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Dossier de presse 17 18 Saison 3 Vincent Dupont / J’y pense souvent (...) Hauts Cris (miniature) (création 2005)

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  • Dossier de presse

    17 18Saison 3

    Vincent Dupont / J’y pense souvent (...) Hauts Cris (miniature) (création 2005)

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    SOMMAIRE

    4 Spectacle — Hauts Cris (miniature)

    5 Biographies 5 Vincent Dupont 6 Équipe artistique

    7 Extraits de presse

    8 Entretien 8 Vincent Dupont / Boris Achour

    10 Informations presse

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  • Je suis le champ sanglant où la fureur hostile / vomit le meurtre rouge et la scythique horreur / qui saccage le sang, richesse de mon cœur.

    — Agrippa d’Aubigné, Le Printemps

    Il est seul, dans un espace trop petit pour

    lui, et chacun de ses mouvements résonne

    de façon extraordinaire, comme si chaque

    déplacement, aussi petit soit-il, était lesté

    d’une tension énorme. Autour de lui, l’espace

    convivial d’une salle à manger semble écrasé

    par sa présence et prêt à voler en éclats.

    Entre cet espace et le public, un tronc

    d’arbre repose sur le sol et sert de projection

    à un poème d’Agrippa d’Aubigné. Frappé

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    Spectacle

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    Hauts Cris (miniature) (création 2005) — spectacle de Vincent Dupont

    Tarifs : 10€ / 8€ / 5€ | Pass Par/ICI : 16€Réservations : 04 67 60 06 79 / [email protected]

    Mercredi 7 et jeudi 8 mars 2018 à 20h Studio Bagouet, ICI—CCN

    par le danseur à la fin du poème, le tronc d’arbre se révèlera être un tambour de bois. Peut-être

    s’agit-il de trouver une musicalité physique au poème, une sorte de contrepoint polyphonique

    (corps, voix, bruitages) à ces alexandrins chargés d’horreur et de révolte. Peut-être s’agit-il aussi

    de trouver un espace - comme ces « miniatures » de l’époque médiévale peintes sur un bout de

    bois, qui libèrent le subconscient de ses traumatismes et l’aide à transformer sa plainte.

    — Vincent Dupont

    Hauts Cris (miniature) exprime l’influence des cadres spatiaux et sonores sur le mouvement, le corps et leurs perceptions. Un homme semble coincé dans le cadre du décor, pourtant une conviviale salle à manger. Les meubles sont délibérément un peu trop petits pour lui, ou bien c’est l’homme qui est trop grand pour le monde. Il ne peut que se révolter. Des capteurs posés dans le décor et sur le corps du danseur, amplifiés et retravaillés par le musicien Thierry Balasse finissent par provoquer un vacarme assourdissant. C’est le bruit énorme que font des hommes qui se mettent en mouvement pour se libérer. Un état intense de tension explose et expose un état intérieur proche du cri. Le personnage éprouve physiquement le dispositif scénographique de la pièce, enfermé, encagé, inquiet et comme délicieusement perdu. Il interroge la matière de son corps et de son esprit aux abois. Fuir ? Lutter ? Accepter ? Une issue surprenante résoudra l’équation impossible.

    Chorégraphie et interprétation : Vincent Dupont | Son : Thierry Balasse | Lumière : Yves Godin | Travail

    de la voix : Valérie Joly | Collaboration artistique : Myriam Lebreton | Décor : Boris Jean | Texte : Agrippa

    d’Aubigné | Régie plateau et vidéo : Bastien Anconina | Régie lumière : Arnaud Lavisse

    Production : Association J’y pense souvent (…)

    Coproduction : Les Laboratoires d’Aubervilliers, la Muse en Circuit – Centre de création musicale en Île-de-

    France, Centre national de danse contemporaine Angers, Centre chorégraphique national de Tours, ARCADI

    Avec le soutien de la DRAC Île-de-France – ministère de la Culture et de la Communication, DICREAM –

    Centre national de la cinématographie , Les Spectacles vivants – Centre Pompidou (Paris), la Ménagerie de

    verre/Studiolab (Paris)

  • Biographies

    Vincent Dupont a d’abord reçu une formation de comédien. Ses premières rencontres avec la danse furent avec les chorégraphes Thierry Thieu-Niang et Georges Appaix puis Boris Charmatz pour Herses, une lente introduction et Con forts fleuve.

