INSTITUT DE FORMATION EN MASSO KINESITHERAPIE
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INSTITUT DE FORMATION EN MASSO KINESITHERAPIE
22, avenue Camille Desmoulins
29238 BREST CEDEX 3
Mise en place d’un questionnaire
en vue d’étudier les effets
secondaires de la thérapie miroir
chez les amputés
Présenté par
Gwénaelle LECOQ
En vue de l’obtention du diplôme d’état de masseur-kinésithérapeute
Promotion 2014-2017
Pour commencer, je tiens à remercier,
Mr LESTIDEAU, mon maitre de mémoire pour son expertise et sa disponibilité.
Le Docteur Julien BAGLIONE STRELISKI pour ses éclaircissements et son savoir.
Toute l’équipe de l’IFMK de Brest ainsi que les intervenants pour leurs connaissances et leur
écoute tout au long de ces 3 années de formation.
Tous les masseur-kinésithérapeutes ainsi que les équipes pluridisciplinaires que j’ai côtoyé lors
de mes stages et qui m’ont permis de parfaire mon expérience professionnelle.
Le personnel de la bibliothèque universitaire de santé pour leur aide et leur disponibilité lors des
recherches bibliographiques.
Les centres de rééducation contactés pour m’avoir accordé leur temps.
Tout particulièrement mon entourage qui me montre un soutien inconsidéré dans tout ce que
j’entreprends.
SOMMAIRE
1. INTRODUCTION ............................................................................................................... 1
2. CADRE CONCEPTUEL .................................................................................................... 2
2.1. L’amputation ................................................................................................................ 2 2.1.1. Etiologie ................................................................................................................ 2 2.1.2. Le niveau d’amputation ......................................................................................... 3
2.2. Le membre fantôme chez les amputés ......................................................................... 3 2.2.1. Le membre fantôme (MF) ..................................................................................... 3 2.2.2. Les sensations de membre fantôme ou hallucinose............................................... 3 2.2.3. Le télescopage ....................................................................................................... 4 2.2.4. Les douleurs du membre fantôme ou algohallucinose .......................................... 5 2.2.5. Douleurs du moignon ............................................................................................ 6 2.2.6. Qualité de vie des amputés .................................................................................... 6
2.3. Mécanismes entrant dans la perception du membre fantôme .................................... 7 2.3.1. Théorie de la neuromatrice .................................................................................... 7 2.3.2. Mécanisme périphérique ....................................................................................... 8 2.3.3. Mécanisme central ................................................................................................ 9 2.3.4. L’image du corps et schéma corporel ................................................................. 10 2.3.5. Les facteurs psychologiques ............................................................................... 11
3. LA THERAPIE MIROIR................................................................................................. 13
3.1. Présentation ................................................................................................................ 13
3.2. L’importance du mouvement ..................................................................................... 13
3.3. La kinésithérapie et la thérapie miroir ...................................................................... 14
3.4. La thérapie miroir et ses effets ................................................................................... 15 3.4.1. La thérapie miroir : un réel effet antalgique ? ..................................................... 15 3.4.2. Antalgique peut être mais pour quelles effets secondaires ? ............................... 18
4. CONCEPTION DU QUESTIONNAIRE ........................................................................ 21
4.1. Matériels et méthodes ................................................................................................. 21
4.2. L’échantillonnage ...................................................................................................... 22 4.2.1. Les critères d’inclusion ....................................................................................... 22 4.2.2. Les critères d’exclusion ....................................................................................... 23
4.3. L’introduction du questionnaire ................................................................................ 24 4.3.1. Le contenu du questionnaire ............................................................................... 24 4.3.2. Le choix du mode d’administration du questionnaire et sa présentation ............ 27
5. DISCUSSIONS .................................................................................................................. 28
5.1. Les traitements pharmacologiques ............................................................................ 28
5.2. Une alternative, la thérapie miroir ............................................................................ 30
5.3. Limites réelles et supposées du questionnaire ........................................................... 30
5.4. Les choix dans la conception du questionnaire ........................................................ 31 5.4.1. Le choix des critères d’inclusion et d’exclusion ................................................. 31 5.4.2. Les questions du questionnaire ........................................................................... 31 5.4.3. Une modernisation du biofeedback visuel .......................................................... 32
6. CONCLUSION .................................................................................................................. 33
LISTE DES ABREVIATIONS:
MF : Membre fantôme
DMF : Douleur de membre fantôme
TM : Thérapie miroir
LISTE DES DEFINITIONS:
Artériosclérose : Dépôt de cholestérol dans les artères
Globulisation : Renforcement musculaire du moignon
Imagerie motrice : Technique qui consiste en la représentation mentale d’une action
sans production concomitante de mouvement.
Etude de Grade B selon la Haute Autorité de Santé : L’étude de grade B est fondée
sur une présomption scientifique fournie par des études de niveau intermédiaire de
preuve. Par exemple, essais comparatifs randomisés de faible puissance, études
comparatives non randomisées bien menées, études de cohortes. (1)
1
1. INTRODUCTION
Dans le monde, une amputation a lieu toutes les 30 secondes. En France, le nombre de
personnes amputées s’estime à 50 000. Les conséquences de cette excision sont multiples, elles
peuvent être d’origine traumatique, pathologique ou congénitale. Parmi toutes les amputations
85% touchent un membre inférieur.
Pour palier au handicap de cette atteinte, l’appareillage prothétique semble être la seule solution.
Hors, lors d’une amputation, des phénomènes imprévisibles peuvent perturber la mise en place
de la prothèse. L’un d’eux est ce que l’on nomme les douleurs de membre fantôme (DMF).
C’est un phénomène couramment observable chez les patients amputés.
Aujourd’hui, la plupart de ces effets algiques sont traités par prise médicamenteuse. La
moyenne d’âge des patients amputés est de 71 ans au moment de l’amputation. Hors d’après des
données statistiques de l’Institut de Recherche et de Documentation en Economie de la Santé
(IRDES), la prévalence de la polymédication des personnes de 75 ans et plus est estimée entre
14% et 29% en fonction des indicateurs.
A cela s’ajoute que 40 à 70% de cet acte chirurgical serait la conséquence du diabète pour le
membre inférieur. Des techniques de rééducation et de réadaptation sont donc à privilégier afin
de diminuer au maximum les effets secondaires de la polymédication. Les complications de
cette dernière sont bien documentées. Elles peuvent survenir sous forme de nausée, de perte
d’équilibre voire provoquer décès dans les cas les plus graves (2).
Les découvertes effectuées ont fait naître de nouvelles méthodes de rééducation antalgiques. En
effet, l’utilisation de techniques d’imageries médicales innovantes a permis de développer nos
connaissances sur les interactions qui existent entre la vision et la proprioception chez l’amputé.
Les thérapeutiques récentes s’orientent de préférence vers le traitement cérébral de la douleur.
C’est le cas de la thérapie miroir (TM) qui se base essentiellement sur le feedback visuel et sur
la kinésiologie du mouvement. L’ingéniosité de cette nouvelle technique se fonde sur
l’utilisation d’un mouvement d’un membre qui n’est plus présent. Ceci a pour but de traiter une
confusion provenant du cerveau.
A ce jour, de nombreuses études montrent un effet antalgique de cette thérapie. Cependant, le
faible niveau de preuve ne permet pas d’objectiver cet effet. Dans la littérature, les critères
d’inclusion des patients pouvant réaliser la TM ne sont pas clairement définis. Des études
complémentaires des effets indésirables, pouvant survenir suite à cette thérapie, permettraient de
dresser un tableau des personnes pouvant effectuer ce type de rééducation.
La réalisation d’un questionnaire destiné aux patients semble être le meilleur moyen pour
obtenir un maximum d’informations. Lors de sa réalisation, la structure, le mode de
transmission, les formulations particulières sont analysées afin de connaître au mieux les effets
de cette rééducation. La spécificité et le manque de temps n’a pas permis l’obtention de réponse
au questionnaire. Ainsi, tout au long de ce travail, nous analyserons les données littéraires qui
ont permis la mise en place et la conception de celui-ci.
Dans un premier temps, nous verrons les mécanismes physiologiques des phénomènes
découlant de l’amputation. Par la suite, nous analyserons les données littéraires concernant la
TM. Enfin, la conception et la mise en place du questionnaire seront examinées. Nous
discuterons et conclurons ensuite sur le sujet de l’étude.
2
2. CADRE CONCEPTUEL
2.1. L’amputation
2.1.1. Etiologie
D’après la Haute Autorité de Santé (HAS), « l’amputation est indiquée en cas de lésions
tissulaires irréversibles ou d’ischémie permanente chronique sans revascularisation possible,
qui ne réagit pas favorablement au traitement médical et dont les répercussions générales font
courir un risque vital au patient » (3).
Les causes de l’amputation peuvent être traumatiques ou non. Celles qui ne sont pas d’origine
traumatique comprennent les causes congénitales et pathologiques. Dans cette étude, les causes
non traumatiques congénitales ne seront pas étudiées. Les amputations pathologiques sont
principalement les conséquences de maladies vasculaires et du cancer.
Le nombre d’amputés en France est peu connu car les statistiques sont rares. D’après des
chiffres transmis par la HAS en 2007, on estimerait le taux d’amputé en France entre 100 000 et
150 000. Aux Etats Unis, la prévalence de l’amputation d’un membre se chiffre à 1,6 millions
en 2005 et selon les statistiques, elle devrait augmenter à 3,6 millions en 2050.
La principale cause d’amputation est pathologique et souvent d’origine vasculaire. En
effet, d’après une étude de 2010, 90% des amputions en France seraient dues à l’artériopathie
oblitérante des membres inférieurs (AOMI) (4). Cette pathologie est une atteinte chronique des
artères des membres inférieurs. L’étiologie principale est l’artériosclérose qui perturbe la
circulation sanguine réduisant ainsi l’oxygénation des muscles.
Les facteurs de risque de cette maladie sont multiples :
le tabac
l’excès de cholestérol
l’hypertension artérielle
le surpoids, l’âge
l’hérédité
le diabète
D’après l’institut de veille sanitaire (InVS) en 2015, 8 000 amputations sont effectuées par an
dues aux conséquences du diabète. Les individus atteints de cette pathologie ont 7 à 15 fois plus
de risque d’amputation que le reste de la population selon les sources (5). Toutefois, les chiffres
révèlent une stagnation du nombre d’amputés diabétiques en France ces dernières années
notamment grâce à la mise en place de programmes de prévention.
En France, l’amputation de la jambe ou de la cuisse représente 37,7% des amputés du membre
inférieur chez les patients diabétiques contre 50,1% chez les non diabétiques.
Concernant les amputations traumatiques, elles sont, dans la plupart des cas dues à des accidents
de la voie publique ou à des brûlures. Ce sont souvent des individus plus jeunes que les amputés
non traumatiques. La moyenne d’âge des patients amputés :
- d’origine vasculaire : 75 ans
- d’origine cancéreuse : 60 ans
- d’origine traumatique : 52 ans
3
2.1.2. Le niveau d’amputation
Dans cette étude, nous nous intéresserons principalement à l’amputation du membre inférieur
étant donné qu’elle représente la majorité des amputés en France.
Selon la HAS, « le niveau d’amputation est déterminé en fonction de l’étendue de l’ischémie et
des possibilités de cicatrisation » (6).
Lors de la chirurgie, le praticien essaie de conserver une longueur suffisante au moignon afin de
garder un bras de levier convenable pour l’appareillage. Il existe, pour le membre inférieur trois
niveaux principaux de coupe : le pied, la jambe et la cuisse [Annexe I]. Le retentissement
fonctionnel et psychologique variera en fonction du niveau d’amputation.
2.2. Le membre fantôme chez les amputés
2.2.1. Le membre fantôme (MF)
Juste après l’amputation, le patient continue à ressentir son membre. Au réveil post opératoire,
le membre amputé paraît si réel que la plupart des patients vont le rechercher tactilement. Cette
impression a été nommée « membre fantôme » par le chirurgien américain Weir Mitchell (1874)
(7).
L’incidence de ce MF varie entre 85 et 100% selon les études. Cette sensation est une
conséquence quasi universelle voire normale de l’amputation. Avec le temps, cette présence
diminue mais reste active pour 30% des amputés. Ce phénomène ne dépend ni de l’âge (au
moins à partir de 8 ans), ni du sexe, ni de la cause de l’amputation, ni du niveau d’amputation
(8) (9). De ce membre découlent des sensations mais également des douleurs. Ces deux
phénomènes distincts ont une évolution différente dans le temps [Annexe II].
Les premières descriptions modernes de membres fantômes ont été réalisées par Ambroise Paré
en 1552. A cette époque, on pensait que c’était le patient qui ne voulait pas faire le deuil de son
membre amputé et voulait le faire revivre. Le MF est alors considéré comme de la folie.
Ce n’est qu’au XVIIIe siècle que l’explication du phénomène a évolué. En effet, après plusieurs
études comme celle de Weir Mitchell, la perception du MF peut être considérée comme une
atteinte du système nerveux central et reconnue comme une pathologie.
2.2.2. Les sensations de membre fantôme ou hallucinose
D’après Riddoch, les sensations de MF sont non douloureuses. Elles découlent de la partie
désafférentée du corps qui n’est plus présente. Ces sensations sont dites « positives » car elles
n’engendrent pas de douleur. Autre qu’au niveau des membres, ces sensations peuvent
apparaître après l’ablation d’organes comme le sein, le rectum ou encore les organes génitaux.
Juste après l’amputation, le MF est ressenti comme un membre normal occupant un schéma
postural normal. Par exemple, le MF est fléchi lorsque le patient est assis.
Durant une visite, une patiente me dit avoir ressenti sa jambe « comme serrée dans un étau et
sentir le sang couler dessus » toute la nuit. Après avoir soulevé les draps pour visualiser le
phénomène, elle s’est rendu compte que sa jambe n’était plus présente. Durant ce laps de temps
la patiente avait oublié l’amputation de son membre.
