Gerard Thibault Et Son Academie de l'Espee

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GERARD THIBAULT ET SON “ACADEMIE DE L’ESPEE” Le présent document est la traduction de l’article hollandais « Gerard Thibault en zijn Academie de l’Espée » écrit par le professeur H. De La Fontaine Verwey, publié en 1977 comme essai dans la revue annuelle dAmstelodamum, une société effectuant des recherches sur le passé et le présent de la ville d’Amsterdam. La revue annuelle peut être téléchargée en PDF sur le site de la société : http://www.amstelodamum.nl/site. L’article est aux pages 23 à 54. Une première traduction anglaise a été réalisée pour une publication dans le journal Quarendo Vol. 4 de 1978. Une seconde traduction publique, avec l’accord d’Amstelodamum, a été réalisée en 2012 par Alwin Goethals de SWARTA et de l’HEMAC. Concernant la traduction : J’ai choisi de coller au mieux à la forme de l’article original et de l’excellente traduction réalisée par Alwin Goethals. Les gravures sont insérées en suivant la forme de l’article original et proviennent soit de la traduction réalisée par Alwin Goethals soit de la BNF (gallica.bnf.fr ; origine : Bibliothèque nationale de France, département Réserve des livres rares, RES ATLAS-V-110). Les noms allemands des personnes et des villes ne sont pas traduits si cela n’était pas nécessaire. Les noms et prénoms des personnes sont en italique. Les titres d’ouvrage entre guillemets. Les traductions ne sont pas littérales. Le poème de Brederos « À mon seigneur Thiboult » est en deux parties : texte original et traduction la plus littérale possible ; ne souhaitant pas m’aventurer dans une traduction de poésie à poésie qui aurait pu entrainer une perte de sens. De grands mercis à P.H. Bas, A. Goethals, C. Loiseau et A. Calonne. Bonne lecture. Alexandre GUIDOUX

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GERARD THIBAULT ET SON “ACADEMIE DE L’ESPEE”

Le présent document est la traduction de l’article hollandais « Gerard Thibault en zijn Academie de l’Espée » écrit par le professeur H. De La Fontaine Verwey, publié en 1977 comme essai dans la revue annuelle d’Amstelodamum, une société effectuant des recherches sur le passé et le présent de la ville d’Amsterdam.

La revue annuelle peut être téléchargée en PDF sur le site de la société : http://www.amstelodamum.nl/site. L’article est aux pages 23 à 54.

Une première traduction anglaise a été réalisée pour une publication dans le journal Quarendo Vol. 4 de 1978.

Une seconde traduction publique, avec l’accord d’Amstelodamum, a été réalisée en 2012 par Alwin Goethals de SWARTA et de l’HEMAC.

Concernant la traduction :

J’ai choisi de coller au mieux à la forme de l’article original et de l’excellente traduction réalisée par Alwin Goethals. Les gravures sont insérées en suivant la forme de l’article original et proviennent soit de la traduction réalisée par Alwin Goethals soit de la BNF (gallica.bnf.fr ; origine : Bibliothèque nationale de France, département Réserve des livres rares, RES ATLAS-V-110). Les noms allemands des personnes et des villes ne sont pas traduits si cela n’était pas nécessaire. Les noms et prénoms des personnes sont en italique. Les titres d’ouvrage entre guillemets. Les traductions ne sont pas littérales. Le poème de Brederos « À mon seigneur Thiboult » est en deux parties : texte original et traduction la plus littérale possible ; ne souhaitant pas m’aventurer dans une traduction de poésie à poésie qui aurait pu entrainer une perte de sens. De grands mercis à P.H. Bas, A. Goethals, C. Loiseau et A. Calonne. Bonne lecture.

Alexandre GUIDOUX

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GERARD THIBAULT ET SON “ACADEMIE DE L’ESPEE” PAR

PROF. MR. H. DE LA FONTAINE VERWEY

Amsterdam au début du XVIIe siècle, peut-on jamais épuiser ce sujet ? Il y aura

toujours quelque chose de nouveau à dire sur la croissance fantastique de cette ville portuaire qui était sur le point de prendre la place d'Anvers, sur le triplement de sa population dans les quarante années en raison de l'immigration, en particulier dans le sud, sur la nouvelle expansion de la ville par la création de canaux concentriques commencée en 1612, les bâtiments d’Hendrick de Keyser, et bien plus encore. Ceci étant accompagné par un intérêt croissant de la grande et petite bourgeoisie, non seulement pour les questions théologiques, avec toutes les agitations que cela pouvait créer, mais aussi pour l'art et la culture, les sports et les jeux - des domaines dans lesquels un esprit nouveau a surgi, celui de la fin de la Renaissance.

À cette époque à Amsterdam, nul besoin de chercher pour trouver de grands peintres, il y en avait plus que de peintres inconnus. Un homme du sud comme Badens Francisco, appelé « le peintre italien », a attiré de nombreux étudiants. L'amour pour le théâtre et la poésie se manifeste dans l'ancien club dramatique « d'Eglantier » (Nb : l’Eglantine), où des jeunes poètes comme Hooft et Vondel ont essayé d'apporter un nouvel esprit - jusqu'ici sans succès. Le « t Wit Lavendel »( Nb : la lavande blanche) était plus moderne, ses membres étaient principalement originaires du sud de la Hollande. En 1617, la fondation par Coster de la « Nederduytsche Academie », d’après un modèle italien, était pionnière dans la nouvelle voie. Nous voyons des changements qui se produisent dans une activité où de nombreux citoyens ont pris part : le maniement des armes. Depuis 1580, les compagnies d’archers, d’arbalétrier et les guildes de tir ont été réorganisées. Percent également dans la milice, des civils formés par des maîtres dans le maniement des armes à feu. D'autres formes d'utilisation d’armes, comme l'escrime et le tir au pistolet, sont également pratiquées dans les clubs d'amateurs. Là aussi, de nouvelles armes et des méthodes, développées en Italie, en Espagne et en France ont été utilisées, comme dans l'armée du prince Maurice, qui était également l'école internationale pour les officiers et les ingénieurs.

Un exemple marquant : Gerbrand Adriaensz Bredero, né à Amsterdam en 1585, qui, dans sa courte vie, a excellé dans tous les domaines précités1.Fils d'un cordonnier devenu riche en spéculant, il a aidé son père dans ses activités (spécialisé dans l’immobilier et dans la location, à la base dans l'importation de vins), mais il était également peintre, élève de Badens, Il a joué un rôle de premier plan dans « d'Eglantier» et acquis en un court laps de temps une bonne réputation en tant que dramaturge et poète. Il était particulièrement fier de sa nomination comme enseigne dans la milice ; il pratiquait également quotidiennement l’escrime avec quelques amis.

1 Les informations sur la vie de Bredero ont été regroupées par Garmt Stuiveling et publié dans « Memoriall van

Vredero », Culemeborg, 1970.

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Comme il le dit lui-même:

Also vant ick mijn jeught te dragen, liefd » en gunst

Tot d’oeff’ningh van ‘t gheweer, de ridderlijcke kunst,

Waer aen ick heb besteet de lente mijner jaren ».

Car je porte la jeunesse avec l'amour et la faveur

Pour la pratique des armes, les arts chevaleresques

Le ressort de mes années, j'ai donc consacré

Ces vers se retrouvent dans un poème non daté intitulé « A mon seigneur Tibout »,

qui est publié dans le recueil 'Nederduytsche Rijmen'2 en 1620, deux ans après la mort du poète. Qui était « mon seigneur Tibout » ? Comment Bredero est entré en contact avec lui et quand a été écrit ce poème? Nous allons essayer de trouver des réponses à ces questions par la suite.

En guise d'introduction quelques mots sur l'histoire de l'escrime.3 Depuis le Moyen Âge, les méthodes de combat ont totalement changé de caractère. En mettant de moins en moins l'accent sur l'attaque et la défense en temps de guerre, l'escrime est devenue de plus en plus un noble jeu avec des règles fixes, dans lequel le « glaive gracieux » ou rapière a remplacé l'épée longue. La Renaissance a placé l'art de l'escrime sous la tutelle conjointe de Mars et Minerve. L’instruction en escrime appartenait à l'éducation du gentilhomme savant, dont l'image idéale pour les siècles à venir a été élaborée par Baldassare Castiglione dans son « Cortegiuno ». Le maître d'escrime n'était plus un combattant rude, mais un aristocrate raffiné, très apprécié pour son art chevaleresque idéalisé né dans la littérature. Ce sont les maîtres italiens qui ont écrit les premiers manuels modernes: Achille Marozzo, avec son « Opera nova » sorti à Modène en 1536, suivi par Camillo Agrippa, reconnu comme philosophe, architecte et mathématicien. Agrippa ayant réalisé le magnifiquement illustré « Trattato di scientia d'arma Dialogo con un filosofia » publié en 1553 par le maître romain imprimeur Antonio Blado. Poursuivant la philosophie d’Agrippa, les maîtres espagnols ont continué à chercher les raisons profondes de l’art [de l’escrime] : les mathématiques. Leur programme était implicitement indiqué dans le titre de l'ouvrage de Jeronimo Carranaza : « De la Filosofia de las Armas y de su Destreza y la Aggression y Defensa Cristiana»4 publié à Sanlucar en 1582. Carranza fut surnommé « L'inventeur de la science de l'épée » par son élève Luis Pacheco de Narvaez, qui a lui-même continué à bâtir la théorie de son maître : le « cercle mystique » avec ses lignes centrales, ses segments et ses tangentes, où l’on devait se placer par rapport à ses adversaires pour être invincible.

2 Publié par J. Te Winkel, dans : « Bredero, de Werken » ; publié en intégralité par J. Ten Brinck, H.E. Molter, G.

Kalff c.a, III (Amsterdam 1890), p.125,126

3 pour l’histoire de l’escrime : Egerton Castle, « schools and master of fence » Londre 1885 ; J.D. Aylward, « the

english masters of arms from the 12th to the 20th century. » Londres 1956 ; pour la Bibliographie ; Vigeant, “La bibliographie de l’escrime ancienne et moderne.” Paris 1882 ; Jacopo Gelli, « Bibliografia generale della scherma. » 2

nd ed. Milan 1885 ; C.A. Thimm « a complete bibliographu of fencing and duelling. » Londres 1896.

4 Titre traduisible par : « De la Philosophie des armes et de leurs maitrises, ainsi que de l’agression et de la

défense du Christianisme ».