    En 2001, il signe sa première chorégraphie Jachères improvisations, inspirée d’une photo d’une installation du plasticien Stan Douglas, questionne le réel en travaillant sur des notions de rapprochement et d’éloignement tant visuelles que sonores. Dès lors, il mène un travail à la croisée de plusieurs médiums (chorégraphies, installations, performances) qui interroge la présence des corps et leur perception.

    Ses créations seul ou en collaboration incluent notamment Hauts Cris miniature (2005) aux Laboratoires d’Auberviliers, Incantus (2007) au CNDC d’Angers, Souffles (2010) au Phénix, scène nationale de Valenciennes dans le cadre du festival Latitudes Contemporaines, Bine (2011) et L’étang suspendu (2012) pour le festival Entre cour et jardins. En 2007, la SACD lui attribue le Prix « nouveau talent chorégraphie ». Plus en 2013, il crée Air et Stéréoscopia (2014). S’appuyant sur le principe de la stéréoscopie, Vincent Dupont, met en parallèle deux chorégraphies presque semblables pour faire apparaître un nouveau rapport au mouvement.

    Depuis septembre 2015, Vincent Dupont est artiste associé à ICI—CCN de Montpellier. Dans ce cadre, il crée Mettre en pièce(s) en octobre 2016, pièce pour six danseurs et un manipulateur qui interpelle son audience depuis le texte de Peter Handke Outrage au public. Elle obtient le soutien de la Fondation Hermès dans le cadre de son programme New Settings.

    En mars 2017, ICI—CCN lui propose pour la première fois d’investir un espace d’exposition. Il propose Cillement, une installation vidéographique et photographique pour laquelle il réalise notamment quatre films, qui lui permettent de travailler une nouvelle perception du temps, du mouvement et de larespiration à l’image.

    Parallèlement, Vincent Dupont intervient régulièrement, avec ses collaborateurs, lors de différents ateliers et stages : Grands ateliers au CCN de Tours (2009), formation Essais au CNDC d’Angers (2009 et 2010), formation Extensions au CDC de Toulouse (2012), Masterclasses au CDC-Atelier de Paris (2014, 2015 et 2017), PREAC, master exerce et workshop au CCN de Montpellier (2016 et 2017), Camping au Centre national de la danse (2017). Des ateliers avec des scolaires, des rencontres avec le public et autres actions artistiques sont également menés régulièrement, en lien avec les représentations de la compagnie.

    vincentdupont.org

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  • Équipe artistique

    THIERRY BALASSE devient réalisateur son en 1984. Il réalise des bandes sonores et musicales pour différents metteurs en scène et fait la prise de son et la réalisation d’enregistrements de disques. Les rencontres marquantes avec les compositeurs Christian Zanési et Pierre Henry le conduisent à mener un travail d’écriture et d’improvisation. À partir de 1995, il développe une écriture électro-acoustique mêlant le travail de synthèse, d’échantillonnage, mais aussi la composition autour de la voix et de son découpage. En 1998, démarre une collaboration avec Pierre Henry, il en est parfois l’interprète et également le conseiller pour les technologies numériques. Créateur pour le théâtre et la danse, Thierry Balasse accompagne Bruno Abraham Kremer, Didier Galas, Thierry Collet… et Vincent Dupont dont il réalise les dispositifs sonores et musicaux sur Jachères improvisations, [dikrömatik], Hauts Cris (miniature), Incantus, et compose la musique de Plongée. Depuis 2000, Thierry Balasse mène également un travail d’improvisation mêlant musique instrumentale ou vocale et traitement électro-acoustique avec plusieurs musiciens : Sylvain Kassap clarinettiste, Éric Groleau batteur, Cécile Maisonhaute claviériste. Thierry Balasse est fondateur et directeur artistique de la compagnie Inouïe, au sein de laquelle il écrit et créé ses propres spectacles.

