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HOMELIE DE L’EPIPHANIE 2020 Lève-toi, resplendis ! La Liturgie de ce jour évoque à un travers les récits que nous avons entendus et les antiennes que nous avons chantées à entrer dans le chemin de la joie, à nous mettre en route et à resplendir. Une antienne de l’avent nous dit ceci « Tu viens de loin pour nous communiquer l’éclat de ta divinité, gloire à ton abnégation Ô verbe… » Dieu d’abord se met en route, il nous rejoint, dans notre humanité blessée et meurtrie, il vient nous appeler à resplendir, à être porteur de lumière. A Noël nous avons entendu que des bergers des hommes simples, rejetés de la société se sont mis en route à l’appel de l’ange… Ces personnes ont été réceptives à l’inattendu…Le récit de Matthieu qui est à lire comme un midrash, un conte théologique nous parle d’inattendu-surgissement, de mise en route, de questionnement, d’adoration et de lumière. Le récit ne nous parle pas de la nativité, il nous signale que Jésus étant né à Bethlehem au temps Hérode surgissent des mages venus d’Orient à Jérusalem. Ces mages sont des étrangers venus de loin. Ils ne sont pas de « chez nous ». Ils n’ont même pas la même religion. Croient-ils seulement en Dieu ? Ils ont pris la route, se sont mis en chemin. Ils cherchent quelque chose, ou quelqu’un. Savent-ils d’ailleurs ce qu’ils cherchent ? Une vie meilleure ? Un sens à leur vie ? Ils sont pourtant prêts à quitter leur terre, leur famille et leur travail à la poursuite de l’étoile. Justement, qu’est-ce que cette étoile ? De quelle promesse est- elle porteuse au point de mettre ces hommes en chemin ? Ces mages sont peut-être de religion mazdéenne (vieille religion monothéiste) ou une des caractéristiques et le culte du feu symbole de Dieu …ils recherchent peut-être ce feu véritable qui puisse embraser leur vie. Ils arrivent à Jérusalem et questionnent « ou est le roi des juifs ? Nous avons vu son étoile à son lever et nous sommes venus nous prosterner… » Ils jettent le trouble et embarrassent. Le récit nous dit qu’Hérode est troublé et tout Jérusalem avec lui, il convoque les scribes et les prêtres qui consultent les Ecritures et livrent leur réponse… «A Bethlehem de Judée selon le prophète… »Ils lisent les écritures mais machinalement. Apparemment cela n’éveille rien en eux, ils

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HOMELIE DE L’EPIPHANIE 2020

Lève-toi, resplendis !La Liturgie de ce jour évoque à un travers les récits que nous avons entendus et les antiennes que nous avons chantées à entrer dans le chemin de la joie, à nous mettre en route et à resplendir. Une antienne de l’avent nous dit ceci « Tu viens de loin pour nous communiquer l’éclat de ta divinité, gloire à ton abnégation Ô verbe… » Dieu d’abord se met en route, il nous rejoint, dans notre humanité blessée et meurtrie, il vient nous appeler à resplendir, à être porteur de lumière. A Noël nous avons entendu que des bergers des hommes simples, rejetés de la société se sont mis en route à l’appel de l’ange…Ces personnes ont été réceptives à l’inattendu…Le récit de Matthieu qui est à lire comme un midrash, un conte théologique nous parle d’inattendu-surgissement, de mise en route, de questionnement, d’adoration et de lumière. Le récit ne nous parle pas de la nativité, il nous signale que Jésus étant né à Bethlehem au temps Hérode surgissent des mages venus d’Orient à Jérusalem. Ces mages sont des étrangers venus de loin. Ils ne sont pas de « chez nous ». Ils n’ont même pas la même religion. Croient-ils seulement en Dieu ?Ils ont pris la route, se sont mis en chemin. Ils cherchent quelque chose, ou quelqu’un. Savent-ils d’ailleurs ce qu’ils cherchent ? Une vie meilleure ? Un sens à leur vie ? Ils sont pourtant prêts à quitter leur terre, leur famille et leur travail à la poursuite de l’étoile.Justement, qu’est-ce que cette étoile ? De quelle promesse est-elle porteuse au point de mettre ces hommes en chemin ? Ces mages sont peut-être de religion mazdéenne (vieille religion monothéiste) ou une des caractéristiques et le culte du feu symbole de Dieu …ils recherchent peut-être ce feu véritable qui puisse embraser leur vie. Ils arrivent à Jérusalem et questionnent « ou est le roi des juifs ? Nous avons vu son étoile à son lever et nous sommes venus nous prosterner… » Ils jettent le trouble et embarrassent. Le récit nous dit qu’Hérode est troublé et tout Jérusalem avec lui, il convoque les scribes et les prêtres qui consultent les Ecritures et livrent leur réponse… « A Bethlehem de Judée selon le prophète… »Ils lisent les écritures mais machinalement. Apparemment cela n’éveille rien en eux, ils ont une religion extérieure avec un système qui ne bouleverse pas leur vie …Les mages se remettent en route avec mandat du roi Hérode…Hérode lui ne se met pas en route…Nous savons qu’il a peur de perdre son pouvoir et va tuer jusqu’à ses enfants pour maintenir son pouvoir…Nous avons les prêtres et les scribes qui ont fait de la religion un système qui n’éveille rien en eux , un personnage assoiffé de pouvoir et les mages qui se mettent en recherche qui sont eux dans un état d’ouverture…Leur cœur devienne tout brûlant quand ils entendent l’Ecriture .Ce récit veut nous inviter à nous mettre en recherche, en état d’ouverture, de réceptivité au Christ, à son message, à ouvrir notre cœur . Mais cela demande d’être aussi dans la vigilance pour déceler les signes qui nous sont envoyés…Voici que l’astre qui prend à nouveau le relais de l’Ecriture vient à s’arrêter au-dessus de l’endroit, le récit précise qu’ils furent d’une très grande joie…ils virent l’enfant avec Marie et se prosternèrent…Dieu se révèle à eux dans l’humilité. Le miracle de Noël est de nous mettre en face du Dieu-Enfant qui ne fait appel qu’à notre générosité. Ce n’est plus un maître qui fait peur, c’est un Amour qui sollicite le nôtre. » « Tout le sens de la création est changé par cet avènement. Elle ne peut plus s’imposer au-dehors comme un événement étranger. Elle est le dialogue des fiançailles où le « oui » de Dieu a besoin du nôtre pour obtenir son

