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REVUE BELGE DE NUMISMATIQUE ET DE PUDLlÉE SIGILLOGRAPHIE UITGEGEVEN SOUS LE HAUT PATRONAGE DE S. 1\1. LE ROI PAR LA SOCIÉTÉ ROYALE DE NUMISMATIQUE DE BELGIQUE AVEC L'AIDE FINANCIÈRE DU MINISTÈRE DE L'ÉDUCATION NATIONALE ET DE LA CULTURE FRANÇAISE ET DU MINISTERIE VAN NATIONALE OPVOEDING EN NEDERLANDSE CULTUUR ONDER DE BOGE BESCHERMING VAN Z. M. DE KONING DOOR HET KONINKLIJK BELGISCH GENOOTSCHAP VOOR NUMISMATIEK MET DE FINANCIËLE HULP VAN RET MIN'ISTERIE VAN NATIONALE OPVOEDING EN NEDERLANDSE CULTUUR EN HET MINISTÈRE DE L'ÉDUCATION NATIONALE ET DE LA CULTURE FRANÇAISE DIRECTEURS: PAUL NASTER, Él\HLE BROUETTE. JEAN JADOT, TONY HACKENS, MAURICE COLAERT CXXV - 1979 BRUXELLES BRUSSEL

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REVUE BELGEDE

NUMISMATIQUEET DE

PUDLlÉE

SIGILLOGRAPHIE

UITGEGEVEN

SOUS LE HAUT PATRONAGE

DE S. 1\1. LE ROI

PAR LA

SOCIÉTÉ ROYALE

DE NUMISMATIQUE DE BELGIQUE

AVEC L'AIDE FINANCIÈRE DU

MINISTÈRE DE L'ÉDUCATION NATIONALE

ET DE LA CULTURE FRANÇAISE

ET DU

MINISTERIE VAN NATIONALE OPVOEDING

EN NEDERLANDSE CULTUUR

ONDER DE BOGE BESCHERMING

VAN Z. M. DE KONING

DOOR HET

KONINKLIJK BELGISCH

GENOOTSCHAP VOOR NUMISMATIEK

MET DE FINANCIËLE HULP VAN RET

MIN'ISTERIE VAN NATIONALE OPVOEDING

EN NEDERLANDSE CULTUUR

EN HET

MINISTÈRE DE L'ÉDUCATION NATIONALE

ET DE LA CULTURE FRANÇAISE

DIRECTEURS:

PAUL NASTER, Él\HLE BROUETTE.

JEAN JADOT, TONY HACKENS,

MAURICE COLAERT

CXXV - 1979

BRUXELLES BRUSSEL

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GH. POENARU BORDEA

LES STATÈRES OUEST-PONTIQUES DE TYPE

ALEXANDRE LE GRAND ET LYSIMAQUE

Le chercheur qui souhaite aborder l'étude de la capacité écono­mique de telle ou telle cité grecque, de tel ou tel royaume bar­bare, celui qui veut approfondir l'histoire économique du littoraloccidental du Pont Euxin dans son ensemble devra recourir bientôtaux sources numismatiques, dont l'importance semble augmenterde plus en plus ces derniers temps, avec le développement dessciences historiques. Nous pensons, bien entendu, à la recherchecomparatiste, sensible aux aspects quantitatifs dans le contexte

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Fig. 1. - DIAGRAMME DU POIDS DES STATÈRES DE TYPE ALEXANDRE LE GRAND

D'ODESSOS.

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historique propre à la région concernée, considérée comme une par­tie composante du tout. Les différentes catégories de monnaies,d'or, argent ou bronze, se révèlent, pour le spécialiste attiré parles problèmes si divers que pose l'histoire économique, d'une valeurinégale, bien que finalement complémentaire.

De par leur grande valeur intrinsèque, de par leur portée socio­politique, de par leur rôle dans le jeu des relations commercialeset des liens, parfois très complexes, avec le milieu environnant,les monnaies d'or se recommandent presque d'elles-mêmes à notreattention. Pour ce qui est des statères d'or aux types d'Alexandrele Grand et de Lysimaque, la numismatique a dû franchir un longchemin depuis l'époque de L. Müller, auteur de deux monogra­phies (1) qui, paradoxalement, restent encore les seules à cataloguer- ou aspirant à les cataloguer - toutes les monnaies aux nomsdes deux rois, car malgré les progrès réalisés depuis, rien n'estvenu les remplacer. A la fin du XIxe siècle et au commencementdu Xxe, à l'heure des corpora, dont F. Imhoof-Blumer prit l'initi­ative, les auteurs des ouvrages se rapportant aux cités de notrezone, B. Pick et K. Reglîng (2), sensibles aux fautes de méthodede leur prédécesseur, se refusèrent, à tort ou à raison, d'y inclureune partie des émissions attribuées à ces cités. Bien qu'ayant paruen 1910, le deuxième volume ne tient pas compte du grand dépôtd'Anadol, publié par E. Pridik dès 1902 (3). Même si ce cataloguene proposait pas de nouvelles attributions, se bornant à citer Müller,il aurait pu fournir matière à la reprise de l'étude ou, tout au moins,il aurait pu servir à l'enrichissement des séries déjà acceptées parces auteurs (4).

