ANNEE: 2010 THESE N°: 230
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UNIVERSITE MOHAMMED V
FACULTE DE MEDECINE ET DE PHARMACIE DE RABAT
ANNEE: 2010 THESE N°: 230
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THESE
Présentée et soutenue publiquement le 17 Décembre 2010
PAR
Mme Siham CHARIBA ép. Fahd EL AYOUBI
Née le 3 Février 1984 à Marseille
Pour l'Obtention du Doctorat en Médecine
MOTS CLES : Tuberculose laryngée – Mycobactérium tuberculosis – Endoscopie laryngée –
Granulome épithélio giganto cellulaire – Chimiothérapie antituberculeuse.
JURY
Mr. M. KZADRI PRESIDENT
Professeur d’Oto-Rhino-Laryngologie
Mme. L. ESSAKALLI HOSSYNI RAPPORTEUR
Professeur d’Oto-Rhino-Laryngologie
Mr. M. JIDDANE
Professeur d’Anatomie
Mr. M. FAROUDY
Professeur d’Anesthésie-Réanimation
Mr. S. EL AYOUBI MEMBRE HONORAIRE
Professeur d’Anatomie
JUGES
«« عثحاك لا عهى نا إلا يا
عهرا إك أد انعهى
انحكى
53سىرة انبقزة: ات:
انههى إا سأنك عها افعا و قهبا خاشعا وشفاء
ي كم داء و سقى
Je dédie
cette thèse …
A la plus douce, la plus belle des mamans
Tu as consacré toute ta vie pour mon bien être et pour faire de moi la
femme accomplie que je suis. Merci pour la force de l’amour que tu m’as
donnée sans compter. Merci pour ta perpétuelle disponibilité. Merci pour
tes conseils, si sages, et la bénédiction que tu m’as donnée pour prendre
toutes les grandes décisions de ma vie. J’admire l’exceptionnelle maman
que tu es mais surtout la femme extraordinaire que tu incarnes. D’abord
pour l’éducation intelligente que tu as su me donner. Je salue ton art dont
toi seule a le secret … J’admire la force de ton caractère, ton intelligence
et ton raffinement qui font toute ta grandeur et ton charisme. J’admire ta
bonté naturelle, ton innocence et l’âme d’enfant que tu as su garder
malgré tout. Je suis très fière et très honorée d’être la fille d’une aussi
grande dame, puisse ce modeste travail susciter à mon tour ta fierté.
Je t’aime maman
A mon papa chéri, mon confident, mon modèle de sagesse
Aucun mot ne pourrait être assez fort pour exprimer toute la
reconnaissance et la gratitude que je te porte. D’abord pour l’aide
précieuse que tu m’as apporté pour la réalisation de ce travail mais surtout
pour la tendresse et l’amour avec lesquelles tu m’as entouré. Tu t’es
toujours montré protecteur, présent, affectueux, patient, généreux et
dévoué pour m’aider à traverser chaque étape de ma vie. La grande
complicité qui nous unit fait de toi l’épaule sur laquelle je peux me reposer
et l’oreille à laquelle je peux me confier. J’admire l’homme que tu incarnes
cultivé, intelligent, serein, tolérant et juste. Tes qualités humaines et
l’étendue de tes connaissances font de toi un excellent chirurgien ORL que
je respecte profondément. Je suis très fière et honorée de porter la moitié
de ce précieux patrimoine génétique.
Je t’aime papa
A Mon Homme,
l’unique Amour de ma vie…
Je dédie cette « Amoureuse Thèse » au plus exceptionnel des Hommes…
Un homme aux qualités, si rares, de sincérité, de courage, de dévouement, de générosité et de performances qui font de toi l’époux idéal.
Tu es ce subtil mélange de force et de tendresse auquel je n’osais songer.
J’admire la force de ton caractère, la grandeur de ta personnalité et ton audace réfléchie qui te mèneront vers un glorieux avenir in challah.
Je rends hommage au seul et unique homme de ma vie ; à celui qui remplit ma vie d’Amour et de tendresse ; à celui qui lui donne un sens.
Pour toi, Amour, ces vers aux « Rimes d’Oto Rhino Laryngologie » :
Si l’Amour pouvait parler….
Ce serait pour sublimer la perfection de son égérie
Si l’Amour pouvait fleurer…
Ce serait pour humer la volupté de notre alchimie
Si l’Amour pouvait écouter…
Ce serait pour m’entendre te dédier ma vie.
Je t’aime Unique Amour
A ma sœur Ibtissam, mon ange gardien
Tu es la grande sœur idéal : toujours là pour veiller sur moi, pour me
protéger, pour me guider vers le meilleur chemin.
Des épreuves de la vie m’ont montrées la force ton courage, ton
déterminisme et ton sens de l’honneur. Je suis très fière d’être la sœur
d’une femme aussi juste et pure.
Je tiens à te remercier pour ton aide pour la réalisation de ce travail.
La bonté de ton cœur et ta grande générosité t’ouvriront les portes d’un
Bonheur sans fin in challah.
Je t’aime
A ma douce Meryem, mon âme sœur
S’il fallait que j’invente une petite sœur ce serait toi que je décrirai en tous
points.
Tu es mon petit bijou de douceur, de bonté, de courage et de pureté. Ta
grande maturité et ton sens des responsabilités m’ont toujours
émerveillés.
Merci sœurette pour l’aide que tu me donnes même lorsque je ne te
sollicite pas.
Beaucoup de choses futiles, d’autres plus profondes nous rapprochent et
donnent toute la dimension à notre grande complicité. Puisse Dieu nous
donner la force de mener à bien notre Jumyō shiken.
Totemo suki desu
A feu Bassidi, mon grand père maternel
Dr Abbès RAHAL
Tu aurais été si fière de voir ta petite fille prêter serment 55 ans après toi.
Tu étais un très grand médecin dont la réussite et le talent étaient connus
de tous. Je suis très honorée et très fière d’être ta noble descendante.
Puisse ta Baraka m’accompagner pour toujours.
A ma Milalla, ma douce grand-mère maternelle
Hajja Malika BENCHEHIDA
Merci Milalla de m’avoir transmis ton amour pour ce noble métier que tu
n’as jamais cessé de glorifier. Tes louanges sur la médecine ont eu raison
de 12 de tes petits enfants ! Bravo Milalla !
Je te dédie ce modeste travail pour ta bonté et toute l’affection que tu
m’as donné. Puisse dieu te prêter une longue vie pleine de Bonheur.
A la mémoire de mes grand- parents paternels
Feu Haj Mohammed CHARIBA et Feu Yamina MELHAOUI
Que ce travail soit une prière pour le repos de vôtres âmes.
A toutes mes tantes et oncles avec leurs conjoints
Recevez ici ma plus grande affection et mon plus grand attachement.
A tous mes cousins et cousines avec leurs conjoints et leurs enfants
Pour tous les moments de joie et de complicité que l’on a partagée.
A mes « beaux » beaux parents
C’est un grand honneur pour moi d’être la belle fille d’aussi merveilleux
beaux parents. Puisse Dieu vous conférer une longue vie pleine d’Amour et
de Bonheur.
Hnina, tu es ce rayon de « tendresse » qui illumine la vie de qui conque
s’en approche et qui propage autour de lui la joie de vivre. La beauté de
ton visage « qui résiste extraordinairement à l’épreuve du temps » est le
reflet de la pureté de ton âme, de ta bonté et de ta grande générosité.
Abi, après avoir découvert le talentueux Professeur d’Anatomie, j’ai eu
l’honneur de découvrir un beau père merveilleux qui m’a accueilli dans sa
famille avec beaucoup d’amour, de gentillesse et de générosité. Tes
qualités humaines et ta réussite professionnelle font de toi un modèle
pour tes enfants et pour qui conque à la chance de te côtoyer.
A Ali « The » beau frère, à Selim « le plus beau » et à Najlaâ
Tu es le beau frère idéal ! Protecteur, bienveillant, généreux et honnête.
La pureté de ton âme t’a donnée un adorable fils qui fait toute ta fierté et
une fidèle épouse qui te prépare ton second cadeau du ciel. Puisse Dieu te
venir en aide pour réussir tout ce que tu entreprends.
A Lala Hajja : En hommage à une grande dame
un modèle de courage, de vertu et de spiritualité.
A Lala Batoul :
Ta joie de vivre est une leçon pour tous.
Puisses-tu toujours garder ce si beau sourire.
A tous les membres des familles EL AYOUBI et BAKKALI En témoignage de ma reconnaissance
Pour votre accueil chaleureux et votre générosité.
A mes Fidèles Ami(e)s
Que cette thèse soit le témoignage de ma profonde reconnaissance.
A Mme le Pr R. Daoudi, à tous mes professeurs
d’ophtalmologie, à tous mes confrères, à Fouzia et à tous le
personnel du service d’Ophtalmologie A
En témoignage de mon grand respect et de mon profond attachement.
A Mme
A. Harmouche ép. Faroudy qui a collaboré à la réalisation de cette thèse en nous permettant de recueillir les
données anatomopathologiques.
A tous ceux dont l’oubli du nom
n’est pas celui du cœur.
REMERCIEMENTS
A Notre Maitre et Président de Thèse
Monsieur le Professeur M. KZADRI
Professeur d’Oto Rhino Laryngologie et de Chirurgie Maxillo Faciale
Chef de Service d’ORL et de Chirurgie Maxillo Faciale
Hôpital des Spécialités du CHU de Rabat
Nous sommes très touchés par l’honneur que vous nous faites en
acceptant de présider le jury de cette thèse.
Nous admirons votre parcours exemplaire et vos qualités humaines.
Votre immense culture et votre érudition reste pour nous un sujet
d’émerveillement.
Veuillez, cher Président et Maitre, croire en l’expression de notre
profond respect.
A Notre Maitre et Rapporteur de Thèse
Madame le Professeur L. ESSAKALLI HOSSYNI
Chef de l’Unité C du Service d’ORL et de Chirurgie Maxillo Faciale
de l’Hôpital des Spécialités - CHU Rabat
Chef de l’UFR d’ORL
Votre gentillesse et votre disponibilité nous ont profondément
marqués et nous tenons à vous remercier pour votre confiance et pour
votre soutien tout au long de la réalisation de ce travail.
Vous êtes pour nous le symbole de la réussite au féminin dans notre
société marocaine. Une femme qui a su allier sa réussite familiale avec
une brillante carrière professionnelle.
Veuillez trouver, ici, l’expression de notre plus grande estime et de
notre sincère gratitude.
A notre Maitre et Juge de Thèse
Monsieur le professeur M. JIDDANE
Professeur d’Anatomie
Chef du Service de Radiologie de l’Hôpital des Spécialités du CHU de Rabat
Vice Doyen de la Faculté de Médecine et de Pharmacie de Rabat
Nous sommes très honorés de vous compter parmi les membres de cet
honorable jury et de soumettre ce travail à votre appréciation.
Votre enseignement et vos réflexions ont marqués tous vos étudiants
et confrères.
Votre esprit critique a suggéré notre admiration et vos conseils nous
ont été précieux tout au long de nos études médicales.
Veuillez, cher Maitre, croire en l’expression de notre profond respect.
A Notre Maitre et Juge de Thèse
Monsieur le Professeur M. FAROUDY
Professeur d’Anesthésie-Réanimation du CHU de Rabat
Nous sommes particulièrement touchés par la spontanéité et la
gentillesse avec laquelle vous avez bien voulu juger ce travail.
Votre rigueur et l’étendue de vos connaissances sont connues de tous
et font de vous un référent.
Veuillez trouver ici l’expression de notre grande estime et de notre
sincère gratitude.
A Notre Maitre et Membre Honoraire de Thèse
Monsieur le Professeur S. EL AYOUBI
Professeur d’Anatomie du CHU de Rabat
Spécialiste en Oto Rhino Laryngologie et en Chirurgie Maxillo Faciale
La clarté de votre enseignement, la rigueur de votre analyse, l’étendue
infinie de vos connaissances ont marquées les 9000 étudiants qui ont
eu la chance de recevoir votre précieux enseignement sur les bancs de
la Faculté de Médecine de Rabat.
Vous êtes incontestablement une main d’or qui vous permet de
réaliser des prouesses chirurgicales, connues er reconnues par tous.
Votre dextérité et la sagesse que vous confère votre longue
expérience font de vous le Maitre que l’on écoute et que l’on respecte.
Nous avons eu l’honneur de côtoyer le Professeur, le Chirurgien et
maintenant nous avons le plaisir de découvrir « la perle » des beaux
pères. Ils ont tous en commun la générosité, la simplicité, la
gentillesse, la compétence et des qualités humaines qui font de vous
un idéal à atteindre.
Veuillez trouver ici l’expression de notre éternelle Affection pour
l’Homme, notre Respect pour le Chirurgien et notre Admiration pour
le Maitre.
Au Dr Fahd El AYOUBI
Résident au service d’Oto Rhino Laryngologie
Hôpital des Spécialité.CHU de Rabat
Si ce travail a pu être réalisé, c’est grâce à toi. Tu étais au devant
de chaque étape: du choix du sujet jusqu’à sa soutenance
publique. Je te remercie pour tous les efforts que tu as fournis,
pour tous tes encouragements et la patience dont tu as fait
preuve. Merci pour toute la tendresse et l’amour dont tu as su
m’entourer dans ces moments.
Cette thèse a été l’occasion pour moi de découvrir le brillant
médecin que tu es. J’admire ton esprit alerte et vif, la clarté et la
précision de ton raisonnement, l’immensité de tes connaissances
en oto rhino laryngologie. Tu as hérité du talent d’Abi et le travail
consciencieux que tu fournis chaque jour fera de toi un grand
nom de l’otologie qui marquera son époque.
Cette thèse ne représente que la première pierre de l’édifice qu’à
deux nous construiront pour faire de notre vie un Bonheur
éternel in challah.
Liste des abréviations
ADP : Adénopathie
ALAT : Alanine Amino Transférase
BCG : Bacille de Calmette Guerin
BK : Bacille de Koch
DOT: Directely Observed Therapy
E: Ethambutol
H : Isoniazide
HIV : Virus de l’Immunodéficience Humaine
HTE : Hyo Thyro Epiglottique
IDR : Intra Dermo Réaction
IRM : Imagerie par Résonance Magnétique
LID : Laryngoscopie Indirecte
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
ORL : Oto Rhino Laryngologie
PCR : Polymérase Chain Réaction
PIT : Primo Infection Tuberculeuse
R : Rifampicine
S: Streptomycine
TDM: Tomodensitométrie
Z: Pyrazinamide
SOMMAIRE
INTRODUCTION……………………………………………………
GENERALITES……………………………………………………….
I. Rappel anatomique :…………………………………………..
- Anatomie descriptive………………………………………
- Anatomie endoscopique…………………………………...
- Imagerie du larynx…………………………………………
II. Rappel physiologique…………………………………………
III. Historique……………………………………………………...
IV. Fréquence………………………………………………………
V. Epidémiologie………………………………………………….
VI. Bactériologie…………………………………………………...
VII. Histologie………………………………………………………
VIII. Mode de contamination et physiopathologie…………………
MATERIEL ET METHODE……………………………………….
I. Méthode……………………………………………………….
II. Observations…………………………………………………..
III. Résultats……………………………………………………....
DISCUSSION…………………………………………………………..
CONCLUSION…………………………………………………………
RESUMES………………………………………………………………
RFERENCES…………………………………………………………..
1
INTRODUCTION
2
La tuberculose est une infection bactérienne chronique provoquée par
une bactérie appartenant au complexe Mycobactérium Tuberculosis [1] [2]. Elle
est caractérisée, chez le sujet immunocompétent, par la formation de granulomes
dans les tissus infectés et par une hypersensibilité à médiation cellulaire
marquée.
La tuberculose est plus fréquemment pulmonaire mais elle peut siéger au
niveau de n’importe quel autre organe. Dans de rares cas, elle ne concerne que
le larynx, sans atteinte pulmonaire associée.
Cette localisation particulière mérite d’être rappelée, d’abord, en raison de
la recrudescence universelle de la tuberculose depuis 20 ans, favorisée
principalement par la diffusion du virus de l’immunodéficience humaine [3].
Mais également du fait de la difficulté diagnostique posée par cette localisation
rare de la tuberculose qui reste peu évoquée et qui peut prêter à confusion avec
une autre pathologie hautement fréquente dans notre pays : le cancer du larynx.
Nous proposons ainsi, à travers cette étude de dix cas colligés au sein du
Service d’Oto Rhino Laryngologie de Rabat de 2004 à 2009 inclus, de montrer
le véritable challenge diagnostique posé par cette pathologie aux présentations
cliniques et endoscopiques variées et trompeuses.
3
GENERALITES
4
I. RAPPEL ANATOMIQUE [4]
ANATOMIE DESCRIPTIVE
Le larynx est un organe impair et médian, situé à la partie moyenne de la
gaine viscérale du cou et qui occupe la partie supérieure de la région infra
hyoïdienne. Il est formé par un squelette cartilagineux suspendu à l'os hyoïde.
Les différents cartilages sont unis par des articulations, des membranes, des
ligaments et des muscles.
A. Forme et dimensions
Le larynx a la forme d'une pyramide triangulaire à base postéro supérieure
répondant au pharynx et à l'os hyoïde, et à sommet inférieur répondant à l'orifice
supérieur de la trachée. Ses dimensions sont, chez l'homme, de 45 mm de haut et
35 mm de diamètre antéropostérieur à sa partie supérieure. Elles sont plus
réduites chez la femme (respectivement 35 mm et 25 mm). Les limites du larynx
sont représentées en haut par le bord supérieur du cartilage thyroïde qui répond
au corps vertébral de C4, et en bas au cartilage cricoïde en face du bord inférieur
de C6.
5
B. Cartilages du larynx
Le larynx est constitué par l'assemblage de 11 cartilages (Figure 1) :
- trois cartilages impairs et médians : le cartilage thyroïde, le cartilage
cricoïde et l'épiglotte ;
- quatre cartilages pairs : les cartilages corniculés de Santorini, les
cartilages cunéiformes de Wrisberg, les cartilages aryténoïdes.
Ces éléments sont réunis entre eux par des articulations et des structures fibro
élastiques. L'ensemble est doublé d'un appareil musculaire et recouvert par une
muqueuse de type respiratoire.
6
Figure 1 : Vue antérieure du larynx. [4]
1. Os hyoïde ;
2. Membrane thyrohyoïdienne ;
3. Cartilage thyroïde ;
4. Membrane cricothyroïdienne ;
5. Cartilage cricoïde ;
6. Trachée
7
1. Cartilage thyroïde (Figure 2)
Le plus volumineux, il a la forme d'un bouclier qui protège les éléments du
larynx. Il est formé de deux lames latérales verticales, obliques en arrière et en
dehors, formant un angle dièdre ouvert en arrière et responsable en avant du
relief de la proéminence laryngée ou pomme d'Adam.
A .Vue antérieure B. Vue postérieure
Figure 2 : Cartilage thyroïde. [4]
1. Corne supérieure ;
2. Proéminence laryngée ;
3. Tubercule inférieur ;
4. Corne inférieure.
8
2. Cartilage cricoïde (Figure 3)
Il a classiquement la forme d'une bague chevalière à chaton postérieur et à
anneau antérieur.
