Julio Iglesias bientôt en PaysBasque - Christophe...

1
SAMEDI 25 AOÛT 2012 WWW.SUDOUEST.FR un été en Pays Basque INDISCRÉTION Julio Iglesias bientôt à Saint-Sébastien Vingt ans après son dernier concert au vélodrome d’Anoeta, le crooner aux 300 millions d’albums donnera un récital le samedi 13 octobre au Kursaal. PROPOS RECUEILLIS PAR CHRISTOPHE BERLIOCCHI L emini-pick-upvertdemarque japonaise s’est frayé une place jusqu’à l’entrée de ce restau- rantd’Ilbarritz.FrédéricBeigbeder, encompagniedesamère,Christine deChasteigner,etdesafille,descend de son véhicule sans permis. Le ri- tuel est immuable : déjeuner au bord de l’océan, un peu de bron- zettetoutendécortiquantunlivre, pour une future chronique dans «LeFigaroMagazine»,avantderen- trer«àlamaison»,àGuéthary.L’écri- vainFrédéricBeigbederadécidéd’y vivreàplein-temps.Oupresque. «Sud Ouest». Vous n’avez pas quitté votre maison de l’été, vous êtes résident à temps plein de Gué- thary ? Frédéric Beigbeder. C’est marrant, l’autre soir, des gens du village m’ontdemandésic’étaitbienlesva- cances!Çamefaitsourire,parceque jevisplussouventiciqu’àParis.C’est unchoixdevie.J’ysuisarrivéenmai aprèsleFestivaldeCannesetjen’en suispasreparti.Là,jemonteraiàPa- risfinaoûtpourtournerdeuxémis- sions d’affilée du « Cercle », sur Ca- nal+.Etjeredescendsaussisec! Est-ce à dire que les nuits parisien- nes, l’agitation médiatique dans la capitale, c’est fini ? Ouienpartie(sourire),jevieillis,j’ai 47ansmonbonmonsieur,unefille de 13 ans et je me suis rendu comp- tequejetravaillaismieuxiciqu’àPa- ris. Si l’on peut dire car à Guéthary, je n’ai pas trop l’impression de tra- vailler, mais d’être toujours en va- cances;l’océan,lamontagne,l’Espa- gne toute proche… Mon métier, c’estl’écriture,etici,j’écrisplusvite. Vous avez un rituel pour écrire ? Non, pas vraiment, je ne suis pas commecesécrivainsquirespectent desheures,sortentunlivreparan… J’angoisse trop ! Le secret d’une phraseréussie,c’estd’avoirquelque chose à dire, j’aime cette maxime. Moi, je prends mon temps, je suis paresseux. J’ai mon petit carnet de notes,j’écrisquandl’inspirationme vient,aprèsplusieursverresderosé entreamisouunepartieauTennis- ClubdeGuéthary. Vous servez-vous de votre smartphone, d’Internet, des nou- velles technologies pour travailler ? Ahnon,j’aihorreurdeça!Jefaisun peuréac’dansuneépoquetrèspro- gressiste,maisdansmondernierli- vre, « Premier bilan après l’apoca- lypse»,jepassepourlevieuxconde serviceendéfendantl’idéedulivre, du papier, des vieilles librairies ; le numériquemefaitpeur,Facebook, c’est le nouvel opium du peuple. Je n’ai pas envie d’apprendre tous ces nouveaux trucs, pas le temps, pas envie de me forcer. Internet, c’est l’empiredelaméchanceté,delabê- tise;n’importequelabrutiavoixau chapitre. Je préfère rester avec mes livres, que j’aime ranger propre- ment dans ma bibliothèque ici, à Guéthary,ouàlaVillaNavarre,àPau. Croyez-vous encore au futur du livre imprimé sur du papier ? Benoui,j’espère.MilanKunderaadit qu’ilrefusaitqueseslivressoientnu- mérisés,pareil!Tiens,encoreuneanec- dotequimerendfou:avant,lesgens medemandaientéventuellementun gribouillissurunboutdepapier.L’au- tresoir,dansunbarbienconnu,avec mon copain Nicolas Duvauchelle (NDLR:acteur,vudans«Braquo»),les jeunesnousarrêtaientetseprenaient enphotoavecleur«niphone».Deux minutesplustard,onretrouvaitnos tronchessurTwitter.C’estassezflip- pantcommeconcept,jetrouve. Que vous dit votre fille ? Elle « kiffe », comme toutes les jeu- nes de son âge l’immédiateté et la gratuitédunumérique.Moi,non,je faisencorel’effortd’allerchezlemar- chand de journaux acheter un ma- gazine, de fouiller dans une biblio- thèque pour trouver un livre rare. L’important,àmesyeux,cesontles gens, les êtres humains. Je fonc- tionne encore au coup de cœur. Te- nez,j’aiécritunepréfacedansunli- vre de photos sur Biarritz à l’issue d’unebellerencontre(1). Qu’est-ce qui vous plaît chez les Basques vous, le Béarnais ? Je les aime car ils sont libres, indé- pendants, rebelles. Ils ont du carac- tère,cettesoliditédel’âmepourdé- fendredesvaleurs.Ici,tunepeuxpas joueraucacoucommeàSaint-Trop’: j’y allais jeune, j’ai fait une BD assez violente sur les dérives bling-bling et je me suis fait jeter. Je suis perso- na non grata là-bas et c’est tant mieux. Au Pays basque, les gens restent simplesetnaturels.Ilyadurespect. Ils te regardent dans les yeux. Au- jourd’hui, je partage ces valeurs du bien-vivre, de l’élégance, du sport, de la famille, j’aime ce mode de vie sain…Cequinem’empêchepasde fairelafête!Jesuisleplusbasquedes Béarnais,ouinversement. Quels sont vos projets, entre deux semaines de RTT ? J’écris,jeprépareunnouveaulivre: «Unromanfrançais»datede2009. Jelisbeaucoup,passeulementpour mes critiques. Je ne conçois pas ce métiersanslireleslivresdesautres. C’est une nourriture, j’en lis un par semaine. Et puis il y a donc « Le Cer- cle », sur Canal. Avec des nouveaux dont le retour de François Bégau- deau. Au cinéma, je travaille à une suitede«99Francs»avecleproduc- teurAlainGoldman.C’estchouette depouvoirs’exprimerenplusieurs « langues ». Surtout ici, depuis Gué- thary! (1) « Bons baisers de Biarritz », de Vincent Balhadère, Crista Léonard, Alix Barsacq et Sally Braid. L’écrivain s’est organisé pour vivre les trois quarts du temps à Guéthary « C’est un choix de vie » RENCONTRE AVEC FRÉDÉRIC BEIGBEDER Frédéric Beigbeder – ici mercredi à Ilbarritz – habite à l’année à Guéthary, pas loin de ses tantes, Marisol, qui occupe la maison de famille, et Évelyne, qui, elle, vit à Biarritz. PHOTO BERTRAND LAPÈGUE

