Etude basket pro et nationalités

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Etude documentaire sur la problématique récurrente de la nationalité dans les réformes du basket pro français

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BASKET PRO EN FRANCE La problématique récurrente de la Nationalité

Préambule

Beaucoup de gens se poseront la question : Pourquoi un tel écrit, et pourquoi aussi long ? Tout

simplement parce que lorsque l’on est un observateur attentif et acteur du basket pro en France

depuis de nombreuses années, on ne peut laisser dire tout et son contraire sur la baisse de

compétitivité du basket français. Et surtout, je ne peux pas continuer à entendre et lire des constats

à l’emporte-pièce sur la responsabilité supposée des joueurs étrangers dans cette baisse de niveau.

Comment éluder un contexte mondial et des raisons spécifiques à ce bilan ? Trop d’aigreur, trop de

protectionnisme, des excès en tout genre foisonnent lorsqu’il s’agit de dresser un état des lieux de

notre basket. J’ai donc voulu revenir sur chacun des points évoqués, tenter de trouver des

explications, des pistes de réflexion et surtout tenter de stopper cette escalade de nationalisme et

d’exclusion qui, au-delà d’être le comble de l’immoral, a des conséquences lourdes.

A ceux qui penseraient ou qui m’ont même dit que je « prêchais pour ma paroisse », je réponds

simplement que je n’ai aucun intérêt à passer tant d’heures à me bagarrer contre des idées reçues,

et à ruer dans les brancards contre un Diktat consensuel, ce qui me met « hors jeu » vis-à-vis de

certains acteurs et décideurs de notre basket. On m’a même conseillé de ne pas m’atteler à ce

projet, malgré le fait qu’environ 95% des gens de mon entourage professionnel (coachs, dirigeants,

collègues agents, journalistes…) adhèrent totalement à cette pensée. Mais pour autant, dois-je tout

laisser dire et faire sous prétexte de préserver mes intérêts personnels ? La réponse est non, chacun

d’entre nous, acteurs du basket professionnel en France, je l’espère passionnés par notre activité, a

une responsabilité de viser à mieux pour les amoureux de notre sport, souvent désintéressés.

Ce n’est pas non plus un essai anti joueurs français, loin de là, j’ai un immense plaisir à travailler

avec les 5 joueurs français qui me font confiance. Mais j’ai aussi plaisir à travailler avec les joueurs

étrangers que je place chaque saison, qui ne sont que de passage avec moi, mais qui méritent tout

autant de considération et d’attention. Protéger un système de formation efficace et même brillant,

c’est une évidence, mais le faire avec raison et discernement, en respectant les droits de chacun,

c’est essentiel.

Je vais tâcher d’être complet, et je souhaite recueillir tous les témoignages qui me permettraient

d’évoluer dans ma connaissance et mon expertise de ce milieu, en élargissant le spectre, puisque

nous ne devons pas vivre dans notre bulle, protectrice mais cloisonnante. Que vous soyez

spectateur, joueur, coach, journaliste…, si vous avez pris la peine de lire ce document, j’attends

réellement vos commentaires, seul le débat permet d’avancer. La pensée unique, elle, est

dangereuse.

François LAMY – Février 2011 – [email protected] – www.bballagent.com

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SOMMAIRE

Introduction p.1 I – Etrangers dans le basket français, chiffres et réalités dans un marché « JFL » tendu p. 2

A. Etrangers et JFL, les chiffres p. 3 B. Le marché des joueurs JFL, dangers et conséquences du protectionnisme p. 4

- Un marché sans marge de manœuvres pour les clubs p. 4 - La création du statut de « joueur quota » p. 5 - Les ruptures de contrat à 100% dirigées vers les joueurs étrangers p. 6 - Stigmatisation à tort des comportements des joueurs étrangers p. 7 - Facteurs d’accomplissement personnel et de réussite collective p. 13

La Pyramide de Maslow II – Spécificité du basket en France p. 14

A. Le poids de l’Histoire p. 14 B. Le faux débat sur l’identité p. 15

- Le basket, sport planétaire p. 15 - Témoignages d’autres sports p. 17

C. Plus que l’identité, le cadre p. 20 D. L’exportation du basketteur français p. 22 E. Le modèle de formation français et ses paradoxes existentiels p. 23

III – La règle JFL dans la législation Européenne, les évolutions à venir dans la FIBA p. 24

A. La règle JFL, l’exception du basket français p. 24 B. La position de l’Union Européenne p. 26 C. Les évolutions réglementaires dans les compétitions FIBA p. 27

IV – Les réalités du basket à l’Etranger – L’Europe de l’Est p. 29

A. Europe de l’Est, le modèle socio-économique et le modèle basket p. 30 B. Les réalités financières et structurelles du basket dans ces pays p. 34 C. Pourquoi snobe-t-on l’exemple allemand ? p. 36 D. Focus rapide sur l’Espagne p. 39

V – Elargissement – Brain storming p. 41

A. Les dangers de la pensée unique. Propagande, approximations, contradictions, et fraises p. 41 B. Les points positifs de la France et de son basket p. 47 C. Peut-être à creuser… p. 53

Conclusion p. 57 Questionnaire (Sur certaines versions du document seulement)

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BASKET PROFESSIONNEL EN FRANCE

La problématique récurrente de la nationalité

Introduction

Dans sa volonté de réforme du haut-niveau masculin, la FFBB a lancé une réflexion.

Certaines entités ont lancé soit des consultations (UCPB) ou diffusent des informations

qui leur sont propres (SNB). La problématique des nationalités revient comme un sujet

prépondérant une nouvelle fois, avec l’insistance du SNB à revoir de nouveau les quotas

de joueurs étrangers à la baisse dès la saison prochaine ou suivante. L’omniprésence

(devenue toute relative) des joueurs étrangers dans le championnat revient dans les

discours comme la raison principale de la baisse de compétitivité du basket français. Je

m’inscris en faux dans ce raisonnement et tiens à mettre fin à ce débat protectionniste et

nationaliste qui porte préjudice à de nombreux joueurs étrangers, qui n’ont pas à être

les bouc-émissaires de combats idéologiques insensés.

Je tiens à réaffirmer certains principes et certaines vérités dans ce document et à

recueillir votre sentiment et/ou témoignage dans le document joint. Je vais tâcher d’être

le plus synthétique, mais tout de même complet, et de m’appuyer sur des chiffres

concrets. Les oppositions ne sont pas productives, or stigmatiser une catégorie de

joueurs comme cela a été fait ces deux dernières saisons est intolérable et

intellectuellement malhonnête. Par ce document, j’affirme également ma détermination

à ne pas laisser des corporations décider de l’avenir du Basket en France, dans des

soucis protectionnistes et à l’aide de doctrines rétrogrades et improductives.

En conclusion de cette introduction, j’estime que si des efforts devaient être faits en

faveur des joueurs nationaux, ils ont déjà largement été faits. Je le détaillerai ci-dessous

dans le premier point, mais nous sommes déjà dans une situation de non-sens

économique total, en dehors de tout critère de compétitivité, contrairement à ce que l’on

veut nous faire croire. Ceux qui sont sur le terrain des négociations peuvent l’affirmer. Je

précise aussi que je ne suis pas un libéral convaincu prônant l’ouverture totale. Comme

je l’indiquais, des efforts ont été faits au détriment des règles de libre circulation des

travailleurs communautaires et des droits élémentaires des travailleurs étrangers, soit.

Si c’est le prix à payer pour favoriser une formation française de qualité, soit. Tout autre

discours sur l’identité du basket en France et sur la supposée américanisation à outrance

du championnat n’est que spéculation démagogique. Cet écrit est aussi une volonté

d’expliquer des positions que j’estime censées et surtout étayées par des exemples

précis et des analogies claires, même si elles vont à contre-courant des théories

actuelles. Cette volonté de dialogue et d’échange est cependant accompagnée d’une

totale détermination à ne pas laisser perdurer le climat délétère actuel. Je vais tâcher de

débroussailler tout ceci dans les pages à venir et vous laisse juge, bonne lecture.

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I- Etrangers dans le basket français et chiffres et réalités d’un marché JFL tendu

En préambule, je souhaite soumettre cet article du Monde de Février 2010, suite à

l’étude de Maîtres Serge et Michel Pautot sur les sportifs professionnels étrangers en

France.

L'élite du sport en France toujours plus cosmopolit e

LEMONDE.FR | 23.02.10 |

Les principaux championnats français (Ligue 1 en football, Top 14 en rugby, Pro A en basket, championnats d'élite en hand et volley) accueillent de plus en plus de joueurs étrangers, selon une étude Sport et nationalité réalisée par des avocats français spécialistes du sport.

D'après cette étude de Mes Serge et Michel Pautot, le championnat de basket masculin est celui qui accueille le plus d'étrangers pour cette saison 2009-2010, avec 50,86 %, dont une majorité d'Américains. Lors de la saison 2003-2004, ce pourcentage n'était que de 38,83 %.

"EN FRANCE, ON A UN DOUBLE LANGAGE"

L'explication est simple, pour Michel Pautot, qui prend pour exemple le milieu du football. "Un footballeur est un travailleur, il va au plus offrant. C'est la logique de l'économie", analyse-t-il. Une nouvelle donne qui n'a pas pour autant déclenché l'invasion de "charters de joueurs bon marchés" tant redoutée par les instances sportives nationales après l'arrêt Malaja (2002), qui a permis aux sportifs d'une centaine de pays associés à l'UE de jouer dans des clubs européens. Selon l'avocat, tout le monde profite de cette liberté de circulation. "Mais en France, on a un double langage, on voudrait récupérer des marchés étrangers sans qu'on vienne nous en prendre", tacle-t-il.

Sans aller jusqu'à dire qu'il s'agit d'une bonne nouvelle pour le sport français, Me Pautot estime que, "en France, la proportion est tout à fait raisonnable, par exemple par rapport au football en Angleterre, où certains clubs ont plus de 80 % d'étrangers". Selon lui, "la construction européenne" est à l'origine "du développement d'un sport sans frontières, avec la constitution d'équipes cosmopolites".

BAISSE DE COMPÉTITIVITÉ DU SPORT FRANÇAIS

L'étude Sport et nationalité met d'autre part en avant la "baisse de compétitivité de la France au niveau international". Si l'année 2009 a été marquée par quelques "triomphes français", comme la victoire de l'équipe masculine de handball aux Championnats du monde ou celle des filles à l'Euro 2009 de basket, "le bilan général est moins flatteur", notent les deux avocats. Par exemple, en football, la France n'a rien gagné depuis dix ans, et aucun club français n'a gagné un titre européen depuis 1996.

Mais les auteurs refusent de lier cette baisse de compétitivité du sport français à l'augmentation de la proportion des sportifs étrangers dans les clubs français. "Le lien ne s'explique pas comme ça, répond Michel Pautot. Dans le football, il y a une baisse des performances des clubs, car ils n'ont ni les meilleurs français ni les meilleurs étrangers, constate-t-il. Le pouvoir d'achat des clubs français n'est pas le même. En Angleterre, les clubs sont plus riches, endettés peut-être, mais plus riches."

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A) Etrangers et JFL, les chiffres

Le constat chiffré a évolué suite au resserrement des quotas de joueurs étrangers en

France. Pour la saison en cours, la part des joueurs étrangers en ProA se monte à

44,37%, soit environ 1,5% de plus qu’au rugby, où, différence notoire, la plupart des

clubs compte au bas mot une trentaine de contrats professionnels.

En ProB, ce nombre se monte à 29,44% de joueurs étrangers, soit 53 joueurs, dont 4

joueurs communautaires et 4 de l’espace « Cotonou », donc un total de 45 joueurs US

pour 18 équipes. En ProB, un joueur qui ne rentrait pas dans les caractéristiques de

joueur JFL joue sous ce statut, Tony Stanley. Hormis cette exception, sur 127 joueurs

« JFL » répertoriés, 127 sont de nationalité française. Roger Zaki aurait été le seul joueur

de nationalité étrangère à disposer du statut JFL hors dérogation, mais il n’a participé à

aucun match. (Gorjan Radonjic dispose de la nationalité française).

En ProA, quelques dérogations existent aux critères de Joueur Formé Localement. Pour

simplifier, en admettant 10 joueurs / contrats par équipe (Certaines en ont 11 ou 12

voire plus en comptabilisant les stagiaires). Sur 160 joueurs/contrats, on totalise 71

joueurs étrangers, dont 56 de nationalité américaine (soit 35%). Les 15 autres étant

communautaires pour 8 d’entre eux, et relevant de l’espace Cotonou pour 7 joueurs.

Sur les 55,53% de joueurs JFL de ProA (89 joueurs), 3 sont de nationalité étrangère (Soit

96,63% de JFL de nationalité française. Je reviendrai dans le 3ème point sur la

problématique de la libre circulation des travailleurs communautaires, de la règle de

proportionnalité dans l’établissement des critères JFL, et des changements à venir au

niveau des compétitions FIBA.

JOUEURS EN PROA - TOTAL 160 CONTRATS

8956

8 7

JFL

US

FIBA

Cotonou

JOUEURS EN PROB - TOTAL 180 CONTRATS

127

45

4 4

JFL

US

FIBA

Cotonou

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B) Le marché des joueurs JFL, dangers et conséquences du protectionnisme

- Un marché sans marge de manœuvre pour les clubs

Ces nouveaux quotas de nationalité ont tendu le marché des joueurs JFL de manière

spectaculaire. Certains clubs se sont « protégés » en ne signant que 4 contrats non-JFL en

ProA, mais les solutions de remplacement d’un joueur JFL majeur blessé ou non

performant sont inexistantes. Les derniers joueurs sans emploi ont trouvé un club lors

de la trêve hivernale, et à ma connaissance il ne reste qu’un joueur JFL en recherche

d’emploi qui évoluait en ProB l’an dernier, Mickael Toti.

Certains clubs ont déjà expérimenté la difficulté de remplacer un joueur JFL, à l’image de

Cholet lors du départ de Claude Marquis, qui considérait manquer de temps de jeu. La

seule solution pour eux a été de recruter William Gradit, qui avait négocié son départ de

Boulazac à cause de ses difficultés d’adaptation à la région et suite à un certain nombre

de frasques extra-basket. Ce même joueur remplace de fait poste pour poste Fabien

Causeur, blessé depuis plus de 2 mois, que le club a été dans l’impossibilité de remplacer

avant le départ de Gradit de Boulazac et le départ de Marquis. Une forme de bricolage

pour s’accommoder des difficultés d’un marché plus que restreint.

Orléans ou Paris ont eux choisi de recruter un joker « JFL » lors de blessures ou de

contre-performances de leurs groupes, pour parer à toute difficulté ultérieure. On voit

d’ailleurs que ce mouvement d’anticipation leur permet dorénavant de retoucher leur

effectif sans se soucier des quotas de nationalité. Mais sans anticipation, et sans

l’opportunité de récupérer Ludovic Vaty (contrat invalidé en Espagne) pour Orléans ou

Michel Morandais (libre lors de la blessure de David Noel), ces deux clubs seraient

maintenant contraints d’opérer différemment et de libérer d’autres joueurs étrangers

pour refaçonner leur effectif.

NATIONALITE DES JFL EN PROA

97%

3%

JFL FrançaisJFL Etranger

NATIONALITE DES JFL EN PROB

100%

0%

JFL FrançaisJFL Etranger

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- La création du statut de « joueur-quota »

Depuis cette saison, conséquemment à l’augmentation du quota de joueurs « JFL », une

nouvelle catégorie de joueurs a été créée, il s’agit du « joueur quota ». Le marché des

joueurs « JFL » étant particulièrement restreint, plusieurs clubs ont signé des joueurs

sur le seul critère de leur statut au regard de la loi sur les joueurs formés localement.

Qu’il soit jeune joueur en sortie de centre de formation, ou joueur plus expérimenté, le

joueur quota s’installe au bout du banc en début de saison et ne le quitte qu’à de très

rares moments, voire jamais. Or, cela est grave à plus d’un titre. D’une, les jeunes joueurs

dotés d’un premier contrat professionnel se voient privés de temps de jeu et

d’opportunités par simple souci de remplir les besoins contractuels de quotas. Pour les

joueurs plus âgés, il s’agit d’une épreuve peu constructive et certainement difficile à

assumer en termes d’estime de soi. Encore plus grave, les mêmes personnes qui

réclament de faire plus de place encore aux joueurs nationaux, éludent totalement ce

problème et même plus largement la question du talent, du potentiel à s’affirmer à tel ou

tel niveau. N’importe quel professionnel dans n’importe quel domaine a des limites, si un

joueur atteint ses limites, il est insensé de penser que le simple fait de le faire jouer va lui

permettre de progresser, et par extension de penser que le niveau du basket dans le

pays va progresser par ce simple fait.

Promouvoir ce discours, c’est créer une génération de joueurs choyés, surprotégés, qui

n’auront de toute façon pas d’efforts particuliers à faire pour devenir professionnels.

Sous couvert de protéger les intérêts du basket national et de sa formation, ce discours

est contre-productif et dangereux. A terme je doute que les salles se remplissent si la

moitié des effectifs de ProA et de ProB comportent des joueurs qui auraient des

difficultés à se mettre au niveau, et qui seraient rémunérés sur des critères artificiels.

Ces critères artificiels forment une bulle spéculative. Dans la finance, on a vu où elle

nous a guidé. C’est exactement le même principe rapporté au basket. Des experts

estiment que les règles doivent être telles qu’ils l’édictent, souvent avec des conflits

d’intérêt sous-jacents, et créent un espace de surévaluation des valeurs ou des produits.

Au bout d’un moment, cet espace artificiel créé se heurte aux réalités d’un marché, et

c’est l’explosion. Pour l’instant, nous en sommes seulement au stade du non-sens

économique, mais pas encore à l’explosion. En demander toujours plus guidera

cependant certainement à cette conclusion, c’est inévitable à partir du moment où on ne

vit pas dans un univers clos et hermétique aux influences et aux réalités extérieures.

Pour ceux qui comme moi ne sont pas à la pointe de la compréhension des origines de la

crise économique internationale, je vous conseille un film-documentaire très

intéressant : « Capitalism : A love story » de Michael Moore.

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- Les ruptures de contrats, à 100% dirigées vers les joueurs étrangers.

C’est une des conséquences de la tension sur ce marché des joueurs JFL. Toute équipe en

difficulté cherchera à opérer des modifications dans son effectif. Or, dans un marché

sans joueurs JFL, les joueurs évincés seront toujours des joueurs étrangers. Ce constat

me souffle une première digression. Lorsque l’on affuble les joueurs étrangers de

nombreux maux, notamment d’être des mercenaires sans notion de valeur du maillot, ou

sans volonté de s’adapter au pays en apprenant la langue, il serait de bon ton de ne pas

oublier qu’une grande partie des recrues étrangères d’un début de saison qui n’était pas

dans le pays la saison d’avant, sera priée de regagner ses pénates ou un autre pays en

cours de saison.

La question mérite d’être posée sans détour. Est-ce que pour des motifs idéologiques, il

est normal que des jeunes joueurs étrangers se retrouvent dans des situations

particulièrement précaires ? Et parfois, voire même souvent, sans la protection du

régime d’assurance chômage dont devrait bénéficier tout salarié à partir du moment où

son employeur cotise pour lui. C’est très loin d’être le cas.

Je souhaite éviter de rentrer sur un terrain de comparaison de performances, mais il ne

me semble pas qu’un seul joueur JFL ait été mis à l’écart sur des critères de performance

sportive ou de mauvais résultats de son club depuis le début de saison. Or, en ProA, 13

joueurs non JFL (tous US), ne sont plus sous contrat avec leur club pour déficit de

performance ou manque de résultat. En ProB, 13 joueurs non JFL également (tous US) ne

termineront pas la saison sous le maillot initial pour ces motifs. Sur 101 joueurs US

entre les 2 divisions, cela correspond à un peu plus de 25% des joueurs US.

FIN DE CONTRAT A L'INITIATIVE DES CLUBS

100%

0%

NON JFL JFL

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Sur ces 13 évictions par division, 9 l’étaient pour des joueurs nouvellement arrivés en

France, contre 4 pour des joueurs ayant déjà évolués en France. Sur les 56 joueurs US de

ProA, seuls 23 étaient de nouveaux arrivants, ce qui porte le pourcentage de ces

nouveaux arrivants évincés à 40%. C’est peu ou prou la même chose en ProB avec 9

évincés sur 24 nouveaux arrivants. Cela me donne l’occasion de tordre le cou à cette

vision du joueur américain mercenaire. En effet sur 56 américains de ProA, 33

évoluaient déjà en France la ou les saisons précédentes, soit près de 60% de joueurs

restant sur le territoire.

- Stigmatisation à tort des comportements des joueurs étrangers.

Toujours à propos de ces fins de contrats anticipées, je souhaite mettre en exergue

quelques cas particuliers qui mettent également à mal la théorie de l’étranger –

mercenaire. Plusieurs cas : David Gonzalvez, joueur rookie de Nantes, apprend le

vendredi précédant un match à Dijon, qu’il ne fait plus partie de l’effectif. Le lendemain,

il score 27pts à 100% et son équipe remporte le match. Le samedi suivant, sorti de

l’effectif, il se rend au match de son équipe avec le maillot du club sur les épaules en

signe de soutien à ses coéquipiers. Exemple Numéro 2 : Justin Hawkins, joueur dont la

SIG annonce vouloir se séparer en fin de préparation pour accueillir Ricardo Greer. La

séparation ne s’opère pas finalement, le joueur s’applique depuis à délivrer des

performances honorables et à défendre le maillot d’un club qui a publiquement émis le

souhait de se séparer de lui. Exemple Numéro 3 : Terry Williams, mis en danger par les

performances moyennes de son équipe, alignera les performances solides alors qu’un

remplaçant est déjà arrivé sur place pour le suppléer, aidant son club à remporter

quelques victoires. Exemple Numéro 4 : Parfait Bitée, écarté de la JL Bourg pour manque

de résultat de son équipe et performances individuelles moyennes, est appelé à la

rescousse sur 3 matchs puisque son remplaçant se blesse à son arrivée. Résultat : Il

aligne 3 actions individuelles dans une fin de match aux couteaux face à Saint-Vallier,

faisant passer le score de -2 à +2 en une minute. Exemple Numéro 5 : Anthony Dill,

intérieur de Saint-Vallier, se blesse à la fin de la préparation, a du mal à bien revenir

physiquement, si bien que le coach lui signifie le mercredi qu’il va mettre fin à son

NOUVEAUX US EN 2010-2011 - PROA

14

9

TOUJOURS SOUS CONTRATFIN DE CONTRAT ANTICIPEE

US EN PROA - 2010-2011

33

23

DEJA EN FranceNOUVEAUX ARRIVANTS

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contrat. Le Vendredi, il aligne 15 points et 18 d’évaluation dans ses 20 minutes de temps

de jeu en deuxième mi-temps pour arracher une victoire bien mal embarquée à la mi-

temps, et importantissime dans l’optique du maintien sur le parquet de Clermont.

