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NO. 01 JANVIER 2009 www.aduliban.com 01Madiniyat gendrés au niveau social et économique ont largement contribué à faire évoluer la discipline. Un besoin de dépasser les « monologues conceptuels » des Urbanistes-Architectes, devint de plus en plus pressant, ce qui ouvrit le métier d’urbanisme à une diversité de champs disciplinaires. Ainsi outre l’Urbaniste-Architecte agis- sant comme professionnel indépendant, ou employé de grandes firmes ou con- sultant des agences de l’Etat, on vint à découvrir d’autres façons de pratiquer le métier d’urbanisme. D’abord on a l’Urbaniste professionnel des stratégies et politiques de Dével- oppement. La remise en question du bien fondé de l’approche étatique en aménagement urbain et sa capacité à produire du développement, a poussé à l’élaboration d’une mouvance de dével- oppement urbain dite « par le bas » qui vise surtout à « habiliter » - empower – les gens et les rendre capables d’avancer, par leurs propres moyens, un développe- ment local qui puisse améliorer leur vie et leur milieu. De là le dépassement du car- actère quasi design de la discipline et son ouverture sur l’économie et la sociologie, en adoptant certaines de leurs méthodes L’urbanisme s’est développé comme discipline, à la fin du 19ème siècle dé- but du 20ème siècle, suite à une forte demande publique en Europe de spé- cialistes aptes à organiser l’espace urbain conformément à des normes, dites «modernes», d’ordre et de fonc- tionnalité. Les premiers urbanistes furent de fait les architectes et les ingénieurs civils des ponts et chaussées ainsi que ceux du transport, perçus comme les spécial- istes de l’organisation de l’espace. Ces gens, venant de disciplines où la «con- ception » - architecturale ou technique – est de rigueur, marquèrent la nouvelle discipline montante par les logiques et les façons de faire de leurs disciplines d’origine. Ainsi le fameux «plan urbain» ne fut autre qu’une remise à grande échelle du «plan architectural » tout en prenant en considération les implica- tions des logiques de transport et de services techniques. L’Architecte avec un grand « A » devint Urbaniste avec un grand « U ». Les dysfonctionnements des « plans urbains », leur incapacité à répondre à une réalité urbaine toujours plus com- plexe, et les implications qu’ils ont en- d’analyse, d’organisation et d’action. Comme on a connu, plus récemment, l’Urbaniste professionnel de la commu- nication et de la participation citoyenne. Avec le besoin de dépasser le « mono- logue » des Urbanistes concepteurs vient le besoin d’ouvrir les processus de prise de décision à d’autres acteurs, entre au- tres les gens qui subiront le plus l’impact de ces projets. Ainsi,avec le changement des esprits et les réformes législatives qui confortèrent le processus législatif, un besoin en professionnels capables d’organiser cette participation et de ren- dre les communications productives est né. Aujourd’hui nombre d’Urbanistes sont impliqués dans ce rôle et, de par leur savoir holistique concernant la Ville, ils commencent à s’imposer dans ce do- maine. On a aussi l’Urbaniste journaliste, écrivain ou éditeur. Avec l’intérêt gran- dissant que suscitent les questions rela- tives aux Villes, leurs développements, leurs politiques, la publication sur ces sujets s’est accentuée. On remarque ainsi depuis quelques décennies une prolifération de revues et des maisons d’édition spécialisées en Urbanisme. La prédisposition à un savoir et une sensi- bilité poussée concernant les questions urbaines favorise les urbanistes dans le domaine de la publication. Enfin on a l’Urbaniste enseignant- chercheur. Comme toute discipline académique, l’Urbanisme requiert un développement continu de son champ théorique et comme discipline appli- quée elle requiert aussi un certain ap- prentissage. Ainsi que se soit dans les écoles d’architecture, ou les facultés de géographie, sociologie ou de sciences politiques, de nouveaux départements, laboratoires ou unités de recherche s’ouvrent de plus en plus. Aujourd’hui plus qu’hier le système Ville porte tous ses mystères. De par sa nature holistique la dis- cipline de l’urbanisme rend le métier d’urbaniste très diversifié. Mais ce qui est sûr, c’est que la galaxie de l’Urbanisme est en pleine expansion. Pune – India (image google earth) La Galaxie de l’Urbanisme [JIHAD FARAH]

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NO. 01 JANVIER 2009

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gendrés au niveau social et économique ont largement contribué à faire évoluer la discipline. Un besoin de dépasser les « monologues conceptuels » des Urbanistes-Architectes, devint de plus en plus pressant, ce qui ouvrit le métier d’urbanisme à une diversité de champs disciplinaires.

