DESS DE COSMÉTOLOGIE

MONOGRAPHIE

LE MICROBIOTE CUTANÉ

Anne Goetz

Présentée le 18/11/2016

Composition du Jury

LIONEL RIPOLL Professeur invité Rapporteur

ANDRÉ PICHETTE Professeur Examinateur

JEAN LEGAULT Professeur Examinateur

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TABLE DES MATIÈRES

Table des figures 5

Introduction 6

Chapitre 1 : La peau 7

1. Structure de la peau 7

1.1. L'épiderme 7

1.1.1. Les différentes types cellulaires de l'épiderme 8

1.2. Le derme 8

1.3. L 'hypoderme 9

2. Fonctions de la peau 9

2.1. Fonction immunitaire de la peau 10

Chapitre 2 : Le microbiote cutané 12

1. Le microbiote 12

1.1. La définition du microbiome 12

1.2. La définition du microbiote 13

1.3. Le microbiote cutané 13

1.3.1. La flore cutanée résidente 13

1.3.2. La flore cutanée transitaire 14

2. L'identification de ce microbiote, la métagénomique 15

3. Répartition et constitution de cette flore 16

3.1. Variation intra-individuelle 16

3.2. Variation inter-individuelle 19

4. Evolution du microbiote avec l'âge 20

5. Le rôle du microbiote cutané 21

6. Impact de l'environnement sur le microbiote, la peau et sa santé 24

6.1. Impact de l'hygiène 24

6.2. Impact des agents anti-bactériens 24

6.3. Impact du pH et de la température 25

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6.4. Impact de la biodiversité et des habitudes de vie 26

Chapitre 3 : Les pistes de recherche en cosmétique 27

1. L'impact du microbiote sur les cosmétiques 27

2. L'impact des cosmétiques et des médicaments sur le microbiote 27

3. Vers une cosmétique et une hygiène à base de bactéries ? 27

Chapitre 4 : De nouvelles perspectives en terme de recherche 29

1. The Human Microbiome Project 29 2. Le Projet MyNewGut 29

Conclusion 30

Bibliographie 31

Résumé 34

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TABLE DES FIGURES

Figure 1 : Coupe schématique de la peau 7Figure 2 : Constitution de l'épiderme 8Figure 3 : La fonction immunitaire de la peau 10Figure 4 : Le microbiote cutané, un seconde génome 11Figure 5 : Composition des flores résidentes et transitaires 14Figure 6 : Protocole d'étude métagénomique bactérienne 15Figure 7 : Répartition du microbiote au sein de la peau 17Figure 8 : Répartition et composition du microbiote selon les différentes zones du corps 17Figure 9 : Répartition et composition du microbiote selon l'étude en zone humide, sèche et sébacée 18 Figure 10 : Etude de la variabilité inter-individuelle du microbiote cutané sur 4 individus 19Figure 11 : Etude de la variabilité inter-individuelle du microbiote cutanée sur des ethnies différentes 20Figure 12 : Rôle immunitaire du microbiote cutané 22Figure 13 : Induction de la réponse immune par S.epidermidis 23Figure 14 : Comparaison de l'activité de PSM produit par S.epidermidis et de LL-37 sur la membrane cellulaire 23Figure 15 : Variations de pH et de température sur le corps humain 25Figure 16 : Impact du mode de vie sur le microbiote 26Figure 17 : Produits cosmétiques présentés comme adaptés au microbiote cutané 28Figure 18 : Logo du Human Microbiome Project 29Figure 19 : Logo du projet MyNewGut 29

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INTRODUCTION

La peau constitue l'organe le plus grand du corps humain, il représente 16% de son poids total et aune surface d'environ 1,5m². Cette peau permet de réguler les échanges entre le milieu extérieur et le corpslui-même en constituant une barrière plus ou moins perméable. L'étude de celle-ci s'est souvent réduite àla description des différentes couches la constituant et aux échanges effectués par celle-ci. Mais depuisquelques temps les scientifiques s'intéressent aux microorganismes présents à sa surface.

En effet, notre peau est un système écologique en équilibre. Des milliers de bactéries, virus,champignons et acariens l'ont colonisée depuis l'aurore de la vie et celles-ci composent ce que l'on appellele “microbiote cutané”. Leur rôle est depuis peu élucidé et nous révèle que ces colonisateurs vivant ensymbiose avec les cellules de notre manteau cutané ont une importance fondamentale pour la santé de lapeau.

Néanmoins certaines interrogations restent en suspend : Quels sont les constituants de cemicrobiote ? Comment interagissent-ils avec la peau et entre eux ? Comment l'environnement peut-ilperturber notre flore cutanée et quelles peuvent en être les conséquences? Enfin, comment préserver cefragile équilibre?

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CHAPITRE 1La peau

1. Structure de la peau

La peau est le plus large organe du corps et elle peut peser jusqu'à 5kg. C’est la première ligne de défensevis-à-vis de l’environnement externe et ce qu’il représente comme défis physiques, chimiques etbiologiques. Elle est constituée de 3 couches cellulaires bien distinctes et ayant des fonctions biendéterminées (Figure 1)(1). L'épiderme est la couche superficielle, suivie du derme qui est la coucheintermédiaire et enfin l'hypoderme qui constitue la couche profonde.(2)(3)

1.1. L'épiderme

L'épiderme est un épithélium pavimenteux pluristratifié kératinisé et pigmenté (Figure 2). C'est la couchecellulaire la plus superficielle de la peau. Son épaisseur varie en fonction de sa localisation, de 50μm auniveau des paupières jusqu'à 1mm dans les régions palmo-plantaires.(4)

L'épiderme se divise lui-même en 4 couches superposées de la surface vers la profondeur :

– La couche cornée (stratum corneum) la plus superficielle, composée de cornéocytes qui sont des kératinocytes différenciés

– La couche granuleuse (stratum granulosum) composée de kératinocytes riches en grains de kératohyaline

– La couche épineuse (stratum spinosum) ou corps muqueux de Malpighi, composée de plusieurs assises de kératinocytes s'aplatissant peu à peu vers la surface

– La couche basale (stratum basale) qui repose sur la jonction dermo-épidermique, la plus profondede l'épiderme, composée de cellules souches kératinocytaires

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Figure 1: Coupe histologique de la peau (1)

1.1.1. Les différents types cellulaires de l'épiderme

L'épiderme est constitué de plusieurs types cellulaires répartis différemment selon les couches cellulaires.Dans la couche basale sont présentes les cellules souches qui permettent la division cellulaire et lerenouvellement permanent de l'épiderme. Elles se divisent d'une part en cellule souche et d'autre part enkératinocytes qui vont se différencier tout au long de leur progression dans l'épiderme. Des mélanocytess'intercalent entre ces cellules basales et produisent la mélanine par le signal des rayons UV. C'est cepigment qui donne une couleur plus ou moins brune à la peau.(5)

Au niveau de la couche épineuse les kératinocytes sont présents sous forme pavimenteuse et sur 3 à 6couches.

