l’IP(BIP 23/10/2015).

- Pasteurdon 2015 : plus de 1 200 000 a de dons ont été récoltés, après les quatre jours de forte mobilisation des Pasteuriens pour insuffler leur engagement et leur rage devaincre. Un bilan en progression pour cette 9eme édition, qui a bénéficié du soutien de 20 chaînes de la TNT et de 10 radios,et d’une très belle exposition médiatique.

- La course à obstacles «Défi Run Assu 2000» été organiséeen partenariat avec Assu 2000. Coaché par les champions

8. GÉNÉROSITÉ

Yolande Rotivel, docteur en Médecine, a exercé comme spécia-liste en pharmaco-vigilance dans le secteur privé, avant deprendre la direction du Service de la Rage de l’Institut Pasteurde Lyon, où elle était entrée en janvier 1993, en qualité deMédecin à la Consultation antirabique. Elle sera ensuite nommée, jusqu’en 2009, Directeur Adjoint du Centre Nationalde Référence pour la Rage.Tout au long de ces années, Yolande Rotivel a fait preuve de grandes qualités professionnelles et humaines, mettant ses compétences en vaccinologie et en pharmaco-vigilance au service de l’IP, avec le souci constant d’allier la pratique médicale aux connaissances scientifiques, en fluidifiant l’inter-face qui permet de traduire les recherches fondamentales en vaccinologie de terrain. Sa notoriété en vaccination antirabiquelui a valu de participer à de nombreux comités d’experts nationaux et internationaux, comme l’OMS.Yolande Rotivel restera dans le souvenir des pasteuriens,comme des collègues non pasteuriens, une collaboratrice com-pétente et dévouée à la mission pasteurienne de santé publiqueet aux riches qualités humaines.

L’Association des Anciens Elèves de l’IP se joint à la Directionet au personnel de l’IP pour présenter aux familles de leurs col-lègues et ami(e)s l’expression de leurs sincères condoléances.

La Direction de l’IP a la grande tristesse de faire part du décèsde :• Professeur Anatoly Zhebrun, directeur de l’Institut Pasteur de Saint Pétersbourg.Après une formation à l’Académie de médecine militaire deSaint Pétersbourg en 1965, Anatoli Zhebrun commence unecarrière de médecin de santé navale de la région du Nord-Ouestde la Russie. Spécialiste d’immunologie, microbiologie et desanté publique, il rejoint l’IP de Saint-Pétersbourg comme chercheur en 1977. Il est nommé directeur général de cet Institut en 1994. Le Professeur Anatoli Zhebrun est l’auteur et le co-auteur deplus de 300 publications scientifiques. Pour sa contribution à lascience médicale, il est élu membre correspondant de l’Acadé-mie des Sciences de Russie. En 2000, il reçoit la distinctiond’Officier de l’Ordre National du Mérite pour sa contributionau développement de la coopération scientifique et culturelleavec la France, l’IP et les instituts du RIIP. Ses collègues pasteuriens lui rendent hommage et s’associent à la peine de safamille et de ses proches (BIP 11/09/2015).

• Madame Yolande ROTIVEL, née le 28 avril 1954 à Lyon(Rhône), est décédée le 6 août 2015.

9. NÉCROLOGIE

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LIVRES

NOS LECTURES

� LE PARASITE, LE MOUSTIQUE, L’HOMME… ETLES AUTRES. Essai sur l’éco-épidémiologie des maladies àvecteurs.François RODHAIN* Ed. DOCIS, Paris 2015 ISBN : 978 – 2 –85525 – 993 – 2. 338 p., 33 annexes (39 e).

Le Professeur François RODHAIN a dirigé, à l’Institut Pasteur,l’Unité d’Ecologie des Systèmes Vectoriels pendant 14 ans et aréalisé de très nombreuses missions outre-mer dans le cadre deses travaux. C’est dire le bénéfice que peuvent tirer de cette lec-ture agréable, volontairement dépourvue de développementsscientifiques compliqués, l’étudiant en entomologie médicale etvétérinaire et l’épidémiologiste s’intéressant aux maladies àvecteurs. Peut aussi en tirer grand profit tout public non spécia-lisé curieux du fonctionnement de la biosphère et de l’histoire denos maladies. Ce domaine de l’écologie, souvent méconnu, estd’une importance cruciale.1ère partie

La description de l’origine et des caractères généraux desArthropodes, bactéries, virus, protozoaires, nématodes et autresagents infectieux ubiquitaires et très nombreux familiarise lelecteur avec la nature, les comportements et les interactions deces moteurs de l’évolution des espèces. Certains sont nuisibles,causant des maladies dévastatrices, beaucoup sont utiles, assu-rant le maintien d’équilibres biologiques planétaires essentiels.

Le cœur de l’ouvrage est le domaine des micro-organismestransmis par les Arthropodes qui représentent 80% des espècesanimales. Les premières transmissions de virus par des insectespourraient remonter à 200 millions d’années. Un intérêt particu-lier est porté aux Arbovirus, virus à ARN à grande variabilitégénétique transmis par des Arthropodes.

Certains virus sont simplement hébergés par des insectes,d’autres sont pathogènes pour les insectes, d’autres sont trans-mis par des insectes à des végétaux, d’autres sont transmis pardes insectes à des animaux ou à l’homme1. La même famille devirus peut être composée de virus d’insectes, de virus de planteset de virus de vertébrés. Certains ordres d’insectes sont porteursde nombreux virus alors que des groupes entiers d’Arthropodesen sont indemnes. Des exemples illustrent la variété et la com-plexité des relations entre les micro-organismes et les Arthro-podes. Les Arthropodes ont une immunité innée rapide, peu spé-cifique et peu durable, basée sur la reconnaissance de motifsmoléculaires des parasites par des récepteurs des cellules-hôtes.

50% des espèces animales sont des parasites, dont des para-sites de parasites. Tous les organismes vivants, y compris lesbactéries et même certains virus, hébergent des parasites.

