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Semestre : 4 Module : Economie III Elément : Economie du Monde Arabe Enseignant : Mr BAÂZOUZ Numérisation & Conception Mr Mohamed-Fadil ZIADI Introduction Evolution des structures économiques du monde arabe Stratégies de développement industriel du monde arabe De la coopération à l’intégration régionale du monde arabe Eléments du cours Le Portail des Etudiant d’Economie www.e-tahero.net contact@e-tahero.net

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Semestre : 4 Module : Economie III Elément : Economie du Monde Arabe Enseignant : Mr BAÂZOUZ

Numérisation & Conception Mr Mohamed-Fadil ZIADI

� Introduction

� Evolution des structures économiques du monde arabe

� Stratégies de développement industriel du monde arabe

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TABLE DES MATIÈRES TABLE DES MATIÈRES ......................................................................................................2 INTRODUCTION ....................................................................................................................3 Chapitre 1 : ÉVOLUTION DES STRUCTURES ÉCONOMIQUES DU MONDE ARABE 4

I- Évolution des indicateurs socioéconomiques : ...............................................................4 1- Niveau et croissance globale des pays :...................................................................4 2- Investissement et épargne :......................................................................................4 3- Structure du PIB et croissance sectorielle :............................................................5 4- Commerce extérieur des pays arabes : faiblesse des échanges interarabes :......5 5- Investissements directs étrangers et les avoirs en devise des pays arabes :........5 6- Endettement extérieur du monde arabe :...............................................................6

II- Développement humain dans le monde arabe : ..........................................................8 1- Composantes essentielles :.......................................................................................8

a- Personnes : ..............................................................................................................8 b- Santé : .....................................................................................................................8 c- Habitation et logement :..........................................................................................8 d- Enseignement :........................................................................................................8 e- Chômage : ...............................................................................................................9

2- Déficits : .....................................................................................................................9 a- Libertés : .................................................................................................................9 b- Rôle des femmes :...................................................................................................9 c- Savoir :....................................................................................................................9

3- Perspectives :.............................................................................................................9 a- Renforcements des potentialités arabes et du savoir : ..........................................10 b- Potentiel humain : .................................................................................................10 c- Bonne gouvernance : ............................................................................................10

Chapitre 2 : STRATÉGIES DE DÉVELOPPEMENT INDUSTRIEL DU MONDE ARABE 11 I- Politiques industrielles des États non pétroliers : .........................................................12

1- Echec et abandon des expériences de développement national :........................12 II- Économies de rente à la recherche d’un modèle de développement industriel : ......14

1- Économie pétrolière :.............................................................................................14 a- Valorisation des exportations : .............................................................................14 b- Naissance de l’industrie pétrochimique :..............................................................15 c- Intégration verticale dans l’industrie pétrolière mondiale : ..................................15

2- Rente pétrolière et stratégie de développement :.................................................15 a- Modèle de développement Algérien :...................................................................16 b- Limites et perspectives des modèles de développement rentier : .........................17

Chapitre 3 : DE LA COOPÉRATION À L’INTÉGRATION RÉGIONALE DU MONDE ARABE ....................................................................................................................................19

I- Stratégie arabe de coopération :....................................................................................19 1- Coopération dans le cadre de l’Unité Économique Arabe (UEA) et du Marché Commun Arabe (MCA) : ................................................................................................................20

II- Enjeux de l’intégration du monde arabe :.................................................................22

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INTRODUCTION Le monde arabe ne constitue pas actuellement une unité économique pas plus que politique, chacun des États arabes est intégré dans le système capitaliste mondial, comme une unité séparée des autres. Les fondements historiques, les modalités et le degré de cette intégration, particulier à chaque pays, constituent des facteurs objectifs qui s’opposent à l’unité économique du monde arabe. L’une des conséquences de la guerre du golf (1990-1991) a été l’éclatement du monde arabe, ou plutôt le retour du monde arabe à ce qu’il a été auparavant, c'est-à-dire le Maghreb, la Péninsule arabique, la Vallée du Nil et le Proche Orient. On a assisté un enfermement total de chaque région du monde arabe sur elle-même. Il est difficile dans ces conditions de parler d’économie arabe proprement dite, néanmoins pour une raison politique, on adoptera le terme « économie arabe » en faveur de l’unité arabe dans une perspective de nécessité historique. Il est évident que les pays arabes ne sont pas homogènes, de part leur système politique, leur portion (choix) et leur orientation en stratégie de développement, leur structure socioéconomique, leur composant et leur revenu national brut (RNB), leur poids démographique. De plus, le monde arabe qui abrite de plus importantes réserves de pétrole au monde, et qui est la principale source d’approvisionnement en pétrole des pays développés (62,1% des ressources mondiales) fait l’objet de convoitises d’action et des stratégies visant à déstabiliser les États arabes et à saper toute avancée sérieuse en matière d’unification et de renforcement de ces rangs, aussi bien au Maghreb qu’au Machrek. À l’intérieur de la diversité arabe, on peut distinguer quatre groupes de pays : - Les pays pétroliers, au sein où faute de population ou d’autres ressources importantes, le pétrole constitue l’essentiel de leur activité et façonne leur vie économique sous presque tous ces aspects : la Libye, Arabie Saoudite, Katar, Bahrayn, Oman. - Les pays semi pétroliers, dont la richesse en pétrole agit sur une société plus complexe pour en accélérer éventuellement le développement : l’Algérie et l’Irak. - Les pays non pétroliers semi industrialisés : Maroc, Tunisie, Egypte, Liban et Série. - Les pays moins avancés et les moins industrialisés : Mauritanie, Soudan, Somalie, Djibouti, Palestine, Jordanie, Iles Comores. Le monde arabe présente la particularité de reconnaître en son sein deux formes différentes de la nation : - Les nations constituées dans le cadre des États issus du dénombrement de l’empire ottoman au décoloniser dans les années 1950 et 1960, et la nation arabe concept forgé dans les années 1880 dont l’expansion correspond à l’espace construit par la conquête des premiers siècles. La ligue arabe est issue de cette double conception. On est en présence d’un cas rare, si non unique, où la nation est de portée plus vaste que les régions successibles d’être formées du regroupement étatique géographiquement limité. La ligue arabe l’exprime en ses termes : « Membre de 21 pays différents, les arabes se considèrent comme faisant partie d’une nation. Le monde arabe occupe une place particulière dans l’ensemble du tiers monde, et constitue la région la plus intégrée dans le système mondial contemporain. Il y a certainement, à ce fait, des origines historiques lointaines. Le monde arabe a toujours vécu en liaison avec l’Europe. Le présent cours est surtout concerné par l’application de l’analyse économique aux faits et données qui caractérisent la structure et l’évolution des économies des pays arabes. Ces faits et données ressemblés autour des thèmes communs, si non à la totalité du monde arabe, du moins à plusieurs pays qui en font partie. L’examen de ces thèmes devrait permettre de mieux comprendre les défis qui s’opposent aux économies arabes depuis les années 80 en passant par la guerre du golf d’une part et d’anticiper le choix et les dilemmes auxquelles ils seront confrontés dans l’avenir.

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Chapitre 1 : ÉVOLUTION DES STRUCTURES ÉCONOMIQUES DU MONDE ARABE

I- Évolution des indicateurs socioéconomiques :

L’examen de l’évolution des structures économiques des pays arabes portera sur la formation du produit intérieur brut et sa croissance globale et sectorielle sur l’investissement intérieur brut, sur le commerce extérieur, sur les investissements directs étrangers (IDE) et les avoirs en devises et sur l’endettement extérieur.

1- Niveau et croissance globale des pays : Le monde arabe dispose en 2000 d’un PIB total de 603 milliards de dollars et d’un PIB par habitant de 4793 dollars qui est largement au dessus de la moyenne enregistrée au niveau des pays en voie de développement qui est de 3783 dollars et celui des pays de l’Asie de l’Est et Pacifique, le double de celui des pays de l’Asie du Sud et près de trois fois celui de l’Afrique Subsaharienne. Le taux de croissance du PIB se situe entre 2% (1980-1990) et 3% (1990-2000), demeure modeste et ne parvient pas à surpasser largement le taux annuel de croissance démographique qui s’élève à 2,7% durant la période 1975-2000. Le PIB par habitant des pays arabes en 2000 est supérieur à celui des pays de l’Asie de l’Est et Pacifique. Ce paradoxe semble lié au voix démographique de ces pays qui fait près de 7,6 fois celui des pays arabes, même si leur PIB total équivaut à 3,8 fois celui des pays arabes. Près de 75% du PIB total du monde arabe en 2000 est produit et généré dans six pays : l’Arabie Saoudite (173,3 milliards de dollars), l’Égypte (98,7 milliards de dollars), les Émirat Arabe Unis (46,5 milliards de dollars), l’Algérie (53,3 milliards de dollars), le Koweït (37,8 milliards de dollars) et le Maroc (33,33 milliards de dollars). Globalement, les structures sectorielles du PIB en 1998 dans le monde arabe sont données par l’industrie (39,9%) et par les services (48,4%) et par la faible participation de l’agriculture qui est de l’ordre de 11,7%.