Par ailleurs, si toutefois un joueur étranger se rend coupable de comportements sportifs

ou extra-sportifs répréhensibles, il faut vraiment qu’il soit d’un impact diablement

positif sur les résultats du club pour qu’il ne soit pas écarté. Les clubs n’hésitent pas une

seconde à mettre fin aux contrats de joueurs étrangers en cas de problème quelconque,

voire même simplement pour rééquilibrer leur effectif. Les joueurs et agents étrangers

en sont conscients et n’en ont pas d’états d’âme, pour autant qu’ils ne soient pas lésés. Il

faut savoir qu’une rupture de contrat concertée d’un joueur étranger est très souvent

négociée autour d’une indemnité d’en moyenne 2 mois de salaire, et globalement entre 1

mois de salaire si le joueur était réellement néfaste aux résultats du club et avec un

impact pas du tout conforme aux attentes, 2 mois si les torts sont partagés, et 3 mois si le

club s’est trompé de manière évidente dans l’équilibre de son recrutement. Les quelques

conflits persistants qui terminent aux Prud’hommes tiennent de désaccords plus

profonds entre les parties, mais là souvent encore sans états d’âme, tout le monde

connaissant « la règle du jeu ». Pour ceux qui trouvent que de telles indemnités sont

faibles, il faut quand même savoir que les agents étrangers ou leurs représentants

français sont pour la plupart conscients que les clubs ne disposent pas de cellules de

scouting suffisamment développées pour parfaitement connaître un joueur et toutes ses

particularités, sportives ou de caractère, et reconnaissent dans ces accords, leur part de

responsabilité dans le conseil de recrutement. De plus, en situation d’échec, un joueur

étranger préférera tenter de rebondir ailleurs si cela est possible, ou alors se retrouver

auprès des siens pour digérer un échec personnel, qui n’est jamais évident à assimiler

pour personne.

La position (caricaturale et dans l’approximation volontaire pour marquer les esprits)

du Syndicat des joueurs au sujet de ces ruptures de contrat de joueurs étrangers tient

d’ailleurs du cynisme quand ils s’érigent en défenseur de l’opprimé, en dépeignant un

agent consentant au licenciement du joueur étranger par opportunisme. Extrait de

l’Interview d’Aymeric Jeanneau en tant que président du syndicat, Basket News – Mai

2010 :

« Bien sûr, on a fait un travail pour les JFL (Joueurs Formés Localement), mais on ne défend pas que les Français. Et quels sont les joueurs qui ont le plus besoin d’être protégés ? Les étrangers, que l’on coupe, que l’on paye quinze jours et puis à qui l’on dit « va-t’en ! ». L’agent, il ne dit rien car il va placer d’autres joueurs dans le club et il ne va pas se battre contre lui. Il suffit d’être adhérent, de payer sa cotisation pour être défendu. On ne veut surtout pas que les étrangers soient lésés. »

Très souvent, ces ruptures de contrat sont le résultat de l’incapacité des clubs à agir sur

un réajustement d’effectif au niveau des joueurs nationaux, puisque de fait, il n’y en a

plus de disponibles, suite aux exigences toujours plus fortes du Syndicat des joueurs en

terme de place faite aux joueurs nationaux. Pour exagérer le tableau volontairement,

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c’est un peu comme si votre buraliste, si vous avez la mauvaise idée de fumer, vous

proposait ses services en tant que pneumologue en cas de problèmes de santé. En

redevenant plus sérieux, il semble aussi tout à fait inopportun qu’un Syndicat National

des Basketteurs, qui s’adresse à l’ensemble des basketteurs adhérents, nationaux ou

étrangers, se permette de lancer de telles campagnes, favorisant une catégorie de

joueurs au détriment de l’autre, en tombant dans la discrimination la plus basique. Pour

noircir le trait, cela me semble même tendancieux quant à l’objet même de l’existence

d’un syndicat, article L411-1 du code du travail : « Les syndicats professionnels ont

exclusivement pour objet l'étude et la défense des droits ainsi que des intérêts matériels

et moraux, tant collectifs qu'individuels, des personnes visées par leurs statuts. » Sauf

erreur d’interprétation, il semble que le syndicat se mette hors la loi dans ses prises de

position pro joueurs nationaux, dans la mesure où ils comptent des adhérents étrangers,

ce qui est le cas.

Un autre passage de ce même article est assez significatif de l’état d’esprit ambiant :

« Il est beaucoup reproché au basket français d’être ultra américanisé. N’est-ce pas votre rôle d’amélio rer cette image ? Oui, on en est conscients. Je me bats pour que les maillots soient dans les shorts, pour avoir une bonne attitude générale sur le terrain. »

Je ne tomberai pas pour autant dans le même style de caricature, puisque je pense

qu’Aymeric Jeanneau n’a pas voulu exprimer une idée aussi négative dans cette réponse.

Il est cependant clairement répondu à la question de l’amélioration de l’image du basket

français ultra-américanisé qu’il faut une bonne attitude générale sur le terrain. Ce n’est

même pas induit, cette réponse implique que les joueurs américains ont une mauvaise

attitude générale sur le terrain. Un procès d’intention gratuit et pas étayé.

Pour conclure sur ce paragraphe, je souhaite revenir sur les dangers du protectionnisme

à outrance, et notamment le sentiment de confort et de surprotection du joueur national,

tendant à l’impunité totale, même en cas de déficit de performances ou de

comportement inadéquat. Je le rappellerai plusieurs fois dans ce dossier, le mauvais

esprit n’est pas exclusif aux joueurs étrangers, c’est un mal très répandu partout dans la

société, et ce sans distinction de nationalité. A ce sujet, je souhaite retranscrire quelques

phrases d’une interview de Sammy Mejia dans le Basket News Numéro 534 du 13

Janvier 2011 :

« We love France but USA number 1 » Tu as dit cela à la caméra à la fin du All-Star Game. Vous aviez un message à faire passer, vous les joueurs étrangers du championnat de France, un an après que les Français eurent utilisé le All- Star Game pour faire passer le leur ? Cela n’avait rien de personnel. On savait ce qui s’était passé l’année d’avant, on savait que les joueurs français militaient pour réduire le nombre d’étrangers. Ça, je le comprends. Ils veulent protéger les leurs.

Mais dans le même temps, il faut comprendre que nous ne venons pas en France parce que nous voulons gagner beaucoup d’argent, car la France ne paye pas autant que pas mal d’autres pays. Quand j’entends que nous sommes des mercenaires… Dans toutes les équipes en France, les étrangers sont souvent les joueurs les plus rentables, et quand ça ne va pas, qui paye les pots cassés ? Les Français ? Non, les étrangers. C’est nous qui avons la pression. L’an dernier, en début de saison,

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Cholet gagnait mais, rien que le premier mois de compétition, j’ai dû passer dans le bureau du coach quatre fois car coach Kunter n’était pas satisfait de mes performances. Cette pression, vous l’avez quand vous êtes étranger dans une ligue. Vous pensez que, quand nous avons gagné le titre l’an dernier, les gens de Cholet se souciaient de notre nationalité ? Le basket, ça n’est pas une question de passeport, ou de couleur de peau, ou je ne sais quoi, c’est une question de : est-ce que je suis bon ? Est-ce que l’équipe gagne avec

moi ? On ne se plaint pas que des Européens aillent en NBA, c’est normal, les meilleurs jouent, c’est la règle du jeu ! Si quelqu’un est meilleur que moi, je le dis du fond du coeur, qu’on le prenne à ma place. Je trouverais ça normal ! Il y a beaucoup de Français qui se font plus d’argent que les étrangers en Pro A, pas un ou deux, beaucoup ; et ceux-là ne font pas nécessairement des meilleures saisons que les étrangers, au contraire ! En France, il y a le confort donc certains se sentent un peu trop dans une situation de confort.

Il m’a été donné d’être témoin à de nombreuses reprises de phrases choc de la part d’un

« camp » (les joueurs nationaux ) ou d’un autre (les joueurs étrangers) et cette interview

est l’illustration parfaite de la scission qui a tendance à s’opérer en interne, ce qui peut

donner lieu à des comportements excessifs dans les deux sens : égoïsme de protection

de son job chez les joueurs étrangers, ou total dédouanement voire même pointage de

doigt de responsabilité vers le joueur étranger chez les joueurs nationaux. Ce sont ces

deux années intenses de lobbying du SNB efficacement relayé par certains médias, qui

sont à l’origine de ces débordements. Ils sont aussi malheureusement à l’origine d’une

impression faussée dans l’opinion publique, chez les médias, ou chez les dirigeants qu’en

effet les joueurs étrangers sont responsables du moins-bien du basket en France. J’ai à ce

propos une anecdote venant d’un article de presse du Progrès suite au fait d’arme de

Parfait Bitée que je décris ci-dessus. Ce journaliste en revenant sur l’événement, assène

une phrase lourde de sens :

« Un joueur américain n’aurait sans doute pas accepté d’assurer pareil intérim. Ni d’être l’artisan de la victoire de la Jeu dans le final contre Saint-Vallier. » Le Progrès – Philippe Sévy – 16 décembre 2010.

Phrase hautement discriminatoire (et complètement erronée si l’on s’en réfère aux 5

exemples que je donne ci-dessus de joueurs connaissant leur sort) passée complètement

inaperçue et qui illustre parfaitement le ressenti des observateurs du milieu du basket,

formatés par les discours « Pro-JFL » ou plutôt « anti-étrangers » du SNB ou d’autres.

Ce qui me permet de vous délivrer un autre exemple, une missive hallucinante appelée

« Lettre Ouverte au basket français », signée de la main de l’ancien attaché de presse de

la Fédération Française de Basket, et ancien candidat à la présidence de cette même

FFBB, Monsieur Jean-Pierre Dusseaulx. Je vous la livre dans son intégralité :

Dure semaine : 7 matches … 1 victoire. Heureusement pour le compte de l’EuroChallenge, la troisième épreuve européenne, Gravelines un co-leader de la Pro A, a battu de 8 points l’obscure équipe russe de Nizhny Novgorod, un agglomérat de joueurs russes et de l’ancienne Yougoslavie, toujours à la recherche de sa première victoire. Autrement : Nancy -2 à Ostende, Orléans -7 à Mons, Roanne -12 à domicile contre Salonique, Villeurbanne -6 à Istanbul face au Besiktas, Le Mans … -33 dans sa salle devant Kazan et, cerise sur l’amer gâteau, Cholet – 12 à Vilnius.

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Maintenant qui peut oser dire que le basket va bien en France ? Certains seraient heureux de voir Cholet se qualifier pour le Top 16. La France devrait être satisfaite si l’une de ses équipes parvenait à être la seizième d’Europe ? Quelle performance ! Quelque chose ne tourne pas rond. Question : à quoi sert-il d’avoir une multitude de joueurs étrangers, en particulier des Américains, pour obtenir ces résultats ? Pour prendre de telles raclées on peut le faire avec des jeunes Français encadrés par deux étrangers de bonne facture. Aujourd’hui nos sept clubs « européens » comptent 37 joueurs étrangers dont 23 Américains. Le problème est que, même si certains brillent dans un championnat qu’il est difficile d’appeler de France, il s’agit de joueurs de seconde zone. Sévère ? Malheureusement non puisqu’ils ne jouent pas en NBA, ni en Espagne, ni en Grèce, ni en Turquie … Question d’argent ? Les présidents de clubs devraient comprendre que payer deux étrangers avec ce qu’ils donnent aujourd’hui à six, permettraient d’offrir beaucoup plus, donc d’être attirant pour des joueurs meilleurs. Question d’effectif et de longueur de saison ? Les entraîneurs veulent toujours plus de joueurs, mais disputer un ou deux matches par semaine, c’est quand même moins dur que de descendre à la mine…. Question de spectacle ? Les Français sont aussi physiques que les étrangers et, eux, se donnent toujours à leur maximum. La Fédération Française a un nouveau président. Sa première action devrait être de convaincre, de gré ou de force, les clubs de la LNB, ligue qui ne représente pas grand-chose, de devenir raisonnable et de cesser cette fuite en avant qui devient mortelle. Il existe des jeunes de valeur en France comme le montrent les résultats de nos jeunes équipes nationales. Et c’est en les faisant jouer que nous finirons par obtenir des victoires européennes. La Fédération Internationale a un nouveau président. Une place qui a toujours été honorifique et qui consiste à visiter tous les palaces du Monde. Il s’honorerait en travaillant à un équilibre financier et sportif pour tous les clubs européens et en convainquant la NBA qu’elle doit laisser les joueurs se former dans leurs pays, au lieu d’offrir des millions de dollars à des prospects qui restent surtout assis sur les bancs. »

Ceci est à mon sens un brûlot anti-étranger à la limite du pénalement répréhensible,

voire même complètement sur le paragraphe des jeunes français qui se donnent

toujours à leur maximum contrairement aux joueurs étrangers. En l’occurrence, plutôt

que de se plaindre du manque d’exposition médiatique du basket en France, Monsieur

Dusseaulx devrait se réjouir qu’un tel écrit ne se soit pas retrouvé sur le bureau d’un

fonctionnaire de la HALDE (Haute Autorité de Lutte contre la Discrimination et

l’Exclusion). Il a pourtant été un peu relayé et commenté sur internet, les quelques

inexactitudes et jugements à l’emporte-pièce qui y apparaissent reviennent

malheureusement souvent dans les discours des chantres d’un retour à un hyper-

nationalisme dans le basket.

Ce courrier est bourré de non-sens, c’est le summum ! Tancer la sur-américanisation du

basket français qui serait donc responsable de ces résultats ponctuels, sans avoir la

présence d’esprit de noter que les 2 clubs belges cités sont des ambassadeurs d’un

basket belge à 7 ou 8 joueurs US par équipe, que Kazan en parlant d’agglomérat de

joueurs, est un regroupement de joueurs de toutes nationalités (7 étrangers) payés des

fortunes, quand dans le même temps le club de Novgorod battu par Gravelines est

justement une victime d’un système de quotas pour les joueurs russes qui laissent aussi

les clubs sans gros budget sur le bord de la route ! Quant au Besiktas, c’est bien le club

Page 15: Etude basket pro et nationalités

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qui vient d’offrir 2 millions de dollars à Allen Iverson alors qu’une partie des joueurs de

l’effectif avaient des retards de paiement de plusieurs mois, même chose à l’Aris pour les

retards de paiement ! Quant à Vilnius, en effet ils ont pu se payer un intérim de leur

« Jacky » national (Jasikevicius) pour se sortir d’une situation bien mal embarquée pour

cet effectif cosmopolite comprenant 7 joueurs étrangers, plus le coach ! Incroyable mais

vraie cette « lettre ouverte au basket français ».

Autre exemple, qui tient là-encore de la caricature, cet extrait d’un dossier de Basket

News sur l’américanisation à outrance du basket français sur lequel je reviendrai dans le

deuxième point :

« Les Américains ont le melon . Les bienfaits de la maîtrise de la langue du pays sont multiples : meilleure compréhension entre joueurs – du moins avec les locaux –, avec le coach, le staff, les fans, les partenaires, les médias. À l’inverse, un Américain qui ne communique qu’en anglais reste éternellement dans sa bulle. « Cela limite les opérations avec les partenaires, les collectivités, les écoles et c’est un réel frein pour la promotion de l’équipe » regrette Gilles Viard. « À chaque fois, tu tournes sur les deux ou trois joueurs français ou alors l’Américain va juste faire un sourire en remettant un prix. En plus, ce sont des illustres inconnus. Uche Nsonwu n’est connu que des fans du basket français et, malheureusement, ils ne sont pas très nombreux. »

Il serait bien entendu aisé de remplir les feuilles de photos comme celles ci-dessus, avec

Sammy Mejia et Fabien Causeur en visite dans une maternité, et la suivante avec les

joueurs US de l’Elan Chalon en visite dans un Quick. C’est simplement pour illustrer le

grand n’importe quoi d’une telle déclaration. On peut dire tout et son contraire,

l’illustrer et toujours trouver des contre-exemples, mais généraliser de la sorte sur les

joueurs US qui rechignent à des opérations de promotion ou n’y sont pas efficaces, c’est

une hérésie complète, et toujours pas du tout une question de nationalité. Plutôt que

d’empiler les constats erronés et aigris, il serait plus approprié de proposer plus

d’activités aux joueurs étrangers, de les faire aller dans les écoles pour des cours

d’anglais comme le fait l’Elan Chalon, ils sont la plupart du temps très partants pour ces

activités, sauf quand ils ont perdu un match et mal joué la veille, ou qu’ils se sont

engueulés avec leur femme, mais là encore, c’est pour tout le monde pareil, américains,

français, javanais ou bangladeshi…

Page 16: Etude basket pro et nationalités

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- Facteurs d’accomplissement personnels et de réussite collective, la

pyramide de Maslow (Abraham Maslow, Psychologue américain)

Pour conclure sur une note moins polémique, je souhaite exposer ici un élargissement

vers un élément important de la pratique du basket professionnel à haut niveau : la

recherche de la performance. Or, tout manager saura vous servir sur un plateau la

pyramide de Maslow ci-dessous. C’est la pyramide des besoins de l’individu pour

parvenir à son accomplissement personnel, et donc forcément son adhésion à un projet

collectif, et sa totale participation à une recherche de la performance collective.

Comme vous pouvez l’observer, les pré-requis à l’optimisation de la performance sont

identifiés dans cette pyramide. Or, dès le deuxième stade, on observe le besoin de

sécurité. Je vous l’ai indiqué chiffres à l’appui, 4 joueurs américains sur 10 arrivant en

France ne seront là que pour quelques mois, et le savent pertinemment. La pyramide

s’écroule pour eux dès le deuxième stade, pour les plus chanceux qui arrivent au

troisième stade, là encore les besoins d’appartenance ne peuvent être complètement

remplis, hormis dans les cadres hyper identifiés sur lesquels je reviendrai plus tard dans

le 2ème point en observant l’exemple du Poitiers Basket 86.

Page 17: Etude basket pro et nationalités

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Je tenais à spécifier ce point basique de compréhension des mécanismes humains et de

management. Plutôt que de stigmatiser à outrance, il convient d’identifier les problèmes

que pose l’intégration d’un joueur étranger dans un environnement méconnu, loin de sa

famille, parfois de sa femme et de ses enfants, parfois loin de ses parents ou grands-

parents lorsque ceux-ci disparaissent. Je souhaiterais que tous les accusateurs se

projettent dans une telle situation, de quitter son confort et son environnement pour

plonger dans l’inconnu. Quelques-uns le font pour une rémunération importante, mais

beaucoup aussi le font pour une rémunération anodine dans le concert du sport

professionnel. Si toutefois cette projection leur était impossible, au moins qu’ils

s’imaginent voir leurs enfants vivre les mêmes expériences, leurs jugements seraient je

l’espère édulcorés par un minimum d’empathie. Pas mal de joueurs nationaux ont quitté

le pays pour vivre une expérience à l’étranger, ou tenter une aventure lucrative ou

d’optimisation de leur fiscalité, ils ont tendance à tous revenir, souvent plus forts, et à

faire part de leur bonheur d’évoluer de nouveau dans un environnement socialement

protecteur et psychologiquement confortable. Ils reviennent vers la recherche de

l’équilibre de cette fameuse pyramide des besoins. Le prochain point aborde d’ailleurs

cette exportation des basketteurs français, et plus largement quelques spécificités du

basket en France.

II- Spécificités du basket en France

A) Le poids de l’Histoire

En élargissant de nouveau le spectre de l’observation du microcosme basket, il convient

de noter que dans tous les domaines, la France souffre du poids de son Histoire, et de sa

domination passée dans bien des domaines, mise à mal dans un processus de

mondialisation qui a déséquilibré les pouvoirs et les zones d’influences. Il en est de

même dans le basket. Au sommet de l’Europe dans les années 80 et 90, la France du

basket n’a pas pu (et non pas su) rester compétitive avec l’émergence de certaines

puissances dans des pays libérés de leur coercition politique, économique et sociale.

C’est tout simplement la loi de la mondialisation, et pour autant, la stabilité financière de

nos clubs et de notre championnat en fait une valeur refuge dans des temps post-crise.

Encore une fois rapportée à une notion de bulle spéculative éclatée, on a vu que cette

crise a corrigé des excès et ramené à la raison dans pas mal de pays. J’y reviendrai dans

le quatrième point, les réalités du basket à l’étranger.

Pour en revenir à ce poids de l’Histoire, la génération des dirigeants actuels du basket a

donc connu cette position dominante, et bien entendu, a du mal à se faire à cette

nouvelle donne dans laquelle on a tendance à se chercher. Et dans la recherche de mieux

pour soi, un des mécanismes humains est le repli sur soi et le rejet de la faute sur l’autre.

Page 18: Etude basket pro et nationalités

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Dans ce poids de l’histoire, il est essentiel d’aborder une notion qui a son importance, la

fierté d’appartenir à un pays, l’envie de s’y installer et de s’y épanouir et plus largement

ce qu’on appelle le patriotisme pour installer la problématique au niveau des équipes

nationales. Or, et j’y reviendrai dans cette section, notre pays souffre d’un manque

d’adhésion aux valeurs qu’il propose, que ce soit dans la société ou dans le basket. Un

récent sondage sur l’optimisme dans divers pays indique que la France est championne

du Monde du pessimisme avec 61% des sondés français s’attendant à une année 2011

difficile. Or, une fois encore, le basket n’est qu’une composante de la société française, et

notre pessimisme indique un mal-être certain et une crise de confiance envers les

perspectives qu’offre notre pays.

Les mécanismes qui engendrent la performance dans le sport professionnel se situent

notamment dans l’envie de se dépasser, dans la combativité et l’ambition, à la mesure de

sa compétence et/ou talent. Un pays qui présente un environnement aussi sombre est

peu propice à la mise en œuvre de ces mécanismes. On peut chercher aussi nos manques

en termes de compétitivité dans le caractère profond de notre pays. Or, une des

composantes du caractère français est l’insatisfaction chronique et la contestation. C’est

vers ces mécanismes-là qu’il faut aller fouiller pour observer des tendances au

protectionnisme et au repli sur soi, pour éviter la compétition et conserver ses acquis.

Lorsque les championnats d’Europe de l’Est sont mis en avant comme ils le sont par nos

dirigeants, il faut aussi aller creuser sur les caractéristiques socio-comportementales de

ces pays. J’y reviendrai plus précisément dans le quatrième point sur les réalités des

championnats étrangers, mais il est plus simple de faire appel à des mécanismes de

dépassement de soi et de combativité dans des pays qui ont souffert de mille maux il y a

très peu de temps, et qui souffrent encore d’un contexte économique et social

particulièrement douloureux pour la majorité de la population.