Ce mode d’existence dans un habitat mobile fournissantl’énergie et permettant la transmission était déjà présent il y a aumoins 300 millions d’années. Bactéries, virus, viroïdes de

plantes, et même plasmides et prions peuvent être rangés parmiles parasites. En plus du parasitisme, sont également pris encompte la symbiose, le mutualisme, le commensalisme, lesaprophytisme et la phorésie. 2ème partie

La deuxième partie est consacrée à l’entomologie médico-vétérinaire et à l’épidémiologie des maladies à vecteurs.

Beaucoup d’Arthropodes ont une influence néfaste sur lasanté de l’homme et des animaux domestiques et sauvages.Certains sont des endoparasites, d’autres des ectoparasites,d’autres sont venimeux, d’autres encore sont vésicants, urti-cants, toxiques, allergisants ou hématophages. Mais surtout ilspeuvent être hôtes de virus, de bactéries, de protozoaires, defilaires, qui sont pathogènes pour les végétaux, les animaux etl’homme.

L’auteur détaille les différentes catégories d’Arthropodesvecteurs puis montre la très grande importance des maladies àtransmission vectorielle chez l’homme et les animaux. 40% dela population mondiale est exposée au paludisme, 12 millionsde personnes ont été atteintes de leishmaniose en une année.Trypanosomose, maladie de Chagas, filarioses, onchocercose,maladie de Lyme, typhus, fièvre jaune, dengue, encéphalitejaponaise, chikungunya, fièvre de la vallée du Rift, fièvre catar-rhale ovine, maladie due au virus de Schmallenberg, ont unimpact considérable sur l’humanité.

Des chapitres expliquent les relations entre vecteurs, para-sites et vertébrés. Un même vecteur peut transmettre deuxagents infectieux différents. De très intéressants développe-ments traitent de la complexité du fonctionnement des systèmesvectoriels: agent infectieux, vecteur et hôte. Les notions deréservoir, d’amplificateur, de disséminateur, de détecteur, dezoonose et d’émergence sont parties intégrantes de l’épidémio-logie des maladies à vecteurs. C’est une question d’écologieavant tout, à aborder avec un œil de naturaliste. 3ème partie

Le livre est parsemé de remarques et de citations quiémaillent le texte : «J’aurais préféré que Noé ait écrasé ses deuxmoustiques» introduit la troisième partie consacrée à «l’ento-mologie médico-vétérinaire aujourd’hui et demain».

Les pays tropicaux du Tiers Monde paient un lourd tributaux maladies à vecteurs. La prévention est impérative mais lasurveillance épidémiologique comporte de nombreuses diffi-cultés. L’importance des actions sur le terrain est évidente maisl’instabilité politique ne facilite pas les investigations. Les cré-dits manquent. Des résistances culturelles restent à vaincre, lescitoyens se méfient de la science. Le «lobby écologiste» intro-duit une difficulté nouvelle risquant de s’accroître. Des succèsnotables terminent par une note d’optimisme. Ce qui reste àfaire, des travaux passionnants, est gigantesque.

1 NDLR. L’analyste a adopté la formulation du Professeur Rodhain qui, par la répétition du mot «insectes», souligne l’éminence de leur rôle.

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La notion de vie est fort ancienne et fort répandue comme lemontre le terme de «biologie». La notion de mort s’est imposéeplus récemment. Mais Aristote affirmait déjà : «Il y a quelquechose de commun à tous les animaux, la naissance et la mort,et leurs modalités diffèrent spécifiquement». Le dessèchementserait la cause de la mort naturelle. C’est aussi ce que sembleadmettre Galien «le vieillard se refroidit, devient sec». Du pointde vue de la théorie thanatologique contemporaine, la mort estun processus qui commence en un point donné et, de là, se pro-page à tous les constituants de l’être. La mort est tout au plusune nécessité physique. Aujourd’hui, on ne reconnait plus à lamédecine un droit exclusif d’intervention et d’expertise sur lamort. Peut-on comparer les institutions de naissance (materni-tés, profession de sage-femme) aux institutions de mort(morgue) ?

3 - L’immortalité littéraire ou la survie par fraction(Prof Hugues Marchal, Institut universitaire de France, chairede littérature française moderne et contemporaine, Bâle).

La supériorité de l’écriture sur la mémoire pour conserver lesouvenir des faits parait évidente. Henri Michaux, dans «Qui jefus» (1927) proclame ; «Tu es écrivain, je te prie, imprime-moi(…) je ne veux pas mourir». C’est en effet une bonne technique,face au temps et à l’oubli. Mesuré et rythmé, le discours versi-fié (la poésie), déjà plus efficace que la simple mémoire, a étécomplété par l’écriture, plus tardive. Horace l’exprime fort biendans une de ses odes (Livre III). La formule (non omnis moriar)a été reprise sur maints tombeaux.

Et de nombreux poètes et écrivains, jusqu’à notre époquecontemporaine, de même que des scientifiques comme Cuvier,ont exprimé la même idée ; un sonnet de Ronsard l’affirme,ainsi que Malherbe, Du Bellay (Epitaphe d’un chat). Encorequ’écriture et mémoire soient bien fragiles car soumises à lalangue, qui meurt elle aussi (latin, grec…), Horace, Lamartine,Paul Valéry, Jules Romain, Raymond Queneau, Doris Lessing,Antonin Arthaud et tant d’autres, font chorus. Dans Les Tristes,recueil d’épitres, Ovide banni parle de ses funérailles et de sesœuvres, textes «orphelins» ; dans les Métamorphoses aussi, ilévoque ce concept.

4 - Les plus vieux immortels (Bertrand David, peintre etdessinateur breton et Prof Jean-Jacques Lefrère, Université deParis Descartes, hématologiste).

Il s’agit de la transcription d’un essai sur les dessins dans lesgrottes telles que Lascaux et Chauvet par les hommes de l’èrepaléolithique, leurs procédés et leurs fonctions ; cette pratiques’est étendue sur presque trente millénaires sur les parois de pro-fondeurs difficilement accessibles. Ces dessins rupestres, quenous ont légués nos lointains ancêtres préhistoriques, nous sontparvenus intacts pour la plupart. Cette excellente qualité est toutà fait remarquable et étonnante car ces dessins effectués au char-bon de bois ou à l’ocre sont très fragiles. Il y a des milliers dedessins répartis sur près de 200 sites européens et le hasard n’y

La biologie sera dominée demain par l’écologie.La lecture pourrait s’arrêter là, mais 33 annexes retiendront

l’intérêt du lecteur par les précisions qui complètent le texte.