2- Investissement et épargne : L’investissement intérieur brut des pays arabes qui s’élève à 22,6% du PIB en 1998 tendre une moyenne de 25% pour l’ensemble des pays en voie de développement reste globalement inférieur à celui enregistré dans les pays d’Asie de l’Est (33,5%) et dans les pays d’Asie du Sud de Pacifique (24,2%). Dans la plupart des pays arabes, l’investissement intérieur brut est compris entre 20 et 30% du PIB en 1998. À l’exception du Kuwait (14,3%) que de Bahrayn (6%) et de Djibouti (9,5%). Quand à l’épargne intérieure brute, elle est en 1998 négative à Djibouti (-6,2%) et au Liban (-12,8%) et extrêmement faible en Jordanie (3,8%). Elle est généralement inférieure au taux d’investissement dans la majorité des pays arabes, à l’exception des pays pétroliers où il y a égalisation équivalente entre les deux et plus souvent une épargne largement supérieure à l’investissement. Ces moyens en formation du PIB dans les pays arabes cachent des différences importantes entre les pays et pour un même pays en fonction de l’évolution de la conjoncture nationale, des facteurs extérieurs (taux de change, coûts de pétrole) et des niveaux et de la qualité des investissements. Ainsi que la nature et rythme de la croissance économique.

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3- Structure du PIB et croissance sectorielle : La contribution du secteur agricole est très inégale et va de 0,4% du Produit Intérieur Brut au Koweït à un peut plus de 12% en Algérie, à plus de 17% au Maroc, il atteint 25% au Mauritanie et plafonne 40% au Soudan. La contribution du secteur industriel à la formation du PIB dans les pays avancés en 1998 est inégal et se situe à 18,2% au Soudan, à 26% au Jordanie, à un peu plus de 32% au Maroc et en Egypte et à 40% et plus dans les pays pétroliers. Quand à la participation du secteur des services, à l’exception de Yémen où elle se situe à 33,6%, elle dépasse 40% en Algérie et même 50% en Egypte et au Maroc, et dépasse 60% au Liban et 70% en Jordanie et à Djibouti. Entre 1990 et 1999, la structure du PIB dans le monde arabe montre pratiquement une baisse quasi générale de la contribution du secteur agricole, le maintient ou l’augmentation de la part de l’industrie et l’augmentation de la contribution des services.

4- Commerce extérieur des pays arabes : faiblesse des échanges interarabes : Au niveau du commerce extérieur des pays arabes pris globalement la part des échanges des biens et services a baissé de 10 points pour les importations entre 1990 et 2000 passant respectivement de 39% à 29% du PIB. Alors que celles des exportations est restée inchangé (40%). Durant la même période (1990-2000), les échanges extérieurs des autres régions ont augmentées par rapport au PIB aussi bien au niveau des importations que des exportations. Abstraction faite des services, la part du commerce des biens (importations + exportations) avait augmenté par rapport au PIB pour la région du Moyen Orient et Afrique du Nord « MENA » passant ainsi de 45,4% à 51,6% entre 1990 et 2000. Entre 1990 et 1998, la balance commerciale des biens et services pour les pays de région « MENA » a connu globalement une détérioration puisqu’ils ont importé en 1998 (154,97 milliards de dollars) et ils ont exporté (131,86 milliards de dollars). Cette situation globale du commerce extérieur des biens et services des pays arabes cache des disparités et des déséquilibres autrement plus significatifs quand ils sont appréhendés au niveau de chaque pays pris séparément. En effet, en terme de valeurs des exportations des biens et services dans le monde arabe, l’Arabie Saoudite vient en première position en 1998 avec 43,93 milliards de dollars, suivie par l’Egypte (13,5 milliards de dollars), l’Algérie (10,1 milliards de dollars), le Maroc (9,9 milliards de dollars) et la Tunisie (8,4 milliards de dollars). Au niveau des importations des biens et services en valeur, en 1998 la première place revient comme pour les exportations à l’Arabie Saoudite avec 44,4 milliards de dollars suivie par l’Egypte (22,8 milliards de dollars), le Maroc (11,4 milliards de dollars) et la Tunisie (9,13 milliards de dollars). Il convient de signaler que le commerce interarabe ne dépasse guère 7 à 10% de commerce extérieur des pays arabes. Il est insignifiant malgré les tentatives bilatérales timides visant la création de zones de libre échange en particulier depuis la création de l’OMC à Marrakech en 1994. À titre d’exemple, le commerce extérieur des pays de Moyen Orient en 2001 s’élève à 237 milliards de dollars soit 4% du commerce mondial, ne réalise que 18 milliards de dollars soit à peine 7,6% au titres internationaux.

5- Investissements directs étrangers et les avoirs en devise des pays arabes : Au niveau du tri des pays arabes en matière des investissements directs à l’étranger, la vedette revient à l’Arabie Saoudite qui bénéficiait en 1998 d’un flux net de 2,4 milliards de dollars suivie par l’Egypte avec 1,076 milliards de dollars, le Tunisie avec 650 millions de dollars, le Maroc

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avec 250 millions de dollars et enfin la Syrie, les Emirats Arabes Unis et le Yémen avec chacun 100 millions de dollars. Les entrées des investissements directs étrangers en pourcentage du PIB semblent avoir baissées dans le monde arabe passant de 0,9 à 0,3 entre 1990 et 2000. Contre 0,7 et 3,9% pour l’Amérique Latine et le Karine, 1,7 à 2% pour l’Asie de l’Est et Pacifique et de 0,9 à 2,5% pour l’ensemble des pays en voie de développement au cours de la même période. Cette contre performance du monde arabe au niveau des investissements directs étrangers s’explique sans doute par l’état de l’environnement général de l’investissement, les possibilités et les contraintes de chaque pays, la stabilité politique relative ou parfois inexistante dans certains pays, la nature autoritaire et autocrate de certains régimes politiques, les appareils administratifs et politico-militaires et policiers corrompus. Cette situation se trouve aggravée dans la plupart des pays arabes par le désinvestissement pratiqué par la plupart des dirigeants et des chefs d’État, notamment dans les monarchies du golf et transfert une partie importante de leurs avoirs provenant des exportations pétrolières vers les pays développés, soit pour les placer dans les paradis fiscaux, soit pour investir directement ou sous forme de résidences somptueuses où la consommation de produits ou de biens luxes. Les avoirs extérieurs en devises étrangères s’élèvent en 1998 à peu près de 17 milliards de dollars, pour l’Arabie Saoudite à 5,7 milliards de dollars, pour le Maroc à 4,83 milliards de dollars, pour le Koweït et la Tunisie à 2,3 milliards de dollars. Il est paradoxal de constater que les richesses et les ressources du monde arabe ne profite pas intégralement au peuple arabe. Face à des États pétroliers riches, la plupart des pays non pétroliers connaissent un endettement externe sans précédant dans leurs histoires, les condamnent à faire des concessions, à opérer des réformes douloureuses et à procéder à des restrictions, à la privatisation du patrimoine public, à poursuivre des politiques d’autorité et des programmes d’ajustement structurel dont les répercutions sociales négatives sont supportées par les couches pauvres et moyens de la société. Et c’est sans doute là l’un des paradoxes du monde arabe où les retards et les déficits notamment en matière du développement social, la pauvreté qui affecte de larges couches de la population contraste avec des richesses des États et l’opulence des couches riches et aisées de la population.