4
Ainsi le fantôme peut inclure certaines positions, certaines formes mais également des
fourmillements, des sensations thermiques, des démangeaisons, des picotements et d’autres
paresthésies. Lors d’une autre prise en charge d’un patient amputé fémoral, les sensations
paraissaient si réelles que la personne a voulu se lever sans sa prothèse et a failli tomber.
Dans d’autres cas, le patient semble assimiler sa prothèse à son propre corps. Ce dernier vient
habiter sa prothèse comme son membre pouvant même éprouver de la sensibilité. Le patient
peut avoir l’impression qu’il va se tordre la cheville lorsque la prothèse dérape le sol (Hecaen et
Ajuriaguerr 1952 et Simmel 1956) (9). Chez les patients qui assimilent leur pied-prothèse au
fantôme-pied, l’apprentissage de la marche est facilité. Il est important de préciser que dans tous
les cas, le patient est conscient qu’il a perdu son membre.
Les sensations de membres fantômes sont souvent plus intenses dans les extrémités distales. Les
zones les mieux ressenties par le MF sont celles qui sont les plus représentées au niveau cortical
et les plus en interaction avec le monde extérieur. Ceci étant indépendant de la distribution des
nerfs périphériques.
L’hallucinose peut varier en fonction des situations dans lesquelles se trouve le patient. Elle
peut être influencée par de nombreuses causes comme l’état du moignon, les variations
climatiques et des facteurs cognitifs (10) (11).
Lors d’un de mes stages, j’ai pu me rendre compte de l’importance du psychique sur
l’hallucinose. En effet, une patiente amputée ressentait son MF seulement en début de semaine.
Je me suis alors interrogée sur la cause de ses sensations intermittentes. En échangeant avec
elle, je me suis aperçue qu’elle ressentait des sensations de MF à chaque fois que son fils n’était
pas venu lui rendre visite le dimanche. Dans ce cas, l’hallucinose augmentait lors d’une
perturbation émotionnelle.
Des mobilisations thérapeutiques ainsi que des informations visuelles peuvent également
modifier l’hallucinose. Notons que les massages peuvent augmenter les sensations chez certains
patients et au contraire les diminuer chez d’autres. Il en est de même concernant la globulisation
du moignon lors de la phase pré prothétique.
Nous en convenons donc que l’hallucinose est un phénomène subjectif. Le kinésithérapeute se
doit de tenir compte des sensations de chaque patient afin d’adapter au mieux les exercices pour
une rééducation optimale.
2.2.3. Le télescopage
Comme nous venons de le voir, les sensations de MF sont présentes chez quasiment tous les
amputés. Elles apparaissent de manière précoce et s’atténuent avec le temps notamment par
télescopage progressif dans le moignon [Annexe III]. Le télescopage est lié à la disparition de
certaines zones du MF (7,12).
C’est un phénomène progressif qui est perceptible par 30% des patients amputés et semble
présent chez les individus porteurs d’une prothèse.
Dans les 6 à 24 mois qui suivent l’opération, la perception du MF est en perpétuel remaniement.
Des parties du MF disparaissent pendant que d’autres persistent.
5
Par exemple en l’absence de mollet, le pied remonte au niveau du genou fantôme. Au fur et à
mesure, celui-ci disparaît et le pied rejoint ensuite le moignon (75% des cas) pouvant aboutir
dans 20% des cas à la disparition totale du MF.
2.2.4. Les douleurs du membre fantôme ou algohallucinose
Les DMF peuvent être reconnues comme des douleurs neuropathiques essentiellement
lorsqu’elles sont la conséquence de développement névrotique.
Contrairement à l’hallucinose présente chez quasiment la totalité des amputés, les douleurs de
membres fantômes ne sont ressenties que par certains. L’algohallucinose comprend les douleurs
du MF mais également celle du reste du corps (exceptées celles du moignon).
Les données concernant ces douleurs sont difficiles à recueillir puisqu’il n’y a pas d’études
réalisées à long terme et les données littéraires sont biaisées par le nombre important de causes
d’amputations pré existantes.
Selon les auteurs, les douleurs de membres fantômes représentent entre 50 et 88% des amputés.
Une telle différence de données est due aux critères d’inclusion des patients et à l’approche
thérapeutique utilisée. En effet, les sources littéraires donnant le moins d’algohallucinose chez
les amputés incluent les patients traités sous anti douleur.
Les informations nociceptives du fantôme apparaissent immédiatement, dans les premières
semaines voir plusieurs mois après l’amputation (Blankenbaker 1977). Tout comme les
sensations de membres fantômes, l’intensité et la fréquence des douleurs s’atténuent avec le
temps (13). D’après Binoche et Martineau (2005) 5 à 10% d’amputés continuent à avoir des
algohallucinoses sévères plusieurs mois voire années qui suivent l’opération (14).
Les douleurs rapportées sont souvent une exagération des perceptions non douloureuses citées
précédemment. Elles peuvent également être différentes comme des sensations d’écrasement ou
encore de brûlure (15,16).
En se basant sur les descriptions littéraires des algohallucinoses, on peut remarquer qu’elles sont
de nature très variées :
Décharge électrique
Sensation de brûlure
Démangeaison
Crampe
Ecrasement
Picotement
Sensation d’étau
Broiement
Palpitation
Contractures
Coup de couteau
Torsion
Ces sensations douloureuses peuvent évoluer avec le temps et ont tendance à être plus
présentent aux parties distales du MF (Hunter et al., 2008). D’après Simmel (1956), les douleurs
ont tendance à intensifier le fantôme pouvant même empêcher ses mouvements volontaires ainsi
que son télescopage.
Les douleurs pré opératoires semblent avoir un effet sur les DMF. Katz et Melzack (1990)
parlent de « mémoire de la douleur ». Les études ont montré que les douleurs post opératoires
peuvent être la survivance de douleurs pré opératoire notamment dû à une mémorisation liée à
la plasticité des voies nociceptives.
6
Cependant, ces douleurs semblent avoir une localisation et une intensité différente dans 60%
des cas. Les douleurs pré opératoires influent surtout dans les premiers temps post opératoire
mais ne semblent pas être à l’origine d’algohallucinose chronique (17).
2.2.5. Douleurs du moignon
Les douleurs du moignon sont à différencier des hallucinoses. Ces douleurs apparaissent
essentiellement dans le membre résiduel (18).Elles sont généralement décrites comme des
brûlures, des sensations électriques ou des hyperesthésies qui peuvent être localisées ou
globales.
D’après de nombreux auteurs, l’atténuation des DMF est en corrélation avec le soin du
moignon. Néanmoins, malgré la guérison des tissus endommagés, la souffrance du MF peut se
prolonger.
Les causes des douleurs du moignon peuvent être multiples :
retard de cicatrisation
peau irritée
douleurs ischémiques
Leur incidence est de 74% et peut persister pendant des années.
Les DMF et les douleurs du moignon peuvent coexister. Cependant, les douleurs du moignon
sont généralement plus intenses après l’opération. Les DMF quant à elles peuvent persister et
prédominent 1 à 12 mois post intervention.
2.2.6. Qualité de vie des amputés
L’amputation est un acte chirurgical qui apporte des modifications majeures à l’esthétique du
corps mais également dans la vie sociale, le travail ou encore la locomotion. Lors de toute prise
en charge, la considération du traumatisme psychologique de la perte est donc primordiale.
La persistance de douleurs chroniques d’intensité variable est présente chez environ un quart
des patients (16). Près de 51% des amputés déclarent que leur qualité de vie est atteinte par des
douleurs de membres fantômes au minimum 6 jours par mois. Cependant, ces données
statistiques sont difficilement reproductibles.
De nombreux auteurs ont décrit un lien entre les algohallucinoses et la qualité de vie des
amputés (sommeil, travail, indépendance, état psychologique). Lorsque les douleurs deviennent
chroniques, les activités sont réduites par l’amputation et la réinsertion sociale et/ou
professionnelle est compromise Des questionnaires ont même été développé spécialement pour
ce type de douleur (Gallagher, 2000, 2004).
Selon Nortvedt & Engelsrud (2014), les patients se sentent emprisonnés et développent un
sentiment d’impuissance face à ces douleurs. Face à l’incompréhension de la société, les
patients peuvent s’isoler pouvant conduire à un état dépressif.
D’après une étude de 2015, la qualité de vie diminue du fait d’une altération de la santé
physique et mentale des patients amputés (19).
7
Le changement de l’image du corps a un impact majeur sur le psychique. En fonction de l’âge
du patient, les réactions face aux douleurs de membres fantôme divergent. Les individus les plus
jeunes semblent être plus anxieux alors que les patients plus âgés (60-80 ans) sont plus
fréquemment sujets à la dépression.
2.3. Mécanismes entrant dans la perception du membre fantôme
La physiopathologie du MF suggère encore aujourd’hui de nombreuses interrogations. La
difficulté des sensations et douleurs de membres fantôme est de comprendre comment une
absence physique d’un membre peut induire des perceptions conscientes.
La plupart des études se portent sur les adaptations neurophysiologiques de l’organisme amputé
ainsi que sur l’altération du schéma corporel lors de la perte d’un membre.
La physiologie du MF est assez complexe. Les troubles neuronaux impliqués dans ce syndrome
sont à la fois d’origine périphérique et centrale (18).
2.3.1. Théorie de la neuromatrice
La douleur est régie par une multitude d’interactions et d’échanges au sein du système nerveux.
Les informations nociceptives ascendantes sont régulées à différents niveaux avant de percevoir
une sensation douloureuse. Ainsi les fibres nerveuses périphériques jusqu’aux centres supérieurs
influencent le ressenti nociceptif.
Melzack a étudié les DMF dans les années 1980 et a mis en avant le concept de neuromatrice.
Du point de vu anatomique, il existe des connexions neuronales vers le système limbique et le
cortex cérébral. Cet ensemble est appelé neuromatrice.
Dans le cas de l’algohallucinose, un conflit entre la perception visuelle et les représentations
proprioceptives du membre absent pouvaient induire une confusion dans la neuromatrice
provoquant ainsi une douleur. D’après lui, un réseau neuronal envoie constamment des
informations stéréotypées concluant que le membre amputé est toujours intact.
Cette théorie comprend trois grands circuits dont l’importance fût observée lors de nombreuses
études d’imagerie mentales.
- La première voie nociceptive ascendante spino thalamique latérale discriminative
comprend le thalamus et se termine sur le cortex somato sensoriel. Elle correspond aux
informations concernant la posture du corps.
- La deuxième voie spino thalamique médiane implique le tronc cérébral, le thalamus ainsi
que le cortex. Cette seconde voie a un rôle affectif et motivationnel. Elle passe également
par le système limbique, structure indispensable dans le fondement de l’image corporelle.
- La dernière quant à elle implique les régions associatives du lobe pariétal. Cette
troisième voie joue un rôle important dans l’intégration des informations sensorielles
(vision, toucher, audition).
Lors d’une amputation, la neuromatrice du membre amputé n’est pas supprimée. En l’absence
de flux afférents, elle peut être encore plus vivace d’où le fantôme.
8
En effet, les patients amputés congénitaux jeunes peuvent également percevoir des douleurs de
membres fantômes. Ceci nous montre donc que la neuromatrice n’est pas seulement issue de
l’expérience mais génétiquement déterminée.
Pour Melzack, le névrome et les théories périphériques isolées ne peuvent pas expliquer à elles
seules les causes des douleurs de membres fantôme.
2.3.2. Mécanisme périphérique
Pour R.W Davisen (1993), la théorie de la neuromatrice n’est pas la cause des douleurs de MF.
Il admet une nouvelle hypothèse neurophysiologique d’origine périphérique.
Toute amputation s’accompagne d’une atteinte nerveuse complète ou incomplète d’un certain
nombre de filets nerveux. Hors lors d’une section nerveuse, une dégénérescence wallérienne se
produit [Annexe IV].
Cette dégénérescence conduit dans 85 % des cas à une régénérescence des fibres nerveuses
lésées. Ne trouvant pas leur homologue, les fibres nerveuses sectionnées vont former ce que
l’on nomme des névromes.
Au sein de cette entité anatomique se multiplient des fibres nerveuses de type C sensibles à la
douleur et à la chaleur. La multiplication de ces fibres déclenche des douleurs intenses et
diffuses dans membre résiduel.
On a observé que la décharge importante des fibres de type C du névrome activent les neurones
spinaux et supra-spinaux. Une atteinte nerveuse périphérique implique des changements au
niveau de la corne dorsale de la moelle conduisant à la formation d’influx nociceptifs vers le
cerveau.
C’est ce processus est appelé sensibilisation centrale. Cette modification influence à la fois
l’extrémité périphérique des nerfs lésés et les afférences nerveuses. Cependant, l’importance de
la décharge des fibres de type C reste encore contesté à ce jour.
La réorganisation neurale périphérique induit une hyperactivation neuronale au niveau du cortex
somatosensoriel (S1). Le maintien d’influx nerveux laisse persister la sensation et les douleurs
d’un membre absent (Sherman et al., 1989, Devor and Faulkner, 1999).
Ainsi ce phénomène serait à l’origine d’apparition d’allodynie et d’hyperalgie au niveau du MF.
C’est cette hypothèse périphérique qui a permis la mise en place de traitement des DMF par le
massage ou par stimulation électrique du moignon.
Cependant, les sensations de membres fantômes apparaissent directement, pour la plupart, après
l’amputation. Les névromes se développant sur plusieurs semaines, ils ne peuvent pas être la
seule origine des hallucinoses. De plus, il s’est avéré que des blessés médullaires pouvaient
avoir des sensations de membres fantôme sans atteinte du système nerveux périphérique (Curt
et al., 2015).
9
2.3.3. Mécanisme central
Grâce à l’avancée de la recherche médicale, une hypothèse centrale s’est développée.
L’imagerie fonctionnelle cérébrale a permis d’observer la présence d’une réorganisation
corticale après l’amputation (12,20). Celle-ci se produit principalement au niveau du système
somatosensoriel primaire.