B) Le faux-débat sur l’identité

- Le Basket, sport planétaire

Dans un pays en crise d’identité tout court, notamment à cause de cette perte de repères

due à cette nouvelle donne sur l’échiquier mondial, la faute est souvent rejetée sur le

coupable le plus proche, présumé profiteur des effets de la mondialisation, à savoir

l’étranger. Sans pour autant tomber dans le libéralisme à outrance et l’ouverture totale

des frontières, que ce soit dans la société en général ou dans le basket, il convient

d’observer les bienfaits d’une société cosmopolite, sans tomber dans l’excès

démagogique inverse, à savoir l’angélisme. Dans le basket comme dans la société en

général, on a besoin de l’autre, et notamment de l’étranger. A cet effet, je me permets

une analogie avec le monde médical. Pour ceux qui ont eu à faire à des médecins

spécialistes, que ce soit dans la fonction publique hospitalière ou chez les praticiens du

Page 19: Etude basket pro et nationalités

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privé, ils ont été bienheureux de trouver des médecins étrangers pour s’occuper de leur

cas. Si le protectionnisme à outrance s’était opéré dans le monde médical (vous

apprécierez le jeu de mots), on en serait venu à une pénurie insurmontable de médecins

spécialistes en France (elle est déjà critique). Une des solutions aurait alors été de

recruter plus largement et d’élargir le numerus clausus dans les universités de médecine

françaises ? Les critères de compétence auraient alors été revus à la baisse, pas

rassurant. L’analogie peut se faire avec le basket en France, ce n’est pas simplement en

élargissant le nombre de joueurs nationaux que l’on va ramener de la compétence et de

la compétitivité.

Le débat sur l’identité nationale que l’on a connu l’an dernier s’est avéré désastreux, il en

serait de même dans le basket. Que fait-on dans ce genre de débat ? On cherche les

coupables, on pointe du doigt, et toujours dans la même direction, celle du voisin. Il me

revient une étude l’an dernier dans Basket News (que j’approfondis dans le point

suivant), qui pointait du doigt l’américanisation à outrance du championnat de France

de basket, allant jusqu’à s’exaspérer de l’utilisation de l’anglais sur les bancs de touche et

sur le terrain. Encore qu’au niveau des arbitres je puisse comprendre que l’utilisation du

français soit exigée, autant l’exigence plus large tient encore d’une idéologie du « respect

de la langue française » qui n’a sans doute pas sa place sur un terrain de basket, et qui

tient légèrement du snobisme.

J’ouvre une nouvelle parenthèse sur ce syndrome français, qui n’est pas propre au

basket, qui consiste à s’ériger en défenseurs ultimes de la Langue Française face à

l’envahisseur qu’est la langue anglaise. Ce syndrome a tout de même conduit à des lois

(notamment la Loi « Toubon ») imposant la « francisation » des termes anglophones

couramment usités. Toujours pour éviter l’excès inverse, il faut bien entendu entretenir

notre langue et l’apprendre aux gens qui souhaitent vivre dans notre pays. Mais en faire

une lutte idéologique pour combattre un complexe vis-à-vis d’une langue qui se veut

universelle, c’est problématique, et indique une résistance farouche à

l’internationalisation, et donc un problème d’adaptation aux nouvelles réalités de l’ordre

mondial, général ou dans le basket.

Pour en revenir aux 4 américains sur 10 qui arrivent dans le championnat en étant

évincés au bout de quelques mois, est-ce bien raisonnable d’exiger de leur part un

apprentissage du français dès leur arrivée ? On me répondra en Espagne ils le font bien.

D’une je demande à voir si c’est le cas dès les premiers mois, de deux l’espagnol est

quasiment une langue officielle aux USA, notamment dans certains états bien pourvus en

basketteurs (Mexicains et Amérique du Sud en général en Floride, Texas et Californie –

et caraïbes hispaniques dans les mégalopoles du Nord-Est des USA). Enfin, il est sans

doute plus évident d’exiger l’apprentissage d’une langue à un joueur qui sera rémunéré

300.000 euros à la saison plutôt qu’à un joueur à 90.000 euros, ce qui est la moyenne de

rémunération des US de ProA. C’est humain et que celui qui pointe le doigt vers un soi-

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disant opportunisme ou nombrilisme dans ce comportement se sache extrêmement

intellectuellement malhonnête.

- Témoignages d’autres sports

Je reviens à cet article, des témoins du hand et du rugby intervenaient. Ils tançaient donc

l’américanisation du basket en France et l’utilisation de la langue anglaise, à deux doigts

de verser dans un excès qui tendrait à dire que les américains viennent « coloniser » le

basket en France (terme employé dans le préambule de l’article) en imposant leur

langue et leur culture. Le basket ne peut se dissocier de son moteur qu’est la NBA, et ne

peut non plus se dissocier de son appartenance à l’univers des sports urbains. C’est

d’ailleurs une spécificité qui a été largement exploitée fut un temps, lorsque le basket de

rue était une vraie mode. De là à dire que c’est la volonté du basket plus conventionnel

d’aspirer les pratiquants du basket de rue qui a tué cette mode, ce serait sans doute

excessif, mais pourtant une piste à creuser. L’américanisation à outrance est présente

partout, les exemples foisonnent. Les jeunes générations en France sont marquées par

les stars de la chanson US, les chaînes américaines comme MTV, les marques de

sportswear US… Mais pas seulement les jeunes générations.

Qui n’a pas suivi avec persistance les épisodes de 24h Chrono, Desperate Housewives

(Merci ex-Mme Parker pour les coups de projecteur vers le basket français), Dexter ou

autres Prison Break de manière un peu plus assidue que Julie Lescaut ou Navarro ? De

même, Mac Donald’s est en effet plus qu’omniprésent, au grand désespoir des chantres

de la Cuisine Française. Qui n’a pas vibré pour des superproductions

cinématographiques américaines, en reconnaissant leur savoir-faire unique en matière

de promotion et de marketing, tout en se régalant de l’esprit fin d’une Agnes Jaoui ou

d’un Jean-Pierre Bacri, ou de l’humour léger des « Feydeau » cinématographiques que

sont la plupart des films de Francis Véber. Il en faut pour tous les goûts. Par contre

s’enfermer dans des carcans ou dans des postures, par élitisme ou protectionnisme d’un

« savoir-faire » ou « savoir-être » « à la Française », ce ne sera jamais productif. Il faut je

pense élargir les champs d’études des comportements de nos basketteurs et très

facilement on se rendra compte que notre jeunesse basketballistique est toute aussi

américanisée que nos joueurs US, voire parfois plus !

Retour sur ces sports collectifs qui jugeaient assez ironiquement le milieu de la balle

orange, il y a aussi des spécificités à observer. Sans tomber dans la caricature, le rugby

est un sport qui existe professionnellement dans une grosse dizaine de pays au

maximum, et hormis les championnats des pays d’Océanie, le Top 14 français est

quasiment la NBA du rugby. Les figures du rugby international ont presque toutes joué

en France à un moment ou à un autre. Par contre, à vouloir en faire un produit

« packagé », je suis prêt à prendre le pari que les « vieux de la vieille » de l’Ovalie en

reviendront à un moment de leurs valeurs terroirs, et de la fameuse convivialité (des

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troisièmes mi-temps) qui apportent tant à l’image globale de ce sport. On en reparlera

dans quelques années, les prémices de comportements individualistes propres à la

compétition économique qui accompagne la professionnalisation d’un sport ne vont pas

tarder à poindre, si ce n’est déjà fait.

Pour le Handball, l’archi-domination de l’équipe nationale joue à plein en leur faveur et

tend à nous obliger à écouter leurs leçons, de nouveau en termes de valeurs, cette fois de

combativité et de solidité mentale. Cependant, là encore, le handball de club existe

professionnellement de nouveau dans une grosse dizaine de pays, et là aussi la NBA du

handball se situe dans les clubs d’élite de France, d’Allemagne, d’Espagne et de Russie. Je

pense cependant que Didier Dinart et Nikola Karabatic échangeraient volontiers leur

place avec Tony Parker et Joachim Noah par exemple. Ils sont au top mondialement dans

leur sport, tant mieux pour eux, en tant que français on se doit d’être ravis, mais il faut

remettre ça dans un certain ordre économique du sport au niveau mondial. Toujours

dans cet article, il était mentionné « Les détracteurs du basket français auront beau jeu

de noter les multiples indices de la vampirisation américaine : les shorts XXL, la

référence systématique à la NBA, jusqu’à considérer que poser ses fesses sur un banc de

la ligue américaine est l’acte majeur d’une carrière de basketteur ».

Enfoncer des portes ouvertes est toujours plus simple, mais je pousse le bouchon

volontairement, mais les deux handballeurs que j’ai cités n’évoluaient-ils pas à l’étranger

avant que le club de Montpellier ne casse sa tirelire pour faire revenir Nikola Karabatic ?

On parle là des meilleurs joueurs au Monde, et leurs salaires de club sont estimés entre

200 et 250.000 euros annuels selon les sources pour Nikola Karabatic et certainement

un peu moins pour Didier Dinart en Espagne. Il convient d’adopter une vision un peu

plus large des réalités économiques du sport mondial dans sa globalité, et je rajoute :

Pensez-vous que Didier Dinart refuserait de prendre la place de Johan Pétro ?

Certainement pas ! Encore une fois que les malhonnêtes qui veulent répondre oui

s’abstiennent !

Je souhaite de nouveau étayer cet argument en vous proposant un article de la Tribune

du 10 Avril 2009 à propos de la Finale de la Coupe de la Ligue de Handball qui avait eu

lieu à… Miami ! Oui vous avez bien lu, ce même sport qui ironise sur notre

américanisation à outrance avait décidé d’organiser les finales de la Coupe de leur ligue

professionnelle aux USA. Résultat : Un désastre économique pour l’organisateur et un

vide médiatique absolu aux USA, certes un coup de projecteur supplémentaire sur le

hand, mais à quel prix. Aucun chiffre précis d’affluence, simplement un arrondi à 2.000

spectateurs (selon les organisateurs) dans une salle de 20.000 places. Ce projet,

contractualisé pour 3 ans (2009, 2010 et 2011) avec une société d’événementiels

américaine, a été stoppé après la première édition, la seule communication de la LNH à

ce sujet se bornant à un très laconique : « Nous avons rompu notre contrat avec les organisateurs américains (NWSE). Nous avons quelques soucis juridiques avec eux. La

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Coupe de la Ligue 2010 n'aura donc pas lieu en Floride. » Je pense que les dirigeants du hand pro français ont du prier tous les dieux pour que l’Equipe Nationale continue à tout dévaster sur son passage après un tel fiasco. Il faut sans doute féliciter l’ambition de ce projet, mais je reviens encore à la notion de moyens de ses ambitions.

La Tribune - 10/04/2009 -

HANDBALL- Le hand français veut réussir son rêve am éricain

Miami accueille le dernier carré de la Coupe de la Ligue française de handball. Paris, Montpellier, Chambéry et Istres sont les équipes qualifiées pour ce projet fou mais bien ficelé financièrement.

It's only the first time », slogan d'un tee-shirt distribué en arrivant à Miami aux quatre équipes qualifiées pour rappeler à tous les sceptiques que ce n'est qu'un début. La Ligue nationale de handball ayant signé avec New World Sports Enterprises (NWSE), une société américaine spécialisée dans le développement et l'implantation de concepts innovants, un contrat de trois ans. Coût du projet : 2 millions de dollars entièrement pris en charge par l'organisateur américain. « Cela ne coûte absolument rien à la LNH et cela nous rapportera au moins 1 million de dollars en termes de droits », affirme, en bon expert comptable de formation qu'il est, le président de la LNH, Alain Smadja.

La Ligue partage ensuite les recettes de la manifestation avec l'organisateur américain. À l'échelle de cette ligue professionnelle qui n'existe que depuis 2004, le budget est colossal et le plus dur a d'abord été de le boucler. « Il a fallu du temps. Mais à partir du moment où il y avait de chaque côté de l'Atlantique quelqu'un qui souhaitait monter un tel projet, cela a été finalement assez facile. », raconte Smadja. La clé de voûte de cette organisation : Christian Zaharia, ancien international roumain de handball aujourd'hui coassocié de NWSE et installé en Floride. L'homme a fui Ceausescu et selon Smadja « rien n'est impossible avec lui et surtout pas du handball à Miami ».Le moustachu n'a donc rien laissé au hasard. À commencer par l'accueil et la prise en charge d'une délégation de 220 personnes (équipes, ligue, journalistes, invités) mardi dans un des plus grands hôtels de Miami, à 300 mètres de la salle, l'American Airlines Arena, bijou de 18.000 places niché en bord de mer.

Prix bradés

Comment remplir cet écrin et rendre l'événement le plus festif possible ? Crispation des organisateurs sur ce thème sensible. À leur descente d'avion mardi, ils tablaient sur 9.000 à 10.000 spectateurs par match. Avant un premier coup dur. « On avait prévendu 9.600 billets à des entreprises et ces dernières se sont rétractées au dernier moment. On est très déçu, soupire Smadja. On a envoyé des invitations aux membres de l'Alliance française de Floride. On veut désormais atténuer le désastre. »

Pour cela, les prix ont été bradés. Initialement vendues 150 dollars, les places pour la finale avaient chuté à 30 dollars hier. Et ce n'est peut-être pas fini. Pourtant, les organisateurs ont bien tenté de se prémunir contre cette catastrophe annoncée en activant de nombreux réseaux et en multipliant les opérations pour attirer des spectateurs. Des joueurs très peu connus en France, de niveau moyen mais potentiellement « bankables » comme le gardien chinois de Toulouse Qiang Ye ont été spécialement conviés. Ces derniers jours, la star du basket local, Dwayne Wade, a même été approchée pour tourner un spot promotionnel mais son agent réclamait 250.000 dollars. Une somme inabordable. En pleine crise financière, le sport rencontre de grosses difficultés aux États-Unis. À l'image du tournoi de tennis de Miami, pourtant solidement ancré dans le calendrier, qui n'a jamais fait le plein cette année.

Difficile dans ces conditions d'attirer du monde avec une discipline qui n'existe pas ou peu sur ce continent. La fédération américaine, contre le projet français, ne compte que 2.000 licenciés. Pas de quoi remplir une salle dédiée habituellement à la NBA.

François Giuseppi, à Miami

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Pour conclure sur les handballeurs, ils procurent un plaisir immense à tout le pays, je me

régale aussi de leurs interventions médiatiques spectaculaires et simples, donnant une

image rafraîchissante de convivialité, d’humilité et de volonté de promouvoir leur sport.

Leur sélectionneur national est un monstre de charisme à l’esprit fin et à l’humour

cinglant. Cependant, au même titre que les basketteurs, la grande majorité des figures du

hand français jouent à l’étranger, optimisant également leurs rémunérations et leurs

fiscalités, et ils ont bien raison. Et ça n’empêche pas leur équipe nationale de dominer,

les raisons de leur succès comme les raisons de nos échecs sont la conjonction

d’énormément de facteurs, souvent externes et impossibles à maîtriser. Exemple la

position excessivement réfractaire de Mark Cuban, le propriétaire des Dallas Mavericks,

vis-à-vis des compétitions internationales. Comment le blâmer étant donné qu’il est le

payeur. Une fois encore il faut se mettre à la place des gens. Les joueurs NBA

internationaux sont mis sous pression par leurs clubs d’une manière assez

impressionnante étant donné les enjeux financiers. Or, tous ne sont pas dans des

positions contractuelles confortables, ou n’ont pas déjà gagné des sommes importantes,

comme c’est le cas par exemple pour Dirk Nowitzki ou pour Boris Diaw, qui peuvent se

permettre de se laisser aller à leurs instincts patriotiques et à leur envie de vivre des

compétitions de basket internationales avec un plaisir et une volonté non dissimulés. Si

Nikola Karabatic jouait dans l’équivalent de la NBA pour quelques millions de dollars,

aurait-il aussi disputé l’intégralité des championnats avec son équipe nationale ? Peut-

être, mais pas si sûr…

C) Plus que l’identité, le cadre

Tous ces élargissements permettent de relativiser cette prégnance supposée de

l’américanisation du basket en France, qui tient plus du structurel global et du

générationnel que de tout autre chose. J’estime que plus qu’un débat sur l’identité, notre

basket devrait ne pas s’économiser un débat sur le cadre, sur les référents que l’on

propose à notre échelle. Les exemples à suivre pour les joueurs sont les NBAers ou les

expatriés à succès, qui optimisent (à raison) leur potentiel de rémunération par le

basket. Il est totalement malhonnête d’imposer l’idée que l’on peut réguler les flux

migratoires des joueurs nationaux, simplement en proposant un cadre sécuritaire et

protectionniste. Il faut proposer des perspectives, générer des envies, susciter des

ambitions, et surtout au bout du compte, proposer à un sportif de se sentir accompli. Ce

n’est pas en proposant des places en nombre dans un championnat qui souffrirait d’un

protectionnisme exacerbé que l’on va créer une émulation. Je reviendrai dans le

quatrième point sur les réalités des championnats (notamment d’Europe de l’Est) qui

sont souvent mis en exergue par nos dirigeants comme des exemples à suivre.

Le cadre et les référents sont donc à mon sens les seuls concepts à-même de favoriser un

sentiment de bien-être dans le basket en France. On prend souvent en exemple le club

de Poitiers, à raison. Le cadre et les référents là-bas sont en place, l’esprit du club n’est

Page 24: Etude basket pro et nationalités

Page - 21 -

pas qu’un concept abstrait autoproclamé. Il existe un président et un socle de dirigeants

bénévoles, qui offrent un CADRE favorable à un technicien REFERENT sportif rarement

voire jamais remis en cause. Il existe aussi un véritable plan de communication mis en

place autour d’une idée forte (former, jouer, gagner) et jamais à court d’innovations

pour offrir aux joueurs un CADRE d’expression, leur permettant de se retrouver dans les

besoins des troisième (besoins d’appartenance) et quatrième (besoin d’estime et de

reconnaissance) niveaux de la fameuse pyramide de Maslow que j’abordais dans le

premier point. Si tout le monde n’a pas un Benoît Dujardin (Responsable de la

communication du club de Poitiers depuis de nombreuses années) sous la main, il n’en

est pas moins quelqu’un d’extrêmement abordable et disponible pour faire partager sa

créativité et son dynamisme. Ou encore idée folle, il y en a peut-être quelques-uns qui se

cachent ailleurs en France.

Je reprends la problématique des nationalités dans l’exemple poitevin, d’aucuns

avancent qu’ils sont l’exemple même de la « préférence nationale » dans le basket. Voyez

par ailleurs comme il est inconfortable de lire cette expression mise entre guillemets.

Mais ils ne le sont aucunement, ils ne font pas la différence entre joueurs US et joueurs

nationaux, les mettent sur un pied d’égalité, dans la victoire comme dans la défaite, et ne

mettent pas les joueurs étrangers en danger en cas de mauvais résultats. Bien entendu

c’est un constat à l’instant T, et eux-mêmes sont parfaitement conscients que cette vérité

du jour ne sera pas forcément celle du lendemain. En attendant, ils capitalisent sur cette

réalité du présent et ont bien raison de le faire, avec talent.

L’exemple poitevin ne marchera cependant pas ailleurs, à chaque club sa spécificité,

mais une stratégie de club passant par la définition d’un CADRE et de REFERENTS

indiscutables et inamovibles même selon les résultats est un pré-requis indispensable. Il

en existe d’autres ailleurs, plus sur le plan sportif. La personnalité hors norme d’un Jean-

Denys Choulet imprime par exemple la marque de fabrique au club de Roanne. Que l’on

n’aime ou que l’on n’aime pas, il faut reconnaître une cohérence dans ses prises de

position et une ligne directrice forte dans son approche du recrutement et du

management. Pour ceux qui avanceraient la similitude dans nos discours contre l’hyper-

nationalisation du basket en France, je répondrai que 2 joueurs JFL startent à Roanne et

que 2 joueurs US sortent du banc sans états d’âmes persistants. Bien entendu que

parfois, certainement, ils se disent qu’ils devraient starter, jouer ou scorer plus, tous les

joueurs se le disent, et ce n’est certainement pas l’apanage du joueur étranger, tout

comme le côté supposément mercenaire du joueur étranger, qui vient en France pour

s’exposer et partir gagner plus, un postulat qui se rapproche des discours extrémistes de

nos politiciens se situant à droite de la droite. C’est d’ailleurs ce qui me permet

d’aborder le point suivant, le joueur français « à l’export ».

Page 25: Etude basket pro et nationalités

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D) L’exportation du basketteur français

Il y a actuellement dans le monde 25 basketteurs français de haut niveau qui auraient

une totale légitimité en ProA, voire qui en seraient des chefs de file. Ce chiffre est à

comparer avec les joueurs exportés des autres championnats majeurs en Europe :

Espagne 6 joueurs exportés – Grèce 5 joueurs exportés - Italie 4 joueurs exportés –

Turquie 5 joueurs exportés – Russie 4 joueurs exportés – Allemagne 2 joueurs exportés,

soit un total de 26 joueurs exportés pour de tels marchés, 1 seul de plus que la France

seule ! Il est alors une nouvelle fois totalement malhonnête d’exiger de fermer les

frontières encore plus à l’import, tout en étant les témoins (et non pas les victimes)

d’une telle fuite des joueurs phares de notre championnat d’élite. Quel est le rêve de tout

jeune joueur potentiel en France actuellement ? Bien entendu la NBA, mais derrière ils

rêvent tous également de jouer à l’étranger dans une grosse écurie ou dans un

championnat relevé.

Est-il possible de lutter contre cet état de fait ? Non, certainement pas. Il est impossible

d’exiger d’un jeune basketteur de ne pas optimiser ses possibilités de s’enrichir avec son

sport. N’importe qui, je dis bien n’importe qui, ferait la même chose. Bloquer par la

contrainte ? Illusoire et dangereux. Une fois encore, travailler à offrir des perspectives à

des jeunes joueurs, leur offrir des CADRES favorisant leur développement personnel et

leur épanouissement, voilà un objectif. Ne pas faire en sorte que le championnat de

France soit un choix par défaut, qui soit rempli de joueurs désabusés et sans objectif

personnel autre que celui de subsister le plus longtemps dans un environnement

rémunérateur et sécurisé. C’est encore là que j’estime le discours du Syndicat National

des Basketteurs dangereux. A tomber dans l’excès de revendication, et à utiliser des

stratégies de pression, de lobbying et de propagande propres au monde politique, ils

donnent une image désastreuse au jeune basketteur. A ce sujet je reviens une nouvelle

fois vers l’interview d’Aymeric Jeanneau dans Basket News avec ce passage :

« Quelle est la principale préoccupation des joueurs ? D’avoir un job la saison suivante. Que peut-on faire pour que nous, les Français qui sommes limites, on puisse avoir davantage de places dans la ligue. »

Et là j’oserai un laconique : Sans commentaire, tout est dit !

Un retour s’impose également vers la lettre de M. Dusseaulx que je vous ai proposée

dans le premier point. Un tel florilège de vœux pieux irréalisables tient du tragi-comique.