Dès 1919, E. T. Newell offrait dans son étude exemplaire surles alexandres de Sinope le tableau chiffré des statères propresaussi aux autres cités pontiques représentés à Anadol (5) - mal-

(1) L. MÜLLER, Numismatique d'Alexandre le Grand, Copenhague, 1855 j

IDEM, Die Miinzen des lhrakiscben Këniqs Ltjsimachus, Copenhague, 1857.(2) B. PICK, Die anliken Mûnzen Nord-Griechenlands, I, Die aniiken Miinzen

von Dacien und Moesien, 1, Berlin, 1898; B. PICK, K. REGLlNG, Die aniiken

Miinzen Nord-Grieclienlands, I, Die aniiken Mûnzen von Dacien und Moesien,2, Berlin, 1910.

(3) E. M. PRIDIK, AHanOJIbCHIIM Iman 30JIOTbIX cTaTepoB, 1895 (Trésorde statères d'or d'Anadol), dans CTI6, 13, 1902, p. 1-35.

(4) B. Prete, K. REGLING, op. cil., p. 530, no 2117 a (B. Pick),(5) E. T. NEWELL, The Alexandrine Coinage of Sinope, New York, 1919

(tirage à part de l'AJN, 52), p. 1 et 10.

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STATÈRES OUEST-PONTIQUES

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Fig. 2. - DIAGRAMME DU POIDS DES STATÈRES DE TYPE ALEXANDRE LE GRAND

DE MESEMBRlA.

heureusement, cette étude passa - SI Je ne m'abuse - presqueinaperçue jusqu'à ces derniers temps. Ce qui est certain c'est qu'ellene parvint pas à fournir les bases d'un rebondissement de l'étude,présentant le caractère d'une occasion manquée. Ainsi, ce fut seu­lement en 1969 que le grand savant qu'était Henri Seyrig consacral'une de ses très précieuses notes de numismatique hellénistiqueà la question de la date finale du dépôt d'Anadol (6). Cette notea été complétée en 1973 par un nouveau tableau chiffré des statèresreprésentés ('), tableau quelque peu différent de celui déjà cité,pour les statères qui nous importent pour le moment.

Enfin, en 1974, a paru notre essai de reconstitution partielle dudépôt déjà ancien de Mârâsesti (1908), qui comportait de son côté

(6) H. SEYIUG, Monnaies hellénistiques XV. Dale et circonstances du trésor

d'Anadol, dans RN, 6e S., XI, 1969, p. 40-45.

(7) M. THOMPSON, O. M0RKHOLM, C. M. KRAAY, An Innenionj o{ Greek CoinHoards, New York, 1973, no 866.

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une forte proportion de statères originaires des cités du littoral oc­cidental de la Mer Noire (8).

Il convient aussi de ne point oublier dans notre très - et peut­être même trop - rapide coup d'œil sur l'historique du problèmeles précisions de première importance apportées à notre sujet pardes études qui ne semblent point le concerner directement, du moinsen apparence. Qu'il nous suffise de mentionner en ce sens les étu­des de Georges Le Rider (9) ou de Margaret Thompson (10).

Des difficultés de toutes sortes, d'attribution tout d'abord, dechronologie aussi, subsistent encore. Le fait qu'on n'a pas reprisl'étude du dépôt d'Anadol dans son ensemble n'est guère suscep­tible de simplifier les choses, d'autant plus qu'à défaut d'un con­spectus tant soit peu détaillé, il est parfois presque impossiblede saisir exactement quels étaient les statères que Newell ou Sey­rig pensaient devoir attribuer à telle ou telle cité.

Toujours est-il que maintenant, même dans cet état des choses,on arrive, il me semble, à se faire une idée assez précise de ce quefurent les émissions des ateliers du Pont Euxin à l'époque hellé­nistique, bien qu'il reste encore plus d'un point à élucider, tantsous le rapport de la chronologie relative qu'en ce qui concerne lachronologie absolue, dans certains cas plutôt imprécise. Exami­nons donc la situation d'un peu plus près.

Les statères aux types d'Alexandre le Grand, d'abord. À ceuxreconnus comme émis à Odessos par B. Pick (11), il faut ajouteraussi les émissions de Callatis (12), d'Istres (13) et de Mesembria (14).