6- Endettement extérieur du monde arabe : L’endettement extérieur de la plupart des pays arabes semble obéi à une récurrence historique, et à constituer l’une des raisons pour l’immixtion des puissances étrangères dès le 19ème siècle dans les affaires intérieur de ces pays, comme avance à leur mise sous tutelle, sous protectorat et finalement sous régime colonial pur et dur. Dès la fin du 19ème siècle, le début du 20ème siècle l’endettement extérieur des pays arabes (pays du Moyen Orient et Afrique du Nord) s’est globalement aggravé notamment durant les années 1980 et 1990 passant exclusivement de 183,97 milliards de dollars en 1990 et 216,76 milliards de dollars en 1999. Mais il est symptomatique de constater qu’une analyse synchronique du phénomène de l’endettement extérieur des pays arabes révèle un double mouvement divergeant des endettements de certains pays arabes lourdement enduits d’un coté et surendettement de certains pays qu’ils n’étaient pas endettés de l’autre. Le premier montre que les pays non pétroliers étaient lourdement endettés (exemple : le Maroc et l’Egypte) ont été contraints à réduire leur dette extérieur et à la remboursée et à s’endetter moins durant les années 1990. En effet, le Maroc a réduit sa dette extérieure totale pour la ramener à 19,06 milliards de dollars en 1999, alors qu’elle avait grimpé de 15,77 milliards de dollars à 24,45 milliards de dollars entre 1985 et 1990. En proportion du produit national brut, la dette extérieure totale a été ramenée de l’équivalent de 139,2% à 60,3% du PNB entre 1985 et 1998. Il faut signaler que le Maroc est sorti du cycle de rééchelonnement dès le début des années 90, en payant régulièrement ses créances échues, et à même adhéré aux dispositions de l’article 8

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des statuts du fond monétaire international relatives à la convertibilité du dirham pour les opérations courantes. Quand à la dette extérieure de l’Egypte, qui demeure élevée, elle a été réduite progressivement passant de 36,10 milliards de dollars à 32,94 milliards de dollars entre 1985 et 1990, et à 30,40 milliards de dollars en 1999. Le deuxième mouvement qui est l’inverse du premier montre que certains pays arabes n’étaient pas lourdement endettés dans leur majorité ont eu tendance à s’endetter d’avantage, c’est le cas notamment de l’Algérie, la Syrie, le Soudan, la Tunisie, la Jordanie, le Liban, la Mauritanie et le Yémen. En effet, entre 1985 et 1999, la dette extérieure de l’Algérie a augmenté passant de 18,26 milliards de dollars à 28,01 milliards de dollars, soit respectivement 32,4% et 67,5% du produit national brut. L’Algérie qui connaît des problèmes politiques internes au début des années 90, s’est engagé dans un vaste processus de restructuration, de redressement et d’ajustement avec l’appui des institutions internationales (FMI, BIRD, Club de Paris et Club de Londres). Le Soudan a vu sa dette extérieure doublée entre 1985 à 1999 en passant respectivement de 8,95 milliards de dollars à 16,13 milliards de dollars. Outre les problèmes politiques internes (changement de régime, démocratisation lente, lutte des clans entre dirigeants politiques), le Soudan vis depuis plusieurs années une guerre entre le nord et le sud qui n’est pas sans conséquences graves sur le budget d’État considéré aux dépenses militaires, eu déterminant de l’amélioration des conditions de vie de larges couches de la population. En guise de conclusion, les pays arabes disposent de potentialités naturelles et humaines importantes et de ressources financières énormes pour faire face aux exigences d’un développement économique et social global intégré et centré sur les besoins fondamentaux de leurs citoyens. Néanmoins, l’examen des structures économiques a révélé la faible intégration nationale et régionale des économies arabes et de leur dépendance forte et multiforme du marché extérieur, en plus de faiblesse notoire des échanges extérieures et les investissements interarabes en matière d’investissement direct étranger. Et paradoxalement, les flux d’investissement direct d’origine arabe s’orientent plutôt vers les pays développés. Plusieurs pays arabes sont en effet lourdement endettés et ne peuvent compter ni sur leurs oligarchies financières ni sur les pétrodollars des richissimes ultra riche des pays de golf qui préfèrent placer leurs capitaux dans les pays développés. Ces paradoxes des stratégies de développement économique dans le monde arabe montrent les défaillances et les décalages structurelles entre taux d’investissement et taux d’épargne, entre les choix sectoriels et intersectoriels de croissance et les objectifs de développement au niveau du secteur agricole, le secteur industriel et le secteur des services, entre les équilibres internes et les équilibres externes, entre l’élargissement des marchés nationaux et internationaux et l’intégration dans le marché mondial, entre taux de croissance économique et taux de croissance démographique, et entre capacité de production et capacité de consommation et système de redistribution et de répartition des richesse nationales. La nature désintégrée des structures économiques de la plupart des pays arabes, la forte dépendance d’exportation (mono produit), l’étroitesse du marché extérieur et l’expatriation de richesse à l’extérieur, constituent des facteurs de blocage structurel au développement économique des pays arabes. La faiblesse des échanges commerciaux et des flux d’investissement interarabe représente des facteurs d’inhibition des dynamiques d’un développement économique et social communautaire à l’échelle du monde arabe, les stratégies du développement des pays arabes gagneraient en dynamisme et en efficacité et en impact social si elles s’orientent vers la levée progressive des handicaps, des défaillances au niveau national et à l’échelle du monde arabe pris comme un groupement régional d’ensemble, l’intégration des groupements sous régionaux doit se traduire par la constitution d’un groupement unique arabe (Union du Monde Arabe), il serait l’espace économique politique et géostratégique optimal pour le développement dans le future.

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II- Développement humain dans le monde arabe :

Les projets relatifs à l’indicateur du développement humain (IDH) au cours de la dernière décennie y ont été inférieurs à la moyenne mondiale. En fait, la région arabe s’est enrichie, ne s’est pas développée. Dans la même proportion, les arabes sont confrontés à une pauvreté en terme de potentialité et d’opportunité qui résulte de trois déficits : carence de connaissance, absence de liberté de choix et défaut de promotions de femmes.

1- Composantes essentielles :

a- Personnes : La population arabe avoisine les 280 millions en 2000, soit 5% de la population mondiale. Les arabes sont plus jeunes que la moyenne mondiale : 38% appartient au groupe d’âge 0-14 ans. Les mouvements migratoires, à l’intérieur de et vers la région arabe sont une caractéristique démographique notable, tout comme le phénomène d’urbanisation : la moitié de la population vit dans les villes contre 25% en 1950. En 2015, si les tendances actuelles se poursuivent, la quasi-totalité des pays arabes aurait des taux d’urbanisation compris entre 50 et 97%. Le taux de croissance démographique reste élevé : la population arabe pourrait atteindre entre 410 et 459 millions d’ici 2020.

b- Santé : La longévité est supérieure à l’espérance de vie moyenne mondiale qui est de 67ans. Restent plusieurs ambres au tableau et d’importantes disparités entre zone urbaine et zone rurale notamment par rapport à la santé des femmes. Les dépenses publiques de santé en pourcentage du Produit Intérieur Brut dan,s la plupart des pays avoisinent les 4% contre une moyenne de 5,7% dans les pays à revenu moyen.

c- Habitation et logement : 15 des 21 pays arabes sont en dessous de la ligne de pauvreté en matière d’accès à l’eau potable suite à la pollution des sols, les zones littorales sont dégradées tandis que les surfaces des terres agricoles cultivées, par tête d’habitant, ont diminué de 0,4 hectare du moyenne en 1970 à 0,24 hectare en 1998.

d- Enseignement : On constate des progrès concrets en matière d’éducation, le taux d’analphabétisme des adultes a régressé de 60% en 1980 à 40% environ au milieu des années 90. Néanmoins, il y a encore 65 millions d’adultes illettrés dont les deux tiers sont des femmes. La réduction des dépenses publiques dans le contexte des ajustements structurelles conjuguées à l’inflation, à l’extension de la propreté et à l’introduction des frais de scolarisation a toute fois eu des effets négatifs. Principale victime est la qualité de l’enseignement qui s’est détériorée.

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e- Chômage : Si les pays arabes ont le niveau de pauvreté (en terme de revenu) le plus bas parmi les pays en développement, avec les faibles disparités du revenu, on note toutefois que un arabe sur 5 vis avec moins de deux dollars par jour. Le nombre de chômeurs était estimé à 12 millions en 1995, ce qui équivaut à un taux de chômage de 15%, les sans emploi risquent d’être 25 millions en 2010.