« Travailler à un équilibre financier et sportif pour tous les clubs européens et en

convainquant la NBA qu’elle doit laisser les jeunes joueurs se former dans leurs pays, au

lieu d’offrir des millions de dollars à des prospects qui restent surtout assis sur les

bancs ». Oui, bien entendu, et travailler à ce que les financiers de Wall Street reversent

leurs primes de résultat aux gens qui souffrent des conséquences de la crise financière

qu’ils ont propagée. Et aussi que les laboratoires pharmaceutiques multinationaux se

chargent de solutionner les désastres de santé publique dans les pays pauvres, et en finir

Page 26: Etude basket pro et nationalités

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avec la guerre et la faim dans le Monde… J’exagère à peine tant ces mots sont totalement

surréalistes, fabuleusement démagogiques et empreints d’une aigreur manifeste. Si

David Stern avait offert un poste d’attaché de presse très substantiellement rémunéré à

M. Dusseaulx, nous sommes tous persuadés qu’il l’aurait instamment refusé. Quant à

aller dire à Alexis Ajinca ou à Kevin Séraphin de ne pas accepter les millions de dollars

qu’on leur propose pour sécuriser leur vie et celles de leurs familles, c’est à la limite du

criminel de seulement l’imaginer.

Le basket mondial s’accompagne d’un mercantilisme manifeste, mais il en est de même

pour toute activité qui génère du profit. C’est par contre ici que je peux aborder la

responsabilité que nous avons, nous agents, dans certaines escalades et certains

débordements que l’on a pu observer. La France est pourvoyeuse de talents pour la NBA

et pour les championnats étrangers, cela on l’a déjà abordé. Maintenant, les discours de

recrutement des joueurs sont dorénavant totalement orientés vers cet « export ». Les

joueurs ont aussi leur responsabilité, dans le fait que c’est ce qu’ils souhaitent entendre,

en omettant le recul sur soi qui permet de juger si une telle ambition est en phase avec

leur potentiel. Il y a eu une grande mode de « déclarations à la draft » d’énormément de

joueurs français, parfois dans un seul souci de récupérer le joueur à coup de discours

irréalistes. Un retour à la raison de notre profession et des joueurs serait de bon ton.

C’est peut-être aussi un vœu pieu, mais il faut faire confiance aux joueurs et aux

éducateurs de clubs pour recadrer ce qui est recadrable.

E) Le modèle de formation français et ses paradoxes existentiels

La formation des basketteurs français est reconnue dans le Monde de part ses résultats

en championnats de jeunes, mais aussi et surtout de part les têtes d’affiche qui brillent

en NBA. Pour les réussites en championnat de jeunes, on ne peut tout de même pas

occulter que l’existence d’une structure telle que le Centre Fédéral participe à la

cohésion des équipes nationales de jeunes, dans la mesure où ils jouent et s’entraînent

ensemble tout au long de l’année et généralement de l’âge de 14-15 ans à l’âge de 18 ans.

Le seul autre pays à en être pourvu est l’Australie avec le « Australian Institute of

Sport », qui permet également à leurs équipes de jeunes masculines et féminines de très

bien figurer dans les compétitions internationale. Les observateurs européens et autres

scouts NBA louent également l’héritage athlétique de nos populations métissées,

souvent en avance en termes de maturité physique, comparativement à des pays où il

n’existe pas ou très peu de brassage ethnique.

Il est parfaitement hypocrite de mettre en avant la formation française de qualité,

entraînant un exode massif des meilleurs joueurs, et un certain nombre de success-

stories individuelles, et d’ensuite brocarder le fait que le niveau du championnat s’étiole

à cause du nombre excessif de joueurs étrangers. C’est là tout le paradoxe dans les

discours que l’on peut observer, on ne peut décemment pas continuer à pointer du doigt

Page 27: Etude basket pro et nationalités

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en direction des joueurs étrangers, en les rendant coupables de tous les maux, tout en se

félicitant du départ massif des joueurs d’élite français qui valide la qualité de la

formation ! Ces nombreux départs ont forcément un fort impact sur le niveau et l’aura

médiatique, et on continue pourtant à se désoler des conséquences d’un exode qu’on a

favorisé. Quand on le lit et donc à fortiori quand on l’écrit, ça parait tellement évident.

C’est justement à la lumière de ces réussites sportivo-financières qu’est jugé un système

de formation qui évolue dans une économie de marché mondiale. C’est un discours au

sommet de l’illogique dans un schéma des plus logiques et compréhensibles.

III- La règle JFL dans les règlementations européennes, les évolutions à venir

Un point qui sera beaucoup plus survolé puisque beaucoup plus technique, mais

cependant suffisamment détaillé pour se rendre compte que l’on a joué un jeu

dangereux avec cette règle des joueurs formés localement et qu’elle va s’entrechoquer

avec les évolutions des règlementations FIBA sur les restrictions de nationalité.

A) La règle JFL, l’exception française

La règle des Joueurs Formés Localement, telle qu’elle a été formatée originellement par

les conseillers juridiques de l’UEFA, était celle-ci : « Les "joueurs formés localement"

sont définis par l'UEFA comme des joueurs qui, indépendamment de leur nationalité ou

de leur âge, ont été formés par leur club ou par un autre club de l'association nationale,

pendant au moins trois ans, entre l'âge de 15 et 21 ans ».

Les premières études (datant de 2008) soumises à l’Union Européenne ont conclu à une

conformité de cette règle avec les impératifs de libre circulation des communautaires

dans l’Union. Cependant, la règle a été « aménagée » pour le basket français, et

uniquement pour le basket français, et consiste en : « Un « Joueur Formé Localement »

est un joueur qui a eu quatre années de licence en France entre 12 et 21 ans. » Je

reviendrai dans le paragraphe suivant sur la genèse de ce règlement au niveau de

l’Union Européenne et sur la notion de « discrimination indirecte » tolérée selon certains

critères. Dans tous les autres sports et ligues dans laquelle la règle a été votée, le concept

initial de 3 ans entre 15 et 21 ans a été conservé (Foot anglais, rugby, volley et hockey

français), voire même élargi à 3 ans de licence entre 16 et 23 ans au Rugby.

Les différents acteurs de la mise en place de cette règle ont argué du fait que de

nombreux joueurs français sont allés parfaire leur formation aux USA (Parenthèse quelle

ironie et quel paradoxe d’aborder cette notion, quand dans le même temps

l’américanisation à outrance du basket français est pointée du doigt). Ils ne pouvaient

Page 28: Etude basket pro et nationalités

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donc pas disposer du statut de Joueur Formé Localement avec la règle initiale.

Cependant, de nombreux discours « off » font aussi état d’un autre objectif moins

avouable. Les règlements FIBA interdisent les transferts internationaux de jeunes

joueurs de moins de 18 ans, sauf à des cas très particuliers et exceptionnels, avec

quelques zones d’ombre. Je vous soumets ce règlement.

Règlements internes 2010 RÈGLES RÉGISSANT L'ÉLIGIBILITÉ DES JOUEURS, ENTRAÎNEURS, ASSISTANTS ET AGENTS DE JOUEURS © FIBA – 2010 Edition Page 72/139 H.3.4 Age minimum/jeunes joueurs H.3.4.1 Le transfert international n'est pas permis avant le jour du dix-huitième (18) anniversaire d’un joueur, sauf cas particuliers, sur décision du Secrétaire Général de la FIBA après examen de l'affaire avec les fédérations nationales affiliées et, si nécessaire, avec les clubs et le joueur concernés. H.3.4.1.1 Cas particuliers a. Si le transfert envisage n’est pas lié au basketball, le transfert peut être autorisé b. Si le transfert envisagé est lié au basketball, l’autorisation éventuelle du transfert doit s’appuyer sur les critères suivants : i. Le nouveau club du joueur doit lui garantir une formation scolaire et/ou professionnelle pour le préparer à sa reconversion, une fois finie sa carrière d’athlète professionnel. ii. Le nouveau club doit lui offrir une formation en basketball appropriée afin de (continuer à) développer sa carrière en tant qu’athlète professionnel. iii. Le nouveau club doit faire la preuve qu’il propose un programme de formation appropriée aux jeunes joueurs de la nationalité du pays d’origine du club. iv. Le nouveau club doit verser une contribution aux Fonds de solidarité créé par la FIBA en vue de soutenir la formation des jeunes joueurs. v. Le jeune joueur, ses parents, le nouveau club et la nouvelle fédération affiliée doivent stipuler par écrit que, tant qu’il n’aura pas atteint son dix-huitième (18) anniversaire, le joueur se rendra disponible pour l’équipe nationale de son pays d’origine et, si nécessaire, pendant les périodes de préparation et les stages d’entraînement, à condition que ces périodes de disponibilité n’interfèrent pas avec ses activités scolaires. vi. Le transfert n’empêche d’aucune façon la scolarisation du joueur. c. Au maximum, une fédération nationale affiliée n’est habilitée à réaliser que cinq transferts de joueurs de moins de dix-huit (18) ans vers une autre fédération, au cours d’une même année ; de la même façon, le nombre de transferts vers une fédération nationale affiliée est limité à dix. Ces restrictions concernent seulement les transferts liés au basketball, s’appliquent séparément aux joueurs et aux joueuses et en fonction de l’ordre d’arrivée à la FIBA des demandes de transfert. Les fédérations nationales affiliées ont le droit de retirer la demande de transfert pour un jeune joueur avant que la FIBA n’ait statué sur le cas. d. Pour les cas de transfert liés aux basketball concernant des joueurs résidant près de la frontière, tels que déterminés par la FIBA au cas par cas, la FIBA peut annuler la contribution au fond de solidarité et exclure de tels transferts de la liste des transferts d’entrée et sortie des fédérations nationales affiliées concernées. Tout transfert national ultérieur du joueur avant ses dix-huit (18) ans nécessitera l’approbation de la FIBA et sera inclus dans la liste des transferts d’entrée et de sortie. H.3.4.1.2 Compensation pour la formation d’un joueur de moins de dix-huit (18) ans, lorsque son transfert a été approuvé au titre du point H.3.4.1.1 b. Le Secrétaire Général définira une somme de compensation raisonnable pour la formation du joueur. Ce montant devra être versé conformément aux dispositions du point H.3.4.8 et s’appuyer principalement sur l’investissement pratiqué par le(s) club(s) ayant contribué à la formation du joueur, tout en prenant en considération les éléments du point H.3.4.1.1 b.

La conséquence de cette réglementation est qu’avec l’établissement des critères du

statut de Joueur Formé Localement spécifiques au basket français, les Joueurs Formés

Localement seront à 100% de nationalité française, puisqu’il sera impossible, sauf à cas

très exceptionnel et rarissime, d’importer des jeunes joueurs étrangers potentiels avant

l’âge de 18 ans.

Page 29: Etude basket pro et nationalités

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En observant les chiffres que je vous ai livrés en première partie, on observe de toute

façon que les pourcentages de Joueurs Formés Localement de nationalité française sont

déjà de 96,63% en ProA et 100% en ProB. C’est par rapport à ces chiffres et à cette

distorsion de la règle que j’affirme que la règle des JFL telle qu’elle a été mise en place

dans le basket français est directement et hautement discriminatoire. Je l’estime même

particulièrement hypocrite, puisqu’à la lumière des chiffres et des projections, c’est

simplement une manière détournée de mettre en place une « préférence nationale » en

apparente légalité, et surtout de tenir des discours discriminants de manière édulcorée

envers les « Non-JFL » puisqu’il s’agit de l’appellation officielle des joueurs étrangers.

Vous verrez cependant dans le point suivant pourquoi j’estime que ça a été un jeu

dangereux. Autant la règle initiale aurait pu être assimilée comme en conformité avec le

principe de libre circulation des communautaires, autant la règle telle qu’elle et avec les

conséquences qu’elle implique, est totalement contraire aux principes de l’Union

Européenne, et ce même en admettant la spécificité du sport reconnue par le Traité de

Lisbonne de 2009.

B) La position de l’Union Européenne

Lors de la reconnaissance de la spécificité du Sport dans le Traité de Lisbonne, de

nombreux acteurs s’étaient félicités de progresser vers plus d’autonomie au niveau des

instances pour réguler le sport de haut niveau en Europe. Cependant, un document de

travail émis par la Commission Européenne le 18 Janvier, réaffirme la prédominance de

la règle de libre circulation des travailleurs et des personnes (ceci a une influence au

niveau du sport amateur, j’y reviendrai).

Aucun dispositif légal ne saurait contrevenir à ce principe de libre circulation. Certes,

l’Union Européenne, suite au lobbying de l’UEFA pour l’établissement de règles sur les

Joueurs Formés Localement, a reconnu ce dispositif qui pouvait avoir des conséquences

de discrimination indirecte. Mais, elle affirme aussi cependant que cette règle doit être

mise en place avec l’objectif de protéger l’intérêt général (Intérêt général pour l’Union

Européenne = Respect de la libre circulation des membres de l’Union), et intègre

également une notion de « proportionnalité ». A savoir que si à l’issue de la période

d’observation de cette règle en 2012, il était noté des discriminations directes en

matière de nationalités, cette règle, qui est pour le moment une « tolérance » serait

purement et simplement supprimée. Je vous laisse juge des perspectives d’avenir de la

règle JFL dans le basket français à la lumière de ces éléments et au regard des

pourcentages de joueurs nationaux dans ces joueurs JFL. Et ce même sans extrapoler

vers les limitations de transferts de la FIBA qui impliqueraient d’ici quelques années

100% de joueurs français JFL. Devant un tel flou juridique et de telles incertitudes, la

FIFA a d’ailleurs déjà indiqué lors de son congrès mondial de Juin 2010 qu’elle

abandonnait tout projet de réglementation de participation à ses compétitions sur les

Page 30: Etude basket pro et nationalités

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bases des critères des joueurs formés localement, et qu’elle explorait de nouvelles pistes

de régulation, en phase avec la législation européenne du Travail.

Dans ce document, la commission réaffirme également la libre circulation des personnes

dans le cadre de la pratique du sport amateur. Ceci peut avoir une influence sur les

compétitions dites amateurs comme la NM1. Une des pistes de la réforme du haut

niveau masculin est la limitation du nombre de joueurs de nationalité étrangère à 1 en

NM1, supprimant de fait la possibilité aux clubs de faire appel aux communautaires.

Evidemment, comme tout accord sous seing privé (« Gentleman agreement »), si tous les

clubs sont d’accord et qu’aucun joueur ne se manifeste juridiquement, il pourra survivre.

Cependant, sur un tel terrain miné, et avec de très nombreux joueurs communautaires

évoluant en France, j’aurais tendance à inviter à la plus grande prudence. Car en effet si

un seul joueur ou club venait à se manifester au niveau de la Cour Européenne de

Justice, la Fédération serait tenue de ne plus appliquer aucune limitation en terme de

joueurs communautaires, à quelque niveau que ce soit. Evidemment ça n’est dans

l’intérêt de personne, sauf que l’intérêt général atteint ses limites lorsqu’il prive de

nombreux individus de leur liberté, notamment de travailler et de s’installer sur le

territoire français. Une position raisonnable serait d’éviter de tomber dans la réformite

et de priver de nombreux joueurs de leurs possibilités de vivre en France, dont certains

du basket, en maintenant cette « tolérance ».

C) Les nouvelles règlementations FIBA en terme de nationalités et quotas

Pour rajouter à la complication ambiante, la FIBA Europe a fait évoluer ses règlements

concernant les règles de participation aux Coupes Européennes selon les critères de

Nationalité. Les puristes de la langue française m’excuseront, ce document n’est

disponible qu’en anglais :

32. Provisions concerning the Eligibility of Players 32.1 The principle of free circulation within FIBA Europe applies to the European Club Competitions for nationals/citizens from Countries belonging to the European Zone. 32.2. Each club participating in a FIBA Europe Club Competitions may register an unlimited number of players who: 32.2.1 Have only the Legal Nationality of a Country or Countries belonging the European Zone; or 32.2.2 Have played for the national team of a Country belonging to the European Zone in a main official competition of FIBA or FIBA Europe; or 32.2.3 Have the legal nationality of a Country that does not belong to the European Zone, have acquired the legal nationality of a Country belonging to the European Zone by naturalisation or by any other means before having reached the age of sixteen (16) and have played for the national team of a Country not belonging to the European Zone in a main official competition of FIBA or another FIBA Zone. 32.3 Each club participating in the FIBA Europe Club Competitions may register a maximum of two (2) players who: 32.3.1 Do not have the Legal Nationality of a Country belonging to the European Zone; or

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32.3.2 Have played for the national team of a Country not belonging to the European Zone in a main officail competition of FIBA or another FIBA Zone. FIBA EUROPE CLUB COMPETITIONS Page 18 of 47 Regulations of FIBA Europe Club Competitions 2010/2011

32.3.4 Each club participating in the FIBA Europe Club Competitions may also register a maximum of one (1) player who has the Legal Nationality of a Country that does not belong to the European Zone, has acquired the Legal Nationality of a Country belonging to the European Zone by naturalisation or by any other means after having reached the age of sixteen (16) and has never played for a national team of a national federation member of FIBA in a main official competition of FIBA."

Il est important de signaler en préambule que ces règlementations ne seront valables

que sur les compétitions organisées par la FIBA Europe. J’ai pu lire dans une interview

d’Aymeric Jeanneau, intervenant en tant président du SNB, que l’Euroligue avait donné

son accord. Les derniers échanges entre le secrétaire général de la FIBA Europe et le

directeur général de l’Uleb tendent plutôt à montrer énormément de réserves voire

même une tendance au rejet de ces règlementations par les clubs de l’Euroligue.

Il est essentiel aussi de noter l’importance de l’article 32.1 : « Le principe de libre

circulation dans la zone FIBA Europe s’applique à toutes les compétitions Européennes

pour tous les citoyens des pays appartenant à la Zone Europe ». Tout comme l’Union

Européenne, et en cohérence avec la ligne directrice de celle-ci, la FIBA Europe réaffirme

la totale libre circulation des travailleurs de la Zone Europe de la FIBA. Quand je lis que

le SNB se réjouit de l’instauration de ces règlements, dans ce qu’ils auront de limitant

pour les joueurs étrangers hors zone Europe (en gros les américains), il ne faut pas

occulter que ce règlement est à contre-courant total des règlementations en vigueur en

France, et que ces rappels à l’ordre fréquents des instances sur la règle de libre

circulation pourrait faire éclater le système en France.

Par ailleurs, la notion de nationalité selon l’éligibilité à une équipe nationale n’est pas

recevable aux yeux de la Cour Européenne de Justice, tout comme la nationalité acquise

avant 16 ans ou l’irrecevabilité de la notion de double nationalité qui apparaît au point

32.2.1. Il y a des chances pour que ces critères soient attaqués par les très nombreux

joueurs concernés par ces limitations. Je pense notamment aux joueurs d’Amérique du

Sud qui disposent de passeports espagnols ou italiens et qui n’auraient pas joué pour

leur équipe nationale d’origine, ou les joueurs US ayant obtenu leur nationalité après 16

ans et n’ayant pas joué en équipe nationale. Ils seraient considérés dorénavant comme

l’un des 2 extracommunautaires ou comme le troisième communautaire qui aurait

acquis la nationalité après 16 ans et qui n’aurait pas joué pour une équipe nationale

dans une compétition FIBA, alors qu’ils sont légalement simplement communautaires.

Ces règles d’éligibilité de la FIBA Europe sont déjà compliquées à assimiler pour les

spécialistes, je vous laisse donc imaginer pour les spectateurs occasionnels. Ces règles

viendraient de plus en France s’entrechoquer avec les règles en place, ce qui donnerait

quelques cas de migraine. Exemple : Shaun Fein considéré en France comme joueur

Page 32: Etude basket pro et nationalités

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Français avant la règle JFL et JFL après obtention d’une dérogation, ne serait plus

considéré comme un joueur appartenant à la Zone Europe selon ces critères. Il a en effet

la double-nationalité, n’a pas joué pour l’équipe de France en compétition officielle, et

n’a pas acquis la nationalité avant 16 ans, il serait donc dans les critères de ce troisième

joueur communautaire qui ne l’est pas tout à fait, qui est bien difficile à assimiler. Si

Hyères-Toulon joue une coupe Européenne l’an prochain, vous me direz on est sauvés

puisque Damir Krupalija, considéré comme non-JFL en France, devient communautaire

en compétition FIBA. Quoique non, il dispose aussi d’un passeport américain donc il ne

peut pas, mais si, il a joué pour l’équipe nationale Bosniaque, sauvés ! Un doliprane peut-

être ? Autre exemple, Tariq Kirkay, pas considéré en France comme un JFL puisque

n’ayant pas eu de dérogation pour avoir joué en France en 2009-2010, est considéré par

ce règlement comme communautaire puisqu’il a joué avec l’équipe de France.

Que ces règles passent ou pas, elles seront donc très compliquées à faire coïncider avec

nos propres règles sur les joueurs JFL et le parti-pris depuis quelques années en France

de ne pas favoriser la libre circulation des communautaires aura des conséquences

graves une nouvelle fois sur la compétitivité des clubs. Un bon joueur communautaire

gagne des sommes conséquentes, puisque les championnats rémunérateurs eux, ne les

ont pas laissés de côté, et ont su profiter à plein de la culture de jeu continentale de ces

joueurs, et du brassage multi-national des talents forcément bénéfique. De plus, si

toutefois cette règle passe, le statut de joueur communautaire « de naissance » aura une

valeur plus importante et je suis prêt à prendre le pari que l’exode de nos joueurs phares

de la ProA s’accélérera encore de plus belle ! Je ne vois pas personnellement où est la

raison de se féliciter de la mise en place de ces règlementations en EuroChallenge et en

Eurocup (tour préliminaire ou tour principal ?). Beaucoup de questions,

d’incompréhensions et de doutes, voilà moi ce que m’inspire ce règlement.

IV- Les réalités du basket à l’étranger – l’Europe de l’Est

Lorsque les différents acteurs et instances interviennent, ils prennent systématiquement

en exemple à suivre les Pays d’Europe de l’Est comme la Croatie, la Serbie ou la Lituanie,

puisque ce sont les pays chefs de file avec la France dans les compétitions de jeunes. J’ai

Sponsor de ce passage

Page 33: Etude basket pro et nationalités

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toujours trouvé dangereux de viser ces modèles, je vais m’atteler à essayer d’expliquer

précisément pourquoi.