(S) Gh. POENARU BORDEA, Le trésor de Môrâsesti, Les siatères en or des citésdu Pont Gauche et le problème des relations avec le monde grec el les populationslocales aux Ive_leT siècles av. n.è., dans Dacia, N. S., XVIII, 1974, p. 103~125 ;IGCH, 958.

(9) G. LE RIDER, Le monnayage d'argent et d'or de Philippe Il frappé enMacédoine de 359 à 294, Paris, 1977.

(10) M. THOMPSON, The Minis of Lysimachus, dans Essays in Greek Coitiaqe

presenieâ lo Stanley Robinson, Oxford, 1967, p. 163-182.(11) Plus haut note 4; E. M. PRlDIK, op. cit., nos 81-121; A. Hess, 15 oct.

1903, nOS 1-2 et 9-15; Gh. POENARU BORDEA, op. cit., p. 108, nos 57-63 ; A. Ro­GALSKI, dans Nutnizmalika, XII, 1978, 4, p. 3-6.

(12) E. M. PRiDIK, op. cit., nOS 188-222, 279-414, 513-568 et 576-628; A. Hess,15 oct. 1903, passim; Oct. Ii.rascu, Tezaurul de stateri de aur de la Dûeni, dansCre$tCol, 8, 1963, p. 326-329; Gh. POENARU BORDEA, op. cit., p. 10S-109, no a 64-83.

(13) E. M. PRIDIK, op. clt., noa 494-510; A. Hess, 15 oct. 1903, nOS 114-119.(14) E. M. PRIDlK, op. cit., noa 123-187; A. Hess, 15 oct. 1903, nos 16-40;

A. ROGALSKI, op. cit., p. 6-7.

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Fig. 3. - DIAGRAl\[ME DU POIDS DES STATÈRES DE TYPE ALEXANDRE LE GRAND

DE CALLATIS.

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Peut-être faudrait-il leur ajouter également celles de Dionysopo­lis (15), mais il s'agit là d'une hypothèse qui attend encore d'êtrevérifiée. D'autre part, H. Seyrig a rendu justice à Calcédoine,en lui reconnaissant quelques statères aux types de Lysimaque,qu'on aurait pu être tenté d'attribuer à Tyras (16). Quant à Apol­lonia, pour le moment il n'y a pas de traces de statères, chosenormale compte tenu de ce que les tétradrachmes y font égalementdéfaut. Les pièces comportant le monogramme Ano, qui est ledébut d'un mot, sont à attribuer à Mesembria, la légende désignedonc un magistrat de cette ville (17).

En ce qui concerne Tomis, E. T. Newell et H. Seyrig pensaientpouvoir attribuer certains statères du dépôt d'Anadol à son ateliermonétaire (lB), mais les chiffres avancés - 36 par le premier, 57par le second - ne concordent pas et, malgré nos efforts, nousn'avons pas réussi la reconstitution d'un groupe homogène de sta­tères en accord avec le montant du numéraire supposé d'originetomitaine par le premier des deux savants. A moins que nous noustrompions, les 57 statères tomitains d'après H. Seyrig représente­raient les monnaies sans symbole et sans monogramme, se rat­tachant aux séries callatiennes et odessitaines tant par leur styleque par une identité de coin (19). Il ne faut pas oublier que ces deuxvilles étaient plus ou moins voisines de Tomis, On pourrait étayercette hypothèse en la rattachant au fait que la ville de Tamis étaitencore un emporion (20) vers le milieu du Ille siècle, ce qui pouvaitl'inciter à adopter le type monétaire de diffusion presque généraleà l'époque. Elle pouvait donc puiser dans les coins de ses voisines,

(15) L. MÜLLER, nO 305(?) ; Gh. POENARU BORDEA, Viala economicà tn Pon­tul sUng tn epoca elenislicà tn lumina izooarelor arheoloqice .~i numismaticc(résumé), Bucarest, 1978, p. 16.

(16) Statère inédit à l'ANS ayant dans le champ à gauche un taureau cornu­pète vers la gauche; l'attribution à Calcédoine des pseudolysimaques ayantà l'exergue cette même image, H. SEYRIG, Monnaies hellénistiques de Byzanceel Calcédoine, dans Essays in Greek Coinage presented to Stanteu Robinson,p. 196, affaiblit considérablement son attribution à Tyras.

(17) L. MÜLLER, nO 490; ct. nOS 480-481.(18) Plus haut note 5 et 7.

(19) Gh. POENARU BORDEA, op. cil., dans Dada, N.S., XVIII, 1974, p. 108,nOS 64-67 et 117; A. ROGALSKI, op. cii., p. 3; E. M. PRIDIK, nOS 630-686; A.Hess, 15 oct. 1903, n oa 154-172.

(20) D. M. PIPPIDI, l Greci nel Basso Danubio, Milano, 1971, p. 100 et 114­116.

