Catherine Vidal et Dorothée Benoit-Browaeys : Cerveau … · Catherine Vidal et Dorothée...

Click here to load reader

Transcript of Catherine Vidal et Dorothée Benoit-Browaeys : Cerveau … · Catherine Vidal et Dorothée...

  • Catherine Vidal et Dorothe Benoit-Browaeys : Cerveau sexe et pouvoir

    Uittreksel van Genres Pluriels

    http://www.genrespluriels.be/Catherine-Vidal-et-Dorothee-Benoit

    Catherine Vidal et Dorothe

    Benoit-Browaeys : Cerveau

    sexe et pouvoir- Accueil Site - GenreS fluideS - Fminisme Queer -

    Online geplaatst op: donderdag 7 februari 2008

    Copyright Genres Pluriels - Alle rechten voorbehouden

    Copyright Genres Pluriels Page 1/5

    http://www.genrespluriels.be/Catherine-Vidal-et-Dorothee-Benoithttp://www.genrespluriels.be/Catherine-Vidal-et-Dorothee-Benoit

  • Catherine Vidal et Dorothe Benoit-Browaeys : Cerveau sexe et pouvoir

    Catherine Vidal et Dorothe Benoit-Browaeys : Cerveau sexe et pouvoir. Avant-propos deMaurice Godelier. ditions Belin, collection Regards, 2005, 112 p

    POSITION DE GENRES PLURIELS :

    Nous vous invitons modifier systmatiquement "LE sexe" par "LES sexes" ainsi que "LEgenre" par "LES genres" quant il s'agit de la vision gnrale CAR

    ... LE PLURIEL EST POLITIQUE ... afin de dmontrer la diversit ainsi que l'ouverture de multiples possibilits.

    Catherine Vidal et Dorothe Benoit-Browaeys :Cerveau sexe et pouvoir.

    Note de lecture voir site

    Ce livre est une oeuvre de combat. Il s'inscrit dans la lutte thorique et idologique contre les tenants dudterminisme biologique, qui justifient les ingalits par la nature. La question de dpart est donc : Le recours l'autorit de la science permet-il de lgitimer l'ingalit entre les hommes et les femmes, le pouvoir machiste est-ilinscrit dans le cerveau ? Pour les auteures, la rponse est non ! Afin d'appuyer leur dmonstration, elles font le bilandes connaissances sur le sujet.

    Un premier prjug est balay d'emble : le poids prtendument infrieur du cerveau des femmes. Il n'est pasinfrieur si l'on tient compte des proportions du corps. En outre, le poids du cerveau ne prouve rien, de nombreuxsavants ou crivains avaient de petits cerveaux. La seulechose que l'on puisse dmontrer, c'est que le cerveau est programm pour apprendre. Aucune mesure ne dmontrel'infriorit des femmes... ni celle des personnes noires, d'ailleurs.

    Nos aptitudes, nos motions, nos valeurs ne sont pas inscrites dans les structures mentales physiques ; elles nesont pas immuables, elles sont acquises. Notre destin n'est pas grav dans notre cerveau. Au contraire, les tudessur le cerveau au moyen d'analyses par IRM montrent une grande varit de fonctionnements dans l'organisationdes penses, ainsi que dans l'activation des neurones et des diverses zones crbrales, pour obtenir un mmersultat.

    Le cerveau est mallable, il volue selon les apprentissages et les expriences. Avec l'apprentissage, les diffrencesfinissent par s'estomper. Autrement dit, la culture joue un rle. Chez les femmes, on constate une rductionprogressive des carts de performance, qui va de

    Copyright Genres Pluriels Page 2/5

    http://1libertaire.free.fr/CerveauSexePouvoir05.htmlhttp://www.genrespluriels.be/Catherine-Vidal-et-Dorothee-Benoit

  • Catherine Vidal et Dorothe Benoit-Browaeys : Cerveau sexe et pouvoir

    pair avec l'intgration socioprofessionnelle.

    Le fonctionnement du cerveau volue en permanence, selon les vnements. Les circuits neuronaux se font et sedfont au gr des expriences. Cette rversibilit montre que les choses ne sont pas fixes l'avance ni immuables.On ne possde jamais le mme cerveau : il est considrer comme un livre d'histoire personnelle, le tmoin dupass ouvert sur l'avenir.

    La spcialisation produit des cerveaux diffrents. Les observations montrent que la dissemblance entre despersonnes spcialises dans des activits distinctes est plus grande qu'entre femmes et hommes. Les tudes sur lecerveau rvlent une plasticit crbrale : pour aboutir un mme rsultat, les humains emploient des mthodesvaries.

    En revanche, il est maintenant prouv que le dveloppement du cerveau traverse des priodes critiques. Sescapacits se dveloppent par l'interaction avec le monde extrieur physique et notre monde mental. Ce constat meten vidence l'importance de la culture et du milieu familial, d'o l'intrt des programmes pour enfants en difficult.