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1. Portrait par Willem Delff ( ?) d’après David Bailly

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L’ouvrage de l’Italien Salvator Fabris est plus axé sur la pratique, il a travaillé à la cour de Christian IV du Danemark et son « overo scienza d'arme » a été publié à Copenhague en 1606. Il contenait des gravures du Néerlandais Jan van Halbeeck. De ce folio, Isaac Elzévir a imprimé une traduction en allemand au même format à Leiden en 1619. Les gravures sur cuivre ont été remplacées par des gravures sur bois et la dédicace pour Christian IV a été changée par les éditeurs au profit du rival du roi danois: Gustave II Adolphe de Suède5. Qu'en est-il de l'éducation de l'escrime dans la République ? Nous en avons une idée par la déclaration des maîtres d'armes de Delft, Utrecht, Rotterdam et Middelburg donnée aux conseillers municipaux de Leiden, le 6 octobre 1585.6 Apparemment, à cette époque les principales villes du nord des Pays-Bas avaient des « maîtres libres d'escrime » ou « maîtres d'armes », admis et assermentés par le magistrat de la cité pour donner instruction de l'usage de l'épée longue et des « arts chevaleresques de l'escrime et du combat ». Celui qui voulait obtenir ce titre devait, après instruction par des maîtres reconnus, être examiné au cour un duel public, en présence des conseillers municipaux de la ville en question. Ensuite, ils étaient solennellement proclamés maîtres. Nous connaissons le contenu du serment grâce à une loi de 1616, trouvée par le Dr van Eeghen. Dans ce document, un jeune marchand du nom de Anthony Nijs dépense quinze florins pour étudier l’escrime auprès du maître libre Cornel van Heusden d'Amsterdam, « pour apprendre à jouer de la rapière seule ». Dans cet accord, il est rappelé que Me Cornelis a fait « par la coutume du pays » un serment solennel de n'exercer son art « pour aucune autre raison que de protéger et de défendre la patrie, résistant libertinage et de ne pas abuser de poignarder quelqu'un à mort »7. Selon le document de Leiden en 1584, Me Ludolf van Ceulen de Hildesheim agissait en qualité de doyen des maîtres d'armes néerlandais de l'époque. Il a enseigné l'escrime depuis 1578 et ce dans le couvent St Agata (plus tard Prinsenhof) à Delft8. Cet homme talentueux était également maître en écriture et mathématicien. En 1594, il s'installe à Leyde, où il a reçu l'autorisation de la ville pour ouvrir une école d'escrime au niveau de l’Église Béguine de Faliede, situé sous la bibliothèque universitaire. En plus des leçons d'escrime, la salle a été utilisée pour des conférences suivies par les étudiants de l'Académie de l'ingénierie. Nous le savons grâce à l’extrait de la gravure de la chambre ; réalisé par William van Swanenburg en 1610, basé sur un dessin de Jan Cornelisa Woudanus9. Le cercle réalisé au sol montre une méthode moderne utilisée dans l'enseignement. Ludolf van Ceulen était aussi un écrivain académique, professeur de mathématiques en 1600, mais a continué à travailler et à pratiquer l’escrime jusqu'à sa mort en 1610. Depuis 1594, il avait un assistant venu d’Anvers, Pieter Bailly, qui était aussi huissier et maître en écriture. En 1598, cependant, celui-ci a été rejeté par le Sénat, car il a enseigné aux élèves de « maisons déshonorantes ». Après cela, il s’est rapproché de Ludolf van Ceulen afin d'enseigner, ce que le Sénat lui avait interdit en 1602. Par la suite, il partit pour Amsterdam et fut adopté par la ville en tant que maître d'armes10. Il rédigea à Amsterdam un manuel qui ne sera pas imprimé, appelé « Cort bewijs van't Rapier alleen » et qui sera seulement conservé par le Prince Maurits dans sa bibliothèque. 5 Alph. Willems, Les Elzévir (Bruxelles, 1880) no. 157. Le plus ancien livre imprimé sur l'escrime aux Pays-Bas est « La noble

science des Joueurs d'Espée ». Anvers, W. Vorsterman 1538, probablement une traduction d’Andreas Pauerfeindt, « Ergründung ritterlicher Kunst der Fechterey ». Vienne 1517. Cf : Nijhoff-Kronenbergno 1881.

6 W. J. C. Rammelman Elzevier,”Zestiende-eeuwsche scbermmeesters”, dans « Navorscher 13 » (1863), p. 329.

7 I. H. van Eeghen, “Het geslacht Nijs”, dans l’édition annuelle d’Amstelodamum numéro 60 (1968), p. 86. Le maître d’escrime

libre que nous y trouvons se nomme Cornelis van Heusden, il sera traité ultérieurement.

8 Ludolf van Ceulen: “Nieuw Ned. Biogr. Woordenb.”, VIII, 291-295 (de Waard).

9 Université de Leiden 400 (cat. exp. Rijksmuseum 1975), p. 54 & 162.

10 Pieter Bailly, veuf de Willemine Wolfertsdr., Marié le 20 mai 1604 avec Katelijne de Wit. Il a vécu trois ans en bas de la

«Ossesluis». (D.T.B. 411, 225). Voir également: Nat. hiogr. woordenb. V, p. 37, 38 (Briels). Pour le ms de Bailly cf eHandschriften en Boeken uit de Boekerij van Oranje-Nassau ter Koninklijke Bibliotheek »(Gravenhage 1898), no. 73.

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La date de fondation de première école d'escrime à Amsterdam est inconnue. Wagenaar signale une décision prise par le conseil municipale, le 16 août 1586, de transférer l'école d'escrime à la Prinsenhofkerk (l’église princière). En 1592, Antonys van Düren est enregistré en tant que maître d'escrime11. Dans le cadre des divertissements publics pour la création de la Maison de correction en 1596 (qui recevrait une partie des droits d'entrée), le conseil de ville recrute « comédiens, escrimeurs et autres pièces de théâtre ou des nouveautés pouvant rapporter de l'argent ». Selon Pontanus, l'école était située à proximité de la salle de la guilde « d’Eglantier », au dernier étage de l'église Sainte-Marguerite, qui à l'époque était une petite salle à manger12. Quand Hooft a écrit sa pièce « Warenar » en 1616, il indique l'école d'escrime comme l'un des endroits préférés de la « jeunesse dorée », après les tavernes, la salle de danse, le kaatsbaan (NB : sorte de jeu de balle) et la librij (la bibliothèque de la ville dans la nouvelle église).13

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Antonys van Düren, maître d’armes, veuf de Jannetje Diercx, marié le 5 décembre 1592 avec Barbara Emberstede, veuve de Pieter Jansz (DTB 406 263). D’aprés privilège de la maison de correction (Spinhuis): WFH Oldewelt, « Amsteerdamsche Archiefvondsten » (Amsterdam 1943, p. 128)

12 « Wagenaar 11 », p.408

13 « Warenar » (écrit en 1616, joué en 1617), 4

ème acte, 1

ère scène.

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GERARD THIBAULT

Aux alentours de 1610, un maître d’armes à belle allure apparut à Amsterdam, un « grand seigneur » dans les styles espagnols et des maîtres italiens, un homme qui était également prisé pour ses compétences en physique, peinture et architecture : Gerard ou, comme il aimait à se faire appeler « Giraldo Thibault » (il préférait utiliser la forme française de son nom de famille). Né à Anvers autour de 1574, fils du marchand Hendrick Thibault et sa seconde épouse Margaret van Nispen, veuve de John van Hesse, écuyer de Broich. Hendrick, le père de Gérard, venait d'une célèbre famille d’Ypres. Il avait vécu à Gand et à Anvers avant de se déplacer vers le Nord. Il s'installe à Middelburg, où son fils aîné Christiaen est à l’origine de la famille noble Thibault de Aagtekerke, une lignée familiale qui s’est éteinte en 1854.14 Le peu que l'on sait de la vie de Gérard Thibault, nous le savons grâce à son album amicorum et son livre « l’Académie de l'Espée ». Nous n'avons aucune information à propos de sa jeunesse, de son éducation, ni de ses études. Selon les dossiers de l'archive d'Amsterdam, il s’est établi comme marchand à Sanlucar de Barrameda, à l'embouchure du Guadalquivir en dessous Séville en 1605. Là-bas, plusieurs Hollandais, comme Gérard, se sont engagés dans le négoce de laine entre l'Italie, la Flandre et Amsterdam. À Amsterdam, il travaillait avec Anthonie van Surck, son Beau-frère, marié à Maria Thibault, qui a agi comme son mandataire. À l'automne 1610, Gérard était à Amsterdam, où dans le cadre de l'héritage de ce père Hendrick et de sa soeur Elizabeth ; il devait ratifier un document avec son beau-frère Guillielmo Bartolotti, remarié à sœur Margaretha à Middelburg, et ce dans l'année 1593.15 Il est très probablement resté à Amsterdam, car en 1613, nous le retrouvons comme témoin au baptême de la fille de Margaret : Leonora, avec Leonora Hellemans, épouse de Jan Baptist Bartolotti (le fils de Guillielmo de son premier mariage avec Maria Pels).16 À Sanlucar, ville de naissance de Jeronimo Carranza, Gerard, malgré sa mauvaise santé, s’est intensément plongé dans l'escrime et a été initié à la nouvelle méthode qui fit la renommée Luis Pacheco de Narvaez. Thibault a affiné et développé son système, basé sur le cercle mystique, aux terribles conséquences (Shakespeare appelle le système du cercle mystique « fencing by the booke of arithmetic »17). Environ en 1611, lui et sa méthode furent introduits par les maîtres d'armes néerlandais réunis à Rotterdam pour un concours mutuel se déroulant régulièrement. Voici que Thibault démontra ses nouvelles règles et, à la surprise générale, remporta le premier prix. Une fois que le succès de sa performance eut attiré l'attention du prince Maurice, ce dernier invita le champion avec d’autres maîtres d'armes néerlandais à sa cour pour être informé des nouvelles inventions. Le prince était personnellement présent lors de ces manifestations, qui ont pris quelques jours et dans laquelle plusieurs de ses officiers supérieurs ont participé. Frederik Hendrik était également présent18. Une fois de plus Thibault était victorieux et a reçu des mains de Maurice le prix et un insigne d'honneur - une cérémonie célébrée par Daniel Heinsius dans un poème latin dont nous allons parler plus tard. 14

L’information que Gérard était un fils de Margaretha van Nispen provient de son blason: Thibaut augmenté avec Van

Nispen (à propos de ce blason : HT Muschart, à:. Ned Leeuw 51 (1933, 57-58)). Je n'ai pas réussi à trouver la généalogie complète de la famille Thibault.

15 Certificats de naissance de J. F. Bruyningh, le 24 décembre 1605 (N.A. 101 180) ; 19 août 1609 (N.A. 116, 196) et 8 octobre

1610 (N.A. 120165). Anthonie ou Antonio van Surck, né en 1576 à 1577, a été enterré le 16 février 1619 (NK). Son fils, Antonio

Jr, né en 1606 à 1607, marié le 23 octobre 1635 (NK) son cousin germain Suzanna Thibaut, GED. N.K. 21 octobre 1614, fille de jeune Adriaen frère de Gérard, née en 1582 à Gand, marié à Suzanne van Hove, qui avait également installés à Amsterdam. cf P. Leendertz Jr, Uitden Muiderkring (Haarlem 1935), p. 51

16 P. Leendertz, p.63

17 « Roméo and juliet », acte 3, scène 1.

18 Ces événements sont décrits dans plusieurs poèmes, dont celui de Dirck van Sterbergen dans l'album amicorum de Thibault

que nous évoquerons plus tard et où l'on trouve des informations sur les maîtres d'armes.

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Il est compréhensible que le succès inattendu de ce nouveau phénomène en escrime ait causé beaucoup d'excitation parmi les maîtres dirigeant la scène des armes de la République après la mort de Ludolf van Ceulen et de Pieter Bailly. Cela comprenait entre autres Me Johannes Damius, maître d'escrime, chirurgien, et remplaçant de Maurice en tant que capitaine selon la loi de 1618, conseiller municipal et porte-bannière de Haarlem.19 Le vieux Me Lambert van Someren, premier instructeur de Thibault, était également en vie, il avait enseigné à Anvers de 1564 à 1584 pour entrer ensuite au service de Maurice et des rois de suède Karl IX puis Gustave Adolf. À Leyde, il était le capitaine Dirck van Sterbergen « maître d'armes » de la ville et de l'université. Il avait enseigné de nombreuses années à La Haye avant de se rendre à l'étranger. À Amsterdam, Pieter Bailly a été remplacé par Me Cornelis van Heusen, fils du maître d'armes éponyme d'Utrecht. Le fils est devenu maître d'armes à Utrecht après avoir été proclamé maître à Delft en 1600. À la demande de certains officiers supérieurs, il est allé à Nimègue en 1605. Autour de 1608, il s'installe à Amsterdam.20 Pouvons-nous croire que ces maitres aient signées ces odes dans l’album amicorum de Thibault, alors que tous se sont initialement montrés sceptiques à propos de la nouvelle méthode. Plus tard, ils se sont complètement ouverts et pratiquaient ces nouvelles découvertes avec beaucoup d'enthousiasme. Les mêmes sentiments de résistance initiale, suivie par l'acceptation et l'admiration sont parlant dans le poème de Bredero « Pour mon Seigneur Thibout»:

Zoo ist ter goeder uur, mijn Heer Tibout, gheschiet,

Dat ick u kennis kreegh, die ‘k huyden noch gheniet.

