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21.06.10 BAILLY-MAITRE Anaïs BOUDRA Mounir BOUHALLIER Morgann DARBON Tristan FLORENCE Laura FRITSCH Lauriane HUGUENOTTE Elodie LE ROY Christelle PAREIN Cynthia RICHARD Marion ANNEXES ETUDE MILIEU LE RESTO-TROTTOIR DE BESANCON

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21.06.10BAILLY-MAITRE AnaïsBOUDRA MounirBOUHALLIER MorgannDARBON TristanFLORENCE LauraFRITSCH LaurianeHUGUENOTTE ElodieLE ROY ChristellePAREIN CynthiaRICHARD Marion

ANNEXESETUDE MILIEU

LE RESTO-TROTTOIR DE BESANCON

Dirigé Par Thierry BRUGVINIRTS de Franche-Comté

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SOMMAIRE DES ANNEXES

ANNEXE 1 : HISTORIQUE FOOD NOT BOMBS

I. Food Not Bombs, De la naissance du mouvement, à

l’organisation nationale

1) Food Not Bombs Free Concert for DisarmamentFirst

American Peace Test Nevada Test Site Action

2) La période du collectif de Cambridge, de 1981 à 1982

3) Concert for Disarmament,The ProgressiveMusic and March to

End the Arms RaceFree Concert for Disarmament

4) Land of the Younger SelfRainbow WarriorRainbow Warrior

5) New Englanders for PeaceRainbow WarriorLa période des

groupes d'affinités, de 1984 à 1988

II. American Peace TestPledge of ResistancePledge of

ResistanceBoston Pee PartyBoston Pee Partypiss-inSteal This Urine

TestStar WarsLa Période d'organisation nationale, de 1988 à 1991

ANNEXE 2 : ENTRETIENS

ANNEXE 3 : QUESTIONNAIREQuestionnaire sur le mouvement des restos trottoir

Ce questionnaire anonyme est réalisé par des étudiants de l’IRTS, menant une étude sur les

restos trottoirs.

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ANNEXES

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SOMMAIRE DES ANNEXES

Annexe 1 = Historique de Food Not Bombs

Annexe 2 = Entretiens

Annexe 3 = Questionnaire

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ANNEXE 1   : HISTORIQUE FOOD NOT BOMBS

Extrait du livre Food Not Bombs, de C.T. Lawrence BUTLER et Keith MCHENRY.

Traduction et adaptation: Pierre-E. Paradis assisté de plusieurs membres du collectif de

Québec, 1997 

III. De la naissance du mouvement, à l’organisation nationale

« Food Not Bombs a participé à des centaines d'événements au cours des dernières

années, et chacun d'entre eux fut unique en son genre. Nous ne disposons pas d'un espace

suffisant dans ce livre pour exposer chaque cas; nous avons identifié cependant trois

événements constituant les points culminants des trois grandes époques de notre histoire: il

s'agit du Food Not Bombs Free Concert for Disarmament ayant eu lieu le 2 mai 1982, lors de

la période du Collectif de Cambridge (1981-1982); du First American Peace Test Nevada Test

Site Action (APT) ayant eu lieu du 10 au 17 mars 1988, lors de la période des groupes

d'affinités (1984 à 1988); puis des arrestations de membres de FNB-San Francisco ayant eu

lieu dans le parc Golden Gate le 5 septembre 1988, jour de la Fête du Travail, lors de la

période d'organisation nationale (1988 à 1991).

Durant les quelques premières années, nous étions un collectif mettant en commun ses

revenus, travaillant et vivant en coopérative à Cambridge, Massachusetts. Plus tard, nous

avons évolué en groupes d'affinités de militants partageant des opinions semblables, vivant

proches les uns des autres et s'occupant des tâches quotidiennes de Food Not Bombs. Encore

plus tard, nous sommes devenus un réseau décentralisé d'organisations autonomes dont les

ramifications s'étendirent partout aux États-Unis puis ailleurs dans le monde. »

1) La période du collectif de Cambridge, de 1981 à 1982

« Le jour où nous avions prévu de tenir le Free Concert for Disarmament, nous nous

sommes levés très tôt. Comme il était de mise chaque matin depuis un an, deux membres du

collectif avaient quitté la maison avec nos quatre chiens et s'étaient entassés dans notre ca-

mionnette Dodge 1967. La première halte, comme toujours, était la boulangerie du Square

Harvard. Son gérant insistait pour que nous soyons sur place entre 7h30 et 7h35 exactement.

Si nous arrivions quelques petites minutes en retard, les employés auraient déjà jeté les muf-

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fins et pains invendus dans le compacteur à déchets. Dans nos premières années, nous

n'avions manqué que cinq jours, dont trois pour cause de tempête de neige. En conduisant,

l'un de ces matins, nous nous sommes rappelés la fois que nous avions recueilli la bouffe pour

notre première action. Celle-ci consistait en une soupe populaire lors de l'assemblée des ac-

tionnaires de la First National Bank of Boston, au pied de l'édifice de la Federal Reserve Bank

en mars 1981.

En tant que militants antinucléaires, nous voulions faire du théâtre de rue qui rappellerait

aux passants la soupe populaire des années 30, de manière à souligner le gaspillage de res-

sources dans des projets demandant un grand apport de capitaux, alors que de nombreux ci-

toyens de ce pays se retrouvent dans la rue et sans le sou. Au début, nous pensions demander

à des comédiens de jouer le rôle des sans-abri; mais nous avons alors pensé que de vrais sans-

abri pourraient jouer leur propre rôle. Nous avons donc fait une invitation que nous avons dis-

tribuée à la rue des Pins et à d'autres refuges. Le matin de la réunion des actionnaires, nous

avons recueilli le pain de la veille dans une boulangerie, des fruits et légumes à la coopérative

locale et nous avons cuit un grand chaudron de soupe. Nous avons dressé une table au pied de

l'édifice de la Federal Reserve, et à notre grande surprise, plus d'une centaine de personnes se

sont présentées en quête d'un repas. Cette action était commanditée par un détachement de

l'Alliance Clamshell (Coquille de palourde) et avait pour but de mettre en évidence les liens

existant entre les directeurs de banque, les installations nucléaires et les entrepreneurs en bâti-

ment; tous les mêmes, en fait! Nous n'étions pas sûrs de nous en tirer sans arrestations, mais

sommes allés de l'avant quand même. L'action s'est avéré un franc succès. Même quelques ac-

tionnaires sympathiques se sont arrêtés au passage pour nous donner un dollar ou deux!

Notre deuxième action basée sur le théâtre de rue eut lieu le 20 août 1981, à l'extérieur

d'une foire aux armes qui se tenait à l'Université de Boston. La nuit précédente, nous avions

peinturé le contour de "cadavres" sur l'asphalte, avec de la peinture en aérosol, puis nous

avions peint des champignons nucléaires à l'aide de pochoirs avec l'inscription "Today?" (Au-

jourd'hui?). Nous avions aussi collé des affiches disant "La guerre est un meutre au nom du

profit" le long du chemin que les acheteurs et vendeurs d'armes emprunteraient de leur hôtel

jusqu'au centre de conférences. Le jour de la foire, nous avons distribué de la bouffe gratuite

et des pamphlets dénonçant l'avidité et l'opportunisme de ceux qui vendent de l'armement

lourd. Ces pamphlets et les pancartes que nous brandissions arboraient eux aussi le champi-

gnon atomique. Samuel Day, journaliste chez The Progressive écrivit un bon article souli-

gnant le contraste entre notre repas gratuit et le lunch du midi à 90 dollars qu'il avait eu en

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compagnie d'un général. Il mentionna aussi le fait que ce général avait pris soin de ne pas

marcher sur les cadavres peints au sol.

Après s'être rappelé ces premières actions et avoir recueilli le pain au Square Harvard,

nous nous sommes dirigés vers Fresh Pond, le seul parc à Cambridge où il était légal de lais-

ser les chiens courir sans laisse. Nos quatre chiens, Jasmine, Arrow, Sage et Yoda étaient des

membres très importants du collectif. Ils s'assuraient de nous tirer du lit chaque matin, assez

tôt pour que nous puissions faire notre récolte de bouffe et que nous les promenions à Fresh

Pond; ils jouèrent aussi un rôle non négligeable dans le fait que les membres du collectif aient

vécu en commune. Jasmine avait eu une portée de chiots à l'été 1980. Trois d'entre eux

avaient été adoptés par des connaissances qui demeuraient alors dans des logements et des

quartiers différents. Or dans l'année qui suivit, ces gens sont devenus de proches amis, en par-

tie à cause de l'intérêt mutuel que nous avions pour les chiens; puis ils nous ont finalement re -

joints et aidés à fonder le collectif. Par conséquent, Jasmine vécut de nouveau avec ses reje-

tons. Tous les jours, quelqu'un allait promener les chiens au parc et parfois le collectif au

complet sortait se promener ensemble, ce qui nous donnait l'occasion de réfléchir et de plani-

fier l'avenir. C'est au cours d'une de ces marches qu'a pris forme une série d'actions parmi les

plus élaborées que nous ayons produites.

Food Not Bombs avait planifié une série de trois marches de protestation partant de l'Hô-

tel de ville de Cambridge et se rendant jusqu'au Centre Draper de recherche sur l'armement du

MIT (Massachusetts Institute of Technology), à l'été et l'automne de 1981. Nous voulions que

ces manifestations mettent en relief l'influence que la course aux armements avait sur la poli-

tique locale. Plus spécifiquement, nous voulions faire comprendre comment le détournement

de ressources humaines et financières vers l'armement réduisait les services publics à Cam-

bridge. Notre maison, vous vous en doutez bien, se trouvait à mi-chemin entre le centre de re-

cherche et l'Hôtel de ville. La première marche eut lieu le 6 août, jour anniversaire de la

bombe d'Hiroshima. Nous avons distribué de la bouffe et organisé des discours sur le terre-

plein, au beau milieu de la rue faisant face à l'entrée du Centre Draper. Pour frapper l'imagina-

tion et faire comprendre ce qui se passerait si une bombe d'une mégatonne tombait sur ce la-

boratoire, nous avons fait brûler l'annuaire téléphonique du Boston métropolitain et expliqué

que tous les habitants qui y figurent seraient vaporisés en moins de temps qu'il n'en faut pour

que le livre ne brûle.

La marche suivante eut lieu le 10 octobre et s'appelait Music and March to End the Arms

Race (Marche et musique pour mettre fin à la course aux armements). Une fois de plus, nous

avons marché de l'Hôtel de ville jusqu'au centre de recherche; et cette fois, le général Duffy,

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le président du centre, était là pour nous accueillir. Quelques groupes de manifestants avaient

été arrêtés pour avoir quitté la voie publique et envahi le terrain appartenant au laboratoire, et

pour notre part nous négocions le droit de nous rassembler et de servir la bouffe sur ce même

terrain. Nous avons promis au général que nous serions non-violents et nous avons eu une

bonne discussion avec lui au sujet de la paix et des armes nucléaires. Il nous a assuré que lui

aussi désirait la paix, mais que les armes nucléaires étaient nécessaires pour la maintenir dans

notre monde moderne! Puisque nous étions au moins d'accord sur l'importance de la paix, le

général Duffy accepta de nous laisser manifester sur les terrains du centre de recherche. C'est

ce que nous fîmes illico, avec nos affiches, nos bannières, notre table de distribution et tous

les employés du laboratoire qui nous regardaient à travers leurs fenêtres.

Quelques temps avant la troisième marche, baptisée Marche pour la paix, nous avons ins-

tallé une table au Square Brattle pour conscientiser les gens faisant leurs achats de Noël aux

dangers des armes nucléaires qui étaient développées ici même dans notre ville. À cette

époque, en 1981, plusieurs personnes ignoraient encore ces faits, ou simplement que tout cela

pouvait se passer dans leur cour arrière. Nous étions alors en bons termes avec les conseillers

municipaux et nous avons réussi à faire commanditer la marche par le Conseil municipal de

Cambridge. Le 20 décembre 1981, il faisait à peine 4 degrés (-15° Celsius) mais nous avons

marché quand même, en empruntant le parcours habituel. À notre grand étonnement, 75 per-

sonnes ont défié le climat et ont marché avec nous. Nous avons fabriqué une gigantesque co-

lombe à l'aide de draps et de bâtons de bois; plusieurs personnes devaient la tenir et c'est cette

colombe de la paix qui a ouvert la marche.

Mais il est temps de revenir à ce matin du Free Concert for Disarmament. Après la bou-

langerie du Square Harvard et notre marche revigorante au Fresh Pond, où nous avons refait

nos plans en vue du concert, nous avons roulé jusqu'au Bread and Circus, un magasin d'ali-

ments bio où nous avons pu charger des boîtes de légumes et des bacs de tofu mis de côté

pour nous. Nous avons toujours été étonnés par la quantité de nourriture que nous étions ca-

pables de récupérer. Nous visitions régulièrement tout un réseau d'épiceries de quartier, et

alors que nous faisions notre tournée ce matin-là, nous nous sommes mis à parler de la crois-

sance de ce réseau, qui nous permettait de nourrir de plus en plus de gens en dépensant très

peu d'argent. Naturellement, cela nous fit penser au premier grand événement où nous avons

distribué des repas en masse.

Cela avait eu lieu le 30 octobre 1981, la veille de l'Halloween, alors que le vice-président

George Bush s'adressait aux actionnaires du MIT. Nous avons bricolé la première bannière

Food Not Bombs pour cette occasion, et nous avons monté la table de distribution. Il y avait

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les discours de circonstance, et la foule de manifestants costumés s'élevait à plusieurs milliers

de personnes. Après les discours, nous avons marché sur l'avenue Massachusetts et nous nous

sommes rassemblés au pied de l'édifice où George Bush prenait la parole. Nous avons scandé

des slogans, joué des tambours; nous étions si nombreux et bruyants que ce dernier dut rac-

courcir sa conférence. Nous avons amené une marionnette de Bush, nous l'avons brûlée sym-

boliquement et puis un type fit brûler un drapeau des États-Unis. Par après, les barricades de

bois installées par les policiers sont devenues un feu de joie au milieu de la rue et les chants,

les percussions, la danse ont continué jusqu'au départ de M. Bush.

Après s'être remémoré tout cela, nous sommes retournés à la maison de Food Not Bombs

et nous avons déchargé le pain, les légumes, le tofu. Nous avons commencé à laver ce qu'il

nous fallait pour cuisiner. Environ six personnes s'affairaient déjà à couper les légumes et à

brasser de grandes chaudrées de soupe. Pendant ce temps, une autre équipe était sur place,

dans le parc, en train de monter la scène et le système de son. Le "Monde de l'enfant en soi"

(Land of the Younger Self) venait tout juste d'être créé; il s'agissait d'un monde fantaisiste où

tous ceux qui le voulaient pouvaient s'amuser comme le font les plus jeunes. Le parc était

rempli de souffleurs de bulles de savon, de maquilleurs et de surfaces de jeux. Des vendeurs

de cristaux, de foulards et autres vêtements psychédéliques avaient dressé leurs étals. La nour-

riture est finalement arrivée et fut placée à côté de la table de documentation, tout près de la

scène.

Le spectacle commença avec une prestation de Dawna Hammers Graham, sur la scène, et

une démonstration d'arts martiaux à l'autre bout du parc. Des gens de tous âges, de toutes

tailles et de toutes les couleurs furent attirés par le son de la musique. Ils ont dansé et se sont

bien amusés, surtout lors de la prestation du groupe de reggae One People. D'autres perfor-

mances ont suivi, de la part d'Anni Loui et compagnie, Jane Albert et Lost Time Inity. À la fin

de la journée, alors que la troupe Art of Black Dance and Music s'apprêtait à monter sur

scène, le ciel s'était ennuagé et il se mit à pleuvoir. Il s'agissait tout de même d'un grand suc-

cès pour tous ceux qui s'étaient impliqué: un spectacle pacifique où des milliers de gens du

quartier avaient pu s'amuser et danser, avec plein de bonnes choses à manger gracieuseté de

Food Not Bombs.

Dans les jours qui ont suivi, notre collectif a commencé à se préparer pour un grand ras-

semblement pour le désarmement prévu pour le 12 juin 1982, au fameux Central Park de

New-York. Le 12 mai, nous avons servi des repas à bord du Rainbow Warrior, lors d'une

conférence de presse destinée à promouvoir cet événement. (En guise de rappel, il s'agit du

même Rainbow Warrior utilisé par Greenpeace pour dénoncer les essais nucléaires français

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dans le Pacifique Sud, et que les services secrets français ont coulé en y plaçant une bombe,

dans le port d'Auckland, Nouvelle-Zélande, en 1985.) Une bonne partie de la nourriture

consommée au rassemblement New Englanders for Peace de Portsmouth, New Hampshire,

fut transportée par le Rainbow Warrior. Cet événement eut lieu quatre jours après la confé-

rence de presse, soit le 16 mai, et se déroula aux limites de la base aérienne de Pease. Nous

avons préparé et cuit la nourriture au beau milieu d'un champ, l'apport en eau étant assuré par

un boyau d'arrosage. Nous avons servi un nombre incroyable de repas et nous avions emmené

tant de bouffe, qu'à la fin de la journée nous avons dû distribuer des sacs remplis des légumes

en surplus. Lors de la chanson d'adieu, les gens ont dansé en brandissant des carottes vers le

soleil. Puis, dans la semaine qui a précédé le rassemblement de New-York, Food Not Bombs

a tenu des tables de distribution sur l'avenue des Amériques, de l'avant-midi jusqu'au petit ma-

tin et ce, tous les jours. Cela nous a donné l'occasion de rencontrer des militants du monde en-

tier et, comme vous le savez peut-être, plus d'un million de personnes ont finalement convergé

vers Central Park le 12 juin pour manifester contre les armes nucléaires. Interrogé par un jour-

naliste qui lui demandait si cette grande manifestation allait changer quoi que ce soit à la poli-

tique du gouvernement, le Secrétaire à la Défense de l'époque, Alexander Haig, avait rétor-

qué: "Laissons-les protester tant qu'ils le veulent, en autant qu'ils paient leurs taxes!" »

2) La période des groupes d'affinités, de 1984 à 1988

« Au printemps 1988, le collectif FNB de Boston et le collectif de San Francisco, qui ve-

nait tout juste de naître, se sont donnés rendez-vous dans l'obscurité de la nuit, sous le ciel du

désert du Nevada. Nous arrivions dans un campement appelé Camp de la paix, où s'étaient

rassemblés des activistes du monde entier pour mener une campagne d'action directe non-vio-

lente contre les essais d'armes nucléaires ayant lieu dans le désert. Cette action organisée par

l'American Peace Test fut la première occasion qu'ont eue des membres de Food Not Bombs

des deux extrémités du pays de travailler ensemble.

Le lendemain matin, nous avons chargé l'équipement dans notre camionnette, et avons

roulé du Camp de la paix à la porte d'entrée de la base militaire. Nous avons monté nos tables,

alors que les Wackenhuts (une armée privée engagée dans le but de "protéger" le site) se mas-

saient devant la porte. Ils avaient l'air de vouloir procéder à notre arrestation sans crier gare.

Toutefois, il était encore tôt et l'action n'avait pas encore commencé. Nous préparâmes un pe-

tit déjeuner de soupe au miso, puis un riz aux haricots pour les manifestants qui allaient se

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pointer sous peu. L'adrénaline qui coulait dans nos artères nous rappela un autre événement

dans lequel Food Not Bombs avait nourri des manifestants se préparant à faire de la désobéis-

sance civile, dans un édifice fédéral à Boston.

Au printemps 1985, le gouvernement salvadorien, appuyé par les États-Unis, massacrait des

civils et les Contras terrorisaient le Nicaragua. Le Congrès se préparait à voter et autoriser

l'envoi de millions de dollars additionnels, pris à même nos poches, pour aider ces bourreaux.

C'est pourquoi le Pledge of Resistance, une organisation nationale ayant pour but de stopper

l'intervention militaire des États-Unis en Amérique centrale, s'affairait à préparer des actions

dans l'espoir d'empêcher de nouveaux bains de sang. Beaucoup de bénévoles de Food Not

Bombs étaient également actifs dans Pledge of Resistance. Si le Congrès approuvait l'envoi

d'aide militaire additionnelle, le plan consisterait à paralyser par une occupation l'édifice fédé-

ral John F. Kennedy dans les 24 heures suivantes.

Puisque nous aurions un délai très court pour agir, nous avons pris le risque de faire de la

publicité à l'avance: nous avons imprimé des milliers d'affiches annonçant une action le 7 mai,

en espérant que le vote prévu pour le 6 mai aurait bel et bien lieu ce jour là. L'avenir nous a

donné raison: le vote a eu lieu le 6 mai, le Pledge of Resistance a donné le feu vert à l'action et

nos affiches ont pu envahir les rues à temps. Nous sommes arrivés le lendemain avec nos

tables de distribution et de documentation, et la foule se mit à grossir rapidement. En peu de

temps, 500 personnes pénétrèrent dans le lobby de l'édifice fédéral, et des milliers d'autres

criaient des slogans et montraient leur colère à l'extérieur. Dans le lobby, il n'y avait plus un

centimètre carré de libre, des gens étaient assis dans tous les recoins. Les employés devaient

se frayer un chemin et enjamber les manifestants pour aller vers leurs bureaux, alors que ces

derniers chantaient ou criaient leur désaccord face à l'aide militaire aux Contras. Les policiers

essayèrent de nous convaincre de partir, puis menacèrent de procéder à notre arrestation. Mais

nous étions déterminés et nous avons refusé de quitter les lieux. Un débat très énergique eut

lieu parmi les occupants, et lorsque l'édifice ferma ses portes à six heures de l'après-midi, les

policiers commencèrent à procéder aux arrestations. À l'extérieur, les manifestants criaient et

montraient leur appui aux occupants; Food Not Bombs continuait pour sa part à nourrir tout

ce beau monde. Finalement, plus de 500 personnes furent arrêtées ce jour là dans ce qui fut

l'une des actions de désobéissance civile les plus réussies de l'histoire de Boston. En outre,

notre appui alimentaire et logistique a permis aux activistes d'occuper l'édifice toute la journée

et durant une bonne partie de la nuit.

Après un matin à l'atmosphère tendue, passé à préparer la soupe au miso sous l'oeil attentif

des Wackenhuts, les premiers manifestants se sont rassemblés à la porte principale. Il y avait

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beaucoup d'incertitude dans l'air quant à l'attitude qui serait adoptée par les Wackenhuts, en ce

lieu perdu et éloigné de toute station de télé. Nous ne pouvions pas compter sur l'opinion pu-

blique pour sauver notre peau. Un groupe d'affinité inquiet s'est massé autour de notre table

pour boire de la soupe chaude et se préparer psychologiquement. Des autobus remplis d'em-

ployés commençaient à passer devant nous, à franchir la grille et à entrer sur le site. Nous

pouvions en apercevoir plusieurs autres, au loin sur la route, roulant en notre direction. C'est

alors qu'un premier groupe d'affinité se positionna sur la route, et le défilement des autobus

cessa. Les vigiles s'approchèrent et se mirent à agripper puis traîner les manifestants sur le

bas-côté de la route; mais aussitôt, un autre groupe se positionnait de manière à bloquer le

chemin. En peu de temps, une file de 30 à 40 véhicules attendait de pouvoir pénétrer sur la

base. Quelques personnes furent arrêtées et placées dans un fourgon cellulaire qui les amène-

rait à la prison du comté de Beatty, où l'on procéderait à leur enregistrement avant de les libé-

rer. D'autres furent tout simplement battus et poussés hors du chemin. Mais notre action retar-

dait sérieusement les travailleurs qui se rendaient à leur poste de "préposé aux essais d'armes

atomiques"; et grâce à nous, le coût du nucléaire augmentait petit à petit, comme à l'action de

la centrale de Seabrook. Le blocus a continué pendant plus d'une heure, alors que les groupes

se relayaient sur le pavé. Dans les heures qui ont suivi, nous étions complètement galvanisés

par le succès de cette première journée d'une action qui devait durer une semaine. En démon-

tant nos tables et en retournant au Camp de la paix de l'autre côté de la grande route, nous

avons eu encore une fois l'occasion de nous remémorer nos actions des dernières années.

