Juin 2019 Volume XXXVII, N The ICAC Files...The ICAC Recorder, Juin 2019 3 Éditorial Table des...

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Table des matières Éditorial ..........................................................................................................................................................3 Stimuler les rendements en Afrique : Quelles technologies fonctionnent ? ...............................................4 La tâche difficile de l’évaluation de l’impact : Cadre d’évaluation et résumé des résultats de la COMPACI ..............................................................................................................................................18 Promotion des produits dérivés du coton en Afrique orientale et méridionale : Leçons tirées d’un projet d’assistance technique des Nations Unies ......................................................................................22 Progrès des producteurs de coton éthiopiens vers la durabilité...............................................................27 The Recorder Juin 2019 Volume XXXVII, N o 2 ISSN 1022-6303 ICAC Comité Consultatif International du Coton

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Table des matières• Éditorial ..........................................................................................................................................................3• Stimuler les rendements en Afrique : Quelles technologies fonctionnent ? ...............................................4• La tâche difficile de l’évaluation de l’impact : Cadre d’évaluation et résumé des résultats

de la COMPACI ..............................................................................................................................................18• Promotion des produits dérivés du coton en Afrique orientale et méridionale : Leçons tirées d’un

projet d’assistance technique des Nations Unies ......................................................................................22• Progrès des producteurs de coton éthiopiens vers la durabilité ...............................................................27

The

Recorder

Juin 2019 Volume XXXVII, No 2

ISSN 1022-6303

ICACComité Consultatif International du Coton

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The ICAC Recorder (ISSN 1022-6303) est publié quatre fois par an par le Secrétariat du Comité consultatif international du coton, 1629 K Street, N.W., Suite 702, Washington, DC 20006, Etats-Unis. Rédacteur en chef : Dr Kashav Kranthi <[email protected]>. Prix d’abonnement : 220 USD (par courrier). Copyright © CCIC 2019. Aucune reproduction n’est autorisée en totalité ou en partie sans le consentement exprès du Secrétariat.

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Éditorial

Table des matières• Éditorial ..........................................................................................................................................................3• Pratiques de production cotonnière – Extraits des données globales, 2017 ..............................................4• Compte rendu et recommandations de la 13e réunion du réseau de l’ICAC sur le coton pour

les régionsde la Méditerranée et du Moyen-Orient .................................................................................15• Annonces ......................................................................................................................................................27

The

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Mars 2018 Volume XXXVI, No 1

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Le volume de juin 2019 du ICAC RECORDER est le dernier numéro de la série d’articles en quatre volumes consacrée exclusive-ment à « Cette fois pour l’Afrique ». J’ai apprécié tout le temps passé à travailler sur ces articles, car ils reflètent l’espoir. Cette édition comporte quatre articles. Le professeur Serunjogi et ses collègues font une analyse incisive de presque tous les effets interactifs dans le système de production du coton afin d’établir une feuille de route pour augmenter les rendements en Afrique. Leur article est une synthèse complète des réflexions sur la sélection végétale, les pratiques de production, la lutte an-tiparasitaire, les principes de l›agronomie et les facteurs politiques qui peuvent ouvrir la voie à des rendements élevés en fibres de qualité supérieure avec des pratiques durables. La conclusion de l’article réitère la nécessité de créer un institut international de recherche sur le coton dans le cadre du Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (CGIAR, pour son sigle en anglais). M. Kris Terauds décrit les initiatives du projet de la CNUCED sur la « Promotion des sous-produits du coton en Afrique orien-tale et méridionale ». Le projet renforce les capacités des ressources en Afrique et cherche de nouvelles possibilités d’ajouter de la valeur aux sous-produits du coton, tels que les semences et les tiges de coton, afin d’accroître les possibilités de revenus des agriculteurs et des entrepreneurs, en particulier dans les zones rurales, pour un secteur cotonnier globalement florissant. M. Terauds conclut « [qu]’il est possible d’établir des entreprises de transformation rentables en Afrique pour certains sous-pro-duits du coton, tels que le coton absorbant ainsi que les briquettes et granulés de biomasse... Générer des revenus supplémentaires dans la chaîne de valeur du coton peut aider à augmenter les prix du coton-graine payés aux producteurs et inciter ces derniers à produire plus de coton ». Mme Daniela Jann et M. Tobias Bidlingmaier présentent les résultats d’un mégaprojet dans le cadre de l’Initiative pour la compétitivité du coton africain (COMPACI), qui a été opérationnel dans 12 pays de 2009 à 2016, en deux phases avec l’objectif global de promouvoir la culture durable du coton et l’amélioration des conditions de vie des petits ex-ploitants agricoles en Afrique. Les entreprises partenaires collaboratrices de COMPACI ont formé près d’un million de petits exploitants agricoles aux techniques agricoles durables en Afrique subsaharienne, atteignant 25 à 30 % des cotonculteurs. Le projet a réussi à convaincre 80 % des agriculteurs de la COMPACI d’appliquer les bonnes pratiques agricoles. Zerihun Desalegn décrit les interventions pilotes pour une production durable du coton, réalisées dans le cadre d’un projet intitulé « Initiative pour un coton durable en Éthiopie (SCIE, pour son sigle en anglais) » qui a établi une analyse de rentabilité pour la production de coton de bonne qualité par des moyens durables dans le but d’accroître la rentabilité.Les quatre articles de ce volume et tous les articles des trois volumes précédents sont analytiques et expriment des idées prometteuses pour le coton en Afrique. Dans ces articles, les chercheurs ont examiné les défis et les problèmes, et ont expri-mé leurs points de vue sur les stratégies possibles pour un changement positif. La majorité des articles présupposent que les faibles rendements et la sous-utilisation du coton et de ses sous-produits sont les plus grands défis en Afrique. Environ 88,0 % du coton brut est exporté d’Afrique. Au lieu d’être exportées, si les fibres sont transformées localement, le coton africain a le potentiel de fournir des emplois supplémentaires à 5,5 millions de personnes et de générer des revenus d’exportation pour une valeur de 30 à 90 milliards de dollars américains. Les produits dérivés du coton sont sous-utilisés et pourraient générer des revenus d’une valeur d’environ 400 millions de dollars US et créer des emplois supplémentaires. Malheureusement, l’Afrique n’a pas exploité la fibre de coton ni les produits dérivés du coton pour en tirer une valeur ajoutée, des emplois ou des revenus commerciaux. Ce n’est pas comme s’il n’y avait pas eu de tentatives. Il y a eu de nombreux projets et plusieurs grandes initiatives pour améliorer les moyens d’existence des producteurs de coton et du secteur cotonnier africain. Il n’en reste pas moins qu’en dépit de tous ces efforts, les rendements en Afrique restent les plus bas du monde et ont stagné au cours des 40 dernières années. Les rendements sont-ils destinés à être faibles pour toujours ? La réponse dépend de la volonté de l’Afrique d’expérimenter et d’essayer. Un chercheur africain m’a fait remarquer un jour que « les rendements du coton ne peuvent être augmentés qu’avec les technologies haute-fidélité (hi-fi) et que l’Afrique ne peut pas se les permettre ». Il est intéressant de noter que les rendements dans le monde entier ont augmenté simplement en améliorant « l’indice de récolte », qui dépend de la relation « source-puits » de l’eau et des nutriments. L’amélioration de l’indice de récolte implique de simples changements dans la sélection variétale et une agronomie adaptée pour assurer un bon ensoleillement et une utilisation efficace de l’eau et des nutriments par les parties fruitières de la plante et moins de déchets dans la biomasse improductive. Ces concepts ont été renforcés dans les arguments avancés dans plusieurs des articles des quatre volumes. Ces idées devraient servir de base aux chercheurs africains pour expérimenter et essayer d’apporter un changement – un changement pour le mieux. En effet, là où il y a une volonté, il y a un moyen. L’Afrique a besoin de la volonté scientifique et d’un environnement politique favorable pour qu’une percée soit possible.

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Texte complet d’une présentation faite lors de la 6 e session optionnelle, durant la 77 e Réunion Plénière du Comité consul-tatif international du coton (ICAC), Abidjan, Côte d’Ivoire, du 2 au 7 décembre 2018

IntroductionLes estimations de l’ICAC pour la campagne 2018/19 montrent que les rendements en fibres des 75 pays pro-ducteurs de coton varient entre 118 kg/ha au Tchad et 1 848 kg/ha en Australie. L’Australie, Israël, la Turquie, la Chine, la Russie, le Mexique, le Brésil et la Grèce ont enre-gistré les rendements les plus élevés du monde en 2018, et ont été les huit pays les plus performants au monde (Figure 1). Le rendement moyen de ces pays était de 1 562 kg/ha. En 2018, 1,44 million de tonnes de fibres ont

Stimuler les rendements en Afrique : Quelles technologies fonctionnent ?

Serunjogi Lastus Katende, Jolly K. Sabune (Mme) et Ben Anyama, Organisation de développement du coton (CDO), BP 7018, Kampala, E-mail : [email protected]

Michael A. Ugen, Institut national de recherche sur les ressources semi-arides (NaSARRI), PO Box 56 Soroti, E-mail : [email protected].

Table des matières• Éditorial ..........................................................................................................................................................3• Pratiques de production cotonnière – Extraits des données globales, 2017 ..............................................4• Compte rendu et recommandations de la 13e réunion du réseau de l’ICAC sur le coton pour

les régionsde la Méditerranée et du Moyen-Orient .................................................................................15• Annonces ......................................................................................................................................................27

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été produites par vingt pays d’Afrique subsaharienne sur une superficie de 4,43 millions d’hectares, avec un rende-ment moyen de 324 kg/ha. Toutefois, 68 % de la produc-tion provenait de 60 % de la superficie africaine concen-trée dans cinq pays d’Afrique de l’Ouest : Bénin, Mali, Burkina Faso, Côte d’Ivoire et Cameroun. En Afrique sub-saharienne, l’Afrique du Sud arrive en tête avec 955 kg/ha, suivie par l’Éthiopie avec 657 kg/ha, le Cameroun avec 473 kg/ha, la Côte d’Ivoire avec 452 kg/ha et le Bénin avec 418 kg/ha. Tous les autres pays d’Afrique ont récolté moins de 350 kg/ha.

0 200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800 2000

AUSTRALIA ISRAEL

TURKEY CHINA

MEXICO BRA ZIL

GREECE EU-27

SOUTH AFRICA USA

SYRIA SPAIN

COLOMBIA KYRGYZSTAN

PERU EGYPT

BANGLADESH ETHIOPIA

UZBEKISTAN IRA N

AZERBAIJAN KA ZAKHSTAN

ARGENTINA MYA NMA R

PA KISTAN SUDAN

TURKM ENISTA N TAJ IKISTAN

CA MEROON COTE D'IVOIRE

BENIN INDIA

PA RA GUAY ZAMBIA

VENEZUELA LAOS*

AFGHANISTAN MALI

GHANA UGANDA SENEGAL

BURKINA FA SO ZIMBABWE

TOGO CENT. AFR. REP.

MALAWI MOZAMBIQUE

NIGERIA TANZA NIA

KENYA CHAD

Figure 1. Yield (Kg/ha) in main cotton growing countries 2018Chapter-1

Figure 1. Rendement (kg/ha) dans les principaux pays producteurs de coton en 2018

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Toutefois, en novembre 2018, les estimations des rende-ments en fibre de l’Ouganda étaient de 363 kg/ha, alors que le rendement réel pour la campagne 2017 était de 340 kg/ha (Rapports annuels du CDO et www.cdouga.org). En 2018, les rendements du coton les plus faibles au monde (fourchette de 118 kg/ha à 274 kg/ha ; moyenne de 222 kg/ha) ont été obtenus dans onze pays d’Afrique – Burkina Faso, Tanzanie, Nigéria, Zimbabwe, Togo, Mo-zambique, Malawi, Tchad, Kenya, Sénégal et République centrafricaine – qui ont cultivé du coton sur une superfi-cie totale de 2,1 millions d’hectares pour ne produire que 465 310 tonnes de fibres. Ainsi, il est clair que les rende-ments du coton en Afrique sont extrêmement bas compa-rés à ceux d’autres régions du monde. L’ICAC (2018 c) déclare : « Les rendements moyens en fibre ont été d’environ 350 kg/ha en Afrique pendant plus de trois décennies, et cela doit changer ». Tout en attribuant la faible production africaine de coton à de faibles rende-ments, le CIRAD (2018) a déclaré que « les rendements du coton africain sont parmi les plus bas au monde, mais le continent dispose d’un potentiel de production énorme ». Le coton, qui est de loin la matière première renouvelable la plus importante dans l’industrie textile mondiale, est principalement cultivé par plus de 3,5 millions de petits exploitants agricoles en Afrique. Le secteur cotonnier est également cité comme l’une des sources les plus impor-tantes d’emploi rural et de revenu monétaire en Afrique (CHA, 2018). Le CIRAD (2018) a élaboré encore plus sur l’importance du coton dans les économies des pays africains : « plus de deux millions de ménages ruraux d’Afrique subsaharienne dépendent de la production de coton pour gagner leur vie. Au total, 37 pays africains sur 55 produisent du co-ton (Figure 2). Dans de nombreux pays, le coton est une culture essentielle qui représente une part importante du PIB ou des exportations totales. Pourtant, pris dans son ensemble, l’Afrique est relativement un petit producteur mondial ; elle ne contribue qu’à 6 % de la production mon-diale de coton en utilisant 13,5 % de la superficie mon-diale cotonnière. De toute évidence, la principale raison de la faible production de coton en Afrique est la faiblesse des rendements ». Il est donc important d’identifier les facteurs respon-sables des faibles rendements cotonniers et d’identifier les moyens et stratégies permettant d’accroître les rende-ments en Afrique. Des rendements élevés résultant d’une utilisation optimisée des intrants peuvent améliorer la durabilité des chaînes d’approvisionnement du coton, contribuer au bien-être des populations africaines dans le secteur cotonnier et avoir le potentiel d’améliorer les éco-nomies africaines en général. Ce document examine les options technologiques pratiques pour augmenter les ren-dements en Afrique. Il va sans dire que l’augmentation des

rendements cotonniers en Afrique devrait invariablement aller de pair avec l’augmentation de la qualité des fibres.