Ghy waartet die de kunst van veel verscheyden Lieden

Met kloecke teghen-reen wist wederstant te bieden,

In dier manieren dat door u wel-spreeckentheyt

De Leeringh’ van voorheen ter neder wert gheleyt.

Ghy waart het, die de Kunst uyt wijt gheleghen Landen

In uwe Harsens droeght en bracht in onse handen,

Daar eerstelijck ons breyn met hap’ren teghen keef,

Tot dat u Goude tongh u Wetten in ons schreef,

En met ervarentheyt de Letters in ons prenten

Door de ghevoegh’lijckheyt van U gront-fondamenten

En « t aengenaem bewijs daer ghy also met werckt,

Dat yder u verstant en al de dwalingh merckt

Des ouden tydts verleen; ghy weet op maat te stuuren

De standen buyten Wet en reghel der natuuren.

Ainsi de bonne heure, Mon seigneur Thiboult, prend place,

J’appris à connaitre que, qui se cache ne profite.

Lui qui connaissait l’art de nombreux et divers maîtres

Dénonçant par la maitrise ceux qui n’opposent que résistance,

De cette manière aux beaux parleurs

Les leçons du passé furent conduites vers le bas.

Lui qui connaissait, l’Art des pays lointains

Où la résine sèche, et l’a amené à nos mains,

Lui, le premier nous mordant l’esprit contre ceux nous ayant trompés

Jusqu’à ce que ses lois nous parviennent,

Et par expériences avec les lettres à nos impressions

Réunissant les propriétés des fondements animaux

Et la plaisante preuve que l’Homme est utile au travail,

De toute votre logique et notant toutes erreurs

Hérités des anciens temps ; il sait transmettre les mesures

Et position du droit et des règles naturelles.

C’est ainsi que le nouveau maître s’établit à Amsterdam et créa un grand enthousiasme chez les amoureux de l’escrime qui voulaient tous apprendre auprès de lui. Il eut un accès facile aux hauts

19

À propos de Johannes Damius : de bie & loosjes 11, p.364.

20 Je ne sais pas où Lambert van Someren se trouvait à ce moment-là, mais trois de ses enfants vivaient à Amsterdam, entre

autres, le graveur Barend van Someren. Cornelis van Heusden, vivant dans le Wolvenstraat, montra ses trois enfants avec Lysbeth Vastertsf , le 28 avril 1620 - pour leur héritage maternel, après avoir été remarié le 16 février avec Anna van Sijl, veuve de Roelof van Ommen. Le 10 octobre 1628, il a rejoint une société avec le marchand Josias Van den Berge (not de. J.

Verhey)

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cercles d’Amsterdam grâce à son beau-frère, Guillielmo Bartolotti21. Ce dernier, né à Delft en tant que Willem Van den Heuvel, seul l'héritier de son oncle italien, il changea de nom et fut considéré comme le plus riche banquier d'Amsterdam. Durant ces années, il avait l'intention de se construire un palais digne de lui, selon les plans de son beau-frère Gérard, qui était un architecte de talent et qui était certainement heureux de ce privilège de son côté. Après son succès sans précédent dans sa patrie, le maître qui se voyait déjà comme le rival de l’italien Salvator Fabris, a pensé à des moyens sur la façon de diffuser sa nouvelle méthode. Avait-il rêvé de créer un univers d'escrime personnel tel que celui qui fut fondé sous le patronage des archiducs à Bruxelles vers 1613 ? Les chances que cela se déroule en Hollande n'étaient pas bien grandes. En tout cas, il voulait publier ses théories dans un grand livre qui serait appelé « Académie de l'Espée » et qui devait dépasser le folio de Fabris.

En 1615, Thibaut a confié plusieurs missions à un graveur avec qui il s'était lié d'amitié à Amsterdam : Michel Le Blon. Ceci dans le but de promouvoir sa nouvelle méthode et son livre. Ce dernier était connu pour ses dessins d’objets du quotidien tels que des couteaux et des poignards, mais aussi pour ses manteaux héraldiques des armes dans le plus beau style « gothique ». Marchand d'art et diplomate indépendant (il était l'agent du roi de Suède), il était connu dans les milieux artistiques comme dans le « beau monde ». Le Blon réalisa, pour Thibault, deux gravures emblématiques en l'honneur de l'escrime, probablement dessinées par le maître lui-même, dont les réalisations étaient applaudies. La première est une représentation contemporaine curieuse de l’«imago mundi», l'ordre mathématique du monde, selon la vision de Thibault. Disposés dans des figures géométriques, nous voyons les quatre éléments, les six planètes, les douze signes du zodiaque et les quatre vents violents. Au milieu se trouve Jupiter, le Père tout puissant, avec une épée en face de lui et comme attributs supplémentaires, une lance et la foudre. Debout sur une tortue avec un cerf derrière lui, il est flanqué d'un singe et d'un chien. Au-dessus de sa tête flotte le blason de Thibault ! Sur la seconde image, réalisée dans une architecture classique, nous voyons tout l’Olympus avec gauche et droite Mars [NDT : selon PH BAS, il pourrait s’agir en

réalité d’Hercules et pas de Mars] et Jupiter dans leurs chars de parade - une apothéose de la maitrise des armes.

21

Elias I., p. 386 vlg. Sur la construction probable de la maison Bartolotti en 1617: R. Meischke, « Hendrick de Kcyser, het Huis Bartolotti en het Huis met de Hoofden » dans : Liber amicorum J. P. Mieras (Amsterdam 1958), p. 44-56, et « Het Nederlandse woonhuis van 1300-1800 » (Haarlem 1969), p. 401-411. Selon meischke la façade pourrait être de Hendrick de

Keyser et le rez-de-chaussée de quelqu'un d'autre.

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2. Michel Le Blon, blason de Gerard Thibault 3. Michel Le Blon, Les vertus d’un guerrier

Le Blon a également réalisé trois gravures de petites dimensions pour le maître d'armes. La première montre le blason de sa famille en pleine gloire (où les quartiers sont inversés) et au cartouche vide (Planche n° 2). La seconde est une carte de visite graphique du grand homme avec son arme, sa devise « Gaudet patientia Duris » et son nom. Dans les larges marges, on peut voir une scène de chasse au-dessus et un cavalier avec un pistolet au-dessous ; de chaque côté Minerve et Mercure, et dans les quatre coins des instruments de mesure, instruments de musique, des armes et des bourses, en indiquant les activités de Thibault en tant que : mathématicien, musicien, escrimeur et marchand. La troisième petite gravure présente un résumé de la philosophie de vie de Thibault. Comme dans l'image emblématique, Jupiter est la figure centrale ; au-dessus de sa tête, ses instruments de mathématiques ; dans la large bordure on peut voir l'archange Michel au-dessus, terrassant la convoitise ; vers le bas, on peut voir le combat entre Horace et le Curiacii ainsi que les qualités qu’un guerrier doit posséder: la vertu, la raison, le courage, la sagesse, la tempérance et la force. (Planche n° 3) Thibaut a donné ces grandes et petites gravures de Le Blon à des amis et des étudiants. Les plus petites étaient également utilisées lorsqu'on lui demandait sa contribution pour un album amicorum.22

22

Prof MR. H. de La Fontaine Verwey, « Michel Le Blon, graveur, kunsthandelaar, diplomaat », dans : revue annuelle d’Amstelodamum n° 61 (1969), p. 103-125, et dans: « Drukkers, liefhebbers en piraten » dans « XVIIe eeuw » (Amsterdam, 1976), p. 103-128. J. Ph. Van der Keilen, « Michel Le Blon. Recueil d'ornements », La Haye 1900, décrit sous les n °. 178 et 179 les deux grandes images (204 x 142 mm) et sous les n° 180-181 et 227 pour les deux plus petites77 x 54 mm). Le blason est cité par Van der Keilen, mais n’est pas montré (nr 113). La ‘carte de visite’ (n ° 227) qu'il prend pour un ex libris ; Nagler, Die

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10

« L'Académie de l'Espée », cependant, n’était pas encore apparue. L'écrivain n'était-il pas prêt ;

n’avait-il pas encore les ressources nécessaires pour son grand projet ? Quoi qu’il en soit, ce fut un choc pour la joyeuse société d’escrime d’Amsterdam quand la nouvelle tomba au début du mois de décembre 1615 : le grand homme quittait la ville, il avait accepté une invitation de la cour de Clèves. La consternation est ce que nous pouvons lire dans les nombreuses inscriptions dans l'album amicorum des personnes originaires d'Amsterdam, qui de cette façon, font leurs adieux au maître vénéré, de qui ils ont gardé un souvenir indélébile. Non seulement ils avaient manié l’épée en sa compagnie, mais ils avaient sévèrement festoyé, mais aussi pratiqué la musique avec lui, comme en témoigne la contribution musicale de maître Nicolas Vallet. Un des membres du groupe, le Dr Albert Coenraetsz Burg, a appelé l’année 1615 « annus Dionysianus » !

Pourquoi Thibault est-il parti pour Clèves ? En 1614, le traité de Xanten mit fin temporairement à la guerre de succession de Clèves débuté en 1609 et qui avait menacé de se transformer en conflit européen. Les deux prétendants, Margrave de Brandebourg et le comte palatin de Neubourg, ont décidé de conserver l'héritage d’une ville de Clèves unifié. Il prévoit que les Brandebourg régneraient sur les duchés de Clèves et ceux de Neuburg, Gulik et Berg. En tant que gouverneur de Clèves, l'électeur Johan Sigismund a nommé George Willem, son fils de 18 ans, qui est allé au château de Düsseldorf, propriété de son rival Wolfgang van Neuburg. Quand il ne se sentit plus en sécurité, George Willem s'installa à Clèves en 1614, où il résidait avec son jeune frère Joachim Sigismond. Cela a duré jusqu'à 1617, jusqu’à ce que le prince fût rappelé à Brandebourg par son père malade.

Une fois à Clèves, à la cour des deux Brandebourgs, Thibault a démontré sa nouvelle méthode. Là aussi, il est venu, il a vu et il a vaincu ! Cela est évident, car révélé dans les vers enflammés des autorités de Clèves dans son album, comme Albertus Neubauer, maître d'armes des deux princes, et du noble Peter Quadt de Isengardten, qui a contribué par un long poème en français. Un poème latin par Johan Van der Borch, gouverneur et conseiller des frères, trouvera plus tard une place dans « l'Académie de l'Espée ». À l'automne 1617, Thibault quitte Clèves. Nous le savons par le triste poème d'adieu que Neubauer susmentionné a écrit dans l'album le 17 Septembre. Y a-t-il un lien avec le départ de George William de Brandebourg ?

monogrammisten IV, 1646.40, est pris pour un test de nom pour l’ouvrage d’escrime. Thibault a utilisé les n°. 181 et 113 pour l'album amicorum de Isaac Massa et la n ° 181 seule pour celui de Cornelis de Glarges, voire ci-dessous. Sur l'image emblématique: Klaus Popitz, Die « Darstellung der vier Element in der niederl. Graphik von 1565 bis » 1630. München, 1965 ; une reproduction dans le mensuel d’ Amstelodamum 58 (1971), p. 53.