Le Boston Pee Party du 29 octobre 1986 en est un exemple amusant. Dans les mois ayant

précédé cette action, nous avions été confrontés à des situations complètement dingues. Le

président Reagan avait poussé la répression vers de nouveaux sommets en demandant des

tests de dépistage de drogue obligatoires et à grande échelle, au nom de la "Guerre contre la

drogue". Un membre de Food Not Bombs travaillait alors comme technicien dans un labora-

toire spécialisé dans ce genre de tests, et en savait long sur leur manque de fiabilité. Des per-

sonnes innocentes perdaient leur emploi à cause de résultats erronés, pendant que les média

diffusaient une quantité incroyable de reportages sur la menace que représentait la drogue, et

sur la nécessité de contourner certains droits civils pour gagner cette guerre à tout prix. Il nous

apparut clair que les activistes politiques pouvaient être la cible parfaite de cette hystérie col-

lective; nous avons donc prévu de riposter à cette répression en "inondant" la Maison Blanche

d'échantillons d'urine. Nous avons toutefois abandonné cette idée de peur de passer pas mal de

temps derrière les barreaux. Mais l'idée était trop géniale pour être abandonnée, et quelques

semaines plus tard nous étions en train de planifier le Boston Pee Party dans un édifice fédé-

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ral. Nous avons conçu un flyer annonçant un piss-in le 29 octobre; mais vu le climat de ré-

pression de la Guerre contre la drogue, nous n'avons mis aucun numéro de téléphone de ma-

nière à ce que personne ne se fasse harceler par la police. Ensuite, nous avons obtenu une

caisse de contenants semblables à ceux utilisés dans les hôpitaux pour récolter l'urine, puis

nous avons ajouté à nos flyers l'adresse de la Maison Blanche de manière à ce que les gens

puissent poster leurs échantillons au président Reagan à partir de leur logement, dans l'anony-

mat le plus complet. Pour ceux qui sont venus à la manifestation, nous avions des contenants

et des autocollants sur lesquels était imprimée la même adresse; il était donc possible de pos-

ter les échantillons directement de la manifestation. Beaucoup d'échantillons le furent effecti-

vement ce jour-là, quoique nous n'ayons aucune idée du succès de l'opération à l'échelle natio-

nale. Abbie Hoffman a toutefois entendu parler de nous et a parlé de notre initiative dans son

livre Steal This Urine Test. En fin de compte, seule la Maison Blanche connaît véritablement

l'ampleur qu'a eu cette campagne "anti-antidrogue".

Ici, dans le désert du Nevada, nous avions au moins la possibilité de voir les résultats de

nos efforts. Le lendemain matin, un groupe d'affinité ad hoc s'est formé pendant le petit déjeu-

ner. Composé de membres de Food Not Bombs ainsi que plusieurs autres personnes, ce

groupe avait choisi de s'appeler Jackrabbit. Son but était d'utiliser des tactiques plus radicales,

notamment en traversant le désert sans se faire détecter, pour ensuite aboutir au village de

Mercury, habité exclusivement par des scientifiques et des techniciens dévoués aux essais

d'armes nucléaires. Ce village se trouvait à environ huit milles (13 km) de la porte principale,

à l'intérieur de la base. La veille au soir, lors du conseil quotidien tenu au Camp de la paix, les

leaders avaient manifesté leur désapprobation face à ce genre d'actions aventureuses car ils

croyaient que c'était trop risqué. Les autorités leur avaient fait savoir que quiconque entrerait

à Mercury ferait face à des accusations criminelles et serait passible de six mois de prison.

Mais nous sentions que si nous n'étions pas les bienvenus là-bas, c'est justement là-bas que

nous devions aller! Et puis, qu'avaient-ils à cacher de si important? Alors le groupe Jackrabbit

s'est entassé dans une camionnette et a roulé sur la grande route en direction nord, avant de bi-

furquer dans un col situé entre deux massifs montagneux complètement dénudés.

Il faisait maintenant jour, et nous craignions d'être aperçus -même là-haut dans les mon-

tagnes- par un des hélicoptères de surveillance. Le conducteur, après s'être assuré qu'il n'y

avait pas d'auto patrouille dans les environs, est sorti de la route et sept d'entre nous avons

sauté dehors; nous avons couru au bas d'un talus, pour ensuite escalader les barbelés qui déli-

mitent le site d'essais nucléaires. Nous avions des provisions d'eau, de fruits et de…carottes,

comme il se doit. Nous nous sommes dirigés vers le nord, au-delà de la crête des montagnes,

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de manière à ce que les Wackenhuts, postés au bas de la vallée près de la porte principale, ne

puissent pas nous apercevoir. La vie sauvage et les fleurs qui se développaient à travers les ro-

chers étaient superbes et arboraient des couleurs brillantes; cela nous inspira des conversa-

tions portant sur le contraste entre toute cette beauté et l'holocauste nucléaire se préparant tout

près, juste au-delà de la chaîne de montagnes. Le long du chemin, nous fîmes de petites

pauses pour placer des pierres de façon à dessiner des symboles de paix. Tout cela était si

beau que nous aurions bien voulu oublier les motifs de notre présence dans le désert et profi-

ter tout simplement de notre marche; mais nous sommes revenus à la réalité assez brusque-

ment lorsqu'un hélicoptère de surveillance nous a survolés. Nous sautâmes rapidement vers le

bas sur une saillie protégée par deux hauts rochers. Les vigiles dans l'hélicoptère ne sem-

blaient pas nous avoir aperçus, mais nous n'en étions pas sûrs. Nous décidâmes de descendre

vers le fond de la vallée et de nous approcher le plus possible de Mercury avant d'être rattra-

pés. En arrivant en bas, nous avons aperçu le repère marquant un ancien point d'impact; un

genre de cible pris dans la glaise. Nous l'avons déterré et mis au centre d'un grand symbole de

paix improvisé à l'aide de pierres. Au fur et à mesure que nous avancions vers Mercury, il de-

venait clair que nous n'avions pas encore été repérés.

Durant l'après-midi, nous passâmes à côté d'un curieux édifice, censé symboliser une mai-

son aux limites d'une aire réservée aux explosions. Plusieurs heures plus tard, nous arrivâmes

au pied d'un grand réservoir d'eau tout blanc, marquant la limite du village. Pas très loin de

nous, nous pouvions apercevoir deux types dans un pick-up qui avaient l'air de se cacher pour

boire de la bière. Nous étions en train de décider ce que nous devrions faire à notre entrée

dans le village lorsque, tout à coup, plusieurs camionnettes et pick-up de couleur blanche ont

accéléré vers nous. Des hommes armés de fusils automatiques en sont sortis, nous encer-

clèrent et nous ordonnèrent de nous coucher à plat ventre. Ils nous fouillèrent, nous mirent les

menottes et nous firent monter dans l'une des camionnettes.

Alors que nous étions transportés hors de Mercury, nous avons aperçu un impressionnant

éventail d'armes high-tech, du type Star Wars. Nous nous échangions quelques remarques à

leur propos, mais nos gardes nous ordonnèrent de ne pas observer ni parler de cette artillerie

et de regarder droit devant. Nous continuâmes notre observation de toutes façons, et parlâmes

de l'apparence sinistre de ces armes, reflet de la mentalité de ceux qui croient qu'en fabriquer

est une bonne idée. Puis à la manière de prisonniers de guerre, nous fûmes intimés de des-

cendre du camion, et nous marchâmes à la pointe du fusil jusqu'à la "cage", une portion de dé-

sert clôturée et divisée en sections "hommes" et "femmes" près de la porte principale. Il faisait

froid, la nuit commençait à tomber, et puis toute notre bouffe avait été confisquée. Captifs et

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sans vivres, notre conversation s'est naturellement orientée vers le type de manifestations in-

cluant le jeûne.

Nous nous sommes rappelés les "Vétérans jeûnent pour la vie". Ceci fut l'une des actions

de Food Not Bombs les plus gratifiantes auxquelles nous ayons eu le privilège de participer.

Des vétérans de tout le pays avaient planifié des jeûnes et organisé des manifs contre les

guerres secrètes des USA en Amérique Centrale. À Boston, ils avaient monté un campement

sur le Boston Common, avec tentes, bannières et tout le kit: ils ne passaient vraiment pas in-

aperçus, leur message était clair. Alors nous sommes allés les rejoindre au Common en bran-

dissant notre plus grande bannière, dans le but de supporter leur manif. Toutefois, nous

n'avions pas emmené de nourriture cette fois, puisque nous voulions respecter les vétérans qui

jeûnaient. Or certains sans-abri des environs, qui nous connaissaient bien, vinrent vers nous

en nous demandant où était la bouffe. Ils furent quelque peu estomaqués de voir, pour la pre-

mière fois, des tables de Food Not Bombs sans nourriture.

De retour à la réalité, toujours assis dans la cage en plein désert du Nevada, nous voyions

nos supporters s'activer de plus belle. Une foule s'était amassée près de la porte principale plus

tôt dans la journée; plusieurs tentatives de bloquer la route s'étaient soldées par de nouvelles

arrestations et, par conséquent, la cage se remplissait. Food Not Bombs s'était occupé de nour-

rir tous ces manifestants, et maintenant que le jour s'achevait, les quelques militants qui res-

taient jouaient des percussions et dansaient pour célébrer une autre journée bien remplie. Il se

mit tout à coup à pleuvoir des pommes et des oranges à l'intérieur de la cage: c'étaient nos

amis de l'autre côté de la clôture qui nous les tiraient à bout de bras, de cette distance in-

croyable! Et puis, spontanément, un type sauta par dessus la clôture et courut vers nous. Avec

les gardes à ses trousses, il parvint à nous rejoindre, à escalader la deuxième grille et à nous

rejoindre en dedans sans se faire attraper. Son sac à dos était rempli de nourriture. Alors que

nous mangions et attendions que le bureau du Sheriff nous transfère à Beatty pour l'enregistre-

ment, nous avons eu l'occasion de nous remémorer un autre épisode où la police avait essayé

de nous empêcher de nourrir les gens. Cette fois c'était au Carré Kenmore, juste à l'extérieur

du stade Fenway, en plein championnat mondial de baseball.

Pour les pauvres et les SDF du quartier, les succès des Red Sox avaient un goût de défaite.

Pour la chambre de commerce locale par contre, chaque victoire se traduisait par des $$$ de

profit. Et au nom des affaires, il fallait nettoyer le Carré Kenmore des bums, punks et autres

indésirables. Suivant les bons conseils de la police de Boston, la chambre de commerce en-

voya un communiqué à tous les commerçants, les incitant à cadenasser leurs bacs à vidanges

et encourager leurs voisins à faire de même, ainsi qu'à placer des affiches demandant aux

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clients de ne pas donner de monnaie aux mendiants. Le communiqué leur conseillait, de plus,

de signaler à la police la présence d'indésirables, de bums, de punks, et de fournir autant que

possible des photos et des indications quant à leurs allées et venues. En l'espace de quelques

jours, les policiers donnèrent l'ordre aux SDF de déguerpir sous peine d'arrestation. Nous

avons donc écrit une lettre de protestation à la chambre de commerce, à la police et aux jour-

naux, soulignant le fait que les sans-abri ont les mêmes droits que tout le monde, et que ce

genre de discrimination à leur égard entraînait la société sur une pente très glissante. Qui se-

rait la prochaine victime de ce genre de logique fascisante? Food Not Bombs a commencé à

organiser des rassemblements intitulés "Bienvenue au Carré Kenmore", avec de la bouffe gra-

tuite. L'idée était de rapprocher les gens d'affaires du quartier et toutes ces personnes vivant

sous les viaducs, dans les ruelles et dans les corridors des alentours. Les sans-abri sont venus,

la presse est venue, mais les membres de la chambre de commerce ne se sont jamais présen-

tés. Après plusieurs événements de ce type, et quelques articles de journaux embarrassants

mettant en évidence leurs intentions illégales, la chambre de commerce dut se rétracter et

abandonna ses projets sans plus de bruit. Et d'après l'opinion générale, les seules augmenta-

tions du vol au Carré Kenmore provenaient des commerces ayant gonflé leurs prix, pour pro-

fiter de l'affluence qu'apportait le Championnat!

Les policiers du Nevada n'ont pas abandonné leurs poursuites, loin de là! Nous avons tous

été transférés, finalement, à la ville de Tonopah dans les bus du Sheriff, et nous y avons passé

les formalités habituelles. À partir de la porte principale, nous avons dû nous taper un voyage

de trois heures, aller simple! Les centaines de personnes en état d'arrestation et les centaines

de supporters que nous étions ont complètement envahi ce petit bled perdu en plein désert.

Nous étions si nombreux que nous avons complètement vidé les réserves d'un restaurant. Les

employés y travaillant ne se souvenaient pas d'avoir vu une file d'attente à la porte, pas même

la veille du Jour de l'An, qui est normalement leur plus grosse soirée de l'année. Nous avons

battu leur record de la soirée la plus occupée! On aurait dit un gros party à travers toute la

ville, sans aucun incident fâcheux. Finalement, après que tous eurent été relâchés du gymnase

d'école où l'enregistrement avait lieu, et que presque tous aient eu de quoi boire ou manger,

nous avons réusi à trouver du transport pour tous et sommes retournés au Camp de la Paix. »

IV. La Période d'organisation nationale, de 1988 à 1991

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« Des groupes Food Not Bombs étaient déjà actifs à Boston, San Francisco et Washington

D.C. à l'été 1988, mais l'événement qui a propulsé Food Not Bombs sur le devant de la scène

nationale et même internationale, fut la série d'arrestations de la Fête du Travail dans le parc

Golden Gate. Les récits qui suivent relatent les quatre semaines précédant ce jour, durant les-

quelles des bénévoles furent arrêtés à répétition pour avoir nourri les nécessiteux. Cette pé-

riode a culminé le jour même de la Fête du Travail, alors que plus de 700 supporters, -sans

compter les centaines de SDF, policiers, journalistes et curieux-, se sont présentés dans le

parc. Ces événements ont fait la manchette partout à travers le monde.

Les semaines précédentes avaient été complètement folles. Des reporters télé nous inter-

viewèrent. Des fonctionnaires de la ville nous offrirent un local pour cuisiner et distribuer la

bouffe (alors qu'en fait l'édifice n'appartenait pas à la ville et n'était tout simplement pas dis-

ponible à ce moment). Tout cela sans compter la presse, qui nous prêtait implicitement de

mauvaises intentions et déformait tout de manière à nous faire paraître non coopératifs. Et

bien sûr, il fallait en plus composer avec les nombreuses arrestations. La Fête du Travail tom-

bait un lundi, alors nous devions préparer une quantité de nourriture plus importante qu'à l'ac-

coutumée. Il faut dire que les lundis précédents, nous avions attiré un nombre toujours plus

grand de sans-abri, de supporters, -sans oublier les policiers-, en réponse à la couverture mé-

diatique et à la controverse suscitée par les arrestations. Il est étonnant de voir, rétrospective-

ment, avec quelle naïveté et quelle spontanéité nous nous sommes enfoncés dans cette situa-

tion bizarre.

Bien que nous ayons distribué des repas dans le parc Golden Gate depuis le mois de mai,

les policiers sont venus faire une petite visite à notre table le premier lundi d'août pour nous

dire que cela y était interdit. Nous leur avons répondu que nous croyions ne pas avoir à déte-

nir de permis pour distribuer de la nourriture gratuitement, que cela était un droit garanti par

la Constitution, et que nous avions écrit au Département des Parcs pour les informer de nos

activités de toutes façons. Nous avions effectivement été porter une lettre demandant l'émis-

sion d'un permis le 11 juillet, et aucune réponse ne nous était encore parvenue. Les policiers

sont partis, mais à la fin de la journée, alors que nous étions en train de faire nos boîtes, deux

d'entre eux sont revenus et nous ont demandé: "Que faites-vous ici? Avez-vous un permis

pour être ici?". Nous leur avons répondu que nous étions en train de quitter les lieux. À partir

de ce moment, les deux flics ont commencé à nous coller des amendes pour des choses que

nous ne faisions même pas, comme conduire sans notre ceinture de sécurité, avec un feu ar-

rière défectueux, ainsi que pour d'autres motifs difficiles à comprendre. Nous étions stationnés

dans les règles de l'art, notre moteur était arrêté et on nous accusait de violations au Code de

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la route! Nous sentions que nous étions dans l'eau bouillante. Alors qu'il signait la paperasse

qu'on lui présentait, notre conducteur reçut un coup de poing dans la figure, gracieuseté d'un

des policiers qui l'accusait d'avoir fait des commentaires "déplacés". Ce même policier ouvrit

alors la portière, traîna notre ami en dehors du véhicule pour le précipiter contre le capot et le

menotter. Un panier à salade est arrivé, notre ami fut emprisonné. Une heure plus tard, il était

relâché sans autre forme de procès.

Nous avions l'intuition que nous reverrions ces deux flics, et que le lunch du lundi suivant

pourrait donner lieu encore une fois à ce genre de harcèlement. C'est pourquoi nous étions

quelque peu nerveux alors que nous cuisinions nos immenses chaudrées de soupe. Nous avons

chargé notre camionnette comme d'habitude, mais cette fois nous avons mis le cap sur le coin

des rues Haight et Stanyan. Nous avons déchargé les vivres avec l'aide de ceux qui s'étaient

pointés pour manger, et nous nous sommes installés sur le long du trottoir. Les gens se sont

placés en file et nous avons commencé à les servir. Mais en quelques minutes à peine, des pa-

niers à salade et des policiers à cheval ont surgi de toutes les directions. Deux rangées d'anti-

émeute, casqués, blindés et brandissant leurs matraques, ont entouré les tables et les béné-

voles. Le commandant donna l'ordre de procéder aux arrestations. Neuf d'entre nous avons

donc été menottés et entassés dans le fourgon. Pourtant, notre moral était bon: Food Not

Bombs pouvait être arrêté pour distribuer de la bouffe gratos dans un parc public. Cela consti-

tuait une assez bonne raison pour entreprendre la version américaine des Marches du Sel de

Gandhi!

Après avoir terminé les préparatifs pour la distribution de la Fête du Travail, nous avons

encore une fois chargé notre camionnette. Mais nous ne voulions pas nous diriger directement

vers le parc Golden Gate, car nous avions peur que notre bouffe ne soit confisquée avant

même de pouvoir commencer à la servir. C'est pourquoi nous l'avons déchargée à différents

endroits autour du parc Buena Vista, un parc plus petit situé le long de la rue Haight, à envi-

ron huit pâtés de maisons plus bas d'où nous avions l'habitude de nous installer. Nous avons

ensuite stationné notre camionnette dans un autre quartier pour ne pas que les policiers ne

puissent la remorquer. Des musiciens et des orateurs se relayaient pour entretenir la foule de

plusieurs centaines de personnes qui avaient répondu à notre appel au droit de partager la

bouffe avec ceux qui ont faim. Tous furent invités à donner un coup de main, et à transporter

de la rue Haight jusqu'au parc Golden Gate les boîtes de nourriture, les livres, les pamphlets et

les nappes à pique-nique (nos tables ayant été confisquées les semaines précédentes). Ceux

qui ne transportaient ni nourriture ni matériel étaient invités à frapper sur des casseroles ou

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tout ce qui peut faire du bruit pendant que nous marchions et scandions "food not bombs, food

not bombs" à la demande générale.

La foule avait apparemment encore grossi, et occupait maintenant un coin complet du parc

Golden Gate. Des membres de Food Not Bombs étendirent de grandes toiles bleues sur le ga-

zon et mirent en place les boîtes et chaudrons. Des douzaines de volontaires s'apprêtaient à

commencer la distribution lorsque des policiers anti-émeute, matraque bien dressée et visière

baissée, ont déferlé sur le parc. Un moment donné, un policier a commencé a tabasser un bé-

névole. Un caméraman du Canal 5 s'affairait à filmer le tout lorsque le lieutenant qui supervi-

sait les opérations le projeta à terre d'un vigoureux coup dans le dos. Le pauvre s'en tira avec

quelques coupures au visage. Les policiers essayèrent ensuite d'encercler le site, mais les bé-

névoles et supporters n'arrêtaient pas de bouger. Il devint vite impossible de contrôler quoi

que ce soit, puisque c'étaient maintenant les manifestants qui se mettaient à entourer les poli-

ciers, en dansant, en criant et en se moquant de leurs tentatives de prise de contrôle. Un

groupe d'activistes se regroupa en cercle et se mit à chanter Give Peace a Chance en se tenant

les mains. Cinquante-quatre bénévoles furent finalement arrêtés, mais nous ne nous doutions

pas que ces attaques et ce harcèlement de la police à notre égard n'étaient encore qu'un dé-

but...

À notre grande surprise, le maire de San Francisco manifesta le désir de nous rencontrer

pour mettre un terme à cette situation de conflit. Mais les 54 arrestations commençaient à cau-

ser un malaise politique que la bonne volonté feinte ou réelle du maire ne suffirait pas à dissi -

per. Les autorités de San Francisco firent une gaffe monumentale en ordonnant l'arrestation

des membres de Food Not Bombs. Les appuis à notre cause venaient de partout au pays, et ne

cessaient de grossir. Les gens étaient en colère. Il était pratiquement impensable que des ci-

toyens américains soient arrêtés pour avoir nourri des pauvres dans un parc. Le maire, le chef

de police, le procureur municipal, une brochette de politiciens ainsi que des membres de

l'ACLU se sont mis à négocier avec nous ainsi qu'avec les membres de différents groupes

communautaires. Les discussions nous ont permis d'apprendre que les policiers utilisaient le

Département des Parcs pour créer un problème là où il n'y en avait pas. Aucun permis n'était

en fait nécessaire pour exercer le genre d'activités propres à Food Not Bombs, et la municipa-

lité de San Francisco parut vraiment stupide! En concluant cette réunion, nous avons convenu

de nous retrouver le lendemain, et nous avons convenu qu'aucune des parties ne parlerait aux

journalistes tant que nous ne serions pas parvenus à une entente. On nous a aussi promis

qu'aucune arrestation de nos membres ne serait effectuée d'ici là.

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Peu avant la deuxième rencontre, un négociateur de notre équipe fut toutefois arrêté parce

qu'il tentait de réconforter un vétéran du Viêt-Nam, écoeuré de vivre dans les parcs et mena-

çant de se jeter du haut du Pont Golden Gate. Relâché au bout de 45 minutes, notre négocia-

teur fut en mesure de se rendre au rendez-vous pour la simple et bonne raison que celui-ci

avait commencé en retard. Notre équipe a alors décidé de suspendre les pourparlers, car la

municipalité s'était montrée indigne de notre confiance: en plus de procéder à l'arrestation de

notre négociateur, elle avait émis la veille au soir un communiqué de presse peu flatteur à

l'égard de Food Not Bombs. Nous avons donc dit au maire que nous continuerions coûte que

coûte à distribuer des repas dans le parc, et qu'il serait de son ressort de décider si oui ou non

des arrestations devraient être effectuées. Notre détermination l'a ébranlé. Monsieur le maire

était peu habitué d'avoir à porter le fardeau de la responsabilité, et de voir son autorité défiée

ouvertement. Bien que cela le fît arriver en retard à l'opéra ce soir-là, le maire organisa une

conférence de presse dans laquelle il annonça une "entente" et qualifia l'équipe de Food Not

Bombs de "pionniers dans l'effort pour mettre un terme à l'itinérance et la faim."

À l'été 1989, les SDF de plusieurs grandes villes à travers les États-Unis créèrent des com-

munautés temporaires autonomes qu'ils appelaient tent cities. Ces campements de fortune de-

vinrent des lieux privilégiés d'action pour Food Not Bombs, notamment à New York et San

Francisco, et attirèrent l'attention du public sur les qualités personnelles des pauvres. Les

maires de ces deux villes se trouvaient en position délicate, puisque les conditions de vie des

sans-abri ne cessaient de se détériorer et que certains contribuables frustrés ne se gênaient pas

pour les rendre encore plus difficiles. Or les élus municipaux n'avaient aucune solution

concrète à opposer au problème de la pauvreté, puisqu'ils refusaient dès le départ de recon-

naître les failles d'un système politique basé sur la centralisation des pouvoirs. Ce qu'ils pou-

vaient faire de mieux était de mettre en évidence leur propre impuissance, en proposant des

solutions pour le moins douteuses. Aux tables de distribution, à San Francisco, des itinérants

nous ont raconté comment, la nuit précédente, des policiers avaient investi le parc, battu les

gens et détruit les campements. Certaines personnes auraient même été emprisonnées. La nuit

précédente, c'étaient les pompiers qui étaient venus les arroser copieusement. L'autre nuit

d'avant, les policiers s'étaient présentés avec de puissants réflecteurs et avaient intimidé les

campeurs au porte-voix. Après trois nuits consécutives de ce genre de harcèlement, notre aide

était demandée avec insistance. Nous avons donc déménagé notre service de distribution de la

Place des Nations-Unies jusque devant le très stratégique Hôtel de ville. Nous avons commen-

cé une distribution le 28 juin à cinq heures de l'après-midi et continué sans arrêt, 24 heures sur

24.