Lors de la prise en charge d’un patient amputé au-dessus du coude à gauche, Ramachandran
(1993) a observé ce phénomène remodelage cortical. Après un bilan de sensibilité tactile, il s’est
aperçu qu’en stimulant la joue du patient, celui-ci ressentait une sensation dans le pouce gauche
amputé. Après approfondissement du bilan, il s’est avéré que le patient avait une carte entière et
systématique de la main fantôme sur le visage [Annexe III].
La raison de ce phénomène ? Tout réside dans l’anatomie du cerveau et plus précisément dans
l’organisation de l’homonculus de Penfield [Annexe V]. Celui-ci cartographie toutes les
perceptions tactiles de notre hémicorps dans l’hémisphère cérébral controlatéral sur une bande
verticale corticale appelé gyrus post central.
La réorganisation corticale
En réalité, il existe de nombreuses représentations. Pour faciliter l’analyse, nous allons imaginer
qu’il n’y a qu’une seule représentation appelée S1. Cette carte reproduit de manière déformée le
corps humain à la surface du cortex cérébral.
Lorsque nous la regardons de plus près, on peut voir que la représentation de la main se trouve à
proximité de celle du visage. Chez le patient amputé du bras gauche, la partie du cortex
correspondant à la main gauche ne reçoit plus de signaux. N’étant plus afférentée, cette zone est
avide d’information sensorielle. La représentation corticale du visage étant voisine à cette
dernière, elle va envahir la zone désafférentée de la main. Les signaux reçus par le visage sont
donc perçus comme ceux provenant de la main manquante.
Une telle réorganisation corticale fût observée par Recanzone et Merzenich chez un singe adulte
après section du nerf médian [Annexe VI].
Logiquement, sans afférence nerveuse, les doigts atteints ne peuvent plus envoyer de signaux au
cerveau. Cependant, dès que les doigts adjacents étaient stimulés, des afférences nerveuses se
manifestaient au niveau de la moelle épinière. Ce phénomène s’est traduit par des changements
dans l’architecture fonctionnelle et structurale du cortex somatosensoriel primaire (S1) après
une désafférentation (21).
Grâce à leurs études, la notion de plasticité cérébrale est née. Ils ont ainsi démontré que les
connexions synaptiques sont malléables avec l’expérience et l’apprentissage.
De la même manière, cette situation s’observe lors d’une amputation. Dans l’homonculus de
Penfield, les organes génitaux sont adjacents au pied. Cependant d’après une étude récente,
l’organe génital masculin serait présenté entre les jambes et le tronc (22). On constate donc que
des patients ressentent leur pied fantôme pendant un rapport sexuel.
10
En 1991, Pons et al. affirment que si une partie du cortex somatosensoriel est privée
d’afférences, cette zone du cerveau va se réorganiser en activant les zones en repos.
Selon plusieurs études, un remodelage important des aires somatosensorielles semble immédiat
après l’amputation d’un membre. Cependant, selon une étude d’Elbert et al. (1994) la
réorganisation corticale ne semble être présente que chez un individu sur cinq.
Cette théorie est confirmée par étude magnétocéphalographique. Il est évident que cette
perturbation de représentation sensorielle peut provoquer des troubles du schéma corporel chez
certains individus.
Selon une étude de 2015, effectuée chez 10 individus, la relation entre l’intensité des douleurs
chroniques de MF et la réorganisation cérébrale après désafférentation est limitée. Des études
complémentaires sont encore nécessaires (23).
Les neurones miroirs
Dans les années 90, Rizzolatti découvre l’existence des neurones miroir impliqués dans les
fonctions motrices ainsi que dans l’apprentissage (24). Ces neurones sont activés lorsque le
sujet observe une autre personne faire une action ou lorsqu’il imagine lui-même une action. Ils
ont également un rôle dans le déchiffrage des intentions et des émotion d’autrui.
Comme nous l’avons vu ultérieurement, la plupart des patients amputés signalent la conscience
d'un fantôme. Ce sont les neurones miroirs qui semblent être à l’origine de ce phénomène. Par
leur action, ils accentuent le schéma corporel et en particulier la représentation du membre
résiduel.
Ainsi ils peuvent aider à la mise en place d’une nouvelle perception du corps dans le sens où la
vision de l'acte moteur est intégrée par le patient (25).
2.3.4. L’image du corps et schéma corporel
La perception du MF est régie par les mêmes mécanismes centraux qui régulent le schéma
corporel d’un organisme sain. Il est important de définir l’image du corps et le schéma corporel
qui sont deux concepts distincts.
L’image du corps
C’est un concept qui s’intéresse au vécu corporel dans le sens psychanalytique du terme. Elle
est liée à l’histoire du patient et évolue en fonction ses expériences émotionnelles. Cette image
peut être assimilée comme une représentation inconsciente de soi, elle définit l’individu en tant
que tel.
11
Le schéma corporel
Le schéma corporel quant à lui est un concept neurologique qui fait appel à l’ensemble des
informations sensorielles et proprioceptives qui permettent la représentation du corps au sein du
cortex cérébral.
Ajuriaguerra en propose la définition suivante: « édifié sur les impressions tactiles,
kinesthésiques, labyrinthiques et visuelles, le schéma corporel réalise dans une construction
active constamment remaniée des données actuelles et du passé, la synthèse dynamique, qui
fournit à nos actes, comme à nos perceptions, le cadre spatial de référence où ils prennent leur
signification » (1970).
Il est ce qui caractérise l’espèce alors que l’image corporelle est spécifique à chacun. Lors de
son évolution, l’enfant ne cesse d’imiter les mouvements d’individus qui l’entourent. Cette
imitation suggère une forme innée du schéma corporel qui permet par la suite la structuration du
schéma corporel adulte.
Il s’affirme par des acquisitions concernant le corps lui-même et se regroupe autour de 3
composants : l’image du corps, la connaissance et la représentation du corps (26) .
Son développement se réalise durant l’enfance en corrélation avec la maturation du système
nerveux. C’est un processus qui s’acquière avec l’expérience corporelle. Il se constitue selon
des étapes bien définies :
De la naissance à l’oralité, il se développe tout particulièrement au niveau des zones
érogènes.
Le stade miroir : L’enfant s’identifie par rapport à l’autre. C’est la constitution du Moi
en tant qu’individu.
Chez l’adulte, un certain équilibre corporel est mise en place. La perte d’un membre
rend le corps asymétrique ce qui perturbe la représentation fondé lors de l’enfance.
Chez l’amputé, cette différence est assimilée au stade miroir, un nouveau schéma
corporel est donc à reconstruire.
La conscience du corps fait appel à des informations intéroceptives et extéroceptives. Ce sont
principalement les afférences visuelles et somatosensorielles ainsi que les efférences motrices
en retour qui le façonnent.
Bien qu’il existe de nombreuses manières d’interagir avec le monde extérieur, la représentation
visuelle apparaît extrêmement importante dans la structuration de l’image du corps.
En effet, d’après de nombreuses études dont celle de G. Levy et al. le processus de visualisation
chez l’homme est tellement important que nos sensations, nos représentations et chacun de nos
mouvements volontaires apparaissent dominés par celui-ci.
2.3.5. Les facteurs psychologiques
L’algohallucinose est l’un des phénomènes le plus préoccupant dans la prise en charge des
patients amputés. C’est dans ce contexte que le rôle des facteurs psychologiques a été le plus
étudié.
12
Faute d’avoir perdu une partie de soi, la représentation du corps est altérée créant un choc
psychologique chez les patients amputés. En découle un sentiment d’anéantissement,
l’incapacité de se déplacer seul sera forcement substituée par une aide mécanique et non
récupérable physiologiquement.
Tout au long de sa vie, l’être humain se crée une image de lui-même, de sa représentation face
au monde qui l’entoure. L’amputation vient altérer cette représentation de manière brutale et
radicale. Le sujet ne se reconnait plus en tant que tel, ceci jouant sur son psychisme.
Dans les premiers temps, ces individus ressentent souvent une fatigue généralisée. On les entend
souvent dire dans ces moments « Je ne peux plus rien faire seul, je ne suis plus bon à rien ».
Le psychiatre Lawrence C. Kolb a déclaré que les DMF pouvaient résulter d’un sentiment
d’hostilité et de culpabilité. Selon lui, ce phénomène fait partie d’un syndrome de deuil.
Il déclare : « Tout comme la veuve trouve difficile de croire que son mari est décédé et qu’elle
ressent fortement sa présence, l’amputé éprouve aussi de la difficulté à accepter la perte d’un
de ses membres et continue à sentir lui aussi sa présence. »
Une aide vers l’acceptation de la perte permet au sujet de faire le deuil dans le but de percevoir
les capacités qui s’offrent à lui. Ainsi, il reconnaitra progressivement qu’en l’absence d’une
partie de lui-même, le reste du corps peut encore fonctionner.
Les perceptions nociceptives peuvent également être influencées par les différentes stratégies
utilisées par le patient face à cet évènement tragique. C’est ce que l’on nomme le « coping ».
Deux grands groupes de patients sont décrits dans la littérature. Il y a d’abord ceux qui
acceptent l’amputation. Leur deuil et la disparition du MF seront plus faciles. A contrario,
certains patients peuvent se sentir victime de cette perte. Dans ce cas la perception et le ressenti
du MF sera plus intense. Avec le refus de cette nouvelle situation, la personne sera
continuellement contractée et en colère. A long terme, l’anxiété et la dépression peuvent se
développer face à ce sentiment d’effondrement.
Aujourd’hui, la communauté scientifique affirme que les DMF peuvent être influencées par des
facteurs psychologiques. Des études menées par R.A. Sherman montrent que la dépression,
l’anxiété et le stress perçus peuvent influencer l’algohallucinose mais qu’ils ne constituent pas à
eux seul la cause de cette dernière.
13
3. LA THERAPIE MIROIR
3.1. Présentation
La TM est une technique de rééducation développée depuis les années 1990 par le
neuroscientifique Ramachandran.
C’est durant son étude en 1993, sur un patient amputé du membre supérieur gauche, que nous
avons évoqué précédemment [2.3.3], que ce spécialiste en neurologie fût témoin d’une
réorganisation cérébrale chez l’amputé.
Pour rappel, chaque fois que le visage était stimulé, la zone du schéma corporelle de la partie
amputée était stimulée, ce qui avait tendance à entrainer des sensations dans le MF.
En avançant dans ses recherches, il s’est aperçu que lorsque le membre était paralysé avant
l’amputation, le patient pouvait retrouver un MF paralysé après l’amputation. Ce phénomène
montre qu’il existe un lien entre l’état du membre pré opératoire et post opératoire.
Lors d’une amputation, il existe un décalage entre la commande motrice attendue par le cerveau
et celle réellement effectuée. Les voies afférentes informent le système central que le membre
ne peut plus bouger. Avec le temps, le cerveau enregistre cette information comme une forme
de « paralysie apprise ». Ce dysfonctionnement de la commande motrice se traduit par la
douleur chez l’amputé. (27). Dans ce cas l’algohallucinose est comprise comme une douleur
« délirante ». Elle correspond à une exclusion corporelle du membre amputé.
L’idée est donc apparue que si l’on donnait au MF l’illusion qu’il peut bouger, les douleurs
seraient diminuées. Ainsi le miroir permet de redonner une cohérence sensitivo motrice du
membre amputé [Annexe VII]. Après plusieurs séances, Ramanchandran s’est aperçu que son
patient ressentait son MF bouger.
La recherche de l’équilibre entre perception et mouvement du MF crée un effet antalgique chez
les patients ayant un trouble du schéma corporel. Il convient donc de dire que les DMF induites
par la formation de névromes au sein du moignon ne peuvent être traitées par cette thérapie.
3.2. L’importance du mouvement
Lors d’une contraction musculaire importante, le cerveau régule l’influx nerveux afin de
diminuer la contraction musculaire.
Chez un amputé, l’information de retour ne se fait plus sachant que le membre est absent. De ce
fait, le patient a continuellement des sensations douloureuses puisque les représentations
visuelles ne sont pas corrélées aux informations cérébrales.
Chez des animaux amputés ou désafférentés, on observe un réarrangement du cortex
somatosensoriel mais également du cortex moteur primaire (28–30). Des études récentes
montrent que la contraction volontaire du membre résiduel entraient une information motrice
14
des muscles du moignon. Ceci suggère que les commandes motrices du membre résiduel sont
conservées après l’amputation (31).
Il est également établi une relation entre l’importance de la réorganisation dans le cortex moteur
primaire et l’intensité des DMF chroniques.
L’entrainement moteur du MF induirait une diminution de l’algohallucinose conjointement à la
normalisation du fonctionnement du cortex moteur primaire. Ainsi, lors de la rééducation par
TM, on demande aux patients de réaliser des mouvements avec leur membre intact. Lorsque
celui-ci réalise les différents mouvements, il doit s’imaginer que le membre qu’il aperçoit dans
le miroir correspond à son membre amputé.
Raffin et al. observent grâce à l’IRM fonctionnelle le lien entre la réorganisation du cortex
moteur primaire et l’algohallucinose. Cette étude décrit pour la première fois, que la zone
corticale est activée lorsque le MF est mobile et identique à celle de l’exécution motrice d’un
sujet sain (32).
Cependant, cette zone est différente de celle activée par l’imagerie motrice. Ils se sont
également aperçu que cette restructuration corticale est modulée par les performances motrices
du MF.
Ainsi, elle considère que pour être efficace la thérapie visuomotrice doit s’accompagner d’un
bon contrôle moteur du MF afin de faciliter la préservation de l’organisation du cortex moteur
primaire. Le rôle prépondérant du cortex moteur primaire, durant le mouvement, suggère que
l’exécution motrice serait plus efficace que les thérapies visuomotrices dans l’algohallucinose
(33). La mobilité du membre résiduel doit permettre de réactiver le programme moteur
correspondant aux mouvements fantômes et ainsi atténuer les douleurs.
Les techniques antalgiques visant à réduire les algohallucinoses en améliorant le contrôle
moteur dans le MF induisent une normalisation de l’organisation fonctionnelle du M1 et une
« réactivation » de la représentation résiduelle du membre amputé (34).