A. Vue antérieure B. Vue postérieure
Figure 3 : Cartilage cricoïde. [4]
1. Facette articulaire avec la thyroïde ;
2. Facette articulaire avec l'aryténoïde ;
3. Chaton cricoïdien ;
4. Arc antérieur.
9
3. Cartilage aryténoïde (Figure 4)
Il a la forme d'une pyramide triangulaire dont la base s'articule avec le
cricoïde. Le cartilage aryténoïde présente un apex supérieur, une face médiale
lisse et concave, une face antérolatérale, une face dorsale, un angle
postérolatéral, le processus musculaire, un angle antéromédial, le processus
vocal.
A. Vue antérieure. B. Vue postérieure
Figure 4 : Cartilage aryténoïde. [4]
1. Apophyse musculaire ;
2. Cartilage corniculé ;
3. Apophyse vocale.
10
4. Cartilage épiglottique
Il a la forme d'une raquette de 65 mm (± 10 mm), à manche inférieur incurvé
dont l'extrémité forme le pied d'épiglotte qui s'insère dans l'angle rentrant du
cartilage thyroïde. L’épiglotte présente deux faces : une face laryngée postéro
inférieure et une face linguale antérosupérieure.
L'épiglotte est un cartilage très mobile grâce à la charnière inférieure
constituée par le ligament thyroépiglottique.
5. Autres cartilages
- Cartilages de Santorini, articulés avec l'apex de l'aryténoïde
correspondant.
- Cartilages sésamoïdes postérieurs, articulés avec l'aryténoïde et le
corniculé homolatéral.
- Cartilages accessoires comme les cartilages cunéiformes de Wrisberg
11
C. Articulations du larynx
1. Articulation cricoaryténoïdienne
Cette articulation présente une membrane synoviale et une capsule lâche
renforcée par le ligament cricoaryténoïdien postérieur ou triquètre, qui présente
un faisceau pour le processus vocal, un faisceau moyen et un faisceau postérieur
pour le processus musculaire.
Les articulations cricoaryténoïdiennes permettent des mouvements de
translation frontale, écartant ou rapprochant les cartilages aryténoïdes, de
rotation latérale ou médiale autour d'un axe vertical, écartant ou rapprochant les
processus vocaux et donc les cordes vocales.
2. Articulations cricothyroïdiennes
Ce sont de véritables articulations synoviales avec une capsule renforcée par
des ligaments cératocricoïdiens supérieur, inférieur et antérieur.
Elles permettent la bascule vers l'avant ou vers l'arrière du cartilage thyroïde,
avec un effet sur la tension des cordes vocales.
12
D. Membranes et ligaments du larynx (Figure 5)
Les différentes pièces cartilagineuses du larynx sont unies par des
membranes renforcées éventuellement par des ligaments.
1. Membrane cricotrachéale
Elle est tendue entre le cricoïde et le premier anneau trachéal. Elle est
circulaire, doublée en arrière par le muscle trachéal.
2. Membrane et ligaments thyrohyoïdiens
La membrane thyrohyoïdienne est tendue entre la face médiale des grandes
cornes de l'os hyoïde en haut, et le bord supérieur du cartilage thyroïde en bas.
Elle est renforcée par les ligaments thyrohyoïdiens médian et latéraux.
3. Membrane et ligaments cricothyroïdiens
La membrane est tendue entre le bord inférieur du cartilage thyroïde et le
bord supérieur du cartilage cricoïde. Elle est renforcée par le ligament
cricothyroïdien médian ou conoïde en avant et au milieu.
13
Figure 5 : Vue postérieure du larynx. [4]
1. Membrane thyrohyoïdienne ;
2. Cartilage sésamoïde ;
3. Épiglotte ;
4. Os hyoïde ;
5. Cartilage thyroïde ;
6. Cartilage aryténoïde ;
7. Cartillage cricoîde
14
4. Ligaments de l'épiglotte (Figure 6)
L'épiglotte est reliée à la langue par les ligaments glossoépiglottiques médian
et latéraux, au pharynx par les ligaments pharyngoépiglottiques, au cartilage
thyroïde par le ligament thyroépiglottique, au bord supérieur de l'os hyoïde par
la membrane, le muscle et le ligament hyoépiglottiques, et enfin aux cartilages
aryténoïdes par les ligaments aryépiglottiques.
Figure 6 : Coupe antéropostérieure du larynx. [4]
1. Membrane thyrohyoïdienne ; 6. Ventricule de Morgagni
2. Os hyoïde ; 7. Corde vocale
3. Épiglotte ; 8. Cartilage thyroïde
4. Repli aryténoépiglottique ; 9. Cartilage cricoïde
5. Bande ventriculaire ;
15
5. Ligaments du complexe aryténoïdien
Les cartilages aryténoïdes sont reliés :
- au corniculé par le ligament arycorniculé ;
- au cricoïde par la capsule cricoaryténoïdienne renforcée par le ligament
triquètre ;
- au cartilage thyroïde au niveau de son angle rentrant par les ligaments
vestibulaire et vocal qui renforcent la membrane élastique.
16
E. Musculature intrinsèque du larynx
1. Muscle cricothyroïdien
Il est le seul muscle du larynx innervé par le nerf laryngé supérieur. Il fait
basculer en avant le cartilage thyroïde et tend indirectement les cordes vocales.
2. Muscle cricoaryténoïdien postérieur
Il fait pivoter le cartilage aryténoïde en arrière et en dehors et écarte les
cordes vocales. C'est le seul muscle abducteur des cordes vocales ou dilatateur
de la glotte.
3. Muscle aryténoïdien transverse
Il rapproche les deux cartilages aryténoïdes et est donc adducteur des cordes
vocales.
4. Muscle aryépiglottique
Il abaisse les cordes vocales et est adducteur des cordes vocales ou
constricteur de la glotte.
5. Muscle aryténoïdien oblique
En rapprochant les cartilages aryténoïdes, il est adducteur des cordes vocales.
6. Muscle cricoaryténoïdien latéral
En faisant pivoter le cartilage aryténoïde en avant et en dedans, il est
adducteur des cordes vocales.
17
7. Muscle cricoépiglottique
En abaissant l'épiglotte, il contribue à la fermeture de la glotte pendant la
déglutition.
8. Muscle thyroaryténoïdien latéral
Il rapproche les cartilages aryténoïdes et est donc adducteur des cordes vocales.
9. Muscle vocal ou thyroaryténoïdien médial
Constitué de fibres entrecroisées ayant un mouvement de torsion lors de la
contraction, il détermine la fréquence des vibrations des cordes vocales
10. Muscle thyroaryténoïdien supérieur
Il rapproche les cartilages aryténoïdes et est donc adducteur des cordes vocales.
18
F. Configuration interne (Figure 7)
Le larynx est un tube de 5 cm de haut, 3,5 cm plus large à sa partie haute. Il
est tapissé par une muqueuse en continuité avec la muqueuse pharyngée et
trachéale. Cette muqueuse est doublée par une membrane fibroélastique tendue
du ligament aryépiglottique en haut à l'arc cricoïdien en bas.
La cavité laryngée est divisée en trois étages par deux replis :
- les cordes vocales supérieures ou plis vestibulaires, sous-tendues par le
muscle thyroaryténoïdien latéral et le ligament thyroaryténoïdien
supérieur ;
- les cordes vocales inférieures, sous-tendues par le ligament et le muscle
vocal ; elles limitent entre elles la fente de la glotte.
Les trois étages du larynx sont :
- l'étage supérieur ou vestibule laryngé, limité en haut par l'aditus laryngé,
en bas par la fente vestibulaire entre les plis vestibulaires ;
- l'étage moyen, limité par les cordes vocales ;
- l'étage inférieur ou infra glottique, en continuité en bas avec la trachée.
19
Figure 7 : Coupe frontale du larynx. [4]
1. Épiglotte ;
2. Os hyoïde ;
3. Bande ventriculaire ;
4. Cartilage thyroïde ;
5. Corde vocale ;
6. Cartilage cricoïde ;
7. Trachée
20
G. Vascularisation
1. Vascularisation artérielle
Elle est assurée par trois pédicules :
- artère laryngée supérieure : c'est une branche de l'artère thyroïdienne
supérieure qui vascularise la muqueuse et les muscles de l'étage supérieur
du larynx ;
- artère cricothyroïdienne ou artère laryngée moyenne : c'est une branche de
l'artère thyroïdienne supérieure qui vascularise la muqueuse de l'étage
inférieur du larynx ;
- artère laryngée inférieure : c'est une branche de l'artère thyroïdienne
inférieure qui vascularise les muscles et la muqueuse postérieure du
larynx.
2. Vascularisation veineuse
Elle est schématiquement satellite des artères. Les veines laryngées
supérieures et inférieures se drainent dans les veines thyroïdiennes supérieures.
Les veines laryngées postérieures se jettent dans les veines thyroïdiennes
inférieures.
21
3. Vascularisation lymphatique
Les lymphatiques du larynx se divisent en deux territoires : le premier, sus-
glottique, très important et le second, sous-glottique, plus fin.
Les troncs efférents suivent la disposition artérielle. On distingue:
- un pédicule supérieur qui se rend aux ganglions jugulaires moyens sous le
muscle digastrique ;
- un pédicule antéro-inférieur qui se draine dans les ganglions
précricoïdiens puis dans la chaîne jugulaire et les ganglions prétrachéaux ;
- un pédicule postéro-inférieur qui naît de la partie postérieure de l'étage
sous-glottique et se draine dans les ganglions de la chaîne récurrentielle et
les ganglions jugulaires inférieurs et sus-claviculaires.
22
H. Innervation du larynx
Elle est assurée par les nerfs laryngés supérieur et inférieur, branches du nerf
vague ou pneumogastrique, dixième paire de nerfs crâniens.
1. Nerf laryngé supérieur
C'est un nerf mixte, essentiellement sensitif, qui naît du nerf vague, au pôle
inférieur du ganglion pléxiforme. Il descend obliquement en bas et en avant,
contre la paroi pharyngée. En arrière de la corne de l'os hyoïde, il se divise en
deux branches :
- une branche médiale ou supérieure, sous-jacente qui donne l'innervation
sensitive de la muqueuse supérieure du larynx, de la partie adjacente du
pharynx et de la base de langue ;
- une branche latérale ou inférieure, qui donne l'innervation sensitive des
étages moyen et inférieur du larynx et assure le tonus des muscles du
larynx.
2. Nerf laryngé inférieur
C'est la branche terminale du nerf laryngé inférieur ou récurrent. Celui-ci naît
du nerf vague, à droite au-dessous de l'artère subclavière, à gauche au-dessous
de l'arc aortique, monte vers le larynx dans l'angle œsotrachéal. Il donne des
rameaux trachéaux, œsophagiens, cardiaques, et devient le nerf laryngé inférieur
quand il passe sous le constricteur inférieur du pharynx. Il donne alors trois
rameaux : un rameau anastomosé avec le nerf laryngé supérieur constituant
l'anse de Galien, un rameau postérieur, un rameau antérieur. Le nerf laryngé
inférieur innerve la muqueuse postérieure et tous les muscles du larynx, sauf le
crico thyroïdien.
23
ANATOMIE ENDOSCOPIQUE
La connaissance et la pratique de l'anatomie endoscopique du larynx se sont
considérablement développées avec l'amélioration des techniques d'endoscopie
et d'imagerie. À la différence de l'anatomie descriptive et des données offertes
par l'imagerie, l'anatomie endoscopique se contente d'une vue en surface de la
cavité pharyngo laryngée. Ne sont accessibles à l'œil de l'examinateur que
certains éléments anatomiques précédemment décrits. La connaissance de
l'anatomie endoscopique du larynx est indispensable pour réaliser correctement :
le bilan d'extension d'une tumeur, d'une sténose, d'une malformation ; le
traitement endoscopique des différentes pathologies rencontrées et accessibles à
cette méthode thérapeutique.
A. Méthodes d'examen du larynx L'analyse des structures endolaryngées peut se faire, d'une part au cabinet de
consultation en utilisant différents moyens techniques, d'autre part au bloc
opératoire sous anesthésie générale, et il s'agit là d'une réelle endoscopie.
1. Examen laryngoscopique indirect
Il est réalisé classiquement au miroir laryngé. L'examinateur doit tenir la
langue du patient d'une main et positionner son miroir à hauteur de la luette de
l'autre. Il s'agit de l'examen de base indispensable au diagnostic de toute
pathologie pharyngolaryngée. Il permet d'obtenir une vue déjà très satisfaisante.
24
L'examen à l'optique grossissante rigide orientée à 90° permet d'obtenir une
image de meilleure qualité du fait de son grossissement, et il permet également
de réaliser des photographies ou de conserver les images à l'aide d'une caméra
vidéo. Il s'agit d'un moyen particulièrement utile pour l'enseignement mais aussi
pour l'archivage. L'examen au nasofibroscope est très utile chez l'enfant ou chez
l'adulte ayant un réflexe nauséeux incoercible malgré l'utilisation d'un
anesthésique local. Les images, bien qu'excellentes, sont en revanche de moins
bonne qualité, en raison de leur transmission par des fibres.
2. Examen stroboscopique laryngé
Il peut être couplé au nasofibroscope ou à l'optique rigide, et il permet l'étude
des vibrations de la muqueuse des cordes vocales. Il est particulièrement utile au
bilan des dysphonies en rapport avec de petites lésions bénignes ou pour préciser
une éventuelle infiltration tumorale à partir d'une tumeur superficielle née au
niveau du bord libre de la corde vocale [5].
La mobilité des cordes vocales et des aryténoïdes est un élément capital à
prendre en considération devant tout signe évoquant une pathologie laryngée[6].
3. Examen endoscopique sous anesthésie générale
Il est réalisé au bloc opératoire. Il est un réel complément de l'examen
laryngoscopique indirect lorsqu'il est effectué à visée diagnostique. Il est
indispensable au diagnostic positif et au bilan des tumeurs laryngées. En
fonction du site précis à étudier, de l'étiologie suspectée et de la durée prévisible
de l'examen, le patient peut ou non être intubé au préalable [7].
25
Idéalement, et en parfaite collaboration avec l'anesthésiste, l'examinateur
débute l'examen par l'introduction d'une optique rigide grossissante orientée à
30°, permettant d'étudier de façon progressive l'ensemble des cavités laryngées à
partir de la base de langue jusqu'au niveau de la région sous-glottique. L'optique
à 70° est particulièrement intéressante pour étudier les cavités ventriculaires, la
commissure antérieure et la sous-glotte.
La laryngoscopie en suspension permet d'immobiliser l'endoscope dans la
cavité laryngée. Il est alors possible d'utiliser un microscope opératoire pour
bien visualiser le plan glottique.
Toute cette procédure peut être enregistrée et retransmise à l'aide d'une
caméra vidéo avec le même objectif que celui précédemment exposé.
L'intubation est nécessaire lorsque l'opérateur effectue un geste chirurgical,
surtout si celui-ci est prolongé et/ou en présence d'un risque hémorragique.
Dans ce cas, il est indispensable de protéger les voies aériennes par un
ballonnet. L'étude des différentes structures anatomiques endolaryngées est
décrite à partir des vallécules et progressivement de haut en bas jusqu'au niveau
de la sous-glotte.
26
Base de langue et vallécule (Figure 8)
Il s'agit d'une région très importante et qui constitue une région frontière avec
le larynx. Lors de l'examen endoscopique, l'introduction de l'endoscope débute
par l'analyse minutieuse de ces structures. On retrouve donc les papilles
gustatives dessinant le « V » lingual, et parfois des masses lymphoïdes
correspondant au reliquat d'amygdale linguale. L'étude de la muqueuse, dès cet
endroit, est particulièrement importante. L'endoscopie précise leur nature et
cherche à éliminer une tumeur. En dessous de la base de langue, la vallécule est
réellement la région frontière avec le larynx puisqu'elle constitue une jonction
entre la face linguale de l'épiglotte en arrière et la langue en avant. Les
vallécules sont séparées par un repli qui est le repli glossoépiglottique médian.
Latéralement, elles sont limitées par les replis glossoépiglottiques latéraux. Les
vallécules ont une concavité supérieure et leur fond est occupé par le ligament
hyoépiglottique qui est très résistant et lui-même en rapport avec la loge hyo
thyroépiglottique.
Si l'appréciation de l'état de la muqueuse de la base de langue et des
vallécules est importante, il ne faut jamais omettre la palpation de ces deux
structures pour dépister ou évaluer l'importance d'une infiltration tumorale, soit
de la langue, soit dans la loge HTE.
27
Figure 8 : Aspects endoscopiques du larynx. [4]
A. Base de langue (carré noir). B. Vallécule.
28
Margelle laryngée ou épilarynx (Figure 9)
Cette structure anatomique fait partie de l'étage sus-glottique et elle est une
zone frontière entre le larynx et l'hypopharynx. Comme son nom l'indique, elle
s'apparente à un rebord qui a une forme ovale et oblique d'avant en arrière. Elle
est formée en avant du bord libre de l'épiglotte qui vient latéralement rejoindre
le repli aryépiglottique. À ce niveau, le repli glossoépiglottique latéral et le repli
pharyngoépiglottique convergent et constituent la région des trois replis. Celle-ci
est une entité souvent utilisée en carcinologie car elle est un point de départ
fréquent des tumeurs malignes. En arrière, le repli aryépiglottique se poursuit
pour constituer la margelle postérieure jusqu'au niveau du sommet de
l'aryténoïde. Il est possible de visualiser le corniculé qui est recouvert d'une
muqueuse lâche. Tout en arrière se situe l'échancrure inter aryténoïdienne qui
répond au muscle inter aryténoïdien (Figure 10). La muqueuse à ce niveau est
plissée. Sa vision est facilitée par l'examen endoscopique oto-rhino-
laryngologique (ORL) sans sonde d'intubation à l'optique de façon attentive.
29
Figure 9 : Margelle laryngée (épilarynx).
Cartilage corniculé (carré blanc) et
carrefour des trois replis (carré noir). [4]
Figure 10 : Commissure postérieure,
échancrure inter aryténoïdienne.
Apophyse vocale (carré noir) et
cartilage corniculé (carré blanc). [4]
30
Étage sus-glottique
o Épiglotte
Le premier élément visible est l'épiglotte. Il s'agit d'une structure
cartilagineuse recouverte d'une muqueuse fine. Sa face laryngée est bien lisse
dans ses deux tiers supérieurs. Vers le bas, l'examinateur retrouve une
tuméfaction correspondant au tubercule de Czermak, et en dessous de cette
région se situe le pied de l'épiglotte qui vient s'insérer juste au-dessus de la
commissure antérieure de l'étage glottique.
o Muqueuse
La muqueuse qui recouvre toute la face laryngée de l'épiglotte s'étend
latéralement jusqu'aux bandes ventriculaires ou fausses cordes vocales. Il s'agit
de structures allongées parallèlement au plan des cordes vocales. Vers l'avant,
elles se confondent avec la muqueuse de la face laryngée de l'épiglotte, et vers
l'arrière s'étendent jusqu'à la partie moyenne de l'aryténoïde. Latéralement, la
muqueuse s'étend jusqu'au niveau du repli aryépiglottique en arrière et vers la
face laryngée de l'épiglotte en avant. La muqueuse, vers le bord libre de la bande
ventriculaire, se poursuit jusqu'au niveau du toit du ventricule de Morgagni.
Au niveau de la muqueuse de cette bande ventriculaire se situent de nombreuses
glandes séro muqueuses. L'aspect endoscopique des bandes ventriculaires est
habituellement symétrique et peut prendre une forme qui est le reflet du
ventricule de Morgagni sous-jacent. Une asymétrie doit toujours attirer
l'attention vers une pathologie tumorale profonde. Au cours de l'endoscopie à
visée diagnostique, il est parfois nécessaire d'inciser la bande ventriculaire, soit
au laser, soit au bistouri froid, pour pouvoir effectuer une biopsie.