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Les sans-abri avaient monté un campement sur Civic Center Plaza, de l'autre côté de la

rue, face à l'Hôtel de ville. Cette tent city leur redonnait espoir et stimulait leur sens de l'orga-

nisation. Le maire menaça d'envoyer la police, mais la communauté se serrait les coudes et te-

nait bon. Lorsque le maire annonça que les tentes étaient interdites et que les "résidents" du

parc ne pouvaient y dormir en aucun cas, il y eut un mouvement de foule spontané vers son

bureau, et le balcon de l'Hôtel de ville fut décoré d'une immense bannière de Food Not

Bombs! Le 12 juillet, la Ligue des activités policières a investi le Civic Center Plaza et a com-

mencé à y installer une fête foraine complète, avec les autos tamponneuses, la grande roue et

tout le bazar. Le nom de cette foire était "Empereur Norton", en hommage au clochard le plus

célèbre du San Francisco du XIXe siècle! Quand nous avons vu cela arriver, nous avons craint

que l'on ne nous arrête, pour ne pas que nous gênions l'installation des manèges. Nous avons

donc caché les contenants de soupe dans un endroit sécuritaire. Le mardi 13 juillet, les flics

sont intervenus: ils arrêtèrent plusieurs personnes et confisquèrent notre soupe. Aussitôt qu'ils

eurent quitté, nous étions de retour avec encore plus de soupe et de pain! Les flics revinrent,

nous prirent en flagrant délit et arrêtèrent plusieurs personnes encore une fois. Notre bonne or-

ganisation, qui nous permettait de répliquer ainsi plusieurs fois de suite, les mettait dans un

embarras qu'ils allaient connaître encore et toujours plus à l'avenir.

Le lendemain, vers midi, un grand rassemblement contre ces arrestations fut tenu devant

l'Hôtel de ville. Food Not Bombs avait apporté de la bouffe et un groupe de manifestants, ins-

piré par les événements du mois de mai à la Place Tienanmen, s'est présenté avec une "déesse

de la bouffe gratuite" de 15 pieds de haut, poussant un chariot d'épicerie d'une main et bran-

dissant une carotte de l'autre. Les anti-émeutes étaient encore une fois dans les parages...

Lorsque la grande bannière Food Not Bombs fut déployée sur les marches de l'hôtel de ville,

les personnes la tenant en place furent arrêtées. Puis après avoir passé l'après-midi dans un

fourgon cellulaire, elles furent transférées à la centrale de police de la zone nord, où on leur a

lu une injonction de la Cour interdisant la distribution gratuite de nourriture. Un des membres

de l'équipe fut ensuite emmené en Cour Supérieure, où il dut se défendre lui-même. Après

avoir déclaré l'ordre de la Cour "moralement incompréhensible", il fit la déclaration suivante:

"Les contribuables de San Francisco seront mis à rude épreuve, puisque des centaines et des

centaines de personnes continueront de se faire arrêter de la sorte. En aucun cas nous ne res-

pecterons votre injonction qui est du véritable terrorisme juridique." Cette déclaration allait

devenir réalité: Food Not Bombs a continué d'exercer son droit de servir des repas gratuits à

tous les jours; Food Not Bombs a continué de subir des arrestations pour revenir à la charge

avec encore plus de bouffe aussitôt les policiers partis!

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Après les arrestations de la Fête du Travail 1989, dans le parc Golden Gate, nous avons

tous dansé et festoyé autour des restes de bouffe qui n'avaient pas été confisqués. Puis les der-

niers d'entre nous dûmes trouver un moyen de quitter les lieux sans nous faire attraper. Nous

avons donc décidé de remonter en groupe la rue Haight sur une distance d'un pâté de maisons.

C'est alors que des flics à moto ont rejoint les retardataires qui suivaient à environ 30 pieds

derrière nous. Ils les projetèrent au sol avec leurs matraques, les traînèrent dans le milieu de la

rue et les arrêtèrent. Nous pensions être les prochains à subir le même sort, nous avons donc

bifurqué aussitôt sur une rue transversale et avons couru jusqu'au sommet de la colline Buena

Vista. Une fois parvenus de l'autre côté, nous l'avons redescendue en empruntant les ruelles,

jusqu'à ce que nous atteignions la station de télé Canal 4. Nous sommes passés en ondes peu

de temps après notre arrivée, et on nous a demandé pourquoi nous nous obstinions à servir de

la bouffe même si nous risquions l'arrestation à chaque fois. Nous avons expliqué que donner

à manger à ceux qui ont faim est un devoir, que cette activité n'est sujette à aucune réglemen-

tation et est de toutes façons protégée par la Constitution. Nous avons encouragé les gens à se

tenir debout et défendre leurs droits. C'est ainsi que se termina l'entrevue.

Bien que la municipalité nous ait enfin octroyé un permis après cette vague d'arrestations,

c'en n'était pas fini du harcèlement et des tentatives de nous empêcher d'exercer nos activités.

L'oppression a continué durant l'été 1990, et se poursuit encore de nos jours. Or, durant toute

cette époque et en partie grâce à elle, Food Not Bombs a continué de grandir et de répandre sa

philosophie. Les actions relatées ci-dessus et les arrestations qui s'ensuivirent nous ont donné

une attention et une crédibilité inestimables.

Au moment d'écrire ce livre, seule la municipalité de San Francisco avait commis ces bé-

vues. Les groupes Food Not Bombs de East Bay, Sacramento, Santa Rosa et Long Beach

n'ont pas (encore) été arrêtés. Les groupes de Washington, New York, Boston et Portland,

Oregon, n'ont pas subi de contraintes non plus. Depuis ce temps, nous continuons de croître et

de servir des repas gratuits quotidiennement. De nouvelles organisations surgissent un peu

partout à l'année longue, et peut-être qu'aujourd'hui est le jour où Food Not Bombs apparaîtra

dans votre patelin! »

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ANNEXE 2   : ENTRETIENS

La prise de parole des étudiants est marquée par les phrases en italique et gras. Les entretiens sont présentés les uns à la suite des autres, séparés par la présentation de la personne entretenues selon quelle soit participante ou organisatrice, son âge, sa profession et là ville où elle réside.

Mme R, participante, retraitée, 76 ansBesançon

- A quelle fréquence participez vous aux resto trottoirs ?

R : Ca fait longtemps que j’y suis pas allée, mais j’y allais quasiment tous les mois au début.

- Que voyez-vous derrière le mouvement RT ?

R : Faut bien leur donner à manger un coup aux personnes qui en ont besoin, c’est sympa de

les voir. Mais ça n’évolue pas beaucoup, au point de vue des situations, il n’y pas beaucoup

d’amélioration chez les gens qui viennent. Certains trouvent peut-être des solutions, mais

quand ils ont zoné des années, à mon avis, ce n’est pas récupérable.

- Comment vous positionnez vous par rapport à la gratuité ?

R : C ’est normal ils sont pas friqués. Y aune petite tirelire, dans laquelle on peut mettre

quelque chose. Franchement ils ont pas beaucoup d’argent…

- Pensez-vous qu’il y ait de la politique derrière ce mouvement ?

R : Ma foi non, je ne considère pas qu’il ait de la politique là dedans… Pourquoi ça ne serait

pas religieux ? Ca pourrait se faire, y en a qui le font, les curés, mais pour moi, c’est pas

politique.

Les sans domiciles, ce sont des déchets de la société, ou ils sont nés sous une mauvaise

étoiles, dans des familles éclatées vraiment dans un état lamentable. La différence entre le

resto trottoir et la soupe populaire, c’est que le resto trottoir, c’est un petit peu le gueuleton, et

la soupe populaire reste la soupe populaire. Parce qu’ils disaient toujours qu’ils ont bien

mangé, alors c’est le gueuleton dimanche, et y a toujours eu du soleil les dimanches, et le

premier dimanche qu’il y a plu, ils ont fait des gueules comme ça. Ils sentaient le froid et

l’automne arriver, ils étaient tous déprimés, pas un sourire, ils ne causaient plus, chacun dans

leur coin, rien que parce qu’il pleuvait et qu’il y avait jamais plu les autres fois.

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Moi je pense à ceux qui sont quasiment dehors quoi… Ils se retrouvent quasiment

presque en famille quand ils sont là. Tu les entends jamais s’engueuler… enfin pas beaucoup.

Mais quand ils sont bourrés sur le bord d’une route, là tu les entends ! Alors c’est pour ça que

je dis que c’est le gueuleton malgré qu’il n’y ait pas de vin. Il y déjà beaucoup de dessert. Je

vous dit peut-être ça parce que j’aime bien manger. Il y en a qui se lient assez facilement,

d’autres qui sont assez distants.

- Y a-t-il, selon vous, un rapport avec l’écologie ?

R : Non pas du tout, aucun rapport avec l’écologie. A la limite dans la mesure ou ils mangent

ce qu’ils récupèrent. Comme ils présentent, ça paraît être toujours frais. C’est bien je trouve.

Lutter contre le gaspillage, c’est normal, moi je trouve que tout le monde devrait faire comme

ça quoi. J’habite pas loin du Lidl, avant il y avait beaucoup de personnes qui venaient faire les

poubelles le soir. C’est normal quoi ! Tu vas quand même pas crever de faim devant des

légumes qui seront jetés. Pour moi c’est naturel.

- Pourquoi des repas végétaliens ?

R : Pour moi peu importe, de la bouffe, c’est de la bouffe. On mange, on passe un bon

moment, mais c’est pas primordial, il faut pas faire la gueule. Je n’ai pas de participation au

travail, mais je n’aime pas aller laver mon assiette dans la bassine.

- Quelle importance de le faire sur la place publique ?

R : C’est mieux que sur le trottoir, elle est sympa cette place. J’ai pas l’impression que les

gens regardent, épient ce qu’il se passe. Je me sens bien chez moi place Marulaz. Si c’était

organisé dans une salle, ça serait crade, c’est mieux à l’air. Et moi comme je suis, ça me

dérange pas du tout de manger face de quelqu’un, m’asseoir à côté, ça ne me dérange pas du

tout. Dans un resto ou une salle ça ne me plairait pas. Ils peuvent fumer leurs clopes, ils

bougent, ils mangent, ça circule, ils arrêtent de manger, ils re-vont. Il y a toujours des

coupures dans les repas. Et le contact dans une pièce est beaucoup moins facile. Je trouve ça

sympa. T’as moins l’impression de faire voir ce que tu manges, beaucoup ou pas. C’est très

intéressant ça. Sauf quand il pleut. Mais tu peux passer dire bonjour à un copain, sans manger,

ou juste prendre un dessert, enfin tu es libre comme le vent quoi !

Et autrefois, ça existait le côté place publique, on se retrouvait à Granvelle, il y avait

l’orchestre qui venait jouer. Puis par rapport aux autorités, du moment que l’on rend la place

propre, je ne vois pas où est le problème.

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- Participez vous à l’organisation ?

R : Non je viens pour manger, c’est tout. Chacun prend son assiette et demande ce qu’il veut

par rapport à ce qu’il voit.

- Participez-vous à d’autres mouvements ?

R : Non.

- Quelles idées politiques vous intéressent ?

R : Non pour moi c’est de la liberté et pi c’est tout.

Mlle C, Organisatrice, Stagiaire de la formation professionnelle, 21 ansBesançon

- A quelle fréquence participez vous au resto trottoir ?

C : Depuis décembre 2008, j’en ai raté que 2.

- Que voyez-vous derrière le mouvement RT ?

C : Plusieurs éléments, lutter contre le gaspillage, d’occuper l’espace publique, mettre un peu

de vie dans la ville, de s’approprier ces places qui deviennent de plus en plus des lieux

anonymes. Pour partager des moments conviviaux, favoriser des rencontres inattendues,

comme je participe un peu à l’organisation, c’est des rencontres, des activités super ludiques,

super sympa. C’est porteur de quelque chose. Après je sais qu’il y a d’autres valeurs

rattachées au resto trottoir, mais c’est pas forcément les miennes comme le végétalisme…

C’est un moment ou tu créées quelque chose, tu fais quelque chose.

Les gens qui organisent le resto trottoir deviennent des proches, je distingue ces amis là des

autres avec qui je bois des coups, y a quelque chose qui se crée…

- Comment vous positionnez vous par rapport à la gratuité ?

C : C’est ce qui permet à des gens différents de se rencontrer, de partager un repas, c’est

vraiment l’élément qui fait que tout le monde peut participer. C’est l’ouverture la plus totale,

qui veut vient, il y a plein de milieux sociaux différents qui viennent, tout le monde est là avec

les mêmes droits ; la même place, je trouve.

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- Y a-t-il, selon vous, un rapport avec l’écologie ?

C : Oui je trouve qu’il y a quand même la notion d’écologie, c’est contre le gaspillage, c’est

un mouvement de récupération, le fait que ce soit végétalien, il y a des valeurs écologistes, et

tout…

- Considérez-vous faire de la politique en participant au resto trottoir ? 

C : C’est un peu politique quand même. Je fais une grosse distinction entre la soupe populaire

et le resto trottoir. Je pense qu’ils apprécient aussi manger avec d’autres gens, d’autres têtes

parce que justement y en a plein, quand tu parles des zonards qui vont au fourneau

économique et qui se retrouvent tout le temps entre eux, là ils sont toujours entre eux, mais

mélangés à d’autres personnes, c’est peut-être ça aussi qui fait qu’ils s’engueulent moins,

parce que du coup ils ont un moment ou ils peuvent sortir de leurs stigmates aussi. C’est pour

eux l’occasion d’exister autrement.

- Pourquoi des repas végétaliens ?

C : Naïvement, quand j’ai commencé les restos trottoir, je croyais avant tout que c’était pour

des questions d’hygiène, et de faisabilité, je pensais pas que c’était une revendication super

forte pour les participants, mais après je les rejoins sur ces idées là, mais pour moi, ce n’est

pas une priorité. Je respecte, mais pour le coup, je ne le fais pas individuellement. Je suis

sympathisante, mais des fois je trouve que c’est trop extrémiste. Il y a des panneaux sur le

spécisme qui mériteraient d’être mieux expliqués parce que du coup ça fait un peu…

- Quelles valeurs seraient à rattacher à ce mouvement ?

C : Je trouve qu’un RT qui marche, c’est quand tout le monde fout les mains à la pâte, ceux

qui sont la en avance aident à mettre les tables, quand chacun peut et ose des initiatives sur

l’organisation et tout, c’est dans ces moments là que je me dis que c’est beau et tout et que ça

ressemble à ce que j ‘attends. Le fait que ce soit intergénérationnel je trouve ça cool, quand y

a des petits loulous, des vieux…

- Quelle importance de le faire sur la place publique ?

C : Franchir une porte, ce n’est pas forcément évident, là tu passes à côté tu viens. Les rues de

Besançon aujourd’hui, tu te croises mais c’est tout, c’est des lieux de passage, là tu peux te

poser un moment, discuter… C’est plus facile de créer du lien. Après si cela pouvait impulser

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d’autres trucs, d’autres mouvements d’appropriation de l’espace public ça serait génial. On ne

le fait jamais sur la place de la Révolution ou la place Pasteur, qui on été rénovées il n’y a pas

longtemps, limite ce serait un défi de le faire dans ces endroits là, qui sont pour moi des

erreurs d’architecture, d’urbanisme totales. Ce serait un vrai défi de pouvoir montrer que ce

sont des places conviviales plutôt que se croiser avec son sac de courses, parce qu’on n’est

plus que dans la consommation du centre ville. Je suis peut-être nostalgique d’un temps que je

n’ai pas connu ou qui n’a peut-être même jamais existé, mais je sais pas, le côté place

publique, ou il y avait la pétanque et des trucs comme ça… Tu n’étais pas obligé de

consommer quelque chose à une terrasse pour être avec les gens. Aujourd’hui… Moi j’aime

bien quand le resto trottoir prend un côté…féerique, fête populaire, c’est déjà arrivé que ça

touche à ça, quand il y avait de la musique, des spectacles de capuera, où tu sens qu’il y a une

énergie, une émulation, vraiment de partager quelque chose. J’aime bien ce côté-là.

On squatte la place sans demander aux autorités.

- Participez-vous à l’organisation ?

C : Selon mes disponibilités, je fais autant que je peux, après… Collage, récup’, jusqu’à

présent je pouvais pas faire la cuisine parce que je travaillais le samedi, donc je faisais quand

je pouvais. Du coup je vais m’investir un peu plus la dedans, c’est un moment qui me fait

vachement envie, j’ai l’impression d’être privée. Maintenant on a un local.

- Participez-vous à d’autres mouvements ?

C : J’ai participé à d’autres assos avant, maintenant j’ai commencé la formation, j’ai moins de

temps donc c’est principalement les resto trottoirs, mais je me greffe à d’autres mouvements

quand je peux de façon épisodique. J’ai participé à GENEPI, j’intervenais en maison d’arrêt,

j’ai fait du bénévolat dans un accueil de jour, mais aujourd’hui c’est exclusivement resto

trottoir.

- Quelles idées politiques rattacheriez-vous à ce mouvement ?

C : L’autogestion, non… Libertaire, je me reconnais pas là dedans, c’est vrai qu’il y en a dans

le mouvement qui sont toujours prêts avec des banderoles rouges et noires, avec écrit

« bouffez du riche pas du porc », mais justement, moi je veux qu’il y ait aussi des riches qui

puissent participer. Que tout le monde puisse participer, juste qu’ils ne détruisent pas la

planète…

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- Comment vous positionnez-vous par rapport au mouvement initial Food Not Bombs ?

C : Pour les « leaders » à Besançon, ils ont des valeurs affirmées et on quand même une

volonté de répondre au mouvement Food Not Bombs initial. Ils sont plutôt proches. A

Besançon, ça a pris une autre tournure, parce qu’aux Etats-Unis, il y avait vachement de

répression, donc forcément, ils s’engageaient vachement plus politiquement parce qu’ils se

faisaient virer de l’espace public, il y avait des fourgons, donc nous a Besançon, s’il y avait ce

genre de réaction, on serait vachement plus portés sur ces principes là. Mais il n’y a pas

d’entraves là-dessus, donc on est plus portés sur la convivialité, autant pousser à fond sur ces

trucs là. Au niveau des autorités, ils nous associent à la soupe populaire, quand tu fais du

caritatif, ça passerait très très mal si on te fout en taule. Aux Etats-Unis c’est systématique. Ils

s’organisaient carrément avec plusieurs trajets avec un premier camion leurre, qui se faisait

embarquer, et ainsi de suite jusqu'à ce qu’il n’y ait plus assez de flics pour aller enfin

distribuer la bouffe quoi.

Ici les flics sont déjà passés mais ils ne se sont jamais arrêtés, peut-être qu’on participe à la

tranquillité…

Mlle J, Organisatrice, doctorante et Salariée, 25 ansBesançon

- A quelle fréquence participez vous au resto trottoir ?

J : Depuis décembre 2008, j’en ai raté que 2, mais pas les mêmes !

- Que voyez-vous derrière le mouvement RT ?

J : id. C., + fait de se retrouver au sein d’un collectif. A Besançon ; on se rend compte qu’on

tourne toujours dans des cercles un peu fermés, et quand je suis rentrée dans les resto trottoirs,

il n’y avait aucune personne que je connaissais déjà et à chaque nouveau RT, on rencontre

d’autres personnes, complètement différentes, justement on sort de notre milieu social, on

rencontre des gens motivés et militants, sur plein de question aussi, que je partage pas toutes

au même niveau qu’eux, se retrouver autour d’une action concrète…

- Comment vous positionnez vous par rapport à la gratuité ?

J : Hormis le fait que tout le monde puisse participer, je trouve que ça redonne la foi, car on

constate quand même à chaque fois que ceux qui ont donnent spontanément, alors qu’ils ne

viendraient pas forcément aux RT si y avait un tarif indiqué à 2€. Je trouve cela assez

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formidable, en fait, que ça marche, la gratuité.

- Considérez-vous faire de la politique en participant au resto trottoir ? 

J : Je trouve ça politique sur tous les points. C’est aussi la force du RT, c’est que tout le monde

peut y aller, et mettre ce qu’il veut, et que le politique ne va pas jouer comme une barrière,

pour ceux qui viennent. Ceci dit, occuper l’espace public sans demander d’autorisation c’est

politique, le fait de faire de la récup, le fait de manifester, on est dans une société de

gaspillage, c’est politique. Mais politique au sens noble. Les gens qui fréquentent, il y en a qui

se connaissent, mais ils ne sont pas forcément tous dans la misère, des gens qui ne sont pas

tous bénéficiaires de la banque alimentaire. Ce sont aussi des citoyens lambdas (même les

zonards), qui mangent avec toi, comme n’importe qui.

- Y a-t-il, selon vous, un rapport avec l’écologie ?

J : Justement, hormis le végétalisme, le fait de récupérer, et là on essaye petit à petit. Jusqu’à

présent on essayait toujours de trouver un jardin pour nos épluchures, maintenant on a trouvé

un compost sur Battant, on essaie de penser tous les aspects, même sur l’affichage on essaie

de prendre du papier recyclé, on imprime sur les versos de papiers usagés. Sur un peu tous les

point, on essai d’être raisonnable en fait. Tout ce qu’on achète, c’est le gaz et le café.

- Pourquoi des repas végétaliens ?

J : Personnellement ça me coûte pas, je ne prive pas en ne consommant pas de viande. C’est

plus des questions écologiques, au niveau de la production, de l’élevage. J’achète un poulet

quand je sais d’où il vient, qu’il a été élevé à trente kilomètres, voilà, je sais ou j’achète ma

viande, je sais d’où elle vient. Je fais attention à ça, c’est pour ça que le végétalisme au sein

du resto trottoir, là où j’en vois la limite, c’est que parfois on va pas vouloir récupérer des

éléments animaux, on nous a déjà proposé du fromage, des trucs comme ça, ça aurait pu

apporter un truc aussi, et à coté de ça quand on récupère de la quinoa, des produits qui sont

fabriqués à l’autre bout du monde, donc qui ont été importés, tout ça… ils sont bios mais pas

écolo du tout, bilan carbone pas bon du tout, et au niveau de la production, on est pas du tout

dans le co-développement quand on utilise de l’huile de palme, de la Végétaline au lieu

d’utiliser de la matière grasse animale, parce qu’ici en Franche-Comté, on peut faire avec les

vaches quand même. C’est là où je vois la limite.

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Par rapport au spécisme : je maintiens une certaine distance avec ça, j’ai jamais creusé la

question, on évoque assez régulièrement le sujet, mais la limite de l’anti-spécisme, c’est que si

on creusait vraiment, il y en a qui ont banni le cuir de leur vie, donc ils achètent des

chaussures qui sont produites en pétrole, donc après…

- Quelles valeurs seraient à rattacher à ce mouvement ?

J : Pendant le temps du dimanche, la rencontre a un sens quand on est pas considérés comme

des donateurs, j’aime pas servir les gens en faisant la BA, de reproduire un échange

consommateurs. Ca m’est arrivé deux fois, je me suis sentie très mal a l’aise avec ça. C’est

dur à exprimer, c’est pas bonjour pas merci, on vient prendre notre truc, c’est acquis qu’on est

là et qu’on sert ce jour là, donc…

- Quelle importance de le faire sur la place publique ?

J : Je n’organiserais pas de RT si c’était à l’intérieur. Pour moi c’est le point essentiel. On se

déclare pas en Préfecture, car une manifestation, c’est avec des étiquettes, des messages

politiques etc., chose qu’on ne revendique pas a priori. C’est pour cela que nous ne sommes

pas constitué en association, on est un collectif d’individus, et à ce titre là, on peut, n’importe

qui peut se rendre sur cette place là. Je pense même pas qu’on soit hors la loi, et justement, on

ouvre un espace, on peut peut-être faire péter la barrière symbolique qu’on a intériorisé qui va

dans le sens de la privatisation de l’espace public, ou dès que tu fais un pas de travers, tu

penses qu’on va te tomber dessus, justement, c’est pas un rapport mercantile qu’on va mettre

en place avec les gens. Toutes ces places, elles sont utilisées quand il y a un marché, un gros

évènement. Tout le monde retrouve ses repères quand il faut dépenser son fric, mais quand il

faut construire quelque chose avec les gens, être dans le vivre ensemble…

C’est ultra simple, ultra logique, et on ne le fait pas, c’est incroyable.

- Participez-vous à l’organisation ?

J : Mes disponibilités font que j’ai participé à 2 ou 3 affichages en tout et pour tout, quelques

récup’, mais là ou je m’investit le plus c’est vraiment le moment de préparer le dimanche,

faire les transfert de matos du local au resto trottoir. Donc logistique et tambouille. On est

polyvalents.

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- Participez-vous à d’autres mouvements ?

J : L’association S.O.L. et je suis salariée d’une autre association, la ligue de l’enseignement,

une asso d’éducation populaire, dont un des buts est de développer le débat public dans la rue,

c’est aussi la dessus que je me retrouve dans le RT, avec cette différence que la Ligue de

l’Enseignement c’est quelque chose de vachement institutionnalisé et du coup avec le resto

trottoir ça s’équilibre.

- Quelles idées politiques rattacheriez-vous à ce mouvement ?

