E. Lozovan D. Cantemir: ,,Le Panégyrique de Pierre le GrandRosii pri Petre Velikom, St....

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E. Lozovan D. Cantemir: Nummer 92 December 1981 ,,Le Panégyrique de Pierre le Grand" Romansk Institut K111benhavns Universitet Njalsgade 78-80 2300 Kbh. S K0b 0 n!"i .. , .. , i ·. ,;- R •, :1 .f " Gebyr 5 ,OO kr.

Transcript of E. Lozovan D. Cantemir: ,,Le Panégyrique de Pierre le GrandRosii pri Petre Velikom, St....

E. Lozovan

D. Cantemir:

Nummer 92 December 1981

,,Le Panégyrique de Pierre le Grand"

Romansk Institut K111benhavns Universitet

Njalsgade 78-80 2300 Kbh. S

K0b 0 n!"i .. , .. , ~ i ·. ,;- - ·

R •, :1 .f ~ " ·~·

Gebyr 5 ,OO kr.

REVUE ROMANE ETUDES ROMANES RIOS

Revue Romane Romansk Institut under K!llbenhavns Universitet udgiver foruden RIOS tidsskriftet REVUE ROMANE, der kommer med to numre om Aret. Det stjllttes af Statens humanistiske ForskningsrAd og har siden 1966 vreret Skandinaviens eneste internationale tidsskrift for romanistik med bAde litteratur og sprogvidenskab.

I 1981 blandt andet:

José Ma. Alegre: Las mujeres en el Lazarillo de Tormes. Daniela Quarta: Il teatro prefuturista di Marinetti. Marie-Alice Séférian: Mer, ville, désert, trois espaces

p rivilégiés du Muezzin de Bourboune. Disp:itatsforsvar: Marcel Hénaff, Sade. L'invention du

corps libertin. Indlreg ved Yvon Belaval og Ebbe Spang-Hanssen, svar ved Marcel Hénaff.

Etudes Romanes fremstAr som srernumre af REVUE ROMANE og rummer stjllrre sam­lede afhandlinger.

Nr. 19 (1979) Arne Schnack: Animaux et paysages dans la description des personnages romanesques (1800-1845)

Nr. 2o (1979) Lene Waage Petersen: Le strutture dell'ironia ne "La Coscienza di Zeno" di Italo Svevo

Nr. 21 (1980) Michael Herslund: Problèmes de syntaxe de l ' anc'ien français. Compléments datifs et g~nitifs

***

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3

A v a n t - p r o p o s

Comme la plupart des écrits de D. Cantemir, Le Panégyrique de

Pierre le Grand nous est parvenu en plusieurs versions d éfectueuses.

Jusques il y a peu de temps on n'en connaissait la substance

qu'à travers des résumés et des commentaires s uccincts. En publ­

iant pour la première fois la version latine (ci-après L3 ), je me

suis vu obligé d'avoir recours au plus mauvais manuscrit existant.

Reprendre le travail à la base en éditant l'original, con­

fronter celui-ci avec les versions successives et, finalement,

placer cet écrit - considéré comme insignifiant - dans la grande

oeuvre de O. Cantemir, tels sont les buts que se propose la pré­

sente publication .

4

1. Les manuscrits.

G original grec inédit, conservé à la Bibliothèque de l'Académie

de Léningrad. Cf. T. A. Bykova - M. M. Gurevic, Opisanie izdani.

napecatannyx pri Petre I, Moscou, 1958, p. 348, 358.

L1= version latine, imprimée avec la traduction russe, St. Péters­

bourg, 1714, là-dessus: P. Pekarskij, Nauka i literatura v

Rosii pri Petre Velikom, St. Pétersbourg, 1862, vol. 2, p. 320·

322, description bibliographique. Quelques détails chez H.

Weber, Das veranderte Russland, Frankfurt, 1721, vol.l p. 5.

L2= copie latine d'après L1 avec le frontispice russe, lv-8~, XIXe

siècle, ms. no. 44 de l'Académie Roumaine, Bucarest.Cf. Gr. G.

Tocilescu dans "Analele Societ~tii Academice Române. Adm. •i

Desb." t. XI (1868) no. 1, p. 64 et 75. Le texte est plein

d'erreurs de transcription. De toute évidence, le copiste ne

connaissait pas le latin. Il confond les ~ avec les f,bévue

banale chez ceux qui ignorent les caractères typographiques

du XVIIIe siècle. Les corrections et l'identification des ren­

vois bibliques sont dues à plusieurs mains.

~3 = édition intégrale: E. Lozovan dans "Buletinul Bibliotecii Ro­

mâne", Freiburg i. Br. V (IX) n.s. 1975-1976, p. 479-502, dont

p. 489 ss. fac-similé de L2 • J'ai suivi L2 . Afin de simplifier

l'apparat critique, les fautes de lecture du copiste sont cor­

rigées tacitement, de même que les retouches successives ne

sont pas indiquées. Partant de l'hypothèse que L1 avait les

mêmes caractéristiques graphiques (ponctuation, majuscules,

italiques) que R1

, j 'ai s uivi par analogie R2 . Les renvois

bibliques ont été vérifiés d'après Biblia Sacra vulgatae edi­

tionis Sixti V Pont. Max. iussu recognita et Cl ementis VIII

auctoritate edita.

1 = fragment final de L1

publié dans le compte rendu du Panégyri­

que dans "Acta eruditorum" Leipzig, nov. 1714 p. 536.

Rm= version russe manuscrite, accompagnant G. se trouve ~raisemb­

la.blement, à la base de R1 . Que lques leçons divergentes par

rappor t à R2 .

R1 = version russe imprimée en 1714 avec L1 . P. Pekarskij reprodu1•

deux fragments du début et de la fin . $t. Ciobanu traduit en

roumain les citations de P. Pekarskij. Il répète aussi les er­

reurs orthographiques: Metamorthoseos pour Metamorph~.

5

Cf. Dimitrie Cantemir in Rusia, dans "A nalele Academiei Române.

Memoriile Sectiunii Literare", s. III, t. II (1925) p. 396 -

397.

R2= deuxième édition russe, reproduisant R1

, publiée par T.S. Bayer,

Istoria zizni i delax knjazja Konstantina Kantemira, Moscou,

1783, p. 323-328 en note.

r 1= fragments roumains traduits par ~t. Ciobanu d'après P. Pekarskij,

cf. supra.

r 2= fragments roumains traduits avec commentaire par P.P. Panai­

tescu d'après L2 . Cf. Dimitrie Cantemir. Viata •i opera, Bu­

carest, 1958, p. 189-192 .