2- Déficits : Une analyse de l’indicateur de développement humain (IDH) révèle de sérieuses disparités entre les pays arabes. Ainsi, dans le classement en termes de l’indicateur de développement humain, le Koweït suit de près le Canada qui vient en tête. En revanche, Djibouti est proche de la Sierra Leone, tout en bas de l’échelle. Concernant le monde arabe, trois marques critiques sont mis en avant : liberté, promotion des capacités des femmes, potentialités humaines et connaissances.

a- Libertés : Les pays arabes enregistrent en termes de degré de liberté le plus faible score à la fin des années 1990. Cette mauvaise cote est confirmée par un autre indice composite : « participation et responsabilité ». Celui-ci comprend un ensemble d’indicateurs du processus politique, des libertés civiles, des droits politiques et l’indépendance des médias. Ici encore, la région arabe enregistre le niveau le plus bas.

b- Rôle des femmes : Les femmes arabes n’occupent que 3,5% des sièges aux parlements, contre 11% en Afrique subsaharienne. Dans plusieurs pays de la région, les femmes ne sont pas des citoyennes, à part entière, dans certains cas, elles n’ont pas le droit de vote, ni celui d’occuper des fonctions de direction. Or, l’ensemble de la société souffre lorsque la moitié du potentiel productif est gelée.

c- Savoir : Outre l’analphabétisme répandu et les déficiences du système d’enseignement, il faut soulever les faibles niveaux de recherche et de développement scientifique, de même que l’accès insuffisant aux technologies de la communication et de l’information. La part des dépenses scientifiques était à 0,5% du Produit Intérieur Brut en 1996, à comparer avec les 1,26% à Cuba et les 2,9% au Japon en 1995. Sur le plan, l’écart entre pays arabes et monde développé s’est creusé. En cause : la nature de l’industrie arabe des technologies de la communication et de l’information, extrêmement propice aux monopoles et aux fusions, les coûts de l’infrastructure, la fuite des cerveaux arabes.

3- Perspectives : Les ressources pour le développement existent dans le monde arabe. Encore faut-il les utiliser à meilleur escient. Trois domaines sont à considérer :

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a- Renforcements des potentialités arabes et du sav oir : Les gouvernements doivent faire de gros efforts concernant l’enseignement, en assurant un taux de scolarisation égal 100% dans l’enseignement de base. Les investissements en recherche et développement scientifique devraient être accrus et passer de 0,5% à 2% enfin de décennie.

b- Potentiel humain : Les États devraient se libérer des activités de production, tout en renforçant leurs rôles régulateurs pour assurer l’ouverture. Objectif : encourager la compétitivité régionale mais aussi et surtout globale. La réponse la plus pertinente à la globalisation consiste dans l’ouverture et l’adhésion constructive qui permettait aux pays de contribuer à la mondialisation et d’en profiter. Dans ce le but de l’intégration interarabe est à l’ordre du jour, pour survivre et être compétitif, y compris à travers la création d’Union douanière, ou d’un marché commun.

c- Bonne gouvernance : Le rapport du PNUD en 2002 réclame la refonte des institutions étatiques et une participation de la société civile. Conditions préalables : des élections démocratiques, libres, intègres, efficientes et régulière. La réforme de l’administration publique est aussi à l’ordre du jour. Il faut par ailleurs stimuler l’investissement privé et la croissance enfin d’endiguer les monopoles et mettre fin au favoritisme. Autre grand chantier : la réforme juridique qui doit figurer au cœur des réformes institutionnelles. L’État de droit est le fondement de toutes les institutions de la société et du gouvernement, y compris la représentation politique équitable et intègre, et une administration publique à l’écoute des citoyens. En conclusion , le rapport constate que le monde arabe est à un carrefour de son histoire. Le choix fondamental consiste à savoir si son parcours restera dominé par le torpeur, comme le laisse croire le contexte institutionnel actuel, et par des politiques inefficaces, ou bien si les perspectives d’une renaissance arabe, ancrées dans le développement humain, seront activement recherchées.

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Chapitre 2 : STRATÉGIES DE DÉVELOPPEMENT INDUSTRIEL DU MONDE ARABE

De la fin de la deuxième guerre mondiale aux années 60 et 70 les pays arabes soumis aux différents régimes d’administration coloniale obtinrent leur indépendance politique : Algérie (1962), Bahreïn (1971), Djibouti (1977), Liban (1951), Maroc (1960) … D’autres mirent de facto fin à des alliances de type colonial en renversant des monarchies inféodées aux intérêts européens (Egypte 1952, Irak 1958). À tous ces pays se posèrent immédiatement des choix économiques fondamentaux liés à la contribution possible de l’industrialisation au développement socio-économique. - Quelle importance relative accorder à l’agriculture et à l’industrie ? - À la substitution aux importations et à la promotion des exportations ? - Aux industries légères et aux industries lourdes ? - À la production des biens industriels (dont l’équipement) et à celle de biens de consommation ? - Et pour un sous-ensemble d’entre eux : que faire « avec » et « après » le pétrole ? Les occasions de parler du caractère inévitable du développement économique du monde arabe ne manquent pas. Avec des revenus pétroliers plus importants et plus de la moitié des réserves pétrolières du monde sous leurs pieds, on ne peut s’empêcher de penser communément que les États Arabes se trouvent sur la voie d’un développement absolument spectaculaire, défiant toutes les théories et tous les modèles existants. Bien que fréquent, ce point de vue est cependant rarement fondé sur une analyse profonde et un raisonnement scientifique rigoureux, mais plutôt sur l’idée intuitive qu’un apport massif de capitaux est suffisant pour entraîner un développement économique véritable. Aucun pays ou groupe de pays ne peut se permettre de considérer une question aussi vitale avec légèreté. Si le fait de disposer de capitaux favorise sans aucun doute le processus de développement, un afflux monétaire massif pourrait en même temps compliquer et embrouiller la situation. La théorie universelle du développement économique n’existe pas encore. Nous pouvons reconnaître promptement les pays qui ont réalisé leur développement, mais nous ne connaissons pas la méthode « infaillible » qu’ils ont utilisé. L’histoire n’offre pas aux arabes un enseignement susceptible de leur montrer la voie à suivre. Le cas des ara es est plutôt unique. En effet, comment utiliser des richesses provenant d’une ressource naturelle épuisable pour aboutir à un développement soutenu ? Les aléas du développement sont nombreux pour se permettre de l’entreprendre. Le gaspillage et la bureaucratie peuvent sous différentes formes entraver le développement. De même un nationalisme d’État étroit, peut également détourner l’effort pour le développement. L’assimilation généralement est abusivement établie entre développement et industrialisation, cette dernière étant obtenue par le biais d’un transfert massif de surplus sous forme de capital productif, est probablement l’hypothèse cruciale des stratégies de développement et l’origine de nombreux échecs. L’évolution des analyses du sous-développement a conduit à privilégier l’analyse de la dépendance et de la domination dans le processus de sous-développement. Les conclusions tirées de cette analyse pour l’étude de la sortie du sous-développement sont orientées vers l’analyse des ruptures avec le système dominant et la constitution des modèles autocentrés, privilégiant la création d’industries de base à vertu « industrialisante » susceptibles d’entraîner la modernisation de l’ensemble de l’économie. L’industrialisation dès lors ne peut être considérée que comme l’un des instruments du développement. C’est dans cette optique qu’il faudra aussi nécessairement se situer pour caractériser les différentes stratégies d’industrialisation développement.

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La « Nation Arabe » ensemble de plus de 280 millions d’habitants, « dispose de conditions matérielles, techniques et humaines permettant la mise en œuvre d’une politique authentique d’industrialisation véritable ». La division de la région a pour corollaire une répartition extrêmement inégale de la rente pétrolifère. Cette inégale répartition est le facteur explicatif des orientations et des évolutions des politiques économiques et industrielles pour les pays pétroliers, mais aussi pour les pays dépourvus de ressources pétrolières.