J : En fait moi j’ai des réserves par rapport à tous ces grands mots, je préfère pratiquer. Moi je

fais au plus logique, a ce qui me parait le plus normal, après j’aime pas forcément utiliser tous

ces termes, parce que je trouve ça enfermant. Souvent ceux qui les portent le plu fort sont les

gens les plus fermés sur leur idée et donc les moins à même de les communiquer, alors que je

trouve que par le RT justement, ça peut aller par pallier, il y a des gens qui vont venir juste

pour consommer un jour, deux jours trois jours, puis après ils vont nous questionner sur

comment on s’organise et à chacun selon son rythme, c’est prise de conscience. L’idée c’est

de rendre possible cette prise de conscience là, par la pratique, et puis nous on travaille tout le

tps là-dessus finalement, on approfondi notre façon de voir sans utiliser ces termes. J’ai

jamais dit que j’étais autogestionnaire ; que j’étais dans un mouvement libertaire, non…Ca

permet d’être plus souple et de s’adapter toujours au contexte, sinon on va passer notre vie à

réfléchir sur ce que c’est qu’être libertaire. Ca a été les dérives du communisme aussi, c’est

qu’on a essayé de faire un espèce de cahier des charges de tout ce qu’il fallait faire… C’est là

que je trouve le danger. Après dans le mouvement, il y a des gens qui se reconnaissent dans

ces termes.

L’antimilitarisme, j’ai eu cette prise de conscience là parce que je suis plutôt d’accord avec

ces idées là. Le Food Not Bombs, quand il a été créé aux Etats-Unis à ce moment là c’était

vraiment des actions en réaction a… Voilà ils se déguisaient en militaire et allaient distribuer

des gâteaux dans la rue pour réagir parce qu’ils se rendaient compte que par exemple, les

instits pour faire uns sortie annuelle pour leur classe, ils étaient obligé de faire des kermesse,

de vendre des gâteaux etc. On se dit merde… le but c’est de provoquer là-dessus…

- Comment vous positionnez-vous par rapport au mouvement initial Food Not Bombs ?

J : A Besançon, il est inspiré, après ceux qui l’ont initié c’est des gens qui ont des valeurs très

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affirmées et c’est là qu’est le vice finalement. Dans leurs idées c’est pas de leader, mais ils se

retrouvent les leaders car finalement c’est eux qui alimentent le site.

Aux Etats-Unis, ils se sont tous fédérés autour d’un mouvement ultra militant, et

justement, contre les armes et nous, on s’est tous fédérés autour de la bouffe en fait. Je crois

que c’était vraiment l’aspect convivialité et moi je m’en satisfaisais et je m’en satisfais

encore, dans le sens ou on ouvre la porte à tout le monde et nos idées politiques avancent

ensemble. Mais à la fin, on est dans un processus qui va de l’avant, plutôt que d’être fermés,

d’être dans l’entre soi, entre gens ultra affirmés dans leur position, puisque de toutes façons

pour pouvoir l’apporter il faut qu’on puisse s’ouvrir à tout le monde.

Mr L, participant, étudiant, 26 ans

Besançon

- Pour toi, qu'est-ce que c'est la culture du mouvement Resto-Trottoir?

L : C'est l'échange. Pour moi, c'est un des moyens de sortir du capitalisme, carrément. C'est

politique.

- Et la question de culture ou mouvement ?

L : Plutôt, carrément un mouvement !

- Pourquoi le concept de gratuité, et qu'est-ce que tu vois, en fait, derrière la gratuité ?

L : C'est la rencontre. La gratuité permet une accessibilité à tous. Justement toutes les classes

sociales ne sont pas représentées car on a beaucoup l'image de soupe populaire.

- D'après toi, qu'est-ce qu'il y a derrière ces rencontres ?

L : C'est l'idée de mixité sociale, de partager des idées.

- A ton avis, pourquoi manger plutôt dans un lieu ouvert, plutôt que dans un lieu fermé?

L : La visibilité est plus large, on peut toucher plus de personnes. Il y a aussi le phénomène du

passage de la porte, qui implique beaucoup plus la personne.

La porte symbolise la responsabilisation, on s'apparente à un mouvement en rentrant dans un

lieu. C'est aussi l'idée d'aller vers les gens, de ne pas attendre qu'ils viennent à nous.

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- Te considères-tu comme étant écologiste ?

L : Oui !

- Pourquoi ce concept de gratuité ?

L : C'est l'idée d'aller contre le capitalisme. La gratuité, c'est l'avenir. Créer d'autres manières

de partager, aller à l'encontre de l'individualisme.

- Participes-tu à d'autres mouvements, associations ?

L : Oui, je participe à la ligue de l'enseignement, au C.A.C [Collectif pour des alternatives au

capitalisme], et à A.T.T.A.C [Association pour la taxation des transactions financières et pour

l'action citoyenne].

- Considères-tu faire de la politique en venant au Resto-Trottoir ?

L : Oui, moi je pense que tout est politique ! Je repense à la place publique chez les Grecs,

l'Agora, où à partir du moment où l'on est citoyen, on a ce droit de s'exprimer sur la place pu -

blique.

- Pourquoi le végétalisme au Resto-Trottoir ?

L : ça bouffe trop de surface de bouffer de la viande. En fait, c'est une question de pollution.

Le prix de la viande dépense beaucoup d'énergie. Et puis, c'est la question de l'homme par

rapport à la nature, sa position de tout-puissant.

Moi, je suis végétalien pour la protection animale. Et puis pour nourrir des animaux, on doit

avoir des champs, au lieux de ça on pourrait nourrir des hommes. Pour moi il faut prendre en

compte l'intérêt des animaux. L'élevage d'animaux de boucherie, l'élevage industriel/ intensif,

c'est source de gaspillages, de pollution (électricité, gazole, eau...)

Par contre, si les animaux vivaient dans la nature (agriculture bio), je serait d'accord de man-

ger de la viande.

- Pour le moment, tu n'as participé qu'une fois au Resto-Trottoir, mais souhaiterais-tu t'im-

pliquer d'avantage ?

L : Oui, j'aimerai m'impliquer dans la préparation des repas prochainement. Et puis, ce mou-

vement répond vraiment à une idée de démocratie participative, ce que j'étudie en ce moment.

- Quelles sont les idées politiques qui t'intéressent dans ce collectif ?

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L : Le principe d'auto-gestion. Actuellement, la société ne peut pas se passer des élus. Mais il

est important de créer des lieux d'autonomie où il y a autogestion.

- Y a t’il des choses à améliorer pour toi ?

L : Il faudrait un travail de continuité dans les Restos-Trottoirs, un autre mouvement, un autre

collectif, parce que finalement, une fois par mois, c'est assez peu.

Mr E, participant, étudiant, 25 ans

Besançon

- Pour toi, qu'est-ce que la culture du mouvement Resto-trottoir?

E : Cette Culture là ?

- Oui

E: c'est-à-dire ?

- Déjà est-ce qu'il y a une culture du mouvement Resto-trottoir, ou est-ce que c'est

simplement un mouvement, et qu'est-ce que tu vois derrière?

E: Je pense que c'est pas mal lié à la culture alternative, à la fois c'est des influences des

gens ? anar ?, un peu d'extrême gauche, mais aussi lié un peu, ce qu'on pourrait appeler créatif

culturel, tout ces gens là qui veulent réinventer les modes de relation, d'échange, également en

lien avec l'écologie. Je pense que c'est très lié à toutes ces mouvances là. Je pense que c'est

une culture des alternatives pour faire large.

- Pour toi, pourquoi le concept de gratuité? Et finalement, qu'est-ce que tu vois derrière le

concept de gratuité?

E: Ben, c'est vachement intéressant, parce-ce que ça part du surplus. Je pense que nos sociétés

génèrent du surplus, que l'on peut récupérer, revaloriser. Et la gratuité, c'est justement montrer

qu'on peut échanger des choses, sans qu'il y ait forcément un rapport financier. Donc ça remet

en question le fonctionnement de nos sociétés qui sont vachement marchandes, vachement

mercantiles. ?a remet en question tout ça, je pense la notion de gratuité. ?a me fait aussi

penser par exemple sur des lieux alternatifs, des festivals, des chansons, parfois il y a des

lieux de gratuité. Par exemple, un festival à La Rochelle, où il y a un peu de cirque, où il y

avait dans une yourte, enfin un espace, on pouvait se servir, c'était un lieu de gratuité, il y

avait des choses récupérées, on pouvait se servir.

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- A Sélestat en Alsace, il y a les Tanzmatten, où il y a un festival, et il y a aussi un lieu de

gratuité, où il y a des habits, pleins de choses. Du coup, les gens peuvent se servir.

E: Oui, voilà c'est ça. Je pense que c'est un peu dans la même idée.

- Mais c'est tout le temps dans des lieux un petit peu particulier quand même. Il y a une

connotation. C'est pas n'importe où que l'on va faire ça quand même.

E: C'est pas sur l'espace public, comme Resto-Trottoir, c'est ça que tu veux dire ?

- Oui, ou même, c'est dans des festivals, du coup, les festivals, c'est une certaine culture

aussi.

E : Oui bien sûr, complètement.

- Et finalement, ça touche un peu à chaque fois un peu les même gens.

E: Mais je pense que Resto-Trottoir, ça tombe un peu là-dedans de toute façon. Moi je suis

dans le mouvement ATD Quart Monde, on mène une réflexion de fond sur les relations qu'on

peut avoir avec les personnes en situation de grande précarité. Et on sait que c'est jamais

simple, c'est-à-dire que se mettre en lien avec des personnes vraiment dans les difficultés

sociales assez importantes, c'est pas simple, ça demande de nouer des contacts, des relations

durables, de confiance. Et Resto-Trottoir par contre, pour le coup, donner à manger à tout le

monde dans la rue, ça me paraît un peu naïf à ce niveau là, dans le sens où, l'idée est bonne, ça

me part d'une bonne initiative, mais dans les faits, c'est plus compliqué que ça. C'est-à-dire

que y a des gens qui sont tellement dans une ? Merde ? Pas possible, ils n'auront même pas

l'opportunité de contacter ces réseaux là, d'avoir ces relations là, et d'aller jusqu'à aller

demander à manger.

- Du coup, tout le côté politique, ça leur passe un peu au-dessus. Les besoins primaires

posent question, le logement et la nourriture, du coup réfléchir sur la conception du

monde, ça ne les intéresse pas forcément.

E: Oui, bon c'est à relativiser. Je suis des familles en Franche-Comté, de milieux difficiles,

très difficiles même. Et justement, il y en a qui réfléchissent, qui voient bien que le système

fonctionne mal. Par exemple, une fois avec une maman on discutait de ça, parce que, moi les

familles que je connais, peuvent très vous dire, la mère préfère ne pas ? Bouffer ? Pendant

deux semaines pour pouvoir acheter un portable à sa fille. En fait, on est tous avec nos

paradoxes, même ces gens là. Mais je lui dis ? Pourquoi ? Le plus important, c'est de bouffer

quand même. ? Elle dit que ? non, parce qu'avec le budget, que j'ai, qui est hyper limité, si je

ne rattrape pas mon retard, c'est pas le mois prochain, que j'arriverai à payer ça à ma fille.  ?

On est toujours en retard, en fait. Avec le peu d'argent qu'on a, si on ne fait que répondre à nos

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besoins primaires, on ne peut jamais se fringuer. Donc, on est bien obligé à un moment, de se

sacrifier sur la bouffe pour faire plaisir à ma fille, qui est adolescente, qui a 15 ans, qui a envie

d'avoir un pull Nike.

- Ca renvoie aussi à l'image que l'on donne de nous à la société.

E: Bien sûr, il y a des besoins primaires, mais il y a aussi des besoins sociaux, vachement

importants.

- Etre reconnu, pour s'insérer dans un groupe. Genre si la personne n'a pas un portable,

n'a pas cet habit, t'es vu comme ? « Has been » ?

E: Complètement, surtout à l'adolescence, où t'es vite exclu.

Dans ces milieux là, après le paradoxe, c'est ce qu'on lui disait. Elle disait, une fois à Noël, on

avait qu'un rosbeef dans le congel, donc on n'avait rien à bouffer, et finalement, c'était le plus

beau Noël qu'on a passé, on n'avait rien, on était heureux d'être ensemble. Il ne faut pas croire

que parce qu'ils sont pris dans leurs problèmes, ils ne réfléchissent pas justement à ces

problèmes là. Ils sont aussi conscients, qu'on peut vivre simplement, mais aussi tiraillé par

l'envie de consommer, d'être comme tout le monde. Il y a tout ça qui est en jeu chez ces gens

là. Pour en revenir aux Resto-Trottoir, je demande à voir comment ils rentrent en relation avec

ces gens là, parce que je suis très sensible à cela de part mon engagement, et là je demande à

voir, comment ils entrent en contact avec ces gens là, est-ce qu'ils touchent vraiment ces gens

là ou est-ce que ce n'est pas plutôt une expérience où ils restent entre eux, entre gens de

milieux alternatifs.

- Finalement, est-ce qu'il y a mixité sociale ou pas ?

E: Ben ça je demande à voir, je n'y vais pas assez. Mais Resto-Trottoir, ce n'est peut-être pas

uniquement pour les gens dans le besoin?

- Le but, c'est de toucher tout le monde, c'est gratuit, et y a des débats politiques. Il y a

quelque chose derrière tout ces repas.

E: Dans ce cas, je pense que l'objectif peut être atteint, si c'est pour recréer de la convivialité,

de la gratuité, des échanges, des relations dans l'espace social.

- En participant aux Resto-Trottoir, tu considères faire de la politique?

E: Ben oui, bien sûr. Puisque la politique, c'est la vie de la cité. Là, tu participes un peu à un

changement des consciences, tu participes à une expérience commune. Se retrouver, tu crées

des relations, tu crées un réseau. Et quand on crée un réseau, on crée un potentiel de

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changement. Une fois que le réseau est constitué, on peut aussi déboucher sur autre chose.

Donc c'est éminemment politique, évidemment. C'est une alternative.

- Du coup, tu parlais d'amener quelque chose d'autre, c'est un début de relation. Est-ce

qu'il y a d'après toi une continuité ? Parce qu'une fois par moi, c'est pas énorme.

E: Bonne question. Alors la continuité, c'est le fait de se connaître, de se faire un réseau.

Après c'est des gens qui vont vouloir aller plus loin, monter un éco-village ensemble. La

continuité du projet, est-ce qu'il y a forcément besoin que ça aille plus loin? L'action, c'est

déjà de créer de la convivialité, de la gratuité. Je pense qu'à chaque fois, ça peut toucher des

gens différents, pourquoi pas reproduire l'action une fois par mois.

- Est-ce que tu te considères comme étant écologiste?

E: Alors là... (rire) C'est une sacré question, parce qu'on a chacun nos paradoxes. Ben... C'est

vachement dur à répondre comme question. Je connais beaucoup ce milieu là. J'ai participé à

l'organisation d'une marche, avec le comité « alternative en marche », où on a traversé la

Franche-Comté avec deux ânes pour rencontrer beaucoup d'alternatives écologiques, pour

soutenir ces alternatives là. Après je consomme pas mal à la biocoop, j'essaye d'être aussi

décroissant. Oué, j'en sais rien, j'ai pas de réponse. C'est un idéal que j'ai, c'est un milieu que

je connais vachement bien. Après de là, à dire que je suis écolo.

- Y a des choses où t'essayes de l'être et d'autres où, c'est plus difficile.

E: Dans la consommation, j'essaye de ne pas trop me faire avoir, d'acheter vraiment le

minimum. Mais bon, ça ne m'empêche pas de craquer pour des fringues, des sorties en boite

débile. Bon je pense être écolo mais pas intégriste.

- Au niveau du Resto-Trottoir, pourquoi des repas végétalien, et pas végétarien?

E: Ils ont sans doute un idéal de consommer des produits issus des végétaux, et pas du tout

des produits issus des animaux, je pense, pas d'oeufs, pas de lait. Je pense, c'est raison des

conditions d'élevage, il y a souvent une critique des conditions d'élevage...

- Par rapport à la souffrance animale.

E : même les oeufs en batterie, même du lait. Dans le film de Coline Serreau, Solutions

Locales pour un désordre global, Les agronomes sont tombés sur la tête, ils font tout et

n'importe quoi, pour que ça soit le plus rentable possible, ils proposaient même de faire des

oeufs carrés pour que ça rentre plus facilement dans les boites.

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- Comment est-ce que tu qualifierais les rencontres que tu fais au Resto-Trottoir ?

E: Ben, la convivialité, les échanges. Je pense que c'est super important. On est dans des

cultures, où l'on peut être vachement isolés. Si on n'a pas de vie association en dehors du

boulot, en général on ne connaît pas ses voisins. Il y a un besoin de tranquillité qui est normal,

mais en même temps, il y a une perte de lien à laquelle il faut veiller.

- D'après toi, quelle est l'importance d'une organisation sur la place publique ?

E: ça a plus d'impact, pour la visibilité, c'est plus fort. Ça va jusqu'au bout, de se montrer, de

toucher tout le monde. Pour interpeller les curieux.

- Est-ce que tu vois une différence entre ce que tu souhaiterais, et ce qu'il se passe

réellement?

E: Des gens qui se bougent, il faut déjà valoriser ça. De se bouger bénévolement pour créer du

lien, apporter un autre discours ...

- Est-ce que tu participes à d'autres mouvement que Resto-Trottoir ?

E: ATD Quart-monde, ça c'est mon principal engagement. L'implication peut être dans les

actions concrètes, c'est aussi ouvrir ma gueule quand j'entends des gens de mon milieu sortir

des préjugés sur ces gens-là. On redonne la parole à ces personnes en premier, et nous on

apprend.

- Quelles sont les idées politiques qui t'intéressent dans le mouvement Resto-Trottoir ?

E: La remise en question du système mercantile, la spontanéité de vivre des choses qui sortent

de l'ordinaire, reprendre possession de cette créativité, qu'on ne soit pas tous des moutons

dans le droit chemin. Finalement, notre société devient complètement aseptisée, si on ne fait

qu'être dans le respect. On perd même notre dignité d'humain.

Mme H, Organisatrice, salariée,

Besançon

- Pour vous, quelle est la culture du mouvement Resto-Trottoir ?

H : Tout ce qui est partage, convivialité, redistribution, la gratuité aussi qui est une bonne

valeur. Après, il y a des aspects politiques qui sont peut-être pas toujours bien vus par les

participants. Donc on dénonce le gaspillage en faisant des repas gratuits. Après côté not

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bombs de Food not bombs, donc sur le budget de l'état qui est alloué à la défense militaire etc

plutôt qu'aux aides sociales etc. Et puis après au niveau personnel, ça me permet de rencontrer

pas mal de monde et d'échanger surtout.

- Oui, pour les gens qui viennent en général...

H : Ouais ouais ouais ils sont très demandeurs, et avec certains, des habitués, il s'est créé un

lien assez fort.

- Le principal pour eux c'est ça ? Pour les habitués, c'est de créer des liens et la gratuité?

H : Oui oui.

- Alors du coup, pourquoi ce concept de gratuité ?

H : Ben déjà parce qu'on récupère de la bouffe sur les marchés, donc vu que c'est des choses

gratuites, on confectionne des repas avec des fruits et légumes qu'on a obtenus gratuitement,

donc je ne vois pas pourquoi on ferait payer. Après la gratuité, c'est aussi pour montrer aux

gens qu'on peut se nourrir en faisant de la récupération, dénoncer par la même occasion le

gaspillage qui est fait, de cette société de surconsommation. Donc voilà au niveau de la

gratuité.

- Considérez-vous faire de la politique? Voyez-vous les Restos-Trottoirs comme un

mouvement politique ?

H : Donc, mouvement politique oui, justement au niveau de la gratuité et le fait que ce soit

cent pour cent gratuit, on a jamais rien de cent pour cent gratuit. Vous achetez un truc, c'est

soit un acheté un gratuit mais rien de cent pour cent gratuit. Donc rien que ça, ça interpelle les

gens, ils nous demandent comment on arrive à faire des repas cent pour cent gratuits, et ce qui

du coup leur permet aussi d'envisager de le faire eux-mêmes quoi, d'utiliser ces excédents

alimentaires gaspillés pour se nourrir eux-mêmes si ils n'ont pas forcément les moyens, ou

même si ils ont les moyens.

- Et les gens qui viennent là bas, ils sont au courant de tout le mouvement qu'il y a derrière,

Food not Bombs...?

H : Il y a certains aspects qu'on développe, il y en a d'autres, on a fait des panneaux, on arrête

pas d'en refaire, on arrête pas de faire des ateliers panneaux, mais bon après ça les intéresse

pas forcément, ils regardent euh...il y en a beaucoup qui nous posent la question « pourquoi

des repas végétaliens? » alors on leur explique, mais après tout l'aspect politique, du

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gaspillage, des chiffres sur le gaspillage etc. ou alors l'exploitation animale, ça les touche pas

vraiment en fait.

- Ils ne se sentent pas forcément concernés quoi

H : Voilà. On essaye de faire des conférences. C'est pas on essaye, c'est on a fait des

conférences sur des sujets, l'été quand il fait beau, après le repas. Les gens que ca intéresse

restent, mais bon la plupart du temps si ca les intéresse c'est qu'ils y sont déjà intéressés. Mais

euh, bon après ceux qui viennent exclusivement pour manger et passer un moment convivial,

ils s'en foutent un petit peu du mouvement politique, et on peut pas les retenir quoi...

Mais on développe quand même une communication là dessus.

- On a vu tous les panneaux qu'il y avait pour expliquer un petit peu, mais c'est vrai qu’on

ne voit pas derrière du tout le mouvement Food not Bombs quand on ne connaît pas...

H : Oui, le premier aspect qui est visible de tout le monde, c'est déjà qu'on est sur la place

publique, ça attire l'œil, les gens viennent voir, après c'est un repas gratuit. « Pourquoi un

repas gratuit ? Bon parce qu'on a fait des récupérations, ah oui il y a tant de gaspillage que ça,

ça vous permet de faire des repas pour 150 personnes maxi l'été », donc ça interpelle vraiment

les gens sur toute la surproduction et le gaspillage qui est fait. Après l'aspect plus politisé du

« pourquoi des repas végétaliens », on nous demande donc on l'explique.

- Oui, il y en a beaucoup qui mangent ce qu'il y a à manger aux Restos-Trottoirs, donc

végétalien, mais après chez eux ils mangent de la viande...

H : Oui oui tout à fait, mais même nous au sein du collectif on est pas forcément tous

végétaliens hein, au contraire ouais. C'est pour ça qu'on met des panneaux, c'est si ça

t'interpelle, tu vas les lire, après tu vas creuser le sujet, il y une table de presse aussi si tu veux

développer là dessus, avoir des chiffres et vraiment te renseigner, mais euh ça interpelle pas

tout le monde, et ça on en est conscients, on va pas changer non plus les habitudes

alimentaires de tout le monde, là c'est juste le temps d'un dimanche, on partage un repas, bon

on essaye de faire passer la chose mais euh, c'est sûr qu'on va pas changer le monde avec ça

hein.

- C'est sûr oui

H : Mais en plus, là les panneaux on a pas pu tous les sortir parce que c'était vraiment

particulier quoi (Le dimanche où on est allés) d'habitude c'est sur la place Marulaz donc il y a

plus de place, la table de presse est beaucoup plus diversifiée, parce que là on a du faire une

table de presse vraiment...minimale. Et comme il y a plus de place, on peut vraiment tout

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afficher, et en deux heures sur place, il y a le temps de regarder les panneaux. Mais après, il y

a pas mal de personnes aussi qui ne savent pas que Resto-Trottoir, c'est un collectif Food not

Bombs, par exemple les personnes âgées ou les gens de la zone et tout c'est les Restos-

Trottoirs ça reste les Restos-Trottoirs. Ils vont pas chercher plus loin, à savoir collectif Food

not Bombs c'est quoi. Il y a aussi l'aspect not Bombs qu'on développe pas trop, mais il y a des

panneaux en attente justement, et euh voilà quoi. Donc, faire de la politique, ouais au niveau

du gaspillage, le végétalisme aussi, fin c'est plus euh...oui c'est politiser notre assiette quoi en

gros. C'est ne pas aller dans ce schéma: on doit absolument manger de la viande. Tout

l'agroalimentaire qui est tourné vers la viande c'est super polluant, çà fait de l'argent pour des

firmes qui n'en auraient pas vraiment besoin, et en plus en étant végétarien tu vas plus acheter

tes produits au niveau des petits producteurs, faire fonctionner plus des producteurs locaux,

plutôt que des grosses firmes en achetant de la viande dont tu ne sais pas d'où elle vient.

- Donc c'est plus un mouvement politique qu'un mouvement social ?

H : Euuh non , c'est les deux c'est les deux, oui oui, à la limite, si on voulait vraiment faire

qu'un mouvement politique, on redistribuerait pas la bouffe.

- Parce que nous, une dame nous avait dit qu'ils se considéraient comme un mouvement

politique, et pas comme un mouvement social, donc elle ne voulait rien avoir à faire avec

l'IRTS.