Le stemma se présenterait de la façon suivante

6

2. Edition et démarche de la recherche.

La présente publication reproduit donc le ms. G1 , accompagné de la

traduction L3 . C'est à une méthode assez inhabituelle que je me

suis vu astreint: établir un texte d'après la copie la plus

récente et la plus fautive, avoir recours à de nombreuses conjectu­

res et, seulement à la fin , publier l'original primitif.

Ce n'est pas un mince plaisir que le mien - je l'avoue - de

constater que le jeu des confrontations successives n'a pas été

vain et que mes hypothèses se sont révélées justes. Ainsi, il ne

fait plus de doute aujourd'hui que, pour la version latine, D.

Cantemir s'est servi de la Vulgate et, pour le texte grec, il a

utilisé la Septante. D'emblée, nous entrons, sans le vouloir, dans

le laboratoire secret de l'auteur pour y découvrir sa façon de

travailler. D. Cantemir, qui fabrique son texte à coup de citation.

soudées ensemble avec adresse, dissimule ses sources. En fait, il

n'avoue que l'origine de deux passages: Psaume 20:2 et Isa1e 10:14.

Les autres identifications sont dues aux divers lecteurs du ms . L2.

Je les ai vérifiées dans la Septante 2 , mais j'ai jugé inconvenant

de les reporter sur le texte de l'auteur. L'améliorer ce serait

fausser ses caractéristiques, lesquelles doivent rester inchangées.

Il est presque oiseux d'insister sur le fait que ce n'est pas

~erban, un enfant de 7 ans, qui exprime "ses" vues de haute poli­

tique et de haute stratégie, mais son père. D'ailleurs, la graphie

ne trompe pas: c'est la belle écriture envolée de D. Cantemir que

nous connaissons très bien par ailleurs.

Il y a plus. La présentation - grecque par la langue - suit

les règles de la paléographie arabe. L'encadrement du texte et le

final "en pointe de couteau" sont typiques de la Perse au Maroc, d~

puis l'époque ancienne jusqu'à nos jours3

7

Cl) Colophon P- 40

B

Il n'y a pas lieu de s'étonner: le grand orientaliste connaissait

bien les rigles de la diplomatique ottomane et arabe4

. Cet artifiœ

de mise en page a été même emprunté par la typographie occidentale.

A quelle époque et par quelle filiire, je l'ignore. En tout cas,

dans la traduction française d es Satyres d'Antiokh D. Cantemir,

l'Epître Dédicatoire à Elizabeth Impératrice de toutes les Russies5

s'achive par une citation6 de Pline disposée de la même façon.

Quant à la traduction slave (Rm), je n'en reproduis ici que le

frontispice et la derniire page. J'en remets à plus tar~ la publi­

cation, qui doit comporter, au préalable, une collation avec R1 et R

2. Déjà on peut remarquer quelques divergences de taille.

Dans Rm, on a l a leçon Samoder!ec,dans R2 I mperator7

. Rm0

élimine

aussi les citations latines finales, groupées autour du plani­

sphire, lesquelles, comme o n le verra, jouent un rôle important

dans la construction de toute une doctrine de philosophie de

l'histoire.

~t 1

'1.:j ., 1.-·1 1

: . ; ·· : \ .. 1 ;·.j r 1 . ... , 1

1 1 1: 1

, 1 .. 1 '. -ii "· 1 .1. •:

l!i ·1 11 ·!

1

Q!fi Voluptatibus dcdi-ti , qt1afi it1 diem viv1111t , vivendi ca11fas q11otidiè fi-

11i1111t ; qui vero pojlc-. ros cogita11t , ~ n11:­

moria111 fiti operi-bru exte11d1mt, his 11u/la Mors no1i repent ina ejl, 11t qu.e ftm­per inchoa· t~ITIZ a/i­fjtlÎd ab­

rumpat. PLIN.

L.V. E1•. V.

SATI.

9

10

3. Contenu et but du "Panégyrique".

Même si l'on ne connaissait pas avec précision la date de la pré­

sentation du Panégyrique (1714 ) - ce qui, pour l'époque de sa com­

position, - nous ramène avec une bonne marge de vraisemblance six

mois en arrière (automne 1713) - on la devinerait aisément grâce

à la technique de rédaction.

Comme c ' est le cas pour les autres oeuvres de jeunesse de D.

Cantemir - Le Divan, par exemple - on se trouve devant une mosaïque

de citations ayant pour but sous-jacent d'illustrer les idées per­

sonnelles de l'auteur. Celui-ci s'abrite derrière une formule

illustre - car il ne saurait dire mieux - et, de ce fait, il con­

fère plus de poids à son affirmation indirecte. Il y a là un art

subtil de la c itation, qui mériterait un ample examen et qui est,

en tout cas, dans la tradition classique la plus authentique, la­

quelle ignorait la notion de "plagiat"! Tel était le public ancien:

il se sentait flatté par une référence discrète, dont on ne dé­

voilait pas clairement les "droits d'auteur" (ignorés eux aussi) et

l'on sollicitait sa collaboration à la lecture d'un texte. C'était

par là rendre hommage à son érudition, qu'on ne mettait pas en

doute. A St. Pétersbourg, D. Cantemir se croyait-il dans un cé­

nacle littéraire romain de l'époque d'Auguste? Du moins le feint­

il et il tâche d'honorer son audience.

Ainsi, lorsque $erban Cantemir s'exclame avec les accents

pathétiques du psalmiste: Vsquequo tandem Domine, irasceris, usque­

quo?, on devine dans cet appel l'exaspération de son père . Du coup

il met Pierre le Grand devant les engagements qu'il avait contractée

envers la Moldavie8 par le Traité de 1711. La réponse fait l'effet

d'une mise en accusation, à peine masquée, sous les atours d'une

prophétie: usque ad dies MAGNI PETRI. Si, parallèlement, on lit

les appels adressés par D. Cantemir à Pierre le Grand, appels

restés sans r é ponse puisque le prince a la témérité de les réitérer1

on a l'impression de se trouver en face d'un brouillon du Panégy­

rique.

Les phrases: Populum tuum humiliaverunt et haereditatem tuam

male tractarunt. Venerunt gentes in haereditatem tuam, pollu­

erunt templum sanctum tuum, posuerunt Ierusalem in pomorum custo

diam [ ... ]représentent quelque chose de plus qu'une citation con­

cernant la captivité babylonienne et la destruction du premier

11

temple. Au-del~ du texte apparai t l e drame de la Molda vie envahie

et du grand exode des Roumains en Russie. D'ailleurs, quelques

années plus tard, en 1717, la réalité devait confirmer l'analogie

littéraire. Le monastère de Mira - fondation de la famille Can­

temir - sera endommagé et la dépouille du prince Constatin pro­

fanée lO.

