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115=EurasiaInfo=jan2019 Début de janvier 2019 Nicolas Bárdos-Féltoronyi : Géopolitique de l’UE face à l’Eurasie et face aux pays proches 1 Désormais et à partir de ceux publiés depuis 1999, tous les numéros bimestriels d’EurasiaInfo peuvent être consultés sur mon site internet : www.bardosfeltoronyi.eu ! Voici quelques thèmes, selon moi majeurs, qui figurent dans le numéro présent de l’EurasiaInfo : Les difficultés de l’Ukraine s’accentuent avec les manœuvres du président Porochenko qui cherche à se faire réélire en mars 2019. La lutte entre les oligarques locaux continue. L’incident à la mer azovienne en ferait partie comme la constitution d’une Eglise orthodoxe nationale. La question de l’autonomie de l’UE se repose constamment. Les réponses n’en sont guère claires. Quid d’un système européen autonome de sécurité et de défense, notamment par les négociations stratégiques avec la Russie (voir les articles du général Briquemont) ? Le rapport de force entre la Chine et les EUA s’amplifie. Qu’il y ait un danger de guerre, je ne le pense aucunement. Le choix stratégique des pays de moindre d’importance en est rendu d’autant plus difficile en Asie du Sud-est. Au Proche- et Moyen-Orient, les alliances se recomposent constamment car fragiles en fonction des intérêts nationaux qui bougent sans cesse. La stratégie du régime en Hongrie rencontre quelques obstacles à l’intérieur et à l’extérieur du pays mais, aussi, enregistre des succès. A l’instar d’Israël, la Turquie tend à devenir une puissance régionale. Elle développe un rapport de force face aux EUA. 1 Voir, comme d’habitude, les remarques méthodologiques et les abréviations dans la NOTA BENE en fin du texte. Les textes en gras sont les miens. 1

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115=EurasiaInfo=jan2019 Début de janvier 2019

Nicolas Bárdos-Féltoronyi :

Géopolitique de l’UE face à l’Eurasie et face aux pays proches1

Désormais et à partir de ceux publiés depuis 1999, tous les numéros bimestriels d’EurasiaInfo peuvent être consultés sur mon site internet : www.bardosfeltoronyi.eu !

Voici quelques thèmes, selon moi majeurs, qui figurent dans le numéro présent de l’EurasiaInfo :

Les difficultés de l’Ukraine s’accentuent avec les manœuvres du président Porochenko qui cherche à se faire réélire en mars 2019. La lutte entre les oligarques locaux continue. L’incident à la mer azovienne en ferait partie comme la constitution d’une Eglise orthodoxe nationale.

La question de l’autonomie de l’UE se repose constamment. Les réponses n’en sont guère claires. Quid d’un système européen autonome de sécurité et de défense, notamment par les négociations stratégiques avec la Russie (voir les articles du général Briquemont) ?

Le rapport de force entre la Chine et les EUA s’amplifie. Qu’il y ait un danger de guerre, je ne le pense aucunement. Le choix stratégique des pays de moindre d’importance en est rendu d’autant plus difficile en Asie du Sud-est.

Au Proche- et Moyen-Orient, les alliances se recomposent constamment car fragiles en fonction des intérêts nationaux qui bougent sans cesse.

La stratégie du régime en Hongrie rencontre quelques obstacles à l’intérieur et à l’extérieur du pays mais, aussi, enregistre des succès.

A l’instar d’Israël, la Turquie tend à devenir une puissance régionale. Elle développe un rapport de force face aux EUA.

Table des matièresQue se passe-t-il dans le concert des grandes nations ou puissances?..........................................1

L’UE restera-t-elle un satellite des EUA ?.........................................................................................1

Grâce au Brexit, l’UE pourrait-elle enfin établir un système propre de défense et de renseignement ?.................................................................................................................................2

L’endettement écrasant des Etats-Unis d’Amérique...........................................................................3

America’s scrambled approach to Africa. Washington’s Hobbesian new strategy belongs to a bygone era..........................................................................................................................................3

La Chine utilise la diplomatie du « piège de la dette » pour acquérir l’hégémonie............................4

Spy thriller echoes in Huawei power struggle....................................................................................5

La rivalità tra Washington e Pechino domina e intralcia il vertice Apec...........................................6

Superpower rivalry puts the squeeze on south-east Asia - Smaller nations should not have to choose between the US and China..................................................................................................................7

Des nouvelles alliances au Proche- et Moyen-Orient ?.....................................................................8

1 Voir, comme d’habitude, les remarques méthodologiques et les abréviations dans la NOTA BENE en fin du texte. Les textes en gras sont les miens.

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The Bush Family Dynasty and Prescott Bush’s Love Affair with Fascism, By Gary G. Kohls, MD – Duty to Warn, December 4, 2018 (extraits)......................................................................................10

Que se passe-t-il dans « l’étranger proche » » de l’UE ?.............................................................11

Nouvelle confrontation entre blocs militaires en Europe à l’initiative de Varsovie et de Washington ?...................................................................................................................................11

A political power struggle for the soul of the Orthodox church. The war of the patriarchs in Russia, Ukraine and Istanbul is about more than religion............................................................................12

A.Les pays d’Europe adhérés ou en adhésion à l’UE..................................................................13

Der Widerstand gegen Orbans Regierung in Ungarn wächst...........................................................13

Gegen das «Sklaven-Gesetz»............................................................................................................14

Erdrückende Propaganda.................................................................................................................14

Wenn ein Kleinstaat wie Ungarn Weltpolitik macht, verstrickt er sich in Widersprüche..................15

Der letzte Schritt zu Orbans Medienimperium.................................................................................17

Pas de réunion à plus d’une personne en Hongrie !........................................................................18

„Travail, Famille, Patrie”, la devise de Viktor Orbán.....................................................................18

B. L’Ukraine, le Bélarus et la République moldave.....................................................................20

Russland erwischt die Nato im Schwarzen Meer auf dem falschen Fuss..........................................20

Nur zweite Priorität für die Nato......................................................................................................21

Enger werdende Kooperation mit Kiew...........................................................................................22

KYIV BLOG: Did Ukraine provoke the clash in the Sea of Azov?.........................................................22

Des difficultés en Ukraine................................................................................................................24

L’Ukraine va devenir une dictature terroriste ou se désintégrer,......................................................25

La République moldave sous pression!.............................................................................................27

C. La Turquie.................................................................................................................................28

Reprise des négociations avec l’UE et chantage turc de Washington?............................................28

Sécurité et défense turques : tension entre Ankara et Washington...................................................29

Eine Geheimdienstaktion im Ausland überschattet einen Staatsbesuch Erdoğan.............................30

D. La région de l’Asie du Sud-Ouest (Caucasie méridionale, l’Asie centrale, le Proche-Orient et les pays voisins…).......................................................................................................................32

Les élections en Géorgie..................................................................................................................32

L’Arménie mènerait une nouvelle politique extérieure.....................................................................32

En Turmènistan, une présidence héréditaire ?.................................................................................33

E. Iran.............................................................................................................................................33

Cultures et géopolitique en Iran 

Informations variées sur l’Iran dans la presse internationale..........................................................35

F. Dimensions géoéconomiques.....................................................................................................38

Hungary ‘slave law’ protest shows strains of economic model........................................................38

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L'Inde a signé un accord avec l'Iran pour payer son pétrole brut en monnaie nationale au lieu du dollar américain...............................................................................................................................38

Le deuxième chantier de gazoduc reliant la Russie et l'Allemagne dans la Baltique ne manquera pas d'alimenter les discussions en coulisses entre chefs d'Etat...............................................................39

Un gazoduc dans la Caucasie méridionale.......................................................................................42

La Turquie renforce sa dépendance au gaz de Russie......................................................................42

« La domination touristique »..........................................................................................................43

Des avancées pour un réseau ferroviaire reliant l'Iran à la Syrie, en passant par l'Irak.................43

L'Afghanistan, l'Iran et le Pakistan face au défi de l’eau.................................................................44

G. Ma „liste noire”.........................................................................................................................45

H. Calendrier électoral...................................................................................................................45

I. Publications récentes..................................................................................................................47

Annexes: textes, extraits et articles complets................................................................................49

1.L’Union européenne est-elle condamnée à l’impuissance ?, Par Fabien HERBERT, Jérémie ROCQUES, Nicole GNESOTTO, Noé PENNETIER, Pierre VERLUISE,Tristan FACCHIN

2. Seit Beginn des «Kriegs gegen den Terror» wurden mindestens eine halbe Million Menschen getötet, in: NZZ, 9.11.2018,.................................................................................................................51

3. Editoriale del numero di Limes 4/2018, Lo stato del mondo (extraits).........................................52

5. LES NOUVELLES ROUTES DE LA SOIE À L’ÉPREUVE DE LA SOCIÉTÉ CIVILE : LE CAS DU PORT DE GWADAR..................................................................................................................55

6. Manipulation de l’information, relai de fausse nouvelles : une erreur est si vite arrivée…,........57

Que se passe-t-il dans le concert des grandes nations ou puissances?

L’UE restera-t-elle un satellite des EUA ?

Le fait que les EUA arrivent à intimider la direction du fournisseur mondial de services de messagerie financière sécurisés SWIFT pour couper son accès à la Banque centrale d’Iran témoigne de l’inefficacité de l’actuel système financier, a déclaré Steve Keen, professeur d’économie à l'université Kingston de Londres. Aucun pays ne doit pouvoir couper l'accès d'un système de paiements international à tel ou tel État, a-t-il indiqué commentant la décision de la direction du réseau international de transactions interbancaires SWIFT de déconnecter de son système la Banque centrale d'Iran et d'autres organismes financiers iraniens, visés par les sanctions américaines. Et d’ajouter "si l'Amérique pouvait le faire avec l'Iran, la même chose pourrait nous arriver un jour à nous. Il nous faut un système alternatif», a-t-il résumé.

Rappelons que le SWIFT (Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication) est un système interbancaire international de transfert d'information et de paiement. Plus de 11.000 institutions financières de 200 pays y sont connectées. Il est d’une création

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européenne dont les actionnaires sont des institutions en majeure partie privées et non américaines. La complicité de facto des multinationales s’avère donc évidente dans ce domaine des sanctions américaines.

* * *Le général Francis Briquemont, « L’UE : vassale ou indépendante ? », in: La Libre Belgique, 17 décembre 2018 écrit, entre autres, ce que j’en extrais: „. Constatons d’emblée que les cinq grandes puissances nucléaires, qui sont aussi les cinq grands du Conseil de sécurité de l’Onu, se sont en fait "sanctuarisées" et que, depuis la crise de Cuba (1962), la dissuasion nucléaire fonctionne bien entre elles. Qui peut imaginer en effet que l’UE entre en conflit armé - même de très faible intensité - avec la Chine, la Russie et encore moins bien sûr, avec les États-Unis ?” Sanctuariser signifie en l’occurrence que ces puissances n’assurent que leurs propres défenses sans tenir compte de celles de leurs alliés. L’A. préconise dès lors l’indépendance stratégique de l’UE en soulignant qu’„Au départ de cette marche vers une UE indépendante, celle-ci aurait tout intérêt à "négocier" ou débattre avec la Russie en toute indépendance. La Russie est notre voisine, et une voisine qui n’est plus l’URSS. Si l’on veut maintenir la paix sur notre continent - le souhait de tous les responsables, je suppose - il faut négocier, ce sera difficile, non seulement avec la Russie, mais aussi avec la Chine, occupée elle à tracer de nouvelles routes de la soie, et se rappeler qu’on ne peut faire la paix qu’avec son ennemi !...”.

Grâce au Brexit, l’UE pourrait-elle enfin établir un système propre de défense et de renseignement ?

Le RU quitte l'UE et ainsi a ouvert la voie à un système européen de défense et de renseignement communs. Les Britanniques restent cependant attachés aux Five Eyes, à l’alliance anglo-saxonne, qui comprend, outre le RU, les EUA, le Canada, l'Australie et la Nouvelle-Zélande. Les MI 5 et MI 6 sont particulièrement appréciés dans le monde des services secrets. Le plus gros problème, c’est que la Grèce et Chypre se sont vu confier la tâche honorable de créer une école du renseignement européenne. Pourquoi est-ce un problème?

D'une part, parce que les services secrets d'un État ne sont pas répertoriés dans l'échange de renseignements, mais ce ne serait pas une tragédie. Pour l’OTAN, la Grèce et Chypre entretiennent d'excellentes relations avec la Russie. Tout cela remonte à des temps très anciens lorsque les héros de la guerre d'indépendance grecque s'organisèrent en même temps dans la Russie tsariste contre le sultan turc. Les excellentes relations entre l’époque soviétique et l’Union soviétique n’ont pas ouvertement soutenu la montée de la gauche grecque après la Seconde Guerre mondiale. Après que Staline eut abandonné la Grèce sur la base de l'accord de Yalta, les partisans grecs se dispersèrent dans les anciens pays socialistes. Beaucoup d'entre eux étaient impliqués dans la sécurité de

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l'Etat. C'est pourquoi ni la Grèce ni Chypre ne sont considérées comme le bastion du front antirusse par les États qui, dans la Russie de Poutine, auraient découvert leur principal adversaire (la Pologne, la Baltique, etc.).

D’autre part, il reste que personne ne sait ce que seront les conséquences du Brexit et ce que fera la nouvelle Commission de Bruxelles. Quelle sera l'Europe commune qui souhaite construire un réseau de renseignement unique, voire même synchroniser les systèmes d'évaluation les uns avec les autres. Le président Macron suggère une armée européenne commune. La chancelière Merkel soutient cette idée, mais les deux sont affaiblis sur le plan politique. Quid de l’attitude de Washington et de ses alliés par rapport à ces projets ?

L’endettement écrasant des Etats-Unis d’Amérique

Selon le Département de Trésorerie de Washington, les dettes américaines à l’étranger sont détenues, notamment par les pays suivants, en milliards de $ en 2015:Chine 1.185Japon 1.144…Irlande 266Suisse 238Luxembourg 220…Belgique 157RFA 104…TOTAL 6.196

D’une part, les EUA sont le pays le plus endetté de la Terre, ce que d’aucuns pourraient considérer comme un scandale. Ces bien naïfs ignorent cependant que toutes les puissances s’endettent d’autant que possible, espérant de ne jamais rembourser leurs dettes. C’est d’autant plus de cas si une puissance trouve des satellites pour le faire.

Les deux pays asiatiques prêtent aux EUA pour des motifs différents. La Chine pour des raisons stratégiques: la possibilité de faire du chantage à Washington. En tous cas, il y a quelques années le montant dépasse encore le chiffre 3.000. Sans doute, les investissements gigantesques qu’implique le projet de „Route de soie” lancée par XI, coute chère et fait réduire l’envie de prêter à un pays qui n’est pas certain de rembourser jamais ses dettes, surtout depuis la crise de 2008.

De son côté et comme certains pays euro-atlantistes, le Japon y prêtent autant d’argent par soumission. Les trois premiers pays repris dans ce tableau figurent pour des montants respectables. Ces montants pourraient s’expliquer du fait qu’ils sont fort impliqués dans la „gestions des fortunes” ou d’activité de „paradis fiscaux”.

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America’s scrambled approach to Africa. Washington’s Hobbesian new strategy belongs to a bygone era, in: FT, THE EDITORIAL BOARD, DECEMBER 17, 2018

Avec Madeleine Albright2, secrétaire d’Etat à l’époque, John Bolton est celui qui dès le début des années 2000 a plusieurs fois menacé l’UE de la bombarder militairement si elle n’obéit pas à Washington et si elle établit sa propre politique de sécurité et de défense.

The Trump administration has unveiled what John Bolton, the national security adviser, has billed as a “new” Africa strategy for the US. On the commercial front there is indeed some fresh thinking. But much of what Mr Bolton says has emerged from a detailed inter-agency debate about America’s future engagement with the continent, seems to belong in the past. If his speech on Friday is the guide, Washington’s take on Africa is stuck somewhere between the 19th century scramble and the cold war, when the continent played proxy for superpower rivalry. Mr Bolton depicts US relations with Africa as a geostrategic board game in which Africans have less agency than a pawn. Whatever “predatory” moves by Chinese and Russian policymakers may be going on, he somehow finds America to be the principal victim. “Great power competitors, namely China and Russia, are rapidly expanding their financial and political influence across Africa. They are deliberately and aggressively targeting their investments in the region to gain a competitive advantage over the United States,” Mr Bolton claims.

It is unlikely many Africans will welcome the prospect of returning to the era of “us or them” development partners depicted in this vision, or feel much sympathy if America is the one left behind. If the US has lost ground to rivals, it is successive administrations that are to blame. Washington has responded with complacency to the past two decades of changing dynamics on the continent, where bouts of rapid economic expansion have meant the emergence of more assertive governments, a growing consumer class and a host of new suitors from around the world. The pioneering spirit with which Americans built their nation has been notably absent from US-Africa policy. This has increasingly focused on combating militant Islamists and terrorism, at the expense of a more multi-faceted approach

Mr Bolton is wrong to see China’s role on the continent as uniquely negative. While Washington has been otherwise occupied, Beijing has adopted a long-term view of Africa’s potential, marrying its own quest for resources and new markets to Africa’s need for infrastructure development and fast money. Moscow, like Washington, is arriving late to the party. Mr Bolton is wrong on another front: past development aid, which he dismisses as “aid without effect” and a waste of US taxpayers’ money. That is not true of the health initiatives launched by George W Bush, the previous Republican president, and which saved countless lives. Moreover, the benefits — in terms of exerting stronger US influence — of the stricter aid conditionality he recommends have been diluted by China’s willingness to provide billions of dollars in investment, free of politicised conditions.

If there is a positive to draw, it is that Washington is waking up to the need to re-engage and that to do so effectively it must place economic ties to Africa up the priority list. The recent passage of legislation that doubles the spending power of the Overseas Private Investment Corporation is one step in the right direction. Giving a bigger role to the US government agency that handles private sector lending abroad plays to America’s strength by promoting closer business ties. It is a pity, however, that Mr Bolton depicts such measures as designed explicitly to project US power in Africa, rather than to promote reciprocal interests, and to counter the influence of “great power” rivals. Such language is out of step with the times.2 née tchèque,Marie Jana Korbelová.

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La Chine utilise la diplomatie du « piège de la dette » pour acquérir l’hégémonie, in: EPOCH TIMES, 20/12/2018, PAR Emel Akan (extraits)

A l’instar de la pratique séculaire des puissances euro-américaines, la Chine utilise des opérations de prêts qui piègent évidemment les pays emprunteurs.

Dans le cadre de son initiative « One Belt, One Road – OBOR » (une ceinture, une route), la Chine investit des milliards de dollars dans les pays émergents pour les aider à effectuer d’importants projets d’infrastructure. Toutefois, un grand nombre de ces projets sont financés par l’intermédiaire de prêteurs chinois contrôlés par l’État, laissant plusieurs pays en détresse à cause du fardeau de la dette et mettant leur souveraineté en péril. Le Parti communiste chinois a fait de l’OBOR un élément central de ses plans qui visent à accroître son influence géopolitique. Ce gigantesque programme, souvent qualifié de « nouvelles routes de la soie », couvre près de 70 pays et plus des deux tiers de la population mondiale.

Lancé en 2013 par le dirigeant chinois Xi Jinping, l’OBOR est effectué en Asie, en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique, et prévoit une immense « ceinture » terrestre par rail et route en Asie, doublée d’une « route » maritime permettant à la Chine de rejoindre l’Afrique et l’Europe par la mer. Il inclut la construction de routes, ports, lignes de chemin de fer, parcs industriels et réseaux d’énergie et de télécommunications pour un montant d’investissements estimé entre 4 000 et 8 000 milliards de dollars. Les immenses projets d’OBOR sont financés principalement par un large éventail d’administrations locales chinoises et d’institutions contrôlées par l’État chinois. Ces dernières années, cette initiative a été perçue comme un « piège de la dette » qui augmente le risque de difficultés économiques et de la perte d’autonomie dans les pays emprunteurs, en particulier en Asie centrale et en Asie du Sud.

La question de savoir si Pékin poursuit la « diplomatie de la dette » par le biais de cette initiative a également suscité un nouveau débat international. Contrairement à ses promesses d’apporter la prospérité à la population locale dans les pays participants à l’OBOR, les critiques affirment que la Chine joue un jeu servant tout d’abord ses propres intérêts… Des pays comme Djibouti, le Kirghizistan, le Laos, les Maldives, la Mongolie, le Monténégro et le Pakistan sont en grave difficulté. Par exemple, le remboursement de la dette extérieure du Pakistan augmentera de 65 % l’an prochain. Entre-temps, ses réserves de change ont chuté de 40 % au cours des deux dernières années…

La question a également été soulevée au récent sommet du G-20 à Buenos Aires, lorsque les leaders mondiaux ont convenu de prendre des mesures pour remédier à la « vulnérabilité de la dette dans les pays à faible revenu »… Les pays du G-20 ont également exhorté « le FMI et la Banque mondiale à travailler avec les emprunteurs et les créanciers pour améliorer la consignation, la surveillance et l’élaboration de rapports en toute transparence sur les obligations relatives aux créances publiques et privées ».

Spy thriller echoes in Huawei power struggle, in: FT, James Kynge, DECEMBER 7, 2018 (extraits)

L’arrestation d’une dirigeante de la multinationale chinoise Huawei fournit un exemple remarquable aux cas géopolitiques et géoéconomiques où les composants s’articulent les uns dans les autres : intérêts capitalistes, espionnag, sécurité-défense, coups bas… Elle constitue en outre un avertissement de Washington aux ennemis comme aux alliés :

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« America first ! ». L’UE ferait bien de ne pas oublier cet avertissement. C’est enfin une occasion qui nous rappèle l’existence et l’importance du réseau d’espionnage « Five Eyes » des cinq pays anglo-américains. C’est la raison principale pour laquelle beaucoup se réjouissent de voir d’ailleurs le RU quitter l’UE.