I- Politiques industrielles des États non pétrolier s :

1- Echec et abandon des expériences de développement national : Après la deuxième guerre mondiale et à la suite de processus de décolonisation, des expériences de développement national sont initiés dans certains pays du tiers-monde. Elles accordent en général une importance centrale à l’industrialisation supposée être le moyen d’un développement économique autonome. Dans la région, et, malgré son échec, la tentative d’industrialisation poursuivie en Egypte au cours de la période Nassérienne est exemplaire. Le caractère exemplaire de l’Egypte est triple : - L’effort d’industrialisation pour la mise en place d’une économie indépendante est intense et plus continu ; - Les autres expériences en Syrie et en Irak n’ont jamais un caractère aussi systématique, l’Egypte ne dispose pas de surplus important pour l’accumulation industrielle ; - Enfin, l’Egypte est le pays de la région où certains « préalables » au développement sont remplis. Le 23 juillet 1952, un groupe de jeunes cadres de l’armée égyptienne (les officiers libres) saisit le pouvoir au Caire et oblige le roi Farouk à prendre le chemin de l’exil. Le 16 janvier 1953, l4egypte devient une république. Les nouveaux dirigeants héritent d’une économie dominée par le secteur privé. Le secteur privé englobe non seulement les activités productives de biens agricoles et industriels mais aussi le commerce intérieur et extérieur, la banque, l’assurance … Bien qu’entre les mains du secteur privé, l’industrie est surtout, depuis les années 30, une industrie de substitution à l’importation, favorisée par une protection tarifaire plus élevée. De 1957 à 1960, on assiste à une intervention directe croissante de l’État principalement dans l’activité économique non agricole. C’est l’année 1960 qui marque le début de la nationalisation proprement dite de l’économie égyptienne, avec la reprise par l’État de deux banques privées : la Banque nationale et surtout la Bank Misr qui, l’intermédiaire de ses 29 sociétés affiliées, contrôlait environ 20% de la production industrielle. Le secteur privé ne sera toutefois pas entièrement aboli, mais de 1960 à 1973 sa part dans l’investissement total de la nation ne dépassera en général pas 10%. L’investissement public est fondamental de la politique industrielle de l’État. Or, on constate l’intervention de considérations de prestige ou de politique « politicienne » dans le choix des investissements. Plus généralement, l’affectation de l’investissement ne repose sur aucune analyse de l’importance particulière de certaines branches dans le développement industriel ni sur une analyse des relations interindustrielles et intersectorielles. Ainsi les industries des biens d’équipements et très largement négligés, les industries destinées à satisfaire les besoins du développement de l’agriculture ne sont que partiellement mises en places, certaines liaisons amont sont « oubliées ». En définitive, toutes les critiques portant sure l’efficacité de la politique d’investissements publics renvoient aux limites de la planification. Ainsi « le plan est seulement l’addition au jour le

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jour des desiderata des uns et des autres, sans aucune cohérence, sans qu’une stratégie de développement ait été préalablement définie par les instances politiques supérieures ». Les performances économiques du secteur public industriel sont unanimement considérées comme médiocres. C’est ce qui se manifeste dans les « deux maladies chroniques » de l’industrie : le sous utilisation des capacités de production et le gonflement des emplois non productifs dans les entreprises. À partir de 1973 et sous l’égide du Président Anwar Sadate, de profondes modifications seront apportées au fonctionnement de l’économie égyptienne. Cette politique de changement est connue sous le nom d’Infitah « ouverture ». Le président Sadat affirme, entre autre, que pour se moderniser l’Egypte aura un besoin accru de capitaux étrangers et de technologies nouvelles, tout en soulignant le rôle important qu’a joué le secteur public dans le développement socio-économique des années 60, il regrette que l’expansion de ce secteur n’ait pu éviter une « bureaucratisation » excessive et coûteuse. La mise en place de la politique d’Infitah est associée à 5 grandes catégories de mesure : - L’encouragement des investissements privés étrangers : - La « privatisation » du commerce extérieur ; - L’assouplissement du contrôle des devises ; - L’abandon des accords bilatéraux de commerce ; - Et la restructuration du secteur public. Comme n’importe quelle politique économique, celle de l’Infitah a eu ses partisans et ses adversaires. L’Infitah a marqué un point d’arrêt à l’expansion de l’activité économique de l’État et ré ouvert l’Egypte au capital étranger. Or, pour certains le secteur public a une « supériorité » quasi morale sur le secteur privé. Le premier serait conduit par le souci d’assurer le plus grand bien être à la collectivité et sa distribution la plus équitable alors que le second ne serait mu que par la poursuite du profit maximum individuel, les deux objectifs étant inconciliables. Ainsi pour O. CARRE « le régime de Sadate n’est pas une alternative au régime Nasser, c’est le régime Nassérien orienté vers la droite comme il était dans les années 50 ». Les répercussions de la politique d’ouverture sur le secteur industriel sont largement négatives ou très inférieures aux objectifs. Certes, on constate la reprise de la croissance industrielle, elle s’explique par la libéralisation des prix qui permet un meilleur approvisionnement des usines en matières premières, produits intermédiaires et biens d’équipement. Mais l’afflux des produits importés sur le marché provoque une concurrence brutale et inégale sur les produits industriels locaux. L’afflux des investissements étrangers se sont concentrés dans les banques, les sociétés d’investissement, l’habitat, le tourisme … une faible part d’investissement est allée vers l’industrie. De façon générale, l’afflux des investissements étrangers en Egypte s’est trouvé limité ou freiné par trois types de raisons : - La crainte d’une nouvelle guerre israélo-arabe ; - Les troubles sociaux en Egypte ; - La lenteur et la corruption bureaucratique. Paradoxalement, la signature d’un traité de paix avec Israél (mars 1979) peut sembler remettre en cause toute politique d’ouverture. En fait, la paix conclue avec Israél était une paix séparée, ou considérée comme telle par l’ensemble des autres pays arabes. L’Egypte subi un boycott économique et politique de la part de ces pays. Désormais, les insuffisances et blocages de la politique d’ouverture sont antérieurs au boycott. Que ce soit dû à l’absence d’une volonté industrialiste véritable ou aux limites des ressources politiques et sociales du régime pour imposer l’application cohérente d’une stratégie industrielle extravertie, les conditions d’application de la politique d’ouverture n’était pas susceptibles de donner à l’industrie Egyptienne un rôle particulier dans les échanges économiques internationaux. Ainsi, à défaut d’initier un développement de l’Egypte sur un modèle Sud-

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coréen, l’ouverture accentue le caractère improductif d’une économie dont le fonctionnement repose de façon croissante sur l’afflux de ressources externes. En définitive, le « capitalisme sauvage » de la période de Sadate s’est révélé aussi incapable de résoudre les problèmes du développement de l’industrie Egyptienne que le fut le « socialisme » bureaucratique et asphyxiant de l’ère de Nasser. En somme, le bilan des expériences menées depuis les années 50 en Egypte n’est guère positif. Quelques rares tentatives de développement autonomes, fondées sur le secteur industriel, se sont soldées par des échecs. Ces voies sont aujourd’hui délaissées au profit de politiques économiques alternatives où le rôle de l’industrie n’est pas central. De même, la classe moyenne égyptienne tournait autour des 6 à 10% de la population. Elle reste restreinte et fragmentée par sa différenciation entre un secteur urbain et rural. Le changement le plus significatif fut l’émergence d’une nouvelle classe moyenne d’employés d’État, plutôt que le développement de la classe de petits capitalistes mue par l’esprit d’entreprendre, à l’instar de la bourgeoisie occidentale lors de la révolution industrielle au 19ème siècle.

II- Économies de rente à la recherche d’un modèle d e développement industriel :

Les hydrocarbures sont devenus une donnée essentielle du monde arabe. C’est une donnée récente, les découvertes importantes remontent à l’entre deux guerres ainsi qu’un début d’exploitation mais la mise en valeur sur une grande échelle s’amorce au lendemain de la deuxième guerre mondiale. C’est une donnée fondamentale qui dépasse le simple champ économique. La question pétrolière présente une dimension stratégique et géopolitique en raison de la place occupée par le pétrole arabe dans le commerce international. Par ailleurs, l’émergence de l’économie pétrolière au cours des quatre dernières décennies a profondément modifié les sociétés arabes. La production arabe est très inégalement répartie : les pays producteurs qui ont pu bénéficier de la rente pétrolière ces dernières années s’opposent aux pays dépourvus de cette richesse. L’Afrique du Nord est une province pétrolière qui est parvenue tardivement sur le marché, à partir de 1956. Les hydrocarbures (pétrole et gaz naturel) se rencontrent dans les structures sédimentaires du Sahara. La production (174 millions de tonnes en 1994) se partage entre deux producteurs notables l’Algérie et la Libye et deux autres de moindre importance : L’Egypte et la Tunisie. En 1994 : 776 millions de tonnes de pétrole ont été extraits dans les pays arabes du Moyen Orient. (Si on englobe l’Iran,j la production du Moyen Orient s’élève à 954 millions de tonnes).