L'analyse des citations que D. Cantemir emploie apporte la preuve

définitive que le prince possédait en Russie le texte de la Vulgate

romaine et de la Septante alexandrine. Cependant, nous ne pouvons ·

pas préciser quelles éditions il a utilisées. Mais un hapax comme

hegemon!des (LXX 2 Macc 13:24 ) est révélateur. Ainsi hospodarowicz,

terme "latin" à l'orthographe polonaise, est inventé par D. Cante­

mir selon le modèle~·; carevic et prouve qu'en 1714 le prince

pensait à $erban comme à un éventuel dauphin. Dans son testament de

1723, il devait changer d'avis en faveur d'Antiokh 11

Il y a lieu de remarquer aussi que D. Cantemir connaissait les

homélies pascales de saint Cyrille d'Alexandrie, proclamé docteur

de l'Eglise universelle par Léon XIII le 28 juillet 1882. Après

la fréquentation de saint Augustin et de Hugues de Saint-Victor,

D. Cantemir montre un nouveau volet de sa vaste culture théologi-12 que

L'encadrement de $erban Cantemir, à l'âge de 7 ans, dans le

régiment Preobrazenskij revêt un aspect tragique. Le chroniqueur

I. Neculce le savait lorsqu'il justifiait son retour en . Moldavie,

au risque de sa vie, par le souci qu'il portait à ses enfants, les­

quels, dans l'empire des tzars, n ' auraient eu d'autre avenir que

celui des armes sous la bannière étrangère 13 Tel a été le lot

des descendants de D. Cantemir et des nobles moldaves, emmenés en

Russie manu militari. Pendant deux siècles et demi, transfo rmés en

mercenaires, ils ont servi d'instrument dans l'oppression abominable

de tant de pays, y compris de leur terre natale 14

4. La place du "Panégyrique" dans !'oeuvre de D. Cantemir.

C'est un truisme de vieille date de dire que le temps révise nos

convictions et qu'il suffit d'un seul faisceau de lumière pour que

l'éclairage change le caractère d'un ouvrage qu'on se met tout à

coup à regarder avec des yeux neufs. Ainsi, il y a plus de vingt

12

ans, l'éminent savant P.P. Panaitescu, un des meilleurs connaisseurs

de l'oeuvre de D. Cantemir, considérait que le Panégyrique, la Mo­

narchiarum physica examinatio et La lettre sur la conscience faisa1er•

partie des •écrits mineurs•15

. Aujourd'hui, nous voyons nettement que la pensée de D. Cante­

mir ne connaît pas de faille, et que chaque texte sorti de sa plume

_ qu'il soit proclamation officielle , traité diplomatique, essai

philosophique, diatribe politique, grand ouvrage historique, simple

lettre privée ou rapport de chancellerie - reflète et r~pète à

satiété une doctrine et des plans stratégiques qui n' ont pas varié

d'un pouce pendant les douze a ns qu'il passa dans l'ombre de Pierre

le Grand. La proclamation de guerre se concrétise dans le "diplôme"

d'alliance (dont o. Can temir avait rédigé le brouillon, que Pierre

accepta sans broncher). Ce papier officiel contien~ à son tour,,

des idées (non exemptes de manipulations de la vérité historique,

telle l'affirmation selon laquelle le trône de la Moldavie "d 'apris

la vieille coutume du pays" aurait été héréditaire et légitime dans

la famille Cantemir!) que consacrera quelques années plus tard la

Descriptio Moldaviae. La concepti on de la succession cyclique des

empires, qui aura pour résultat le triomphe de "l'aigle du Nord"

et la chute de "l'homme malade de l'Europe", est formulée d'abord

par la proposition pythagoricienne: Ab artico Polo omnia fluunt

ad Antarticum (fin du Panégyrique) . Elle apparaîtra déià comme une

réalité prochainement réalisable dans Monarchiarum physica examina­

tio: Habemus inquunt in hac Boreali partem Principem sapientis­

simum et belicosissimum (: o divina pronoia guis tandem sit ille)

Quem nullus Monarcharum, Humanitate et Pietate excedit, pour finir

avec l a doctrine de I ncre men ta atque decrementa aulae ottomanicae .

La simple adresse d 'une lettre privée de 1711 - Piissime Im­

perator - résonne dans la salu tatio impériale de 1721. Le fron­

tispice du Panégyrique: Potentissimus, Pius, Victor, Clementissi­

mus renvoie sans hésitation à l'intitulatio de J u stinie n: ~. ~- 16 Felix, Inclitus Victor ac Triumphator semper Augustus Là on

devine avec une aisance, qui n'est même pas téméraire, la pensée

subconsciente mais si mal cachée de D. Cantemir. Pour lui, Pierre

le Grand était le nouveau basileus Justinien , maître de Byzance et

conquérant de l'Occident et de l'Aftique ! Le triumphator semper

est même traduit en turc dans le "Manifeste d'Astrakhan•: muiaffer

13

da1~ ma ''touJours victorieux" .

Bien plus, le cerveau surchauffé du prince méridional, nourri

dans le sérail où les s uperlatifs ne connaissent pas de limite,

appose sa qriffe, après la prise de Derbend, sur l'inscription de

l'arc triomphal où Pierre est mis au-dessus d'Alexandre le Grand:

STRVXERAT HANC FORTIS, TENET

HANC FORTIOR VRBEM 17

On est en pleine épopée orientale: qui pourrait-on placer plus

haut que Darius, le Roi des Rois?18

Pourtant, il n'est pas seulement question de projets sur le

papier. D. Cantemir n'est aucunement un stratégiste retraité, se­

lon la vision du poète Eminescu - qui "dresse des plans ( de guerre)

à l'aide de couteaux et de bocaux•. Il cherche à se concilier

Pierre d'une façon plus étroite et plus subtile. Si mon hypothèse

- selon laquelle "La lettre sur la conscience • constitue un •tes­

tament philosophique" lors de l a constitution d e la première loge

maçonnique russe, rassemblant les vieux routiers Golovkin et Tol­

stoJ, est juste 19 , tout se tient. Au cours des premières années

de son exil - en dépit des malheurs personnels qui l'avaient

frappé: déracinement, crise morale, décès de sa femme - D. Cante­

mir se ressaisit et jette les bases d'une activité politique de

revanche qui ne devait pas connaître de répit jusqu'à son dernier

souffle ..• et même au-delà: son fils Antiokh, le légataire univer­

sel de ses biens terrestres et de son héritage spirituel n e s 'ef­

força-t-il pas de réaliser ses voeux inaccomplis?