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4. Michel Le blon. « Carte de visite » de Thibault

Peu de temps après, Thibault était de retour en Hollande. Le 11 novembre de la même année, il a rendu visite à ses deux cousins Bartolotti à Leyde, où ils ont étudié. En avril 1618, il était de nouveau dans notre ville d'Amsterdam. À partir d’un acte notarié, dont le graveur Pieter Serwouter était un témoin, nous savons qu'il a donné mission à un certain Johan Leenman, pour produire un grand nombre de cadres en os de baleine, destiné à coller des images qui étaient accrochées dans sa chambre.23

23

Acte du 27 avril 1621 (NA 23, not. Hendrick Bruyningh). Selon une inscription dans l'album amicorum par Luys Mendes de

Carmona, maître d'armes à Ecija, Thibault aurait été en Espagne en janvier 1621. Étrangement, cette inscription a été écrite par Thibault lui-même.

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Sans aucun doute, ce sont des gravures d'après des dessins de postures et positions d'escrime réalisés par le maître lui-même, comme nous allons le voir plus tard dans son « Académie de l'Espée ». Le 25 août 1620, il rédige une contribution à Amsterdam à l'album amicorum du célèbre diplomate de Haarlem et spécialiste de la Russie, Isaac Massa24. Selon une loi sur les encadrements, adoptés le 27 avril 1621, Thibault était encore un résident d'Amsterdam cette année.

L'année suivante, il quitte de nouveau la ville. Le 16 février 1622, il s’est lui-même inscrit comme

étudiant en mathématiques à l'Université de Leiden. À cette occasion, il s’est donné lui-même l'âge flatteur de quarante ans, alors qu'en réalité, il avait sept ou huit ans de plus25. Resté seul, il s'installe avec ses serviteurs Guillaume et Claes Arjaentge dans une maison sur le Rapenburg, entre le Doelensteeg et le Groenhaengracht 26. Le 17 février 1623, le susmentionné M. Dirck van Sterbergen, capitaine et maître d'armes « de la ville et l'université », signe « l'ode en l'honneur de l'art chevaleresque des armes et du Seigneur Geeraert Thibault », dont le texte a été enregistré plus tôt dans l'album. Le grand homme a-t-il également enseigné l'escrime à l'université ? En 1624, il écrit une contribution en espagnol dans l'album amicorum de Cornelis de Glarges de Haarlem, étudiant à Leyde, où il se nomme lui-même maître d'escrime de l'Université de Leiden27. Une confirmation officielle de ce poste n'a pu être trouvée. Dans ses dernières années à Leiden, il a certainement passé du temps à compléter la fin de son grand livre, « l’Académie de l'Espée ». L'édition du texte, la coupe des gravures par une équipe internationale de graveurs, l'impression de l'œuvre gigantesque par Elzeviers28 à Leiden - tout cela devait lui donner de grandes préoccupations. Dans l’introduction du livre, nous savons que Thibault, en dehors des tribunaux de La Haye et de Clèves, a également passé du temps dans les tribunaux de Paris, Brunswick et Lippe, où il expose son art. Peut-être cela s’est-il passé au cours de ces années. Cependant, comme nous allons le voir, il n'aura jamais connu la publication de l'œuvre de sa vie. Giraldo Thibault est décédé dans la première moitié de 1627: mais nous ne connaissons ni la date exacte ni le lieu de sa mort.

24

F. D. 0. Obreen, “Het album amicorum van Isaac Massa”, dans : “Archief voor Ned. kunstgesch.IV “(1881-1882), p. 284-288. La contribution de Thibault existe sur deux gravures collées et colorées (voir p. 9), les légendes latines et en espagnol et une signature, Amsterdam, le 25 août 1620. Deux amis de Thibault, Matthias van Beeck et Michel Le Blon, ont également contribué. L'album se trouve à la Bibliothèque royale (75 H 56). Dans Massa: J. Keuning, IM, dans: Imago mundi 10 (1953), p. 65-79.

25 “Album studiosorum Acad. Lugduno Batavae” (H.C. 1875), p. 158. Dans l'acte du 27 Avril 1621 (pag. 33, 11. 1), il a indiqué

être âge d'environ 47 ans.

26 Archives municipales de Leiden, registre Hoofdgeld 1622, f 27 (type note de M. P. Valkema Blouw).

27 Thibault a contribué une impression couleur d'une gravure de Michel Le Blon avec une capture et une signature en

Espagnole, le 17 juillet 1624, cf H. Bots, « G. van Gemert et P. Rietbergen », L'album amicorum de Cornelis de Glarges (Amsterdam, 1975), p. 70 (où Thibault n'a pas été identifié). L'album se trouve à la Bibliothèque royale (75 J 48).

28 Voir après, page 22.

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L’ALBUM AMICORUM

À la fin de sa première période à Amsterdam, Thibault s’était constitué un album amicorum, selon la coutume de son époque : à savoir recueillir et rassembler les expressions d'amitié et de dévouement d’étudiants, de collègues et de partisans. Cet album faisait auparavant partie de la bibliothèque d’Anton WM Mensing et repose désormais dans la Bibliothèque royale de Gravenhage.29 Comme c'est le cas avec la plupart des alba du XVIIe siècle, il se compose en grande partie des contributions seules, réalisées par des amis, contenant une devise, une citation, une bénédiction personnelle, et sur la page opposée, le blason familial. L'insolite dans l'album de Thibault, c'est qu'il y a aussi, dispersés à travers le livre, plusieurs longs poèmes, certains de plus d'une centaine de lignes, en latin, espagnol, français et néerlandais. L'album s'ouvre avec un grand poème espagnol anonyme dans lequel le maître d'Anvers est mis sur un pied d'égalité avec les maîtres espagnols Carranza et Pacheco. Deux longs poèmes français sont signés par le gentilhomme précité de Clèves et maître en musique à Amsterdam : Nicolas Vallet. De grands poèmes en latins ont été fournis par le maître d'armes de Clèves, Neubauer (deux d'entre eux) et les deux jeunes cousins de Thibault, Joannes Baptista et Christiaen Bartolotti. Parmi les longs poèmes, les plus importants sont ceux en néerlandais et écrit en alexandrins. Dans quatre cas, les louanges de Thibault sont signées par ses collègues : Dirck van Sterbergen de Leiden, Johannes Damius de Haarlem, Lambert van Someren, auparavant d’Anvers, et Cornelis van Heusden d'Amsterdam. Tous ces poèmes sont construits sur le même modèle (que nous avions déjà évoqué) : d'abord un aperçu de la carrière du maître d'armes, puis sa rencontre avec Thibault, la critique initiale sur la nouvelle méthode et enfin l'idée que son système soit le seul qui soit correct. Les détails de la vie de ces quatre personnes sont issus de ces poèmes.

Une chose est claire : à la différence des contributions plus courtes dans l'album, qui ont un caractère plus ou moins spontané, les longs poèmes ont été « organisés » par Thibault lui-même qui les avait « commandés » à un poète occasionnel, évidemment, avec le consentement et la coopération des maîtres d'armes, dont les carrières honorables ont été soulignées dans les détails des textes. L'interrelation de ces rimes, construites sur le même thème, avec néanmoins une certaine variation et une bonne qualité générale, suggère qu'elles ont été faites par une seule et même main. En réalisant une étude graphologique comparative des signatures et du texte, on constate que ce n'est pas la même main qui a écrit dans l'album que celle des signataires, mais bien une autre. Cinq poèmes (dont trois signés par les maîtres d'armes, l'un par le peintre Adriaen van Nieulandt et un par le marchand Jan Ysbrantsz Kieft) sont même écrits avec la même calligraphie.

Les raisons des critiques et des « conversions » se trouvent également dans un poème rédigé,

non par un maître d'armes, mais par un passionné. Tout d'abord, il raconte ses propres expériences et puis il parle au nom de sa salle d’armes. À la fin de ce poème non daté, un espace est laissé ouvert à la signature d’un grand nombre de personnes. Seulement trois ont signé : Nicolaes Van der Laen, un membre de la célèbre famille de Haarlem, Cornelis van Hogelande, un citoyen catholique important de Leiden, médecin et alchimiste, plus tard ami de Descartes et de Samuel Sorbière, et le noble Jan van Mathenesse, seigneur de Lisse30. Apparemment, il s'agit de membres d'un club d'escrime de Haarlem

29

“Catalogue of the library of Ant.” W. M. Mensing, 11 (vente aux enchères du 20-22 avril 1937), n° 1303, actuellement à la Bibliothèque royale (133 1.4), obtenue dans les collections de van Beresteyn. 30

Deux membres de la famille Van der Laen ont participé: Nicolaes Claesz, 1588 - après 1636, le fils d'un shérif d’Amstelland, qui s’est marié en 1616 à Amsterdam et entre 1618 et 1636 a été secrétaire de Haarlem, et M. Nicolaes, 1597-c .1645, seigneur de la Spekken à Lisse, avocat, célibataire, beau-frère d'Isaac Massa, cf M. Thierry de Bye Dolleman et 0. Schutte, « Het Haarlemse Geslacht van der Laen à Ned. Leeuw 86 » (1969), p. 323 et 328. À propos de Cornelis van HogeLande, 1590 -

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ou de Leiden. Non sans surprise, nous reconnaissons ici le poème de Bredero « À mon Seigneur Tibout ». Que devons-nous en penser ? En comparant le texte écrit dans l'album de Thibault avec celui imprimé dans le « Nederduytsche Rijmen » (un recueil de poésie déjà diffusé, publié en 1620, deux ans après la mort de Bredero, collecté par l'éditeur Cornelis Lodewijcksz Van de Plasse), il semble que l'album offre sans aucun doute la version originale : la ligne qui manque dans le texte imprimé peut être trouvée dans l'album ; avec des textes positionnés différemment, par exemple les deux dernières lignes, et en donnent une meilleure lecture.31 Le nom et la devise de Bredero sont imprimés dans le recueil, suggérant que Van de Plasse possédait une copie antérieure avec signature manuscrite ou imprimée.

Il est tentant de supposer que les trois signataires sont membres du club d'escrime de Bredero. Mais une question se pose : pourquoi n'y a-t-il pas mis son propre nom ? On pourrait penser que la signature par l'ensemble de la société, comme cela a été prévu, n'a pas eu lieu, et qu’il était convenu que Bredero soit le dernier à signer, ou (autres hypothèses), peut-être était-il déjà malade ou décédé, lorsque la signature a eu lieu ? Nous ne pouvons pas retrouver le style calligraphique dans laquelle le poème a été écrit ailleurs dans l'album. La seule preuve de l’authenticité de l'écriture du poète est une autre participation que nous avons, mais elle montre cependant peu de ressemblance avec cette écriture.32 Quoi qu’il en soit, il y a de sérieuses objections à l’hypothèse que celui-ci concernait bien le club d’escrime de Bredero. Pas tant en raison de la position sociale des trois signataires, mais en raison de leurs lieux de résidence en dehors d'Amsterdam, il est très peu probable qu'ils appartenaient aux amateurs avec qui Bredero a pratiqué, comme c’est évoqué dans le poème. Son club devant être constitué de citoyens d'Amsterdam, qui viendrait à « l'école d'escrime » chaque jour.

1645: « Nieuw Ned. Biograph. woordenb. VII », p. 291,295 (de Waard). Jan van Mathenesse, seigneur de Lisse, décédé en 1624, avait un cousin éloigné éponyme, né c. 1596, qui a été enregistré en 1619 à Leiden.

31 Le texte du poème tel qu'il apparaît dans l'album, suit en pièce jointe.

32 La seule trace écrite confirmée de Bredero est son inscription dans le premier album amicorum de Ernst Brinck, cf

Stuiveling, p. 165.