Déterminants du rendement cotonnier Les composants génétiques, agronomiques et environne-mentaux et leurs interactions jouent un rôle important dans le rendement. Il est nécessaire de diagnostiquer les facteurs critiques responsables des faibles rendements en Afrique afin d’identifier des solutions pragmatiques pou-vant conduire à une amélioration des rendements. Les principaux facteurs qui déterminent les rendements cotonniers sont : • Le potentiel génétique d’une variété utilisée dans la

production du coton,• L’interaction entre la génétique et l’environnement

(GXE), et• Les technologies de production ou pratiques agrono-

miques permettant de concrétiser le potentiel géné-tique de la variété.

Le potentiel génétique d’une variété pour un rendement plus élevé et pour tout autre trait important du point de vue économique, tel que la protection des plantes, la résis-tance à la sécheresse, la tolérance aux herbicides ou l’effi-cacité d’utilisation des intrants, peut être amélioré soit par la sélection conventionnelle, soit par le biais de technolo-gies reposant sur la biotechnologie. Il existe toutefois un groupe de technologies relativement contemporaines ou nouvelles et/ou de types innovants, appelé dans ce docu-ment « néo-technologies ».

Chapter-1

Figure 2. Cotton Growing Countries in Africa

Figure 2. Pays producteurs de coton en Afrique

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• Les composants environnementaux, d’autre part, in-cluent entre autres : les quantités et les types de pré-cipitations, la fertilité du sol, les régimes de tempéra-ture, les insectes nuisibles, les maladies, les némato-des et leurs épidémies.

• Le diagnostic des effets d’interaction précis entre les technologies de production et l’environnement sur les rendements et les causes probables des faibles rende-ments pourrait servir de base à la conception de stra-tégies efficaces pour l’amélioration des rendements.

Les faibles rendements en Afrique sont probablement dus aux deux facteurs suivants :• L’incapacité de la filière coton à développer des tech-

nologies appropriées pour faciliter les hautes perfor-mances des cultures de coton dans les environnements dominants, et

• L’incapacité à assurer une forte adoption et une ap-plication appropriée des technologies par les produc-teurs de coton.

Les augmentations souhaitables des rendements coton-niers et de la qualité des fibres résultant des effets de l’in-teraction entre les génotypes du coton et les intrants de production ont été décrites par Serunjogi et al. (2014) en insistant sur la nécessité d’une utilisation équilibrée des intrants dans la production cotonnière. L’utilisation ap-propriée des intrants au cours des étapes critiques de la production cotonnière, comme le recommande le secteur de la recherche et développement (R et D), jouerait un rôle crucial pour atteindre l’ampleur souhaitée pour le rende-ment en fibres et la qualité de la fibre. Sabune et Serunjogi (2017) ont décrit les augmentations de rendement comme des avantages découlant des régimes qui ont facilité le transfert des technologies de production du coton en Ou-ganda. Les technologies de production ne doivent pas res-ter enfermées dans les rayons de la R et D ; Il est urgent de mettre au point des mécanismes intégrales mais simples de transfert de technologie en Afrique.

Améliorer les rendements cotonniers en Afrique : Quelles technologies peuvent fonctionner ? Conditions de production du coton en AfriqueAlors que les rendements du coton ont été stagnants et faibles pendant des décennies en Afrique, on a observé l’existence d’une technologie de production appropriée et de conditions propices aux rendements élevés dans le même domaine de production. En 2018, l’ICAC a perçu cette coexistence de faibles rende-ments, malgré des conditions favorables, comme un « pa-radoxe », dans la mesure où les conditions de production

africaines de coton comprennent les facteurs suivants :• Climat idéal pour le coton, avec un bon ensoleillement

et des précipitations ;• De bons sols et probablement meilleur que ceux de

nombreuses autres régions du monde où le coton est cultivé ;

• Nouvelles technologies qui ont été développées en Afrique et atteignent de nombreuses exploitations ; et

• Agriculteurs assidus appliquant leurs meilleures com-pétences en gestion pour une production accrue.

Par conséquent, il serait pertinent de demander ; « Quelles sont les contraintes prohibitives responsables des faibles rendements cotonniers en Afrique malgré les opportu-nités favorables existantes ? Comment peut-on résoudre ces contraintes ? et « pour augmenter les rendements en Afrique, quelles technologies pourraient fonctionner ? »

British Cotton Growing Corporation (BCGC)Les conditions favorables à la production cotonnière énu-mérées par l’ICAC (2018), qui devraient favoriser des ren-dements élevés en Afrique, remontent aux premières re-cherches sur le coton qui ont été appuyées dans certains pays africains par les anciens dirigeants, par exemple les activités de la British Cotton Empire en Afrique (Figure 3). Celles-ci ont été succédées plus tard par les activités de la British Cotton Growing Corporation (BCGC) (Anon. 2018, b) qui ont largement contribué à façonner les technologies de production actuelles dans la plupart des pays produc-teurs de coton en Afrique. Quelques exemples sont énu-mérés ci-dessous : • La station de recherche sur le coton de Namulonge a

été créée par le BCGC en 1949 en Ouganda. La station de recherche qui a été d’abord créée sous le nom de Station de recherche de Kawanda a ensuite été trans-férée à Bukalasa (aujourd’hui un Institut agricole), puis finalement à Namulonge. Les trois sites étaient situés dans la région centrale de l’Ouganda. Namu-longe est finalement devenu le siège des activités de la BCGC en Afrique, jusqu’en 1972, moment où le personnel de la société est parti précipitamment en raison de l’anarchie qui prévalait alors en Ouganda. D’autres programmes de recherche sur le coton ont été lancés au début des années 1930 à Serere, dans le nord-est de l’Ouganda (Serunjogi et al ; 2001), pour répondre aux besoins technologiques en matière de production cotonnières des régions semi-arides du nord et de l’est.

• Les succès de la technologie de production qui ont permis de produire des rendements cotonniers élevés sont attribuables aux échanges d’informations sur les technologies de production, de matériels de sélection et des stocks de matériel génétique, entre les pays afri-cains sous l’auspice de la BCGC. Par exemple, on sait

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que les stocks de coton Albar qui étaient recherchés pour leur résistance à la fameuse maladie de la tâche angulaire causée par Xanthomonas axonopodis malva-cearum en Afrique de l’Est provenaient de sélections faites à partir d’une variété appelée « Allen » obtenue du Nigéria. L’Allen nigérian, a été à son tour importé d’Ouganda en 1912. Toutefois, on pense que lorsqu’il était au Nigeria, Allen s’est croisé naturellement avec une espèce cotonnière vivace, Gossypium hirsutum race punctatum, qui lui a conféré les gènes de résis-tance à la tâche angulaire. Les accessions résistantes qui en ont résulté ont été connues sous le nom d’« Al-bar », où « Al » signifie « Allen » et « bar » signifie la « ré-sistance à la tâche angulaire /bras noir » (Serunjogi et al ; 2001 et Orawu et al ; 2017). Les stocks d’Albar ont jeté les bases des programmes de sélection ac-tuels pour le développement de variétés de coton en Afrique, en particulier en Ouganda, et continuent de jouer un rôle crucial dans les programmes de sélec-tion, principalement en raison de leur résistance à la maladie de la tâche angulaire, ainsi que de leur adap-tabilité à une large gamme de variations environne-mentales dans les zones de production et de la bonne qualité de leur fibre.

• Essentiellement, les efforts déployés dans le cadre des programmes actuels de recherche sur le coton en Afrique continuent de s’appuyer sur les résultats obtenus à l’époque de la BCGC et de ses institutions affiliées en matière de recherche cotonnière, qui ont été appliqués ailleurs dans des pays africains alors bénéficiaires. Certaines « écoles de pensée » estiment toutefois qu’il est nécessaire de renouveler et de réor-

ganiser la recherche cotonnière en Afrique au niveau technique (Seine et Bachelier, 2017, a & b) pour réa-liser une percée. Il s’agit de permettre aux pays afri-cains producteurs de coton de s’adapter aux nouvelles exigences mondiales en matière de rendement et de qualité des fibres dans les chaînes de valeur du coton compétitives, un scénario différent de celui qui préva-lait à l’époque de la BCGC.

Les technologies actuelles de production cotonnière en AfriqueLes technologies de production cotonnière en vogue sont similaires dans beaucoup des pays africains qui ont héri-té d’une structure commune de recherche de la BCGC. Les technologies sont classées selon les catégories suivantes :

Amélioration variétaleLes variétés crées en Afrique ont été développées, testées et sélectionnées dans les zones de production prévues pour les caractéristiques suivantes : une période de matu-rité précoce, des rendements améliorés du coton-graine et du filé (complétés par un rendement élevé en égrenage, GOT), des fibres de haute qualité, une résistance aux pa-rasites, par exemple en sélectionnant une des plantes à pilosité élevée qui confère une résistance aux insectes su-ceurs comme les jassides (Empoasca sp), la résistance aux maladies et la tolérance à la sécheresse.

Multiplication et traitement des semencesLe développement variétal et la production de semences reposent sur des procédures organisées et normalisées par l’ICAC. Lors de la 72 e réunion plénière de l’ICAC tenue à Carthagène (Colombie) en 2013, les pays membres de l’ICAC ont approuvé la normalisation de la nomenclature des semences de coton pour leur adoption par les gouver-nements membres. La nomenclature comprend les niveaux suivants : semence d’obtenteur, semence de base, semence certifiée, semence enregistrée et semence commerciale (ICAC 2013). Les semences sont transformées, délintées, traitées avec des produits chimiques contre les ravageurs et les maladies, puis emballées et étiquetées pour indiquer le nom de la variété, la période spécifique de plantation, les paquets agronomiques sur l’espacement afin d’obtenir les densités végétales souhaitées et sur la lutte antiparasitaire.

Paquets agronomiquesLes pratiques de production culturale incluent des détails sur la préparation du sol, la préparation du lit de semence, la date appropriée de semis, la gestion de l’humidité du sol, la géométrie de la plantation, la gestion de la fertilité du sol, la gestion des plantes adventices, la régulation de la croissance des plantes et de la cueillette. Le suivi de la gestion des résidus de culture permet de s’assurer que les résidus sont incorporés dans le sol en temps voulu pour fournir des éléments nutritifs à la culture suivante. Les

Chapter-1 Figure 3.The British’s Cotton Corporation’s Director of Research Station, Dr. Hutchinson, with workers examining cotton plants for signs of diseases at Namulonge, Uganda in the 1950s (www.iwn.org.uk).

Figure 3. Le Dr Hutchinson, Directeur de la station de recherche de la société cotonnière britannique, avec des

ouvriers examinant les plants de coton à la recherche de signes de maladie à Namulonge (Ouganda)

dans les années 1950 (www.iwn.org.uk)

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dates de semis sont déterminées sur la base des prévisions de la mousson afin de garantir une humidité adéquate du sol pour les plantules et au moins 500 mm de pluie pour la culture (Serunjogi et al., 2001). La préparation du sol, la préparation du lit de semence, les semis et les opérations de désherbage sont effectués avec une mécanisation mini-male à l’aide d’outils tirés par des bœufs (Figure 4).

Lutte intégrée contre les ravageurs (LIR)Les insectes nuisibles et les maladies sont gérés à l’aide de stratégies de lutte intégrée. Ces approches incluent, entre autres, le recours à la lutte biologique, aux biopes-

ticides et aux insecticides chimiques sur la base de seuils économiques afin de garantir que les actions de lutte anti-parasitaire ont le moins d’effets perturbateurs sur les or-ganismes de lutte biologique présents à l’état naturel (Se-kamatte et al. 2003). Les options de lutte intégrée exigent également que les agriculteurs suivent les recommanda-tions de dilution appropriée des pesticides, respectent les précautions de sécurité, utilisent de manière appropriée les technologies de pulvérisation avec des pulvérisateurs à dos, motorisés ou montés sur tracteur avec des types de buses appropriés.

Coton biotechPlusieurs pays africains ont rationalisé les procédures offi-cielles en matière de biosécurité afin de réglementer l’éva-luation et l’approbation du coton biotech pour des carac-tères économiquement importants, tels que la résistance aux insectes nuisibles, aux maladies et aux herbicides. En août 2018, le Nigéria est devenu le septième pays africain à approuver officiellement la production de coton biotech.

Le Nigéria a donc suivi les six pays africains — Afrique du Sud, Soudan, Swaziland, Kenya, Malawi et Éthiopie — qui ont précédemment approuvé la production de coton bio-tech en vertu de leur législation nationale (ISAAA, 2018).Kranthi (2018a) a décrit l’état d’avancement des approba-tions gouvernementales sur l’utilisation du coton biotech dans les pays africains. À ce jour, le coton Bt biotech résis-tant aux insectes a été approuvé dans six pays d’Afrique : Afrique du Sud, Burkina Faso, Soudan, Nigéria, Swaziland et Éthiopie. En outre, le caractère tolérant aux herbicides a également été approuvé en Afrique du Sud. Le Malawi, le Kenya et le Cameroun ont mené des essais de coton Bt

sur plusieurs sites, tandis que le Cameroun envisageait d’approuver des caractères to-lérants aux herbicides.En Ouganda, le « projet de loi national sur la biotechnologie et la biosécurité de 2012 » a été déposé au Parlement en octobre 2017. Il a été renvoyé à la Commission parlemen-taire de la science, de la technologie et de l’innovation pour être peaufiné. Le projet de loi remanié a été déposé de nouveau et adopté par le Parlement en novembre 2018. Il a été rebaptisé « Projet de loi sur la réglementation du génie génétique, 2018 » et a pour mandat de fournir un cadre régle-mentaire pour le développement et l’appli-cation en toute sécurité de la biotechnolo-gie et la dissémination d’organismes géné-tiquement modifiés (OGM), Anon (2018a). La nouvelle loi devait être approuvée par le Président de l’Ouganda avant la fin du mois de février 2019 avant d’être pleinement opérationnelle en vertu des lois ougan-daises, Anon 2019.

