Mon press-book (Alexandre Mendel)

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Sélection d'articles Alexandre Mendel

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L’attente fut longue. Le 21 octobre 2015 à 16 h 29, heure de la côte ouest des Etats-Unis (soit 1 h 29, le 22, pour les Français), Doc Brown et Marty McFly arriveront de 1985 en De Lorean

volante et atterriront à Hill Valley, ville fac-tice inventée dans les studios de Holly wood. Un jour mythique pour les fans de la trilo-gie Retour vers le futur et spécialement pour ceux du deuxième volet (sorti en 1989), qui rêvaient à l’époque de voitures volantes, mini pizzas à réhydrater et skateboards ma-gnétiques. Quand j’ai vu la première partie avec ma grand-mère, j’avais 7 ans. Mon pre-mier vrai film. J’ai regardé le second volet deux fois au ciné. La De Lorean était deve-nue mon personnage préféré. Le dernier épi-sode m’avait déçu : un train brisait la voi-ture. Et tuait mon héroïne.

Le basketteur Tony Parker a la sienne

Aujourd’hui, nous sommes des millions à travers le monde à attendre la De Lorean. Parmi les pages Facebook, celle de Guillaume Carrier (« Accueil de Doc et Marty, le 21 oc-tobre 2015 ») explose le compteur avec plus de 80 000 participants. Il prévoit de deman-der aux membres de sa page de se promener avec leurs poches de jeans retournées, comme le font les personnages dans le

Texte Alexandre Mendel. Photos David Richard/Transit/Picturetank pour NEON

CONNAÎTRE

Le 21 octobre 2015, Doc et Marty de Retour vers le futur doivent arriver du passé en De Lorean. Nous avons voulu retrouver cette voiture mythique.

numéro 2. « Ça fait partie des films qui font du bien. Ce jeune, qui n’a jamais de devoirs à faire, ami avec un savant brindezingue, c’est l’anti-Plus belle la vie ! » explique l’acteur de 35 ans. Possesseur d’une banale Peu-geot 106, il est, comme moi, tombé amou-reux de la De Lorean. Sa disparition l’a aussi peiné : « Cette voiture, avec ses portes pa-reilles à des ailes de libellule, c’est Tornado pour Zorro… C’était couillu de tuer la monture ! » Car la mort de la De Lorean, c’est l’impossi-bilité d’une suite. Me res-tait l’espoir de la voir avant le 21 octobre, avant que le futur nous rattrape.

Pourtant, à la place d’une voi-ture, j’aurais pu parcourir le monde en quête de frigos General Electr ic . Merci au réalisateur Robert Zemeckis qui, craignant que des ados fi-nissent congelés entre deux pots de mayo, a de-mandé un plan B. Merci Bob Gale, scénariste et producteur, de s’être

Nom de Zeus ! Notre journaliste a fait des kilomètres pour retrouver la réplique la plus fidèle de la voiture du Doc.

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John DeLorean avait produit 9 000 voitures

avant d’être arrêté en 1982, à la suite d’un piège tendu par le FBI.

CONNAÎTRECONNAÎTRE

rabattu sur la De Lorean pour ses por-tières dignes d’un vaisseau spatial et sa car-rosserie en Inox. Cinq exemplaires et demi ont été utilisés pour les trois volets (le « demi » servait à filmer l’intérieur). En 2006, j’en avais aperçu un, couvert du sable du dé-sert Mojave, sur un parking d’Universal Studios à Los Angeles. La dernière De Lorean du futur mourait d’ennui à côté de la Dodge des Blues Brothers. Quel mépris ! Pour le res-pect, il faut voir les purs, les intégristes : les possesseurs de répliques. Le basketteur Tony Parker a la sienne. A Paris, un type prétend en conduire une, plutôt mal bricolée. Il n’en existe en fait qu’un spécimen, en France, sur le modèle de Retour vers le futur 2.

« Merde ! Les gendarmes… J’ai ma plaque en code-barres du futur »

Je la retrouve planquée dans une grange aussi bordélique que l’atelier de Doc Brown, au pied d’une vallée hérissée de vignes champenoises. Claude Miss, ex-instituteur de 55 ans, en est le propriétaire. « Je veux qu’elle soit le plus screen accurate possible. » Une expression qui revient tout le temps chez les propriétaires de répliques : « fidèle à l’écran ». On ne déconne pas avec les dé-tails : Mr. Fusion, l’embout du réservoir nu-cléaire qui servait dans le film à faire le plein de déchets ménagers, doit être fabriqué à partir d’un Mr. Coffee de Krups, une cafetière prisée des Américains dans les années 1980. L’habitacle doit être gris, et la boîte manuelle.

Le réveil en cuivre qui orne le tableau de bord dans la saga est forcément un Bulova. « Je l’ai eu sur Le Bon Coin pour une dizaine d’euros, alors qu’on le trouve généralement à des centaines de dollars. » Mon dépucelage « deloreanesque » a lieu dans sa voiture. Je caresse l’acier brossé, si attirant, et laisse l’empreinte de mes doigts sous forme d’une traînée noire. « Classique avec l’Inox. Tout le monde se fait avoir ! » m’excuse Claude Miss en se précipitant sur du liquide vaisselle pour effacer ma bévue. Oui, la seule voiture en Inox au monde se lave comme une petite cuillère. Nous calons plusieurs fois. « C’est son charme. » Me voilà propulsé par un mo-teur V6 PRV (pour Peugeot-Renault-Volvo) de seulement 130 chevaux, au bruit quel-conque. Pour les besoins du film, le son de la voiture a été doublé. Quant aux fameux 88 miles à l’heure (141 km/h) nécessaires pour voyager dans le temps selon le scéna-rio, c’est du pipeau ! Sous Carter, les comp-teurs étaient gradués jusqu’à 85, et les déco-rateurs ont triché avec un autocollant. Je me doutais que la bête, basse et large, capterait l’attention. Un type en Porsche se fend d’un aller-retour sur nos traces. L’air de rien. « Sur l’autoroute, des jeunes ont fait un détour de 300 kilomètres jusqu’à ce que je m’arrête à une station-service », s’amuse Claude. « Merde ! Les gendarmes… Je suis avec la plaque en code-barres du futur. » Inquiet ? « Un vieux a déjà menacé d’appeler les flics après avoir vu ma jauge de plutonium ! »

Et les créateurs de cette voiture improbable, ils en pensent quoi de tous ces fans ? Michael Scheffe, le « De Lorean coordinator » de la tri-logie, l’avoue : il n’aurait jamais imaginé un tel succès. « Elle n’était pas dessinée pour pa-raître rapide ou puissante. Elle était conçue par Doc Brown, un marginal, tout sauf un super- héros. » Il en ressort « un mythe digne de l’Odyssée où, malgré les échecs, tout est possible. Une time machine, c’est moins cher et plus facile que de concevoir un avion, et mieux que de rouler en Rolls. Alors forcé-ment, en faire une réplique, c’est une épreuve de talent et de patience. Une ma-nière d’afficher un idéal. » Egalement père de K2000, ce Californien de 60 ans, ancien ingé-nieur en aéronautique, y va de ses anecdotes. « Sur la voiture, on avait un néon bleu de 9 000 volts qui, les matins pluvieux, effrayait l’équipe en créant des arcs électriques. » Il me raconte aussi la course-poursuite avec les Indiens dans le troisième volet avec, sous le capot, un moteur de… Coccinelle. Mais de De Lorean, il n’en a plus. Si je veux en savoir plus, je dois me rendre en Irlande du Nord, où elle a été produite. Là où John DeLorean, fils d’un immigré roumain, a monté en 1978 la De Lorean Motor Company (DMC), arro-sée de 100 millions de dollars de subventions pour s’installer à Belfast, alors rongé par le chômage et la guerre civile.

Là-bas, tout le monde se souvient de l’il lus-tre ex-numéro 2 de General Motors, mort en 2005. « Un bel Américain flamboyant. Il m’a

assuré, à moi, catholique, que je ne serais plus discriminée », raconte June McClinton, an-cienne secrétaire de direction, encore sous le charme du patron d’1,91 m « qui nous avait interdit de parler politique ». Il avait un rêve : sa voiture. Il n’aura pas duré longtemps. John DeLorean, à court de subsides, s’est fait piéger en 1982 par le FBI qui s’est servi de lui comme appât pour pincer un baron de la cocaïne. Il avait eu le temps de produire 9 000 exem-plaires. End of the story. Pourtant, de Belfast à Dublin, on parle encore de cette « voiture irlandaise » avec fierté, même si elle a été conçue par des Américains avec de l’acier allemand, dessinée par un Italien, et motori-sée par des Français sur un châssis anglais.

A 72 ans, Joe Murray se présente à moi comme « Joe, matricule 65 », le poste qu’il oc-cupait quand il était ouvrier chez DMC. Ce petit bonhomme un peu gâteux, à la bouille ronde, insiste pour me montrer l’usine en banlieue de Belfast, aujourd’hui propriété proprette d’une boîte française de pièces au-tomobiles. Il ressort ses vieux contrats, ses badges, son histoire, puis lâche, désabusé : « La voiture était destinée aux snobinettes californiennes pour épater les copines du country club du coin. Elle n’a pas eu de se-conde chance. » Cette seconde chance, c’est pour moi la trilogie, que Joe vomit : « On voit une portière cogner la tête d’un personnage. Ils se sont foutus de nous ! » Assemblée trop vite par des protestants et des catholiques obligés de cohabiter au temps des Troubles

en Irlande du Nord, la voiture a fait un bide, pas forcément à tort. « Les disques de freins étaient trop petits. Un véhicule a pris feu. Le réservoir était mal conçu et les phares fai-blards », se souvient Rodney McComb, ancien test driver de l’usine. Arrivées aux Etats-Unis, les De Lorean étaient démontées et remon-tées pièce par pièce. Quand on les trouvait, on en profitait pour enlever les mètres de fils électriques qui n’étaient branchés à rien. Au lendemain de l’arrestation de John DeLorean à Los Angeles, 2 500 employés ont fini sur le carreau. Beaucoup n’ont jamais retravaillé. Certains ont cherché de la coke dans les

portières. Le conspirationnisme a fleuri. Le collectionneur Shane Christie évoque un « accord entre Thatcher et Reagan pour faire tomber DMC et aider l’un des cousins du pré-sident, concessionnaire Chevrolet… Ça fe-rait un bon film ». Hollywood y pense, avec George Clooney dans le rôle-titre.

Ce n’est ni à Belfast ni à Hollywood que je trouverai la reine des répliques. Le fan le plus pointilleux, le plus habile, vit entouré de moutons près de Bradford, sous le crachin anglais du Yorkshire. A 38 ans, Mike Hut-chinson, banquier de son état et ado un peu attardé, arrive à mon hôtel dans sa time ma-chine. « J’ai vu des centaines de fois la trilogie. Je voulais cette voiture ! Après deux ans de recherche, 40 000 livres de travaux et des centaines d’heures de travail, je suis fier du résultat. Aucun trou. Tout est démontable. » Sa voiture correspond au premier volet, « moins joujou ». Le retour à l’hôtel est une épreuve de vérité. Un groupe d’Anglais, ré-veillé par quelques pintes de bière rousse, m’attend. « C’est la De Lorean originale, celle du film, isn’t it ? » Comme un gosse faisant « vroum » avec sa petite voiture, je mens : « It is ! » Fierté. Mon périple s’arrête là, sur le siège passager de la réplique ultime, à 8 500 kilomètres de l’originale. Débarrassée de sa poussière et désormais (enfin !) proté-gée par une vitre dans les studios Universal, elle passera sans doute le 21 octobre seule pendant que nous la célébrerons, les poches retournées, dans le monde entier.�

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Claude Miss conduit la seule réplique française du modèle de l’épisode 2 de Retour vers le futur. Sur une route de la Champagne, je crois qu’on s’est fait doubler par une voiture des Visiteurs.

Mike Hutchinson, 38 ans, programme son convecteur temporel (à g.). Le Dublinois Colin Baker, propriétaire des magasins Back from the Future, m’a prêté son Hoverboard et sa voiture qui pue l’essence (à dr.).

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À bas la bombe70 ans après Hiroshima

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Le Dôme du Palais des expositions situé à 160 mètres de l’hypocentre de la bombe est resté en l’état. Un symbole pour les militants de la paix au Japon et ailleurs P. 8 À 10

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SOLIDARITÉ

Un village EmmaüsÀ Lescar-Pau, 130 compagnons s’activent et attendent les festivaliers P. 7

ENTRETIEN (4)

Le désert des idéesNathalie Sarthou-Lajus, philosophe, appelle à la mobilisation des esprits contre le vide culturel P. 4-5

ÉGYPTE

Le sort fait aux coptesChrétiens et musulmans se tolèrent ou s’affrontent. Reportage au sud du Caire P. 6

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8 Dossier RÉFORME NO 3619 • 23 JUILLET 2015

Hiroshima, 6 août 1945, 8 h 15, ciel dégagé. Les ouvriers sortent des tramways, les éco-liers font leur gymnastique, le

rationnement du riz épuise la popula-tion, la guerre de l’Asie-Pacifique n’est pas encore finie. Soudain, une horreur nouvelle saisit ces malheureux, futurs emblèmes d’une histoire cruelle.

Les bombardements avaient jusqu’ici épargné cette ville, alors peuplée de 250  000 âmes. Une quarantaine de secondes après que le B29 Enola Gay eut largué Little Boy, 12 km2 (un dixième de la superficie de Paris) sont pulvérisés en un instant, plus de 70 000 habitants meurent sur le coup, des vents frisant les 800 km/h balayent la ville, que des incendies finissent par dévaster. Bien-

venue dans l’ère nucléaire. Qui, avec la Shoah, a changé pour toujours le rap-port de l’humanité à la paix et à la mort.

«  Une ère où l’humain est devenu capable de provoquer seul son extermi-nation. C’est ce que le penseur autrichien Günther Anders a appelé “L’obsolescence de l’homme” dans son livre du même nom », note Michel Cibot, délégué général de l’Association française des communes, départements et régions pour la paix (AFCDRP), une émanation de Mayors for peace. Cette structure mondiale, créée en 1982 à l’initiative du maire d’Hiroshima de l’époque, Takeshi Araki, s’est fixé pour objectif de bannir les armes nucléaires.

Le monde n’a toujours pas atteint cet objectif, soixante-cinq ans après l’Appel

de Stockholm, cinquante-deux ans après la création, par Claude Bourdet et Jean Rostand, du Mouvement contre l’arme atomique (MCAA). Les États-Unis ont signé du bout des doigts le traité de non-prolifération nucléaire (TNP). Quant à l’Inde, au Pakistan et à Israël, trois pays pourtant dotés de la bombe (même si l’État hébreu n’a jamais reconnu la posséder), ils ne l’ont jamais ratifié. Et l’Iran vient tout juste d’accéder à la tech-nologie nucléaire. Le TNP contient par ailleurs des clauses si sibyllines qu’il en devient tout à fait acceptable pour des pays comme la Russie, peu encline à une discipline pacifiste avec ses 20 000 têtes nucléaires (contre 10 000 pour les États-Unis et un peu plus de 300 pour la France).

COMMÉMORATION. Le 6 août 1945, le meurtre instantané de dizaines de milliers de personnes marquait le début de l’ère nucléaire. Où en est-on de l’écriture de cette histoire ? Quel combat livrent les militants de la paix ?

L’éveil des consciences

Hiroshima-Nagasaki ¿Il y a 70 ans le feu nucléaire s’abattait sur ces deux villes ¿Entretien avec l’historienne Maya Todeschini ¿Le tourisme mémoriel au JaponDOSSIER RÉALISÉ PAR ALEXANDRE MENDEL

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La ville d’Hiroshima a été entièrement reconstruite autour de l’hypocentre de la bombe, au bord de la rivière Ota

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9DossierRÉFORME NO 3619 • 23 JUILLET 2015

C’est du côté des militants associatifs qu’il faut chercher cette volonté de déve-lopper une culture de la paix. Au premier rang desquels on trouve donc ceux du réseau Mayors for peace. Le concept n’est pas de se tourner vers les États mais vers les collectivités locales afin de sensibili-ser les populations. « En France, observe Michel Cibot, créateur de l’AFCDRP en 1997, cette culture a mis du temps à percer. Le militant pour le désarmement a long-temps été vu comme un mec sympa mais assez original… Bref, les élus vous faisaient comprendre, dans les années 1960, qu’ils avaient mieux à faire. »

Quand ces derniers ne rétropédalaient pas, de peur de passer pour d’affreux pacifistes. Tel fut le cas de Georges Frêche, le défunt maire de Montpellier. Osamu Kuroi, directeur de l’Institut japonais de la culture et de la communication de Montpellier et représentant en Europe de la préfecture de Hyogo, se souvient avec amertume de la commémoration des 50 ans de la tragédie.

Des villes mobilisées« On voulait organiser une exposition

photos sur les effets de la bombe à Hiro-shima. Le maire a accepté de parrainer l’événement. Puis, une association d’an-ciens combattants a protesté comme s’il s’agissait d’un hommage au Japon de la Seconde Guerre mondiale ! Frêche a reculé… Nous avons dû détruire les cen-taines de cartons d’invitation mentionnant la mairie », relate ce francophile, installé dans l’Hexagone depuis trente-cinq ans, et qui, quand il avait 10 ans, n’avait pas pu dormir et manger pendant deux jours après avoir visité Hiroshima.

« Cette anecdote ne m’étonne pas, admet Michel Cibot. Mais on est passé ainsi de 10 villes à nos débuts à 150 aujourd’hui et à trois Régions, dont Centre, Basse-Normandie et Ile-de-France qui se sont engagées dans notre réseau. » Les petites communes comprennent la démarche. « Il y a beaucoup de maires intelligents qui saisissent très vite l’intérêt de cette action. On leur parle de l’impact sur le patrimoine historique de leur ville si une bombe venait à être lâchée... Il faut être très concret, ne pas en faire uniquement un problème écologique. » Les plus grandes villes fran-çaises membres de ce réseau sont Dijon, La Rochelle et Tours. Les mairies de gauche, qui constituent 80 % du réseau, sont surreprésentées. Bertrand Delanoë, un temps séduit, n’avait pas donné suite. Anne Hidalgo devrait franchir le pas.

Aux côtés du délégué général de l’AFC-DRP, son épouse Miho Shima est une des rares ambassadrices de la paix pour la ville d’Hiroshima (la huitième dans le monde après Yoko Ono). Elle est éga-lement envoyée spéciale de Nagasaki. Surtout, Miho Shima a fondé en France

l’Institut Hiroshima Nagasaki (IHN), en 1982. « Je suis née à Shizuoka. Le 1er mars 1954, des dizaines de pêcheurs de ma région qui naviguaient dans l’océan Paci-fique ont été victimes des cendres radioac-tives d’une bombe à hydrogène mille fois plus puissante que celle d’Hiroshima, lors d’un essai sur l’atoll de Bikini. » Miho Shima n’avait que 5 ans. Mais les consé-quences l’ont marquée : le Japon d’après-guerre commençait à pétitionner, à tenir des conférences contre l’arme nucléaire et à manifester, sans honte.Le réveil militant de Miho Shima a eu lieu en France, en 1980, alors qu’elle gar-

dait des enfants  : « Ils jouaient à la guerre avec un avion miniature. L’un d’eux a crié : “Cette fois-ci, on balance la bombe atomique !” Je me

suis dit qu’il fallait faire quelque chose. » Jeune mère de famille, elle se donne pour mission d’informer les petits Français. C’est le moment où les Japonais ont com-mencé, grâce à une campagne nationale, à racheter au gouvernement américain des archives inédites sur Hiroshima et Naga-saki. Un film est monté, traduit en français.

Miho Shima le présente en 1983 avec le Dr Shuntaro Hida, l’un de premiers hiba-kusha (survivants de la bombe) à venir en France, soit deux ans avant le scan-dale du Rainbow Warrior et en pleines manifestations contre le déploiement en Europe de missiles Pershing II et SS-20. « La France, pays en faveur de la dissua-sion nucléaire, était en retard... »

Après avoir publié plusieurs livres, son coup de génie est de lancer un dessin animé, L’Oiseau bonheur, « à une époque où les enfants du monde entier regardaient des productions japonaises ». Le film, inspiré d’une histoire vraie, raconte le destin tragique de Sadako, une fillette de douze ans, morte de leucémie, à Hiro-shima, dix ans après le bombardement. L’Oiseau bonheur a été présenté en 1995, alors que la France reprenait ses essais nucléaires. Vu par des millions d’enfants à travers le monde, il a même été traduit en hindi. NHK international l’a converti en émission de radio dans 24 langues.

« Et pourtant, je ne suis pas sûre que les mentalités aient tant progressé. Aux États-Unis, il y a toujours beaucoup de gens pour défendre la nécessité de la bombe. » Le premier d’entre eux était Paul Tibbets, le pilote d’Enola Gay, mort en 2008. En 1976, il avait rejoué la scène du largage à l’occasion d’une parade aérienne au Texas, avec fumigène en forme de champignon : un des rares moments où les États-Unis ont présenté leurs excuses au Japon. Des regrets pour la fausse bombe mais pas pour la vraie.

Les historiens américains continuent majoritairement à défendre la destruc-tion d’Hiroshima mais commencent à s’interroger sur l’utilité du bombarde-ment sur Nagasaki. La reconnaissance sans fard de ce passé douloureux servira l’avenir.• ALEXANDRE MENDEL

Comment les habitants se sont-ils rendu compte qu’ils venaient d’être atteints par une arme jusqu’ici inima-ginable ?Il n’y a pas eu de bombardiers en esca-drille, pas de sirène. Un seul avion est arrivé, de nulle part. La bombe a été lar-guée par parachute. Certains pensaient même qu’il allait s’agir de nourriture ou de tracts. Beaucoup de ceux qui regar-daient le ciel à ce moment-là ont perdu la vue ou ont été affreusement brûlés au visage. Il a fallu du temps pour qu’ils fassent le lien entre ce qu’ils avaient vu et ce qui s’était passé au sol. Des gens se sont retrouvés nus, éjectés de leur mai-son. Les blessures aussi étaient incon-nues, surtout celles dues aux radiations.

Comment ont réagi les secours ?Une soixantaine de villes avaient été visées par des raids. Dont Tokyo, en mai 1945, par un bombardement qui avait causé la mort de 100 000 per-sonnes. Hiroshima n’était donc pas un cas prioritaire. La contamination par les radiations a en outre beaucoup ralenti l’arrivée des secours. Il a fallu attendre l’arrivée d’étrangers, comme le médecin suisse Marcel Junod qui fut le premier à venir en août avec des médicaments. Jusqu’alors, on mettait de l’huile pour apaiser les brûlures. Seuls les scienti-fiques ont tout de suite compris. J’ai l’exemple en tête d’un ingénieur qui a fait partir sa fille pour fuir les radiations.