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sans toutefois s'avancer à marquer ses statères des premières lettresde son nom, à l'instar d'Istres, ni de quelque monogramme suscep­tible de l'évoquer - comme c'était le cas des statères originairesdes ateliers mis en cause par la présente étude - ou même d'unsymbole parlant, comme à Mesembria (le casque) ou peut être àDionysopolis (le raisin). Pour ma part, même si H. Seyrig envi­sageait de telles hypothèses - ce qui est du reste loin d'être assuré- il me semble qu'on devrait laisser pour le moment ces statères àCallatis et Odessos: il pourrait s'agir des débuts de leurs séries,en dépit des quelques tétradrachmes aux types d'Alexandre leGrand appartenant plutôt à Tomis qu'à Istros (21).

Maintenant, en ce qui concerne la chronologie, le début des émis­sions de statères sur les rives occidentales du Pont Euxin ne pour­rait se placer ni à l'époque même d'Alexandre le Grand, ni troptôt après sa mort. Plus probable serait une date après la disparitionde Lysimaque et le démembrement du royaume macédonien deThrace (22) toutefois, cette datation est contredite par la présenced'un tétradrachme attribué à Callatis et faisant partie d'un dépôtcontenant des monnaies émises avant 305 (ICGH~ 1536), ainsi qued'un autre exemplaire, celui-ci d'Odessos, trouvé à Armenak, dépôtenfoui vers 280 (ICGH, 1432). Ces deux témoignages représententd'ailleurs assez peu, si l'on tient compte de ce que les deux ensem­bles mentionnés sont des ensembles fermés plutôt en théorie quedans la pratique, car il paraît qu'ils auraient subi quelques intru­sions après leur mise au jour. Eu égard à la documentation dispo­nible actuellement, le début des émissions qui nous intéressentremonterait donc à la période suivant la mort de Lysimaque. Cecin'exclut pas entièrement la possibilité d'une datation plus précoce,dans le contexte d'un certain relâchement de la tension, une foisétouffée la rebellion des cités grecques avec Callatis comme chefde file, soutenue par les autochtones (22). Mais une telle hypothèsereste encore à démontrer, pour les statères autant du reste que pourles tétradrachmes. Retenons que, même si le début des dites émis­sions avant la mort de Lysimaque trouvait une confirmation, iln'en resterait pas moins que la période postérieure à la mort du roisemble la plus propice à leur intensification.

(21) N. OLÇAY, H. SEYRIG, Le trésor de Meklepini en Phnjqie, Paris, 1965,p. 7, n08 1-2; Gh. POENARU BORDEA, op. cii., p. 121-122, note 91.

(22) Gh. POENARU BORDEA, op. cit., p. 112-114.

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Quant au problème de la fin de ces émissions, il semble se poserd'une manière différente pour Callatis et Istros d'un côté, pourOdessos de l'autre. C'est que, alors qu'à Anadol on trouve repré­sentés tous les statères des deux premières villes précitées - à

une exception près, dans le cas de Callatis (23) - plusieurs sériesd'Odessos, assez abondantes et déjà bien représentées dans le cor­pus, y font défaut (24). Il s'agit notamment des statères marquésdes premières lettres des noms KO1 (rien a voir avec un ~otv6v desvilles du Pont Euxin) et KI\EAN, à dater après 228-220, au casoù le moment final du dépôt d'Anadol suggéré par H. Seyrig estjuste, et jusque vers ± 190 av. n.è., car le dépôt de Mektepini enPhrygie comporte un tétradrachme avec la dernière signature demagistrat mentionné (25). Notons aussi qu'au niveau de ces deuxséries se placent les premiers lysimaques ouest-pontiques en orconnus à present. Pour les statères de Mesembria (26), de mêmeque pour ceux susceptibles d'être attribués à Dionysopolis ou,peut-être, à Tamis, rien à faire avant le développement des re­cherches à venir qui devra s'accompagner en outre d'une rigoureuseanalyse des coins.

Quand il s'agit de chronologie, un autre élément encore sembledigne de retenir notre attention. C'est l'absence dans l'inventairedu dépôt de Màrâsesti, malheureusement par trop incomplet (dé­pôt qui lors de sa mise au jour comptait à peu près 800 statères (27)et dont on ne dispose de données aujourd'hui qu'en ce qui concerne90 exemplaires), d'une série de statères d'Odessos bien représentés

à Anadol, la série avec raisin, cH/, ?i et ATl. De là l'hypothèse

ayant certaines chances de se vérifier que ces émissions ont dû

(23) Naville, X, 1925, p. 34, na 439, pl. XV.(24) B. PICK, K. REGLING, op. cii., nO 2123 et suiv.; A. ROGALSKI, dans

Numizmatika, HJ75, 1975, 1-2, p. 54-60.(25) N. OLCAY, H. SEYRlG, op. cit., p. 7, 11° 7; cf. IGCR, 1302, c. 210 av. n.è.