    L'apprentissage, y compris chez l'adulte, s'appuie sur les caractristiques du cerveau humain. Le cerveau a unegrande plasticit : il acquiert de nouvelles comptences, mais peut galement liminer des connexions acquises quine lui sont plus utiles. Le caractre rversible est complmentaire de la restructuration qui intervient, par exemple,aprs un accident. Il se produit une compensation induisant l'utilisation de nouvelles zones du cerveau. Le processusde formation et d'limination des synapses est l'oeuvre en permanence.

    Les diffrences de sexe ou de couleur de peau ne peuvent pas s'expliquer par un seul facteur. Le sexe biologiqueest un long processus qui met en jeu de multiples gnes. Il n'existe pas un dterminant qui expliquerait lui seul ladiffrence des sexes.

    Sur la question de l'influence des hormones, les auteures remarquent que le sujet est assez complexe et qu'il s'estmodifi avec l'volution des espces. L'espce humaine se caractrise par une sparation entre la sexualit et lareproduction, ce qui n'est pas le cas chez les autres espces animales. Cette sparation gnre une disponibilitsexuelle permanente. La sexualit diffrente des besoins vitaux. L'influence de la culture va de pair avec le recul deshormones. L'importance des constructions mentales, imaginaires, symboliques, dans l'rotisme humain montre queles donnes biologiques sont mdiatises par la culture.

    La dtermination biologique est-elle privilgier ? L'anthropologie montre que les croyances religieuse apparaissentvers moins 30 000 ans, en mme temps que les outils.

    Les humains voluent toujours en groupe, avec des rgles sociales, des croyances, des traditions. Dans cettevolution, existe-t-il une origine diffrente pour la femme et pour l'homme ? Les anthropologues, commeLvi-Strauss, remarquent que les constructions symboliques et les mythes sont fondamentaux dans le contrle de lasexualit. Avis partag par Franoise Hritier, qui pense que les hommes ont besoin de contrler le corps desfemmes car ils dpendent d'elles pour se reproduire. La sexualit est un fait de culture. C'est la pense humaine quia construit des systmes d'interprtation et des pratiques symboliques constituantautant de manires d'organiser et de lgitimer la primaut des hommes sur les femmes.

    Ensuite, les auteures s'attaquent aux corrlations abusives utilises pour montrer que la chimie est dterminantedans le niveau d'intelligence. Mme chose pour le suicide. La science est instrumentalise, dvoye des finsidologiques. Avec l'IRM, l'observation du comment l'emporte sur le pourquoi. L'IRM montre la plasticit du cerveauet sa complexit. La simplicit rassure et renforce les prjugs. Allons-nous vers une neurosocit ? Oui, s'il est

    Copyright Genres Pluriels Page 3/5

    http://www.genrespluriels.be/Catherine-Vidal-et-Dorothee-Benoit

  • Catherine Vidal et Dorothe Benoit-Browaeys : Cerveau sexe et pouvoir

    fait unrecours abusif la biologie. Expliquer les diffrences entre humains par le dterminisme biologique prsenteplusieurs dangers. Le refus des facteurs socioculturels et politiques est renforc par certaines tudes du cerveau.L'explication des problmes sociaux par la biologie conduit postuler un lien fort entre biologie et politique. Cemcanisme rducteur cherche tablir une liaison entre les neurosciences et une vision politique ractionnaire, quiprocde par naturalisation. Les enjeux financiers sont considrables, ils concernent la pharmacologie, pourtoutes les varits de psychotropes et l'implantation de puces dans le corps humain. La recherche du bien-tre peutconduire vouloir s'affranchir des contraintes lies la condition humaine et une remise en cause de l'ducation etdes rformes sociales. S'appuyer sur la technologie ou sur la chimie pour amliorer l'espce humaine peut inciter la mise en convergence des nanotechnologies, des biotechnologies, de l'informatique et des sciences cognitives.Les auteures se demandent si un nouveau cap idologique n'est pas en train d'tre franchi avec le dopage humain.Le neuromarketing est une des applications de ces disciplines. Il s'agit d'influencer le mental humain en vue del'achat. Il servirait amliorer l'efficacit de la pub et exploiter le cerveau rendu disponible par TF1. Catherine Vidalet Dorothe Benoit-Browaeys pensent que tout cela pose un problme thique et qu'il faut mener le dbat. Sicertaines forces affirment que la biologie est la cl de la nature humaine, importe de rappeler que la nature humainen'existe pas. La nature humaine, c'est la culture ! On nous propose d'anticiper les problmes, comme ceux duterrorisme ou des violences urbaines. La biologie expliquerait le mental, y compris pour la psychologie et les autressciences humaines. Les deux auteures nous rappellent les positions de Pierre Thuillier contre la sociobiologie. Lascience, ainsi dcrite, est un enjeu politique.

    Elles terminent leur livre par une sorte de rsum sur les principaux thmes dans lesquels la biologie est utilisepour justifier l'infriorit des femmes.