Ainsi outre l’Urbaniste-Architecte agis-sant comme professionnel indépendant, ou employé de grandes fi rmes ou con-sultant des agences de l’Etat, on vint à découvrir d’autres façons de pratiquer le métier d’urbanisme.

D’abord on a l’Urbaniste professionnel des stratégies et politiques de Dével-oppement. La remise en question du bien fondé de l’approche étatique en aménagement urbain et sa capacité à produire du développement, a poussé à l’élaboration d’une mouvance de dével-oppement urbain dite « par le bas » qui vise surtout à « habiliter » - empower – les gens et les rendre capables d’avancer, par leurs propres moyens, un développe-ment local qui puisse améliorer leur vie et leur milieu. De là le dépassement du car-actère quasi design de la discipline et son ouverture sur l’économie et la sociologie, en adoptant certaines de leurs méthodes

L’urbanisme s’est développé comme discipline, à la fi n du 19ème siècle dé-but du 20ème siècle, suite à une forte demande publique en Europe de spé-cialistes aptes à organiser l’espace urbain conformément à des normes, dites «modernes», d’ordre et de fonc-tionnalité.

Les premiers urbanistes furent de fait les architectes et les ingénieurs civils des ponts et chaussées ainsi que ceux du transport, perçus comme les spécial-istes de l’organisation de l’espace. Ces gens, venant de disciplines où la «con-ception » - architecturale ou technique – est de rigueur, marquèrent la nouvelle discipline montante par les logiques et les façons de faire de leurs disciplines d’origine. Ainsi le fameux «plan urbain» ne fut autre qu’une remise à grande échelle du «plan architectural » tout en prenant en considération les implica-tions des logiques de transport et de services techniques. L’Architecte avec un grand « A » devint Urbaniste avec un grand « U ».

Les dysfonctionnements des « plans urbains », leur incapacité à répondre à une réalité urbaine toujours plus com-plexe, et les implications qu’ils ont en-

d’analyse, d’organisation et d’action.Comme on a connu, plus récemment,

l’Urbaniste professionnel de la commu-nication et de la participation citoyenne. Avec le besoin de dépasser le « mono-logue » des Urbanistes concepteurs vient le besoin d’ouvrir les processus de prise de décision à d’autres acteurs, entre au-tres les gens qui subiront le plus l’impact de ces projets. Ainsi,avec le changement des esprits et les réformes législatives qui confortèrent le processus législatif, un besoin en professionnels capables d’organiser cette participation et de ren-dre les communications productives est né. Aujourd’hui nombre d’Urbanistes sont impliqués dans ce rôle et, de par leur savoir holistique concernant la Ville, ils commencent à s’imposer dans ce do-maine.

On a aussi l’Urbaniste journaliste, écrivain ou éditeur. Avec l’intérêt gran-dissant que suscitent les questions rela-tives aux Villes, leurs développements, leurs politiques, la publication sur ces sujets s’est accentuée. On remarque ainsi depuis quelques décennies une prolifération de revues et des maisons d’édition spécialisées en Urbanisme. La prédisposition à un savoir et une sensi-bilité poussée concernant les questions urbaines favorise les urbanistes dans le domaine de la publication.

Enfi n on a l’Urbaniste enseignant-chercheur. Comme toute discipline académique, l’Urbanisme requiert un développement continu de son champ théorique et comme discipline appli-quée elle requiert aussi un certain ap-prentissage. Ainsi que se soit dans les écoles d’architecture, ou les facultés de géographie, sociologie ou de sciences politiques, de nouveaux départements, laboratoires ou unités de recherche s’ouvrent de plus en plus. Aujourd’hui plus qu’hier le système Ville porte tous ses mystères.

