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MOUSCRON COMINES ESTAIMPUIS Vendredi 23 décembre 2016 1 CM WWW.LAVENIR.NET Thomas TURILLON L a probabilité d’un troisième centre commercial sur notre territoire devient de plus en plus sérieuse. Par la voix de Simon Varrasse, Écolo a ramené le sujet lors du conseil communal de lundi. Alfred Gadenne a indiqué que la Ville ne voterait pas contre le projet, rappelant qu’il ne pou- vait pas aller à l’encontre des in- tentions du propriétaire des terres mais qu’il n’oubliait pas pour autant le centre-ville en souf- france. Dans ce contexte est réap- parue l’idée d’un échevin du Com- merce, proposition de campagne aux dernières élections commu- nales de la part du MR entré dans la majorité… mais dont le souhait n’a finalement pas été retenu. Un supradéploiement de béton en pé- riphérie et une souffrance en son cœur semblent plus que jamais donner un sens au poste. Un concept canadien pour la dynamique commerciale Nous sommes allés à la rencon- tre d’un de nos voisins pour mieux comprendre sa fonction d’échevin du Commerce : Rudolf Scherpereel l’est à Courtrai depuis les dernières élections. L’homme d’affaires (il s’est chargé du lance- ment de la marque Toshiba en Bel- gique) souhaitait, lui aussi, se faire entendre. C’est sa maîtrise des réa- lités commerciales qui lui ont per- mis d’obtenir légitimement un bureau en l’hôtel de ville. Lorsqu’on indique que, malgré quasiment 60 000 âmes peuplant l’entité, Mouscron n’a pas d’éche- vin du Commerce, c’est l’incom- préhension totale. Il ne com- mente ni ne juge la cité des Hurlus mais son visage en dit long sur le fait de ne pas avoir la base de la base en matières échevinales. D’emblée, M. Scherpereel et son conseiller, Steven Lecluyse, évo- quent leur BID. « Business Improve- ment District, concept canadien. C’est l’organisation des commerces du cen- tre-ville dans laquelle 3 acteurs inter- viennent : la ville de Courtrai, Unizo (Union des indépendants) et le centre commercial « K in Kortrijk » qui a permis un déménagement des com- merces de l’extérieur de la Ville vers le centre. On vient d’y associer sept villes de l’entité se trouvant tout autour de Courtrai. Depuis quelques semaines, nous venons de lancer un plan straté- gique commercial. » Il s’agit de sept points prioritaires sur lesquelles le BID se focalise : « Un noyau ren- forcé en jouant sur les primes, de la convivialité, l’optimisation de l’offre avec un bon mix commercial, la qua- lité des rues, le renforcement des ani- mations – lorsqu’un comité de rue met 1 € pour organiser quelque chose, Mouscron : la piste de l’échevinat du Commerce justifiée avec Mozaïk nous mettons également 1 €, le renfor- cement du confort avec des bancs par exemple et l’innovation digitale qui nous semble très importante. Le wifi est gratuit partout ». 30 % de cellules vides en moins avec l’augmentation de la taxe L’herbe n’est pas plus verte ailleurs si l’on fait un focus sur une tache bien visible : la Petite rue ou la rue de Tournai n’ont rien à envier au piétonnier courtrai- sien aussi peuplé de plusieurs cel- lules vides. Mais la cité des Épe- rons d’or a pris le taureau par les cornes. « Pour les cellules vacantes, on a mis deux mesures en place. Au bout d’un an de vacances, il y a une taxe de 150 € par m 2  multipliée par le nombre d’étages. Cette taxe vient d’être augmentée et elle aug- mente aussi chaque année de vacan- ces. Avec cette mesure, on a déjà réussi à diminuer de 30 % le nombre de cel- lules vides ! On a aussi décidé d’aider les jeunes qui veulent se lancer mais qui ont peur d’entreprendre. La loca- tion se fait à nos conditions durant un an, avec des garanties et un loyer mensuel de 150 à 600 €, avec du coa- ching. Tout le monde est gagnant : la Ville, le propriétaire et le jeune ! » Autre initiative que vous ignorez certainement : en mettant les pieds dans le piétonnier, vous êtes pistés du début à la fin ! « Les ondes émises par les GSM sont repérées mais on n’identifie pas les personnes, on voit juste les trajectoires. » Un exemple du bénéfice que cela a ap- porté ? « On a constaté qu’en ôtant