Dans la couche granuleuse les kératinocytes sont de plus en plus aplatis vers la couche cornée. Ils sontriches en grains de kératohyaline qui vont ensuite constituer le ciment lipidique intercellulaire de lacouche cornée ainsi que les différents constituants de la paroi des cornéocytes qui sont les cellules de lacouche cornée.

Ces cornéocytes sont les kératinocytes sous leur forme terminale. Ils ne contiennent plus d'organites ni denoyaux, ce sont des cellules mortes. Celles-ci vont desquamer et permettre le renouvellement de cettecouche superficielle de la peau.

D'autres types cellulaires sont présents tels que les cellules de Langherans qui sont les cellulesimmunitaires de l'épiderme ou encore les cellules de Merkel qui sont des cellules nerveuses qui ont le rôlede mécanorécepteur.(6)

1.2. Le derme

Cette couche intermédiaire est séparée de l'épiderme par la jonction dermo-épidermique qui constitue unebarrière physico-chimique. Cette dernière est un élément clé de la cohésion de la peau (5). Elle reliel'épiderme à la membrane basale sur laquelle viennent s'ancrer à sa face profonde les fibres de collagènedu derme superficiel.

Le derme est lui-même séparé en deux zones anatomiquement différentes :

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Figure 2 : Constitution de l'épiderme

– le derme superficiel ou papillaire, contenant le réseau vasculaire superficiel et les terminaisons nerveuses sensitives

– le derme profond ou réticulaire, riche en fibroblastes baignant dans la matrice extra-cellulaire englobant le réseau vasculaires et les annexes cutanées (poils, glandes sudoripares et sébacées)

Le derme est constitué de fibres synthétisées par les fibroblastes : les fibres de collagène, de réticuline etd'élastine qui confèrent à la peau sa souplesse et son élasticité. Certaines cellules de l'immunité telles queles lymphocytes, les mastocytes et les macrophages sont également présentes.

1.3. L'hypoderme

L'hypoderme est la couche la plus profonde de la peau. Elle contient les adipocytes qui constituent lesréserves énergétiques du corps et qui séparent le derme profond des fascias musculaires. Cette couchepermet de donner de l'élasticité à la peau et d'isoler thermiquement et physiquement le corps humain del'environnement extérieur. Elle protège des coups et chocs mécaniques et permet la thermorégulation ducorps.(5)

2. Fonctions de la peau

Ces différentes structures permettent à la peau d'assumer de nombreuses fonctions. Cet épithélium soupleet résistant a une fonction protectrice essentielle au maintien de l'intégrité corporelle et à la survie de l'êtrehumain. Elle permet :

– la protection physique et mécanique contre les chocs, la chaleur, le froid, les agents biologiques et chimiques

– la photoprotection contre les UV

– la thermorégulation

– la perception sensorielle : douleur, chaud, froid

– la synthèse de vitamine D

En effet, cette protection se fait notamment par la présence de plusieurs couches constituant la peau et laprésence de fibres particulières d'élastine et de collagène qui permettent la résistance et la souplesse de lapeau.

La synthèse de mélanine effectuée par les mélanocytes est la réaction vis à vis de l'exposition au soleil etaux UV. Cela permet aux cellules de protéger leurs noyaux et éviter des dégradations de l'ADN. C'estcette mélanine qui donne une couleur plus ou moins brune à la peau.(4)

La thermorégulation s'effectue grâce aux capillaires sanguins présents à la surface de la peau et permettentà la chaleur de séchapper ou d'être conservée et aident à maintenir la température corporelle constante.Cette thermorégulation est aussi effective par la transpiration cutanée et l'évacuation d'eau à la surface dela peau. Cette perte d'eau est d'ailleurs régulée et un certain nombre de facteurs interviennent dans ceprocessus complexe. Ce processus est associé à la fonction barrière de la peau.

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Les mécanorécepteurs présents dans les couches de la peau permettent la perception sensorielle de stimulidouloureux, de ressentir la chaleur ou le froid et d'avoir une sensibilité. Ils permettent le toucher.

La synthèse de Vitamine D est activée par l'exposition au soleil et aux UV et permet le bonrenouvellement de l'épiderme, elle intervient aussi dans l'homéostasie phospho-calcique.

2.1. Fonction immunitaire de la peau

L'épiderme est en contact permanent avec les molécules de l'environnement et les agents infectieux. Eneffet , il se situe à l'interface entre le corps humain et le milieu extérieur. Il doit donc être capable de sedéfendre contre des agressions potentielles.(4)(7)

Toutes les cellules cutanées ont un rôle dans l'immunité. Les kératinocytes et les cornéocytes forment parleur union grâce aux desmosomes, hémidesmosomes et cornéodesmosome une barrière physique solide.Ces mêmes kératinocytes sont capables de produire des peptides antimicrobiens, les défensines, mais sontaussi en mesure d'initier la réponse inflammatoire en cas de traumatisme physique ou chimique enproduisant des facteurs solubles clés de l'immunité : les cytokines et les chimiokines. La présence decellules dendritiques forme un réseau de sentinelles immunologiques aux mailles très serrées dansl'épiderme, ces cellules sont aussi appelées cellules de Langherans et permettent d'être au premier plan àl'interface de l'immunité innée et acquise. Ils activent les Lymphocytes et le recrutement des leucocytesqui vont être des acteurs majeurs dans la lutte contre le pathogène. (6)(8)(Figure 3)

La peau n'est pas identique en tout point du corps. En effet, il existe des zones plus ou moins humides,plus ou moins dotées de poils qui ne présentent pas les mêmes caractéristiques. Les glandes y sontréparties de façon différentes et ces variations ont une incidence sur la présence des microorganismes à la

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Figure 3 : La fonction immunitaire de la peau

surface de notre corps. Ces microorganismes résidents forment le « microbiote cutané » et celui-ciparticipe à la fonction immunitaire que représente la barrière cutanée (8).