Les altérations corticales motrices ne permettent pas d’expliquer les DMF. La TM aurait un
rôle indirect sur les douleurs. A ce jour, les mécanismes antalgiques sous-jacents des thérapies
motrices par rétrocontrôle visuel du membre amputé restent encore inconnus.
3.3. La kinésithérapie et la thérapie miroir
Les points précédents permettent de nous familiariser à la TM dans les DMF. Depuis les travaux
initiaux de Ramachandran, l’utilisation de la boîte miroir s’est développée dans le traitement
d’autres pathologies. Comme par exemple le syndrome douloureux régional complexe pour
réduire les douleurs ou encore l’hémiplégie pour améliorer la réalisation de mouvements.
Même si l’algohallucinose a amené à la conception de la TM, peu de professionnels l’utilisent
même si elle tend à se développer dans les centres de rééducation.
Spécialiste du mouvement
D’après la Fédération Française des Masseurs Kinésithérapeutes Rééducateurs (FFMKR) :
15
« La pratique de la masso-kinésithérapie comporte la promotion de la santé, la prévention, le
diagnostic kinésithérapique et le traitement :
1. Des troubles du mouvement ou de la motricité de la personne ;
2. Des déficiences ou altérations des capacités fonctionnelles. »
Comme nous avons pu le voir dans les points précédents, le mouvement a un intérêt majeur
dans la réalisation de la TM. Le principe primaire thérapeutique de notre formation étant le
mouvement, il semble donc naturel que ce soit les kinésithérapeutes qui pratiquent cette
thérapie.
Spécialiste du massage thérapeutique
Au début de la mise en place de la TM, un des patients de Ramachandran s’est fait masser le
membre sain devant le miroir. A son plus grand étonnement, le patient ressentait les mêmes
informations sensorielles dans le membre sain et dans le MF lorsqu’il regardait dans le miroir.
Ceci peut notamment s’expliquer par l’activation des neurones miroir au sein du cerveau.
Il est donc possible d’utiliser le miroir associé à des informations tactiles. Le but est d’envoyer
des informations au cortex somesthésique de la zone amputée.
Etymologiquement et suite à son cursus, le masseur kinésithérapeute semble donc le praticien le
mieux adapté à la réalisation de massage thérapeutique.
Une relation privilégiée avec le patient
La kinésithérapie est une profession relationnelle. Elle ne se limite pas à la réalisation d’actes
thérapeutiques, elle a également un rôle de conseil, de formation et d’écoute. Nous sommes
l’une des professions de santé qui passe le plus de temps avec les patients. Hors, on observe que
lorsque la TM est réalisée régulièrement, les résultats obtenus sont meilleurs.
Des séances de TM à domicile sont également suggérées par différents protocoles. Le
kinésithérapeute peut donc former le patient à une pratique autonome adéquate.
Au cours de séance en centre ou en cabinet, le kinésithérapeute veille à adapter la réalisation du
protocole mise en place et pourra évaluer ses effets (positifs ou négatifs). Cette évaluation est
primordiale notamment pour agir au plus vite lors de l’apparition d’effets secondaires.
3.4. La thérapie miroir et ses effets
3.4.1. La thérapie miroir : un réel effet antalgique ?
Depuis sa conception, la TM a suscité de nombreuses interrogations concernant son efficacité
notamment dans le traitement des DMF. Il apparait alors dans la littérature de nombreux
protocoles d’entrainement moteur afin de stimuler la motricité du MF.
Tout commence avec Ramachandran (1996) qui a démontré que la rétroaction visuomotrice
d’un membre intact permet au patient de libérer volontairement la paralysie et/ou les spasmes de
serrement provoqués par la « paralysie apprise ». Ceux-ci induisant des douleurs qui résultent
d’une négligence fonctionnelle pré opératoire (15,20,27).
Des effets semblables ont également été appréciés par 8 patients hétérogènes sur 10 avec mise
en place d’un protocole et de méthodes variés.
16
En 2003, Brodie compare le déplacement des deux membres inférieurs dans deux
conditions différentes. Dans la première, l’individu ne voit que sa jambe intacte bouger.
Dans la seconde, il regarde leur jambe intacte se mouvoir dans le miroir.
Protocole de l’étude :
o 10 séries de 10 mouvements
o Durée de l’étude : une journée
Il a été constaté que la deuxième méthode induit plus de mouvement du MF.
Une seconde étude a été réalisée en 2007 par le même scientifique sur des patients identiques
avec le même protocole. Lors de ses recherches, il a pu observer une diminution subjective du
MF mais sans effets majorés avec le miroir. La diminution des douleurs était identique dans les
deux cas.
Dans une étude de MacLachlan et al. (2006), les participants ont également connu une
réduction des douleurs et une majoration du contrôle du MF (35).
Cependant, durant cette étude, la TM a été remplacée par de la visualisation mentale durant une
partie de l’étude. On ne peut donc pas savoir si c’est réellement la TM qui est la cause de la
diminution des DMF.
Moseley (2006), dans ses essais contrôlés et randomisés, propose l’imagerie motrice
graduée. Ce protocole se compose en 3 phases de 2 semaines chacune.
- La première correspond à de l’imagerie motrice implicite, c’est une phase de
reconnaissance de la latéralité. En effet, des résultats montrent que les amputés
mettent plus de temps à juger de la latéralité des mains présentées sur des
photographies et augmente si le membre amputé est dominant. Elle montre que le
patient possède un schéma corporelle intacte.
- L’imagerie explicite demande au patient d’imaginer son membre bouger. Elle
réactive le schéma moteur du membre fantôme.
- La dernière phase correspond à de la TM (36).
D’après certains thérapeutes qui pratiquent l’imagerie graduée, il peut être difficile pour les
patients de sortir de l’illusion. La fin des séances doit donc être progressive. Selon Moseley,
l’effet antalgique est maintenu à 6 mois. Cependant, nous ne savons pas quelle est la part de la
TM dans le soulagement des DMF.
Une étude contrôlée et randomisée de Chan et al.(2007), indique que 15 minutes de
TM suffisent à diminuer les DMF pour 100% des patients contre 50% lors de
visualisation mentale seule .
Les séances sont réalisées durant 8 semaines, avec à chaque séance, un enregistrement de
l’intensité et de la durée de la douleur. La diminution des douleurs est significative après 4
semaines (37).
Cette étude a également comparé la TM avec d’autres techniques :
- technique avec miroir couvert
- technique de visualisation mentale.
17
Seule la TM a eu un effet antalgique chez 100% des patients de l’étude. Cependant les
modalités dans les trois groupes ne sont pas détaillées et les effets moteurs ne sont pas
quantifiés.
Sumitani et al. (2008), observe une diminution de la DMF 10 minutes après le début de
la TM seulement chez les patients ayant une bonne imagerie visuomotrice (38). Seul la
part profonde des douleurs diminue alors que la part superficielle persiste.
Mercier et Sirigu (2009) trouvent également un effet antalgique chez 38% des patients
ayant fait l’étude. Ils ont également observé que les bénéfices à long terme sont
indépendants de l’effet à court terme et de la durée de désafférentation (39).
L’utilisation de l’IRM permet de montrer qu’un retour à l’état normal pré opératoire du cortex
était corrélé à la réduction de la DMF (12). On observe également que la vision du mouvement
dans un miroir permet de modifier l’activité d’une région du cortex pariétal impliquée dans les
perceptions douloureuses et dans la reconnaissance du membre observé.
Cette inversion corticale est en corrélation avec Seidel et al. (2011) qui ont trouvé
une réduction significative de la DMF après 12 séances de TM (40).
Pour finir, Thieme et al.(2016), observent un effet sur la douleur et le handicap
mais n’ont pas eu de résultats significatifs sur la qualité de vie des personnes
étudiées (fonctionnement physique, émotionnel, sociale et effets sur le sommeil)
(41).
Ces travaux supposent que la TM est un traitement prometteur et peu onéreux dans la prise en
charge des DMF. Cependant, après 20 ans d’existence et malgré de nombreuses, le niveau de
preuve de l’efficacité de cette nouvelle méthode de rééducation reste faible études [Annexe IX].
Dans les études analysées de l’annexe 9, la plupart ont un faible niveau de preuve. Peu de
recherches contrôlées et randomisées sont réalisées et certaines études manquent de qualités
méthodologiques (42).
Moseley (2006) et Sumitani et al (2008) ont effectué des interventions avec de multiples
pathologies (36,38). Bien qu’elles soient toutes traitées pour des DMF, leurs mécanismes sont
différents et par conséquent, leurs résultats positifs significatifs sur la réduction de la douleur
peuvent manquer de validité et de fiabilité.
Les modalités de pratique sont confuses concernant la mise en place de la TM chez les amputés
notamment sur les mouvements à effectuer lors des séances. Dans les essais non contrôlés,
certains auteurs suggèrent qu’un suivi préalable d’un éventuel syndrome dépressif est nécessaire
avant toute mise en place de la TM.
La diversité des protocoles de cette thérapie est un frein à la bonne conduite des méta analyses.
Les effets antalgiques de l’imagerie motrice semblent plus nuancés (30,37). Ces discordances
argumentent le besoin de mieux comprendre les bases neuropsychologiques et
neurophysiologiques des perceptions kinesthésiques rapportées par les amputés.
18
3.4.2. Antalgique peut être mais pour quelles effets secondaires ?
A ce jour, il existe une multitude d’écrits sur la perception du MF mais de nombreuses
interrogations restent sans réponse concernant son mécanisme. Comme nous venons de le voir,
plusieurs études suggèrent un effet bénéfique de cette nouvelle rééducation visuomotrice.
Cependant, il existe peu de littérature concernant les conséquences indésirables de cette
thérapie.
Dans un rapport de 2007 comprenant 3 patients amputés du membre inférieur, les principales
plaintes ont été décrites comme un malaise ou des sensations étranges. Un seul patient a déclaré
être plus fatigué après la TM (43). Ceci suggère qu’un certain nombre de conséquences peuvent
apparaitre secondairement à la TM.
Casale et al. sont réellement les premiers à étudier les répercussions néfastes de la
TM (44).
Cette étude réalisée dans un groupe de 33 patients mixtes, amputés à différents niveaux, âgés de
18 à 90 ans et qui présentent des phénomènes liés au MF.
Les causes d’amputation sont multiples : traumatisme, artériopathie périphérique,
cancer ou infectieuses.
Les critères de sélection :
o Absence de déficience cognitive (examen de l'état mental minimal,
normalisé pour l'âge et l'éducation)
o Absence de troubles psychiatriques graves (exemple : dépression majeure)
Tous les patients commencent le traitement entre 20 et 30 jours après l'amputation. Ils réalisent
des séances quotidiennes de 30 minutes (du lundi au vendredi) durant 3 semaines.
Ils ont également intégré un programme parallèle de réadaptation traditionnelle comprenant :
- des exercices de contrôle du tronc
- des exercices d'amélioration de la force musculaire du moignon
- des exercices d’apprentissage de l’utilisation de la prothèse
- de l’ergothérapie
Tous les sujets sont suivis tout au long du traitement par un groupe de travail psychologique
hebdomadaire.
Dans cette étude de 33 patients, seules 4 d’entre eux ont terminé le protocole de l’étude. Les
autres individus ont arrêté à différentes périodes de l’étude. Aucune relation entre le retrait, le
sexe, l'âge ou le niveau d'amputation du patient est observée.
Résultats obtenus :
- 19 ont signalé des confusions et des étourdissements
- 6 ont rapporté des sensations d'irritation peu spécifique
- 4 ne se sont pas plaints
19
Les raisons possibles de ce grand nombre d'effets secondaires peuvent être dues au manque de
sélection des patients ainsi qu’au fait que la TM ait été mise en place en parallèle d’une
rééducation ciblée à l'utilisation d'une prothèse. En effet, l’utilisation de la prothèse peut induire
le télescopage cortical d’où l’atténuation des douleurs chez les patients portant une prothèse
(45).
La TM et l’apprentissage de l’appareillage ont des conséquences contradictoires. Rappelons-
nous que le miroir trompe le cerveau en pensant que le MF se déplace normalement comme
avant l’amputation alors que l’appareillage tente de construire une nouvelle image corporelle.
Hagenberg et Carpenter, étude Delphi concernant la thérapie miroir (2014)
Afin d’objectiver au mieux la survenue d’effets indésirables, une étude récente a analysé la TM
par une technique Delphi.
Cette technique a pour but de mettre en évidence les diverses opinions concernant un sujet
précis afin d’en dégager un consensus grâce à la consultation d’experts à l’aide de
questionnaires.
Le protocole de cette technique est basé sur la rétroaction. Elle évite les confrontations et
garantit l’anonymat des individus consultés. Le choix des experts est déterminé en fonction de
leurs connaissances sur le sujet étudié.
Dans cette recherche, le panel se composait de 13 praticiens de 6 pays et de 5 professions:
médecine, psychologie, physiothérapie, ergothérapie et soins infirmiers. Onze ont terminé
l’étude.
La méthode Delphi se réalise avec au minimum 3 étapes :
- Pour commencer, on demande l’avis de chaque participant : étude de la façon dont le
traitement par TM est organisé (durée et fréquence des séances, étude des effets
indésirables en fonction de leur nature, de la gravité d’apparition et de leur gestion). Des
réponses de clarifications sur les matériaux et techniques manuelles utilisées sont
également explorées.
- Ensuite, chaque praticien est informé différentes opinions des autres participants ainsi que
des réactions par rapport à son propre avis.
- Et enfin on termine par l’acquisition des informations et leur traitement afin de clarifier au
mieux le sujet étudié.
C’est une méthode contraignante qui ne représente pas un échantillon statistique représentatif de
l’ensemble de la population. Il s’agit d’un mécanisme de décision d’un groupe d’experts
qualifiés qui ont une bonne compréhension sur le sujet étudié. C’est une étude qualitative qui
ne prétend pas à l’analyse statistique.
Il est apparu que les praticiens ne considéraient pas la nature de l’équipement comme
essentielle. La majorité des praticiens ont convenu qu’un environnement calme était nécessaire
à la mise en place de la TM.