Les survivants ont longtemps été considérés comme impurs…Au Japon, la notion de pureté est très forte. Les shintoïstes pratiquent des rituels de purification pour se débar-rasser de la souillure devant les dieux. La radioactivité était une nouvelle forme de souillure, qui plus est indélébile. Dans les semaines suivant les explo-sions, les gens pensaient qu’on pouvait se débarrasser des contaminations en mangeant par exemple de la houttuynia cordata, une herbe laxative.

Ces deux bombardements ont-ils eu une incidence sur la création artis-tique ?Oui. Les victimes elles-mêmes ont pro-duit une création littéraire très abon-dante, avec un genre en soi : le Genbaku bungaku (« la littérature de la bombe  »), qui va du témoignage très simple au roman, du documentaire à la fiction. La réflexion artistique a été très fertile. Dans le dessin, avec Les Panneaux d’Hiroshima du couple Toshi et Iri Maruki. Au cinéma

avec Pluie noire de Shohei Imamura, très connu en Occident. N’oublions pas non plus Godzilla, film des années 1950, sorte de métaphore de la peur de la bombe. Car ce monstre est à la fois une victime créée par les radiations et un agresseur qui veut détruire le Japon.

Les Japonais font-ils des parallèles avec Fukushima ?Les survivants l’ont tout de suite fait. Je pense à une écrivaine, Hayashi Kyoko, selon qui l’atome n’est pas compatible avec l’humain. Un courant de l’opinion publique va dans ce sens-là. Et pour-tant les gens sont restés passifs sur le développement de l’industrie nucléaire. Il n’y a jamais eu de volonté commune chez ceux qu’on appelle « les allergiques au nucléaire ». Et puis existe une théorie assez souterraine, au Japon : si le pays veut garder ses centrales, c’est aussi pour signifier à ses voisins que l’État peut fabriquer une bombe en trois jours.

L’opinion publique attend-elle tou-jours des excuses des États-Unis ?Pour une majorité de la population, per-dure le crime contre l’humanité. Des avocats ont voulu intenter un procès sur cette base. Mais les Japonais sont aussi conscients qu’ils n’ont pas tout à fait accompli leur travail de mémoire, c’est-à-dire qu’ils doivent, eux aussi, s’excuser. Les victimes avec qui j’ai parlé sont assez réalistes : tant qu’on n’a pas fait ce qu’il faut vis-à-vis des femmes de réconfort en Corée ou des victimes du massacre de Nankin, on ne peut s’at-tendre à ce que Hiroshima ait vraiment une place dans la mémoire mondiale.

Y a-t-il, au Japon, une mémoire col-lective de l’événement comme il en existe une pour la Shoah ?On note des ressemblances : certes la volonté n’est pas génocidaire mais il y a une négation de l’être humain, une distance entre le bourreau et la victime, et l’utilisation d’une technologie. Comme ceux de l’Holocauste, des survivants de la bombe viennent dans les écoles pour témoigner devant la jeune génération. Ils sont presque devenus des conteurs. La moyenne d’âge des 200 000 survivants enregistrés est de plus de 80 ans. Il reste la seconde génération, celle atteinte de malformations génétiques répertoriées également parmi les hibakushas (littéra-lement : « affectés par la bombe »). On ne comptera bientôt plus de témoins directs.•

PROPOS RECUEILLIS PAR A. M.

ENTRETIEN. Maya Todeschini est enseignante à l’université de Genève. Cette historienne, diplômée de Harvard, raconte le largage de la bombe, l’horreur qui en a découlé d’abord, l’impact artistique ensuite.

« Une négation totale de l’être humain »

À LIRE

Hiroshima, 50 ans.Japon-Amérique : mémoires au nucléaire Maya Todeschini éd. Autrement, 1995.

« Le militant pour le désarmement a longtemps été vu comme un mec sympa mais assez original »

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10 Dossier RÉFORME NO 3619 • 23 JUILLET 2015

TOURISME. Rançon de la tragédie nucléaire, Hiroshima et Nagasaki se sont muées en lieux de la mémoire.

Villes mémoriellesFraîchement débarquée du Shin-

kansen, le train à grande vitesse japonais, une famille améri-caine pose devant le Dôme de

Genbaku. Le mari fait quelques essais de flash, ajuste sa focale, met en marche le retardateur et court rejoindre les siens devant l’unique bâtiment (construit en 1915 dans le cadre de l’exposition industrielle du département d’Hiro-shima), ayant résisté au bombardement atomique.

« T’es sûr que c’est là qu’ils ont lâché la bombe ? », ose demander, soucieuse d’authenticité, son épouse.

Bienvenue au must-do touristique d’Hiroshima. Bienvenue dans ce haut lieu du tourisme mémoriel, au pied de cette ruine gardée par un vigile et ins-crite au patrimoine mondial de l’huma-nité. À quelques pas du Mémorial de la paix (classé « attraction no 1 » de cette préfecture japonaise par le site Tripadvi-sor), des restaurants servent, au bord du paisible fleuve Ota, des huîtres locales presque aussi grosses qu’une main et qu’on déguste, à même la coquille, gril-lées et arrosées de soja.

À MazdaLa ville de Mazda, géant de l’indus-

trie nippone, est entièrement neuve. Les rues se coupent à angle droit, les immeubles sont de béton. Comme le château, rasé, puis entièrement recons-truit, qui témoigne, de façon un peu toc,

de ce qui architecturalement pouvait constituer l’Hiroshima d’avant-guerre. Les établissements de l’hôtellerie amé-ricaine côtoient les McDonald’s et les quelques rares izakayas, sortes de petits bars typiquement japonais, ne sont plus en bois depuis soixante-dix ans.

« À la différence de Tokyo pourtant détruite à 70 % par des raids aériens, tout

Hiroshima a été pensé, structuré autour du Mémorial de la paix, construit lui-même au plus près de l’hypocentre. D’ail-leurs, la capitale japonaise n’a aucun monument consacré au raid aérien de mai 1945 qui fit pourtant 100 000 morts », note Michael Lucken, direc-teur du Centre d’études japonaises à l’Institut national des langues et civilisa-

tions orientales (Inalco). Comme si, des cendres nucléaires d’Hiroshima, avait émergé une ville tournée vers le souve-nir, les commémorations « auxquelles, chaque année, assistent en grand nombre les étrangers », insiste Maya Todeschini, de l’université de Genève.

À quelque 400 kilomètres plus au sud, sur l’île de Kyushu, Nagasaki ferait presque oublier son passé tout aussi tragique. D’abord, la topographie de la ville (elle est moins enserrée par les collines environnantes qu’Hiroshima) l’a davantage épargnée.

Nagasaki, l’oubliéeLa bombe n’a d’ailleurs pas été tout

à fait lâchée à Nagasaki mais à Ura-kami, à quelques kilomètres de là, où se trouve un autre Mémorial de la paix avec un musée possédant quasiment la même historiographie qu’à Hiroshima. On pourrait visiter Nagasaki sans voir en elle une autre victime d’un bombar-dement effroyable.

La ville la plus chrétienne du Japon est peut-être davantage connue pour son célèbre site de Glover Garden qui inspira à Puccini son opéra, Madame Butterfly… « Nagasaki passe au deu-xième plan, elle est un peu oubliée et, de ce fait, a peut-être pu garder une mémoire plus authentique », observe Maya Todeschini.

Toujours sur Tripadvisor, une touriste qui s’apprête à visiter Tokyo, s’interroge :

« Est-il possible de visiter la zone d’exclusion de Fukushima ? »

Deux posts plus hauts, elle demandait comment les coupons de réduction fonctionnaient au Japon.

La « touristification » des catastrophes ne va pas s’arrêter.•

ALEXANDRE MENDEL

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Chaque jour, de nombreux groupes scolaires japonais viennent rendre hommage aux victimes de Nagasaki

Au Japon, l’écriture de la mémoire des deux bombar-dements atomiques n’est

pas aussi monolithique et pacifiste que l’Occident voudrait le croire. « On ne peut pas généraliser, entre le Japonais d’Hokkaido et celui d’Hiro-shima évidemment plus concerné par la bombe A », rappelle, comme une certitude, Michael Lucken, japonologue à l’Institut national de langues et civilisations orientales (Inalco).

Longtemps, les Japonais ont adopté la thèse unique – inverse de celle des Américains – selon laquelle l’empire du Soleil-Levant, à bout de forces, épuisé dans sa chair et dans ses armes, à court de pétrole pour sa marine et son avia-tion, allait s’écrouler sous peu et que, donc, l’usage de la bombe ato-

mique ne trouvait aucune espèce de justification, sinon celle d’éviter que l’URSS n’envahisse l’archipel.

Telle était l’historiographie pro-duite par un Japon également sou-cieux de se poser en victime et donc de gommer son rôle d’agresseur. Pur opportunisme et « Realpolitik » nippons.

Jeu troubleHirohito a d’ailleurs fait preuve d’un

grand attentisme sur la question : « L’empereur s’en est clairement servi. D’abord, parce qu’il était confronté à des généraux jusqu’au-boutistes allergiques à l’idée d’une capitula-tion. Ensuite, parce que, d’une certaine manière, ces deux bombardements ont servi les intérêts du monarque, en montrant à son peuple qu’il était soucieux de sa condition. » L’empe-

reur (alors d’essence divine) s’est donc mué en être humain, a conforté son aura « et a sauvé son trône ». Pas étonnant qu’après la guerre, Hiro-hito ait tenu à visiter les villes bom-bardées, lui qui, jusqu’alors, restait intouchable, loin de son peuple, dans son palais fortifié de Tokyo.

Et puis, « ce rôle de victime per-met aux Japonais de pratiquer un jeu trouble. À l’égard de ceux qu’ils ont agressés, comme la Corée ou la Chine, et envers qui ils ne recon-naissent qu’à demi-mot leurs crimes de guerre, mais aussi à l’égard des Américains », poursuit Michael Luc-ken. Aussi, explique ce chercheur, « le Japon a adopté le même prétexte que les Américains sur la bombe ato-mique quand il évoquait les crimes commis en Chine en 1937 et 1938 : “On massacre, en tapant tout de

suite un grand coup, car ça réduira nos pertes.” Et puis, ça permettra de tester de nouvelles armes, celles bac-tériologiques en ce qui concerne le Japon ». Les bombes lavant le passé de l’armée impériale…

Quant à la position des États-Unis sur ces deux bombardements, elle n’a jamais varié : ils ont servi à précipiter la fin de la guerre et à épargner des dizaines, voire des centaines de milliers de vies de soldats américains. Cette historio-graphie-là n’est pas près de chan-ger. Aucun président ou secrétaire d’État américain n’a assisté aux commémorations du 6 ou du 9 août, à Hiroshima ou à Nagasaki. Depuis peu, l’ambassadeur des États-Unis au Japon y paraît. Sans présenter d’excuses.

Au Japon, soixante-dix ans après

la tragédie, le tabou atomique s’est fissuré. En 2006, un sondage du quotidien Yomiuri Shimbun mon-trait que 20 % des Japonais étaient en faveur de la construction d’une bombe ïnucléaire ou de son stockage par les Américains sur son territoire. « Sur cette question, la mentalité japo-naise est assez proche de celles qu’on retrouve dans les grandes puissances militaires occidentales », remarque Maya Todeschini, enseignante à l’université de Genève.

Quant au Premier ministre actuel, Shinzo Abe, ardent partisan du nucléaire civil, il milite pour faire de la force d’autodéfense japonaise une armée régulière, capable de prendre l’initiative d’une attaque. C’est dire si les colombes volent dans le vide à Hiroshima à Nagasaki.•

A. M.

POLITIQUE. Et si le Japon avait tiré parti des deux bombardements, notamment au regard de sa propre histoire ? Cette thèse n’a rien de saugrenu.

Une victimisation parfois opportuniste

Page 8: Mon press-book (Alexandre Mendel)

2 Événement réforme No 3580 • 16 octobre 2014

ÉDITORIAL

À chaque jour, son nouveau départ. À chaque média, sa nouvelle histoire de course folle vers le djihad. Et à

chaque fois, cette interrogation de la part des pouvoirs publics : comment empêcher que de jeunes Français embrassent le radicalisme ? C’est peu de dire que Christiane Taubira vient de briser un tabou dans un pays laïc, en proposant, le 3 octobre dernier, de mettre en place des programmes de désendoctrinement.

« La garde des Sceaux veut répondre au désarroi de familles dont les enfants partent pour la Syrie. Or, au niveau européen, à la différence du Royaume-Uni ou des Pays-Bas, la France n’avait qu’un modèle répressif à proposer. En gros, pendant des années, seuls la police et les renseignements surveillaient des gens considérés comme potentiellement dangereux », explique Francesco Ragazzi, chercheur associé au Centre d’études et de recherches internationales (Ceri). Ce maître de conférences présentera, mer-credi 22 octobre, à Sciences-Po Paris, un rapport particulièrement instructif sur les différents moyens de prévention mis en place par les Britanniques et les Néerlan-dais. Des moyens dont, justement, vou-drait s’inspirer la ministre de la Justice.

Des mentors tuteursCar en la matière, la France a pris

beaucoup de retard. « Depuis 2005, la Grande-Bretagne a développé tout un arsenal préventif. Notamment avec un programme baptisé “Channel” et inspiré par la lutte antibandes et antigang. Il s’agit de nouer des partenariats entre la police, les mairies et les communautés (mosquées, associations musulmanes, imams, travailleurs sociaux, etc.). Des mentors, sortes de figures modèles pour ces jeunes, servent de tuteurs. » Entre 2007 et 2010, 1 120 personnes ont été recommandées pour le « Channel ».

Parfois avec des loupés mémorables : des étudiants propalestiniens ont été dirigés vers ce système alors qu’ils ne présentaient aucun danger.

On est loin du rare dispositif préventif qui soit un peu médiatisé en France : un numéro Vert antidjihad, placardé à l’en-trée des mosquées (voir photo), incitant les familles à appeler en cas de crainte de départ. Car, aujourd’hui, en l’absence de mécanique étatique, les mesures de prévention sont surtout le fait des musul-mans eux-mêmes. Au premier rang des-

« Disons que, confronté à cette situation, je dirais à un jeune que, là-bas, ce n’est pas sa guerre, qu’il ne connaît ni les cou-tumes, ni la langue du pays où il va. » Non sans avoir auparavant fustigé les imams trop proches du pouvoir, notamment le très médiatique Hassen Chalghoumi, de la mosquée de Drancy. Farid Darrouf, lui aussi, est souvent jugé « trop répu-blicain », ce qu’il revendique d’ailleurs : « Heureusement que je suis l’ami de l’État ! Je dois être fier de défendre ce sol. »

Fragiles convertisToujours à Montpellier, dans une autre

mosquée, l’Union des musulmans de l’Hérault (UMH) tient, depuis peu, des réunions pour les convertis, une popu-lation considérée comme fragile : un cinquième des 800 Français partis pour la Syrie ne sont pas nés musulmans. «  On ne peut rien faire contre ceux qui partent pour le djihad, dit Abdellah Elabed, secrétaire général de l’UMH. On n’est pas responsables. Et puis les candidats au départ ne viennent pas dans les mosquées  ! » Lors de ces ren-contres, qui attirent une vingtaine de personnes, est distribué un petit livre intitulé La modération islamique et ses caractéristiques. Livre écrit par Yusuf al-Qaradawi, un frère musulman égyptien

quels figurent, évidemment, les imams dits « modérés ». Comme Farid Darrouf, qui dirige le culte de la grande mosquée de Montpellier. Nommé l’année dernière, en remplacement de son prédécesseur, dont les prêches étaient jugés trop poli-tiques, Farid Darrouf mise, lui, sur le mes-sage religieux. « Deux familles sont venues me voir. Je leur ai expliqué ce que voulait vraiment dire le mot djihad. Ça signifie l’effort et non pas le combat.  » Avec un argument qui semble faire mouche  : « Je leur dis de faire le djihad sur eux-mêmes,

c’est-à-dire de réussir à l’école, de le faire pour leur famille, pour qu’ils soient fiers d’eux. C’est un mes-sage qui passe plutôt bien. »Un message qui passe

moins bien auprès du responsable de la mosquée de Lunel, une ville qui compte 25 000 habitants, dont 4 000 musulmans, située à 25 kilomètres à l’est de Montpel-lier. C’est là, dans son bureau, tout en pré-cisant qu’il souhaite « rester anonyme », que cet homme de 39 ans, père de quatre enfants, confie qu’on ne peut pas « inter-dire à un jeune de 18 ans de partir » et cer-tainement pas en invoquant le danger : « La dernière chose que les candidats au départ craignent, c’est la mort. » Avant de se reprendre, pas peu fier de son effet :

DésespérantIl était un domaine dans lequel le gou-vernement aurait pu marquer le quin-quennat, c’est celui de la transition énergétique dans la perspective de la conférence Paris Climat 2015. Les dé-cisions sont difficiles à prendre, mais elles sont cruciales pour l’avenir. Au regard du temps long de l’Histoire, c’est probablement le sujet politique le plus important car il met en jeu le monde dans lequel vivront nos enfants.Dans ce registre, à mi-mandat, le bilan du gouvernement est particulièrement décevant. En deux ans et demi, on en est au troisième ministre de l’éco-logie, ce qui n’est pas le signe d’une ligne politique ferme. Et une semaine après avoir présenté la loi de transition énergétique dont le président Hollande disait que c’était l’un des textes « les plus importants du quinquennat », le gouvernement a capitulé devant le lobby des routiers en retirant son projet d’écotaxe. Cette décision a en outre le défaut de rendre la France un peu plus ingouvernable car elle révèle un gou-vernement faible, incapable de résister à ceux qui ont un pouvoir de nuisance. Depuis la semaine dernière, il a perdu une grande part de sa crédibilité pour imposer la moindre réforme un tant soit peu courageuse. Le transport routier est plus polluant, plus dangereux et plus bruyant que ses alternatives ferroviaire et fluviale. L’idée de taxer la route pour favoriser les infrastructures des autres moyens de transport avait une logique suffi-samment incontestable pour que la loi instaurant les péages ait été votée à une très large majorité de l’Assemblée nationale en 2009.C’était une loi intelligente qui avait comme vertu d’aller dans le sens de la transition énergétique en faisant évo-luer progressivement les transports de marchandises vers des supports plus respectueux de l’environnement. Renoncer à cette loi a un coût écono-mique par rapport aux investissements déjà engagés, mais aussi un coût poli-tique sur la capacité du gouvernement à mener une stratégie en faveur du cli-mat. Au nom du principe de respect des autorités que nous tirons des évangiles, nous avons essayé de conserver un re-gard bienveillant sur le gouvernement, mais cette dernière décision a un côté profondément désespérant.•

Antoine Nouis

Société. Face au nombre croissant de départs pour la « guerre sainte », la France réfléchit à un programme de désendoctrinement, inspiré notamment par la Grande-Bretagne.

La prévention contre le djihad, une urgence

Dispositif de prévention : un numéro Vert antidjihad est placardé à l’entrée des mosquées

« On les a bien convaincus de faire le mal, on peut bien les convaincre d’y renoncer »

Page 9: Mon press-book (Alexandre Mendel)

3Événementréforme No 3580 • 16 octobre 2014

EntrEtiEn. Abdel Garbi, 51 ans, docteur en informatique et aumônier musulman de la prison de Montpellier.

« Il faut donner confiance »Comment vous apercevez-vous qu’un détenu est un potentiel candidat au départ ?Je ne suis pas là pour les repérer, ce n’est pas ma mis-sion. Tous les vendredis, j’ai quelque cinquante déte-nus musulmans qui viennent au culte. Et franche-ment, ceux qui sont présents ne sont pas de futurs djihadistes. En deux ans et demi, quatre personnes sont venues me voir pour me poser des questions sur le djihad. C’est un phénomène très nouveau. Aupa-ravant, ces jeunes ne s’interrogeaient pas. Avec ce qu’ils voient aux infos ou sur Internet, ils nourrissent un sentiment d’injustice et de solidarité à l’égard des victimes syriennes de Bachar al-Assad. L’attaque au gaz de Kfar Zeita, en août 2013, a souvent été le facteur déclenchant. Si la France était intervenue, je pense qu’on n’aurait pas eu autant de départs.

Donc, vous ne pouvez pas aider ceux qui ne viennent pas au culte du vendredi ?On peut toujours faire quelque chose. J’ai demandé au directeur de la prison de me signaler les gens qui ont un comportement suspect. Certains sont déjà incarcérés pour les risques de menace islamiste qu’ils présentent. Et puis il y a les autres prisonniers, ceux qui ont changé d’attitude : ils font du prosélytisme auprès de leurs codétenus ou provoquent les gar-diens en leur disant : « On va vous massacrer ! », en n’oubliant pas de se référer à leur religion quand ils les insultent. Je vais les voir individuellement dans leur cellule. J’en ai rencontré une dizaine. Je remarque qu’ils ont souvent un problème d’estime de soi. Ils ne haïssent pas forcément l’Occident mais rejettent la société : celle qui ne leur offre pas de perspectives.

Pas facile de les aborder sans les braquer…C’est un vrai problème. J’essaie d’adopter une position qui inspire confiance. Je ne veux pas qu’ils s’ima-ginent que je travaille pour l’État ou que je suis un délateur. Du coup, je ne cible pas le sujet. Je leur parle du vrai message de l’islam. Leur connaissance du Coran et de la religion est souvent infime. Je leur cite un hadith qui dit qu’il est préférable d’avoir un tyran et la paix qu’une rébellion et la guerre. Il faut rester avec eux dans le domaine du spirituel et se mettre à leur niveau. J’observe des changements : ils progressent.

Selon vous, qui est responsable de ce retard dans la prévention ?Tout le monde est responsable ! Oui, il y a de la stig-matisation contre les musulmans. Mais c’est aussi un peu de notre faute. Les imams n’ont pas su s’adapter. Certains prêches se font en arabe pour une popula-tion qui ne le parle pas, sans aborder les problèmes du quotidien : le logement, le travail, la famille… Résultat, les jeunes vont chercher leurs réponses sur Internet au lieu de les avoir dans les mosquées. Il y a plein de choses que l’État pourrait installer pour désen-doctriner ces jeunes : un stage chez un aumônier musulman ou chez un imam… Il y a aussi l’éducation. Est-ce normal d’envoyer les enseignants les moins aguerris dans des classes surchargées où les parents de ces élèves ne parlent pas le français ? On devrait s’inspirer du système finlandais en mettant le paquet dès le primaire.• ProPos recueIllIs Par a. M.

qui s’est fait notamment connaître pour avoir défendu le recours aux attentats-

suicide en Israël… Son fascicule est d’ail-leurs ponctué d’appels à faire la guerre « aux sionistes ». Pas vraiment l’image de la modération que soutient l’État.