Si Dimitrie a fait du Czar Pierre un Empereur, Antiokh en tant

qu'ambassadeur de Russie auprès des cours de St. James et de Ver­

sailles s'employa avec zèle à susciter la reconnaissance officielle

de l'Europe occidentale. Qui plus est, l'épopée La Pétride 20 , la

première en son genre dans l a littérature russe , constitue le pro­

longement logique des voeux et des efforts du père. Volta ire ne

se trompait pas lorsqu'il écrivait au si jeune diplomate, h omme de

lettres déjà réputé:

"Je trouve dans !'Histoire ottoman e écrite par le prince Démé­trius Cantemir, ce que je vois avec douleur dans toutes les histoires. Elles sont les annales des crimes du genre humain. Je vous avoue surtout que le gouvernement turc me paraît ab­surde et affreux. Je félicite votre Maison d'avoir quitté ces barbares en faveur de Pierre le Grand qui cherchait au mo ins

14

à extirper la barbarie, et j'espère que ceux de votre sang qui sont en Moscovie, serviront à y faire fleurir les arts qu~ v~tre Maison semble cultiver. Vous n'avez pas peu con­tribue sans doute à introduire la politesse qui s'établit chez ces peuples, et vous leur avez fait plus de bien que vous n'en avez reçu." 21

Maintenant, le Panégyrique apparait e~· plein jour, non pas comme

une "oeuvre mineure" mais comme une pièce maitresse d'un puzzle

qu'il n'est pas exagéré de considérer comme l'indice à peine ca­

mouflé d'une vision politique grandiose s'il en fut. Car couver

avec tenacité pendant douze ans l'expansion de la Russie vers

Byzance et le Caucase, rehausser le prestige de Pierre aux yeux

des peuples chrétiens grecs-orthodoxes, faire de lui, même sans

peur du blasphème, "le nouveau Sauveur", imposer à 1 'Europe l' ima­

ge d'un autocrate "progressiste" (le mot n'existait pas!) à la

place du tyran traditionnel, voilà ce que doit la Russie à deux

princes roumains fourvoyés! S'ils ont eu du génie tous les deux,

il est pénible et cruel de constater à froid l'usage qu'ils en

ont fait 22 .

Il n'est pas inutile non plus d'essayer de lire entre les lign~

du Panégyrique, de percer ie sens de certaines phrases presque

"chiffrées", car le cabaliste D. Cantemir était rompu aux sciences

occultes orientales.

C'est d'abord l'épithète du titre qui saute aux yeux: comment

et pourquoi un "Panégyrique" - lequel est par définition éloge et

action de grâce - peut-il être "holocauste", c'est-à-dire •sacri­

fice consumé entièrement par l·e feu". C'est ici que nous devons

recourir à la lecture révélatrice d'un •sous-texte":

Jr 33,18

Gn 22,7

Ex 29,25

Lv 1,13

LV 7,8

qui offerat holocaustomata et incendat sacrif icium

ecce inquit ignis et ligna ubi est victima holocausti

et incendes super altare in holocaustum

in holocaustum et odorem suavissimum Domino

sacerdos gui offert holocausti victimam habebit pellem

eius

Autrement dit, Pierre ne se doutait de rien en écoutant par

la bouche de $erban les louanges ronflantes de D. Cantemir, qui en

son âme et conscience lui reprochait d'avoir immolé la ~oldavie

tel un animal sacrificiel de l'Ancien Testament et, en fin .de 23

compte, qu'il a eu sa peau

15

C'est bien tourné, adroitement dissimulé, avec une ambivalence

à peine décelable, Mais si on va plus loin dans cette lecture parallèle "souter­

raine" on découvre des choses encore plus significatives. Parmi

les deux références avouées par l'auteur, dans l'original G, figure

Isaïe 10:11, avec une citation innocente ou anodine, à souhait.

Mais que dire du début du chapitre?

vae qui condunt leges iniquas et

scribentes iniustitiam scripserunt

ut opprimerent in iudicio pauperes

et vim f acerent causae humilium populi mei

ut essent viduae praeda eorum et pupilles diriperent

quid facietis in die visitationis et calamitatis

de longe venientis

ad cuius fugietis auxilium et ubi derelinquetis

gloriam vestram

Peut-on i~aginer un réquisitoire plus virulent contre Pierre le

Grand, qui avait manqué à sa parole et foulé aux pieds le Traité

de 1711? On ose à peine affirmer que notre décodage est juste.

Un fait est certain: les mêmes textes sont passés sous les yeux

de D. Cantemir et les nôtres. Oui, il est ambitieux de prétendre

que 267 ans plus tard nous sommes capables de pénétrer au tré­

fonds de l'âme du malheureux prince exilé!

D'autant plus que l'interprétation revêt une s ubtile gravité.

Par le biais des paroles d'Isaïe - sous-entendues uniquement pour

les familiers du texte - D. Cantemir accuse carément Pierre le

Grand d'être •un faiseur de lois iniques et de s'être inscrit en

faux". Il n'épargne pas au parjure même les pires expiations de

Dies Irae! Le "Panégyrique" est en passe de devenir une véritable

tabula defixionis et les malédictions sont mises à l'abri inatta­

quable de l'enfant qui les prononce ... lactisugis labiis,lequel

comme on le sait de toute éternité - ne peut proclamer que la

vérité d:vine. Tout cela semble un jeu de l'esprit dont l'éclat

impétueux n'est surclassé que par une témérité à peine imaginable:

l'esclave nargue son Seigneur tout puissant. Un autre D. Cante­

mir commence à se montrer à nous, tout à fait différent des clichés

qui avaient complètement défiguré sa véritable personnalité.

16

5. Après le "Panégyrique".

Excédé par une longue attente des indemnités , à partir de 1717 o. Cantemir changera de ton et ne mâchera plus ses mots. La lettre­

mémorandum de janvier 1718 en est révé latr ice 2 4 :

"Très puissant et très miséricordieux ~eigneur Empereur,

1. Depuis le temps où je me trouvais dans la principauté de

Moldavie, j'ai reçu l'ordre de Votre Majesté Impériale de con­

seiller et de convaincre tout le peuple moldave afin qu'il

prétât serment de servir loyalement Votre Majesté impériale,

et je me suis appliqué de toutes mes forces à ce que tout le

monde s'alignât en armes aux côtés de l'armée de Votre Majesté

impériale contre les tyrans turcs, ils étaient attirés non

pas tant par mon appel que par la parole miséricord ieuse de

Votre Majesté impériale, laquelle a disposé que s'ils juraient

fidélité éternelle et que s'ils la respectaient e n tenant

leurs promesses, à Votre Majesté impériale ,elle n'abandonnerait

jamais tout le peuple moldave qui aurait [en vous] un défen­

seur dans tous ses malheurs, comme on peut le voir dans les

articles 13 et 17 du diplôme.