31
o Ventricule laryngé (Figure 11)
Il s'agit d'une cavité située entre l'épaisseur de la bande ventriculaire en haut
et le plan de la corde vocale en bas. Son examen est difficile lors de la
laryngoscopie indirecte, puisqu'il est caché par le relief de la bande ventriculaire.
Il s'explore en endoscopie, sous anesthésie générale, grâce à la suspension et
grâce à l'examen à l'optique qui procure une vue latérale à 30° ou à 70°.
À la partie tout antérieure du ventricule, se situe l'appendice ou saccule
laryngé, qui peut entraîner une voussure de la partie antérieure de la bande
ventriculaire [8].
o Région inter aryténoïdienne
Elle correspond à la partie postérieure de l'étage sus-glottique et est
anatomiquement très proche de la margelle laryngée étudiée précédemment. La
muqueuse, à ce niveau, recouvre les fibres musculaires du muscle inter
aryténoïdien. Cette région est bien visible lors de l'abduction des cordes vocales
pendant la respiration.
Figure 11 : Ventricule de Morgagni gauche. [4]
32
Étage glottique
o Cordes vocales
L'étage glottique est essentiellement constitué des cordes vocales (Figure 12).
À l'état normal, elles prennent la forme de deux cordons blancs tendus en avant
entre l'angle rentrant du cartilage thyroïde et en arrière au niveau de l'apophyse
vocale à la base du cartilage aryténoïde.
Leur face supérieure est bien visible en laryngoscopie indirecte, alors que
les régions plus difficiles d'accès sont la commissure antérieure et la face
inférieure de chaque corde vocale.
Au cours de l'examen endoscopique sous anesthésie générale, l'utilisation du
microscope et des optiques permet de bien visualiser le bord libre de la corde
vocale, ainsi que sa muqueuse de recouvrement qui apparaît transparente,
souple, et qui constitue la partie vibrante grâce à l'espace sous-muqueux
décollable de Reinke.
Figure 12 : Vue supérieure de l'étage
glottique. Apophyse vocale (carré noir). [4]
33
L'utilisation des optiques à 30° permet de visualiser toute la face supérieure
de la corde vocale vers le plancher du ventricule de Morgagni et en dehors.
L'utilisation des optiques à 70° est particulièrement adaptée à l'examen de la
face inférieure des cordes vocales, mais surtout de la commissure antérieure.
L'examen au microscope du plan glottique, associé à l'utilisation de micro-
instruments (pince coudée à droite et à gauche, palpeur, aspiration) permet de
faire le diagnostic des anomalies, soit de la muqueuse, soit du ligament vocal,
soit en profondeur dans la corde vocale.
o Commissure antérieure (Figure 13)
Elle est idéalement examinée à l'optique à 30° et à 70°. Elle peut présenter
une micropalmure, et dans ce cas est souvent associée à une dysphonie
fonctionnelle [9].
Figure 13 : Commissure antérieure. [4]
34
o Commissure postérieure
Elle correspond à la glotte cartilagineuse représentée par les deux apophyses
vocales des cartilages aryténoïdes. Cette région est particulière et ne participe
que de façon accessoire à la phonation. Elle correspond plutôt à la glotte dite
respiratoire. La muqueuse qui la recouvre est fine, directement appliquée sur le
cartilage avec une vascularisation riche. Ceci explique d'une part la fragilité
muqueuse, et d'autre part le fait que ceci développe des granulomes
postintubation, mais aussi des ulcères de Jackson, conséquences d'un
malmenage vocal et/ou d'un reflux gastro-oesophagien [10].
35
Étage sous-glottique
Il s'agit de la continuité de la muqueuse à la face inférieure de la corde vocale
qui s'étend jusqu'au bord supérieur du cartilage cricoïde. Ses reliefs sont peu
visibles en arrière, mais bien visibles en avant.
Au cours de l'examen endoscopique, la mise en place d'une optique à 30° dans
la région sous-glottique permet de bien visualiser les structures anatomiques, et
la palpation cervicale du cricoïde montre le bord supérieur de celui-ci se
détachant de la membrane cricothyroïdienne.
L'examen endoscopique peut se révéler insuffisant pour bien examiner cette
région, et en particulier la recherche d'une infiltration tumorale qui nécessite
l'apport précieux du scanner.
36
IMAGERIE DU LARYNX
A. Généralités
Le but de ce chapitre est de corréler l'imagerie à l'anatomie descriptive, mais
aussi d'exposer les méthodes actuelles d'examen du larynx, en gardant à l'esprit
que l'imagerie est réalisée essentiellement dans le bilan des tumeurs du
pharyngolarynx.
L'imagerie du larynx repose actuellement sur deux examens : le scanner
spiralé et l'imagerie par résonance magnétique (IRM). Tous les auteurs
s'accordent à penser que le scanner spiralé est l'examen de référence à réaliser en
première intention, l'IRM n'intervenant qu'en deuxième intention, si nécessaire
pour préciser certains aspects.
B. Scanner spiralé
1. Technique
L'apport du scanner spiralé a révolutionné l'étude du pharyngolarynx, organe
très mobile. En effet, l'acquisition d'un volume, couvrant tout le pharyngolarynx
et les aires ganglionnaires en 30 secondes environ en respiration indifférente, a
permis d'éviter tous les artefacts de mouvements et de déglutition. Le mode
spiralé est basé sur le principe de la rotation continue du système tube-détecteur,
avec émission permanente de rayons X combinée à un déplacement de la
table [11]. L'acquisition volumique spiralée permet des reconstructions dans
37
tous les plans de l'espace, et en particulier des reconstructions frontales et
sagittales permettant une étude très intéressante de certaines zones clés : loge pré
épiglottique, base de langue, limite sus-glotte/glotte [12].
Des manœuvres dynamiques viennent compléter ce bilan. Elles sont de
bonne qualité, même chez des patients en mauvais état général, du fait d'un
temps d'acquisition très court (20 secondes pour un Valsalva, 15 secondes pour
une phonation) et permettent de couvrir tout le larynx. Actuellement, les
appareils doubles ou multibarrettes permettent de réduire l'épaisseur des coupes
(1 à 1,5 mm) et de réduire les temps d'acquisition, autorisant une étude complète
du pharyngolarynx et des aires ganglionnaires en des temps très courts, avec des
coupes très fines et une excellente qualité de reconstructions 2D. L'endoscopie
virtuelle 3D fait également ses débuts dans l'observation du pharyngolarynx
[13]. L'examen commence par un topogramme de profil qui permet de situer et
d'orienter le plan des coupes. Les coupes doivent être parallèles au plan glottique
(plan du disque C5-C6). L'acquisition débute au niveau de la base de langue,
jusqu'aux premiers anneaux trachéaux. En pratique, deux spirales sont le plus
souvent réalisées. La première spirale, en respiration indifférente, débutant à la
base de langue jusqu'à l'orifice cervicomédiastinal (30 secondes d'acquisition
environ), en fenêtres parties molles 250-50 UH ; une spirale en manœuvre
dynamique, soit en phonation, soit en Valsalva, est ensuite réalisée selon la
pathologie. Une reconstruction en constante cartilagineuse à partir des données
brutes de la première spirale avec un filtre plus dur et des constantes à 1 400-400
UH permet une étude des cartilages. Une injection de produit de contraste iodé
est réalisée pour bien opacifier les vaisseaux (carotide, jugulaire), et dans le
bilan d'extension tumoral, pour rehausser la tumeur [14].
38
2. Description
Étude en respiration indifférente
L'étude de l'ensemble du larynx est facilitée en respiration indifférente : les
cordes vocales sont au repos, les ventricules laryngés ne sont pas ouverts.
L'hypopharynx n'est pas pneumatisé (l'apnée n'est pas utilisée car elle provoque
une fermeture de la filière laryngée et de l'hypopharynx, gênant l'étude des
cordes vocales) [15].
Étude en phonation (le plus souvent lettre « é »)
Cette manœuvre permet d'étudier la mobilité des cordes vocales, d'ouvrir les
ventricules laryngés, et donc de bien séparer le niveau sus-glottique du niveau
glottique. En reconstructions 2D frontales, elle étudie également bien la région
sous-glottique. En phonation, il existe une discrète expansion des sinus
piriformes [16].
Étude en Valsalva
Cette manœuvre permet l'expansion de l'hypopharynx et la bonne
visualisation des replis aryépiglottiques, des sinus piriformes et de la région
rétro-crico-aryténoïdienne, la filière laryngée, quant à elle, étant modérément
réduite [17].
Toutes ces manœuvres doivent être expliquées au patient avant l'examen, et
un entraînement de plusieurs minutes aux différentes manœuvres (phonation et
Valsalva) est nécessaire [18].
39
3. Aspect tomodensitométrique de la cavité laryngée
Dans un souci de simplification et pour faciliter le bilan d'extension
tumorale, nous avons choisi une description par étage du larynx, en insistant sur
les régions anatomiques clés du bilan d'extension tumorale.
Étage sus-glottique
- Coupes passant par l'os hyoïde, les vallécules et la région des trois replis
- Coupes passant par la face laryngée de l'épiglotte et la loge pré
épiglottique
- Coupe passant par les bandes ventriculaires ou plis vestibulaires
Étage glottique
- Coupe passant par le plan glottique
Étage sous-glottique
- Coupe passant par la région sous-glottique haute (juste sous les cordes
vocales)
- Coupe sous-glottique moyenne
40
Étage sus-glottique
Coupes passant par l'os hyoïde, les vallécules et la région des trois replis
(Figure 14)
Juste au-dessus de la concavité de l'os hyoïde, la partie supérieure libre de
l'épiglotte est rattachée à la base de langue par le repli glossoépiglottique
médian, divisant l'espace aérique en deux fossettes : les vallécules.
Latéralement, celles-ci sont bordées par la zone des trois replis correspondant à
la convergence du repli glossoépiglottique latéral, du repli aryépiglottique et du
repli pharyngoépiglottique. Le repli pharyngoépiglottique et le repli glosso
épiglottique latéral sont parfois indissociables en imagerie.
Figure 14 : Coupe passant par les vallécules et la
région des trois replis. [4]
1. Vallécule droite ; 2. lumière laryngée ; 3. sinus
piriforme droit ; 4. repli aryépiglottique ; 5.
ligament pharyngoépiglottique ; 6. ligament
glossoépiglottique latéral ; 7. ligament
glossoépiglottique médian ; 8. os hyoïde ; 9.
muscle sterno-cléido-mastoïdien ; 10. glande sous-
mandibulaire ; 11. corne supérieure du cartilage
thyroïde ; 12. épiglotte ; 13. artère carotide ; 14.
veine jugulaire.
41
Coupes passant par la face laryngée de l'épiglotte et la loge pré épiglottique
(Figure 15)
La partie antérieure du larynx, à ce niveau sus-glottique, est occupée par une
loge cellulograisseuse hypodense, la loge préépiglottique ou loge hyo-thyro-
épiglottique (HTE).
De forme triangulaire à sommet inférieur, elle est limitée en haut par la
membrane hyoépiglottique qui peut être parfois visible sous forme d'une petite
densité tissulaire. En bas, le ligament thyroépiglottique constitue une autre petite
plage tissulaire comblant de façon physiologique l'hypodensité graisseuse.
Les espaces paralaryngés sont des espaces adipeux hypodenses, bordant la
filière aérique de chaque côté, prolongeant les parties latérales de la loge HTE
en haut, et étendus sur toute la hauteur du larynx. Ils prédominent au niveau sus-
glottique, principalement dans la partie supérieure.
Au niveau des plis vestibulaires, ils sont encore assez bien visibles, réalisant
une bande hypodense au contact du périchondre interne thyroïdien.
Figure 15 : Coupe passant par la loge pré-
épiglottique (loge hyo-thyro-épiglottique.) [4]
1. Épiglotte (face laryngée) ; 2. Loge pré-épiglottique ;
3. Cartilage thyroïde (lame non ossifiée) ; 4. Cartilage
thyroïde (corne postérieure ossifiée) ; 5. Muscle
sterno-cléido-mastoïdien ; 6. Muscle sous-hyoïdien ;
7. Repli aryépiglottique ; 8. Sinus piriforme gauche ;
9. Lumière laryngée ; 10. Muscle constricteur
pharyngé ; 11. Artère carotide ; 12. Veine jugulaire
interne ; 13. Petit ganglion spinal.
42
Les bords latéraux de l'épiglotte se poursuivent par les replis ary
épiglottiques, bien visibles en coupes axiales, sous forme de replis tissulaires
incurvés vers l'arrière, séparant la lumière laryngée centrale des sinus piriformes
dont ils constituent la face antérieure. Ils convergent dans la partie basse vers la
ligne médiane pour rejoindre les cartilages aryténoïdes.
43
Coupe passant par les bandes ventriculaires ou plis vestibulaires (Figure 16)
Les bandes ventriculaires, ou plis vestibulaires, sont constituées d'un repli
muqueux sur un ligament de densité tissulaire. Le muscle thyroaryténoïdien, à
ce niveau, est mince, expliquant la tonalité graisseuse importante des bandes.
Leur niveau se repère à cette densité graisseuse importante et à la forme linéaire
des aryténoïdes à ce niveau. En avant, on retrouve la partie inférieure de la loge
HTE, constituée par le ligament thyroépiglottique qui relie le pied de l'épiglotte
au cartilage thyroïde.
Dans de rares cas on peut distinguer, sur ce plan de coupe, une clarté aérique
correspondant au ventricule de Morgagni, mais le plus souvent, les ventricules
ne sont pas pneumatisés en respiration indifférente. En revanche, en phonation,
les ventricules s'ouvrent et la reconstruction frontale permet de bien séparer le
plan des plis vestibulaires (plus hypodense par son contenu principalement
graisseux) du plan glottique (beaucoup plus dense par sa composition
musculaire prédominante).
Figure 16 : Coupe passant par la partie haute des
plis vestibulaires. [4]
1. Réunion des lames thyroïdiennes ; 2. Ligament
thyroépiglottique ; 3. Cartilage thyroïde (lame) ;
4. Espace graisseux paralaryngé ; 5. Sinus
piriforme; 6. Artère carotide ; 7. Veine jugulaire.
44
Étage glottique
Coupe passant par le plan glottique (Figure 17)
La filière aérique est à ce niveau triangulaire à sommet antérieur. Le plan
glottique apparaît principalement musculaire (isodense) car le muscle
thyroaryténoïdien interne est bien développé à ce niveau. L'espace graisseux
paralaryngé est réduit à une fine bande hypodense contre la corticale interne de
la lame thyroïdienne. Appelé espace paraglottique, il mesure 2 à 3 mm en arrière
et est quasi virtuel en avant. À la partie antérieure, la commissure antérieure est
une fine bande tissulaire qui ne doit pas dépasser 2 mm. Parfois la muqueuse
semble même au contact de la corticale. L'aspect des aryténoïdes aide à
identifier le plan glottique. À ce niveau, elles sont triangulaires, en avant
l'apophyse vocale n'est pas toujours visualisée car souvent non calcifiée,
l'apophyse musculaire est toujours visible sous forme d'une opacité calcique
séparée de la lame thyroïdienne par 1 à 3 mm environ (distance inter thyro-
aryténoïdienne). Cet espace doit être symétrique. Entre les deux aryténoïdes, on
visualise la partie supérieure du chaton cricoïdien, avec une corticale dense et
une médullaire centrale, recouvert par le muscle interaryténoïdien et sa
muqueuse qui forment la commissure postérieure.
Figure 17 : Coupe passant par le plan glottique. [4]
1. Commissure antérieure ; 2. pli vocal ; 3. aryténoïde ;
4. espace graisseux paraglottique ; 5. processus vocal de
l'aryténoïde ; 6. processus musculaire de l'aryténoïde ;
7. cartilage cricoïde (chaton cricoïdien) ; 8. Espace inter
thyroaryténoïdien ; 9. commissure postérieure ;
10. Hypopharynx.
45
Étage sous-glottique
Coupe passant par la région sous-glottique haute (juste sous les cordes vocales)
(Figure 18)
La lumière laryngée prend à ce niveau une forme circulaire. Les lames
thyroïdiennes restent visibles sur les premières coupes. La région sous-
commissurale antérieure est très fine et la muqueuse paraît directement au
contact de la corticale interne du cartilage thyroïde. Latéralement, la muqueuse
et les tissus sous-muqueux forment une fine bande tissulaire, en forme de
croissant, en continuité avec le cône élastique. Le chaton cricoïdien ne se
retrouve séparé des lames thyroïdiennes que par un mince espace (espace
intercricothyroïdien).
Figure 18 : Coupe passant par le cône
élastique. [4]
1. Cartilage thyroïde ossifié ; 2. articulation
cricoaryténoïdienne ; 3. cône élastique ;
4. cartilage cricoïde ; 5. espace inter crico
aryténoïdien ; 6. hypopharynx ; 7. partie
haute de la glande thyroïde ; 8. région sous-
commissurale antérieure.
46
Coupe sous-glottique moyenne (Figure 19)
Sur les coupes plus basses, la membrane cricothyroïdienne est visible en
avant, sous forme d'un fin liseré plus dense que les tissus graisseux périlaryngés.
Sur les coupes les plus basses, l'anneau cricoïdien est complet, la filière aérique
est arrondie, discrètement ovalaire. La muqueuse et la sous-muqueuse, à la face
interne du cartilage, ne sont pas visibles. En arrière, apparaît la bouche de
l'œsophage ovalaire, allongée.
Figure 19 : Coupe passant par la sous-glotte et le
cartilage cricoïde. [4]
1. Membrane cricothyroïdienne ; 2. arc cricoïdien
postérieur ossifié ; 3. corne inférieure du cartilage
thyroïde ; 4. hypopharynx ; 5. glande thyroïde ;
6. artère carotide ; 7. veine jugulaire ; 8. région sous-
commissurale antérieure ; 9. lumière laryngée sous-
glottique (forme circulaire).
47
C. IRM du larynx
L'IRM reste un examen de deuxième intention, principalement parce que les
séquences de caractérisation tissulaire restent longues et sont donc souvent
artéfactées par les mouvements de déglutition [19].
Cependant, la caractérisation tissulaire de l'IRM est supérieure à la
tomodensitométrie (TDM) et les possibilités de coupes multidirectionnelles sont
intéressantes [20] [21].
48
II. RAPPEL PHYSIOLOGIQUE
Le larynx remplit trois fonctions essentielles : la respiration, la phonation, la
déglutition auxquelles s’ajoute une fonction sphinctérienne.
A. La fonction respiratoire :
Le larynx est interposé entre les voies aériennes supérieures et inférieures. Sa
fonction respiratoire est liée à la propriété élastique du larynx qui permet son
ouverture lors du relâchement musculaire ainsi qu’à la motricité assurée
essentiellement par muscles cricoaryténoïdiens.
En inspiration simple, l’ouverture du larynx est triangulaire par translation des
aryténoïdes grâce à la contraction des muscles cricoaryténoïdiens latérales et
postérieurs.
En inspiration forcée, l’ouverture est pentagonale par translation et rotation
des aryténoïdes grâce à la contraction des cricoaryténoïdiens latérales et
postérieures
En expiration, les muscles du larynx se relâchent et l’ouverture est
triangulaire.
49
B. La fonction phonatoire : [22]
Le système phonatoire se divise en trois parties :
Le système fournisseur de l’énergie vibratoire assuré par la soufflerie
pulmonaire
Le système vibratoire assuré par les cordes vocales
Le système de résonnance assuré par les cavités supra laryngées
La soufflerie pulmonaire :
Elle apporte le souffle d’air pour les vibrations laryngées au cours de
l’expiration. Ceci nécessite l’augmentation du temps expiratoire, l’augmentation
du volume pulmonaire mobilisable et le ralentissement de l’inspiration. Le
souffle expiratoire entraine une augmentation de la pression sous glottique.