Edouard LEFEVRE

� L’IMMORTALITÉ - un sujet d’avenir -Sous la direction de Jean-Daniel TISSOT, Olivier GARRAUD*,Jean-Jacques LEFRERE et Philippe SCHNEIDER. Editorial deJean-Daniel TISSOT. Préface du Professeur Elizabeth H. BLACK-BURN, Prix Nobel de médecine 2009, biologiste moléculaire,Université de Californie, San Francisco. Ed. Favre 2014.ISBN : 978-2-8289-1444-8. 440 p. (29 e).

L’analyse d’un tel ouvrage est périlleux, car le risque estgrand de dériver vers la banalité ou la rétention d’informations.Elle a toutefois le mérite de rappeler que ce sont ses travaux surla télomérase, baptisée «l’enzyme de l’immortalité», qui ontvalu à Elizabeth H. Blackburn de recevoir le Prix Nobel deMédecine en 20092.

C’est un ouvrage collectif3. Trente et un auteurs, se sontpartagés vingt-quatre aspects fondamentaux d’un thème essen-tiel et mystérieux qui «hante l’homme depuis qu’il existe». Cesarticles intègrent illustrations, notes et bibliographie spécifiqueet explorent le concept d’immortalité dans ses diverses mani-festations.

Les auteurs sont tous francophones, français et souventsuisses (du canton de Vaud), ce qui explique certaines tournuresqui nous sont moins familières ; tous sont des intellectuels deformations très diverses. Chacun d’eux, parfois en association,voire en couple, a développé un aspect du sujet en rapport avecsa spécialité, ses préoccupations, sa personnalité. Un aperçu deleurs réflexions peut être ainsi proposé.

1 - Procréer, naître, des pas vers l’immortalité (ProfPatrick Hohfeld (Université de Lausanne, gynécologue, obsté-tricien, et Dr François Marty, gynécologue, obstétricien, Sion).

Cette première monographie se présente comme une lettrequ’un praticien hospitalier, peut-être un interne des hôpitaux,adresse à son ami John «qui vient de disparaître». A proposd’une jeune femme qui vient d’accoucher seule, à son domici-le, d’un enfant mort-né dans le cadre d’un déni de grossesse, ilaborde le sujet de la procréation. Le rapport à l’immortalité dudébut de la lettre n’est pas évident, mais il vient assez vite :nous savons que chacun de nous, de même que l’environne-ment, les civilisations, les espèces animales et végétales onttous un début, un développement et une fin ; le soleil lui-mêmen’y échappe pas. Mais l‘intelligence et l’information pourraientbien nous survivre.

2 - La notion de mort en médecine : une perspective histo-rique (Prof Vincent Barras, médecin, historien, Institut universitai-re d’histoire de la médecine et de la santé publique, Lausanne).

2 La télomérase est une enzyme nécessaire au maintien des extrémités des chromosomes (télomères) des cellules eucaryotes ; elle permet donc à ces cellulesde se diviser indéfiniment, d’où le nom plein d’espoir d’ «enzyme de l’immortalité».

3 Les auteurs ont été très efficacement soutenus par la Fondation Service régional vaudois de transfusion sanguine.

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On reconnaît des cellules et des individus immortels. C’estle cas notamment des cellules cancéreuses qui ont une capacitéde multiplication illimitée : les cellules HeLa prolifèrent depuis1951 ; la salamandre aquatique (et d’autres espèces : triton,étoile de mer, axolotl) peut régénérer après amputation despattes, de la queue, de l’œil. Certains animaux se reproduisentde façon sexuée par clonage, ce que l’on peut considérercomme une forme d’immortalité ; une méduse, Turritopsisdohrnii, peut redevenir un polype à n’importe quel stade de sondéveloppement en cas de conditions défavorables, et reprendreson cycle naturel de vie quand les conditions redeviennentfavorables. Elle est donc réellement immortelle, prolifère danstoutes les eaux du globe et son aire de répartition s’étendchaque année.

Il existe aussi des animaux «ressuscitants». Anton vanLeeuwenhoek (1632-1723) décrivit un phénomène de résurrec-tion des rotifères ; ils interrompent toute activité et changent deforme dans des conditions de sécheresse, mais retournent à leurétat initial quand ils sont humidifiés. Au 18ème siècle, on a décritun phénomène semblable chez d’autres animaux.

6 - L’immortalité chez les fourmis (Prof Laurent Keller,Université de Lausanne, biologiste, directeur du Départementd’écologie et de l’évolution et Elisabeth Gordon, journalistescientifique).

L’organisation sociologique a une influence certaine sur lalongévité de certaines espèces entomologiques. Les fourmis quipeuplent la terre depuis des dizaines de millions d’années ensont un exemple remarquable ; elles ont colonisé les cinq conti-nents et prédominent sur tous les autres animaux, êtres humainscompris. Elles sont capables de s’adapter à tous les environne-ments.

Leur longévité est exceptionnelle. Les colonies sont bâtiessur un système de castes, très hiérarchisées mais dénuées depouvoir central et de donneurs d’ordre. Les reines, qui sont par-fois plusieurs à cohabiter dans une même fourmilière, n’ontaucun pouvoir. Leur seule fonction est de se reproduire, nour-ries et protégées par leurs ouvrières de filles. Celles-ci s’occu-pent de tout dans la fourmilière, et se répartissent les tâchesentre nourrices, fourragères (quête de la nourriture), net-toyeuses, bâtisseuses (construction, travaux de maintenance etréparation de la fourmilière), guerrières (défense et expéditionsextérieures). Ce partage des tâches n’est toutefois pas figé :jeunes, elles commencent par être nourrices, puis elles devien-nent nettoyeuses, puis fourragères. «Les fourmis communi-quent entre elles constamment, selon un système d’autant pluscomplexe que le niveau d’organisation est plus élevé.» Lesgrands absents sont les mâles, dont l’unique fonction est unaccouplement avec les reines vierges, de sorte que la fourmiliè-re est peuplée uniquement de femelles ; les spermatozoïdes desmâles persistent plusieurs années, accumulés par la femelledans la spermathèque, poche ovale située sous l’abdomen.Après avoir fondé leur colonie, les reines ne s’accouplent plus,mais elles pondent sans cesse, puisant dans la spermathèque lasemence nécessaire pour féconder leurs œufs. Cette règle géné-rale présente, selon les espèces, des exceptions, parfois origi-nales. «Les castes, reines et ouvrières, ont des différences mor-