(mss. H. SEYRlG) ; D. H. Cox, dans ANSMN, XII, 1966, p. 34, nO 8 (IGCIf,1405, c, 205 av. n.è.) ; H. SEYRlG, Trésors du Levant anciens et nouveaux, p. 30,nO 13 (IGCH, 1536, où c. Hl8 av. n.è.) ; cf. A. ROGALSKI, dans Numizmalika,XII, 1978, 4, p. 5-6 et 8-9, qui propose pour ces séries 235{227~217, tandis queles autres, antérieures, auraient été frappés depuis 245{237.

(26) Voir pourtant A. ROGALSKI, op. cit., p. 7, pour un pseudolysimaque, etp. 9-11 pour la discussion chronologique qui aboutit pour toute la série mé­sembrlennc à une datation 240/228-217.

(27) Coust. MOISIL, dans BSNR, XI, 1914, 21, p. 25-26, n» 40.

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être frappées approximativement entre 250-223 (28). Cependant ilne faut pas oublier non plus que le moment final du premier dépôtcité se situe au commencement du 1er siècle. Ce serait aussi le casd'une partie de la série callatienne, à savoir celle dont les statèressont pour la plupart marqués d'un second monogramme, à côtéde celui qui suggère le nom de la cité. La transition serait le faitdes pièces signées HP, dont les deux variantes sont également at­testées à Mârâsesti (29). On pourrait placer en tête des deux ateliersqui retiennent notre attention la plupart des statères sans symbole,bien entendu si l'on ne finissait pas par constater qu'ils sont quandmême tomitains.

Précisons que, même si le dépôt de statères de Dâeni (1958)n'est pas encore entièrement publié, son moment final semble plusproche de 220 que de 250, comme le proposait M. Thompson (30).Cette édition, que Bucur Mitrea prépare minutieusement, appor­tera un supplément d'information absolument nécessaire au pointde vue de l'étude des coins et, ipso facto, du classement de la sériecallatienne en entier.

Sur le plan métrologique, les ateliers du Pont Euxin ne semblentguère se présenter sous le signe de l'unité. Le sommet de la courbede poids indique d'une manière assez catégorique pour üdessos8,50 g, car 20 statères sur les 40 attestés à Anadol ont exactementce poids, avec 9 autres à l'appui pesant 8,51 g (fig. 1). A Mesembria(fig. 2), le poids oscille autour de 8,45 g ou plutôt autour de 8,44­8,45 g (15 et respectivement 19 pièces de ce poids-là, donc un totalde 34 exemplaires contre les 31 avec un poids différent). Dans lecas de Callatis (fig. 3), le sommet, absolument hors de doute, sesitue à 8,45 g; toutefois, ce sommet n'est pas unique. car on enre­gistre aussi des sommets de 8,40 et 8,50, peut-être même aussi 8,60 g.

Y aurait-il des corps étrangers à écarter? Il ne nous semble pas,puisque sous tous les autres rapports cette série se révèle homogène.Comme ces fluctuations ne portent que sur deux ou tout au plustrois variantes, il pourrait s'agir d'initiatives sans lendemain, dont- à franchement parler, - l'explication nous échappe du moins

(28) Gh. POENARU BORDEA, op. cit., p. 115~119.

(29) Ibidem, p. 108, nOS 68-69.(30) icctt, 865; B. MITREA, dans Dada, N.S., II, 1958, p. 493-494, na 13 ;

IDEM, dans Dacia, N.S., III, 1959, p. 603, na 3, les informations préliminaireset Oct. Ir.rsscu, cité plus haut à la note 12, pour le lot publié.

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pour l'instant. C'est du reste aussi le cas de l'explication du faitque les statères d'Odessos sont un peu plus lourds que les autres.Aussi, nous bornerons-nous à soumettre ces remarques à la sagacitéde nos collègues.

