Photo 4 de couverture : Nicolas PIET

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© Editions du Losange 17, boulevard de la Madeleine

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Délits de fuite

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Jeanny DESCOUX

Editions du Losange

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Les personnages de ce livre n 'ont aucun rapport avec la réalité. Ils sont entièrement issus de l'imagination.

Toute ressemblance avec des personnages réels ne serait que pure coïncidence.

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A mon père, qui m 'a transmis la passion de la littérature

et le culte du livre.

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« Dans un cœur troublé par le souvenir, il n'y a pas de place pour l'espérance. »

ALFRED DE MUSSET

« Quand on a tout perdu, quand on n'a plus d'espoir, La vie est un opprobre, et la mort un devoir. »

VOLTAIRE

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La petite voiture roulait lentement, il n'était pas pressé d'arriver au nid maternel. Pour l'instant, il préférait savourer l'air frais qui entrait par la vitre qu'il avait entièrement baissée. Il se sentait libre ! Ce départ, il l'avait minutieusement préparé, n'omettant aucun détail qui aurait pu éveiller en elle le doute ou la suspicion.

A cette heure, elle avait certainement déjà décou- vert sa fuite. Il n'avait aucun mal à l'imaginer ou- vrant les placards, les tiroirs de la commode, allant d'une pièce à l'autre, ébaubie, affolée par les signes révélateurs d'un départ précipité et définitif.

Il jouissait pleinement de la réussite de cet aban- don qui la laissait dans un désespoir qu'il savait in- supportable. Le crime était parfait, sans bavure, il n'avait pas commis une seule erreur.

La veille, ils avaient fait l'amour. Ses étreintes étaient celles d'un amant débordant de désir, trans- porté par la passion qu'il vouait à son corps comme au premier jour. Ils s'étaient endormis dans les bras l'un de l'autre. Pouvait-elle, ce soir là, se douter que Morphée avait substitué sa fleur de pavot à la four- che luciférienne. L'ange allait connaître l'enfer, tan- dis que sournoisement le diable possédé par une fé- lonne mais fervente ataraxie s'acheminait vers le bonheur ineffable, édénique, que seule une mère est capable de prodiguer.

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Il avait largement le temps d'arriver à Paris. Et bien que ce jour-là, la circulation fût fluide, son pied sur l'accélérateur maintenait volontairement une vi- tesse de croisière qui lui permettait de profiter avec délice de ce qu'il considérait comme une victoire, un réel triomphe.

La joie calme où s'ébaudissait son âme parvint à le troubler un instant. Etait-il un monstre ? Un de ces monstres sans vergogne qui puisent le plaisir, la vo- lupté dans la souffrance de l'autre ?

Il aperçut à ce moment précis un relais routier de- vant lequel stationnaient deux énormes semi- remorques. Il s'arrêta et entra dans la salle de bar afin d'avaler un café bien chaud.

Deux hommes accoudés au comptoir conversaient à haute et intelligible voix. Sa présence à leur côté ne semblait nullement les gêner. Il alluma une cigarette et commanda un expresso à une opulente serveuse qui, juchée sur un tabouret de bar exhibait ses cuisses gonflées de cellulite et une lourde poitrine nourri- cière, avec une arrogance qui ne manqua pas de le surprendre. La vue de ces énormes seins qui avaient dû nourrir tant d'hommes affamés de sexe, de cette peau d'orange flasque arborée avec autant d'indécence, lui donna presque la nausée. Il détourna rapidement le regard, en proie à un véritable dégoût. Fermant quelques secondes les yeux, il revit son corps, à Elle, ce corps d'adolescente devant lequel il se serait presque prosterné. Il ressentait la douceur de cette peau qu'il ne s'était jamais lassé de caresser. L'extrémité de ses doigts en tremblait encore, le dé-

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sir - ô félonie ! - était en train de s'emparer de lui comme la folie des génies...

Il sursauta, surpris par la voix de stentor de l'un des deux hommes qui consommaient à sa droite ; il vociférait, accompagnant ses propos de gestes effré- nés qui lui donnaient l'air d'un dément un soir de pleine lune.

Lui, estourbi, fixait ce visage émacié et glauque, aux yeux exorbités qui n'allaient pas sans lui rappe- ler le Frankenstein de Wale, qu'il avait vu à la Ciné- mathèque alors qu'il n'était qu'un adolescent, mais un de ces adolescents dont la sensibilité à fleur de peau puisait sa jouissance dans les scènes d'horreur et de sang.

— Mais sacré NOM DE DIEU, tu ne comprends pas ? Elle s'est FOUTUE par la fenêtre ! Comment j'aurais pu me douter qu'elle était capable d'une telle connerie ?

— Calme-toi, répondit l'acolyte compatissant, ça sert plus à rien de te mettre dans cet état. Après tout, c'est pas toi qui l'as poussée...

— Bougre de con, tu le fais exprès ou quoi de ne rien comprendre ? C'était MA FEMME ! Merde ! Et les gosses ? Tu y penses à ces quatre marmots sans leur mère et moi toujours sur cette putain de route pour gagner de quoi leur donner à bouffer. Tu sais aussi bien que moi qu'on dort plus souvent dehors qu'à la maison. Oh ! putain, mais qui va s'en occuper de ces mômes ?