simplement une fontaine, le flux com- mercial avait été amélioré ! » Chez nos voisins, la Grand-Place est devenue piétonne depuis quel- ques années. Après avoir reçu une volée de bois verts lorsque l’idée est apparue, aujourd’hui, aucun commerçant ne voudrait d’un re- tour en arrière. « On a fait le pari des parkings sous-terrains avec 30 minutes gratuites et places de sta- tionnement payantes dans les rues. Les commerçants étaient furieux au début, ils en redemandent mainte- nant ! » Pourquoi ils ont trouvé leurs adeptes là-bas et pas chez nous alors que la distance entre le parking Les Arts et les boutiques est pareille, si pas moindre ? La GCV deviendrait un outil de l’échevinat du Commerce Quant à la grande question qui est de savoir ce qu’il adviendrait de la Gestion Centre-Ville se char- geant notamment du dynamisme commercial ? Elle serait absorbée par l’échevinat du Commerce, de- venant ainsi l’un de ses outils et permettant de s’inquiéter par la même occasion au sort des com- merces de tous les quartiers… Courtrai regorge d’idées facilement calquables. L’échevin du Commerce et son équipe prouvent leur utilité. ÉdA « K ortrijk spreekt en doet mee » (« Courtrai parle et participe ») est une action incroyable : « C’est intégrer les citoyens directement dans la gestion de leur Ville ». Ils disposent d’un site internet où ils peuvent faire leurs proposi- tions spécifiques. Autre idée décrite comme gé- niale par les Courtraisiens et qui demande peu de moyens : chaque mois, quelques rues du grand Courtrai sont ciblées. Chaque maison reçoit alors une pancarte telle que vous en trou- vez dans les hôtels (« Ne pas dé- ranger ») mais sur laquelle l’ha- bitant est invité à noter une remarque, un conseil, un repro- che… « Une fois par mois, le di- manche, le bourgmestre et les éche- vins se rendent là où les cartons ont été distribués pour discuter… » L’ac- cueil peut être bon comme mau- vais mais le débat est créé. « Ils sont aussi invités à donner des cota- tions et on donne les résultats réper- toriés par la suite. Ils sont souvent très bons. » Le besoin de briser les barrières entre le peuple et l’élite passe aussi par le fait que, épisodi- quement, un quartier est investi pour proposer un barbecue par beau temps. C’est l’autorité cour- traisienne qui s’en charge « et ce sont les échevins qui font le service. Cela permet une proximité avec la population qui discute. Ce n’est pas elle qui doit venir ».  On est loin des permanences comme rare possi- bilité d’avoir une oreille… Le commerçant doit penser web Allons encore plus loin. Chaque Ville a son budget et ce sont ses dirigeants qui décident de l’utili- sation. « Par quartier, nous, nous di- sons « Nous avons tel budget. Que voulez-vous que nous fassions dans votre environnement ? » C’est au citoyen de choisir et on le réa- lise si cela est possible… » A Mouscron, on entend aussi « Internet fout tout en l’air ! » Autre mentalité à Courtrai où il est vu comme un apport. « On encourage à faire de la vente sur Internet, cela doit devenir une complémentarité. Un client qui fait ses courses aujourd’hui est un client qui fait notamment son shopping sur In- ternet et les propriétaires de maga- sins doivent l’avoir en tête, la vente se réinvente ! Cela demande une certaine éducation et une sensibili- sation des plus anciens mais cela en vaut la peine. » Certains com- merçants courtraisiens profi- tent ainsi de temps calmes en boutique ou ferment un jour pour se consacrer à la gestion des colis web. C’est d’ailleurs ce que vient de décider la bijoute- rie De Paepe sur le forum hurlu : elle lancera bientôt un site de vente pour ses bijoux. Comme quoi, cela bouge timi- dement chez nous mais cela bouge quand même… Peut-être que le mouvement serait un peu plus rapide si quelqu’un orchestrait l’ensemble. T.T. Internet : atout commercial et non faiblesse Une fois par mois, le dimanche, les citoyens d’une rue, d’un quartier, sont invités à échanger avec le bourgmestre et les échevins en l’annonçant avec une pancarte sur leur porte ! Les habitants reçoivent par la suite un document débriefant les échanges dans le quartier.