Quelques comparaisons même sommaires montreront facilementque la cité callatienne semble se poser en tête avec ses 240 statèresdu dépôt d'Anadol (31) (le lot publié par E. Pridik), ce qui représente39,58 % des alexandres et pseudo-alexandres provenant de 32ateliers différents. Les statères mésembriens sont plus nombreuxà Anadol (64 exemplaires) que ceux d'Odessos (41 exemplaires).Toutefois, pour notre part, nous préférons situer cette dernièreville à la deuxième place, compte tenu non seulement du nombrede types, de beaucoup plus important pour Odessos par rapportaux deux seulement de Mesembria (argument qui pourrait s'avérertrompeur dans le cas d'une cité très conservatrice), mais surtouten raison de l'existence d'au moins 11 coins de revers (les variantesde Pridik) à Odessos, contre les six de Mesembria (32). On seraitmême en droit de se demander si Istros, malgré sa représentationprécaire à Anadol (19 pièces), n'était pas quand même plus proched'Odessos, car son atelier peut être crédité de sept types et neufcoins de revers, au minimum. Précisons que dans le cas de Cal­latis, on dispose de 15 types et d'un total de 50 coins de revers, selonune estimation minimale, ce qui implique sa position hors concoursde suprématie absolue à l'époque qui va jusqu'à 228-220. Ajoutonsencore que, prudemment, nous avons laissé de côté, en faisantnos calculs, les statères sans sigles, dont les 57 exemplaires et 11variantes comptés par Pridik devaient normalement se repartirentre Callatis et Odessos dans une proportion de 4:1 (33), bien querien ne soit moins sûr.

Constatons que, si le classement des cités, tel que nous venonsde l'exposer, est assez rigoureux (et les dépôts de Mârâsestl et Dâenile confirment en ce qui concerne la position privilegiée de Callatis,suivie, bien que d'assez loin, par Odesscs), la hiérarchie établie pour

(31) Leur nombre devrait être plus grand encore, cf. plus haut la note 19 etplus bas la note 33.

(32) Cf. A. ROGALSIG, op. cil., dans Nutnizmatika, XII, 1978, 4, p. 9-11.(33) Cette proportion résulte de la division du nombre de statères de Cal­

latis par le nombre de ceux d'Odessos, 240 : 64 = 3,75.

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les époques archaïque et classique, avec Istros (34) et ApolloniaPontique (35) en tête, s'en retrouve entièrement bouleversée, à cettedifférence près entre les deux villes qu'alors qu'Istros paraît encorecompter sur le marché, il ne reste plus la moindre trace de la splen­deur antique d'Apollonia.

Plusieurs faits de l'histoire économique et politique apportent,selon nous, la confirmation de ces changements, mais il va sans direque ce n'est pas le moment de les évoquer. Contentons-nous denoter encore qu'assez vite Callatis, après l'an 225 av. n.è., semblecéder le pas à Odessos,

Voyons maintenant les pseudo-lysimaques. Nous avons déjàrelevé ci-dessus le fait que l'adoption du type de statères de l'ex­roi de Thrace a eu lieu à Odessos et à Mesembria assez tôt après228-220 (36). Mais ces statères, avec le trident en exergue cette fois,connaîtront leur grande fortune seulement à l'époque de MithridateVI Eupator. Déjà reconnus comme ouest-pontiques par L. Müller,ils ont trouvé une place dans les corpora de B. Pick et K. Regling (37).

Suffisamment connus maintenant, ils ne nous semblent pointdevoir poser de graves problèmes d'attribution ou de datation,bien que récemment encore le regretté savant T. Gerassimov aitplacé à Calcédoine des émissions cal1atiennes (38), en se méprenantsur le sens d'un très important article de M. Thompson, consacréau dépôt de Büyükçekmece (39), et en les faisant remonter très haut,

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(34) B. MITREA, Descoperirile monelare §i leqàturile de schimb ale Hisiriei

CH populatiile locale III sec. V-f V i.e.n., dans SltuiClas, VII, 1965, p. 143-167 ;C. PREDA, Ober die Silbermûnzen der Slacll Istros, clans Dada, N.S., XIX,1975, p. 81-84; cf. Gh. POENARU-BoRDEA, A Suroeij of Numistnatic Researcli19'12-197'1, Berne, 1979, p.25-26.

(35) Cf. IGCI-I, Index of Minis, s.v., vingt trésors; font exception les nOS 879et 880, contenant des monnaies en bronze.

(36) Le deuxième siècle, proposé par B. PrCK dans le corpus, p. 521 et 530­534, représente une solution devenue insoutenable.

(37) B. PrCI{, op. cit., p. 105-107, nOS 255-266, Callatis, et p. 170, no 482,Istros : B. PICK, K. REGLING, op. cii., p. 649-653, nos 2471-2486, Tamis (K.Rcgling).

(38) T. GERAssrMov, Un trésor de monnaies antiques du sud de la Dobroudja,dans SeN, VI, 1975, p. 25-26 (lGCH, 954, attributions et datation correctes) ;Gh. POENARU BORDEA, dans BSNR, LXVII-LXIX, 1973-1975, nos 121-123,p. 20 et 22 ; IDEM, A Survey of Numismaiic Research 1972-1977, Berne, 1979,p.98.

(39) M. THOMPSON, A Couniermarkeâ Hoard from Biujiikçekmece, dans ANS

MN, VI, 1954, p. 11-34.