H : Oui, donc c'est pour ça on a chacun notre vision, on a chacun nos raisons pour faire partie

de ce collectif. C'est pour çà que l'horizontalité c'est vachement important étant donné qu'on a

pas tous les mêmes envies etc, et c'est super important justement d'avoir des opinions

divergents, ça nous permet d'avancer et euh voilà on s'est jamais engueulés sur n'importe quel

sujet, on a toujours pris nos décisions ensembles, et euh cette diversité est super intéressante.

Ça prouve que ça marche.

A la limite, pour un mouvement politique, ça serait que du friganisme, si vous connaissez ce

mouvement, ce sont des gens qui se nourrissent qu'à partir de déchets qu'ils récupèrent dans

les poubelles, dans les supermarchés etc. Là par contre c'est vraiment un mouvement

politique, et c'est pour se nourrir eux, alors que là on repartage, il y a un aspect social, surtout

le fait que ce soit fait sur une place et qu'on repartage de la nourriture, nan oui c'est social oui.

Ça sert à créer des liens donc euh voilà, c'est bien social.

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- Vous considérez-vous écologiste?

H : Oui, enfin autant que je peux quoi. Donc déjà ben je ne mange pas de viande, pour moi

c'est un bon pas, je diminue mon impact écologique de cette manière.

- Vous pouvez développer ça un petit peu ? Ce côté écologiste?

H : Ben quand vous prenez euuh je sais pas, l'alimentation animale déjà, il faut faire pousser

du blé qui généralement provient d'Amérique du sud, qui a été produit sur des terres qui

étaient anciennement des forêts. Donc on a détruit des forêts en Amérique du sud pour

pouvoir avoir des surfaces suffisantes pour nourrir tous les animaux de la planète. Il y a déjà

cet aspect là. Après, une fois que vous avez cultivé votre blé pour nourrir votre bétail, il faut le

transporter, donc une dépense au niveau énergétique. Une fois que vous avez transporté votre

blé, vous nourrissez vos vaches, ces pauvres vaches qui viennent de manger du blé et qui font

de la fermentation pètent! Et ça fait du méthane, qui est un gaz à effet de serre, elles pètent

après elles chient, donc du coup vous vous retrouvez...ça pollue tout ce qui est nappe

phréatique. Une fois qu'elles sont emmenées à l'abattoir, et même avant, il y a des dépenses

d'eau pour les abreuver etc, une fois que vous les emmenez à l'abattoir c'est pareil: nettoyage

etc, énergie pour les abattre, conditions de la vache mais bon ça ça n'a rien à voir au niveau

écologique. Une fois que vous les avez abattues et que vous en avez fait des steaks, vous les

emballez dans des paquets. Ces paquets qui vont être retransportés jusqu'à une grande surface.

Cette grande surface qui va dépenser de l'énergie etc pour qu'après, des petits clients aillent

acheter leur steak. Ils font quoi de leurs barquettes? Ils les mettent à la poubelle, ils les jettent.

Donc voilà, la viande c'est pas très écolo!

- C'est vrai qu'on voit pas forcément tous ces côtés!

H : Alors qu'à la limite ben, tous les terrains qui sont alloués pour faire pousser des céréales

pour nourrir...

...Il faut quand même de l'espace, du terrain oui!

H : Voilà, donc toutes ces terres allouées pour vraiment les céréales pour nourrir tout ce qui

est bétail, ben c'est des terres qui pourraient être cultivées localement pour nourrir des

populations locales d'Amérique du sud, qui n'ont pas forcément de quoi se nourrir.

- Donc pour vous, il faudrait laisser les vaches en liberté ?

H : Ben non, en consommant moins de viande déjà diminuer toute cette économie pour la

production de céréales et diminuer donc les aires qui sont allouées à la production de céréales

pour faire plus de l'agriculture locale. Voilà, donc éviter de détruire des forêts entières pour

augmenter les surfaces agricoles quoi.

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- Oui donc plus pour nourrir les hommes et pas les animaux quoi. Pas qu'il y ait des

Hommes qui meurent de faim. Le problème des pays riches qui font pousser leurs céréales

dans les pays pauvres pour nourrir leurs bêtes, alors que les habitant là bas n'ont pas assez

de nourriture et ne produisent pas pour eux-mêmes.

H : Oui, par exemple des exemples en Afrique où il y a des cultures comme ça de céréales, les

éleveurs là bas, sur place, n'ont plus forcément assez de terres pour élever leur propre bétail,

du coup ils achètent les poulets qui viennent de batteries de France. Donc c'est un petit peu

débile comme système, c'est complètement débile. Et de toute façon, les estimations faites

prouvent que si on continue à avoir une alimentation carnée, on aura plus de terres suffisantes

pour pouvoir produire des céréales et nourrir ces bêtes quoi...Donc il y aura les populations du

sud qui ne pourront plus se nourrir et les occidentaux qui pourront encore manger de la viande

donc au profit des populations du sud, donc c'est un petit peu aberrant. Donc ça c'est ce qui

concerne la viande! Donc après, en ce qui concerne le poisson! Vous n'êtes pas sans savoir

qu'on puise de plus en plus dans les stocks de poissons qui sont en voie de disparition, et

qu'on est déjà arrivés à un point où les poissons ne peuvent plus se reproduire suffisamment

pour avoir des populations normales et qui puissent rester pérennes. Donc on est déjà arrivés

à un point de non retour et on va dans les effondrements de populations de poissons. Donc je

sais pas, vous avez déjà entendu parlé des populations de thon rouge, qui sont très menacées

au Japon etc, mais bon c'est pour la plupart des poissons. Autre aspect aussi, c'est que le

poisson, au niveau santé, c'est pas terrible puisque les mers sont super pollués, et vous avez

donc les petits poissons qui consomment des choses polluées, les gros poissons qui vont

consommer des poissons pollués etc, et au final vous allez manger des gros poissons que vous

allez retrouver dans votre assiette qui ont déjà concentré des doses de dioxine assez

impressionnantes. C'est ce qu'on appelle des bio-accumulateurs les poissons. Et quand on voit

toutes les merdes qui sont déversées dans les océans...

- Tout est lié en plus, les rivières, les mers...Tout est pollué.

H : Voilà...Et les mers qui sont aussi polluées par les merdes des vaches! Et de cochons! Nan

rien que la situation en Bretagne, c'est assez alarmant. Les pesticides, mais les épandages de

merdes de cochons, ils arrivent même plus à s'en débarrasser quoi, ils épandent, ils épandent,

et leurs terrains sont devenus détruits quoi. Voir qu'il n'y a plus d'eau potable en Bretagne,

c'est quand même assez hallucinant hein, il faut aller acheter de l'eau en bouteille...Alors qu'ils

ont des cours d'eau hein, ils ont suffisamment d'eau. Le traitement de l'eau qui demande de

l'énergie, de l'argent...qui pourrait être évité en fait.

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- Alors au niveau des farines animales, du lait tout ça, vous n'en consommez pas?

H : Moi je suis végétarienne hein, je suis pas végétalienne. Mais après ça s'inscrit dans la

même logique quoi, une vache à lait c'est vraiment de l'exploitation de l'animal pour obtenir

du lait. La durée de vie d'une vache à lait est bien moindre qu'une vache dans un pré qu'on

laisse tranquille...La durée de vie d'une vache à lait c'est 3ans, alors qu'une vache normale

c'est 15ans. Et donc oui, il faut la piquer aux antibiotiques pour pas qu'elle développe de

maladies, pour pas que ça se retrouve dans le lait....

- Et c'est ce côté là qu'ils voient dans les Restos-Trottoirs? Parce qu'on nous a parlé du fait

qu'ils faisaient des repas végétaliens pour que tout le monde puisse manger, ceux qui ne

mangent pas de porc etc...

H : Il y a différents aspects, donc il y a la dénonciation là au niveau politique, après il y a

l'aspect plus pratique, c'est qu'on récupère rarement des produits laitiers, sur les marchés on

nous en donne pas, et après l'aspect hygiène c'est que les produits laitiers redistribués, même

si ils sont un peu périmés, même si chez toi tu peux manger un yaourt dont la date limite de

consommation est dépassée, on peut pas le faire et faire manger aux gens et prendre ce risque

d'empoisonnement, donc rien que pour des raisons comme ça, on ne prend pas de produits

laitiers. C'est pareil, la viande on nous la donne pas de toute façon.

- Et quelles valeurs à relier derrière ce moment de rencontre? Comment qualifieriez-vous

ce moment de rencontre au RT?

H : Ben des valeurs d'échange, c'est vrai que moi pour ma part, il y a des personnes qu'on

arrive pas à aborder dans la rue, même si je suis pas mal demandeuse quoi le soir j'en vois pas

mal rue Battant complètement ivres entrain de se taper dessus, t'essaye de t'interposer entre

eux, ils comprennent pas quoi. Alors que là, comme c'est autours d'un repas, que c'est

convivial, qu'ils sont posés, ils sont calmes, ils ont le ventre plein, c'est vachement plus facile

de discuter et t'as beaucoup de choses à apprendre des gens qui vivent dans la rue quoi. Après

t'as les petites vieilles aussi qui sont tristes parce qu'elles ont de la famille mais qui vient

jamais les voir, elles mangent toutes seules tous les jours, et elles sont super contentes de

venir ici.

- Elles rencontrent d'autres petites vieilles et c'est bien, elles discutent vachement oui

H : Voilà, et c'est souvent qu'on entend dire « bon ben on mange pas tout seul, on peut discuter

etc », ça les...le temps d'un après midi ça les coupe de leur solitude quotidienne quoi. Et puis

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ben après ben, oui il y a des gens divers et variés, que je serais pas moi personnellement

amenée à côtoyer dans la vie quotidienne.

- C'est sûr, dans la rue on évite un peu plus quoi, tu vas moins facilement vers les gens,

c'est pas facile...

H : ...voila, et autours d'un repas c'est beaucoup plus facile! Même si t'as pas de sujet de

conversation, fin voilà « c'est bon ce que vous mangez ? Et vous ? Comment vous avez fait ça

? » Rien que ça tu commences à engager la conversation, et tu viens à parler d'autre chose...

- Oui on est tous au même piédestal, il n'y a pas de jugement de façon dont il est habillé ou

de façon dont il parle...

H : Voilà, voilà tout à fait.

- On apprend à être tous ensembles, et c'est vrai que ça c'est chouette.

H : Après, il y a une chose aussi qu'on a constaté, c'est que les gens de la zone, ils ne viennent

pas en état d'ébriété, ça c'est des choses qu'on voit rarement. C'est euh...je sais pas si c'est eux

qui se disent « bon ben voilà, on va être en public, on va devoir côtoyer d'autres personnes, on

va pas s'alcooliser quoi » c'est...des fois yen a qui ramènent de l'alcool, mais bon on va pas

faire la police, ils font ce qu'ils veulent. Mais on n'a jamais eu de débordement de gens

complètement bourrés, ils se tiennent quoi. Et des choses qui leur changent aussi c'est que

généralement, dans des structures sociales où ils viennent manger, ils sont tous entre eux, et

ils ne côtoient pas des gens euh...des gens différents quoi. Yen a pas mal qui viennent cuisiner

aussi avec nous le samedi, et qui sont contents justement de pouvoir partager ca et de pouvoir

échanger avec d'autres personnes que dans leur milieu où ils sont super cloisonnés quoi.

- Mais c'est quand même pas plus souvent...Les organisateurs qui sont d'un autre milieu

social, plutôt que les participants?

H : Nan, nan parce que comme je vous le disais c'est que, on est vraiment d'horizons sociaux

culturels vachement variés et euh...nan nan nan.

- Donc il y a des gens de pleins de milieux...

H : ...Tout à fait

- Ça ne se démarque pas.

H : Nan, nan, nan. On a des enseignants, il y a des gens qui sont intermittents du spectacle,

yen a d'autres qui n'ont pas de travail euh, fin voilà moi pour ma part je suis ingénieur, il y en

a d'autres aussi. Nan, c'est euh, c'est vachement diversifié hein. Au niveau des horizons

socioculturels, des âges aussi parce qu'on a le plus jeune il doit être au lycée, le plus âgé il

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doit avoir une cinquantaine d'année.

Ah si par contre, juste un truc au niveau diversité social, il va falloir qu'on travaille là dessus

parce qu'on va rarement dans les quartiers à Planoise, etc... Car se serait vraiment trop de

travail de le faire mais ce serait notre souhait, ce serait d'aller dans les quartiers, qu'il y ait des

gens qui viennent participer avec nous et, à la limite, développer de temps en temps des mini

Resto-Trottoir dans chaque quartier mais ça, niveau logistique, au niveau temps, pour l'instant

on n'a pas réussi à le faire mais c'est dans nos objectifs.

- Parce que là c'est une fois par mois, tout le temps place Marulaz en fait, toujours au

même endroit?

H : Oui, c'est ça, à part quand il pleut, c'est sous les arcades.

- Et une fois par mois, c'est parce que vous ne pouvez pas plus?

H : On ne peut pas plus. Sur Dijon, eux ils ont un collectif Food not Bombs, eux le font une

fois par semaine.

- A Dole aussi il en a un?

H : Resto compte des gens qui faisaient partis du collectif qui ont développé ça à Dole et c'est

une fois par mois aussi et eux par contre ce n'est pas un collectif Food Not Bombs. Ils ont pris

le concept, ils ont trouvé ça sympa justement pour la convivialité et il n'y a pas d'aspect

politique du coup et c'est pas considéré comme un collectif Food Not Bombs, c'est quelque

chose de totalement à part.

- Quelle importance d'une organisation sur la place publique?

H : S'approprier la place publique sans en demander l'autorisation déjà c'est pas mal, on ne

s'est jamais fait virer...

- Il n'y a jamais eu de policiers?

H : Nan, j'ai fais partie du collectif Food Not Bombs à Paris, par contre là ça se passait

autrement, fallait qu'on s'organise en plusieurs équipes: la première se faisait virer, la

deuxième arrivait avec une autre gamelle de soupe, la deuxième se faisait virer, et il n'y avait

plus de flics pour embarquer la troisième. Là par contre, c'est beaucoup plus difficile mais

parce que c'était aussi un endroit stratégique où il y avait pas mal de monde, la gare de l'est et

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là il y avait pas mal de passage de flics. Besançon, c'est particulier on a jamais eu de souci, on

a eu des fois des renseignements généraux qui venaient nous poser des questions mais c'est

tout on a jamais eu de souci. Pas de flics qui st intervenu ni rien la Mairie, elle sait que ça se

passe mais pas de souci.

- En fait vous les avez mis au courant?

H : On ne les a pas mis au courant, ils st toujours au courant. On a aussi des journalistes de

l'est républicain qui viennent régulièrement pour essayer, d'ailleurs, on les envoie péter la

plupart du temps mais disons, on sait que ça se passe mais pour l'instant on ne nous embête

pas parce que ça ne crée pas de problème, je ne vois pas le souci donc ouais, s'approprier la

place publique c'est important, le fait que ce soit dans un environnement ouvert ça attire du

monde , les promeneurs du dimanche sont interpellé « tiens qu'est-ce qui se passe, ah c'est la

bouffe gratuite, on va venir manger » et du coup on a de plus en plus de participants. Après

déjà on n'a pas, on n'aurait pas de toute façon de locaux où faire ça ce serait pas possible et

ensuite, nan c'est agréable le fait que se soit dehors aussi, je ne sais pas ce que je pourrait

raconter d'autre.

- En hiver ça se passe pareil?

H : Ouais, c'est tout le temps dehors. Bon c'est un peu plus « old school » parce que entre la

neige, la pluie, euh...

- Ca ne doit pas être facile...?

H : Nan, cet hiver on a eu des bonnes surprises parce que deux fois on a organisé et le

dimanche il neigeait et il y avait quand même du monde et notamment des petites grand-

mères qui sont venues et même en risquant de se péter le col du fémur, elles sont quand même

venues en nous disant: « Bah oui, mais on s'est dit que si on ne venait pas vous alliez arrêter,

et nous on voulait que vous continuiez » C'était trop charmant quoi, trop mignon. Par contre

l'hiver c'est quand même plus les habitués et les personnes qui ont vraiment faim. Alors que

voilà l'été c'est vraiment plus festif en plus on fait un petit peu des animations autour, il y a

quelques uns de nos potes qui viennent jouer de la musique ou alors on fait des débats donc

c'est vraiment le pique-nique d'été quoi. Donc voilà sur la place publique, c'est tout ce que j'ai

à dire.

- Et le local que vous avez pour cuisiner, il est fourni par qui? Parce que avant vous

cuisiniez dans un appartement?

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H : Bah en fait on alternait c'était chez chacun de nous, c'était souvent chez moi parce que

j'avais une grande cuisine, voilà on alternait, jusqu'au jour où on a réussi à obtenir un local

sans subvention, sans rien, mais ça je ne peux pas trop vous en parler parce que ce n'est pas

« officiel ». Le local de cuisine nous est prêté, qui d'ailleurs n'était pas un local de cuisine à la

base, qui a été aménagé.

- Et sinon, au niveau de l'organisation, ça se passe comment?

H : Alors, organisation, bah on a une réunion mensuelle on parle de tout ce qui est logistique,

donc à chaque réunion on parle compte rendu du dernier resto trottoir en mettant en avant ce

qui a fonctionné, les dysfonctionnements justement pour améliorer les choses, on fait un tour

de table tout le monde dit ce qu'il a à dire sur la dernière session de resto trottoir et ensuite on

attaque la logistique à savoir comment on va s'organiser pour faire les récupérations, les

collages d'affiches, qui sera là le samedi pour faire à manger, qui sera là le dimanche pour

mettre en place etc.. Donc maintenant on a des tâches bien précises, on sait exactement à quel

marché aller récupérer, on a nos « accointance » avec les gens sur le marché et donc du coup

les gens s'inscrivent selon leur disponibilité. Ce qui est important c'est que, en fin, si un mois

on n'est pas là, bah voilà on ne s'inscrit pas, on est quand même assez nombreux pour pouvoir

s'arranger et il y a des gens qui ne sont pas trop disponible qui viennent juste pour faire à

manger, ceux qui sont un peu plus disponible vont faire des collages d'affiches, des récup',

tout ça, il n'y a rien d'imposé et chacun s'investit suivant son temps disponible.

- Participez vous à d'autres mouvements resto trottoir/associatif?

H : Mmmm, nan.

- Comment vous impliquez vous dans le mouvement?

H : Alors, récupération, avant j'en faisais pas mal parce que j'avais un planning qui me le

permettait maintenant j'en fais plus trop. Préparation du repas, ouais, le samedi j'y suis

souvent, après les collages parce que c'est le soir donc j'ai le temps le soir de faire des collages

et puis le dimanche la distribution, c'est déjà pas mal. Et si, on fait des ateliers en annexe

justement pour préparer des affiches, on a une liste de diffusion aussi à gérer, un site Internet à

mettre à jour donc là on peut s'inscrire à ce genre d'atelier, quand c'est dans la semaine je ne

peut pas le faire mais quand c'est le soir, je le fais.

- Qu'est ce qui vous intéresse le plus vous dans ce mouvement resto trottoir ou Food Not

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Bombs comme mouvement politique, est ce que c'est plus le libertaire, l'autogestion, le

militantisme?

H : Alors l'autogestion, aussi le fait que se soit considéré comme un collectif libertaire, les

raisons écologiques. Après le militantisme, ouais, non, c'est pas vraiment ce que je mettrais en

avant j'y vais pas pour faire changer les choses au niveau des gens, moi ce que je fais je sais

pourquoi je le fais à la limite j'en discute mais les gens s'ils n'y adhèrent pas bah voilà je ne

vais pas les pousser, les prendre par la main « Nan, faut pas manger de viande c'est pas

bon!! ». Bah voilà, j'expose ce que je sais et s'ils n'adhèrent pas tant pis, donc militantisme oui

et non.

Si, au niveau de l'autogestion c'est aussi ce que je trouve très intéressant dans le mouvement

resto trottoir, c'est justement cette horizontalité, le fait qu'il n'y ai pas de chef et c'est super

appréciable d'autant plus que s'il y a par exemple une personne qui manque, tous les autres

savent ce qu'ils ont a faire, il n'y a pas genre un chef et s'il n'est pas là on ne sait plus quoi

faire.

- Comment peut on s'organiser sans quelqu'un qui gère un peu tout le monde?

H : Bah déjà au niveau de l'organisation de la cuisine, en début de journée une fois qu'on a...

au début du samedi, souvent on débute à 10h, on s'installe autour d'un café on regarde tous ce

qu'on a et on liste tout ce que l'on peut faire avec ce que l'on a. Après, chacun dit « «tiens bah

moi je vais faire ça », on ne fait pas chacun notre truc de notre coté mais presque tu gère tout

de A à Z. Les personnes qui ne savent pas trop cuisiner, elles épluchent les légumes, elles vont

aider la personne qui, elle, sait cuisiner à faire le plat. Il n'y a personne qui dit: «  Toi tu fais

ça, toi tu fais ça, il nous manque ça! » Et puis même si tu as des conseils à donner ça reste tout

le temps sur la même ligne de conseils, pas d'ordre et après on discute de tout, on ne prend pas

de décisions sans qu'il y ait eu un consensus donc faut mettre aussi les priorités ce que l'on a

en tête et le fait qu'on soit pas totalement d'accord. Maintenant, c'est rarement arrivé du fait

qu'il y ai un consensus, on peut tout le temps trouver un terrain d'entente, ça c'est super

intéressant quoi. On fait toujours tous ensemble, donc on a une liste de diffusion, on a un

système de mail interne et dès qu'il y a un souci on le met sur le liste de diffusion, on discute

du souci, on liste toute les solutions possible et imaginable « qu'est ce que l'on peut trouver

comme consensus » donc la solution que tout le monde serait prêt à adopter et ça va comme

ça on n'a jamais eu de souci.

- Il n'y a jamais eu trop de dissonance d'accord?

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H : Si justement, donc chacun expose ses raisons pour ne pas être d'accord et on arrive tout le

temps à trouver un terrain d'entente.

Dès qu'on s'inscrit sur la liste de diffusion, on reçoit toutes les informations et après les

discussions interne, si on ne veut pas que notre boite mail soit pourri de message qui nous

intéresse pas sur l'organisation et tout, on se désinscrit ou on s'inscrit et donc après les

personnes inscrite peuvent discuter de tous les aspects et des prises de décision au sein du

collectif.

- C'était pareil à Food Not Bombs à Paris c'était la même organisation?

H : C’était pareil ça fonctionnait par des mails il n'y avait pas non plus de chef, l'horizontalité.

C'est un des principes qui fonctionne.

- Mais du coup, comment le mouvement Food Not Bombs est arrivé à Besançon s'il n'y a

pas de chef?

H : S'il n'y a pas de chef? Bah en fait euh...Comment le mouvement est arrivé à Besançon?

Donc, il y a quelques individus qui faisaient aussi parti du collectif Food Not Bombs sur Paris

qui sont arrivé à Besançon et ont souhaité développer ça, tout simplement.

- Ils se connaissaient déjà?

H : Ouais, voilà, ou alors par le biais d'autres associations parce qu'on a quand même pas mal

de réunions sur les mouvements libertaires etc. et par le biais d'autres associations…Voilà, au

début, elles devaient... il n'y avait que des filles, nan, il y avait un garçon! Elles devaient être

5/6 et ça a commencé par une marmite de soupe et du café, point final. Ca a été, et plus il y a

eu de personnes et on a pu élaborer des repas entier quoi. A la base c'était vraiment le strict

minimum, mais euh...même la plupart du temps sur Paris sur Dijon, ça reste une distribution

de soupe, une ratatouille peut-être quelques tartes et puis voilà quoi. Mais c'est rare qu'il y ait

des repas comme ça de A à Z: une entrée, un plat de résistance, plusieurs desserts et le café

quoi. Mais même au niveau matériel, au début on était un peu limité, on n'avait pas les grosses

gamelles pour faire à manger donc on a récupéré ça au fur et à mesure, il y a des gens

justement qui participent, qui nous donnent du matériel.

- Les tables ça c'est pareil ça a été récupéré?

H : Alors les tables qu'on a elles nous sont prêté par le bar du Marulaz, je pense qu'il est fermé

le dimanche et donc Chekip qui est le gérant du Marulaz nous laisse utiliser ses tables.

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- En général, les gens extérieur au mouvement sont contents de participer?

H : Des vêtements, justement, d'ailleurs il y en a trop de vêtements, il y a tellement de gens

qui veulent nous donner des choses parce qu'ils en récupèrent « J'ai pris un tee-shirt, mais faut

que je ramène un truc » «  Bah oui, mais c'est pas obligé! ». Donc on se retrouve avec des

tonnes de fringues à trier, des cartons entiers et ouais...Les gens des invités au festin nous

donnais des fringues qu'ils ne pouvaient pas vendre parce qu'il y avait des tâches ou il

manquait un bouton donc là quand ils nous ramenaient des cartons, on se retrouvait avec un

tonne de fringues et rien que pour entreposer c'est difficile, pour trier encore plus parce qu' il y

a des choses qui partent mais à chaque fois les gens ramènent des sacs quoi. Donc la aussi les

zones de grat' grosse logistique, il n'y a pas que la bouffe.