    inouie94.free.fr

    Créateur lumière, YVES GODIN collabore au début des années 1990 aux projets de nombreux chorégraphes (Hervé Robbe, Georges Appaix, Fattoumi & Lamoureux), abordant ainsi un vaste champ d’expérimentations esthétiques. Il travaille ensuite avec plusieurs musiciens, artistes visuels et chorégraphes (Alain Michard, Kasper T. Toeplitz, Rachid Ouramdane, Julie Nioche, Emmanuelle Huynh, Claude Wampler, Christian Sébille, Maria Donata d’Urso, Jennifer Lacey & Nadia Lauro, Alain Buffard, Pierre Droulers, Thierry Balasse, Michel Schweitzer Latifa Laâbissi, Boris Charmatz, Pascal Rambert, Olivia Grandville, Vincent Dupont). Sa démarche porte sur l’idée d’une lumière non dépendante de la danse, de la musique ou du texte mais qui puisse entrer en résonance avec les autres composantes de l’acte scénique, en travaillant autour de deux axes principaux : la perception de l’espace et du temps, et le tissage de liens en réseaux, plus ou moins anachroniques avec les autres natures en présence (corps, sons, pensée, temps). Parallèlement, Yves Godin crée les installations lumière d’expositions Legend (Domaine de Chamarande), Life light (St Nazaire), Fiat Lux pour un garage Volkswagen (« étrangler le temps » préfiguration du Musée de la danse), L’expo zéro du Musée de la danse au LiFE (St Nazaire). Avec Point d’orgue, dispositif pour 1 000 bougies, il invite des performeurs à investir son installation, principe de rencontre qu’il développe autour d’autres dispositifs comme Opéra Ampérique et Jardin des Leds.

    Biographies

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  • Hauts Cris (miniature)

    « Perdu dans un intérieur trop propre pour lui, Vincent Dupont souffle sa rage dans un cri magistral d’abord ténu, puis littéralement explosif. [...] Chacune de ses expirations devient comme un grognement, un gémissement, puis une plainte, pour finir en véritable éructation. Au fur et à mesure, le grondement résonne, la tension se fait palpable, l’énergie contenue semble vouloir s’extirper de ce corps, laissant flotter la rumeur d’une horreur à venir. [...] Exit la finesse et le ressenti, le voilà qui sort l’artillerie lourde : scie et tronçonneuse sont les instruments de torture qui viendront faire voler en éclats la pression qui opère depuis le début du spectacle. La violence et la destruction deviennent l’exutoire suprême et nécessaire en réponse à l’oppression du monde. Une vision terrifiante mais libératrice pour le spectateur, secoué dans le fond comme dans la forme par le voyage dans ces Hauts Cris. »— Nathalie Yokel, La Terrasse, 10 mars 2011

    Mouvements et arrêt sur images

    « [...] Enfermé dans une boîte blanche meublée d’une salle à manger bourgeoise, le danseur émet une sourde plainte tout en rampant sur le sol, grimpant sur la commode ou en enfonçant lentement sa tête dans le mur. Coup de cœur de Philippe Saire, directeur du festival, Vincent Dupont tente de faire réémerger, à travers son émouvante transe sonore et corporelle, notre capacité d’indignation devant la souffrance des autres.“Il crée un univers plastique étonnant, note le chorégraphe lausannois. Avec Gisèle Vienne, il est dans cette nouvelle tendance de la danse contemporaine qui abandonne le conceptuel au profit de la création de mondes qui leur sont propres.” [...] » — Corinne Jaquiéry, 24 Heures, 6 octobre 2008

    Le chant des sirènes du théâtre

    « [...] Dans Hauts Cris (miniature), Vincent Dupont place une boîte perspectiviste, à l’échelle modifiée, sur le podium : une sorte de scène sur la scène. Elle représente, à l’évidence, une version miniaturisée et surexposée d’un intérieur bourgeois. [...] Mais voilà que Dupont s’attaque au décor à la scie tronçonneuse jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien. [...] Le spectacle se termine cependant par une image hautement aliénante. À l’aide de bouts de bois, Dupont fait résonner en rythme un énorme tronc d’arbre, couché devant la boîte détruite. Sur ce tronc est projeté un texte mystique sur les souffrances du Christ, du calviniste Agrippa d’Aubigné. Libre à chacun d’interpréter cette œuvre à sa manière, mais une chose est certaine : Dupont montre dans ce spectacle la force du théâtre en tant que boîte à malice débordante d’effets, s’affirmant en cela l’égal de l’Italien Roméo Castellucci. Mais dans le même mouvement, et certainement dans l’épilogue, il démontre combien la machine du théâtre réduit l’homme à une abstraction, à un accessoire. »— Pieter T’Jonck, DeMorgen, 27 mai 2008