Et pourtant on aurait tort de se couper des responsables jugés radicaux, selon Francesco Raggazi : « En Grande-Bre-tagne, les partenariats se font avec des musulmans qui sont d’accord avec le gou-vernement. Si on veut que ces partenariats soient efficaces, il faut aussi se tourner vers ceux avec qui nous n’avons pas l’habitude de parler. Au nom du dialogue, on a eu trop tendance à délégitimer toutes ces voix. » Question de crédibilité.

remise en questionOn aurait tort aussi de considérer,

comme Alexandre, un jeune converti, originaire de Millau, qu’il n’y a que des « paumés, souvent anciens revendeurs de drogue » qui partent. « Le passage à l’acte violent ou à la clandestinité, observe encore Francesco Raggazi, est souvent trop complexe pour n’être expliqué que par des facteurs psychologiques de mani-pulation ou par des facteurs sociaux. » Le choix de ces jihadistes serait rationnel : « Ils veulent apporter de l’aide humani-taire, lutter contre les crimes du régime d’Assad, ou sont tout simplement à la recherche d’une aventure. Évidemment, il y a aussi des personnes qui sont là uniquement pour la violence : elles, elles sont dangereuses. Mais tous ceux qui reviennent ne sont pas forcément dange-

reux. » Au Danemark, le gouvernement a même mis en place un vrai programme de réhabilitation pour les gens de retour de Syrie avec, notamment, un suivi médical, psychologique et une aide à la famille. Paradoxalement, leur séjour en Syrie est souvent la meilleure façon de les dégoûter de leur rêve de djihad.

« Cette idée de les désendoctriner n’est pas mauvaise, on les a bien convaincus de faire le mal, on peut bien les convaincre d’y renoncer », se félicite Mehdi Bensa-lah, journaliste franco-algérien, vivant à Bordeaux qui « en a marre de la stigma-tisation ». Quelle efficacité et quel crédit accorder à un tel projet ? « Je n’ai pas de données sur l’efficacité d’un tel programme, admet Francesco Raggazi. Mais si les Fran-çais veulent s’inspirer de ce qui existe déjà en Europe, c’est que les Britanniques ont su les convaincre que c’est efficace. »

Le plus dur à bâtir ne sera pas les struc-tures. « Pour que ça fonctionne, il faut qu’il y ait un fond politique. Les gouvernements doivent avoir le courage de dresser la liste de leurs hypocrisies. Dire par exemple pourquoi on soutenait à un moment les rebelles en Syrie et pourquoi on est engagé maintenant dans une guerre contre cer-tains de ces groupes rebelles. Ne pas par-ler de politique, c’est faire le jeu des radi-caux  », soutient Francesco Raggazi. Une remise en question de la part de la France qui demandera de l’audace.•

alexandre Mendel

corresPondance de MontPellIer

Société. Face au nombre croissant de départs pour la « guerre sainte », la France réfléchit à un programme de désendoctrinement, inspiré notamment par la Grande-Bretagne.

la prévention contre le djihad, une urgence

Sur le Net, l’impossible lutte

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on les appelle les djihadistes du clavier. Ama-teurs des théories du complot, ces internautes nourrissent, derrière leurs ordinateurs, une haine viscérale de l’occident et des juifs.

Aux prêches dans les mosquées qu’ils jugent trop « réfor-mistes », ils préfèrent la caisse de résonance d’Internet. En sep-tembre dernier, la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) a ainsi interpellé, à Montpellier, un homme de 35 ans qui administrait une page Facebook où, selon une source proche du dossier, il appelait à la guerre dans des termes virulents. Qua-rante-huit heures de garde à vue pour une page qui, à en croire son avocat, Me Aurélien Robert, « ne présentait pas de danger et ne contenait aucun appel au meurtre ». Comment ce père de quatre enfants, bien inséré dans la société, a-t-il pu en arriver là ? Comme souvent, des proches ont alerté les autorités, « de peur qu’il finisse lui aussi par partir ». Car les recruteurs pour le djihad font, comme tout service moderne de ressources humaines, leurs emplettes sur la toile.

« Et encore, ce n’est pas sur Facebook qu’on voit les choses les plus graves », constate Farid Darrouf, l’imam de la Grande Mosquée de Montpellier, qui cite les vidéos de YouTube comme étant les plus dangereuses. Le stock semble inépuisable. Meilleur exemple : les interventions délirantes de Jean-Louis Denis, connu sous le pseudo de « Jean-Louis le soumis », sont disponibles sur le site de partage de vidéos et ont été vues par des milliers d’inter-

nautes francophones. Pourtant ce Bruxellois de 39 ans, converti à l’islam, soupçonné d’avoir recruté une dizaine de volontaires pour le djihad, fait l’objet d’une enquête du parquet antiterro-riste belge. D’autres opus cartonnent : La trilogie à venir ou La vérité sur l’État islamique (une apologie des « œuvres sociales » [sic] du Daesh) ont été visionnées des dizaines de milliers de fois. Ces vidéos, en français, toujours mieux montées, séduisent même le public féminin. « Les filles voient des combattantes avec des kalachnikovs, ça les impressionne », remarque, amer, Farid Darrouf.

contre-propagandeLe 8 octobre, à Luxembourg, les ministres européens de

l’Intérieur rencontraient les principaux patrons des géants de l’Internet : Google (propriétaire de YouTube), Twitter et bien sûr Facebook. Avec un objectif : lutter contre cette propagande. En l’absence d’algorithme antidjihad, ces productions ne sont pas près de s’arrêter. Facebook ou YouTube ferment régulière-ment des comptes. Ils réapparaissent souvent quelques heures après leur clôture.

Là aussi, la Grande-Bretagne est en avance. Le Research information and communications unit (RICU) est une unité dépendante du ministère de l’Intérieur et a pour but de proposer, principalement sur les réseaux sociaux, une contre-propagande faite par des professionnels et des bénévoles. Des méthodes issues de la guerre froide remises au goût du jour.• a. M.

Page 10: Mon press-book (Alexandre Mendel)

2 Événement

ÉDITORIAL

En guise de douane, un poste de garde ouvre sur une route défoncée. L’atmosphère est détendue, presque à la victoire,

après la suspension sine die du projet de barrage de Sivens. Les camions de gendarmes mobiles viennent de partir. Seul le bourdon sourd des pales d’un hélicoptère dans le ciel rappelle la ten-sion des semaines passées. On accorde le passage aux médias pour de l’alcool ou des cigarettes, on vérifie la carte de presse.

Une formalité souriante et fraternelle (« Franchement, j’aimerais mieux que tu me tutoies »), sur ce chemin qui mène à la Zone à défendre (Zad) où restent encore mobilisées jusqu’à deux cents personnes par jour. Il y a dix jours y mourait Rémi Fraisse, un étudiant âgé de 21 ans ; tragédie ouvrant le bal médiatique. Qui « les gonfle ». Un peu comme tout le reste : le gouvernement, le fric, le pouvoir, la propriété privée, la magouille. Tout y passe.

Deux check points plus loin, juste après le parking délimité par du fil de fer barbelé, où se côtoient vieilles camionnettes diesel et vans hi-tech des chaînes de télés, un homme prévient  : « Au fait, il faudra payer un montant libre pour les photos. On vient de déci-der ça tout à l’heure. » Sorte d’impôt révolutionnaire avant de faire valider ses clichés en partant. « Il faut s’inspi-rer de la Corse ou de l’ETA », explique, sans plaisanter, un jeune. La visite des lieux se fait accompagné par un guide : « Il ne faut pas écrire n’importe quoi. Ou qu’on reconnaisse quiconque. Certains sont sous contrôle judiciaire… Sinon, je confisque ton appareil ! »

Contexte tenduBienvenue dans l’État dans l’État, ou

dans l’État contre l’État. Flower power pour les uns – des jeunes femmes se pro-mènent la poitrine nue et une vague odeur de cannabis dissimule à peine les effluves de pommes pourries dus au gaz lacrymo ; treillis et rangers aux pieds pour les autres, histoire de dire que tout ça, c’est un peu une guérilla « mais en plus cool ».

« Je suis désolé. Mais on est devenus très méfiants. Il y a des drones qui nous photographient. Le contexte est tendu », se justifie Camille, qui dit avoir retenu « les leçons de Notre-Dame-des-Landes, notamment en ce qui concerne l’orga-

tesque trucage pour « servir l’intérêt des puissants ».

Écologistes convaincus, anarchistes plus ou moins crédibles (un jeune lycéen prétendant « être anar » avouait n’avoir trouvé, à Albi, qu’un drapeau américain pour masquer son visage), babas cool, ex-indignés, anciens ano-nymous, « antifas » parfois adeptes de la violence : le mouvement agrège les craintes et les espoirs d’un monde qui est en train de leur échapper. De temps en temps avec de l’humour : « M… ! La juge vient de passer, elle m’a dit que je n’avais rien à faire ici », lâche un punk accroupi sur un trottoir pour écrire à la craie des slogans contre Manuel Valls.

Il y a même dans cette communauté très composite un jeune chrétien évan-gélique, qui se fait appeler Bobby (un des rares à ne pas être un Camille), étudiant en première année de droit à Nancy, se définissant « comme un enfant

nisation ». Camille : un pseudonyme collectif, choisi lors des assemblées générales (elles sont quotidiennes, en plus des réunions « de travail ») « pour dire qu’on parle tous d’une seule voix ». Un prénom d’emprunt androgyne, un masque sur les identités comme si camoufler les visages – l’usage pen-dant les manifestations – n’était pas

suffisant. Méfiant : c’est le mot pour ne pas dire paranoïaque. Le matin même, devant le conseil général du Tarn, ce même Camille, le visage enru-banné dans un chèche, racontait au micro que « le

corps de Rémi était conservé par l’armée pour favoriser sa décomposition afin de disculper la gendarmerie… Bon, c’est ma théorie ». Tant pis si l’autopsie accable la gendarmerie, l’important étant de démontrer que tout n’est qu’un gigan-

Société de confianceLes analyses sur la première moitié du mandat du président Hollande ont de quoi déprimer les plus optimistes. Le chef de l’État est encalminé dans les sondages et les résultats de sa politique économique se font attendre. Il est cri-tiqué par l’opposition, ce qui fait partie des règles du jeu ; mais il est aussi de moins en moins soutenu par sa majo-rité qui se rétrécit de jour en jour, au point que certains s’interrogent sur sa capacité à terminer son mandat. Il interviendra à la télévision jeudi et je prends peu de risques en anticipant les commentaires. Ses adversaires le trou-veront fatigué, ambigu et peu convain-cant alors que ses soutiens le jugeront déterminé, décisif et droit dans ses bottes de capitaine. Au-delà de ces postures convenues, nous ne pouvons que souhaiter que la seconde partie de son mandat soit plus heureuse que la première, pas pour la satisfaction du gouvernement, mais pour notre pays tout simplement. Puisque nous sommes dans un journal protestant, n’oublions pas qu’un des apports de la Réforme est ce qu’Alain Peyrefitte a appelé «  la société de confiance ». Une société solidaire re-pose sur la confiance entre un homme et une femme, un médecin et un ma-lade, un enseignant et ses élèves, un entrepreneur et ses commanditaires, un banquier et ses clients, un patron et ses employés… entre un gouvernement et un peuple. Le dynamisme d’un pays repose sur la confiance que les diffé-rents acteurs se portent les uns aux autres. Elle favorise l’affectio societa-tis, qui est la volonté des personnes de s’associer pour une cause commune. La confiance est un des domaines dans lequel les Églises peuvent apporter leur contribution. L’Église protes-tante unie a intitulé sa brochure de présentation Choisir la confiance. La confiance n’est pas sans lien avec la grâce qui conduit à poser un regard positif sur l’activité humaine. Elle ne repose pas sur un optimisme aveugle mais elle est une attitude spirituelle, une exhortation. Au-delà de tout ce qui nous déçoit dans la politique, nous sommes appelés à la confiance, au nom de notre foi, pour nous, notre prochain et notre pays.•

Antoine Nouis

réforme No 3583 • 6 Novembre 2014

« C’est pas nous qui nous radicalisons, c’est l’État, c’est la police ! Le temps des sit-in est fini »

RepoRtage. De l’extrême gauche à l’extrême droite, tous les courants de pensée protesta taires et toutes les revendications sont représentés à Sivens, dans le Tarn.

Ce barrage qui fédère les contestataires

Page 11: Mon press-book (Alexandre Mendel)

3Événement

À chacun ses arguments. Les anarchistes ne comprennent pas toujours ce qu’ils font, c’est vrai. Moi, je leur dis que sans police, ce serait le règne du fascisme. » Avant de poursuivre : « Ils ont aussi le sens du sacrifice. La foi, c’est bien ; mais c’est mieux d’être engagé. Comme Jésus. » Le dessin d’un crucifix orne son bras. Il avait 20 ans quand il se l’est fait tatouer. Il en a 57 aujourd’hui. « Mon idéal n’a pas changé. C’est juste dans la continuité de ma vie. Vous savez, il en a fallu des lions pour bouffer des chrétiens avant que le message de Jésus ne soit reconnu. »

À la Zad, on ne lèvera le camp que lorsque le projet sera définitivement enterré. « Vivre en communauté, c’est déjà une cause », souffle Camille. D’autres voix évoquent un climat res-semblant aux années 1930. Annoncia-teur de lendemains qui déchantent. « Ah oui ? Ca commence quand ? », se demande un des militants, en se roulant une cigarette.•

AlexAndre Mendel

envoyÉ spÉciAl à sivens

de bonne famille préférant le message de la Bible à celui de l’État ». C’est lui – avec d’autres – qui a mis dehors, le 25  octobre, jour des affrontements contre les CRS, une dizaine d’adeptes d’Alain Soral et de jeunes identitaires : « Leur message antisémite ne passe pas. Il y a des limites à la récupération. On ne veut pas de fachos. »

opportunistes et anciensIl y a aussi les opportunistes avec qui

les anciens composent : les « manifes-tants de la 25e heure, chacun en pense ce qu’il veut », balance Gwen, en lutte « depuis deux ans ». « Le flot est per-manent. Il y a ceux qui partent et ceux qui arrivent », lâche notre guide. Dans ce lot, un Californien de 19 ans, Andy, vient de débarquer. Fils de plombier, il n’a pas l’air de trop saisir la probléma-tique du barrage : « Je reviens d’Ozora, un festival hippie en Hongrie. Là-bas,

on m’a dit que c’était cool ici ! » Ce qui lui plaît ? « Être loin des millionnaires d’Orange County  », la banlieue chic où il vit, connue pour abriter Disneyland.

Et la violence dans tout ça ? « En quelques mois, on est passé du plantage de clous dans les arbres pour casser les chaînes des tronçonneuses à des actions plus déterminantes. Pas question de se laisser faire », dit un autre Camille. Les tags anarchistes dans Gaillac, à quelques kilomètres de là, et quelques vitrines brisées témoignent de cette escalade. « Mais on a fait en sorte de ne casser que les vitrines des banques », tempère un anarchiste qui en veut « à mort à ceux qui détiennent le pouvoir et non pas – notez-le bien – au petit bou-langer ».

Le mouvement s’est radicalisé. Même si personne n’aime l’adjectif « radical ». « C’est pas nous qui nous radicalisons, c’est l’État, c’est la police ! Le temps des sit-in est fini », explique Thomas Fouillat, l’un des seuls à accepter que l’on mette son vrai nom. Cet ancien carrossier, ex-

pèlerin de Saint-Jacques-de-Compos-telle, avoue « avoir essayé de faire tomber un horodateur qui n’est qu’un symbole du pouvoir ». Ce Haut-Savoyard de 26 ans, venu dans le Tarn au volant de sa BMW, gagnait 3 000 euros par mois en Suisse. Aujourd’hui, il refuse cette vie et se dit « prêt à mourir s’il le faut », avec l’assentiment, précise-t-il, de sa mère.

Un crucifix sur le brasIl n’y a pas que les banques, à Gail-

lac, qui ont souffert. Le monument aux morts a été souillé par les crachats et l’urine. Les habitants n’ont pas compris ce geste et se souviendront longtemps de la manifestation en hommage à Rémi Fraisse. L’une des figures du mouvement contre le barrage, Roland Fourcard, pion dans un lycée agricole, vient de terminer une grève de la faim de soixante jours. Quelque vingt kilos per-dus après, ce « pacifiste qui croit au dia-logue » ne condamne pas l’action. « Ces jeunes ne l’ont pas fait contre les morts. Ils l’ont fait pour le symbole. Contre l’État.

réforme No 3583 • 6 Novembre 2014

à sivens, tous les jeunes se font appeler camille

RepoRtage. De l’extrême gauche à l’extrême droite, tous les courants de pensée protesta taires et toutes les revendications sont représentés à Sivens, dans le Tarn.

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« Des initiatives sans lendemain »Pour Claude Pennetier, chercheur au CNrS et l’un des auteurs du livre Les anarchistes, dic-tionnaire biographique du mouvement libertaire francophone (éd. de l’Atelier, 527 p., 52 €), les contestataires actuels se situent dans le droit-fil de mouvements traditionnels.

« Il me semble qu’à Sivens on peut identifier trois familles de pensée : les libertaires, les féministes et les écologistes.

Le mouvement libertaire se divise lui-même en trois groupes : la Fédération anarchiste, Alternative libertaire (plus portée à l’action organisée) enfin la Confédération nationale du Travail qui, comme son nom l’indique, peut être assimilée à l’anarcho-syndicalisme. Sur le plan des idées, disons que dans ce milieu l’emporte le désir de recréer des lieux de vie proches de la nature.

Cela s’est traduit bien souvent par des pratiques artisanales et l’attachement à l’alimentation végétarienne. Chez les liber-taires, le courant végétarien s’articule autour de la protec-tion des animaux mais aussi sur l’idée que le monde ouvrier (ou populaire) travaille plus que nécessaire pour s’acheter quelque chose qui ne lui est pas nécessaire – ce qui les conduit à lutter aussi contre l’alcoolisme et le tabagisme.

On peut repérer une opposition forte, chez les anarchistes, entre ceux qui sont favorables au progrès scientifique et ceux qui le rejettent. Ceux-ci, disciples de Henri Zisly (1872-1945), sont en quête d’un état naturel qui rompe avec les valeurs sociales dominantes et qui se traduit par un retrait du monde.

Ceux-là veulent modérer les excès de la société urbaine sans casser la dynamique du progrès technique. Ces débats remontent aux années 1900 mais ils perdurent, même si tous les militants n’en sont pas conscients. La sensibilité libertaire, enfin, peut être associée à la désobéissance civile. On l’a déjà remarqué, durant les années soixante-dix, au Larzac.

Les femmes qui s’impliquent sont les héritières des fémi-nistes des années soixante-dix. Elles revendiquent leur auto-nomie de décision, refusent toute forme d’autorité masculine. Elles se réclament d’un art de vivre en dehors des règles clas-siques ; elles peuvent encourager la construction d’un habitat très atypique – une yourte, une tente –, une autosuffisance alimentaire et le refus de l’électricité produite par les centrales nucléaires. Elles rejoignent en cela les écologistes.

Si les écologistes sont mieux organisés, appuyés par un enca-drement politique solide, ils sont, pour cette raison même, considérés avec méfiance par les autres.

comme un service d’ordreIl est indiscutable qu’une partie des « zadistes » (de Zone

à défendre) sont violents. La majorité des militants ne les approuvent pas mais laissent faire parce que ces militants radicaux protègent le lieu de vie, répliquent à la pression exer-cée par la police. Il faut en effet souligner que les forces de l’ordre disposent d’un appareillage sans comparaison avec celui dont elles se servaient autrefois.

Mieux protégés, mieux armés, les policiers d’aujourd’hui sont presque déshumanisés et sont donc plus effrayants.

La majorité des contestataires s’abrite derrière les extrémistes. Sur le site de Notre-Dame-des-Landes, certains manifestants m’on dit qu’ils n’approuvaient pas les actes de violence mais reconnaissaient à leurs camarades une capacité à les défendre, comme le ferait un service d’ordre, à susciter l’attention des médias et donc à se rendre utiles.

Pour autant, je ne crois pas que la contestation née à Sivens puisse connaître un prolongement sur le terrain politique. En général, de telles aventures font surgir des initiatives originales, mais sans lendemain.

D’ailleurs, les partis traditionnels – y compris d’extrême gauche – se tiennent à distance et ne se pressent pas pour les soutenir. »•

propos recUeillis pAr F. cAsAdesUs

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Important dispositif pourretrouver la septuagénaireDisparition l Toujours aucun résultat dans les recherches menées depuis maintenant trois joursà Pied-de-Borne. La Gardoise était partie jeudi cueillir des champignons avec son neveu.

LA DÉCEPTIONHors contexte, la scènepourrait prêter à sourire.«Vous savez pourquoi onest là ? », demande le

commandant Stéphane Milonet,par la fenêtre de son pick-up4x4, à l’adresse de champignon-neurs dont les coffres débor-dent, au-delà du raisonnable, decèpes. Car la gendarmerie n’estpas venue, hier, à Pied-de-Borne,pour dresser des contraventionspour la cueillette abusive. Maispour retrouver Jeanne Delenne,disparue depuis jeudi après-mi-di, sur le plateau du Roure. Cettefemme de 74 ans, habitantSaint-Hilaire-de-Brethmas, unecommune près d’Alès, n’est ja-mais revenue sur le parking decet endroit bien connu des ama-teurs de cèpes. C’est son neveu,un paysan de Prévenchèresd’une cinquantaine d’années, quia prévenu les forces de l’ordre.Ils s’étaient séparés, chacun al-lant ramasser les bolets de soncôté.

«C’est aujourd’huiou jamais»Commandant Milonet

Voilà donc trois longs jours quecinquante pompiers et militairesdu département sillonnent mètrecarré après mètre carré les boisdu Devès de la Cham, une forêtcernée par les falaises. À la têtede cette opération, le capitaineSalvador Perrone du groupe-ment de gendarmerie de la Lozè-re. Plan IGN en mains, c’est luiqui a délimité la zone à ratisser.Le chef d’escadron Stéphane Mi-lonet, venu de Mende, l’a rejointhier pour cette opération d’enver-gure. « C’est aujourd’hui ou ja-mais », confiait-il, « toujours opti-miste ». Car il y avait encore desraisons d’espérer : la présence de

dizaines de promeneurs gardoiset lozériens, deux nuits dans uneatmosphère douce (les tempéra-tures ne sont pas descendues endessous de 11˚ C) et le dispositifmis en place conjointement avecles pompiers.Deux équipes cynophiles, l’unede Mende, l’autre de Nîmes, ontbalayé le terrain dès 7 h 30. Sansrésultat. Et pour cause : JeanneDelenne était déjà venue laveille, soit mercredi, ce qui a pufausser la piste prise par leschiens, qui avaient reniflé des vê-tements de la Gardoise. Deuxmotards de l’Escadron départe-mental de sécurité routière, équi-pés de motos cross, ont, eux aus-si, parcouru les pistes boueuses.Tandis que des dizaines de pom-piers et de militaires en treillis sefrayaient un chemin dans lessous-bois détrempés. L’espoir re-naissait vers 11h avec l’arrivée

d’un hélicoptère, venu de Mont-pellier. Il avait survolé les lieux,vendredi. Il est revenu hier, cettefois-ci avec une caméra thermi-que. Même si, notait Jean-MarieFraysse, pompier chef de centrede Villefort, « l’hypothèse que lamort remonte à quarante-huit heu-res réduit les chances de retrouverla disparue, la température du

corps n’étant plus repérable». Il abien fait un vol stationnaire, pen-dant dix minutes, suscitant à nou-veau l’espoir du commandantStéphane Milonet. Qui se résigne-ra peut-être à ce qu’il annonçaithier : « arrêter les recherches di-manche soir ».