La vibration laryngée :
Elle est assurée par les cordes vocales .La pression sous glottique fournit par
le souffle expiratoire se heurte aux cordes vocales qui se trouvent en position de
fermeture. Ceci contraint le bord libre de ces cordes vocales à s’ouvrir
légèrement laissant passer une petite quantité d’aire : c’est le puff. Après chaque
puff d’air les bords libres des cordes vocales vont se rapprocher à nouveau :
- sous l’action de la diminution de pression sous glottique
- l’effet rétro aspiratif de la muqueuse vocale
- l’élasticité des cordes vocales.
50
Le puff libéré successivement entraine un son laryngé par transformation de
l’énergie aérienne en énergie acoustique.
Les cordes vocales jouent un rôle d’un oscillateur à faible degré
d’amortissement réalisant trois types de mouvement :
- Horizontaux : écartements et rapprochement des bords libres
- Verticaux : soulèvement des bords libres
- Ondulation muqueuse
Le système de résonnance et d’articulation
Le son chemine du larynx au pharynx, la cavité buccale et selon la contraction
du voile vers le cavum et les fosses nasales avant d’arriver aux lèvres. Les
cavités supra laryngées ont un double rôle :
- Filtre en véhiculant certaines fréquences et en supprimant d’autres
- Articulation de la voix en parole
La régulation de la voix
- Nerveuse par le X innervant les muscles laryngés
- Reflexe : barorécepteur de la muqueuse sous glottique, mécanorécepteur
au niveau des plis vocaux et bande vocales
- Centrale : émotion
51
C. La fonction de la déglutition :
Le larynx est au centre du carrefour aérodigestif. Au cours du temps pharyngé
de la déglutition le larynx se ferme pour protéger les voies respiratoires par
fermeture des cordes vocales, fermeture des bandes ventriculaires et par bascule
de l’épiglotte en position horizontale puis en arrière, évitant ainsi le passage du
bol alimentaire dans les voies aériennes responsable de fausses routes.
D. La fonction sphinctérienne
Certaines manœuvres et efforts se font à glotte fermée : soulèvement d’une
charge ; toux, accouchement, défécation… Cette fonction est compromise lors
de la laryngectomie totale, biopsie des cordes vocales et trachéotomie.
52
III. HISTORIQUE [23]
Les premières lésions laryngées de la tuberculose sont décrites au début
du XVIIIème
siècle par Morgani à l’occasion de dissections.
En 1820, Laennec permet de différencier la tuberculose laryngée d'une
part et le cancer laryngé d'autre part permettant ainsi à Bayle et Broussais de
décrire une tuberculose propre à la muqueuse laryngée ; Par la suite,
Rokitansky fait la description anatomopathologique des lésions.
Sur le plan clinique, c'est la découverte, en 1854, du miroir laryngé par
Garcia qui permet la description des lésions et la réalisation d'atlas (Atlas de
Turck en 1866).
Au début du XXe siècle, peu de changements sont apportés, et Collet fixe
l'essentiel des connaissances classiques dans sa monographie.
La laryngite tuberculeuse est alors la plus fréquente des maladies laryngées
(St-Clair-Thomson), elle est le plus souvent associée à une caverne pulmonaire
et représente un élément pronostique extrêmement grave puisqu'elle annonce
plus de 70 fois sur 100 le décès, la plupart du temps dans un tableau de
dysphagie et de douleurs extrêmes.
Avant l'ère de la chimiothérapie antituberculeuse, le traitement était d'une
part le traitement général de la tuberculose (repos au lit, alimentation riche et
variée, repos vocal, soleil) et d'autre part un traitement spécifique par
cautérisation des granulations laryngées sous laryngoscopie indirecte.
53
Depuis l'apparition de la streptomycine et de l'isoniazide, l'incidence de la
tuberculose aussi bien laryngée que pulmonaire n'a cessé de décroître, jusqu’à
il y a une décennie où nous assistons à une recrudescence de la tuberculose
avec le VIH et l’émergence de souches bactériennes de mycobactéries
essentiellement atypiques et résistantes.
54
IV. FREQUENCE
A. La tuberculose dans le monde et au Maroc
1. La tuberculose dans le monde
Chaque année, 10 à 20 millions de nouveaux cas de tuberculose sont
répertoriés dans le monde et 3 à 4 millions de morts par an sont dus à la
tuberculose [24] [25].
La plus grande fréquence de la tuberculose est rapportée dans les pays
d’Amérique latine, du Moyen Orient et d’Afrique [26].
Dans les pays développés, l’affection a nettement régressé mais n’a pas
disparu [27].
L’incidence de la tuberculose reste encore élevée dans certains pays. En
Espagne, elle est estimée à 60 cas / 100000 par an [28].
En France, en 2005, l’incidence de la tuberculose était de 17,2/100000
habitants/an malgré la sous déclaration de la maladie estimé à 50%.
Aux Etats Unis, l’incidence était de 9 ,5/10000 habitants/an [29].
De 1985 à 2010, on a noté une augmentation de 20% à 30%,
principalement à cause de l’épidémie du syndrome d’immunodéficience acquise
comme cela a été dit précédemment.
55
2. La tuberculose au Maroc [30]
La situation épidémiologique au Maroc connait une stabilité depuis plus
de dix ans, avec un risque annuel d’infection de 1% diminuant très lentement
(cette diminution varie de 2,5% à 5% par an, contre 10 à 17%, dans les pays
industrialisés) et une incidence annuelle de 105/100000 habitants, dont 48,3%
sont contagieux. 80% des tuberculoses pulmonaires sont bactériologiquement
confirmées [31].
Les localisations extra pulmonaires de la tuberculose représentent 38% de
l’ensemble des tuberculoses identifiées.
56
B. La tuberculose de la sphère ORL et du larynx
1. La tuberculose de la sphère ORL
Si l’atteinte ganglionnaire est relativement fréquente, les autres
localisations ORL sont rares [32].
La localisation nasale représenterait pour WEIR 2,6% des localisations
extra pulmonaires [33] [34].
Au cours du XXème
siècle, seuls 35 cas sont observés dans la littérature
anglaise [35].
La tuberculose sinusienne est d’observation rare. 65 cas de tuberculose des
cavités para nasales ont été rapportés dans la littérature [36].
La tuberculose thyroïdienne est une entité rare, bien que son incidence
exacte ne soit pas connue. Elle est découverte sur 0,1% des 20758 pièces de
thyroïdectomies partielles examinées à la Mayo Clinic entre 1920 et 1930 [37].
Les tuberculoses parotidiennes et buccales sont également rares [38] [39].
2. La tuberculose du larynx et sa forme isolée
La tuberculose laryngée était la pathologie laryngée la plus fréquente au
début du XXème
siècle [40].
Son incidence a ensuite progressivement diminué, parallèlement à celle de
la tuberculose pulmonaire à partir de la seconde guerre mondiale
La tuberculose primitive du larynx est la plus rare de toutes les localisations
extra pulmonaires ; la localisation laryngée secondaire étant la plus souvent
rencontrée [41].
57
C. La tuberculose laryngée et le cancer du larynx
Le principal diagnostic différentiel est bien évidemment le carcinome
épidermoïde dans la mesure où épidémiologie, facteurs de risques, signes
fonctionnels et physiques sont le plus souvent comparables.
Si l’imagerie peut parfois apporter des éléments discriminants, le diagnostic
repose essentiellement sur la biopsie, même si les deux pathologies peuvent être
exceptionnellement associées [42]. Il y aurait même potentialisation mais la
cancérisation sur cicatrice de tuberculose n’est pas démontrée.
D. La tuberculose laryngée et sida [43]
En 2004, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estimait que 8,8
millions d’individus étaient simultanément atteints par la tuberculose et le
syndrome d’immunodéficience acquise [44].
SUNDERAN collige 136 patients HIV positifs dont 29 sont atteints de
tuberculose.
Chez le sujet infecté par le VIH, le risque de réactivation d’une infection
latente est accru.
Les patients immunodéprimés et particulièrement séropositifs ont plus de
chance de faire une tuberculose avec un fort pourcentage de tuberculose extra
pulmonaire (72%) [45] [46].
Depuis 1993, la recherche de la tuberculose chez les sujets atteints du sida
est obligatoire durant leur surveillance. Les atteintes inflammatoires ORL
affectent 10 à 15% des patients et la fréquence de l’infection augmente avec le
stade de l’immunodépression [47].
58
V. EPIDEMIOLOGIE
A. Age et sexe
L’âge de survenue de la laryngite tuberculeuse s’est considérablement élevé,
semble-t’il parallèlement au niveau de vaccination de la population.
Actuellement, l’âge moyen est de 50 ans environ alors qu’il était auparavant de
30 ans chez la femme et 40 ans chez l’homme. Toutefois la littérature médicale
montre que dans les populations où la vaccination est peu fréquente et où le
niveau de vie est plus bas, l’âge de la découverte de la tuberculose laryngée reste
plus jeune. Le diagnostic doit donc continuer à être évoqué, même chez un
adulte jeune, surtout s’il s’agit d’un sujet transplanté. De même, le diagnostic ne
peut être exclu chez l’enfant.
Le sex-ratio est équitable dans les pays du tiers monde tandis qu’en France, par
exemple, la majorité des patients est de sexe masculin (4 pour 1 en général) [48].
B. Facteurs favorisants
La grossesse est classiquement un facteur aggravant, certainement surtout en
rapport avec des troubles métaboliques rendus plus aigus dans les pays où règne
la dénutrition.
La dénutrition et la malnutrition, les déficits vitaminiques semblent rester des
facteurs favorisants, éventuellement aggravés par l’alcoolisme. N’oublions pas
que la tuberculose est une affection qui a largement prédominé dans les couches
les plus défavorisées.
59
Aujourd’hui, le tabac est responsable d’un état inflammatoire et irritatif
chronique du larynx et pourrait jouer un rôle dans la tuberculinisation par
abaissement des capacités locales de défense.
Le problème du cancer est très proche et on a évoqué la possibilité de
cancérisation des lésions tuberculeuses ; il y aurait 7 % d’épithélioma du larynx
chez le tuberculeux (Gaillard). Le mécanisme n’est pas univoque car il peut
s’agir de lésions apparues fortuitement chez des patients présentant le même
terrain (homme de 50 ans alcoolo tabagique).
L’exploration des cas présentant une immunodéficience acquise pathologique
ou thérapeutique (immunosuppresseurs) est, à l’heure actuelle sur ces terrains
particuliers, un facteur favorisant qui doit être pris en considération.
60
VI. BACTERIOLOGIE
La famille des mycobactéries comporte plusieurs espèces dont
Mycobacterium Tuberculosis (bacille de Koch), agent de la tuberculose
humaine, et Mycobacterium Bovis, agent de la tuberculose bovine (exceptionnel
chez l'homme) [49] [50] [51].
A l'examen direct, c'est un bacille immobile se colorant difficilement par la
coloration de Gramm. Il est par contre coloré en rouge par la coloration de
Ziehl-Neelsen. Il est ainsi coloré à chaud par la fuchsine et retient ce colorant
malgré l'action de l'acide nitrique et de l'alcool, c'est la propriété fondamentale
des mycobactéries : ce sont des bacilles acido-alcoolo-résistants.
En culture, Mycobacterium Tuberculosis est un germe à croissance lente
aérobie strict qui ne se développe pas sur les milieux usuels.
Le milieu d'isolement de choix est celui de Lowenstein-Jensen à l'œuf
coagulé : dans ce milieu, les colonies sont visibles au bout de 2 à 4 semaines.
Les caractères culturaux permettent le diagnostic mais ils sont insuffisants pour
l'identification d'espèces, aussi la recherche des caractères biochimiques est-elle
nécessaire pour l'identification de Mycobacterium Tuberculosis.
L'inoculation au cobaye permet, de façon expérimentale, de tester le
pouvoir pathogène d'un prélèvement. L'animal développe une tuberculose
progressive mortelle, même avec un très faible nombre de bacilles. Par voie
sous-cutanée, on voit apparaître et se fistuliser, en 10 à 15 jours, un abcès
caséeux dit chancre d'inoculation qui dure jusqu'à la mort de l'animal.
Simultanément, le territoire lymphatique afférent est envahi avec caséification
61
des ganglions, de la rate, du foie et des poumons ; l'animal meurt en 6 semaines
à deux mois.
Germe pathogène obligatoire de l'homme mais capable d'infecter certaines
espèces animales vivant à ses côtés (chat, chien, perroquet), Mycobacterium
Tuberculosis n'est pas retrouvé à l'état saprophyte ou commensal. Il est très
sensible à certains agents physiques : chaleur, lumière solaire, rayons
ultraviolets, rayons X. Ces caractéristiques ont été à l'origine des sanatoriums
situés dans des lieux très exposés aux rayons du soleil ainsi que de certaines
tentatives thérapeutiques à l'aide de miroirs censés amener les rayons solaires
jusqu'au niveau du larynx. Il résiste par contre très bien au froid et à la
dessiccation et peut demeurer vivant plusieurs jours dans des produits
contaminés tels les produits d'expectoration. Il est peu sensible à de nombreux
agents chimiques tels qu'acides, bases ou détergents divers. En revanche, il est
tué rapidement par l'alcool dilué
La multi résistance aux antibiotiques de Mycobacterium Tuberculosis est
en constante augmentation. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS),
elle est en moyenne de 12,2 % dans le monde. Elle est définie par la résistance
du germe à au moins deux antituberculeux majeurs, l'Isoniazide et la
Rifampicine [52].
62
VII. HISTOLOGIE
Le diagnostic définitif de la tuberculose laryngée est souvent difficile,
l’étude histologique est d’une importance capitale [53].
Le stade initial de l’agression bacillaire s’apparente à une inflammation non
spécifique. Le BK provoque une poussée congestive avec une muqueuse
œdématiée, des vaisseaux dilatés et entourés d’une infiltration lympho-
plasmocytaire plus ou moins importante. Le BK est exceptionnellement présent
sur l’examen microscopique des coupes d’où la nécessité de faire la culture des
tissus prélevés sur milieu adéquat.
Stade folliculaire : le follicule tuberculeux est formé par un amas de cellules
épithélioïdes de cellules géantes et entourés de lymphocytes. Les cellules
épithélioïdes sont polygonales ou allongées, aux limites indistinctes, leurs
noyaux sont hyper chromatiques. Ces cellules sont très rapprochées et se
disposent parfois en « semelles ». Leur appellation vient du fait qu’elles donnent
l’aspect d’un tissu de type épithélial (Figure 20).
La cellule géante de Langhans est caractérisée par un cytoplasme abondant,
fortement éosinophile avec des noyaux disposés en périphérie.
Elle occupe le centre du follicule et peut être remplacée par une plage de
nécrose.
63
Figure 20 : Coupe histologique montrant un Granulome épithelio giganto cellulaire
avec nécrose caséeuse (grossissement 40) [54]
64
VIII. MODE DE CONTAMINATION
ET PHYSIOPATHOLOGIE
L'homme se contamine de deux façons par la tuberculose :
Le plus souvent par les gouttelettes de Pflüger ou l'expectoration des
sujets atteints de tuberculose pulmonaire évolutive et « ouverte »
(sujets dits bacillifères). Dans l'immense majorité des cas, l'inoculation
est donc respiratoire, en particulier pulmonaire. Elle n'est
qu'exceptionnellement muqueuse (le chancre d'inoculation laryngé est
rare ou cutanée.
La contamination d'origine bovine, par ingestion de produits laitiers
contaminés ou par contact direct avec un animal malade, est
exceptionnelle. Elle ne serait jamais rencontrée dans le cas de la
tuberculose laryngée.
L'homme est donc à la fois le réservoir des germes et l'agent de
transmission de Mycobacterium tuberculosis.
Les malades présentant des lésions pulmonaires cavitaires, riches en
bacilles, fistulisées dans les bronches mais aussi, bien que dans une moindre
mesure, les malades présentant des localisations laryngées, jouent un rôle de
premier plan dans la contamination. Les gouttelettes de salive, projetées par le
malade en toussant, servent de support aux germes (contamination aérienne).
Une contamination par mains et objets souillés est, d'autre part, possible
(contamination digestive).
65
Ainsi, les localisations laryngées secondaires seraient la règle, toujours en
rapport avec une atteinte pulmonaire dont les lésions ne sont pas forcément au
premier plan.
Les localisations isolées laryngées quand à elles, sont très rares et, de
toutes les localisations tuberculeuses extra pulmonaires, la tuberculose laryngée
est la seule à n'être presque jamais un foyer autonome : « Elle apparaît et évolue
dans l'ombre de la tuberculose pulmonaire ; elle ne joue jamais que le rôle de
brillant second » (Delarue). Rappelons que pour Kanony, tuberculoses laryngée
et pulmonaire forment une entité anatomique pathogénique, clinique et
thérapeutique. Périodiquement, pourtant, les publications rapportent des
observations dont certaines sont bien documentées. Leur statut pathologique est
indiscutable, correspondant à la réactivation tardive d'un foyer laryngé apparu au
cours de la phase de dissémination hématogène (ou aérienne) d'une PIT. Il
pourrait s'agir, pour Gaillard, d'une infection exogène vraie, donc proche d'une
PIT. Ces formes présentent, en fait, surtout l'intérêt de rappeler au clinicien que
l'absence de localisation pulmonaire décelée lors du bilan ne doit pas faire
abandonner le diagnostic de tuberculose laryngée même si, dans leur majorité,
les cas présentés semblent surtout mal explorés au regard des techniques
actuelles. Soda [55] ne retrouve, à Mexico, que 15 % de lésions cavitaires
radiologiques.
66
MATERIEL ET
METHODES
67
I. METHODE :
Notre étude a porté sur dix cas de tuberculose laryngée colligés au sein du
Service d’Oto Rhino Laryngologie de l’Hôpital des Spécialité de Rabat, entre
2004 et 2009.
Il s’agit d’une étude rétrospective réalisée à partir des différents documents
tenus et archivés dans les Services d’ORL et d’Anatomopathologie de l’Hôpital
des Spécialités de Rabat.
Pour chaque cas, sont recueillis :
Les données épidémiologiques.
Les circonstances de découverte et les données de l’interrogatoire.
Les signes cliniques ainsi que les données paracliniques.
Les choix thérapeutiques et l’évolution de la maladie.
68
II. OBSERVATIONS
OBSERVATION N°1 :
Un patient de 34 ans sans notion de contage tuberculeux et sans aucun signe
d’imprégnation tuberculeuse (asthénie, anorexie, amaigrissement, fièvre, sueurs
nocturnes), consulte aux urgences pour un problème de dysphonie avec dyspnée
modérée et sans dysphagie associée.
L’examen à la laryngoscopie indirecte au miroir retrouve une tumeur
bourgeonnante au niveau du plan glottique avec des cordes vocales mobiles.
L’examen des aires ganglionnaires cervicales ne retrouve pas d’adénopathie
palpable. Le reste de l’examen ORL est sans particularité.
Ces données de l’examen clinique nous conduisent à compléter le bilan par la
réalisation d’une endoscopie laryngée (directe en suspension). Celle-ci confirme
alors l’existence d’une tumeur bourgeonnante de la corde vocale droite avec
plusieurs lésions en îlot à caractère destructif du bord libre de l’épiglotte.