Comment celui-ci est-il constitué et comment agit-il ?

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Figure 4 : Le microbiote cutané, un second génome

CHAPITRE 2Le microbiote cutané

1. Le microbiote

Le microbiote : c'est ce petit monde de micro-organismes invisibles à l'oeil nu qui vivent partout sur nouset à l'intérieur de nous. Il est constitué de milliers d'espèces de bactéries différentes dont la compositionchange selon son emplacement : la bouche, la peau, le vagin ou le tube digestif. C'est une partie intégralede ce que nous sommes et de qui nous sommes. Ces bactéries intéragissent avec le milieu extérieur maisaussi avec notre propre corps. Pour la plupart, les bactéries qui le composent sont indispensables à notrebien-être.(9)

Souvent calculé comme surpassant en nombre les cellules du corps humain avec un ratio de 10 pour 1, lesbactéries commensales ont récemment été réexaminées et recalculées et ce ratio se rapproche plus du 1pour 1.

Le corps est comme une planète où les bactéries résident. Chaque partie de notre corps où il existe unmicrobiote est comme un continent différent, les bactéries y sont bien différentes.

Les termes « microbiote » et « microbiome » proviennent du grec micro qui signifie « petit » et bios quisignifie « vie ».

1.1. La définition du microbiome

Le microbiome désigne l'environnement spécifique dans lequel évolue un microbiote. C'est l'expressiondes conditions écologiques de ces milieux spécifiques. La température, le pH, les hormones, la richesse engraisses ou protéines, l'exposition aux UV ou l'absence de lumière, tout autant de variables quicaractérisent ce microbiome. Les communautés microbiennes en cause vont répondre individuellement oucollectivement à ces conditions. Elles peuvent le modifier ou l'entretenir à court et moyen terme mais aussisur le long terme, c'est à dire celui de l'évolution ou plus précisément de la coévolution du microbiote avecson ou ses hôtes.

Ce concept englobe les notions de comunauté microbienne, de biodiversité microbienne ainsi qued'interactions durables et fonctionnelles entre micro-organismes, entre eux-mêmes et avec l'hôte, allant ducommensalisme à la symbiose.

En anglais, le terme microbiome fait référence aux génomes (données génétiques caractérisriques) d'unmicrobiote(10). En français le terme approprié pour définir ce séquençage est le « métagénome ».

1.2. La définition du microbiote

Le microbiote humain est défini comme les groupes de micro-organismes présents dans un tissu, qu'ilssoient commensaux et symbiotiques, pathogènes facultatifs ou obligatoires : bactéries,virus, parasites etespèces fungiques (10). Ces bactéries sont dites commensales, c'est à dire qui ne provoquent pas demaladies quand elles sont en symbiose. C'est la partie externe du microbiote de l'organisme humain. Eneffet, il existe plusieurs types de microbiotes chez l'Homme.

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Le microbiote est présent dans les différentes parties du corps dans lesquelles un épithélium est en contactavec le monde extérieur. On distingue le microbiote des voies respiratoires (bouche, pharynx et poumons),celui du tractus digestif (estomac et intestin), celui de l'appareil urogénital et enfin celui de la peau.

1.3. Le microbiote cutané

Le microbiote cutané est la partie externe du microbiote de l'organisme humain. Il est bien souventcaractérisé de « second génome » car les micro-organismes le composant dépassent bien largement l'hôteen masse génomique. Il est aussi souvent appelé « flore cutanée ».(11)(12)

La peau d’un adulte héberge en moyenne 1000 milliards de bactéries, et 1000 espèces de champignons,virus et arthropodes. Ce microbiote vit sur la surface et dans les couches superficielles de l’épiderme pourréaliser ainsi un écosystème complexe dont la caractérisation repose sur la culture de prélèvements à lasurface de la peau ou des biopsies.(13)(14)

La composition du microbiote cutané résulte d’un équilibre entre les conditions locales et les propriétésmétaboliques de ses micro-organismes (15). D’une part, ces derniers s’alimentent des lipides, protéines, etautres composés excrétés par la peau elle-même, y compris les sécrétions des glandes sébacées.

Résident ou transitaire, le microbiote de la peau varie de manière quantitative et qualitative d’unepersonne à l’autre selon l’âge, le sexe, le siège, le système immunitaire et certains facteurs physico-chimiques tels que l’humidité, le pH et la température. (16)

1.3.1. La flore cutanée résidente

La flore résidente est constituée de germes commensaux, qui colonisent l'organisme sans provoquer demaladie. La composition et la repartition de cette flore est relativement stable. Elle est capable de s'auto-restaurer spontanément après une perturbation. Elle joue notamment un rôle important dans la résistance àla colonisation par d'autres micro-organismes potentiellement pathogènes.

Cette flore résidente est dominée par les espèces Gram + avec deux familles principales : lesstaphylocoques et les bactéries coryneformes aérobies (Corynebacterium spp.) et anaérobies(Propionibacterium spp.). Les staphylocoques à coagulase négative représentent les espèces les plusfréquemment trouvées dans la flore cutanée normale, trois espèces prédominent :

-S. epidermidis que l'on peut isoler sur l'ensemble du territoire cutané, il constitue plus de 90% dela flore résident aérobie présente sur le stratum corneum.

-S. hominis qui est isolé fréquemment du creux axillaire, du creux inguinal et périnée ;

-S. haemolyticus qui est surtout rencontré au niveau des bras, des jambes et des espacesinterdigitaux.

Les organismes corynebactériformes comportent des corynebactéries et des bactéries du genreBrevibacterium, des propionibactéries, et de microcoques. Les seules bactéries Gram négatif résidentes dela peau font partie du genre Acinetobacter. D'autres germes sont également associés à cette flore : deslevures lipophiles du genre Malassezia, qui est l'espère fongique la plus retrouvée sur la peau en particulierau niveau des zones sébacées (tronc, dos, visage et cuir chevelu) en raison de la présence de lipidesnécessaires à sa survie. Mais aussi des parasites de la famille des acariens tels les Demodex (Acariens) qui

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se nourrissent de résidus de peau et de sébum, et probablement certains virus (notamment de la famille despapillomavirus). (17)(Figure 5)

1.3.2. La flore cutanée transitaire

La flore transitaire est composée de champignons, virus et bactéries pour la plupart saprophytes. Ce sontdes germes inoffensifs qui se nourrissent de matières organiques en décomposition provenant del'environnement. (17)

Cette flore peut aussi être constituée de bactéries pathogènes opportunistes pouvant entraîner une maladiesi les défenses de l’hôte viennent à défaillir. Ces germes peuvent contaminer temporairement la peau ous'installer plus durablement dans des localisations propices par des conditions favroables d'humidité, depH ou en cas d'effraction de la barrière épidermique.