ALEXANDRE [email protected]

MalchanceAlors que la plupart deschampignonneurs perduscet automne ont été retrouvés dansla journée ou les heures suivant lesignalement (trois d’entre eux sontmorts), le cas de Jeanne Delennepeut nourrir de la déception. Cettefemme avait pour habitudede cueillir les cèpes. Elle connaissaitle terrain, ne souffrait d’aucunepathologie physique ou mentale,telle que la maladie d’Alzheimer.Comme beaucoup de promeneurs,elle ne s’était pas munie d’uneboussole. Le signal de téléphoniemobile passe pourtant... Mais ellen’avait pas de portable sur elle.Comble de malchance pour lesgendarmes et les pompiers, elle estpartie vêtue d’un pantalon militaire,couleur kaki... Bref, une tenuede camouflage. Il semblerait quele neveu n’ait prévenu que 24 haprès la famille de la disparue.Ainsi, le fils de Jeanne Delennen’a été mis au courant que vendredi.Il avait fait la route, hier, de nuit,depuis Lyon où il réside, pourparticiper aux recherches aux côtésde son père gardois. Ce dernier,qui n’a jamais aimé aller ramasserdes champignons, était hiersur le plateau du Roure.

FAITS DIVERS

■ L’équipe cynophile de Nîmes a ratissé le secteur.

■ Un hélicoptère équipé d’une caméra thermique a survolé la zone, hier matin. Sans résultat. Photos ALEXANDRE MENDEL

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■ Pompiers et militaires pour une action coordonnée.

Paulhac La voiturevolée retrouvéeLes gendarmes duMalzieu-Ville ont interpellé,hier après-midi àPaulhac-en-Margeride, deuxpersonnes soupçonnéesd’avoir volé une Peugeot 205.Ce véhicule avait été dérobéà son propriétaire àLa Besseyre-Saint-Mary,

en Haute-Loire.Très vite, un dispositif debarrage de gendarmerie a étémis en place dans cedépartement mais égalementdans l’Ardèche et la Lozère.Les deux suspects ont étéaperçus prenant la fuiteà travers les bois.Signalés par des témoins,ils ont été arrêtés par lesgendarmes.Ils étaient, hier soir, encoreen garde à vue.

NOTÉ POUR VOUS

● STEVENSON L’association Sur le chemin deRobert Louis Stevenson organise son assemblée généraleannuelle, mardi 13 novembre, à Saint-Jean-du-Gard.Au programme de cette réunion : les actualités del’association, le bilan d’activité 2012 et les projets pour2013.La matinée sera consacrée à des visites culturelles, avecnotamment la découverte du musée des vallées cévenoles,et l’après-midi, après un buffet pris en commun à l’espacePaulhan, se déroulera l’assemblée générale proprementdite, à partir de 14 heures.

MidiLibre midilibre.frDIMANCHE 21 OCTOBRE 2012 3

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Pays de Lozère

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Malgré les renforts, JeanneDelenne reste introuvablePied-de-Borne l Ni les gardes mobiles, ni les gendarmes de haute montagnesupplémentaires n’auront été suffisants. Les recherches continuent aujourd’hui.

LE NEVEU« Vous m’accusez ? »On le décrit solitaire, un peu rustique.Il a beau avoir l’air aussi solide quele bois des sapins de la vallée, RolandSouchon a pleuré à la gendarmerie deVillefort. «Vous m’accusez alors !»,leur a-t-il dit. Depuis, il dort mal. «Enplus, je me suis fait opérer de la mainl’année dernière... » Et l’homme, quesa tante visitait chaque année à lasaison des champignons, d’avouer« avoir commis une bêtise ». Carplutôt que d’attendre sa tante, il estparti vendre à Chasseradès sa collectede cèpes : 5 kilos pour 25 €. Au basmot, 45 minutes aller-retour avant derevenir sur les lieux « et tourner avecle 4x4 en klaxonnant». Avantd’appeler les pompiers trois heuresaprès la disparition de celle que levillage surnomme « la tata ». C’est diresi cet homme que tout le monde a déjàaperçu mais que personne ne connaîtétait lié à Jeanne Delenne. «Elle étaitgentille, elle me faisait le mangerquand elle venait » (d’Alès, d’où elleest originaire, NDLR). Dans cettemaison de Chasseradès qui fournitune coopérative de champignons, onse souvient avoir vu Roland Souchon,ce soir-là. « Il n’avait pas l’air inquiet »,dit-on. Aujourd’hui, le principalintéressé, souffle, las : « C’est moiqu’ai toutes les emm...»■ Environ 130 militaires et pompiers ont, de nouveau, sillonné la zone. Photos A. MENDEL

C’était le quiproquo du jour. Uncouple de Clermont-Ferrandvenu à Pied-de-Borne deman-der des nouvelles de leur tante

Jeanne Delenne, disparue depuis jeu-di sur le plateau du Roure ; vingt minu-tes de palabres pour découvrir qu’ils’agissait d’une homonymie... L’affairea retenti au-delà du seul village. Si laprésence massive de forces de l’ordredans ce cadre montagnard et bucoli-que fait parler les habitants des villa-ges alentour, les renforts d’hier ont se-coué cette vallée d’habitude si paisi-ble. Des bars aux épiceries, on ne cau-se plus que de ça.Car de cinquante pompiers et gendar-mes, les effectifs sont passés hier à130, avec des renforts de gardes mobi-les venus de Grasse et d’Orange, enPaca, et la présence de gendarmes dehaute montagne d’Osséja, dans les Py-rénées-Orientales. Mètre par mètre,c’est un triangle de 3 km2 qui a étéfouillé, sous les ordres du colonel Re-nard, chef du groupement de gendar-merie de Lozère. Ce dernier gardait en-core espoir hier matin : «Il y a des casoù une personne peut survivre pen-dant dix jours, sans manger, pourvuqu’il y ait de l’eau.» Alors, voilà, leballet des 4X4, des motos, des militai-res en pantalons de Kevlar a recom-mencé. Une nouvelle fois sans succès.

Effectif abaissé aujourd’hui

Le tout, sous l’œil du neveu qui avaitaccompagné Jeanne Delenne,78 ans (*), aux champignons. RolandSouchon est un solide paysan de52 ans, qui possède 230 brebis et unedizaine de vaches, au Ranc, un ha-meau sur le territoire de Prévenchè-res, ainsi qu’une exploitation rachetéeil y a deux ans au Bleymard. C’est luiqui a - un peu tardivement (lireci-contre) - prévenu les pompiers dela disparition de la sœur de son père.Ils s’étaient séparés pendant une heu-re et demie sur ce chemin que, l’uncomme l’autre, ils connaissaient bien.Vendredi, il a été entendu pendantquatre heures par les gendarmes deVillefort. Son étable, sa maison et sonpick-up tout-terrain ont été fouillés.

Une procédure on ne peut plus classi-que. Hier, le préfet, Philippe Vignes,est venu sur place. On pensait qu’ilmettrait fin aux recherches. Ellescontinueront aujourd’hui. Avec un ef-fectif abaissé à cinquante gendarmeset pompiers. Le représentant de l’Étatrefuse de parler de journée de la der-nière chance et préfère évoquer «unecourse contre la montre». Jeanne De-lenne, elle, n’en portait pas à son poi-gnet quand elle a disparu.

ALEXANDRE [email protected]

◗ (*) Nous avions écrit qu’elle avait 74 ans.Ce n’est qu’hier qu’on a appris qu’elleen avait 78.

Santé : stratégiecommune

FAITS DIVERS

■ Claude Causse, Alain Bertrandet Jean Roujon.

Corniche desCévennes Uneblessée légerdans un accidentEncore une glissade !Cette fois, sur la cornichedes Cévennes, sur le territoirede Moissac-Vallée-Française.Une conductrice de 58 ans,originaire deSaint-Jean-du-Gard, a perdule contrôle de son véhiculeet a heurté la corniche, vers13 h30, hier. Légèrementblessée à la cheville, elle a étéconduite par les pompiers aucentre hospitalier d’Alès.

■ Le colonel Renard est resté en liaison permanente avec Philippe Vignes, le préfet.

Les maires de Mende et Marve-jols et les présidents desconseils de surveillance desdeux établissements de santése sont rencontrés ce vendre-di 19 octobre, à Mende, à pro-pos du centre hospitalier géné-ral de Mende, de la clinique duGévaudan et du centre hospi-talier de Marvejols. Ils souhai-tent travailler à la définitiond’une stratégie de santé publi-que et de santé pour le territoi-re lozérien, dans le but demaintenir et de développerl’offre de soins, sa continuitéet sa qualité en Lozère.Cela conduira à un travailpréalable indispensable avecl’ARS Languedoc-Roussillon,le ministère de la Santé etbien sûr la direction et les mé-decins des établissements.L’objectif affiché par JeanRoujon, Claude Causse etAlain Bertrand est bien enten-du le maintien et le développe-ment de l’activité, des soins etdes emplois sur chacun des si-tes.

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NOTÉ POUR VOUS

● CAUE Dans le cadre de son partenariat avecles associations du patrimoine du département, le CAUE(Conseil d’architecture, d’urbanisme et d’environnement)poursuit l’organisation de journées thématiques.Ainsi, en partenariat avec Maisons paysannes de France(MPF), délégation Lozère, une journée sur le thèmede l’arbre dans son environnement bâti, son entretien,son utilité est proposée le samedi 27 octobre, au châteaude Fournels.Au programme, accueil à partir de 9 h 30 ; à 10 heures,découverte du château, balade commentée par ThomasMalige, spécialiste de la taille raisonnée, pointrèglementaire en matière de plantation des arbres avecle CRPF ; à 14 heures, démonstration de taille raisonnée,projection en salle de documentaires sur l’utilisationdes déchets de taille et projection du film de Jean GionoL’Homme qui plantait des arbres.Cette journée est ouverte à tous, sans inscription. Prévoirle pique-nique tiré du sac pour midi.CAUE Lozère : 04 66 49 06 55 ; MPF : 04 66 42 98 76.

● AÏD AL ADHA Pour la fête de l’Aïd al Adha,la boucherie sera ouverte pour la réception des moutonsà l’abattoir d’Antrenas, le jeudi 25 octobre de 16heuresà 18heures. Il n’y aura pas de livraison possible le vendredimatin. L’enlèvement des carcasses aura lieu le vendrediaprès-midi à partir de 14 heures.Le coût de l’abattage est fixé à 1,30 € par kilo carcasse(paiement comptant).

MidiLibre midilibre.frMARDI 23 OCTOBRE 2012 3

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Pays de Lozère

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MARDI 13 AOÛT 2013 ❘ midilibre.fr ❘

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S es pointes d’accent belge tra-hissent encore la fraîcheur deson intégration sur une bandedu littoral languedocien bai-

gnée par le soleil et l’absence de com-plexe. Où la concurrence, en matièrede porno amateur, est rude. À34 ans, Kalista Carra y croit. Pur pro-duit wallon d’un milieu où, si l’ons’embrasse goulûment, on ne se faitpas de cadeau, cette actrice a quittéen octobre 2012, avec son ex-pom-pier de mari, les briques rouges deson plat pays pour le sable chaud deSète.Avec l’espoir d’être - au moins - l’éga-le des rois languedociens du genre :les pionniers de la VHS, Lætitia etPapy Salaud. Mais également d’an-ciens, comme M. Rex, véritable figu-re montpelliéraine du milieu dusexe, qui se lance derrière la caméra,et avec l’artillerie lourde, dans lefilm X.

«L’équivalent de dixheures de ménage»Jazmine, actrice amatrice

Il n’y a qu’à comparer les résultatsdans les principaux moteurs de re-cherche spécialisés dans les films co-quins : à taille équivalente, Montpel-lier est cité sept à dix fois plus quedes agglomérations équivalentes(Rouen, Grenoble, etc.). Un eldora-do ! Elles s’appellent Aurélie, Dixie,Lorie, Lola…Toutes ces amatrices sont originai-res de la région, le plus souvent deMontpellier, et le disent ouverte-ment dans leurs petits films d’unequinzaine de minutes.Aucune ne devrait recevoir de Palmed’Or. « L’époque où les filles deve-naient des stars est révolue. Mainte-nant M. et Mme Tout-le-Monde tour-

nent leur vidéo», reconnaît Kalista,qui commence ses premières produc-tions maison sur le sable, si mouvanten été, du Cap d’Agde.Marraine du Tantra, une boîte échan-giste de la cité naturiste, elle partéquipée d’une caméra prêtée par unBiterrois sur les plages du coin. Enprime, le généreux prêteur joue lesacteurs dans les films de Kalista. Desproductions qui seront disponibles,courant septembre, sur le site inter-net de l’actrice. Le projet de la Sétoi-se est bien avancé: elle compte déjà6 000 fans sur sa page Facebook,« dont certains, dit-elle avec fierté,sont Chinois ou Américains». Etveut être un peu plus qu’une étoile fi-lante dans un ciel rempli de comè-tes pas très pros : « Il y en a quisont mauvais. Entre ceux qui ontdes problèmes d’érection et les fillesqui fouettent mal !»L’ex-gogo danseuse réfléchit à desscènes, «dans des films davantagescénarisés», sur des «beauxcoins de plages, du côté de Perpi-gnan, où on va avec mon mari »,loin des champs de maïs des envi-rons de Mons, en Belgique. Preuve

de son adaptation, « la nourritureméditerranéenne » a délesté sa sil-houette de 16 kilos.Loin du standard glamour des pro-ductions sur pellicules des années1980, Jazmine, une aide à domicilede Lattes d’1 m 62 pour 78 kilos (pré-cise sa fiche d’actrice) a attendul’âge de 46 ans pour faire, cette an-née, un premier essai. Avec des mo-tifs économiques : « C’est payé300 € la scène de deux heures. Çafait l’équivalent de dix heures de tra-vail. J’ai besoin d’argent. »

«Le profil, c’est plutôtla trentenaire »M. Rex, producteur

Pas vraiment le profil d’une nympho-mane même si elle admet que cetteexpérience n’avait pas que des mo-tifs financiers : « Franchement, l’ac-teur, il faisait bien l’amour. Etpuis, ça excite mon concubin!» Endeux heures de tournage, elle s’estliée d’amitié avec cet acteur, un Pari-sien : « Il était si gentil. On a dînéaprès le film. Il a dormi chez nousavant de reprendre un TGV pour lacapitale. » Ambiance familiale !

Et pur délire, parfois. Comme en té-moigne David (un prénom d’em-prunt), le principal cadreur et mon-teur de pornos dans la région - il entourne jusqu’à cinq par mois. Ce Nî-mois qui, petit, voulait photogra-phier des papillons, vient filmer lesébats de ces inconnues parce queson autre passion, « c’est le sexe ». Ilfait le parallèle avec la téléréalité :« Les nanas veulent faire le buzz.Quitte à tourner dans un film hard.C’est une génération formatée àça. » Quant à choisir des extérieursreconnaissables (paysages du cru,bâtiments du coin), « c’est parce quele consommateur veut pouvoirs’identifier avec la fille de son dépar-tement». Le “pornonaute” est unamateur de terroir. Comme l’a biencompris M. Rex.

Des flyers distribués à la plage

À 48 ans, et alors qu’il s’apprête àouvrir à Montpellier un sauna échan-giste, ce sympathique chef d’entrepri-se diversifie ses activités. Il a déjà pu-blié un paquet d’annonces sur le webpour recruter des actrices et distri-bue des flyers aux couleurs de sa so-ciété “Rexprod” aux abords des pla-ges et des boîtes de nuit. En troismois, déjà quarante filles “castées”.« Des étudiantes, il y en a. Mais leprofil, c’est plutôt la trentenaire. El-le veut faire un peu d’argent (250 €

la scène, NDLR). Elle veut aussi selancer un défi. »Défi que ces amatrices trouverontdans un filon original que M. Rexveut élargir, celui du porno bisexuel.« C’est tendance et personne n’a ex-ploité ce créneau. » Ses premiersfilms devraient être diffusés au dé-but de l’automne. Une façon commeune autre de prolonger l’été.

DOSSIER: ALEXANDRE MENDEL

Des contrats de droit à l’image

■ Kalista Carra, une ex-gogo danseuse belge, vient de s’installer à Sète pour faire ses films. Quant à M. Rex, une figure de Montpellier, il a déjà “casté” 40 femmes. Photos F. VALENTIN

Le Sud, nouvel eldorado du XEnquête ❘ Les castings d’actrices porno amatrices sont en plein boom. Pour alimenter le net.

«Faut être nickel avec la loi ! Si ona un contrôle, il faut tout prévoir »,explique Kalista. Comme elle,M. Rex fera signer des contratsde droit à l’image. Midi Libre s’estprocuré un contrat d’une société deproduction parisienne. Ce texte,qui précise qu’il ne vaut pas contratde travail, prévoit l’utilisation del’image de l’actrice sur toussupports, « papier, numérique,

bois, plastique », pour une durée dedix ans. Plus curieusement, il stipuleaussi que l’actrice «déclare avoirpersonnellement pris consciencedes risques encourus du fait desMST et décharge la production detoutes les responsabilitésconcernant ces maladies ». Au casoù le modèle aurait l’idée dedemander des dommageset intérêts...

Tous les professionnels le re-connaissent : le nombre im-portant de prostituées dans larégion sert aussi à des réalisa-teurs peu scrupuleux pourremplir des castings toujoursplus nombreux, pression desproducteurs oblige.C’est ainsi qu’ils vont cher-cher des modèles sur le site in-ternet Vivastreet, une sociétébritannique qui propose – no-tamment – des annonces, en li-

gne, d’escorts. Un univers trèssurveillé par la police.«Aucun problème à cela, sou-ligne une source judiciaire.Après tout, au moment detourner, elles ne sont pas em-bauchées comme des prosti-tuées mais comme des modè-les. » Les internautes s’échan-gent sur des sites spécialisésces adresses où il est possiblede transformer, contre argent,le rêve vidéo d’un soir en expé-rience en chair et en os.

Un milieu très surveillé

TRAGÉDIESGlauqueElle n’avait que 15 ans en 2003,était impressionnable. En vacancesen Espagne, il régnait une ambiancelibérée dans cette villa où cetteadolescente était invitée. La jeuneMontpelliéraine s’était alors laisséeconvaincre de tourner un film.Quelques années plus tard, des amiesla reconnaissent sur internet. Elleporte plainte. Le “réalisateur” n’apas encore été interpellé. Mais le filma récemment disparu de la toile.

VengeancesCette Lunelloise est inscrite surun annuaire d’actrices et de modèlespornos amateurs de la région.Contactée au téléphone, elle nie fairece genre de films : « Mon ex-mariutilise mes photos de moi dénudéepour se venger ! Il me fait passer pourune actrice. » Une histoire presquesimilaire a eu lieu récemment dansune grande ville de l’Hérault. Unhomme a diffusé la sextape de sesébats avec son épouse... Depuis,cette femme a tout perdu : réputation,emploi, espoir.

CHAUD DEVANT

600C’est le coût, en euros, de cesscènes, qui peuvent durer jusqu’à45 minutes. Petit calcul : sachantqu’une actrice amatrice et un cadreursont payés jusqu’à 300 €, il fautenviron 500 à 600 € pour un petitfilm. Plutôt rentable ! La dernièreproduction, tournée à Rodez, a étédéjà visionnée 1 million de fois. Lesacteurs amateurs, eux, ne sont pasrémunérés. Il est facile d’en trouver.

Menteuse!Dans un film récemment mis en lignesur le site de porno amateur “Jacquieet Michel”, Alexia dit travailler àl’accueil de la piscine Amphitritede Saint-Jean-de-Védas, en banlieuede Montpellier, gérée par l’Agglo. Onreconnaît d’ailleurs les extérieurs dubâtiment où une scène a été tournée.«Ça fait quelques mois que jetravaille ici. Je suis réceptionniste !»,raconte-t-elle. Rien de tout cela n’estvrai et l’Agglo ne compte pas dansses rangs d’actrice amatrice... Mais lemodèle en rajoute une couche dansune deuxième vidéo et demande auxinternautes de cesser de venir à lapiscine lui apporter fleurs oucadeaux...

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Page 21: Mon press-book (Alexandre Mendel)

Le son et lumière n’étonneplus personne. Nadia— « Appelez-moi comme çaou n’importe comment, jem’en fous »— s’exerce à unpetit rituel nocturne : arrivée,en pétarade, dans unecamionnette hors d’âge,enfilage d’un gilet jaune desécurité, phares (dont un qua-siment crevé) braqués surelle, comme à l’Olympia.Avec la tenue et la gestuelled’un officier d’appontage,cette femme de 39 ans s’égo-sille en direction de la prison: « Il a la diarrhée, a dit le tou-bib ! » Venant d’une des fenê-tres de la maison d’arrêt, lavoix de son « mec » luidemande juste « des nouvel-les du bébé ». Acclamationdes codétenus et moqueriesdes voisins de cellule : «Qu’ilaille donc aux ch… ! »Nadia part. Une couche-culotte jonche le sol du par-king de la rue Charles-d’Or-léans. Exactement commel’anecdote qu’avait racontéeun riverain, lors de l’assem-blée générale du conseil dequartier Gare-Pasteur-Saint-Vincent, le 1er juillet. En soi-rée, et jusque dans la nuit, ony vient hurler sa vie et sesfrustrations, langer le petit

dernier, faire de la musique,amuser les copains. Quandce n’est pas carrément pour ytourner un film. « Parloir sau-vage - Teuchiland en prison -Orléans » a été vu59.000 fois sur « You-Tube »*. On y fait rugir les« wesh-wesh » (« Alors,quoi ? », « Ça va bien ? », enargot des cités) et le rap àfond.Ces scènes, Teddy Legendre,

les voit depuis sa fenêtre.« Ça va de la fille qui se fait sif-fler au dealer qui dit “ gérerl’affaire ” », raconte, au télé-phone, ce facteur de 28 ans,pour qui la solution deconfort est le triple vitrage.« Tenez, vous entendez ? Ilss’amusent ! » Des crissementsde pneus retentissent dans lecombiné.Il y a quelques années, révèlele concierge d’un immeublede la rueDaniel-Jousse, « cer-tains venaient sur la terrassedu bâtiment ». Ils profitaientd’un accès, grâce à la compli-cité « d’une traîne-savatequ’ils connaissaient et quihabitait au cinquième étage ».