Transcript of Julio Iglesias bientôt en PaysBasque - Christophe...

Page 1: Julio Iglesias bientôt en PaysBasque - Christophe Berliocchichristophe-berliocchi.net/wp-content/uploads/2016/03/Beig.pdf · Julio Iglesias bientôt à Saint-Sébastien Vingtansaprèssondernier

SAMEDI 25 AOÛT 2012WWW.SUDOUEST.FR

un été en

Pays Basque

INDISCRÉTIONJulio Iglesias bientôt

à Saint-SébastienVingt ans après son dernier

concert au vélodromed’Anoeta, le crooner aux300 millions d’albums

donnera un récitalle samedi 13 octobreau Kursaal.

PROPOS RECUEILLIS PARCHRISTOPHE BERLIOCCHI

Lemini-pick-upvertdemarquejaponaises’estfrayéuneplacejusqu’à l’entrée de ce restau-

rantd’Ilbarritz.FrédéricBeigbeder,encompagniedesamère,ChristinedeChasteigner,etdesafille,descendde son véhicule sans permis. Le ri-tuel est immuable : déjeuner aubord de l’océan, un peu de bron-zettetoutendécortiquantunlivre,pour une future chronique dans«LeFigaroMagazine»,avantderen-trer«àlamaison»,àGuéthary.L’écri-vainFrédéricBeigbederadécidéd’yvivreàplein-temps.Oupresque.

«Sud Ouest». Vous n’avez pasquitté votre maison de l’été, vousêtes résident à temps plein de Gué-thary ?Frédéric Beigbeder. C’estmarrant,l’autre soir, des gens du villagem’ontdemandésic’étaitbienlesva-cances!Çamefaitsourire,parcequejevisplussouventiciqu’àParis.C’estunchoixdevie.J’ysuisarrivéenmaiaprèsleFestivaldeCannesetjen’ensuispasreparti.Là,jemonteraiàPa-risfinaoûtpourtournerdeuxémis-sions d’affilée du « Cercle », sur Ca-nal+.Etjeredescendsaussisec!

Est-ce à dire que les nuits parisien-nes, l’agitation médiatique dans lacapitale, c’est fini ?Ouienpartie(sourire),jevieillis,j’ai47ansmonbonmonsieur,unefillede13ansetjemesuisrenducomp-tequejetravaillaismieuxiciqu’àPa-ris. Si l’onpeut direcaràGuéthary,jen’aipastropl’impressiondetra-

vailler, mais d’être toujours en va-cances;l’océan,lamontagne,l’Espa-gne toute proche… Mon métier,c’estl’écriture,etici,j’écrisplusvite.