est pour rien. On peut ainsi évoquer une certaine immortalité. Iln’y a aucun autre message du passé intentionnellement déposé.Aujourd’hui, bien que disposant de moyens technologiquessupérieurs, on pourrait difficilement faire mieux que ces artistesde la préhistoire. Par exemple, «rien ne subsiste de la peinturedes Romains qui était selon Pline l’Ancien, bien plus prisée quel’architecture ou la sculpture». De tout temps, chaque artisteexécute ses œuvres pour qu’elles soient vues, au moins de loinet même par un tout petit nombre ; il veut donc s’approprier unfragment d’éternité, fut-il fugace et éphémère, comme l’enve-loppement d’un pont de Paris par une toile de polyamide doréeffectué par Christo en 1985. En ce qui concerne les peinturespariétales des cavernes si fragiles, c’est le lieu choisi (fond descavernes peu accessible) et non les matériaux qui a assuré leurpérennité. Ignoraient-ils vraiment que les pigments déposés parl’ocre et le charbon de bois n’ont rien de fugace si on ne lestouche pas, au moins jusqu’au 20ème siècle où la trop grande fré-quentation, ou un nettoyage trop énergique, fut fatale à certainesœuvres (Arcy sur Cure, 1973). La notion «d’immortalité» d’uneœuvre ou plutôt de «pérennité relative» peut signifier la volontéde l’artiste de laisser une marque qui prolonge symboliquementsa propre existence, une interrogation métaphysique personnel-le qui rejoint l’universel, l’expression de la ferveur ou de l’obé-dience à l’égard d’une cause religieuse, idéologique, philoso-phique, ou celle d’une dévotion à l’égard des dieux (décorationdu tombeau de Toutankhamon). Il ne faut pas négliger le respectdes règles de l’art qui exige de l’artiste qu’il s’efface mais qu’ilconstruise pour durer. C’est une notion du «sacré» qui n’a riende religieux. Il est très vraisemblable que le choix du site trèsdifficile à atteindre témoigne d’une volonté de donner, en un lieuprotégé du temps et des hommes, la preuve de leur intention quece soit pour la plus longue durée possible. Cimetières et nécro-poles sont les lieux de choix pour toutes les civilisations qui sesont succédées dans le monde (pyramides, mausolées, maisaussi Panthéon, Hôtel des Invalides, abbayes, cathédrales etleurs nombreux tombeaux et gisants). Ils sont tous plus élaborésque les propres lieux de vie des vivants. Le seul moyen offert ànos ancêtres Cro Magnon de conserver le souvenir de leursmorts était de tracer, à un endroit d’où la vie était absente, unesilhouette destinée à rendre hommage au disparu, à l’instar desmonuments élevés aux disparus en mer ou aux poilus morts aufront sans sépulture, l’empêchant ainsi de venir hanter lesvivants. Nous avons ainsi l’impression d’échapper aux consé-quences de la mort.

5 - Le bestiaire de l’immortalité (Prof Patrick Berche,microbiologiste, directeur de l’Institut Pasteur de Lille).

Certains êtres humains jouissent d’une longévité particuliè-re (Jeanne Calment a vécu 122 ans) ; mais c’est surtout le casde certaines espèces zoologiques, notamment éponges etcoraux, qui pourraient atteindre, voire dépasser, 2000 ans etsurtout d’espèces botaniques, en particulier marines. En fait,«chaque colonie de ces plantes a une vie beaucoup plus cour-te, mais l’organisme global possède un patrimoine génétiqueidentique et immuable depuis la naissance du premier clone».Chaque espèce semble programmée pour mourir à un âgedonné.

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11 - L’immortalité de l’univers : une approche teilhar-dienne (Prof Thierry Magnin, physicien, théologien et recteurde l’Université catholique de Lyon).

L’approche de l’immortalité de l’univers serait liée, selon lePère Teilhard de Chardin, à «la résurrection de la chair»,article du Symbole des Apôtres, le Credo des chrétiens.

12 - L’immortalité de la matière (I) - Ce qu’en dit lascience (Dr Caroline Vincent-Donnet, physicien nucléaire,théologienne, Saint-Etienne, et Prof Christophe Donnet, Uni-versité Jean Monnet de Saint-Etienne, théologien, physico-chi-miste).

Notre condition mortelle est une certitude absolue : nos cel-lules se dégradent, sous forme de molécules constituées de par-ticules élémentaires dénommées atomes (c’est-à-dire indivi-sibles) par les Grecs ; les atomes ne se décomposent pas etseraient donc immortels, du moins jusqu’à la fin du monde parl’explosion finale du soleil ; nous n’avons à ce jour aucune cer-titude à ce sujet et nous sommes en fait préoccupés par l’usuredes matériaux que nous constatons quotidiennement et quisemble aller contre la perspective de leur immortalité ; lesrecherches en physique, chimie, biologie ont permis de consta-ter que les mécanismes de l’évolution rendent la matière sanscesse de plus en plus élaborée et autonome ; l’homme a aboutià un «état d’organisation de la matière qui semble inégalé dansune marche vers de plus hauts états de conscience collective».

13 - L’immortalité de la matière (II) - Une perspectivechrétienne (Prof Christophe Donnet et Dr Caroline Vincent-Donnet).

L’apparition de la vie animale franchit un seuil supplémen-taire, avec l’autonomie du mouvement, géré par un organe«directeur» individualisé, doté d’une exceptionnelle complexi-té, le cerveau. Dans Le Phénomène humain, le Père Teilhard deChardin esquisse une montée progressive de la «complexité-conscience» dans l’univers ; la tradition judéo-chrétienneapporte un éclairage intéressant : le Dieu judéo-chrétien est unDieu créateur, distinct de l’univers, qu’il crée dans le plus granddénuement (récit biblique de la Genèse). Création et évolutionsont les deux faces d’un même processus réalisé par le «Dieualpha créateur» et le «Dieu oméga évoluteur» ; le mal, la souffrance et la mort sont les mystérieux corollaires de l’évolution.