« Un véritablecolis de Noël »« D’une gentillesse extrême, ledirecteur de la prison n’est pasdu genre à se faire un ulcère »,dénonce Aymeric Regneau,surveillant pénitentiaire etsecrétaire local du syndicatUfap-Unsa qui ne se fait pasd’illusions sur l’attitude desdétenus. « Leurs droits, ils lesconnaissent bien. Leursdevoirs, un peu moins. » Il y aune dizaine de jours, il estallé récupérer « un véritable

colis de Noël » sur le parkingà vélos du personnel de lamaison d’arrêt, une chaus-sette balancée depuis l’exté-rieur qui contenait un télé-phone portable, un chargeuret de la drogue. « Ils s’étaienttrompés de deux à quatremètres. » Classique. Les ron-des de nuit font cesser lebruit un moment. Puis ilrevient. « Comme un moni-teur de colo, c’est le jeu duchat et de la souris. »À l’extérieur, le jeu se pour-suit. Avec la police, cette fois.Depuis 2003, la loi sur la sécu-rité intérieure (aussi appeléeloi Sarkozy II) punit ces faits

d’un an d’emprisonnementet de 15.000 eurosd’amende. « Depuis deux ans,pourtant, on ne voit plus beau-coup ce type de prévention encorrectionnelle », constateMe Jérôme Castelli, avocatpénaliste à Orléans. Commesi la pression se relâchait,trois ans avant l’ouverture dela future prison de Saran.Comme si les menottesn’avaient que peu d’emprisesur les barreaux.

AlexandreMendel.* h t t p : / / w w w . y o u -tube.com/watch?v=er3IsiA-HYkw. À regarder surtoutpour les trois dernières minu-tes.

■ Les prochesdes détenus se serventdes alentoursde lamaison d’arrêtpour communiquer.Souvent bruyamment.Une situation qui agaceles riverains.Malgréles patrouilles de police.

Tapage aupieddumurde laprison

« Je crois audialogueet à lapédagogie »

La campagne sur le pavé de laplace du Martroi, ce sera ledimanche 29 août, de 9 à18 heures, à l’initiative des Jeu-nes agriculteurs du Loiret, quiproposeront au public citadinde « vivre au rythme de laferme », le temps d’une jour-née, entre dégustations de pro-duits du terroir et animationsdiverses.Au menu de la dix-huitièmeédition de cette opération :traite à l’ancienne sur unevache gonflable ; essaimd’abeilles et sa reine dans uneruche vitrée ; fabrication (etdégustation) de boudin noiravec jus de pommes ; transfor-mation des grains de blé enfarine ; course de tracteurs àpédales ; promenades à dosde poney... Que demande lepeuple ?

S.D.

Directeurde lamaison d’arrêtd’Orléans

JosephColy

La ferme s’inviteplaceduMartroi

VENDREDI,EN FACE

DE LAMAISOND’ARRÊT.

Portières deleurs voitures

ouverteset sono

enmarche,des jeunesdistraientquelquesdétenus,

au ras dumurd’enceinte.(Photos :

D. B.)

On en parle

Il y a une dizaine de jours, une chaussette contenant un téléphoneportable, un chargeur et de la drogue a atterri dans la prison.

Le 29 août verra la 18e éditionde l’opération. (Archives)

Chaque semaine, un prévenua le droit à trois visites de30minutes dans un boxaménagé. Contre une visitede 30minutes par semainepour un condamné. Avecune différence : lescondamnés ont accès à lacabine téléphonique de laprison.Me Jérôme Castelli,pénaliste du barreaud’Orléans, pointe unedifficulté pour les détentionsprovisoires : « Entre son

incarcération et le moment devoir sa famille, les détenuspeuvent attendre d’un à deuxmois, or c’est au début qu’ilsont le plus besoin de voir leursproches. » Le juged’instruction peut ne pasrépondre le premier mois àune demande de visite. Passéce délai, l’avocat est en droitde saisir la chambre del’instruction qui doit rendreune décision motivée sur lerefus.

L’Espoir, une association(dont le toit, auparavant plat,servait à des parloirssauvages) qui s’occupe desfamilles des prisonniers, tientune sorte de permanencetéléphonique sur l’antennede RCF (91.2 FM), tous lesdimanches, entre 11 h 30 et13 heures. De sa cellule, ledétenu écoute les messagesde ses proches. Environ70 appels dominicaux sontainsi adressés à la station.

Conversations autorisées contre parloirs sauvages

BILLETOh la vache !

QUESTIONS À

Les roses à la fêteLe 9 septembre, la municipa-lité organise son concoursinternational de roses à la rose-raie du jardin des plantes.Comme chaque année, la tradi-tion horticole est ainsi mise àl’honneur. Pour la 52e éditionde ce concours renommé, c’estPierre-AlexandreRisser, paysa-giste, journaliste et écrivainqui sera l’invité officiel et prési-dent du jury. Avec plus de cin-quante variétés présentées etsix pays participants.

U ne journée à la fermeest prévue place duMartroi, le 29 août à

Orléans. Et parmi les anima-tions annoncées, les organi-sateurs proposent notam-ment une « traite à l’an-cienne sur une vache gonfla-ble ». Faut pas manquerd’air !Labourage et pâturage nesont plus les deux mamellesde la France. La filière du laits’essouffle. Vache gonflableou pas. C’est si vrai que lesproducteurs, pour se faireentendre du grand public,ont investi des hypermar-chés du Loiret. Pour crierqu’ils ne veulent pas crever.Vache gonflable ou pas.

P.R.

De quels moyens disposez-vous pour faire cesser les par-loirs sauvages ?Le seul moyen que j’ai, c’est d’al-ler les voir directement dehors.Mais comme je n’ai aucun pou-voir de police, ils s’en fichent !On n’a aucune compétencepour l’extérieur. Du coup, onappelle régulièrement la policequi vient en patrouille.Pas de vidéosurveillance ?Non, pas vers l’extérieur. Juste àla porte de la prison. Il fautsavoir qu’on n’a pas le droit desurveiller hors des murs. C’estune prison qui n’a même pasde mirador.On ne s’occupe quede l’intérieur.Et les détenus qui parlentd’une fenêtre à l’autre ?Le soir, les portes des cellulessont fermées.On a juste des ron-

des. Quand ils font du bruit, ondresse des comptes rendus d’in-cidents.Mais il n’y a pas de gar-dien en ronde constante.D’ailleurs, quand le surveillanttourne les talons, ils recommen-cent.Vous ne les changez pas decellule ?Ça peut arriver.Mais je crois audialogue et à la pédagogie.Pour le reste, tous les détenus(environ 200 actuellementpour 105 places, NDLR) ne sontpas forcément en capacité deparler avec l’extérieur, soitparce qu’ils sont au rez-de-chaussée, soit parce qu’ils sontau premier étage.

EXPRESS

OrléansRédaction : 31, rue de la République - 45000 Orléans - Tél. 02.38.78.73.34 - E-mail : [email protected]/Publicité et petites annonces : Alliance-Media. Tél. 02.38.78.73.22 ou 23

LA RÉPUBLIQUE DU CENTRE - JEUDI 12 AOÛT 2010 -MON - 15

Page 22: Mon press-book (Alexandre Mendel)

La “réserve“ de la Lozèreau sommet des cagnottesBudget ❘ Selon René Dosière, cette somme annuelle dontbénéficient les parlementaires a atteint 7,70 € par Lozérien.

René Dosière, député apparentéPS de l’Aisne et franc-tireur del’Assemblée nationale en matiè-re de comptes publics, vient de

lancer un pavé dans la mare en dévoi-lant, à nos confrères du Parisien, lemontant par habitant des réserves dontdisposent les parlementaires pouraider financièrement communes etstructures associatives de leur circons-cription. Et, surprise, selon ses calculs,la Lozère était le département le mieuxdoté en 2010, juste derrière la Mayen-ne, avec 7,70 € par habitant.À comparer avec les 0,80 € dont bénéfi-cie un département comme la Sei-ne-Saint-Denis, qui compte, il est vrai,19 parlementaires contre deux seule-ment pour la Lozère. René Dosière prô-ne une répartition égalitaire de cettedotation et - c’est un classique chezlui - une transparence complète.« Mais ce type, c’est un fouille-m... »,s’emballe Alain Bertrand («oui, oui,vous pouvez l’écrire !») qui considèresa réserve parlementaire comme « mi-croscopique ». Le sénateur-maire deMende dit toucher «moins de200 000 € par an» et s’il évoque volon-tiers les 3 000 € qu’il versera «à la futu-re harmonie municipale», il ne veutpas donner la liste des associations etcommunes bénéficiant de cette petitemanne financière : «Est-ce que je vousdemande si vous changez de slip tousles matins ? » Plus prosaïquement,Alain Bertrand explique que s’« il don-ne, par exemple, 1 000 € au club defoot du Monastier, ce n’est pas pouravoir la voix des footballeurs », et fusti-ge « la fausse transparence» réclaméepar René Dosière : « Je suis pour uneRépublique qui marche, pas pour uneRépublique qui buzze. »

Une opacité parfois dénoncée

Le sénateur de Lozère s’interroge de lamême façon sur la méthode de calculemployée. «C’est une vieille probléma-tique de compter tout en fonction dunombre d’habitants. On ferait mieuxde prendre en compte la superficie desterritoires.»Une réflexion avec laquelle est plutôt

d’accord le député Pierre Mo-rel-à-L’Huissier. En revanche, à la diffé-rence de son homologue du palais duLuxembourg, l’élu UMP réclame unetransparence totale. « Je donne 50%aux communes et 50 % aux associa-tions. » L’élu UMP rend même publi-que la liste des personnes morales dedroit public ou de droit privé à bénéfi-cier de subventions tirées de cette dota-tion (lire par ailleurs).Et d’ajouter qu’il serait bon « de ne pasdonner aux associations à caractèrepolitique». C’est justement cette opaci-té qui est parfois dénoncée. «Une omer-ta» - pour reprendre le mot de PierreMorel-à-L’Huissier - qui fait souvent leschoux gras du site d’information indé-pendant Owni. Ce site tente de réperto-rier le nom de toutes les associationset communes bénéficiant de ces sub-ventions, ainsi que les montants. Ownidénonce, le cas échéant, les conflitsd’intérêts entre élus et associations po-litiques.

Du clientélisme ?

À ce sujet, Pierre Morel-à-L’Huissierrappelle qu’il a été l’auteur de deux pro-positions de loi visant à la créationd’un commissaire aux comptes obliga-

toire pour les collectivités locales et àla mise en place d’une démarche dequalité en matière de gestion des cré-dits publics. « Il en va de la moralisa-tion de la vie publique. » Et les accusa-tions de clientélisme? « Ce n’est pasmoi qui ai décidé qu’il y aurait une ré-serve parlementaire ! » Un peu commeles enfants qui, pris la main dans le potde confiture, désignent ceux qui l’ontouvert.

ALEXANDRE [email protected]

Crash de Trélans : unpetit bug informatiqueEnquête ❘ L’incompatibilité de logicielsretarde l’analyse des boîtes noires.

Il y a plus d’un mois déjàs’écrasait, entre Aveyron et Lo-zère, à Trélans, un avion del’armée de l’air algériennetransportant du papier fidu-ciaire. Les occupants du Ca-sa C-295, cinq militaires et uncivil de la Banque nationaled’Algérie, avaient tous péri. Lelendemain de cette catastro-phe aérienne, étaient retrou-vées les boîtes noires de l’ap-pareil.Depuis lors, peu d’informa-tions ont filtré sur les résul-tats de l’enquête. Car cette en-quête, confiait hier Samuel Fi-nielz, procureur de la Républi-que de Lozère, « va encoreprendre du temps ».

Les rouleaux en partiecalcinés tous rapatriés

Des problèmes de compatibili-té informatique entre logicielsfrançais et algériens de lectu-re des boîtes noires explique-raient ce contretemps. Toutesles pièces de l’avion avaientété rapatriées en Algérie ainsi

que les corps qui ont étéautopsiés aussi au pays« pour des histoires d’identi-fication ». « Tous les rou-leaux de papier fiduciaireont été également récupérés etrapatriés par les Algériens »,précise encore le procureurde la République. Dans quelétat? «Une partie des rou-leaux a été calcinée, parfoissur quelques centimètres seu-lement. » On ne sait pas en re-vanche si ce matériel peut en-core servir à la fabrication depapier monnaie.Le parquet promet davantaged’informations pour le moisprochain. Les expertises, me-nées par le Bureau enquête ac-cident défense et la section derecherche de l’armée de l’air,devraient enfin donner un dé-but d’explication à ce drame.Manque de chance encore unefois pour l’Algérie : la semainedernière, deux avions de com-bat Mig se sont écrasés du cô-té de Tlemcen.

ALEXANDRE [email protected]

Chaulhac : l’éboulementcoupe la départementaleAubrac ❘ En cause, l’action du gel.

■ Le député Pierre Morel-à-L’Huissier veut jouer la carte de la transparence. PHOTO A. ME.

En début de matinée, diman-che 16 décembre, un impor-tant éboulement s’est produità l’entrée du pont de La Gar-de, sur la RD 8, qui relie Lor-cières (Cantal) à Saint-Ché-ly-d’Apcher.Plusieurs mètres cubes deblocs de granite sont tombéssur la chaussée, l’obstruant to-talement ; d’autres, plus consé-quents, ont dévalé jusqu’à laTruyère en contrebas. L’ac-tion du gel et du brusque re-doux de ces derniers jours enest probablement la cause.L’axe est donc coupé à la cir-

culation, et ce pour plusieursjours, afin de le dégager maiségalement d’épurer la falaiseoù plusieurs roches sont dé-sormais en équilibre instable.Il sera peut-être nécessaire devérifier l’ouvrage plusieursfois centenaire.Les usagers en provenance duCantal, des communes deChaulhac, de Julianges, deSaint-Léger-du-Malzieu quivoudraient se rendre versl’autoroute A 75, Saint-Chély,Albaret-Sainte-Marie, La Gar-de, sont déviés par Saint-Lé-ger-du-Malzieu.Correspondant ML : 06 08 22 35 69

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■ La catastrophe aérienne a fait six victimes algériennes. Archives E. TISSOT

TRANSPARENCELes affectationsPierre Morel-à-L’Huissier s’estprêté de bonne grâce, et avecune certaine gourmandise, au jeude la transparence, en donnantla liste des associations bénéficiantde subventions tirées de la réserve :foyers ruraux, structures sportives,associations culturelles, etc. La listeest longue mais ne donnepas le montant de ce coup de pouceparlementaire. « C’est parce queje donne plus ou moins 1000 €

à chacun », tenait-il à préciser.

■ Des rochers bien moins gênants dans la rivière que sur la route.

MidiLibre midilibre.frMARDI 18 DÉCEMBRE 2012 3

C2---

Pays de Lozère

Page 23: Mon press-book (Alexandre Mendel)

Le roi des péquenauds est envie. Plus rustique que lui, tumeurs. Avec ses bretelles, sontricot de peau, sa Gitaneéteinte qui pendouillait descommissures de ses lèvres, sacotte de pêche, son béret, sacouperose et sa femme Fer-nande — comment pouvait-elle s’appeler autrement ? —Auguste Pignard a représentépendant des années l’éléganceet le raffinement à la fran-çaise.Sur TF1, puis sur la Cinq de Ber-

lusconi, il a brocardé, bienmal-gré lui, Lamotte-Beuvron, lesSolognots et la picole, devantdes millions de téléspecta-teurs. Alain Scoff étaitAuguste Pignard. C’est lui quiroulait les « r », mettait des« trrrempes » à sa femme, par-tie dans un foyer de SOS-Fem-mes battues (« reviens, Fer-nande, c’était un petit geste decolère »), draguait au bal encomparant les yeux des pré-tendantes à ceux de sa vache,Clara, ou refusait, y comprisen l’échange d’un strip-teased’une playmate (un must desémissions de Stéphane Col-laro), de donner quelques bon-nes pommes de Sologne— « ah, c’est sûr que c’est pasla Fernande qui ferait ça ».Avec lui, la brève de comptoirétait permanente, incongrue,toujours déplacée. Un riendébile. Auguste Pignard, c’est

le métissage des consanguinsde « Délivrance » et des per-sonnages de Benny Hill.Arriéré, mais bucolique ;lourd,mais attachant.

« Le nom étaitmarrant »« Auguste, je l’ai inventé laveille pour le lendemain. Il nedevait venir que pour une seuleémission. Il est revenu tout letemps », se souvientaujourd’hui Alain Scoff, enenchaînant cigarette brunesur cigarette brune — un desrares points communs qu’ilpartage avec son rôle. Lephrasé ? « Un mélange d’ac-cents des paysans de la Franceprofonde. » Pas tout à fait sur-joué chez ce Niçois d’adop-tion qui, au début des années1960, a été instituteur enLozère, « dans le trou du cul dumonde ». C’était avant de fon-der une troupe, loin du patelin

qui allait faire sa renommée,vingt ans plus tard. « Je suisparti en camionnette Volkswa-gen jouer dans tous les paysd’Afrique de l’Ouest, avec unepetite subvention de la Coopéra-tion. »À Paris, il fait le cours Simon etmonte une pièce, « Jésus-fricSupercrack ». Succès immé-diat. Jacques Martin, au som-met de sa gloire, l’embauchepour écrire des sketches pourl’émission « La Lorgnette ».Stéphane Collaro, qui officieaux côtés de Pierre Desproges,le prendra tout de suite dansl’équipe de « Cocoboy ».Le litron emballé dans uncache-bouteille en paille, posésur une toile cirée poisseuse ;une tour Eiffel miniature surune armoire crasseuse : ledécor est arrosé de gros rougequi tâche. Plouc à souhait.«Mais je sais bien que Lamotte-

Beuvron, c’est plutôt chic ! »Alain Scoff a du mal à expli-quer le choix de sa cible : « Jetrouvais le nom marrant.Lamotte-Beuvron, c’étaitdrôle. » Et à trouver ses lunet-tes : «Mais bon sang, où sont-elles ? »

Un homme de lettresAujourd’hui, Auguste est unvieux monsieur de 70 ans. Lemobilier de son appartement,situé près de la place Michel-Audiard, dans leXIVe arrondis-sement de Paris, semble sortirdes années fastes, des années1980, où son clope faisait untabac. Un canapé à angledroit, une bibliothèque surmesure, un Sept d’or— il en aobtenu deux—pour le scéna-rio du « Pantalon », un filmd’Yves Boisset adapté du livrehomonyme qu’il a écrit.Auguste Pignard est loin d’êtreun con. C’est un homme de let-

tres, édité chez Jean-ClaudeLattès et Flammarion. Qui adu mal à retrouver son accentet ses intonations. « Franche-ment, je ne me souviens plus. »Sa voix rauque s’éclaircit :« Bonjour, c’est AugustePignard de Lamotte-Beuvron ! »La magie opère. « Aujourd’hui,y’a plus d’humour à la télé. Y’aque des one-man shows. »Pignard a disparu il y a plus devingt ans. La génération desmoins de 30 ans, celle pas tou-jours très fine et un peu bar-bante de Facebook, rit grasse-ment devant les séries améri-caines, loin des décors en car-ton de la Sologne profonde.Loin du litron et de la Fer-nande.

AlexandreMendel.

> Retrouvez, dès lundi,sur notre sitewww.larep.com,l’interview d’Alain Scoff.

« Ton clodo,on l’a jetédansun champ »

Acteur,producteur et gérantd’hôtel

StéphaneCollaro

« Bon débarras ! » Alain Bei-gnet,maire PS de Lamotte-Beu-vron, ne veut plus entendre par-ler d’Auguste Pignard et de sonbuste. Aujourd’hui remiséedans un local d’entretien, aumilieu de dizaines de rouleauxde papier toilette, la statued’Auguste Pignard— inaugu-rée dans les années 1980— aperdu de son clinquant.D’abord installée au bar de lasalle des fêtes, volée, puis resti-tuée dans des conditions mys-térieuses, elle est ressortie,exceptionnellement pour LaRep’.C’est qu’Alain Beignet en aassez des journalistes (surtoutparisiens) qui « en viennent tou-jours à parler d’AugustePignard ». Le maire s’emballevite : « C’était un sinistre person-nage, dont la pub a été faite parPatriceMartin-Lalande (NDLR :ancien maire de Lamotte-Beu-vron, député UMP et injoigna-ble). » Et crucifie l’illustre per-sonnage de la ville : « Ce quim’emmerde, voyez-vous, c’est

que c’est resté collé à l’histoirede Lamotte-Beuvron comme untimbre.Moi, je préfère qu’onparle de l’équitation, par exem-ple. »Quelle histoire ! JeanineDelorme, ancienne guichetièreà la poste de Lamotte-Beu-vron, se souvient des dizainesde courriers qu’on lui envoyaitchaque semaine. « On nesavait pas à qui les remettre. »Certains habitants sont tou-jours persuadés qu’AugustePignard est un personnageréel, qui jouait les crétins pourCollaro dans la semaine. Jac-ques Philipon croit savoir où ilhabite : « Suivez-moi, je vaisvous montrer sa maison. » Pasde Pignard à l’horizon.

« Pour les beuveries,on est légion »Au bar Le Nemrod, à 17 heu-res, soit l’heure — un peuavancée — de l’apéro, on sesouvient bien du personnage.On ne s’offusque pas. La ser-veuse, Sabrina, qui sert bièresur bière, témoigne que les Pari-siens parlent de deux choses :« la tarte Tatin et AugustePignard ». Elle qui « se marraitbien, quand (elle) était petite, enregardant l’émission », ne voitpas où est le mal. « Après tout,la Sologne, c’est la picole. Je suis

d’origine picarde, je sais ce quec’est. Regardez les Ch’tis, ons’est foutu de leur gueule et ç’aété unmoyen de les faire connaî-tre. »À côté, un client se souvientque Marie-Paule Belle — uneNiçoise, comme Alain Scoff —avait, dans « Les petits pate-lins », chanté ce couplet :« Quand on danse à Lamotte-Beuvron, pour les beuveries, onest légion. » Personne ne lui en

a jamais tenu rigueur. SeulAuguste Pignard polarise lescrispations de certains habi-tants, réfractaires parfois àcette dérision un peu gratuite.Sylvie, aujourd’hui âgée de39 ans, se souvient des colo-nies vacances, où « par peurd’être moquée », elle cachaitl’endroit d’où elle venait :«Moi, je ne trouvais pas çadrôle. Il y a rire et rire ! Nous nesommes pas tous des ivrognes. »Comme si c’était un défaut.