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5. Sonnet par Anna Roemer Vissher

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En supposant que le poème est en effet bien de Bredero, ce dont il ne fait aucun doute, faut-il en conclure qu'il a été écrit par lui au nom de Thibault, puisque celui-ci a également commandé à d'autres poètes occasionnels ses éloges ? Cela pourrait-il signifier qu'il n'est pas basé sur l'expérience personnelle de Bredero et n'a donc aucun caractère autobiographique ? Ce ne serait pas la première fois que le poème d’un auteur, dans lequel semblent être évoquées ses propres expériences, s’avère, après un examen plus approfondi, être fabriqué de toutes pièces33. En outre, dans notre cas, la question est moins importante qu'il n'y paraît. Après tout, l'amour que Bredero porte au maniement des armes est révélé par d'autres poèmes qui sont incontestablement les siens. Ce qu’il savait sur Thibault est évident si l'on considère qu'il était un escrimeur passionné et, comme son ami Adriaen van Nieulandt (également un étudiant de Badens), il vivait à proximité « de l'école d'escrime » et le club d’art dramatique.34 Quoi qu'il en soit, si le poème est une commande, le « je » évoqué dans le poème, est certainement Bredero.

Il y a aussi d'autres possibilités pour les origines du poème de Bredero. Il fut peut-être conçu

comme un « verset d'introduction » pour l’ouvrage d'escrime que Thibault préparait en son temps à Amsterdam. À l’achèvement de ce poème, il restait encore beaucoup de travail à faire sur l’ouvrage, le maître pourrait avoir décidé de l'utiliser pour l'album amicorum, dans lequel il voulait une dédicace par un groupe d'étudiants. Ainsi le poème a été probablement réalisé avant la fin de 1615, quand l'album a été créé. La signature par les membres du club Leiden-Haarlem aurait pu être faite plus tard. Il y a aussi un long poème non daté néerlandais par (ou sur) un passionné, manuscrit et signé par un jeune homme, probablement marchand d'Amsterdam, Carlo Heldewier, qui se glorifie lui-même d’avoir été l'un des premiers élèves du maître.35 La réponse à la question de savoir si d’autres poèmes néerlandais dans l'album ont été réalisés par Bredero, je laisse cette question aux graphologues plus compétents.

Non moins intéressants sont les poèmes de petite taille, dans lesquels les sonnets sont préférés.

Un certain nombre d'entre eux sont en espagnol et par des auteurs différents, mais tous écrits avec la même élégante main espagnole. Les sonnets en néerlandais ont été apportés par le chevalier Théodore Rodenburg (6 août 1617) qui ne pouvait être absent dans cette société, et Anna Roemer Visscher (non daté), écrivant avec une belle calligraphie, qui l’a rendu célèbre (page 15, pl.5).

33

A. Keersmaekers, « De onbekende Bredero », dans: « Spiegel der letteren 11 » (1969), p. 81-97 ; Mr. H. De la Fontaine

Verwey, « Drie vrienden . Bredero-Tel-le Blon », dans: le mensuel d’Amstelodamum 58 (1971), p. 49-57.

34 J. H. van Eeghen, De familie van Garbrant Adriaenz Bredero, dans : mensuel d’Amstelodamum 55 (1968), p. 149 ; S. A. C.

Dudok van Heel, « De schilder Claes Moyaert en zijn familie », dans : revue annuelle d’Amstelodamum 68 (1976), p. 16,30. Les poèmes sont « Een sekere harts-tocht oft ontroering » (une certaine passion ou émotion) ; dans : “Aendachtigh liedtboeck”, et “Antwoort op den brief van Jacob Barthout”(1630), dans : “Nederduytsche rijmen”

35 Carlo Heldewier (probablement originaire de Cologne) est désigné le 27 décembre 1612 et le 4 octobre 1618 en tant que

témoin au baptême des enfants de Catherine Heldewier (marié à Abraham dragon) et Magda Lens Heldewier (marié à Gonsalo Romiti), probablement ses sœurs.

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6. Calligraphie d’Anna Maria Van Schurman

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Une femme qui sera encore plus célèbre, Anna Maria van Schurman, représentant un excellent exemple d’une plume talentueuse. Elle avait seize ans à l'époque, quand elle a écrit sa contribution à Rhenen le 23 août 1623. C'est une feuille volante dans l'album (pl. 6). Déjà désigné comme un sonnet en néerlandais, signé par le jeune marchand Amsterdam Jan Ysbrantsz Kieft.

La majorité des contributions de l'album se composent, comme d'habitude, de courtes inscriptions. La quasi-totalité (environ 25) sont rédigées par des étudiants d'Amsterdam qui étaient devenus ses amis, tous des hommes âges de vingt à trente ans, la plupart d’entre eux encore célibataire. Ils ont écrit leurs contributions au cours de décembre 1615 comme un salut d'adieu au maître qui aller le quitter pour Clèves. De quels cercles proviennent ces personnes ? La grande majorité sont de jeunes commerçants, appelés à devenir régents et intellectuels, la moitié d'entre eux sont issus de familles à Amsterdam, dont le Dr Albert Coenraetsz Burgh (qui deviendra plus tard maire), Gijsbert van Campen, Simon Van der Does, Jacob Cornelisa Hooft (frère de Peter Cornelisa), Jan Ysbrantsz Kieft, M. Pieter Pauw, Benoît Schaeck, Pieter Jansz Snoeck et le Dr Jan de Veer, l'autre moitié provenant de familles hollandaises du sud, y compris Matthijs van Beeck, Isaac et Joseph Coymans (le dernier était le constructeur de la Coymanshuis), Jean et Daniel van Gheel, Carlo Hellemans, Balthasar de Moucheron, Peter Panhuysen, Samuel van Peene, Samuel Sautijn et Nicolas Sohier (le constructeur de la « huis met de Hoofden »). La plupart d'entre eux ont écrit leurs contributions en latin, un seul (Sohier) en italien et le reste sont en néerlandais. Une liste complète des noms suit en pièce jointe.

Les trois dernières inscriptions proviennent des artistes (Adriaen van Nieulandt déjà mentionné) :

Torrentius le peintre, le graveur Michel Le Blon et le musicien Nicolas Vallet. Torrentius, notre premier « peintre maudit » qui apparaît ici sous son vrai nom Jan Van der Beek Symonsz, était l'un de ses rares amis qui était déjà mariés en 1615 (bien que très malheureux !). En personne, il a écrit un sonnet dans un néerlandais un peu boiteux, conclu par une extension de la devise familiale « Bene Vixit Qui bene latuit » (NDT : « Pour vivre heureux, vivons cachés »)36 que nous pouvons lire ci-dessous:

Hi di terecht wel schulende wel leeft,

Stijf wacht al ‘t gheen ‘t wisplent gheval hem gheeft

Salut à qui se cache, soit de ses dettes, soit de sa vie,

Passant, si rien ne t’est prêté, si aucune mèche ne t’est donnée

Les figures géométriques réalisées dans les armoiries sont remarquables (Pl. 7). La contribution de Michel Le Blon, si étroitement liée à Thibault, se compose d'un acrostiche en

français sous la forme d'un sonnet ; dans lequel, non seulement le maniement de l'épée du maître, mais aussi ses compétences en tant que musicien et architecte sont louées.

36

Cette devise a été peinte par Torrentius sur une œuvre que Lord Dorchester dédié à la maison d'Isaac Massa, protecteur du peintre, à Lisse, cf AJ Rehorst, Torrentius (Rotterdam 1939), p. 69.

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7. Armoiries de Torrentius

Sur la page opposée, il réalisa une aquarelle méticuleusement adaptée aux couleurs fines, représentant une peau, sur laquelle les armoiries de Le Blon sont dotées de deux devises, « Qu'une’ et « Tout à Temps » ainsi qu’un proverbe en néerlandais et en allemand : ‘Onder lasteren Alle ondanckbarheid 't grotste » (« Parmi toutes les ingratitudes : la calomnie est le plus grande ») (ce qui montre qu'il est né et a grandi à Francfort ! ) et « dem Bosen misfallen ist mir lob » (« être rejetée par le mal est ma joie »), enfin, un détail, une expression personnelle d’amitié et de gratitude (pl. 8).

L’album se conclut avec un long poème en Français rédigé par Nicolas Vallet. Ce musicien, qui

s'est installé à Amsterdam en 1613, a apparemment honoré la réunion des amis de Thibault avec sa musique et a trouvé plusieurs de ses élèves dans les mêmes cercles. Trois des escrimeurs, Matthijs van Beeck, le Dr Albert Coenraetsa Burgh et M. Pieter Pauw, étaient parmi ceux à qui Vallet a dédié son manuel pour luth en trois parties, « Le Secret des muses », en 1615.

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8. Armoiries de Michel le Blon

La contribution du maître de musique à l'album de Thibault se termine par une impression de la charmante gravure coupée par Michel Le Blon en 1615 d’une plaque représentant l'école de danse de Vallet, la « salle de danse », agrémentée d'un proverbe en Française et un en Espagnol. Hooft en parle dans son « Warenar ». 37

37

Sur Nicolas Vallet: A. de Roever, « Rijfelarijen » dans: « Oud-Bas 4 » (1886), p. 190-197 ; W.Nijhoff, Nic. « Du Secret des muses » Vallet dans: « Bibliographische adversaria », 2e série, 1 (1887,94), p. 234-249 ; Robert Eitner, « Biographisch-bibliographisch Quellen-Lexikon », 2e dr. (Graz 1959), p. 29, 30. la gravure de la plaque est indiquée dans l’édition annuelle d’Amstelodamum 61 (1969), p. 112

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ACADEMIE DE l’ESPEE

L’œuvre de la vie de Thibault, son « Académie de l'Espée », dont il ne connaîtra ni l’achèvement, ni la publication, est le guide le plus complet de l'art de l'escrime qui ait jamais vu le jour. Il est également l'un des plus beaux livres du XVIIe siècle. Le grand format in-folio (appelé forme d'atlas), le papier épais, l'excellente typographie de Elzeviers Leiden (maître dans les petites éditions, mais, comme indiqué ici, même dans le grand format), les illustrations riches et variées en page double - tout cela en fait vraiment une édition royale.

Il reflète le style somptueux de « l'âge de l'expansion », comme HR Trevor-Roper caractérise cette période. Ce livre prouve une fois de plus la grande habileté des imprimeurs hollandais, à ce moment les meilleurs dans le monde, et la virtuosité des graveurs hollandais, qui donnaient le ton un peu partout.