- Est ce qu'il y a plus de gens qui prennent que de gens qui ramènent?

H : Oh, c'est kiff kiff. Bah là, elle a bien diminué la dernière fois. Mais les gens apprécie,

parce qu’au début la zone de gratuité, il y avait quoi, trois bouquins, deux parkas, il n'y avait

presque rien. Plus ça c'est développé, plus les gens ont apporté et là du coup il y a du choix, ça

c'est sur, tu peux trouver des trucs à ta taille, alors qu'avant c'était vraiment les trucs de strict

nécessité genre des couvertures, des choses comme ça quoi. L'hiver ça part bien, vêtements

d'été aussi, mais, ça permet aussi aux gens qui sont dans la rue de ne pas tout le temps se

trimballer avec toutes ses affaires, ils savent qu'il y a une zone de gratuité et ils ne gardent pas

les vêtements d'une saison à l'autre, ils n'ont pas besoin de se balader avec un sac à dos

énorme entre leur vêtement d'été et leur vêtement d'hiver. On avait même pensé une fois à

récupérer, justement pour ces gens là, leurs vêtements d'été, leur donné leur sac de vêtements

d'hiver, garder un carton de vêtements d'été à leur nom et le ressortir quand ils en ont besoin.

Dans les structures sociale, il y a quoi, il y a un casier mais tu peux rien mettre dedans ça

aussi c'est un axe de développement. Et ce qui est bien c'est plus on avance plus on fait des

choses et plus il y a de choses à faire, on n'est jamais à court d'idées et on tourne jamais en

rond quoi et comme il y a pas mal de nouvelles personnes qui arrivent avec de nouvelles

idées, là, bien sur, ce n'est pas toujours les même personnes, il y a des personnes qui sont

parties, d'autres qui reviennent.

- Il y a beaucoup de participants qui deviennent organisateurs?

H : Il y en a, on ne va pas dire que c'est la majorité mais il y en a, qui viennent nous aider de

temps en temps. Rien que le dimanche à porter des tables ou des trucs comme ça, ça ne fait

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pas partie de l'organisation pure et dure mais c'est bien ils viennent nous aider.

Parce qu'au début, ils attendaient comme ça place Marulaz, ils nous regardaient installer paf

paf, « ah bah oui, c'est un restaurant alors on attend » alors au bout d'un moment on leur dit,

parce qu'il y en a qui nous disaient « olala on a faim, dépêchez vous! » Alors on leur disaient

« bah venez nous aider, vous savez on a besoin d'aide vous pouvez venir, plus on a de bras

mieux c'est » et certains se sont dit « Ah oui peut être que... »

- En général les organisateurs sont d'abord participants?

H : Oui ou non, moi j'ai commencé à organiser sans participer, j'avais pas participer avant

d'aller à la première réunion parce que je venais juste d'arriver à Besançon et je ne connaissais

pas encore.

Mme R, Organisatrice, salariée

Beurre 

- Je pense que tu ne vis pas non plus que pour les restos trottoir comment maintiens-tu ton

engagement ?

R : Il faut le maintenir à son niveau. Moi je sais que si je ne peux pas aller à la cuisine parce

que je bosse dans le social avec les personnes âgées mais au moins tous les dimanches on va

manger tout ça pour dire vous n’avez pas cuisiné tout le samedi pour rien et même si il flotte

on y va. J’habite à Beurre moi je bosse là mon mari vient ici.

- Comme il était venu une fois à vélo ?

R : Oui surtout que lui il a des semaines vraiment chargé de travail mais on tient à venir le

dimanche.

- Tu sais depuis quand existent les restos trottoir à Besançon ?

R : Les restos trottoir ça doit dater de deux ans. Je ne sais pas le tout début de ces restos

trottoirs là mais…

- D’ailleurs en fait c’était un peu une question : Je pensais quatre ans mais…je ne sais

pas…

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R : Moi je pense que ce n’est pas si vieux que ça, je ne crois pas…

- Tu connais les personnes qui sont à l’origine à Besançon ?

R : Non, je sais qu’il y a le groupe à Juliette, Valérie…. Tout ce groupe là qui est le noyau. Je

pense que c’est eux qui ont après fondé le mouvement qui ont essayé de… Je pense que c’est

eux mais après… je sais pas le point de départ enfin ça peut être intéressant de demander

comment c’est venu à l’idée.

- Ben c’est intéressant ça contextualise le projet parce que c’est peut-être suite à des

manifs... Enfin comment les gens se sont rencontrés au départ et ont eu cette idée ?

R : Ouais, cela ça peut être intéressant de savoir. C’est vrai que nous on a débarqué là c’est

l’année dernière donc ca fait un an qu’on y est et en fait on avait vu justement sous les halls

une pancarte resto trottoir à la base on y est allé comme ça. Après c’est moi qui me suis

impliqué dans la cuisine parce que Daniel peut pas enfin, à son niveau il travaille la semaine

et ces horaires aussi crevantes alors voilà quoi…donc il fait selon ses possibilités…Après je

me suis dit je vais m’engager un peu plus parce que c’est sympa. Ce système de sans argent,

de trocs d’habits, de machin enfin à l’heure actuelle c’est des bonnes idées quoi…

Ben quand tu vois dans les vides greniers car nous on est très vide grenier les gens ils

revendent en habit … C’est un magasin enfin ce n’est pas possible quoi...C’est pour ça que

c’est le genre d’initiatives tout ce qui est troc c’est important de faire fonctionner ça !

- Être moins individualiste au final parce que derrière le troc y a aussi tout le coté je

discute avec les gens. Ce n’est pas genre du vas dans ton super marché c’est comme le coté

super marché et commerce de proximité. Ton boucher tu le connais il sait tes goûts : « Ah

oui pour cette viande j’ai pensé à vous » ou ton petit maraîcher qui sait que t’aimes à fond

les kiwis et qui te garde la petite cagette et du coup c’est super sympa.

R : C’est vrai que tout ce qui est de proximité c’est sympa et il faudrait qu’il y ait plus

d’initiatives comme ça. Parce que même là en resto trottoir quand tu vois quand tu ramènes

des habits ou que tu en prends c’est ce que tu dis. T’as toujours quelqu’un qui dit « Oh ça ça

vous va bien c’est votre style ! » tu vois des trucs comme ça c’est sympa du coup tu causes

avec tout le monde.

Et le truc sympa au resto trottoir aussi c’est la diversité des gens. Parce que là vous êtes venu

à une période mais je me souviens qu’il y a l’année dernière au printemps c’était différent,

complètement. Y’avait des parents avec leurs enfants qui avaient un an, des bébés, enfin…

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- C’est vrai que là c’était peut-être pas trop représentatif en fait...

R : A chaque resto trottoir il y a des gens différents.

- Moi c’est vrai j’y suis allé le mois dernier et c’était complètement autre chose. J’ai trouvé

que là ça ne ressemblait pas du tout.

R : Tu vois celui ou tu as été là haut y avait un petit gamin qui avait 10 ans et en fait enfin j’ai

trouvé ça génial, son vélo était à coté du banc il s’est excusé parce que son vélo gène et il

m’apprend qu’il est parti en Afrique avec ses parents faire de l’humanitaire et il m’apprend

qu’ils ont fait une école de cirque. Enfin vraiment le gamin il était ouvert. C’est vraiment

génial quand tu rencontres des gens.

- Et tu découvres des choses aussi : c’est le partage d’informations mais informels enfin y a

plein de choses on le sait par des affiches, par Internet, par les médias mais tout ce qui se

partage, les ressentis aussi « Ah je te conseille cette assoc’ tu vas dans ce pays là je te

conseille celle-ci »et « Ah oui y a ce lieu touristique c’est un truc que les gens ne

connaissent pas en général mais il faut y aller » et du coup tu découvres aussi des choses

qui se transmettent que de bouche à oreille enfin c’est un peu comme la transmission de

générations en générations.

C’est vrai qu’à la base le sujet sur les restos trottoir nous intéressait aussi pour ça pour

découvrir. Ce n’est pas forcément très connu enfin moi j’en avais jamais entendu parler.

C’est un peu du bouche à oreille quoi.

R : C’est sur les affiches parce que moi avant j’habitais quatre ans à Lille et je me demande

s’il y en a pas un. C’est une grosse ville et je me dis que si ça se trouve y en avait un et je suis

passé à coté.

- Mais c’est dans certains quartiers je trouve qu’il y a vraiment des affiches. Moi j’en vois

souvent vers le pont battant dès que je passe je vois des affiches resto trottoir sur les

poteaux mais dans d’autres quartiers c’est vrai que j’en ai pas trop vu.

R : Au centre ville les affiches sont au même endroit c’est genre le petit cinéma Victor Hugo

la y a une cabine téléphonique et il y a tout le temps une affiche. Et en fait dans la grande rue

c’est pareil y a deux ou trois affiches. Il faut savoir que les gens ne veulent pas qu’on affiche

donc il y en a qui décolle ou qui recolle dessus. A la brioche dorée pareil y en a, au fournil

comtois t’en a toujours. Ben observez parce que yen a dans différents endroits.

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- Il faut trouver les endroits un peu stratégiques en fait. Toi tu as déjà fait le collage ?

R : Non. Je pense qu’ils se réunissent par petits groupes pour aller coller les affiches.

- Par 2 en fait. Ils en discutaient à la réunion et je crois qu’il y a deux ou trois binômes et

puis ils décident à cette date on va coller. Puis ils le font à deux parce que ça permet d’avoir

des discussions, de connaître d’autres personnes du collectif aussi. C’est ce que Valérie

expliquait comme quoi c’est super important de ne pas le faire tout seul parce que déjà ce

n’est pas marrant et être à deux ça permet d’apprendre à se connaître et pour le collectif

c’est aussi important de ne pas être là seulement pour le collectif mais aussi d’avoir des

relations. Les restos trottoir on prône les relations du coup il faut qu’elles existent dans le

resto trottoir.

R : C’est sympa. Nous depuis qu’on y est on a trouvé ça franchement sympa.

- On a une grille de questions : d’après toi qu’est-ce que la culture du mouvement resto

trottoir ? En fait c’est notre problématique. Je pense que les motivations sont différentes

selon les personnes.

R : Je pense qu’il y a des points en commun pour tous genre le gaspillage de bouffe la

première des choses c’est ça quoi. Mais après je pense que chacun selon son expérience et sa

vie a des motivations différentes. Moi c’est déjà pour le gaspillage de bouffe c’est déjà ça qui

m’intéresse parce que chez nous on fait très attention et puis de deux c’est le partage. Le fait

d’être avec de gens parce que maintenant la société est tellement matérialiste et individualiste

que t’as envi de te regrouper justement là dedans. Donc moi c’est vrai que c’est surtout pour

ces deux points là après y aura d’autres points qui peuvent ressurgir. Puis moi j’ai des beaux-

parents qui sont québécois donc t’as tout le coté américain et ça ca m’a toujours donné envi de

gerber enfin c’est tout à volonté. Quand on a vu l’affiche, en fait nous ce qui nous a tilté c’est

partage de repas pour tous c’est tout c’était ça le slogan. Puis après quand j’ai vu l’initiative je

me suis impliquée dans les restos trottoir. C’est ces deux trucs là puis de rencontrer des gens

enfin au resto trottoir il y a des gens de tout âge, de tout milieu. T’as le hyper expansif comme

le hyper réservé enfin c’est génial.

- Puis il y a pas d’a priori derrière tu sais qu’il n’y aura pas de jugements.

R : Puis si tu es assis à coté de quelqu’un d’hyper expansif et que toi tu y es pas ben tu ne

juges pas tu passes à quelqu’un d’autre. Tu ne juges pas la personne sur ce qu’elle est, sur ce

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qu’elle représente.

- C’est vrai que parfois avec certaines personnes je trouve que le contact est difficile y a des

gens on se dit on aimerait bien discuter avec ces personnes mais même dans la rue et en fait

tu ne vas pas aborder les gens comme ça et là c’est vraiment un lieu qui t’es donné pour

rencontrer des gens. Après je pense que ça peut faire naître d’autres projets et c’est super

important.

R : Oui et tu t’aperçois aussi qu’à plusieurs tu peux faire pleins de beaux projets. Toute le

bouffe que tu fais le samedi au final c’est énorme mais en fait ce n’est pas si énorme que ça

quand t’es dix à faire la bouffe. Y a plein de projet comme l’environnement les gens disent je

ne fais rien parce que ça ne sert à rien. Mais au final si tout le monde fait ça. Depuis notre

arrivée en France on boycott tout ce qui est électricité, on a jamais eu d’ordinateurs, pas de

télé. Au resto trottoir plein de gens ont la même philosophie de vie et c’est ça qui est

important. T’en a d’autres pas du tout par contre mais l’important c’est qu’ils soient là. C’est

pour ça que c’est important de rencontrer des gens qui ont les mêmes idées parce que sinon on

se sent un peu seul dans la société. Quand je vais aux restos trottoir je reprend de l’énergie

parce que tout le monde est simple sans artifices.

Et c’est pour cette raison que l’on s’est inscrit aux sels de Besançon. T’as pas du tout d’argent

qui circule tu fonctionnes en goutte de lait. Tu proposes des objets et des services et en

échange tu reçois des gouttes de lait. C’est un système de troc. Environ 50 personnes y

participent de tout âge et de toutes catégories sociales. C’est un peu les mêmes initiatives que

le resto trottoir c’est la rencontre.

- Au niveau de resto trottoir qu’est-ce que tu vois derrière le concept de gratuité ?

R : Tout se monnaye à l’heure actuelle donc c’est important d’avoir des systèmes d’échanges.

Tu peux faire plein de choses sans qu’il y ait toujours ce système de monnaie qui régisse tout.

On s’aperçoit que l’on peut avoir une super vie sans pour autant toujours posséder plus. Moi

je travaille ¾ du temps et ça me permet de faire du bénévolat. Mon mari va diminuer aussi

son temps de travail. L’argent c’est un engrenage plus t’en a, plus tu veux acheter, plus tu as

de crédits et au final c’est un engrenage. Et donc cette gratuité c’est une façon de casser cet

engrenage. Le bénévolat c’est bien car tu n’as pas tout le coté compte-rendu c’est plus basé

sur la relation. J’ai conscience qu’on a toujours besoin d’argent. Avec mon mari on ne pourrait

pas vivre dans un éco village au fond d’un bois par exemple !!

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- Est-ce que tu considères faire de la politique en venant aux restos trottoir ?

R : Moi tout ce qui est politique non mais c’est mon mari qui m’ouvre les yeux à chaque fois

et qui me dit que c’est ce qui fait aussi avancer les choses. J’abandonne ce coté politique c’est

une autre façon je pense pour faire passer ses idées. Moi à la base si je m’engage ce n’est pas

pour faire de la politique.

- Penses-tu que les restos trottoir ça prend du temps ?

R : Oui beaucoup. Derrière t’as les réunions les collages d’affiches la récolte des fruits et

légumes… Moi je ne participe pas à tout ça j’ai un peu la facilité j’arrive le samedi et je

cuisine. Le principe des restos trottoirs c’est que chacun s’engage à son niveau et selon ses

compétences. Si tu peux y venir qu’une demi-heure ce n’est pas un problème l’important c’est

qu’il y est un suivi derrière. C’est un collectif on a besoin de chacun l’important c’est qu’il y

ait du monde à chaque fois pour aider. Le resto trottoir c’est un mouvement, ce n’est pas carré

et c’est pas l’anarchie.

Ya différentes catégories socio professionnelles dans les organisateurs. C’est assez éclectique

y a pas que des gens du social.

- Tu te considères comme écologiste ?

R : Non, moi je me considère plus comme quelqu’un qui fait un pas pour l’environnement. Je

suis plus quelqu’un qui va agir pour l’environnement, pour les gens…mais de là à me

considérer écolo non car on peut encore plus en faire. Moi j’estime plus que je respecte la

nature, les animaux, les gens en général. Nous on ne mange pas de viande ou très peu. La

seule viande que l’on mange c’est du boucher du coin mais vraiment très peu. Les ¾ de notre

alimentation sont constitués de protéines végétales.

- Est-ce que le fait que ça se fasse sur la place publique a de l’importance pour toi ?

R : C’est génial parce que ça permet de se réapproprier l’espace publique. Moi ça fait un an et

demi que je suis sur Besançon et je découvre encore des choses, les gens passent et repassent

et ne font plus attention donc ca permet de se réapproprier l’espace publique. Avant je n’allais

jamais place Marulaz et pourtant je la trouve hyper sympa avec sa fontaine, ses arbres… Le

fait de faire ça à l’extérieur c’est plus convivial tout le monde s’assoit par terre, t’as pas tout

ce coté un peu guindé. Ca permet de bouger plus facilement de passer d’une personne à

l’autre et non pas de rester toujours à la même place. Tu as ce coté mélange de personnes qui

quand tu es enfermé tu n’as pas. Les gens y viennent aussi plus librement tu n’as pas ce coté

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gène d’entrer dans une salle.

Mr O, Organisateur, salarié

Besançon

- Pour toi, qu’est-ce que la culture du mouvement Resto-Trottoir ? 

O: il n’y a pas de mouvement resto trottoir. Il y a un mouvement « food not bombs » et resto

trottoir est un « food not bombs ».

Le mouvement « food not bombs » s’intègre depuis le début des années 80 et on peut

remonter aux années 60 avec un mouvement qui s’appelle « les diggers à San Francisco ».

La culture, c’est une manière de protester contre beaucoup de choses de notre société, tout en

le faisant de manière constructive.

Dans le mouvement « food not bombs », il y a plein de groupes différents. J’y suis arrivé par

le mouvement Punk musical. Il y a des connexions avec les mouvements « anar »,

libertaires…

- Au niveau de l’historique du mouvement « food not bombs » ?

O : L’historique n’est pas continu, c’est des expériences qui ont lieu à certains endroits, qui

s’arrêtent, qui recommencent donc c’est pas un réel mouvement qui a une histoire. C’est plus

un zone d’autonomie temporaire qui se développe à certains endroits et qui fonctionne de

manière libertaire la plupart du temps après je peux pas dire si ça fonctionne exactement

pareil dans tous les « food not bombs », logiquement oui, au niveau de l’organisation, au

moins. De la nourriture végétalienne ou végétarienne au minimum et qui fonctionne

essentiellement sur la récupération des surplus de la société.

- En fait, il y a un peu des bases et chacun agrémente de manière différente…

O : « exactement ! ».

Au sein du « Food not bombs », on n’est pas tous d’accord sur plein de choses mais on est

d’accord sur le fait qu’on peut récupérer de la bouffe, qu’on peut la distribuer, la cuisiner…

Le principal ciment culturel, ce serait : plutôt que d’être d’accord sur tout, faisons des choses

ensemble sur les choses sur lesquelles on est d’accord.

- Comment s’est arrivé en France le mouvement « Food not Bombs ? En particulier au

resto-trottoir de Besançon ?

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O : Au niveau du Resto-trottoir, quelques personnes qui étaient dans les milieux de Paris, soit

des militants depuis un certain nombre d’années, libertaires ou autres, ont eu envie de créer

un « Food not Bombs » sur Besançon et puis, 4,5 personnes se sont réunis, ont dit « on le

fait ». Après, il y a plein d’autres personnes qui se sont collés dessus, beaucoup des gens de

l’origine qui sont repartis de Besançon. Mouvement où les gens tournent beaucoup.

- Pourquoi « Resto-trottoir » ?

O: Parce qu’on voulait un nom français…

- C’est vous qui avez réfléchi à ce nom ?

O: Oui, c’est le Collectif.

- Pourquoi ?

O: Il y a l’idée de resto où on distribue de la bouffe mais c’est pas une soupe populaire, on

essaie de faire de la bonne bouffe, on met des tables, on s’installe et il y a l’idée de trottoir, de

réappropriation de l’espace publique.

- Pourquoi le concept de gratuité ?

O : Ca nous coûte rien de faire ça, mis à part un peu de temps.

Il y a des possibilités car beaucoup de bouffe jetée tous les jours par les magasins, par les

gens, par les marchés. C’est un moyen de nourrir des gens sans dépenser grand-chose.

C’est pas gratuit, c’est pris libre, il y a un pot, les gens mettent ce qu’ils veulent mais y’a pas

de coût initial, y’a pas de volonté de développer plus que ça le mouvement Resto-trottoir, ce

qu’on veut, c’est faire à manger…

Ce qui nous bloque, c’est pas l’argent, c’est l’énergie…

- Au niveau des gens qui s’impliquent dans le mouvement « Resto-trottoir » ?

O : Faire un repas par mois, c’est déjà assez énorme, entre la récup’, la cuisine, c’est des

semaines assez remplies…

- Est-ce que tu considères faire de la politique ?

O : Je ne considère pas qu’on fasse de la politique, on vit dans une société politique donc on

est obligé de prendre des positions. Tous nos actes sont politiques donc faire le Resto-trottoir,

c’est un acte politique après je le revendique pas comme une position politique. C’est une

démarche politique parce que c’est un moment de convivialité et ce serait un truc très austère

comme ont l’habitude de le faire « les politiques », j’y participerai pas. C’est un

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fonctionnement collectif, libertaire…

- Est-ce que le collectif a déjà pu discuter avec des politiques de Besançon ?

O : Non on n’a aucun contact et on n’a pas envie d’en avoir.

- Des gens vous ont sollicités ?

O: Non. On a des rumeurs de gens qui disent : « Resto-trottoir, ça existe, c’est une bonne

initiative », ça va pas plus loin. Nous, on n’a pas besoin d’eux et on va pas aller les chercher

plus que ça…

- Vous avez l’impression d’être reconnu à Besançon ?

O: On est reconnu par les gens qui viennent, c’est les seules personnes par qui on a l’intention

d’être reconnu. Je n’ai pas envie que les journalistes viennent écrire des articles pour que les

gens soient au courant plus que ça. On a un affichage, c’est une action locale, on est une

grande majorité habitant la boucle, ou battant ou guère plus loin donc c’est une action qu’on

fait au centre ville.

- C’est pour les gens avec qui vous vivez en fait, dans le quartier, quoi !

O : Oui, pour les gens du quartier, qu’on croise tous les jours ou pas tous les jours mais qu’on

croisera…C’est une occasion de lier des relations avec des gens avec qui on n’aurait pas

automatiquement lié des relations sans le Resto-trottoir…

- C’est un temps particulier dans le mois où on est un peu posé pour prendre du temps pour

les gens avec qui on vit…

O : C’est l’occasion qui fait qu’on pourra en prendre à d’autres occasions après, or du Resto-

trottoir. Sans ce mouvement initiateur, tu te connais pas, c’est difficile, on a tous des vies…

entre ceux qui ont du taf, ceux qui sortent pas du tout…

- Oui, on a chacun nos programmes et si on se le cale pas, on ne va pas forcément prendre

des initiatives….

O : Il y a des personnes âgées qui viennent, avec qui on n’aurait pas de rapport autrement

parce que…pas parce qu’on ne veut pas mais parce qu’on n’a pas l’occasion, il y a tout ce

rapport là qui joue…

- Et justement les personnes âgées, elles viennent de loin autour de Besançon, comment

elles sont au courant ?

O: Alors ça, je ne pourrai pas te dire…je ne sais pas d’où viennent les gens…

- Une fois, je discutais avec une dame qui venait du quartier St Claude, vous faites des

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affichages jusque là-bas ?

O : Non, on affiche au centre ville, à battant, c’est essentiellement le bouche à oreille qui doit

fonctionner. L’affichage est plus pour rappeler aux gens la date et après ils peuvent en parler

aux autres.

Les gens qui viennent sont assez tournants, on a un noyau de fidèles mais le reste ça tourne.

- Et sur le plan écolo ? Est-ce que tu te considères comme écologiste ?

O : Je fais certains choix qui peuvent être écologistes, d’autres un peu moins…

- Et concernant le Resto-trottoir ?

O : En tant que Collectif, on essaie de limiter l’impact qu’on aura sur l’environnement. On a

de la vaisselle en dure pour pas se servir de vaisselle en carton à jeter, on fait des choix qui

sont plus durables alors qu’on pourrait se simplifier la vie avec des trucs en carton, ça prend

pas deux heures de vaisselle à la fin du dimanche, etc.…Ce sont des vrais choix écologiques,

et encore, on use de l’eau pour les nettoyer…. on essaie de faire au mieux.

- Et concernant les repas végétaliens, pourquoi végétalien et pas végétarien ?