En véritable juriste, D. Cantemir s'enhardit à fonder ses plaintes

sur les textes transgressés:

XIIIum: Siquando inter Csaream Nostram Majestatem et Turcarum Sultanum pax componi potuerit; Principatus Moldaviae patrocinio ac protectione Nostrae Csareae Majes~atis numquam destituetur; immà, potius inter principalia Moldavica pacta expetendum ut Moldaviae Principatus ad Nostram Csaream Majestatem adhaerere debeat [ ... ]

um XVIII : Praesens Dyploma et puncta energiam et vigo-:em . suum tu~c ~abitura sint cum iuxta expressione in illis Serenissimus Princeps Demetrius Cantimir Nobis uti praememoratum est, coram Sanctissima Trinitate ius iurandum ratione fidelitatis et quod mandatis Nostris perpetuà obediturus, fidelia atque sincera servitia exhibiturus; praestiterit. Idemque ius iurandum et puncta manu propria subscripta ad. Nostram Csaream Majestatem transmiserit iuxtaque illa immutabiliter adimplere[ ... ] ·

2. Avec moi, ton esclave, tout le peuple moldave avons embrassé

la sainte croix au milieu de l'église devant Dieu et Votre

Majesté impériale aux fins de garder la fidélité; et nous avons

respecté la loyauté pendant la guerre et, selon nos forces,

nous [vous] avons aidée non seulement avant l'arrivée de Votre

MaJesté impériale mais aussi après, car nous avons battu beau­

coup de Turcs et nous avons fait des prisonniers parmi eux.

3. Lorsque, par la volonté de Dieu, on a conclu la paix avec

les Turcs sur le Prut, les pauvres Moldaves se sont éparpillés

dans toutes les directions; quant à ceux qui sont restés en

Moldavie, ils ont subi une tyrannie sans limites et ils con­

tinuent à en souffrir chaque jour jusqu'à maintenant. Beau­

coup d'entre eux ont été tués à ce moment-là, l'année passée

80.000 âmes ont été emmenées en captivité, l'on a a bîmé les

saintes églises, les monastères ont été incendiés et réduits

en cendres; en particulier, notre propre monastère a été miné,

détruit, et la dépouille de notre père exhumée et profanée.

17

4. Depuis que la guerre a éclaté entre les Césariens [= Autri­

chiens] et le Sultan, un grand nombre de nos p.;iuvres Molda­

ves sont tués et ruinés chaque jour autant pas les Césariens

que par les Turcs et les Tartares , en sorte que tous sont

arrivés à un désastre insupportable. Le peuple moldave étant

tombé dans un tel malheur, il y a quelques mois le métropolite

a envoyé un archimandrite pour solliciter du secours, et, ces

Jours-ci est arrivé à Kiev l'évêque de Roman, comme il me l'a

fait savoir par une lettre. Le noble de premier rang Sturza

a mandé ici ses deux fils, et les autres nobles, refugiés

les uns en Transylvanie, les autres en Pologne et en d'autres

pays, m'écrivent et ils implorent la miséricorde de Votre

MaJesté impériale de ne pas laisser anéantir le peuple moldave(qui

a juré fidélité à Votre Majesté impériale,l aquelle il respecte

JUsqu•à ce jour) par les Turcs, les Tartares et les Césariens,

mais que vous l'aidiez d'une façon ou d'une autre; car, en fin

de compte, Dieu dirigera le coeur et l'esprit de Votre Majesté

conformément à Sa promesse de ne pas laisser ce peuple chrétien

et la principauté disparaître sans trace.

Si votre Majesté impériale veut bien poser des questions

sur la situation de là-bas, moi qui connais les problèmes de

ce pays, Je communiquerai à Votre Majesté [mes] opinions quant

à la façon de procéder pour le mieux et avec le maximum de

sûreté. [Je demeur e] l'esc l ave très soumis de

Votre Majesté impériale

D. Cantemir «

18

Mais bientôt la coupe étant pleine et le sablier s'étant écoulé

presque entièrement dans le globe inférieur, D. Cantemir, litté­

ralement exaspéré, envoie en février 1721 un nouveau mémorandum.

C'est le plus dramatique qu'on connaisse25

. Maintenant le prince

recourt, sans ménagements, au langag~. sec, des chiffres:

"Au temps de la campagne de Votre Majesté en Moldavie, j'ai

donné aux commissaires (à l'exclusion de ceux qui ont été

payés avec de l'argent de Votre trésorerie) plus de 10.000

boeufs et 15.000 brebis et 10.000 thalers avec quoi j'ai

acheté du froment en Bougeac [: Moldavie méridionale] selon

l'ordre de Votre Majesté, mais qui a été pris par les Turcs;

pour cela je ne demande rien (quoique dans les articles con­

cernant les dédommagements, Votre Majesté s'engage avec les

mots suivants: pour les pertes causées par cette campagne, les

dédommagements seront payés ultérieurement.

Le renvoi regarde les points II, XIV, et XV du traité:

IIum: Pro quâ ipsius Militia tune ex Thesauro nostro pecuniarum su9sidium praestare pollicemur;

XIVum: Si hostis [quod omnipotens DEVS avertat] con­valuerit, et Moldaviae Principatus paganae subiectio­ni remanserit. Tune Serenissimus Princeps in tali oc-casione habet consensum Nostrum respectu refugij in Nostrum Imperium; tum vero ex Nostro Csareae Majesta­tis Thesauro singulis annis tot expensarum habebit, quantum Principi sufficere poterit. Similiter et suc­cessores eius Nostrae Csareae Majestatis largitione in aeterno minimè p~ivabuntur.

XVum: Possessionibus et palatijs quos Constantinopoli habet Princeps; Nostrae Csareae Majestatis gratiâ ubi derelinquit, ijsdem aequales et correspondentes â Nostra Csarea Majestate Moscoviae donabuntur .

+

Tel est le poin t final du traité de Lutzk . Dix ans plus tard

(1711-1721), la Russie était toujours débitrice de la Moldavie .

D. Cantemir avait dépassé le stade des appels littéraires sous­

entendus, habillés de citations patristiques . La minute de yérité

avai t son né . Elle est dite sans ambages sur un ton ferme qui fait

presque fi de l'allégeance et, par endroits , même d e la simple

cour t oisie.