De par sa nature holistique la dis-cipline de l’urbanisme rend le métier d’urbaniste très diversifi é. Mais ce qui est sûr, c’est que la galaxie de l’Urbanisme est en pleine expansion.

Pune – India (image google earth)

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L’ADU a eu l’honneur d’accueillir dans son lo-cal mr Ziad Abdel Samad, pour une conférence à travers laquelle Mr Abdel Samad a fait aux membres de l’ADU la connaissance de ANND.

ANND, ‘Arab NGO Network for development’, dont Mr Abdel Samad est le directeur exécutif, est une organisation civile, indépendante qui cherche le renforcement des capacités de so-ciété civile, et la consolidation des valeurs de la démocratie et le respect des droits humains, ainsi que le développement durable dans la région arabe.

Ses actions à l’échelle nationale et interna-tionale vont dans trois directions : le dével-oppement, le commerce, et la démocratie.

Pour plus d’informations visiter le web site www.annd.org

Dans une cérémonie culturelle accueillie par l’institut des Beaux-arts à l’université Libanaise, Joseph Salamon, architecte et urbaniste diplômé de l’université libanaise a signé son premier ouvrage ‘Pédagogie de la ville’, sous le patronage du départe-ment de l’urbanisme et de l’association du développement urbain ADU.

Avec la présence du doyen de l’institut Dr.Hachem Ayyoubi, le directeur de l’IBA Mr Antoine Charbel, Dr Léon Telvizian fon-dateur du département d’urbanisme, et un nombre de chercheurs, de professionnels et d’étudiants, Dr Mosbah Rajab, directeur du département d’urbanisme a dirigé le débat qui a précédé la signature de l’ouvrage.

Selon l’auteur, l’objectif de cet ouvrage est de partager une réflexion sur les enjeux qui sous-tendent tout dialogue urbain ou débat public ciblé sur un projet urbain. Loin de donner des recettes, il propose des axes de réflexion, tout en présentant une expéri-ence Lyonnaise ciblée sur la pédagogie de la ville.

L’auteur mène des ac tiv ités d’enseignement aux universités Lyon 2 et Lyon 3 ainsi que des recherches portant sur le projet urbain, la concertation et les espaces publics.

Il anime des stages au centre national de la fonction publique territoriale, et il est également chef de projet en urbanisme opérationnel à la communauté urbaine de Lyon.

ANND, un pas sur le chemin du développement

La participation ou pédagogie de la ville

CAFE DE LA VILLE

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PHOTO WISSAM CHAAYA

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A la recherche du silence dans les villes européennes

Valets parking au Liban

Le ‘phénomène’ de valet parking est dev-enu, comme toute autre chose au Liban, une mode, c’est plutôt La mode. On les trouve partout, devant les boutiques, les restaurants, les hôpitaux, les banques…

Et bon, pourquoi pas! Enfi n nous sommes dans un pays libre, où tout le monde cher-che à faire ce qui lui convient. Qu’est ce qui est mieux d’arrêter sa voiture au milieu de la route, descendre avec nonchalance, donner ses clés du bout des doigts, et s’en aller, fi er et sûr ?

ESPACE PUBLIC

SILENCE, un projet de recherche co-fi nancé par la commission Européenne a développé une méthodologie pour mieux contrôler le bruit du transport dans les zones urbaines. Alors qu’on est maintenant vers sa fi n, le projet a dévoilé des technolo-gies nouvelles et des stratégies innovatri-ces pour réduire le bruit des trains et des voitures dans les villes européennes.

Quel est le problème du bruit?Les recherches montrent que le bruit

peut tuer, du fait qu’il augmente les ris-ques de la pression du sang et les attaques cardiaques. Le bruit dérange le sommeil et produit un impact très lourd sur la qualité de la vie quotidienne.

A part ses répercussions sur la santé, le bruit a des conséquences économiques, du fait qu’il réduit la valeur du logement, et il est par suite une raison principale pour que les gens quittent la ville et cherchent les zones suburbaines.

Pour cela les politiques de développe-ment et les recherches sur la réduction du bruit sont de plus en plus présentes dans l’agenda politique européen.

[OULA AOUN]

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[GEORGES HADDAD] Oui, un pays de liberté, mais la liberté d’un être est limitée à celle des autres. Et ces lib-ertés sont bien défi nies par la loi libanaise. Défi nies mais pas défendues !