Devant cet aspect très suggestif d’une tuberculose laryngée, nous réalisons
des biopsies adressées à la fois en anatomopathologie, à la recherche de
granulomes giganto cellulaire avec nécrose caséeuse et en bactériologie avec
ensemencement sur milieu de Lowenstein Jensen pour culture.
Pour compléter le bilan, nous réalisons une TDM cervicale avec injection de
produit de contraste avec fenêtre osseuse et parenchymateuse. Celle-ci montre
un envahissement de l’étage glottique avec infiltration peu profonde et
préservation de la loge HTE (Figure 41).
69
La radiographie pulmonaire ainsi que l’Intra Dermo Réaction (IDR) à la
tuberculine sont sans anomalie.
L’examen bactériologique, après une culture qui a duré six semaines, revient
en faveur d’un Mycobacterium Tuberculosis.
L’examen anatomopathologique des cinq fragments communiqués trouve une
muqueuse laryngée bordée en surface par un épithélium Malpighien ulcéré par
place. Le chorion sous jacent est très inflammatoire, abritant quelques
granulomes épithélioïdes avec des cellules géantes. La nécrose caséeuse n’est
pas vue. La conclusion apportée par l’anatomopathologiste était en faveur d’une
laryngite granulomateuse vraisemblablement d’origine tuberculeuse.
Le traitement anti bacillaire associant l’isoniazide à la dose de 5 mg/kg/j, la
rifampicine à la dose de 10 mg/kg/j, la pyrazinamide à la dose de 30 mg/kg/j
pendant deux mois ; suivi d’un traitement par la rifampicine et l’isoniazide, aux
même doses, pendant quatre mois donne d’excellents résultats. Aussi, un
contrôle endoscopique réalisé un an après le début du traitement confirme la
régression complète de la lésion.
70
Figure 21. TDM en coupe axiale et fenêtre parenchymateuse montrant un processus
tumoral de l’étage glottique avec préservation de la loge HTE. [56]
71
OBSERVATION N°2 :
Un patient de 45 ans consulte pour dysphonie chronique évoluant depuis six
mois avec dyspnée modérée mais sans dysphagie. Cette symptomatologie évolue
dans un contexte de fièvre avec des sueurs nocturnes, asthénie, anorexie et
amaigrissement non chiffré. L’enquête anamnestique retrouve la notion de
contage tuberculeux (père traité pour tuberculose pulmonaire).
L’examen clinique met en évidence une tumeur bourgeonnante de l’hémi
larynx droit avec immobilité de la corde vocale droite.
La laryngoscopie directe en suspension confirme l’existence d’une tumeur
ulcéro bourgeonnante de l’hémi larynx droit avec immobilité de la corde vocale
droite par atteinte de l’articulation crico arythénoïdienne.
Quatre fragments sont prélevés et adressés en anatomopathologie et en
bactériologie ; l’IDR est phlycténulaire et la radiographie pulmonaire sans
particularité. L’examen anatomopathologique trouve une muqueuse
Malpighienne ulcérée en surface et recouverte d’un matériel fibrino
leucocytaire. Le chorion est le siège d’un processus granulomateux fait de
granulomes épithélioïdes et giganto cellulaires avec des foyers de nécrose
caséeuse ; la conclusion de l’examen est en faveur d’une tuberculose caséo
folliculaire.
La patiente est mise sous traitement antituberculeux associant l’isoniazide, à
la dose de 5 mg/kg/j, la rifampicine, à la dose de 10 mg/kg/j, la pyrazinamide, à
la dose de 30 mg/kg/j pendant deux mois ; suivi d’un traitement par la
72
rifampicine et l’isoniazide, aux mêmes doses, pendant quatre mois donne
d’excellents résultats.
Le contrôle clinique effectué à un an met en évidence la disparition de
l’aspect tumoral du larynx.
73
OBSERVATION N°3 :
Une patiente de 50 ans, dont la sœur a été traitée pour une tuberculose
ganglionnaire il y a 5 ans, consulte pour une dysphonie d’installation
progressive depuis 4 mois associée à une odynophagie aussi bien aux liquides
qu’aux solides.
La laryngoscopie indirecte au miroir met en évidence une tumeur
bourgeonnante aux dépens de l’arythénoïde gauche avec des cordes vocales
mobiles.
Une endoscopie avec biopsies sont réalisées. Cinq fragments sont prélevés et
acheminés à l’anatomopathologie qui conclut à une inflammation
granulomateuse vraisemblablement d’origine tuberculeuse ainsi qu’à la
bactériologie qui met en évidence le Mycobacterium Tuberculosis.
A noter que la radiographie du poumon ainsi que l’IDR sont sans anomalie.
La patiente est mise sous traitement anti bacillaire : trithérapie (isoniazide,
rifampicine, pyrazinamide) pendant deux mois et bithérapie (isoniazide,
rifampicine) pendant quatre mois.
La patiente est malheureusement perdue de vue et le suivi n’a pu être effectué.
74
OBSERVATION N°4 :
Un patient âgé de 40 ans, ayant comme antécédent un tabagisme actif à raison
de 15 paquets années et sans notion de contage tuberculeux, se présente aux
urgences pour une odynophagie très importante associée à une dyspnée
modérée.
La laryngoscopie indirecte au miroir met en évidence une épiglotte tuméfiée,
déformée, masquant le reste du larynx.
Une endoscopie avec biopsie sont réalisés. L’examen anatomopathologique
trouve un tissu fibro vasculaire siège d’un infiltrat inflammatoire polymorphe
fait de cellules épithélioïdes s’organisant en granulome, de cellules
lymphocytaires ainsi que des polynucléaires neutrophiles réalisant des micros
abcès. Il existe de rares foyers de nécrose caséiforme. La conclusion est en
faveur d’une épiglottite polymorphe notamment granulomateuse pouvant rentrer
dans le cadre d’une tuberculose. La bactériologie, quant à elle, confirme la
présence du Mycobacterium Tuberculosis sur les fragments d’épiglotte prélevés.
Le cliché pulmonaire ainsi que l’IDR sont sans anomalie.
Le patient est mis sous traitement anti bacillaire : deux mois de RHZ et quatre
mois de RH. Après deux mois de traitement, les signes fonctionnels régressent
et, après cinq mois, le processus épiglottique disparait complètement.
L’évolution est favorable après un recul d’un an.
75
OBSERVATION N°5 :
Un patient âgé de 64 ans, ayant comme antécédent une intoxication alcoolo
tabagique depuis une trentaine d’année, se présente à la consultation pour
dysphonie modérée évoluant depuis six mois dans un contexte d’apyrexie et de
conservation de l’état général.
L’examen à la laryngoscopie indirecte trouve une masse bourgeonnante
rougeâtre et végétante au niveau de l’étage glottique avec des cordes vocales
mobiles. Il n’y a, par ailleurs, pas d’adénopathie palpable.
Après la réalisation d’une endoscopie avec biopsies, deux fragments sont
adressés à l’anatomopathologie qui conclut à une laryngite granulomateuse
épithélio giganto cellulaire avec nécrose caséeuse. La culture sur Loewenstein
de ces fragments de larynx permet de mettre en évidence le Mycobacterium
Tuberculosis.
La recherche de BK dans les crachats ainsi que l’IDR et le cliché pulmonaire
sont sans anomalies.
Le patient est mis sous chimiothérapie anti bacillaire à raison de deux mois
sous RHZ et quatre mois sous RH. L’évolution à court terme ainsi qu’à long
terme est excellente. On ne note pas non plus de complications iatrogènes
secondaires au traitement anti tuberculeux.
76
OBSERVATION N° 6 :
Un patient de 40 ans sans notion de contage tuberculeux et sans aucun signe
d’imprégnation tuberculeuse, consulte pour une dysphonie isolée sans dyspnée
ni dysphagie. L’anamnèse retrouve une intoxication alcoolo tabagique depuis
une vingtaine d’année et qui n’est toujours pas sevrée.
L’examen à la laryngoscopie indirecte au miroir retrouve une tumeur
bourgeonnante du plan glottique avec des cordes vocale mobiles.
L’endoscopie laryngée confirme l’existence d’une tumeur bourgeonnante de
la corde vocale gauche.
Deux fragments de cette tumeur sont prélevés et adressés à
l’anatomopathologie. L’étude histologique des différentes recoupes réalisées
porte sur une muqueuse de type Malpighienne au revêtement hyperplasique
papillomateux. Les glandes du chorion paraissent bien différenciées. Le chorion
est fibreux, siège d’une réaction inflammatoire faite de granulomes épithélioïdes
et giganto cellulaires avec présence d’une nécrose d’allure caséeuse et sans
lésion tumorale. L’examen bactériologique avec ensemencement sur milieu de
Lowenstein Jensen permet de mettre en évidence le Mycobactérium
Tuberculosis.
La radiographie pulmonaire ainsi que l’intra dermo réaction (IDR) à la
tuberculine sont sans anomalie.
L’examen bactériologique après culture revient en faveur d’un
Mycobacterium Tuberculosis. L’examen anatomopathologique des cinq
77
fragments communiqués trouve une muqueuse laryngée bordée en surface par
un épithélium Malpighien ulcéré par place. Le chorion sous jacent est très
inflammatoire, abritant quelques granulomes épithélioïdes avec des cellules
géantes. La nécrose caséeuse n’est pas vue. La conclusion apportée par
l’anatomopathologiste est en faveur d’une laryngite granulomateuse
vraisemblablement d’origine tuberculeuse.
Le traitement anti bacillaire associe l’isoniazide, à la dose de 5 mg/kg/j, la
rifampicine, à la dose de 10 mg/kg/j, la pyrazinamide, à la dose de 30 mg/kg/j
pendant deux mois ; suivi d’un traitement par la rifampicine et l’isoniazide, aux
mêmes doses, pendant quatre mois donne d’excellents résultats. Un contrôle
endoscopique réalisé un an après le début du traitement confirme la régression
complète de la lésion.
78
OBSERVATION N°7 :
Un patient âgé de 52 ans, ayant comme antécédents un frère et une sœur
guéris d’une tuberculose pulmonaire ainsi qu’un tabagisme actif (24 paquets
années), se présente à la consultation pour une dysphonie chronique trainante et
rebelle au traitement conventionnel d’une laryngite aigue. L’ensemble évoluant
dans un contexte d’amaigrissement et de fièvre non chiffrés.
L’examen à la LID retrouve, au niveau du plan glottique, une végétation
grisâtre, d’aspect sale prenant la corde vocale gauche qui reste néanmoins
mobile.
L’endoscopie associée au prélèvement de quatre fragments de larynx met en
évidence une laryngite granulomateuse épithélio giganto cellulaire sans nécrose
caséeuse.
La culture sur milieu spécifique de Lowenstein permet de confirmer le
diagnostique de tuberculose laryngée.
La radiographie du poumon ainsi que le reste du bilan phtisiologique est tout
à fait normal.
Devant la confirmation bactériologique, le patient est mis sous traitement anti
bacillaire pour une durée de six mois, à raison de deux mois sous RHZ et quatre
mois sous RH.
Après six mois de traitement correctement suivi, la dysphonie ainsi que la
masse végétante au niveau de la corde vocale ont totalement disparu. Par la
suite, le patient ne s’est plus présenté à la consultation.
79
OBSERVATION N°8 :
Il s’agit d’un homme âgé de 36 ans, tabagique chronique depuis 10 ans, qui
consulte pour dysphonie modérée avec odynophagie plus marquée aux solides
qu’aux liquides évoluant depuis trois mois. L’ensemble évoluant dans un
contexte de conservation de l’état général et sans signe d’imprégnation
tuberculeuse.
L’examen à la LID trouve un larynx recouvert à sa partie postérieure par un
enduit grisâtre et sale faisant suspecter une tuberculose laryngée.
Une endoscopie associée à une biopsie sont réalisées. L’examen histologique
trouve de nombreux granulomes confluents lympho épithélioïdes et giganto
cellulaires sans nécrose caséeuse malgré les recoupes effectuées. C’est la culture
sur milieu spécifique qui permet d’étayer le diagnostique et de démarrer le
traitement anti bacillaire selon le protocole suivant : d’abord deux mois sous
RHZ puis quatre mois sous RH.
L’évolution à court terme et à long terme est excellente et le traitement n’a
pas entrainé de complication.
80
OBSERVATION N°9 :
Un jeune homme de 29 ans tabagique à raison de 10 paquets années et
consommateur d’alcool de manière occasionnelle, consulte pour dysphonie
modérée depuis 2 mois sans aucun autre signe associé et sans notion de contage
tuberculeux. Le tout évoluant dans un contexte de conservation de l’état général.
L’examen à la LID trouve au niveau du plan glottique une tuméfaction
bourgeonnante œdématiée d’aspect grisâtre.
Une biopsie sous endoscopie est réalisée et met en évidence une muqueuse
laryngée tapissée d’un revêtement Malpighien régulier reposant sur un chorion
fibreux parsemé de granulomes de tailles variables constitués de cellules
géantes. La nécrose caséeuse n’est pas vue. Il n’y a aucune lésion tumorale dans
la limite des fragments communiqués. L’examen anatomopathologique conclut à
une laryngite granulomateuse épithélio giganto cellulaire et précise qu’une
origine tuberculeuse est à rechercher en premier.
La confirmation bactériologique est réalisée par la méthode PCR qui apporte
la preuve irréfutable d’une tuberculose laryngée ; le bilan phtysiologique de
routine étant négatif.
Le jeune patient est mis sous chimiothérapie anti bacillaire selon le schéma
thérapeutique suivant : deux mois sous RHZ puis quatre mois sous RH.
Au bout de six mois de traitement, la dysphonie régresse jusqu’à disparaitre,
en parallèle avec l’aspect endoscopique.
81
OBSERVATION N°10 :
Un patient âgé de 38 ans, sans antécédent pathologique notable, consulte pour
dysphonie et odynophagie évoluant depuis quelques mois, sans signes
d’imprégnation tuberculeuse associés.
L’examen à la LID trouve une tuméfaction ulcéro bourgeonnante située à
proximité de la corde vocale droite qui reste mobile. Cette végétation est
d’aspect « sale », grisâtre et recouverte d’un enduit.
Une endoscopie avec biopsies sont réalisées. On prélève cinq fragments de
cette tuméfaction et on adresse ces pièces opératoires à l’anatomopathologiste
qui nous oriente, après étude détaillée vers une laryngite granulomateuse
d’allure tuberculeuse.
Un bilan phtysiologique complet est demandé : radiographie du poumon,
IDR, recherche de BK dans les crachats. Les résultats sont négatifs. Une PCR
est alors exigée et nous confirme dès lors le diagnostic de tuberculose laryngée à
Mycobactérium Tuberculosis.
Avec cette preuve bactériologique le patient est mis sous traitement anti
bacillaire et, après cinq mois de traitement bien suivi, les signes fonctionnels et
endoscopiques régressent en totalité. Aucune complication secondaire au
traitement n’est notée.
82
III. RESULTATS :
A. Epidémiologie :
1. Age :
Sur les dix cas étudiés, l’âge moyen est de 39 ans avec des extrêmes allant de 29
ans à 64 ans.
2. Sexe
On retrouve une majorité d’homme avec 90% d’homme contre 10 % de femme.
3. Facteurs favorisants :
Chez 50% des patients de notre étude, l’intoxication alcoolo tabagique est
retrouvée.
La relation VIH- tuberculose laryngée n’a pu être établie. Aucun des patients
n’ayant eu de sérologie VIH.
83
B. Etude clinique :
1. Les circonstances de découverte
La dysphonie est retrouvée dans 90% des cas. Elle est surtout modérée.
L’odynophagie est retrouvée dans 40 % des cas.
Une dyspnée modérée est retrouvée dans 30% des cas.
A noter que la toux et la dysphagie n’ont pas été rapportées dans notre série.
Dans un cas seulement des signes d’imprégnations tuberculeuses sont rapportés.
2. Durée d’évolution :
Le délai entre le début de la symptomatologie et la première consultation est
compris entre 2 mois et 6 mois dans notre série.
3. Contexte tuberculeux et antécédents de tuberculose
Un seul cas a présenté des signes d’imprégnation tuberculeuse. Les signes notés
sont l’amaigrissement non chiffré, la fièvre et les sueurs nocturnes et l’asthénie.
Dans 90 % des cas, il n’y a pas eu d’altération de l’état général.
Deux cas ont présenté des antécédents familiaux de tuberculose ; pour les autres
cas, on ne retrouve pas de notion de contage tuberculeux.
Dans tous les cas de notre série, le bilan phtysiologique est négatif (radiographie
pulmonaire, IDR à la tuberculine, tubage gastrique).
84
4. Données de l’examen clinique :
L’examen à la LID et à l’endoscopie retrouve dans tous les cas une tumeur
bourgeonnante avec des cordes vocales dans 90 % des cas mobiles.
Dans 70% des cas, la tuberculose laryngée est localisée au niveau des cordes
vocales et des bandes ventriculaires ; dans 20% des cas, elle se localise au
niveau des aryténoïdes et dans 10 % des cas, au niveau de l’épiglotte.
5. Données des examens paracliniques :
La biopsie est l’examen capital qui permet d’asseoir le diagnostic.
L’examen anatomopathologique retrouve dans tous les cas le granulome
épithélio giganto cellulaire, dans 20% des cas, avec nécrose caséeuse. Aucune
lésion de malignité n’est retrouvée dans tous les fragments biopsiés.
La culture de ces fragments sur le milieu de Loewenstein nous confirme la
présence de Mycobactéium Tuberculosis dans 80 % des cas et dans 20% des
cas, on a eu recours à la PCR.
L’imagerie a peu d’intérêt pour poser le diagnostic, nous n’y avons eu recours
que dans un seul cas (TDM) car l’aspect endoscopique faisaient évoquer un
cancer du larynx.
85
6. Traitement :
Médical :
Tous les patients de notre série ont bénéficié du même traitement. Il s’agit de la
chimiothérapie anti tuberculeuse qui associe pendant deux mois, la
rifampicine (10 mg/ kg/j), l’isoniazide (5 mg/ kg/j) et la pyrazinamide (30
mg/kg/j) puis pendant les quatre mois suivant la bithérapie rifampicine et
isoniazide aux mêmes doses.
Chirurgical :
Nous n’avons pas eu recours à la chirurgie chez aucun de nos patients.
7. Evolution :
Dans tous les cas l’évolution à court terme et à long terme est excellente.
Les signes fonctionnels régressent très rapidement tandis que les lésions
anatomiques laryngées régressent parallèlement mais plus lentement, en 3 à 4
semaines en général.
Nous ne notons pas de récidive dans notre série.
86
DISCUSSION
87
La tuberculose primitive du larynx est une pathologie qui reste rare. C’est
la plus rare de toutes les localisations extra pulmonaires. Dans cette étude
réalisée entre 2004 et 2009, nous n’avons répertorié que dix cas provenant de la
région de Rabat et de toute la partie nord du Maroc.
Le sex ratio est équitable dans les pays du tiers monde ; tandis que dans
notre étude 90% des patients sont des hommes. Ces chiffres semblent se
rapprocher d’avantage des statistiques retrouvées en France notamment (4 pour
1 en général) [57].
L’âge moyen des patients de notre série est de 39 ans. Cette moyenne d’âge
est retrouvée dans les pays où le niveau de vie est bas et où la vaccination est
peu fréquente. Dans les pays développés, l’âge de survenue de la laryngite
tuberculeuse est plutôt de 50 ans. (Tableau I)
Tableau I. - Comparaison de l'âge moyen et du sex-ratio dans quelques séries récentes.