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au III e siècle. En effet, les premières lettres du nom des cités deTomis, Istros et Tyras justifient aussi pleinement, de même queles endroits de leur mise au jour, la restitution du nom de Cal(latis),au lieu de Cal(cédoine), même si l'on connaît des émissions contem­poraines à Byzance (40).

Telles étant les choses, on pourrait se demander s'il y a une quel­conque utilité à reprendre maintenant le problème. Pour notrepart, il nous semble que oui; toutefois, comme le terrain se trouveplus ou moins déblayé déjà, nous le ferons brièvement.

Il convient d'abord de noter que - à notre avis - nous avonsaffaire à deux groupes stylistiques et métrologiques, le premierremontant probablement à la période des années 90-80 av. n.è,et le second se situant juste après, mais pas plus tard que l'an 72av. n.è, En effet, malgré l'avis émis par M. Priee au sujet des té­tradrachmes de Mesembria et d'üdessos (41), la reprise en main parMithridate des cités ouest-pontiques après la campagne de M. Ter­rentius Lucullus Varro semble plutôt improbable (42). Les statèresde bon style à Tomis pèsent: 8,48 g; 8,45 g; 8,60 g et 8,15 g (43).La transition semble s'être faite avec les statères de mauvais style(portrait de Pharnacès) avec les lettres LlI, qui offrent une moyennetrès haute, de 8,44 g, établie sur six exemplaires dont les poidsindividuels présentent un groupement de nature à justifier en quel­que sorte la pensée que peut être des exemplaires lourds (de:8,60 g; 8,57 g ; 8,56 g) ont précédé les pièces plus légères (de 8,32 g ;8,30 g; 8,28 g). Les moyennes des autres types oscillent entre8,06 et 8,24 g, le poids semblant tendre à se fixer autour de 8,20 g,à vrai dire plutôt un peu au-dessus de ce chiffre qu'en dessous.Pour Callatis, le tableau est assez semblable: les statères de bonstyle du dépôt de Bâlgarevo pèsent 8,40 et 8,35 g, la transition

(40) H. SEYRIG, op. cii., dans Essays in Greek Coinaqe presented to StanleyRobinson, p. 197-199.

(41) M. J. PRIeE, Milhridatis VI Eupator, Dionysos and the Coinaqes ofihe Black Sea, dans Ne, 7th s., VIII, 1968, p. 1-12; M. THOMPSON, Byzaniiumouer Aesillas, dans RN, 6e S., XV, 1973, p. 54-65.

(42) Gh. POENARU BORDEA, op. cit., dans Docia, N.S., XVIII, 1974, p. 123­125.

(43) T. GERASSIMOV, op. cit., dans SCN, VI, 1975, p. 25, nO 4 ; pour ce quisuit, y compris les autres données métrologiques: Gh. POENARU BORDEA, Lesstatères aux types de Lysimaque de Totnis, Callatis et Istros (mss) et la thèsedont le résumé est cité à la note 15.

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semblant s'établir au niveau des statères marqués !-P, de mauvaisstyle, dont 11 exemplaires pèsent de 8,31 à 8,55 g contre cinqpièces de 8,18 à 8,27 g. Ensuite, le poids tend à se stabiliser unpeu au-dessus de 8,20 g. À Istres, exceptant un statère de bon style,connu après l'édition du corpus (44) et pour lequel on pourrait ac­créditer une datation assez haute, tous les autres sont signés parun seul magistrat ill, leur poids moyen étant de 8,15 g avec unetendance à monter un peu au-dessus de 8,20 g, à en juger d'aprèsles poids individuels. D'un style encore bon, les statères de Tyrasont un poids plus élevé que la plupart des pièces frappées par lesateliers déjà étudiés. Ils précèdent donc la diminution que nouspensons avoir suffisamment mise en évidence, sans être pour autantà classer vers la fin du IIIe siècle, comme le pensait A. N. Zograf (45).

Les données à notre disposition, loin encore d'être tout à faitcomplètes, laissent voir assez clairement, en tout cas, que Tyras,avec ses trois pièces, ne comptait pratiquement pas; ce sera doncà Tomis de prendre la tête de file avec ses 142 exemplaires (70enregistrés par le corpus), 17 signatures différentes et un minimumestimé à 29 coins de revers. C'est Callatis qui vient ensuite, avec74 statères (par rapport aux 40 mentionnés dans le corpus), suivied'Istros avec 23 pièces (le corpus faisant état de 16 exemplaires).