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MOUSCRONCOMINES ESTAIMPUIS

Vendredi 23 décembre 2016

1CM

WWW.LAVENIR.NET

● Thomas TURILLON

La  probabilité  d’un  troisièmecentre  commercial  sur  notreterritoire  devient  de  plus  en

plus sérieuse. Par la voix de SimonVarrasse,  Écolo  a  ramené  le  sujet lors  du  conseil  communal  de lundi.  Alfred  Gadenne  a  indiqué que la Ville ne voterait pas contrele  projet,  rappelant  qu’il  ne  pou­vait  pas  aller  à  l’encontre  des  in­tentions du propriétaire des terresmais  qu’il  n’oubliait  pas  pour autant  le  centre­ville  en  souf­france. Dans ce contexte est réap­parue l’idée d’un échevin du Com­merce,  proposition  de  campagne aux  dernières  élections  commu­nales de la part du MR entré dansla majorité… mais dont le souhaitn’a finalement pas été retenu. Un supradéploiement de béton en pé­riphérie et une souffrance en son cœur  semblent  plus  que  jamais donner un sens au poste.

Un concept canadien pourla dynamique commerciale

Nous  sommes  allés  à  la  rencon­tre  d’un  de  nos  voisins  pour mieux  comprendre  sa  fonction d’échevin  du  Commerce :  Rudolf Scherpereel l’est à Courtrai depuisles  dernières  élections.  L’homme d’affaires (il s’est chargé du lance­ment de la marque Toshiba en Bel­

gique) souhaitait, lui aussi, se faireentendre. C’est sa maîtrise des réa­lités commerciales qui lui ont per­mis  d’obtenir  légitimement  un bureau en l’hôtel de ville.

Lorsqu’on  indique  que,  malgréquasiment  60 000  âmes  peuplant l’entité,  Mouscron  n’a  pas  d’éche­vin  du  Commerce,  c’est  l’incom­préhension  totale.  Il  ne  com­mente ni ne juge la cité des Hurlusmais son visage en dit long sur le fait  de  ne  pas  avoir  la  base  de  la base en matières échevinales.

D’emblée,  M. Scherpereel  et  sonconseiller,  Steven  Lecluyse,  évo­quent leur BID. « Business Improve­ment District, concept canadien. C’estl’organisation des commerces du cen­

tre­ville dans laquelle 3 acteurs inter­viennent : la ville de Courtrai, Unizo (Union des indépendants) et le centrecommercial  « K  in  Kortrijk »  qui  a permis  un  déménagement  des  com­merces de l’extérieur de la Ville vers lecentre. On vient d’y associer sept villesde l’entité se trouvant tout autour de Courtrai.  Depuis  quelques  semaines, nous venons de lancer un plan straté­gique commercial. » Il s’agit de septpoints  prioritaires  sur  lesquelles le BID se focalise : « Un noyau ren­forcé  en  jouant  sur  les  primes,  de  la convivialité,  l’optimisation  de  l’offre avec un bon mix commercial, la qua­lité des rues, le renforcement des ani­mations – lorsqu’un comité de rue met1  €  pour  organiser  quelque  chose, 

Mouscron : la piste de l’échevinat du Commerce justifiée avec Mozaïk

nous mettons également 1 €, le renfor­cement du confort avec des bancs parexemple  et  l’innovation  digitale  qui nous semble  très  importante. Le wifi est gratuit partout ».

30 % de cellules vides en moins avec l’augmentation de la taxe

L’herbe  n’est  pas  plus  verteailleurs  si  l’on  fait  un  focus  sur une  tache  bien  visible :  la  Petite rue ou la rue de Tournai n’ont rienà  envier  au  piétonnier  courtrai­sien aussi peuplé de plusieurs cel­lules  vides.  Mais  la  cité  des  Épe­rons d’or a pris  le taureau par les cornes.  « Pour  les  cellules  vacantes, on a mis deux mesures en place.

Au bout d’un an de vacances, il y aune  taxe  de 150 € par m2 multipliée par  le  nombre  d’étages.  Cette  taxe vient  d’être  augmentée  et  elle  aug­mente aussi  chaque année de vacan­ces. Avec cette mesure, on a déjà réussià diminuer de 30 % le nombre de cel­lules vides ! On a aussi décidé d’aiderles  jeunes  qui  veulent  se  lancer  mais qui ont peur d’entreprendre. La loca­tion se fait à nos conditions durant unan,  avec  des  garanties  et  un  loyer mensuel de 150 à 600 €, avec du coa­ching. Tout le monde est gagnant : laVille, le propriétaire et le jeune ! »

Autre initiative que vous ignorezcertainement :  en  mettant  les pieds dans le piétonnier, vous êtespistés du début à la fin ! « Les ondes

émises  par  les  GSM  sont  repérées mais on n’identifie pas les personnes, on  voit  juste  les  trajectoires. »  Un exemple du bénéfice que cela a ap­porté ?  « On  a  constaté  qu’en  ôtant simplement une fontaine, le flux com­mercial avait été amélioré ! »

Chez nos voisins, la Grand­Placeest devenue piétonne depuis quel­ques années. Après avoir reçu unevolée  de  bois  verts  lorsque  l’idée est  apparue,  aujourd’hui,  aucun commerçant ne voudrait d’un re­tour  en  arrière.  « On  a  fait  le  pari des  parkings  sous­terrains  avec 30 minutes gratuites et places de sta­tionnement  payantes  dans  les  rues. Les  commerçants  étaient  furieux  au début,  ils  en  redemandent  mainte­nant ! »  Pourquoi  ils  ont  trouvé leurs  adeptes  là­bas  et  pas  chez nous alors que la distance entre leparking  Les  Arts  et  les  boutiques est pareille, si pas moindre ?