    Vincent Dupont, la fureur et le bruit

    « Des capteurs sonores, une voix inarticulée, le volume qui monte, qui monte, jusqu’à la tronçonneuse - qui laisse derrière elle un décor dévasté et une odeur entêtante de carburant -, voilà comment le français Vincent Dupont habite Hauts cris (miniature) (2005), présenté au Kunstenfestivaldesarts. Haute étrangeté d’un spectacle-ovni, répertorié en danse, imaginé par un acteur et metteur en scène qui, ici, crée un univers visuel singulier dans la banalité bourgeoise d’une salle à manger. [...] Légèrement sous-dimensionné, le décor accentue la taille de l’humain qui y déambule, bouscule le mobilier, semble vouloir traverser les murs de ce monde trop petit, étouffant. [...] Lorsque, étrangement lent dans sa fureur, il aura évacué les meubles encombrants, saccagé les murs, démoli la fenêtre, il fera résonner un tronc creux tandis que s’y inscrivent les vers extraits des Tragiques et du Printemps d’Agrippa d’Aubigné. “Je vous en veux à vous, apostats degeneres / Qui leschez le sang frais tout fumant de vos peres / Sur les pieds des tueurs”. Dans l’air apaisé gronde encore la colère. »— M. BA., La Libre Belgique, 23 mai 2008

    Son > Voix > Corps

    « À partir des deux derniers livrets (Vengeances et Jugements) des Tragiques d’Agrippa d’Aubigné, Vincent Dupont explore avec les techniques du son, de la voix et du corps, le phénomène du cri. Le cri non considéré comme plainte ou forme de résistance mais, comme puissance d’agir. C’est en cela que le cri chez Dupont est vitalité. [...] Vincent Dupont, dont on ne perçoit que les contours souples et le volume charnel, évolue à quatres pattes entre les meubles, puis se déploie de toute sa stature tandis que s’échappe de la cavité de son organisme un souffle timbré et coloré qui, chargé de strates de mémoires de l’humanité, en fait résonner toute la vitalité. [...] La force du travail de Vincent Dupont est de composer avec diverses disciplines (danse, musique, théâtre) une dramaturgie de la sensation qui s’inscrit dans un espace/temps théâtral rigoureux. [...] L’environnement sonore et visuel dans lequel est immergé le spectateur de Hauts Cris (miniature) incite celui-ci à concentrer sans relâche son regard et son écoute, lui offrant ainsi une expérience esthétique et émotionnelle intense. »— Pascale Gateau, Mouvement, Octobre/Décembre 2006

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    Extraits de presse

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    ARTICLES DE PRESSE

    Retrouvez les articles de presse complets sur le site internet de la compagnie :

    http://vincentdupont.org/fr/archives/28

  • Entretien Vincent Dupont / Boris Achour — paris-art.com - février 2011

    Vous avez commencé votre carrière en tant que comédien. Pourquoi cet abandon du théâtre pour la danse contemporaine ?J’ai découvert la danse contemporaine sur le tard, mais cela a complètement bouleversé ma façon de travailler. Je pense qu’il se passe aujourd’hui beaucoup de choses dans la danse. On y pousse la recherche, l’exploration du corps, du rapport au temps, au son, à la lumière… Selon moi, le théâtre est encore trop prisonnier du texte.

    Pourtant vous continuez à travailler le texte dans vos spectacles. Hauts Cris (miniature), par exemple, s’inspire de l’œuvre d’Agrippa d’Aubigné, un auteur du XVIe siècle…J’utilise le texte, mais comme une matière parmi d’autres, au même titre que le son ou le mouvement. Dans Jachères improvisations, ma première pièce, le texte défile sur une bande audio, puis les danseurs s’en emparent et le disent à haute voix. Dans Hauts Cris (miniature), il est projeté sur un tronc d’arbre… Mais il ne s’agit pas de théâtre : le texte n’est pas prédominant. Il est le plus souvent filtré, déformé. Je fabrique aussi des langages imaginaires, qui n’ont pas de sens. En fait, je m’intéresse davantage à ce qui se passe avant la parole : la présence, le mouvement, la voix, le souffle…

    Pour décrire votre travail, on parle souvent d’interaction : mouvement/son (Hauts Cris) et corps/lumière (Incantus)…Oui, je juxtapose ces matières dans le même espace, celui du plateau, et je cherche à les faire vibrer ensemble, comme des couleurs dichromatiques. Dans Hauts Cris, le danseur produit lui-même du son par l’intermédiaire de micros. Dans Incantus, l’interaction corps/lumière s’ajoute à l’interaction corps/son. Pendant 10 minutes, les interprètes gèrent en direct l’intensité lumineuse sur le plateau grâce à des capteurs.