14 - Christianisme et immortalité (Mgr Marc Aillet,évêque de Bayonne, Lescar et Oloron, théologien).

Dès les temps préhistoriques, la plupart des civilisations ontentrevu une certaine forme de vie après la mort, mais cette vieressemblait fort à notre vie d’ici-bas ; c’est encore le cas duCoran. L’Evangile, par contre nous apporte une nouveauté radi-cale : «Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son fils unique,afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vieéternelle» (Jn, 3, 16). Dans de nombreuses paraboles citées parMatthieu et Luc, Jésus parle de la vie éternelle ; il affirme aussila séparation des bons et des méchants et la réalité de la Résur-rection, ainsi qu’un jugement dernier, illustré dans le texte par lareproduction d’un détail du «Jugement dernier» de Fra Angelico.

phologiques, physiologiques et des comportements très diffé-rents. C’est aussi dans la famille des formicidés que l’on trou-ve les pires envahisseurs de la planète.»

La génétique joue un rôle dans l’organisation sociale desfourmis : un «supergène», Gp 9, issu d’un réarrangement qui asoudé entre eux six cent gènes, agit comme un «chromosomesocial» et comporte deux formes, B et b. Ce supergène influen-ce aussi la physiologie, l’odeur et le comportement des reines etdes ouvrières.

Ces différentes caractéristiques confèrent aux formicidésune pérennité bien proche de l’immortalité.

7 - Pratiques funéraires et rituels d’immortalité (Prof. Bertrand Ludes, Université de Paris Descartes, médecinlégiste).

Certains rites funéraires, comme les pratiques d’embaume-ment, sont destinées à ralentir le processus naturel de putréfac-tion, afin de libérer l’âme du défunt, car le corps peut êtreconsidéré comme un obstacle à l’immortalité. Dans l’Egypteancienne, la mort était perçue comme un passage vers un au-delà prometteur et la momification facilitait ce passage.

8 - Mathématiques et immortalité : une équation impos-sible ? (Prof Jacques Thévenaz, Université de Lausanne).

Le mathématicien vit dans un monde de vérité scientifique,de logique implacable, de théorèmes; il est familier de l’infiniqu’on trouve en divisant par 0 ; or ainsi, l’infini mathématiqueest bien proche de l’immortalité. Le théorème de Pythagore,une fois démontré, l’équation d’Euler, une fois établie, sont-ilsimmuables, immortels ? A première vue, la réponse semblepositive.

9 - L’immortalité est-elle cachée dans nos gènes (Prof.Gérard Waeber, Université de Lausanne, interniste, et Dr Sabi-ne Waeber, Institut universitaire de pathologie de Lausanne).

La génétique est la science qui étudie la transmission trans-générationnelle d’informations biologiques à notre descendan-ce ; l’ADN en est le support, mais, selon les chercheurs duconsortium ENCODE (acronyme pour Encyclopedia of DNAElements), 80 % seulement du génome seraient «fonctionnels» ;par ailleurs, l’ADN est trop instable pour assurer une transmis-sion éternelle, bien que des arguments scientifiques soient enfaveur d’une théorie de l’ADN «immortel». Par ailleurs, l’épi-génétique désigne des «signatures» influencées par l’environ-nement qui s’ajoutent au génome et peuvent être transmisesd’une génération à l’autre sans atteindre formellement laséquence des nucléotides (code génétique).

10 - Immortalité, propriété intellectuelle et dignitéhumaine (Prof Charles Joye, Université de Lausanne, docteuren droit).

Milan Kundera (1990) établit une distinction entre «la peti-te immortalité, souvenir d’un homme dans l’esprit de ceux quil’ont connu» et «la grande immortalité, souvenir d’un hommedans l’esprit de ceux qui ne l’ont pas connu» ; c’est reconnaîtreindirectement l’immortalité de l’âme.

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Notre culte des morts serait né de l’espérance de l’immorta-lité. Les pratiques de l’immortalité chez les Grecs anciens à lafin du 5ème siècle avant l’ère chrétienne, période proche de l’apo-gée de la civilisation athénienne, comprenaient des lamellesfunéraires d’or portant un texte gravé ; elles étaient déposéesprès des cadavres inhumés dans leurs tombes, ou sur la poitri-ne, ou dans la main droite du défunt, passeport pour l’au-delà.Un cyprès planté près de sa tombe semble avoir été un point derepère dirigeant le défunt vers le «Lac de Mémoire». Il existaitd’autres moyens permettant aussi d’acquérir l’immortalité, despoèmes d’éloge en hommage au défunt, la consommation debreuvages spécialement préparés (kukeôn). La pratique des artsdes muses, (poèmes de Sappho, récit de l’Hymne homérique),avaient également un pouvoir immortalisant. On peut ainsireconnaitre l’immortalité au mérite, obtenue par l’acte devaleur, pour les héros et pour les grands hommes, et par l’ac-complissement du rituel, pour les simples mortels.

18 - «A eux l’immortalité, à nous le souvenir»(Prof Murielle Louâpre, littérature française, Université ParisDescartes).

La devise de l’association du Souvenir français, «A euxl’immortalité, à nous le souvenir», créé après la guerre de 1870,semble opposer les morts immortels, arrachés à la conditionordinaire par leur sacrifice, aux célébrants de leur culte, autrecollectif puisqu’il s’agit de «nous», et qui produisent le «souve-nir». Le Dictionnaire de l’Académie française soutient avecune permanence remarquable que l’immortalité est la «perpé-tuation indéfinie du souvenir». C’est du souvenir que procèdel’immortalité, et c’est parce que l’immortalité n’existe pas enelle-même mais «pour les hommes» (pour les survivants) qu’el-le relève de la mémoire. Le premier moment de cette confron-tation de l’Histoire à l’immortalité remonte sans doute aux viesd’hommes illustres ; depuis Plutarque et ses Vies parallèles, lamode s’en perpétue, que ce soit sous forme littéraire, avec desœuvres telles que le De Viris illustribus de Saint Jérôme (4ème

siècle), ou picturale comme la galerie des hommes illustres duChâteau de Beauregard (Loire), sans oublier les monuments,bustes et statues, en particulier les monuments aux morts élevésdans chaque commune française.