Auguste Pignard (à gauche) était joué par Alain Scoff, acteur et scénariste (à droite) . Ce Parisien campait le rôle d’un plouc solognot, devant des millions de téléspectateurs, dans les années 1980. (Photo de gauche : TF1 vidéo)

Lamotte-Beuvron, ça vous ditquelque chose ?Oui ! Je vais souvent en Solo-gne, c’est un endroit que j’appré-cie beaucoup. Je suis venu avecles cocogirls et Auguste Pignard,bien sûr, pour l’inauguration desa statue à Lamotte-Beuvron.Preuve que les Solognots sontintelligents et qu’ils ont pris çaavec beaucoup d’humour.Après tout, ils avaient comprisque ça leur faisait de la pub !Aujourd’hui encore, l’imaged’Auguste Pignard est restéetrès vivace dans les esprits. Onrigolait. Bon, franchement, çan’avait rien de méchant.Des anecdotes ?Alain Scoff est arrivé bienentamé à l’inauguration de sastatue, à Lamotte-Beuvron. Et ila continué à boire, toute la jour-née.On avait vraiment arrosé savisite, si vous voyez ce que jeveux dire ! Dans la journée, j’aiété invité à une chasse chez lecomte et la comtesse de Belles-cize. Je suis arrivé au dîner chezces gens avec Alain Scoff, quicampait son personnage dePignard, costume compris. On adit à la comtesse : « Bon, on a

pris, ce monsieur en stop, ilnous suit ! » Elle a répondu untruc du genre : «Mais qu’est-ceque c’est que ce connard ? » Jeme suis absenté un moment.Quand je suis revenu, Scoff,alias Pignard, avait disparu. Lacomtesse m’a alors dit : « Tonclodo, on n’en pouvait plus. Onl’a jeté dans un champ. »Comment ça s’est fini ?On est allé le chercher avec unelampe torche, en pleine nuit.On a entendu une voix qui mur-murait : « Mais pas du tout, jene suis pas Auguste Pignard, jesuis un acteur ! » Il était aubeau milieu d’un champ decarottes !Auguste Pignard est, curieuse-ment, peu présent dans ledvd de vos émissions…C’est une erreur qu’il faut répa-rer. Je vous promets qu’on enfera un autre. Et AugustePignard en sera le personnagecentral !

■ Fière de sa tarte Tatinet de son parc équestre,la ville solognotea dumal à se défairede l’image que luia collée Auguste Pignard.

■ C’était une stardu petit écran. Son accent,son béret, son clopeet ses mauvaises manièresont stigmatisé la Sologneet Lamotte-Beuvron.Alain Scoff interprétaitce personnagetrès attachant.

QUESTIONS À

Alors maire,PatriceMartin-Lalande

avait installéun buste

d’AugustePignard

(médaillon).Il est audébarras

aujourd’hui.

Lamotte-Beuvron veutoublier sonhéros

On a retrouvéAugustePignardLoiret/Région

4 -MON - LA RÉPUBLIQUE DU CENTRE - SAMEDI 21 ET DIMANCHE 22 AOÛT 2010

Page 24: Mon press-book (Alexandre Mendel)

MidiLibre midilibre.frDIMANCHE 25 AOÛT 2013 13

BC2-- ■ Camargue

Cache-cache avec les thonsLe Grau-du-Roi ❘ Aujourd’huiencore, une cinquantaine desportifs sont en lice pour lechampionnat de pêche au toutgros. Une affaire de passion.Résumé de la journée d’hier.

Elle s’appelle Christine Lima.Elle est la seule femme engagéedans la compétition. Et ce n’est pasn’importe qui dans le milieuplutôt viril de la pêche au toutgros puisqu’il s’agit de lavice-championne de France

dans la catégorie. Elle pratique sapassion en compagnie de son mari,Manuel. Originaires d’une petitecommune près de Coulommiers,en Seine-et-Marne, ils ont apprisensemble à traquer les thonidés,ici, à Port-Camargue.

C’est plein gaz qu’André-LouisBellet a foncé avec son bateau,Titan, pour venir secourir LaurentRicome. Un appel radio annonçait« un malaise». L’intéressé secouruavait juste besoin de bouger un peu.Le Chriss, la vedette sur laquelle

il était installé, mouillait depuisenviron une heure quand il a été prisd’un maudit mal de mer : « J’avaisoublié aujourd’hui de mettre,derrière l’orteil, un patch préventif ! »Il a pu se reposer mais n’a, du coup,rien pêché.

I l y avait bien le vent.Il était faible et n’a pointéle bout de son nez qu’endébut d’après-midi. Il y

avait bien un début de brumequi n’a pas suffi à gâcher lepaysage. Il y avait bien,aussi, les compétiteursdont certains avaient passéune courte nuit : les uns àrêver de l’enjeu, les autresà se remettre de la fêtede la veille.À 6 heures du matin, hier,le quai de la capitainerievoyait ses premierspassionnés prendrepossession de leurssardines. Dans la bonnehumeur, dirait-on, si l’on neconnaissait pas le sérieuxdes membres du centre depêche camarguais. Bien sûr,le championnat de Francede pêche au tout gros,organisé à Port-Camargue,

c’est une bonne part defranche camaraderie. Maisc’est aussi une confrérieoù seul le mérite compte.Sous l’œil impassibled’André-Louis Bellet,président du centre de pêchecamarguais, on n’ypetit-déjeune pas au vin etau pâté. On prend un café, lenez collé à la carte maritime,et on réfléchit aux stratégies :il ne fallait pas se louperpour pêcher le bon poisson;en dessous de 1,40 m, leprélèvement était interdit.Et un seul déplacement parbateau était autorisé. Desthons, il y en a eu. La pluparttrop petits pour présenter unvéritable intérêt. Un sportde passionnés, on vous dit...

TEXTES ET PHOTOSALEXANDRE MENDEL

[email protected]

B Ce n’est pas qu’une affaire d’hommes

% Sauvetage d’un pêcheur

" Unique priseIl n’y a eu qu’une seule prise,hier, dans la grande bleue.Un petit centimètre, à peine,au-dessus de la maille fixéepar le centre de pêchecamarguais : 1m43 pour37 kg. C’est l’équipage duKraken qui a pêché, auxalentours de 13 heures,ce thon rouge.D’autres départs de cannesavaient abouti à descombats de plus d’une heureparfois. Des fils ont cassé.Certains spécimens ont étécapturés quelques minutes :tous les thons mesurantmoins d’1 m 40 ont étérelâchés. Le pêcheur sportifn’est pas un viandard.Il semblerait que l’activitédes chalutiers ait tout demême des conséquencessur la faune marine.Les bateaux qui encerclentles bancs et ramassentau filet n’ont pas le mêmeimpact sur la natureque quelques dizainesde sportifs passionnésuniquement par la belleprise.

Photo (du thon) : centrede pêche camarguais

@ Du spectacleLe spectacle avait lieuà quelque 10 à 15 milesnautiques des côtes, commelors de ce superbe combatde plus d’une heure,à l’avant et à l’arrière deL’atun, contre les thons,« ces torpilles tout enmuscles », comme les décritLaurent Ricome, un pêcheuroriginaire d’Alès. Une scènerarissime.

" MillimétréOn le sentait tendu. Normal,André-Louis Bellet n’est pasdu genre à aimer lamédiocrité. Le présidentdu centre de pêchecamarguais a œuvré ausuccès de cette édition.Les membres se sont misen quatre pour acheminerles 400 kilos de sardine (icidans les mains de Dorianet de son père, Claude)ou pour assurer lacommunication sur le canal77 entre les compétiteurset le podium. Même siquelques interférences(en anglais) ont pollué lafréquence de “radio podium”.

Page 25: Mon press-book (Alexandre Mendel)

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LE CHIFFRE

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C’est le nombre de bikers annoncés pourmidi aujourd’hui à Montpellier par lesBrescoudos, organisateurs agathois d’une desplus grandes concentrations en France de HarleyDavidson. Le défilé dans les rues de Montpellierdevrait démarrer du rond-point Prés-d’Arènes àpartir de 10h. Les motards chemineront ensuited’Odysseum jusqu’à la nouvelle mairie, puisdirection rue de la Loge et place de la Comédiepour reprendre des forces. Photo archives J.-M. M.

L’INITIATIVE

Fin d’été studieusepour les jeunes UMPL’été, il y a les jeunes qui font des maths(lire ci-dessus) et ceux qui font de la politique.C’est le cas des Jeunes populaires de l’Hérault.Ils mettent sur pied le «campus de la reconquêtedu Languedoc-Roussillon et Paca ». Il s’agit,selon les organisateurs, de « marquer le coupd’envoi de la campagne pour les électionsmunicipales de 2014» en participant à deux joursde travail «autour des nombreux élus, tantnationaux que régionaux, qui animeront cetévénement».Participation à la journée du samedi 31 août2013: 10 €. Plus d’informations: fédérationUMP de l’Héraultau 06 87 60 80 59.

● RANDONNÉEDimanche1er septembre,l’associationDétente etnature reprendses activitésavec unerandonnée de24 km sur lesentier des4 000 marchesà Valleraugue(1450 m dedénivelé).Départ à7 h 30.06 12 67 71 16.

● SANGJusqu’àvendredi,chacun peutdonner sonsang.Rendez-voussur l’esplanadeCharles-de-Gaulle (toutprès de laComédie,précision pourles vacanciers)de 16 h à19 h 30.

Johan Heldenbergh est venu présenter,hier soir au Diagonal, le film de FelixVan Groeningen, Alabama Monroe.Alors que la sortie nationale est prévue

demain, les premiers spectateurs ontéchangé avec l’acteur qui a aussi jouédans La Merditude des choses. «Jesuis content d’être à Montpellier. Les

spectateurs sont toujours très émus etaccueillent le film de manièrechaleureuse», explique l’acteur qui aaussi écrit le scénario. Photo J.-M. M.

● CET INDICEde la qualité del’air (de 1 bonà 10 mauvais)est fourni parAir-LR. Plus surwww.air-lr.org.

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8 HEURES

L’IMAGE Heldenbergh présente “Alabama Monroe”

Bon, c’est bien beau d’avoir passél’été à Saint-Tropez, il fallait bienrentrer un jour au bercail. À20 ans, Tara, ex-candidate mont-

pelliéraine de l’émission “Secret Sto-ry 7” est revenue, cette semaine, sur sesterres languedociennes, en l’occurren-ce chez sa maman, à Carnon.Elle, qui dit avoir hérité d’«un magné-tisme dans les mains », un don de sonpapa, qui vit à Washington, a testé sonpouvoir d’attraction, en minishort, chezles jeunes de Manduel, un village à l’estde Nîmes, à l’occasion d’une fête voti-ve, dimanche dernier. Contre un joli ca-chet de 2000 € (payé par un café du vil-lage), elle a pu poser avec ses fans, da-vantage habitués au lâcher de vachet-tes que de stars de la téléréalité dans uncentre-ville arrosé par les boissons ani-sées et rafraîchi par l’ombre de plata-nes centenaires.

«Ah bon, GeorgesFrêche est mort?»Tara

L’occasion d’opposer un démenti fermeet garanti sans silicone à la presse peo-ple : «Non, je ne me suis pas encore re-fait faire les seins. J’avais juste misun push-up au Gotha (une célèbre boî-te de nuit cannoise, NDLR). Mais atten-tion! Pas un petit push-up, vraimentun gros push-up... Ça a fait parler...D’un côté, tant mieux!» “D’un côté”,car de l’autre, elle fuit les“paparazades” : « Je veux qu’on respec-te ma vie privée. C’est important», ditcelle qui a fait la couverture d’un bonnombre de magazines à vocation très vi-suelle, cet été. Là voici donc de retour,

à Montpellier, ville où elle s’est instal-lée à 14 ans et où elle a suivi des étudesd’esthéticienne au lycée de La Colline,et qu’elle dit aimer par-dessus tout.

Une émission sur NRJ 12

«C’est simple, dit cette habituée de lapaillote L’Effet mer, j’adore cette villesi jeune et si proche de l’Espagne. Plustard, je veux vivre à Miami ou à Mont-pellier!» Une ville qu’elle aime, maisdont elle ne connaît pas grand-chosedes secrets politiques les mieux gardés.«Ah bon, Georges Frêche est mort ?»,dit-elle en regardant son compagnonGrégory Dutil, ex-footballeur à NîmesOlympique, alors qu’on lui demande si

elle s’intéresse à la politique de sa ville.Une petite phrase qui a fait le buzz surle site internet de Midi Libre. Une naï-veté, faite de dents blanches, qu’on re-trouve lorsqu’elle commence une phra-se sur deux par un désarmant et nonmoins charmant : «Voilà, c’est ça... »Sa carrière s’écrira à la rentrée sur lachaîne NRJ 12 où elle présentera unechronique «sur le glamour », vaste su-jet pour cette jeune femme en minis-hort, qui «ne ferme les portes à aucuneopportunité» et qui ne veut pas devenir« la nouvelle Nabilla». C’était, à Man-duel, la bonne nouvelle du jour. « Voi-là, c’est ça...»

ALEXANDRE [email protected]

Le cirque Arlette Gruss, sonorchestre live de onze musi-ciens et ses créations origina-les, sons et lumières et costu-mes viennent planter leur cha-piteau à l’espace Grammontsur le parking du Zénith, du30 août au 8 septembre.Des trapézistes volants, desclowns rocks et drôles, desacrobates, des chevaux, élé-

phants, tigres et lions blancs...il y en a pour tous les goûts !

◗ On peut acheter ses billets auxcaisses du cirque tous les joursde 10 h à 19 h, sur internet surcirque-gruss.com ou par téléphoneau 0825 825660 (0,15 € TTC/mn).Tarifsadultes de 17 € à 35 €,enfants de 14 € à 32 €.Gratuit jusqu’à 3 ans.

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Tara de “Secret story 7”veut vivre ici ou à MiamiPeople ❘ La jeune Montpelliéraine de retour sur ses terres familiales.

Gruss est de retourSpectacle ❘ Du 30 août au 8 septembre.

■ Dimanche, Tara était à Manduel, près de Nîmes, contre un cachet de 2000 €. Photo W. TRUFFY

AUJOURD’HUI

Fabriquer du papier :des ateliers gratuitsPierresvives (907 avenue Professeur-Blayac) rouvre ses portes au public.Dès aujourd’hui, de nouveaux ateliers gratuits

de fabricationde papier sontproposés de15 h à 17 h(égalementjeudi et vendrediaoût, auxmêmeshoraires). Àpartir de laprésentation dedifférentssupports

d’écriture, les participants seront initiés à lafabrication artisanale du papier à base defibres végétales locales.Renseignements auprès des archivesdépartementales : 04 67 67 37 00.

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■ Le cirque Arlette Gruss sera à l’espace Grammont. Photo archives R. D. H.

EN HAUSSE

62 matheuxs’entraînent ici

La ville de Montpellier a été choisie pouraccueillir le stage de préparation auxOlympiades internationales de mathématiquesorganisées à la demande du ministère del’Éducation. Ce stage se déroule jusqu’à jeudi àl’internat d’excellence de Montpellier. Pendantdix jours, 50 garçons et 12 filles de 13 à 17 ans,encadrés par 17 enseignants-chercheurs,se familiarisent ainsi avec les techniquesolympiques. Les six membres de l’équipe 2014,qui représenteront la France en Afrique du Sud,en font sans doute partie, mais ils devront gravirencore plusieurs marches avant la sélectionfinale. En attendant, et cela en pleinesvacances, ils bûchent!

midilibre.frMARDI 27 AOÛT 2013 ❘ X1MO-

2Votre été à Montpellier

Page 26: Mon press-book (Alexandre Mendel)

2 MidiLibre midilibre.frMARDI 25 DÉCEMBRE 2012

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LE COSTUME

Le Yéti est bonpour le lavage à secIl était temps, grand temps diront certains,que les festivités de Noël s’arrêtent. Ça faisaitpresque de la peine de voir les costumesde Tic et Tac ou du Lapin maculés de taches,traces de leur long périple à la rencontredes Mendois (petits et grands).

La fourrure du Yéti faisait presque peine à voir,alors qu’il embrassait enfants et curieux,lors de la retraite aux flambeaux sans flambeau(lire notre édition d’hier). Ses pattes ne sont plusdu blanc éclatant des débuts.Sûr qu’il y aura de sacrés travaux de pressingà prévoir pour 2013.

LES CADEAUX

Jusqu’au boutpour aller en SuèdeJusqu’au bout, ils ont tenu le coup,les scouts et guides de France. Ils ont emballé,

toujours avec le sourire, les cadeaux contreune participation libre. Hier encore, dans la hallede Ramilles, ils s’affairaient, avec soin,aux paquets des clients.Grâce à l’argent récolté, ils partiront cet été encamp, en Suède. Pas si loin que ça, finalement,de la Laponie, patrie du Père Noël.

L’OPÉRATION

Restaurez façades,toitures et devanturesLes ressortissants de la communautéde communes Cœur de Lozère peuventbénéficier d’aides pour la restauration de toituresen lauzes, façades, portes anciennes, cagesd’escalier à valeur architecturale, devanturescommerciales et artisanales.Pour tout renseignement, contacter Habitatet développement Lozère, 10 boulevardLucien-Arnault à Mende (tél : 04 66 31 13 33 ;fax: 04 66 47 43 78 ; courriel :[email protected]).

● CONSEILLe conseilmunicipalde Mendese réunirace vendredi28 décembreà midi, à lamairie annexe.

● DÉMARCHETous garçonset filles,de nationalitéfrançaise,nés entre le1er janvier 1997et le 31 mars1997, doiventse rendre enmairie pour lerecensementmilitaire, munisdu livret defamille, d’unecarte d’identitéet d’unjustificatif dedomicile, aprèsl’anniversairede leurs 16 anset avant le31 mars.

À Chabrits, la meilleurecrèche des environsÉlevage ❘ En plein agnelage, Jean-Claude Brunel, éleveur debrebis, prend le temps de s’occuper de ses bêtes, même à Noël.

Jean-Claude Brunel a les initiales del’illustre messie dont le monde chré-tien commémore aujourd’hui, àcoups de tartines de foie gras, la

naissance, il y a deux mille ans et quel-ques brouettes de foin, dans une établede la proche banlieue de Jérusalem. Sabergerie, qui sent le cuir et le fromage,attend la naissance de plusieursagneaux pour Noël. À quelques milliersde kilomètres de Bethléem, aux portesde Chabrits, à l’abri du vrai loup et desfaux dévots, les brebis parturientes nerecueilleront pourtant ni rois mages, niencens, ni myrrhe.

«Il y a deux ans,j’ai visité la capitale,comme vous, vousvisitez la bergerie»Jean-Claude Brunel, éleveur

Il y a quelques années encore, ce pay-san, exploitant depuis 1976 («à une épo-que où il n’y avait point de prime») etconverti au bio en 1998, améliorait leurpitance à l’occasion du réveillon : «Etpuis à quoi bon? Elles ne comprennentpas…» En plein agnelage, l’agriculteurn’abandonnera ses bestiaux que letemps de fêter, avec un ami, la Nativité :«Si une naissance doit avoir lieu,alors elle aura lieu. Voilà.» Pour para-chever cette crèche vivante, l’une dessept dernières à Mende («dansdix ans, il n’y aura plus que deux

agriculteurs ici», prédit-il), un bouc etune chèvre complètent ce tableau hiéra-tique, préservé des périls par Miquette,un chien de berger, qui d’un œil attentifespionne les mouvements du jeunetroupeau, tandis que l’autre œil, atten-dri, expertise la miséricorde de son maî-tre de 66 ans : « Mais non! Viens mevoir, je ne vais point t’engueuler ! »

Une peluche vivante,toute en laine et en crasse

La dernière agnelle née se porte bien,sa mère aussi ; merci pour elles. Cen’est pas le cas de la jeune maman, épui-sée, qui a fait un bien mauvais cadeaud’anniversaire à Jean-Claude, le9 décembre: un agneau atteint de la ma-ladie de Schmallenberg, une saleté quivous ferait douter de l’existence d’undieu pour les animaux et qui a fait pasmal causer cette année dans les salonsfeutrés des chambres d’agriculture. Dif-forme, il a dû être avorté. Une lutte dedeux heures. Une découpe in utero del’enfant qui l’a marqué autant que la bre-bis. Lasse et fatiguée, elle ne s’est tou-jours pas redressée sur ses pattes etguette dans un coin, ensuquée par la ter-rible épreuve, les agneaux de ses sœursplus chanceuses qui commencent às’endormir. Anthropomorphisme quin’a pas lieu d’être? Et après tout, pour-quoi pas : «Moi, ça ne me choque pas.J’aime observer la réaction des cita-dins. Il y a deux ans, j’ai visité la capi-

tale, comme vous, vous visitez la berge-rie. »Et puis, si Jean-Claude Brunel ne prêtepas de sentiments humains à ses bêtes,il sait à quoi songe ce petit agneau quidort près de sa mère : «Là, il rêve d’unetétée.» Avant de préjuger, en connais-seur, des méditations du reste du trou-peau, plus vieux : «Oh, ceux-là, ils nepensent qu’à bouffer !» Quand il croisele regard implorant du «plus sale desagneaux de la bergerie», une espèce depeluche vivante, toute en laine et encrasse, il tend un doigt que le petit mou-ton mord avec reconnaissance : la mèrene donnant pas assez de lait, c’estlui-même qui le nourrit au biberon.Sur les 100 agneaux, 25 iront au-delà dequatre mois d’âge. Les autres finironten côtelettes et gigots. «C’est mon mé-tier. Je fais de l’agneau de boucherie.Mais je ne vais pas les voir à l’abattoir.Ça non!» Il gracie les femelles les plusbelles.Orwell, et sa Ferme aux animaux,aurait fait de Jean-Claude le Dieu dutroupeau, lui qui donne naissance, sacri-fie, aide à la vie et choisit son terme. Etdont la devise, inscrite au-dessus de lacheminée de sa salle à manger, ne lais-se pas planer de doute sur le caractèreun peu plus que terrien de ce pay-san qui aime s’interroger : «Et si j’étaismoins idiot que vous ne le pensez?»

ALEXANDRE [email protected]

■ Ce petit doit être nourri au biberon.

AUJOURD'HUI

Noël MesseLa messe de Noël sera célébrée ce matinà 10 h 30 en la cathédrale de Mende.

● CET INDICEde la qualité del’air (de 1 bon à10 mauvais)est fourni parAir-LR. Plus surwww.air-lr.org.

■ L’éleveur, l’agneau et le chien de berger , réunis pour une image d’un paradis naturellement œcuménique. Photos ALEXANDRE MENDEL

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À LIRE DEMAIN

La chronique cinémaet les programmes

complets des sallesobscures de Lozère

8 HEURES

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■ Moment de répit pour l’éleveur et Miquette après avoir donné du foin.

Page 27: Mon press-book (Alexandre Mendel)

MidiLibre midilibre.frLUNDI 9 SEPTEMBRE 2013 7

W6--- ■ Nîmes

Casquette fluo ou pas? Et si laperdrix, qui observe le mon-de en bichromie, repérait ain-si plus facilement son préda-

teur armé? C’était le débat, hier, surles sentiers moites de la Petite-Ca-margue, au Grau-du-Roi, alors ques’ouvrait, dans le département, lachasse au petit gibier. La législationa évolué : désormais les quel-que 19 000 titulaires d’un permis dechasse que compte le Gard devrontrevêtir un chapeau, visible de loin,pour tirer, notamment, le lapin ou latourterelle.

«Avec le printempspluvieux, les nichéesont été extrêmementtardives »Alain Chabaud de lacommission de la chasse.