Auteurs Age moyen Sex-ratio Année
Bailey (Etats-Unis) [58] 52 ans 3,6/1 1980
Rupa (Inde) [59] 47 ans 3,3/1 1989
Lecointre (France IGR) [60] 52 ans 11/1 1980
Manni (Tanzanie) [61] 32 ans 1/1 1983
Soda (Mexique) [55] 34 ans 1/1 1989
Ennouri (Tunisie) [62] 34 ans 1,5/1 1989
88
Parmi les facteurs favorisants retrouvés dans la littérature, seule
l’intoxication alcoolo tabagique est retrouvée et, ce, chez 50% des patients de
notre étude. En effet, L'alcoolisme et dans une moindre mesure le tabagisme
constituent deux facteurs de risque connus qui expliquent, en plus de signes
cliniques laryngés non spécifiques, les fréquentes confusions diagnostiques avec
le carcinome épidermoïde laryngé.
A noter que les sérologies VIH n’ont pas été effectuées chez aucun de nos
patients car aucun malade n’a présenté de signes cliniques évoquant une
immunodéficience. Le lien entre VIH et tuberculose a été largement démontré
dans la littérature mais n’a pu être confirmé dans notre étude [46].
89
Les antécédents familiaux de tuberculose sont retrouvés chez 20% de
nos patients mais aucun d’entre eux ne présente d’antécédents personnels de
tuberculose.
L’importance du contexte tuberculeux est diversement appréciée dans la
littérature :
Dans la série de Lecointre [60] le contexte tuberculeux a été retrouvé
dans 20 cas sur 37, soit un peu plus de 1 cas sur 2 et cinq malades avaient
présenté dans leurs antécédents personnels une autre localisation tuberculeuse à
une époque plus ou moins ancienne. Quant au bilan de dissémination pratiqué
chez les malades hospitalisés, il a permis de retrouver une atteinte tuberculeuse
concomitante dans 15 cas.
Pour Bailey [58], au contraire, 32 sur 37 présentaient dès le premier
interrogatoire une forte suspicion de tuberculose pulmonaire.
Les signes généraux de la tuberculose sont, en règle, sous la dépendance
des lésions pulmonaires et/ou systémiques qui accompagnent la tuberculose
laryngée. Ils sont parfois discrets et méritent d'être recherchés avec attention :
perte de poids (présente dans 35 à 50 % des cas), état subfébrile à prédominance
vespérale accompagné de sueurs, etc. Plus tard, les troubles dysphagiques
expliquent l'aggravation marquée de l'état général : amaigrissement, fièvre,
asthénie.
90
En ce qui concerne les signes d’appels cliniques, le début est progressif et
insidieux, parfois à la suite d'un épisode infectieux siégeant au niveau des voies
aèro digestives supérieures et pouvant faire évoquer une laryngite banale.
La dysphonie est progressive et banale. Il n'existe aucun élément évocateur
particulier. Elle est présente à des degrés divers, parfois intense jusqu'à la voix
éteinte. Elle est présente depuis 1 à 6 mois dans 85 à 100 % des cas. Dans notre
étude, la dysphonie est retrouvée dans 90% des cas. Elle est surtout modérée et
évolue entre 2 mois et 6 mois. La dysphonie rapidement progressive est
cependant le signe le plus fréquent [63].
La toux est variable en fonction de la lésion surtout quand elle siège en
sous glottique. Il s’agit d'une toux sèche d'origine laryngée par sensation de
corps étranger. La toux n’a pas été rapportée parmi nos patients.
L'odynophagie est fréquente, estimée entre 25 et 50 % dans toutes les
séries, même dans les stades précoces de la maladie. Elle semble parallèle au
degré d'atteinte de la margelle laryngée par les lésions. Elle est progressivement
croissante et porte sur tous les mouvements de déglutition, qu'il s'agisse des
liquides, des solides ou même de la salive. On l’a retrouvé chez 30% de nos
patients. L'association odynophagie-dysphonie progressive reste un élément de
suspicion important.
La dyspnée est extrêmement rare aujourd'hui et témoigne d'une forme
évoluée et négligée. On ne l’a d’ailleurs retrouvé que dans 1 cas dans notre
étude. Au contraire, on est souvent frappé par le peu de retentissement
91
respiratoire des lésions laryngées d’origine tuberculeuses pourtant
volumineuses.
Devant ces signes fonctionnels, l’examen du larynx est nécessaire pour
éliminer le cancer du larynx vu l'âge et le contexte alcoolo tabagique.
L’examen du larynx repose essentiellement sur la laryngoscopie directe avec
biopsie. En effet, cet examen endoscopique permet de préciser la topographie
exacte et l'aspect des lésions mais il permet surtout de réaliser des biopsies, si
possible après nettoyage de l'endolarynx, pour effectuer un examen histologique
précis.
92
La localisation tuberculeuse classique était, autrefois, la commissure
postérieure et, plus généralement, la partie postérieure du larynx. Pourtant, dès
1947, Averbach retrouvait, sur les autopsies des patients décédés de leur maladie
tuberculeuse, que la lésion la plus fréquente (47 % des cas) siégeait sur la corde
vocale ligamentaire puis, par ordre décroissant, sur : la corde vocale, la bande
ventriculaire, l'épiglotte et la commissure postérieure (Figure 22).
Les publications récentes confirment tout à fait cette répartition
topographique avec des lésions de plus en plus fréquemment retrouvées au
niveau de la partie antérieure du larynx ou à cheval sur la partie antérieure et la
partie postérieure. Bailey rapporte, sur 37 cas : une atteinte concomitante de la
partie antérieure et de la partie postérieure dans 20 cas, une atteinte isolée de la
partie antérieure dans 12 cas et une atteinte isolée de la partie postérieure dans 5
cas (Tableau II). Toutefois, bien sûr, une localisation postérieure, lorsqu'elle
existe, est relativement plus évocatrice de tuberculose qu'une localisation au
niveau de la corde vocale ligamentaire.
93
Tableau II - Répartition de la localisation des lésions au cours de la tuberculose
laryngée (d'après [64]).
Cordes vocales 64,8 %
Bandes ventriculaires 34,9 %
Épiglotte 28,4 %
Apophyses vocales 27,9 %
Commissure postérieure 25,6 %
Replis aryépiglottiques 15,7 %
Sous-glotte 9,6 %
Tableau III. Répartition de la localisation des lésions au cours de la tuberculose laryngée
dans notre étude portant sur dix cas.
Localisation de la
tuberculose laryngée
Cordes vocales et
bandes ventriculaires
Aryténoïdes Epiglotte
Effectif (en %) 70 20 10
94
Figure 22 : Localisations préférentielles de la tuberculose laryngée. [64]
(Plusieurs sites peuvent être envahis).
1. Epiglotte (10 à 20 %).
2. Corde (60 à 75 %).
3. Bande ventriculaire (30 à 40 %).
4. Aryténoïde et commissure (15 à 25 %).
95
L’aspect des lésions laryngées est très variable et très peu spécifique
évoquant rarement la tuberculose d'emblée, surtout dans les formes de début. En
fait, dans la majorité des cas, la lésion évoquée est le cancer [65].
Les formes débutantes correspondent à des lésions de type œdème et
hyperhémie et peuvent se voir à la phase initiale d'évolution du follicule
tuberculeux. Elles n'ont rien de spécifique si ce n'est le contexte tuberculeux.
Comme nous l’avons dit précédemment, toutes les structures laryngées
peuvent être atteintes, mais le siège postérieur, surtout inter aryténoïdien, est
particulièrement évocateur de la tuberculose laryngée. Inflammatoire, la
muqueuse de surface est dépolie puis tuméfiée. L'inflammation peut gagner le
plancher du ventricule et réaliser un aspect d'éversion ventriculaire. A ce stade,
il n'existe pas d'aspect particulièrement évocateur d'un autre diagnostic que celui
de laryngite banale.
Parfois, la lésion prédomine au niveau postérieur, au niveau du corps de
l'aryténoïde (« coup de pinceau » aryténoïdien) ou au niveau de la commissure
postérieure. Dans tous les cas, à ce stade, le larynx reste parfaitement mobile.
Plus tard, la corde est infiltrée, la muqueuse est irrégulièrement épaissie et
présente une ou des ulcérations à fond sales. Les berges des ulcérations sont
volontiers hyperplasiques, végétantes, pseudo-papillomateuses. L'espace de
Reinke est infiltré. Au total, l'aspect est très évocateur d'une lésion néoplasique.
Les formes évoluées, ulcérées et ulcéro-infiltrantes (Figure 23)
correspondent à un stade avancé avec nécrose de l'épithélium de surface. Les
bords y sont déchiquetés, grisâtres, mal délimités avec des foyers de
96
caséification. Parfois, les berges sont plus ou moins exophytiques et l'aspect
végétant peut prédominer sous forme de végétations mollasses, sales, très
sécrétantes.
Figure 23. Forme évoluée de la tuberculose laryngée.
A. Vue générale B. Vue rapprochée
97
Les formes infiltrantes et pseudo-tumorales sont plus fréquentes que les
formes ulcérées (66 % des cas pour Ennouri [62], 62 % pour Rupa [59]. Pour
Lecointre [60], 12 cas sur 18 avaient été diagnostiqués cliniquement comme des
cancers. Parmi ces formes pseudo tumorales, on peut citer le tuberculome et le
fibrotuberculome.
Le tuberculome est « une énorme végétation tumorale, rouge grisâtre,
jaunâtre, bosselée, muriforme, à large base. » qui siège au niveau du ventricule
et qui soulève la bande ventriculaire. L'évolution est lente et la classique
évolution gommeuse la fait évoluer comme une forme ulcéreuse.
Le fibrotuberculome est quant à lui une infiltration limitée envahissant
progressivement tout un hémilarynx.
Les formes diffuses associent les caractéristiques des lésions précédentes
et correspondent à une extension de la maladie tuberculeuse à la quasi-totalité du
larynx. Quelques points sont évocateurs :
lésions parfois à prédominance postérieure et sus-glottique ;
aspect superficiel et diffus des ulcérations ;
aspect mosaïque avec coexistence des zones plutôt ulcérantes, de zones
plutôt végétantes ou encore de zones où prédomine l'infiltration ;
larynx sale, recouvert de sécrétions mucopurulentes avec une muqueuse
grisâtre.
Les lésions laryngées ne sont plus systématisables. « Tout le larynx est un
clapier purulent » (Coussieu) avec un tableau complexe d'ulcérations, de
destruction et d'œdème évoluant rapidement vers la dyspnée et la trachéotomie.
98
Il n'est pas rare qu'à ce stade apparaissent des périchondrites, voire des
chondrites nécrosantes au niveau des aryténoïdes en particulier, qui peuvent
présenter des fistules, voire des expulsions de cartilage. Une périchondrite de
thyroïde était possible avec tuméfaction empâtée du larynx tendu et douloureux
à la palpation. A l'examen endolaryngé, l'hémilarynx est immobile et refoulé
vers la ligne médiane [66].
Dans la périchondrite aryténoïdienne, l'aryténoïde est rouge, lisse, tendu
avec écoulement de pus par une ou plusieurs fistulettes difficilement décelables
sur le versant antérieur. Exceptionnellement, peut survenir le rejet d'un fragment
de cartilage. Surtout, la corde vocale est immobilisée par l'atteinte et on retrouve
une douleur très vive en appuyant sur la partie postérieure du larynx à travers les
téguments.
A un stade très tardif, les lésions laryngées et les signes généraux de
tuberculose sont à leur comble et le tableau clinique est celui d'un patient en
mauvais état général (dénutrition, déshydratation) présentant une odynophagie
intense empêchant toute alimentation, et éventuellement dyspnéique.
Dans les formes dysphagiques, l'importance de la dysphagie contrastant
avec la taille des lésions laryngées peut également témoigner d'une chondrite
cricoaryténoïdienne (appui sur le plan postérieur ?).
Les formes dyspnéiques sont essentiellement les atteintes de la sous-glotte
associées à des troubles de la mobilité laryngée qui semblent être à l'origine des
dyspnées laryngées. L'œdème, rarement présent d'emblée, peut s'ajouter si un
acte endoscopique est réalisé. Une intubation ou une trachéotomie, si elles
99
doivent être faites, ne semblent pas devoir majorer les risques de sténose. Un
geste chirurgical est possible lorsque la sténose est bien contrôlée et non
évolutive. Le mécanisme serait le suivant : la lésion tuberculeuse du cricoïde
entraînerait une ulcération, puis une chondrite, une chondronécrose et une
fibrose cicatricielle. Hamilton [67] retrouve, en opérant, une disparition
complète de l'armature trachéale.
Ce qu’il faut retenir, c’est que, autrefois, l'aspect de la lésion était celui
d'une lésion importante et évidente occupant une grande partie du larynx avec
association de zones infiltrées et de zones ulcérées. Il s'agissait d'un larynx sale,
recouvert d'un enduit purulent, grisâtre. Cet aspect se rencontre encore dans de
rares occasions et doit faire, bien sûr, rapidement évoquer le diagnostic. Mais le
plus souvent, de nos jours, il est plus fréquent de rencontrer des lésions moins
évidentes qui font évoquer soit une laryngite chronique non spécifique, soit une
localisation néoplasique.
Ainsi devant la grande diversité des signes d’appel cliniques et des aspects
endoscopiques de la tuberculose laryngée, le diagnostic ne peut être posé que
par l’examen histologique des fragments biopsiés.
100
La lésion histologique caractéristique est le follicule tuberculeux qui est
une réaction d'hypersensibilité retardée (tissulaire) aux antigènes des bacilles
tuberculeux détruits par les macrophages. Le follicule tuberculeux est centré par
une petite zone de caséification et entourée de cellules géantes de Langhans
avec quelques lymphocytes [68].
Lorsque ces follicules sont nombreux, ils soulèvent la muqueuse. Cet
aspect correspond au stade de l'infiltration. Ultérieurement, la coalescence des
follicules et l'oblitération des vaisseaux finissent par nécroser l'épithélium
réalisant alors le stade de l'ulcération. Les bords sont décollés et mal limités
avec des foyers de caséification. Le plus souvent peu profondes, les ulcérations
peuvent néanmoins s'étendre en profondeur et atteindre le cartilage et les
articulations cricoaryténoïdiennes. L'épiglotte et les aryténoïdes peuvent être le
siège de périchondrite. Enfin, la sclérose progressive spontanée ou thérapeutique
limite la lésion et aboutit, après traitement, à la guérison. Au niveau du larynx, et
particulièrement de la région sous-glottique, cette sclérose peut être responsable
d'une sténose. Ces trois stades : follicule, ulcération, sclérose, sont responsables
de l'évolution classique de la tuberculose ulcéro-infiltrante.
Mais il existe des formes où les processus tuberculeux et cicatriciel
évoluent de pair. Dans ces cas, une hypertrophie épithéliale plus ou moins
associée à une sclérose périfolliculaire peut donner un aspect de pachydermie
banale ou, au contraire, un aspect pseudoépithéliomateux de muqueuse
hyperplasique en cas de biopsie trop superficielle. Dans certains cas,
l'encapsulation d'une masse caséeuse crée le « tuberculome » qui apparaît sessile
ou pédiculé et qui se rencontre plutôt dans la partie postérieure du larynx ou sur
101
une corde vocale. Cette forme pourrait correspondre à un processus
d'élimination de la masse caséeuse.
Dans la série de Lecointre, pour 35 cas sur 37 (94 %), le diagnostic
histologique n'a posé aucune difficulté : la présence de lésions folliculaires, de
cellules épithélioïdes, de cellules de Langhans et d'une nécrose caséeuse a
permis d'effectuer le diagnostic [69] . Mais parfois, le diagnostic est plus
difficile et l'anatomopathologiste mettra en évidence l'aspect inflammatoire non
spécifique sans élément de malignité. On sait que cette réponse doit conduire à
de nouveaux prélèvements car elle peut correspondre aussi bien à un cancer
évoluant plus en profondeur qu'à une éventuelle tuberculose laryngée entre
autres. Une richesse particulière en cellules lymphoplasmocytaires, quelques
cellules épithéliales, une amorce d'organisation folliculaire sont des signes tout à
fait importants et qui doivent faire évoquer le diagnostic. C'est à ce stade que se
discute aujourd'hui l'essentiel du diagnostic différentiel avec les affections les
plus banales ou les plus graves (sarcoïdose, amylose, maladie de Wegener,
laryngite banale…)
Si la suspicion de tuberculose existe en raison d'un aspect un peu
atypique, il est utile d'adresser en bactériologie un fragment de lésion en
précisant la nature de la suspicion en raison de la nécessité de milieux spéciaux
(milieu de Loewenstein). La culture sur milieux adéquats et l'inoculation au
cobaye sont indispensables pour affirmer le diagnostic bactériologique et
constituer le point de départ d'une étude de la sensibilité aux antibiotiques. Son
principal défaut est la durée nécessaire à la culture (3 à 6 semaines) mais elle
reste indispensable, notamment pour le typage de la souche et la réalisation de
l'antibiogramme. La culture en milieu acide de Bactec® est plus rapide (résultats
102
en 8 jours) mais plus coûteuse en raison de l'emploi d'isotopes [70] Le test de
diagnostic rapide par polymérase chain réaction (PCR), d'excellente sensibilité,
n'est à ce jour pas utilisé en routine en raison de son coût élevé [68].
Pour le diagnostic positif, la place de l’imagerie est peu importante [71].
L'imagerie de référence est la tomodensitométrie cervicale avec injection de
produit de contraste, en fenêtres parenchymateuses et en fenêtres osseuses.
Même si les lésions observées ne sont pas spécifiques, le diagnostic de
tuberculose laryngée doit être systématiquement évoqué en cas de lésions
bilatérales et diffuses sans destruction de l'architecture laryngée.
Les autres signes permettant d'évoquer une tuberculose plutôt qu'un
carcinome épidermoïde sont l'amputation du bord libre de l'épiglotte, une
discordance entre importance des lésions cliniques (bourgeonnement) et des
images radiologiques (infiltration peu profonde), et enfin la préservation de la
loge hyo thyro épiglottique (HTE) et des espaces paraglottiques [72].
103
Le bilan pulmonaire est important à réaliser pour éliminer une localisation
secondaire laryngée de la tuberculose pulmonaire. Notre étude ne portant que
sur les localisations primitives de la tuberculose laryngée, le bilan pulmonaire
réalisé chez nos patients est revenu négatif dans tous les cas.
Rappelons que dans la littérature, les localisations laryngées isolées sont
très rares et, de toutes les localisations tuberculeuses extra pulmonaires, la
tuberculose laryngée serait la seule à n'être presque jamais un foyer autonome.
Pour Kanony, tuberculoses laryngée et pulmonaire forment une entité
anatomique pathogénique, clinique et thérapeutique. Périodiquement, pourtant,
les publications rapportent des observations dont certaines sont bien
documentées. Leur statut pathologique est indiscutable, correspondant à la
réactivation tardive d'un foyer laryngé apparu au cours de la phase de
dissémination hématogène (ou aérienne) d'une primo infection tuberculeuse
(PIT). Il pourrait s'agir, pour Gaillard, d'une infection exogène vraie, donc
proche d'une PIT. Ces formes présentent, en fait, surtout l'intérêt de rappeler au
clinicien que l'absence de localisation pulmonaire décelée lors du bilan ne doit
pas faire abandonner le diagnostic de tuberculose laryngée.