19 - Psychiatrie et immortalité (Prof Jacques Besson, Uni-versité de Lausanne).

Penser l’immortalité relève-t-il du registre psychiatrique ?Déjà au temps d’Hippocrate, l’aube de la médecine scientifiquetolérait la consultation du dieu guérisseur Asclépios et, auxtemps préhistoriques, le chamane cumulait naturellement lesdeux fonctions de prêtre et de médecin. Aaron Antonnovsky, unsociologue médical israélo-américain rescapé d’Auschwitz,reproche aux médecins d’être «uniquement préoccupés par lescauses des maladies, leur pathogenèse, au lieu de s’intéresserà ce qui pourrait contribuer à leur guérison (…)»

20 - L’immortalité «prouvée expérimentalement» :Louis-Alphonse Cahagnet, le Swedenborg d’Argenteuil(Prof Michel Pierssens, littérature française, Université deMontréal).

15 - Anthropologie de l’immortalité (Prof Olivier Garraud,Université Jean Monnet de Saint-Etienne, immunologiste).

Le concept d’immortalité est probablement plus complexeencore à caractériser que l’objet de l’anthropologie. Une desbases du christianisme est que la foi est donnée par Dieu ; cetteassertion est aussi valable pour le judaïsme ou l’islam et sansdoute pour d’autres religions, mais pas pour les philosophiesreligieuses et les cultes magiques. Régis Debray remarque queles moines (chrétiens, bouddhistes), malgré leur abstinence, ontmaintenu leurs monastères pleins des siècles durant, montrantainsi une forme particulière de la fécondité disjointe de l’inter-fécondité sexuelle. La peur de la maladie et de la mort, si répan-due, est peut-être l’échec le plus sensible du «religieux». Si lamaladie et la mort inquiètent à ce point les croyants et parmieux les croyants-pratiquants, c’est que la racine est plantée pro-fondément, au-delà de ce que la promesse de la résurrectionpeut inviter à dépasser ; et elle semble ancestrale.

16 - Monuments immortels (Maurice Culot, architecte,urbaniste Paris).

Pour un architecte, l’immortalité n’est pas une question, maisun objectif. Ce n’est pas parce que la tour Eiffel est devenue indis-sociable du paysage parisien que ceux qui ont signé la pétitioncontre son érection ont eu tort. Bien au contraire, les pétitionnairesavaient conscience du symbole que constituait la Dame de fer :celui de la victoire des ingénieurs sur les architectes. Autrementdit, le passage d’une ère artistique à une ère industrielle et fonc-tionnaliste. Que la pétition contre la tour Eiffel n’ait heureusementpas été suivie d’effets n’enlève rien à sa pertinence. Ceux qui ontprotesté cent ans plus tard contre la construction de la pyramidedu Louvre étaient tout aussi conscients que l’introduction d’unobjet tombé du ciel dans la cour du palais le plus prestigieux deFrance ouvrait la boite de Pandore. Ce qui vaut pour la terre vaut-il pour la mer ? Le Normandie a été conçu à l’origine comme unpalace monumental flottant destiné à faire connaître par-delà lesmers la grandeur des arts français. Sa fin misérable dans le port deNew York n’a pas effacé sa magie.

Si les monuments commémoratifs des champs de batailles,qui se sont multipliés après la Grande Guerre, émargent tou-jours à la sculpture, les nécropoles et les ossuaires relèvent plu-tôt de l’architecture et de l’art des parcs et jardins, comme c’estle cas à Douaumont, ou encore à Vimy, mémorial canadien. Legénial inventeur François Hennebique (1842-1921) se doutait-il, lorsqu’il allait fonder son empire du béton armé, que cematériau allait changer la donne du tempo architectural ? Unmatériau qui résiste à tout, aux incendies, aux bombes, auxtremblements de terre. Aux mains des militaires, le béton arméva révéler sa vraie nature éternelle. C’est à lui qu’il est faitappel pour réaliser le Mur Atlantique, avec ses milliers de bun-kers et de blockhaus, du Pays basque à la Norvège : treize mil-lions de mètres cubes de béton coulé en moins de quatre annéespar quelques 300 000 travailleurs forcés. Ce monumental col-lier européen de béton est toujours en place aujourd’hui.

17 - Cheminements et pratiques d’immortalité en Grèceancienne (Prof Claude Calame, helléniste et anthropologue,Université de Lausanne).

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les fioles. L’extraction et la purification de l’ADN sur deséchantillons anciens, plusieurs fois millénaires ou centenaires,sont possibles bien que parfois particulièrement difficiles dufait de la dégradation de l’ADN ancien et de la contaminationdes échantillons par de l’ADN exogène. En l’occurrence, lesrésultats obtenus des analyses effectuées une dizaine de fois parla même équipe dans des conditions rigoureusement identiquessur le matériel des fioles sont bizarrement inconstants. Le maté-riel génétique analysé correspond sans doute à un individu desexe masculin appartenant à Homo sapiens sapiens. Mais ilexiste en plus des marqueurs spécifiques de plusieurs haplo-groupes ; des signaux constants sont retrouvés lors de chaqueanalyse, mais aussi des signaux qui varient d’une analyse àl’autre, comme s’il y avait un mélange de différents patrimoinesgénétiques : il n’y en a toujours que deux : celui d’un individud’origine européenne, mélangé à celui d’un sujet dont le géno-me possède des marqueurs appartenant à tous les haplogroupeshumains connus, mais ne s’exprimant que par intermittence lorsdes analyses successives … comme si ces marqueurs ne pou-vaient s’exprimer ensemble.

Les membres du laboratoire à qui ont été confiés les reliquessont convaincus qu’il ne s’agit pas d’un artefact. Ils se trouventen face d’un phénomène reproductible, dont l’interprétationscientifique leur échappe. Ils n’ont qu’un mot pour exprimerleur trouble : «Diabolique !»