A) Europe de l’Est, le modèle socio-économique et le modèle basket

Je souhaite préciser que mon épouse étant lituanienne (donc une épouse non formée

localement), et allant très souvent dans ce pays, je dispose d’une certaine expérience

« sur le terrain » pour avancer quelques arguments. Impossible d’éluder un rapide

historique des pays d’Europe de l’Est pour mieux comprendre les mécanismes liés à la

recherche de la performance chez eux et l’état d’esprit qui règne dans ces pays. Tout le

monde a entendu parler de la chute du mur de Berlin en 1989, et des répercussions que

cela a eu sur les velléités des différentes populations des pays de l’ancien bloc

communiste de se libérer de l’emprise politique, économique et idéologique qui a pesé

sur leurs épaules. C’était donc pour de nombreux pays cités en exemple il y a moins de

20 ans, puisque l’indépendance de la Lituanie date de 1990 mais n’a été reconnue par

l’ex URSS qu’en 1992. Tout le monde se souvient d’ailleurs de la joie bariolée des joueurs

de l’équipe nationale lituanienne de basket lors des JO de 1992, à peine libérés de cette

étreinte. Les joueurs de l’époque (Sabonis, Marciulonis, Kurtinaitis…) furent d’ailleurs

des leaders d’opinion dans ce combat pour l’indépendance.

Pour les pays de l’ex-Yougoslavie, cette chute du communisme fut d’ailleurs

particulièrement violente et douloureuse, puisqu’elle a dans la continuité provoqué les

conflits sécessionnistes des différents pays de cette région. Comment ne pas prendre en

compte cet historique extrêmement récent dans la personnalité profonde d’un pays, et

de ses concitoyens. Lituaniens, Croates, Serbes, Slovènes… tous sont habitués à

d’intenses luttes pour simplement la liberté et la paix. On n’est plus dans le basket mais

c’est primordial pour comprendre la nature combative de ces pays, la fierté et le

sentiment d’appartenance, et la faculté à se contenter de peu étant donné la difficulté de

la reconstruction économique et sociale dans ces pays. La fierté et le sentiment

d’appartenance sont d’ailleurs poussés à l’extrême dans ces pays, où le nationalisme

n’est pas un concept abstrait, l’actualité « généraliste » ou dans le cadre sportif en est

malheureusement souvent témoin. C’est ce sentiment d’appartenance (celui sans les

excès) qui rend leurs publics si fervents, moi qui ai eu la chance de vivre un match de

finale de ligue Lituanienne Zalgiris – Rytas, je peux vous dire que le spectacle est autant,

voire plus, dans les gradins que sur le terrain. Mais c’est sur quelques matchs dans

l’année.

Sur un plan plus économique, l’héritage de l’ex communisme a laissé de mauvaises

habitudes dans de nombreuses strates de la population, et notamment chez les

politiciens et les fonctionnaires ou plus généralement les gens au pouvoir. Ces pays ont

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une tradition corruptive assez persistante, et ce dans tous les domaines économiques, y

compris bien entendu dans le sport de haut niveau. Pour illustrer, vous trouverez ci-

dessous la carte d’indice de confiance des pays d’Europe selon l’organisme

Transparency International, référent en termes d’études sur la corruption.

Vous observerez, outre le fait que nous ne soyons pas les champions du Monde en terme

de non-corruption présumée, que l’ancien bloc de l’Est comporte pas mal de signaux à

l’orange ou au rouge. Or, je me refuse qu’on me cite en exemple à suivre pour un sport

avec une dimension économique, des modèles venant de pays en souffrance et en

reconstruction.

Pour en revenir rapidement au Handball, de gros soupçons de corruption d’arbitres lors

de compétitions européennes ont été soulevés, et la fédération internationale a du

mener plusieurs enquêtes. Ci-dessous notamment un témoignage d’un arbitre français

sur le site sports.fr

Le handball en eaux troubles Les présumées affaires de corruption continuent à é clabousser le handball européen. L'EHF a ainsi décidé de lancer des enquêtes sur six matches, dont la finale de la Ligue des Champions dames 2008, alors que les révélations se multiplient sur tout l e continent. Un arbitre français reconnaît égalemen t avoir été approché. Retour sur les différentes affaires e n cours.

Les arbitres seraient régulièrement victimes de tentatives de corruption. (Reuters) Le handball navigue actuellement en eaux troubles. Les révélations sur des présumées affaires de corruption se sont en effet multipliées au cours des dernières semaines, à tel point qu'il est désormais difficile d'y voir clair. La Fédération européenne de handball (EHF), réunie en comité exécutif le 28 et le 29 mars derniers, a (enfin ?) décidé de prendre les choses en main, en envoyant, dans un premier temps, des questionnaires à tous les arbitres et délégués ayant officié lors des compétitions européennes des quatre dernières années, avant de prendre des mesures pour lutter contre ce phénomène.

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L'analyse de ces réponses ainsi que la prise en compte d'autres réclamations concernant des matches suspects a permis à l'instance européenne de cibler six rencontres en particulier: - Lada Togliatti (Rus) - Slagelse (Dan), match de poule de la Ligue des Champions femmes, 21/01/2006 - Chehovski Medvedi (Rus) - CBM Valladolid (Esp), finale de la Coupe des Coupes hommes, 29/04/2006 - Lada Togliatti (Rus) - Viborg (Dan), quart de finale de la Ligue des Champions femmes, 25/03/2007 - Zvezda Zvenigorod (Rus) - Hypo Niederösterreich (Aut), finale de la Ligue des Champions femmes, 17/05/2008 - Roumanie - Montenegro, match de qualification pour le Championnat du monde hommes, 14/06/2008 - Metalurg Skopje (Mac) - FC Barcelona (Esp), match de poule de la Ligue des Champions hommes, 08/11/2008 L'EHF déclare par ailleurs être en collaboration rapprochée avec la justice allemande, qui enquête sur des soupçons de corruption concernant la finale de la Ligue des Champions 2007 entre les deux clubs allemands de Kiel et Flensburg. Noka Serdarusic, l'ancien entraîneur de Kiel, serait au coeur du scandale puisque l'un des ses proches, un homme d'affaires croate, aurait servi d'intermédiaire entre les dirigeants du club de Nikola Karabatic et les arbitres polonais, MM. Baum et Goralczyck. "La corruption dans les pays de l'Est ne date pas d' hier" Et ce n'est pas tout. Après les déclarations des arbitres danois ayant officié lors de la finale du dernier Championnat du monde entre la Croatie et la France (19-24), qui avaient révélé les vaines tentatives du pays hôte pour les influencer (soirée privée avec des "dames légèrement vêtues"), les Croates ont décidé de passer à l'offensive et de se rendre à la Fédération internationale de handball pour dénoncer l'arbitrage "pro-français" au cours de cette finale... Les révélations sur des présumées affaires de corruption risquent donc de se multiplier, à l'image de l'arbitre français Laurent Reveret dans L'Equipe de mercredi. Il reconnaît avoir été approché, après la finale de la Ligue des champions femmes 2008, par un Russe qui lui aurait tendu une enveloppe "avec une belle somme d'argent en euros", alors qu'il reconnaît par ailleurs que "la corruption dans les pays de l'Est ne date pas d'hier." Reste à savoir ce que vont réellement et concrètement faire les instances internationales pour endiguer ce fléau, certainement pas propre au handball. Les premières mesures que veut mettre en place l'EHF tendraient à accroître la rémunération des arbitres, à installer un groupe d'arbitres de haut niveau, à mettre en place une "hotline" pour permettre à tous les officiels ainsi qu'aux clubs et aux fédérations de dénoncer instantanément de telles pratiques, alors que la Fédération européenne veut également revoir les règles de l'hospitalité envers les hommes en noir. Mais nous n'en sommes qu'aux prémices de scandales qui pourraient éclabousser le handball durablement.

Loin de moi l’idée de blâmer ces pays et ces populations, ils sont à 99,99% les victimes

de ces dysfonctionnements. Mais c’est une réalité à prendre en compte, ainsi que la

réalité économique et la taille de ces pays. Or, sur les pays fréquemment cités en

exemple, on peut noter les indicateurs économiques suivants : (Site de données

économiques Interex)

- Serbie : Salaire minimum = 150 $ mensuels – Salaire moyen = 460 euros

- Croatie : Salaire minimum = 385 euros – Salaire moyen = 800 euros nets

- Lituanie : Salaire minimum = 231 euros – Salaire moyen = 650 euros

La crise économique n’a pas été un concept abstrait dans ces pays, le PIB reculant de 3%

en Serbie, 5,8% en Croatie et 14,8% en Lituanie en 2009. Les systèmes de protection

sociale (chômage, santé et retraite) et le droit du Travail sont d’ailleurs encore très

limités. Au-delà de ces chiffres et réalités bruts, il faut bien se rendre compte que dans

un environnement plus pauvre économiquement et socialement, les leviers de

mécanisme de dépassement de soi dans la recherche de la performance dans le sport de

haut niveau sont plus faciles à activer. On pourra toujours me rétorquer, comme cela m’a

été fait lors d’une conversation informelle avec un cadre du SNB, et sur laquelle je

reviens plus tard, « ils sont heureux de vivre dans ces pays, ils mangent à leur faim ». Ca

m’a rappelé l’intervention télévisée de Jacques Séguéla disant que les Chinois étaient

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heureux de vivre dans leur pays. Bien entendu que les gens font avec, mais il faut tout

remettre dans un contexte général, et ils sont quand même bien plus à plaindre que

nous ! Pour s’en convaincre, il suffit de regarder le solde migratoire de la Lituanie où

hormis certaines élites protégées, la jeunesse diplômée cherche à tout prix à s’exporter,

certaines villes du Royaume-Uni ont de vraies communautés organisées, et il y a même

une ligue de basketteurs lituaniens à Chicago !

Pour en revenir au Basket, les systèmes de formation de ces pays sont élitistes et

totalement mercantiles. L’objectif est clairement de former pour exporter en vendant les

meilleurs joueurs, avec ce que cela suppose en termes de rétributions d’intermédiaires.

Les ligues nationales sont des organisations fantômes, et les fédérations n’ont aucune

prise sur les grands clubs formateurs. Les championnats nationaux de ces pays sont

tellement anecdotiques que des Ligues « régionales » ont été créées pour redonner un

semblant d’intérêt sportif et d’émulation entre les grands clubs, qui phagocytent

littéralement les petits clubs. C’est la loi du plus fort, et pour les jeunes prospects, c’est

souvent marche ou crève.

Quand on cite le Partizan Belgrade, le Cibona Zagreb, ou les clubs lituaniens en exemple

comme c’est perpétuellement le cas, il faut quand même savoir que le Partizan et Cibona

ne rentrent dans leurs championnats nationaux qu’au stade des phases finales et

disputent une Adriatic League par contre relevée, mais qui regroupe des équipes de 6

pays ! Quant aux deux têtes d’affiche de la Ligue lituanienne, ils archi-dominent

tellement la ligue lituanienne, qu’ils envoient leurs jeunes joueurs et quelques cadres

expédier les affaires courantes en championnat. La Baltic League qui regroupe Estonie,

Lettonie et Lituanie n’est même plus si compétitive après le passage de la crise

économique (Ces 3 pays ont particulièrement souffert des instabilités des banques

suédoises qui prédominent dans les pays baltes). Ils ont du coup créé la VTB United

League avec des équipes de la ligue russe, ukrainienne, lituanienne, finlandaise et

estonienne. Des vraies spécificités à prendre en compte quand on analyse de près. Je

doute qu’on soit proches de créer une Ligue Franco – Germano - Belge pour suppléer un

championnat devenu inintéressant, du moins je l’espère.

Pour parler d’un sujet important dans un sport professionnel qui se nourrit de son

exposition, il faut savoir qu’hormis les affiches, les salles de ces pays sont complètement

vides pour les matchs de championnat, tant et si bien que Lietuvos Rytas joue même une

partie de ses matchs de Ligue lituanienne dans la salle annexe de la Siemens Arena

devant quelques centaines de spectateurs ! J’ai posé la question une fois à un cadre du

Syndicat National des Basketteurs, si c’est réellement ce que l’on veut pour le

championnat de France de Basket, d’avoir quelques équipes à gros budget qui se

partagent le talent des joueurs nationaux, et une foultitude de petits clubs avec le reste

des joueurs nationaux, et donc un championnat déséquilibré et inintéressant où tout est

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joué d’avance. La réponse a été oui, ça ne serait pas si mal (dans l’optique de ces fameux

clubs locomotives j’imagine). C’est en effet confortable pour ces clubs d’être dans de

telles positions, mais pour les autres ? Pour illustrer, quelques affluences prises au

hasard pour les 29 et 30 Janvier 2011 : Ligue serbe, match Vojvodina – FMP, 300

spectateurs – Metalac – Sloga, 1000 spectateurs – Rubin – Borac, 867 spectateurs …

Ligue croate : Dubrava – KK Split, 200 spectateurs – Darda – Alkar, 500 spectateurs –

Ligue lituanienne : Perlas – Rudupis, 250 spectateurs – Sakalai – Siaulai, 500 spectateurs

– Nevezis – Neptunas, 360 spectateurs – Techasas – Zalgiris, 3500 spectateurs – Alytus –

Lietuvos Rytas, 250 spectateurs.

Je doute fort que ces contextes soient bien motivants, sauf bien sûr dans ces pays où la

motivation est de naissance et où le basket est le sport numéro 1. J’y reviens dans le

point suivant. Mais plutôt que de viser à copier le Partizan Belgrade en se basant sur la

Pioneer Arena les soirs de grand match sur Sport Plus, il faut aussi assimiler les réalités

du système dans son ensemble, et que la réalité au jour le jour de la ligue serbe, c’est

aussi et surtout le Vojvodina – FMP devant 300 personnes. Vive la ProA et ses affluences

respectables et le bon travail des clubs français en termes de remplissage des salles.

B) Les réalités financières et structurelles du basket dans ces pays

Pour comparer efficacement deux systèmes, il faut bien qu’il y ait quelques points de

convergences. Or, pour ce qui est d’un championnat professionnel de haut niveau

masculin, je ne trouve aucun point de convergence entre la France et ces 3 pays

d’Europe de l’Est.

Sans même revenir sur le contexte général qui marque l’état d’esprit des joueurs, le

basket est le sport numéro 1 de très loin en Lituanie. Quand on parle de religion, ce n’est

pas du tout exagéré, c’est LE pays du basket. En Serbie et Croatie c’est sûrement un peu

plus équilibré vis-à-vis du football, mais là encore le basket est tout de même un sport

roi. La pagination des journaux laisse une grande part au basket, les télés généralistes

diffusent les matchs, en Lituanie les basketteurs apparaissent même dans les pages des

magazines people, ce qui leur a valu quelques mauvaises surprises « zahiaesques ».

Quand on cite en exemple ces pays, on revient toujours aux clubs phares, à savoir le

Partizan Belgrade pour la Serbie, le Cibona Zagreb pour la Croatie et les 2 frères ennemis

de Lituanie. Pour le Partizan, il s’agit d’un club omnisports, et c’est le « club nation », au

même titre que le Maccabi l’est en Israël. Si l’OM ou l’OL décidaient un jour de créer une

entité multisports de top niveau européen, ne pensez-vous pas que la donne financière

serait changée ? Chaque gamin basketteur de Serbie rêve de porter le maillot blanc et

noir et de jouer devant les fans du Pioneer Arena ou de la Belgrade Arena, salle

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splendide de 16.000 places. Comme je l’indiquais plus haut, il s’agit tout de même d’un

centre de formation, certes de top niveau mondial, mais élitiste au possible, et avec un

réel business autour des jeunes joueurs qui sont « vendus » à prix d’or après leurs

bonnes prestations en Euroligue. Ils disposent d’ailleurs souvent de contrats multi-

saisons interminables avec des clauses importantes. Mais seuls les meilleurs survivent,

les autres sont laissés au bord de la route. Nos éducateurs de club en France ne sont pas

du tout dans cette optique. Notamment les référents qui reviennent fréquemment quand

il s’agit de louer leurs compétences en gestion d’un projet jeune, à savoir Jean-François

Martin à Cholet et Philippe Desnos au Mans. Ils visent forcément la performance et

l’excellence, mais ne perdent pas de vue l’éducatif et ne laissent pas sur le bord de la

route les gamins qui peineraient à suivre.

Les structures et les moyens de ces clubs phares ne sont en aucune mesure avec nos

clubs français. Pour bien connaître les clubs lituaniens, le Lietuvos Rytas, club au nom

d’un groupe de presse puissant, est géré par le fils du magnat de la presse lituanien, le

club lui appartient. Ils ont le journal numéro 1 du pays et une chaîne de télévision. Ils

sont très liés au pouvoir en place et tirent toutes les ficelles qu’ils souhaitent pour rester

au top niveau. Il y a deux écoles de basket réputées en Lituanie, celle de Marciulonis à

Vilnius, dont les gamins vont au Rytas, et celle de Sabonis à Kaunas, dont les gamins vont

au Zalgiris. Il n’y a pas réellement de compétition avec d’autres programmes, c’est là

aussi un système élitiste et les petits doivent regarder les gros faire.

Zalgiris Kaunas a presque disparu en 2009 toujours du fait de la vague de fond de la

crise économique et a survécu grâce à la prise de contrôle du capital du club par

Vladimir Romanov par le biais de la banque Ukio Banka. Romanov est un milliardaire

qui investit dans pas mal de clubs sportifs. Il s’est fait remarquer, d’une par la guerre

médiatique qu’ils se sont lancés avec le propriétaire de Rytas, qui tient de la mise en

scène, et de deux par le licenciement de 2 coachs en 2 saisons alors que les résultats

étaient positifs. Rytas en avait fait de même avec Sharon Drucker il y a environ 4 ans, il

avait été limogé à la première défaite du club en Uleb Cup après quelques 15 victoires

consécutives dans les différents championnats et coupes. C’est une constante dans un

certain nombre de grands clubs, de riches mécènes financent les clubs et les dirigent à

leur guise. Impossible en France, les capitaux finançant les clubs sont parfois trop

incertains, et dans pas mal de pays échappent à toute fiscalité du fait des réseaux en

place.

Dans ces réalités financières, il convient aussi d’aborder justement la fiscalité. Les

systèmes de protection sociale dans pas mal de pays sont encore approximatifs, et les

salaires sont chargés entre 20 et 40%, lorsqu’ils le sont. Zalgiris avait d’ailleurs payé un

lourd tribut à la volonté du pays de montrer l’exemple lors de la crise économique en

taxant de manière plus sérieuse les clubs sportifs professionnels. Ils avaient eu une

Page 39: Etude basket pro et nationalités

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ardoise monumentale d’arriérés de paiement à rembourser. Petite anecdote sur la

signature d’un joueur cadre de Rytas. Sa prime à la signature avait été une maison, tout

simplement, pas une maisonnette, une belle maison. Croyez-vous qu’ils ont payé

quelconque charge sur cet « avantage en nature » ?

Le Cibona Zagreb, tout comme Olimpija Llubjana, ont tous deux été en grave difficulté

financière, et même en cessation de paiement. N’importe quel club français aurait été

liquidé par un tribunal de commerce en pareille situation. Là, les municipalités sont

passées pour renflouer et installer les gouvernances qu’elles souhaitaient. Ces

« particularités », je pense qu’il faut se rendre à l’évidence qu’elles ne sont pas

transposables à la France, or là encore il faut avoir un œil sur la globalité d’un système

pour juger de sa pertinence quant à sa transposition à la France.

En termes de comparaison de fiscalités, il faut se souvenir de la suppression du Droit à

l’Image Collectif en France par certains députés sous des prétextes démagogiques, ils

permettaient un léger surplus de compétitivité sur le marché des transferts. Lorsque

dans le même temps les contrats de droit à l’image en Italie et en Espagne très

borderline juridiquement foisonnent, pour eux garder un semblant de compétitivité

financière dans la course à l’armement en Europe, les clubs de basket français , eux,

consécutivement à l’arrêt du DIC, ont eu le droit à des contrôles URSSAF carabinés, avec

des redressements sur pas mal de points. A partir de l’an prochain, les clubs paieront des

charges sur chacun des billets d’avion prévus au contrat d’un joueur étranger au-delà

d’un billet, à mettre en rapport avec la maison « offerte » à ce fabuleux shooteur

international lituanien de Lietuvos Rytas.

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C) Pourquoi snobe-t-on l’exemple Allemand ?

Est-ce à cause de leur histoire récente dans le basket ? Est-ce à cause de leur libéralisme

excessif en termes d’ouvertures des frontières ? Toujours est-il que le voisin allemand

est tout de même le pays auquel on devrait avoir tendance à se comparer en prenant en

compte notamment le potentiel économique global d’un pays ou tout simplement sa

taille. Quand bien même on peut considérer que leur ouverture aux joueurs US est

réellement excessive, dans la mesure où elle correspond sans doute à une culture plus

proche du modèle anglo-saxon, leur championnat est un modèle de vitalité économique

et de fréquentation des salles. Pour souvent être confronté à des observateurs de ce

championnat et à certains joueurs, il ne me semble pas que le niveau global du basket

allemand soit mis en danger par les joueurs US.

Quelques clubs importants ont su se structurer et proposer un cadre à des joueurs qui se

stabilisent volontiers, mettant à mal une nouvelle fois la théorie « chasse aux sorcières »

de certains acteurs du basket français, quand ils estiment que les joueurs US viennent

profiter d’un système et le quitter quand ils en ont aspiré toute la substantifique moelle.

A moins que ça ne soit spécifique aux US du basket français, ce qui serait tout de même

étrange. En tout cas, les Bamberg, Alba Berlin, Oldenburg, et autres Goettingen,

deviennent des figures des coupes européennes de niveau intermédiaires et semblent

s’en satisfaire.

Pour ceux qui ont vu les joueurs de Goettingen sur le parquet de l’Astroballe, on peut

dire qu’ils ont également sacrément écorné la vision caricaturale du « ricain » qui vient

faire ses stats, prendre son argent, et se désintéresse du résultat et du projet collectif.

Bien entendu ils ont beaucoup trop de joueurs US dans cette équipe, mais c’est

volontairement que je prends cet exemple. Il y a un coach, ancien joueur et entraîneur-

joueur (certes américain donc vampirisant de nature – mode ironique ON) qui fournit un

cadre précis à ses joueurs, en les faisant adhérer dès le départ à un projet. Ce sont tous

des joueurs d’un niveau entre moyen de ProB et moyen de ProA, et ils parviennent à

produire un jeu pétillant voire pétaradant. Ils parviennent surtout à galvaniser une salle

du fin fond de l’Allemagne, archi remplie pour chacun des matchs. Une sorte « d’anti-

poitiers » dans la vision que l’on a de ce club vis-à-vis de leur politique soi-disant « pro-

JFL », mais qui en fait s’en rapproche diablement, dans ce qu’ils offrent. Un projet

cohérent, une image dynamique, un public en phase avec ses joueurs, et ce pourtant avec

9 joueurs US. Ca durera ce que ça durera mais en attendant l’éclatement à prévoir vu

l’immense qualité de cet entraîneur (John Patrick) qui sera appelé à partir, ils auront

vécu cette expérience, et ce sera déjà pas si mal.