Perspectives de l’ICAC pour accroître les rendements en Afrique • En 2018 et 2019, l’ICAC a publié trois numéros spé-

ciaux de « The ICAC Recorder », qui contiennent les points de vue et les idées de divers acteurs de la com-munauté cotonnière mondiale sur la manière d’aug-menter les rendements cotonniers en Afrique (ICAC 2018b, ICAC 2018c, ICAC 2019). Dans l’édition de septembre 2018 (ICAC 2018b), l’éditorial a fait un excellent résumé sur les faibles rendements qui ont entaché la production cotonnière africaine. Les rende-ments ont stagné à 350 kg/ha au cours des trois der-nières décennies, contre plus de 1 500 kg/ha de fibre dans cinq pays à forte rendement cotonnier : Austra-lie, Chine, Mexique, Brésil et Turquie.

• L’éditorial a souligné la nécessité de modifier l’archi-tecture des plantes et la géométrie des plantes pour une forte densité des plantes en Afrique et en Inde,

Chapter-1

Figure 4 Using Animal Draft Power for Cotton Seed Bed Preparations in Uganda

Figure 4. Utilisation de la force de traction animale pour les préparations de lits de semences de coton en Ouganda

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une idée qui pourrait conduire à une percée des ren-dements. La géométrie de plantation proposée pour-rait permettre à la culture d’améliorer efficacement son utilisation de la lumière du soleil, de l’eau et des intrants, et de produire des rendements élevés en peu de temps avec moins d’intrants et à faible coût. Ces idées sont basées sur les preuves dérivées des réussites australiennes, chinoises, mexicaines, brési-liennes, turques et américaines.

• L’éditorial a mis en évidence la nécessité d’identifier les principes de base sur lesquels reposent les chan-gements technologiques nécessaires pour augmenter les rendements. Les principes seraient ensuite assi-milés et utilisés dans le développement de concepts, stratégies et technologies qui devaient être testés et validés dans les environnements locaux d’adoption en Afrique.

• Certaines des observations ci-dessus ont également été consignées dans un article intitulé « Perspectives sur la recherche cotonnière et idées pour l’Afrique : actes et recommandations de la XIVe réunion du Fo-rum du coton en Afrique méridionale et orientale (SEACF, pour son sigle en anglais) » qui contenait les vues exprimées lors de la réunion du SEACF à Harare, au Zimbabwe, du 4 au 6 juillet 2018, sur le thème des « Meilleures pratiques mondiales pour améliorer la production de coton en Afrique » (ICAC 2018b).

• Vous trouverez ci-dessous une liste abrégée des re-commandations émanant de la réunion du SEACF :- La sélection de variétés de coton « efficaces » en ma-tière d’utilisation de nutriments et d’eau et avec une architecture compacte pour permettre la mécanisa-tion des opérations de production.- Soutien accru de la recherche cotonnière et renfor-cement des institutions de recherche sur le coton.- Formulation de technologies de production axées sur la demande, avec la participation des agriculteurs pour accroître leur utilisation.- Concevoir des stratégies participatives avec les agri-culteurs pour protéger la culture cotonnière contre les aléas climatiques et les changements climatiques.- Organismes gouvernementaux et privés facilitant l’accès des agriculteurs aux technologies de protec-tion des cultures contre les parasites et les maladies.- Production organisée et disponibilité de semences de plantation certifiées de bonne qualité.- Programmes de soutien pour la disponibilité du-rable d’intrants tels que les engrais, les pesticides et les machines.- Des marques de coton durables dans les systèmes de production pluvial afin d’obtenir des prix plus éle-vés sur les marchés mondiaux.

- Promotion de l’agriculture de conservation pour améliorer la santé des sols par rapport aux systèmes conventionnels de travail du sol en vigueur en Afrique et responsables de la dégradation des sols.- Programmes de formation au transfert de technolo-gie pour l’éducation et la sensibilisation des agricul-teurs.

• Parmi les autres documents complets et « incontour-nables » sur les idées pour augmenter les rendements cotonniers en Afrique publiés dans le ICAC Recorder en septembre 2018 (ICAC 2018b), figurent ceux rédi-gés par Farid Uddin et al, et Sabesh.

• En outre, dans le même numéro du ICAC Recorder de septembre 2018 (ICAC 2018b), Kranthi (2018b) a donné un aperçu inestimable de la façon dont l’ar-chitecture compacte des plants de coton et la gestion du couvert végétal permettraient d’augmenter les rendements cotonniers en Afrique. Il a expliqué les mérites de scénarios en Australie, au Brésil et aux États-Unis dans lesquels les sélectionneurs cherchent à développer des cultivars d’architecture compacte qui conservent un optimum de 15 à 20 capsules par plante, mais avec une densité de plantation de 80 000 à 110 000 plantes par hectare. Des rendements élevés de 1 000 à 2 500 kg/ha de fibres sont obtenus dans de tels cas. Kranthi a plaidé en faveur de l’adoption d’une architecture compacte du cotonnier et une gestion du feuillage afin d’accroître les rendements cotonniers dans les pays d’Afrique orientale et méridionale (voir le paragraphe sur les Points de vue des auteurs pour améliorer les rendements cotonniers en Afrique dans ce présent document). Il a décrit les différents scéna-rios en Afrique et en Inde où les obtenteurs ont déve-loppé des types de plantes qui produisent un grand nombre de capsules allant de 80 à 150 capsules par plante. De telles plantes ont besoin d’un grand espa-cement pour leurs habitudes de croissance hautes et larges. Bien qu’ils produisent de nombreuses capsules, ces cultivars de coton mettent plus de temps à arriver à maturité et, s’ils sont terminés prématurément, ils donnent de faibles rendements. Leurs « fenêtres cri-tiques » (de la floraison aux stades de formation des capsules) varient de 80 à 120 jours par rapport aux cultures à haute densité de courte durée de 40 à 80 jours. Ainsi, la culture du coton en Afrique ou en Inde a besoin de plus d’eau et de nutriments pendant les lon-gues périodes critiques pour obtenir des rendements élevés.

• Dans le numéro spécial de décembre 2018 de « The ICAC Recorder », Hezhong Dong et Michel Fok (2018), ont décrit comment les techniques de culture légère et simplifiée (LSC, pour son sigle en anglais) pourraient améliorer les rendements des systèmes de production agricole à petite échelle en Afrique. Cette technique

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comprend l’utilisation de petites machines agricoles, de matériaux et d’équipements conçus pour réduire ou remplacer les opérations manuelles, mais simpli-fiée par rapport aux machines lourdes utilisées dans les technologies de culture intensive, telles que celles déployées en Chine. Les techniques comprennent des semoirs monograines de précision, le contrôle des branches végétatives sans élagage, la fertilisation unique, la fertirrigation et le groupement de maturité pour des récoltes uniques.

• Dans le numéro spécial de décembre 2018 de l’ICAC Recorder (ICAC 2018c), Blaise Desouza a donné une explication détaillée de la façon dont l’adoption des « meilleures pratiques de gestion (MPG) » dans la catégorie des petites exploitations et des ressources limitées de l’agriculture, pouvait augmenter les rende-ments cotonniers en Afrique. L’agriculture de conser-vation (AC) est l’une des composantes majeures des MPG, essentielle à l’amélioration de la productivité. L’AC s’articule autour de trois principes de base, à sa-voir : minimiser le travail du sol, y compris une cou-verture permanente et une rotation des cultures. Il a été souligné que la réalisation des mérites de l’AC né-cessitait de tester les technologies sur une base régio-nale, c’est-à-dire que les technologies efficaces de l’AC dans un pays donné peuvent ne pas fonctionner direc-tement ou nécessairement dans un autre pays sans confirmer leur adéquation au nouvel environnement. Il est nécessaire de comprendre la situation locale (y compris les sols et le climat) et d’adapter les pratiques de l’AC aux conditions locales.

Points de vue des auteurs pour améliorer les rendements cotonniers en Afrique Étant donné que les technologies conven-tionnelles et les systèmes de production existants n’ont pas réussi à obtenir des ren-dements élevés en Afrique (ICAC, 2018b), il est proposé que les efforts soient dirigés vers la promotion des technologies néo ou innovantes, qui ont été mises au point et qui se sont révélées efficaces dans les sta-tions de recherche africaines. Il est néces-saire d’utiliser des mécanismes appropriés de transfert de technologie pour transférer les innovations des laboratoires sur le ter-rain. Ces nouvelles approches devraient être soutenues par des arrangements ju-ridiques et institutionnels appropriés et complétées par des collaborations entre les programmes de recherche et les initiatives en Afrique. Des efforts devraient également être faits périodiquement pour examiner

l’efficacité des technologies actuellement utilisées et pro-poser de nouvelles stratégies pour la recherche sur le coton en Afrique, le cas échéant.

Utilisation de technologies « néo-innovantes » et abordables BiopesticidesLa formulation d’extraits de bio-pesticides abordables, sûrs et efficaces à partir de matières végétales disponibles localement, comme les arbres et les herbes ; des feuilles, des écorces, des fruits et des amandes ou des graines ont été essayés en Ouganda. Un laboratoire de biopesticides a été construit et inauguré en août 2017, www.cdouga.org, (Figure 5). Il est stratégiquement situé à l’Institut national de recherche sur les ressources semi-arides (NaSARRI). Le NaSARRI (www.nasarri.go.ug) est chargé de la recherche cotonnière dans le cadre des programmes de recherche élargis de l’Organisation nationale de recherche agricole (NARO) (www.naro.go.ug). Le laboratoire de biopesticides a été construit sous les auspices du « Programme d’assis-tance technique » du coton Cotton-TAP-Africa-India), avec l’appui du Gouvernement indien pour renforcer les chaînes d’approvisionnement du coton (www.cottontapafrica.org) dans les pays africains. La phase 1 du programme a été opérationnelle de mars 2012 à 2017 dans sept pays afri-cains producteurs de coton, à savoir le Bénin, le Burkina Faso, le Mali, l’Ouganda, le Malawi et le Mali.Le laboratoire de bio-pesticides de NaSARRI est déjà en train de formuler des bio-pesticides à partir d’arbres et d’arbustes indigènes ougandais, tels que le Lantana ca-mara, le Neem (Azadirachata indica), l’Acajou, le Khaya senegalensis et le Moringa olifera. Le laboratoire dispose

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Figure 5.Training of scientists in the Bio-pesticide Lab at NaSARRI Serere, Uganda in August 2017

Figure 5. Formation de scientifiques au laboratoire de biopesticides à NaSARRI Serere, en Ouganda, en août 2017

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également d’un laboratoire d’analyse d’échantillons de sol pour déterminer les besoins en engrais pour la production de coton dans les différentes zones de production. Le la-boratoire de bio-pesticides devrait passer à la production commerciale de bio-pesticides afin de desservir les autres pays producteurs de coton de la région.Gayi et al. (2016) ont montré que des bio-pesticides tels que la « nimbicidine », qui sont des extraits de l’arbre neem ; les feuilles, l’écorce, les fruits, les racines, les pé-pins et les graines, ainsi que les extraits des graines et de l’écorce de Khaya, permettaient de mieux lutter contre le ver de la capsule du cotonnier et d’obtenir des rendements de coton-graine nettement supérieurs à ceux des pesti-cides synthétiques équivalents en Ouganda. Ces bio-pesti-cides ont été recommandés en Ouganda pour lutter contre le ver de la capsule du cotonnier, à savoir le ver américain de la capsule (Helicoverpa armigera), le ver de la capsule épineux (Earias insulana et Earias biplaga) et le ver rose de la capsule (Pectinophora gossypiela), (Gayi et al ; 2017). Des isolats d’un champignon Metarhizium anisopliae ont été obtenus dans le laboratoire de bio-pesticides de Na-SARRI. Le champignon est connu pour son efficacité dans la lutte contre les principaux organismes nuisibles, en particulier les insectes lépidoptères, qui comprennent : les légionnaires d’automne , les vers de la capsule du cotonnier et les pyrales de maïs. Des cultures pures du champignon ont été obtenues au laboratoire. Les cultures sont actuellement testées en laboratoire et sur le terrain afin d’identifier les souches les plus puissantes pou-vant être reproduites et libérées pour être utilisées dans les cultures de coton en Ouganda (Gayi, 2019. Pers com).

Contrôle biologiqueL’utilisation du contrôle biologique fait référence à l’utilisation d’orga-nismes vivants pour lutter contre les insectes nuisibles et les agents pathogènes nocifs dans le coton. Certaines de ces techniques in-cluent l’utilisation d’insectes utiles ou d’ennemis naturels, qui sont antérieurs aux parasites du coton, par exemple les fourmis noires Lepisiota spp. qui se sont révélées efficaces dans la lutte contre les principaux insectes nuisibles du coton en Ouganda (Ogwal et al. ; 2003). Les autres insectes utiles pour le coton sont : les coccinelles,

les guêpes communes, les mantes religieuses, les punaises assassines (Pristhesancus sp.), les guêpes (Trichogram-ma et Telenomus sp.) et les araignées. Les agents biolo-giques comprennent également les virus bénéfiques de la polyhédrose nucléaire, Metarhizium anisopliae, Beauveria bassiana, Isaria sp. et Verticillium lecanii, qui infectent les insectes nuisibles pour le coton (Gayi, et al ; 2017). Des modalités d’élevage en masse de ces agents biologiques devraient être mises au point pour améliorer la durabilité de la protection des cultures par des approches peu coû-teuses et respectueuses de l’environnement.