Le fait que « l'Académie de l'Espée » ait une longue histoire a déjà été évoqué. La création de

l'ouvrage lui-même, la gravure, la composition et l'impression doivent avoir exigé beaucoup de temps et d'efforts. Ceci peut être lu à partir de l’introduction, qui n'est pas du tout composée à l'identique dans les différentes copies. Habituellement, il se compose de quatre feuilles : le titre, portrait (parfois après, parfois placé en regard du titre), le privilège français et néerlandais de publication.38

Commençons avec la somptueuse page de titre, réalisé par le graveur Frison Schelte van

Bolswert (S’appelant lui-même Schelderi), qui a réalisé ce travail à Bruxelles. Sur le tympan du fronton de style classique, l'archange Michel apparait, frappé en bas de la luxure, flanqué de Minerve et Bellone. Par-dessus, deux boucliers en forme de losange avec à la gauche de Jupiter dans l'univers mathématique (comme la gravure emblématique réalisée par Michel Le Blon en 1615) et à droite, différents instruments : un compas dont le dessous est traversé par une règle, une plume, l'équilibre des saisons et une épée, mais également, un serpent, un coq et une cigogne. À l’avant des colonnades de chaque côté du titre nous trouvons Mars sur la gauche et Hercules sur la droite. Au premier plan, on voit trois cavaliers, armés de pistolet, d’épée et de la lance. D'autres armes sont couchées au le sol. La partie centrale est remplie avec le titre en fine calligraphie, riche et variée, réalisé par Gerrit Gauw de Haarlem, le graveur qui a rédigé les modèles pour Jan Van de Velde et d'autres maîtres (pl. 9). Le titre complet : « Académie de I'espée de Girard Thibault d'Anvers Où se demonstrent par reìgles mathematiques sur le Fondement d’un cercle rnysterieux Ia théorie et pratique des vrais et ìusqu'a présente incognus secrets du maniement des armes a pied et a cheval » 1628. Il est à noter que, selon le titre, l'Académie aborde à la fois le maniement des armes à pied et à cheval. Thibaut pensait ainsi qu'il était en mesure de terminer une seconde partie de ce travail lorsque le titre a été défini. Toutes les copies que je connais portent l'année 1628, sauf celui de la bibliothèque du Havre, qui a le titre 1626 - l'année du privilège Français.39 Ainsi, le titre était prêt et la date fut changée par la suite. Cependant, comme nous le verrons, la dernière partie de la première édition a été finie d’être imprimé qu’en 1630. Le portrait de l'auteur, entouré d'une riche ornementation, est gravé d’après un tableau de David Bailly, le fils du maître d'armes Pieter Bailly. Au-dessus du portrait, l’inscription :

Tranquilla ratio, nec sui impatiens labor,

Modum evaganti praestruit ferociae,

Le calcul tranquille, pas le travail impatient,

C’est le moyen parfait pour stopper les bêtes sauvages,

38

Willems, N°302, p.79.80. 39

Bibliothèque Ghust. Du Havre (prêt à Amsterdam du 11 au 15 décembre 1906, Fred Muller), n° 282.

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Sous le blason de la famille Thibault, la devise « Gaudet patientia Duris »(la patience révèle la résistance). De chaque côté sont présent des carrés, dans celui sur la gauche, deux hommes nus et dans celui de droite, différents instruments (placé différemment que ceux énumérés dans le bouclier en forme de losange sur la page de titre) (pl. 1).

La troisième feuille, qui apparaît dans toutes les copies, donne les charges de l’écrivain par l'empereur, les rois, ducs, comtes et autres nobles qui aiment et favorisent le noble art de l'escrime. Les noms ne sont pas présents. Sur le verso de ce document : le poème latin non daté, rédigé par Daniel Heinsius à l'époque où le Prince Maurice a décerné le prix et la décoration à Thibault.

Sur la quatrième feuille se trouve le privilège accordé à Gérard Thibault par le roi Louis XIII de

France en date du 11 décembre 1626, antérieur à celui des États généraux, remis aux héritiers de l'auteur le 5 juin 1627. Grâce à cela, il peut être conclu que Thibault est mort au cours des cinq premiers mois de l’année 1627. Sur le revers de cette feuille est imprimée une « Advertissement sur la considération des figures de ce livre », expliquant quels sont les principes de perspective qui ont été utilisés.

Dans certaines copies, y compris celle de la bibliothèque de l'Université d'Amsterdam,

l'introduction est complétée de trois pages supplémentaires.40 D'abord, nous trouvons imprimé le privilège accordé aux héritiers de Thibault par l'empereur

Ferdinand II (le 20 mai 1630). Depuis l’ouvrage porte la date de 1628, ils ont attendu deux ans pour la publication, au moins pour une partie de la diffusion, jusqu'à ce qu'ils reçoivent le privilège. Comme nous le savons, Thibault était déjà décédé dans la première moitié de 1627, avant d'avoir achevé son travail. Ceci est annoncé sur la deuxième page supplémentaire de l'introduction, dans un « Advertissement Au Lecteur », qui révèle également l’identité de l’imprimeur : « Le lecteur sera adverti, que l’autheur ayant eu le dessein de produire la science de l’exercice à cheval, avec telle à pied, comme il en est faict mention au frontispice de ce livre, la mort l’ayant prevenu, ne l’a peu mettre en effect, mesmes l’impression du present livre en a esté retardée iusques à present » ; suivi de : « A Leyde, Imprimé en la typographie des Elaeviers, Au moys d’Aoust, l’an 1630 ».41

40

Probablement le même ouvrage est décrit par Wouter Nijhoff, Elzeviriana, dans « Het Boek 25 » (1938-1939), p. 198, 224, et avant cela par Ed. Rahir dans: « Bulletin de la librairie Morgand 8 » (1898-1899), n° 35417. Cette copie avec certaines gravures et « épreuves d'artiste » des gravures, rassemblées par Marius Michel, était dans la bibliothèque Capron, cf Ed.

Rahir, « Catalogue D'une collection unique de volumes imprimés par les EIzevier » (Paris 1896), n ° 273. L'exemplaire de la Bibliothèque Nationale de Paris (Rés. V, 6), relié en velours de couleur marron avec des fleurons, est probablement un don au roi Louis XIII par les héritiers de Thibault. Hendrick Thibaut, seigneur de Aagtekerke, maire de Middelburg, etc (1601-1667), neveu de Gérard, était chevalier de Saint-Michel et a augmenté son arme avec le lys français au cœur de son bouclier.

41 Willems, p.79, seule une copie est trouvable à la bibliothèque de Versailles.

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9. Page titre de l’ « Académie de l’Espée »

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« L'Académie de I'espée » est l'un des rares livres en format folio imprimé par les Elzeviers, qui est par la suite devenu célèbre en raison précisément pour leurs éditions en petits et très petits formats. L'ornementation typographique les entêtes, fleurons et vignettes a été réalisées proportionnellement à la taille de l'ouvrage. La plupart d'entre eux ne se retrouvent d’ailleurs pas dans d'autres impressions des Elzeviers et ont probablement été faites spécialement pour ce livre. Sur la troisième page de l'introduction, nous trouvons une ode latine rédigée par Casparus Barlaeus sur la gauche. Barlaeus se nommant lui-même « Med. Doc. ». (son seul titre). Sur le côté droit, on trouve un poème similaire par Johan Van der Borch, héritier du Seigneur de Langentrier etc, premier gouverneur de George William de Brandebourg, duc de Clèves, et plus tard son conseiller. Sur le revers, nous trouvons un poème en latin par un certain Gabriel von Danuf, qui explique avoir été un ancien adepte du maitre Italien Fabris Salvator, mais s’écriant maintenant: « Magnus Salvator, maior Thibaultius ille ». En dessous se trouve une communication destinée au lecteur suivant : « Amy lecteur, n’attendez pas que par quelque longue preface on vous recommande l’entreprinse, les peines & depense excessive que l'Auteur a employé en ce grand & precieux ouvrage ; Les Princes & Seigneurs à qui il l’a dedié, de qui on voit à l’entrée d’iceluy les armoiries, sont ceux qu’on prent en tesmoins des admirables preuves & effects qu’il a donné en leur presence de l’Excellence de l’art qu’il y enseigne, qui pourtant l’ont eu en grand estime & l’ont honoré en plusieurs endroits de leur faveur & bienveillance & poussé à en donner part à la postérité ». Que peut-on déduire de cette « publicité » qui ne semble pas être de l'auteur ? Dans un ouvrage de cette envergure, l’absence de préface semble bien étrange. Serait-ce à cause de la mort de Thibault ? Mais cela n’est pas évoqué. Plus important encore, l'annonce que l'auteur aurait démontré son art à tous les princes dont les armes sont inclus dans le livre, et donc, qu'ils l’ont approuvé et lui ont rendu hommage. Que ce soient ces princes qui, en versant une contribution monétaire, aient fait de l'impression un travail le plus luxueux possible, est très probable, même si ce n'est nulle part explicitement signalé. Dans tous les exemplaires, neuf documents comportant les armes des protecteurs de la livre sont trouvés, habituellement placés les uns après les autres derrière l'introduction, parfois, comme dans la copie d'Amsterdam, répartis dans l'ensemble du livre.42 Ce sont de merveilleux exemples de l'art héraldique aux légendes joliment calligraphiées, bien que dépourvus de toute indication sur les artistes. Il s'agit des personnes suivantes (dans l'ordre de la copie Amsterdam) : le roi Louis XIII de France (daté 1628, les autres blasons sont non datés) ; Joachim Sigismond de Brandebourg, duc de Clèves, son frère aîné William George, électeur de Brandebourg (il devient électeur en 1619, quand son frère lui a succédé comme duc de Clèves), le prince Maurits (donc avant 1625, l'année de sa mort), Christian , duc de Brunswick-Lunebourg de 1611 jusqu’en 1633, les frères Simon et Otto, comtes de Lippe (Simon VII régnait de 1613 à 1627) ; Frederick Henry (avec les titres qu'il détenait avant la mort du prince Maurits) ; Stephan Gans, seigneur libre de Potlits et Wolfshagen (le seul non royal, capitaine de cavalerie au service de l'État, marié à Hélène van Brederode de Kloetinge et mort en 1626) et, enfin, Ernst Casimir, stathouder de Frise depuis 1620.

42

Les blasons de certains protecteurs sont aussi trouvables sur un certain nombre de copies sur des scènes d’escrimes, alors que d'autres boucliers prévus pour être remplis avec un blason sont resté vide.

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10. Escrimeur en action, gravure de Cispijn Van der Passe Sr.

À partir de ces armoiries, nous pouvons conclure, comme nous l'avons déjà dit, que Thibault a visité les cours de France, de Brunswick et de Lippe après son séjour au Clèves. Toutes les armoiries ont probablement été réalisées avant 1625 (à l'exception d'une Française qui a été gravée en 1628, après la mort de l'auteur et deux ans après le privilège de Louis XIII). L’illustration même de l’ouvrage mérite une attention particulière, composée de gravure sur une double page (sauf une) qui représente les positions et les poignées des tireurs (pl. 10). Ils montrent une grande variété dans la décoration des personnages, de leurs positionnements et de contextes. Il est frappant de constater combien ces imperturbables « messieurs » se laissent poignarder à travers les yeux ! Il est probable que les conceptions sont de Thibault lui-même. Pour la gravure, il fait appel à un grand nombre d'artistes hollandais du Nord et du Sud, ayant vécu dans différents endroits. Le premier livre comprend 33 estampes, le second, treize réalisés par seize graveurs différents. Parmi eux, six ont travaillé à Amsterdam: Nicolaes Lastman, J. Geile, Egbert van Panderen, Robert de Baudoux, Pieter Serwouter et Salomon Savery, deux travaillés à La Haye: Crispiaen van Queboren et Andreas Stockius, l'un à Haarlem: Adriaen Matham; un à Leiden: Jacob van der Borcht, l'un à Delft: Willem Jacobsz Delff, et un à Utrecht: Crispijn Van de Passe Sr., trois d'entre eux travaillaient à

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Anvers (ou à Bruxelles) : Schelte a Bolswert, son frère Boèce et Pierre de Jode et un en Allemagne: Peter Isselburg. Parmi ces graveurs, Gelle est mort en 1625 et Lastman en 1626.