Par contre, la traduction des manuscrits ne fut pas trop dif-ficile pour le latiniste de l’équipe : il y a plusieurs lettres dulégionnaire Crassus à son épouse et aux membres de sa famillenarrant les circonstances dans lesquelles il recueillit les reliqueslors de la mort de Jésus, en l’an 32, ainsi que les raisons quipoussèrent le légionnaire à les remettre aux membres de safamille, afin d’en conserver le mystère et la conservation, et àleur demander de les conserver secrètement jusqu’à la fin destemps. Mais on ignore dans quelles circonstances reliques etparchemins sont parvenus à Saint-Maurice d’Agaune.

23 - Les immortels meurent aussi (René de Obaldia, del’Académie française, poète, romancier, dramaturge).

Qui pense immortalité s’attaque inexorablement au temps,dont Jean Cocteau disait «le temps, c’est de l’éternité pliée». Etc’est bien à propos des membres de l’Académie française queRichelieu, leur fondateur, a lancé la fière devise : «l’immortali-té». L’appellation leur est restée, les Immortels, un peu familiè-re peut-être, mais avec une nuance d’admiration et parfois d’en-vie. Immortels dans notre souvenir ?, soit ; mais dans la vie, ilsmeurent aussi, comme nous tous.

24 - Postface : le médecin, la vie, la mort et l’immortali-té (Prof Christian Hervé, médecin, éthicien, Université ParisDescartes).

La médecine est une confrérie de personnes qui adhèrentsans retenue d’aucune sorte à un socle éthique antérieurementdéfini par Hippocrate. C’est une confrérie particulière puisquele médecin côtoie la vie et la mort et son métier est d’assisterautrui, tout pouvant lui être dit.

Alain CHIPPAUX et Claude CHIPPAUX-HYPPOLITE

Louis Alphonse Cahagnet, né à Caen en 1809, fut long-temps un simple ouvrier tourneur en chaises qui vivait à Argen-teuil, banlieue encore très villageoise au milieu du 19ème siècle ;il fut un des premiers magnétiseurs à évoquer les morts, sinonle tout premier, ce qui fait de lui le précurseur du spiritisme enFrance. Dans un de ses nombreux ouvrages, Lumière des morts,paru en 1851, il rappelle : «Qu’on n’oublie pas que je suis l’en-fant de l’atelier, que je ne dois point aux écoles des hommes ceque je dis, ni ce que je suis.» Ailleurs, il affirme «qu’il n’y a pasde supériorité ni d’infériorité entre l’état de travailleur et l’étatde penseur». Très vite, il eut un ascendant considérable sur ungrand nombre de gens, qui se poursuivit jusqu’à sa mort en1885.

Hector Durville, un de ses commentateurs, est sans doutel’auteur de ce jugement qui le caractérise bien : «Malgré le peude solidité de ses théories magnétiques, il est incontestable queCahagnet fut un grand penseur et surtout un infatigable vulga-risateur.»

21 - Demeurer immortel : autour de Jean Troillet, unmontagnard hors du commun (Pierre-Dominique Chardon-nens, écrivain, Lausanne).

«Nous savons bien nous tous, mortels adultes, que nospitoyables carcasses seront tôt ou tard relayées par le souvenir.Celui-ci sera d’ailleurs plus ou moins vivace, plus ou moinslumineux, souvent éphémère et pour les plus brillants d’entrenous, vaguement éternel». Notre tendance quasi obsessionnelleà opposer la mort à l’immortalité sous ses diverses formes estdevenue un sujet de société très populaire. L’avènement desjeux vidéo et les vies multiples dont héritent les joueurs, ou plu-tôt leur avatar, sont là pour nous le rappeler. Pour expliquer leursuccès, on peut citer Freud qui prétend que «personne ne croità sa propre mort et que dans son inconscient, chacun est per-suadé de son immortalité».

Pour expliquer ses propos, l’auteur présente un «monta-gnard hors du commun», Jean Troillet, qui collectionne lesascensions en augmentant les difficultés, comme par exemple lefait de ne pas s‘encorder.

22 - Ainsi soit-il (Prof Jean-Daniel Tissot, Université deLausanne, Dr Philippe Schneider, hématologiste, Lausanne etAmaury Tissot, historien, Service régional de transfusion san-guine, Lausanne).

Trois compères assistaient à un colloque internationalconsacré à saint Maurice. Lors d’une pause, l’un d’eux, latinis-te rencontra un homme qui déclara être en possession d’uneboîte en bois et de rouleaux de parchemin qui lui semblaientanciens, mais en bon état. Ces objets avaient été subtilisés parson grand-père à la fin du 19ème siècle, aux premières fouillesarchéologiques menées sur le site de l’Abbaye de Saint-Mauri-ce d’Agaune, qui mirent au jour le tombeau de saint Maurice.La traduction des parchemins par le latiniste révéla que lesfioles contenues dans la boîte contenaient des reliquesrecueillies par un légionnaire romain à Jérusalem lors de la Pas-sion de Jésus, ensuite conservées secrètement de génération engénération au sein de familles coptes. Le trio décida d’effectuerdes analyses génétiques sur le matériel biologique contenu dans

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CONSEIL D’ADMINISTRATION

A) MEMBRES DU BUREAU

- Président : Pr. Pierre SALIOU, Docteur en médecine

- Vice-présidents : Jean-Luc GUESDON, Docteur ès sciences

Pr. Anne BOUVET, Docteur en médecine

- Trésoriers : Catherine DE SAINT-SARGET, Scientifique

Jean-Paul PENON, Docteur en pharmacie

- Secrétaires généraux : Jean-Claude KRZYWKOWSKI, Pharmacien

Catherine OFFREDO, Docteur en médecine

- Archiviste : Michel DUBOS, Docteur en médecine*

B) RESPONSABLES DE COMMISSIONS- Activités culturelles : Claude MARQUETTY, Docteur en pharmacie

Catherine OFFREDO

François POTY, Docteur en médecine

- Admissions : Michel BERNADAC, Docteur vétérinaire

- Bulletin : Paulette DUC-GOIRAN, Docteur en médecine

Pr. Anne BOUVET

- Communication et Relations internationales :Jacques POIRIER, Docteur vétérinaire