C’est bien la liberté d’utilisation des espaces publics qu’on évoque ici. Ces espaces publics qui sont destinés à être utilisés par le pub-lic à tout moment, sont confi squés, depuis quelques années, par les valets parkings. Et malheureusement, il n’y a aucun organisme offi ciel qui les contrôle. Au contraire, on voit parfois passer des gendarmes juste à coté, et comme si s’est devenu un acte normal.

Les résultats du projet SILENCE:Le projet SILENCE a montré des diff érences

culturelles en ce qui concerne la production du bruit du trafi c. Il explique pourquoi les tramways sont acoustiquement meilleurs que les bus, etc…De nouvelles solutions technologiques ont été développées pour des

routes plus silencieuses ainsi que des logiciels qui analysent et mesurent les bruits.

De plus, le projet met en place une boite d’outils pour réduire les bruits du trafi c, ainsi que des outils pour les urbanistes en accord avec les Directives Européennes sur le bruit environnemental.

C’est scandaleux de passer dans des routes, et voir que les espaces à côtés des trottoirs, et même ceux qui sont marqués par des lignes blanches et réservés au parking public, sont clô-turés par des rubans ou par des barrages pour interdire aux gens de se garer, et réserver ces places aux clients d’un restaurant ou autre.

Donc, le problème est qu’un espace public est devenu occupé par certaines personnes ou certaines compagnies d’une façon illégale pour gérer un business.

La question qui se pose ici est: est-il accept-able que des citoyens interdisent l’utilisation d’un espace public aux autres pour qu’ils en profi tent pour le bon déroulement de leurs travaux ?

Si tout le monde est d’accord que c’est une at-teinte à l’espace public, symbole de démocratie, quelles en sont alors les alternatives?

De la part de l’Etat, il faut que le ministère de l’intérieur prenne une décision d’interdire toute utilisation illégale des espaces publics, et que tout ce qui est en relation avec la confi scation et l’usage inadéquat des espaces publics soit contrôlé par un cadre réglementaire.

Mais, en attendant la réaction de l’état, il faut que les gens ne soient pas intimidés par cet acte illégal, et qu’ils garent leurs voitures dans les espaces publics en sachant que c’est leur droit sacré.

Pour en savoir plus, visiter (www.silence-ip.org/site/)

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Politiques publiques et citoyenneté

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ESPACE PUBLIC

Le communautarisme a depuis toujours caractérisé la vie sociale et politique au Liban. L’appartenance de l’individu à la communauté a toujours prévalu sur son appartenance à l’état-nation. La citoyen-neté et son égale reconnaissance parmi les individus n’a jamais été de rigueur. Le système politique adopté au Liban ne semble pas pouvoir évoluer et s’adapter à la réalité libanaise. Cette situation nous porte à nous questionner sur l’adéquation du système politique et sur la possibilité et les moyens d’évoluer vers un autre model d’organisation politique, viable et accepté par tout le monde.

En effet, la structure de la société liba-naise, demeure essentiellement celle des regroupements communautaires tradition-nels. La démarcation nominale entre les communautés tient au culte de chacune d’elles. Structurée par un esprit de corps ex-clusif, la communauté matérialise son unité par des institutions propres (religieuses, culturelles, éducatives…) qui fournissent un encadrement permanent à ses mem-bres. Cette réalité sociologique des com-munautés est accentuée par le maintien d’un régime juridique qui préserve leur séparation les unes des autres. Les com-munautés sont ainsi dotées d’une pleine autonomie en matière de statut person-nel et à ce titre, considérées comme des personnes morales de droit public. De sur-croît aucune possibilité de sortir du cadre communautaire n’est offerte aux citoyens qui le désirent. Les frontières communau-taires qui traversent la société, sont fixées aussi au niveau de l’état, à travers ce qu’il est convenu d’appeler le confessionnalisme politique.

Malgré les principes de la constitution libanaise et les objectifs fixés par l’état qui insistent sur l’égalité, l’unité du pays, le développement équilibré des régions et l’amélioration du cadre de vie des citoyens, on est dans l’absence de toute tentative sérieuse, soucieuse de remédier à cette situation.