Arrest of executive and warnings from western spymasters creates cold war atmosphere. Huawei has come under increasing suspicion from western governments. The spies have come in from the cold and a chill new reality is stealing across the world. The events of this week, perhaps on a par with anything seen since the end of the cold war, could have leapt from the pages of a John le Carré thriller. A top executive at Huawei — a Chinese company connected to Beijing’s Communist party rulers — was seized on US sanctions-busting charges involving Iran as she tried to change planes in Canada. The UK and Japan publicly distanced themselves from Huawei’s plans to supply 5G telecoms, a breakthrough technology that will allow things — your fridge, your car, your smartphone — to “talk” to each other.

In Beijing, an official Chinese newspaper accused the US of “hooliganism”. But behind such examples of superpower tensions has been a more basic shift. The top spies in the UK, Canada and Australia — all members of the Five Eyes intelligence alliance that also includes the US and New Zealand — have emerged from the shadows to sound the alarm, either explicitly or indirectly, over China… 5G telecoms will be so critical to the way people live their lives that networks should be operated only by firms that are trusted. Huawei increasingly falls outside that definition; the US and Australia have banned the Chinese company, New Zealand has limited its access and BT, the UK telecoms provider, is planning to exclude it from bidding for contracts to supply the core 5G network, though it could allow participation in peripheral functions. Canada has yet to announce its stance, while Germany, according to official sources, is considering limiting the company.

But in spite of such differences, the unfolding narrative is bound by a single thread. Deep, bipartisan US animosity over Chinese espionage, its industrial policy and the competitive threat posed by its emerging technology giants has fundamentally changed Washington’s calculus toward Beijing. The policy of engagement with China that held sway for almost 40 years has dissolved and given way to a de facto strategy of confrontation. But what is particularly revealing about the case of Huawei is that Washington has shown that it has no intention of taking on China alone. It is insisting that its allies fall into line, particularly on issues of national security. Many now fret that a new cold war may be upon us…

The arrest of Ms Meng, it has transpired, was already in train when US President Donald Trump sat down to dinner with Xi Jinping, the Chinese leader, at a summit in Argentina — raising speculation over whether the US president was trying to humiliate his Chinese counterpart. As Mr le Carré once said: “If you make your enemy look like a fool, you lose the justification for engaging him.”

* * *The arrest of Huawei’s chief financial officer has sparked concern among US and Chinese executives, alarmed that they could be the next targets in the increasingly tense relationship between the two countries. Meng Wanzhou, the daughter of the telecoms group’s founder and the granddaughter of a Communist party veteran, was detained at Vancouver airport last week following an extradition request by the US over allegations of violating Iran sanctions. Ms Meng’s arrest has made her the public face of the friction between Beijing and Washington and sent a chill through the ranks of China’s top executives. Although Chinese media has downplayed the extradition request and censors

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have erased defiant comments on social media, Ms Meng’s detention has raised the stakes in the dispute between the world’s biggest economies (in: FT, Lucy Hornby in Beijing, DECEMBER 7, 2018).

La rivalità tra Washington e Pechino domina e intralcia il vertice Apec, di Federico Petroni, in : LIMES, 19/11/2018.

Per la prima volta nei suoi quasi trent’anni di storia, l’Asia-Pacific Economic Cooperation (Apec) non è riuscita a raggiungere un accordo fra i suoi 21 membri, riuniti in Papua Nuova Guinea per il vertice annuale. È il segno più evidente dell’intensità della rivalità Usa-Cina. E di come sia nettamente cambiata la narrazione sull’uso strategico delle politiche commerciali da parte di Washington.All’inizio del suo mandato, Trump seminava il panico fra gli alleati asiatici ed europei, erroneamente convinti di assistere allo smantellamento della globalizzazione. Nel tempo, tuttavia, l’agenda presidenziale è stata asciugata e parzialmente dirottata dagli apparati verso un obiettivo ineludibile: aggredire economicamente il cammino della Cina verso lo status di grande potenza.

La guerra commerciale lanciata dalla Casa Bianca non è che un tassello di una più ampia strategia di pressione su Pechino, tanto geografica quanto tecnologica. Dall’arruolamento al contenimento marittimo della Cina di India, Australia e Giappone– vertici di un triangolo che inchioda la Repubblica Popolare entro i propri mari – fino alla partita sull’intelligenza artificiale. I nodi sono venuti al pettine al forum dell’Apec. Mentre il presidente cinese Xi Jinping provava – senza riuscirci – a convincere gli astanti di star difendendo la globalizzazione dalle bordate di Trump, il vice di quest’ultimo, Mike Pence, strappava applausi con un discorso nel quale ha persino detto che gli Usa non offrono “una cintura limitante e una strada a senso unico”. Palese riferimento alle nuove vie della seta, progetto anche noto come “Una cintura, una via”.

Negli ultimi mesi, è emersa la consapevolezza che i faraonici piani infrastrutturali di Pechino si abbinano a una determinata strategia per smarcarsi dalla dipendenza tecnologica dagli Usa e dai loro alleati. Gli investimenti sull’intelligenza artificiale, il piano Made in China 2025, l’obiettivo di sviluppare una piattaforma digitale autoctona e chiusa all’estero sono strumenti di accrescimento della potenza, che poi la Repubblica Popolare vorrebbe imporre a chi fa affari entro il proprio, sterminato, mercato. Al vertice Apec, Pence ha provato a sfruttare queste paure. Ha ribadito che gli Usa non tendono ai paesi più piccoli la trappola del debito, come successo con Sri Lanka, Tonga e Maldive (queste ultime peraltro annunciano il ritiro dall’accordo di libero scambio con la Cina).

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Ha parlato di una trattativa con il Giappone per lanciare un piano di infrastrutture energetiche regionale da 10 miliardi di dollari, da abbinare a uno sugli aiuti allo sviluppo con Tokyo e Canberra. Ha annunciato che Washington si unirà all’Australia a potenziare una base navale su Manus, strategica isola di Papua Nuova Guinea su cui già i cinesi avevano messo gli occhi. Con la stessa Papua, Usa, Giappone, Australia e Nuova Zelanda hanno siglato un patto per la fornitura di elettricità e la stesura di cavi informatici. L’insistenza della delegazione Usa sulla condanna delle “pratiche commerciali sleali” ha fatto il resto, obbligando Pechino a rifiutarsi di firmare la dichiarazione conclusiva dell’incontro. La palla passa ora a Trump in persona, che presenzierà a fine mese al G20 in Argentina al fianco di Xi.

Superpower rivalry puts the squeeze on south-east Asia - Smaller nations should not have to choose between the US and China, in : FT, THE EDITORIAL BOARD, 21.11.2018 (extraits)

Henry Paulson, former US Treasury secretary, warns of an “economic iron curtain” descending as rivalry between the US and China deepens. Lee Hsien Loong, Singapore’s prime minister, says that, as tensions flare, south-east Asian nations may be forced to choose which side to be on. The position of smaller nations caught in the middle is already uncomfortable. It will become more so if Washington and Beijing persist in imposing their own exclusive rules. Yet neither side appears willing to work towards an accommodation that is in their own interests.

The annual heads of government meeting of the Asia-Pacific Economic Cooperation last weekend showed the shape of things to come. Apec is usually little more than a feel-good photo opportunity for leaders from a jumble of nations that happen to border the Pacific. But on Sunday, for the first time in its 29-year history, the group failed to agree on a joint communiqué. The reason for this dysfunction was a stand-off between the US and China after Beijing objected to language about “unfair trade practices” that it saw as an American attack. It was just the latest example of a fraying multilateral institution falling victim to great power rivalry.

Donald Trump’s disdain for traditional allies and multilateral action is well-documented. High-handed and clumsy Chinese diplomacy receives less attention but is no less an obstacle to the global co-operation Beijing claims to seek. During the Apec meeting in Papua New Guinea, accredited journalists were arbitrarily shut out of some events by Chinese security officials. According to widespread reports, confirmed by Papua New Guinea’s foreign minister but denied by Beijing, several Chinese diplomats tried to barge their way into the foreign minister’s office in an attempt to change the Apec communiqué at the last minute…

But over the weekend, the US agreed to join Australia in expanding a naval base in the tiny nation, a move calculated to counter rising Chinese influence in the Pacific. As one western diplomat put it: “China paid for the road and a lot of the meeting but America got the naval base.” The outcome of this evolving battle is no more certain to go Beijing’s way elsewhere. Take the Philippines. Xi Jinping, China’s president, offered billions of dollars in investment and joint oil exploration in the South China Sea during a visit to Manila this week. But the desire of Rodrigo Duterte, his Philippine counterpart, to tilt towards China is not shared by all his country’s institutions or indeed the populace.

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The inroads that Beijing makes with such forays will be vulnerable to reversal the day Mr Duterte goes. In the short term, superpower rivalry might allow smaller nations in the region to leverage more from both the US and China. That will only be the case so long as the curtain Mr Paulson warns of does not actually fall. Few nations in Asia want to pick a side if it does. Nor, aside from a handful of client states, would they necessarily choose the hegemon on their doorstep if forced to do so. That is good reason for Beijing to row back on the more imperious tactics it has deployed of late.

Des nouvelles alliances au Proche- et Moyen-Orient ?

Pour contrecarrer l'alliance Israël-Arabie saoudite-Émirats arabes unis, la Turquie, le Qatar et l'Iran ne cessent de se rapprocher les uns des autres, sur les plans diplomatique et financier, mais surtout géopolitique et stratégique. L'information est passée totalement inaperçue dans la presse française, mais est pourtant primordiale pour expliquer les relations au Moyen-Orient en pleine affaire Khashoggi et conflit entre l'Iran et Israël. L’Émir du Qatar a de nouveau été reçu ce 26 novembre/2018/ en Turquie par Recep Tayyip Erdogan. Un tête-à-tête entre les deux hommes avait déjà eu lieu en août dernier, rencontre durant laquelle l'émir avait apporté au «sultan» d'Ankara une aide financière considérable. Un investissement de 15 milliards de dollars en Turquie, principalement consacrés au secteur bancaire pour empêcher une crise économique et financière à Istanbul, en conflit économico-diplomatique ouvert avec Washington.

Cette fois-ci, de nombreux protocoles de coopération ont été signés dans des domaines comme ceux du commerce et de l'économie, du transport ou encore de la culture. Mais au-delà de ces renforcements structurels bilatéraux, les deux pays, par l'intermédiaire de leurs dirigeants, ont affiché une entente solide. Rappelant les épisodes d'entraide du passé, Erdogan va jusqu'à définir les relations entre la Turquie et le Qatar, d'amitié. En effet, avant les évènements d'août dernier, Doha avait déjà manifesté son soutien à Ankara lors de la tentative de coup d'État de juillet 2016, où Erdogan avait été brièvement menacé d'être renversé par un putsch militaire appuyé, selon le maître du «palais blanc», par des puissances étrangères, États-Unis en tête. De son côté, Erdogan n'a cessé d'agir pour briser le blocus terrestre, maritime et aérien que subit le Qatar depuis juin 2017.

Finalement, si ces deux États ont des objectifs distincts —la Turquie veut s'imposer comme la puissance régionale et le Qatar cherche une reconnaissance internationale- ils ont choisi de s'unir face à leur ennemi commun: l'Arabie saoudite en tête et les Émirats arabes unis. Pourtant, au-delà du principe «des ennemis de mes ennemis sont mes amis», le rapprochement entre Ankara et Doha peut surprendre. S'ils sont tous sunnites, les premiers promeuvent la doctrine des Frères Musulmans (FM), tandis que les seconds celle du wahhabisme. De manière très concrète, deux cas illustrent cette opposition. 

Le premier est l'opposition frontale des deux puissances régionales en Égypte. En effet, le pouvoir du Caire ne cesse d'être déstabilisé par les rivalités entre Wahhabites et Fréristes: révolutions, guérillas, purges, etc. Par ailleurs, la Turquie et le Qatar sont en rivalité autour du conflit israélo-palestinien. De manière très schématique, l'Arabie saoudite, après avoir été le plus grand défenseur de la cause palestinienne, s'en est détournée en accordant ses intérêts régionaux avec Israël, laissant de facto, le leadership au Qatar et à la Turquie. Et c'est de cette alliance géostratégique wahhabito-sioniste qu'est né l'arc Israël-Arabie saoudite-Émirats arabes unis, avec comme but initial et probablement final, de détruire l'Iran, qui leur conteste le leadership régional. La conséquence a été que leurs ennemis, en réaction, se sont rapprochés et ont formé à leur tour un arc Turquie-Qatar-Iran.

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Les évènements prouvant ce rapprochement sont légion ces dernières années. Outre l'alliance turco-qatarie évoquée précédemment, Ankara ne cesse de consolider sa relation avec Téhéran, notamment en se moquant de la réimposition des sanctions américaines découlant de la sortie des États-Unis de l'accord nucléaire signé en 2015, et se place donc en opposition directe avec les intérêts de Tel-Aviv et de Riyad. Durant la crise diplomatique du Golfe contre le Qatar, en plus de la Turquie, l'Iran avait envoyé des tonnes de vivres (notamment des fruits et légumes) et avait ouvert son espace aérien et ses eaux territoriales, réduisant l'efficacité du blocus imposé par Abu Dhabi et Riyad.

Cette bonne entente s'explique aussi par l'exploitation commune du plus grand gisement gazier au monde (North Dome, North Field, South Pars, à cheval entre les eaux territoriales qatariennes et iraniennes) qui exige une coordination permanente entre les deux pays. Le rôle de chacun dans la guerre en Syrie avait longtemps empêché la formation de cet arc finalement très hétéroclite et pourrait, ces prochaines années, le détériorer. Mais force est de constater qu'aujourd'hui, l'influence du Qatar, qui soutenait des factions rebelles et djihadistes, a été considérablement réduite et que pour le moment, la Turquie et l'Iran se mettent souvent d'accord, souvent via leur «ami» russe. Et ils devraient continuer à s'entendre puisqu'ils partagent l'objectif d'empêcher toute formation d'un Kurdistan au Proche et au Moyen-Orient —le territoire situé à l'ouest de l'Euphrate étant déjà au centre des enjeux des conflits syriens et irakiens.

Cependant, il convient de nuancer la solidité de cette alliance Turquie-Qatar-Iran. En effet, il n'est pas inenvisageable que le Qatar se rapproche de nouveau de son puissant voisin saoudien et que les ambitions de dominations régionales de Téhéran et d'Ankara se percutent à long terme. Tout est une question de circonstances et de moment, surtout au Moyen-Orient.

* * *En décembre 2018, Trump annonce le retrait des Etats-Unis de Syrie: la Russie, l’Iran et la Turquie se frottent les mains, in: Médiapart, 20 décembre 2018 par Thomas Cantaloube: En prenant tout le monde de court avec l’annonce d’un retrait total des soldats américains de Syrie dans les trois mois, estimant la victoire acquise, le président américain lâche ses alliés kurdes, irakiens et israéliens, alors que l’État islamique peut ressurgir.

* * *La Turquie restera aux côtés de l'Iran malgré les sanctions "injustes" que les États-Unis imposent au pays, a déclaré en décembre 2018 le président turc Recep Tayyip Erdogan.M. Erdogan s'est exprimé à ce propos lors d'une conférence de presse en présence de son homologue iranien, Hassan Rohani, à Ankara. Il a promis que la Turquie et l'Iran uniront leurs efforts pour mettre fin aux affrontements et assurer la sécurité dans la région.D'après M. Erdogan, les deux pays ont pour objectif d'accroître la valeur du commerce bilatéral pour arriver à 30 milliards de dollars, contre 11 milliards de dollars actuellement. Le président Rohani a déclaré pour sa part que Téhéran travaillera avec Ankara sur la question de la protection de l'intégrité territoriale de la Syrie. L'Iran, la Turquie et la Russie poursuivront les négociations du "format diplomatique d'Astana" sur le futur de la Syrie, a-t-il fait savoir, ajoutant que le prochain sommet sera organisé en Russie.

* * *La décision surprise du président américain, Donald Trump, de retirer les troupes américaines de Syrie, où elles combattent aux côtés de leurs alliés locaux kurdes et arabes les forces en déroute du groupe terroriste État islamique, a surpris tous ses alliés. Si les protestations européennes et

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israéliennes n’ont pas tardé, l’allié turc est pour sa part ravi de se voir les mains libres pour intervenir militairement contre les Kurdes, ses ennemis de toujours.

The Bush Family Dynasty and Prescott Bush’s Love Affair with Fascism, By Gary G. Kohls, MD – Duty to Warn, December 4, 2018 (extraits)

I was involved in pro-peace, anti-war, anti-US Imperialism efforts during the most hideous years of the Reagan/Bush administrations (from 1980 – 1992) that resulted in the deaths and sufferings of millions of innocent people in virtually every South and Central American nation you can think of. As I remember the many innocent – often “disappeared” – war-refugees who suffered, starved and died at the hands of my war-profiteering national leaders, I am unable to shed any tears for the guilty ones, even if they are now dead or dying, for they were war-mongers that never apologized for their misdeeds. They were members beholden to Wall Street and War Street whose intentions made them responsible for brutal massacres, assassinations, torturing, mass killings, starvation and the impoverishment of millions of innocents that wanted to live in peace  in their homeland that had been targeted for exploitation by my once-beloved homeland.

When our past history of US-inflicted economic and military cruelty is forgotten (or never learned in the first place, as is the case of our current president), our people and politicians can’t make the connections between 1) America’s Wall Street and War Street exploitation of the rest of the world and 2) the current global crises of Big Business-induced global warming, Wall Street-induced economic disparities/oppression/refugees and War Street’s perpetual wars that have been going all over the planet since the Reagan/Bush administrations went into deep debt by lavishing trillions of dollars on America’s military, nuclear weapons and its conventional arsenals…

Therefore, presidents and other national leaders that have been war-mongers, serial liars, sociopaths, narcissists, megalomaniacs, greed-heads or simply traitors to democratic ideals are particularly deserving of scorn – not accolades – even if they are recently deceased.I recall cringing as I listened to the endless accolades given to pro-war presidents like Lyndon Johnson, Richard Nixon and Ronald Reagan in the lead-up to their funerals. And I know that I will have to think twice before I mourn the inevitable deaths of our living but unrepentant, war-mongering presidents and their advisors (everyone since Carter?).

If I had been aware years ago, I also wouldn’t have mourned the deaths of the many evil-doers that were behind the fascist “Business Plot” to overthrow Franklin Delano Roosevelt in 1934 (see details in the two articles at the end of this piece). One of the “Business Plot” coup-plotters was banker Prescott Bush, the father of George H W Bush and grandfather of George W Bush. None of Prescott Bush’s progeny have been willing to talk about Prescott’s traitorous deeds. At the time of the plot, Prescott Bush was deeply involved in the business of the Hamburg-America Lines (co-owned by industrialists from both pro-Hitler Germany and pro-Hitler America). For much more on Prescott Bush’s deep involvement with the Third Reich, including Nazi Germany’s efforts to defeat FDR in his re-election campaign in 1940, go to http://spitfirelist.com/for-the-record/ftr-475-pryor-offenses/...

I’m certain that many of us aware of the many omissions concerning the legacy of George H W Bush. I list some of them below:1) Bush 41’s veto of the Civil Rights Act of 1990;

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2) his nefarious actions while he was CIA chief in Gerald Ford’s administration;3) his role in the US support of the uncountable South and Central American dictatorships during the Reagan administration;4) the illegal invasion of Panama (Operation Just Cause!)..6) his Christmas Evepardoning of former defense secretary Caspar W. Weinberger, Elliot Abrams and four other government officials that were involved in the Iran-Contra affair;7) hiscomplicity in the thousands of corpses that rotted on the Highway of Death in Iraq in 1991; 8) his playing the “race card” in the use of Willie Horton in the Dukakis campaign;…9) Bush 41 and the CIA’s role in the Contra War-era’s flooding of the US with crack cocaine that facilitated the epidemic that has persisted to this day;11) the intentional targeting of the air-raid shelter in Baghdad that killed over 400 Iraqi civilians…

Que se passe-t-il dans « l’étranger proche »3 » de l’UE ?

Nouvelle confrontation entre blocs militaires en Europe à l’initiative de Varsovie et de Washington ?

La frontière qui sépare la Pologne du Bélarus pourrait bientôt devenir l’épicentre d’une nouvelle confrontation entre blocs militaires en Europe. Depuis que la Pologne a annoncé son projet de déployer à ses frais une division blindée américaine sur son territoire, Moscou a relancé des discussions sur la création d’une base aérienne russe au Bélarus. Varsovie attend une réponse de Washington concernant son offre, faite au printemps 2018, d’accueillir une division blindée américaine sur son territoire, près de la frontière biélorusse.

La Pologne promet de débloquer entre 1,1 et 1,6 milliards d’euros pour la création des infrastructures de la base militaire, qu’elle propose de baptiser « Fort Trump » en l’honneur du président américain. Pour l’état-major polonais cette somme devrait suffire à construire un polygone d’entraînement, des entrepôts, des hangars, des immeubles d’habitation, ainsi que des magasins et des salles de sport à l’intention des soldats. Si les EUA réservent encore leur réponse, les réactions n’ont pas tardé au Bélarus. « Si les politiques polonais dépensent des milliards de dollars pour déployer sur leur sol des équipements militaires et des bataillons américains, il va de soi que nous réagirons », a souligné Alexandre Loukachenko lors d’une assemblée restreinte de la Conférence de Munich sur la sécurité, qui s’est tenue le 31 octobre dernier, à Minsk. Et le président bélarusse d’ajouter que la réaction du Bélarus et de son principal allié, la Russie, serait « appropriée ».