Engrais organiquesL’utilisation de biofertilisants améliore considérablement la santé du sol de la manière la plus écologique possible. De nombreuses espèces de micro-organismes tels que le Rhizobium, Azotobacter et les bactéries solubilisant les phosphates (PSB) telles que le Pantoea agglomerans ou le Pseudomonas putida ont été couramment utilisées dans les écosystèmes du coton soit comme inoculants pour légumi-neuses, soit comme applications sur des semences et des sols pour améliorer la fertilité des sols. La culture étagée du coton avec des légumineuses fixatrices d’azote telles que le soja (Glycine max L.) (Serunjogi et al ; 2002), ou les haricots communs Phaseolus vulgaris (Elobu et al ; 1995)

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Figure6. Plants of Tithonia sp, (left), and leaves applied in trenches between Cotton Rows, (right) to be incorporated into the soil

Figure 6. Les plantes de Tithonia sp (à gauche) et les feuilles appliquées dans les tranchées entre les rangées de coton (à droite) pour être plantéesFigure 7. Tithonia treated cotton crop at flowering, (left) and at boll opening stages, (right)

Figure 7. Culture de coton traitée au Tithonia à la floraison (à gauche) et aux stades d’ouverture des capsules (à droite)

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inoculés avec Bradyrhizobium japo-nicum fixant l’azote ou une espèce appropriée de Rhizobium enrichit considérablement le sol en azote. Plusieurs stratégies ont été utilisées pour concevoir des systèmes de culture étagée comprenant les légu-mineuses afin d’assurer une fixation significative de l’azote sans aucune concurrence entre la légumineuse et le coton. Tout en améliorant la santé des sols, de nombreuses lé-gumineuses assurent la sécurité alimentaire et des revenus supplé-mentaires. Outre la culture étagée, le couvert végétal et les engrais vert sont cultivées avant le semis ou entre les rangs de coton, puis incorporées dans le sol pour améliorer la fertilité. Les cultures qui ont été testées et recommandées pour la culture du coton en Ouganda comprennent : creuser des fèves de Macuna pruriens, de tournesol sauvage ou mexi-cain, Tithonia diversifolia (Figure 6), des herbes dans le sol avant le smis (application souterraine) ou pailler le lit des graines de coton avec les herbes des deux espèces, c.-à-d. application en surface (Elobu et al ; 2016). L’application de feuilles de Tithonia dans des tranchées à 5-10 cm des rangées de coton et à environ 10 cm de profondeur, là où les feuilles de Tithonia ont été enfouies au taux de 1000 kg/ha de feuilles, a permis d’augmenter le rendement en coton-graine (Figure 6). Les feuilles de Tithonia sp sont connues pour être riches en azote, phosphore, potassium, calcium et magnésium qui contribuent à la croissance des plants de coton. Les parcelles traitées avec Tithonia ont donné jusqu’à 2 245 kg/ha de coton-graine contre 1 796 kg/ha pour les parcelles témoins sans Tithonia. Cela re-présentait une augmentation de 25 % du rendement par rapport au témoin (Figure 7) avec une amélioration de la qualité de la fibre (longueur et résistance des fibres), ce qui permettrait d’obtenir de meilleurs prix pour la fibre, notamment sur les marchés internationaux. De plus, il y avait une augmentation des éléments nutritifs résiduels dans le sol, tels que le phosphore et le potassium, qui pourraient profiter aux cultures suivantes : le mil (Eleu-sine coracana (L) Gaertn), le maïs (Zea mays) et l’arachide (Arachis hypogaea L.) dans les rotations culturales (Elobu et al ; 2017).

Régulateurs de croissanceQuelques produits chimiques régulateurs de croissance ont été testés et certains se sont révélés utiles pour stimu-ler la croissance des plantes et lutter contre les insectes nuisibles. En Ouganda, un produit chimique appelé « Vita-zyme » a été testé sur du coton pendant trois campagnes. Le Vitazyme est connu pour être un produit chimique

induisant la vigueur des racines du cotonnier. Il contient des agents biostimulants hautement actifs provenant de sources végétales naturelles qui favorisent une croissance luxuriante des plantes. Ses ingrédients actifs comprennent les vitamines B, l’acide folique et d’autres régulateurs de croissance non quantifiés (Syltie, 1985). Vitazyme a été testé en association avec le produit chimique de prépara-tion des semences déjà approuvé, le « Cruiser Extra Cot-ton », utilisé pour lutter contre les maladies transmises par les graines, telles que la tâche angulaire, et connu pour améliorer la vigueur des racines. Vitazyme s’est avéré ef-ficace pour renforcer la vigueur des racines du cotonnier, ce qui a permis une pénétration plus profonde et une cou-verture plus large des sols pour le captage de l’eau et des nutriments par les cultures de coton. En plus d’améliorer la vigueur des plantes dans l’étude, Vitazyme a permis d’améliorer les rendements en coton-graine et les carac-téristiques de la fibre par rapport aux témoins. Les meil-leurs résultats ont été obtenus avec la concentration de Vi-tazyme de 5 % pour le traitement des semences, associée à une pulvérisation foliaire sur les cotonniers utilisant 1 l/ha de Vitazyme à la pleine floraison (Elobu et al ; 2018). Des produits chimiques présentant de nouveaux modes d’ac-tion ont été testés dans les programmes de lutte intégrée. En Ouganda, un produit appelé « Celite 610 » (nom com-mercial : « Deadzone ») est en testé sur le coton (Figure 8). Celite 610 est un « insecticide mécanique » qui adhère à la cuticule des insectes et absorbe leurs couches lipidiques ou leur cire cuticulaire. Il crée ainsi des pores dans les cu-ticules qui conduisent à la dessiccation et à la mort de l’or-ganisme nuisible. Il est fabriqué à partir de terre de diato-mées constituée de diatomées, un type d’algue à carapace dure déposée sur les lacs d’eau douce préhistoriques et les estuaires marins. Deadzone s’est avéré très efficace dans la lutte contre les organismes nuisibles tels que le Lygus, la mineuse des feuilles, la cochenille, le vers rose de la cap-sule, et les thrips du tabac Frankliniela fusca (Jiwei Zhu et al ; 2016).

Figure 8. Lutte antiparasitaire avec un nouveau pesticide mécanique, « Deadzone ». Résidus chimiques sur les feuilles pulvérisées (à gauche)

et la culture saine qui en résulte (à droite)

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Figure8. Pest control with a Novel Mechanical Pesticide, “Deadzone”. Chemical residues on the sprayed leaves (left) and the resultant healthy crop (right)

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Gestion du feuillageL’utilisation de la croissance végétative du cotonnier par des techniques de gestion de la canopée en réduisant la ramification végétative conduit à une canalisation efficace des nutriments et des photosynthats vers les branches fructifères, les points de fructification, les fleurs et les cap-sules de coton, améliorant ainsi l’indice de récolte (rap-port du coton-graine à la biomasse végétale). Certaines de ces techniques incluent l’application d’un régulateur de croissance des plantes (RCP), tel que le « Pix » (chlorure de mépiquat) sur la culture de coton, afin d’arrêter la crois-sance végétative des points terminaux du cotonnier (Elo-bu et al ; 1997). Des effets similaires peuvent également être obtenus en coupant mécaniquement les bourgeons apicaux ou terminaux de la tige principale. Les traitements ci-dessus sont appliqués après la mise en place des capsules afin de détourner les photosynthats et les nu-triments vers les points de fructification et les capsules de coton en développement. Les techniques de gestion de la canopée décrites par Kranthi (2018 b, 2018 c) comprennent la sélection de variétés de courte saison de 150 jours ou moins environ jusqu’à la maturité, limi-tant la hauteur des plantes à 60 - 90 cm par étêtage manuel ou par utilisation de ressources phytogéné-

tiques et/ou par élimination de branches non productives (végétatives) ou monopodiales (Figure 9). La gestion de la canopée est considérée comme une technique impor-tante pour obtenir des rendements élevés dans les semis à haute densité de plus de 111 000 plantes/ha dans les prin-cipaux pays producteurs de coton, contre moins de 16 000 plantes/ha avec des cotonniers hauts, larges et touffus dans les exploitations cotonnières africaines. La sélection de variétés de coton à branches végétatives réduites a été couronnée de succès dans certains programmes de sélec-tion, par exemple en Ouzbékistan. Ces architectures varié-tales compactes, généralement appelées « plantes mono-podiales zéro », permettent d’obtenir une forte population végétale. Par exemple, avec « zéro plante monopodiale », on a atteint un espacement serré de 76,5 x 8 cm entre les

(a) gestion mécanique du feuillage de la plante; Hauteur limitée à 60-90 cm en coupant manuellement les nœuds apicaux et une campagne courte de 140 jours, donnant 15 à 20 capsules par plante avec suppression des branches végétatives en ne laissant que 9 à 10 branches fructifères: (b) Application du RCP; pour arrêter la croissance apicale à 4-5 branches fructifères au-dessus de la fleur blanche. L’application RCP limite également la longueur de l’internœud à 4-5 cm et permet la rétention de 80 % des boutons floraux et de 60-70% des capsules.

Image : Keshav Kranthi, ICAC

Figure 9. Gestion du feuillage

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Photo: Kranthi, ICACPhoto: Gwizanenzara, Zimbabwe

Figure10. Cotton Plant Varietal Architecture: (Left) Vegetative Wide Branched and (Right) Zero or Compact Branchless Types.

Figure 10. Architecture variétale du cotonnier: (Gauche) Type végétatif à branches étendues et (droite) sans branches ou compact.

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plants de cotonniers en Australie. C’est en comparaison avec les espacements de 90 x 60 cm qui sont utilisés en Inde et en Afrique. De plus, les plants de coton compacts facilitent la mécanisation des opérations de désherba-ge, d’applications chimiques et de cueillette (Figure 10) (Kranthi, 2018b).

Soutien institutionnel Quelques institutions ont été actives en Afrique en pro-posant des approches technologiques alternatives et des stratégies de diffusion pour améliorer la durabilité des chaînes de valeur du coton. Certaines institutions et cer-tains programmes d’initiatives se sont fixés l’objectif de développer de nouvelles approches et perspectives sur la production de coton et sur l’ensemble des chaînes de va-leur du coton en Afrique. Leur principale priorité est d’ob-tenir des rendements cotonniers élevés de manière du-rable. La Cotton Expert House Africa (CHA) est une organi-sation à but non lucratif dirigée par le secteur privé (www.cotton-house-africa.org) qui vise à soutenir la durabilité dans les secteurs africains du coton et du textile dans un environnement de marché en mutation. La CHA soutient la production de coton conforme aux « normes » de certi-fication telles que Coton produit en Afrique (Cotton made in Africa – CmiA), Initiative pour un meilleur coton (Bet-ter Cotton Initiative – BCI) et le Coton équitable (Fairtrade cotton). Ces normes sont reconnues par les principaux fabricants de textiles, marques et détaillants de produits dérivés du coton. Le coton africain certifié est acheté à des prix élevés, dont une partie est réinvestie dans les prix versés aux producteurs pour le coton-graine, menant ainsi à une production durable et à une augmentation des ren-dements au niveau des exploitations. Parmi les autres ini-tiatives du programme de la CHA, il y a le plan d’exécution du « programme d’amélioration des semences de coton » qui vise à améliorer la qualité des semences de coton afri-cain. La qualité des semences de coton en Afrique est per-çue comme étant médiocre et identifiée comme l’une des principales causes des faibles rendements cotonniers. La première phase du programme comprendra une étude sur l’état des semences de coton dans quatre pays africains producteurs de coton : Zambie, Tanzanie, Côte d’Ivoire et Burkina Faso (Anon. 2018 c). La CHA en collaboration avec l’Organisation pour le développement du coton (CDO, pour son sigle en anglais) de l’Ouganda a organisé la 2 e confé-rence panafricaine sur le coton les 1er et 2 novembre 2018 à Kampala en Ouganda. La conférence a attiré un total de 168 délégués venus de 20 pays différents. L’objectif de la conférence était de « fournir une plate-forme aux acteurs du secteur cotonnier africain afin qu’ils puissent travailler en réseau et partager les informations et les expériences du secteur en matière de production de coton durable ». Le thème de la conférence était « Norme et certification en relation avec la production durable du coton en Afrique ». La conférence a servi de plate-forme pour le transfert de

technologie. Les procès-verbaux de la conférence sont dis-ponibles sur : « (www.cotton-house-africa.org) ». Une étude a été parrainée par l’Union européenne sous les auspices du coton Afrique-Caraïbes Pacifique (ACP) sur le thème « Diagnostic et recommandations pour l’élabora-tion d’une proposition de stratégie de réorganisation de la recherche cotonnière en Afrique ». Deux rapports ont été produits :• Seiny B.L et Bachelier B. (2017a). Rapport final « Dia-

gnostic et recommandations pour l’élaboration d’une proposition de stratégie de réaménagement de la re-cherche cotonnière africaine ». ACP COTON, janvier 2017.

• Seiny BL et Bachelier B. (2017 b). Rapport final « Pro-position d’une stratégie détaillée pour la relance de la recherche cotonnière en Afrique au niveau tech-nique », COTON ACP, juin 2017.

• Les rapports se sont concentrés sur quatre objectifs stratégiques qui prévoient :

• Le renforcement des capacités de recherche sur les capacités humaines/scientifiques, le financement et les outils.

• L’adoption de thèmes et d’outils de recherche pour une production durable.

• La nécessité de rationaliser l’efficacité de la recherche dans la chaîne de valeur du coton, c’est-à-dire d’insis-ter sur la pertinence de la recherche pour les besoins de l’Afrique et de mettre en place des mécanismes per-mettant d’atteindre les objectifs de la recherche.

• L’intégration de la recherche africaine sur le coton dans la communauté scientifique mondiale afin que les scientifiques africains ne travaillent pas de ma-nière isolée ou dans des « cocons scientifiques ».

Des politiques favorables à l’accroissement des rendements Outre les propositions, suggestions et recommandations ci-dessus, il est nécessaire de mettre en place des méca-nismes efficaces pour soutenir l’utilisation durable des technologies suggérées, des compétences humaines et des capacités scientifiques pour augmenter et maintenir les rendements cotonniers en Afrique. Les mécanismes requis incluent la formulation de politiques, de cadres juridiques et de réglementations pour soutenir diverses activités telles que l’accroissement des financements pu-blics et privés de la recherche pour le développement des technologies de production, y compris la multiplication par étapes de semences de qualité, permettant l’échange de matériel génétique entre différents programmes de recherche, tout en respectant les exigences requises des Droits de propriété intellectuelle (DPI).