- Entraide : Catherine DE SAINT-SARGET

- Finances : Catherine DE SAINT-SARGET

et Jean-Paul PENON

- Séminaires à distance : Jean-Luc GUESDON

C) AUTRES CONSEILLERSPaul T. BREY, Docteur ès Sciences

Alain CHIPPAUX, Docteur en médecine

Pr. Philippe CRUAUD, Docteur en pharmacie

Valérie GUEZ-ZIMMER, Docteur ès sciences

Mireille HONTEBEYRIE, Pharmacien, Docteur ès sciences

Paul-Emile LAGNEAU, Scientifique

Yvonne LE GARREC, Docteur en pharmacie*

Pr. Jean-Marc PERSON, Docteur vétérinaire

Daniel VIDEAU, Docteur vétérinaire*

Georges YAZIGI, Docteur en médecine

------------- CONSEILLERS ÉLUS ET CONSEILLERS À VIE* ---------------

-------- CONSEILLERS HONORAIRES ---------

Pr. Bernard DAVID, Docteur en médecine

Pr. Jean-Claude TORLOTIN, Docteur en pharmacie

Pr. Pierre VERGEZ, Docteur en médecine

Pierre VILLEMIN, Docteur vétérinaire

BIENFAITEURS

ADRESSE ET SECRÉTARIAT

Nous remercions la Direction générale de l’Institut Pasteur,ainsi que les nombreux amis qui contribuent généreusement au succès des activités de l’Association.

AAEIP, 28 rue du Docteur Roux, F-75724 Paris Cedex 15Tél. et télécopie : 01.45.68.81.65. www.aaeip.fr

La Banque Postale : 13.387.59 D Paris

----- CONSEILLERS DÉSIGNÉS PAR LA DIRECTION DE L’INSTITUT PASTEUR-----François ROUGEON, Professeur émérite à l’Institut Pasteur

Monica SALA, Directrice Déléguée à l’Enseignement

SECRÉTARIAT : Véronique CHOISY - Mél : [email protected]

PRÉSIDENT FONDATEUR : Pierre BRYGOO, Docteur en Médecine �PRÉSIDENT D’HONNEUR : Professeur Christian BRÉCHOT, Directeur général de l'Institut Pasteur

COTISATION ET ABONNEMENT 2015

Cotisation (33 a) et Abonnement (47 a) pour les membres titulaires de l’Association, en activité .............. 80 aMembres correspondants ................................................................................................................................ 50 aAbonnement.................................................................................................................................................... 49 aPrix du numéro................................................................................................................................................ 15 a

Les tarifs sont dégressifs : retraités (68 a), couples membres titulaires en activité (94 a) et à la retraite (78 a), membres correspondants (50 a), étudiants non titulaires d’un emploi rémunéré (à partir de 14 a)

Bulletin publié par L’ASSOCIATION DES ANCIENS ÉLÈVES DE L’INSTITUT PASTEUR Directeur de la Publication : Professeur Pierre SALIOU

La revue comprend 32 pages ISSN 0183-8849 - Inscription à la Commission paritaire N° 0310 G 86175 - Dépôt légal 4ème trimestre 2015

Conception-Edition : OPAS - RCS Paris B 333 953 12341, rue Saint-Sébastien - 75011 PARIS - Tél. : 01 49 29 11 20

Editeur Conseil : J.P. KALFON - Imprimerie : One Communication

ARTHROPODES VECTEURS D’AGENTS PATHOGÈNES

• ÉDITORIAL : ARTHROPODES HÉMATOPHAGES, HÔTES ET VECTEURS

D'AGENTS INFECTIEUX : BACTÉRIES, VIRUS

ET PARASITES p. 111Geneviève MILON

• ENTOMORIIP, DES ÉQUIPES D’ENTOMOLOGISTES

AU SEIN DU RÉSEAU INTERNATIONAL

DES INSTITUTS PASTEUR p. 112EntomoRIIP, a link between entomologists within the Institut Pasteur International NetworkCatherine BOURGOUIN

• PLAIDOYER POUR L’ENTOMOLOGIE MÉDICALE p. 115Plea for Medical Entomology Didier FONTENILLE

• ASPECTS ZOONOTIQUES DES INFECTIONS

À TRANSMISSION VECTORIELLE p. 120Zoonotic Aspects of Vector-Borne InfectionsAnna-Bella FAILLOUX et Sara MOUTAILLER

ACTUALITÉS DU RÉSEAU INTERNATIONALDES INSTITUTS PASTEUR

• INSTITUT PASTEUR DE LA GUYANE

- 75 ans au service de la recherche et de la santé publique en Guyane - p. 128Mirdad KAZANJI

• PALUDISME : UNE MUTATION CONTRECARRE

LA RÉSISTANCE À LA CHLOROQUINE p. 129

• AUTRES NOUVELLES DU RIIP p. 130

VIE DE L’ASSOCIATION• VIE DES COMMISSIONS p. 131• LE CARNET DE L’AAEIP p. 132

- MÉDAILLE D’OR DE LA LIGUE CONTRE

LE CANCER À YVONNE LE GARREC p. 132- DÉCÈS p. 132

NOUVELLES DE L’INSTITUT PASTEUR• FORMATION p. 133• RECHERCHE / PARTENARIATS p. 133• COLLOQUES p. 133• GOUVERNANCE p. 134• DISTINCTIONS p. 134• PUBLICATION p. 135• ANNIVERSAIRE ET VISITES p. 135• GÉNÉROSITÉ p. 136• NÉCROLOGIE p. 136

LIVRES• NOS LECTURES

- Le parasite, le moustique, l’homme… et les autres - essai sur l’éco-épidémiologie des maladies à vecteurs - p. 137François RODHAIN ; analyse par Edouard LEFEVRE

- L’immortalité p. 138Sous la direction de Jean-Daniel TISSOT, Olivier GARRAUD, Jean-Jacques LEFRERE et Philippe SCHNEIDER ; analyse par Alain CHIPPAUX et Claude CHIPPAUX HYPPOLITE

CONSEIL D’ADMINISTRATION, BIENFAITEURS ET SECRÉTARIAT p. 143

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SOMMAIRE

ASSOCIATION DES ANCIENS ÉLÈVES

DE L’INSTITUT PASTEUR

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