O : Alors végétarien, on récupérerait très peu de produits animaux, du lait il y a peu de

chance, on en a déjà récupéré un peu mais ce n’est pas le genre de produit qui se récupère

facilement…

il y des gens qui sont végétaliens au sein du Resto-trottoir donc autant que ça respecte au

minimum…c’est-à-dire que la nourriture végétalienne, on est sure que quasiment tout le

monde peut la manger, y’a pas de problème d’allergies, c’est une solution de simplicité

c’est une solution politique aussi puisque les produits animaux, ça entraîne quand même de

l’exploitation animale, et des pollutions aussi donc tant qu’on peut limiter,

c’est une solution de facilité aussi parce que les œufs, c’est beaucoup plus périssable que des

légumes, parce que tout ce qui est produit laitier, ce sont des choses qui peuvent être plus

dangereuse niveau hygiène aussi…

Tous les membres du Resto-trottoir ont une raison pour laquelle ils sont d’accord avec le

végétalisme du Resto-trottoir, on a tous une raison différente mais ça mène au même but.

- Quelles sont les valeurs à relier derrière le moment de rencontre, parce que les Resto-

Trottoir, c’est un moment de rencontre, qu’est-ce qu’on peut trouver derrière ?

O : C’est-à-dire, le moment du repas ou … ?

- La rencontre se fait au repas mais aussi après…

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O : Je pense que c’est assez variable des Resto-trottoir, des humeurs aussi…oui, j’y cherche

un peu de relation, je ne cherche pas de la relation humaine mais j’ai envie que sur le lieu du

Resto-trottoir, que ce soit un endroit où les gens se rencontrent, qu’on permette de dépasser le

cadre quotidien et puis de nouer des rapports, c’est tout…Après si les gens se connaissent, ils

ont plus de chance de faire des choses ensemble, donc ça a un intérêt à ce niveau là aussi…

- C’est quand même un des objectifs du Resto-Trottoir aussi, de permettre aux gens de

pouvoir se rencontrer autour d’un repas…

O : Bien sûr, de se rencontrer, de discuter, de venir à une conférence, essayer de faire des

petits concerts, c’est un moment de rencontre socioculturelle, et puis de manger en même

temps…

C’est aussi un moment de tranquillité dans la vie de beaucoup de personnes qui sont sous

pression assez régulièrement. Resto-Trottoir, c’est un endroit où on ne demande rien à

personne, tout le monde s’installe, tout le monde peut boire un coup, c’est peut-être un rapport

à la simplicité des rapports, ça rend les rapports plus simples.

- Et l’importance d’une organisation sur la place publique, elle est de quel ordre ?

O : Les gens du quartier, je ne les vois pas vivre sur l’espace publique. Je pense qu’il y a une

réappropriation de l’espace publique qui est nécessaire, à tout niveau : sortir, s’installer, boire

un coup. Finalement, il y a pas mal de choses qui font que l’espace publique est plus si

publique que ça. Ca devient un espace contrôlé, où on ne fait plus confiance aux gens.

L’espace publique, si la population le laisse à l’abandon, c’est là qu’il y a le plus de risque qui

ait des problèmes qui s’y passent.

- Donc concrètement, le Resto-Trottoir, squatte la rue sans demander d’autorisation ?

O : oui.

- Mais il y a des gens qui vous ont déjà posé problème ?

O: Au niveau autorité, non. On a commencé sur le parvis de l’église et ils étaient un peu gênés

pour intervenir puis on a bougé car ça ne nous convenait pas non plus. On est allé sous les

arcades, après on est venu à Marullaz et c’est parfait.

- Mais comment vous avez choisi ce lieu ?

O : On a discuté, on se disait pourquoi pas le quartier battant puis en fait Marullaz, ça nous

arrangeait techniquement car le bar et la librairie nous prêtent des tables, donc on était

beaucoup plus près.

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- Selon toi, les gens qui viennent au Resto-Trottoir, comment ils la vivent cette

réappropriation de l’espace publique ?

O : Je pense que c’est variable pour les gens. Certains vivent déjà dans l’espace publique,

pour ceux qui vivent en appart, c’est une occasion de se rendre compte qu’on est bien dans la

rue.

- Il y a des gens qui habitent place Marullaz qui descendent parce qu’ils vous entendent ou

vous voient ?

O : Je ne sais pas exactement car je ne me rends pas compte d’où les gens arrivent forcément.

- Est-ce que vous voyez les gens qui vous donnent participer au Resto-Trottoir ?

O: Non, pas vraiment, souvent c’est les gens du marché et ils travaillent beaucoup donc ils ne

peuvent pas venir le dimanche et puis ils ne sont pas tous du coin.

- Est-ce que tu vois une différence entre ce que tu attendais au début des Resto-Trottoir et

ce qu’il s’y passe maintenant ?

O : Je n’avais pas d’objectifs particuliers. Je suis content de ce qui se passe, parce que ça se

passe bien, parce qu’on mange bien, parce que les gens se rencontrent, parce que ça

fonctionne globalement. Je n’avais pas de buts particuliers mais en tout cas je ne vois rien de

négatif dans l’expérience.

- Comment vous vous organisez au Resto-Trottoir ?

O: On a une organisation assez pesante mais assez lâche. On a beaucoup de tâches précises à

faire, donc c’est les gens qui sont dispos qui s’inscrivent. Le fonctionnement pour les choses

plus générales est un fonctionnement au consensus, sachant qu’il y a plein de gens qui

reviennent de nouveau donc il faut sans cesse réexpliquer des choses et c’est bien dans un

Collectif de réexpliquer certaines choses régulièrement et de les mettre en question.

On ne cherche pas à s’affronter, on discute et on a une organisation pas pesante dans la

mesure où les gens décident ce qu’ils vont y faire.

On n’a pas de façade politique à présenter, on fait ce qu’on a à faire. On est un Collectif qui

distribue de la nourriture une fois par mois dans les rues pour des raisons variables suivant les

gens.

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Ce qui est important aussi, c ‘est que ça permet aux gens de s’autonomiser, de se prendre en

main. Par exemple la cuisine, même si il y a du partage, il faut savoir prendre des décisions

seul aussi.

- Est-ce que tu participes à d’autres mouvements associatifs, politiques, etc. ?

O : Je file des coups de main à certaines choses, que ce soit au niveau anti-spécisme ou des

fois libertaires mais je ne suis pas quelqu’un d’impliquée plus que ça.

Mr L, Participant, étudiant, 26 ans

Besançon

- Pour toi, qu'est-ce que c'est la culture du mouvement Resto-Trottoir?

L : C'est l'échange. Pour moi, c'est un des moyens de sortir du capitalisme, carrément. C'est

politique.

- Et la question de culture ou mouvement ?

L : Plutôt, carrément un mouvement !

- Pourquoi le concept de gratuité, et qu'est-ce que tu vois, en fait, derrière la gratuité ?

L : C'est la rencontre. La gratuité permet une accessibilité à tous. Justement toutes les classes

sociales ne sont pas représentées car on a beaucoup l'image de soupe populaire.

- D'après toi, qu'est-ce qu'il y a derrière ces rencontres ?

L : C'est l'idée de mixité sociale, de partager des idées.

- A ton avis, pourquoi manger plutôt dans un lieu ouvert, plutôt que dans un lieu fermé?

L : La visibilité est plus large, on peut toucher plus de personnes. Il y a aussi le phénomène du

passage de la porte, qui implique beaucoup plus la personne.

La porte symbolise la responsabilisation, on s'apparente à un mouvement en rentrant dans un

lieu. C'est aussi l'idée d'aller vers les gens, de ne pas attendre qu'ils viennent à nous.

- Te considères-tu comme étant écologiste ?

L : Oui !

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- Pourquoi ce concept de gratuité ?

L : C'est l'idée d'aller contre le capitalisme. La gratuité, c'est l'avenir. Créer d'autres manières

de partager, aller à l'encontre de l'individualisme.

- Participes-tu à d'autres mouvements, associations ?

L : Oui, je participe à la ligue de l'enseignement, au C.A.C [Collectif pour des alternatives au

capitalisme], et à A.T.T.A.C [Association pour la taxation des transactions financières et pour

l'action citoyenne].

- Considères-tu faire de la politique en venant au Resto-Trottoir ?

L : Oui, moi je pense que tout est politique ! Je repense à la place publique chez les Grecs,

l'Agora, où à partir du moment où l'on est citoyen, on a ce droit de s'exprimer sur la place

publique.

- Pourquoi le végétalisme au Resto-Trottoir ?

L : ça bouffe trop de surface de bouffer de la viande. En fait, c'est une question de pollution.

Le prix de la viande dépense beaucoup d'énergie. Et puis, c'est la question de l'homme par

rapport à la nature, sa position de tout-puissant.

Moi, je suis végétalien pour la protection animale. Et puis pour nourrir des animaux, on doit

avoir des champs, au lieu de ça on pourrait nourrir des hommes. Pour moi il faut prendre en

compte l'intérêt des animaux. L'élevage d'animaux de boucherie, l'élevage industriel/ intensif,

c'est source de gaspillages, de pollution (électricité, gazole, eau...)

Par contre, si les animaux vivaient dans la nature (agriculture BIO), je serais d'accord de

manger de la viande.

- Pour le moment, tu n'as participé qu'une fois au Resto-Trottoir, mais souhaiterais-tu

t'impliquer d'avantage ?

L : Oui, j'aimerai m'impliquer dans la préparation des repas prochainement. Et puis, ce

mouvement répond vraiment à une idée de démocratie participative, ce que j'étudie en ce

moment.

- Quelles sont les idées politiques qui t'intéressent dans ce collectif ?

L : Le principe d'autogestion. Actuellement, la société ne peut pas se passer des élus. Mais il

est important de créer des lieux d'autonomie où il y a autogestion.

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- Y a t’il des choses à améliorer pour toi ?

L : Il faudrait un travail de continuité dans les Resto-Trottoir, un autre mouvement, un autre

collectif, parce que finalement, une fois par mois, c'est assez peu.

Le dialogue qui suit retrace un entretien dans sa totalité. Les questions posées

reprennent à la fois la trame de l’entretien, ainsi qu’un questionnaire.

Mme AL, Organisatrice, salariée, 42 ans

Besançon

- On est des étudiants éducateurs spécialisés première année, et donc voilà on travail sur les

restos trottoir pendant un moi pour essayer de comprendre un peu l’activité autour des

restos trottoir donc pour nous c’était intéressant de rencontrer des organisateurs, des

participants, à la fois les deux…Voir un peu ce que vos pouvez nous expliquer par rapport à

çà, ce que vous en savez…

Donc déjà si çà vous dérange pas commencer par l’identité, votre date de naissance, tout

çà…

- Donc votre date de naissance c’est ? 

AL : 31.08.1968

- Dans quel type d’habitat vous vivez ?

AL : HLM… Si c’est çà, HLM

- D’accord. Etes-vous locataire ?

AL : Ben dans un HLM, oui

- Etes-vous en couple ?

AL : Non

- Avez-vous des enfants ?

AL : Non

- Votre activité professionnelle ?

AL : Alors moi je suis enseignante vacataire. Enfin…vacataire…Oui, enseignante non

titulaire

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- Quel est votre niveau de revenus : sans revenus, inférieur ou égal à 500 euros, inférieur

ou égal à 1000 euros, supérieur à1000 euros ?

AL : Vous avez que ces réponses là ? Enfin moi çà me concerne amplement mais…C’est

marrant.

- Ouais ?

AL : Je trouve c’est intéressant d’ailleurs çà. Cà pose tout de suite le cadre dans lequel, ouais.

Alors euh là. (En montrant la case qui la concerne)

- Inférieur ou égal à 1000 euros

AL : Ouais

- Et la ville/code postal ?

AL : 25000. C’est intéressant déjà que vous n’ayez pas choisis…Enfin que vous n’ayez pas

un petit peu étayé les réponses supérieures à 1000 euros. Parce que çà veut dire que vous

placez déjà le resto trottoir, enfin vous avez sûrement raison d’ailleurs,

- Ouais ?

AL : Enfin…

- Après je sais pas on s’est dit aussi pour pas forcément mettre les personnes mal à l’aise,

essayer de faire des tranches euh c’est plus délicat pour nous…

AL : Alors vous trouvez que c’est plus facile d’avouer qu’on a pas de revenus que de…

- Non pas forcément mais euh…

AL : Que des revenus importants ? Mois je suis pas sûre. Hein

- Ouais

AL : Je suis pas sûre

- Oui effectivement

- C’est vrai qu’on a pas vu…

AL : Moi je suis pas sûre de çà

- C’est que c’est curieux vous avez raison on aurait pu mettre euh…

AL : Justement je trouve que par rapport aux…Enfin dans un cadre comme les restos trottoir,

d’ailleurs c’est un peu mon cas, vous allez sûrement rencontrer des gens ; alors, vous allez

rencontrer, enfin je sais pas si vous allez avoir à, s’il y a des gens vraiment marginaux.

- Ouais

AL : Exclus, qui accepteront de vous répondre, et pour les gens un petit peu comme moi

euh…Pas vraiment inclus, pas vraiment exclus, c’est justement pas forcément très facile, c’est

plutôt çà qui est difficile à avouer je pense.

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- Ouais. D’accord. Ouais c’est vrai qu’on a…Ouais. Je sais pas pourquoi on s’est arrêté

à…

AL : Enfin, supérieur à 1000 euros çà peut être 5000 euros c’est sûr, mais c’est vrai que…

- C’est pour çà qu’après on a pas plus développé, parce que déjà quand on a plus du SMIC,

c’est déjà qu’on a une situation à peu près…

AL : Oui. Oui oui

- Et à quelle fréquence vous participez au resto trottoir à peu près ?

AL : Ben en fait c’est quand je suis là, comme c’est qu’une fois par moi c’est quand même

souvent.

- D’accord.

- C’est quoi pour vous, la culture du mouvement des restos trottoir ?

AL : Ben déjà j’ai un petit problème avec le mot culture, enfin je dirais plutôt…Ouais, le

cadre, comment çà se fait. Ben pour moi, personnellement, j’étais un petit peu tout ce qui est

le cadre…On va dire…Plus ample, mais pour moi, j’y vais parce que j’ai des copains qui

participent, qui sont organisateurs on peu dire, et puis que je retrouve tout plein de copains.

- Ouais

AL : En dehors hein

- C’est quelque chose d’un peu convivial…

AL : Ouais

- Qui vous permet de retrouver euh…

AL : Exactement. Moi c’est çà

- C’est ce que vous placez en premier dans le…

AL : Ouais

- …Le but derrière les restos trottoir ?

AL : Exactement

- D’accord. Ok.

- Et au niveau du concept de gratuité, qu’est-ce que vous mettez derrière, est-ce que çà a

une importance pour vous ?

AL : Ouais. Je trouve çà très intéressant euh…Dans le…En général. Pas seulement pour les

restos trottoir. Je trouve à très intéressant parce que c’est quelque chose qui existe de moins en

moins. Parce que l’argent çà a pris euh….Toute la place partout. Je trouve que c’est

intéressant de…Ben zone de gratuité dans l’idée je trouve çà très intéressant.

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- D’accord.

AL : Et puis il se trouve pour euh…Pour ce qui concerne la nourriture, ben c’est des trucs

récupérés, donc euh qui coûtent rien, ou pas grand-chose, puisqu’ils rachètent deux-trois

trucs. Et çà montre que, çà ouvre sur plein de trucs, çà montre que, effectivement, il y a une

surproduction de nourriture qui n’est pas utilisée, qui accessoirement -on parle beaucoup de

çà en ce moment- fatigue la terre, fatigue les ressources, et puis qui est jeté. Et qu’avec çà on

peut nourrir, alors là ils nourrissent une petite euh…

- Oui.

AL : C’est petit finalement, mais, çà montre que. Cà met l’accent sur notre société de gâchis

total.

- Oui donc çà, çà vous touche, l’anti-gaspillage ?

AL : Ben oui, c’est vrai que c’est mode, mais c’est vrai qu’il faut respecter les ressources, je

veux dire au point de vue individuel, à moins d’être euh…On ne claque pas tous nos revenus

le premier du mois quoi. Ben c’est çà qu’on fait…euh…A l’échelle euh…

- Et puis on voit tous les repas qu’ils arrivent à faite aussi avec toute la recup’

AL : Ben oui. Et puis en plus bons. En plus bons. C’est impressionnant quand même. Cà

montre que des choses… C’est aussi idéologique, çà va complètement à l’encontre de

l’idéologie un petit peu dominante quoi. Donc çà c’est important pour moi. Qu’il y ait même

des rappels homéopathiques comme çà tout petits, de choses justes différentes.

- Vous êtes là vous, en premier lieu, parce que c’est un moment convivial où vous retrouvez

des amis, est-ce qu’il y a quand même quelque chose de politique, pour vous derrière le

mouvement ?

AL : Evidemment. C’est un peu ce que je disais, c’est montrer que même à tout petites

dose…. C’est un peu contre culturel quoi. C’est intéressant qu’il y ait toujours des petites

initiatives qui s’opposent à l’idéologie dominante, politique, ou culturelle. Et puis aussi, il y a

quelque chose qui est important pour moi, ben c’est que les gens qui sont carrément exclus,

marginaux, qui sont pas des gens faciles à vivre évidemment, c’est pas çà, mais que quelque

part, de temps en temps, et il y en a qui viennent aider, ils aient une utilité sociale. Et puis

- Ouais

AL : Non seulement ils ont une utilité sociale, mais ils viennent comme ils sont quoi. Sans

qu’on les oblige à…Alors c’est pas forcément facile à gérer, enfin çà se passe plutôt bien,

mais il y a les chiens, il y a…Je trouve qu’ils sont pas toujours faciles ces gens c’est forcé.

Mais au moins là ils viennent comme ils sont. Voilà. Ils ont pas à montrer patte blanche.

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- Ils sont pas forcément jugés, c’est çà que vous voulez dire ?

AL : Ouais, peut-être…A mon avis, il est difficile d’éviter de juger, c’est vraiment difficile ;

mais au moins, et c’est un peu…Ouais…

- On leur laisse quand même la porte ouverte.

AL : Voilà. Etre eux-mêmes, comme ils sont quoi. Je trouve çà très important.

- D’accord.

- Il y a quelque chose d’écologiste pour vous derrière le mouvement ? Avec tout le côté anti-

gaspillage…

AL : Ben oui.

- Est-ce que vous, vous vous considérez comme quelqu’un d’écologiste ?

AL : Ben, j’ai du mal à me mettre des étiquettes. Et puis je suis pas assez impliquée ou euh…

Pour me dire vraiment écologiste, après euh oui…Enfin on est aussi en ce moment beaucoup

sensibilisé à çà. Mais oui effectivement, la razzia sur la planète, c’est impressionnant quoi.

C’est très impressionnant, donc là-dessus oui…

- Donc c’est quelque chose qui vous sensibilise mais après voilà.

AL : Ouais

- Vous ne vivez pas que en fonction de çà.

AL : Non

- C’est pas une priorité pour vous., vous faites attention dans vos gestes du quotidien sans…

AL : Oui quand même. Disons que à défaut de pouvoir, ben comme beaucoup de gens, à

défaut de pouvoir vraiment faire quelque chose…Je vais pas éviter de prendre ma voiture si

j’ai à la prendre, mais au moins je suis consciente, même dans mes petits gestes à moi. Je suis

consciente qu’on vit dans un monde quand même euh… Ben inquiétant quoi, à ce niveau là

comme à plein d’autres, mais à ce niveau là. Je veux dire, l’histoire du pétrole en Louisiane,

c’est dément, c’est complètement dément. Il n’y a que çà à dire, tout le monde le sait bien.

- D’accord. Et pour vous les restos trottoir, en quoi c’est vraiment écologique ?

AL : Ben. D’une certaine façon…C’est ce que je disais, çà montre que…Déjà, çà fait la

démonstration qu’on produit trop, même au niveau alimentaire. En plus on produit assez mal,

on produit très mal même. Et on en parlait dimanche, en fait euh, je sais plus qui disait çà il

parlait des Etats-Unis bon c’est toujours l’exemple. Aux Etats-Unis ils jettent les produits

avant la date de péremption parce qu’il faut toujours, c’est vraiment le minima, montrer une

image d’abondance dans les supermarchés ; donc il faut acheter beaucoup de nourriture de

stocks ; il faut vraiment que les gens aient sous les yeux l’illusion, qui n’est pas vraiment une

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illusion parce que c’est la réalité, de la surabondance. Tout ce qu’ils veulent c’est plus et plus

et plus…

- Société de consommation.

AL : Et çà, çà va complètement à l’encontre de l’écologie évidemment. La société de

consommation est quand même complètement opposée à l’écologie quoi.

- D’accord.

AL : Enfin j’ai l’impression de vous dire des banalités, c’est pas possible, mais bon.

- Nan mais euh c’est intéressant. Pour voir l’importance des différentes choses pour vous.

- Et pourquoi un choix de repas végétaliens dans les restos trottoir ?

AL : Ben çà euh…Je pense que pour les organisateurs ce sont ces choses là qui sont en cause.

Parce qu’au niveau écologique, la production de viande, enfin à haute dose, il y a aussi des

producteurs BIO qui font de la viande, elle est complètement anti-écologique. On sait bien

que produire tant de calories au niveau végétal et tant de calories au niveau carné, c’est un

coût complètement différent. Et puis les élevages extensifs, ils ont détruits et appauvris des

terres, donc çà va avec çà. Après, plus au niveau spirituel machin, moi c’est une idée qui

m’intéresse, mais je la pratique pas. Je mange très peu de viande, mais je suis pas

végétarienne. Mais c’est une idée intéressante.

- Comment est-ce que vous qualifieriez ce moment de rencontre. Pour vous c’est un

moment convivial, mais est-ce qu’il y a d’autres termes que vous mettriez derrière ce temps

des restos trottoir.

AL : Ben oui la gratuité quand même. Ben, c’est un peu ce que je vous ai dit, le fait que

certaines personnes très marginalisées euh…Viennent. Il y avait des vieilles femmes la

dernière fois donc euh. Enfin je pense à çà au niveau revenu aussi. Il y a des gens euh, je

pense qu’il y a des gens qui… au niveau économique çà peut sou…Enfin c’est qu’une fois par

mois, çà les soulage pas…Mais c’est déjà un geste. Voilà

- Et par exemple, vous quand vous allez au resto trottoir vous nous disiez que c’était pour

retrouver des copains, partager ce moment avec eux, est-ce que çà vous est arrivé de

rencontrer d’autres gens que vous aviez jamais vu, de vous mélanger un peu, est-ce que des

gens sont venus vous parlez, est-ce que vous êtes allée… ?

AL : Ben c’est vrai que avec la population dite ma….Enfin vraiment que je pense être

marginale, c’est peut-être plus difficile, il faut pas le nier. Je suis pas non plus euh…Est-ce

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que j’ai rencontré des gens -c’est une bonne question- que je connaissais pas… ?

- Cà peut aussi même être par le biais de connaissances que vous aviez, enfin de

connaissances de connaissances.

AL : Oui ben c’est un peu les organisateurs. Oui quand même, parmi les organisateurs. Ben la

dernière fois je suis allée un peu faire la cuisine le samedi et puis après j’ai aidé le dimanche,

j’ai connu certains organisateurs que je connaissais pas.

- Et du coup pas forcément parmi les participants qui viennent ?

AL : Ben en fait, je crois que c’est que des gens que je connaissais. Non je crois pas.

- Et quand vous y aller vous y aller seule ou vous y aller avec vos copains, que vous

retrouvez avant ?

AL : Non on se retrouve là-bas.

- Vous vous retrouvez là-bas, mais vous savez qu’ils y seront.

AL : Ouais. Enfin je sais peut-être pas tous, mais je sais que j’ai de grande chance de

rencontrer…Ben déjà dans les organisateurs, il y en a qui sont pratiquement toujours là, des

copains à moi. C’est rare…Ouais, je me demande si c’est arrivé une fois qu’il y a personne

que je connaisse.

- D’accord.

AL : Je crois pas.

- Ok

- Quelle importance pour vous que l’organisation ben çà se passe sur un lieu public ? Sur

une place public, et pas en intérieur par exemple ?

AL : Ben oui, s’il faut attirer la population de la rue, autant que se soit dehors. Il y a une

visibilité plus grande aussi. C’est pas forcément facile pour tout le monde, il y en a qui

assument très bien, mais je sais que pour moi c’est pas forcément facile. Je suis très sensible

justement aux frontières de classes, si on peut appeler çà comme çà, c’est pas forcément

facile. Je sais que j’ai des…je pense à une copine particulièrement, je pense qu’elle ne

viendrait pas, d’ailleurs elle ne vient pas. Et je pense qu’elle ne vient pas pour çà : parce

qu’elle ne veut pas être assimilée à…

- Elle veut pas qu’on la voit dans la rue avec euh…

AL : Je pense. Enfin je pense que çà peut être sa réaction de...Et moi-même, d’une certaine

façon, je suis pas insensible à çà non plus.

- Finalement, de faire sur un lieu public avec des gens qui passent et tout, çà peut quand

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même être difficile aux personnes qui viennent ?