Comment s'est déroulé le travail des graveurs organisés par Thibault et quand a-t-il été fait ? Je me réfère à l’acte d’Amsterdam du 27 avril 1621, à partir de laquelle nous savons que Thibault avait des cadres en os de baleines réalisés en avril 1618, d’abord un petit nombre, puis 25 pièces et plus tard beaucoup d'autres pièces, sur lesquelles des gravures ont été fixées et accrochées dans la chambre de Thibault.43 Il est probable que la plupart, sinon toutes les impressions avec les illustrations d'escrime étaient prêtes. Pieter Serwouter, l'un des graveurs de « l'Académie », a déclaré qu'il était présent lors de l'achat et de livraison. Probablement Thibault a-t-il gardé les plaques de cuivre pour lui-même en attente d’une utilisation ultérieure dans son livre ? Il ne pouvait pas faire cela avec les deux gravures emblématiques que Michel Le Blon avait faites vers 1615, car elles étaient trop petites. Alors il les a copiés en grande taille pour « l'Académie de I'espée », la première par Egbert van Panderen (pl. 2), le second par Pieter de Jode, et il les a pris sous forme de page de garde pour le second livre.

Enfin, en ce qui concerne le contenu de l'œuvre, il faudra pardonner à l'auteur de cet

article qu’il soit ignorant dans le domaine dans le domaine de l’escrime et ne puisse l’évoquer en profondeur. Remarquable, pour ne pas moins, est l'introduction de l'élaboration d'une théorie qui était chère à la Renaissance: la doctrine des proportions du corps humain. Après Vitruve, le point de départ était la figure humaine placée dans un cercle avec les bras et les jambes écartés. Les proportions calculées à partir de celle-ci ont servi de base à l'architecture, l'art, les formes de lettres, etc ; Thibault dissertant cette théorie et a consacré son deuxième chapitre à une polémique avec Albrecht Dürer, qui, dans son « Unterweysung der messung » (1525) a couvert ce sujet44, ensuite commence le manuel d'escrime.

La base du système est le cercle mystique, complété par lignes centrales, des

segments et des tangentes, enfermé dans un carré. Tout d'abord, ce dessein doit être fait à la craie sur un terrain solide, dans lequel l’arme est utilisée comme un compas avec le plat de la lame comme longueur et la garde en tant que la branche courte. La longueur de la rapière devant être précisément proportionnée à la taille du corps des tireurs. Après, les intersections sont numérotées, les épéistes peuvent s'aligner face de l'autre à la fin d'une ligne centrale. Il s'agit de la « première position » (NDT : dans « l’Académie », il s’agit de la

« Première Instance »). Dans la « seconde position », un des participants marche vers l'intersection à proximité, sur la gauche, l'autre vers la droite. Tandis qu'il « traverse » de cette manière fastidieuse, ils ne peuvent pas frapper l’autre. Si l'on s'écarte un peu trop ou trop peu, sa négligence est récompensée par un coup de lame dans l'œil ou le corps. Ce système est élaboré dans les moindres détails dans le premier livre. Le deuxième livre traite de la façon dont vous pouvez vous défendre spécialement avec la rapière seule contre quelqu'un qui utilise également une dague ou un bouclier.

43

Voire plus haut, p.11, note 22

44 Sur la doctrine des proportions: Erwin Panofsky, “The history of the theory of human proportions as a

refection on the theory of styles”, dans: “Maning in the visual arts” (Garden City 1955), p. 55-107.

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11. Gravure emblématique, gravée par Egbert Von Panderen

L'exploitation de l'ouvrage a dû être faite par les héritiers de Thibault. Savoir si elle

eut du succès est une question que nous pouvons nous poser. L’œuvre était trop grande, trop couteuse et surtout, l'auteur n'était plus là pour prendre soin de la publicité avec son éloquence renommée et sa force de persuasion. Quand en 1665, après la mort de Jacoba van Erp, veuve de Guillielmo Bartolotti Jr., un inventaire est fait dans la grande maison au Keizersgracht, il a été trouvé un grand nombre de copies non reliées de « l'Académie de l'Espée . »45

Les théories de Thibault ont-elles survécu longtemps à leur auteur ? Certes, dans des

travaux ultérieurs, son nom est souvent mentionné avec honneur, mais en pratique son cercle mystique a vécu une courte vie. « This Enormous volume of nonsens... » (« cet énorme volume de bêtise »)46 voici le jugement dévastateur que portait une autorité du XIXe siècle sur cette escrime. Que ce soit juste ou non, ne rentre pas dans notre examen. « Tout finit par une chanson », dit le proverbe français. Dans ce cas, le rêve de cette « branle Espagnole » s'est terminé par un beau livre. 45

G. A. Amsterdam, non. Arch. 1154. Dans certaine bibliographies, des éditions de « l'Académie de l'Espée » était marqué par des noms : Amsterdam 1650 et Bruxelles 1668, il est possible que de nouveaux titres soient apparus. Je n'ai pas vu ces éditions. Dans le catalogue de la vente aux enchères de la bibliothèque P. van

Eeghen (enchères du 1-3 Juin 1908, RWP de Vries) une copie a été enregistrée sous le numéro 860 dans lequel la première impression d'un autre titre a été montré avec une marque d'imprimante non identifié.

46 Egerton Castle, p.127.

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ANNEXE 147

Recht als het vroolijck sap der vruechtmaeckende wijn

Sich selve openbaert en stille niet can syn

Oft als de wackere gheest sich niet begeeft tot slapen

Maer toont, van inde wiegh waertoe hij is geschapen

Alsoo vant ick myn juecht te dragen liefd en gunst

Tott d’oeffeninge vant geweer de Ridderlycke kunst

Waer an ick heb besteet, de lcnten mijnner jaeren

By sulcke meesters die daer in bedreven waeren

Sulcx dattick doort bericht soo verre was gebracht

Datt my niet anders daer int’ ondersoecken docht

Als ick en had geleert, hettwelck mij wel genoechde

Mett cloecke tegenreen, wist weederstant te bieden

In dier manieren datt door u welsprekentheyt

De leeringh van voorheen ter needer werdt geleyt

Ghy waertet die de kunst uyt wydtgelegen landen

In uwe harsens droecht en bracht in onse handen

Daer eerstelyck ons breyn, mett kibblen tegen keeff

Tottdatt u gouden tongh u wetten in ons schreeff

En mett ervarentheyt de letters ons in prenten

Door de gevoechlijckheen van u grontfondamenten

En aengenaem bewys, daer ghy alsoo mee werckt

Datt yder u verstant en al de dwaelingh merckt

Des ouden tyts verleen, ghy weet op maet te stuijren

De standen buyten wett en regel der natueren

Al deeddy eerst verstaen u syn met redens klaer

T’verandren van gewoont en handel viel ons swaer

Want hett gewende en t’ beproeffde te verlaeten

Om nieuwe moyte en leer, valt lastich antevaaten

Maer u bescheydenheyt en weetkunst die bewees

Waeruyt de dwaelingh eerst voornaamelycken rees

En ghy weerleyden, die u tegen mochten spreecken

Mett seeckerheyt uws doens, en claerheyt haers gebreecken

En aengemerckt, datt seer veel ervaeren lien

Ja Volcken wytt van hier en offenaers mett wien

Ghy dickwils in hett werck, en woorden syt getreeden

Tott sy u meesterschap, en dapperheyt beleeden

Droit comme le gai jus du fameux vin

Se révélant lui-même et pas silencieux comme le sien

Si souvent que l’esprit éveillé ne manque pas de sommeil

Mais expose, le poids qu’il l’a créé

Car je porte la jeunesse avec l'amour et la faveur

Pour la pratique des armes, les arts chevaleresques

Le ressort de mes années, j'ai donc consacré

Par ces maîtres qui en étaient compétents

Boudant les messages quand ils étaient placés loin

N’étant pas moi sinon qu’étudiant tout plein de suspicion

Comme je vous appris, ceux qui m’ont appelé

Dénonçant par la maitrise ceux qui n’oppose que résistance,

De cette manière aux beaux parleurs

Les leçons du passé furent conduites vers le bas.

Lui qui connaissait, l’Art des pays lointains

Où la résine sèche, et l’a amené à nos mains,

Lui, le premier nous mordant l’esprit contre ceux nous ayant trompés

Jusqu’à ce que ses lois nous parviennent,

Et par expériences avec les lettres à nos impressions

Réunissant les propriétés des fondements animaux

Et la plaisante preuve que l’Homme est utile au travail,

De toute votre logique et notant toutes erreurs

Hérités des anciens temps ; il sait transmettre les mesures

Et position du droit et des règles naturelles.

Ayant déjà compris auparavant les motifs que vous êtes prêt

Pour changer les habitudes et nos échanges devenus lourds

Car c’est une imposture et pour preuve de l’abandon

Pour la nouvelle mode et son apprentissage, il est difficile d’avant les canaux (NDT : ?)

Mais modeste et connaissant l’art qui a prouvé

Lorsque la première erreur est appelée à grandir

Et vous, nouveau à Leyden, venant comme ensorcelé

Avec son savoir-faire recherché, et marqué de ses défauts

Et puisque, de très nombreux privilégié expérimenté

Oui Volcken large d’ici et les pratiquants avec qui

Vous êtes souvent dans le travail, et la saisie des mots

Pour voir votre maitrise et les prouesses avouées

47

Texte original du poême de Brodero « A mon seigneur Tibout » dans l’album amicorum (P.13v,14, 15)

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En looffden uwe kunst, en sochten openbaer

Naer haere krancke kracht, die selffs te volgen naer

En aengesyen datt wy, genoech niet tonnen prysen

Uwe goedtwillicheyt in ons te onderwysen

Waerin ghy selver naempt een lieffelyck vermaeck

En socht door daegelycx doen hett uijteyndt vande saeck

Soo hebben wy ons plicht mett vlytt gaen onderwinden

Waerin datt wij meer voets en seeckerheijden vinden

Als wijllen overlang siett door u gronden vast

En weet en wiskunst wel, en matelyck gepast

Der velden deylingh en oock lichaemsstant en stallen

Nae t’ schuijven des gewichts minder oft meerder tallen

Mits t’selve te gelyck e’enstemmich t’samen vlytt

Door de gematighe en senlle vlugge Tijtt

Sonder dewelcke al de grondtvest soude faallen

En van haer waerdicheit ter slincker tydt affdwaalen

0, looffelycke kunst waerin datmen beschoudt

De ongewysheyt daer wy hebben op vertrout

Hoc dom was ons verstant, hoe cranck was ons vermoogen

Wt welcke blintheyt heeft, u wysheyt ons getooghen

0 tweeden Hercules die uyt den weegen baant

De ruwe stoutheyt en vermeettelheyt verwaant

Door U, gegronde leer soo weett ghy te versachten

Hett heftich buldren en de dulheyt der gedachten

0 nuwe wapenheer, die soo wel als verweert

De wijse kunst mett tracht versammelt en vereert.

Et bénissaient votre art, et cherchaient le public

Pour sa malade force (NDT : ?), qui même à suivre pour

et craint que nous autres, pas suffisant loués des tonneliers

Votre bonne maitrise des querelles à nous enseigner

Lorsque vos demandes d’argent un plaisant divertissement

Et a cherché par tous les jours à mettre fin à l’affaire

avons donc notre devoir de diligence passé sous les vents

Là où n’où n’avons plus pied et cherchant à trouver

Si vous voulez voir longtemps, vous avez de solides bases

Et un savoir en mathématique, et extraordinairement grande raison

Des zones divisées et aussi la position du corps à cheval

Après pour glisser les poids moins souvent que de grands chiffres

Sous le même égal unanime ensemble zélé

Par un modeste temps preste et rapide

Sans laquelle à terre toutes les trouvailles attribuées seraient tombées

Et de sa valeur du temps de l’horloge se serait écarté

O, Art noble vrai que l’on estime

L’incertitude que nous avons de familière

Comme étaient idiotes nos connaissances, comme étaient assises nos facultés

Quel poids de cécité, en sagesse vous nous avez élevé

O, second Hercule apparu pour préserver le chemin

Le cœur brut de vaillance et d’audace vaniteuse

Par vous, raisonnable nous apprenons en vous à nous adoucir

L’intensité du rugissement et la colère de l’esprit

O nouveau maitre d’armes, que l’on appelle aussi vieillit

L'art sage d'essayer de chercher et de vénérer.