Une politique publique adéquate, se-rait elle en mesure d’aboutir à la citoyen-neté dans le cadre unifiant de la nation ? En d’autres termes, l’institution d’un état de droit au Liban aboutirait-elle à la citoy-enneté ?

Le texte qui suit traite la question du point de vue de l’urbaniste et établit un parallèle entre le cas Français et Américain, à la lu-mière des travaux du sociologue français Jacques Donzelot, présentant ainsi la poli-tique publique déployée dans chacun des deux pays et essayant de tirer des leçons profitables pour le cas Libanais.

La lecture de la société et des conflits qui l’agitaient se faisait à partir de l’opposition entre une minorité de privilégiés et une ma-jorité de défavorisés. De nos jours, notam-ment en Occident, il existe une séparation entre une majorité aisée et une minorité pauvre, faite d’une partie d’émigrés ré-cents et d’une partie de couches populaires d’ancienne souche, qui s’estime oubliée.

Cette logique de séparation qui se concré-tise par les besoins et les intérêts des différ-entes couches sociales, crée une désorgani-sation dans la société. Tel est le cas français où le problème n’est plus de résoudre une question sociale mais de déployer une poli-tique publique, pour enrayer la logique de séparation.

La séparation se traduit à travers la ville qui se défait et perd ses qualités de lieu de bras-sage et de mixité tel que nous l’entendons. Les français mettent l’accent sur la dimen-sion sociale plutôt que communautaire ou ethnique, puisqu’ils considèrent qu’il ne s’agit pas chez eux d’une question de race à l’instar des Etats-Unis, mais le risque de la transformation de la crise sociale en une cri-se raciale est toujours présent si le problème n’est pas traité convenablement. Les défa-vorisés, qui n’ont pas vraiment eu accès à l’emploi, sont d’origine étrangère, ils ont été recrutés pour des emplois non qualifiés que requéraient les grandes manufactures avant leur disparition. Ils se trouvent piégés dans les habitats sociaux lorsque les emplois disparurent. Cette population d’exclus ne disposant d’aucune prise sur la production, s’en prend à défaut aux signes de l’ordre. (Police, bâtiments publics...)

La France a déployé une politique qui se caractérise par une volonté déclarée de ré-soudre le problème, en l’affrontant directe-ment. Elle met l’accent sur la mixité, com-me valeur qu’il convient de préserver et de défendre face au repli sur soi, la citoyenneté, qui fait que tous partagent les mêmes droits et les mêmes devoirs, la proximité, destinée à rapprocher les services des habitants et

à restaurer le lien social qui se distend. La politique française vise ainsi à équilibrer la composition sociale de l‘espace urbain, fa-vorisant la mixité pour refaire la ville. Il s’agit de lutter contre l’éthnicisation du territoire et la formation des communautés. L’enjeu n’est pas de faire vivre un quartier ou une ban-lieue, mais de les fondre dans la ville car elle offre un niveau de vie suffisant pour exclure le recours aux solidarités que produit la si-militude communautaires. Le problème n’est pas tant la barrière qui empêche la mobilité des gens, que le territoire des banlieues dont la déqualification porte préjudice à ceux qui y vivent.

Par contre aux Etats-Unis l’objectif majeur est de permettre aux gens de franchir les barrières qui s’opposent à leur émancipation. Que ce soit des barrières dues au racisme ou à la désintégration sociale et la culture de dépendance.

La politique des Etats-Unis est en fait moins volontariste et plus incitative. En effet, le rêve américain (the american dream) n’est pas ce-lui de la ville en tant qu’espace commun mais celui de la société en tant que mode de vie (the american way of life) et celui-ci accorde plus d’importance à une manière d’établir des liens communautaires de voisinage qu’à l’espace urbain.

Il existe en fait un antagonisme idéologique entre une conception communautaire de la vie sociale aux Etats-Unis et une conception républicaine en France. La démarche fran-çaise se fonde sur une vision de citoyenneté qui élève l’individu au-dessus de son origine. Il s’agit de valoriser l’apprentissage de la cit-oyenneté, encourager une vie fondée sur la reconnaissance de l’égale citoyenneté des individus. Tous partagent les mêmes droits et les mêmes devoirs. Aux Etats-Unis la dé-marche encourage une sorte de vie asso-ciative basée sur la société des origines de chacun, valorisant l’établissement de liens privilégiés entre les habitants du quartier, et fédérant les forces élémentaires qu’elles constituent.