1- Économie pétrolière :

a- Valorisation des exportations : Elle est pour les pays producteurs la première étape de l’industrialisation. Ils cherchent à exporter des produits pétroliers transformés ayant une plus grande valeur ajoutée que le produit brut. Tous les pays producteurs se sont dotés de grandes raffineries. Cette industrie de raffinage vise le marché intérieur mais aussi le marché international. L’exportation du gaz sous sa forme de méthane a donné lieu à la construction de très vastes plates-formes de liquéfaction. C’est l’Algérie qui a ouvert la voie en exportant pour la première fois, en 1964, du gaz naturel liquéfié. Actuellement certains Emirats du Golfe suivent la même voie essentiellement pour desservir le marché Japonais.

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b- Naissance de l’industrie pétrochimique : Elle est aussi caractéristique de l’évolution dans laquelle se sont engagés tous les grands producteurs. La pétrochimie constitue le pilier de l’industrie. L’Arabie Saoudite semble le plus engagée dans le développement de cette filière pétrochimique. Les pays pétroliers, toujours à partir des hydrocarbures, ont aussi accordé une priorité à la fabrication des engrais azotés. En Algérie ou en Irak, on songe essentiellement au marché intérieur. Dans les pays du Golf, cette activité a une autre ampleur ; elle participe pour 17% aux exportations mondiales d’urée.

c- Intégration verticale dans l’industrie pétrolièr e mondiale : Les grands producteurs cherchent à investir en aval en s’introduisant dans le capital de raffineries et stations-service sur les marchés des pays industrialisés. Le but recherché est de s’assurer une part croissante d’un marché international stable. La guerre a considérablement accéléré cette tendance. Déjà le Koweït avait le premier à créer sa propre société pétrolière en aval sous le siège Q8. L’Arabie Saoudite cherche à prendre le contrôle de réseaux de raffinage et de distribution qui permettraient d’absorber 50% des exportations. Les Emirats arabes suivent.

2- Rente pétrolière et stratégie de développement : Les Etats pétroliers ont voulu « semer le pétrole » ou prévoir l’après pétrole. Au cours des années 70, l’industrialisation est un véritable mythe, elle est considérée comme le moyen de se sortir du sous-développement. Les États producteurs qui ont disposé subitement de ressources énormes ont beaucoup investi. Ils se sont lancés dans les politiques d’industrialisation, audacieuses voire imprudentes : par exemple, l’Algérie avec son modèle des industries industrialisantes, ou également l’Irak ; Dans les pays du Golf, une filière a été privilégiée : celle de l’aluminium. Les projets de Qatar et surtout de l’Arabie Saoudite qui songe à implanter la fabrication de l’aluminium à Yanbu sont bien avancés. Enfin, tous les pays du Golf ont adopté des politiques de substitution aux importations, multiplication des industries de consommation, de première transformation qui restent relativement limitées en raison de la faiblesse démographique qui caractérisent ces pays. Toutefois, on peut noter une véritable explosion des industries du bâtiment (cimenteries et autres matériaux de construction). Toutes ces branches sont très étroitement corrélées avec les progrès de l’urbanisation qui fait naître une demande très forte. Or, les tentatives de certains pays (Algérie, Libye, Irak), à la fin des années 60, pour modifier les rapports avec les compagnies et les États consommateurs, n’ont pu revêtir véritablement leur signification comme élément d’une stratégie de rupture qu’avec les modification survenues entre 1971 et la fin de 1973. Nous essayerons de formuler quelques brèves réflexions concernant l’influence de la rente pétrolière et du surplus sur les perspectives de développement du monde arabe. On peut repérer à deux niveaux successifs les implications pour le développement du phénomène de rente pétrolière et de son utilisation comme instrument efficace de développement pour le monde arabe. Il apparaît clairement que transformer la richesse en capital productif est une entreprise complexe et difficile. L’abondance des moyens financiers et des devises étrangères n’est, au mieux, qu’un élément permissif d’une stratégie de développement, dont le rythme, le contenu, les objectifs, doit être défini par ailleurs.

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L’évolution du monde arabe, spécialement depuis 1973, a mis aussi en évidence les ambiguïtés et les difficultés de l’objectif de diversification économique, comme condition nécessaire et composante essentielle d’un développement autocentré et maîtrisé. D’une part, au moins dans un premier temps, la tentative de construction industrielle, à partir du pétrole comme matière première et comme source de revenus, a accru l’importance absolue, mais aussi relative, du pétrole dans les économies des pays producteurs. La préparation de l’après pétrole, dans sa phase attelle, prend la forme d’un renforcement considérable du caractère pétrolier des économies considérées. L’expérience Algérienne poursuivie après l’indépendance de 1962 est certainement la tentative la plus radicale et cohérente de construction d’une économie nationale indépendante dans le monde arabe.

a- Modèle de développement Algérien : Les stratégies proposées pour la sortie de sous-développement ont semble-t-il logiquement, suivi la même évolution en passant d’une problématique d’aide et de rattrapage à une problématique de rupture avec le système dominant et de constitution de modèles « autocentrés » de développement plus élaborés. Ainsi G.DESTANNE DE BERNIS élabore vers la fin des années 60, la théorie des « industries industrialisantes ». L’objectif retenu est celui de la construction d’une « structure industrielle cohérente ». Pour l’auteur, la mise en place d’une structure ne peut se faire qu’à partir d’industries industrialisantes. Cette stratégie d’intégration donne un rôle fondamental à l’industrialisation tout en instituant très fortement sur le dynamisme des relations à établir entre le développement de l’industrie et le développement de l’agriculture. Cette stratégie débouche sur des propositions pratiques en matière d’allocation intersectorielle de l’investissement et des choix des techniques. La pensée de G. DEBERNIS a largement influencé l’expérience Algérienne et plus tard, mais dans une bien moindre mesure d’expérience Irakienne. Lors du premier choc pétrolier 1973-1974, l’Algérie ambitionne de devenir le Japon de l’Afrique et consacre son surplus à l’achat d’usines clés en main, ses émissaires parcourent le monde industrialisé pour acquérir ce qui se fait de mieux et surtout de plus en lus cher. Acier, aluminium, engrais, papier, chimie, camions ont la priorité, les unités sont souvent implantées dans des régions déshéritées aux salariés souvent peu qualifiés, guère familiers des technologies ultramodernes. Résultat : les retards s’accumulent, et le cycle pétrolier se retourne avant que l’industrie lourde soit en état de marche. En fait, le régime Algérien se caractérise sur le plan interne par une forte distorsion entre le secteur pétrolier à forte intensité productive et le secteur non pétrolier à faibles gains de productivité. L’absence d’articulation ou une articulation faible entre les deux secteurs empêche le processus d’accumulation de s’enclencher. Or, c’est le budget de l’État, alimenté par la rente pétrolière, qui constitue le point d’articulation, lequel revêt dès lors un caractère bureaucratique source de gaspillage, d’inefficacité et de corruption. L’héritage se révèle encombrant. Des sociétés nationales qui perdent de l’argent, des usines qui tournent au ralenti, et dette extérieure qui explose parce qu’il a bien fallu emprunter pour financer les fins d’industrialisation. Au cours du deuxième choc pétrolier en 1979-1982, les dirigeants ont changé : le pâle Chadli Benjdid, remplaçant di fier Houari Boumdiène, court après une légitimité qui le fuit. L’argent du pétrole va à un programme anti-pénurie qui se traduit par un flot d’importations de produits de consommation ; réfrigérateurs, TV, automobiles, font leur apparition dans les vitrines des magasins de l’État. Généralement, se sont les « chocs » et les « contre chocs » pétroliers qui rythment les phases de croissance et de dépression de l’activité économique.