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ANNEXE 2 Sommaire du contenu de l’Album amicorum de Gerard Thibault (K.B., 133 L 4). Référencement fait par : Joh. E. Eiias, « De vroedschap van Amsterdam » 1578 -1795. Haarlem 1903-05 ; P.Leendertz Jr, « Uit den Muiderkrinq ». Haarlem 1935, et J. G. van Dillen, « Het oudste aandeelhoudersregister van de Kamer Amsterdam der Oost-lndische Compagnie’s »-Gravenhage 1958. Pour plus d’informations, non inclus dans ce travail, je suis redevable auprès de Sir S.A.C Dudok van Heel. Si les personnes ne sont pas nées, mariées ou décédées à Amsterdam, ce sera précisé. Les pages non citées de l'album sont vides. 1v, 2r : poème latin par Gisbertus Moring. Gisbertus Moring de Vianen, enregistrée à Leyde le 12 Novembre 1618. 20 ans (philosophie).

4v, 5, 6, 7: « Ode en l'honneur de l'art chevaleresque d'armes et de Lord Geraert Thibault. » Signé: Dirck van Sterbergen, «capitaine et maître d'armes de l'Université de la ville de Leiden », le 17 Février 1623. Avec blason et la devise.

9, 10, 11, 12, 13a recto : poème anonyme espagnol.

13v, 14, 15: Poème: «Recht als het vroolijck sap der vruechtmaeckende wijn» Signé: Nicolaes van der Laen, C. van Hogelande, Jan van Mathenesse. Ce poème est le même que celui de Bredero, « A mon Seigneur Tibout ». Sur les signataire : note 29, p. 14

18r: sonnet Espagnol par Caspar Castaño.

18v, 19: Poème de Johannes Damius, «geoefend meester in wapenen tot Haerlem, presentclick synde capiteyn, schepen, end thresorier der zelver stede». Suivi par le sonnet «lof vanden Heer Johannes Damius». Sur Joh. Damius note 18, page 7.

21v, 22r : sonnet Espagnol par Luys Mendez de Carmona, maître d'armes à Ecija. Janvier 1618. Écrit par Thibault lui-même.

23v: Sonnet par Theodoor Rodenburg. 17 août 1617.

24v: sonnet Espagnol par le Dr Pedro Alvares.

25r: sonnet Espagnol par Pedro Lopez, étudiant portugais de Pacheco.

25v, 26r : Sonnet par Anna Roemer Visscher.

27v, 28, 29, 30, 31: poème français se terminant avec les armoiries et la devise de Pierre de Quadt de Isengardten. 1617.

32v, 33r : ode latine par Raban Alhardus von Terchen.

34r: Blason de Isaac Coymans. Amsterdam, le 14 Décembre 1615. Isaac Coymans, 1581 (Hambourg) -1640, marchand, épouse de Wijntge Reynst en 1620. Elias 11, p.760.

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35v, 36r : inscription en latin de Petrus Panhuysen. Avec blason et devise. Pieter Panhuysen d'Anvers, épouse Maria Godin à Amsterdam, 1613. Van Dillen, p.255.

37r: Blason sans nom

38, 39, 40r: poème néerlandais par Carlo Helduvier. Amsterdam. Avec blason et devise. Carlo Heldewier, voir note 34, p 16.

41v, 42r : inscription en néerlandais par Pieter Jansz de Snoeck. Amsterdam, le 3 Décembre 1615. Avec blason et la devise. Pieter Jansz Snoeck, frère du Dr Acgidius Snoeck. Elias 1, p. 96.

43: sonnet Espagnol anonyme.

45v, 46r : inscription latine de Joannes de Veer. Amsterdam, le 1er Décembre 1615. Avec blason et la devise. Dr Jan de Veer, 1592-1617, 1611-1617 secrétaire, célibataire. Elias 1, p. 51.

47v, 48r : inscription en latin Petrus Pauw. 7 septembre 1615. Avec blason et devise. M. Pieter Pauw, 1594.1663 (Den Haag), épouse Walburg van Wel. Elias 1, p. 91.

48v, 49, 50: poème latin de Ch. Bartolotti ab Heuvel. Leiden 11 Novembre 1617. Avec blason de Joannes Baptista et Christianus Bartolotti. Au début, calligraphie en forme de fleur, au bout de la laisse les lettres GIRARDUS. Jan Baptist Bartolotti (van den Heuvel), 1590 (Hambourg) -1624, fils de Guillielmo et Margaretha Peis, enregistrée à Leyde le 19 mai 1608 (littérature), maison firmant Bartolotti, épouse Leonora Hellemans en 1612 (elle se remarie avec PC Hooft en 1627). Elias 1, p. 387 ; Leendertz, p. 19, 56, 59. Christianus Bartolotti, 1597 (Hamhurg) - 1617 (Leiden), fils de Guillielmo et Margaretha Thibaut, inscrit à Leiden le 12 novembre 1615 (Droit), assassiné après avoir terminé ses études en 1617. Son album amicorum était dans la bibliothèque van Sypesteyn (enchères de Londen 1825, n ° 522). Leendertz, p. 56, 61.

52v, 53r : inscription latine de Ghysberrus Campen. Avec blason. Probablement Gijsbert van Campen, begr. (enterrée) Le 3 mai 1617, célibataire. R.K.

54v: inscription en latin par S. Van der Does. 1er décembre. 1615. Simon Van der Does Willemsz, 1584-1652, négociant et armateur, 1618 avocats, marié en 605 à Maria Bultel. Elias 1, p. 324.

57v, 58, 59, 60r: poème néerlandais, signé par Adriaen van Nieulandt. Avec blason et devise. Adriaen van Nieulandt, 1587 (Anvers) - 1658, peintre, marié à Vaes Catrijna, était ami avec Bartolotti de. Leendertz. p. 62.

62r: Blason et devise de Baltr. de Moucheron. Amsterdam, 14 décembre 1615. Balthasar de Moucheron, 1587 (Arnemuiden) -, marchand de l'Archange, marié en 1619 à Cornelia Vanbroeckhoven.

63V, 64R: sonnet en néerlandais de Lamhertus Van den Bogaerdt. Amsterdam, 28 novembre. 1615. Avec blason et devise.

64v, 65, 66, 67, 68r : poème latin par Albertus Neubauer. Avec blason. «Palestrae Magister» de George Willem et Joachim Sigismond de Brandebourg.

68v: inscription en latin par Henricus van Ryssel. Amsterdam, le 4 Décembre. 1615.

69V, 70r: inscription en latin par Hulbertus Van der Burgh. Amsterdam, le 1er Décembre.

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Anno Dionysiano 1615. Avec blason et devise. Dr Albert Coenraetsz Burgh, 1593.1647, éminent marchand et Dyer, 1618 avocats, se marie avec Anna Wolphaerts van Diemen en 1618. Elias 1, p. 327.

71V, 72r: inscription en latin par Jacobus C. Hooft. Amsterdam, le 4 Décembre 1635. Avec blason et devise. Jacobus Cornelisz Hooft, 1593-1640, frère de PC Hooft, marchand, épouse Jannetge Willemsdr. Pauw. En 1629, Elias 1, p. 303.

73v, 74r: inscription en latin par Samuel Sautinus. Amsterdam, 11 décembre 1615. Avec blason et devise. Samuel Sautijn, 1593.1632, marchand et préparateur de Sulfer, se marie avec Maria Van der Straten en 1626. Elias 11, p.575.

75v, 76, 77r: poème latin par Benedictus Schaeck. Amsterdam, 13 décembre1615. Avec blason. Bente ou Benedictus Schaeck, seigneur de Anckeveen, 1587-1661, marchand, épouse Elizabeth Dircksdr. Sperwer en 1615. Elias I, p. 252.

78V: poème italien de Nicolas Sohier. Amsterdam, le 6 Décembre. 1615. Nicolas Sohier, 1590.1642, marchand, épouse Suzanna Hellemans en 1621, le constructeur de la «Maison des têtes». Leendertz, p. 43.

79, 80, 81v: poème latin par Johannes Schenck Lismannus.

81r: Blason de Carlo Hellemans. Amsterdam 10 Décembre. 1615. Carel Hellemans, 1595 (Hambourg) -1652 (Deurne), le frère de Suzanne, l'épouse du Nicolas Sohier, et Leonora, épouse de Jan Baptist Bartolotti, épouse de Catharina Quingetti en 1613, 1596 (Anvers) - 24 juli 1615. Son deuil ne l'empêche pas à partir de siger l'album? Pour ses mariages plus tard, voir Leendertz, p. 44.

82v, 83r : inscription latine de Mathisius van Beeck. 8 décembre. 1615. Avec Blason et devise. Mathijs van Beeck, van Aken, probablement fils de Joost van Beeck.Van DilIen, p. 137. Ami de Massa, le Blon et Vallet. Sa veuve, Catharina Coninx s'est remarié en 1639 à Utrecht Jan Pietersz Quin

84v, 85r : inscription en néerlandais par Daniel et Giovanni van Geel. Amsterdam, 10 décembre. 1615. Avec blason et devise. Jean van Gheel, seigneur de Spanbroeck, 1589 -?, Marchand en Italie et au Levant, se marie en 1623 à Lampsins Elisabeth. Fait un testament le 20 Juin 1618 avec son frère Daniel.

86v: inscription latine de Samuel van Peene. Non daté. Samuel van Peene reçoit procuration en 1627 de Suzanna van avez, veuve de Adriaen Thibaut (voir la note 14, page 7). D'autres membres de cette famille de Van Dillen, p. 155239.

87v, 88r: inscription en latin par Coeimans Josèphe. Amsterdam 10 Décembre 1615. Avec blason et devise. Joseph Coymans, seigneur de Bruchem et Nieuwwaal, 1591 (Hambourg) -, marchand, constructeur de la Coymanshuis, épouse Dorothea Berck, dame d’Alblasserdam à 1616. Elias 1, p. 762.

89, 90r: poème latin par Maximilianus van den Wouwere. Avec blason et devise.

92, 93, 94r: poème néerlandais, signé par Lambert van Someren, suivie d'un sonnet, signé par la même personne. Avec blason. Lambert van Someren, maître d'escrime, voir ci-dessus page 8.

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95, 96: poème néerlandais, signé par Cornelis van Heusden. Amsterdam, le 1 décembre 1615. Cornelis Cornelisz van Heusden, maître d'escrime, voir la note 19, page 7.

99, 100: poème latin par Albertus Nenbauer, Cleve, 17 Février 1617.

104v, 105r : poème néerlandais par Jan Van der Beek Sijmonsz. 17 décembre. 1615. Avec blason. Johannes Van der Beeck Symoonis, alias Johannes Torrentius, c. 1589.1644, peintre, marié en 1612 à Neeltgen van Campen.

105r, 106r : sonnet en français (acrostiche) par Michel Le Blon. Avec blason et devise. Michel Le Blon, 1587 (Francfort) -1658, graveur, voir la note 21, page 10.

108v, 109r: poème néerlandais, signé par Jan Ysbrantsz. Amsterdam, déc. 17 1615. Avec blason et la devise. Jan Ysbrantsz Kieft, 1588-1636, fils de Ysbrant Willemsz Kieft, se marie en 1617 à Maritje van Bronchorst. Elias 1, p. 186,187.

110v, 111, 112, 113, 114r : poème français par N. Vallet. Amsterdam, le 15 Décembre 1615. Avec gravure pour les planches de son école de danse avec des sorts. Nicolas Vallet, maître de musique, voire la note 37, page 20.