Quelques jours plus tard, Loukachenko a toutefois revu sa position. Au cours d’une discussion avec des analystes américains, il a ainsi déclaré : « Actuellement, je ne vois pas la nécessité de faire venir un autre État, y compris la Russie, sur le territoire biélorusse en vue d’assurer sa défense. 3 L’expression est utilisée ici par analogie au fait que, dans les années 1990, la diplomatie russe a traité ses anciennes républiques ou les pays voisins de la Russie comme « étranger proche », sauf les Etats baltes.

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Pour cette raison, nous nous opposons fermement à la construction d’une base aérienne. Si nécessaire, entre trois et cinq minutes suffisent à un avion russe pour atteindre la frontière bélarusse. Pourquoi, dès lors, construire une base ici, à découvert, au risque d’offrir une cible à un éventuel agresseur ? » Depuis l’effondrement de l’URSS, en 1991, la Russie maintient deux sites militaires en Biélorussie : l’un est un centre de télécommunication de la marine, l’autre accueille des radars d’alerte précoce. 

A political power struggle for the soul of the Orthodox church. The war of the patriarchs in Russia, Ukraine and Istanbul is about more than religion, by ROULA KHALAF, in: FT, NOVEMBER 6, 2018 (extraits)

To the dismay of Moscow, Ukraine’s Orthodox church has been granted independence from Russia. I’ve come to talk to Russian church officials about a new schism in the Orthodox church, a rupture that piqued my interest for its geopolitical dimension — and, in a small part, a personal one. I was raised Orthodox. “Any schism is bad,” Vladimir Legoida, a church official, tells me, as we look back to the Great Schism of 1054, the split between the Catholic and Eastern Orthodox churches… To the dismay of church officials and the government of Vladimir Putin, the Ecumenical Patriarchate of Constantinople, the Istanbul-based church, last month paved the way for Ukraine to have its own church independent of Moscow.

Although the Orthodox church is decentralised, with no single higher authority, Ecumenical Patriarch Bartholomew of Constantinople lends a certain spiritual leadership, so his position matters. His move dealt a blow to Russia’s religious supremacy in Ukraine and opened another chapter in the long-running battle between Kiev and Moscow. In retaliation, the Russian church broke all ties with Constantinople, setting a new historic schism that leaves other Orthodox churches torn between loyalty to Moscow or Constantinople. Like me, many in the Orthodox world have been captivated by the war of the patriarchs — the Russian Kirill, Constantinople’s Bartholomew and Ukraine’s Filaret.

It’s a power struggle about influence over the 300m Orthodox Christians, but it is also deeply political. The feud is a convenient distraction for Petro Poroshenko, Ukrainian president, who is up for re-election next year and doing badly in the polls. He has depicted the struggle for independence of the Ukrainian church as part of Kiev’s drive to escape Russian meddling and integrate more with Europe. The concept of a “Third Rome”, frequently used to refer to Moscow, is “collapsing like a house of cards”, Mr Poroshenko has said, in a celebration of Russian defeat that has driven Mr Putin to warn of “the most serious consequences”. While Mr Poroshenko’s re-election bid may be the immediate trigger for the crisis, it was Russia that invaded Crimea in 2014, annexed it illegally and destabilised eastern Ukraine, causing a separatist conflict that is still simmering.

Both the Russian church, which is by far the largest in Ukraine, and the breakaways that asserted themselves following the collapse of the Soviet Union, have tried to mediate in the eastern Ukraine conflict. But a politicisation of the church rivalry was inevitable. Now, with the Ukrainian priests going their own way, Russians fear their own churches will be under pressure to switch their allegiance. They are vowing to defend them. I worry about clashes in Ukraine when I visit Tsargrad, Russia’s version of Fox TV, launched by Konstantin Malofeev, an Orthodox businessman who’s been a link between pro-Russian rebels in eastern

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Ukraine and Moscow’s political establishment. The war of the patriarchs is one of his station’s big running stories. I meet Mikhail Tyurenkov, the religious editor, who tells me that Constantinople’s recognition of the Ukrainian church is part of an international assault on Russia.

That’s a common theme in Moscow: foreign reactions to Russian aggression, whether outrage at the Ukraine invasion, sanctions for meddling in US elections and poisoning a former spy in the UK, are depicted domestically as a conspiracy to undermine Russia. “Economic attacks can undermine you more immediately but spiritual attacks are more long-term, they target the foundation of the nation,” says Mr Tyurenkov. He predicts that any move to impose the new order on Russian Orthodox churches in Ukraine will lead to violence…

A.Les pays d’Europe adhérés ou en adhésion à l’UE4

Der Widerstand gegen Orbans Regierung in Ungarn wächst, in: NZZ, Meret Baumann, Budapest, 16.12.2018.

Une excellente analyse de la situation hongroise: les manifestations et les critiques croissantes du régime ainsi que la contestation des quelques centaines de lois votées dont la fameuse « loi d’esclavage ». Cette dernière accroît le pouvoir du patron d’entreprise d’instituer des 400 heures supplémentaires par an et ne pas les payer qu’au bout de 48 mois. La censure sur ces événements est presque totale dans les médias hongrois. Ce sont les dits « réseaux sociaux » qui informent le grand public.

Ungarns Opposition geht gegen eine neue Überstundenregelung vereint auf die Strasse. Die Regierungsgegner sehen im Zusammenschluss eine Chance, Ministerpräsident Viktor Orban ernsthaft herauszufordern. «Es geht nicht mehr um links oder rechts, wir sind jetzt zusammen», sagt Eszter Martay bestimmt. Die junge Bürokauffrau hat sich den mehr als 10 000 anderen Menschen angeschlossen, die am Sonntag in Budapest gegen die Regierung von Viktor Orban demonstriert haben. Es war bereits die vierte Protestkundgebung der Woche, zuvor hatten jeweils am Abend Manifestationen vor dem Parlament stattgefunden, wobei es auch zu Scharmützeln mit der Polizei und Dutzenden von Festnahmen kam. Am Sonntag organisierten aber erstmals seit Orbans Rückkehr an die Macht 2010 alle oppositionellen Parlamentsparteien gemeinsam eine Demonstration. Gewerkschafter, Anhänger der Linken, der liberalen Kräfte LMP und Momentum sowie der rechten Partei Jobbik marschierten Seite an Seite, ihre Exponenten teilten sich dann dieselbe Bühne.

Gegen das «Sklaven-Gesetz»Unmittelbar ausgelöst haben die Protestwelle zwei Gesetze, die das Parlament am Mittwoch verabschiedet hat. Eine Novelle des Arbeitszeitgesetzes sieht vor, dass künftig maximal 400 Überstunden pro Jahr statt wie bisher 250 zulässig sind. Die Opposition kritisiert den Vorstoss als «Sklaven-Gesetz». Mit einer zweiten Vorlage wurde zudem die Schaffung einer Verwaltungsgerichtsbarkeit beschlossen. Der Justizminister soll dabei weitgehende Kompetenzen bei der Auswahl der neuen Richter erhalten, was für Kritiker eine akute Gefahr für die Gewaltenteilung darstellt. Die Opposition beklagt, dass bei der tumultuösen Parlamentsabstimmung prozedurale Regeln verletzt worden seien. Das sei ein Grund für die Einigkeit der Oppositionsparteien, wie der sozialistische Abgeordnete Tamas Harangozo am Rand der Kundgebung erklärt.

4 Sauf la Turquie qui figure dans un chapitre spécifique ci-dessous.

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Allerdings konnte die Protestwelle nur eine solche Dynamik annehmen, weil in ihr ein Widerstand zum Ausdruck kommt, der weit über jenen gegen diese jüngsten Gesetze hinausgeht. Auf Schildern und in Reden wurden die autoritären Tendenzen, die Korruption, das Aussterben unabhängiger Medien sowie das Vorgehen gegen die Central European University angeprangert.

Erdrückende PropagandaEine ähnliche Entwicklung war bereits 2014 zu beobachten, als eine von der Regierung geplante Internetsteuer Massenkundgebungen auslöste. Damals liess Orban das Vorhaben aufgrund des breiten Unmuts fallen. Ein solches Einlenken ist auch jetzt denkbar, sollte die Protestbewegung anhalten. Allerdings hat sich die Situation gegenüber 2014 verändert. Die Übermacht regierungstreuer Medien ist inzwischen derart erdrückend, dass die Demonstranten ihren Anliegen fast ausschliesslich über wenige unabhängige Nachrichtenportale Gehör verschaffen können. Die Propagandamedien berichteten dagegen vor allem über Zusammenstösse mit der Polizei und ein Chaos, in das die Demonstranten das Land angeblich stürzen wollten. Auch die Regierungspartei Fidesz betonte in einer Stellungnahme gewalttätige Ausschreitungen. Die Proteste seien rganisiert vom «migrationsfreundlichen Soros-Netzwerk».

Der Zusammenschluss der Opposition ist bemerkenswert vor dem Hintergrund, dass eine Kooperation im Vorfeld von Wahlen bisher stets gescheitert war und die Linke sich als «demokratische» Opposition bezeichnete, im Gegensatz zur radikalen Partei Jobbik. Diese Zersplitterung der Orban-Gegner trug massgeblich zu dessen grosser Mehrheit bei. Sollte die Zusammenarbeit sich als nachhaltig erweisen, könnte dies dem Regierungschef mittelfristig Kopfzerbrechen bereiten. Den Willen dazu bekräftigten am Sonntag viele Gesprächspartner. Das «Sklaven-Gesetz» sei der Tropfen gewesen, der das Fass zum Überlaufen gebracht habe, hiess es.

Wenn ein Kleinstaat wie Ungarn Weltpolitik macht, verstrickt er sich in Widersprüche, in: NZZ, Ivo Mijnssen, 5.12.2018 (extraits).

Selon l’A., si la Hongrie mène une politique extérieure de conflit face à l’Ouest, elle tombe inéluctablement dans des contradictions intenables. Malgré l’expulsion d’une université américaine du pays, la sympathie de l’administration américaine actuelle lui est fondamentalement acquise et contribue à présent à l’isolement européen du pays. Néanmoins, tout ceci permet à la H. de tenter la création d’un bloc des pays eurosceptiques de droite et d’extrême-droite, de poursuivre une politique d’expansion vers les Balkans et de saboter de cette façon l’intégration européenne sous la houlette de l’UE.

Viktor Orban spielt nach eigenen Regeln. Im Osten des Kontinents steigert er das politische Gewicht seines Landes, stösst aber gleichzeitig Verbündete vor den Kopf und umgibt sich mit zweifelhaften neuen Freunden. Wenn der Vorkämpfer gegen illegale Migration zum Fluchthelfer wird und ein Nato-Mitglied in der Ukraine-Frage zum Stichwortgeber Russlands, dann ist etwas aus dem Ruder gelaufen: Ungarn hat sich mit der Aufnahme des mazedonischen Justizflüchtlings Nikola Gruevski und der Blockade von Kiews Nato-Annäherung aufgrund eines Sprachenstreits scheinbar in einem Netz von Widersprüchen verstrickt. Doch Viktor Orban, der starke Mann in Budapest, folgt einem klaren Kalkül, um

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seinem Land maximale Aufmerksamkeit zukommen zu lassen. Er setzt dabei auf die ungarische Diaspora, auf loyale Medien und die Nähe zu Russland – mit höchst zwiespältigen Folgen.

Dabei war Ungarn nach der Wende 1989 ein Glücksfall für Europa. Das Land erbrachte grosse Anstrengungen, um rasch der EU und der Nato beizutreten. So trug Budapest zu einer demokratischen Neuordnung der Region bei – trotz seiner schwierigen Vorgeschichte. Es hatte 1920 mit dem Vertrag von Trianon zwei Drittel seines Staatsgebiets verloren und gehörte auch nach dem Zweiten Weltkrieg zu den Verlierern. Obwohl die grossen ungarischen Minderheiten in Rumänien, der Slowakei und der Ukraine bis heute ein politisch heikles Thema sind, unterzeichnete Ungarns Regierung mit diesen Ländern in den neunziger Jahren Staatsverträge, mit denen sie auf territoriale Ansprüche verzichtete. Trotz periodischen Irritationen sind die Beziehungen heute solide.

Entsprechend unerwartet kam 2017 die Krise zwischen der Ukraine und Ungarn. Auslöser war ein neues Bildungsgesetz der zunehmend nationalistisch agierenden Regierung in Kiew: Um den Einfluss des Russischen zurückzudrängen, soll der Unterricht in Minderheitensprachen nur noch auf Primarschulstufe möglich sein. Dies führte zu heftigen Reaktionen der Nachbarn, die eine Diskriminierung ihrer Diaspora im Vielvölkerstaat befürchten; die Venedig-Kommission des Europarats, die Nato und die EU forderten die Ukraine dazu auf, das willkürlich formulierte Gesetz abzuschwächen und Minderheitenrechte zu garantieren. Es herrscht Konsens darüber, dass Garantien aus Kiew gegen Diskriminierung eine Voraussetzung für die weitere Annäherung des Landes an Europa und die Nato sind.

Obwohl die Ukraine Konzessionen für Minderheiten aus EU-Ländern machte, setzt Budapest weiterhin auf Konfrontation: Im Namen des Schutzes der Ungarn in der Westukraine blockiert es seit mehr als einem Jahr hochrangige Treffen innerhalb der Nato-Ukraine-Kommission. Aussenminister Peter Szijjarto beschuldigte Kiew pauschal des «extremen Nationalismus» und einer Hasskampagnegegen die Minderheiten. Im Oktober kam es zur Ausweisung von Diplomaten im Rahmen eines Skandals um die illegale Vergabe von ungarischen Pässen in der Westukraine und einer Todesliste für Ungarn, die in rechtsextremen ukrainischen Kreisen zirkuliert.

Dass Budapest an der Eskalationsschraube dreht, obwohl es am längeren Hebel sitzt, ist europapolitisch kaum verständlich. Im Inneren zahlt es sich aber aus. Die Regierung profiliert sich als Beschützerin der Ungarn im Ausland – eine Politik, die sie seit 2010 mit der Vergabe von bisher einer Million Pässen forciert. Die Diaspora stimmte bei den Wahlen im Frühling zu 95 Prozent für die Regierungspartei Fidesz. Zudem lässt sich dieser Schutz gut mit dem Konzept der nationalen Souveränität verbinden, dem Orban von der Sicherheits- bis zur Wirtschaftspolitik alles unterordnet; dazu gehört auch eine Distanzierung von Brüssel, als dessen Gegner sich Ungarn in dem seit 2015 anhaltenden Streit um die Migrationspolitik sieht.

In der Aussenwirkung ist Ungarns Blockadepolitik in der geostrategisch zentralen Frage von Kiews Westanbindung aber verheerend, zumal Szijjarto mit seiner Rhetorik die Sprache der russischen Propagandisten übernimmt. Diese verunglimpfen die prowestliche Regierung der Ukraine seit der Maidan-Revolution von 2014 pauschal als «Faschisten» – ein unhaltbarer Vorwurf. Zwar wehren sich die Ungarn zu Recht gegen die Anschuldigung, sie seien ein trojanisches Pferd Moskaus in der EU. Doch die Kontroverse um die Ukraine ist ein Ausdruck des Balanceakts zwischen Ost und West, der zum Markenzeichen Orbans geworden ist. Die

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Nähe zu Moskau erklärt sich aus handfesten Interessen. Im Mittelpunkt steht das Atomkraftwerk in der ungarischen Kleinstadt Paks, das Russland seit Anfang 2014 mit einem Milliardenkredit finanziert und ausbaut…

In einigen EU-Ländern punktet Orban zwar in der Migrationsfrage, er ist aber selbst in seiner eigenen Parteienfamilie im EU-Parlament stark umstritten. Die USA, deren Präsident durchaus Sympathien für Orbans Nationalismus zeigt, isolieren Budapest auch aus Angst, es an die Russen zu «verlieren», weniger stark als früher. Doch eine Politikänderung hin zu einer Annäherung blieb aus; nicht zuletzt, weil Orban die Amerikaner mit der Vertreibung der Central European University und der Auslieferung eines Waffenhändlers an Moskau statt an Washington jüngst stark verärgerte.

Dennoch scheint der sendungsbewusste Kleinstaat überzeugt davon, dass seine ideologische Strahlkraft die Widersprüche seiner Aussenpolitik verschwinden lässt. Wohl auch aus diesem Grund hat Orban dem korrupten und diskreditierten ehemaligen mazedonischen Regierungschef Gruevski unter Missachtung aller rechtlichen Regeln, deren Befolgung er sonst mit Härte einfordert, Asyl gewährt. Die Erklärung, Gruevski werde von einer durch den Financier George Soros kontrollierten Regierung verfolgt, löst nur Kopfschütteln aus. Damit sabotiert Ungarn die europäische Erweiterungspolitik auf dem Balkan. Die Antikorruptions-Staatsanwaltschaft, die Gruevski anklagte, war auf Druck der EU eingesetzt und durch europäische Spezialisten geschult worden.

Doch Orbans Regionalpolitik folgt ihrer eigenen Logik. Gruevskis Partei VMRO ist eng mit Orbans Fidesz verbunden. Dazu haben regierungsnahe ungarische Unternehmer erst im Mai dieses Jahres viel Geld in mazedonische Medien gesteckt, die den Kurs der VMRO unterstützen. Dies ist Teil von Budapests Expansionsstrategie in der Region: Orban hat sich Sprachrohre gekauft – sowohl in Staaten mit einer ungarischen Minderheit als auch in Ländern des Balkans. Dazu gehören neben Mazedonien auch Slowenien, Rumänien und die Ukraine. Der ungarische Staat wird auf diese Weise zwar nur indirekt, über Medienmogule, tätig. Das dafür notwendige Kapital stammt aber grossteils vom Staat…

Ungarn nimmt im Namen seiner Machtpolitik einen erheblichen Schaden in Kauf. Budapest schwächt die Gestaltungskraft der Europäischen Union in ihrer östlichen Nachbarschaft – eine Gestaltungskraft, die ohnehin stark gelitten hat. Das ist nicht Ungarns Schuld, sondern die des mangelnden politischen Willens in den grösseren europäischen Staaten. Doch statt die Gemeinsamkeiten auf einem wieder labiler gewordenen Kontinent zu stärken, befeuert Orban Streitereien…

Der letzte Schritt zu Orbans Medienimperium, in: NZZ, Meret Baumann, 7.12.2018 (extraits)

En Hongrie, un énorme conglomérat de médias est acquis et mis sous le contrôle indirect du Premier ministre. Avec un décret, le régime Orbán bloque même son inspection par les autorités de contrôle. Certains organes progouvernementaux dressent des listes noires des personnes qui ont osé critiquer le régime et qui doivent être sanctionnées. Le régime prépare ainsi les élections prochaines en interdisant toute opposition significative.

In Ungarn entsteht ein riesiges regierungstreues Medienkonglomerat, das unter mittelbarer Kontrolle des Ministerpräsidenten steht. Mit einem Dekret blockiert Orban sogar die Prüfung

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durch die Kontrollbehörden. Hätte es noch irgendeines Beweises bedurft, dass Viktor Orban ganz direkt in die Schaffung eines riesigen Medienimperiums in Ungarn involviert ist, so lieferte ihn der konservative Regierungschef gleich selbst. Per Dekret erklärte er den Zusammenschluss von rund 480 regierungstreuen Zeitungen, Magazinen, Radio- und Fernsehsendern sowie Online-Medien unter dem Dach einer Stiftung zu einer Angelegenheit von «nationaler strategischer Bedeutung» im öffentlichen Interesse des Landes. Dadurch wird die Prüfung des Vorhabens durch die Medienaufsicht sowie die Wettbewerbsbehörde blockiert. Diese Kontrollorgane werden zwar von regierungsnahen Personen geführt, weshalb ein Veto erstaunt hätte. Doch sie wären zumindest vor einer argumentativen Herausforderung gestanden, untersagte die Kartellbehörde in der Vergangenheit doch weit kleinere Fusionen.

Damit ist der Weg frei für die «Mitteleuropäische Presse- und Medien-Stiftung», die bereits im August /2018/ gegründet worden war. Vergangene Woche hatten quasi über Nacht die wichtigsten Besitzer konservativer Medien, alles enge Vertraute des Ministerpräsidenten, ihre Eigentumsanteile der neuen Holding als Schenkung übertragen… Es entsteht also ein Imperium von geballter Schlagkraft, das alle Bevölkerungsschichten bis in die tiefste Provinz erreichen soll. Eine neue inhaltliche Ausrichtung der diversen Titel ist allerdings nicht zu erwarten. Schon bisher berichteten sie überaus regierungstreu. Insbesondere «Magyar Idök» ist ein sich seriös gebendes Verlautbarungsorgan der Regierungspartei Fidesz.