La durée nécessaire était généralement déterminée par la capacité du patient à se concentrer et à
tolérer le programme. Celle-ci est évaluée entre 1 et 10 minutes selon les sujets.
20
Durant l’étude, des effets indésirables ont été rapportés et retranscris sous forme d’histogramme
comme :
- une augmentation des douleurs
- des modifications sensorielles
- l’immobilité du MF, des étourdissements
- de la transpiration (46)
La faible incidence des étourdissements et des nausées rapportés dans l’étude contraste avec
l'incidence élevée rapportée dans l'étude par Casale et al (44).
De plus, il a été décrit des phénomènes indésirables émotionnels jusqu’à 85% chez les amputés
pratiquants la TM (46). Comme nous l’avons vu précédemment, aucune donnée ne précise quel
type de patient peut inclure la TM.
Nombre de praticiens ayant rapportés les effets de la thérapie miroir
Tableau 1: D'après l'étude de la TM pour les DMF: Expérience internationale sur les modalités
et les effets indésirables discutés par un groupe d'experts: étude Delphi
En conclusion de cette partie
Dans une revue systématique de 2016, 20 articles concernant la TM ont été exploités.
3 articles mentionnent des contres indications à la TM. Les plus fréquentes sont
l’existence de comorbidités neurologiques ou psychologiques, des douleurs dans le
membre restant et des troubles de la vue rendant impossible la réalisation de la
technique par le miroir (40,47)
17 articles ont mis en avant l’efficacité de la TM mais leur niveau de preuve reste trop
faible (3 ou 4) pour conclure.
1 article contrôlé et randomisé n’a pas montré d’effets significatifs (48)
8 articles envisagent un effet spécifique de la TM sur le contrôle des mouvements
perçus dans le MF mais encore une fois avec un faible niveau de preuve.
Dans les différentes études analysées, les effets secondaires ne sont pas systématiquement cités.
Dans certains cas, la TM a des effets inverses à l’effet escompté. On voit alors apparaitre
l’aggravation de la douleur, des distorsions télescopiques du MF. La visualisation du membre
sain dans le miroir à la place du membre amputé peut aggraver le syndrome dépressif. On
observe que lorsque les études se concentraient sur les effets délétères de la TM, des épisodes de
nausées et de confusions sont souvent rapportées.
10
6
3 3 3 2
1 1 1
0
2
4
6
8
10
12 Réactions émotionnelles
Augmentation des douleurs
Variation de sensation
Nausées
Télescopage
Gel du membre fantôme
Fatigue générale
Fatigue du membre fantôme
Mouvements étrange du membre fantôme
21
4. CONCEPTION DU QUESTIONNAIRE
(Note : Le questionnaire est consultable en Annexe X.)
Plusieurs raisons m’ont amené à porter ma réflexion sur la mise en place d’un questionnaire
concernant les effets secondaires de la TM.
Tout d’abord, la thérapie visuomotrice est une technique antalgique non invasive non
pharmacologique qui semble faire ses preuves dans les troubles du schéma corporel.
Comme nous l’avons vu précédemment, les personnes âgées semblent être le plus touchées par
la maladie et l’amputation [Annexe XI].
Hors, d’après un compte rendu de la HAS (2015), la polypathologie détermine la
polymédication. Il en découle des effets indésirables dus au traitement et se multiplient avec le
vieillissement (double après 65 ans) ainsi qu’avec l’augmentation du nombre de médicaments
prescrits. En effet, chaque nouvelle spécialité de médicaments entraine un risque de survenu
d’effets indésirables de 12 à 18%.
Après un échange avec un médecin rééducateur, il s’est avéré que la plupart des
algohallucinoses étaient traitées par médicaments. Le but étant de « trouver un équilibre entre
la nécessité de traiter efficacement les maladies chroniques, sans perte de chance pour le
patient, et le risque d’événements indésirables lié à la prise simultanée de plusieurs
médicaments » (HAS).
La polymédication étant un problème de santé publique, des techniques de rééducation et de
réadaptation non pharmacologique et non invasive sont à privilégier. L’objectif de ce
questionnaire est donc d’améliorer nos connaissances à propos d’une technique de rééducation
qui semble faire ses preuves dans le traitement des algohallucinonses. L’analyse des effets
secondaires a pour but de mieux connaitre les faiblesses et ainsi de mieux les contrer.
4.1. Matériels et méthodes
Le questionnaire est une méthode de recherche quantitative qui étudie les faits
psychosociologiques. Ce procédé évalue un échantillon d’individu afin de recueillir un
maximum de données permettant de mieux comprendre et d’expliquer les faits d’un sujet donné.
« L’élaboration d’un questionnaire, c’est produire des chiffres qui vont permettre selon les
tenants de cette démarche de se soustraire à la subjectivité » (Vilatte, Université d’Avignon)
(49). C’est une démarche méthodique répondant à une certaine rigueur afin de répondre au
mieux à une problématique clairement définie.
Les questions auxquelles je souhaiterais répondre avec ce questionnaire sont :
Quels sont les effets néfastes chez les amputés pratiquant la thérapie miroir ? Y a-t-il une
corrélation entre les données littéraires étudiées et les résultats qui pourraient être obtenus ?
En découle la problématique de ce mémoire : « Y a-t-il des effets indésirables à la thérapie
miroir chez l’amputé qui pourraient restreindre sa mise en place ?»
J’ai donc choisis de réaliser une méthode de recherche établis à partir des données littéraires
étudiées. Un questionnaire me semble plus approprié que des entretiens pour cette évaluation
car il permet un plus grand nombre de réponse, il est facilement diffusable et anonyme.
22
L’entretien, quant à lui, se réalise sur un échantillon plus réduit, ce qui limite le nombre de
réponses. Cependant, il permet de mieux se rendre compte du point de vue de l’individu
questionné. L’entretien oscille ainsi « entre deux pôles : consultation et le récit » (Olivier de
Sardan 1995).
4.2. L’échantillonnage
Dans notre cas, le but est de décrire un phénomène subjectif (douleur) qui découle de
phénomènes objectifs comme le remodelage cortical. On aborde ainsi la représentation de
l’enquêté face à la TM. Le questionnaire se construit en fonction d’hypothèses émises. Les
résultats obtenus viennent confirmer ou non ceux cités dans la littérature.
L’hypothèse de ce mémoire est qu’il existe des effets secondaires à la TM pouvant être
influencés par d’autres critères tel que, le port de la prothèse, le protocole et la médication.
La population d’enquête
- Patient adulte amputé du membre inférieur
Cette population définit les individus concernés par les objectifs de l’enquête. Dans ce
questionnaire, seules les personnes amputées adultes du membre inférieur sont admises.
Le questionnaire est destiné aux patients et non aux thérapeutes. Ce choix doit limiter
l’influence des professionnels qui peuvent avoir un avis sur la TM.
Seules les adultes ont été introduit car la TM demande beaucoup de concentration ce qui n’est
pas forcement facile pour de jeunes individus. De plus, on sait que les algohallucinoses sont
exceptionnelles chez le jeune enfant et transitoire chez l’adolescent.
Les individus doivent avoir suivis ou doivent suivre au moment du remplissage du questionnaire
la rééducation par TM.
Lors de sa rééducation, le patient ne doit pas savoir qu’il répondra à un questionnaire sur la TM.
Il devra y répondre à un moment fixé par le thérapeute par exemple à la fin de la mise en place
de la TM ou encore lorsque le patient décide lui-même d’arrêter la thérapie.
Cette méthode permet de limiter l’expérience ou effet Hawthorne. Dans ce procédé, le patient
sait qu’il adhère à un protocole de recherche. Dans la plupart des cas, ce dernier développe une
plus grande motivation. Ainsi, les résultats obtenus ne sont pas dus aux facteurs expérimentaux
mais au fait que le patient a conscience de faire partie d’une recherche.
4.2.1. Les critères d’inclusion
- Amputation vasculaire ou traumatique
Les DMF étant liées à différentes étiologies, les données littéraires sont souvent biaisées en
raison de la présence de pathologies préexistantes (50).
J’avais d’abord décidé de réduire un maximum les biais, seuls les amputés vasculaires étaient
inclus. Cependant, après réflexion, il m’a semblé important d’inclure les amputés d’origines
traumatiques afin d’augmenter l’échantillon et d’obtenir un maximum de réponse à l’étude.
23
- Homme ou femme
Il ne semble pas, d’après la littérature, y avoir une différence de DMF en fonction du sexe d’où
l’implication des deux sexes. La TM étant utilisée dans les sensations et/ou DMF, les patients
inclus doivent avoir connus ce phénomène au moment de la rééducation visuomotrice.
- Patient ayant des sensations du MF
Le questionnaire s’adresse à des patients pratiquant ou ayant pratiqué la TM.
4.2.2. Les critères d’exclusion
- Patient présentant des troubles majeurs cognitifs
La perte d’un membre est souvent perçue comme la perte d’un être cher et le deuil est plus ou
moins facile en fonction des individus. (11).
Cependant face à cette perte chaque personne réagit différemment et peut développer des
troubles cognitifs suite à l’amputation.
Ces troubles comprennent la détérioration des processus mentaux de la mémoire, du jugement,
de la compréhension, et du raisonnement. Il paraît donc difficile de réaliser de la TM chez ces
personnes.
Lors d’un échange sur la question avec un médecin pratiquant ce type de rééducation, il s’avère
que la TM pouvait avoir des effets paradoxaux comme des pleurs, des douleurs qui apparaissent
du côté sain, des oublis du membre amputé pouvant conduire à des hystéries chez les patients
présentant des souffrances psychologiques.
- Patient avec des déficiences visuelles
Les déficiences visuelles d’un individu ne lui permettent pas de visualiser clairement son
membre sain dans le miroir. La concentration est dans ce cas augmentée, perturbant ainsi les
résultats concernant les effets secondaires. Il en découle par exemple l’augmentation de la
fatigue ou encore l’apparition de nausées.
- Utilisation du TENS pour les DMF
Le TENS ou électrostimulation antalgique est la technique la plus employée par les
kinésithérapeutes dans les douleurs neuropathiques (51).
D’après la Société Française d’Etude et de Traitement de la Douleur, ce mode de traitement est
efficace dans les neuropathies diabétiques et les lésions nerveuses post traumatiques comme
l’amputation (grade B) (52).
Cette technique a une action antalgique basée sur la théorie du « gate control » proposée par
Melzack et Wall en 1965. L’effet principal du TENS est de stimuler uniquement les fibres
sensitives A (les plus excitables) inhibant ainsi l’influx nociceptif induit par les fibres A et C
au niveau de la corne postérieure de la moelle épinière.
D’après une expertise Cochrane parue en 2010, aucune étude ne permet de prouver l’efficacité
du TENS dans les DMF et du moignon. La mise en place de cette technique associée à la TM
pourrait malgré tout, composer un biais à l’étude réalisée (53).
24
Dans une étude contrôlée et randomisée de Tilak (2016), l’efficacité de la TM est comparée à
celle du TENS dans les algohallucinoses. Les résultats concluent qu’une réduction de la douleur
est observée à court terme dans les deux cas. Aucune des deux méthodes ne semble avoir plus
d’effets que l’autre. Cependant, l’étude ne dit pas si les résultats persistent à long terme. De
nouvelles analyses sont donc à prévoir dans ce domaine (54).
4.3. L’introduction du questionnaire
Le choix du titre du questionnaire est intentionnellement différent de la problématique du
mémoire : Questionnaire sur les effets de la TM dans les sensations de membre fantôme
chez les amputés
J’ai décidé de ne pas introduire des expressions telle que « effets secondaires », « effets
indésirables » ou encore « effets latéraux » pouvant laisser supposer au patient que la TM est
« nocive ». Ceci risquerait d’orienter leur jugement.
Quelques phrases explicatives sont ensuite introduites au début du questionnaire. Le but de
l’étude y est exposé « cette enquête permettra de mieux comprendre cette pratique et ses effets »
sans pour autant rentrer dans les détails puisqu’on ne s’adresse pas à des professionnels de
santé.
Le temps de remplissage du questionnaire y est inscrit pour ne pas surprendre les personnes qui
souhaiteraient y répondre.
Il faut également garantir l’anonymat et remercier l’enquêté des sacrifices de son temps par
formule de politesse. Il est important de préciser qu’il n’y a pas de bonne ou de mauvaise
réponse venant de l’interrogé en soulignant que l’étude « ne comporte aucun jugement ».
4.3.1. Le contenu du questionnaire
Règles concernant la conception d’un questionnaire
La formulation, le type de question (ouverte ou fermée), la forme et le choix des réponses
proposées sont élaborés en fonction de 3 critères :
- La clarté
Elle correspond à la compréhension du questionnaire par les individus. S’adressant à des
personnes non professionnelles de santé, les concepts techniques doivent être exprimés avec un
vocabulaire simple et adapté. La clarté s’obtient notamment par la formulation de questions
courtes.
- La neutralité
Le questionnaire ne doit pas cibler la réponse de l’interrogé afin d’obtenir des informations les
plus objectives possible. Pour cela, un nombre de réponses assez larges doivent être proposé
pour ne par limiter l’expression des individus répondants au questionnaire.
25
Par exemple, lors de la proposition d’une liste de réponses possibles, une possibilité « autre »
sera proposée.
- Adéquation
C’est l’adaptation des questions aux personnes interrogées tout en tenant compte du sujet de
l’étude.
Par exemple, pour une population non professionnelle de santé on utilisera le mot
« fourmillement » plutôt que « paresthésie ».
L’association et la mise en place de ces 3 critères permettent de limiter le nombre de refus et
limite donc les problèmes de pertinences des résultats obtenus.
D’après Kauffmann et al., lors de la conception d’un questionnaire, un pré test doit être réalisé
afin d’améliorer la qualité de la recherche médicale et épidémiologique du sujet. C’est une étape
qui permet de vérifier l’acceptabilité et la compréhension du sujet menant à une réponse
particulière. Ce « debriefing » permet de modifier la formulation des questions lorsque la
population s’interroge sur des points précis du questionnaire.