L’Equipe nationale allemande me demanderez-vous ? Ca va, elle se porte très bien, et ce

même sans LA figure de proue, le génialissime Dirk. Elle est 2 places devant nous au

classement mondial FIBA senior. Comme le niveau du championnat allemand se

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rapproche de celui de la ProA, c’est donc le pays le plus proche de nous en termes de

mise en perspective de la réalité du basket à ce jour, par rapport à la réalité économique

du pays en général. Et pourtant le championnat de football est également florissant, de

même que le championnat de Handball, s’il n’avait pas été éclaboussé également par une

affaire de corruption avec le club de Kiel où jouait à l’époque Nikola Karabatic.

Ci-dessous un tableau des affluences dans la Ligue Allemande pour la saison dernière.

En ProA, pour la saison 2009-2010, la moyenne se situe à 3.598 spectateurs par match.

La remontée de Limoges et Pau ramèneront les chiffres au niveau de la Ligue Allemande.

Je vous invite à aller visiter les sites internet des clubs allemands, qui sont quasiment

tous au top, vous y trouverez des photos ou vidéos de match qui montreront la ferveur

présente lors des matchs de championnat.

Je ne saisis vraiment pas pourquoi les clubs allemands ne sont JAMAIS cités lors des

prises de position de nos dirigeants. Si l’Eurobasket 2015 se déroule réellement dans

nos deux pays, il en découlera peut-être une synergie des projets et des partages de

compétences en termes de marketing et de mise en valeur du « produit basket ». Nos

dirigeants auront l’occasion de prendre le pouls d’une ligue professionnelle dynamique.

Une fois encore je ne vise pas le modèle de libéralisme du recrutement en Allemagne, je

suis conscient de l’avance de la France sur la formation des jeunes joueurs et de la

nécessité de leur octroyer du temps de jeu, pour autant qu’ils le méritent ! Mais si les

américains étaient aussi « vampirisants » et néfastes au développement du basket d’un

pays, croyez-bien que l’Allemagne serait alors au fond du gouffre.

AFFLUENCES

Equipe Affluence Matchs Moyenne Capacité Remplissage 2008/2009 Evolution Oldenburg 59.515 19 3.132 3.148 99,50% 3.045 2.9 % Bonn 100.655 19 5.298 6.000 88,29% 5.061 4.7 % Berlin 193.940 19 10.207 14.500 70,40% 9.360 9.1 % Bamberg 155.917 23 6.779 6.800 99,69% 6.588 2.9 % Goettingen 62.214 20 3.111 3.529 88,15% 3.092 0.6 % Ulm 48.850 17 2.874 3.000 95,78% 2.876 -0.1 % Frankfurt 108.488 23 4.717 5.002 94,30% 4.660 1.2 % Paderborn 29.150 17 1.715 3.014 56,89% 2.474 -30.7 % Quakenbr�ck 51.000 17 3.000 3.000 100,00% 3.000 0.0 % Trier 60.191 17 3.541 5.900 60,01% 3.647 -2.9 % Ludwigsburg 54.400 17 3.200 5.300 60,38% 2.756 16.1 % Dusseldorf 42.015 17 2.471 3.670 67,34% 2.354 5.0 % Braunschweig 80.505 20 4.025 6.100 65,99% 2.669 50.8 % Tubingen 44.358 17 2.609 3.132 83,31% 2.505 4.2 % Giessen 55.454 17 3.262 4.003 81,49% 3.443 -5.3 % Bremerhaven 70.270 22 3.194 4.200 76,05% 3.196 -0.1 % Weissenfels 41.300 17 2.429 3.000 80,98% 2.BBL 0.0 % Hagen 44.128 17 2.596 3.013 86,15% 2.BBL 0.0 %

1.302.350 335 3.888 4.795 81,07% 3.888 -0.01 %

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D) Focus rapide sur l’Espagne

Dans les croyances répandues, le modèle espagnol revient également assez

systématiquement, cité en exemple comme le pilote en Europe de la place laissée aux

joueurs nationaux. Etant donné que ce n’était pas l’impression que me donnaient les

rosters, ainsi que les très nombreuses dérogations aux quotas de nationalité, j’ai observé

en détail les boxscores de la journée du 30 Janvier 2011 en ACB. Je n’ai pris que les

joueurs ayant été sur le terrain plus de 10 minutes. Sur les 151 joueurs ayant participé

aux 9 matchs, 51 étaient espagnols, 5 naturalisés ou assimilés, 30 US ou extra-

communautaires, 7 US avec passeports européens, 5 cotonou et enfin 53

communautaires ! Ceux qui sont réellement de très très mauvaise foi me répondront

peut-être que c’était la journée nationale du joueur étranger en ACB ? Je reviens

d’ailleurs sur ces dérogations, un joueur US ayant épousé une citoyenne espagnole n’a

pas besoin d’attendre sa nationalité pour évoluer dans un statut spécial. Il n’est pas tout

à fait espagnol mais ne rentre pas non plus dans le calcul des joueurs extra-

communautaires. Autre particularité assez incongrue, que pourtant les bien pensants

anti-US pointent souvent du doigt, la majeure partie des joueurs US ayant acquis un

passeport bosman d’un pays de l’Est dans des circonstances assez obscures évolue en

Espagne, ils sont exactement 7, jouant pour la Macédoine, la Pologne, la Bulgarie… Seuls

les clubs espagnols peuvent de toute façon se permettre de recruter ces joueurs, qui

répercutent le coût du passeport dans leurs émoluments. Ah oui, un passeport, aussi

complaisant qu’il soit, a un prix.

L’ACB est exceptionnelle, le niveau est dense et les matchs passionnants, mais pour

autant, malgré ce que l’on veut bien nous faire croire parfois, c’est le summum du

libéralisme et de la recherche de l’efficacité et de la compétitivité. N’oublions pas quand

même que justement la très libérale ULEB a son siège en Espagne et a son origine dans la

volonté des mastodontes de ce championnat de s’affranchir des règles contraignantes de

la FIBA pour leur développement et leur rayonnement économique ! Ils ont les moyens

de le faire et de proposer le cadre qu’ils proposent, tant mieux pour eux, les quelques

chiffres que je vous ai délivrés sur la fiscalité doivent permettre de mettre en rapport

également les distorsions sur un seul et même marché.

Alors on va me dire peut-être du coup regardons l’Italie, la Grèce, la Turquie… L’Italie,

outre son cadre fiscal également plus favorable, ou ses accommodations vis-à-vis des

obligations déclaratives des clubs, propose un grand nombre d’équipes avec 6 joueurs

étrangers dans l’effectif. Le travail lobbyiste du syndicat des joueurs dont l’accélération

date de la première déception de la non-qualification à l’Euro 2009 n’a pour l’instant

apporté également qu’une création de joueurs quotas et une bulle spéculative et

protectrice pour les joueurs nationaux. Ca n’a pas empêché leur équipe nationale de

devoir passer par un élargissement à 24 de l’Euro 2011 pour y gagner sa place. Il y a

peut-être aussi là-bas quelques coups d’œil à jeter du côté de l’historique de domination

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de leurs clubs en Europe il y a quelques dizaines d’années, qui faussent les perceptions

d’observateurs frustrés de ne plus être de la fête. Dernière notion importante pour

l’Espagne et l’Italie, l’existence massive de joueurs à double passeport originaires

d’Amérique du Sud. En Italie par exemple, sur les niveaux équivalents ProB et N1, ils

sont 41 joueurs de nationalité argentine avec passeport italien ! Même si les quotas ont

resserré la présence de ces joueurs dans l’élite, il n’en existe pas moins un réservoir

beaucoup plus large pour les niveaux professionnels des championnats italiens ! Pour la

Grèce et la Turquie, comme je l’ai explicité par ailleurs, l’archi-domination des clubs

phares appauvrit le reste du championnat, et je rappelle d’ailleurs que les affluences

moyennes de la 1ère division Turque et même grecque, en 2008, se situent en dessous de

la ProB française !

Pour clore sur ces championnats majeurs de par leurs élites, je rappelle également la

réalité de ce chiffre déjà abordé au 2ème point, assez incroyable par son ampleur : Pour

ces 4 pays (Espagne – Grèce – Italie – Turquie), le nombre de joueurs exportés de haut

niveau à même de jouer dans l’élite est de 20 au total ! Contre 25 pour la France seule !

Admettons donc, si nous avions été dans ces réalités, 20 joueurs de top niveau

supplémentaires joueraient en France ! Pensez-vous sérieusement qu’on serait en train

de se plaindre du niveau de notre championnat si les Do Colo, Beaubois, Mahinmi et un

des frères Pietrus, jouaient à l’Asvel sur des contrats multi-saisons lucratifs avec des

objectifs collectifs passant au premier plan du fait de leur aisance financière ? C’est la

réalité de ces autres championnats ! Tant mieux pour eux !

NATIONALITES EN ACB - JOURNEE 30/01

51

5

307

53

5

ESPAGNOLS

NAT / ASSIMILES

US / IMPORTSUS / BOSMAN

BOSMAN

COTONOU

Graphique journée d’ACB du 30 Janvier – 151 Joueurs, nombres de joueurs par nationalité

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V - Elargissement – Brain storming

Puisque j’ai été relativement ordonné jusqu’ici, ce point sera un peu plus « fourre-tout »

avec quelques éléments d’information, de réflexion, et quelques notes positives qu’on a

souvent tendance à oublier. C’est aussi le point qui serait appelé à évoluer selon les

commentaires et précisions que j’espère recevoir.

A) Les dangers de la pensée unique. Propagande, approximations,

contradictions, et fraises (promis vous allez comprendre)

Le conformisme des discours ambiants sur les raisons du moins bien du basket français

amènent un certain nombre d’approximations qui ont déjà été analysées dans les points

précédents. Je vais revenir tout de même sur certains communiqués et interviews du

SNB de ces deux dernières années.

Les stratégies propres au Monde politique ne devraient pas avoir leur place dans le

sport de haut niveau. Or, le SNB a montré ces deux dernières années qu’il avait su

utiliser tout un arsenal stratégique dans sa communication et ses actions pour accomplir

son objectif de diminution du nombre de joueurs étrangers. Illustration avec le

communiqué consécutif à la décision de la LNB d’adopter cette proposition.

« Chers amis, Comme vous avez pu le lire, le Comité Directeur de la LNB a entériné lundi 15 mars la mise en place du statut de "Joueur Formé Localement" en Pro A et en Pro B pour la saison 2010-2011. Concrètement, la règlementation qui s’appliquera à la rentrée est la suivante : - Un "Joueur Formé Localement" est un joueur qui a eu quatre années de licence en France entre 12 et 2 1 ans. Les cas exceptionnels concernant certains joue urs enregistrés en France lors de la saison 2009-10 ont été étudiés afin que leur soit attribué le stat ut de "Joueur Formé Localement". - La saison prochaine ce sont au minimum 5 "Joueurs Formés Localement" pour un effectif de 10 joueurs qui devront figurer sur la feuille de marque, ce no mbre étant porté à 6 sur 11 et 7 sur 12 (en fonctio n du nombre de joueurs inscrits sur la feuille de marque ). - Pour la Pro B ce sont au minimum 7 "Joueur Formé Lo calement" pour un effectif de 10 joueurs, ce nombre étant porté à 8 sur 11 et 9 sur 12 (en fonct ion du nombre de joueurs inscrits sur la feuille de marque). Cette décision a été votée à l’unanimité par le Comité Directeur de la LNB et ne vous y trompez pas, c’est bien nos différentes actions qui ont permis d’aboutir à ce résultat. Depuis deux ans, le nombre des adhésions au Syndicat National des Basketteurs est en constante augmentation et nous avons démontré qu’unis et nombreux nous pouvions peser sur les débats de manière significative. La décision de ne pas jouer les deux premières possessions des rencontres de la 24e journée de la saison 2008/09 avait déjà marqué les esprits. Voir les joueurs soudés lors du All-Star Game autour d’un objectif commun, donner plus d’espace sur le terrain aux joueurs issus de la formation française, a également permis d’attirer l’attention des médias sur le sujet. Le SNB a poursuivi cette action en diffusant cinq communiqués de presse en l’espace de trois mois, maintenant ainsi la pression sur l’ensemble des acteurs du basket français impliqués dans les discussions sur les évolutions réglementaires. A n’en pas douter, cette présence constante du SNB et la collaboration avec le Syndicat des Coaches de Basket a influé sur les débats et contribué à une prise de conscience de la part de la Ligue Nationale de Basket et de

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l’UCPB (l’Union des Clubs de Basket Professionnels composée par des Présidents de club). Le chemin a été long et difficile mais ces deux années de travail ont porté leurs fruits. Les joueurs doivent continuer à représenter une force de propositions et demeurer des acteurs incontournables lors des réunions entre les partenaires sociaux. C’est à l’occasion de ces réunions où s’expriment les représentants des clubs, des entraîneurs, de la Ligue ou des joueurs que se déterminent les orientations du basket pro. Et pour y tenir un rôle de poids le SNB doit pouvoir compter sur votre soutien. Au nom du Syndicat, je tiens à vous remercier pour l’investissement dont vous avez fait preuve ces derniers mois afin de parvenir à une évolution régl ementaire dont le basket français, nous en sommes convaincus, saura profiter . Continuons à nous mobiliser, nous aurons encore besoin de nous faire entendre. Croyez bien que le SNB poursuivra auprès de vous ses missions de protection, d’information et de conseil. Nous sommes aussi et bien entendu toujours à votre écoute. Bonne fin de saison à tous. Amicalement

Aymeric Jeanneau

C’est une nouvelle fois somme toute assez clair. Sur le site du SNB, une partie des

informations est traduite en anglais. Il ne me semble pas avoir remarqué de traduction

en anglais d’aucun des documents relatifs à cette campagne pour la diminution du

nombre de joueurs étrangers. Pardon, de l’augmentation du nombre de « joueurs issus

de la formation française ». J’ai déjà démontré au troisième point l’hypocrisie de cette

dénomination puisque la règle a influé à 96,63% en ProA et à 100% en ProB sur des

joueurs français comme je l’ai précédemment démontré.

Par ailleurs, et cela a aussi déjà été abordé, personnellement ça me choque au plus haut

point que ce soit un Syndicat supposé représenter l’ensemble des basketteurs

professionnels en France qui porte ce genre de réforme, et qui puisse avancer, sans

aucune preuve tangible, chiffrée, étayée, que c’est pour le bien du Basket Français.

J’aime rapporter au monde « normal » les pratiques de notre basket. Prenons un

syndicat d’une branche professionnelle, disons la FNSEA (Fédération Nationale des

Syndicats des Eleveurs et Agriculteurs). Disons qu’un jour la FNSEA porte une réforme

instaurant un quota d’importations de fruits et légumes en France et nous soutienne que

c’est pour le bien de l’Agriculture Française. Certes, ce serait certainement bon pour les

agriculteurs français, mais par extension, serait-ce bon pour l’économie du pays et au

final pour le consommateur ? Sachant que ce genre de restriction à l’import, au-delà bien

entendu d’être illégal au niveau de l’Union Européenne, serait à coup sûr réprimé de

fortes amendes par l’organisation Mondiale du Commerce, et par des restrictions à

l’export appliquées en punition par les partenaires commerciaux.

C’est aller trop loin dans l’analyse ? Je ne pense pas, aucun pays ne peut survivre en

autarcie et subvenir à ses propres besoins, que ce soit en termes de services, de

produits… ou de basket ! On jauge la puissance économique d’un pays notamment à sa

balance commerciale, et pour le basket français, si on prend en compte les 25

basketteurs français de haut niveau évoluant à l’extérieur, on peut dire que le basket

français dans sa globalité ne va pas si mal, mais qu’il peut mourir par contre de se fermer

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encore plus à l’import. Je n’ai pas de grandes notions d’économie mais je pense ne pas

trop me tromper en proposant de telles analogies. Et pour terminer sur la comparaison

avec l’Agriculture, si vous gagnez 6.000 euros par mois, vous pouvez avec plaisir vous

payer des fraises de Plougastel chez votre primeur (Oui je suis breton), mais si vous

gagnez le SMIC, vous serez ravis de vous acheter des fraises d’Espagne à 3 fois moins

cher en supermarché ! Si la majeure partie d’un pays n’a pas les moyens de se payer des

fraises de Plougastel, sachant qu’en plus on n’aurait pas la capacité de production pour

contenter tout le monde (donc elles seraient encore plus onéreuses), n’est-ce pas

profondément injuste de les priver de fraises ? Ramenez-ça au basket et vous

comprendrez parfaitement la cohérence de l’analyse ! Et vous ne vous direz pas que j’ai

passé la soirée d’hier avec Dee (Private joke pour les initiés).

Je poursuis sur les ressorts et stratégies utilisés par le SNB. Je vous livre d’ailleurs à ce

sujet un communiqué à propos des salaires en LNB.

COMMUNIQUE DE PRESSE 08/01/2009 Les salaires en LNB Afin de lever toutes ambiguïtés sur la question des salaires en LNB, il est important de noter que la majorité des joueurs français émarge à moins de 9.000€ bruts par mois en Pro A et moins de 4.500€ en Pro B. Par ailleurs, la tendance est clairement à la baisse pour ces joueurs. Le SNB constate ainsi qu’entre la saison 2008/09 et la saison 2009/10, les salaires ont baissé de 9.8% en Pro A et 12,9% en Pro B pour les joueurs français. Dans le même temps, les salaires des joueurs étrangers augmentaient légèrement de 1,6 et 0,6%. La pyramide des salaires en Pro A Catégorie Salaire moyen (brut) Nombre de joueurs Etrangers 11.888 69 FIBA 10.979 9 Cotonou 8.617 24 Français 7.498 86 La pyramide des salaires en Pro B Catégorie Salaire moyen (brut) Nombre de joueurs FIBA 5.441 9 Etrangers 5.128 36 Cotonou 4.760 14 Français 3.159 114 *FIBA = joueurs de la zone Europe (anciennement appelés Bosman) *Cotonou = joueurs issus de la zone Afrique, Caraïbes et Pacifique Aymeric Jeanneau (Président du SNB) : "Il faut tordre le coup à la perception très répandue que les prétentions salariales des joueurs français sont trop élevées. S’appuyer sur quelques cas particuliers pour imposer cette vision est caricatural. Les joueurs dans leur grande majorité ont pleinement conscience des difficultés financières que peuvent rencontrer les clubs et le SNB est là pour les conseiller et les orienter dans ce domaine. Mais investir sur un joueur français devrait être un choix à long terme. Un choix d’engagement, de construction sur la durée et l’assurance d’une intégration plus aisée. Plusieurs clubs ont brillamment démontré depuis quelques années qu’avec patience et constance, le succès pouvait être au rendez-vous en s’appuyant sur un noyau de joueurs français entourés par des joueurs étrangers de qualité. Si la signature d’un joueur français peut dans certains cas s’avérer plus coûteuse à court terme, il semble au SNB que ce coût supplémentaire est largement lissé et rentabilisé sur la durée. »

En parlant de caricature, une fois encore, je m’interroge de la pertinence quant à la prise

de position d’un syndicat de basketteurs sur de tels sujets. Il s’agit là de mettre en

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opposition les joueurs étrangers et les joueurs français sur le sujet des salaires. Ce n’est

pas à un syndicat de mettre en opposition ses adhérents, d’autant qu’on peut observer

que ce calcul ne fait absolument pas de distingo entre les joueurs stagiaires ou en

premier contrat professionnel et les étrangers « têtes d’affiches ». Maël Lebrun et Curtis

Borchardt sont donc traités statistiquement de manière égalitaire. De même, je vois des

salaires mensuels, mais l’immense majorité des salaires des joueurs étrangers sont sur

10 mois, une fois encore aucune précision si cela a été pris en compte. Si l’on veut

diffuser le message inverse, il suffit de prendre par exemple tous les joueurs français qui

gagnent entre 80.000 et 120.000 euros et faire de même pour les joueurs étrangers, faire

une moyenne des performances statistiques, et comparer. C’est également un calcul

tronqué et improductif, mais le message serait inverse, et la réalité brute d’un rapport

économie / performances. Il est d’ailleurs intéressant de noter que dans le commentaire

Aymeric Jeanneau parle d’un « coût supplémentaire largement lissé et rentabilisé sur la

durée ». Sur quels critères cette phrase est-elle délivrée ? Des exemples ? Non, une

nouvelle fois une manœuvre pour marquer les esprits, et encore une mise en opposition.

Tant mieux pour les joueurs français s’ils gagnent ce qu’ils gagnent, tant mieux si les

joueurs étrangers gagnent ce qu’ils gagnent, à partir du moment où ils méritent leur

salaire sur des critères objectifs et égalitaires. Un joueur étranger qui ne mérite pas son

salaire sera systématiquement renvoyé. Un joueur français le sera-t-il ? Non. Dès lors, il

n’y pas d’égalité de traitement entre les basketteurs en France, et cet état de fait est

aggravé par les positions du SNB, Ubuesque ! Dans tout contrat il y a une notion

d’obligations réciproques, or avec un marché de joueurs JFL vide, celui-ci n’a plus

aucune obligation. S’il est contre-productif ou pénalisant, ce joueur JFL ne trouvera plus

de contrat ? Il en trouvera toujours, et déjà à l’heure actuelle, avec les quotas actuels.

Quid de plus tard en augmentant ces quotas ? Ce sont les joueurs JFL qui réguleront

alors le marché comme bon leur semble, les prémices de cet état de fait se sont déjà faits

sentir l’été dernier, surtout au niveau de la ProB, où là d’ores et déjà le rapport

rémunérations / performances et responsabilité est une notion tenant de la quatrième

dimension.

Je lis aussi souvent qu’il suffirait de restreindre le nombre de joueurs étrangers à 2 ou 3

et de leur octroyer la somme globale allouée de nos jours aux 5 étrangers pour en avoir

de meilleure qualité. Mais vous faites quoi des 2 ou 3 autres joueurs nationaux qu’il

faudra payer plus cher ? Puisque le métal précieux sera devenu carrément un bien

introuvable ! C’est un calcul inepte au possible, à moins de proposer au kiné, à la

mascotte ou à la capitaine des cheeleaders de venir rejoindre l’effectif.

Je ne déteste rien de plus que ces oppositions joueurs français – joueurs étrangers, elles

sont improductives, d’autant plus qu’en les transposant une nouvelle fois dans la vie

« normale », elles seraient si ce n’est illégales, tout au moins moralement répréhensibles.