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Le troisième choc, en 1991-1992, passe largement inaperçu de la majorité des habitants. Les 3 à 4 milliards de dollars supplémentaires récoltés servent à régler une partie des arriérés de paiement accumulé depuis le retournement du cycle pétrolier en 1984-1985. Pour l’économie Algérienne, la dépendance quasi exclusive des agrégats de la demande globale, l’investissement la consommation vis-à-vis de la rente pétrolière est très remarquable. À cette dépendance interne correspond, une dépendance externe, dépendance quasi-absolue des importations qui apparaissent dans toute sa gravité dés lors qu’intervient un « contre choc » pétrolier entraînant une chute brutale de la capacité de production. L’obsession d’Alger, au plan financier est d’éviter de devoir rééchelonner sa dette extérieur, ce qui placerait son économie sous les instructions du Fond Monétaire International (FMI), et la Banque Mondiale (BM). On préfère un arrangement discret avec le Crédit Lyonnais qui implique de régler ses impayés dus aux entreprises françaises. Il n’en évitera rien du tout et, en avril 1994, en pleine guerre civile, alors qu’il ne reste plus en caisse de quoi payer la cargaison de semoule d’un cargo qui tourne en rade, un premier ministre de transition accepte le rééchelonnement de la dette extérieure et les conditions qui vont avec.

b- Limites et perspectives des modèles de développe ment rentier : Globalement, les modèles du développement sont très insuffisants, mais c’est le concept même de développement et l’articulation – accumulation – industrialisation – développement qui doivent être mis en question. L’existence des revenus pétroliers dans le monde arabe, les perspectives offertes par leur répartition et leur utilisation, tout autant que les risques d’inversion des résultats et d’éclatement de la société qu’ils introduisent, rendent plus nécessairement encore qu’ailleurs dans le monde la mise en place de stratégies de développement privilégiant la satisfaction des besoins fondamentaux. L’une des formes déterminantes d’expression d’une stratégie des besoins fondamentaux sera l’explication des conditions d’une maîtrise du changement social projeté. On évoque deus aspects cruciaux, à cet égard, de l’évolution constatée dans la quasi-totalité des pays arabes. - Il s’agit en premier de l’effondrement ou la stagnation de la production agricole et la désintégration de la société rurale, qui en est à la fois la cause et la conséquence. Lorsque l’accent est mis dans les plans et les projets de développement sur l’agriculture (Irak, Algérie …), les résultats sont très lents à apparaître, tant en termes de production qu’en termes d’amélioration du niveau de vie des populations concernées. Il n’existe aucun lien automatique entre l’injection dans l’agriculture d’une partie du surplus pétrolier, directement (pays pétroliers) ou indirectement (Soudan), et la revalorisation de la condition rurale. - Il s’agit du contrôle et de la planification de la croissance urbaine. Phénomène généralisé dans le Tiers-monde. L’hypertrophie urbaine, et plus précisément la concentration dans le capital des activités et des moyens de satisfaction des besoins fondamentaux, entraînant une croissance démographique « insoutenable » sont particulièrement impressionnantes dans le monde arabe : Bagdad, Caire, Alger, Damas, en particulier « explosent », et mettent en cause toute planification sérieuse et toute politique de priorité à la satisfaction des besoins fondamentaux. Dans le domaine des stratégies de développement, cette perspective implique, outre une politique cohérent des prix et des revenus des agriculteurs, un accès progressivement amélioré aux services collectifs de base dans ces campagnes et une égalisation des chances entre ruraux et citadins face aux perspectives d’emploi, de bien être et de participation au pouvoir. L’exemple Algérien est édifiant à maints égards : le grand écart entre la pluie de pétrodollars et un quotidien plus que difficile fait enrager une partie de la population : pas d’eau, pas de courant, pas de logement, pas de travail, pas d’égouts, pas de routes …

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Pourquoi l’Algérie est-elle riche et les Algérien s pauvres ? Pourquoi alors que le revenu pour tête aurait augmenté de 31,3% en deux ans, selon l’office national des statistiques, le pouvoir ne fait-il rien d’efficace pour ces millions de jeunes en quête d’un toit et d’un emploi, sinon leur envoyer la police, dont les effectifs connaissent eux, une spectaculaire progression. ���� Conclusion : Le pétrole a donc profondément bouleversé l’économie et la société arabe depuis 40 ans. Il a apporté la richesse et certains pays arabes disposent d’un Produit National Brut (PNB) par habitant parmi les plus élevés de la planète. Pourtant derrière cette opulence façade, actuellement, ce sont le désenchantement et les frustrations qui s’accentuent chaque jour. Les inégalités introduites par la rente pétrolière ne font que s’accentuer. Les quelques 22000 dollars du Produit National Brut par tête qui mesurent l’opulence des Emirats Arabes Unis s’opposent aux quelques 600 ou 700 dollars annuels dont disposent les Egyptiens, Yéménites et bien d’autres citoyens arabes. Les rivalités s’aiguisent et le dernier conflit, celui de la guerre du Golf, s’est déroulé sur un arrière fond de rivalités pétrolières. Enfin de compte l’économie pétrolière n’a pas permis la moindre intégration régionale et ce révèle en réalité comme un puissant facteur d’instabilité, de fragilité dans cette partie du monde en quête de son unité.

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Chapitre 3 : DE LA COOPÉRATION À L’INTÉGRATION RÉGIONALE DU MONDE ARABE

Personne dans le monde arabe ne conteste le fait que tous les arabes, riches et pauvres, sont de par leur langue, leur religion, leur culture et leur histoire, étroitement liés. Par ailleurs, la complémentarité économique qui existe entre divers pays arabes crée des possibilités d’autant plus évidentes. Dans le domaine de l’agriculture, le monde arabe détient quelques 280 millions d’hectares de terre cultivable, 40 millions d’hectares seulement sont actuellement exploités, dont 12 millions à l’aide de système d’irrigation. D’autre part, seule la moitié des possibilités offertes par le Nil, le Tigre et l’Euphrate sont utilisés de manière efficace. Avec l’aide d’investissements adéquats et d’une technologie bien adaptée, l’Irak pourrait à elle seule, satisfaire la totalité des besoins en céréales des pays arabes, soit 18 millions de tonnes. De même le Soudan serait en mesure de produire toutes les qualités de viande nécessaires au monde arabe. Les pays non exportateurs de pétrole pourraient non seulement fournir la main d’œuvre indispensable et la base agricole, mais au moment opportun, servir de débouchés aux nombreuses industries d’exportation des pays exportateurs de pétrole, telle que l’industrie pétrochimique. D’une manière générale, une approche collective ou régionale au développement dans le monde arabe devrait permettre aux entreprises arabes de bénéficier des économies d’échelle, de la productivité croissante, des coûts réduits par unité, et de l’amélioration générale dans la qualité du produit. En outre, une approche régionale conviendrait le mieux à l’instauration parmi les différents arabes, d’une division du travail appropriée. Les pays arabes pourraient améliorer leur situation si, au lieu d’agir individuellement et de tenter de répondre à tous leurs besoins sans considération aucune pour les facteurs de coût et d’efficacité ainsi que cela semble se produire actuellement, ils reconnaissent leurs avantages particuliers et respectifs et canalisaient leurs fonds consacrés à l’investissement en conséquence. En réalité, la division du travail parmi les pays arabes devrait être favorisé par le fait que, le pétrole mis à part, les économies arabes sont, pour la plupart plutôt complémentaires que concurrentielles. En plus de ces facteurs économiques importants qui réclament une coopération et une cohésion plus grande entre les pays arabes, il y a aussi le fait que la longue histoire de la culture arabe elle- même « … s’élève contre la division et l’existence au sein du monde arabe moderne de souveraineté détenant un droit exclusif ». Pourtant, nous constatons que les économies arabes sont encore dissociées et qu’elles ne montrent aucun signe de coordination ou d’intégration progressive. Cela s’exprime pare des prises de décision ad hoc, par les arrangements bilatéraux, par la prolifération des fonds au développement et par le dédoublement des projets d’investissements qui sont fondamentalement indivisibles. Les États arabes recherchent depuis 1945, date de la création de la Ligue arabe, une stratégie en vue d’une coopération et d’une intégration arabe. Cette recherche s’est effectuée avec le maintien et la consécration de l’état actuel des closes. En effet, depuis que les États arabes ont institutionnalisé, après leur indépendance politique, les frontières géographiques, économiques et sociales imposées par les puissances coloniales, ils ont été conduits à convertir les intérêts locaux de chaque État isolé en intérêts « nationaux ».