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Au cours de la 77 e réunion plénière de l’ICAC à Abidjan en Côte d’Ivoire en dé-cembre 2018, le Comité a souligné la né-cessité imminente de « politiques inter-gouvernementales sur l’échange de se-mences » (ICAC 2018a). Il a été souligné que l’échange de semences (matériel gé-nétique) entre pays faciliterait les progrès de la production cotonnière. La base géné-tique étroite disponible pour l’améliora-tion du coton dans les pays producteurs de coton (y compris l’Afrique) et les demandes du marché en constante évolution pour des fibres de qualité spécifique, ainsi que la nécessité d’améliorer les rendements ont rendu les échanges de semences impor-tants entre pays.Il est clair que l’accès au nouveau ger-moplasme est la clé de l’amélioration gé-nétique, de la diversité génétique et de l’accroissement de la variabilité génétique de caractères utiles. Les intervenants ont recommandé aux gouvernements d’élaborer une feuille de route afin de créer une plate-forme mondiale fonctionnant comme un canal fluide et digne de confiance pour les échanges de semences entre les pays à travers les frontières. Les gou-vernements membres de l’ICAC ont également été instam-ment priés de créer un institut international de recherche sur le coton dans le cadre du système GCRAI, qui pourrait servir d’institut de recherche et d’enseignement ainsi que de « dépôt mondial » de sources de matériel génétique pouvant être librement partagées. Le système GCRAI est actuellement composé de 15 centres mondiaux de recherche agricole à but non lucratif, indé-pendants et mènant des recherches novatrices. Il s’agit no-tamment du Centre africain du riz (AfriqueRiz), de l’orga-nisation Biodiversity International, du Centre de recherche forestière internationale (CIFOR), du Centre international de recherche agricole dans les zones arides (ICARDA), du Centre international pour l’agriculture tropicale (CIAT), de l’Institut international de recherche sur les cultures pour les tropiques semi-arides (ICRISAT), de l’Institut interna-tional de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI), de l’Institut international de recherche sur l’agriculture tropicale (IIITA), de l’Institut international de recherche sur l’agriculture tropicale Institut (ILRI), du Centre in-ternational d’amélioration du maïs et du blé (CIMYT), du Centre international de la pomme de terre (CIP), de l’Ins-titut international de recherche sur le riz (IRRI), de l’Ins-titut international de gestion des eaux (IWMI), de l’Insti-tut mondial de recherche en agroforesterie (ICRAF) et de WorldFish ; (www.cgiar.org/research/reserach-center). • Les cadres politiques doivent définir les structures et

les contenus des programmes de recherche en accord

avec les exigences ou les préférences de tous les opé-rateurs dans les chaînes de valeur du coton ainsi que les systèmes complet de transfert de la technologie depuis les instituts de recherche jusqu’aux cotoncul-teurs, y compris des exigences en matière de services de vulgarisation et de formation des producteurs tels qu’elles ont été décrites et recommandées par Sabune et Serunjogi (2017) (Figure 11).

• Il est nécessaire de rationaliser la commercialisa-tion, à des prix proportionnés et stables pour le co-ton-graine, et la transformation de volumes croissants de coton produits par les agriculteurs.

• Le secteur cotonnier doit réaliser des examens pério-diques des catalyseurs nécessaires au maintien des rendements élevés de coton. Les examens devraient évaluer, entre autres, la facilité avec laquelle les agri-culteurs continuent à accéder aux intrants standard de production conformes à l’étiquette et au type. Il s’agit de protéger les agriculteurs contre l’infiltration dans le système de production cotonnière d’intrants « falsifiés » et altérés ou non conformes, un facteur qui a été identifié comme l’une des causes des faibles ren-dements cotonniers en Afrique.

• Inclusion du secteur cotonnier dans les « produits de base stratégiques nationaux », dans le cadre des « plans stratégiques nationaux » périodiques, comme c’est le cas en Ouganda (Anon., 2016).

Recommandations Les informations ci-dessus sur les changements néces-saires à l’améliorer les rendements cotonniers en Afrique sont basées sur une recherche documentaire des données sur ce qui s’est passé en Afrique au niveau du continent et sur des observations concrètes de l’industrie cotonnière

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Figure 11.Technology Transfer: Farmers’ Training in a Cotton Demonstration Plot in Uganda.

Figure 11. Transfert de technologie: Formation des agriculteurs sur une parcelle de démonstration de coton en Ouganda.

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en Ouganda. Certaines informations proviennent de nou-velles approches testées ou expérimentées au niveau de la recherche publique et d’initiatives du secteur privé qui n’ont pas encore été transmises aux agriculteurs. Les stra-tégies et activités suivantes sont recommandées comme moyen d’accroître les rendements cotonniers en Afrique ;• Orienter davantage le soutien vers la conclusion d’ini-

tiatives de diagnostic et de pilotage en cours visant à accroître les rendements cotonniers et trouver les moyens de mettre en œuvre les recommandations qui en découlent aux niveaux de production agricole.

• Réaliser des enquêtes d’inventaire de toutes les tech-nologies de production disponibles et les innovations dans les 27 pays africains producteurs de coton. Éva-luer l›efficacité comparative des technologies ac-tuelles et des néo-technologies dans les stations et les exploitations agricoles dans les pays où elles sont utilisées ou testées, au moyen de la recherche et de l’analyse documentaire. S’assurer de leur adéquation par des essais adaptatifs dans les « nouveaux » pays, afin de recommander ceux qui sont viables pour une utilisation dans d’autres ou de nouveaux pays produc-teurs de coton africains au niveau des exploitations agricoles.

• Il est nécessaire d’identifier toutes les technologies mondiales disponibles qui peuvent être validées dans les programmes de recherche sur le coton en Afrique pour en faciliter l’adoption ou l’adaptation au contexte local plutôt que de partir de zéro dans la recherche de nouvelles technologies, une situation qui se traduit par une «réinvention de la roue» inutile et coûteuse. Ces approches devraient toutefois être conformes aux exigences des « droits de propriété intellectuelle » (DPI), en reconnaissance des contributions des « au-teurs/inventeurs » de la nouvelle technologie.

• Évaluer, recommander et soutenir les collaborations nécessaires entre les activités et les approches d’insti-tutions qui s’efforcent d’accroître les rendements et la qualité du coton en Afrique.

• Évaluer les besoins en matière de durabilité de ces nouvelles initiatives et approches approuvées et re-commandées tout au long de la chaîne de valeur du coton africain.

• Élaborer des stratégies de transfert de technologies, en particulier pour les nouvelles technologies, et les mettre en œuvre dans les pays africains producteurs de coton.

• Création d’un centre GCRAI de recherche sur le coton, conformément aux recommandations de la 77 e réu-nion plénière de l’ICAC (ICAC 2018a).

Conclusions Pour atteindre les objectifs susmentionnés en vue d’ac-croître les rendements cotonniers en Afrique, il est né-cessaire que les organismes de coordination (ICAC, CHA et autres) se lancent dans ces initiatives pour trouver les moyens de faire travailler en tandem les gouvernements membres et le secteur privé. Il s’agit d’assurer la confor-mité des environnements juridiques à l’amiable et des aspects financiers afin de soutenir les nouveaux dévelop-pements dans les pays respectifs en vue d’une augmenta-tion durable des rendements cotonniers pour une fibre de haute qualité en Afrique. Un moyen d’atteindre cet objectif consiste à créer un centre GCRAI de recherche sur le co-ton. Le nouveau GCRAI jouera des rôles pertinents pour le coton, mais semblables aux 15 GCRAI existants déjà pour d’autres produits de base qui existent à côté du coton dans les divers systèmes agricoles et dans les économies natio-nales.Références

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Cet article a été publié précédemment dans CmiA et COMPACI News 14e édition, 12/17.

L’objectif général de la COMPACI (Initiative pour un co-ton africain compétitif) était d’améliorer les moyens de subsistance des petits producteurs de coton et de leurs familles. La formation aux meilleures techniques agri-coles pour une agriculture durable (par exemple, bonnes pratiques agricoles, techniques agricoles de conservation, lutte intégrée contre les ravageurs, utilisation et manipu-lation sûres des pesticides) ainsi qu’une meilleure gestion des exploitations agricoles (l’agriculture en tant qu’en-treprise), l’accès aux intrants de qualité et au préfinan-cement, l’autonomisation des agricultrices et l’accès aux marchés pour un coton durable ont été conçus pour ac-croître la production de coton et, par conséquent, les reve-nus (voir Figure 1).

Le suivi et la mesure des résultats et des impacts consti-tuaient une partie intégrante et importante de la COM-PACI. Cette tâche a été exécutée à différents niveaux par différents acteurs : • Le nombre d’agriculteurs formés à différentes tech-

niques, la fourniture d’intrants de qualité, les rende-ments cotonniers et la production totale de coton ont été suivis deux fois par an par les sociétés cotonnières (rapports des sociétés cotonnières) ;

• Une vérification externe de la CmiA effectuée tous les deux ans a permis de vérifier les chiffres autodéclarés

La tâche difficile de l’évaluation de l’impact : Cadre d’évaluation et résumé des

résultats de la COMPACIDaniela Jann et Tobias Bidlingmaier

DEG-Deutsche Investitions- und Entwicklungsgesellschaft mbH Kämmergasse 22, 50676 Cologne, Allemagne

Table des matières• Éditorial ..........................................................................................................................................................3• Pratiques de production cotonnière – Extraits des données globales, 2017 ..............................................4• Compte rendu et recommandations de la 13e réunion du réseau de l’ICAC sur le coton pour

les régionsde la Méditerranée et du Moyen-Orient .................................................................................15• Annonces ......................................................................................................................................................27

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par les sociétés cotonnières et d’évaluer l’application des pratiques agricoles par les agriculteurs ;

• Depuis 2013, des enquêtes ont été menées, au cours desquelles la production de coton a été estimée en comptant les capsules de coton dans les champs d’un échantillon représentatif de producteurs de coton.

• En plus de ces mesures, l’impact de la COMPACI a fait l’objet d’une évaluation externe par le Centre national de recherche sur l’opinion (NORC, pour son sigle en anglais). NORC a réalisé une évaluation quantitative de l’impact dans les six pays initiaux de la COMPACI I (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Malawi, Zambie et Mozambique) et a étayé ses conclusions par des dis-cussions qualitatives de groupes (Focus Groups).

Les paragraphes sui-vants mettent en évi-dence les principales conclusions des diffé-rentes études.1

Formation des agriculteurs En 2016, dernière an-née de la mise en œuvre du projet COMPACI II, le nombre d’agriculteurs touchés par COMPACI

était beaucoup plus élevé que prévu : COMPACI II a été mis en œuvre par un total de 22 sociétés cotonnières dans 12 pays. Ces sociétés ont formé près d’un million de petits exploitants aux techniques agricoles durables en Afrique subsaharienne, touchant 25 % à 30 % de tous les produc-teurs de coton de l’Afrique subsaharienne. Bon nombre de ces agriculteurs ont assisté à des séances de formation régulières, ce qui signifie que les entreprises cotonnières de la COMPACI ont organisé plus de 60 000 séances de for-mation par an.

Figure 1 : Théorie du changement et cadre d’évaluation de la COMPACI

1) Tous les prix indiqués dans le résumé ci-après sont ajustés à l’inflation et convertis en dollars américains en utilisant le facteur de conversion PPA de 2015 pour la consommation privée de la Banque mondiale.

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En outre, 240 500 agriculteurs ont suivi une formation in-tensive d’une semaine à l’école de commerce agricole (Far-mer Business School, FBS) qui aident les agriculteurs à di-riger leur exploitation agricole comme une entreprise. Un tiers des agriculteurs formés à la FBS étaient des femmes.

Application de meilleures techniques agricoles L’application de meilleures techniques agricoles a aug-menté au cours de la COMPACI. Dans l’ensemble, les ré-sultats de l’enquête montrent qu’à la fin de la COMPACI, 80 % des agriculteurs appliquent de bonnes pratiques agricoles et 60 % pratiquent deux techniques ou plus de fertilité des sols afin de maintenir ou d’améliorer la fertili-té des sols et de prévenir l’érosion. Plus de 80 % des agri-culteurs formés à la FBS appliquent leurs connaissances dans leurs exploitations et ont commencé, par exemple, à tenir des registres de leurs activités agricoles. L’utilisation et la manipulation appropriées des produits chimiques se sont également grandement améliorées au cours de la COMPACI, mais il reste encore beaucoup à faire, puisque seuls 60 % à 75 % des agriculteurs entreposent et éli-minent correctement les produits chimiques et portent des vêtements de protection lorsqu’ils pulvérisent des pesticides.

Rendement, production et revenus du coton Les revenus provenant du coton par ménage de la COMPACI ont considérablement augmenté dans quatre pays sur six au cours de la mise en œuvre (voir Figure 3). En moyenne, les producteurs de la COMPACI ont aug-menté leurs revenus cotonniers de plus de 98 % et sont

donc beaucoup mieux lotis à la fin du projet. La figure 3 montre également l’énorme écart entre les producteurs de coton d’Afrique de l’Ouest (AO) et les producteurs de co-ton d’Afrique de l’Est et méridionale (AEM) : Alors que les producteurs de coton de l’AO ont un revenu moyen entre 1 500 $ (Bénin) et 2 942 $ (Côte d’Ivoire), les revenus des producteurs de coton de l’AEM varient entre 204 US$ (Mo-zambique) à 434 US$ (Malawi).Les revenus cotonniers ne sont toutefois pas seulement déterminés par la participation de la COMPACI, mais aussi par des facteurs externes tels que les conditions météo-rologiques et les prix. L’introduction de groupes de com-paraison, subissant les mêmes effets externes que les agriculteurs de la COMPACI mais ne recevant pas l’aide de la COMPACI, devait permettre de distinguer l’effet de la COMPACI dans l’enquête d’impact de NORC. Toutefois, il n’a pas été possible de préserver cette configu-ration d’enquête dans les six pays. Au cours de la mise en œuvre du programme, de nombreux agriculteurs de com-paraison en Zambie, au Mozambique et en Côte d’Ivoire sont devenus des agriculteurs de la COMPACI. Au Bénin, au Malawi et au Burkina Faso, les agriculteurs de compa-raison ne sont pas devenus membres de la COMPACI, mais ont reçu une formation de la part d’autres acteurs, tels que des ONG, des services de vulgarisation gouvernementaux ou autres. Il était donc souvent difficile de déterminer cor-rectement les effets de la COMPACI dans les enquêtes de NORC. Néanmoins, il reste intéressant d’examiner les différentes composantes qui influencent le revenu du coton (telles

que le rendement, la superficie, la pro-duction, les coûts de production et les prix aux producteurs) et leur évolution entre l’enquête de référence (2010) et l’enquête finale (2015) 2. La production de coton (kg/ha) par les producteurs de la COMPACI a aug-menté au Malawi et au Burkina Faso et est restée plus ou moins constante dans les autres pays, entre le niveau de référence et le résultat final. Toutefois, l’augmentation des rendements au Burkina Faso est principalement due aux agriculteurs qui ont délaissé pas-sés le coton conventionnel pour le co-ton génétiquement modifié. L’analyse statistique ne permet pas de détermi-ner un effet significatif de la COMPA-CI sur les rendements. Au Malawi, le rendement cotonnier a beaucoup plus augmenté pour les agriculteurs de la COMPACI (+50 %) que pour les agri-

2) Les conclusions suivantes ne concernent donc que les six pays d’origine de COMPACI et ne peuvent pas être extrapolées aux six autres pays de COMPACI II.