Cette flore ne s'établit pas de façon permanente à la surface de la peau, elle varie au cours de la journée etdépend des activités réalisées et des variations des conditions environnantes. Elle peut néanmoins persisterdes heures voire des jours. Les espèces transitaires les plus communes sont Staphylococcus aureus,Pseudomonas aeruginosa et des espèces de Bacillus.(18) (Figure 5)

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Figure 5 : Composition des flores résidentes et transitaires (17)

2. L'identification de ce microbiote, la métagénomique

Bien que l’on sache depuis longtemps que la peau estcolonisée par des microbes commensaux, leur identification aété traditionnellement basée sur des méthodes de culture et decomptage de colonies v ivantes . Ce t te méthoded’identification des espèces bactériennes n'est pasreprésentative de tous les micro-organismes constituant lemicrobiote cutané puisque peu d'entre eux se cultivent aulaboratoire in vitro. Cela se justifie aussi par les conditionsspécifiques de développement de ces micro-organismes sur lapeau et dans la peau (sensibilité à l'O2, sources de carboneutilisables). (6)

L'inventaire taxonomique du microbiote cutané a étéconsidérablement amélioré grâce à l'arrivée de nouvellesapproches basées sur l'amplification et le séquençage del'ADN directement extrait des bactéries collectées sur la peau :la métagénomique (19)(20)(21). Elle est définie comme uneméthode de séquençage et d'analyse de l'ensemble desgénomes (ADN) des populations bactériennes d'un milieud o n n é . L’avènement de techniques moléculaires, quipermettent le séquençage du gène codant pour l’ARNribosomal 16S spécifique des cellules procaryotes etsuffisamment variable pour des analyses, a révélé unediversité d’espèces plus importante du microbiote. (3)(22)(23)(16)(24)

Alors que le microbiote cutané classique comprend desb a c t é r i e s c o m m e S t a p h y l o c o c c u s e p i d e r m i d i s ,Staphylococcus hominis (bactéries commensales communes),des Streptocoques, Propionibactéries et Corynébactéries, denouvelles techniques basées sur l’ARN ribosomal 16S ontrévélé que la peau contient plus de 300 sous-espècesbactériennes commensales. (Figure 6)

Tout d'abord un prélèvement de peau va être effectué dans la zone d'interêt puis l'ADN va être isolé.Ensuite, une amplification par PCR de l'ARNr16S bactérien va être effectuée grâce à des amorces, puis unséquençage et enfin une analyse de ces séquences aboutissent par la suite à une classification taxonomiquede ces différentes bactéries analysées.

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Figure 6 : Protocole d'étude métagénomique bactérienne (19)

3. Répartition et constitution de cette flore

3.1. Régionalisation de la peau

La peau va ici être divisée en trois zones distinctes pour étudier la composition et la répartition desdifférentes espèces de micro-organismes présents à la surface de la couche cornée. Ces régions sont leszones humides, les zones sèches et les zones sébacées. En effet, elles varient par leur taux d'humidité, ainsique le taux de sébum présent. La constitution de l'épiderme y est importante mais aussi celle du dermeavec la présence des glandes sébacées et sudoripares qui vont jouer ici sur le sébum et donc le biofilmlipidique ainsi que sur l'excrétion d'eau qui va constituer la perte insensible en eau et la sueur.

Chaque être humain et unique et cette répartition de glandes ainsi que leur activité peut varier d'unindividu à l'autre. Aussi, des prédispositions génétiques peuvent impacter sur l'apparition de dermatites ouautres pathologies de la peau. C'est pourquoi il est observé une variabilité inter-individuelle dans lacomposition en nombre et espèces des micro-organismes du microbiote cutané.

3.2. Variation intra-individuelle

Cette flore cutanée varie en densité de cent jusqu’à des millions par centimètre carré, elle est différente enfonction des zones concernées. Cette répartition bactérienne est singulière pour chacun d'entre nous. Entant qu'écosystème nous sommes uniques au monde.(25)(26)

Les micro-organismes commensaux habitent l'épiderme et se retrouvent principalement dans les couchessupérieures du stratum corneum ainsi que dans les conduites des glandes sudoripares et des follicules pilo-sébacés. (Figure 7)

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Figure 7 : Répartition du microbiote au sein de la peau (23)

Différents types d’habitats « microbiotiques » peuvent être distingués selon l’épaisseur de la peau, laprésence de plis et la densité des follicules pileux et des diverses glandes. Cette répartition serait plusétendue et des bactéries pourraient se trouver dans le derme et l'hypoderme selon de récentes publications.(27)(28)

La colonisation bactérienne est variable selon le siège cutané avec une spécificité bactérienne associée àdes microenvironnements humides, secs et sébacés (7)(16)(18)(29) (Figure 8).

En général, la diversité bactérienne semble plus faible dans les régions sébacées étudiées (front, plis rétro-auriculaires, narine, dos) suggérant une sélection des germes pouvant tolérer ces sites. LesPropionibacterium spp. sont les organismes dominants, ce qui confirme les études classiques décrivantPropionibacterium spp. comme des résidents lipophiles des unités pilosébacées. (3)(30)(31)

Les analyses métagénomiques ont aussi révélé que les Staphylococcus et Corynebacterium spp. sont lesorganismes les plus abondants au niveau des régions humides étudiées (ombilic, aisselles, plis inguinaux,plis interfessiers et plis des coudes).

Les régions cutanées sèches sont le siège de la plus grande diversité microbienne avec la présence desquatre phyla Actinobacteria, Proteobacteria, Firmicutes et Bacteriodetes. Ces sites incluent les avant-bras,les fesses et les mains.

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Figure 8 : Répartition et composition du microbiote dans les différentes zones du corps (12)

Cette répartition est notamment confirmée par les histogrammes suivants (Figure 9) étudiant les micro-organismes présents en fonction des zones sébacées (A), humides (B) ou sèches (C). (17)(19)(20)(21)(32)

Sur notre peau les diverses espèces de ces minuscules colonisateurs préfèrent des zones concrètes, suivantl'humidité, la salinité, la température, l'acidité (le pH), la sueur et la teneur en sébum (graisse). L’endroitde la peau où s’installe chaque espèce devient son habitat.