C’est le discours du SNB qui attise ces oppositions, pour ceux qui auraient

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l’outrecuidance de me dire que c’est faux, illustration : (Les commentaires figurent en

rouge – Interview réalisée le jour du All Star Game LNB 2009, événement littéralement

« pris en otage » par les joueurs Français pour faire passer leur message. Je me souviens

ne pas avoir été le seul à trouver cette opération malvenue et à me sentir inconfortable

en voyant le match se décider qui plus est sur un coup de sifflet particulièrement

contestable)

Interview du journal 20 minutes Aymeric Jeanneau: «Il faut laisser une place aux Fr ançais en ProA» Publié le 31 décembre 2009. INTERVIEW - Le meneur de jeu de l'Asvel déplore le nom bre trop élevé de joueurs étrangers dans le championnat de France... Le basketteur français est une espèce en voie de disparition en Pro A. Regrettant le nombre élevé d’étrangers sur les parquets du championnat de France, le syndicat des joueurs, présidé par Aymeric Jeanneau, menace aujourd’hui de faire grève si les clubs ne jouent pas le jeu. Les joueurs exigent la signature d’un protocole d’accord obligeant les clubs à alignent «un minimum de cinq joueurs formés localement et disposant d'un contrat professionnel sur un effectif de 9 ou 10 joueurs professionnels». Et ce, dès la saison prochaine. La menace de grève est-elle le seul moyen pour limi ter le nombre de joueurs étrangers en proA? C’est un moyen de pression. Tous les joueurs sont mobilisés derrière nous. Ils ont compris. Si on n’arrive pas à discuter avec les présidents de clubs, on fera grève sur une journée. On sacrifiera une journée, du temps de chacun. C’est d’actualité, ce ne sont pas des paroles en l’air. Si on en arrive là, c’est parce que personne ne comprend l’urgence de la situation dans le basket français. La situation est-elle si préoccupante que cela? La formation française montre ses preuves au niveau des jeunes avec les résultats des équipes de France moins de 18 ans, moins de 20, mais on ne les fait pas jouer après (Un grand nombre de jeunes joueurs dominants en championnat espoir a rejoint la ProB cette saison : Hoyeaux, André, Courby, Casseus, Sambe, Da Silveira, Sanchez, Boundy, Aboudou, Prénom, Tornato, Filet, Dia, Copin, Gomis, Samake, Bernage, Zonnet) On a un potentiel de jeunes joueurs important, mais il faut leur laisser une chance de jouer et d’évoluer. Aujourd’hui, l’équipe de France avec Parker, Diaw, Pietrus, Turiaf, elle est belle, mais lorsqu’on enlève les quatre, ce qui va se produire dans deux ans, où est ce qu’on ira (Ils ont joué en 2010 ? Si vous enlevez Gasol (les 2), Fernandez et Navarro, où vont-ils ?) Il faut des jeunes qui aient joué en Euroligue, des matchs importants en ProA. C'est le minimum. Est-ce que les Américains pourraient être remplacés par des Français qui ont le même niveau actuellement? Certains largement. Tous pas forcément, parce qu’on veut aussi de bons étrangers. On ne fera pas une équipe qu’avec des Français, ce n’est pas possible. Mais si on a cinq-six Français et à côté de ça trois Américains, là ça fera jouer tout le monde. Il faut qu’on laisse une place aux Français. Et donner du temps de jeu à des jeunes pour pas qu’on les fasse atterrir en N1 (Pourquoi ? La NM1 n’est pas une division honorable ?). Parce qu’en Pro B, il n’y a pas de place non plus (C’est vrai, seulement plus de 70% de joueurs français !) Un club qui investit sur un jeune avec peu d’expérience, ce sera sur du long terme. Alors qu’un Ricain qu’on prend à 30 ans (La moyenne d’âge des US de ProB doit se situer entre 25 et 26 ans au maximum), il a baroudé et sur les premiers mois, il sera efficace. Le problème, c’est qu’on vit trop sur le court terme. Si on impose cette règle les clubs français ne seron t-ils pas encore moins performants sur la scène européenne? C’est une fausse réponse. En France, il y a peu de clubs qui ont le niveau européen. Il y a l’Asvel, qui a les ambitions. Peut-être Le Mans. Il faut des gros budgets. Faut pas se leurrer. Quand on regarde Cholet, ils ont atteint une finale avec des joueurs français. De Colo, Beaunois, Marquis. Financièrement, les clubs ne peuvent pas suivre le haut niveau européen. La Coupe d’Europe se joue avec des clubs qui ont les mêmes budgets, mais qui font jouer des jeunes joueurs locaux. Elles ont une identité avec des joueurs de leurs pays. La Croatie, tout ça. Ils jouent avec de joueurs de leur pays, peut-être moins talentueux mais qui savent joueur au basket tous ensemble. Nous, on bricole des équipes d’une année à une autre avec des étrangers qui veulent rebondir sur une saison. C’est ce qu’on appelle le bouquet final, tout et son contraire : Cholet va en finale d’un coupe Européenne avec des joueurs français, donc sans US j’imagine, et termine à la 9ème place de ProA cette saison là, il serait honnête de le préciser ! En conclusion, il parle des étrangers qui veulent rebondir sur une saison, théorie déjà mise à mal dans mes statistiques, mais dans le même paragraphe que les exportés De Colo (Espagne), Beaubois (NBA) et Marquis (Italie) dès la saison suivante, c’est très fort. Quand à la Croatie tout ça il s’agit bien du Cibona Zagreb,

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0-10 en Euroligue cette saison, avec des joueurs pas payés depuis plusieurs mois ?? Exemple étrange pour un président de Syndicat…Quand à l’identité avec des joueurs de son pays, je préfère ne pas m’étendre tellement je me suis étendu sur le sujet. Sur le passage des joueurs moins talentueux mais qui savent jouer au basket tous ensemble, j’imagine que ce doit être encore dirigé vers les US qui ont des maillots qui sortent du short et qui ont une mauvaise attitude générale sur le terrain (Référence à l’Interview citée dans le 1er point), et qui donc ne savent pas jouer au basket ensemble.

Propos recueillis par Romain Scotto

Je dois vous avouer que de lire tout ça m’irrite au plus haut point, et pourtant je reste

persuadé qu’Aymeric Jeanneau de dit pas tout ça méchamment. Je ne sais pas

exactement comment on peut aller si loin dans la discrimination, mais je serais curieux

de connaître son sentiment à la lecture de tous ces passages, je ne pense pas réellement

qu’il se reconnaisse dans tout ça alors que ce sont bien ses mots.

Pour moi, ça n’est pas raisonnable de prononcer de tels mots, en tant que président d’un

syndicat de basketteurs qui se veut unifié, sport universel s’il en est, dans un pays

comme le nôtre, qui se veut une terre d’accueil, comme l’atteste le métissage de notre

population, et notamment de notre population basket. Ca n’est pas non plus un discours

exemplaire dans la mesure où il ne va pas chercher les joueurs sur le terrain de la fierté

d’être sportif professionnel, sur la volonté de toujours aller plus haut, de s’affirmer

comme individu à travers la pratique du sport de haut niveau.

Il ne faut pas occulter la valeur d’exemple que se doivent de porter les sportifs

professionnels vis-à-vis des pratiquants de masse, des jeunes, ou des amateurs

passionnés qui payent leur place pour venir les voir jouer. Je n’ai pas le souvenir d’avoir

lu dernièrement un quelconque témoignage de joueur heureux, radieux, remerciant ses

éducateurs et les rencontres que le basket a pu lui apporter. Nous sommes pourtant des

privilégiés, et je m’inclue dedans, vivant aussi du basket. (Parenthèse je gagne environ

en moyenne 3.000 euros par mois plus tous les avantages de travailler dans le basket, à

savoir mes frais de déplacement payés pour aller voir des matchs en France, en Europe

ou aux USA, je suis donc un hyper privilégié malgré les difficultés et l’image de mon

métier).

J’ai d’ailleurs en mémoire les interviews de 2 ou 3 anciens joueurs pros sur le site du

SNB, qui se plaignaient du « manque de reconnaissance du milieu », du sentiment d’être

lâché sur le bord de la route après sa carrière et avoir « tant donné à son sport ». Je suis

bien prêt à entendre qu’il doit être difficile de passer d’un côté à l’autre de la barrière, et

que le manque d’activité, de challenges, de reconnaissance… bref l’écroulement de la

pyramide des besoins de Maslow évoquée au premier point, doit être difficile à vivre.

Mais tout de même, d’une, il ne s’agit pas de bénévolat mais d’un échange contre une

rémunération, et de deux chaque sportif professionnel qui aura été positif dans les villes

ou clubs où il sera passé, aura des aménagements ou des portes ouvertes plus facilement

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que n’importe quel « quidam ». Une fois encore, je ne dis pas que ce n’est pas normal, un

joueur donne de sa personne et surtout de son image pour son sport, son club, sa ville,

sacrifiant au passage pour certains la possibilité de poursuivre des études qui les aurait

intéressées. Il est tout à fait normal que cet apport lui serve en retour, et que des portes

lui soient ouvertes. Le sportif peut alors profiter d’une reconversion plus facile dans un

environnement connu, et l’employeur ou la communauté peut continuer à profiter des

retombées d’une personnalité positive.

Mais les discours aigris m’insupportent au plus haut point, je me répète, un sportif

professionnel performant qui se donne les moyens de réussir est un privilégié, et tant

mieux pour lui, s’il le mérite. Il trouvera toujours, s’il sen donne les moyens, des

aménagements divers et des gens disposés à l’accompagner dans sa reconversion. Le

SNB est d’ailleurs indispensable dans cette mission et fournit un travail très efficace

d’accompagnement et d’information. Le chargé de développement Jeff Reymond et le

directeur général Yann Barbitch ne ménagent pas leur peine pour aller à la rencontre

des institutionnels, de tout organisme pouvant aider ou accompagner les basketteurs

dans leur carrière et dans leur vie professionnelle. Il a aussi travaillé ardemment à

l’établissement d’une convention collective dans le basket, qui, si elle n’emporte pas tous

les suffrages sur quelques points, a le mérite d’exister et de proposer un cadre de travail

législatif et social sécurisé aux basketteurs en France. Cette faculté à se mobiliser et à se

regrouper est d’ailleurs remarquable, j’aurais juste personnellement souhaité que la

démonstration de force ne se soit pas opérée au détriment d’une catégorie de

basketteurs. Je trouve qu’à l’avenir le SNB gagnerait aussi à proposer un discours plus

positif et moins protectionniste, il est réellement aisé à l’heure actuelle de les taxer de

travailler à protéger les intérêts de quelques-uns, alors que certains membres

s’engagent sûrement dans cette aventure en toute bonne foi et avec des motifs

parfaitement louables.

B) Les points positifs de la France et de son basket

Si à la lumière des différents sondages d’opinion, il n’apparaît pas que la France soit un

pays où il fait bon vivre, c’est pourtant le cas. Un environnement socialement

extrêmement protecteur, une relative résistance aux conséquences de la crise

économique mondiale, tels ont été les deux piliers qui ont permis aux clubs français

d’avoir fait très bonne figure aux yeux du Monde du basket. Par ailleurs, la LNB par

l’intermédiaire de sa direction de contrôle et de gestion présente aussi un bilan très

flatteur sur ces quelques dernières années. Exemple, à l’issue de la saison 2009-2010, la

dette cumulée de tous les clubs de ProA se monte à 258.000 euros, ce qui est dérisoire, si

l’on compare par exemple au déficit estimé pour le seul FC Barcelone omnisports pour la

même saison, s’élevant à 77 millions d’euros. Pour sauver de tels monuments, les

banques prêtent à des taux préférentiels (la dette cumulée estimée du FC Barcelone y-

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compris les encours d’emprunts bancaires s’élève à 442 millions d’euros) et les

collectivités passent à la caisse, dans les 2 cas au bout du compte ce sera toujours le

contribuable qui règlera la note.

Je préfère personnellement savoir notre ProA gérée de manière aussi exemplaire. Il en

est de même pour les clubs de ProB, qui présentent un résultat positif cumulé sur la

saison 2009-2010 à hauteur de 600.000 euros. Lorsqu’il s’agit à 31% d’argent public

(part de l’apport des collectivités dans la totalité des recettes d’exploitation des clubs de

ProA), il est raisonnable de se féliciter de la gestion « en bon père de famille » selon

l’expression consacrée de nos dirigeants. Les rapports financiers extrêmement précis se

trouvent d’ailleurs à disposition de quiconque sur internet.

Envier quelques grands noms du basket européen, qui pour certains vivent à crédit,

pour d’autres vivent aux crochets de mécènes dispendieux mais aux fonds d’origine

parfois nébuleuse, merci mais ce n’est pas pour moi. Les résultats en surface sont certes

brillants, ils parviennent à mobiliser des moyens conséquents pour signer des têtes

d’affiche, mais les facilités en termes de fiscalité, ou les tolérances quant à des niveaux

de dettes colossaux font que ces clubs évoluent perpétuellement avec une épée de

Damoclès sur la tête. Le jour où un état européen majeur (avec une vraie économie du

sport) fait réellement faillite, je ne donne pas cher de la destinée des clubs sportifs

professionnels avec des niveaux de dettes abyssaux. Quant à être à la merci de la volonté

voire des caprices d’un richissime propriétaire qui peut décider arbitrairement de tout

ce qui lui chante, là encore je ne pense pas que ce soit très sûr.

Le niveau de solidité financière du championnat est souvent cité en exemple dans les

hautes sphères de l’ULEB, et c’est ce qui permet à la France de garder de l’importance

(toute relative certes mais importance tout de même) dans cette organisation

commerciale et libérale qui ne se base sur aucun critère de copinage et n’a que faire de

n’importe quel lobbying qui ne lui apporterait pas un surplus d’assise financière. Ca ne

me choque d’ailleurs pas outre mesure étant donné que c’est un objectif relativement

clair et très assumé.

Pour conclure sur ces satisfactions financières, un nombre important de « grands

témoins » fustige les résultats de nos clubs en compétitions internationales et se désole

de l’absence de « locomotives » pour le basket français, allant jusqu’à regretter le temps

du sempiternel duel limougeaud-palois en tête du championnat national. Ou en

reversant encore dans le couplet sur l’exemplarité des clubs phares d’Europe de l’Est

que j’espère avoir relativisée dans le quatrième point. Ce terme de locomotive qui

revient très fréquemment vient à point-nommé pour me souffler une dernière

comparaison imagée qui me semble assez claire. Une locomotive vous serez d’accord

sert à propulser un train. Si les wagons derrière sont des concurrents, vous pensez

sérieusement que le conducteur de la locomotive ira raccrocher les wagons ? Dans un

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environnement économique et une compétition acharnée, il est illusoire voire

affabulatoire de vouloir croire que les locomotives ont un quelconque intérêt à servir les

wagons derrière.

Pour « enrichir » sportivement un club dans un champ où le talent ne se trouve

(heureusement) pas à chaque coin de rue, il faut appauvrir les autres et donc de fait

appauvrir le niveau général du championnat. C’est d’une logique implacable. Je vous l’ai

exposé au quatrième point, dans les pays cités en exemple, tout concourt à l’hégémonie

des clubs dominants, tous les moyens et compétences du pays sont focalisés sur la

persistance de cette domination, avec en arrière-fond l’objectif de capitaliser sur cette

domination en sortant des « produits » des centres de formation et en les monnayant.

Est-ce que c’est ce que l’on veut pour la France ? Le Diktat imposant l’idée qu’il faut

laisser plus de place aux jeunes joueurs français vient à avoir le même objectif. Revenir

systématiquement sur les mêmes pays et les mêmes clubs en regrettant de ne pas avoir

les mêmes poids lourds dans le championnat valide cet état de fait. Or avoir 2 double-

mètres monstrueusement bodybuildés qui concourent dans un championnat de poids

plumes, je ne suis pas certain que ça intéresse grand monde. En témoignent encore une

fois les affluences dérisoires dans la majorité de ces championnats que je vous ai

détaillées au point précédent.

Dans la même veine, les apologistes de l’existence d’une ligue fermée oublient qu’il est

primordial dans notre pays de connaître un vainqueur et un vaincu. Réclamer une ligue

fermée c’est à mon sens réclamer un peu un droit à l’erreur perpétuel. Limoges, Paris et

Pau ont parfaitement su « profiter » de leurs descentes pour soit nettoyer les écuries,

soit repartir avec des projets neufs, dont ils récolteront les fruits ultérieurement, ils n’en

sont pas morts, loin de là. Une ligue fermée ne peut subsister que dans un pays dans

lequel le basket est extrêmement populaire, où c’est une économie réelle basée sur des

critères objectifs et pas artificiels. De plus, il n’y a pas de concept plus libéral dans le

sport qu’une ligue fermée, or les mêmes experts parlent de la diminution du nombre

d’étrangers, concept ultra-protectionniste incompatible, une contradiction effarante.

Personnellement je me réjouis de l’incertitude de notre ligue, c’est certes malheureux

pour les afficionados des paris en ligne, mais je ne vois qu’eux pour s’en désoler. Sammy

Mejia en parlait dans son interview à Maxi Basket du mois dernier, il se félicitait de ce

niveau homogène et des surprises, vous savez la glorieuse incertitude du sport. Lui qui a

connu la Grèce et son sempiternel duel Olympiakos – Panathinaikos peut vous en parler,

d’ailleurs la Ligue grecque donne de sérieux signes de fatigue, n’est-ce pas parce-que ces

déséquilibres ont empêché les autres clubs de se développer ? Moi qui connais l’éternel

combat Zalgiris – Rytas, je peux aussi vous en parler. Et aussi vous dire que l’an dernier

une polémique désastreuse a envahi l’internet lituanien (pas la presse, vous vous

souvenez peut-être que le propriétaire de Rytas contrôle la majorité des médias du

pays). Romanov, le propriétaire du Zalgiris, soutenait avoir été approché par le

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propriétaire de Rytas pour être certain que le titre lituanien reviendrait au Rytas.

Zalgiris disposait encore d’un ticket Euroligue garanti mais pas le club de la capitale.

Aucune enquête officielle bien entendu, pas de remous autour de ce qui restera comme

une « rumeur » mais il est rare qu’il y ait de la fumée sans feu, surtout dans un tel

contexte.

Pour clore sur ces dominations, et à l’exemple de la Ligue grecque, exsangue et instable

au possible, je me félicite aussi que sur les 5 dernières années, 5 clubs différents aient pu

profiter de la vague Euroligue pour faire évoluer leurs budgets et leurs structures et

s’installer en haut de la pyramide financière en ProA. Le MSB a capitalisé à plein sur leur

ticket de 3 ans qui commence à dater, mais tout de même c’est dorénavant un club

référencé en Europe, avec une structure véritablement efficace. La Chorale de Roanne a

quasiment doublé son budget depuis le titre de 2007 et va s’installer dans un outil à la

mesure de son aura et de sa popularité, d’en déplaise aux fonctionnaires de France 2

Télévision boulonnés à leur siège et à leurs certitudes. Nancy a également connu un

boum économique après le titre de 2008, et même s’ils souffrent un peu plus depuis 2

ans, restent sportivement rayonnants, sans doute du fait de leur capacité d’attraction

des joueurs pour leur stabilité en haut de tableau. L’ASVEL a pu valider son projet de

développement grâce au titre de 2009, et rattraper son avance structurelle sur le plan

sportif, ainsi qu’attirer des investisseurs motivés. Ce n’est pas la mauvaise passe

sportive actuelle qui altérera la marche en avant du club, étant donné leur extrême

solidité financière et structurelle et les perspectives des projets en cours. Enfin, Cholet a

pu donner un coup de jeune à son hangar de la Meilleraie, qui a vibré pour les matchs

d’Euroligue de manière spectaculaire. Le titre a aussi donné un coup de boost financier

et a permis de conserver le trio Mejia – Robinson – Falker au club (Tiens je pensais que

les joueurs US ne venaient que se montrer en France et quittaient leur club à la moindre

offre étrangère, désolé je ne pouvais pas la laisser passer celle-là).

Je m’étonne que les gens qui ironisent sur les résultats sportifs de nos clubs en Euroligue

ne puissent pas disposer d’un minimum de recul pour se dire que ces 5 champions

différents, grâce au boost économique et populaire de leur titre, ont pu donner un regain

de vitalité financière à la ProA et a permis aussi et surtout de mieux résister à la crise

économique mondiale !

Je m’étonne aussi des fantasmes récurrents de transférer les clubs vers les « grandes

villes », certes plus achalandées, mais pour certaines pas en phase avec les réalités du

basket, notamment le rôle primordial que joue l’historique d’un club dans l’affectif d’une

région pour ce sport. Est-ce plus facile de mobiliser un public dans une grande ville à

l’offre pléthorique en matière de spectacles et de loisirs ? La seule réponse pour cela est

d’observer les différences de ferveur du public entre les grandes villes dotées d’un club

de ProA et les villes de sous-préfecture pour reprendre encore cette expression de

Lionel Chamoulaud. Quel comble du snobisme et de la volonté de centralisation (jamais

Page 54: Etude basket pro et nationalités

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productive) que de vouloir concentrer les loisirs et les sports de haut niveau dans les

seules grandes villes. Les chefs de file de notre basket sont dans des villes moyennes,

tant mieux pour leurs habitants et respect pour tout le travail en amont que cela a

supposé.

Un autre domaine de satisfaction à prendre en considération, et pas des moindres, c’est

l’affluence et le taux de remplissage des salles du basket en France. Avec un taux de

remplissage général autour de 80%, il y a de la place pour une progression mais c’est

déjà très satisfaisant. Derrière l’Espagne, la ProA se retrouve selon les saisons entre la

deuxième et la quatrième place, les 2-3 et 4èmes de ce classement que sont la ProA,

l’Italie A et la BBL Allemande se tenant dans les mêmes eaux avec des moyennes autour

de 3.800 spectateurs par match. Enfin, et ce même si le dernier classement disponible

(sur le site ballineurope.com) date de 2008, la ProB française arrive à la 7ème place du

classement européen, devant les moyennes d’Adriatic League, de la première division

grecque, ou même de la Ligue Turque !

1. ACB (Spain): 6387.00 in attendance per game 2. Lega (Italy): 3740.81 3. ProA (France): 3503.56 4. Bundesliga (Germany): 3469.75 5. LEB Gold (Spain): 2944.44 6. Superleague (Russia): 2276.76 7. Baltic Elite Division: 2238.97 8. ProB (France): 1720.00 9. Beko League (Turkey): 1363.31 10. A1 (Greece): 1228.29 11. Adriatic League: 1179.62 12. ProA (Germany): 1039.12 13. Finland: 865.67 14. LNBA (Switzerland): 678.93 15. ProB (Germany): 636.11 16. Baltic Challenge: 420.73

Ce qui m’amène à mon dernier focus sur les points positifs de notre Ligue de basket : La

ProB. Toujours mise en cause au titre de cette réforme visant à restreindre le nombre de

joueurs étrangers, elle est sans cesse prise en otage sur ces questions idéologiques, au

titre d’un soi-disant manque de visibilité et d’identité. Les clubs de ProB ont toujours

plus de difficultés à se faire entendre étant donné qu’ils sont un peu comme des

collégiens dans une cour de lycée au niveau des instances. Pour autant la ProB est

passionnante, donne lieu à des joutes incertaines également chaque week-end, et ne

devrait souffrir d’aucun complexe vis-à-vis d’aucune seconde ligue professionnelle d’un

autre pays, voire même d’un autre sport (hormis foot et rugby). La ProB est tout

simplement le sas de passage et d’apprentissage du monde professionnel, et n’a pas à

être un laboratoire des chantres du nationalisme basketballistique. D’ailleurs depuis la

dizaine d’années que je fréquente les parquets de ProB plus assidument que ceux de

ProA, ce n’est vraiment pas souvent que j’ai pu voir des dirigeants du basket français ou

médias pour valider sur le terrain les constats délivrés en coulisses.