19

NOTES

1) J ' e n dois la transcription à l'obligeance de mon collègue

Stamatis Giannoulos, assistant aux universités de Copenhague et

de Lund. Qu'il veuille trouver ici l'expression de mes sentiments

cordiaux de gratitude.

2) Septuagint a , id est Vetus Testamentum graece iuxta LXX inter­

pretes, edidit Alfred Rohlfs, Stuttgart, 1935.

3) Voir la planche ci-jointe. J'emprunte les exemples dans:

Arabie Manuscripts, compiled by Dr. P.S. van Koningsveld, Leiden,

1978, E.J. Bril l , Catalogue n° 500, p . 1 32; Islamic Collections ,

Leiden, 1979, ibid. Cata l ogue n° 510 , p . 14. On trouvera de nom­

breux autres exemples dans le tout dernier catal ogue n° 514:

Oriental Manuscripts, Leiden, 1981, p. 4, 5, 9, 19 , 26, 28, 33, 36,

37, etc .

4) cf. M. Guboglu, Dimitrie Cantemir - orientaliste , "Studia et

acta orientalista"3 (1961-1962) p. 129-160, surtout p. 141-142.

Voir aussi "le manifeste d'Astrakhan" dont j'ai fait publier la

traduction allemande, en attendant l'édition de l'original turco­

persan (en ma possession).

C'est une véritable ~ahname "lettre impériale" qui suit les

règles classiques de la diplomatique turque: E. Lozovan,

ternir et l'expansion russe au Caucase (1722-1724),"Revue

études roumaines", Paris, 13-14 (1974) p. 91-105.

D. Can-

des

Dans l'album de M. Guboglu, Paleografia $i diplomatica turco­

osman~. Bucarest, 1958, je ne trouve que deux documents (p. 167,

fac. 7; p. 197, fac. 46) qui finissent "en pointe de couteau". Le

dernier constitue une copie faite par le derviche Ibrahim de Tas­

kent; on a donc affaire à une source arabo-persane. Par contre,

les chartes ottomanes finissent à la ligne et débutent en "poire

pointue" au contour fleuri, avec la tugra "chiffre" du sultan

régnant (ibid. p. 175, 256, 277, 278-;-286', 308 ms . 175, 320 ms

192).

5) Satyres de Monsieur le Prince Cantemir. Avec l'histoire de sa

~· à Londres, chez Jean Nourse, 1749, p. 148-151. Il s'agit

plutôt d'une adaptation vague et condensée que d'une version

fidèle et correcte.

20

6) cf. l'édition r usse: Soéinen ija Kan temira, izdanie Al eksandra

Smirdi na, St. Pétersbourg , 1849, p . XIII - XV: Elisavet ê Pervoj

Avgustêj§ej Imperatricê i Samoder~icê Vserossijskoj , Gosudarynê

Vsemilostivêjsej. La citation finale de Pline ainsi q ue le triangle

graphique manquent dans l'original. Pet ite énigme: l'additiGn est­

elle imputable à l ' auteur ou bien au traducteur, l ' abbé.Guasco?

7) Là- dessus voir: E. Lozovan, L'acclamation impériale de Pierre le

Grand, "Romanica" La Plata, 5 (1972/74) p. 201-210.

8) cf. E. Lozovan, Une faillite diplomatique : l'alliance de D.

Cantemir avec Pierre l e Grand (1711) , "Bu letinul Bibliotecii Ro­

mine" Fre i burg i. Br . 7 (11) n.s. 1979, p. 1-36.

Voir surtout le point XVI: Nos et Nostrae Csareae Majestatis

haeredes successores,haec pacta sanctè conservaturos et inviolabil1-

terque comprobaturos, et in aeviternum deberi obligamus.

9) cf. $tefan Ciobanu, Dimi t rie Cantemir în Rusia, " Academia Ro­

mânlL Memoriile Sect:iunii Literare" s. III, t. II , Bucarest, 1925,

surtout p. 461-469, les lettres II et VI. Voir ci-après chapitre 5.

10)$t . Ciobanu, op . cit. p. 483, 512. s . Iosipescu, Manastirea

Mira - zbuciumatul destin al unei ctitorii cantemire9ti, "Magaz i n

istoric" VII n° 10 (oct. 1973) p. 18-20.

11) $t. Ciobanu , op. cit. p . 519 .

12) Pour ne plus parler de la grande d i spute Loca obscura i n

Catechisi, qui traite avec une érudition éblouissan te des questions

fondamentales de la foi grecque-orthodoxe . Le prince se meut

avec aisance parmi les décisions des conciles oecuméniques , cf.

Pr. Prof. T. Bodogae, Dimitrie Cantemir: "Loca obscura". Traducere

9i comen tariu, "Biserica Ortodox~ Român a" XCI , n° 9-10 (sept . qct.

1973) p. 1063-1111.

13) I~n Neculce, Letopisetul T~rii Moldovei, éd. Iorgu Iordan,

Bucarest, 1968, Editura 9tiintific~. p . 119: "Pour ce qui est de

ma p r opre vie je m' en souci ais peu ou p r ou, mais c 'est mes e nfants

que j'avais à coeur, car pourquoi y resteraient-ils [en Russie] ,

pour être des soldats , car à de hautes dignités ne peuvent par ve­

n ir les fils de gens comme nous".

21

14) cf. T.S. Bayer, op . cit. p . 363-400. $t. Ciobanu, op . cit.

p . 431- 455 . St . S; Gorovei , Tovarll~;i de pribegie,"Magazin is t o r ic"

VI II, no. l ( 1 973 ) p . 16 - 17 .

15) op. cit. p . 189-195, 209- 211.

16) Frontispice de CORPVS IVRIS CIVILIS.

1 7 ) Dans [Nestesuranoj ] , Mémoires du règne de Pierre le Grand , La

Ha ye , 1725-26 , vol. 4 , p. 6 70 .

18) Pour l'expr ession Rex Regum cf. T.S. Bayer , Historia Regni

Graecorum Bactrianae, Petropoli, 1738, p. 102-103.

1 9) E. Lozovan, D. Cantemi r avant les Lumières, RIDS,Cop enhague,

n° 77, oct. 1980. De plus : J.N . Manescu, Contributions héraldiques

à l'histoire des Sociétés Secrètes, 26 pages dactylographiées +

11 fig. inédites . L'auteur confirme mon hypothèse et apporte un

s urplus d'arguments héraldiques.

20) Antiox Kan temir, Sobranie Stixotvorenij, Léningrad, 1956 , p.

241-247: PETRIDA, ili opisanie stixotvornoe smerti Petra Velikogo,

Imperatora Vserossijskogo.