La GCV deviendrait un outil de l’échevinat du Commerce

Quant  à  la  grande  question  quiest  de  savoir  ce  qu’il  adviendrait de la Gestion Centre­Ville se char­geant notamment du dynamismecommercial ? Elle serait absorbée par l’échevinat du Commerce, de­venant  ainsi  l’un  de  ses  outils  et permettant  de  s’inquiéter  par  la même  occasion  au  sort  des  com­merces de tous les quartiers… ■

Courtrai regorge d’idées facilement calquables. L’échevin du Commerce et son équipe prouvent leur utilité.

ÉdA

« Kortrijk spreekt en doetmee »  (« Courtraiparle et participe ») est

une  action  incroyable :  « C’est intégrer  les  citoyens  directement dans  la  gestion  de  leur  Ville ».  Ils disposent  d’un  site  internet  où ils  peuvent  faire  leurs  proposi­tions spécifiques.

Autre  idée  décrite  comme  gé­niale  par  les  Courtraisiens  et qui  demande  peu  de  moyens : chaque mois, quelques rues du grand  Courtrai  sont  ciblées. Chaque maison reçoit alors unepancarte telle que vous en trou­vez dans les hôtels (« Ne pas dé­ranger ») mais sur laquelle l’ha­bitant  est  invité  à  noter  une remarque, un conseil, un repro­che…  « Une  fois  par  mois,  le  di­manche, le bourgmestre et les éche­vins se rendent là où les cartons ont

été distribués pour discuter… » L’ac­cueil peut être bon comme mau­vais  mais  le  débat  est  créé.  « Ils sont aussi invités à donner des cota­tions et on donne les résultats réper­toriés  par  la  suite.  Ils  sont  souvent très bons. » Le besoin de briser les

barrières entre le peuple et l’élitepasse aussi par le fait que, épisodi­quement,  un  quartier  est  investi pour  proposer  un  barbecue  par beau temps. C’est  l’autorité cour­traisienne  qui  s’en  charge  « et  ce sont  les  échevins  qui  font  le  service. 

Cela permet une proximité avec lapopulation qui discute. Ce n’est paselle qui doit venir ». On est loin despermanences comme rare possi­bilité d’avoir une oreille…

Le commerçant doit penser web

Allons encore plus loin. ChaqueVille  a  son  budget  et  ce  sont  ses dirigeants qui décident de l’utili­sation. « Par quartier, nous, nous di­sons « Nous avons tel budget. Quevoulez­vous  que  nous  fassions dans  votre  environnement ? » C’est au citoyen de choisir et on le réa­lise si cela est possible… »

A  Mouscron,  on  entend  aussi« Internet fout tout en l’air ! » Autrementalité à Courtrai où il est vu comme un apport. « On encourageà faire de la vente sur Internet, cela doit  devenir  une  complémentarité. Un  client  qui  fait  ses  courses 

aujourd’hui  est  un  client  qui  fait notamment  son  shopping  sur  In­ternet et les propriétaires de maga­sins doivent l’avoir en tête, la ventese  réinvente !  Cela  demande  une certaine éducation et une sensibili­sation  des  plus  anciens  mais  cela en vaut la peine. » Certains com­merçants  courtraisiens  profi­tent  ainsi  de  temps  calmes  en boutique  ou  ferment  un  jour pour  se  consacrer  à  la  gestion des colis web. C’est d’ailleurs ceque vient de décider la bijoute­rie  De  Paepe  sur  le  forum hurlu :  elle  lancera  bientôt  un site  de  vente  pour  ses  bijoux. Comme quoi, cela bouge timi­dement  chez  nous  mais  cela bouge quand même… Peut­êtreque  le  mouvement  serait  un peu  plus  rapide  si  quelqu’un orchestrait l’ensemble. ■ T.T.

Internet : atout commercial et non faiblesse

Une fois par mois, le dimanche, les citoyens d’une rue, d’un quartier, sont invités à échanger avec le bourgmestre et les échevins en l’annonçant avec une pancarte sur leur porte ! Les habitants reçoivent par la suite un document débriefant les échanges dans le quartier.