Wie auch «Figyelö» publizierte es in den vergangenen Monaten diverse «schwarze Listen» zur Diffamierung von Kritikern und Gegnern der Regierung. Die Publikationen lieferten so verlässliche Hinweise darauf, wer als Nächstes in deren Visier gerät oder in Ungnade gefallen ist und bald den Posten verliert… Zudem sichert sich der Regierungschef mit der Zusammenlegung gegenüber allfälligen Streitigkeiten mit oder unter diesen Oligarchen ab… Orban baute ein neues, auf viele Köpfe verteiltes Medienimperium auf, was allerdings durch die gegenseitige Konkurrenz ebenfalls mit Konfliktpotenzial verbunden war. Unter einem Dach und mit quasistaatlichem Auftrag – die Stiftung soll unter anderem nationale Werte und Traditionen bewahren – soll dieses Risiko gebannt werden…

Als wichtiges unabhängiges Medium ist vor allem der Sender RTL verblieben, der allerdings weitgehend unpolitisch ist. Darüber hinaus gibt es regierungskritische Radiosender, das Wochenmagazin «HVG», die linke Zeitung «Nepszava» und diverse investigative Onlineportale. Sie alle erreichen die Massen aber nicht. Diese Entwicklung erfolgte schrittweise, aber sehr gezielt. Nach der überraschenden und für ihn traumatischen Abwahl im Jahr 2002 sprach Orban offen aus, dass ihm Gleiches nicht mehr widerfahren werde, sollte er neuerlich an die Macht kommen. Die Schaffung eines Fidesz-Medienimperiums sei deshalb nötig. Die neue Stiftung belegt, wie weit Orban auf diesem Weg gekommen ist.

Pas de réunion à plus d’une personne en Hongrie !

La liberté et le droit de réunion est une liberté publique et politique généralement considérée comme fondamentale et en vertu de laquelle un groupe de personnes a la possibilité de se réunir temporairement en un même lieu, de façon pacifique et sans armes, dans toute finalité licite et conforme à la loi. En Hongrie, c’est la police qui est chargée d’en vérifier le caractère et ce, dès que le nombre de « personnes réunies » atteint les deux. Le droit de manifester est ainsi limité assez radicalement…

Seit dem 1. Oktober /2018/ist das so, seit der Einführung des neuen Versammlungsgesetzes. Zwei Personen, die auf öffentlichem Grund so

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reden, wie wir reden würden, lassen sich als Demonstration verstehen, wobei in unserem Fall die Frage wäre, ob diese spontan oder organisiert ist…

Ein schöner, warmer Tag, es scheint wirklich, dass es nie regnet in Ungarn, um einen alten Songtitel ungefähr zu zitieren, das rötlich-gelbe, jetzt ebenfalls auf dem hellen Sand stehende dichte Schilf zieht Hunde und Spaziergänger an wie ein ausnahmsweise aus der Nähe zu sehender Zauberort. Aus dem keiner hervorbrechen wird, um uns Handschellen anzulegen, wenn meine Freundin und ich dort stehend uns negativ äussern über, sagen wir, die hierzulande schon aus älterer Zeit wohlbekannte Tendenz, liberales Gedankengut abzuwürgen, als wäre es eine Bedrohung. (NZZ, 26.11.2018).

„Travail, Famille, Patrie”, la devise de Viktor Orbán, in: Journal Francophone de Budapest, Pierre Waline, 12 décembre 2018 (extraits)

Le régime français de Vichy au début des années 1940 n’est pas très loin !

„Travailler plus pour gagner plus!” Tel est le slogan qui, en Hongrie, revient sans cesse à la bouche de Viktor Orbán et de ses partisans. De là l´adoption d´une loi modifiant le Code du Travail : passage de 250 à 400 le nombre des heures supplémentaires autorisées sur une période de trois ans. Voilà qui est bien beau. Sauf que... Contrairement à ce que l´on veut nous faire accroire, ces heures supplémentaires pourront être de facto imposées par l´employeur à ses salariés. Par ailleurs, le règlement desdites heures supplémentaires ne sera effectué qu´à l´issue de ladite période triennale, et non en temps réel. Or, à moins que d´être un fana invétéré du travail, la raison pour laquelle un employé acceptera d´effectuer des heures supplémentaires est de satisfaire un besoin immédiat d´argent. Allez donc expliquer à vos créanciers que, certes, vous ne manquerez pas de les payer, mais… dans trois ans seulement…

La raison de cette mesure ? Le sur-emploi qui règne en Hongrie. Notamment pour la main d´œuvre qualifiée qui, sous-payée et souvent confrontée à de mauvaises conditions de travail, part définitivement en masse pour l´étranger. Jusqu´à présent 600 000 jeunes, soit 15% de la population active. Et le mouvement ne fait que s´amplifier… Le plus piquant dans l´histoire est que ces messieurs les députés, au demeurant grassement payés, n´ont pratiquement jamais connu le monde du travail, directement entrés dans la politique à peine sorti de l’université, au moment du changement de régime (1)…

...”Faites des enfants !”. Car la Hongrie figure dans le peloton de queue en Europe (et dans le monde) en matière de natalité. D´où tout un train de mesures adopté en faveur des familles. Voilà qui est louable. Sauf que… Ces mesures, allocations, dégrèvements fiscaux, favorisent davantage les milieux aisés face à une masse sous-payée, pour laquelle, avec à peine 1000 euros par ménage, elles ne suffiront pas à donner le coup de fouet nécessaire. De plus, des mesures discriminatoires, car lésant par des décisions inverses les ménages sans enfants. Et ici encore, nous tournons en rond. Car, qui est le plus à même de nous gratifier de charmants bambins ? Précisément ces 600 000 jeunes partis pour l´étranger où ils ne manqueront pas de se reproduire, mais pour engendrer à terme des petits Anglais, Allemands ou Suédois...

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Reste la sacrosainte patrie qui, comme le clament nos gouvernants, passe avant toute chose… Car, muté en nationalisme, cet élan patriotique a vite fait de se transformer en mouvement de défense contre des agresseurs supposés venus de l´étranger. Les migrants, bien sûr (dont ne on trouve pratiquement pas un seul spécimen en Hongrie) et l´abominable Soros. Mais aussi tout l´Occident en bloc (et plus seulement Bruxelles). Et la presse internationale malintentionnée, mesquine et truffée de mensonges. Dernier ennemi en date, au-delà des ONG étrangères, l´université américaine Central European University (CEU) implantée dans les années quatre-vingt-dix par Soros pour former au départ des jeunes cadres à peine sortis du socialisme. Un établissement qui vient de se voir chasser du pays pour aller se réfugier à Vienne. Mais aussi, reconnaissons-le, avec des alliés de marque, tels Poutine et Erdoğan dont chacun reconnaîtra les hautes vertus... Et la Chine, sans compter les prétendus cousins de l´Asie centrale.    

D´aucuns nous reprocheront un rapprochement tendancieux, voire vicieux et trop facile, avec un slogan qui évoque de mauvais souvenirs aux Français. Peut-être… Que l´on nous permette néanmoins de citer, entre mille autres, deux mesures prises en haut lieu. Le changement de l´appellation du pays de „République hongroise” en „Etat hongrois”. Cela ne vous rappelle rien ? Et encore ces initiatives visant à réhabiliter le régime Horthy. Dernière en date : le démontage de la statue d´Imre Nagy érigée face au Parlement pour la reléguer à l´écart dans un square isolé. Explication officielle : rendre à la place du Parlement son aspect d´avant-guerre.Chacun jugera en son âme et conscience … (1): dans le même ordre d´idées, la Hongrie a refusé de s´associer à la mise en place d´une Autorité européenne du Travail. Or, il s´agit non pas d´un organisme coercitif, mais bien au contraire d´une initiative destinée à protéger les ressortissants européens travaillant à l´étranger et à défendre leurs intérêts, notamment en les informant sur leurs droits.

B. L’Ukraine, le Bélarus et la République moldave

Russland erwischt die Nato im Schwarzen Meer auf dem falschen Fuss, in: NZZ, Andreas Rüesch, 28.11.2018 (extraits).

Dans l’article ci-dessous, l’A. montre le risque que court l’Ukraine en provoquant les forces russes et en croyant naïvement qu’il existe des promesses de Washington pour la défendre. Comme toujours avec ses alliés, Washington fait des gesticulations militaires et diplomatiques adroites mais les priorités sont les siennes et rien que les siennes. Certes, vendre à Ukraine les armes plus ou moins sophistiquées s’avère facile mais leurs possibilités d’utilisation en sont modestes et la charge de dettes reste pour le pays.

Das westliche Verteidigungsbündnis und speziell die USA haben ihre Militärhilfe an die Ukraine in den letzten Jahren zwar verstärkt. Aber die jüngste Krim-Krise zeigt, dass Russland am längeren Hebel sitzt. Die Ukraine ist kein Mitglied der Nato. Daher hat sie im Konflikt mit Russland um die Durchfahrt durch die Meerenge von Kertsch östlich der besetzten Halbinsel Krim auch keinen Anspruch auf Bündnishilfe. Die Ukraine hegt zwar seit längerem Beitrittswünsche und hat dieses Ziel nach der russischen Aggression von 2014 deutlich bekräftigt. Doch die Allianz hat es mit der Aufnahme dieses konfliktbeladenen Landes nicht eilig.

Dies bedeutet nicht, dass die Nato die Regierung in Kiew völlig auf Distanz hält. Die beiden Seiten haben ihre Beziehungen seit dem Umsturz von 2014 und dem Machtantritt des

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prowestlichen Präsidenten Petro Poroschenko vielmehr stetig ausgebaut. Die Zahl der gemeinsamen Militärübungen hat zugenommen, und vor allem die USA als Führungsmacht innerhalb der Allianz gewähren Kiew Rückhalt. So hat die Administration Trump im Frühling das unter Präsident Obama verhängte Verbot von Waffenlieferungen an die Ukraine aufgehoben und Kiew mit Anti-Panzer-Raketen beliefert. Auch die Präsenz von Aufklärungsflugzeugen der amerikanischen Navy und Air Force am Dienstag und Mittwoch über den Gewässern südlich der Krim deutet darauf hin, dass Washington die Bewegungen im Konfliktgebiet sehr genau verfolgt. Dies ändert nichts daran, dass die Ukraine angesichts der jüngsten Machtdemonstration Russlands weitgehend auf sich allein gestellt ist und militärisch eindeutig der Schwächere der beiden ist.

Grafik: jok

Ihre Kriegsmarine ist noch immer geschwächt durch den Verlust der Krim, wo sich auch ihre wichtigsten Basen befanden. 70 Prozent des ukrainischen Schiffsbestands gingen damals verloren, wie die Zeitung «Kyiv Post» unter Berufung auf das Verteidigungsministerium meldete. Die angestrebte Verstärkung im Asowschen Meer um zwei neue, kleine Kanonenboote wurde von Russland mit der Aktion vom Sonntag gewaltsam verhindert. Während die Ukraine in jenem Gewässer vor allem mit einigen älteren Patrouillenbooten auskommen muss, sieht sie sich dort nach eigenen Angaben 120 russischen Kriegsschiffen gegenüber. Angesichts dieses Missverhältnisses ist es kein Wunder, dass Moskau begonnen hat, das Asowsche Meer faktisch als Binnenmeer zu behandeln und die Handelsrouten zu den ukrainischen Häfen abzuschnüren.

Das Asowsche Meer ist dabei nur ein Nebenschauplatz; der eigentliche Fokus der Moskauer Machtambitionen ist das Schwarze Meer, in dem sich Russland als Hegemonialmacht sieht. Hier überkreuzen sich ihre Interessen mit jenen der Nato. Obwohl unter den Anrainern des Schwarzen Meeres drei Mitglieder des Nordatlantikpakts – die Türkei, Bulgarien und Rumänien – eine weitaus längere Küste kontrollieren als Russland, hat Moskau es mit der Annexion der Krim geschafft, eine klare Dominanz zu erlangen. Die Nato beobachtet seit längerem mit Besorgnis, wie Russland seine militärische Präsenz auf der und um die Krim verstärkt. Auf die Halbinsel verlegt wurden nach der Annexion nicht nur neue Kriegsschiffe, sondern auch Flugabwehrsysteme des modernen Typs S-400.

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Solches Kriegsgerät scheint darauf ausgerichtet, den Nato-Staaten im Konfliktfall Operationen im Schwarzen Meer markant zu erschweren. Als ein Signal der Abschreckung ist wohl auch Russlands Bekanntgabe vom Dienstag gedacht, wonach küstenbasierte Anti-Schiffs-Raketensysteme des Typs «Bal» nach Kertsch   verlegt werden. Zur Verteidigung gegen die zwerghafte Marine der Ukraine ist eine solche Aufrüstung zweifellos nicht notwendig.

Nur zweite Priorität für die NatoBisher hat die Nato den Schwachstellen an ihrer Südostflanke nur untergeordnete Aufmerksamkeit gewährt. Nach der Krim-Annexion von 2014 galt das Hauptaugenmerk der Stärkung der Nordostflanke. Zur Bekräftigung des Abwehrwillens gegenüber einer möglichen russischen Aggression wurden auf rotierender Basis multinationale Kampftruppen in der Stärke von je etwa 1000 Mann in die drei baltischen Staaten und nach Polen verlegt. Eine Stärkung der südlichen Mitglieder und Schwarzmeeranrainer Rumänien und Bulgarien wurde weniger dringlich behandelt.

Für Kritiker ist dies paradox, da Russland den Schwarzmeerraum in den Kriegen gegen Georgien und die Ukraine zum klaren Schwerpunkt seiner Grossmachtpolitik gemacht hat. Immerhin hat die Nato im Oktober 2017 in der rumänischen Basis Craiova eine multinationale Brigade geschaffen. Diese untersteht allerdings im Unterschied zu den Battle-Groups im Baltikum nicht einer westlichen Führungsnation, sondern setzt sich vor allem aus rumänischen Truppen sowie kleineren Hilfskontingenten anderer Länder zusammen. Weil Präsident Trump den Nato-Gipfel vom Juli weitgehend sabotierte, gelangen an diesem Treffen auch keine weiteren Fortschritte in der Südoststrategie der Nato.

Enger werdende Kooperation mit KiewBemerkenswert ist allerdings die starke Zunahme der Übungstätigkeit der Nato im Schwarzen Meer. So soll 2018 die Zahl der Tage, an denen Marineverbände der Allianz Präsenz in diesem Meer zeigten, im Vergleich zum Vorjahr von 80 auf 120 steigen. Eine ständige Anwesenheit beispielsweise von amerikanischen Kriegsschiffen ist aus rechtlichen Gründen nicht möglich, da der Vertrag von Montreux aus dem Jahr 1936 über die freie Durchfahrt durch Bosporus und Dardanellen verlangt, dass Kriegsschiffe von Nichtanrainerstaaten sich höchstens 21 Tage im Schwarzen Meer aufhalten. Das zwingt die USA, Präsenz über rotierende Verlegungen zu markieren – was sie auch tun, unter anderem mit modernen Lenkraketenzerstörern.

Dabei kommt der Zusammenarbeit mit dem Partnerland Ukraine immer grössere Bedeutung zu. Im Juli fuhr beispielsweise das Flaggschiff der amerikanischen 6. Flotte, die «Mount Whitney», ins Schwarze Meer ein, um zusammen mit der ukrainischen Marine am jährlichen Manöver «Sea Breeze» teilzunehmen. Auch in der Luft wird die Kooperation enger: Im Oktober fand «Clear Sky 2018» statt, die erste grosse multinationale Luftwaffenübung in der Ukraine, an der 1000 Militärangehörige aus 9 Ländern teilnahmen. Erst vor wenigen Wochen trafen sich zudem die Luftwaffenchefs der Ukraine und der USA im Pentagon, um über die Zusammenarbeit zu beraten.

Die amerikanische Präsenz über dem Schwarzen Meer bleibt allerdings nicht ohne russische Gegenreaktion. Ein russischer Kampfjet nähertesich Anfang November einem amerikanischen Aufklärungsflugzeug in internationalem Luftraum bedrohlich nahe an und brachte dieses kurzzeitig in Turbulenzen. Bei einem ähnlichen Vorfall zu Beginn des Jahres soll ein russischer Abfangjäger lediglich im Abstand von anderthalb Metern an einer amerikanischen

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Maschine vorbei gebraust sein. Solche provokativen Manöver erhöhen die Gefahr einer unbeabsichtigten Kollision mit unabsehbaren politischen Folgen.

* * *L'Ukraine a reçu le 20.12.2018 une première livraison d'hélicoptères polyvalents dans le cadre d'un contrat conclu avec la France. Deux Super Puma H225 Airbus ont été livrés à la Garde nationale ukrainienne et au Service d'État chargé des urgences. Conformément à l'accord intergouvernemental conclu en mai 2018, d'ici la fin 2021, l'Ukraine acquerra auprès de la France 55 hélicoptères, pour un montant total de 628 millions de dollars.Le contrat comprend 21 Super Puma H225 Airbus, dix H145 et 24 H125. Les hélicoptères seront utilisés dans le cadre des opérations ukrainiennes de secours et de lutte antiterroriste, ainsi que pour la sécurité aux frontières, le contrôle de la circulation routière et les missions d'évacuation, selon la même source.

KYIV BLOG: Did Ukraine provoke the clash in the Sea of Azov?, in: Other News, By Ben Aris – bne IntelliNews, 30.11.2018 (extraits)

I’m going to get into trouble asking this question. The problem is that the whole situation in the conflict between Russia and Ukraine has become so emotional and polarised that even suggesting Russia is not entirely to blame for the flaring military tensions in the Sea of Azov over the weekend brings down condemnation from Ukraine’s supporters – which include most of the western world. But there is a question that has to be asked: if Russia is to blame then why would Russian President Vladimir Putin give such an obvious political gift to Ukraine’s President Petro Poroshenko when he is so obviously in such deep political trouble?With presidential elections now only four months away, Poroshenko is trailing badly in the polls at least 10 percentage points behind his nemesis opposition leader, former prime minister and head of Batkivshchyna (Fatherland) party Yulia Tymoshenko, and unlikely to make it to the second round after the poll on March 31, 2019, let alone win. Ukraine watchers admit that he has failed to deal with corruption, failed to solve any of the journalist murder cases, failed to jail anyone responsible for the deaths during the Euromaidan protests and in general failed to deliver on the promise of the Revolution of Dignity. Ukraine is now the poorest country in Europe and recent polls say 85% of the population believe the country is going in the wrong direction.

A sharp military showdown with Russia, a strongman image of decisive action in the face of an external enemy, the imposition of martial law (and the potential ability to cancel the elections at will) and the opportunity to wear his military uniform in public often is exactly what Poroshenko needs to rescue his campaign. Indeed, these were exactly the tactics Putin used to bolster his flagging support in 2014 when Russia annexed the Crimea, and later led to a sweeping victory with a record margin in the Russian presidential elections in March. If Ukraine didn’t provoke this clash then Poroshenko has just had an extraordinary piece of political luck – and for this reason alone the question must be asked…

The Sea of Azov is not international waters (it’s too small to have a patch of shared water in the middle beyond the territorial waters that stretch 20km from a country’s beaches) and there is an international border between Russia and Ukraine that runs down the middle. As the two countries have to co-exist in the sea, Ukraine has guaranteed right of passage through the sea to its ports in its territorial water in the northwest corner of the sea under an agreement signed

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with Russia in 2003. The 2003 agreement is the key here. The Kerch straits are actually difficult to navigate, full of shallows and rocks. The protocols of the agreement require ships to check in with the Russian port authorities at Kerch and take on a pilot to help them navigate the straits. As a result there are regularly traffic jams of ships queuing up in the waters on either side of the straits waiting to be allowed to pass.

This is the second time Ukraine has sent military ships through the straits this year, according to reports. Some frigates passed the straits in September with no problems. What went wrong this time, the Russian side claim, is that unlike in September the three ships at the weekend – two patrol boats and a tug – didn’t hail Kerch port for permission and didn’t respond to hails from the Russian coastguard when they approached Russian territorial water (on the Russian mainland side of the straits, rather than the disputed territorial waters on the Crimean side of the straits). The Ukrainian ships continued to sail on a course that would have taken them through the straits without permission from the Kerch coast guard.

The Russians claim that the Ukrainian ships entered Russia’s undisputed territorial waters on the eastern side of the straits and that is where the ramming incident took place. This point is now confused as there are multiple conflicting reports, some claiming the incident happened in international waters and others that it happened in Russia’s waters, but the navigation records can clear this up; because the passage is dangerous, ship locations are carefully tracked…

As the former a prime minister, Tymoshenko had a fraught relationship with the International Monetary Fund (IMF). She was caught red handed cooking Ukraine’s national accounts to pretend the budget deficit was IMF compliant when in fact she was spending freely to bolster her popular support, as bne IntelliNews reported at the time. She famously granted the return of Soviet-era deposits with Oschadbank, the former Soviet-era savings bank, that were lost during the hyperinflation of the start of the 90s while prime minister, which cost the state billions of dollars, amongst other moves… All this combines to suggest that Tymoshenko might be willing to cut some sort of deal with the Kremlin in exchange for some sort of cash – improved export access to Russia for example. Certainly the Kremlin would prefer to see anyone in charge of Ukraine other than Poroshenko, so why would Russia gift him a tailor-made military crisis?

Voir également en Annexe n° 6: Manipulation de l’information, relai de fausse nouvelles : une erreur est si vite arrivée….

Des difficultés en Ukraine

C’est déjà plusieurs fois que j’ai mentionné la poursuite des difficultés socio-économiques en Ukraine depuis le coup de force parlementaire opéré sous l’égide de Washington en 2014. Par ailleurs, „l’aide du FMI” est liée à un programme d’austérité à charge de la majorité de la population à faible revenus. De plus, elle n’est en réalité pas une aide mais, surtout, un moyen de rembourssement des dettes antérieures et un prêt à rembourser plus tard.