effet… Toute la puissance du sourire, toute la puissance de la tendresse supposent le consentement. Sans consentement, sans ouverture, le sourire ni la tendresse ne peuvent rien. Et la puissance de Dieu n’est pas autre chose que le sourire, que l’élan même de l’Amour qu’Il est… »( MZundel)Après avoir offert les cadeaux, l’or, l’encens et la myrrhe (le pouvoir, la sagesse, la gloire). Nous avons ici la rencontre de deux humilités (humilité de Dieu et de l’homme)Le récit nous dit qu’ils partent par un autre chemin et l’étoile extérieure disparaît parce qu’ils sont devenus lumière ils portent ce feu sacré en eux… Ils comprennent que « Dieu ne peut, parce qu’il n’est pas un objet, il ne peut se poser nulle part, sinon à l’intérieur de nous-mêmes, il ne peut rayonner que du fond de notre intimité et c’est à travers notre existence qu’il devient une réalité de l’histoire humaine, c’est-à-dire, finalement, que l’Incarnation se poursuit, l’Incarnation n’est pas limitée au Christ comme si il était une espèce de sommet qui émerge de l’histoire, sans avoir à transformer l’humanité en soi. Il est Christ précisément pour les autres, afin de les amener à cette divinisation, afin qu’ils deviennent à leur tour les porteurs de cette valeur infinie en laquelle le Christ a sa subsistance personnelle. » (M Zundel) L’Ecriture nous invite, « Lève toi sois radieuse » et comme l’exprime si bien Grégoire de Nazianze : « Devenons lumière, comme les disciples reçurent ce nom quand la grande lumière leur disait : vous êtes la lumière du monde. Devenons des flambeaux dans le monde, tenant la parole de vie, c'est-à-dire une puissance de vie pour les autres. Saisissons la divinité, saisissons la première et la plus pure lumière. Marchons vers sa clarté avant que nos montagnes enténébrées et hostiles…Donnons-nous tout entiers pour nous recevoir en retour tout entiers, car c’est purement recevoir que se donner à Dieu et faire de notre salut une offrande sacrée. (Grégoire de Nazianze discours 40) Porter cette lumière, Incarner le Christ, le roi épris de justice, qui porte secours au malheureux …devenir puissance de vie, lumière c’est ce qu’évoque encore le prophète Isaïe au ch. 58 : faire jaillir la lumière comme l’aurore c’est rendre la liberté aux opprimés, partager son pain avec celui qui a faim, accueillir le pauvre sans abri alors notre lumière se lèvera dans les ténèbres…c’est le sourire du Dieu incarné qui est livré à notre humanité dans sa fragilité…

« Une fois de plus : NOEL !Qu'est-ce que cela va changer ? Rien, si ce n'est toi :Deviens lumière et tu verras la Lumière... Tout est là :Ne cherche pas ailleurs le sens de cet événement-avènement.L'humanité fraternelle de Jésus porte le jour qui doit se lever en toi.Le Dieu vivant est remis entre tes mains. A toi de créer, avec Dieu et à son image, un monde de joie, de lumière, de beauté. »Maurice Zundel