Par exemple, plusieurs espèces de staphylocoques et les corynébactéries préfèrent coloniser des zoneshumides et souvent occluses, comme les aisselles, l'aine, la face interne du coude, derrière les genoux etentre les orteils. En revanche, les bactéries propioniques s’installent dans les zones sébacées (où la peaulibère plus de graisse), comme le front, le dos ou derrière les oreilles.

Cette répartition caractéristique est dûe aux conditions de croissance des différentes bactéries présentes,les conditions d'humidité, de pH et de température montrent encore ici un rôle primordial dans larépartition de ce microbiote cutané. Le microbiome a un rôle fondamental sur le microbiote.

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Figure 9 : Répartition et composition du microbiote selon l'étude en zone humide, sèche et sébacée(33)

3.3. Variation inter-individuelle

La distribution spatiale et temporelle du microbiote cutané ainsi que leur densité variraient également enfonction du sexe. Les hommes auraient une densité microbienne plus importante comparée aux femmes.Cela s'expliquerait par les variations de pH de la peau, l'homme a généralement une peau plus acide. Ladifférence de production de sueur et de sébum serait aussi en jeu ainsi que la fréquence d'application deproduits hydratants et/ou cosmétiques, l'épaisseur de la peau ou la production d'hormones.

Des études ont aussi été menées entre des individus différents pour étudier cette variabilité inter-individuelle et la composition de ces microbiotes cutanés distincts. Cette variabilité est illustrée par lesdocuments qui suivent. (Figure 10)(23)

Ce document est l'étude de la peau de 4 individus désignés par les sigles HV1, HV2, HV3 et HV4. Lediagramme A représente la zone du pli du coude, le diagramme B le dos, le diagramme C la narine et lediagramme D le talon plantaire. La variabilité inter-individuelle est ici bien marquée par la diversité deshistogrammes présents ainsi que par leur composition en bactéries.

Une autre étude a été menée sur des ethnies différentes et cela montre encore de grandes diversités de cemicrobiote cutané. (Figure 11)

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Figure 10 : Etude de la variabilité inter-indiviuelle du microbiote cutané sur 4 individus

Ici ces courbes, cartes et histogrammes caractérisent la différence dans la composition du microbiotecutané par comparaison de différentes ethnies qui sont : les caucasiens-américains, les afro-américains, leslatino-américains, les américains continentaux, les asiatiques de l'Est et les asiatiques du Sud. Les zonesétudiées ont été le bras, l'aisselle et le cuir chevelu.

On remarque encore une fois une forte disparité dans la composition de ce microbiote cutané. Cela rendcompte des disparités entre ethnies, les différences de microbiote en fonction du type cutané maissûrement aussi en fonction de la variabilité climatique ainsi que de l'utilisation des produits cosmétiquespropre à chaque pays.(34)

4. Evolution du microbiote avec l'âge

Après 9 mois dans l'environnement maternel, le nouveau né est colonisé à la seconde où il vient au monde.Et cette cohabitation dure toute sa vie. En traversant les voies génitales maternelles et les premierscontacts avec le monde extérieur il récolte un premier lot de bactéries, l'acquisition de ce microbiote se faitnaturellement. La flore bactérienne est transmise essentiellement par la mère. (35)

Durant la première année de vie, la peau du nourrisson est quelque peu différente de celle de l’adulte entermes de structure, fonction et composition. Etant donné ces différences, son microbiote cutané estégalement différent de celui des adultes. La peau du nourrisson est colonisée au plus jeune âgeprincipalement par des Firmicutes (Staphylococcus et Streptococcus), suivi par des Actinobacteria(Propionibacterium et Corynebacterium), des Proteobacteria et des Bacteroidetes. Cette répartitioncontraste avec le microbiote adulte où les Proteobacteria dominent, suivis des Actinobacteria et desFirmicutes. Le microbiote de la peau du nourrisson est très similaire au microbiote cutané de l’adulte

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Figure 11 : Etude la variabilité inter-individuelle du microbiote cutané sur des ethnies différentes Figure 11 : Etude la variabilité inter-individuelle du microbiote cutané sur des ethnies différentes (34)

Figure 11 : Etude de la variabilité inter-individuelle du microbiote cutané sur différentes ethnies

présent au niveau des régions les plus humides, favorisant un stratum corneum mieux hydraté encomparaison de celui des adultes.

En ce qui concerne le règne fongique, la colonisation de la peau par Malassezia se déclare dès la périodenéonatale. Malassezia est en effet présent chez 100% des nouveau-nés dès le 1er jour de vie. Le niveau decolonisation par Malassezia augmente ensuite avec le temps. Sa diversité chez l’enfant s’apparente à cellede l’adulte à partir du 30ème jour de vie. En revanche, d’un point de vue quantitatif, une forteaugmentation est observée chez le garçon de 16 à 18 ans et chez la fille de 10 à 12 ans. Le nombre deMalassezia diminue ensuite jusqu’à la sénescence.

Les communautés microbiennes cutanées deviennent plus diversifiée et plus abondantes avec l’âge etvarient en fonction de la production de sébum qui débute à la puberté, avec un pic chez les jeunes adultes,puis qui décline lors du vieillissement.(13)(17)

5. Le rôle du microbiote cutané et son équilibre

Durant de nombreuses années on a pensé que les bactéries commensales exploitaient l'hôte humain pourleur bénéfice. Des découvertes récentes ont révélé que l'hôte profite en fait de ces bactéries pour seprotéger des infections par des microbes pathogènes. Les microbes résidents et transitoires ne causent nimaladie, ni dysfonctionnement, dans les conditions normales, lorsque qu’une hygiène adéquate est assuréeet lorsque la flore résidente, les réponses immunitaires et la fonction barrière sont intactes. (13)

Si le système immunitaire du corps humain peut influencer le microbiote cutané, celui-ci contribuelargement aux moyens défensifs contre les agents perturbants l'équilibre de la peau (3)(23)(32). En effet, ilest démontré que le microbiote cutané joue un rôle essentiel dans le développement et le fonctionnementdu système immunitaire de la peau (20)(36)(37). Il est nécessaire ici de faire la distinction entrecolonisation et infection. L'infection est le résultat de la dysbiose entre le microbiote cutané et la peau(14). La perturbation de cet écosystème va laisser la porte ouverte aux pathogènes qui vont provoquer uneinfection.