Vous avez un rituel pour écrire ?Non, pas vraiment, je ne suis pascommecesécrivainsquirespectentdesheures,sortentunlivreparan…J’angoisse trop ! Le secret d’unephraseréussie,c’estd’avoirquelquechose à dire, j’aime cette maxime.Moi, je prends mon temps, je suisparesseux.J’aimonpetitcarnetdenotes,j’écrisquandl’inspirationmevient,aprèsplusieursverresderoséentreamisouunepartieauTennis-ClubdeGuéthary.

Vous servez-vous de votresmartphone, d’Internet, des nou-velles technologies pour travailler ?Ahnon,j’aihorreurdeça!Jefaisunpeuréac’dansuneépoquetrèspro-gressiste,maisdansmondernierli-vre, « Premier bilan après l’apoca-lypse»,jepassepourlevieuxcondeserviceendéfendantl’idéedulivre,du papier, des vieilles librairies ; lenumériquemefaitpeur,Facebook,c’estlenouvelopiumdupeuple.Jen’aipasenvied’apprendretouscesnouveaux trucs, pas le temps, pasenvie de me forcer. Internet, c’estl’empiredelaméchanceté,delabê-tise;n’importequelabrutiavoixauchapitre.Jepréfèreresteravecmeslivres, que j’aime ranger propre-ment dans ma bibliothèque ici, àGuéthary,ouàlaVillaNavarre,àPau.

Croyez-vous encore au futur du livreimprimé sur du papier ?Benoui,j’espère.MilanKunderaaditqu’ilrefusaitqueseslivressoientnu-mérisés,pareil!Tiens,encoreuneanec-dotequimerendfou:avant,lesgensmedemandaientéventuellementungribouillissurunboutdepapier.L’au-tresoir,dansunbarbienconnu,avecmon copain Nicolas Duvauchelle

(NDLR:acteur,vudans«Braquo»),lesjeunesnousarrêtaientetseprenaientenphotoavecleur«niphone».Deuxminutesplustard,onretrouvaitnostronchessurTwitter.C’estassezflip-pantcommeconcept,jetrouve.

Que vous dit votre fille ?Elle « kiffe », comme toutes les jeu-nes de son âge l’immédiateté et lagratuitédunumérique.Moi,non,jefaisencorel’effortd’allerchezlemar-chanddejournauxacheterunma-gazine,defouillerdansunebiblio-thèque pour trouver un livre rare.L’important,àmesyeux,cesontlesgens, les êtres humains. Je fonc-tionneencoreaucoupdecœur.Te-nez,j’aiécritunepréfacedansunli-vre de photos sur Biarritz à l’issued’unebellerencontre(1).

Qu’est-ce qui vous plaît chezles Basques vous, le Béarnais ?Je les aime car ils sont libres, indé-pendants,rebelles.Ilsontducarac-tère,cettesoliditédel’âmepourdé-fendredesvaleurs.Ici,tunepeuxpasjoueraucacoucommeàSaint-Trop’:j’yallaisjeune,j’aifaituneBD assezviolentesurlesdérivesbling-blingetjemesuisfait jeter. Jesuisperso-na non grata là-bas et c’est tantmieux.

Au Pays basque, les gens restentsimplesetnaturels.Ilyadurespect.Ils te regardent dans les yeux. Au-jourd’hui,jepartagecesvaleursdubien-vivre, de l’élégance, du sport,delafamille, j’aimecemodedeviesain…Cequinem’empêchepasdefairelafête!JesuisleplusbasquedesBéarnais,ouinversement.

Quels sont vos projets, entre deuxsemaines de RTT ?J’écris,jeprépareunnouveaulivre:«Unromanfrançais»datede2009.Jelisbeaucoup,passeulementpourmes critiques. Je ne conçois pas cemétiersanslireleslivresdesautres.C’estunenourriture,j’enlisunparsemaine.Etpuisilyadonc« LeCer-cle »,surCanal.Avecdesnouveauxdont le retour de François Bégau-deau. Au cinéma, je travaille à unesuitede«99Francs»avecleproduc-teurAlainGoldman.C’estchouettedepouvoirs’exprimerenplusieurs«langues».Surtoutici,depuisGué-thary!

(1) « Bons baisers de Biarritz », de VincentBalhadère, Crista Léonard, Alix Barsacqet Sally Braid.

L’écrivain s’estorganisé pour vivreles trois quarts dutemps à Guéthary

« C’est un choix de vie »RENCONTRE AVEC FRÉDÉRIC BEIGBEDER

Frédéric Beigbeder – ici mercredi à Ilbarritz – habite à l’année à Guéthary, pas loin de ses tantes,Marisol, qui occupe la maison de famille, et Évelyne, qui, elle, vit à Biarritz. PHOTO BERTRAND LAPÈGUE