On constate un nouveau changement radical dans la hiérarchiedes cités grecques du littoral roumain de la mer Noire: Tomis,qui à l'époque précédente, se frayait avec beaucoup de peine unchemin entre les poleis, prend maintenant la première place, pré­cédant Callatis, qui se plaçait de loin à la tête des cités de la côteouest mais dont les premiers signes de déclin allaient se manifesteravant la fin du Ille siècle pour s'aggraver - selon notre impres­sion - vers 180 av. n.è, (4.6). Précisons aussi que toutes ces citésn'ont pratiquement pas d'émissions parallèles de tétradrachmes, àla différence de Mesembria et d'Odessos, dont les séries peuventêtre suivies sur tout le parcours du ne siècle et deviennent particu-

(44) Ph. LEDERER, dans Bliiller (ür Münzfreunde, 59, nl) 11-60, 1-2, Halle,1923, p. 1, pl. 1, 1 ; C. M(OISIL), dans BSNR, XXI, 1926, nOS 57-58, p. 28-29.

(45) E. H. Mrxxs, Sctjlhians and Creeks, Cambridge, 1913, p. 448, fig. 329bis ;P. NICORESCU, dans BSNR, XXVIII, 1933-1934, noS 81-82, p. 127-129; IDEM,

dans Transactions of the International Numismalic Conqress in London, 1938,p. 97, fig. 2; G. F. HILL, dans Ne, 1923, p. 218, nl) 11 ; A. N. ZOGRAF, MoneilTM, Moscou, 1957, p. 26-28.

(46) Gh. POENARU BORDEA, op. cii., dans Daeia, N. S., XVIII, 1974, p. 119,

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lîèrement abondantes à l'époque qui nous importe ici, compensantde la sorte assez largement, à notre avis, l'absence totale des sta­tères (47). Pour le moment, cependant, on ne saurait avancer quedes hypothèses sur leur position exacte dans ce classement du po­tentiel économique fondé sur la présence des monnaies d'or etd'argent. C'est que pour ce faire avec plus de précision que nousvenons de le faire ici, nous sommes pleinement conscient qu'ondoit normalement attendre les nouveaux corpora.

L'image d'une Tomis assez puissante déjà pour s'attirer les sub­sides du fameux roi du Pont, les statères en question ayant proba­blement un rôle important dans le recrutement des mercenaires,a de quoi surprendre, si l'on accorde quelque crédit à ce passage deStrabon qualifiant la cité de nOÀLX'VlO'V comme Istros, par contrasteavec Callatis qui était une nollç (48), ainsi qu'en se rappelant leslamentations de l'illustre exilé pontique, Ovide (49). Mais les ar­guments en faveur de la position privilégiée de Tomis dans notrezone ne manquant pas, position qui s'est, du reste, maintenue àl'époque romaine (49), on peut suspecter d'anachronisme les infor­mations de Strabon. En effet, elles s'accorderaient parfaitement àla situation de la fin du IVe siècle, prolongée jusque vers le milieudu siècle suivant. Ceci prête à penser que Strabon puisa directe­ment ses renseignements d'un ouvrage perdu du géographe Démé­trios de Callatis, ainsi qu'il a été déjà présumé (50), l'illustre écrivainne s'étant pas donné la peine de vérifier et mettre à jour sa source.D'autre part, sans minimiser le témoignage d'Ovide, il convientde remarquer qu'il ne procède guère à des comparaisons entre laville de son exil et les autres villes de cette zone, toute la chaleurde ses souvenirs, par le froid pénétrant de l'hiver de sa vie, s'adres­sant au paradis perdu de l'Urbs. Si la Tomis de son temps avaitgardé la position qui était la sienne avant l'époque du faroucheadversaire de Rome qu'était Mithridate VI Eupator, il nous semble

(47) Voit' en dernier lieu, I. KARAJOTOV, dans Numiztnatika, 1976, 1-2, p. 36­44, trésor de Rudnik.

(48) STRABON, VII, 6,1 (C. 319).(49) Al. SUCEVEANU, Yiata economicâ ln Dobroqea romana, secolele [-III

e.n., (La vie économique dans la Dobroudja romaine, 1er_II [6 siècles de n.è.)Bucarest, 1977, p. 47-52,87-92, 120-128 et 153-155, se fiant à Strabon et Ovide,parle d'une «rapide ascension ~ (p. 155).

(50) Chr. :\1. DANOV, 3anaAHIŒT ôpar Ha LfepHO Mope B .D:peBHocTTa(hulg., La côte occidentale de la Mer Noire dans l'antiquité), Sofia, 1947, p. 89.

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à peu près certain que l'auteur des Trisiia et des Epistulae exPonto aurait pu se trouver rejeté par]'aucloritas du Princeps dansquelque endroit encore plus pénible.

À la fin de cet aperçu, plutôt sommaire d'ailleurs, des connais­sances actuelles sur un sujet aussi passionnant que celui de l'orpontique à l'époque hellénistique, sujet que nous avons essayéd'ancrer tant soit peu dans un contexte historique, reconnaissonsfranchement qu'il reste encore beaucoup à attendre des recherchesfutures, sinon de nouvelles trouvailles, des éditions des différentsdépôts et des corpora.