N’ayant pas de personnes correspondant à la population étudiée à questionner, j’ai donc fait
appel à des individus qui ne connaissaient pas le sujet. Ils appartiennent aux mêmes tranches
d’âge que la population qui étudiée (c’est-à-dire entre 20 et 75 ans) et sont de classes
socioprofessionnelles diverses.
Une brève explication des sensations de MF et de la TM fût réalisée. Suite à leurs différentes
remarques, la forme des questions a évolué au fil du temps pour arriver à ce résultat final.
La nature des questions posées
Afin de mieux comprendre les mécanismes de la TM et ses effets, j’ai décidé de composer mon
questionnaire en deux grandes parties :
- Les conditions de mise en place de la TM
- Le ressenti de la TM par les patients
Les différentes parties permettent d’aérer le questionnaire et de le rendre plus agréable à
remplir.
Conditions de mise en place de la TM
Cette partie a pour but de mieux comprendre le contexte de mise en place de la TM et quels sont
les protocoles.
- Les questions concernant la prothèse
On observe que les patients portant plus de 9 heures par jour leur prothèse ont moins de DMF.
La prothèse agit sur le système de modulation vertébrale nociceptif ainsi que sur les voies
proprioceptives et extéroceptives. La prothétisation remplace partiellement le manque
d’information du membre résiduel.
26
Au - delà de l'impact sur la réadaptation fonctionnelle, la mise en place précoce d'une prothèse,
par prise de contact rigide, prévient la thrombose veineuse ce qui favorise la guérison du
moignon. Ainsi elle joue un rôle dans le contrôle de la douleur via la qualité du moignon.
D’après une méta analyse de 2016, le port de la prothèse et la TM atténuent les DMF (55). Dans
les cas où la prothèse ne peut être mise en place du fait de douleurs trop intense, la TM peut être
une bonne alternative.
Cependant, selon les analyses de Casale et al., l’apprentissage du port de la prothèse semble être
un biais à l’étude en supposant que la TM et l’apprentissage de l’appareillage ont des
conséquences contradictoires (44).
- L’étude des médicaments
Les questions sur les médicaments permettent de savoir quel traitement est utilisé. Leurs
précisions peuvent laisser supposer que des effets secondaires peuvent être dus au traitement
médicamenteux.
- Les questions concernant le protocole
Nous avons pu voir, qu’une multitude de protocoles existent dans la littérature [Annexe IX].
L’utilisation d’intervalle de temps a pour but de regrouper les différents protocoles utilisés par
les professionnelles et d’en déduire une corrélation ou non avec les effets secondaires qui en
découlent.
7. Quelle est ou était la durée minimale d'une séance de thérapie miroir ? *
Une seule réponse possible.
Moins de 30 minutes
Entre 30 minutes et 1 heure
Plus d'une heure
8. Quelle est ou était la durée maximale d'une séance de thérapie miroir ? *
Une seule réponse possible.
Moins de 30 minutes
Entre 30 minutes et 1 heure
Plus d'une heure
Ces deux questions auraient pu être posées en une seule : « Quelle était ou quelle est la durée
moyenne d’une séance de TM ? ».
Cependant, ce type de question ne permet pas de me dire si la durée des séances a évolué dans
le temps et dans quelle mesure la durée des séances a pu différer. Dans ce type de question, la
réponse ne peut qu’être approximative, la solution proposée est par tranche de fréquence. La
question suivante vient préciser le mode d’évolution des séances.
9. La durée des séances a-t-elle évoluée dans le temps? Une seule réponse possible.
La durée des séances de thérapie miroir a augmenté au cours de la prise en charge.
La durée des séances de thérapie miroir a diminué au cours de la prise en charge.
La durée des séances de thérapie miroir est restée identique au cours de la prise en charge.
Autre : _______________________________________________________________
27
Le ressenti de la TM
La première question de cette seconde partie a pour but de savoir si la personne a eu des
problèmes de compréhension et de concentration concernant le concept et la mise en place de la
TM.
Ce second point a pour objectif de savoir si la TM a eu un effet sur les sensations et/ou DMF.
La question 13 se situe quasiment à la fin du questionnaire et est pourtant l’une des questions les
plus attendues de l’étude. J’ai décidé de la poser sous forme de liste. Ce type de question
comporte plusieurs avantages :
- Question simple et facile à remplir
- Oriente l’interrogé sur les attendus de la réponse
- Etant située quasiment à la fin du questionnaire, le lecteur peut se lassé. Ce type de question
est simple et facile à répondre.
Cette liste est fondée sur les différentes recherches littéraires ayant étudiées ces effets (11,46).
La suite des questions permettent de savoir si des individus ont arrêté ou ont songé à arrêter la
TM. Une question ouverte à la suite d’une réponse fermée précise les causes de l’arrêt. Cette
question permet au patient de s’exprimer, d’améliorer son adhésion au questionnaire ainsi que
nos connaissances sur l’acceptation de la TM chez les amputés.
4.3.2. Le choix du mode d’administration du questionnaire et sa
présentation
Le questionnaire réalisé sur « Google form » permet de le le remplir via internet. Comme pour
toutes les méthodes auto-administrées, l’enquêté y répond seul. Pour les individus non initié à
l’informatique, le questionnaire peut être imprimé et rempli manuel.
AVANTAGES INCONVENIENTS
Faible coût
Le questionnaire est facilement diffusable,
accessible sur n’importe quel ordinateur
possédant internet
L’interrogé peut répondre quand il le
souhaite sans influence de l’enquêteur
Il est anonyme
Permet de collecter rapidement des données
Il analyse les données quantitatives et
qualitatives simplement
La fiabilité des questions dépend
uniquement de la formulation des
questions
Peut-être pris à la légère par les
interrogés les incitant à répondre non
sérieusement
Pas d’échange possible avec les
interrogés
Le questionnaire proposé dans l’évaluation des effets secondaires de la TM fût diffusé dans
différents centres de rééducation de Bretagne et des Pays de la Loire.
Avant toute diffusion, un contact préalable fût établi avec les professionnels de santé utilisant la
TM dans les DMF. Tout comme les kinésithérapeutes, les ergothérapeutes sont habilités à
réaliser ce type de rééducation (56,57). Lors de chaque entretien, une explication de la démarche
de recherche a été exposée.
Malgré sa diffusion, le questionnaire n’a pas obtenu de réponses.
28
5. DISCUSSIONS
Dans la littérature, on retrouve une soixantaine de propositions thérapeutiques pour le traitement
des algohallucinoses. Les différentes techniques peuvent être de nature pharmacologique ou
non, invasive ou non.
D’après les données obtenues par Curelli (2004), la gestion de la DMF et/ou la douleur du
moignon serait réaliser à l’aide de :
- Médicaments dans 90% des cas
- De relaxation dans 35% des cas
- Du TENS (Transcutaneous Electrical Nerve Stimulation) dans 10% des cas (11)
Pour les individus restants, 30% essaient de penser à autre chose. Seuls 5% utilisent des
solutions alternatives telle que la cryothérapie, le massage, le repos ou encore la concentration
sur les mouvements du fantôme.
Les analgésiques de palier I sont utilisés spontanément par les patients [Annexe XII]. Leur
efficacité dans le soulagement des douleurs de faible intensité est indéniable. Cependant, leur
efficience est rapidement limitée pour le traitement des douleurs neuropathiques plus intenses.
Dans ce cas, le médecin fait appel à des substances médicamenteuses de paliers supérieurs
pouvant induire des effets indésirables majeurs.
5.1. Les traitements pharmacologiques
La complexité des mécanismes régissant la DMF rend difficile sa prise en charge. Aujourd’hui,
aucune recommandation standardisée et validée ne permet d’orienter les médecins vers un
traitement des douleurs neuropathiques spécifique à l’algoallucinose.
Une recommandation pour la prise en charge non spécifique des douleurs neuropathiques est
publiée depuis 2010 par la Société Française d’Etude et de Traitement de la Douleur (SFETD).
Elle stipule qu’en 1ère
intention, les médecins peuvent prescrire, en monothérapie, un
antidépresseur tricyclique ou un antiépileptique. Quant aux opiacés forts, ils sont recommandés
dans les douleurs neuropathiques (non cancéreuses) si le traitement de 1ère
intention a échoué.
Malgré tout, la plupart des médicaments proposés montrent une efficacité transitoire. Ceci
explique que 75% des amputés souffrent dans les premiers mois voire plusieurs années après
l’opération.
Les stratégies thérapeutiques pharmacologiques prescrites comprennent des préparations
topiques (blocs anesthésiques), des antiépileptiques, des antidépresseurs parallèlement à
d’autres médicaments.
L’usage de blocs anesthésiques locorégionaux en per-opératoire et maintenu durant 3
jours a montré une diminution du risque de développer des DMF (58).
La calcitonine est préconisée en traitement péri-opératoire précoce et tardif. Les effets
indésirables fréquents comprennent notamment :
- Nausées avec vomissement ou non
- De la fatigue
- Des sensations de vertige
- Des douleurs osseuses ou articulaires
29
Ce sont des symptômes que l’on retrouve dans l’étude de Hagenberg et al. qui étudie les effets
indésirables de la TM. Dans les différentes études analysées, le miroir est combiné à une prise
médicamenteuse. On peut alors se demander si les effets secondaires obtenus sont de
conséquence pharmacologique ou non.
D’après une méta analyse réalisée en 2016, les résultats obtenus pour la calcitonine et les
anesthésiques locaux par rapport à un placebo sont variables (59,60). Les essais se basent sur
de petits échantillons. De plus, la plupart n’ont pas considéré l’analyse du sommeil, de la
dépression, la qualité de vie, la satisfaction du traitement ou encore le nombre de perdus de vue.
Les antidépresseurs sont des médicaments largement prescrits lors d’une amputation
mais n’ont pas fait l’objet d’études contrôlées pour ce type d’atteinte. Les plus prescris
sont les antidépresseurs tricycliques notamment lorsque les douleurs sont continues,
sourdes à type de brûlures ou de dyesthésie.
D’après une méta-analyse sur l’ensemble des douleurs neuropathiques, l’efficacité de ce
traitement est rapide mais inconstante. A noter également que leur prescription doit être réalisée
avec prudence notamment chez les personnes âgées. Des effets indésirables de types
anticholinergiques peuvent survenir dans cette population.
Les antiépileptiques sont préconisés lorsque les douleurs sont paroxystiques et
fulgurantes. Comme pour les antidépresseurs, ils n’ont pas fait l’objet d’études
contrôlées spécifiques aux amputés sauf la gabapentine dont l’efficacité reste faible
(61).
L’action antalgique des antiépileptiques est un peu plus rapide que celle des antidépresseurs.
Les effets secondaires communs à cette classe sont principalement des troubles de l’équilibre
pouvant perturber la reprise de la marche.
Les opioïdes/opiacés sont des médicaments de palier II ou III tels que le smédicaments
de type morphinique. Le risque de tolérance et de dépendance au médicament ainsi que
l’apparition d’effets secondaires augmentent avec la durée du traitement.
De plus, l’amputation provoque des perturbations neurochimiques induisant une diminution de
la sensibilité à la morphine. Ainsi, des doses plus importantes sont nécessaires pour un effet
équivalent comparativement à un individu sain.
Les études à court terme ne fournissent pas de preuves suffisantes concernant l’efficience des
opioïdes dans la réduction des douleurs neuropathiques.
Les opioïdes ont une efficacité significative à moyen terme. Cependant, les études analysent de
petits échantillons sur une courte durée. A noter qu’une augmentation de l’incidence des effets
secondaires « ne peuvent refléter ceux habituellement observés dans la pratique » (60,62).
D’après Binoche et Martineau, les traitements non médicamenteux montrent plus d’efficacité
que les traitements pharmacologiques. Seuls les tricycliques, le tégrétol, les - bloquants et la
calcitonine présentent un niveau de preuve supérieur dans le traitement des DMF (14).
30
Les traitements pharmacologiques présentés précédemment se cumulent aux médicaments
prescrits pour les autres pathologies du patient (exemples : pour le cancer ou le diabète). En
plus d’augmenter les risques iatrogènes, la polymédication diminue l’observance des traitements
médicamenteux et constitue un coût élevé pour la société.
Si la polymédication est justifiée, elle peut comporter des interactions médicamenteuses qui
influencent la rééducation. Les nausées et la fatigue diminuent le temps des séances de
rééducation, limitant ainsi les possibilités de reconditionnement à l’effort. Les pertes d’équilibre
induisent des troubles de la marche. Quant aux douleurs, elles retardent la prothétisation et donc
le retour à la déambulation.
5.2. Une alternative, la thérapie miroir
Contrairement à d’autres techniques utilisées dans le traitement des algohallucinoses, la TM est
peu coûteuse et facile à mettre en place. Elle semble être une alternative non négligeable à la sur
médicamentation des personnes amputées et à la gestion des DMF.
D’après « le programme national pour la sécurité des patients » publié en 2013 par la HAS
ainsi que le programme international de l’OMS « Patient for Patient Safety », il est impératif
que les patients jouent un rôle actif dans leur soin (63).
La TM participe à cette démarche. En effet, contrairement à d’autres techniques de rééducation
(TENS, cryothérapie, massage), le miroir demande une participation active du patient.
Même si l’efficacité du biofeedback visuel est bien démontrée, il s’agit d’une technique qui
requiert un partenariat soignant/soigné permettant la mise en place d’un protocole adapté. Il est
donc nécessaire de considérer la motivation du patient avant la mise en place d’un programme
rééducatif.
L’éducation thérapeutique présente une place importante dans ce type de rééducation et
constitue l’un des objectifs majeurs de notre système de santé. Elle a pour but d’aborder les
croyances des patients envers le MF et les effets éventuels de la TM.
Etant donnée l’âge de la découverte de la TM, il est difficile d’avoir un recul suffisant sur ses
effets à long terme. L’application de cette nouvelle technique n’a montré que des résultats
transitoires. Cependant d’après la littérature, des effets bénéfiques sont pbservablesaprès 4 à 6
semaines de TM.