La biodiversité bactérienne limite le risque de colonisation de la peau par une bactérie pathogène etconstitue une protection contre l'inflammation de la peau. Lors de la présence d'un pathogène, deuxmécanismes se mettent en place par la flore cutanée. D'une part, ces commensales entrent en compétitionpour les nutriments dérivés du sébum et de la sueur, et l'espace disponible, ce qui réduit le risque que desbactéries pathogènes puissent proliférer. En effet, la flore cutanée provoque une saturation des sitescorporels or les pathogènes ont besoin d'adhérer et de se multiplier pour envahir l'hote. D'autre part, lesbactéries résidentes produisent des bactériocines qui sont des composés qui peuvent tuer d'autres espècesbactériennes. (Figure 12)

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Ici est une représentation très récente du microbiote cutané au niveau des différentes couches de la peau,c'est pour cela que les bactéries sont présentes à tous les niveaux. Cette découverte récente fait que laplupart des schémas sont obsolètes.

Cette illustration montre la compétition entre les bactéries commensales (vertes et violettes) avec lesbactéries pathogènes (rouges). Cette figure illustre notamment les moyens de défense mis en place etfavorisés par ce microbiote tels que la stimulation de la production d'AMPs, l'induction des LymphocytesT qui vont engendrer la production de la cytokine IL-17 ou encore l'excrétion de bactériocines.

Une autre étude explicite d'autant plus ce phénomène d'induction de cytokine IL-17 et le renforcement dusystème immunitaire par les bactéries commensales par S.epidermidis. Le microbiote jouerait un rôle icidans le processus de guérison. (Figure 13)

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Figure 12 : Rôle immunitaire du microbiote cutané

Une autre étude démontre encore une fois le rôle primordial de S. epidermidis. Cette bactérie commensalea une action anti-microbienne semblable à la production d' « antimicrobial peptide » (AMP) par leskératinocytes lors de la réaction immunocytaire(7)(30). Le staphylocoque produit des « Phenol-solubleModulins » (PSM) gamma et delta qui ont une similitude avec les hélices alpha et qui ont une affinitéproche de celle des AMPs avec les membranes lipidiques. Ces deux composés induiraient le clivage devésicules lipidiques et exerceraient une action anti-microbienne contre les agents pathogènes. (Figure 14)

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Figure 13 : Induction de la réponse immune par S.epidermidis

Figure 14 : Comparaison de l'activité de PSM produit par S.epidermidis et de LL-37 sur la membrane cellulaire (38)

Les kératinocytes ont été incubés en présence d'iodide propidium pour mesurer la défaillance deperméabilité des membranes en mesurant la fluorescence. Plus la fluorescence est élevée plus lamembrane cellulaire est lysée. Les LL-37 sont des molécules semblables aux AMPs. La réponse induitepar les PSM est supérieure aux molécules de référence que sont les LL-37. Cela confirme bien l'action dumicrobiote cutané dans la réponse immunitaire et la défense contre les agents pathogènes. (22)(38)

6. Impact de l'environnement sur le microbiote, la peau et sa santé

Le microbiote cutané forme un biofilm sur la peau qui doit se renouveler constamment pour s'adapter à ladesquamation naturelle ainsi qu'aux pratiques d'hygiène corporelle. En effet, malgré son incroyablecapacité à s'autoréparer, le corps est en état d'alerte permanent, il mène un combat sans fin contre desmicrobes capables de la dégrader. La colonisation persistante découle de la capacité de la flore résidente àadhérer à l’épithélium, croître sur un milieu relativement sec et acide, et rapidement ré-adhérer au coursdu processus normal de desquamation. (7)(39)(40)

Outre les facteurs intrinsèques tels l’âge, le sexe, la constitution génétique et la réactivité immunitaire, lesfacteurs extrinsèques tels le climat (température, humidité ambiante, UV), les traitements médicamenteux(antibiotique, corticoide), une hospitalisation, le type de vêtements portés, l’utilisation de lotions, crèmes,nettoyants, déodorants ou antitranspirants, la fréquence de lavage, la présence d’un traumatisme et biend'autres facteurs peuvent avoir un impact important sur la composition des communautés microbiennescutanées. (13)(22)

6.1. Impact de l'hygiène

Après la toilette le pH de la peau n'est plus acide mais alcalin. Pour les non résidents c'est le moment idéalpour essayer de gagner du terrain, mais ils n'y parviennent que si les bactéries résidentes mettent trop detemps à recoloniser les espaces vacants. C'est un cercle vertueux, en se développant, ces bactériesrecrééent cet environnement acide qui leur permet de s'épanouir. Si la peau est repeuplée assez vite, lesorganismes étrangers ont du mal à la coloniser. Pour rester en bonne santé, nous devons avoir sur notrepeau la bonne proportion de bactéries permanentes. La composition de cette flore bactérienne varie d'unepersonne à l'autre et dépend beaucoup des habitudes et du mode de vie.

Une fréquence excessive de lavage peut avoir un effet négatif sur l'état de la peau : détérioration desprotéines, délipidation...Le savon et le shampoing englobent les cellules de la peau et les bactéries. Cescellules sont alors détachées. Le savon ayant généralement un pH bien supérieur à celui de la peau ildéteriore le microbiote présent. Le rituel de la douche quotidienne laisse de vastes espaces dégagés à lasurface de la peau. Ce sont autant de nouveaux territoires potentiels pour des bactéries colonisatrices.Cette dégradation cutanée peut entraîner une diminution de la fonction barrière et une augmentation de ladesquamation. Cela impacte sur l'intégrité et la composition du microbiote cutané.

6.2. Impact des agents anti-bactériens

Malgré leurs effets indiscutables sur la diminution des infections cutanées, l’utilisation prolongée de savonantibactérien peut entraîner une modification de la flore totale et favoriser la présence d’autres espèces quine sont pas présentes habituellement sur la peau. L’utilisation intensive de ce type de produits va détruire

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la flore résidente et par ces espaces laissés vacants sur l'épiderme, les pathogènes prennent le dessus. Unesur-utilisation de ces agents peut donc perturber le fragile équilibre de la microflore cutanée et rendre lapeau sensible aux agents pathogènes qui étaient tenus jusqu’alors à distance par le microbiote résident telque S.epidermidis avec la production d'agents anti-microbiens.