21) voltaire, Correspondance (janvier 1739 - décembre 1748), éd.

Th . Besterman , Paris, Gallimard NRF, vol. 2, p. 144.

22) Aux deux Cantemir il faudrait ajouter un autre Roumain (mol­

dave): Nicolas Spathar Milescu , percepteur du Jeune carevi~ Pierre

Aleksejevic, ambassadeur de Russie en Chine. cf. P.P. Panaitescu ,

Nicolas Spathar Milescu (1636-1708), "Mélanges de l'Ecole Rouma i ne

en France", Paris, 1925, Ire partie, p. 33-180.

23) cf. G.W.H . Lampe, A Patristic Greek Lexicon,Oxford, 1961,

p. 949, s . v . holokiiutoma "offer as a whole burnt - sacrifice".

24) apud $t . Ciobanu, op. cit. p . 482-483, ma traduction.

25) ibid. p . 487-489.

22

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26

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xcœaÀ1)v. ETnav, ôcü•c xa\ É~oÀo&pcuowµcv a\rroÙç Ê~ ë~vouç xa'L o\,µn µvT)o&ij -roü .. 'I opa-

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+ Pythagor eana haec est sententia 1 contraria sit opinionis. • icet Arist(otelem)

exper en ia qua ex situ locali Ipsa tame(n) errante i t sumitur probar. .

32

PETRO PRIMO

Hyper-serenissimo et Potentissimo, Pic,

Victori et Clementissimo

IMPERATORI

Domino et Protectori Suc

PANEGYRICVM

holocaustum

humillimè litat et offert, Inclytae et Theophruritae Phalangis

Sanctae Metamorphoseos miles necnon sacri Ross(iaci) Imperii

Princeps et Moldav ( i) ae Hospodarowicz, servus dedi tus, Ser·banus

cantemyr, in Burge S. Petri anno à Partu Virg(inis) 1714 Mart(ii)

in eunte septimo aetatis suae anno hellenica dialecte peroratum.

Domine in virtute tua laetabitur Rex, et super salutare tuum

exultabit vehementer. Ps 20:2.

Quamvis balbutiente adhuc linguâ, necnon lactisugis adhuc labiis

ad panegyricas resurgentis Regis gloriae laudes praedicandas,

plusquam audaci, minus quàm mature, ferar anime, non tamen forsitan,

sinistrae obnoxius ero sententiae, siquidem,ipsum ex infantum ore,

vagientiumque voculis, emanantem haud contempsisse hymnum, incon-

fesso est. Cum autem hodiernae solennitatis, Autocrator piissime, plus-

quam iucundissima sacra, (dico holocaustomata] hominum restaura­

tionem, daemonum stragem, vitae immortalitatem, mortisque inter­

ritum, orbis universi redemptionem, et mundi Principis captivita­

tem evidentissimè declarent; iure et quidem optimo unicuique mag­

nificè sese effere licet Christonymo, cum suae scilicet, gentis,

Principem absolutè regnantem videat, praesertim verà eius ad

exemplar Te ut Philochristum Autocratorem, ipsis archivis iam

naturalibus, corruptioni quidem ex parte obnoxium, ipsa autem

corruptione, et morte longe superiorem, et ut Regem, ipso mundi

Principe, longe valentiorem atquè potentiorem admiretur. Pro­

fectà enim in posterum Regis ad aures, quà mortalis, nunquam ti­

niet illud terra es, et in terram converteris; verum hoc etiamsi

terra sis, altissimo tamen coeli ascendes polos, quibusdam enim

paradisum est interclusus, quibusdam autem coelum apertum. His

33

igitur ultrà 1 . . • aequa ia quisque sentiat De qui'a de· o,

inceps potest esse Dei quidem h aeres, cohaeres

autem Christi at licet mortis potestas quemquè ad

primum sui reducat nihilum: gratia tamen Ressurrec­

digni ta tis extollit tionis eum rursus ad pr. t. is inum

l Cor 15:22 fastigium· *In Ch . . . , risto enim, omnes vivificabuntur

unusquisque autem in suc ordine S . •

ibid 53

Io 12:24

· opor potius quam

mors nominanda est ill . ' . . a corruptio, quae mortalitatem

mutat in immortal't t l. a em, et temporaneae huius vitae

ad aeternam vit am praeparabat regressum. *Oportet

enim corruptibile h oc induere incorruptibilitatem

[:et] mortale hoc · d in uere immortalitatem. Et ut id

quod tata com[p]lectitur, veritate di'cam. Christia-

num amplius morti subiectum minimè . . . esse. Siquidem

eius ex arbitrio d . • pen et vitae aeternae electio:

non amplius mor~· ~is condemnationi humana prostrat natura N . ur . on amplius humanorum cruciatuum l receptacu-

um est sepulchrum, non amplius deniquè orci opu-

lentae mortalium est d . . prae a. Quia spes immortali-

tatis universo humano effulgendo

hominibus debellatam monstravit

ram immortalitatis terminos

Igitur sepulchrum est huius

generi, mortem ab

et mortalem natu­

capere hodiè edocuit.

peregrinationis quidem

limes et terminus, itineris autem ad Commun tr · em Pa-iam caput et principium. Ibi saevam naturae legem,

Resurrectionis transmutat praecellentia et caeles­

te~ semitas mortalibus conculcandas facilitat. *Nisi

enim emoriatur haud · · l Cor 15:42 . reviviscet granum imo ideo ube-riores fert fruct . . . us, quia prius corrumpitur. *Sic

Gn 2:17

Gn 3:5

et Christonymus seritur in corruptione , resuscita-

tur in incorruptionem. . Seritur in infamia, sed re-

suscitatur in gloriam. Seritur in imbecilitate sed

[re]suscitatur in fortitudin S . • em. eritur tandem corpus

animale, sed resuscitatur corpus . spirituale. Hune

itaquè in modum hod' • ie, nostri generis · infamia in

honorem convertitur l d' . . . . . • ma e ictionis propagatio in be-

nedictionis efficaciam et illud

in *eritis sicut

*morte moriemini,

Dii. Haec est illa immortalis vic­

toria, quam Rex, qua mortalis, de morte reportavit,

34

ecquidem hàc triumphali inscriptione promulgata:

1 cor 15:55 •Vbi tua ô mors victoria ! Vbi tuus ô Orce Aculçus !