Les bénéfices sont souvent jugés pendant 1 à 2 mois même si certains décrivent des effets
antalgiques à 5 mois. Il est donc important de comprenne les enjeux de la TM afin d’être
observant à la technique.
5.3. Limites réelles et supposées du questionnaire
Pour le moment, le miroir n’est pratiquement pas utilisé dans le contexte thérapeutique. Il est
donc difficile de trouver du personnel connaissant et utilisant cette technique. On peut alors se
demander ce qui conduit les praticiens à se désintéresser de cette thérapie.
31
On conçoit que l’existence de nombreux protocoles perturbe la pratique de la TM. Dans la
littérature, aucun ne semble plus pertinent qu’un autre. Il n’existe aucune donnée d’étude
contrôlée et randomisée de grande ampleur permettant de déterminer la fréquence optimale des
séances d’apprentissage.
De plus, le temps accordé à l’étude était de quelques mois. L’échantillon du questionnaire
représente une part de la population bien spécifique et le nombre de centres interrogés était
limité. Il semble également que la TM est plus utilisée et connue dans les douleurs fantômes du
membre supérieur. Le nombre d’individus pouvant répondre à ce questionnaire était donc
limité.
Le questionnaire inclue les patients « ayant pratiqué la thérapie miroir ». Or, cette population
est souvent déjà sortie du centre lorsque le protocole de TM mise en place est terminé. Il paraît
donc difficile de les interroger.
Pour les patients suivant actuellement un protocole, il peut paraître absurde d’évaluer les effets
secondaires de la TM si la rééducation n’est pas terminée.
5.4. Les choix dans la conception du questionnaire
Pour un même sujet d’étude, un questionnaire sera différent en fonction des personnes qui le
confectionnent. Lors de sa mise en œuvre, des choix sont à réaliser. Un questionnaire ne peut
jamais décrire de manière exhaustive une pratique.
5.4.1. Le choix des critères d’inclusion et d’exclusion
Les DMF ne sont pas ressenties de la même manière par les amputés traumatique et vasculaire.
Hors, le questionnaire ne précise pas quelle est la cause de l’amputation. Cette information peut
être intéressante pour savoir si les conséquences de la thérapie miroir divergent en fonction du
type d’amputation.
Dans l’objectif d’obtenir un maximum de réponse, le questionnaire est transmis à des patients
pratiquant ou ayant pratiqué la TM.
De ce fait, le questionnaire inclue deux types de population, une étant dans le protocole et
l’autre l’ayant terminé. Ceci diminue ainsi la fiabilité de l’étude. Une échelle de temps doit donc
être déterminée. « Seules les personnes pratiquant la thérapie miroir ou venant de la terminer
peuvent répondre au questionnaire ».
5.4.2. Les questions du questionnaire
Concernant le port de la prothèse, elle peut être une cause de survenue d’effets
secondaires à la TM. L’utilisation de prothèses fonctionnelles réduirait la douleurs de
50% selon les études (55).
Il semble donc intéressant de savoir si la durée de prothétisation hebdomadaire est corrélée à
une augmentation des effets secondaires de la TM. Une évaluation hebdomadaire à l’aide du
questionnaire serait intéressante.
L’analyse de la médication du patient me semble importante puisque les interactions
médicamenteuses peuvent être à l’origine d’effets secondaires. Cependant, la question
32
concernant le « listing » des médicaments peut être compliquée pour les patients ayant
de nombreuses gélules à prendre chaque jour.
Concernant le protocole de la TM, les questions demandent d’utiliser la mémoire à
long terme. Ayant d’autres préoccupations et d’autres activités, on peut supposer que
les patients ne pourront pas se souvenir exactement du protocole lors du remplissage du
questionnaire. Ce dernier risque donc d’être réalisé approximativement. Encore une fois
une analyse régulière peut pallier ce biais.
Suite à cela, la question suivante en découle : le remplissage du questionnaire par le patient et
non par le thérapeute est elle une bonne solution ? En effet, plusieurs questions peuvent être
complexes pour le patient comme celle concernant le traitement pharmacologique.
Je suggère qu’une évaluation hebdomadaire permettrait de diminuer l’utilisation de la mémoire
à long terme et ainsi connaitre l’évolution du protocole et les effets engendrés. Cependant, ce
type de recherche pose le problème de l’effet Hawthorne.
5.4.3. Une modernisation du biofeedback visuel
De nombreuses études réalisent un suivi régulier des patients pour connaitre l’évolution et les
effets d’une technique. C’est le cas de l’étude d’Ortiz-catalan et ses collègues (2016) qui
analyse les effets de la réalité virtuelle dans les DMF (64).
Cette nouvelle technique est basée sur la découverte de Ramachandran de 1993 pour créer
l’illusion visuelle d’un membre intact. Ce nouveau dispositif plonge les patients amputés dans
un environnement virtuel.
En comparaison à la « mirror box », la réalité virtuelle demande moins de concentration et
moins de contraintes positionnelles du membre sain. Par l’utilisation de modèles informatiques,
le membre amputé est recréé virtuellement. Ce type de thérapie peut donc être mise en place
chez un patient amputé bilatéral.
Cependant, le coût du matériel et des logiciels utilisés est important. De plus, cette nouvelle
pratique nécessite une formation pour faire fonctionner et adapter un programme personnalisé à
chaque patient.
Dans son étude, Murray observe qu’après chaque séance, les DMF augmentent. Cependant
durant l’exercice, les symptômes nociceptifs ont tendance à diminuer. Il émet l’hypothèse que
lors des séances, le patient se concentre sur la tâche à effectuer et donc oublie ses douleurs.
Aucune explication ne vient infirmer ou affirmer cette théorie. Comme pour la TM des études
sont encore nécessaires.
Même s’il est vrai que ces résultats sont prometteurs, on observe que les patients ont suivi
plusieurs traitements tels que le TENS ou la TM avant la mise en place de la réalité virtuelle.
Comme pour les études analysées précédemment, des médicaments à effet antalgique élevé ont
été administrés.
33
6. CONCLUSION
Les mécanismes physiologiques et psychologiques responsables de l’algohallucinose sont
multiples. Ce qui complique ainsi leur prise en charge. C’est un phénomène qui altère la qualité
de vie des patients et constitue ainsi une source importante de handicap.
Il faut ainsi user de tout l’arsenal thérapeutique disponible pour les éradiquer. Que ce soit des
traitements pharmacologiques ou non, les preuves obtenues par les études restent faibles. La
polymédication induit plusieurs problèmes comme les effets indésirables, un coût élevé pour
l’assurance maladie et un défaut d’observance.
De plus, des effets indésirables non négligeables comme par exemple des troubles de l’équilibre
ou encore des troubles cognitifs influencent la rééducation des patients amputés.
La TM semble être une arme efficace à condition qu’elle n’engendre pas plus d’effets
indésirables que de confort. L’atténuation des douleurs est observée par de nombreuses études.
De plus, grâce au miroir, le patient devient un acteur de ses soins lui permettant de mieux
comprendre ses troubles et ainsi de mieux les contrer.
L’information et la compréhension conduisent le patient vers son autonomie. Ainsi une
rééducation par TM pourrait être réalisée à domicile. La mise en place d’un carnet de suivi
permettrait d’améliorer nos connaissances les effets secondaires éventuels de la TM et
d’analyser ce qui les déclenchent.
À ce jour, certains auteurs proposent des protocoles de rééducation à domicile. Ainsi, ce type de
prise en charge pourrait réduire le nombre de patients dans les centres de rééducation ainsi les
séjours et les frais d’hospitalisation. De plus, l’environnement familial pourrait diminuer les
risques de dépression observés chez les patients amputés.
De nombreuses techniques sont proposées dans le traitement des douleurs de membre fantôme.
Cependant, l’association de ces techniques pourrait elle être à l’origine d’effets secondaires
néfastes chez les patients amputés ?
34
Bibliographie
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I
ANNEXES
II
ANNEXES :
Annexe I : Niveau d’amputation du Membre inférieur
Annexe II : Evolution dans le temps de l’hallucinose et de l’algohallucinose d’après
Parkes (1973)
Annexe III : Le télescopage du membre supérieur
Annexe IV : Dégénérescence wallérienne
Annexe V : Homonculus de Penfield
Annexe VI : Etude de Merzenich et al (1993)
Annexe VII : La Thérapie Miroir
Annexe VIII : Etude de Chan et al., Mirror therapy for phantom limb pain
Annexe IX : Analyse de différentes études ayant étudiées l’efficacité de la thérapie
miroir dans les douleurs de membre fantôme
Annexe X : Questionnaire proposé dans l’étude des effets secondaire de la thérapie
miroir
Annexe XI : D’après une étude de l’Enquête Santé et Protection Sociale (ESPS) de
l’Institut de Recherche et de Documentation en Economie de la Santé (Irdes) (2008)
Annexe XII : Classification des médicaments antalgiques selon l’Organisation
Mondiale de la Santé (OMS)
III
Annexe I Niveau d’amputation du membre inférieur
Figure 1: source : www.adepa.fr
Annexe II Evolution dans le temps de l’hallucinose et de l’algohallucinose
d’après Parkes (1973)
Post opératoire immédiat 6 mois après l’amputation
Hallucinose 84% des patients 90% des patients
Algohallucinose 72% des patients 67% des patients
IV
Annexe III Le télescopage du membre supérieur
Figure 2:
D’après Ramachandran et Hirstein (1998) (12): la répartition des champs de référence chez un
patient avec un bras fantôme gauche suite à une amputation.
Annexe IV Dégénérescence wallérienne
La dégénérescence wallérienne du segment distal du nerf débute quelques heures après la
section. La partie la plus distale du nerf dégénère tandis que la partie proximale peut se
régénérer. Lors de la régénération, les ramifications névrotiques de la partie proximale vont être
attirées par les « gaines vides » de la partie distale. Au fils du temps, des néo-axones vont se
former dans la gaine.
Lorsque les tranches nerveuses ne se rejoignent pas, le tissu conjonctif voisin qui s’est
développé va s'opposer à la progression des néo-axones. Ces derniers vont proliférer sur place et
vont constituer des névromes.
Figure 3: La dégénérescence wallérienne (65)
V
Annexe V Homonculus de Penfield
L’homonculus sensitif ou somesthésique de Penfield est une représentation de la sensibilité
générale qui se projette au niveau du lobe pariétal, en arrière du sillon central aussi appelé
scissure de Rolando.
Cependant, une étude menée en 2005, semble remettre en question la représentation
somesthésique de l’organe génitale masculin. Il serait représenté entre les jambes et le tronc et
non pas juste en dessous des orteils. (22)
Annexe VI Etude de Merzenich et al (1993)
Merzenich et al.(1983) ont régulièrement cartographié l’aire 3b de singes après la section du
nerf médian. Ils observent avec le temps un remodelage cortical définit par la plasticité
cérébrale. Le même phénomène survient également lors d’une amputation.
Figure 4: Exemple de réorganisation du cortex somatosensoriel (aire 3b) chez des singes hiboux
après la section du nerf médian responsable de l’innervation de la moitié de la paume de la main
(dont le pouce).
Le cerveau du singe est schématisé à gauche et un agrandissement de l’aire 3b sous forme de
tableau à droite. Les doigts 1 à 5 et la paume de la main (« palm ») sont représentés dans le 1er
tableau. On observe avec le temps, une diminution de la représentation des doigts 1 à 3. Plus
tard, les zones corticales du 3ème
doigt et de la paume de la main sont majorées et prennent la
place des doigts 1 et 2.
VI
Annexe VII La thérapie miroir
Figure 5: Thérapie miroir dans le traitement des douleurs fantômes chez les amputés (66)
Annexe VIII Etude de Chan et al., Mirror therapy for phantom limb pain
Diminution de la douleur Augmentation de la douleur
Thérapie miroir 100%
Miroir couvert 17% (1 patient) 50% (3 patients)
Visualisation mentale 33% (2 patients) 67% (4 patients)
Figure 6: Changement dans les douleurs de membre fantôme dans le temps en fonction de
l’échelle visuelle analogique (sur un 100 mm).
VII
Annexe IX Analyse de différentes études ayant étudiées l’efficacité de la
thérapie miroir dans les douleurs de membre fantôme
Abréviations du tableau : - VM : visualisation mentale
- EVA : échelle visuelle analogique (comprise entre 0 et
100 ou entre 0 et 10)
- SDS: Zung Self-Rating Depression Scale
- DMF : douleurs de membre fantôme
- SMF : sensation de membre fantôme
- TM : Thérapie miroir
- Sem : semaines
- Mb : membre
- TTT : traitement
- : diminue/diminution
- : augmente/augmentation
Etude Méthode Echantillon Protocole Résultats Fiabilité Biais
Moseley
(2006) Etude
contrôlée,
randomisée
51 patients ayant des avec un
SDRC ou un
arrachement du
plexus brachial
ou une
amputation.
Répartition
aléatoire pour
thérapie visuo
motrice ou
groupe témoin
Total : 51 patients
Patient ayant
DMF au moment
de la thérapie : 51 (37 SDRC, 5
arrachements du
plexus brachial et 9
amputés) Groupe contrôle :
25 dont 4 amputés
Age moyen : 41 ans
Durée : 6
semaines
Sem 1 et 2 :
reconnaissance
de la latéralité
des Mb
Sem 3/ 4 : VM
Sem 5/6 : TM
Chaque étape
est réalisée 1
fois/ jour
significative de
l’EVA dans les
différents groupes
après la rééducation
Réduction
significative
également à 6 mois
post rééducation.
Echantillon de
grande taille
La réalisation
des séances
plusieurs fois
par jour semble
irréaliste à
domicile
TM après
plusieurs étapes
Peu de
patients
amputés
Lors de
l’obtention des
résultats ces
derniers n’ont
pas été
analysés
séparément.