Page 55: Etude basket pro et nationalités

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La ProB a certes souffert cet été des nouvelles restrictions sur le nombre de joueurs

étrangers, puisque les JFL ont littéralement imposé leurs règles sur le marché des

transferts estival. Chacun des coaches ou GM que j’ai eu en contact lors de cette période

s’arrachait les cheveux de devoir attendre des réponses de joueurs JFL de manière

interminable, et ne savaient pas du coup quelles enveloppes ils allaient allouer à leurs

joueurs étrangers, ces mêmes enveloppes qui ont du coup été passablement réduites. Il y

a eu un certain nombre d’abus et de surenchères que je ne détaillerai pas puisque je ne

souhaite réellement pas une nouvelle fois pointer du doigt. Les règles du marché ont été

ainsi établies, tout le monde en a profité, c’est ainsi. Tous les coachs de ProB pourront

par contre définitivement invalider le constat simpliste comme quoi il suffit d’enlever un

joueur étranger pour payer ceux qui resteront plus cher. Avec l’escalade des tarifs des

joueurs JFL référencés en ProB, c’est même moins cher qu’ils ont du payer leurs US cette

saison !

Je ne vais d’ailleurs pas passer pour le donneur de leçons de bas étage puisque moi-

même je m’occupe de quelques joueurs français et je me dois bien entendu d’adapter les

requêtes salariales de mes clients aux réalités du marché. Ce qui ne m’empêche pas de

me scandaliser de ces réalités en ProB ! Un de mes joueurs (et ami) évolue à Dijon cette

saison, Anthony Christophe. Nous conversons très fréquemment sur ce sujet, et il est

entièrement d’accord avec mes prises de position. Il dit de manière très claire être

conscient d’être un privilégié du système mais le trouve profondément injuste, dans ce

qu’il crée d’inégalités et d’exclusions. Attention, je ne dis pas qu’il profite du système, je

dis qu’il en est un privilégié, la nuance est importante. Et beaucoup de joueurs pensent la

même chose ! La pensée unique syndicale ne doit pas leurrer que de nombreux joueurs

français sont des gens lucides et qu’ils savent parfaitement analyser les réalités qui se

présentent à eux. C’est une constante au niveau des joueurs français que je gère

directement (Cédric Gomez, Marc Judith, Guillaume Costentin, Pierre-Yves Guillard, et

donc Anthony Christophe) : Ils ont tous des positions raisonnables et sont conscients

d’être privilégiés et savent ce qu’ils ont à mettre en œuvre pour atteindre leurs objectifs.

Il faut une certaine force de caractère pour s’affirmer à haut niveau, et c’est vraiment

très souvent qu’il m’est donné d’être ravi des rencontres humaines que je peux faire

avec des basketteurs professionnels, de quelque nationalité que ce soit. Je pense que

c’est souvent l’environnement ou l’atmosphère ambiante qui fausse les perceptions et

dénature les personnalités profondes.

Tout ça pour dire que je ne suis pas d’accord avec le constat aigri que nos championnats

sont des championnats de bas étage. Une fois encore, il est facile de tirer des conclusions

en regardant les phases finales de compétitions internationales ou en se rendant à des

réunions au sommet regroupant l’élite des têtes pensantes, il est évident que c’est

toujours ce qu’il y a de mieux qui sera présenté en ces occasions. Je proposerai d’ailleurs

encore une analogie simple, mais pas simpliste : Pour déclarer connaître la réalité de la

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Tunisie, il ne suffit pas d’être allé à 2 reprises dans un hôtel club de Djerba et avoir fait 2

ballades en chameau ou en quad avec des guides touristiques locaux. La ProA est dense,

propose fréquemment des affiches, est suivie à 2 reprises chaque semaine sur Sport Plus

avec les deux meilleurs commentateurs sportifs du sport français. La ProB est un

laboratoire pour les clubs, pour les joueurs, mais de TOUTE nationalité. Il suffit de

regarder combien la Leb Gold espagnole et la A2 italienne ont aspiré de joueurs ces

dernières saisons pour se rendre compte qu’ils ont compris l’intérêt d’avoir une

deuxième ligue professionnelle solide pour y recruter des joueurs formatés aux réalités

du pays. En créant une bulle spéculative à mille lieux des réalités, nous allons juste

achever ce deuxième niveau professionnel. Les malheureuses équipes qui ont eu à se

« servir » en dernier sur le marché des joueurs JFL sont en train d’en payer un lourd

tribut !

Un pays comme la France peut LARGEMENT se permettre d’avoir 2 niveaux

professionnels au basket, la bonne santé financière et la fréquentation des salles de

ProB, malgré les aléas de régulation du marché, en sont les témoins. Dans le dernier

paragraphe de ce point, je vais tâcher de passer en revue quelques points qui

sembleraient être des pistes de réflexion intéressantes dans l’optique de viser une

progression générale. Ces points sont le résultat de très très nombreuses discussions

avec des professionnels du milieu, et en aucun cas des élucubrations personnelles.

C) Peut-être à creuser…

C’est la partie où je me sens le plus « désarmé » dans la mesure où les propositions de

réformes sont toujours délicates à mettre en forme, et sont toujours le théâtre de luttes

d’influences, de lobbying intense, et d’arrangements divers. J’estime personnellement

que nous souffrons dans le basket en France d’un mal endémique mais propre au pays :

La réformite aiguë. Notre nature perpétuellement insatisfaite nous guide à toujours

chercher midi à quatorze heures et à pondre des règlementations et propositions de

changements à n’en plus finir.

Techniquement il est vrai que l’on gagnerait à redonner un peu plus de souplesse dans

les possibilités offertes aux joueurs de s’exprimer sur un terrain. Et je ne parle pas de

NATIONALITE ! Je parle par exemple de mesures qui ont été soumises par le SNB mais

qui n’ont pas été suivies, peut-être aussi parce qu’ils n’ont pas mis la même énergie à

défendre ces « réformettes » moins spectaculaires et moins profitables. Qu’un joueur

stagiaire de ProA ou ProB ou en sortie de centre de formation (pendant 2 ans) puisse ne

plus être bloqué par aucun statut « muté » en NM1, et qu’il soit possible pour ces joueurs

d’aller renforcer ponctuellement n’importe quelle équipe d’une division différente (sans

que sa scolarité en soit perturbée et sans que ça pénalise le club d’origine sur le nombre

de contrats sur une feuille de match ou enregistrés) en cas de blessure d’un joueur. On a

créé une pénurie de joueurs nationaux sans réfléchir à des moyens de permettre aux

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clubs de ne pas perdre en compétitivité en cas de blessure. N’aurait-il pas été profitable

à Ferdinand Prénom d’aller jouer à Saint-Quentin ou à Challans quand ces deux clubs

cherchaient un intérieur français sans en trouver plutôt que d’être le cinquième

intérieur de Dijon ? N’aurait-il pas été profitable à un Jonathan Rousselle d’aller passer 2

mois à Quimper pour remplacer Vincent Mouillard blessé alors que Bianco Matanga est

allé le faire et du coup ne peut plus jouer en NM1 à cause de cette pige ! Plus de

souplesse dans les règlements de mouvements de joueurs dans un contexte aussi tendu

est INDISPENSABLE. Il en est de même pour les joueurs licenciés qui ne peuvent plus

jouer dans la même division en cours de saison. Quel scandale qu’un joueur (toujours

étranger comme on l’a vu) ne puisse pas aller voir ailleurs si on l’invite à le faire sans

que ce soit sa volonté. Evidemment qu’il faut encadrer cette mesure pour que les « gros »

ne viennent pas débaucher les joueurs intéressants chez les « petits » et qu’il faut

réserver cette possibilité aux joueurs ayant été licenciés pour manque de résultat ou

pour déficience de performance. Ce serait assez simple à réguler et une avancée

profitable dans la mesure où certains conflits pourraient du coup se régler ailleurs que

sur un terrain judiciaire.

On va me rétorquer et la lisibilité des effectifs ? J’ai quand même bien envie de répondre

mais qu’est-ce qu’on s’en fout, pourvu qu’un joueur puisse exercer sa profession, et dans

la mesure où une certaine morale ou éthique comme vous voudrez l’appeler, soit

respectée. Une fois encore je pense de toute façon que c’est le discours ambiant qui

façonne la perception. Et si on arrêtait de crier au loup au moindre couac et à pointer du

doigt vers le joueur étranger (ou le voisin en règle générale d’ailleurs) à la moindre

occasion, l’atmosphère serait bien plus respirable.

Je ne pense pas qu’il faille tout révolutionner pour observer du mieux. Vous l’aurez

compris à travers ce document, je pense que l’évolution principale serait un virage à 180

degrés dans l’état d’esprit général. Je pense que les discours ne sont pas motivants, voire

même anxiogènes étant donné les thèmes très limites qui fleurissent. Je parlais de la

valeur d’exemple des sportifs professionnels, mais nous avons tous, en tant que

professionnels de ce sport, une responsabilité à ce que l’environnement soit sain et

serein. Le basket est déjà un sport suffisamment compliqué de par sa nature, il est rejeté

par beaucoup du fait de l’essence même du jeu, il s’agit de mettre une grosse balle dans

un petit cercle, et ça demande de l’adresse. En rajoutant des problématiques

supplémentaires en dehors du terrain, et de manière incessante, on n’est pas prêts de se

mettre à la portée du seul être qui nous manque : le Grand Public.

Le basket est reconnu comme un sport spectacle par excellence, un sport esthétique, il

fait chaud dans les salles, avec quelques animations bien senties, (je ne parle pas des

danseuses de 12 ans qui se dandinent pour le plaisir de tata et maman, ça c’est bien une

fois dans l’année), on peut délivrer un spectacle de réelle qualité et l’impression pour le

public d’avoir dépensé son argent intelligemment et d’avoir passé un bon moment. Vous

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pensez vraiment qu’en continuant dans cette voie d’ultra-protectionnisme, on risque de

remplir les salles qu’elles soient de ProA ou de ProB, voire même de NM1 ? Je me répète

mais ce n’est pas vraiment rendre service aux joueurs également, à moins de créer une

génération de joueurs qui jouent seulement pour l’argent et qui « s’emmerdent au

boulot ». Personnellement je me régale au All Star Game, j’entends souvent des

commentaires dans les salons vip de ces événements disant qu’est qu’on s’ennuie, pour

être poli cette fois. Mais c’est quand même un spectacle grandiose, la présentation laser

sur le terrain cette année était frissonnante à souhait, et le spectacle des mascottes très

divertissant. On a bien aussi quelques mecs marrants à mettre dans des costumes

quelque-part, pour un peu qu’on ne raille pas leurs blagues par snobisme encore une

fois. Il faut bien savoir s’enthousiasmer parfois. Du moins on devrait être capable de

susciter l’enthousiasme. Je suis très client des envolées télévisuelles de George Eddy, de

Patrice Dumont ou de David Cozette, ce dernier avouant même sans encombre se régaler

devant les formes parfois très harmonieuses de certaines danseuses, ce que tout le

monde fait mais sans forcément l’avouer. Bref, tout ça pour dire : halte à la sinistrose !

Pour ce qui est de la communication, avec un habillage adéquat, on rend le tableau

réellement magnifique. Je vais reprendre l’exemple du Poitiers Basket 86, c’est assez

consensuel ça aussi vous allez me dire, mais tout de même, de la stratégie de

communication globale en phase avec le cadre proposé par la ville et le club, jusqu’à

l’esthétisme des supports, la créativité et la spiritualité des vidéos proposées, c’est

quand même ce qui se fait de mieux. Disons que M. Dujardin, grand amateur de

nouvelles technologies devant l’éternel (non je n’ai pas dit geek), a su « éduquer » les

dirigeants du club au virage numérique qu’il fallait opérer pour plus de réactivité et de

sentiment d’appartenance. On parle des communautés virtuelles en les raillant souvent,

toujours je pense par snobisme, mais c’est un outil incomparable, bien entendu en

accompagnement des supports de communication plus conventionnels. D’aucuns

penseront que je suis l’agent de Benoit, mais il n’en est rien, c’est juste quelqu’un qui m’a

marqué par sa justesse d’analyse et d’action au niveau de son club. Et pour un peu le

connaître, je pense qu’il peut avoir la même finesse d’analyse dans pas mal de situations.

J’espère en tout cas qu’un jour il aura un vrai rôle pour nous aider à sortir notre sport de

son ornière médiatique. Et comme je l’avançais dans le deuxième point, il doit bien y

avoir d’autres personnes visionnaires, dynamiques, créatives et pas centrées sur eux-

mêmes pour développer des projets à droite ou à gauche.

Ce virage technologique a été réellement mal vécu par de nombreux clubs et dirigeants,

dans la mesure où sans anticipation, il leur a été impossible de « contrôler » les

messages qu’ils souhaitaient délivrer, et que de nombreuses sources d’information ou de

publication « alternatives » ont vu le jour sur internet, sphère totalement dérégulée qui

donne lieu à de nombreux excès. Malgré tout, il existe des espaces de discussion (les

forums), qui proposent des analyses et commentaires intéressants. Evidemment on y

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trouve de tout, et un certain discernement et/ou recul est nécessaire, mais plusieurs

intervenants très actifs sur ces forums ont des positions et avis pertinents. Une fois de

plus par snobisme, ou soi-disant pour « prendre de la hauteur », il est de bon ton de ne

pas admettre observer ces discussions, alors même que la grande majorité des acteurs

du basket les lisent plus ou moins assidument, sans toutefois intervenir je pense. Il ne

faut pas se couper de ces rares espaces d’échange de points de vue sous prétexte qu’ils

sont aussi squattés par un certain nombre d’excessifs décérébrés, et où le seul véritable

inconvénient est l’anonymat dont quelques-uns profitent pour déraper.

On a toujours à apprendre de tout avis constructif, et en se mettant à la disposition des

spectacteurs / fans / supporters et en leur fournissant ce qu’ils souhaitent (et qui

dépend de l’historique, du contexte, de la région, des résultats….) en terme de

communication et de sentiment d’appartenir à un projet, on gagne leur confiance et leur

adhésion. Et ce sans en exclure les non-initiés ! Il nous est souvent reproché au basket,

de nous être enfermés sur nous-mêmes, et sur notre complexe de supériorité vis-à-vis

de certains sports ou certains autres championnats. Or maintenant la chute est rude

(dans notre perception, pas dans la réalité), mais pour autant je ne pense pas qu’elle soit

impossible à endiguer. Arrêtons de nous enfermer dans des postures, dans des

croyances, qui sont à mille lieux des réalités et des attentes. Arrêtons aussi de chercher à

nous protéger les uns les autres en favorisant le confinement et le corporatisme !

Arrêtons enfin d’emprunter au monde politique des stratégies opportunistes qui n’ont

pas lieu d’être dans un sport de haut niveau, qui se doit d’être un SPECTACLE avant

d’être une économie, par respect pour ceux qui le financent et ceux qui l’aiment !

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Conclusion

Comment conclure sans être trop redondant, vu que je pense avoir ratissé assez large sur le

panorama que je pensais avoir à dresser des inexactitudes et incohérences de la doctrine du

moment. Elle attise les inégalités, elle est exclusive dans le vrai sens du terme, à savoir qu’elle

exclue l’Autre et dans notre cas l’Etranger. Il ne faut pourtant pas avoir la mémoire courte, et se

souvenir que le championnat de France doit tout autant à ses icônes du terroir qu’à celles qui ont

tenté l’aventure de traverser l’Atlantique. Parce-que ne vous y trompez pas, c’est une aventure.

Toutes ces incertitudes, ces inconnues, l’éloignement, pour se trouver au centre d’une polémique

stérile et injuste visant à favoriser les intérêts de quelques-uns ? Ne soyons pas naïfs, ce n’est pas

parce que l’on nous oppose l’intérêt général, qu’il faut éluder l’évidence que certains intérêts

particuliers peuvent être servis par ces réformes ou désirs de réformes.

C’est gonflé de la part d’un agent de parler d’Intérêt Général ? Nous qui sommes dépeints comme

les responsables d’une partie des maux du basket. Certainement en partie, mais pas plus que

d’autres composantes de ce milieu. Je me sais ni plus humaniste ni plus philanthrope qu’un

autre, je me sais, entre autres, comme chacun, soucieux de mon avenir professionnel et de ma

sécurité financière. Pour autant, j’essaye de garder les yeux ouverts, et de voir que nous sommes

des privilégiés d’évoluer professionnellement dans ce milieu. Le laisser dépérir à coups de

tentatives de prises de pouvoir de corporations, quelles qu’elles soient, non merci. J’ai

suffisamment de respect pour mon engagement bénévole initial dans le basket et pour les

dizaines ou centaines de milliers de pratiquants ou amateurs de ce sport magnifique, qui se

lasseront inévitablement de ces luttes d’influence. Le talent, le travail, la réflexion, l’envie de se

dépasser et de progresser, la reconnaissance de ses limites, voilà une partie des valeurs à mettre

en œuvre pour réellement arriver à du mieux.

Cet écrit n’est pas non plus l’expression d’un Dogme anti-français, ni un Traité angéliste voire

évangéliste de la bien-pensance, c’est une volonté d’observer plus de mesure et de pondération,

et éventuellement soyons fous, de tolérance et de respect ! C’est aussi une volonté de tendre

éventuellement vers la seule Politique qui trouve grâce à mes yeux : la Politique du BON SENS. Il

est tellement facile de tomber dans le « c’était mieux avant ». Certes, ça l’était, plus simple, plus

confortable, plus agréable… Mais c’était avant un nouvel ordre mondial, qui, s’il bouscule les

croyances et les acquis, n’en demeure pas moins une chance, puisqu’il a supposé la chute d’un

certain nombre de jougs à travers le Monde. Au moins, même si les inégalités et les injustices

persistent, plus de gens disposent d’un certain libre-arbitre pour décider de quoi leur avenir

sera fait.

Pour recadrer et conclure sur notre basket, en idéaliste forcené, je me plais à croire qu’il est

toujours possible qu’une cohésion soit trouvée, sans exclusion et sans excès individualistes, pour

que notre sport adoré se trouve dans notre pays, si ce n’est en haut de l’affiche, tout au moins

pourvoyeur de spectacle et de bien-être pour ses acteurs et ses observateurs. N’est-ce pas là

l’objectif initial d’un sport, fusse-t-il professionnel ? Bonne réflexion.

Page 61: Etude basket pro et nationalités

Questionnaire réforme Nationalités

Vous trouverez ce questionnaire à remplir en ligne sur Google Docs à l’adresse suivante :

(Copiez-collez le lien dans votre navigateur) ou cliquez ce lien s’il est actif

https://spreadsheets.google.com/viewform?formkey=dFVYSTdTOWNQbWN4MWstdVkyTjJ2N2c6MQ

1. Le sujet des réformes de Nationalité dans le basket est-il un sujet qui vous :

o Intéresse

o Agace

o Inquiète

o Laisse indifférent

2. Jugez-vous les réformes qui ont été votées jusqu’ici :

o Nécessaires

o Ne posant pas de problèmes particuliers

o Inadéquates

o Totalement excessives

3. Quels-sont les bénéfices de cette réforme ?

o Moins de basketteurs français sans emploi

o Moins de joueurs étrangers

o Plus d’identité des effectifs dans le championnat

o Un regain d’attrait du public pour les effectifs

o Favorable à l’équipe de France

o Il n’y en a pas

o Autre :

4. Quels sont les inconvénients de cette réforme ?

o Déséquilibre économique du rapport salaire / performance

o Impunité des joueurs locaux

o Difficultés du recrutement (début ou en cours de saison)

o Répercussions sur les joueurs étrangers, insécurité de leur emploi

o Inégalités entre les joueurs nationaux et étrangers

o Il n’y en a pas

o Autre :

5. Aller plus loin dans cette réforme serait ?

o Indispensable pour le basket français

o Pourquoi pas mais à voir

o Très risqué pour l’économie du basket français

o Totalement irresponsable

Page 62: Etude basket pro et nationalités

6. Quelle serait selon vous la formule idéale en termes de nationalités

o 3 US + 3 communautaires

o 2 US + 2 communautaires

o 3 ou 4 étrangers sans différence de statut

o Que chacun fasse comme bon lui-semble

o Autre :

7. Quelle pourrait-être une réforme efficace pour aider les clubs dans les remaniements

o Qu’un JFL sous contrat pro blessé puisse être remplacé par un bosman

o Que les stagiaires ou premiers contrats pros puissent bouger en cours de

saison sans impacter les quotas minimum de contrats du club quitté

o Qu’on soit de manière générale beaucoup plus souple

o Ne rien changer

8. Que pensez-vous des différents points abordés dans l’étude ?

o Intéressants

o Inintéressants

o C’est la réalité

o Exagérés

o Complètement farfelus

9. Estimez-vous également qu’il y a eu des abus dans les prises de position et débats ?

o Certainement

o Quelques-uns

o Pas du tout

10. Comment jugez-vous le travail du SNB sur cette prise de position pro joueurs locaux ?

o Excellent, c’est leur rôle

o Pas bon, ils n’ont pas à discriminer d’autres basketteurs

o Opportuniste

o Sans opinion

11. Comment jugez-vous le niveau du championnat de France ?

o Un bon rapport niveau / importance et solidité économique

o Un bon niveau tout court

o Pas bon

o Qu’on pense toujours que l’herbe est plus verte ailleurs

12. Que pensez-vous de l’exode des joueurs français ?

o Il devrait y avoir plus de contraintes pour les garder en France

o C’est une économie, tant mieux pour eux s’ils gagnent de l’argent

o Qu’au contraire d’être néfaste à l’Equipe de France, s’ils étaient tous

mobilisés, ou mobilisables, ça la rendrait plus compétitive

Page 63: Etude basket pro et nationalités

13. Quel est pour vous le problème principal du basket en France à ce jour ?

o La compétition avec les autres sports

o Qu’on n’a pas su évoluer

o C’est un monde trop fermé

o Pays ayant peu d’affect pour ce sport à la base

o Manque d’ambition et de dynamisme

o Discours ambiant anxiogène, sinistrose

14. Pour les gens concernés / intéressés par la future Elite NM1, pensez-vous qu’il faille

également restreindre le nombre de joueurs étrangers en supprimant la possibilité de

faire appel à un joueur communautaire ?

o Oui, cette division devrait être réservée aux joueurs français

o Non, les règlements communautaires priment

o Non, il est déjà difficile de composer les effectifs sans ces restrictions

supplémentaires

NOM :

Fonction (ou position) dans le basket :

Remarques supplémentaires à faire sur ces problématiques de nationalité :

Remarques supplémentaires à faire à propos de l’Etude :

Suggestions éventuelles pour améliorer le Basket en France dans son ensemble :