104
Une consultation spécialisée en phtisiologie est donc indispensable et il sera
pratiqué :
des radiographies pulmonaires (face, profils droit et gauche) :
Dans la série de Lecointre, le bilan radiologique est normale dans 17 cas
sur 37 et il montre des images évolutives dans 15 cas : infiltrat uni- ou
bilatéral (12 cas), nodules ulcérés (1 cas), miliaire (2 cas). Dans 4 cas, il
existe des calcifications séquellaires des apex.
une intra dermo réaction (IDR) à la tuberculine :
L’IDR nécessite une technique précise :
- Injection strictement intradermique de tuberculine lyophilisée à
10UI
- Lecture à la 72e heure par mesure (en mm) de l'induration :
Pas d'induration ou inférieure à 5 mm ou érythème isolé : négative
5 à 10 mm : douteuse ;
supérieure ou égale à 10 mm : positive.
Son interprétation, également, ne doit pas être laissée au hasard :
Une IDR négative a plusieurs significations possibles : absence de
contact antérieur avec le BK ou BCG, infection récente (moins de
12 semaines) et allergie non encore apparue, anergie démontrée par
la négativité concomitante à d'autres IDR. L'anergie est provoquée
par une affection intercurrente : rougeole, sarcoïdose, virose.
Surtout, en présence d'une anergie, une IDR négative n'élimine pas
le diagnostic.
105
Une IDR positive indique que le sujet a été en contact avec
l'allergène ou qu'il est vacciné. Au cours d'une maladie évolutive,
elle est le plus souvent positive, sauf si le malade est en anergie ; il
s'agit alors, en règle générale, d'une tuberculose grave.
la recherche de BK dans les crachats ou un tubage gastrique
La recherche de BK est pratiquée dans l'expectoration ou dans le liquide
de prélèvement d'une fibroscopie bronchique, la recherche de BK est
pratiquement toujours positive quand il existe une tuberculose pulmonaire. .
La méthode la plus efficace et la moins astreignante pour le malade est la
recherche sur les crachats du matin (« early morning specimen »),
éventuellement associée à la recherche sur échantillons de crachats dans la
journée (« spot specimen »). Les recherches doivent être renouvelées 3 jours
consécutifs et un tubage gastrique pratiqué si le sujet ne crache pas (femme,
enfant).
Le spécimen est soumis à examen direct en microscopie optique et mis
en culture. Il est important de préciser la suspicion d'une éventuelle
tuberculose car la culture de l'échantillon se fait uniquement sur milieu
spécifique (milieu de Loewenstein). Le test de diagnostic rapide par
polymérase chain réaction (PCR) a une excellente sensibilité. Nous y avons
eu recours dans notre étude dans 2 cas.
Une voie de recherche nouvelle semble être la mise en évidence de
composants des mycobactéries dans les crachats, par exemple, l'acide
tuberculostéarique.
106
une fibroscopie bronchique guidée par les lésions visibles sur les
radiographies est systématique. Les aspects sont divers depuis la laryngite
diffuse micronodulaire jusqu'à la tuberculose excavée, en passant par les
infiltrats plus ou moins diffus ou systématisés. Dans certains cas, la lésion
radiologique serait absente et on a pu prouver l'existence de tuberculoses
bronchiques autonomes (Coussieu). Dans tous les cas, l'absence de lésions
radiologiques évidentes ne permet pas de repousser le diagnostic.
En conclusion, Le diagnostic positif de tuberculose est rarement évoqué de
prime abord devant une lésion laryngée. Il faut savoir penser à elle devant des
lésions qui évoquent le cancer laryngé mais présentant quelques particularités :
si le sujet est jeune, s'il existe une forme à prédominance postérieure plus
évocatrice ou encore des antécédents de tuberculose. Toutefois, devant ces
aspects, la notion d'association tuberculose-cancer doit rester présente à l'esprit.
En pratique, il convient :
d'obtenir la certitude histologique par laryngoscopie directe avec biopsie ;
de réaliser un bilan pulmonaire avec radiographies pulmonaires et
fibroscopie bronchique ;
de pratiquer un bilan général de la maladie tuberculeuse avec au premier
plan la recherche du BK dans l'expectoration.
107
Le diagnostic différentiel de la tuberculose laryngée quant à lui est
délicat. Il faut surtout penser à éliminer le cancer dont la présentation clinique et
endoscopique peut prêter à confusion [73].
En effet, le cancer laryngé est le diagnostic le plus souvent évoqué devant
une forme ulcéro végétante, papillomateuse ou pseudo-tumorale. La biopsie
peut ne pas toujours résoudre le problème si elle est trop superficielle car des
aspects pseudo-épithélioïdes peuvent en imposer. Il ne faut donc pas hésiter à
refaire des prélèvements et à poursuivre les investigations broncho pulmonaires
en cas de réponse anatomopathologique vague et incertaine.
De nombreux cas sont rapportés de cancers du larynx apparus
simultanément avec des ou associés à des lésions de tuberculose laryngée.
Cancer et tuberculose laryngée peuvent donc coexister. Il y aurait même
potentialisation mais la cancérisation sur cicatrice de tuberculose n'est pas
démontrée.
Lorsqu'une tuberculose laryngée est en traitement, que les lésions
disparaissent mais qu'une nouvelle symptomatologie réapparaît quelques mois
ou quelques années plus tard, un nouveau prélèvement doit être réalisé sans se
fier à la première histologie, surtout s'il s'agit d'un malade ayant dépassé la
cinquantaine et qu'il est alcoolo tabagique.
108
A coté du cancer, devant des lésions granuleuses du larynx [88] se discutait
autrefois, la syphilis où les lésions étaient classiquement antérieures, s'opposant
au siège postérieur des manifestations tuberculeuses.
Aujourd'hui, se discutent exceptionnellement les tumeurs amyloïdes.
Celles-ci peuvent survenir au niveau du larynx : bandes ventriculaires et sous-
glotte. Il n'y a jamais d'ulcération et la biopsie ne provoque aucune hémorragie.
La substance amyloïde se caractérise par sa coloration élective par le rouge
Congo et la thioflavine T donnant une fluorescence verte en lumière
ultraviolette. C'est encore plus rarement que pourraient être évoquées, dans les
cas de périchondrite : actinomycose et blastomycose du larynx (Ledersen,
1970).
La localisation laryngée de la sarcoïdose ou maladie de Besnier Boeck
Schaumann peut également prêter à confusion avec la tuberculose laryngée.
Son diagnostic repose sur :
- les manifestations cliniques éventuellement associées et patentes
(pulmonaire, ganglionnaire, nasale)
- l’examen anatomopathologique : granulome épithélio giganto
cellulaire sans nécrose caséeuse
- la négativité de l’intradermoréaction à la tuberculine
La maladie de Wegener doit être systématiquement évoquée dans le
diagnostic des lésions granuleuses du larynx : il s'agit d'un diagnostic
extrêmement difficile à poser.
109
Les autres diagnostics différentiels sont, le lymphome, la polyarthrite
rhumatoïde, le granulome après injection de Téflon® ou encore le lupus. Dans
la plupart des cas, le diagnostic doit être évoqué en fonction du contexte général
et repose également sur l'examen anatomopathologique des biopsies [74].
Au début, la tuberculose du larynx peut être facilement confondue avec une
laryngite banale d'autant que les laryngites infectieuses subaiguës et chroniques
peuvent réaliser des monocordites et des pachydermies inter aryténoïdiennes.
Par esprit de système, il faut évoquer le diagnostic de laryngite tuberculeuse
chaque fois qu'on se trouve devant un tel aspect infiltrant et évoluant par
poussées.
110
Le traitement est avant tout curatif. Il repose sur une chimiothérapie
antituberculeuse [75].
Il doit être mis en route en milieu hospitalier permettant la surveillance
initiale et la réalisation du bilan pré thérapeutique. Il doit être conçu en
collaboration avec l'équipe de phtisiologues.
La chimiothérapie antituberculeuse est, à l'heure actuelle, le seul traitement
logique et efficace de la tuberculose, quelle que soit sa localisation et sa gravité.
« Elle a, de ce fait, radicalement transformé le profil évolutif et la gravité de la
maladie en diminuant considérablement ses complications et son taux de
mortalité » (Larbaoui).
Le résultat des connaissances concernant les caractéristiques des
médicaments, efficacité, sécurité, innocuité, absence de résistance, a conduit la
commission de traitement de l'Union internationale contre la tuberculose à un
classement hiérarchique des drogues (tableau III).
Classe A
Isoniazide, Rifamycine
Classe B
Streptomycine, Pyrazinamide, Ethambutol, Kanamycine,
Ethionamide, Cyclosérine
Classe C
PAS, Thiocétazone
Tableau IV. Classement hiérarchique des drogues anti tuberculeuses
(Commission de traitement de l’union internationale contre la tuberculose)
111
Les cinq médicaments antituberculeux majeurs sont:
o l’isoniazide = H,
o la rifampicine = R,
o le pyrazinamide = Z,
o l’éthambutol = E,
o la streptomycine = S.
L’isoniazide diffuse rapidement dans tout l'organisme en raison de son
faible poids moléculaire et pénètre même dans les macrophages pour inhiber la
multiplication des bacilles intracellulaires. Puis, il est acétylé dans le foie, ce qui
le rend inactif. La vitesse et l'importance de l'acétylation sont variables
(acétyleurs lents ou rapides), ce qui justifie le dosage sérique par fluorométrie
pour permettre l'adaptation thérapeutique. La dose habituelle est de 5 mg/kg/jour
(8 mg/kg/jour chez l'enfant de moins de 20 kg) et il est généralement bien toléré
mais peut entraîner :
- des troubles intestinaux mineurs justifiant un traitement symptomatique ;
- des troubles d'origine centrale : vertiges, insomnies, euphorie ;
- des troubles neurologiques de type neuropathie périphérique chez les
dénutris et les alcooliques justifiant une supplémentation vitaminique ;
- des troubles hépatiques (surtout en cas d'association à la rifampicine).
L'hépatotoxicité est rare (2 %) mais justifie la réalisation de tests de
surveillance hépatique qui sont fréquemment perturbés en début de
traitement ; un effet « antabuse-like » qui doit faire proscrire les boissons
alcoolisées pendant le traitement.
112
La rifampicine diffuse bien dans l'organisme et pénètre également les
macrophages. Elle est partiellement inactivée au niveau hépatique par
désacétylation et évacuée dans la bile. La fraction libre non désacétylée est
réabsorbée et réalise un cycle entérohépatique expliquant la stabilité du taux
sérique. La fraction libre éliminée par voie urinaire (20 à 30 %) est responsable
de la coloration rouge des urines. Elle est prescrite à la dose de 10 mg/kg/jour
(15 mg/kg/jour chez l'enfant). La toxicité est rare. Citons la toxicité hépatique
(surtout en cas d'association avec l'isoniazide). Elle est, le plus souvent, due à
une posologie excessive. Citons également le purpura thrombocytopénique,
rarissime mais grave, imposant l'arrêt du traitement. L'induction d'enzymes
microscomiques au niveau hépatique est susceptible de diminuer le taux sérique
des oestrogènes, des anticoagulants, des hypoglycémiants oraux, de certains
médicaments à visée cardiologique. Enfin, une activité immunosuppressive à
doses élevées a été retrouvée mais qui ne semble pas exister aux posologies
usuelles.
La pyrazinamide, dont la formule chimique est proche de celle de
l'isoniazide, diffuse partout et passe la barrière méningée ainsi que la membrane
des macrophages. Il est dégradé en acide pyrazinoïque au niveau du foie puis
éliminé par le rein. Il est prescrit à la dose de 20 à 30 mg/kg/jour (25 à 35
mg/kg/jour chez l'enfant). C'est une drogue bien tolérée mais qui peut être
responsable d'arthralgies par diminution de l'élimination de l'acide urique ou
d'une toxicité hépatique surtout en cas de traitement prolongé à fortes doses.
113
La diffusion de l’éthambutol semble bonne, y compris à travers la barrière
méningée et il semble pénétrer la membrane macrophagique. Il est éliminé par
voie urinaire et doit être évité en cas d'insuffisance rénale. Il est prescrit à la
dose de 15 à 20 mg/kg/jour chez l'adulte. Le risque principal est la névrite
optique rétrobulbaire, généralement de type axial avec anomalies de la vision
des couleurs. C'est pourquoi l'éthambutol ne doit pas être prescrit à des enfants,
chez qui le diagnostic précoce des anomalies citées ci-dessus est difficile, ni
chez les patients présentant une maladie oculaire.
Les autres médicaments anti bacillaires sont plus rarement utilisés et
généralement réservés à des cas particuliers : échecs ou rechutes avec souches
résistantes, contre-indications ou effets toxiques des drogues majeures. Citons :
- le thiacétazone encore très utilisé dans les pays en voie de
développement mais plus rarement en Europe ;
- la streptomycine, le para aminosalicylate de sodium (PAS), la
viomycine, la kanamycine, la capréomycine, l'éthionamide, le
prothionamide.
Des études sont actuellement en cours et portent principalement sur les
nouveaux dérivés des rifamycines, les quinolones et les bêtalactamines.
114
Le statut métabolique du bacille est important car il conditionne l'action des
différentes drogues antibacillaires et permet de mieux comprendre la nécessité
d'une polychimiothérapie (tableau IV)
On peut considérer qu'il existe, dans les lésions tuberculeuses de l'homme,
au moins trois populations bacillaires différentes selon leur état métabolique.
La population A : elle vit dans la couche pyogène (caséum liquide) qui
tapisse les parois des cavités tuberculeuses et les surfaces laryngées
infectées. La multiplication est rapide dans un milieu riche en oxygène et
à pH neutre.
La population B : elle est constituée de bacilles phagocytés par les
macrophages et qui continuent, quoique lentement, à se multiplier. En
effet, le pH acide intracellulaire (en raison de l'environnement
enzymatique qui y règne) est peu propice à leur développement.
La population C : elle est constituée de bacilles présentant une activité
métabolique et une croissance intermittente. Elle est située dans les foyers
de caséum solide, peu oxygénés (bacilles quiescents).
115
Tableau V. - Activité des différentes drogues antituberculeuses en fonction du type de
population bacillaire (d'après Grosset).
Population Métabolisme Activité des drogues Type
Population A + + + Streptomycine + + + Bactéricide
Intracavitaire Isoniazide + +
Rifampicine + +
Ethambutol ± ?
Population B + Pyrazidine + + + Stérilisante
Intracellulaire Rifampicine + +
Isoniazide +
Ethambutol ± ?
Population C ± Rifampicine + + Stérilisante
Foyers ± Défenses
caseux immunitaires
solides
116
Le schéma thérapeutique est parfaitement codifié [76]. En effet, l’OMS
préconise une stratégie thérapeutique standardisée destinée principalement aux
pays en développement, stratégie à laquelle s’associent la plupart des pays
industrialisés, même si cette maladie infectieuse reste pour eux bien contrôlée et
peu fréquente.
Le traitement dure six mois et comprend une phase initiale de deux mois
où 3 médicaments sont administrés en association (HRZ), suivie d’une phase de
continuation de quatre mois où seuls la R et H sont poursuivis.
Dans les pays riches et développés, à faible prévalence tuberculeuse, le
traitement est une polychimiothérapie pendant un temps plus court qu'il n'était
classiquement.
Pour un meilleur contrôle de l’observance, l’OMS préconise un traitement
directement supervisé (DOT = directly observed therapy). En effet, comme pour
toute maladie chronique, il est difficile de maintenir la motivation du patient une
fois les symptômes disparus et de conduire jusqu’à son terme un traitement long
(6 mois), comportant un nombre important de comprimés (8 à 10 comprimés par
jour pendant les deux premiers mois). Ceci d’autant plus que les effets
indésirables sont parfois plus importants que les symptômes de la maladie elle-
même. Il n’est donc pas étonnant qu’entre 20 et 50% des patients, selon les
études, interrompent prématurément le traitement ou réduisent spontanément les
doses de médicaments. C’est ainsi qu’au cours des 2 premiers mois, le patient se
rend chaque jour au centre de santé le plus proche de son domicile. Le patient y
avale tous ses comprimés, à jeun, sous les yeux d’un témoin spécialement
formé à cette fonction.
L’usage d’associations médicamenteuses fixes [77, 78, 79] est également
préconisé par l’OMS pour améliorer l’observance.
117
La surveillance comprend:
le contrôle de l'assiduité du traitement ;
La compliance au traitement peut être vérifiée par la coloration orange des
urines et des larmes qui est secondaire à la prise de rifampicine.
des tests hépatiques (Alanine-Aminotransférase : ALAT)
Ils sont facultatifs : une fois tous les 15 jours pendant la phase initiale puis une
fois par mois.
Mais le dosage de l’ALAT devient systématique en cas de : symptômes
digestifs, HIV, alcoolisme, malnutrition, diabète, maladie hépatique chronique.
un examen ophtalmologique
L’électrorétinogramme ou les potentiels évoqués doivent être réalisés au 2e
mois si l’éthambutol doit être administré pour une durée supérieure à 2 mois ou
à dose >20 mg/kg.
un audiogramme
il doit être effectué1 fois par mois si le régime comprend un aminoglycoside
(Streptomycine).
une surveillance endoscopique des lésions laryngées.
le dosage de l'isoniazide sérique
Il est recommandé en cas : d'insuffisance rénale ou hépatique, de troubles
neuropsychiques et chez les sujets âgés.
118
Les résultats d’un tel traitement sont excellents. En effet, l’évolution sous
traitement est rapidement favorable dès l'instauration du traitement. Les signes
fonctionnels régressent très rapidement tandis que les lésions anatomiques
laryngées régressent parallèlement mais plus lentement, en 3 à 4 semaines en
général.
Dès les premiers jours, l'amélioration clinique est spectaculaire avec
disparition des douleurs et de l'odynophagie. La dysphonie évolue, bien sûr,
parallèlement aux lésions glottiques.
Les lésions granuleuses, ulcérantes et exsudatives sont les premières à
régresser et le larynx se « nettoie » rapidement. Les aspects infiltrants et fibreux
sont plus lents à régresser, de même que les aspects tumoraux.
L'absence d'amélioration après 2 mois de traitement doit faire rechercher
une inobservance du traitement ou un carcinome épidermoïde associé [80].
L'évolution fibreuse de la cicatrisation peut laisser des séquelles
cicatricielles qui peuvent être responsables d'une immobilité aryténoïdienne si
elles bloquent une articulation cricoaryténoïdienne, d'une sténose glottique ou
sous-glottique, en particulier si elles siègent au niveau cricoïdien.
L'évolution doit être suivie sur les examens répétés de l'endo larynx, et
l'absence de régression franche sous traitement doit faire douter du diagnostic et
évoquer un épithélioma (EOA) associé.
119
Il est important de rappeler que, certains bacilles, sous l'effet d'une mutation
génétique, deviennent spontanément mais de façon héréditaire et stable,
résistants à certains médicaments antituberculeux.
La résistance primaire est due à la contamination d'un sujet sain, jamais
traité auparavant, par un sujet tuberculeux incorrectement traité et cracheur
de bacilles résistants. Ce taux de résistance est un indice épidémiologique
important.
La résistance acquise est la sélection, surtout par monochimiothérapie, de
la population bacillaire naturellement résistante dans la population
bacillaire totale. Elle est une incitation à l'abandon des
monochimiothérapies. Elle justifie, par ailleurs, l'étude de l'antibiogramme
lorsqu'il est réalisable.
Lorsque la résistance est limitée à l’isoniazide, la trithérapie (R + E + Z)
doit être poursuivie pendant 6 mois avec, éventuellement, le maintien de
l’isoniazide, ce qui permet d’obtenir les mêmes taux de guérison qu’en l’absence
de résistance.