AL : Voilà. Ouais je pense. Mais c’est bien, enfin les marginaux de toute façon, la plupart ils

sont toujours…C’est toujours difficile pour les gens, enfin moi c’est pas vraiment mon cas, je

suis pas obligée j’y vais parce j’aime bien retrouver mes copains tout çà. Mais les gens qui

sont vraiment en rupture devant, on sait bien que c’est pas facile d’aller, pour beaucoup de

gens, au resto du cœur ou… Cà c’est clair. Mais il y a un côté comme çà, qui n’est pas facile à

assumer.

- D’accord.

AL : Mais je le vis bien. J’aime quand même bien. Je trouve çà sympa.

- Est-ce que vous y voyez un côté…Je sais pas si on peut dire politique, mais en tout cas un

peu….

AL : Complètement

- Pas rebelle, mais oui…

AL : Ben oui, contre culturel comme je vous ai dit et puis euh…Moi çà m’hallucine toujours,

les gens qui pensent…Cà rentre pas dans ma tête, je comprends même pas qu’il y ait débat là-

dessus, sur ben la lutte des classes comme quoi çà n’existe pas. Mais çà m’hallucine quoi, çà

m’hallucine ! Alors elle est peut-être pas virulente, parce qu’il y a pas tellement de moyens de

luttes, mais je sais pas, il y a vraiment des intérêts de classe opposés c’est... Je comprends

même pas qu’on…

- Vous pensez pas que les restos trottoir pourraient réunir justement des personnes de toutes

les classes sociales ? Casser un peu ces barrières ?

AL : Parmi les organisateurs, il y a forcément beaucoup de gens qui ont une idéologique…

Alors que moi j’appelle de gauche, je sais pas si on peut parler encore comme çà, mais en tout

cas moi j’assimile quand même classiquement la droite à la conservation enfin si on peut dire

parce que même çà c’est pas…C’est pas le mot qu’il faut. Mais à une certaine idéologie

bourgeoise où il faut pas…Ben où il faut paraître d’une part, enfin ne pas s’afficher, ne pas

faire de vague…Je pense que dans le organisateurs…

- Vous pensez qu’il y a vraiment une idéologie…

AL : Voilà il y a une difficulté que je comprends aussi, je vous parlais de ma copine, il y a

une difficulté à s’afficher avec des gens très différents. Qui n’est pas seulement politique

même, qui est humaine. Avec des gens qui sont dans une souffrance, dans une déchéance,

personne n’a envie de faire partie de ces gens là à priori, c’est très difficile. Donc voilà on

essaye d’éviter…Enfin il y a beaucoup de gens qui essayent d’éviter cette compagnie là, çà

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leur fait peur, çà les inquiète. Bon après l’inquiétude, la peur se développent de façon

différente, il y en a qui peuvent reconnaître l’attente de la peur, il y en a qui ne la

reconnaissent même plus et puis qui tombent dans le…Dans le fascisme quoi.

C’est pour çà que…Toute classe, en tout cas en ce…Alors il faut pas s’afficher. Parce que je

connais des gens qui font çà à Dole. Ils appellent pas çà…

- Oui c’est pas resto trottoir c’est…

AL : C’est resto rencontre. Bizarrement c’est déjà plus soft. Resto rencontre voilà à la limite

çà pourrait faire un peu bobo. Et puis voilà, je pense que çà…Oui.

- Vous pensez que le nom donné finalement de ce côté-là peut changer quelque chose ?

AL : Ah oui. Pourtant resto trottoir c’est pas si…Mais il y a quand même « trottoir », il y a

rue, il y a…

- Il y a quand même ce côté « la rue » un peu…

AL : Voilà. Resto rencontre çà fait déjà plus euh…

- Venir rencontrer des gens et euh…

AL : Voilà.

- Et dans ce que les organisateurs peuvent espérer de cette journée là, de toute l’idée qu’ils

ont des restos trottoir, est-ce que vous voyez des différences entre ce que les participants

viennent chercher et ce que veulent les organisateurs ?

AL : Ben comme je vous disais, le public le plus marginalisé, par exemple la dernière fois il y

avait aussi des gens de l’est, des roumains. Ceux là ce qu’ils viennent chercher c’est très

certainement, vraiment de la nourriture, parce que certainement il y a un problème là-

dessus….Euh…Qui est quand même facile d’accès c’est vrai, parce que c’est dans la rue,

parce qu’il n’y a pas besoin d’aller au resto du cœur ou je ne sais où. Après, ce qu’ils ont dans

la tête eux, il faut leur demander moi je…Je sais pas.

- Et vous en tout cas est-ce que, quand vous êtes venue la première fois au resto trottoir, est-

ce que çà correspondait à vos attentes ?

AL : Ben chez moi c’est un peu biaisé parce que comme je connais un couple d’organisateurs,

mais je les connais d’ailleurs depuis longtemps, j’assimile à çà, à leurs idées.

- D’accord. Ben si vous vous y assimilez c’est peut-être que vous adhérez quand même aussi

à ces idées là.

AL : Ah ben oui bien sûr.

- Cà reste quand même propre à vous.

AL : Ah oui oui euh…..Oui la question c’était quoi là ?

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- C’était : voyez-vous une différence entre ce que vous souhaitez et ce qu’il se passe

réellement ? Entre ce que les organisateurs veulent mettre en place, leur but à eux

d’organiser çà et ce que vous vous venez chercher.

AL : Pas tellement.

- Nan vous vous retrouvez bien dans le…

AL : Ouais.

- …dans les idées globales

AL : Même si c’est donner….Même si c’était seulement donner à manger à des gens qui en

ont besoin, sans tout ce qu’il y a derrière, sans rien, se serait déjà bien. C’est déjà pas mal. Je

trouve.

- D’accord. Ok.

- Est-ce que vous participez à d’autres mouvements, comme les restos trottoir, ou d’autres

mouvements associatif… ?

AL : Ben moi je suis un peu euh…Je suis pas une militante, c’est-à-dire que je n’arrive pas à

être dans la régularité donc je suis un peu la grappilleuse. J’arrive pas à me dire, je ne peux

pas me dire très impliquée. Enfin, idéologiquement oui, mais dans l’action assez peu. Mais

oui, je connais plein plein de choses. Je connais un peu…Sur Besançon je connais un tas de

choses, plein d’organisations. D’où sont issus certains des organisateurs du resto trottoir

d’ailleurs.

- D’accord. C’est-à-dire que oui, vous allez parfois à des manifestations organisées par des

associations mais dont vous êtes par forcément…

AL : Je connais les gens. En fait je passe surtout par des…

- Par des connaissances ?

AL : Voilà. Je connais les gens. C’est…L’histoire des réseaux euh…

- Ouais. D’accord.

- Est-ce que vous savez un peu comment s’organisent les organisateurs sur la préparation

des journées, tout çà ?

AL : Oui. Ben…Si vous voulez. Ben par exemple demain il y a une réunion, là je crois que je

vais y aller à 19h, mais euh…Comme d’habitude j’y vais un peu en dilettante quoi, Mais bon.

J’y vais, là çà sera la première fois, et ben je sais qu’ils récupèrent sur les marchés.

- Ouais.

AL : Ben le samedi ils font à manger, puisque…Il se trouve que c’est tout prêt de chez moi…

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Et je connais le local donc voilà.

- Donc çà vous le faites : récupération sur les marchés…

AL : Nan nan çà je l’ai jamais fait. Moi ce que j’ai fait c’est la cuisine le samedi et puis la

vaisselle…Nettoyage, vaisselle le dimanche.

- D’accord, ok. Cuisine du samedi au local et puis euh…Vaisselle le dimanche.

- On va peut-être voir avec le questionnaire…Parce que notre dernière question ‘quelles

idées politiques vous intéressent’…Oui, elle rejoint un peu ce qu’on a dit. Alors il y a peut-

être des choses du coup qui vont se retrouver un peu. Alors : comment avez-vous connu les

restos trottoir ?

AL : Amis.

- Connaissez-vous l’origine du mouvement resto trottoir ?

AL : Ben oui. Food not Bombs.

- Depuis quand fréquentez-vous les restos trottoir ?

AL : Depuis que çà existe, çà fait quoi euh…Deux ans, non, c’est çà ?

- A Quelle fréquence participez-vous au resto trottoir, vous nous avez dit à peu prêt tous les

mois ?

AL : Ouais. Si je suis là tous les mois.

- Venez-vous seule ? Donc c’est…

AL : Je viens seule, mais je rencontre toujours des gens.

- Ouais. En sachant qu’il y a toujours des gens que vous retrouvez…

AL : Oui oui…

- On peut dire que vous venez accompagnée avec des amis quand même quoi. Je mets çà ?

AL : Oui oui oui, je manque jamais seule là bas quoi.

- Selon vous, quels sont les éléments liés au mouvement resto trottoir ?

AL : J’ai vu gratuité, mais bon j’aurais pensé hein….

- Ouais.

AL : Ben convivialité.

- Ouais.

AL : La contre-culture, enfin quelque chose comme çà si vous avez.

- Ouais.

AL : Ouais, c’est un peu çà ouais. D’une certaine façon, même si c’est très ponctuel et…une

certaine intégration des…De certains marginaux qui, ben viennent faire la vaisselle par

exemple, d’autres qui, ben je sais pas c’est quoi leur vie d’habitude mais qui peuvent

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éventuellement retrouver un…

- Une utili…

AL : Une utilité sociale. Même si c’est très…Ponctuel et très petit…

- C’est quand même….

AL : Je trouve que c’est très important.

- Comment participez-vous au resto trottoir ? Ben c’est tout ce que vous avez dits sur euh…

AL : Ouais.

- Cuisine ?

AL : Vaisselle.

- Vaisselle le dimanche…Participation aux réunions alors ?

AL : Ben demain je vais y aller mais…C’est un…Je….Moi je sais comment je suis…

- Ca reste quand même une action que vous allez faire donc euh.

AL : Oui oui quand même oui.

- Comment participez-vous à la zone de gratuité, l’espace d’échanges, de…

AL : Ah ben je donne des trucs des fois.

- Vous donnez ?

AL : Ouais.

- Vous prenez ?

AL : Ouais.

- Ah ben les deux. Vous considérez vous comme organisateur participant ou simple

participant ?

AL : Entre les deux.

- Ouais ?

AL : Entre les deux. Parce que… Bon ben, s’il faut vraiment choisir je mets quand même

participant parce que…Oui, je participe quand même.

- Vous considérez pas que vous êtes quand même organisatrice ?

AL : Si si.

- Ah oui donc je mets çà. Participez-vous aux mouvements annexes du resto trottoir  ?

Débats ou projections de films…

AL : Ben je vais aller à la réunion. Attendez je sais même pas s’ils ont fait des projections de

films, çà je sais pas…

- Ben…C’est ce qu’on s’est demandé.

AL : En fait euh…Certains organisateurs, appartiennent à d’autres assoc’, et là il y a des

projections de films, mais je sais pas trop si…

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- Ouais, si en tant que resto trottoir

AL : Je crois pas. Les réunions.

- D’accord. Et en tant que participant, avez-vous déjà pensé à devenir organisateur ? Je

peux mettre oui, c’est le fait d’y être allé qui vous a donné envie de les aider en fait ?

AL : Oui mais je les aide, mais je me considère pas comme organisatrice, comme ‘aide’ on va

dire.

- D’accord. Cà vous a quand même donné envie finalement…

AL : Oui, oui. Ben c’est la convivialité qui me…Qui me…convient là dedans.

- Ouais. Et euh…est-ce que vous ressentez une séparation entre les organisateurs et les

participants ?

AL : Ben c’est ce que je vous disais, oui…Cà dépend de qui on parle. C’est sûr que quand il y

a les roumains, les…Bon déjà qui sont euh…Qui sont vachement différents physiquement,

qui sont euh…Enfin voilà, marginalisés dans leur apparence, ils sont aussi dans leur langue

quoi, ou bien même les marginaux avec leur chien oui, il faut pas nier.

- Vous sentez une séparation…

AL : Ben moi, je le sens.

- Vous pensez que eux, enfin les organisateurs marquent une séparation ?

AL : à se fait tout seul. Ben l’autre jour, il y a avait la table des…Comment dire des

marginaux…Après il y en a aussi qui viennent. Cà dépend. Il y avait une table ‘marginale’ qui

avait sorti la bière et tout çà et tout çà, après c’est des gens qui vivent une réalité…Qu’on

imagine vraiment très différente de la notre, déjà çà fait peur, et eux aussi ils se retrouvent

entre eux, entre gens qui font la même chose, qui ont la même vie. C’est un peu normal. Après

il y a en a quand même euh…C’est ce que je vous dis, dans le lot il y en a à qui çà permet de

retrouver un lien social un peu différent. Ouais, çà c’est vrai.

- Et juste au niveau purement physique, est-ce que par exemple les organisateurs ont un

badge, est-ce qu’ils marquent eux, une séparation, ou est-ce que au niveau…

AL : Nan. Ben, ce sont souvent ceux qui servent déjà.

- Ouais. Pour vous c’est induit quoi, c’est… ?

AL : Ben en plus moi je les connais, donc euh…

- Donc je mets oui alors ?

AL : Oui.

- Expliquez pourquoi ? Ah oui alors…Rien que par rapport à l’apparence physique c’est

déjà forcément…

AL : Oui et puis la façon de vivre…

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- Même si c’est pas volontaire de marquer une séparation.

AL : Et la façon de vivre, je veux dire ils ont une…Les gens qui vivent dans la rue ils sont

marqués d’être…De toute façon on le sait bien.

- En fait on repère bien un peu qui est qui…

AL : Ben oui, bien sûr.

- Repérage évident.

AL : Ben, il faudrait demander à quelqu’un qui connaît pas. Pas…Enfin il y en a oui, çà se

voit bien.

- Ben, il y en a certain qu’on va pas tout de suite repérer qui sont organisateurs, ou plutôt

que simple participant…

AL : Voilà. C’est clair.

- Pour quelles raisons venez-vous au resto trottoir.

AL : Ben convivialité.

- Partager un moment de convivialité ouais ?

AL : Ben moi comme çà…C’est vrai que…Je prends un repas gratuit çà me dérange pas.

- Ouais.

AL : En plus, c’est bon, ils cuisinent mieux que moi.

- Manger ?

AL : Ben oui. Ils cuisinent mieux que moi, voilà.

- Ok. Alors maintenant je vous donne les réponses que nous ont a mises…Don ? Oui, je

coche ?

AL : Pardon, en fait je comprends pas…

- En fait on vous donne une liste de propositions et vous, vous nous dites de qui vous

correspond, pour quelles raisons vous venez…Le don ?

AL : Je dirais plutôt gratuité.

- Plutôt gratuité. Partager un moment de convivialité donc çà je le mets, manger.

AL : Et puis un truc aussi…

- Faire des rencontres ?

AL : Ben oui. Et puis euh…Cà me permet de larguer mes vieilles fringues que je veux plus.

- D’accord.

AL : De me débarrasser.

- Donc quelque part vous venez aussi pour le don ?

AL : Ouais. Ouais mais enfin bon…le don c’est un peu différent. Le don, c’est donner

quelque chose qu’on aime bien.

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- D’accord.

AL : Les vieilles fringues qu’on veut plus…

- Donc je le coche pas le don. D’accord. Est-ce que pour vous il y a aussi un moment de

solidarité ? Enfin dans les propositions il y a solidarité aussi, est-ce que çà en fait partie ?

AL : Ouais.

- Redistribution des richesses ?

AL : Je dirais pas çà. Je dirais…Je dirais pas çà.

- D’accord.

AL : C’est un autre schéma là…redistribution des richesses c’est ce qu’on vit tous les jours.

- Ouais ?

AL : D’une manière imparfaite mais…la société ici elle l’organise. C’est un autre schéma je

dirais.

- D’accord.

AL : Je sais que c’est présent, mais moi c’est pas le truc qui me…Enfin, c’est pas le truc qui

me…Enfin, au niveau végétarisme non, après… Envers les animaux, tout çà…Enfin

évidemment je suis pas pour.

- Oui. Après c’est pas forcément pour çà que vous venez…

AL : Non c’est pas pour çà.

- Ecologie ?

AL : Oui, un petit peu plus quand même.

- Ouais. Action militante protestataire ?

AL : Oui un petit peu.

- Et volonté de réduction des budgets militaires ?

AL : Je dirais non.

- D’accord.

AL : Pas forcément présent dans mon esprit.

- Est-ce que vous considérez que les restos trottoir favorisent la mixité sociale ? C’est ce

qu’on disait un peu tout à l’heure, le fait que les gens se rencontrent de différentes classes.

AL : Dans le sens où quand même il y a certaines personnes qui seraient désœuvrées, qui le

sont sûrement la plupart du temps, mais là çà leur permet quand même un petit peu de faire

deux trois trucs. Oui quand même. Réintégration très partiel et très petite, essai…Voilà, là-

dessus oui.

- Donc je mets oui.

AL : Plutôt dans l’essai de réintégration de certaines personnes, même très ponctuel. Parce

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que tout le monde est bien conscient…

- Du coup il y a la question qu’on vous posait tout à l’heure, c’est si vous fréquentez un

autre mouvement qui soit associatif, politique, citoyen ?

AL : Ben moi je suis comme je vous dit, je suis un peut tout azimut. Il y a quelque chose…En

tout cas il y a une chose à laquelle je pense qui était…Vous avez peut-être entendu parler du

squattage du 6 ? Non ? Ben c’était il y a quelques années, çà me fait beaucoup penser à çà,

justement par rapport à ce que je dis là. Le squattage du 6 rue de la madeleine, vous êtes peut-

être pas de Besançon ?

- Non.

AL : Voilà. Donc c’était une initiative qui a eu lien en 2006, donc c’était prendre un lieu qui

se trouve là, qui était de toute façon…On ne sait pas trop quel…Quel projet il y a sur ce lieu,

projet municipal je parle, et çà a duré quand même 9 mois. Donc pendant 9 mois, il y a eu

squattage, avec activités culturelles artistiques, et avec tous les problèmes que çà peut

engendrer de squatter un lieu, c’est-à-dire il y a une population de marginaux qui…arrivent,

pour le meilleur et pour le pire, c’est très difficile à gérer. Mais, moi ce qui m’a frappé dans ce

lieu qui était…Je sais pas, qui était peut-être condamné d’avance parce que…C’était quand

même…C’était sur qu’on allait finir par se faire expulser, que ci, que çà…Au niveau toujours

ponctuel, moi je crois beaucoup à la ponctualité. Des choses qui se déroulent même…C’est çà

que j’appelle de façon homéopathique.

- D’accord. Des petites choses qui ont leur importance quand même.

AL : Voilà. Qui sont arrivées même une fois. Qui ont montrées que même très ponctuellement

çà pouvait arriver. Ce que j’ai trouvé très touchant, c’est qu’il y a avait vraiment, il y a eu une

mixité sociale dans ce…Et il y a des gens qui sont complètement largués dans leur vie, qui

sont à la rue tout çà, qui ont pu, de façon très ponctuel, peut-être, je n’en sais rien, parce que

je ne sais pas ce qu’ils sont devenus forcément, retrouver une utilité sociale. Ce…Etre…

Enfin…

- Prendre un peu goût à certaine chose…

AL : Voilà. Et puis, non, et puis montrer, parce qu’on les voit toujours de la même façon ces

gens là, montrer qu’ils savaient faire des trucs, qu’ils étaient bons pour des trucs, et je trouve

que les lieux pour çà, ils sont…Dans la société, ils sont…Je connais pas non plus tout, mais

ils sont pas très existants. Il y a pas tellement de…c’est difficile je pense d’avoir une vrai

deuxième chance. Et là, c’est arrivé. Il y a eu des moments…Cà me fait penser à çà. Mais bon

c’était…

- D’accord.

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AL : Ben si c’était, à l’époque çà s’appelait confluence 6. Mais c’est fini hein.

- Nan mais c’est intéressant de le noter. Et vous dites justement que…ben vous vous

intéressez à ces mouvements qui sont un peu ponctuels, c’est peut-être aussi pour çà que

justement vous…Passez un peu…

AL : Oui oui, çà fait partie de moi ce truc de ponctualité mais…Et puis oui des trucs très …

Contre culturel effectivement, très contre culturel qui montrent que et ben, les choses qu’on

imagine impossibles…

- Sont possibles.

AL : Elles arrivent.

- Est-ce que les restos trottoir répondent à vos attentes de départ ?

AL : Ben je les connaissais déjà, je savais très bien à quoi… je vous dit c’est vraiment par le

biais de mes copains.

- Pensez-vous que les restos trottoir peuvent perdurer dans le temps ?

AL : Ben oui. Pourquoi pas. Oui, tant qu’il y a des gens qui prennent çà en main…

- Vous y croyez ?

AL : Ben, qu’ils peuvent perdurer dans le temps, oui.

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ANNEXE 3   : QUESTIONNAIRE

Questionnaire sur le mouvement des restos trottoir

Ce questionnaire anonyme est réalisé par des étudiants de l’IRTS, menant une étude sur les restos trottoirs.

1) Comment avez-vous connu les restos trottoir ?

Bouche à oreille

Affiches

Tracts

Internet/mails

Autres : précisez :……………………………………………..

2) Connaissez-vous l’origine du mouvement resto trottoir ?

Oui Non

3) Depuis quand fréquentez-vous les restos trottoir ?.................................................................

4) A quelle fréquence participez-vous aux restos trottoir ?

Tous les mois

Une fois tous les deux mois

Une fois par trimestre

Une fois par an

5) Venez-vous : - seul : Oui Non

- accompagné : Amis Famille Couple Autres :…………

6) Selon vous, quels sont les éléments liés au mouvement resto trottoir ? (Ne pas donner les

réponses)

Don Gratuité

Festivité Redistribution des richesses

Solidarité Protection animale

Ecologie Convivialité

Volonté des réductions des budgets militaires

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Action militante protestataire

7) Comment participez-vous aux restos trottoir ?................................ ………………………..

…………………………………………………………………………………………………...

…………………………………………………………………………………………………...

8) Comment participez-vous à la zone de gratuité (espace de partage d’objets) ?

Vous donnez

Vous prenez

Les deux

9) Vous considérez-vous en tant que :

Organisateur participant

Simple participant 

10) Participez-vous aux mouvements annexes du resto trottoir :

Débats

Projection de films

Autres : précisez : ……………………………………………..

11) En tant que participant, avez-vous déjà pensé à devenir organisateur ?

Oui Non

12) Ressentez-vous une séparation entre organisateurs et participants ?

Oui Non

Si oui, expliquez pourquoi :…………………………………………………………………......

……..………………………………………………………………………………….................

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13) Pour quelles raisons venez-vous au resto trottoir ?

(Liste sans donner les réponses) (Réponses après propositions)

Don Don

Gratuité Gratuité

Partager un moment de convivialité Partager un moment de convivialité

Manger Manger

Faire des rencontres Faire des rencontres

Solidarité Solidarité

Redistribution de richesses Redistribution de richesses

Protection animale Protection animale

Ecologie Ecologie

Action militante protestataire Action militante protestataire

Volonté de réduction des budgets militaires Volonté de réduction des budgets milit.

Autres : précisez……………………………………………………………………………....

…………………………………………………………………………………………………...

14) Considérez-vous que les restos trottoir favorisent la mixité sociale ?

Oui Non

15) Fréquentez-vous un mouvement associatif/politique/citoyen autre que les restos trottoir?

Oui Non

En tant que : Participant Organisateur

Si oui, le(s)quel(s) ?......................................................................................................................

A quelle fréquence y participez-vous :

Souvent

Occasionnellement

16) Comment vivez-vous l’idée de manger dans la rue et non pas dans un espace fermé?

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Page 86: WordPress.com · Web viewCe questionnaire anonyme est réalisé par des étudiants de l’IRTS, menant une étude sur les restos trottoirs. ANNEXES SOMMAIRE DES …

17) Est-ce que les restos trottoir répondent à vos attentes de départ ?

Oui Non

Précisez :

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18) Pensez-vous que les restos trottoir peuvent perdurer dans le temps ?

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19) Date de naissance :………………………………………………………………………

20) Sexe : Homme Femme

21) Dans quel type d’habitat vivez-vous ?

Maison individuelle

Appartement individuel

Appartement type HLM

Logements sociaux (foyers, centre d’hébergements…)

Autres : précisez :……………………………………………..

22) Etes-vous : - Locataire Oui Non

- Propriétaire Oui Non

23) Etes-vous en couple : Oui Non

24) Avez-vous des enfants : Oui Non

25) Activité professionnelle : …………………………………………………………

26) Quel est votre niveau de revenus ?

Sans revenus

Page 87: WordPress.com · Web viewCe questionnaire anonyme est réalisé par des étudiants de l’IRTS, menant une étude sur les restos trottoirs. ANNEXES SOMMAIRE DES …

Inférieur ou égal à 500 euros

Inférieur ou égal à 1000 euros

Supérieur à 1000 euros

27) Ville/Code postal : ……………………………………………………….……………....