Hier, Pierre Ravel, garde-chasse par-ticulier depuis trente-cinq ans, n’apas verbalisé. «Attention ! La semai-ne prochaine, c’est 35 € le PV.Aujourd’hui, j’ai été brave… », aver-tit-il, alors qu’en quatre ans, clémentet rompu au dialogue, il n’a jamaiseu à sortir son carnet à souches.« C’est vrai, on ne réprime pas beau-coup ici, reconnaît Jacques Gis-clard, président de la fédération dé-partementale des gardes particu-liers. On fait surtout de la préven-tion. Ce n’est pas un territoire degros braconnage contrairement aunord-est de la France.»Et d’ailleurs braconner quoi? Com-me un peu partout ailleurs, des fai-sans (200 pour les quelque 1150 hade territoires de chasse rien qu’auGrau-du-Roi) ont été lâchés. Les ré-

serves se font rares cette année. «Ilen manquait. Avec le printemps plu-vieux qu’on a eu, les nichées ont étéextrêmement tardives », expliqueAlain Chabaud de la commission dela chasse. «Et puis c’est une ouvertu-re. Et sur deux heures et demie uni-quement. Ce n’était pas un jour detraque mais un jour de fête», ajoutePhilippe Houny, président du syndi-cat des chasseurs du Grau-du-Roi,une structure vieille de 75 ans.«Je ne suis pas un viandard. Il fautêtre intraitable avec ceux qui ne res-pectent pas les règles. Notammentcelles concernant la sécurité », mar-tèle Albert Granier, pêcheur à la ville(si l’on ose dire) et chasseur du di-manche. Hier, avec Pierre Ravel - onne saura jamais qui des deux a tiré le

coup mortel -, il a abattu un faisan,une minute à peine après avoir genti-ment sermonné Sam, son labradorde 9 ans, qui semblait se lasser de labalade. Il se contentera de cette uni-que prise, préférant bavarder avecPierre Ravel et profiter de ce décorimprégné par le sel et le sable.

De bons sentiments

D’autant que l’humidité, due aux ora-ges de la veille, qui donnait des re-flets turquoise aux saladelles, n’apas aidé les chiens, qui ont eu dumal à exercer leur flair dans ces che-mins, aussi détrempés qu’ils sontplats, de la Petite-Camargue.La limitation à deux perdreaux,deux faisans et deux lapins par chas-seur aide aussi à préserver les réser-

ves cynégétiques. Quand ce ne sontpas carrément les bons sentimentsqui font lever les carabines. Commeceux qu’a pu nourrir à l’égard d’unebête, hier, Luc Bereziat, venu chas-ser, avec son fils Thomas (deux ti-reurs impressionnants d’agilité et devitesse) : «J’ai vu un lapin, il avaitl’air maigre, malade, les yeux toutrouges. Je n’ai pas voulu tirer.Alors que mettre un coup de carabi-ne à un gros bien portant, ça ne medérange pas. » Les lapins qui nous li-sent ont donc jusqu’au 28 février2014 pour faire un régime et se met-tre du citron dans les yeux, s’ils veu-lent sauver leur peau.

ALEXANDRE [email protected]

Le petit gibier fait sa rentréeChasse ❘ La saison est vraiment lancée depuis hier matin. Exemple au Grau-du-Roi.

■ Casquette bien visible de rigueur cette année - pour assurer la sécurité des tireurs - et limitation des prises afin de préserver les réserves. Photos Alexandre MENDEL

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Terre de chassesLe Gard est un territoirede chasseurs assez disparate.Pour résumer, le Nord seconsacre davantage au grosgibier (d’autant que leschasseurs sont obligésde prélever des sangliers), tandisque le Sud est davantage tournévers le petit gibier. La fédérationdépartementale se porte bien.L’opération “premier permisde chasse” (dès 16 ans) à 1 €

est un succès. Beaucoupde sociétés cynégétiquess’y associent en finançantla première carte de chasse.

Page 28: Mon press-book (Alexandre Mendel)

Temps fort Du caviar 100 % terroirdans les eaux solognotes

Qu’est-ce qui explique que lecaviar soit si cher ? Un éle-vage méticuleux. Rien quepour séparer les mâles desfemelles, il faut attendre envi-ron deux ans. Et faire uneéchographie ! Comme à lamaternité.Les poissons sont ensuite sui-vis et élevés toute l’année,pendant sept à huit ans. « Nor-malement, c’est vers cet âgeque la femelle, devenue mature,fait des œufs. »Nouvelle écho-graphie pour savoir si l’estur-geon en contient. Seulement20 % des femelles d’unemême génération en contien-nent. Et produisent rarementle même poids : de 500 gram-mes à 4,5 kilos — un record,à Saint-Viâtre, toutefois.

Quand elles contiennent desœufs, les femelles sont tuées.Éventré par césarienne, lepoisson passe de vie à trépas.On perce la rogue (l’enve-loppe contenant les précieuxœufs), on lave les ovules, onles tamise, puis on les sale. Cen’est qu’ensuite qu’on lesconditionne en boîtes, sousvide. Le tout est effectué dansdes laboratoires aux derniè-res normes.Le seul soin apporté à l’éle-vage n’explique pas le prix,souvent exorbitant, du pro-duit. « Les intermédiaires sontnombreux dans le monde ducaviar », explique VincentHennequart, à la tête d’uneentreprise qui compte huitemployés.

Unproduit cher car choyé

La Sologne s’était bâtie uneimage sur ses chasses — célè-bres —, sur ses haras — répu-tés — et sur AugustePignard— injustement vili-pendé mais mythique. Voilàqu’émerge maintenant, desétangs poissonneux, un autretitre de gloire à cette campagnesablonneuse de carte postale.Depuis quatre ans, du caviar estproduit à Saint-Viâtre (Loir-et-Cher), à la pisciculture Henne-quart.Plus qu’une curiosité locale, cespetites billes grises, tirant sur lenoir, commencent à solide-ment s’installer sur les tables derestaurants parisiens presti-gieux. Même la patronne duLion d’Or, un café-restaurant-hôtel du village (10 euros lemenu du jour, quart de vin com-pris), « recommandé par le clubdes bons vivants », s’en est offertune petite boîte. Son opinion ?« C’est salé, ça sent le poisson etc’est cher. » Comptez2.200 euros le kilo.

Seulement 800 kilosVincent Hennequart, piscicul-teur dans cette SARL familiale, aattendu 2002 avant d’y goûter.Il avait 40 ans, songeait déjà às’occuper d’un « cheptel d’estur-geons », et a choisi, pour sa pre-

mière cuillerée, du caviar deL’Esturgeonnière, en Aquitaine,qui élève des Baeri, l’une desvingt-quatre espèces, venue deSibérie. « J’ai trouvé ça bon. »

Il se lance avec des alevins. Pourla reproduction, il est aidé parl’Institut de recherche pour l’in-génierie de l’agriculture et del’environnement de Bor-

deaux (Gironde).Les poissons sont introduitsdans des bassins allant jusqu’à50.000 m2. Ce n’est qu’en 2007que la première production estlancée, le temps que les premiè-res femelles « deviennent matu-res » et produisent des œufs.« Plusieurs années où l’on negagne pas d’argent », indiqueVincent Hennequart. Sa mère,Simone, trouve même le nomqui sera apposé sur les boîtes,clin d’œil aux accents slaves et àla région : ce sera « Solenska »,marque déposée depuis.Combien sont-ils, aujourd’hui,ces esturgeons ? Environ 50.000à faire trempette dans les eauxde Saint-Viâtre. De générationsdiverses, « de tailles diverses etd’une grande variabilité de com-

portement », ne produisant, évi-demment, pas de caviar enmême temps. Choyés, bichon-nés comme des enfants gâtés,les esturgeons ne doivent pasjouer des nageoires pour bou-ger. Chaque esturgeon disposeainsi de 10 m3.

Gare aux cormoransOn est loin de ce que le caviardu futur, plus accessible au com-mun des mortels, pourrait être.Sans citer de nom, VincentHen-nequart vise certaines produc-tions, dans lesquelles les estur-geons sont élevés en massedans des conditions de produc-tion intensive, qui pourraientcertes faire baisser les prix,maisaussi faire baisser la qualitéd’un produit d’exception. La pis-

ciculture Hennequart ne pro-duit « que » 800 kilos de caviar,réalisant déjà, grâce à cet ornoir, 50 % du total du chiffred’affaires de l’exploitation. Laproduction devrait, en 2017,arriver à saturation.En attendant, la seule concur-rence locale reste celle des cor-morans qui rôdent et s’en pren-nent, sans état d’âme, aux estur-geons. Pour les éloigner desétangs et de la richesse natu-relle qu’ils renferment, le pisci-culteur a installé un effarou-cheur à détonation. Quelquescoups suffisent à éloigner le pré-dateur. L’un des rares visiteurs àne pas comprendre la valeurinestimable que renferment lesétangs de Saint-Viâtre.

AlexandreMendel.

On l’appelle « le pape ducaviar ». Armen Petrossian— qui dirige, à Paris et àNew York, lamaison dumême nom— est présidentde l’International caviar impor-ters association (ICIA). Il aévidemment goûté le caviarde Sologne. Pour lui, il s’agit« d’un produit honnête, pasmal ». L’expert ajoute tout demême « ne pas en avoir assez

goûté pour avoir une opiniontranchée ». Car, « il y a caviar etcaviar » et surtout, « le goûtpeut être différent d’un estur-geon à un autre ». Lui qui a étéle premier à importer ducaviar chinois « n’aime pasqu’on colle des étiquettes sur lesproduits »,même si les siennessont prestigieuses.Se verrait-il vendre un jour ducaviar de Sologne, dans sa

boutique du très chic boule-vard de la Tour-Maubourg,dans le VIIe arrondissementde Paris ? « Pourquoi pas. Rienn’est exclu ! » Surtout que cespécialiste sait qu’il ne suffitpas d’être un bon pisciculteur.Il faut aussi « un savoir-fairederrière ». Bref, « ce n’est pasparce que votre jus de raisin estexcellent que ça fera un Châ-teau Pétrus ».

« Unproduithonnête »pourArmenPetrossian

Cet esturgeon n’a que trois mois. Il faudra attendre ses deux ans pourle « sexer ». Les mâles sont tués pour la chair. (Photo : P.Hennequart)

Inutile de vous précipiter àla ferme piscicole du Grand-Cernéant. Tout leur caviar aété vendu.Mais il reste trou-vable à certains endroits.Comptez plus de 200 eurospour une boîte de 100 gram-mes. Une broutille, en cestemps de crise.● Les caves Anthoyanes, àOrléans (02.38.62.50.76).● Aux Vignobles de Solo-gne , à Olivet(02.38.58.08.06).● L’épicerie des délices, àRomorantin (Loir-et-Cher)(02.54.83.96.71).Et si, par hasard, vous deviezréveillonner à Paris, quevous avez eu la présence

d’esprit de réserver votre soi-rée du réveillon au Bristol,un restaurant trois étoilesparisien, sachez que le chef,Éric Frachon, l’a mis aumenu. D’ailleurs, « les chefsnous ont toujours complimen-tés », glisse Vincent Henne-quart.Et les esturgeons mâles ?Qui, par faute génétique, neproduisent pas d’œufs (lesimbéciles !). Ils sont débitéssous forme de filets, souventpour l’Europe du Nord et del’Est. Sauf que VincentHen-nequart n’a pas lamoindreidée de l’endroit où setrouve la chair des époux deleurs précieuses « esturgeon-nes ». Triste sort.

JEUDI, À SAINT-VIÂTRE (LOIR-ET-CHER). Patricia et VincentHennequart sur l’exploitation piscicole du Grand-Cernéant. La sœur gère la comptabilité tandis que le frère, biologiste,s’occupe de la production de cet or noir. (Photo : Thierry Bougot)

Où trouver les précieusesbilles solognotes ?

■ Vous en aurezpeut-être, ce vendredi soir,sur votre table.Et si vous privilégiezla région, il viendraforcément des étangsde Sologne, à 15 kilomètresseulement des tartes Tatinde Lamotte-Beuvron.

Loiret/Région

2 -MON - LA RÉPUBLIQUE DU CENTRE - VENDREDI 31 DÉCEMBRE 2010 , SAMEDI 1er ET DIMANCHE 2 JANVIER 2011

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Tempsfort

À Olivet, guinguettes et répon-deurs font la réputation de laville. Chaque année, la mairiechange de musique d’attentetéléphonique. Chaque année,Hugues Saury, le maire, semarre. En février, son servicecommunication lui a proposéplusieurs titres issus du réper-toire — gigantesque — de lamythique Société des auteurs,compositeurs et éditeurs demusique (Sacem, lire « Ques-tions à »).En compétition, parmi troisautres titres, la chanson « LesCornichons » de Nino Ferrer.Trop connotée. Les électeursauraient pu, à tort ou à raison,se sentir visés. Le maire a flairéla blague. Pas facile de se choi-sir pour un an de conversationstéléphoniques une identitésonore, dans les limbes de l’at-tente administrative.

Bach ou Vivaldi, à l’œilFinalement, Olivet a choisi« Relator » chantée par ScarlettJohansson. De bon goût,mêmesi c’est en anglais. « On se sentplus libre » en langue étrangère,raconte-t-on à la communica-tion. C’est on ne peut plus vrai.Si l’on traduisait l’un des cou-plets — qui vient assez tarddans le refrain —, voilà ce quecela donnerait : « Je ne demandepas, je n’emprunte pas, je vole. »Entraînante, cette chansonéchappe aux rythmes de l’archi-classique « Suite françaisenuméro 3 » de Jean-SébastienBach. Tellement jouée qu’onpréférait presque encore unmorceau de NTM. « Surtoutpas !On évite tout ce qui est gros-sier », jure-t-on dans cette ban-lieue chic d’Orléans.Bach ou Vivaldi — un autreclassique des standards télépho-niques, spécialement avec le« Printemps » des « Quatre sai-sons » — sont pourtant de

bons camarades. Parce qu’ilsont eu le bon goût de mourir ily a plus de soixante-dix ans, ilssont tombés dans la postérité etdans le domaine public et s’of-frent — à l’œil — aux oreillesdes usagers du service public.Pas de Richard Wagner auconseil général, où on optepour le zen. Loin des notesmar-tiales de « La Chevauchée desWalkyries ». Le département achoisi le titre « Yeha-Noha » del’album « Sacred Spirit » : deschants et des danses d’Indiensd’Amérique. La direction de lacommunication du conseilgénéral explique avoir choisiune musique « apaisante, qui asemblé convenir à une attentetéléphonique des usagers quis’adressent aux services départe-mentaux ».

Dr. House et Ushuaïa« Écoutez, je ne sais pas quellemusique nous utilisons(NDLR : une sorte de musiqueclassique avec un arrangementmoderne, plutôt daté), maisj’adore la musique du conseilgénéral ! » s’amuse d’ailleursLaurence Delas, des affairesgénérales de la ville de Gien.Les services municipaux deMontargis ont, eux, carrémentprofité de la réfection de lamai-rie, suite à son incendie en2002, pour changer de thèmemusical. « Une musique a priorisans droits », indique la villepour quelques tons jazzy surun air de guitare bien fatiguée.Typique des hôtels clubs enbord de mer ; le buffet àvolonté n’aidant pas forcémentà digérer le tout.Dans cet océan de soupes, lacommunauté d’agglomérationd’Orléans a mis le paquet, enpayant un prestataire de ser-vice, la société lyonnaise ATS.Actuellement, le siège joue unemusique « neutre, moderne, et

d’actualité » (il s’agit du généri-que du feuilleton américain« Dr. House ») et adapte sonrépertoire suivant les événe-ments. La mélodie de l’émis-sion « Ushuaïa » accompagne,par exemple, la campagne detri des déchets. Tout à fait dansle ton.La mairie d’Orléans fait excep-tion, en préférant les voix off.Dixmessages par an sontmixéspar une entreprise spécialisée.Les musiques se doivent d’êtreraccord avec l’événement. Onévitera juste « Allumez le feu »de Johnny Hallyday pour lesfêtes de Jeanne d’Arc.

AlexandreMendel.

Allô !Veuillezpatienteravec lesmusiquesd’attentedu Loiret...

Quel est le rôle de la Sociétédes auteurs, compositeurset éditeurs de musique dansle choix des musiques d’at-tente ?On intervient pour faire payerle salaire des auteurs qui sontsociétaires chez nous et detous les organismes mon-diaux affiliés à la Sacem. Enclair, on leur doit un salaire. Àpartir du moment où c’est unnuméro professionnel ! Nousprocédons à un mailing de15.000 à 20.000 courriers cha-que année pour les prévenirque la Sacem est là poursigner avec eux ce qu’onappelle un contrat générald’exploitation. Contre unesomme d’argent, les collectivi-tés peuvent puiser dans unrépertoire de 32 millionsd’œuvres françaises et étrangè-res. Car nous avons des parte-nariats avec nos homologuesétrangers.Et ça arrive que des adminis-trations ne paient pas cessalaires ?

J’ai une certaine déformationprofessionnelle. Quand j’en-tends une musique, je regardesi l’auteur a été payé. Si cen’est pas le cas, j’adresse uncourrier. On peut dresser unPV mais, pour être franc, onne va pas au tribunal pourquelques dizaines d’euros.Cela dit, les petits ruisseauxfont les grandes rivières.Les gens sont-ils conscientsqu’une musique, au télé-phone, ça se paye ?Pas toujours ! J’entends despersonnes me dire « Maisc’est de la musique anglaise.Pourquoi vous intervenez ? »,ou qui passent des arrange-ments modernes sur de lamusique classique, en pen-sant que c’est gratuit. Eh non,Rondò Veneziano, ce n’estpas gratuit !

« Les petits ruisseauxfont les grandes rivières »

adjointà la directionrégionalede la Sacem

La région la voulait « fière etsublime ». Et libre de droits.Cédric Baud, cameraman etréalisateur à Lyon, qui avoueque son activité musicale seborne « à donner des concertsgratuits dans les appartementsdes gens », a exaucé le vœu dela collectivité territoriale.C’était il y a quatre ans. Unami lui propose de faire labande-son du film du conseilrégional sur le Centre. Contre1.865,76 euros, il semet à bos-ser pendant plusieurs mois ens’inspirant de « La symphonieduNouveaumonde » deDvo-rak. « Ils étaient comme fousavec cette musique ! Il a fallufaire beaucoup d’allers-retoursentre la prod’ et la région », sesouvient Cédric Baud. Résul-tat, le morceau a tellementplu qu’il a été recyclé sur lestandard.

« Aucune relation »Dans les faits, ça ressemble unpeu aux bandes originales desfilms d’action des années1980. Donnant l’impressionque Chuck Norris va finir parvous répondre. Cédric Baudne lamentionne pas dans sonCV, lui qui a aussi réalisé l’ac-compagnement sonore de plu-sieurs émissions de TF1 ou

France 3. La région jure nerien payer à la Sacem car,explique Sophie Lorenzi, duservice communication, « lemarché conclu prévoyait quel’auteur cède l’ensemble de sesdroits patrimoniaux ».Or, Cédric Baud est membrede la Sacem et, de fait, aconfié la gestion de son« salaire » à cet organismepour ses œuvres passées, pré-sentes et futures. Ce qui repré-senterait quelques centainesd’euros, depuis 2006 ; « dequoi se payer des vacances »,s’amuse le compositeur, qui ale statut d’intermittent duspectacle.

Interrogée, la région produit,pour toute réponse, une fac-ture adressée à la sociétéCLCT, une entreprise troyennespécialisée dans les voix off etle mixage des fréquences télé-phoniques : 777, 40 euros« payés chaque année ». Dom-mage, Cédric Baud n’a jamaisentendu parler de CLCT, avecqui il n’a « aucune relation ».Catherine Bernard, directricede l’information et de lapresse à la région, prometqu’on finira par savoir « quidoit quoi et combien à CédricBaud ». La région songe detoute façon à changer demusi-que. Pourquoi pas « Moneyfor nothing » de Dire Straits ?

ÉricMenudier

REPÈRES■ Pas si cherComptez 163,77 euros par anpour 25 lignes sonorisées, soitcinq modules de standard.À noter : on ne parle pas detaxes mais de salaires.

■ Gratuit, après 70 ansUnemusique tombe dans ledomaine public 70 ans aprèslamort du dernier auteur.Ondoit attendre près d’un sièclesi l’auteur estmort pour laFrance.Ou a combattu pen-dant la guerre. Ce qui exclutpar exempleMaurice Chevalier,qui avait la fâcheuse habitudede chanter pour Radio Paris.

■ InaliénablesEn droit français, l’auteur nepeut ni vendre, ni renoncer àses droits.

■ Une mannePlusieurs sociétés proposent decréer « des œuvres de com-mande » clés en main.Musi-que originale,mixage : il y ena pour toutes les bourses.

Aux instruments, Cédric Baud. L’auteur de la musique du conseilrégional aurait renoncé à ses droits pour un peu plus de 1.800 euros.

« La dernière séance » à l’hôpitalde PithiviersClin d’œil maladroit ou fautede goût ?Quand vous appe-lez pour avoir des nouvellesd’un proche soigné à l’hôpi-tal de Pithiviers, lamusiqued’attente risque de vousretourner le cœur.Le standard joue un tube,vieux de trente-trois ans. Unmembre de votre famille estentre la vie et lamort ? Voustomberez sur « C’est la der-nière séance » d’EddyMit-

chell, une chanson restéecélèbre pour avoir servi degénérique à l’émission homo-nyme de feue la chaîne FR3.Certes, il ne s’agit que de lamélodie (l’hôpital paie133 euros par an à la Sacempour l’utiliser),mais les paro-les sont dans toutes lestêtes : « C’était sa dernièreséquence. C’était sa dernièreséance. Et le rideau sur l’écranest tombé. Bye bye, au revoir, à

jamais... » Rassurant.Pascal Gaillard, directeur dessoins de la qualité de l’hôpi-tal, se dit étonné : « Franche-ment, je la découvre ! C’estvrai que quelque chose de plusclassique serait préférable. »Personne n’est en mesure dedire qui, quand et pourquoicette chanson a été choisie.Un petit plaisantin, uninconscient ou un fand’EddyMitchell ?

QUESTIONS ÀAu conseil régional,onne saitplusqui paie le compositeur

Certaines collectivités, comme lamairie d’Orléans, font appel à des professionnels dumixage et du son. (Photo : Thierry Bougot)

■ Grinçantes, répétitives,laides ou originales :les musiques jouéesau téléphonedes administrations sontréfléchies.Dans un océande soupes commerciales,tarifées et étudiées,nagent quelques pépites.

Loiret/Région

LA RÉPUBLIQUE DU CENTRE -MERCREDI 18 AOÛT 2010 -MON - 5

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La voilà, celle qui hisse le traitd’esprit au rang d’œuvre d’art,hybride au féminin de PierreDac, de Bobby Lapointe et du

professeur Choron. Clémentine Mé-lois, professeur aux beaux-arts de Nî-mes, redonne une autre dimension aujeu de mots, à ces calembours qui, à lalongue, au rythme de L’Almanach Ver-mot ou - pire - des blagues de LaurentRuquier, finissent toujours par en-nuyer. Boris Viande - Légume desjours, Friedrisch Nietzsche - Le cré-puscule des idoles des jeunes, Homè-re - Liliane et l’Audi C, Saint-Exaspé-ré - Vol de nuit, Marx - Et ça repart :ces titres sont issus des quelque 80 dé-tournements, clins d’œil adroits auxrayonnages de bibliothèque, imaginéspour la plupart par cette jeune femmediscrète de 33 ans, qui enseigne lespratiques éditoriales au cœur de la ci-té des Antonin, dans ce sud, où - c’estconnu - les pastiches par temps bleusont délicieux.