6.3. Impact du pH et de la température

Le pH moyen normal cutané est légèrement acide. Celui-ci peut varier entre 4 et 7, avec par exemple unpH de 4,6 au niveau du front et un pH de 7 entre les orteils. Ce pH est notamment maintenu à des valeursbasses par le microbiote présent à la surface de la peau. En effet, ce pH doit être maintenu dans desvaleurs proches pour éviter d'impacter négativement sur le microbiote cutané. Cette variation de pH peutêtre dûe à l'action des produits nettoyants mais peut provenir de l'eau seule. Une altération de la barrièrehydrolipidique constituant la peau peut aussi provoquer cette variation de pH. C'est une homéostasiecomplexe qui permet de conserver ce pH.

Le maintien du pH du stratum corneum est capital pour la défense de la peau contre les agents pathogènes.Cela permet de sélectionner les micro-organismes présents. Les études prouvent notamment que ce pHjoue dans la répartition des bactéries, elles ne se développent pas également en nombre et en espèce auniveau des différentes zones de la peau qui sont les zones humides, sèches et sébacées.

L’acidité cutanée protège la peau contre les infections microbiennes. La flore résidente se développemieux à un pH légèrement acide, alors que les bactéries pathogènes telles S. aureus ont préférentiellementbesoin d’un pH un peu plus élevé pour se développer. (13)

Aussi, la température du corps joue son rôle dans la diversité et la répartition de ce microbiote cutanée. Eneffet, en fonction de cette température se développent des micro-organismes différents. Une cartographiepeut représenter ces variations de pH et de température.(Figure15)

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Figure 15 : Variations de pH et de température sur le corps humain

6.4. Impact de la biodiversité et des habitudes de vie

Ces micro-organismes composant la flore cutanée évoluent dans des zones différentes de la peau car sedéveloppent dans des conditions particulières et spécifiques. La population mondiale vit de plus en plus enbordure de l'urbanisme et cela réduit les contacts humains avec l'environnement rural. Cela peut conduireà une diminution de la stimulation des circuits immuno-régulateurs. Or cette biodiversitéenvironnementale semble influencer la composition des communautés bactériennes présentes sur la peau.Il est observé que la diversité des bactéries cutanées est plus importante chez les sujets vivant à proximitédes forêts et terrains agricoles, en comparaison de ceux vivant à proximité des zones construites et desplans d’eau. Le microbiote évolue au cours de la vie et l'exposition à différents écosystèmes et bactériesdiverses sont nécessaires pour le développement de l'immunité acquise et diminuer les risques d'allergie.(13)(18)

Nous ne sommes toutefois pas égaux vis à vis de ce microbiote puisqu'il est acquis principalement à lanaissance lors du passage dans le vagin de la mère. Pour ceux qui sont nés par césarienne, des étudesrécentes montrent qu'ils sont plus sujets à des allergies, à l'asthme et aux dermatites atopiques. Unesélection se fait ici par les prédispositions génétiques. Toutes les mères n'ont pas non plus le mêmemicrobiote vaginal.

L'âge joue aussi un rôle dans l'intégrité de ce microbiote puisque l'action des glandes sébacées estprimordiale pour la survie de certains micro-organismes présents sur la peau. Au fur et à mesure que lesannées passent des changements hormonaux font varier ces glandes et modifient donc ce microbiote.

Enfin, l'hygiène et les médicaments modifient la constitution du biofilm de la peau et sélectionnent lesbactéries présentes, voire détruisent tout le microbiote présent. Des études sont en cours pour étudierl'impact réel de tous ces perturbateurs du microbiote.

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Figure 16 : Impact du mode de vie sur le microbiote

CHAPITRE 3Les pistes de recherche en cosmétique

1. L'impact du microbiote sur les cosmétiques

Le microbiote de la peau participe à la « signature » olfactive de la peau humaine. En effet, chaqueindividu a une odeur particulière car son microbiote cutané est unique. Ce sont les bactéries présentes surla peau qui sont responsables des mauvaises odeurs de transpiration car elles modifient les structures descomposés produits par la sueur ou le sébum.(41)

Cette flore impacte directement sur les parfums, les produits de beauté et autres composés appliqués sur lapeau. Ces produits vont interférer avec la peau et notamment avec le microbiote présent et celui-ci vaapporter une réponse unique à chaque hôte. C'est pour cela que les parfums et les cosmétiques parfumésne donnent pas la même odeur sur la peau de chacun d'entre nous.

Les textures des cosmétiques peuvent aussi être modifiées par la présence d'un microbiote particulier. Lesingrédients composant un cosmétique vont se modifier au contact de la peau et vont intéragirdifféremment avec elle en fonction de la flore cutanée qui la compose.

2. L'impact des cosmétiques et des médicaments sur le microbiote

Les cosmétiques et les médicaments ont eux aussi un impact réciproque sur le microbiote cutané (23)(42).Ils modifient la composition de celui-ci en supprimant les bactéries présentes. Comme citéprécédemment, la douche et les produits d'hygiène déstabilisent et retirent le biofilm cutané formé par lemicrobiote cutané. Même si celui-ci s'autorenouvelle plutôt rapidement, cela le perturbe et peut donnerlieu à la porte d'entrée pour les bactéries pathogènes et le développelement d'une irritation ou d'uneinfection.

Les médicaments tels que les antibiotiques suppriment de nombreuses bactéries du microbiote humain etnotamment des micro-organismes du microbiote cutané. Cela favorise aussi les infections.(20)

3. Vers une cosmétique et une hygiène à base de bactéries ?

L'industrie cosmétique et les scientifiques l'ont bien compris, le microbiote cutané joue un rôle crucialdans la protection et la défense de la peau contre les pathogènes. De nouvelles gammes de produit ciblantle microbiote cutané éclosent et de plus en plus de crèmes hydratantes contiennent des probiotiques pourprotéger ce microbiote et retarder sa dégradation.(43)(44)

L'intégrité de la peau et de ses couches reste aujourd'hui une priorité pour maintenir ce microbiote cutané.En effet, la qualité de la peau impacte directement sur les micro-organismes présents à sa surface. Ils sontconditionnés et s'épanouissent selon le microbiome qui leur convient. Si celui-ci est modifié ou altéré parune modification de pH ou encore d'humidité il va se déséquilibrer et laisser place à des perturbationscutanées telles que les dermatites. Les marques de beauté tendent aujourd'hui à formuler des produits plusrespectueux de la peau et notamment de son pH.