Figure 3 : Revenu cotonnier par ménage agricole de la COMPACI (USD)

Source : Rapports finaux du NORC ; Rapports d’enquêtes sur le rendement par sondage du NORC 2014/15

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culteurs de référence (+14 %), mais la relation positive entre la COMPACI et les rendements cotonniers n’est pas statistiquement significative. Au Bénin, les agriculteurs de la COMPACI ont maintenu leurs rendements cotonniers, tandis que dans le même temps, les rendements coton-niers des agriculteurs de référence ont chuté de 33 %. L’analyse statistique révèle donc un effet positif significatif de la COMPACI sur les rendements au Bénin.La superficie cotonnière par ménage COMPACI a plus que doublé au Bénin et en Côte d’Ivoire, tandis qu’elle a augmenté de plus de 30 % au Burkina Faso et au Malawi. En Zambie et au Mozambique, la superficie cotonnière est restée constante. La production de cultures vivrières n’a cependant été mise en péril dans aucun pays. Le pourcen-tage de la superficie cotonnière par rapport à la superficie totale de toutes les exploitations agricoles n’a que légère-ment augmenté et se situe entre 30 % et 39 %. Par consé-quent, les cultures autres que le coton constituent encore la majorité de la production dans tous les pays. La production cotonnière par ménage COMPACI a aug-menté dans tous les pays à l’exception de la Zambie et du Mozambique, principalement en raison de l’accroissement de la superficie cotonnière. La figure 2 montre que les mé-nages de la COMPACI dans les pays de l’Afrique de l’Ouest produisent beaucoup plus de coton que les agriculteurs de l’AEM. Les coûts de production de coton par hectare pour les agriculteurs de la COMPACI (coûts de semences de coton, pesticides, herbicides, engrais et main-d’œuvre sa-lariée pour la production de coton) ont augmenté jusqu’à 45 % dans tous les pays, à l’exception du Malawi et du Mo-zambique. Les coûts absolus en bout de ligne sont beau-coup plus élevés dans les pays de l’Afrique de l’Ouest (430 à 520 USD) que dans les pays de l’AEA (31 à 100 USD), car la plupart des agriculteurs de ces pays ne fertilisent pas leur coton.

Le prix à la production par kilogramme de coton graine a augmenté dans tous les pays sauf la Zambie et le Mozambique. Alors que les prix à la production dans les pays de l’Afrique de l’Ouest augmentent lentement mais (plus ou moins) linéairement entre 2009 et 2015, les prix à la production dans les pays de l’AEA reflètent les prix mondiaux du coton et fluctuent donc fortement d’une an-née à l’autre.

Conclusions récapitulatives par pays BéninLes agriculteurs de la COMPACI au Bénin ont pu mainte-nir leur rendement cotonnier moyen par hectare dans des conditions de déclin (dans lesquelles les agriculteurs de référence enregistraient des baisses de rendements coton-niers). En augmentant leur superficie cotonnière de 27 %, les agriculteurs de la COMPACI ont ainsi pu augmenter leurs revenus cotonniers de 989 à 1 518 dollars. Les agriculteurs de référence avaient un revenu cotonnier similaire à la fin de la campagne mais ont dû augmenter leur superficie co-tonnière de 150 % pour compenser la baisse de leurs ren-dements. L’analyse de régression montre donc que la COM-PACI a eu un impact positif sur le revenu cotonnier (si l’on tient compte de la superficie). Selon des estimations statis-tiques, l’exposition de la COMPACI aurait pour effet d’aug-menter le revenu cotonnier moyen de près de 150 dollars par hectare de coton, une fois l’inflation corrigée.

Burkina FasoAu Burkina Faso, le revenu cotonnier par hectare a aug-menté davantage pour les agriculteurs de la COMPACI que pour les agriculteurs de référence, mais le revenu par ménage a augmenté davantage pour les agriculteurs de référence que pour les agriculteurs de la COMPACI. Cela

Source : Rapports finaux du NORC ; Rapports d’enquêtes sur le rendement par sondage du NORC 2014/15

Figure 2: Production moyenne de coton par ménage COMPACI (kg)

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s’explique par le fait que les agriculteurs de référence ont augmenté leur superficie cotonnière à 2,9 hectares, tan-dis que les agriculteurs de la COMPACI n’ont cultivé que 1,9 hectare de coton en moyenne au final. Globalement, on peut en conclure que le revenu cotonnier moyen des producteurs de la COMPACI a augmenté principalement en raison d’une combinaison de la conversion des agricul-teurs au coton génétiquement modifié, de l’accroissement de la superficie cotonnière et de l’augmentation des prix de production. L’analyse de régression ne peut détecter aucun effet de la COMPACI sur le revenu cotonnier lors-qu’elle contrôle le passage des agriculteurs au coton GM.

MalawiLe revenu cotonnier par ménage agricole a augmenté aus-si bien pour le COMPACI que pour les agriculteurs de réfé-rence, mais beaucoup plus pour les agriculteurs de COM-PACI. Cette différence peut s’expliquer en grande partie par la baisse des rendements cotonniers des producteurs de référence et la hausse des coûts de production du coton pour les producteurs de référence. L’analyse statistique montre une relation positive significative entre le COMPA-CI et l’augmentation du revenu cotonnier.

Côte d’IvoireLa Côte d’Ivoire n’a pas de groupe de comparaison et seuls 41 agriculteurs ont été interrogés au début et à la fin, ce

qui explique pourquoi les résultats doivent être traités avec soin. Ce petit groupe d’agriculteurs a enregistré une augmentation impressionnante des revenus cotonniers, principalement en raison de la combinaison de l’augmen-tation de la superficie cotonnière, de la hausse des prix aux producteurs et du maintien du rendement cotonnier. L’analyse statistique n’a pas permis de mettre en évidence de corrélation entre la participation à la formation COM-PACI et les revenus cotonniers.

ZambieLes agriculteurs du groupe de référence sont devenus des agriculteurs de COMPACI au cours des opérations de COM-PACI en Zambie. Pour les 118 agriculteurs interrogés au départ et à la fin de l’enquête, le revenu cotonnier a di-minué de 47 % en moyenne. Les principales raisons de cette baisse sont les suivantes : la baisse des prix aux pro-ducteurs et l’augmentation des prix des intrants pour un niveau constant de superficie et de rendement cotonnier. L’analyse statistique indique une relation positive mais faible entre la participation à la formation COMPACI et les revenus cotonniers.

MozambiqueDifférents agriculteurs ont été interrogés au début et à la fin de l’étude et aucune analyse statistique de l’effet de la COMPACI sur le revenu cotonnier n’a pu être menée.

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Promotion des produits dérivés du coton en Afrique orientale et méridionale : Leçons

tirées d’un projet d’assistance technique des Nations Unies

Kris Terauds, Chargé des affaires économiques, CNUCED, [email protected] (Avertissement standard - l’auteur écrit à titre personnel)

Table des matières• Éditorial ..........................................................................................................................................................3• Pratiques de production cotonnière – Extraits des données globales, 2017 ..............................................4• Compte rendu et recommandations de la 13e réunion du réseau de l’ICAC sur le coton pour

les régionsde la Méditerranée et du Moyen-Orient .................................................................................15• Annonces ......................................................................................................................................................27

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ICACComité Consultatif International du Coton

IntroductionLa production cotonnière a stagné dans de nombreux pays africains, au cours des deux décennies qui ont suivi la libéralisation (Tschirley et al., 2009). De nombreux fac-teurs ont contribué à cette baisse, et aucun n’est plus fon-damental que les agriculteurs qui décident que d’autres cultures sont plus rentables que le coton (Baffes, 2009). Dans de nombreux pays africains, la valeur ajoutée limitée restreint les prix payés aux producteurs : presque toute la fibre est exportée, ce qui laisse l’extraction d’huile de coton comme seule source supplémentaire de revenu à valeur ajoutée pouvant être prise en compte dans les prix à la production. Les stratégies visant à relancer la produc-tion de coton doivent donc accroître la valeur ajoutée, afin d’élargir le panier de revenus à partir duquel les agricul-teurs sont rémunérés. Dans sa stratégie régionale de transformation du coton en vêtements de 20091 , le secrétariat du Marché commun de l’Afrique orientale et méridionale (COMESA) a reconnu la nécessité d’améliorer les incitations aux agriculteurs. Par-mi ses recommandations, il a identifié le développement de sous-produits du coton comme une nouvelle source d’opportunités de revenus pour le secteur.Dans cette optique, la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) mène un pro-jet d’assistance technique sur la « Promotion des produits dérivés du coton en Afrique orientale et méridionale » en Tanzanie, en Ouganda, en Zambie et au Zimbabwe. Le pro-jet est financé par le Compte des Nations Unies pour le dé-veloppement et son calendrier d’activités s’étend de 2016 à la fin 2019.L’objectif général est de renforcer la capacité des pays à évaluer et à saisir de nouvelles opportunités pour ajou-ter de la valeur aux sous-produits du coton, dérivés par exemple les tiges de coton, la farine de graines de coton ou les fibres courtes éliminées par les égreneurs et les fila-teurs Cela devrait contribuer à accroître les possibilités de

revenus pour les agriculteurs et les entrepreneurs, en par-ticulier dans les zones rurales, et à renforcer la résilience du secteur cotonnier.

Les enquêtes soulignent le défi de l’approvisionnement en matières premières Les activités du projet ont commencé par des enquêtes na-tionales, qui ont rassemblé des informations de base et les points de vue des parties prenantes sur les défis posés au développement des sous-produits du coton. Les résultats dans les quatre pays ont montré qu’un approvisionnement limité en matière première constituait le principal défi des entreprises de produits dérivés du coton2. Les quantités totales de certaines matières premières, telles que les lin-ters ou les coques, les excluent totalement des entreprises commerciales. Même l’huilerie, l’industrie à valeur ajoutée la plus établie de la chaîne, a du mal à faire des bénéfices avec la quantité de matière première disponible. Cela re-flète le défi auquel font face les industries du textile et du vêtement, qui se sont en grande partie effondrées dans les pays du projet. Bien que cela ne soit pas surprenant, cette constatation souligne la nécessité de prendre en compte la production cotonnière dans toute stratégie de création de valeur ajoutée, principalement en relançant les incitations à la culture du coton chez les agriculteurs africains.Les défis secondaires identifiés dans les réponses au son-dage comprenaient un manque de sensibilisation aux ap-plications commerciales des tiges de coton et d’autres rési-dus tout au long de la chaîne de valeur. En particulier, peu d’agriculteurs ayant répondu aux enquêtes étaient au cou-rant des applications potentielles des tiges de leurs cotons. Les personnes interrogées ont également souligné que la politique commerciale constituait un défi pour certains produits locaux soumis à la TVA qui luttent pour concur-rencer les importations en franchise de droits, par exemple les huiles comestibles et les vêtements de seconde main.

1) https://unctad.org/en/PublicationsLibrary/suc2017_Regional_COMESA_Strategy.pdf 2) Les rapports d’enquête et autres documents sont disponibles sur le site du projet: https://unctad.org/fr/Pages/SUC/Commodities/SUC-Project-1617K.aspx .

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The ICAC Recorder, Juin 2019 23

Les pays ont l’intention d’utiliser les tiges de coton À la suite des enquêtes, la CNUCED a organisé des ateliers nationaux de renforcement des ca-pacités, réunissant chacun 50 à 80 parties pre-nantes du secteur cotonnier local. Les ateliers ont permis aux parties prenantes d’évaluer des opportunités des sous-produits, en s’appuyant sur les exposés des auteurs de l’enquête et des experts, par exemple de l’Institut central de re-cherche sur la technologie cotonnière (CIRCOT) en Inde, l’agence allemande de développement GIZ et le Comité consultatif international du coton (ICAC). Les parties prenantes se sont en-suite mises d’accord sur un plan d’action natio-nal, composé de 2 à 4 sous-produits prioritaires du coton à développer pour des recommanda-tions de développement et de politiques de sou-tien. Voir le Tableau 1 pour les sous-produits sélectionnés pour chaque pays.Comme cela a été représenté dans le Tableau 1, les briquettes et les granulés de bois, fabriqués à partir de tiges de coton, sont les sous-produits du coton les plus attrayants sélectionnés dans les quatre pays. Plusieurs facteurs ont contribué à leur attrait. Ils offraient le meilleur potentiel de revenus aux agriculteurs, qui peuvent vendre leurs tiges aux transformateurs ou même établir de petites exploitations de granulation. Contrai-rement à la plupart des sous-produits exami-nés, les tiges sont relativement abondantes et leur offre n’est pas concurrentielle. La proposi-tion de valeur est également convaincante : Ce sont des combustibles propres qui remplacent le bois de chauffage, le charbon de bois, le char-bon minéral, le gaz de pétrole liquéfié (GPL) ou le mazout. Les avantages des briquettes et des granulés de biomasse en tant que combustible propre ont dominé les discussions à un degré inatten-du. De manière générale, la CNUCED a articulé les arguments en faveur des sous-produits du coton autour de leurs avantages économiques potentiels et, de fait, l’augmentation des revenus des agricul-teurs a trouvé un écho. Toutefois, les acteurs des quatre pays ont rapide-ment saisi le potentiel des briquettes et des granulés de bois pour remplacer

Figure 1. Démonstration d’une usine de coton absorbant, Industries de laine de coton chirurgicales, Parc industriel MIDC, Butibori,

district de Nagpur

Figure 2. Démonstration du processus d’élimination du gossypol microbien dans le tourteau de graines de coton au Centre de

formation d’égrenage ICAR -CIRCOT, Nagpur

Matière première Produit fini Tanzanie Ouganda Zambie Zimbabwe

Tourteau de coton Tourteau sans glycol Oui Oui Oui

Coton à fibres courtes Coton absorbant Oui Oui Oui

Tiges/coques Champignons Oui

Tiges Briquettes et granulés debois Oui Oui Oui Oui

Remarque : Les plans d’action nationaux validés sont disponibles sur le site du projet à:

Tableau 1 - Sous-produits prioritaires du coton dans les plans d’action nationaux

https://unctad.org/en/Pages/SUC/Commodities/SUC-Project-1617K.aspx

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des combustibles plus polluants. Les agriculteurs ont com-pris qu’ils pourraient remplacer le bois de chauffage dans leurs maisons dont la fumée représente des risques pour la santé. Les entreprises ont reconnu l’intérêt de rempla-cer la poussière et les cendres associées à l’utilisation de charbon de bois ou de charbon minéral dans leurs chau-dières. Les responsables politiques ont pris conscience du potentiel de réduction des déficits commerciaux pour les combustibles fossiles importés. Plus particulièrement, les parties prenantes des quatre pays ont vu dans les bri-quettes et les granulés de bois un substitut à la déforesta-tion endémique, motivée par une population en croissance trop dépendante du bois de chauffage et du charbon de bois.