La lecture du cas libanais à la lumière de ses données, révèle l’absence d’une dé-marche claire et structurante de la part de l’état. La conception républicaine inspirée de la France ne semble pas convenir la réalité libanaise. La citoyenneté n’a pas aboutit à sa fin souhaitée. En effet, son apprentissage n’a jamais été de rigueur. Le communautarisme continue à prévaloir.

Par ailleurs, les deux démarches, française

[ALAIN WAKIM]

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ESPACE PUBLIC

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et américaine, établissent une relation dif-férente entre communauté et citoyenneté. La manière américaine établit une relation dialectique entre la notion de communauté et citoyenneté. Elle concilie les deux, et construit un étage intermédiaire entre la communauté et la citoyenneté. Avec la manière française, la relation n’est pas dialectique. Communauté et citoyenneté ne se croisent pas. Il n’est pas question de prendre appuis sur les commu-nautés ethniques ou religieuses pour constru-ire la citoyenneté.

Un enseignement pourrait-il se dégager pour le cas libanais ? S’agit-il de trouver un dosage équilibré entre citoyenneté et com-munauté ?

Les options prises aux Etats-Unis et en France se distinguent par la relation que chaque pays établit entre le territoire et la communauté. Il semble évident aux Etats-Unis que la communauté est supérieure au territoire alors qu’en France à l’inverse, tout découle de ce que le territoire prévaut sur la communauté. Aux Etats-Unis, le territoire est l’espace d’expression d’une communauté, son cadre d’évolution. La liberté des individus ré-side dans leur mobilité et dans leur faculté de s’associer pour former des communautés.

Ces relations inverses entre le territoire et la communauté tiennent certainement au mode de formation des deux nations. Le peuple-ment des Etats-Unis s’est fait par des migrants fuyant l’Europe autoritaire de l’époque, faisant ainsi de leur mouvement le principe de leur liberté. Le territoire se prête à son tour à cette même logique de quête d’un ailleurs qui per-mettrait de s’établir avec qui l’on désire pour être à l’aise.

En France tout fonctionne à partir du princ-ipe de dissolution des communautés car la souveraineté réside dans la nation qui se définit par le territoire et toute concentration d’une population sur une partie du territoire présente une menace directe à la nation.

Au Liban, les communautés, loin d’être ef-facées, semblent s’opposer à la conception républicaine. Leur concentration sur les terri-toires, porterait-elle préjudice à la souveraine-té de la nation ?

Pourquoi l’état au Liban ne semble-t-il pas vouloir répondre aux besoins des citoyens? Pourquoi sommes-nous dans l’absence de toute démarche structurante et volontariste soucieuse de régler les problèmes sociaux, économiques et politiques ? Serions-nous toujours dans un système féodal masqué d’un semblant de démocratie ? Le change-ment paraît-t-il ainsi être impossible au Liban ? L’amélioration et le redressement de la situ-ation n’est-il plus possible?

Partant de nos institutions officielles héri-tées du mandat français, la mise en œuvre d’un ensemble cohérent de politiques pub-liques est possible. Politique d’éducation, politique socio-économique, politique ur-baine… Ainsi l’état en s’occupant des gens et de l’amélioration de leur cadre de vie ou en d’autres termes, en déployant une poli-tique de la ville serait en train de réduire l’abîme qui existe entre l’individu et l’état et d’amorcer ainsi la construction de la citoyen-neté. La citoyenneté n’étant pas innée, elle s’apprend, se construit et s’entretient.

En recevant les différents équipements ainsi que les différentes prestations de services, les habitants des villes et des différentes régions du Liban auraient-ils plus d’appartenance à la nation qu’à la communauté? Accéderont-ils au statut de citoyen ?

La politique de la ville, pourrait-elle ainsi engendrer une action globale et constituer le moteur de l’action publique au Liban, à fin d’atteindre le modèle convivial, nation-al, souhaité, regroupant tous les libanais, malgré la diversité communautaire?