Dix grandes villes sont concernées par le manque de chauffage, dont Kherson, Krivoï Rog, Severodonetsk et Smela. Résultat : les vacances scolaires ont dû être prolongées dans certaines régions, les écoles n’étant pas chauffées, il est impossible d’accueillir les élèves dans ces conditions. La situation est telle qu’à Smela, les autorités seraient prêtes à déclarer l’état

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d’urgence, alors que 68 000 habitants sont laissés sans chauffage et que les températures descendent en dessous de zéro la nuit. À Kherson, 13 écoles sont toujours sans chauffage et les élèves doivent rester chez eux encore cette semaine.

La raison de cette énième catastrophe à l’ukrainienne : les dettes des opérateurs de chauffage locaux envers Naftogaz, la société nationale qui distribue le précieux combustible sans lequel les stations de chauffage ne peuvent tourner. La situation est tellement désastreuse que les gens ont manifesté leur mécontentement devant le bâtiment de l’opérateur local, allant jusqu’à brûler des pneus. Une manifestation qui a fait suffisamment peur aux autorités pour débloquer temporairement la situation. Naftogaz a enfin fourni du gaz à Krivorojstal, permettant à l’opérateur de lancer ses stations de chauffage. Mais cela n’est qu’une solution temporaire. Si aucune solution de fond n’est apportée, le problème se posera à nouveau dans un mois ou deux.

Ces problèmes de dette ne sont pas nouveaux, ne font que s’accumuler et ne vont pas aller en s’arrangeant. Pourquoi ? Parce que les deux tiers des Ukrainiens n’arrivent plus à payer leurs factures à cause des hausses continues des tarifs du gaz, de l’électricité et de l’eau imposées par le FMI et la politique désastreuse des autorités de Kiev. Et la dernière hausse des tarifs du gaz de 23,5 % ne va faire qu’aggraver la situation. Or les factures qu’ils ne payent pas sont celles de l’opérateur local. Et quand ce dernier n’est pas payé, il ne peut pas payer Naftogaz pour le combustible consommé, qui finit par couper le robinet de gaz lorsque la dette atteint un niveau inacceptable.

Si Kiev n’augmente pas les tarifs du gaz, le FMI coupe le robinet d’argent dont l’Ukraine a besoin pour survivre. Car il faut rappeler que dans les cinq années à venir, l’Ukraine doit payer près de 33 milliards de dollars de dette, et que le pays est très loin de générer assez d’argent pour payer tout cela (sans parler des 3 milliards de dollars par an que l’Ukraine va perdre dès 2020 en même temps que le contrat de transit de gaz avec Gazprom). Sans l’aide du FMI, le pays est en état de faillite. Mais malgré ces déboires financiers et l’échec de la saisie des avoirs de Gazprom dans le bras de fer judiciaire qui oppose Naftogaz à son homologue russe, les dirigeants de la société de gaz ukrainienne ne semblent pas souffrir tant que cela de la situation.

Ainsi, d’après les médias ukrainiens, le directeur du développement commercial de Naftogaz, Iouri Vitrenko aurait sorti du pays 4,5 millions d’euros, et le directeur général de la société, Andreï Kobolev, 6,3 millions d’euros qui sont venus s’ajouter aux 7,5 millions de dollars qu’il a envoyés à sa mère aux États-Unis en septembre. Ces fonds feraient partie des bonus accordés aux dirigeants de Naftogaz suite au jugement de la cour d’arbitrage de Stockholm en défaveur de Gazprom. Mais après que la cour d’appel de Svea ait suspendu la décision, aucun des dirigeants de Naftogaz n’a rendu le bonus indûment touché.

* * *L'Ukraine doit payer 15,06 milliards de dollars américains de dette en 2019, a rapporté en décembre 2018 l'agence de presse nationale Ukrinform, citant la ministre ukrainienne des Finances Oksana Markarova. S'exprimant lors d'un point de presse, Mme Markarova a précisé que cette somme comprenait les règlements de la dette envers les créanciers nationaux comme étrangers. Elle a souligné que le fardeau de la dette représentait un défi pour la mise en œuvre du budget de l'Ukraine de l'année prochaine, qui a été adopté plus tôt aujourd'hui.

Les prévisions de déficit budgétaire et de croissance s'élèvent à 2,3 % et 3 % du produit intérieur brut (PIB) respectivement, tandis que l'inflation est anticipée à 7,4 % en 2019. En

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août dernier /2018/, le Premier ministre ukrainien Volodymyr Groïsman a annoncé que les règlements de dette de l'Ukraine s'élèveraient à un total de 33 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années.

L’Ukraine va devenir une dictature terroriste ou se désintégrer, in: AgoraVox, par Christelle Néant, 30 novembre 2018 (extraits)

Depuis le coup d’État qui a eu lieu à Kiev en février 2014, j’ai soutenu et j’affirme que, quelle que soit la personne qui dirigera l’État et quelle que soit la force politique chargée de gouverner le pays, le régime de Kiev suivra la voie de la radicalisation jusqu’à se transformer en une dictature ouvertement terroriste… La seule alternative à la dégénérescence du régime en dictature terroriste est la désintégration du pays – qui n’a pu faire face à ses problèmes – avant que le régime ne parvienne à passer par toutes les étapes de la dégénérescence. Ce n’est d’ailleurs pas la meilleure option, car il n’y aura pas d’annihilation naturelle des structures nazies oligarchiques. Elles resteront dans la société post-ukrainienne et auront un effet toxique sur tous les systèmes politiques qui grandiront sur les ruines de l’Ukraine.

En introduisant la loi martiale dans dix régions d’Ukraine et dans les eaux territoriales de la mer d’Azov, Petro Porochenko a fait l’avant-dernier pas vers la réalisation de l’option militaire de son maintien au pouvoir. Le régime a clairement démontré son incapacité à garder le contrôle du pays dans le cadre de procédures même quasi-démocratiques. La terreur dissimulée du SBU et des escadrons de la mort nazis ne suffit plus. Il est nécessaire de refuser officiellement le respect des « droits et libertés démocratiques » non seulement en ce qui concerne les « séparatistes » et les « vatniks » (les Russes NDLR), mais aussi les « patriotes » patentés du Maïdan…

Porochenko a beaucoup plus de possibilités. Le compromis obtenu à la Rada était en sa faveur, quel que soit le point de vue de l’opposition. Le plus important, c’est que la loi martiale a été introduite, fût-ce partiellement. Il peut maintenant utiliser dans ses décrets l’expression « sur base de la loi martiale », et il peut alors exiger ce qu’il veut… Un autre joli bonus pour Porochenko : la loi martiale ou l’état d’urgence est toujours plus facile à instaurer qu’à annuler. Les autorités s’habituent à travailler sans contrôle, la bureaucratie et les politiciens commencent à comprendre le charme de la dictature, car ils font partie de cette dictature. Le travail de l’opposition est difficile, et donc, jour après jour, elle perd du terrain. Il sera donc plus facile de prolonger la loi martiale de Porochenko que de l’introduire…

Néanmoins, peu importe à quel point Porochenko a peur, peu importe comment il tire le chat par la queue (en gros, ce qu’il fait maintenant, il aurait dû le faire en juillet-septembre 2014), la logique des processus historiques nous amène au prochain, et dernier, pas. Si Porochenko ne le fait pas, quelqu’un d’autre le fera à la place de Porochenko et contre Porochenko. Si l’opposition parvient à prendre le pouvoir, elle n’abandonnera pas non plus la loi martiale et appliquera exactement les mêmes méthodes et avec le même résultat, que ce pour quoi Porochenko est maintenant critiqué…

Mais le plus grand danger menace l’Église orthodoxe ukrainienne (= UOC-MP du Patriarcat de Moscou NDLR). C’est la seule structure entièrement ukrainienne qui jouit d’un énorme prestige et du soutien de la population dans presque toutes les régions d’Ukraine. Cette structure, malgré toutes les tentatives de rester en dehors de la politique, s’est ouvertement transformée en opposition à Porochenko, refusant de soutenir l’autocéphalie et de s’unir avec les schismatiques. Porochenko, qui ne croit pas que les gens peuvent avoir des convictions

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sincères, lui qui vend sa « foi » à droite et à gauche, considère que la hiérarchie de l’UOC-MP est semblable à lui en tous points. Par conséquent, il considère leur refus de soutenir ses aspirations autocéphalistes, comme les empereurs romains, qui se voyaient comme des dieux, considéraient le refus des chrétiens de sacrifier dans leurs temples…

Pour Porochenko, le contourenement de la résistance de l’UOC-MP à ses plans est importante non seulement parce qu’il considère l’obtention de l’autocéphalie comme un argument sérieux dans la campagne électorale... Il est beaucoup plus important pour Peter Alexeïevitch de contrôler cette structure étendue qui fait autorité et qui peut être utilisée comme un mécanisme de collecte des votes. Porochenko sait très bien que dans les villages, ils votent surtout, « comme le dit le prêtre lors de la messe ». Il a besoin que les prêtres orthodoxes ne soient pas silencieux ou qu’ils ne se dérobent pas à la campagne pour le « président pacificateur », mais qu’ils prêchent chaque jour que Porochenko est le seul choix valable de ceux qui croient en Jésus-Christ…

* * *L’information qui suit semble confirmer les propos de l’A ci-dessus: On annonce au 30.11.2018 que les services de sécurité ukrainiens (SBU) ont mené une perquisition dans la résidence du métropolite Pavel, supérieur du monastère orthodoxe des Grottes de Kiev rattaché au patriarcat de Moscou. Le métropolite Pavel est visé par une enquête pour "violation de l'égalité des citoyens en fonction de leur race ou de leurs convictions religieuses", ainsi que pour "incitation à la haine religieuse", a précisé un responsable du SBU, Ihor Houskov. Les autorités ukrainiennes ont décidé de mettre en place une Eglise orthodoxe ukrainienne indépendante, sous l'autorité du patriarcat de Constantinople.

Depuis plus de 300 ans, l'Eglise orthodoxe ukrainienne dépendait du patriarcat de Moscou, auquel une partie des fidèles ukrainiens veut rester attachés. La laure5 des Grottes de Kiev, que dirige le métropolite Pavel, est l'un des plus célèbres monastères d'Ukraine. Dans un communiqué, Pavel s'est interrogé sur la légitimité de l'action des autorités. "Il y a une pression sur moi en particulier, il y a des menaces et toutes sortes d'attaques, pas seulement contre moi mais aussi contre d'autres évêques et prêtres. Pour quelle raison, je l'ignore", précise-t-il.

* * *Depuis lors, d’autres mesures d’intimidation ont eu lieu: Les forces de l'ordre ukrainiennes ont perquisitionné le 3 décembre trois églises orthodoxes rattachées au Patriarcat de Moscou, ainsi que des domiciles de prêtres dans le centre-nord de l'Ukraine, sur fond de conflit politique et religieux entre Kiev et Moscou. La police et des agents des services de sécurité (SBU) ont effectué "des perquisitions" dans "huit locaux" dont "deux logements (...) appartenant à plusieurs diocèses" de cette confession dans la région de Jitomir, a indiqué à l'AFP la porte-parole de la police régionale Alla Vachtchenko. Ces procédures ont été effectuées dans le cadre d'une enquête judiciaire pour "violation de l'égalité des citoyens" en fonction de leur "conviction religieuse", a déclaré la porte-parole sans autre précision. "Personne n'a été arrêté", a-t-elle ajouté.

Cette affaire intervient trois jours après les perquisitions dans le cadre d'une enquête similaire dans la résidence du gérant d'un important monastère orthodoxe de Kiev, le métropolite Pavlo, qui fait partie de la même Eglise. Kiev et Moscou sont engagées dans leur pire bras de fer depuis plusieurs années après l'arraisonnement manu militari par la Russie de trois navires militaires ukrainiens en mer Noire la semaine dernière. Sur le plan religieux, les tensions sont

5 Une laure est un établissement monastique où les moines vivent, durant la semaine, comme des ermites, dispersés dans une région éloignée des zones habitées. 

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également fortes entre ces deux ex-républiques soviétiques autour de la création en Ukraine d'une Eglise orthodoxe indépendante de Moscou. Le Patriarcat de Constantinople a annoncé en octobre qu'il reconnaissait une Eglise indépendante en Ukraine, mettant fin à 332 années de tutelle religieuse russe.

* * *Les sondages sur les intentions de vote lors des prochaines élections présidentielles se suivent et se ressemblent en Ukraine. Jusqu'ici une constante se dégage de manière systématique : Ioulia Tymochenko est largement en tête, et Petro Porochenko est sûr de perdre. Le dernier sondage, publié par l'Institut International de Sociologie de Kiev et relayé par les médias ukrainiens, indique que le président sortant est toujours sûr de perdre l'élection à venir. Il se confirme qu’il pourrait s’agir d’une lutte simple entre oligarques aussi pourris que possible.

La République moldave sous pression!, d’après Courrier des Balkans

La Moldavie, toujours partagée entre l’UE et la Russie, s’apprête à renouveler son Parlement, en février 2019. Le Président Igor Dodon mène une intense campagne pour faire gagner son camp. Sa dernière idée : que la diaspora de Russie rentre massivement voter. En juillet 2018, Bruxelles a suspendu une aide de 100 millions d’euros en rétorsion à l’invalidation de l’élection d’Andrei Năstase à la mairie de Chişinău. Candidat « pro-européen et anti-oligarchique », celui-ci s’était fait élire sur une campagne principalement orientée contre l’oligarque Vlad Plahotniuc et son Parti démocratique (PDM) prétendument « pro-européen ». L’annulation de son élection par la Cour suprême moldave a été considérée par l’UE comme le signe de la main-mise du pouvoir politique sur la justice.

« Le PDM a brûlé tous ses ponts avec l’Ouest. Il n’a plus que quelques affiliations avec les sociaux-démocrates, notamment avec le PSD roumain, et avec quelques cercles politiques aux États-Unis, mais loin de ceux qui ont une grande influence », explique l’analyste Ion Tabarta à Balkan Insight. Pour lui, Moscou a intérêt à soigner ses différends avec le pouvoir moldave, car « la Russie sait très bien qui décide quoi en Moldavie et qui est le facteur décisif - et il n’y a aucune garantie que Igor Dodon et son parti socialiste gagnent les élections de 2019 ». La Russie avait placé la Moldavie sous embargo économique en 2013 lorsque Chişinău avait signé un Accord d’association avec l’UE. Depuis, sans compter les entreprises de Transnistrie, seules quelques entreprises liées au Président Dodon et au Parti socialiste ont été autorisées à exporter en Russie.

Rappelons que, six semaines après l’extradition par les autorités moldaves de « gülenistes » vers la Turquie et une semaine après la première visite officielle de Recep Tayyip Erdoğan en Moldavie en octobre 2018, le président turc a offert à son nouvel « allié » régional deux véhicules blindés « d’intervention face aux émeutes publiques ». Un cadeau que le peuple moldave appréciera.

En ce qui concerne la Moldavie, voir enfin l’article „Eine Geheimdienstaktion im Ausland überschattet einen Staatsbesuch Erdoğan“ sous la rubrique Turquie ci-dessous.

C. La Turquie

Reprise des négociations avec l’UE et chantage turc de Washington?

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L’information n’a pas échappé à TRT, la radio-télévision d’Etat turque, qui, début de novembre 2018 a titré sur son site Internet  : « L’UE soutient la reprise des négociations d’adhésion de la Turquie ». L’UE, c’est exagéré, mais Jean-Claude Juncker, au nom de la Commission européenne, c’est exact. La Commission européenne, présidée par Jean-Claude Juncker, vient en effet de prendre le contre-pied du Conseil des ministres et du Parlement européen, en se prononçant pour la reprise du processus d’adhésion de la Turquie à l’UE, actuellement au point mort, et en se déclarant seule habilitée à en décider. Porte-parole de la Commission européenne, le Grec Margaritis Schinas, qui fut député au Parlement européen sous les couleurs de la Nouvelle Démocratie (démocrate-chrétien), a en effet déclaré mercredi : « La Commission européenne soutient la reprise des négociations d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne. »

« La décision collégiale est que les négociations d’adhésion doivent avoir lieu », a-t-il ajouté, précisant : « Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, est la partie officielle qui représente ce dossier, et il soutient la reprise des négociations. » Ces propos interviennent quelques jours après que Johannes Hahn, le commissaire européen à la politique européenne de voisinage et aux négociations d’élargissement, avait estimé dans une interview au quotidien Die Welt qu’« à long terme, il serait plus honnête que la Turquie et l’UE s’engagent dans une nouvelle direction et mettent fin aux négociations d’adhésion », ajoutant : « La décision appartient bien évidemment aux Etats membres, mais l’adhésion de la Turquie n’est pas raisonnable dans un avenir proche. »

* * *La demande turque à Washington de livrer Gülen semble exhaussée. Der amerikanische Präsident Donald Trump hat laut Angaben der türkischen Regierung die Auslieferung des islamischen Predigers Fethullah Gülen versprochen. Türkische Medien zitierten am Sonntag Aussenminister Mevlüt Cavusoglu mit der Aussage, Trump habe die Zusage während des G-20-Gipfels in Argentinien gemacht. Die Türkei macht Gülen für den Putschversuch vom Sommer 2016 verantwortlich.

Sécurité et défense turques : tension entre Ankara et Washington

L’Institut royal supérieur de défense (IRSD) organise une conférence du soir le mardi 11 décembre 2018 : Développements récents de la politique étrangère turque, par Prof. Dr Dries LESAGE, Université de Gand : En mai 2013, l’Institut royal supérieur de défense organisait un colloque sur la Turquie. La question la plus importante qui occupait alors l’Europe au sujet de ce pays concernait la légitimité de son éventuelle adhésion à l’Union européenne. Le hasard a fait que c’est à la fin du même mois qu’ont éclaté les premières grandes manifestations internes contre la politique du président turc Recep Tayyip Erdoğan. Depuis lors, le pays a connu de profondes réformes sous l’impulsion de ce dernier. L’État laïc s’est en grande partie érodé au profit d’une politique d’islamisation. À l’heure actuelle, il n’existe aucun autre pays au monde où autant de journalistes se retrouvent derrière les barreaux pour avoir exercé leur profession. La perception européenne de la politique menée en Turquie a fortement changé depuis lors et la question de savoir si son adhésion à l’Union européenne est souhaitable est complètement passée au second plan.

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En 2015, l’UE a conclu avec la Turquie un accord contesté dans le cadre de la problématique des réfugiés. En 2016, le pays a été le théâtre d’un coup d’État et de terribles attentats terroristes ayant suscité des réactions virulentes au niveau politique. Modifiée en 2017, la Constitution turque a mis en place un régime présidentiel octroyant bien plus de pouvoir au chef de l’État, notamment au détriment des forces armées. Sur le plan géopolitique, le pays mène une politique très autonome, entraînant des alliances changeantes et un refroidissement général des relations avec l’UE et ses États membres. Certes, la Turquie reste officiellement membre de l’OTAN.

Quelles sont les causes de la politique et de la situation sécuritaire actuelles en Turquie ? Quel est le rôle des forces armées turques et quelle influence la Turquie a-t-elle sur les conflits qui embrasent le Moyen-Orient en ce moment ? Que peut-on dire de ses interactions avec ses partenaires européens et non-européens dans ce contexte ?

* * *Le gouvernement turc a décidé d’entamer la construction d’une base militaire navale en mer Noire, aux alentours de Trabzon, dans le nord-est de la Turquie. Il s’agit de la neuvième base militaire turque dans la région. La Turquie construit actuellement une base navale en mer Noire. La base abritera 400 militaires et 200 spécialistes civils. Cette base sera la neuvième base navale turque située dans la région. La Turquie dispose déjà de bases navales à Mersin et Alexandrette en Méditerranée, à Aksaz et à Foça en mer Égée, à Gölcük en mer de Marmara, à Ereğli en mer Noire, ainsi qu'à Istanbul et à Çanakkale, sur les bords du détroit des Dardanelles. Les EUA se proposaient d'envoyer des navires de guerre en mer Noire en réaction à l'incident survenu dans le détroit de Kertch, reliant la mer Noire à la mer d'Azov.

* * *A mi décembre 2018, le président Recep Tayyip Erdogan a fait savoir que la Turquie deviendrait capable de fabriquer et répondre à tous ses besoins stratégiques dans la défense. M. Erdogan est intervenu au Sommet de l’Industrie de défense turque, organisé au Centre des Congrès et de Culture Millet de Bestepe. « Grâce à nos initiatives en 16 ans, nous avons porté notre pays à un stade beaucoup plus avancé » a-t-il déclaré. Le président turc a aussi accentué l’importance de l’industrie de défense. « Le fait que vous possédiez uniquement des ressources naturelles ou de l’argent obtenu par le commerce, ne garantira jamais votre liberté si vous n’avez pas atteint un certain niveau dans l’industrie de défense » a déclaré M. Erdogan.

Il a également rappelé la construction par la Turquie de véhicules aériens avec et sans équipage, notant que des versions plus développées seraient développées. M. Erdogan a souligné que le char Altay était développé selon les nouvelles technologies. « Je répète une fois encore pour tous nos établissements qu’aucun matériel qui n’est pas très urgent, ne doit être importé » a poursuivi le président de la République. Il a indiqué que la Turquie ne s’arrêterait pas jusqu’à devenir capable de produire et répondre à tous ses besoins stratégiques dans la défense. « Alors que nos missiles comme Kasirga, Bora et Som sont à l’étape de production en série, nos travaux continuent sur de nouveaux modèles. Dans ce contexte, nous lançons une nouvelle démarche sur les missiles longue portée. Ce projet dont les tirs d’essai sont terminés, va porter la Turquie à la ‘ligue supérieure’ » a assuré M. Erdogan.Le chef de l’Etat a aussi indiqué que l’hélicoptère utilitaire développé par des moyens nationaux, s’appellerait « Gokbey ».  