«Si les gens n’y voientque des jeux de mots,très bien. Chacuns’approprie ces livres »Clémentine Mélois

Son album Chef-d’œuvre de la littéra-ture (ainsi que se nomme son projetdémarré en mars) lui a valu, cet été,une foultitude d’articles élogieux dansla presse nationale, bien aiguillée, ilest vrai, par le buzz aussi imprévu quemérité qu’a créé sa page Facebook,aujourd’hui suivie par presque8 000 personnes. « Évidemment, c’estsurprenant. C’est réjouissant», lâcheClémentine Mélois, qui voit dans sontravail bien plus qu’un hommage vi-suel à l’art de la paronomase.« L’idée m’est venue après une conver-sation. J’avais confondu Paul Valéryet François Valéry. Bon, j’ai toujourseu un problème avec les noms pro-pres... » Voilà pour la genèse, voilàpour l’anecdote. Pour le reste, il s’agitd’un travail sérieux : « Cela rentredans un projet plus global sur les li-vres. J’y vois des références aux situa-tionnistes ou encore à l’art concep-

tuel. Cela peut faire penser au mouve-ment Fluxus ou à Duchamp… Dansmon travail, je me demande toujourscomment aller au-delà de la seule dif-fusion des livres.» Avant de repren-dre du recul : «Mais, si les gens n’yvoient que des jeux de mots, trèsbien. Chacun s’approprie ces créa-tions. Leur réception échappe à l’ar-tiste.»Quel a bien pu être le déclic ? Elle,fille d’un sculpteur et d’une prof defrançais, n’a pas attendu de savoir lirepour s’approprier les ouvrages. Ellequi, enfant, avait gagné, à l’âge de9 ans, un concours pour Gallimard enayant écrit un petit texte intitulé Centans, déjà. « J’ai revu, il n’y a paslongtemps, une photo de moi, en pyja-ma, entourée des 365 livres que Galli-mard m’avait envoyés. » Anecdote ré-vélatrice de ce début d’histoired’amour entre la matérialité des bou-quins et celle qui allait faire les

Beaux-Arts de Paris. « Un livre, ensoi, ça évoque quelque chose. J’ai tou-jours eu une pratique de lecture entant qu’artiste. »

Un roman-photo également :“Foufoune tendance”

D’où la recherche de la matière, de labonne typographie, qui subliment ledécalage entre le fond (le jeu de mots,jamais potache, toujours pertinent) etla forme (le livre parfaitement imité).Se contenter de bidouillages numéri-ques n’est pas son truc. Il lui fallaitune mise en scène, même minimalis-te. «Pour les photos, je tiens ces livresdans la main», sa manière à elle unefois de plus « de se jouer des codes ».Même pour la photo de cet article, el-le insiste, facétieuse : «Bon, d’accordpour la photo. Je vais poser devantMondial maquettes et je vous renver-rai la photo. Je changerai une lettre,ha ha! » Et ces farces artistiques ne

sont pas ses seuls enfants. Clémenti-ne Mélois s’est déjà illustrée - si l’onose dire - dans un roman-photo - hila-rant - avec Foufoune tendance ou encréant, pendant quatre ans, des calen-driers de marins pêcheurs frappés dela typographie des immatriculationsdes bateaux de L’Île-d’Yeu où, naguè-re, elle a résidé. Et aujourd’hui? Quel-ques exemplaires de ses livres sont ex-posés jusqu’à demain à La Panacée, àMontpellier (1). Pierre Assouline, deLa République des livres, a consacréun billet à l’artiste. «Que l’on parle demoi dans les pages littérature, ça faitvraiment plaisir.» Un recueil de sescontrefaçons sortira en 2014. Et pro-mis, elle ne tirera pas la couverture àelle.

ALEXANDRE [email protected]

◗ (1) La Panacée : 14, rue de l’Eco-le-de-Pharmacie, à Montpellier. De 10 heuresà 18 heures.

Clémentine Mélois tireà elle les couverturesLe portrait du samedi ❘ Professeur aux beaux-arts de Nîmes, elle est devenueun vrai phénomène sur le net, en pastichant avec humour des dizaines de livres.

■ Cette jeune femme discrète de 33 ans devrait publier, début 2014, un recueil de ses détournements. Photo montage CLÉMENTINE MÉLOIS

CINÉMAS

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TÉLÉGRAMMES

● IMPÔTS Pour éviter l’attente au guichet, les services desimpôts conseille le paiement en ligne sur impots.gouv.fr.Pour contacter le centre des finances publiques,15, boulevard Étienne-Saintenac : Nîmes-sud,[email protected] ; Nîmes-est :[email protected] ; Nîmes-ouest :[email protected]. Du 12 au15 novembre, le centre des finances publiques modifie seshoraires d’ouverture. L’accueil sera assuré de 8 h30 à 11h30et de 13h30 à 16 heures. Contact :[email protected].

● CAF DU GARD La Caf du Gard informe que pendant lapériode de congés scolaires, du 21 octobre au 1er novembre,aucune permanence administrative ne sera assurée.Seuls, les accueils de Nîmes, Alès, Bagnols-sur-Cèze etBeaucaire resteront ouverts.Tél. 0810 25 30 10 ou www.caf.fr.

● CONFÉRENCE La Société d’histoire du protestantismerecevra Stephan Rüdiger, chercheur, pour une conférencesur le thème“1963-2013 : 50e anniversaire du traitéde Gaulle-Adenauer, le rôle des églises dans la réconciliationfranco-allemande”, aujourd’hui, à 16 heures, à Carré d’art.

● HISTOIRE La Société d’histoire moderne etcontemporaine de Nîmes et du Gard organise uneconférence sur “Les faubourgs de Nîmes du XVIIe auXXe siècle : intérêt patrimonial et enjeu urbain” par PhilippeAramel, aujourd’hui, à 14 heures, au musée des Beaux-Arts,23, rue Cité-Foulc.

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MidiLibre midilibre.frSAMEDI 19 OCTOBRE 2013 3

W2--- ■ Nîmes

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MONTARGIS

Comme dans tous les calvai-res, l’histoire est sordide, terri-ble, incompréhensible. La listedes préventions la rend encoreplus innommable : séquestra-tion, violences volontaires,viol accompagné d’actes detorture et de barbarie, et tenta-tive d’assassinat.Les protagonistes sont tous deMontargis. Il s’agit de deuxhommes de 19 ans et de deuxfilles, l’une de 13 ans et l’autrede 14 ans. C’est cette dernièrequi, après avoir été enfermée

dans un appartement, a étéviolée et torturée.Comment aurait-elle pu imagi-ner le martyre qu’elle allaitsubir ? La victime étaitaccueillie au sein de la Maisonde l’enfance de Montargis.Habituée des fugues, elle avaittrouvé refuge chez un jeunehomme de 19 ans, en compa-gnie d’une autre pensionnairede la Maison de l’enfance,âgée, quant à elle, de 13 ans.En confiance— ils se connais-saient depuis assez long-temps —, elle s’installe, sansappréhension. Tout dérape, le26 août.

Ligotée et bâillonnéeUne longue journée de cauche-mar commence alors. Lajeune fille est d’abord enfer-mée, privée de toute liberté.Sans doute pour un différend

futile. Peut-être pour unvague contentieux d’argent,portant sur une somme déri-soire.L’enfer se poursuit dans lanuit du 27 au 28 août. L’autrejeune homme de 19 ans arejoint son ami et l’adoles-cente de 13 ans. À trois, ilssont déchaînés et brutaux.Sans alcool et sans stupé-fiants. La victime est violéedans un climat de sauvagerieinouïe. En plus du rapportsexuel forcé qu’elle subit, lajeune fille est littéralement tor-turée. Divers objets lui sontintroduits dans le vagin etdans l’anus, dont un tourne-vis.Son amie de 13 ans assiste àces scènes bestiales. Après enavoir fini avec lamalheureuse,les trois envisagent de sedébarrasser d’elle et lui atta-

chent les mains, les pieds, et labâillonnent. Un manteau larecouvre. Direction le canal deBriare, en voiture, où elledevaitmourir.C’est là que la providence inter-rompt le supplice de l’adoles-cente. Un homme, présent au

même endroit, à 2 heures dumatin, observe la scène. Ilintercepte l’un des deux jeu-nes. Tandis que l’autre prendla fuite. Prévenue, la policeinterpellera le fuyard.Aujourd’hui, la victime est hos-pitalisée. Les trois suspects

devraient être mis en examen.Une expertise psychiatriqueen dira plus sur leur personna-lité. Les deux jeunes majeursrisquent la réclusion crimi-nelle à perpétuité. Tous sontdes primodélinquants.

AlexandreMendel.

HIER, ÀMONTARGIS. À gauche, la Maison de l’enfance, d’où avait fugué la jeune victime. À droite, le canal de Briare, dans lequel les trois suspects voulaient la noyer. (Photos : Gaël Bardin)

Séquestrée, violée, torturée,la jeune filledoit la vie sauve àunpassant

Quatre personnes ont été pla-cées en garde à vue, le 16 août,par la gendarmerie de Pithi-viers, et seront convoquéesdevant la justice, le 27 jan-vier 2011, pour des vols à l’éta-lage commis à l’IntermarchédeMalesherbes, les 15 juillet et12 août.Le 12 août, la gendarmerieavait été appelée pour un volcommis à l’Intermarché deMalesherbes. Le véhicule dessuspects avait été repéré etmal-gré une course-poursuite avecles gendarmes, au cours delaquelle de nombreuses infrac-tions au code de la routeavaient été commises— « stop » non marqué ; lavoiture pourchassée s’étaitengagée en sens interdit ; refusd’obtempérer aux forces de l’or-dre ; mise en danger d’autrui ;etc. —, les « voleurs » avaientréussi à prendre la fuite.L’enquête, confiée à la brigadede Malesherbes, renforcée parle Peloton de surveillance et

d’intervention de la gendarme-rie (PSIG) de Pithiviers et par labrigade de recherche de Pithi-viers, a permis d’identifier lesauteurs des faits.

Un homme, trois femmesIl s’agit d’un homme originaired’Orléans, âgé de 59 ans, et detrois femmes (la première,26 ans, de Fleury-les-Aubrais ;la deuxième, 27 ans, d’Or-léans ; la troisième, 23 ans, deSaint-Jean-de-Braye). L’uned’elles avait réussi, le mêmejour, à commettre un autredélit, à la Halle aux vêtementsde Pithiviers.Les quatre personnes interpel-lées ont été placées en garde àvue. Les perquisitions menées

à leurs domiciles respectifs, parla compagnie de Pithiviers, ontété effectuées avec le renfort

du commissariat de police d’Or-léans et du PSIG d’Orléans.

A. S.-T.

Les deux jeunes filles, la com-plice des deux hommes de19 ans et la victime, étaienthébergées à la Maison del’enfance deMontargis. Cetendroit, qui dépend de lafondation « La Vie au grandair », dispose de dix-huitplaces. Il accueille les enfantsen grande souffrance, sou-vent en conflit avec leurs

parents et parfois victimes deviolence. Contexte socialdifficile et fugues répétéessemblent avoir jalonné leparcours des adolescentes.Joint hier, au téléphone, ledirecteur régional de « La Vieau grand air », Patrice Ver-meulen, se refusait à toutcommentaire : « Rien n’a étécommis dans l’enceinte de la

Maison. C’est tout ce que jepeux dire. » Et renvoyait toutedemande de réaction à Jean-François Kerr, directeur« Enfance-Famille » auconseil général du Loiret, encharge de la Maison. Leconseil général faisait savoir,dans la soirée, qu’il « n’avaitaucune réaction à transmet-tre » sur cette affaire.

L’accident a provoqué unembouteillage monstre. Hier,peu avant 18 heures, un véhi-cule circulant sur l’autorouteA 10, dans le sens Tours-Paris,s’est renversé sur le toit, prèsde la sortie de Meung-sur-Loire. Très vite, le pelotonautoroutier de la gendarmerieet les pompiers se sont rendussur place, au point kilométri-que 101. Le véhicule, à bordduquel voyageaient quatrepersonnes, s’est couché sur lavoie intermédiaire, provo-quant plusieurs kilomètres de

retenue et l’impatience desvacanciers qui revenaient decongés. Selon les premiers élé-ments de l’enquête, le conduc-teur aurait voulu éviter unevoiture qui lui faisait unequeue de poisson. Impression-nant, l’accident n’a fait quedeux blessées légèrement tou-chées, des passagères transpor-tées au centre hospitalierrégional d’Orléans-La Source.La circulation a été rétablievers 18 h 30 et est redevenuefluide vers 19 heures.

A.Me.

LaMaisonde l’enfanceet le conseil général gardent le silence

MALESHERBES - PITHIVIERS -ORLÉANS

Les auteursdes vols à l’étalageà l’IntermarchédeMalesherbes arrêtés

La compagnie de gendarmeriede Châteaudun (Eure-et-Loir)poursuit ses auditions. Lesenquêteurs veulent entendretoutes les personnes de l’entou-rage de Ginette Breton, unefemme de 60 ans en grande

détresse sociale, sous tutelle,décédée vendredi soir dans l’in-cendie de sa maison. L’originede l’incendie n’a toujours pasété déterminée. Un expertincendiemandaté par la gendar-merie doit se rendre sur place.

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Accident sur l’A10 :une voituresur le toit et unembouteillage

■ Une adolescentede 14 ans a vécuquarante-huit heuresde cauchemar. Elle a étéenfermée, violée, puistorturée. Son corps devaitêtre jeté dans le canalde Briare.Un témoin ainterrompu ce jeumacabre.

L’originede l’incendietoujours pasdéterminée

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MEUNG-SUR-LOIRE

FAITS DIVERS

CHÂTEAUDUN (EURE-ET-LOIR)

Loiret/Région

6 -MON - LA RÉPUBLIQUE DU CENTRE -MARDI 31 AOÛT 2010

Page 32: Mon press-book (Alexandre Mendel)

FAITS DIVERS

Sa femme et ses amisn’étaient pas au courant, lors-que la police a révélé, hier,l’identité du héros qui a empê-ché l’assassinat de la jeunefille de 14 ans torturée et vio-lée, dans la nuit du ven-dredi 27 au samedi 28 août, àMontargis (notre précédenteédition). À 29 ans, OguzhanAkisti ne fanfaronne pas. Il enaurait le droit. « Je fais1 mètre 86 pour 98 kilos. J’aifait six ans de boxe thaï. » Dequoi éloigner la canaille. Et lamettre hors d’état de nuire.Il est 2 heures du matin,samedi, au bord du canal deBriare. Oguzhan Akisti attendquelqu’un sur les marches del’escalier qui mène au cheminde la Collerette. À quelque20 mètres de là, au beaumilieu des arbres, deux hom-mes frappent une silhouette.Au début, OguzhanAkisti n’ar-rive pas à identifier le sexe dela victime. Les tortionnaires,qui portent des capuches, sonten train de lui mettre descoups de poing sur tout le

corps. Ils lui couvrent la bou-che avec du gros Scotch.« J’ai entendu une voix de fille.Elle disait : “Arrêtez, arrêtez.”J’ai demandé : “Mais qu’est-ceque vous faites ?”, ils ont courudans ma direction. »

Pour un paquetde cigarettesD’autres auraient pris la tan-gente. Pas Oguzhan Akisti.« J’en ai chopé un par le bras etje l’ai tenu à la gorge. » Ledeuxième homme réussit àfuir. La jeune fille de 14 ansreste debout, les mains liées.Oguzhan Akisti lui enlève sonbâillon,mal attaché. Et décou-vre une personne, en T-Shirtet jeans, « petite, de peut-être1 mètre 50, salement amo-chée ». Elle a le nez et la bou-che en sang, l’œil gauche gon-flé. Elle ne pleure pas, commeétourdie par le calvaire qu’ellevient de subir. « Ça m’a cho-qué. » L’homme qu’il a réussi àarrêter — « et qui faisait lamême taille que moi »— luiexplique alors : « Elle medevait un paquet de clopes. »Soutenant la jeune fille d’uncôté et empoignant l’hommede l’autre, il part au commissa-riat de police, distant d’unecentaine demètres seulement.« Quand elle est arrivée à lapolice, la fille voulait rentrerchez elle. Elle était sous lechoc. »

Le héros est égalementgroggy. Opéré d’un kyste à lacolonne vertébrale deuxsemaines auparavant, il sai-gne. Sa plaie s’est rouverte. Àaucun instant, pourtant, ceTurc, aimé de tous, n’a hésité àintervenir.« Oz », ainsi que ses prochesl’appellent, est « un mec droit,toujours raisonnable, jamaisviolent, qui arrête les conflitspar sa force de persuasion »,témoigne Arnaud Chenu, l’unde ses meilleurs amis. Et saforce physique ? « Il pourraitfaire videur », lui qui estmaçon, « mais il a une tête degentil. D’ailleurs, quand tu lecroises dans la rue, tu ne chan-ges pas de trottoir », poursuitcet homme, patron du PhysioBluebox de Montargis, oùvenait se relaxer, au sauna,son ami. Se relaxer, accepterles félicitations, les récompen-ses et la gratitude d’admira-teurs anonymes : une autreforme de tension, gratifianteet pesante, qui devrait s’exa-cerber cette semaine.Une information judiciaire aété ouverte contre les trois sus-pects. Les deux jeunesmajeurs de 19 ans auraientété écroués à lamaison d’arrêtd’Orléans. La jeune complice,âgée de 13 ans, a été placéedans un centre de détentionpour personnes mineures, enrégion parisienne.

AlexandreMendel.

OguzhanAkisti, le héros qui amis finau calvaired’une fillede 14 ans

MONTARGIS

En apparence, le jeu est un peucrétin. Il s’agit, dans un universmédiévalo-fantastique, deretrouver des dofus, des œufsde dragon aux pouvoirs magi-ques et à la valeur inestimable.Une espèce de mélange rutilantdes univers de Tolkien, de Face-book (pour son côté désociali-sant) et de World of Warcraft(pour son côté hypnotique).En apparence, seulement. Car,sur Internet, le jeu, baptisé, juste-ment, « Dofus », attire jusqu’à10.000 joueurs simultanément.200.000 inscrits viennent yjouer en réseau sur Internet.Un petit génie de l’informati-que de 15 ans, habitant dans leLoiret, a été arrêté, le 7 juin der-nier. Son délit, avoir contrefaitle site.

CerveauNos confrères du quotidienrégional « Nord Éclair » nousapprennent que le jeune du Loi-ret, qui agissait avec un autrecomparse du même âge, habi-tant la région parisienne (et

arrêté le 24 août), était le cer-veau de ce piratage. Les deuxgarçons ne se seraient d’ailleursjamais rencontrés.Le site parallèle, apparemmenten tout point conforme au siteoriginal, comprenait, par exem-ple, une boutique proposantdes accessoires. Au total, et surune période de six mois, lesdeux jeunes gens ont ainsidétourné 80.000 euros.Toujours selon « Nord Éclair »,la société éditrice du site,

Ankama Games, basée à Rou-baix, dans leNord, s’est aperçuequ’elle subissait une pertesérieuse d’utilisateurs depuisplusieurs mois et a déclenchél’alerte. C’est la section économi-que et financière de la policejudiciaire de Lille qui a identifiéles contrefacteurs et les a inter-pellés.Jointe hier au téléphone, lapolice judiciaire de Lille refusaitde commenter « une affaire encours d’instruction ». Et encore

moins d’indiquer où et dansquelles conditions avait étéarrêté le jeune du Loiret, « cardes mineurs sont impliqués ».Tout ce que l’on sait, c’estqu’après avoir été placé engarde à vue, il a été relâché etremis à ses parents.Il risque une peine de cinq ansde prison et de 500.000 eurosd’amende. Plus de six fois lemontant des sommes détour-nées.

A.Me.

Les pompiers du Loiret sontpartis en renfort pour luttercontre les flammes qui rava-gent actuellement le nord dudépartement de l’Hérault, àune dizaine de kilomètres seu-lement de la capitale du Lan-guedoc-Roussillon, Montpel-lier.Au total, vingt-quatre pom-piers, venus de différentescasernes du département,

sont partis hier par la route.Quatre camions, un véhiculede commandement et unautre de ravitaillement compo-sent cette colonne de renfort.Si le feu semble contenu, plu-sieurs villages de l’aggloméra-tion montpelliéraine restaientencore sous la menace directedes incendies de pinèdes, atti-sés par les vents.

A.Me.

Jean-PierreDoor salue les bonnes statistiques

HÉRAULT

Vingt-quatrepompiersdu Loiretcontre les incendies

HIER,ÀMONTARGIS.

« Tout êtrehumain auraitfait le même

geste quemoi.Je neme suis

pas poséde questions.

Je suisintervenu.

C’est comme çaque j’ai été

élevé. »(Photo :

Gaël Bardin)

Jean-Pierre Door,maire deMontargis et député UMPde la quatrième circonscrip-tion du Loiret, se dit « outrépar le comportement desindividus qui ont séquestré etviolenté cette jeune fille ».L’élu souligne « le comporte-ment exemplaire » du pas-sant, « son geste citoyen et

totalement responsable, qu’ilfaut saluer avec beaucoup derespect ». Et rajoute : « Lalutte contre la délinquance devoie publique est en recul àMontargis. Les chiffres dumois de juillet font apparaîtreune baisse globale de 29%par rapport à l’été 2009, avecune baisse significative du

nombre de vols à la roulotte,de cambriolages et de volsd’automobiles. » Cambriola-ges, vols à la roulotte ? Quelrapport entre cette statisti-que et le viol, accompagnéd’actes de barbarie, et latentative d’assassinat, qu’asubis la jeune fille de14 ans ?

LOIRET

■ Il n’a que 15 anset a, avec un comparse,détourné 80.000 eurosau détriment d’un siteInternet, basé à Roubaix,dans leNord.

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Ungéniede l’informatiquede 15 ansinterpellé pour avoir contrefait un site

LUNDI, DANS L’HÉRAULT. Des personnes regardent les flammes desincendies qui coupent la RN 113 entreMèze et Pézenas. (Photo : AFP)

■ Un jeune Turcde 29 ans,maçonde profession,est intervenu, dans la nuitde vendredi à samedi,pour empêcher l’assassinatd’une jeune fillequi venait d’être violéeet torturée. Rencontre.

Le site« Dofus »,fréquenté

par desdizaines

demilliersd’utilisateurs,

est un jeude rôle

sur Internet.Sur cette

capture d’écran,quelques

personnagesphares.

Loiret/Région

4 -MON - LA RÉPUBLIQUE DU CENTRE -MERCREDI 1er SEPTEMBRE 2010

Page 33: Mon press-book (Alexandre Mendel)

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