Brodie et
al (2007) Etude
contrôlée,
randomisée
80 patients
amputés d’un
Mb inférieur
Choisit
aléatoirement
pour la TM ou le
miroir couvert
Evalué pour les
DMF, les SMF, la
mobilité et la
conscience du MF
EVA et SDS
avant et après
chaque séance
Total : 80 patients
Patients TM : 41dont 35 avec des
DMF et 7 ayant des
DMF au moment de
la TM
Groupe contrôle :
39
Age moyen : 55ans
Temps depuis
l’amputation : 9ans
Fréquence :
1 fois,
10 x 10
mouvements
Durée : 1
jour
EVA pré/post TM :
57/40
EVA contrôle : 33/29
Effets significatif du
questionnaire de la
douleur de McGill
dans les 2 groupes.
Pas assez de
puissance concernant
les résultats de
l’EVA.
Effet principal sur la
conscience du MF.
Seuls des
patients amputés
du Mb inférieur
sont inclus.
Echantillon plus
homogène que
s’il y avait eu
des amputés du
Mb inférieur ou
supérieur.
1 séance
étudiée
Risque d’effet
placebo
Peu de
participants
ayant des
DMF avant et
après le test.
Chan et al
(2007) Etude
contrôlée,
randomisée
22 patients/3
groupes :
groupe miroir,
miroir couvert
et VM
Enregistrement
du nombre, de
la durée et de
l’intensité des
DMF grâce à
l’EVA.
Totale : 22
patients dont 18
ont terminés
l’étude.
Fréquence :
15 min/jours
durant 4
semaines
Scores de base de
l’EVA similaire entre
les groupes
Après 4 semaines de
TTT, 100% des
patients DMF :
- 17% avec miroir, -
33% avec VM mais
67% DMF avec VM DMF chez 8/9
patients qui sont passés
du miroir couvert ou de
la VM après 4 semaines
à la TM.
Analyse à 8 semaines
Etude contrôlée
et randomisée
par essais
croisés.
Etude réalisée
avec des
patients amputés
du Mb inférieur.
Petit
échantillon.
Risque que le
1er
TTT influe
sur le 2nd
VIII
Suite de l’Annexe IX :
Etude Méthode Echantillon Protocole Résultats Fiabilité Biais
Sumitani
et al
(2008) Etude pilote
21 patients avec
un arrachement
du plexus
brachial ou une
amputation ou
une lésion
partielle de la
moelle épinière
ou des lésions
nerveuses
périphériques.
Evaluation pré
et post séance
de la qualité, la
reconnaissance
du MF et la
DMF par EVA
Total : 21 patients Amputé : 11
Arrachement du
Plexus brachial : 7
Lésion partielle
moelle épinière : 2
Atteinte nerfs
périphériques : 2
Age moyen : 48,4
ans
Fréquence :
10 min/jour
Durée du
TTT en
fonction du
patient
EVA pré/post TM :
6.6/4.2
L’EVA
significativement
chez tous les patients.
DMF plus
importante chez les
patients traités par
que ceux traités par
VM.
La pratique
autonome de la
TM les biais
Les individus
ont moins
conscience de
participer à une
expérience
l’effet
Hawthorne
Dissociation des
douleurs
profondes et
superficielles
Etude de
niveau 4
Etude sans
groupe
témoin.
La durée est
fonction des
patients
Echantillon
hétérogène
Autres TTT
par cumulés à
la TM.
Darnall
(2009) Etude de cas
Etude non
structurée
Etude d’une
personne de 35
ans amputés
fémoral après un
traumatisme
DMF durant 3 ans
20 à 30 min
de TM 3 fois/
semaine
durant 3
mois.
L’EVA (0 à 10)
pré/post TM :
4-10/0
Le patient ses
antalgiques
Amélioration des
DMF maintenue 4
mois après le TTT
par TM régulière
La fréquence et
l'intensité de
TM sont plus
importantes
qu'un protocole
d'exercices
structurés.
La pratique
autonome
l’effet
Hawthome.
1 personne
étudiée
Pas de
protocole
structuré
Autres TTT
cumulés à la
TM.
Le patient
déclarait lui-
même ce qu’il
faisait
Darnall et
Li (2012) Etude pilote
31 patients
amputés d’un
Mb inférieur ou
supérieur
31 patients avec
des DMF au
moment de mise
en place de la TM
Age moyen : 61 ans
25 min/jour
pendant 2
mois
(8semaines)
Réponse
quotidienne
d’un
questionnaire
durant les
semaines 4-6
de la douleur : médiane de 15.5% de la
ligne de base des
douleurs à 2 mois
significative des
DMF chez les
patients les plus
instruits
DMF : 4 patients
DMF : 16 patients
Large
échantillon avec
un rapport
complet des
données
démographiques
La pratique
autonome
l’effet
Hawthome
Etude de
niveau 4
Critères
d’inclusion et
d’exclusion
limités. Les
patients
étaient payés
pour l’étude.
Ils déclaraient
eux même ce
qu’ils
faisaient.
IX
Suite de l’Annexe IX :
Etude Méthode Echantillon Protocole Résultats Fiabilité Biais
Clerci et
al (2012) Etude de cas
Pratique
autonome de la
TM.
Le patient
rapporte lui-
même son EVA
et réalise un
SDS chaque
semaine
Etude d’1 patient
amputé fémoral à
17 ans dû à un
ostéosarcome.
DMF depuis 8
ans.
Age : 41 ans
30 minutes
de TM par
jour pendant
6 mois.
Les exercices
demandés
incluent de
regarder,
toucher,
caresser,
gratter et de
bouger la
jambe
intacte.
EVA pré/post TM :
3.6/1.8
significative des
DMF durant les 6
premières semaines
comparées aux 6
dernières
Aucune preuve
significative de
dépression d’après le
SDS.
Amusement subjectif
et soulagement du
stress grâce à la TM.
Etude à long
terme (6 mois)
de la mise en
place de la TM.
Enregistrement
hebdomadaire
de l’EVA et de
la réalisation du
SDS.
Seule une
personne est
étudiée.
Prise en
charge
multiple:
psychologique
, antalgique,
physiothérapie
ajoutés à la
TM.
Aucun rapport
statistique.
Foell et al
(2014)
Etude pilote
13 patients
amputés d’un
Mb supérieur
avec des DMF
chroniques dont
11 mesuré par
IRM
fonctionnel.
Mouvements
des lèvres et des
mains observés
à l’IRM
fonctionnelle
avant et après la
TM.
Etude sur 13
patients
Age moyen : 50.6
ans
Durée moyenne
depuis
l’amputation : 21
ans
TM 15 min
par jour
pendant 4
semaines
EVA pré/ post TM :
28.3/20.6
de 27% des DMF
Effets de la TM
prédit par le
télescopage.
de la douleur =
activation du cortex
pariétal au cours de la
TM.
Utilisation d’un
protocole
standardisé
L’IRM
fonctionnel
observe et
mesure la plus
forte activité de
la douleur.
EVA de
référence
utilisée
Matériels
fournis par les
chercheurs
Etude de niveau
4
Petit
échantillon.
Utilisation
d’une auto
évaluation du
patient.
Pas de
comparaison
ou contrôle de
groupes.
Effet Hawthorne : conscience de participer à une expérience peut se traduire par une plus
grande motivation de la part du patient
X
Annexe X Questionnaire proposé dans l’étude des effets secondaire de la
thérapie miroir
Questionnaire sur les effets de la thérapie miroir dans
les sensations de membre fantôme chez les amputés
Bonjour, je suis actuellement en 3ème année de masseur kinésithérapie à l’IFMK de Brest.
Dans le cadre de mes études, je souhaite réaliser une enquête concernant les effets de la
thérapie miroir dans les sensations de membre fantôme chez les personnes amputées.
Ce questionnaire anonyme s’adresse à toute personne amputée ayant participé ou participant
actuellement à cette thérapie.
>>>>Le questionnaire se remplit en 5 à 10 min.
Par avance, nous vous remercions de votre précieuse collaboration.
L'objectif de cette enquête permettra de mieux comprendre cette pratique et ses effets. Cette
étude ne comportera aucun jugement. Elle est simplement nécessaire afin d'objectiver les effets
de la thérapie par le miroir.
Critères d’inclusion
Patient adulte
Homme ou femme
Amputation vasculaire ou traumatique
Patient amputé du membre inférieur
Patient ayant des sensations du membre fantôme
Critères d’exclusion
Patient présentant des troubles majeurs cognitifs
Patient avec déficiences visuelles
Utilisation du TENS pour les douleurs du membre fantôme
*Obligatoire
Conditions de mise en place de la thérapie miroir
1. Avez-vous une prothèse pour votre membre amputé ? * Une seule réponse possible.
Oui
Non
2. Si oui, depuis combien de temps avez-vous une prothèse ? La réponse peut être donnée
en jours, semaines ou mois.
XI
3. Pour les personnes qui pratiquent encore la thérapie miroir: Depuis combien de temps
avez- vous commencé cette thérapie? La réponse doit être donnée en semaines ou en mois.
4. Pour les personnes qui ont terminé la thérapie miroir: Combien de temps avez-vous
pratiqué cette thérapie? La réponse doit être donnée en semaines ou en mois.
5. Avez-vous ou aviez vous des médicaments pour diminuer les sensations de membre
fantôme? * Une seule réponse possible.
Oui
Non
6. Si oui, pouvez-vous les citer?
7. Quelle est ou était la durée minimale d'une séance de thérapie miroir ? * Une seule
réponse possible.
Moins de 30 minutes
Entre 30 minutes et 1 heure
Plus d'une heure
8. Quelle est ou était la durée maximale d'une séance de thérapie miroir ? * Une seule
réponse possible.
Moins de 30 minutes
Entre 30 minutes et 1 heure
Plus d'une heure
9. La durée des séances a-t-elle évolué dans le temps? Une seule réponse possible.
La durée des séances de thérapie miroir a augmenté au cours de la prise en charge.
La durée des séances de thérapie miroir a diminué au cours de la prise en charge.
La durée des séances de thérapie miroir est restée identique au cours de la prise en
charge.
Autre : _______________________________________________________________
XII
Le ressenti de la thérapie miroir
10. Avez-vous eu des difficultés à réaliser la thérapie miroir ? * Une seule réponse possible.
Oui
Non
11. Si oui, pourquoi ? (Par exemple : difficulté à visualiser le concept de la thérapie miroir,
difficile à comprendre à quoi sert cet exercice, bruit dans la salle, difficulté à installer le
matériel...)
12. D'après vous, cette rééducation vous a-telle permise de diminuer vos sensations de
membre fantôme ? * Une seule réponse possible.
Oui
Non
13. Après ou pendant la séance de thérapie par le miroir, avez-vous ressenti des effets
secondaires ? * Plusieurs réponses possibles.
Aggravation de la douleur
Etourdissements
Transpiration
Changement de sensations dans le membre fantôme (picotement, brûlures, chaleur...)
Les articulations du membre fantôme sont apparues comme bloquées
Des sensations désagréables dans le membre non amputé
Autre : _______________________________________________________________
14. Avez-vous dû arrêter la thérapie miroir durant votre rééducation ? *
Une seule réponse possible.
Oui
Non
15. Si oui, quelles en sont les raisons ?
XIII
16. Avez-vous songé à arrêter les séances de thérapie miroir ? *
Une seule réponse possible.
Oui
Non
17. Si oui, pourquoi ?
Annexe XI D’après une étude de l’enquête santé et protection sociale (ESPS)
de l’Institut de recherche et de documentation en économie de la santé
(Irdes) (2008)(67)
Classe d’âge Nombre moyen de maladies
< 16 ans 0,8
[16-39] 1,7
[40-64] 3,4
≥ 65 6,0
Tableau 2: Nombre moyen de maladies déclarées par personne et par classe d’âge (N = 15 941)
Annexe XII Classification des médicaments antalgiques selon l’Organisation
Mondiale de la Santé (OMS)
L’OMS a mis en place une échelle des analgésiques à prescrire en fonction de l’intensité de la
douleur évaluée.
NOM
PRENOM
LECOQ
Gwénaelle
TITRE Mise en place d’un questionnaire en vue d’étudier les effets
secondaires de la thérapie miroir chez les amputés
SUMMARY
Beyond the pharmaceutical means prescribed in the treatment of
algohallucinosis, rehabilitation techniques can be implemented. If their
effectiveness is proven, it reduces the polymerization which constitutes a
state of public health.
Mirror therapy is a rehabilitation technique which uses visual biofeedback
to create a sensory lure by observing the healthy limb in a mirror. This
new therapy appeared during the 90s, showing a decrease in phantom limb
pain. However, any study has a sufficient level of evidence to prove its
recommendation for algohallucinosis.
Moreover, adverse effects are not really studied. Therefore, I propose in
this brief the creation of a questionnaire. The objective of this study was to
analyze what might influence the emergence of side effects. The results
will let providing a first table of patients that may include a mirror therapy
protocol.
KEY
WORDS
Amputation, Mirror therapy, Algohalucinosis, Phantom pain
RESUME
Au-delà des moyens pharmaceutiques prescrits dans le traitement de
l’algohallucinose, des techniques de rééducation peuvent être mise en
place. Si leur efficacité est prouvée, elle permettrait de diminuer la
polymédication qui constitue un véritable problème de santé publique.
La thérapie miroir est une technique de rééducation qui fait appel au
biofeedback visuel permettant de créer un leurre sensoriel en observant le
membre sain dans un miroir.
Cette nouvelle thérapie apparue dans les années 90, montre une
diminution des douleurs de membre fantôme. Cependant, aucune étude ne
possède un niveau de preuve suffisant permettant sa recommandation pour
l’algohallucinose.
De plus, les effets indésirables sont peu étudiés. Je propose donc dans ce
mémoire la création d’un questionnaire. L’objectif de celui-ci est
d’analyser ce qui pourrait influencer l’apparition d’effets secondaires. Les
résultats qui en découleront permettront de dresser un premier tableau de
patients pouvant inclure un protocole de thérapie miroir.
MOTS
CLEFS
Amputation, Thérapie miroir, Algohallucinose, Membre fantôme
ADRESSE INSTITUT DE FORMATION MASSEURS-KINESITHERAPEUTES
BREST
22 AVENUE CAMILLE DESMOULINS
29238 BREST CEDEX
TRAVAIL ECRIT DE FIN D’ETUDES - ANNEES DE FORMATION 2014-2017