* * *

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En décembre 2018, le département d'Etat américain a approuvé la vente de 80 missiles Patriot et d'autres équipements militaires à la Turquie, a annoncé mardi le Pentagone après en avoir notifié le Congrès, une procédure qui ne signifie toutefois pas qu'un contrat entre Washington et Ankara a effectivement été conclu. Les Etats-Unis avaient dit plus tôt dans l'année vouloir convaincre la Turquie de privilégier le système Patriot, développé par Raytheon, aux missiles russes sol-air S-400. Ankara a signé fin 2017 avec Moscou un contrat estimé à 2,5 milliards de dollars (2,1 milliards d'euros) pour la livraison de missiles S-400 de conception russe. La fourniture de missiles russes à la Turquie inquiète les alliés d'Ankara au sein de l'OTAN, notamment parce que les missiles S-400 ne peuvent pas être intégrés aux structures militaires de l'Alliance atlantique.Des représentants américains ont aussi prévenu Ankara que le contrat conclu avec Moscou pourrait remettre en cause l'achat d'avions de chasse furtifs F-35 auprès de Lockheed Martin et entraîner l'instauration de sanctions américaines.

Eine Geheimdienstaktion im Ausland überschattet einen Staatsbesuch Erdoğan, in: NZZ, Volker Pabst, Istanbul, 18.10.2018 (extraits)

L’article fait le point sur les rapts de citoyens turcs opérés par les services secrets de la Turquie depuis un an ou deux. Ces rapts se font partout dans le monde et au détriment des personnes supposées d’avoir travaillées avec le mouvement de l’imam Gülen. Rappelons que Gülen fut associé d’Erdoğan pour réussir la prise de pouvoir de ce dernier en 2014, puis ils sont devenus des adversaires. Il s’agit d’atteintes graves contre le droit international. Les responsables turcs seraient normalement à jugerà la Cour pénale internationale.

Der türkische Präsident besucht die Republik Moldau. Dort sind vor einem Monat sieben türkische Staatsbürger mit angeblichen Verbindungen zum Gülen-Netzwerk über Nacht in die Türkei ausgeschafft worden… Der türkische Präsident Recep Tayyip Erdogan hatte am Mittwochmorgen noch kurz Zeit, am In der ehemaligen Sowjetrepublik sind Anfang September sieben türkische Staatsbürger in einer Nacht-und-Nebel-Aktion festgenommen und umgehend in die Türkei ausgeschafft worden.

Alle sieben arbeiteten an einer Schule der Orizont-Gruppe, die eine Reihe privater Bildungseinrichtungen in der Moldau betreibt und der die Nähe zum Gülen-Netzwerk nachgesagt wird. Der im amerikanischen Exil lebende Prediger Fethullah Gülen gilt in der Türkei als Drahtzieher des Putschversuchs von 2016. In der Moldau ist der Vorfall noch immer ein heisses Thema. Oppositionelle Gruppen und Bürgerrechtsorganisationen haben vor Erdogans Besuch eine Protesterklärung verfasst und zu Demonstrationen aufgerufen. Entsprechend gross sind die Sicherheitsvorkehrungen in der Hauptstadt Chisinau.

Bei der Ausschaffungsaktion gab es zahlreiche Ungereimtheiten, wie die ungenügende Beweislage oder die fehlenden Rekursmöglichkeiten. Vor allem aber besteht der Verdacht, dass die Türkei die Aktion konzertiert hat. Obwohl laut offiziellen Stellungnahmen die Sicherheitsbehörden der Moldau federführend waren, feierten regierungsnahe türkische Medien nach der Ausschaffung die Leistung des eigenen Geheimdienstes MIT. Tatsächlich fügt sich die Aktion in eine ganze Reihe türkischer Operationen mit dem Ziel, im Ausland lebender Staatsbürger mit vermeintlichem Kontakt zu Gülen habhaft zu werden. Manchmal

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scheitern diese Aktionen, wie etwa in der Mongolei. Besonders in Staaten mit schwachen rechtsstaatlichen Kontrollstrukturen ist die Türkei aber erfolgreich, wie etwa im März in Kosovo, auch wenn es dort ein Nachspiel für die beteiligten Staatsstellen gab.

Dem reibungslosen Gelingen der Aktion in der Moldau dürften auch die jüngst intensivierten Verbindungen zwischen Ankara und Chisinau zuträglich gewesen sein. Die Türkei hat den Wiederaufbau des Präsidentenpalastes finanziert und baut unter anderem ein aufwendiges neues Sportstadion in der moldauischen Hauptstadt. In der Moldau sehen viele die Ausweisung der türkischen Lehrer als Gegenleistung für diese Hilfe aus Ankara.Daneben wird sich Erdogan auch politisch revanchieren. Der türkische Präsident besucht auf seiner Visite das autonome Gebiet der Gagausen, einer türkischsprachigen Minderheit orthodoxen Glaubens. Der unter den Gagausen populäre Besuch aus der Türkei dürfte dem Gastgeber, Präsident Igor Dodon, und seiner sozialistischen Partei dort für die Parlamentswahlen im Februar Rückenwind verleihen.

Die moldauische Regierung wird von der traditionell proeuropäischen Demokratischen Partei geführt, während das Staatsoberhaupt, Präsident Dodon, ausgesprochen russlandfreundlich ist. Noch folgenschwerer als dieser Konflikt ist laut vielen Beobachtern aber die vom Establishment auf beiden Seiten betriebene Aushöhlung der ohnehin bereits schwachen Rechtsstaatlichkeit. Dazu zählt etwa ein Gesetzespaket, das in den Augen von Kritikern die Legalisierung von Schwarzgeld erleichtert. Dies alles fördert die Hinwendung zu regionalen Partnern, die sich nicht für solche Tolggen im Reinheft interessieren, wozu neben Russland eben auch die Türkei gehört.

Dass die Bruchlinie zwischen proeuropäischen und russlandfreundlichen Kräften nicht immer greift, um die moldauische Politik zu erklären, zeigte sich etwa im September 2017 beim Besuch von Vladimir Plahotniuc, dem Präsidenten der Demokratischen Partei und vor allem mächtigsten Oligarchen in der Moldau, in Ankara. Erdogan traf Plahotniuc am selben Tag, an dem er den russischen Präsidenten Putin empfing. Nur die wenigsten Beobachter glauben hier an einen Zufall.

Voir d’autres textes ci-dessous dans la rubrique „Dimensions géoéconomiques”.

D. La région de l’Asie du Sud-Ouest (Caucasie méridionale, l’Asie centrale, le Proche-Orient et les pays voisins…)

Les élections en Géorgie

Les Géorgiens élisent le 28 novembre 2018 leur président, un test crucial pour le parti au pouvoir du milliardaire Bidzina Ivanichvili, qui soutient la candidature d’une ex-ambassadrice française, Salomé Zourabichvili, arrivée au coude-à-coude au premier tour avec le candidat de l’opposition Grigol Vachadzé. Il s’agit du dernier scrutin présidentiel direct dans cette ancienne république soviétique du Caucase avant de passer à un régime parlementaire. Sur le fond, les deux favoris de l’élection se rejoignent sur plusieurs points : tous deux militent pour un rapprochement avec l’Union européenne et l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), que la Géorgie demande en vain à rejoindre depuis plus de dix ans.

* * *Un mois exactement après le premier tour de l’élection présidentielle, la candidate indépendante Salomé Zourabichvili est élue présidente de la République de Géorgie. Sa

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candidature à la présidentielle géorgienne a décollé lorsqu’elle a reçu le soutien du richissime ex-Premier ministre Bidzina Ivanichvili, soupçonné par beaucoup de continuer à tirer les ficelles du pouvoir malgré son retrait officiel de la politique en 2013. Elle emporte l’adhésion des électeurs malgré son statut d'«outsider» et ses quelques gaffes pendant la campagne, comme des erreurs commises en parlant géorgien. Si son accent et sa grammaire ne sont pas parfaits en géorgien, il ne s’agit que d’une des nombreuses langues qu’elle parle, avec le français, l’anglais, l’italien, l’allemand et le russe. (AFP)

L’Arménie mènerait une nouvelle politique extérieure

L’enthousiasme de certains dirigeants euro-américains me paraît suspect quand nous entendons leurs déclarations respectives en 2017 et en 2018. A suivre !

Les EUA et l’UE ont fait l’éloge des élections législatives qui se sont tenues en décembre 2018 en Arménie, faisant écho à l’évaluation positive du vote par les observateurs européens. Ils se sont également engagés à aider le Premier ministre Nikol Pachinian, dont l’alliance politique a remporté une majorité confortable au Parlement arménien, à mener à bien les réformes politiques et économiques qu’il a promises. La chancelière allemande Angela Merkel a apparemment été le premier dirigeant européen à féliciter M. Pachinian pour la victoire électorale de son bloc. Dans un message cité par l’agence Armenpress, Merkel a réaffirmé son soutien à son programme de réformes.

Dans leur rapport préliminaire, les plus de 300 observateurs déployés par l’OSCE, l’UE et le Conseil de l’Europe ont noté une « absence généralisée de malversations électorales » lors du scrutin qui a eu lieu sept mois après que des manifestations de masse menées par Pachinian ont renversé l’ancien gouvernement arménien. Dans une lettre adressée à Pachinian en septembre, le président américain Donald Trump affirmait que ces manifestations « inauguraient une nouvelle ère en Arménie ». Le porte-parole du département d’État a également noté le « changement remarquable en Arménie ».

La liste Mon pas de M. Pachinian, 43 ans, a largement distancé ses dix concurrentes, bouleversant ainsi le visage politique de l’Arménie. Le Parti républicain de Serge Sarkissian, au pouvoir depuis plus de dix ans, est défait. Alors qu’il contrôlait jusqu’ici encore le Parlement, ce qui a décidé son adversaire à provoquer des élections anticipées pour pouvoir lancer ses réformes, il obtient moins de 5 % des voix. Ce résultat, après huit mois seulement de transition, ne constitue certes pas une surprise. Est-ce parce que le chiffre de 2,5 millions d’inscrits, sur une population de 3,5 millions, était surévalué par le passé, et que « cette fois, les gens ont voté ou n’ont pas voté de leur plein gré », selon M. Pachinian ? La participation, en tout cas, n’a pas dépassé 48,6 % contre 60,8 % en 2017.

Incidemment, les États-Unis et l’UE ont tous deux formulé des appréciations largement positives sur les précédentes élections législatives arméniennes tenues en avril 2017. L’ambassade américaine à Erevan avait alors déclaré que « les électeurs pouvaient exercer librement leur droit de vote ». L’UE annonçait, pour sa part, que le résultat officiel des élections « reflétait la volonté générale du peuple arménien ». Le vote de 2017 a été remporté par le parti républicain (HHK), dirigé par Serge Sarkissian, au milieu des allégations de l’opposition selon lesquelles il y aurait eu bon nombre d’achats de voix et de pression exercée sur les électeurs. Le Premier ministre par intérim de la République d’Arménie, Nikol Pachinian serait prêt à rétablir les relations avec la Turquie, comme il l’a déclaré lors d’une réunion avec les représentants des médias étrangers le 10.12.2018.

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En Turmènistan, une présidence héréditaire ?

Les Turkmènes élirent leurs parlementaires le 25 mars 2018. Pas de suspens dans cet Etat autoritaire où l'opposition n'est pas reconnue. Les trois seuls partis en lice sont le parti au pouvoir et deux autres à sa solde. L'innovation cette année est que le fils du président fut investi président du Parlement. Il devient ainsi le deuxième personnage politique du pays. Serdar Berdymoukhamedov, 36 ans, marche dans les traces de son père, le président turkmène Gourbangouly Berdymoukhamedov. Elu député déjà en 2016, le jeune homme a retrouvé son siège en 2018 dans la province d'Ahal. Or, selon la Constitution, c'est justement l’occupant de ce poste qui remplace le président du Turkménistan, en cas d’incapacité de ce dernier.

E. IranCultures et géopolitique en Iran : Les réfugiés afghans dans le Khorâssân, par Mohammad Hossein Papoli-Yazdi, in   :  Géographie et cultures n°3/1992 ;

Résumé de l’A.: Les réfugiés Afghans représentent plus de 14,5 % de la population de la province iranienne du Khorâssân. La plupart d’entre eux resteront définitivement en Iran. Cette population, étant très concentrée du point de vue géographique, ethnique et religieux, gardera ses caractères et sera difficilement assimilée. Alors que la frontière Iran-Afghanistan sépara jadis les populations persanes et pashtunes, le sud du Khorâssân est devenu une région sunnite pashtunophone que les autorités iraniennes ne contrôlent quasiment plus.

Désormais, le peuplement sunnite est continu de la mer d’Oman à l’Asie centrale. Cette nouvelle réalité culturelle facilite beaucoup l’influence de l’Arabie Saoudite dans ces provinces et pourrait être à la source de revendications territoriales futures de l’Afghanistan, ou des pays d’Asie centrale qui voudraient obtenir un accès à la mer d’Oman. L’État iranien sera peut-être tenté de lutter contre les forces centrifuges qui poussent ces régions hors du monde persan, par une politique de dispersion des réfugiés qui veulent rester en Iran sur l’ensemble du territoire national, loin de la frontière afghane.

* * *Wikipédia explique: „le Khorâssân est une région située dans le nord-est de l'Iran. Le nom vient du persan et signifie « d'où vient le soleil ». Il a été donné à la partie orientale de l'empire sassanide. Le Khorassan est également considéré comme le nom médiéval de l'Afghanistan par les Afghans. En effet, ce territoire englobait l'Afghanistan actuel, ainsi que le sud du Turkménistan, de l'Ouzbékistan et du Tadjikistan. Les Sassanides sont une dynastie perse ayant régné sur le Grand Iran de 224 jusqu'à l'invasion musulmane, en 651.

L’axe Iran-Qatar-Turquie ?

D’après Point du 16/12/2018, dirigée par le turbulent prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et son mentor, le prince héritier d'Abu Dhabi, Mohammed ben Zayed, /la/ véritable mise au ban du Qatar vise également à pousser le minuscule mais richissime émirat à rompre ses liens avec la République islamique d'Iran, ennemi régional commun de l'Arabie saoudite et des Émirats arabes unis. Du jour au lendemain, la frontière terrestre du Qatar avec ses voisins est fermée. Ses échanges économiques sont gelés. Et ses citoyens, expulsés, alors qu'ils entretiennent de nombreux liens familiaux dans les pays voisins…

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Dénonçant une tentative de « mise sous tutelle » de sa politique étrangère, ainsi qu'une volonté de ses voisins de renverser la famille régnante des Al Thani, Doha n'a pas cédé. Premier exportateur de gaz naturel liquéfié au monde (GNL), l'émirat a puisé dans ses réserves et injecté des milliards de dollars dans son économie pour compenser la baisse des dépôts bancaires. Paradoxalement, ses exportations de GNL (via les Émirats arabes unis) n'ont pas été affectées par l'embargo, et sa production a même été augmentée de 30 %, à 100 millions de tonnes par an. Dès lors, le Qatar a diversifié ses clients, en signant, par exemple, avec la Chine, et a lancé des plans d'investissement importants en Allemagne et en Turquie. Pour favoriser les investissements sur son territoire, il a permis aux promoteurs étrangers de détenir 100 % des parts d'une entreprise au Qatar. L'émirat a également inauguré de nouveaux projets économiques d'ampleur, notamment le port Hamad de Doha, et a accéléré la construction de ses infrastructures liées au Mondial de football 2022 qu'il organise et qui sont aujourd'hui en avance…

L'émirat gazier a notamment acquis des avions de chasse F-15 aux États-Unis, des Rafale à la France, des Eurofighter Typhoon au Royaume-Uni et des navires de guerre à l'Italie. Le Qatar s'est même payé le luxe d'entamer des négociations avec la Russie pour l'obtention d'un système de défense antiaérienne S 400, ce qui a provoqué l'ire de l'Arabie saoudite. Un an et demi après le début du blocus, le Qatar semble avoir traversé avec succès le pire de la crise. À en croire le Fonds monétaire international, l'économie du Qatar serait en croissance. Selon ses projections, le PIB du pays devrait dépasser les 3 % en 2019, puis se stabiliser autour de 2,7 % entre 2020 et 2023.

La dix-huitième édition du Forum de Doha réunit une vingtaine de chefs d'État et de gouvernement. Cette conférence sur le thème de la paix et de la sécurité illustre la volonté du Qatar de montrer au monde qu'il n'est pas isolé. Invités de marque du forum cette année, les chefs de la diplomatie iranienne et turque, Mohammad Javad Zarif et Mevlüt Cavusoglu. Leur présence à Doha ne doit rien au hasard. Rivaux de l'Arabie saoudite, la Turquie et l'Iran ont été parmi les premiers pays à soutenir le Qatar dès les premiers jours de la crise. Ankara et Téhéran ont notamment assuré à Doha des importations de nourriture et de produits de première nécessité lorsque l'émirat, pris par surprise, faisait face à des pénuries.

… Un fin connaisseur de la région rappelle l'existence au Qatar d'une base militaire turque, qui comporterait aujourd'hui près de 3 000 soldats. Le rapprochement entre la Turquie et le Qatar s'explique également par une proximité idéologique. Le parti AKP du président turc Recep Tayyip Erdogan est proche de l'idéologie des Frères musulmans, que soutient toujours Doha, au grand dam de ses voisins du Golfe. Dernièrement, l'émirat ne s'est pas fait prier pour verser 90 millions de dollars dans la bande de Gaza afin de payer les fonctionnaires du Hamas, mouvement lui aussi issu de la mouvance des Frères musulmans.

La relation avec l'Iran chiite est beaucoup plus complexe. « Ce n'est pas de l'amour », ironise le spécialiste du Moyen-Orient. Partageant avec la République islamique le plus grand gisement gazier au monde (North Field pour le Qatar, South Pars pour l'Iran), l'émirat n'a d'autre choix que de bien s'entendre avec son turbulent voisin, qui a de fait tiré parti de la crise pour avancer ses pions en terre qatarienne, au contraire de ce que souhaitait Riyad. « À chaque fois que l'Arabie saoudite a mené des politiques dictées par son hostilité vis-à-vis de l'Iran, celles-ci se sont retournées contre elle, ce qui est le cas avec le Qatar », sourit le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif… En dépit des sanctions américaines contre la République islamique et de la crise qu'elle traverse, la compagnie Qatar

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Airways a indiqué, fin novembre, qu'elle allait augmenter le nombre de ses vols à destination de l'Iran.

Mais l'affaire Khashoggi est passée par là. L'assassinat du journaliste saoudien, le 2 octobre dernier au consulat d'Arabie saoudite à Istanbul, a considérablement écorné l'image du pays dans le monde, et notamment celle de son prince tout-puissant, Mohammed ben Salmane (MBS), soupçonné par la CIA d'avoir commandité le meurtre. Depuis, plusieurs signes en provenance de Riyad ont indiqué une volonté saoudienne de rapprochement avec le « frère » qatarien. Le 24 octobre dernier, à l'occasion du Forum international sur l'investissement de Riyad, le prince héritier saoudien, pourtant à l'origine de l'embargo contre le Qatar, a déclaré que « les Qataris ont une économie forte ». Un mois plus tard, le roi Salmane d'Arabie saoudite a officiellement invité l'émir Al Thani à participer à un sommet du Conseil de coopération du Golfe, une organisation créée en 1981 notamment pour faire face à l'Iran et dont le Qatar était tenu écarté depuis le début de la crise. Une invitation qu'il a déclinée.

Informations variées sur l’Iran dans la presse internationale

L’image que les principaux médias donnent de l’Iran est alignée sur les intérêts des États qui bénéficient de l’isolement de l’Iran et cette image est très éloignée de la réalité. En réalité, la situation de la vie en Iran, comme dans tout autre pays, est mélangée à son histoire et à sa géopolitique, facteurs sans lesquels il est impossible d’analyser la situation actuelle. La situation économique de la majorité de la population n’est pas bonne.  Bien qu’une partie du problème soit sans aucun doute due à une mauvaise gestion interne, la machine de propagande a joué un rôle important dans la chute récente de la monnaie nationale et l’inflation croissante.

Le rétablissement des sanctions fait partie des nombreuses ‘infoguerres’ qui ont été lancées par l’administration Trump. Le gouvernement des EUA n’a pas cessé de désinformer les réseaux et les médias, il a contesté sans fondement les inspecteurs de l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique). L’Iran a toujours été considéré comme un point stratégique dans la région, de sorte que les puissances euro-américaines n’ont jamais cessé de se mêler de leurs affaires intérieures au cours des deux cents dernières années. Les stratégies intrusives vont de l’interventionnisme et de l’ingérence dans le système politique iranien aux sanctions économiques et à la stigmatisation du pays, principalement par le biais des médias grand public, qui ont connu un essor considérable au cours des dernières décennies. Par conséquent, il n’est pas surprenant que Trump et son administration qualifient l’Iran de principal commanditaire du terrorisme mondial, surtout à un moment où la présence indéniable et destructrice des EUA au Proche- et Moyen-Orient a directement amplifié le chaos et le carnage dans la région, ce constat peut être fait en Libye et en Syrie.

L’administration actuelle des EUA a dévalué toutes les institutions qui avaient un rôle à jouer dans le domaine des droits humains et dans la société civile. La décision montre, encore une fois, qu’un pays qui se retire d’un accord reconnu internationalement ne considère pas le tribunal de justice de l’ONU. Le portrait de la guerre, du chaos et de l’anéantissement de l’Iran est aussi irréaliste que le portrait d’un « Nord global » sûr, ordonné et démocratique, mais les grands médias tentent de transmettre ce paysage dichotomisé.