    Ces interactions se construisent en temps réel. Est-ce que les représentations sont différentes chaque soir ?La représentation, c’est du temps réel. Sur scène, l’interprète joue quelque chose de particulier. J’aime à croire en cette utopie là. Chez moi, il y a ce désir très fort d’instant unique. J’essaie de retrouver la sensation de la performance, comme dans Hauts Cris, où l’interprète agit directement sur le décor, le transforme. On l’entend respirer. On est dans un temps plus intime. En danse, je favorise au maximum l’improvisation. Je donne des directions aux interprètes mais je fixe le moins possible le mouvement, ce qui peut avoir des conséquences sur la longueur totale de la représentation. La durée de Jachères improvisations, par exemple, varie de 35 à 50 minutes !

    Dans Hauts Cris (miniature), un homme est seul dans un espace trop petit pour lui. On a le sentiment d’une aliénation et d’une tentative de libération…Hauts Cris (miniature) vient d’une sensation de ras-le-bol général devant la masse d’informations que l’on doit assimiler chaque jour, face à cette violence quotidienne. La pièce est une façon de dire « stop ». Dans le cri, le corps et la voix se mettent en action ensemble pour hurler. C’est un acte d’engagement lié au souffle. Je voulais retracer le parcours physique de ce cri. J’ai donc cherché à créer un espace capable de contenir ces choses qui nous écrasent, cette violence, mais qui nous donne aussi envie de nous lever, de résister. J’ai choisi le cadre de la salle à manger, un lieu familial et convivial mais qui peut aussi abriter des drames. Je souhaitais que tout le monde puisse s’y projeter.

    Dans Incantus, il est question d’une incantation, les corps sont au bord de la transe… Quel rituel se joue ici?Incantus part du postulat que les artistes sont en train de disparaître. Ce qui correspond selon moi à une certaine réalité. Un artiste, ce n’est pas forcément quelqu’un qui va faire une bonne pièce ou beaucoup d’entrées, c’est quelqu’un qui cherche, qui défriche, qui s’engage. Ce type

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    Vincent Dupont est un inventeur de présences singulières, d’images insolites. Chez lui, le son, la voix, les corps dialoguent ensemble et nourrissent un espace théâtral ouvert aux imaginaires. De février à avril, le Théâtre de la Cité internationale et la Ménagerie de Verre accueillent quatre de ses pièces. L’occasion de découvrir une oeuvre libre qui redessine le territoire scénique.

  • d’artistes me semble de moins en moins représenté dans les théâtres. J’ai l’impression que la société ne peut que les rejeter à terme, car la recherche demande du temps, et reste très peu lucrative.Incantus est une dernière incantation avant la fin des artistes. J’appelle trois interprètes sur le plateau, trois artistes rêvés, Olivia Granville, Manuel Vallade et Werner Hirsch, pour qu’ils viennent nous délivrer…

    Dans vos pièces, la danse est plutôt lente…Je ne m’intéresse pas à la lenteur en tant que telle mais à la vitesse, aux différents types de vitesses, rapides ou lentes. En tant qu’interprète, j’éprouve un vrai plaisir à faire varier les vitesses dans le corps. Je travaille sur les différents temps du quotidien. Dans Hauts Cris, on est dans une vitesse plutôt lente. Cela crée des qualités de présences singulières, permet de porter un regard différent sur le corps. Ce type de vitesse conduit à un lâcher prise, une espèce de transe.

    Quel est votre rapport au public ?Je travaille beaucoup à partir des manques que je ressens. En tant que spectateur, je suis en attente d’une projection scénique plus ouverte, moins narrative. C’est ce que j’essaie de mettre en place dans mes spectacles, en juxtaposant différentes matières – mouvement, son, lumière, voix etc. Je souhaite que le spectateur puisse recevoir à sa façon les choses, qu’il aille lui-même les chercher sur le plateau.