    Le cerveau a-t-il un sexe ?Oui et non. Oui, mais les diffrences entre les femmes et les hommes sont acquises, elles ne sont pas naturelles.Non, car la diffrence entre un rugbyman et un violoniste est plus grande qu'entre les femmes et les hommes. Ladiffrence des sexes n'est pas inscrite dans le cerveau, dot d'une caractristique fondamentale : la plasticit. Il esten permanente volution, au fil de l'apprentissage et de l'exprience vcue. Il existe une rversibilit et la fixationn'est pas dfinitive. Si l'activit spcialise s'arrte, la comptence acquise dans le cerveau rgresse.

    Le sexe et le volume du cerveau ?Chez les femmes il peut tre plus petit, mais proportionnellement au corps des femmes. Il n'existe pas de rapportentre le poids, le volume du cerveau et l'aptitude intellectuelle.

    Cerveau droit, cerveau gauche ?Les rsultats scientifiques ne sont pas probants ; les conclusions sont abusives.

    Langage et orientation dans espace ?Rien n'est prouv. Si les femmes sont plus l'aise dans le langage et les hommes dans l'espace, c'est d l'influence de l'apprentissage, de la culture. C'est qui est nomm genre . La progression est toujours possibleavec l'apprentissage, que l'on soit homme ou femme. D'autre part, la diffrence diminue avec le dveloppement dutravail des femmes.

    Les valuations et les rsultats des tests ?L'apprentissage est diffrent pour les femmes et pour les hommes. Ce qui dmontre simplement la plasticit ducerveau. Avec l'apprentissage, on constate une volution dans les comptences. Un des exemples faciles observer est celui des nouveaux pres . Ces hommes s'occupent de leurs enfants sans tre, au dpart,programms pour cela.

    Copyright Genres Pluriels Page 4/5

    http://www.genrespluriels.be/Catherine-Vidal-et-Dorothee-Benoit

  • Catherine Vidal et Dorothe Benoit-Browaeys : Cerveau sexe et pouvoir

    Les hormones et le cerveau ?Les hormones sont importantes pour la reproduction humaine. Toutefois, chez les humains, le choix des partenairesn'est pas dtermin par les hormones. Les homosexuels n'ont pas de problme d'hormones. La dlinquance n'estpas lie un dsordre hormonal, mais un dsordre social. Les hormones ont-elles une influence sur la dpression,les maladies mentales, l'agressivit ? Les hormones jouent un grand rle pendant la grossesse et la mnopausemais, hors de ces priodes, il est impossible de l'affirmer car trop de facteurs entrent en jeu.

    La prhistoire et le cerveau ?L'homme aurait t le chasseur et ce pass resterait inscrit dans son cerveau depuis des temps immmoriaux : rienne peut le dmontrer. La distribution des rles est trs variable entre les femmes et les hommes. Il semble bien queles humains de la prhistoire aient vcu en petits groupes, dont tous les membres taient ncessaires pour faire face une vie difficile.

    Le bilan ?Mme si les gnes et les hormones exercent une certaine influence sur le comportement humain, les circuitsneuronaux sont lis notre histoire personnelle. Donc, que l'on soit femme ou homme, il n'existe pas d'invariant. Leseul qui soit, c'est l'invariant de l'inceste et son origine est culturelle. Pas de lois universelles qui dirigent lesconduites humaines. La rgle gnrale est celle de la diversit lie une formidable plasticit du cerveau humain.

    La conclusion ?Il s'agit du fondement de notre humanit. Qu'est-ce qui nous fait homme ou femme : la culture ou la nature ? Et pourquelle part ? L'autorit de la science dans le capitalisme contemporain est une cl servant justifier la domination.Le discours de la science est celui de la vrit ; il nonce des certitudes. Le rle des experts est devenu fondamentalavec l'effacement du discours d'autorit classique. Or, l'activit scientifique est faite de doutes, de dbats, de remisesen cause, etc. qui font avancer les ides, l'instar des sciences humaines. L'histoire humaine est aussi l'histoire desides, une histoire culturelle, une histoire des cultures. L'histoire humaine est fonde sur des valeurs ? Oui, mais leurlgitimit ne vient pas de la nature : c'est un choix, reposant sur la libert mentale, la libert de cration, la libertd'imagination (cf. Castoriadis etl'autonomie), qui est justement le propre de l'humain. Le cerveau permet d'chapper la nature, aux gnes, auxhormones. Si l'on peut dire qu'il est gntiquement programm, il l'est pour apprendre.

    Catherine Vidal et Dorothe Benoit-Browaeys terminent en se rfrant Franois Jacob, selon lequel : L'ouverturedu programme gntique augmente au cours de l'volution pour culminer avec l'humanit !

    Philippe Coutant, Nantes le 7 Mars 2005

    Note de lecture parue dans le numro 21 de la Revue "Les >temps maudits", revue dite par la CNT Vignoles

    Copyright Genres Pluriels Page 5/5

    http://www.genrespluriels.be/Catherine-Vidal-et-Dorothee-Benoit