* * *L'annonce par Trump du retrait des troupes américaines de Syrie fait le jeu de l'Iran, pourtant adversaire numéro un des EUA au Moyen- et Proche-Orient. Le président américain avait hérité de son prédécesseur Barack Obama la situation catastrophique en Syrie. Mais sa dernière décision risque d'ajouter encore au chaos régional. Les EUA ont déployé 2 000

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militaires, officiellement chargés de tâches de formation et de conseil auprès de l'opposition syrienne. Mais leur présence a aussi un important rôle dissuasif. Ils ont installé une base militaire dans le sud de la Syrie qui empêchait l'Iran de créer un axe Téhéran-Damas-Beyrouth. Une fois les militaires américains partis, les Gardiens de la révolution iraniens n'auront que peu de difficultés à acheminer par voie terrestre des armes jusqu'au Liban du Sud, où le Hezbollah fait peser une menace permanente sur le nord d'Israël.

* * *"Più che la sorpresa, di fronte all’annuncio del presidente Donald Trump di voler ritirare le truppe degli Stati Uniti dal Nord-Est della Siria (operazione che richiederà almeno 60-100 giorni) è lo scetticismo a dominare la mente di osservatori e analisti, occidentali e mediorientali.

Uno scetticismo dovuto a diverse cause. Prima di tutto, perché sembra che a parte Trump nessuno della sua amministrazione fosse al corrente di questa decisione. In secondo luogo, sia il dipartimento di Stato che il Pentagono avevano più volte consigliato di non considerare il ritiro dei soldati dall’area; qui le forze curdo-siriane combattono ancora contro lo Stato Islamico (Is) a ridosso del confine con l’Iraq. Solo tre giorni fa, l’inviato speciale della Casa Bianca per la lotta all’Is, Brett McGurk, aveva detto che gli americani intendono rimanere nella zona per assicurarne la stabilità.Un terzo aspetto riguarda il fatto che l’equazione di Trump “Is sconfitto, quindi andiamo via” non regge. Né sul piano formale né su quello sostanziale.

Sul piano formale: se ci si ritira quando l’Is viene dichiarato sconfitto, allora gli Stati Uniti non dovrebbero rimanere in Iraq, dove solo pochi giorni fa si è celebrato il primo anniversario della “sconfitta” dello Stato Islamico. Invece appena una settimana fa è emersa la notizia della costruzione di una nuova base Usa nell’Iraq occidentale, non lontano dal valico frontaliero con la Siria. Sul piano sostanziale: l’Is non è stato debellato, come riconosce implicitamente lo stesso Trump nei suoi tweet di giovedì.Ci si chiede perché la Siria orientale improvvisamente non sia più funzionale al progetto americano. L’Iran è a due passi, sia in Iraq che in Siria, a ovest dell’Eufrate. La Russia condivide con Iran e Turchia la Siria occidentale e ha da tempo strizzato l’occhio anche ai curdo-siriani. Gli Stati Uniti non sono presenti solo a est dell’Eufrate ma anche nell’area desertica di Tanf, tra Siria, Giordania e Iraq. Qui anche di recente ci sono state tensioni tra forze filo-Usa e forze filo-iraniane…"

* * *L'Iran connaît depuis plusieurs mois des mouvements de grève qui ont touché différents secteurs de l'industrie. Des routiers ou des ouvriers de différentes usines ont observé des mouvements de grève pour protester contre le coût de la vie ou le non-paiement de leurs salaires. Ces mouvements de protestation se sont multipliés en raison de la dégradation de la situation économique. Les sanctions américaines contre le pays ont fait baisser la valeur de la monnaie nationale et provoqué une forte inflation. Cet été, des chauffeurs routiers ont protesté contre la hausse du prix des pneus et leurs salaires qu’ils estimaient insuffisants.

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Plus récemment, une quarantaine d'ouvriers de l'usine sidérurgique d'Ahvaz dans le sud-ouest du pays ont été arrêtés après avoir protesté pendant plusieurs semaines contre le non-paiement de leurs salaires et un arrêt de la production de l'usine. Des ouvriers de l'usine de production de sucre de Hate Tapeh dans le sud du pays et ceux d'une usine de véhicules de construction à Arak dans le centre du pays se sont également mis en grève durant plusieurs semaines pour les mêmes raisons.

Les vidéos des manifestations des ouvriers en colère ont largement été diffusées sur les réseaux sociaux. Selon les médias locaux, de nombreuses usines sont en difficulté et des ouvriers ont été licenciés un peu partout dans le pays. Le gouvernement iranien répond au coup par coup pour tenter de calmer la colère grandissante. Après le mouvement des camionneurs, les autorités ont distribué des pneus aux camionneurs à un prix deux fois inférieur au prix du marché. Dans d'autres cas, le gouvernement est intervenu pour verser les salaires arriérés des ouvriers et relancer la production de leurs usines. Mais dans de nombreux cas, des meneurs ont été arrêtés avant d'être libérés, pour certains d'entre eux.

Le Guide est même intervenu pour exiger du gouvernement qu’il modifie son budget pour l’année 2019, qui sera présenté devant le Parlement par le président Hassan Rohani. Ali Khamenei souhaite que la priorité soit donnée aux plus démunis et que le gouvernement relance la production nationale. L'Iran doit s'attendre à une année 2019 encore plus difficile que 2018. Le pays a vu ses exportations de pétrole diminuer de 30% notamment à cause des sanctions américaines. Ce manque à gagner pour le gouvernement influe directement le budget en baisse également.

* * *Un député iranien a dénoncé le 20.12.2018 l'arrestation de grévistes dans le sud de l'Iran après plus d'un mois de manifestations d'ouvriers métallurgistes protestant contre des arriérés de salaires, selon l'agence semi-officielle Isna. Selon l'agence Ilna, le personnel des Aciéries nationales d'Ahvaz, capitale de la province du Khuzestân, à plus de 500 km au sud de Téhéran, est en grève depuis le 9 novembre pour protester contre des arriérés de salaires et le non versement de pensions de retraite dues par l'entreprise. La grève a commencé peu après une autre entamée par le personnel de la sucrerie Haft Tapeh à Suse, autre ville du Khuzestân, pour réclamer le versement de salaires et pensions impayés et dénoncer des fraudes imputées à la direction de l'entreprise, privatisée en 2016. La grève de la sucrerie s'est terminée après l'obtention par les employés du remboursement de leurs salaires.

Fin novembre, l'ayatollah Sadegh Larijani, chef de l'Autorité judiciaire, avait mis en garde les employés mécontents de leur situation contre la tentation de "créer du désordre dans le pays", tout en appelant le gouvernement à se pencher sur leurs problèmes.

F. Dimensions géoéconomiques

Hungary ‘slave law’ protest shows strains of economic model, in : FT, Valerie Hopkins in Budapest and James Shotter in Warsaw, 21.12.2018 (extraits)

Labour shortages and anti-migrant stance hamper drive to attract manufacturing. 12 Days of protests in Hungary sparked by a new “slave law” allowing employers to demand more

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overtime of workers exposes the contrast at the heart of the country’s economy: how to maximise foreign manufacturing investment while keeping migration at a minimum. Hungary, like its neighbours, is coping with a severe labour shortage as it seeks to continue to woo international investors such as BMW, which announced a €1bn investment this summer in the eastern city of Debrecen.

Since coming to power in 2010, premier Viktor Orban has focused his economic policies on tax — a mix of low corporate rates and high VAT — and growth in the automotive industry, which last year accounted for 29 per cent of industrial output. Hungary’s economy has grown steadily since 2013 and the country is approaching full employment. However, as elsewhere in the region, the model of allying cheap, well-educated local labour to foreign capital is under mounting pressure — and is made more acute by Mr Orban’s fierce opposition to immigration, and an exodus of Hungarians to better-paid jobs elsewhere in the EU…

Opposition parties, which have become more united as a result of the vote, say the law was engineered to benefit large conglomerates owned by allies of Mr Orban, and to please German automotive companies, which have engaged in private inv estment negotiations with the government… Proponents of the law say that the overtime hours are voluntary, and that the law is also important for small and medium-sized companies (SMEs), which have sought more flexibility to reflect the vicissitudes of seasonal labour cycles…

Other post-communist central European countries have made greater use of migrant workers to ease the pressure on their labour markets. Poland in particular has seen a huge influx, with between 1m and 2m Ukrainians thought to be working in the country. The country issued more residence permits to foreigners last year than any other EU member state. The Czech Republic, and to a lesser degree Slovakia, have also been more proactive than Budapest in allowing in foreign workers.

L'Inde a signé un accord avec l'Iran pour payer son pétrole brut en monnaie nationale au lieu du dollar américain

Bien que Washington ait imposé des sanctions aux secteurs énergétiques et bancaire iraniens, il a accepté de lever les restrictions appliquées sur plusieurs pays afin de leur permettre d'acheter du pétrole iranien. Ces dérogations ne sont toutefois que provisoires et expirent dans six mois, obligeant les importateurs à choisir de nouvelles sources ou à faire face à la menace de sanctions américaines. Or, l'Inde, l'un des huit pays concernés, a déjà signé le 5 novembre 2018 un accord bilatéral avec l'Iran en vue d'abandonner tout paiement en dollars dans le commerce du pétrole, selon le journal Business Standard.

Selon la source de Business Standard (6.12.2018), le paiement indien en rupée sera transféré sur un compte à la banque indienne UCO. Qui plus est, la moitié de cet argent devrait être utilisée afin de favoriser l'exportation de produits indiens vers l'Iran. L'Inde est le deuxième importateur de brut iranien, la Chine occupant la première place. Le pays aurait limité ses importations de pétrole en provenance de la République islamique d’Iran.

Rappelons que les pays membres de l'UE, ainsi que la Russie et la Chine, ont pour leur part indiqué vouloir préserver l'accord de Vienne. Les États signataires du document ont ainsi convenu de poursuivre leurs efforts pour maintenir les échanges commerciaux avec Téhéran malgré le rétablissement des sanctions américaines.

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Le deuxième chantier de gazoduc reliant la Russie et l'Allemagne dans la Baltique ne manquera pas d'alimenter les discussions en coulisses entre chefs d'Etat, in : Les Echos, Benjamin Quénelle, 9.11.2018 (extraits)

Manifestement, l’odeur du gaz russe est insupportable alors que celle du gaz américain s’avère naturellement bienfaisante, disent des „pro-atlantistes européens”. Certaines multinationales pétrolières d’Europe le voient fort différemment comme ceux ou celles qui considèrent que le philo-américanisme et la russophobie soient exagérés en Europe.

Depuis cet été, le géant russe Gazprom s'affaire à poser les premiers tuyaux de ce gazoduc de 1.230 kilomètres qui reliera la Russie à l'Allemagne via les eaux de la Baltique. Ce projet à 9,5 milliards d'euros doit doubler, d'ici fin 2019, les capacités de son grand frère Nord Stream 1, inauguré il y a huit ans. Pourtant, ce chantier-phare du Kremlin continue de susciter de vives tensions avec l'Ouest. Menaçants, les Etats-Unis parlent d'en faire la cible de leurs nouvelles sanctions contre Moscou. Hésitante et divisée, l'Union européenne juge le projet « non prioritaire ». Paris se tait mais Berlin le défend avec enthousiasme. Autour de la Pologne, plusieurs pays de l'Est se braquent, citant préoccupations environnementales et inquiétudes sur la pérennité du transit par l'Ukraine.

Le sort de Nord Stream 2 devrait alimenter les discussions entre chefs d'Etat lors du Forum sur la Paix dimanche à Paris. « Mais cela n'aura guère d'influence sur mon travail », assure ainsi avec flegmatisme Sergueï Serdioukov, directeur technique de Nord Stream 2. Tout le matériel a été livré, le revêtement des tuyaux pour les lester dans l'eau effectué. « Certains font de la politique. Moi, je pose ces tuyaux et prépare l'exploitation », insiste-t-il. Les quelque 150 employés mobilisés s'activent. Et les travaux avancent à raison de 4-5 km de tuyaux installés chaque jour en moyenne. Une seule barge est à l'œuvre. L'arrivée d'une deuxième, d'ici la fin de l'année, permettra de doubler ou presque la cadence…

A priori, les permis nécessaires à la construction ont été octroyés par les pays riverains du chantier, a l'exception d'un blocage au Danemark, inquiet par le projet. « Un coup tactique des Européens opposés à Nord Stream 2... Mais, avec plus de 100 kilomètres de tuyaux déjà posés, nous sommes à l'œuvre ! Et dans les temps », confirme un proche d'Elena Burmistrova, patronne de Gazprom Export et l'une des invités du récent Forum de Vérone. A la tribune de ce traditionnel rendez-vous de ceux rêvant d'un espace commun de Lisbonne à Vladivostok, celle-ci a rappelé l'antienne de Gazprom, « garant de la sécurité énergétique pour les pays européens ».

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Le géant russe, dont la grande partie des bénéfices vient de ses livraisons à l'Ouest, s'apprête cette année à battre un record : « Les contrats avec les sociétés européennes se rapprocheront d'un maximum annuel de 205 milliards de m3 », a annoncé Elena Burmistrova (contre 195 milliards en 2017). Dans les faits,  européenne. Avec sa capacité de 55 milliards de m3, Nord Stream 2 devra l'aider à couvrir des besoins croissants, Gazprom estimant que, d'ici 2025, l'Europe importera 100 milliards de m3 de gaz en plus par an et 150 milliards d'ici à 2035.

Cette montée en puissance de Gazprom ne manque pas d'inquiéter. « Pourquoi l'Europe se rend encore plus dépendante aux ressources énergétiques russes ? », s'est interrogé John Bolton, conseiller à la sécurité nationale américain. Une interrogation récurrente en Europe même. A Bruxelles, la Commission promeut la diversification des approvisionnements et s'inquiète de voir la Baltique concentrer 80 % des importations russes au détriment des principes de concurrence. C'est pour financer le chantier mais aussi pour faire taire les critiques, Gazprom a trouvé des alliés européens. Engie (dont 20 % du gaz vient de Russie), Shell, OMV, Uniper et Wintershall n'ont pas pu être actionnaires directs du consortium, propriété du seul Gazprom, mais ils se sont engagés à couvrir la moitié du budget, à hauteur de 950 millions d'euros chacun. Des participations impossibles sans aval politique au sommet, y compris pour Engie…

« Autre sujet négocié pour favoriser un accord tacite  : la hausse des importations américaines de gaz naturel liquéfié, ce GNL venant concurrencer le gaz russe en Europe », envisage une autre source proche de Gazprom. Dernier exemple en date : le mois dernier, la Pologne a signé deux contrats avec la société américaine Venture

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Global pour la livraison sur vingt ans de GNL, à raison de 2 millions de tonnes par an. Un pas vers davantage d'autonomie vis-à-vis de Moscou et de son gaz qui, certes a priori moins cher, dépend des tarifications très politiques de Gazprom.

Tout compromis sur Nord Stream 2 doit aussi se cristalliser sur l'avenir du transit ukrainien, longtemps principale voie du gaz russe vers l'Europe avec plus de 40 % des flux. Les divers conflits entre Moscou et Kiev ont changé durablement la donne. Nord Stream 1 et 2 mais aussi TurkStream, le gazoduc russe transformant la Turquie en nouveau pays de transit, ont été conçus par Moscou comme deux pinces d'un même « crabe » pour, au nord et au sud, approvisionner l'Europe en marginalisant l'Ukraine. Gazprom veut clairement montrer à l'Ukraine qu'avec ses nouveaux gazoducs, au sud mais surtout au nord, il pourra se passer d'elle… 

Prenant la tête des Européens en faveur de la pérennité du transit ukrainien, Angela Merkel n'a de cesse dans ses négociations avec Vladimir Poutine d'exiger des « garanties ». La réponse du chef du Kremlin est simple : ce transit sera prolongé seulement s'il est rentable. Une vraie épée de Damoclès sur Kiev, soupçonné toutefois de ne pas jouer franc jeu et de profiter de la confusion pour augmenter ses tarifs de transit. « Afin de sortir de l'impasse, un compromis est possible grâce au... gaz turkmène ! », souffle une source impliquée dans ces complexes discussions.

Depuis ses énormes réserves gazières en pleine Asie centrale approvisionnant déjà la Chine, le Turkménistan pourrait en effet intensifier ses ventes à Gazprom pour, via les gazoducs en Russie puis en Ukraine, alimenter l'Europe. « Ainsi, par ses tuyaux dans la Baltique, Gazprom livrera du gaz russe. Mais, grâce au gaz turkmène, le transit ukrainien se poursuivrait. Tout le monde sortirait gagnant  ! », espère cette source. Un possible compromis de plus pour résoudre l'imbroglio. Et apaiser la discorde autour de Nord Stream 2.

* * *L’UE accepera-t-elle le rôle de satellite géopolitique de Washington ? Selon AFP, 17 nov. 2018, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a promis vendredi à l'Ukraine de combattre le projet germano-russe de gazoduc Nord Stream 2, qui sape selon lui la sécurité européenne. L'Ukraine n'a "pas de plus grand ami que les Etats-Unis" dans sa bataille contre l'"agression russe", a déclaré M. Pompeo à l'occasion d'une rencontre avec le ministre des Affaires étrangères ukrainien Pavlo Klimkine à Washington."Nous ne voulons pas que nos amis européens deviennent la proie du genre de manipulation politique et économique que la Russie a tenté de mener en Ukraine" depuis qu'elle ne fait plus partie de l'Union soviétique, a-t-il souligné.

Le gazoduc Nord Stream 2 doit doubler les capacités de livraison entre la Russie et l'Allemagne en contournant la Pologne et l'Ukraine, par lesquelles transite actuellement le gaz russe, via la mer Baltique. Selon l'Allemagne, appuyée par la France et l'Autriche, le projet permettra d'assurer un approvisionnement plus stable et moins cher. Le président américain Donald Trump a fustigé à plusieurs reprises le projet Nord Stream 2. M. Pompeo a par ailleurs rappelé la position des Etats-Unis sur l'annexion de la Crimée par la Russie. "Les Etats-Unis n'accepteront jamais la tentative russe d'annexion de la Crimée", a-t-il déclaré. "Nous allons continuer à en imposer les conséquences jusqu'à ce que Moscou mette entièrement en oeuvre les accords de Minsk et rendent le contrôle de la Crimée à l'Ukraine", a-t-il affirmé. Des accords de paix signés en février 2015 sous médiation franco-allemande à Minsk ont permis

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de réduire considérablement les affrontements dans l'est de l'Ukraine, mais des flambées de violence éclatent régulièrement sur la ligne de front. Le conflit a fait plus de 10.000 morts.

Un gazoduc dans la Caucasie méridionale

Le but avoué de la construction de ce gazoduc est de contourner la Russie et de diminuer ainsi de la dépendance à cette dernière. Cependant rien ne prouve que cette nouvelle voie n’accroit pas une autre dépendance, notamment indirectement celle des multinationales privées turques. Voir les deux articles qui suivent.

Au moins 24 milliards de d’euros ont été investis par les partenaires dans les projets faisant partie du Corridor gazier Sud jusqu’à la fin de septembre dernier, a rapporté dans un communiqué la SAF Corridor gazier Sud. Pour rappel, 51% des parts du «Corridor gazier Sud» appartiennent à l’Etat azerbaidjanais et 49% à la SOCAR, Société nationale des pétroles de la République d’Azerbaïdjan.

Considérée comme la plus grande chaîne de gazoducs en construction dans le monde entier, le Corridor gazier Sud, long d'environ 3500 km, se compose du gazoduc du Caucase du Sud, du gazoduc transanatolien (TANAP) et de celui Transadriatique (TAP) qui devront acheminer le gaz extrait du gisement de Chahdeniz-2 de l’Azerbaïdjan vers la Turquie et puis vers l’Europe. A l’étape initiale, 6 milliards de m3 de gaz azerbaïdjanais seraient acheminés vers la Turquie et 10 milliards de m3 vers l’Europe.

La cérémonie officielle d’inauguration du Corridor gazier Sud a eu lieu le 29 mai dernier au terminal de Sangatchal. Le gazoduc transanatolien (TANAP) a été mis en service le 12 juin 2018 à Eskisehir, en Turquie. Le transport du gaz en Turquie a été lancé le 30 juin dernier. L’Europe obtiendra le premier gaz azerbaïdjanais d’ici 2020.

La Turquie renforce sa dépendance au gaz de Russie, Par Marie Jégo Publié, in: Le Monde, 19.11.2018 (d’après)

Poutine et Erdoğan ont inauguré, le 19 novembre 2018, une partie du gazoduc TurkStream, d’une capacité de 16 milliards de mètres cubes par an... Sa mise en service renforcera la dépendance de la Turquie à l’égard du gaz russe. Ankara est le second client de Gazprom, le géant du gaz russe. En 2017, la consommation turque a crû de 15 %, à 53,6 milliards de mètres cubes. Pour plus de la moitié, il s’agit de gaz russe acheminé par le gazoduc Blue Stream… Les liens entre Moscou et Ankara n’ont cessé de se renforcer après une grave crise diplomatique en 2015, à la suite de la destruction d’un avion russe par la chasse turque au-dessus de la frontière syrienne.

La partie immergée de ce gazoduc, longue de 930 kilomètres sous la mer Noire, a été achevée. Elle relie le port russe d’Anapa au village turc côtier de Kiyiköy, non loin d’Istanbul. A l’ouverture des vannes d’ici à la fin de 2019, les consommateurs turcs recevront du gaz des immenses champs gaziers situés dans la péninsule de Yamal, en Sibérie occidentale. La partie terrestre du tube, un tronçon de 65 kilomètres entre Kiyiköy et Lüleburgaz, non loin de la frontière turco-bulgare, devrait être achevée en 2019. Une fois posé jusqu’à Lüleburgaz, le gazoduc, d’une capacité de 15,75 milliards de mètres cubes par an, sera connecté au réseau turc de distribution.