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Dove a notamment développé une technologie « Hydra-nutrium » qui respecterait le pH légèrement acidede la peau afin de ne pas perturber le fonctionnement de la barrière cutanée.(45)(46)(47)

De récentes études ont démontré que la composition du microbiote des patients atteints de dermatiteatopique est modifiée. Souvent, la diversité de ce microbiote est altérée et une surabondance d'un micro-organisme spécifique ayant profité de cet espace vacant est identifiée. La Roche Posay propose le produitLipikar Baume AP et ayant étudié son impact sur la peau, la marque a constaté qu'après 3 moisd'application l'état de la peau est considérablement amélioré et la barrière cutanée restaurée, prouvant ainsique le microbiome est rééquilibré.(48)

Avène dispose d'une longueur d'avance dans la connaissance du sujet avec une première publication en2008 sur le profil microbien de la dermatite atopique. La marque dermo-cosmétique a même franchi unpas supplémentaire et désigné de façon spécifique un actif qui agit sur la flore microbienne de la peauatopique. « C'est l'I-Modulia, extrait d'une microflore présente dans l'eau thermale d'Avène, qui est aucoeur de la gamme visage et corps XeraCalm A.D », précise Anne-Marie Schmitt, directrice de larecherche clinique chez Pierre Fabre Dermo-Cosmétique. (49)(50)(51)

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Figure 17 : Produits cosmétiques présentés comme adaptés au microbiote cutané

CHAPITRE 4De nouvelles perspectives en terme de recherche

1. The Human Microbiome Project

En 2007 aux Etats-Unis, le National Institute of Health (NIH) a lancé le vasteprojet scientifique dénommé Human Microbiome Project (HMP). Il a pour but deséquencer tous les gènes ou génomes de tous les micro-organismes présents sur lecorps humain et d'en créer une base de données. Tout ceci pour comprendre leurinfluence et leur rôle sur la santé de l'homme. Ce séquençage est effectué à partird'échantillons provenants de la bouche, de la gorge, du nez, de la peau, du tubedigestif ainsi que dans le tractus urogénital féminin et masculin plus récemment.Cette étude a été menée sur 18 zones différentes du corps de 240 volontaires sains.Elle a notamment permis de lever le voile sur l'impressionnante variabilité intra etinter-individuelle qui existe dans la diversité de ce microbiote cutané. Cette basede données permet de poursuivre les recherches concernant l'implication de cemicrobiote dans le développement de pathologies cutanées. (52)(55)

A la suite de ce projet, il a été créé au Canada une Initiative canadienne du microbiome (ICM) dans le butd'utiliser ces données récoltées aux Etats-Unis et de collaborer. Un Atelier Canadien sur le microbiomes'est même tenu en 2014 et a permis de réunir les principaux chercheurs ainsi que les industriels dans ledomaine afin d'examiner et de mettre au point des stratégies de recherche. (53)

Aussi, en 2008, une base de données a été conçue par l'Institut américain de recherche dentaire etcrâniofaciale (NIDCR) pour un accès gratuit et facilitant le travail collaboratif. Elle répertoriait lemicrobiome oral avec plus de 600 génomes de micro-organismes buccaux.

2. Le projet MyNewGut

Lancé en décembre 2013, ce programme financé par l'Union Européenned'une durée de 5ans s'est interessé au rôle et à l'impact du microbiomeintestinal sur la santé humaine dans 4 domaines principaux qui sont :

-l'étude du rôle du microbiome intestinal dans le métabolisme desnutriments et l'équilibre énergétique,

-la compréhension de l'influence des facteurs environnementaux sur lemicrobiome lors de la grossesse et du développement foetal et sesrépercussions sur le nouveau-né,

-l'identification de composants spécifiques qui prédisent ou contribuentaux troubles métaboliques et alimentaires,

-le développement de nouveaux ingrédients et prototypes alimentaires quimettent l'accent sur l'écosystème intestinal.(54)

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Figure 18 : Logo du Human Microbiome Project

Figure 19 : Logo du projet MyNewGut

CONCLUSION

Tous ces nouveaux projets ainsi que les avancées concernant le séquençage et la constitution debase de données sur le microbiome confortent l'idée de grandes découvertes à venir. En effet, denombreuses publications émergent et de nouvelles connaissances permettent de faire des liens très précisentre la constitution de la peau, celle du microbiote et les affections cutanées que peut développer l'êtrehumain.

Le microbiote cutané a montré son action au niveau de la barrière immunitaire que constitue lapeau et notamment grâce à S.epidermidis. Les études prouvent aussi que cet écosystème est fragile et queles conditions actuelles de vie, notamment la vie urbaine et les habitudes d'hygiène, ne sont pas en faveurde la conservation de ce microbiote.

Les laboratoires de recherche ainsi que les grandes marques dermo-cosmétiques ont déjàcommencé à travailler sur ce microbiote et l'ont pris en compte dans les formulations récentes de leurcosmétiques. La prise de conscience sur l'importance de ces micro-organismes semble être lancée.Sommes-nous entrés dans l'ère de la cosmétique probiotique ?

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Résumé

Plus de 1000 milliards de bactéries vivent sur le corps humain. C'est le microbiote cutané. Toutes cesbactéries vivent en symbiose avec la peau et permettent de potentialiser les réactions de défenseimmunitaires de cette peau contre les agents pathogènes. Cette flore est inégalement répartie ennombre et espèces selon une cartographie spécifique que sont les zones humides, sèches et sébacées.Cette variabilité intra-individuelle montre bien la complexité de cet écosystème mais l'existence d'unevariabilité inter-individuelle bien marquée souligne aussi l'importance de facteurs extérieurs.Malheureusement, les conditions de vie actuelles montrent que la population vit dans des régions deplus en plus urbanisées et hygiénistes. Tout cela ne joue pas toujours en faveur de ce microbiote, maisles professionnels de la cosmétique ont décidé d'inverser la tendance.

Abstract

More than 1000 billion bacteria live on the human body. This is the cutaneous microbiota. All thesebacteria live in symbiosis with the skin and allow to potentiate the skin's defense immune reactionsagainst pathogens. This flora is unevenly distributed in number and species according to a specificmapping which are humids, dry and sebaceous areas. This intra-individual variability clearly showsthe complexity of this ecosystem but the existence of an inter-individual variabilityalso shows theimportance of external factors. Unfortunately, current living conditions show that the population livesin more and more urbanized and hygienic areas. All this does not always play in favor of thismicrobiota, but the cosmetics professionals have decided to reverse the trend.

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