La tuberculose multirésistante quant à elle est définie comme une
résistance simultanée à l’isoniazide et à la rifampicine. Sa mortalité est élevée et
elle nécessite un traitement de 18 mois, voire davantage, avec une association
d’antibiotiques qui doit être déterminée de cas en cas par un spécialiste, sur la
base de l’antibiogramme. Lorsqu’un patient est suspect de tuberculose
multirésistante (anamnèse de traitements répétés et/ou erratiques, provenance de
zones à haut risque), une association empirique de 6 antibiotiques: H + R + E + Z
120
+ un aminoglucoside + une fluoroquinolone doit être débutée en attendant le
résultat des antibiogrammes [81] [82].
La multirésistance aux antibiotiques de Mycobacterium tuberculosis est
en constante augmentation. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), elle
est en moyenne de 12,2 % dans le monde [79]
Dans notre étude, nous n’avons eu aucun cas de résistance. Tous ont
évolué favorablement et n’ont pas eu recours à d’autres protocoles.
A coté du problème des résistances, il est important de rappeler les
difficultés thérapeutiques posées par l’association HIV et tuberculose. Il faut
savoir que chez les patients porteurs du HIV et atteints d’une tuberculose non
résistante, l’augmentation de la durée du traitement n’augmente pas le taux de
succès thérapeutique ni ne diminue le taux de rechute qui est élevé. Ces patients
seront donc traités de façon standardisée [83]. Si la réponse thérapeutique est
lente ou suboptimale, le traitement sera prolongé au cas par cas [84].
Mais le problème principal du traitement antituberculeux chez les patients
HIV est celui de l’interférence avec une éventuelle trithérapie antivirale. La
rifampicine est un inducteur du cytochrome P450, ce qui accélère l’inactivation
des médicaments antiviraux inhibiteurs des protéases. Inversement, les inhibiteurs
des protéases inhibent le cytochrome P450, bloquant ainsi le métabolisme de la
rifampicine et augmentant sa toxicité. Lorsqu’une trithérapie antivirale doit être
administrée en même temps qu’un traitement antituberculeux, la recommandation
est de remplacer la rifampicine par de la rifabutine, qui est un inducteur moins
puissant du cytochrome P450, et d’administrer la rifabutine à demi-dose (150
121
mg/j au lieu de 300 mg/j pour un adulte). La posologie de l’indinavir, inhibiteur
de protéase, devrait être augmentée de 50%. Le ritonavir est formellement contre-
indiqué en association avec la rifabutine. Les inhibiteurs de la transcriptase
inverse non nucléosidiques n’interfèrent pas avec le cytochrome P450. Pour les
autres antiviraux, le lecteur doit se référer au cas par cas aux publications, par
exemple à celle des Centers for Disease Control [85].
La place de la chirurgie a disparu dans l'arsenal thérapeutique
actuellement [86]. Elle s’adresse essentiellement aux formes vues tardivement ou
aux séquelles après traitement médical telle la sténose sous-glottique
cicatricielle.
La tuberculose laryngée, vue à un stade tardif, est très délabrante et pour
tenter de réduire son impact la vaccination joue un rôle très important. Calmette
et Guérin ont isolé un bacille provenant d'une souche de Mycobacterium bovis
après de nombreux repiquages. La virulence de la souche s'est atténuée,
vraisemblablement par sélection d'un mutant. À noter qu'une vaccination par
bacille bilié Calmette-Guérin (BCG) à jour n'élimine pas le diagnostic, la
protection du vaccin n'étant qu'incomplète et limitée dans le temps (taux de
protection d'environ 50 % chez l'adulte [86]. Chez l'homme, le BCG
s'administre par voie intradermique ; permettant d'injecter une dose précise ce
qui entraîne régulièrement une bonne immunité. Au Maroc elle est obligatoire
chez tous les nouveaux nés. Elle est, par contre, déconseillée comme tous les
vaccins chez les sujets atteints du SIDA clinique ou de toute autre affection
immunodépressive en raison du risque de BCGite généralisée.
122
Concernant la chimio prophylaxie, chez les sujets séropositifs, l'attitude
de l'Organisation mondiale de la santé est très nuancée et dépend des conditions
épidémiologiques locales. Mais chez ces sujets, une chimio prophylaxie
systématique à l'isoniazide devrait être prescrite :
- en cas de réaction tuberculinique positive au moment de la mise en
évidence d'une séropositivité VIH ou antérieurement ;
- lorsqu'ils appartiennent à une population à haute prévalence tuberculeuse
- et lorsqu'ils présentent des antécédents de tuberculose pulmonaire.
123
CONCLUSION
124
La tuberculose primitive du larynx est une affection très rare. Elle affecte
surtout l’homme de la cinquantaine alcoolique et tabagique. Les signes cliniques
et paracliniques sont peu spécifiques et très proches de ceux du cancer du
larynx. Le diagnostic est essentiellement basé sur l’histologie et la bactériologie
d’où l’importance de multiplier les prélèvements biopsiques si nécessaire. Dans
les cas douteux, la PCR a prouvé son efficacité.
Dans un pays d’endémie comme le Maroc, il faut toujours évoquer la
tuberculose comme diagnostic différentiel du cancer laryngé.
L’évolution sous traitement médical bien conduit est excellente. Le
protocole thérapeutique, basé sur le schéma du traitement d’une tuberculose
extra pulmonaire de durée minimale égale à six mois, permet une guérison totale
et rapide.
125
RESUMES
126
RESUME
Titre : La Tuberculose Primitive du Larynx (à propos de dix cas)
Auteur : Siham CHARIBA ép. El Ayoubi
Mots clés : tuberculose laryngée, Mycobactérium Tuberculosis, endoscopie laryngée,
granulome épithélio giganto cellulaire, chimiothérapie antituberculeuse.
La tuberculose est une infection bactérienne chronique provoquée par le Mycobactérium
Tuberculosis. La maladie affecte le plus souvent le poumon mais dans de très rares cas, elle
affecte le larynx de manière isolée.
L’objectif de notre travail est de montrer le véritable challenge diagnostique posé par cette
pathologie aux présentations cliniques et endoscopiques variées et trompeuses et dont le
traitement médical est très efficace.
Matériel et méthode : Il s’agit d’une étude rétrospective qui porte sur dix cas de tuberculose
laryngée colligés au sein du service d’oto rhino laryngologie de l’hôpital de spécialité de
Rabat, entre 2004 et 2009.Pour chaque cas ont été recueillies les donnés épidémiologiques,
cliniques, paracliques et thérapeutiques. Ces données ont été comparées à celles retrouvées
dans la littérature.
Résultat : Dans notre série, la tuberculose primitive du larynx touche essentiellement
l’homme de 39 ans, fumeur et consommateur d’alcool. Les signes d’appels cliniques sont peu
spécifiques : dysphonie (90% des cas), odynophagie (30 % des cas), dyspnée d’effort (20%
des cas).Ces signes sont très proches de ceux du cancer du larynx. Il en est de même de
l’aspect à l’endoscopie. L’examen à la LID et à l’endoscopie retrouve dans tous les cas de
notre série une tumeur bourgeonnante avec des cordes vocales dans 90 % des cas mobiles.
Dans 20% des cas, on retrouve la localisation sous glottique, dans 70% des cas la localisation
est glottique et l’épiglotte est concernée dans 10 % des cas. Seules les études
anatomopathologiques et bactériologiques permettent de poser le diagnostic. Dans tous les cas
de notre série, on a mis en évidence le granulome épithélio giganto cellulaire et la culture sur
milieu spécifique a confirmé la présence du Mycobactérium Tuberculosis. Quelques fois, la
PCR est nécessaire, en cas de doute pour affirmer le diagnostic de tuberculose. Dans 2 cas,
nous y avons eu recours. Sitôt le diagnostic posé, la chimiothérapie antituberculeuse est
démarrée pour une durée minimale de 6 mois, à raison de 2 mois sous RHZ puis 4 mois sous
RH. La chirurgie s’adresse plus aux formes très dyspnéisantes ou alors au traitement des
séquelles après traitement, comme le traitement d'une exceptionnelle sténose sous-glottique
cicatricielle. Dans notre série, aucun patient n’y a eu recours Les résultats, à court et à long
terme, sont excellents.
Conclusion : Globalement, les données de la littérature sont étroitement corrélées aux
données épidémiologiques, cliniques, paracliniques et thérapeutiques retrouvée dans notre
série. Le Maroc étant un pays endémique de tuberculose, le praticien se doit d’évoquer la
localisation laryngée, bien qu’étant rare, et ce, devant des signes cliniques et endoscopiques
peu spécifiques et ne pas hésiter à la confirmer par un examen histologique et
bactériologique.
127
SUMMARY
Title: Primary tuberculosis of the larynx (10 cases)
Author: Siham CHARIBA ép El Ayoubi
Key words: laryngeal tuberculosis, Mycobacterium Tuberculosis, endoscopic laryngeal,
epithelial giant cell granuloma, tuberculosis chemotherapy
Tuberculosis is a chronic bacterial infection caused by Mycobacterium tuberculosis. The
disease most often affects the lungs, but in very rare cases, it affects the larynx in isolation.
The objective of our work is to show the true diagnostic challenge posed by this disease in
misleading various clinical presentations and endoscopic and that treatment is very effective.
Material and methods: This is a retrospective study covering ten cases of laryngeal
tuberculosis collected within the service otolaryngologist specialty hospital in Rabat, between
2004 and 2009. For each case, were collected the epidemiological data, clinical, paraclinical
and therapeutic. These data were compared to those found in the literature.
Results: In our series, primary tuberculosis of the larynx affects mainly the 39-year-old
smoker and drinker. Call signs are nonspecific clinical: dysphonia (90% of cases),
odynophagia (30% of cases), dyspnea (20% of cases). These signs are very similar to those of
laryngeal cancer. There is even the appearance at endoscopic. Review at indirect
laryngoscopy and endoscopy found in all cases in our series tumor budding mobile vocal
cords in 90% of cases. In 20% of cases, we find the subglottic localization; in 70% of cases,
we find the glottis localization and in 10% of cases, we find the epiglottis localization.Only
the histological study and bacteriological study can make the diagnostic. In all cases of our
series, we showed epithelioid giant cell granuloma and culture on specific media confirmed
the presence of Mycobacterium tuberculosis.Sometimes, PCR is necessary in case of doubt in
the diagnosis of tuberculosis. In 2 cases, we have used. As soon as the diagnosis confirmed,
antituberculous chemotherapy is started for a minimum of 6 months, 2 months with RHZ then
4 months with HR. The surgery is aimed more the dyspneisantes forms or so the sequelae
after treatment, as the treatment of exceptional cicatricial subglottic stenosis. In our series, no
patient is used. Results in the short and long form are excellent
Conclusion: Overall, data literature are closely correlated with epidemiological data,
clinical, paraclinical and therapeutic found in our series.Morocco is a country with endemic
tuberculosis, the practitioner must refer the laryngeal rare and that before clinical signs and
endoscopic unspecific and do not hesitate to confirm by histological examination and
bacteriological.
128
انهخص
.عم انحدشج الأن )عشش حالاخ( :انعىا
انردع انحثث نهخهح -يؼاسح انحدشج -ػك انرفظ -أذشاب انظخ -يكتكرشا ذثشكهضط -عم انحدشج :ساستكهاث الأ
.انعلاج انكائ ػذ انغم -انعلاق
)صخح فذ الأت(. عاو شاستح انكاحب:
انغم يشع خشثي يضي اذح ع الإطاتح تثكرشا انغم "يكتكرشا ذثشكهضط".زا انشع غانثا يا ظة انشئح، نك ف
حالاخ ادسج خذا، ذظة انحدشج تظفح أحادح.
انرعح ي دساعرا إظاس انرحذ انحمم انز شكه زا انشع ف يخرهف انعشع انغششح انؼاسح انهذف
انظهح، تا أ انعلاج انطث خذ فعال.
: ز دساعح تأثش سخع ذغط عشش حالاخ انغم انحدش ذى خعا داخم يغرشف الاخرظاطاخ تانشتاؽ ف اناث وانطزق
ح انغششح شث .ف كم حانح، ذى خع انثااخ انتائ4002 4002يظهحح أيشاع الأف الأر انحهك انحدشج ت عاي
انغششح انعلاخح.ز انعطاخ ذد يماسرا يع انذساعاخ انخدج.
عح.الأعشاع انغششح انث ذك غش 92ف عهغهرا، انغم الأن غانثا يا ظة الإغا انذخ انغكش ف ع انخائج
( dyspnée، ػك انرفظ )30%( odynophagie) ، آلاو الأر لد انثهع90%( dysphonieيحذدج : اذشاب انظخ )
.ز الأعشاع ذماست أعشاع عشؽا انحدشج.فظ انشء فا خض انظاس.انفحض تانشآخ انعاكغح انغش انثاششج 20%
ي انحالاخ، دذ %20.ف %90انظاس ث، ف خع حالاخ عهغهرا، سو تاسص ف انحدشج يع انحثال انظذح يرحشكح تغثح
ي انحالاخ، دذ رلع ف %10ي انحالاخ، دذ رلع ف انحثال انظذح؛ ف %70رلع ذحد انحثال انظذح؛ ف
(. حذا انذساعاخ انرششحح انشػح انثكرشنخح ذكا ي انرشخض. ف كم حلاخ عهغهرا، أتشصا épiglotteانضياس )
( نهخهح انعلاق انرشتح ف عؾ خاص، ذأكذ خد انرفطشج انغهح.ف حانح خاطح، انفحض granulomeث )انردع انحث
ظثح ػشسا ف حانح انشك نرأكذ ذشخض داء انغم.ف حانر ي عهغرا، ذى الاعراد عه ز (PCR) تانحايغ ان
أشش ب 2ثى RHZأشش تانطشمح انرانح: شش ب 2ائ نذج لا ذمم عه انطشمح. تعذ عشعح انرشخض ثذأ انعلاج انك
RH اندشاحح ذرد إن انحالاخ الأكثش ذشدا ف انرفظ أ نحالاخ عماتم تعذ انعلاج يثلا علاج ػك يا ذحد انحثال انظذح.نى.
مظش انطم يراصج.حراج ف عهغهرا ز إن يثم زا انعلاج الأخش. انرائح ف انذ ان
تظفح عايح، فإ انثااخ الأدتح ذشذثؾ تشكم ثك يع انعطاخ انتائح انغششج شث عششج انعلاخح انر خذخ ف انخلاصت
ح عهغهرا.انغشب تهذ عشف ارشاس تاء انغم، انطثة دة أ ظة كايم اراي خذ ف اكرشاف زا انغم انحدش سغى له
حالاذ زا أياو انعلاياخ انغششح انؼاسح غش انخاطح أ لا را لا رشدد ف انماو تانكشف تانفحص انرششحح
انثكرشنخح.
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AAuu mmoommeenntt dd''êêttrree aaddmmiiss àà ddeevveenniirr mmeemmbbrree ddee llaa pprrooffeessssiioonn mmééddiiccaallee,, jjee
mm''eennggaaggee ssoolleennnneelllleemmeenntt àà ccoonnssaaccrreerr mmaa vviiee aauu sseerrvviiccee ddee ll''hhuummaanniittéé..
JJee ttrraaiitteerraaii mmeess mmaaîîttrreess aavveecc llee rreessppeecctt eett llaa rreeccoonnnnaaiissssaannccee qquuii lleeuurr
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JJee pprraattiiqquueerraaii mmaa pprrooffeessssiioonn aavveecc ccoonnsscciieennccee eett ddiiggnniittéé.. LLaa ssaannttéé ddee mmeess
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JJee nnee ttrraahhiirraaii ppaass lleess sseeccrreettss qquuii mmee sseerroonntt ccoonnffiiééss..
JJee mmaaiinnttiieennddrraaii ppaarr ttoouuss lleess mmooyyeennss eenn mmoonn ppoouuvvooiirr ll''hhoonnnneeuurr eett lleess
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JJee mmaaiinnttiieennddrraaii llee rreessppeecctt ddee llaa vviiee hhuummaaiinnee ddééss llaa ccoonncceeppttiioonn..
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JJee mm''yy eennggaaggee lliibbrreemmeenntt eett ssuurr mmoonn hhoonnnneeuurr..
Serment
d'Hippocrate
بسى الله انزحا انزحى
أقسى بالله انعظى
ز انهحظح انر رى فا لثن عؼا ف انح انطثح أذعذ علاح:ز انهحظح انر رى فا لثن عؼا ف انح انطثح أذعذ علاح:ف ف
أكشط حاذ نخذيح الإغاح.أكشط حاذ نخذيح الإغاح. تأتأ
.أ أحرشو أعاذزذ أعرشف نى تاندم انز غرحم.أ أحرشو أعاذزذ أعرشف نى تاندم انز غرحم
أ أياااسط يراا تاااصم ياا ػااش شااشف خاااعلا طااحح يشؼاا ااذف أ أياااسط يراا تاااصم ياا ػااش شااشف خاااعلا طااحح يشؼاا ااذف
الأل. الأل.
.أ لا أفش الأعشاس انعدج إن.أ لا أفش الأعشاس انعدج إن
.أ أحافع تكم يا نذ ي عائم عه انششف انرمانذ انثهح نح انطة.أ أحافع تكم يا نذ ي عائم عه انششف انرمانذ انثهح نح انطة
عرثش عائش الأؽثاء إخج ن.عرثش عائش الأؽثاء إخج ن.أ أأ أ
أ ألااو تاااخث حاا يشػااا تااذ أ اعرثاااس داا أ ؽاا أ عشلاا أ أ ألااو تاااخث حاا يشػااا تااذ أ اعرثاااس داا أ ؽاا أ عشلاا أ
عاع أ اخراع.عاع أ اخراع.
.أ أحافع تكم حضو عه احرشاو انحاج الإغاح يز شأذا.أ أحافع تكم حضو عه احرشاو انحاج الإغاح يز شأذا
أ لا أعاارعم يعهياااذ انطثااح تطشااك ؼااش تحمااق الإغااا يااا لالااد ياا أ لا أعاارعم يعهياااذ انطثااح تطشااك ؼااش تحمااق الإغااا يااا لالااد ياا
ذذذ.ذذذ.
ع كايم اخراس يمغا تششف.ع كايم اخراس يمغا تششف. تكم زا أذعذتكم زا أذعذ
.والله عهى يا أقىل شهذ
لغى أتمشاؽ
امسخلا دمحم عةماج
صيدلة بالرباطلاو بطلا ةيلك
230 :زوحت رقىطأ 4232 ت : ـس
عم انحدشج الأن حالاخ 01تظذد
وحةر طأ
0272دجبز 71ج وىقشج علات ىو يذق
طرف نم
الأتفذ صخحانغذج عاو شاستح بمرسيليا 7891فبراير 3: فية زدادملا
ـ انطةـ فساـرــذكان دجـاشـ ــمنـ
ضد السل العلاج الكيميائي –منضارية الحنجرة – ميكوبكتريا تبركلزس –سل الحنجرة :ةلمات الأساسيكلا
التجمع الحبيبي للخلية العملاق
احذةسلأإشزاف انهجت انكىت ي ا جحح
س ئر نقزادريذ: يحذ اسنا ف الأر، الأف انحدشج اررعأ
ف زشي انحس: نهى انسقان ذةسنا ج ف الأر، الأف انحدشجاررعأ
يحذ جذاذ: سنا ف عهى انرششح اررعأ
: يايى فاروديذسنا ف الإعاػ انرخذش اررعأ
عضى شزف : سعذ الأىبذسنا
ف عهى انرششح اررعأ
اءضعأ