Les biocombustibles pourraient être compétitifs en Afrique La CNUCED a adapté les autres activités du projet aux sous-produits contenus dans les plans d’action nationaux des quatre pays. Nous avons fourni des services consul-tatifs pour faire progresser les initiatives commerciales et les recommandations politiques. Nous avons également fourni des outils pratiques, sous la forme de profils d’in-vestissement, pour les entreprises de transformation des sous-produits du coton sélectionnées. Pour cela, nous avons travaillé en partenariat avec les agences nationales de promotion des investissements, qui deviendront les dé-positaires des profils. Dans le cadre des profils d’investissement, nos consultants ont élaboré des propositions de valeur plus détaillées afin de différencier le produit présenté de ses substituts. Dans le cas des briquettes et granulés de bois, des exemples du monde entier ont souligné que ces combustibles de-vraient, au minimum, être vendus à un prix légèrement in-férieur au charbon de bois et au charbon minéral et, dans une plus grande mesure, aux carburants à base de pétrole, tels que le GPL et le mazout de chauffage.

En effet, l’unité de recherche sur la production et la trans-formation du coton de l’USDA, qui étudie les applications commerciales des sous-produits du coton, a confirmé qu’elle avait envisagé d’utiliser des tiges de coton pour la biomasse, mais que leurs coûts de production les empê-chaient de faire concurrence aux prix relativement bas des combustibles fossiles aux États-Unis3. La comparaison des prix était plus favorable pour les biocombustibles dans les quatre pays du projet africain, où la plupart des combus-tibles fossiles sont importés et relativement coûteux.

S’inspirer d’une visite d’étude à Nagpur, en Inde L’information et les conseils d’experts ne vont pas plus loin ; il est nécessaire de voir les technologies et les entre-prises en activité pour développer l’inspiration entrepre-neuriale. La CNUCED a donc organisé une visite d’étude à Nagpur (Inde), où plusieurs sous-produits du coton ont atteint la viabilité commerciale au cours de la dernière décennie. Organisée par CIRCOT, l’institution chargée de la recherche, du développement et de la commercialisa-tion des technologies de transformation du coton, la visite d’étude avait pour but de montrer aux participants afri-cains les technologies et les modèles commerciaux qui ont prospéré en Inde, ainsi que de les mettre en contact avec les fabricants de machines concernés. Le CIRCOT a organi-sé un excellent programme comprenant des conférences de scientifiques, des visites de sites et un forum rassem-blant une cinquantaine d’entreprises actives dans le sec-teur.La chaîne d’approvisionnement de la tige de coton en Inde a été instructive pour le contexte africain. Lorsque le CIR-COT a étendu ses recherches sur les sous-produits du coton dans les années 1990, sous la direction de son directeur, le Dr A.J. Shaikh, il a ciblé les panneaux de particules comme application pour les tiges de coton (Pandey et Shaikh, 1987). Les panneaux de particules à base de tige ont en-

Figure 3. Broyage de tiges de coton dans le champ, près de Katol, district de Nagpur

3) Source : discussions de l’auteur avec des experts de l’USDA.

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suite été promus par des chercheurs en Afrique.4 Néan-moins, malgré des années de développement en Inde, les tiges de coton ne se sont pas avérées être une matière pre-mière compétitive pour les panneaux de particules, étant moins abondantes et plus chères que la paille de bagasse5, par exemple. Depuis, le CIRCOT s’est depuis concentré sur la fabrication de briquettes et de granulés à base de tiges de coton, tout en supervisant la croissance d’une industrie naissante au cours des 5 à 10 dernières années.Dans les entreprises qu’ils ont visitées à Nagpur, plu-sieurs participants du projet ont vu des exemples qui les ont convaincus d’investir dans des projets similaires dans leur pays. Par exemple, un entrepreneur indien a investi environ 200 000 dollars américains dans une petite usine

Figure 4. Fabrication de briquettes de biomasse, Charbon Bio Aarohi, Karanja, district de Wardha

Figure 5. Chaudière alimentée avec des briquettes, Pix Transmission, parc industriel MIDC, Hingna, Nagpur

de fabrication de briquettes dotée d’une seule machine et d’une capacité de 7 500 tonnes mé-triques par an. La demande pour ses briquettes a augmenté plus rapidement que prévu, ce qui signifie qu’il était en avance sur son calendrier de retour sur investissement initial de cinq ans et qu’il avait l’intention d’investir dans une deu-xième machine à briqueter. Il a souligné que la mise en place d’une chaîne d’approvisionnement rentable en matières premières – de tiges de co-ton et d’autres résidus agricoles – était un défi à relever pour son entreprise. En effet, son usine fonctionne à 5 000 t/an environ, en raison de la concurrence d’autres acheteurs pour les ma-tières premières.Le Tableau 2 montre une ventilation des bé-néfices estimée pour une usine de fabrica-tion de briquettes en Inde, d’une capacité de 20 tonnes métriques/jour. Il souligne l’impor-tance de la maîtrise des coûts des matières pre-mières, en particulier du transport. D’autres éléments du plan commercial de l’usine de fabrication des briquettes étaient moins com-plexes. La machinerie était relativement simple à utiliser et la maintenance préventive minimisait les arrêts et les réparations. Le marketing était tout aussi simple : Les revendeurs et les utilisa-teurs finaux en Inde ont reconnu les avantages des briquettes à base de biomasse et ils ont ré-gulièrement vendu toute sa production à un coût minimal de commercialisation. En plus du modèle économique, l’adaptation des exemples indiens au contexte africain exigera plusieurs autres considérations. La compression de la biomasse en carburants denses requiert une force considérable. C’est pourquoi les ma-chines de fabrication de briquettes et de granu-lés nécessitent généralement une alimentation

triphasée, qui n’est pas largement disponible dans les zones rurales d’Afrique. Les participants à la visite d’étude ont également souligné l’absence de systèmes de ventila-tion dans les usines indiennes, ce qui rendait la qualité de l’air inconfortable et potentiellement dangereuse pour les travailleurs. Néanmoins, l’installation de systèmes de ven-tilation augmenterait considérablement l’investissement initial requis pour ces installations.Plus généralement, les participants se sont émerveillés du système de recherche qui soutient le développement agro-industriel en Inde. Le Conseil indien de recherche agricole (ICAR, pour son sigle en anglais), financé par l’État, est l’un des plus grands réseaux d’institutions de re-

4) Voir par exemple : Cotton Development Trust, 2008. Proposition de projet : Utilisation économique des sous-produits du coton pour les petits producteurs zambiens : Granulé à base de tige de coton dans la fabrication des panneaux de particules. Disponible à l’adresse suivante : https://www.icac.org/delegates/sc_notices/sc_meeting_500/500at3.pdf. 5) Source : discussions de l’auteur avec des experts CIRCOT.

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26 The ICAC Recorder, Juin 2019

Nœud de la chaîne d’approvisionnement Élément de coût US$ par tonne

Récolte Déracinement des tiges 7,10Séchage au soleil (main d'œuvre) 0,71

Déchiquetage et collecte Coût du matériel 5Déchiquetage 2,90

Transport Transport dans un rayon de 30 à 40 km 9,30Déchargement dans l’usine 0,71Total partiel : matière première 25,72Perte de poids (10 %) 2,57

Pré-transformation Broyage à marteaux 2,50Transformation Fabrication de briquettes 9,30

Coût total de production 40,09Prix de vente (fourchette) 45,70 - 51,40Bénéfice (fourchette) 5,61 - 11,31

Source: CIRCOT

Tableau 2 : Répartition des bénéfices estimée pour une usine de fabrication de briquettes de 20 tonnes métriques/jour, Inde

cherche agricole au monde et comprend l’Institut central de recherche sur le coton (CICR, pour son sigle en anglais) et le CIRCOT. Au cours de la visite d’étude, les participants se sont non seulement instruits grâce aux conférences et aux visites de sites, mais ils ont également constaté les ré-sultats des 30 années de travail du CIRCOT sur la recherche et la commercialisation de technologies de traitement des sous-produits du coton, menées en étroite collaboration avec le secteur privé. Des exemples comparables d’insti-tutions de recherche bien financées et de collaboration à long terme entre les secteurs public et privé sont rares, en Afrique et ailleurs.

Étapes suivantesPour le reste du projet, jusqu’à la fin de 2019, la CNUCED aidera les pays à élaborer des plans d’investissement et des propositions de projet pour initiatives retenues. Les représentants des pays présenteront ces initiatives et par-tageront les enseignements du projet, lors d’un atelier de synthèse qui aura lieu à la mi-2019, auquel la CNUCED invitera également les donateurs et les partenaires. Nous espérons qu’un ou deux projets concrets émergeront de cette première phase de renforcement des capacités.Outre le suivi de son projet actuel, la CNUCED a lancé une initiative conjointe sur les sous-produits du coton avec l’OMC et le CCI (Centre du Commerce International, ITC pour son sigle en anglais). Les trois institutions commer-ciales « sœurs » ont proposé l’initiative pour répondre aux demandes des États membres, coordonner leurs travaux et tirer parti de leurs domaines de compétence complé-mentaires. Les membres de l’OMC ont entériné l’initiative conjointe lors des travaux des « Journées du Coton » de novembre 2018.6

ConclusionL’expérience acquise dans le cadre du projet de la CNUCED sur la « Promouvoir les sous-pro-duits du coton en Afrique orien-tale et méridionale » montre qu’il est possible de créer des activités de transformation rentables en Afrique pour certains sous-pro-duits du coton, tels que le coton absorbant, les briquettes et les granulés de biomasse. Des tech-nologies et des modèles commer-ciaux économiquement viables existent en Inde et ailleurs, ce qui représente des opportuni-tés de coopération Sud-Sud et des exemples d’adaptation pour les entrepreneurs africains dans leurs pays. La génération de re-

venus supplémentaires dans la chaîne de valeur du co-ton peut contribuer à augmenter les prix du coton-graine payés aux agriculteurs et à redynamiser leurs incitations à produire davantage de coton.

RemerciementsLa CNUCED est reconnaissante pour la coordination effi-cace assurée par les points focaux nationaux du projet: le ministère de l’Industrie, du commerce et de l’investisse-ment en Tanzanie ; l’Organisation pour le développement du coton en Ouganda ; le Ministère du commerce et de l’in-dustrie en Zambie ; et le Ministère de l’industrie, du com-merce et du développement des entreprises au Zimbabwe. Merci également à nos précieux partenaires – Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), CO-MESA et CIRCOT – ainsi qu’aux parties prenantes motivées et aux associations qui ont animé les activités du projet.Références

Baffes, J. 2009. The ‘Full Potential’ of Uganda’s Cotton Industry. Development Policy Review, 27: 67-85. doi:10.1111/j.1467-7679.2009.00436.x.

Pandey, S., Shaikh, A. 1987. Utilisation of cotton plant stalk for production of pulp and paper. Biological Wastes, 21:1: 63-70. doi: 10.1016/0269-7483(87)90147-9.

Tschirley, D., Poulton, C., Labaste, P. 2009. Organization and Per-formance of Cotton Sectors in Africa. The World Bank, Washing-ton D.C. ISBN: 9780821377703.

6) https://www.wto.org/english/news_e/news18_e/cott_07dec18_e.htm

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The ICAC Recorder, Juin 2019 27

RésuméL’Initiative pour un coton durable en Éthiopie – Sustai-nable Cotton Initiative Ethiopia, (SCIE, pour son sigle en anglais) – a lancé des interventions pilotes sur les prin-cipes de la production durable dans les grandes et petites exploitations agricoles des États régionaux d’Afar et de Tigray. Les leçons apprises durant la période de mise en œuvre ont été utilisées pour créer un cas de réussite qui peut servir d’exemple pour l’expansion de modèles simi-laires de soutien à d’autres régions productrices de coton en Éthiopie. Une analyse commerciale de la production d’un coton durable et rentable a été réalisée dans le cadre du projet pilote, ce qui a permis d’obtenir des produits de qualité qui ont assuré l’adoption du coton durable sur le marché. En 2017, au début des interventions de la SCIE, le niveau de conformité des exploitations agricoles du pro-jet aux exigences minimales de l’initiative pour un meil-leur coton variait entre 52 % et 69 %. L’année suivante, le niveau de conformité a atteint 65 % à 90 %, avec un taux d’adoption des bonnes pratiques agricoles de 13 % à 23 %. L’écart restant en matière de certification variait de 10 % à 35 %, et sera comblé en fonction de l’engagement des exploitations du projet et des interventions du projet durant la campagne agricole de 2018.