    Vous utilisez beaucoup le mot « plateau », plutôt que scène, théâtre ou spectacle. C’est très concret.Oui, j’aime ne pas perdre de vue la matérialité propre au théâtre : les interprètes et le public partagent le même espace, les premiers jouent sur scène, les autres les regardent, assis dans les gradins. Dans Incantus, je m’intéresse à un lieu particulier du plateau, le proscenium ou l’avant-scène, la partie entre la scène et la salle. À cet endroit,la projection du plateau est différente. Cela crée un filtre.

    Encore un terme que vous employez souvent : le filtre…Oui, dans mon travail je filtre le regard (comme dans Jachères improvisations où le spectateur est à 15 m des danseurs, ou dans Hauts Cris (miniature) où le décor est en perspectives accentuées) je filtre la voix… Filtrer, c’est laisser passer des choses en en retenant d’autres. Cela transforme. Reliés les uns aux autres, ces filtres créent des espaces d’intersection, de nouveaux rapports entre les choses, des présences singulières.

    Votre passage au Théâtre de la Cité internationale s’achève avec la présentation de Souffles. La pièce est également à l’affiche du festival Étrange Cargo, qui a lieu en avril à la Ménagerie de Verre. De quoi parle t-elle ?Souffles est un questionnement sur la mort et ce qu’il y a après. À l’origine de la pièce, il y a une installation d’Yves Godin, constituée uniquement de bougies qui s’éteignent les unes après les autres. Ces bougies diffusent une lumière particulière. Cela a été le point de départ de Souffles.

    La pièce est construite en deux parties : Mouvement 1, le temps de l’inspiration, Mouvement 2, celui de l’expiration. N’est-ce pas un paradoxe de parler de la mort en évoquant le souffle ?On parle du souffle de la vie mais aussi du dernier souffle. Il y a l’idée du flux et du reflux. La respiration est très importante dans mon travail. Quand on est danseur, la maîtrise du souffle est nécessaire pour se mouvoir, être bien, avoir conscience de l’espace. On n’arrête pas de respirer, jamais. On est constamment dans un rapport à l’air, dans cet échange. Nos poumons filtrent cet air pour y puiser l’énergie. Le plateau, c’est cet espace commun où l’on respire ensemble, public et interprètes.

    Dans Souffles, il y a une image assez forte où l’on voit un corps léviter dans l’espace…C’est une façon d’évoquer la mort, en brisant cette subordination des corps à la gravité. L’idée est de donner une sensation d’apesanteur, dans un rapport au sol insolite. Je construis ainsi des images liées au thème de la mort.

    En seconde partie de soirée, après Souffles, vous présentez votre dernière création Bine. Si vous deviez faire un lien entre ces deux pièces et celles qui sont programmées au Théâtre de la Cité internationale, Hauts Cris et Incantus, quel serait-il ?Le plateau, tout simplement. Il est l’un des seuls espaces auxquels je crois encore. Il s’y passe des choses comme nulle part ailleurs. Le plateau sert à questionner des vérités fondamentales. La vie, la mort s’y éprouvent, comme dans le théâtre antique. On a tous besoin d’une confrontation avec ces questions essentielles. En danse, on passe par le corps et c’est primordial. Aujourd’hui les corps sont de plus en plus noués, coincés. Il y a des mouvements que l’on ne fait jamais, et quand on les fait il se passe quelque chose. La danse permet de mettre le corps en jeu, c’est une pensée qui bouge, une pensée que tout le monde peut appréhender car le corps est familier à tous.

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    ENTRETIEN AUDIO

    Retrouvez un entretien audio avec Vincent Dupont autour de Hauts Cris (miniature) sur le site de La vie manifeste :

    « C’est en s’appuyant sur les écrits d’Artaud et de

    Jean-Paul Curnier que nous avons réalisé l’entretien qui

    va suivre avec Vincent Dupont, pour aborder avec lui

    le spectacle Hauts Cris (miniature), qu’il a présenté à

    l’édition 2007, du festival transchorégraphique organisé

    par le CCNT.

    À partir du cri, nous verrons comment la danse

    contemporaine s’approprie dans ce spectacle le texte,

    pour y réaliser un théâtre cher à Artaud. Un théâtre fait

    de chair, débarrassé de tout psychologisme. »

    http://laviemanifeste.com/archives/42

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  • Presse

    Contacts

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    ICI—CCN est membre du réseau européen Life Long Burning et du réseau de l’Association des Centres Chorégraphiques Nationaux (ACCN).

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