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Le village de Ain Zébdé se situe dans la Be-kaa Ouest, à une altitude de 1150-1200m.

Le panorama dans lequel se situe Ain Zé-bdé se présente peut-être comme l’atout principal de ce village ; avec une série de collines dominant le lac, et une couverture verte abondante jouissant des ressources hy-drauliques, Ain Zébdé se targue de posséder un paysage naturel assez particulier.

Le nom Ain Zébdé vient de l’arabe Ain : Fontaine, et Zébdé signifie écume blanche de l’eau ruisselante.

La municipalité de Ain Zebde est membre du regroupement des municipalités de La Bekka Ouest, mais elle n’a pas un front direct sur le Lac de Qer3on; elle se situe plutôt vers le coté Nord.

Population et Ressources économiques:Selon le maire Mr Maroun Saab, 125 uni-

tés résidentielles sont occupées durant l’hiver, alors que 250 unités sont occupées durant l’été, ce qui reflète un mouvement démographique saisonnier important. La plupart des habitants sont des employés,

Ain Zébdé

principalement dans des sociétés privées ou gouvernementales, se situant surtout à Beyrouth ou dans l’entourage de Ain Zébdé. Cependant l’agriculture ne constitue qu’une ressource économique secondaire du village. La pisciculture pourtant est relativement abondante. On note aussi la présence d’un nombre de petits commerces : une pâtis-serie, quelques boutiques et quelques petits snacks. Ain Zébdé se vante d’avoir le potentiel d’un village touristique, ainsi on peut noter la présence de quelques hôtels ainsi qu’un nombre de restaurants dans les périphéries du village. Il faut noter l’absence d’écoles à Ain Zébdé ; les élèves et les étudiants fréquentent des écoles avoisinantes.

Acteurs locaux : Deux associations sont actives dans le vil-

lage: L’association du waqf de Mar Youssef, et l’association charitable de Ain Zébdé. Les activités de ces associations s’orientent plutôt vers des services sanitaires (médicaments, dispensaire..) ou autre activités de développe-ment ou de construction comme le projet

[OULA AOUN]

VITRINE RURALE

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PHOTO WISSAM CHAAYA

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VITRINE RURALE

de construction de l’église Mar Youssef.

La municipalité est d’autre part un acteur actif, surtout de point de vue réseau de relations et de coordination, local au niveau du groupement des municipalités de la Bekaa ouest, ou bien aussi sur le niveau international. Les initia-tives personnelles des habitants sont un facteur important, ainsi que celles des scouts. Un web site du village www.ainzebde.com est récemment mis en place.

Le cadre bâti : Au niveau du cœur du village, et

l’ancien emplacement de la place, les maisons sont anciennes, reflé-tant un type vernaculaire, dont la hauteur ne dépasse pas les deux étages.

Cette typologie de petits vol-umes plus ou moins serrés, con-stituant un tissu dense, est un mé-

lange de pierres et de béton caractérisant surtout les rajouts ultérieurs.

Ces maisons constituent un patrimoine bâti tradui-sant l’histoire du village.

Pourtant au niveau des périphéries du village, de grands bâtiments commencent à apparaitre, dans l’absence du moindre control, menaçant les étendues vertes et les panoramas naturels du village.

Problématiques : Les ressources économiques du village ne sont pas

bien définies ; l’agriculture est faible, le tourisme ne constitue pas une ressource suffisante ; surtout dans l’absence de projets viables locaux. A signaler que les moyens financiers de la municipalité sont limités, réduisant ainsi sa capacité d’entreprendre des grands projets de développement.

Tout ceci s’aggrave par l’absence de schéma direct-eur et de vision globale du développement du village, malgré la présence de petits projets éparpillés.

Pourtant beaucoup de points forts peuvent servir de piliers pour lancer un plan de développement pour le village :

- La présence d’acteurs locaux actifs et d’une mu-nicipalité qui se trouve au sein de réseaux locaux et internationaux, favorisant une coopération sur une échelle plus large.

- Le potentiel éco touristique du village surtout avec les petites activités qui commencent à émerger, comme les petits hôtels, les restaurants en pleine nature, la pisciculture, tout ceci au sein d’un cadre particulier et d’un patrimoine bâti qui constituent une ressource importante au village.

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