IntroductionLes plans de croissance et de transformation (GTP II) et la stratégie nationale de développement du coton de l’Éthio-pie (NCDS 2017) préconisent une multiplication par cinq de la production de fibres. Les plans de développement ambitieux intègrent des normes mondiales de durabilité telles que la Better Cotton Initiative (BCI) et la Cotton made in Africa (CmiA), qui sont en train de devenir des systèmes de production traditionnels (BCI 2013 et CmiA 2014/15) en raison du fort engagement des marques internationales et des détaillants comme HandM, PVH, VF, Adidas, CandA, Nike et Timberland, qui se sont engagés à s’approvision-ner à 100 % en coton de sources durables et fiables d’ici 2020 (FAO et ICAC 2015). La SCIE a introduit des interventions pilotes sur les prin-cipes de la production durable dans les grandes et petites exploitations agricoles des villes éthiopiennes d’Afar et de Tigray. Les projets pilotes ont fourni une solide preuve de

concept pour créer un cas de réussite qui peuvent servir d’exemple pour l’extension de modèles similaires de sou-tien à d’autres régions productrices de coton en Éthiopie. Les interventions pilotes ont mis en évidence la nécessité de produire des produits de coton de haute qualité d’une manière durable et rentable, afin de garantir l’adoption du coton durable sur le marché, conformément aux de-mandes des marchés nationaux et internationaux. Cette approche est pleinement en phase avec les ambitions du gouvernement de stimuler la production de durable du coton et de contribuer à la compétitivité de l’industrie du textile et du vêtement. Le fait que tous les acteurs de la chaîne de valeur soient représentés dans ce projet pilote offre la possibilité de concrétiser cette ambition de pré-senter un exemple unique de chaîne de valeur intégrée de-puis la fibre jusqu’à la mode. À l’heure actuelle, le nombre d’exploitations du projet pilote de la « Better Cotton initiative » est limité à Afar et Tigray, avec des exploitations commerciales pluviales et irriguées gérées par 76 producteurs leaders sur une su-perficie de 1 166 hectares de coton pour produire 1 132 tonnes de fibres de coton durable qui atteignent la chaîne d’approvisionnement ciblée. L’intervention pilote vise principalement à transformer le coton en un produit de base durable en renforçant les re-venus et les moyens de subsistance des agriculteurs et en améliorant les variables environnementales ainsi que les conditions de travail, de santé et de sécurité.

MéthodologieLes exigences d’amélioration de la CmiA et de la BCI visent à promouvoir des systèmes de production cotonnière res-pectueuses de l’environnement ainsi que des conditions de travail décentes et la réalisation de leur rentabilité fi-nancière (FAO et ICAC 2015) à travers des contributions au secteur cotonnier dynamique au moyen d’adoption de bonnes pratiques et en liant les agriculteurs à une de-mande sûre et croissante de coton durable de la part des partenaires de distribution. C’est la voie vers la mise en place de systèmes de production écologiquement, socia-lement et économiquement durables. Conformément à l’exigence du programme Better Cotton, une enquête de référence et l’état d’avancement des activités du projet

Progrès des producteurs de coton éthiopiens vers la durabilité

Zerihun Desalegn, Chef de projets Coton, SOLIDARIDAD, Addis-Abeba, Ethiopie [email protected]

Table des matières• Éditorial ..........................................................................................................................................................3• Pratiques de production cotonnière – Extraits des données globales, 2017 ..............................................4• Compte rendu et recommandations de la 13e réunion du réseau de l’ICAC sur le coton pour

les régionsde la Méditerranée et du Moyen-Orient .................................................................................15• Annonces ......................................................................................................................................................27

The

Recorder

Mars 2018 Volume XXXVI, No 1

ICACComité Consultatif International du Coton

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28 The ICAC Recorder, Juin 2019

ont été évalués par une équipe d’ex-perts d’organisations partenaires (BCI 2014/2015). Pour les grandes ex-ploitations agricoles du projet, l’évalua-tion tant avant qu’après l’intervention a été réalisée sur la base des exigences minimales et d’amélioration de Better Cotton, qui comprenaient six principes de production, 44 critères de produc-tion et huit indicateurs de résultats. Le nombre total d’indicateurs de durabi-lité au niveau de l’exploitation agricole comprend les systèmes de production durable sur le plan environnemental (16) social (22) et économique (6) (FAO et ICAC 2015) et (BCI 2013). Pour les petits exploitants agricoles de Dansha Aurora Multi-purpose Farmers’ Coope-rative Union (Union coopérative poly-valente d’agriculteurs Dansha Aurora), l’auto-évaluation avant et après l’inter-vention a été faite en fonction des exi-gences d’amélioration de la CmiA de 30 indicateurs de durabilité au niveau de l’exploitation, qui comprenaient des systèmes de production durable sur le plan environnemental (10), social (16) et économique (4) (FAO et ICAC 2015). Sur la base de l’évaluation et des la-cunes identifiées en 2016, les activités suivantes du projet ont été conçues et exécutées en 2017.

Indicateurs de durabilitéUtilisation de l’eau et des pesticidesLa performance moyenne des exploi-tations du projet a montré des progrès significatifs quant au respect des exi-gences minimales de « Better Cotton » en fonction de leur niveau d’engage-ment. Des améliorations significatives ont été apportées aux variables en-vironnementales, à la réduction des pesticides, à l’utilisation rationnelle de l’eau, à la baisse du coût de culture et à l’amélioration des conditions de tra-vail, de la santé et de la sécurité grâce à l’utilisation de pratiques bio-intensives et de pesticides compatibles avec la LIR. Les problèmes de gestion de l’eau ont été très limités à Dansha, dans le Tigré, à l’exception du manque de pré-cipitations durant la campagne agricole

Figure 3. Réduction des ingrédients actifs des insecticides (i.a.)

0.00

0.50

1.00

1.50

2.00

2.50

Lucy Aweke Hiwot Dansha 2017

Kg o

f act

ive in

gedi

ent/

ha

Active ingredient per ha (Ethiosulfan 25% ULV) 2016Active ingredient per ha (Ethiosulfan 25% ULV) 2017

Figure 2. Réduction du coût des pesticides

0.00

0.25

0.50

0.75

1.00

1.25

1.50

1.75

2.00

2.25

Lucy Aweke Hiwot Dansha 2017

Cost

of p

estic

ids E

TB/h

aTh

ousa

nds

average cost of pecticides per hectare per season 2016average cost of pecticides per hectare per season 2017

Figure 1. Rendement durable des exploitations de projets

0.0 0.5 1.0 1.5 2.0 2.5 3.0 3.5

Minimize the harmful impact of crop protection practices

Promote water stewardship

Care for the health of soil

Enhance biodiversity

Care for and preserve the quality of the fiber

Promote decent work

Yield Qt/ha

Profitability

Management Requirment

Aweke Fenete Dansha Hiwot Lucy

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(Fig. 1). Des progrès ont été réalisés dans les exploitations irriguées du projet à Afar en termes de planification et de mesure de l’eau. L’évaluation individuelle des exploitations du projet pilote a montré que les petits exploitants de Dansha ont respecté les exigences minimales, car ils ont le moins consommé de pesticides en raison du taux d’adoption élevé de mesure de protection bio-intensive des cultures et de bonnes pra-tiques agricoles. Le coût d’utilisation des pesticides a chu-té de 97 % et l’utilisation d’ingrédients actifs de pesticides dangereux était nulle (Figures 2 et 3).L’exploitation Hiwot est l’une des principales exploitations commerciales de coton pluvial du pays qui possède la technologie d’irrigation par pivot. Pour répondre aux exi-gences minimales, l’exploitation a augmenté le nombre de cultures en rotation et a commencé à mettre en œuvre la lutte intégrée contre les ravageurs pour réduire les coûts des pesticides et leur application de 39 %. La charge des ingrédients actifs de pesticides dangereux a également été réduite de 50 %. Il est intéressant de noter que les ouvriers agricoles organisés au sein d’un syndicat étaient ceux qui avaient le moins de problèmes sociaux. L’exploitation Lucy est l’une des principales exploitations cotonnières commerciales irriguées de la région d’Afar. L’exploitation est réputée pour sa productivité élevée et sa mise en œuvre de la LIR, ce qui a permis de réduire de 34 % les coûts d’application des pesticides et de 5,3 % l’utilisation d’ingrédients actifs des pesticides dangereux (Figures 2 et 3). L’exploitation Aweke Fente est l’une des exploitations co-tonnières commerciales les plus stables de la région d’Afar. L’exploitation a rejoint la SCIE après quelques séances de formation supervisées. L’exploitation est réputée pour sa productivité et a commencé à mettre en œuvre la LIR, en-traînant une réduction de 25 % des coûts d’application de pesticides et de 25 % de l’utilisation des ingrédients actifs des pesticides dangereux (Figures 2 et 3). Les exploitations Lucy et Aweke Fente à Afar s’efforcent actuellement de résoudre les problèmes de gestion de l’eau et se sont engagées à améliorer les problèmes des travailleurs et les moyens de subsistance de la commu-nauté d’Afar. Par rapport à l’année de base 2016, la performance des exploitations du projet en 2017 a montré une réduction significative du coût des pesticides variant entre 34 % et 97 %, ce qui représente un gain de 395 à 1 751 Birr Etiope (ou 13,40 USD à 59,50 USD) par hectare et par cam-pagne. Les petites exploitations de Dansha Aurora Union ont enregistré les plus importantes économies de coûts : 1 751 Birr Etiope (59,50 USD) sur les coûts des pesticides (Fig. 2)

Avantages environnementaux et sociaux Outre les avantages économiques pour les exploitations agricoles, la réduction de 4,5 % à 99 % de l’utilisation de pesticides a eu des effets positifs importants sur l’environ-nement et la santé des ouvriers agricoles (Fig. 2-4). Il est intéressant de noter que les petits producteurs ont consi-dérablement réduit leur utilisation de pesticides, certains parvenant à réduire à zéro le niveau d’utilisation de pesti-cides dangereux. La gestion de l’eau d’irrigation des exploitations du pro-jet à Afar a été améliorée. Les exploitations agricoles ont amélioré la tenue de leurs registres et de leur utilisation d’eau, passant d’une quantité excessive (mais inconnue) d’eau à une distribution mesurée. Les deux exploitations ont consommé environ 600 m3 d’eau par ha. Même si les exploitations agricoles ne payaient pas pour l’eau utilisée, l’optimisation de l’eau d’irrigation a eu pour effet de ré-duire la salinité et d’améliorer l’efficacité de l’utilisation de l’énergie et la productivité.

Autonomisation des partenaires d’exécution Le personnel des partenaires d’exécution, notamment ETIDI, WARC et ECPGEA, a reçu une formation sur les prin-cipes de base de la durabilité. Le personnel des syndicats de coopératives et le personnel des exploitations Hiwot, Lucy et Aweke Fente ont reçu une formation de supervi-sion sur l’application des principes de production durable. Les agents de vulgarisation et les agriculteurs leaders ont reçu une formation spéciale pendant les phases de déve-loppement culturale de la production cotonnière. Environ six sessions de formation sur les bonnes pratiques agri-coles (BPA) ont été dispensées à 25 agents de vulgarisa-tion, 76 producteurs leadeurs et 12 gestionnaires d’ex-ploitations commerciales. Les agents de vulgarisation et les principaux agriculteurs ont organisé des « camps de formation » pour partager les connaissances et former d’autres agriculteurs aux bonnes pratiques agricoles. Les programmes de formation étaient axés sur les meil-leures pratiques en matière de production agricole du-rable, notamment :• La préparation des sols et l’approvisionnement en in-

trants en temps opportun, • L’identification des ravageurs, des insectes béné-

fiques, des pratiques bio-intensives, de la LIR et de l’utilisation rationnelle des produits chimiques,

• La gestion de l’eau d’irrigation, • L’amélioration de la qualité de la fibre, • Réduire la contamination, • Minimiser les coûts de production, et • Maximiser la productivité et le profit.

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Les producteurs leaders ont réussi à mettre en œuvre des pratiques bio-intensives et des outils de lutte intégrée contre les ravageurs, dans le but de réduire l’utilisation d’insecticides tout en maintenant la rentabilité grâce à l’amélioration des rendements et de la qualité de la fibre.

Faciliter l’accès au marché Le projet visait à accroître l’offre de coton durable et tra-çable en garantissant le type de fibre de qualité demandé par les marchés nationaux et internationaux. Le projet a permis de conclure avec succès un accord de commercia-lisation de la fibre entre Dansha Aurora Union et Kanoria Africa Textiles PLC, ainsi qu’entre Lucy et AYKA Addis.

Partage et mise à niveau des connaissances L’expérience acquise dans les deux régions pilotes est en-courageante, et repose sur les stratégies mises en œuvre dans d’autres régions productrices de coton, en diffusant les meilleures pratiques lors de journées régionales, de conférences nationales et internationales.

Progrès vers la certificationEn 2017, au début des interventions de la SCIE, le niveau de conformité des exploitations du projet aux exigences minimales de Better Cotton variait entre 52 % et 69 %.

L’année suivante, les niveaux de conformité ont atteint 65 % à 90 %, avec un taux d’adoption de bonnes pratiques agricoles de 13 % à 23 %. L’écart restant à combler en matière de certification allait de 10 % à 35 % (Fig. 4), en fonction de l’engage-ment des exploitations et des interventions du pro-jet pendant la campagne agricole 2018.Les deux unités de production de coton pluvial – l’exploitation agricole à grande échelle Hiwot Agri-cultural Mechanization PLC et le représentant des petits producteurs de coton, l’Union coopérative de paysans Dansha Aurora – étaient prêtes pour la certification selon les normes de la CmiA lors de la campagne agricole 2018 et à combler les moins de 11 % d’écart restant. Les exploitations irriguées, telles que Lucy et Aweke Fente Agricultural Deve-lopment PLC à Afar, se sont engagées à être certi-fiées par BCI/SCS d’ici 2018, remplissant ainsi l’exi-gence minimale restante de moins de 35 % d’un

meilleur coton.

Remerciements Je tiens à exprimer ma plus profonde gratitude à nos parte-naires financiers, EP, HandM et le gouvernement néerlan-dais ; ainsi que nos partenaires de mise en œuvre, ETIDI, EIAR, ECPGEA, Dansha Aurora Union, Hiwot Agricultural Mechanization, Lucy et Aweke Fente Agricultural Develop-ment PLC. Références

National Cotton Development Strategy (NCDS) 2017-2032, SOFRECO, June 2017

Measuring Sustainability in Cotton Farming Systems (FAO and ICAC) 2015

Better cotton production principles and criteria explained Octo-ber 2013

National Cotton Commodity Research Strategy (NCCRS) 2016-2030, EIAR October 2016

www.bettercotton.org2014harvest report

www.bettercotton.org2015harvest report

www.cottonmadeinafrica.org/en 2014/2015

Figure 4. Progrès des exploitations de la SCIE en 2016 et 2017

5267 69

52

13

23 20

17

0

25

50

75

100

125

Irrigated Farm 1 Rain-fed 2 Rain-fed 2 Irrigated 2

Base Year 2016 2017/ % net progress

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