Mt 22:21

Mc 15:17

Io 19:2

Mt 27:29

Mt 27:28

Mt 27:35

Ex 13:2

Quoniam autem duplici debebat glorificari ratione,

quà Rex scilicet, factus est sub lege, qui leqis­

lator est Filius Dei; *ideoquè quae Caesaris erant,

eidem reddidit , ne quandoquè Caesari tributaria

fieret, nostri Caesaris Autocratoria iudicarus fuit;

ut eum universi iudicem inthronizaret ut eum publicè

adorabilem constituat, *spineam coronam, ~t caput

eius regali condecoretur diademate; •manu calamum

gessit, ut eius dexterà imperiale stabiliatur scep­

trum, •falsa circundatus est purpurà , ut quam ille

semper•humeris gestat chlamydem, cunctis ve nerandam

indigitaret. sua aliis •distribuit vestimenta, ne

quandoquè depopulabundis in suam ditionem irrup-

titionibus patesceret via. Quà autem unigenitus Pa­

tris filius sacrificium est oblatus, ne imposte-

rum, ab eius imperio exigeretur, •omne primogeni-

l Petr 1:18 tum aperiens vulvam. Captivatum *redemit, non quidem

corruptibilibus , auro et argento, sed pretioso san-

Io 12:32

Hom 13

Le 10:19

Ps 20 : 2

. · t. t immaculati Christi. guine, utpote agni innocen is e

Tandem triduà sua Resurrectione, Amalec tyranni ne­

farios delusit conatus. Communisquè hostis enervavit

robur, hoc est diabolicam potestatem armis spoliatam,

exinanitatem , prostratamquè, infernalibus, aeternis

subegit suppliciis. *Nunc Princeps [huius] ~ eiicietur foras. Et ut S(ancti) Cyrilli verbis u t ar

•subegitin potestatem et supposuit eum scabellum pe­

dum philochristi Imperatoris nostri. Sanguisugum

inquam illum tyrannum edomitum et credentium pedibus

substratum, universali tubà Victoriae edidit signum.

•Ecce ego dedi vobis potestatem calcandi super omnem

virtutem inimici, et nihil vobis nocebit.*Laetabitur

ergo Domine virtute tua Rex, et super salutare tuum

exultabit vehementer. Quandoquidem hodie absolutae

libertatis factus, huius saeculi principem intrepidè

subsanare et redarguere potest. Vbi sunt tibi nunc,ô

Diabole, in malitia inveteratae fraudes et subdolorae

machinationes? Vbi tibi nunc effrenata illa et fas-

Is 10:14

Mt 4:9

Hab 2:6

Ps 93:2

Ps 82:4- 5

Ps 93:5

Ps 78:1

ibid 4

ibid 5

ibid 6

35

tuosa iactantia, quà ineptè effutiebas haec? *Totum

orbem terrarum manu capiam tanquam nidum et quasi

derelicta ova tollam, et no~ est qui effugiat me aut

resistat mih i ; potesne amplius . talia blaterare, *haec

o mnia tibi dabo, si cadens adoraveris me,non iam, non .

vae, igitur, vae, multiplicanti sibi non sua. Vsque­

quo? usquequo ad hodiernam lucem.

Heus virtutum Domine, utinam haec hodierna fulgi ­

da dies, ex gremio s(ancti) sepul chri tui tantam gra­

tiam et virtutem, tantam misericordiam et gloriam,

populo tuo sancto, novo huic Is~ae.li delecto efful­

geret tuo, ut Atheo illi et totius Christianae Rei­

pub(licae) coniurato tyranno, constante strenuequè

exprobare possit: *Vae, tibi, vae! qui multiplicasti

non tua. Vsquequo? usque ad dies MAGNI PETRI. *Vsque­

quo peccatores gloriabuntur, Domine, usquequo pecca­

tores? *Ecce inimici tui sonuerunt, et qui oderunt te

extollerunt caput. Dixerunt veniamus et disperdamus

eos de gente , ut non memoretur nomen Israel ultra .

*Populum tuum Domine humiliaverunt et haereditatem

tuam malè tractarunt. *Venerunt gentes in haeredita­

tem tuam, polluerunt templum sanctum tuum, posuerunt

Ierusalem in pomorum [custodiam]. *Facti sumus op­

probrium vicinis nostris, subsannatio et illusio his

qui in circuitu sunt nostro. *Vsquequà tandem Domine,

irasceris, usquequo? usquè ad tempora PETRI. *Effunde

igitur iram tuam in gentes quae non noverunt te, et

in Regna quae non invocaverunt nomen tuum. *Cito anti-

ibid 9,10,13 cipent nos misericordiae tuae. *Adiuva nos Domine

nos enim populus tuus et oves pascuae tuae . Libera

nos , ne fortè dicant gentes, ubi est Deus eorum?

Sic credimus, sic confidimus, et sic speramus cum

tuo nempe in mundum adventu simul advenisse et tem­

poris plenitudinem, et Deum per invictam dexteram

tuam, IMPERATORVM piissime , fortitudinem brachii sui

revelaturum et ad recuperandos possidendosquè nos

filios mortificatorum demissurum. Quemadmodum enim

sub Claudio Caesare orbis terrarum ab originali

peccato salvatus est, Iesu nascente; ita sub Te PETRO

36

Ps 19:10

imperatore, magnam Dei ecclesiam, pristinam suam li­

bertatem nacturam inhaesitanter speramus, eodem Iesu

resurgente; et quemadmodum antiqui Adami successores,

licet multorum saeculorum diram tolerantes captivi­

tatem, numquam tamen de sua libertate desperavêre:

ita nos novi Adami filii, licet pauciorum annorum

captivi, almae tamen libertatis praedefinitum ad­

venisse terminum confidentissimè ominamur. Huiusce­

modi vota offerens, sum ego, huius Piissimi Imperii

servus humillimus, ac militum sacrae Tuae Maiestatis

minimus et postremus. Vniversitatis autem Creator,

Generalium generalissimus, et Regnantium R~x. omnia

in decente praxi collocet, et ad optimum finem diri­

gat. *Igitur Domine salvum fac Regem et exaudi nos

quacumquè diè invocaverimus te.

37

Fac-similé grec complet.

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48 49

Fac-similé slave, début et fin.

50 51

SOMMAIRE

Avant-propos p. 3

1. Les manuscrits p. 4

2. Editions et démarche de la recherche p. 6

Colophons arabes p. 7

Fac-similé d'A. D. Cantemir p. 9

3. Contenu et but du "Panégyrique" p. 10

4 . La place du "Panégyrique" dans l'oeuvre de o. Cantemir p. 11

5. Après le "Panégyrique" p. 16

Notes p. 19

Texte grec p. 22

Texte latin p. 32

Fac-similé grec complet p. 37

Fac-similé slave, début et fin p. 48