I- Stratégie arabe de coopération : Tous les indices montrent que la coopération économique qui s’effectue sous l’égide de la Ligue arabe ou en dehors de cette institution, est en voie d’affaiblissement. La Ligue arabe a été fondée le 22 mars 1945 afin de renforcer les liens entre les États nouvellement indépendants par la coordination des politiques, dans le cadre de la souveraineté

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et l’indépendance des partenaires. L’idée d’une intégration approfondie sous la forme d’une fédération des pays du Moyen-Orient a été écartée. Ouverte à tout État arabe, la Ligue prend ses décisions à l’unanimité. Elle a été conçue comme l’instrument d’un règlement pacifique des conflits entre les État. La coopération a été renforcée par le traité de défense commune et de coopération économique signée en 1950 et entré en vigueur en 1964, qui a créé le conseil de défense commune et le conseil économique. La révolution Egyptienne de 1952 avait donné le feu vert aux tentatives d’intégration visant à dépasser le simple forum diplomatique. Le meilleur exemple en est la république arabe unie (RAU) proclamée par l’Egypte et la Syrie le 1 février 1958. Le projet devrait échouer, comme tant de regroupements, du fait de l’absence de volonté commune des parties. Le coup d’État à Damas en septembre 1961 conduisit au départ de la Syrie de la fédération. Une nouvelle tentative, en 1972, avec la création par l’Egypte, le Soudan et la Libye de l’Union des républiques arabes, échoua également. Certaines initiatives de la Ligue arabe ont pu avoir une réelle portée, tels l’appui à l’indépendance du Koweït contre l’Irak en 1963, la reconnaissance en 1973 de l’organisation de libération de la Palestine (OLP) comme représentant unique du peuple palestinien ou l’accord de Taef de 1989 qui a conduit à la fin de la guerre civile ai Liban. Mais la bonne marche de l’organisation a été entravée par les chocs successifs qu’ont constitues la guerre de six jours (1967), la crise pétrolière (1973) qui a mis à mal la solidarité entre les États producteurs et États consommateurs, la mise en congé de l’Égypte, pays pivot de la ligue, à la suite des accords de camp David (1976) et la guerre du golf (1991). Ainsi la ligue fut chargée dès le début de son existence de représenter dans son sein deux tendances contradictoires de la politique arabe d’après guerre : le particularisme de chaque pays et la solidarité de l’ensemble arabe. Incapable de servir la deuxième cause, la ligue arabe finit par consolider la première. C’est pourquoi la ligue arabe constitue une consécration de l’État de désintégration dans lequel est plongée la région arabe, concrétisant par des actes fallacieux, un mauvais engagement économique arabe.

1- Coopération dans le cadre de l’Unité Économique Arabe (UEA) et du Marché Commun Arabe (MCA) :

Le projet de l’Unité Économique Arabe est né au sein de la ligue arabe pour s’en séparer administrativement quelques années plus tard, gardant toujours l’esprit de la ligue arabe, c'est-à-dire la contradiction et la négligence de la réalité arabe. Relevons quelques aspects de cette contradiction et de cette négligence : Son caractère « unitariste » mis en avant, contrairement à la psychologie des États arabes indépendants et souverains, jaloux de leurs nationalismes économiques, de leurs ressources naturelles de leurs revenus, etc. L’Unité Économique Arabe est ainsi incompatible avec un particularisme consolidé dans le cadre de la ligue arabe. La divergence entre les régimes arabes, l’isolement des pays arabes et les affrontements des intérêts relatifs à la survie nationale de chaque État, ne favorisent ni le mouvement des personnes (qui pourrait actuellement aggraver le problème du chômage de certains pays), ni le mouvement de capital suite à l’état conjoncturel général et à la sécurité. Quant aux mouvements des marchandises, nous allons lui réserver une place dans les paragraphes consacrés au Marché Économique Arabe. L’Union Économique Arabe (UEA) est née après la création de la C.E.E. Elle devrait se donner, à l’instar de celle-ci, un marché commun dont les principes incompatibles avec la situation des pays arabes, doivent cristalliser les effets du mauvais engagement économique et les répandre sur les comportements des pays membres. ���� Que représente le Marché Commun Arabe par rapport à l’Union Économique Arabe ?

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La décision 17 du 13.8.1964 de la ligue arabe adopte, dans son préambule, les principes inclus dans l’article 1 de la convention du Caire, à savoir : la libre circulation des biens, des personnes et des capitaux ; la liberté du séjour, de travail et d’emploi, etc.… Mais elle va se débarrasser de ces principes pour n’en conserver dans son texte, qu’un seul : celui relatif aux échanges commerciaux, conçus comme préalable de toute intégration entre les pays membres de l’Union Économique Arabe. Il s’agit, dans l’esprit du conseil de l’Union Économique Arabe, d’une « étape pratique » vers l’intégration totale, étape ayant pour « véhicule » une zone de libre échange. - Pourquoi le Marché Commun Arabe ; au lieu de favoriser les échanges entre les pays, les a-t-il défavorisés ? - On sait que la réduction des tarifs douaniers, et la suppression des restrictions quantitatives sont restées quasi symboliques ; pour quelle catégorie de produits ? Et pourquoi ? - Est-il possible d’espérer dans l’état actuel de ces pays, qu’une intégration menée par imitation du marché commun européen, remédiera à la désintégration des pays arabes et à leur subordination à l’extérieur ? Le problème se résume au problème de « structures » et au problème de « systèmes économiques ». Si l’activité de production et le besoin d’exportation et d’importation relèvent des structures, la volonté de supprimer les tarifs douaniers et les restrictions quantitatives relèvent des systèmes économiques. Or, la structure économique est la base de l’échange des pays membres du Marché Commun Arabe est fondée essentiellement sur trois catégories de produits : - Matières premières agricoles comestibles (céréales, légumes, viandes) ; - Matières premières non comestibles (pétrole, phosphates, potasse, coton) ; - Produits industriels finis et semi-finis (textiles, vêtements, sucres, tabac, ciment…). En ce qui concerne la première catégorie, les produits agricoles comestibles font l’objet d’une consommation locale acharnée. Le courant commercial en matière agricole entre les pays membres du Marché Commun Arabe (le seul courant qui aurait pu subsister) est actuellement en régression totale. Pour la deuxième catégorie de produits : si l’on réduit les tarifs au si on ne le fait pas ; les phosphates et la potasse jordaniens, le coton syrien et le pétrole irakien continuerons toujours à « déserter » la zone. Les activités industrielles sont dans les conditions du Marché Commun Arabe, loin de pouvoir absorber ou transformer ces produits. Ainsi, l’exportation de ces matières premières hors du Marché Commun Arabe resteront une « chose naturelle » : liée, comme on le sait, à l’impératif de la complémentarité verticale entre les pays arabes et les pays industrialisés. Cette complémentarité qui implique la préservation d’un monde de production local imposé, ne dépend d’aucun autre volonté locale ou intra zonale. Quant à la troisième catégorie de produits, il s’agit des produits devant faire l’objet d’un troisième courant commercial intra zonal ; produits finis et semi-finis dont les industries possèdent les caractéristiques générales suivantes : - Elles sont des industries d’« intérêt local » nécessairement protégés ; - Des industries de consommation semblables dans tous les pays et fatalement concurrentielles ; - Des industries dont l’importance de la production varie d’un pays à l’autre, mais faisant toutes l’objet d’un développement simultané et soutenu. Cette dernière caractéristique est extrêmement importante. C’est en réalité dans le domaine de cette catégorie des produits que le Marché Commun Arabe a connu l’échec total, car dans ce domaine le problème de la réduction des tarifs et des restrictions est logiquement « insoluble » ; et c’est ici que la théorie s’accorde à la pratique. La libre circulation des marchandises envisagée comme préalable de l’intégration est une procédure irréalisable en milieu sous-développé. Le concurrence qui pour des pays développés

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est un mécanisme de répartition, de spécialisation et de restructuration, n’est en milieu sous-développé qu’un instrument de destruction, et les structures actuelles ne la supportent pas. Ce n’est pas parce que l’avenir de la « nation arabe » nécessite la libre circulation des produits industriels, comme le croient certains, que les pays membres du Marché Commun Arabe seraient dans l’obligation de fermer leurs usines et d’arrêter le développement de leurs industries de consommation. Ne nous trompons pas : ce développement obéit, à des impératifs différents relatifs aux structures des pays arabes, mais aussi à la « survie national » des régimes arabes ombrageux, toujours jaloux de leurs intérêts locaux, tous dépendants de l’étranger quelles que soient leurs positions sur l’échiquier régional.

II- Enjeux de l’intégration du monde arabe : Un des traits marquants des États nations arabes est la vulnérabilité de leur économie face à la contrainte externe induite par la dynamique du système de l’économie mondiale. L’échec des pratiques de l’État dans ses fonctions de régulation est à l’origine de l’incohérence des systèmes productifs arabes. Aussi le choix de l’espace de développement devient crucial pour l’avenir des économies arabes. L’espace régional peut être le lieu de conquête d’une autonomie collective et d’une maîtrise de la reproduction des formations nationales ? La dépendance économique vis-à-vis de l’Europe ou des Etats-Unis