— Et en ce moment, où sont-ils ? s'inquiéta l'autre.

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— Ma mère est venue à la maison quelques jours, mais à son âge, pauvre vieille, qu'est-ce que tu veux qu'elle fasse ? Ils vont la faire crever. Tu penses, à quatre vingt deux piges, c'est la merde... Putain Ri- ton, tu peux me dire,- toi, pourquoi elle s'est jetée du huitième ? Elle buvait pas, elle se shootait pas, elle...

— Elle avait certainement quelque chose qui tour- nait pas rond dans sa tête. Elle a perdu le trèfle, voilà tout. Qu'est-ce que tu veux que je te dise moi ? Elle t'avait jamais rien dit avant ?

A ce moment-là, les paupières s'abaissèrent sur les yeux toujours exorbités, laissant juste le passage à un flot de larmes que l'homme n'essayait plus de contenir. D'ailleurs, en avait-il la force ? Pleurer de chagrin, d'amertume, quand bien même on est un homme, est-ce la traduction d'une faiblesse de ca- ractère ? L'angoisse avait envahi tout son être comme la vermine la couche des miséreux, four- millant dans ses entrailles, grouillant en idées noires dans ses circonvolutions cérébrales. Sans doute la présence de l'ami de passage lui avait-elle ouvert les portes de la libération verbale - exorcisme fugace, mais ô combien bénéfique.

— Pleure, cela te fera du bien. Chiale un bon coup, les autres, tous ces cons qui nous regardent, on s'en contrefout. Bordel de merde, bordel de vie. Tu ne dois pas reprendre le bahut dans cet état. Ecoute, on est à vide tous les deux, on remonte sur Paris, on n'est pas à quelques heures près. OK ? Maintenant ta bonne femme, elle t'attend plus.

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— Putain, tu te rends compte Riton, que ma Sylvie est morte, que je la reverrai plus. Qu'est-ce que tu veux que je foute sans elle ?

— Mais franchement, elle t'avait jamais rien dit ? J'sais pas moi. Qu'elle en avait marre de la vie. Qu'elle n'était pas heureuse. Qu'elle en avait plein le cul, quoi !

Le routier ne répondit pas et le silence pesant al- lait devenir intolérable quand il émit une éructation plus violente que libératrice pour laquelle il ne dai- gna même pas s'excuser et poursuivit d'un ton pi- toyable :

— C'est ma faute, Riton, j'ai jamais voulu l'écouter quand elle me parlait de ses merdes. Tu comprends, elle me faisait chier avec ses reproches chaque fois que j'avais passé trop de temps hors du bercail. Alors pour qu'elle se taise, je jactais n'importe quoi. C'est terrible, mais maintenant je suis sûr qu'elle ne me croyait pas. Je mentais, elle faisait semblant de me croire, ça roulait. J'ai jamais aimé les cris, tu comprends. Moi, les explications, ça me fout les boules. J'allais quand même pas lui dire que j'avais passé une nuit de plus dehors, avec une salope qui taillait les pipes mieux qu'elle ou avec une pute super gironde, à laquelle je m'étais régalé d'exploser le cul. Sylvie, c'était plutôt le genre sen- timent, gros câlin et gnangnan et des « Tu m'aimes au moins, mon chéri ? » dix fois par jour. Comme si elle savait pas que je l'aimais. Bordel de merde, sûr que je l'aimais. Et aujourd'hui, je l'ai plus, je la ver- rai plus, je la toucherai plus, je l'entendrai plus me demander toutes ces conneries. C'est pas possible,

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« La veille, ils avaient fait l'amour. Ses étreintes étaient celles d'un amant débordant de désir, transporté par la passion qu'il vouait à son corps comme au premier jour. Ils s'étaient endormis dans les bras l'un de l'autre. Pouvait-elle, ce soir-là, se douter que Morphée avait substitué sa fleur de pavot à la fourche luciférienne... »

Ainsi débute Délits de fuite, roman de la solitude, du mal être, de l'incommunicabilité. Dans un style concis, violent et efficace, l'auteur entraîne, sans ambages, le lecteur dans un jeu de voyeurisme sans perversité aucune, lui permettant de suivre l'itinéraire d'un personnage en proie à un désespoir existentiel qu'il ne cesse de fuir. Ce pourrait être le roman de la trahison et de l'amour bafoué où revivent dans un cœur déchiré les souvenirs d'une adolescence tourmentée. Mais c'est davantage la mise en relief de sentiments troubles, d'une atmosphère passionnelle, de fantasmes et de rêves impossibles dans lesquels se débat un personnage qui se fuit lui-même et que seul le destin parviendra à rattraper.

Jeanny DESCOUX-BUSQUETS est née à Perpignan. Après un premier bac scientifique, puis un second bac littéraire, elle entreprend des études d'infirmière à Montpellier. Les événements de Mai 68 durant lesquels elle s'engage activement, vont bouleverser ses études et surtout sa vie intellectuelle et culturelle. Elle se passionne pour la littérature et un nouveau cursus universitaire la conduira tout naturellement à exercer le métier de professeur de lettres en lycée. Elle nous livre ici son premier roman.

I.S.B.N. n° 2-84295-009-7

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