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Un deuxième tronçon, d’une capacité similaire, reste à construire. Le gaz acheminé via ce deuxième tube sera destiné aux marchés européens, permettant ainsi à Gazprom de mieux contourner l’Ukraine. Sa destination finale n’a pas encore été choisie : ce sera l’Italie via la Grèce, ou l’Autriche via la Bulgarie. La Turquie est liée à la Russie par un vaste partenariat énergétique, avec notamment la construction d’une centrale nucléaire à Mersin, dans le sud du pays. Les deux pays sont également associés dans le secteur de la défense puisque M. Erdoğan s’est engagé à acheter les systèmes de missiles russes antiaériens S-400, un projet controversé qui suscite la réprobation de ses alliés de l’OTAN.

« La domination touristique »

Il s’agit du n° thématique de la Revue Alternatives sud-Point de vue du Sud, 3e trim. 2018 ; la présentation du n° est la suivante :

« Fait social total », le /secteur/ touristique international s’apparente aussi à un rapport de domination. Il met en présence – asymétrique – opérateurs, visiteurs et visités. Les premiers se concurrencent ou se conglomèrent, les deuxièmes s’imitent ou se distinguent, les derniers se précipitent ou se retirent.Si la croissance continue du secteur repose sur sa massification et sa diversification, le droit à la mobilité récréative – 1,4 milliard de séjours à l’étranger en 2018 – reste un privilège, dont la démocratisation réelle déborderait les capacités d’absorption écologique du globe.

Pour l’heure, moins d’un humain sur quinze est en position politique, culturelle et économique de visiter les quatorze restants. Migrations d’agrément et de désagrément se croisent aux frontières, béantes pour les uns, grillagées pour les autres, des régions émettrices et réceptrices. La mise en tourisme d’une destination induit des recompositions socioéconomiques, culturelles et territoriales. Participent-elles d’une amélioration ou d’une dégradation des conditions de vie des populations locales ? Le bilan est problématique : les coûts et bénéfices engendrés par les flux de vacanciers se répartissent injustement. Et tendent à creuser les écarts.

L’Organisation mondiale du tourisme et quantité d’acteurs conscients des dégâts plaident pour l’adoption de pratiques éthiques et durables. Laissant indemnes toutefois les mécanismes mêmes de l’intrusion : dérégulation, libéralisation et marchandisation des lieux et des comportements, au service de la « touristification » du monde… Dans l’éditorial, assez remarquable, est souligné que « la contribution de la paix au tourisme est beaucoup plus forte que celle du tourisme à la paix ».

Des avancées pour un réseau ferroviaire reliant l'Iran à la Syrie, en passant par l'Irak, in: RTFrance, 2 déc. 2018 (extraits)

© @Google Maps

La compagnie nationale des chemins de fer iranienne a expliqué être parvenue à des avancées pour la construction d'un tronçon de rail d'environ 30 kilomètres, qui permettrait l'existence

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d'un réseau ferroviaire entre l'Iran, l'Irak et la Syrie. Près de six mois après le retrait américain de l'accord sur le nucléaire iranien, avec lequel Washington entendait couper, à coups de sanctions économiques, la république islamique d'Iran du reste du monde, la compagnie nationale iranienne des chemins de fer (la RAI) a annoncé des avancées significatives dans le projet de construction d'un tronçon ferroviaire reliant la ville de Shalamcheh, située dans le sud-ouest iranien, à Bassora, dans le sud-est irakien…

La connexion permettrait ainsi à l'Iran d'étendre ses capacités de liaison jusqu'à la ville de Lattaquié, en Syrie, grâce au réseau ferroviaire irakien. Le vice-ministre iranien de la Route et du Développement urbain Amir Amini a en effet donné son accord au projet. De son côté, selon des propos rapportés par al Monitor, le directeur des médias du ministère irakien des Transports Amer al-Jabiri a fait savoir que son pays était «enthousiasmé par tout projet favorisant les transports transfrontaliers» avant de souligner que la future ligne de chemin de fer reliant les trois pays assurerait «un débouché pour l'Irak» via les ports méditerranéens et les ports iraniens.

Quant au ministre syrien des Transports, Ali Hammoud, il avait affirmé dès le mois d'avril 2018 l'importance de réactiver les transports terrestres entre la Syrie et l'Irak. «La partie syrienne du projet comprend la construction de 32 km de voies ferrées», a-t-il précisé, confiant à al Monitor son enchantement à ce sujet. A terme, «cela facilitera la circulation des personnes et des biens entre l’Iran, l’Irak et la Syrie», a ajouté le ministre.

L'Afghanistan, l'Iran et le Pakistan face au défi de l’eau, Par Alireza Manafzadeh, in: RFI, 6-12-2018 (extraits)

…L'Asie du Sud-Ouest est l’une des régions les plus arides au monde. Située près des tropiques, l’eau a toujours été pour ses habitants un défi à relever. Le problème, à l’heure actuelle, est que l’eau non seulement lui manque, mais elle est aussi, dans certains endroits, souvent contaminée. Bien que les trois pays de la région – Afghanistan, Iran, Pakistan - soient confrontés à un problème plus ou moins identique, les solutions qu’ils cherchent à y apporter ne semblent pas être similaires, car les origines du problème diffèrent d’un pays à l’autre.L’Afghanistan, situé au nord du Pakistan et à l’est de l’Iran, n’est pas un pays aussi peuplé que le Pakistan, mais plusieurs de ses provinces sont néanmoins touchées par des problèmes d’eau d’origines très diverses.

La province de Farâh, frontalière avec l’Iran, est l’une des plus pauvres du pays /Afghanistan/. En raison d’une consommation excessive d’eau, la plupart des puits y ont été, ces dernières années, asséchés ; la baisse du niveau des nappes phréatiques s’y accélère d’année en année. Le manque d’eau touche cruellement aussi bien les agriculteurs que les autres. Depuis plusieurs années, des groupes humains ont commencé à quitter villes et villages pour s’installer dans d’autres régions. Approvisionnés naguère pour leur consommation quotidienne par des puits d’eau potable, ils n’ont plus qu’à partir car ces puits sont asséchés.Des fonctionnaires locaux n’hésitent pas à imputer la responsabilité à ceux qui s’approvisionnent en eau grâce à des pompes solaires sur lesquelles le pouvoir public n’a aucun contrôle.

L’Afghanistan fait partie de l’« espace culturel persan ». Il a des liens historiques, culturels et linguistiques solides avec l’Iran, son voisin de l’ouest. Mais vivre en bon voisinage peut s’avérer difficile et compliqué surtout lorsqu’il s’agit de partager des ressources naturelles.

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Depuis plusieurs décennies, l’Iran voit disparaître la plupart de ses lacs naturels comme le lac d’Orumiyeh et les lacs de Fars en raison du changement climatique, de la sécheresse, de la construction irréfléchie de barrages, de multiples forages illégaux, en un mot, de la consommation excessive d’eau par une population qui, depuis la révolution de 1979, n’a cessé de croître à un rythme élevé. Mais la disparition du lac Hamoun dans la province de Sistan-et-Baloutchistan au sud-est du pays est en grande partie liée au non-respect du traité de 1972 entre l’Iran et l’Afghanistan, traité qui contraint l’Afghanistan à laisser se déverser 26 m3 par seconde d’eau de la rivière Hirmand (ou Helmand) dans ce lac…

Le lac Hamoun recevant autrefois l’eau de cette rivière jouait un rôle vital dans la vie des habitants de la province de Sistan-et-Baloutchistan. L’obstruction des eaux s’écoulant vers ce lac, surtout depuis la construction par les Afghans d’un énorme barrage appelé « Band-e Kajaki » sur la rivière Hirmand sont les causes principales de la mort du lac. Avec sa disparition, des milliers de pêcheurs ont perdu leur travail. Chaque année, ils y péchaient 12 000 tonnes de poissons. Ce lac accueillait chaque année 1 million d’oiseaux migrateurs. Les femmes utilisant les roseaux des alentours pour la fabrication d’objets artisanaux n’ont plus de ressources. Les éleveurs de 120 000 bovins qui pâturaient autrefois sur 70 000 hectares ont dû partir. Des centaines de villages ont disparu du fait de l’avancement des sables mouvants.

L’Etat iranien aurait-il une lourde responsabilité dans la détérioration de la situation écologique du pays, surtout pour ce qui est de la pénurie d’eau, en cautionnant, dans les années qui ont suivi la révolution, la culture de vastes terres irrigables supplémentaires à proximité des lacs et des rivières ? Il a fermé les yeux sur la construction irréfléchie de barrages et le forage illégal d’innombrables puits. Le lac d’Orumiyeh est en premier lieu victime de cette négligence. Sans se soucier des conséquences de leur générosité, les autorités ont donné, d’après le site pro-gouvernemental, la permission de cultiver 380 000 hectares supplémentaires sur les terres irrigables des alentours. 24 000 puits y ont été illégalement forés par les agriculteurs et les paysans. A tout cela s’ajoutent les 72 barrages grands et petits construits par l’Etat lui-même…

Le problème de l’eau dans les trois pays de l’Asie du Sud-Ouest à savoir l’Afghanistan, l’Iran et le Pakistan requiert des solutions rapides et radicales. Ces pays seront-ils en mesure de les concevoir et de les mettre en œuvre ?

G. Ma „liste noire”

Il s’agit des personnes ou de leurs subordonnés en vie et qui, selon la définition de l’ONU ou de la CIP, commettent ou ont commis des crimes contre l’humanité, du génocide ou des crimes de guerres, notamment par d’invasions militaires, de répressions meutrières, de bombardements, d’assassinats par moyen de drones armés, etc:

Bush I, Bush II, Kagamé, Obama, Blair, les deux Clinton et certains de leur gouvernement, Cameron, Sarkozy, Holland, Poutine, Macron, Lavrov, May, dirigeants israéliens, irakiens, syriens et iraniens, Kabila, … (à compléter).

H. Calendrier électoral

Les onze PECO adhérés à l’UE : élections européennes le 25.5.2019

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Croatie : présidentielle en 2022 et législative 2020Estonie: législative en 2019 et présidentielle 2021Lituanie: présidentielle en 2019 et législative 2020Lettonie: législative en 2022 et locale 2019Pologne: municipale et régionale 2022, présidentielle 2020 et législative 2019Hongrie: législative 2022 et municipale 2019Slovaquie: municipale 2022, législative 2020 et présidentielle 2018Rép. tchèque: législative 2021, sénatoriale 2018 et présidentielle 2021Slovénie: présidentielle 2022 et législative été 2022Roumanie : législative 2020, locale 2020 et présidentielle 2018Bulgarie : présidentielle novembre 2019, législative 2021 et locale 2022 ?

Autres PECO

Albanie : présidentielle en 2022 et législative 2021 et municipale 2018Bosnie-Herzégovine : municipales 2020, présidentielle 2022 et législative 2022.Macédoine : législative 2020, municipale 2022 et présidentielle 2019, Monténégro: présidentielle 2022 et législatives 2020Kosovo : locale 2022, présidentielle 2021 et législatives 2021Serbie: présidentielle 2022, législative 2020 et communale 2018Bélarus : locale en 2022, législative 2020 et présidentielle 2020Ukraine : municipale 2019, présidentielle 31.3.2019 (?) et législative 2019République moldave : municipale 2019, législative février 2019 et présidentielle mai 2019 Transnistrie : législative 2020

Turquie et pays de la Caucasie méridionale:

Turquie : législative & présidentielle 2023, municipale 2019 Arménie : municipale 2022, législative en décembre 2022 et présidentielle 2022Géorgie : législative en 2022, municipale 2022 et présidentielle 2024Azerbaïdjan : municipale 2022, législative 2020 et présidentielle 2018

Iran : législative (le Parlement en 2020 tous les 4 ans et Assemblée des experts en 2024 tous les 8 ans) ainsi que présidentielle (tous les 4 ans et donc en 2021). Il est utile ici de rappeler les structures oligarchiques du pouvoir dans le pays :

Le Parlement appelé Majles représente le corps législatif et comporte 290 sièges et est présidé par Ali Larijani dont le frère est le responsable du système judiciaire nommé par le Guide. Il s’agit de l’ayatolla Sadegh Larijani, chef de l'Autorité judiciaire.

L'Assemblée des experts est composée de 86 membres religieux élus pour 8 ans au suffrage universel direct. Elle élit et révoque le Guide de la révolution et détient le pouvoir, en principe, de le démettre de ses fonctions, Jusqu’ici elle n’a pas été sollicitée dans ce rôle. Son « chef » est Ahmad Jannati qui en même temps chapaute le Conseil des Gardiens de la Constitution.

Le Guide de la révolution est le plus haut responsable politique et religieux. Il est aussi appelé Gardien de la jurisprudence, une dénomination dérivée du concept de velāyat-e faqih qui consacre une certaine prédominance du religieux sur la politique6. Il désigne le responsable du système judiciaire qui est à présent l’ayatolla Sadegh Larijani et dont

6 Le concept n’est ± accepté par les shiites iraniens et fut contesté ailleurs, même par les shiites !

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le frère est le président du parlement. Ali Akbar Velayati est le conseiller diplomatique du Guide.

Le Président de la République islamique d'Iran a un rôle important dans les institutions politiques du pays, bien que n'étant pas le véritable chef de l'État. À l'origine, le poste était plutôt honorifique, selon la Constitution de la République islamique, suivant la chute du shah, en 1979. La présidence de la République est devenue un poste de plus en plus important, surtout depuis 1989.

Le Conseil des gardiens de la Constitution est composé de 12 membres désignés pour six ans : 6 religieux (clercs) par le Guide et 6 juristes (généralement aussi des clercs) élus par le Parlement sur proposition du pouvoir judiciaire (dépendant du Guide). Il est présidé par Ahmad Jannati qui en même temps chapaute l'Assemblée des experts.D’une part, le Conseil des gardiens contrôle la validité des candidatures aux élections au Parlement et à l’Assemblée des experts. D’autre part, sa principale fonction est de veiller à la compatibilité des lois à la Constitution et à l'islam. Ce dernier aspect - compatibilité avec l'islam - est exclusivement assuré par les 6 membres religieux, l'autre étant exercé par les 12 membres collégialement. Toutes les lois votées par l'Assemblée doivent obtenir l'approbation du Conseil des gardiens. Toutefois, si ce dernier conclut à une incompatibilité (avec l'islam ou avec la Constitution), il ne peut, de lui-même, procéder à une annulation. C’est le Conseil de Discernement de l’intérêt supérieur qui intervient dans ce cas (voir ci-après).

Le Conseil de Discernement de l’intérêt supérieur est composé des chefs des trois pouvoirs (législatifs, judiciaires et exécutif, c’est-à-dire le président de la République, notamment), des six clercs du Conseil des Gardiens, du ministre concerné par l'ordre du jour auxquels s'ajoutent 25 membres désignés par le Guide suprême. Il arbitre les litiges entre le Parlement, l'Assemblée des experts et le Conseil des gardiens de la Constitution et dispose du droit d'édicter des solutions législatives pour les cas les plus graves. Le président en est le grand ayatollah Mahmoud Hashemi Shahroudi7 depuis 2017 et décédée en décembre 2018. Le secrétaire du conseil est Mohsen Reza'i.

Le Conseil suprême de la sécurité nationale iranien dont le secrétaire général est l’amiral Ali Shamkhani.

Asie centrale :

Kazakhstan : présidentielle 2020 et législative en 2020Ouzbékistan : présidentielle 2023Turkménistan : législative en 2023 et présidentielle (tous les 7 ans) en 2024Kirghizstan : législative 2021 et présidentielle en 2023Tadjikistan : législative & locale 2019 et présidentielle 2020 Afghanistan : législative & régionale 2022 et présidentielle 2019Mongolie : législative 2020 et présidentielle juin 2021

I. Publications récentes

Concernant la Russie, les EUA, le Japon, l’Inde, la Chine ou leur «   étranger proche   »

Le général Francis Briquemont, L’UE : vassale ou indépendante ?, in: La Libre Belgique,17 décembre 2018 ; l’A. préconise, entre autres, les négociations stratégiques avec la Russie en vue d’une autonomie réelle de l’UE. Voir d’autres articles en Annexes ci-dessous.7 Sayyid Shahroudi is considered among the wealthiest of Shi'i scholars in Iran, having amassed a substantial multi-million dollar revenue generating income from an export-import business (Wikipedia anglais).

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SANTOPINTO, Federico, Le Brexit et la défense européenne: un choix de fond pour l’Union, in: GRIP, 11 Décembre 2018.

Cina e Usa si contendono il Pacifico, di Giorgio Cuscito, in: LIMES,  29/11/2018.LIMES, NON TUTTE LE CINE SONO DI XI - n°11 – 2018,  5/12/2018:

Editoriale: Not a Chinaman’s chance. La natura della geopolitica e la sua applicazione in cina, di Zhang Wenmu.

Pour mieux comprendre la Chine, ce n° spécial et des articles de la revue se recommandent vivement.

KYNGE, James, China, America and the road to a new world order. As Pax Americana declines, are we headed for a Sino-centric future — or the absence of any global order at all?, in: FT, DECEMBER 6, 2018; dans les débats sur l’hégémonie dans le monde, on oublie qu’outre les EUA et la Chine, il y a également en Asie d’autres puissances, actuelles ou futures, telle que l’Inde, le Japon et les Corées éventuellement réunies ; sur une population asiatique totale de 5 milliards, celle de la Chine ne représente qu’un 1,5 milliard.

Stephen F. Cohen, Russian Diplomacy Is Winning the New Cold War, in: THE NATION, JOHN BATCHELOR SHOW, November 21, 2018; Washington’s attempt to “isolate Putin’s Russia” has failed and had the opposite effect.

Concernant l’UE et PECO

Financial Times, Special Report: Investing in Central and Eastern Europe, 22.11.2018: Hungary has hitched its fortunes to the German car industry, the Czech Republic is considering how to replace its nuclear power plants and Romania is hoping to cash in on new gas deposits in the Black Sea but energy companies are holding back.

Porochenko et la guerre fantôme de l’Ukraine contre la Russie, in: AgoraVox, par Christelle Néant (son site), 5 décembre 2018.

JACQMIN, Denis, Tremblement de terre dans l’Église orthodoxe, in: GRIP 14 Décembre 2018.

Concernant la Turquie

La Turquie d’Erdogan à Schaerbeek, in : Politique, n° 106, Décembre 2018 ; les cinq articles remarquables montrent les liens politiques et socio-économiques des communautés belgo-turques avec la Turquie.

Concernant l’Asie centrale, le Pakistan ou l’Inde

Concernant l’Iran et les pays arabes

Concernant la Caucasie méditerranée

Concernant des articles géoéconomiques

Etudes ou notes géopolitiquement significatives à mon point de vue

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ALTERNATIVE SUD, Etat des luttes. Moyen-Orient et Afrique du nord, 4e tr.2018 ; 4e page : Huit ans plus tard, que reste-t-il du « printemps arabe » ? La situation de guerre et de contre-révolution domine la région. Au premier chef, en Syrie, au Yémen et en Libye, bien sûr. Mais, en réalité, sous une forme menaçante, larvée ou discontinue, aucun pays ne lui échappe complètement. Instrumentalisés par les grandes puissances, ces conflits deviennent également, et de plus en plus, la scène où se vérifient et s’entrechoquent les intérêts et rivalités des puissances régionales émergentes (Iran, Arabie saoudite, Turquie…). Le risque, toutefois, est de s’en tenir à une lecture uniquement géopolitique et occidentalo-centrée, autour des stéréotypes que les révolutions arabes avaient justement fait voler en éclats, pour se figer dans le (faux) dilemme de la dictature ou du chaos. Et d’occulter les acteurs, les enjeux et la dynamique des luttes sociales à l’œuvre. La déclinaison des guerres actuelles renvoie moins aux effets qu’aux causes et revendications des soulèvements de 2010-2011, dont l’onde de choc se fait encore ressentir aujourd’hui. Ainsi, ces dernières années, du Rif marocain à l’Iran, de Kobané à Gaza, en passant par la Jordanie, de fortes mobilisations sociales ont secoué une région, marquée par les inégalités et la jeunesse de sa population… et continueront de la secouer à hauteur de la demande de « pain, liberté et justice sociale ».

Annexes: textes, extraits et articles complets

1.L’Union européenne est-elle condamnée à l’impuissance ?, Par Fabien HERBERT, Jérémie ROCQUES, Nicole GNESOTTO, Noé PENNETIER, Pierre VERLUISE,Tristan FACCHIN , le 10 novembre 2018  

Un tabou enfin abordé publiquement : l’Union européenne est-elle condamnée à l’impuissance ? Profitez des réflexions de plus de 120 citoyens rassemblés par Diploweb, ouvertes par une conférence de Nicole Gnesotto, présidente du Conseil d’administration de l’IHEDN. - Synthèse de la Consultation citoyenne par Tristan Facchin et Noé Pennetier pour Diploweb.com:

La Consultation européenne du samedi 13 octobre 2018 s’inscrit dans le cadre d’un cycle de consultations publiques à travers 27 pays de l’Union européenne (UE) dans le but de débattre des visions de l’Europe communautaire. Grâce à ces consultations les décideurs peuvent avoir un aperçu des préoccupations et propositions des citoyens. Cette Consultation citoyenne porte sur l’enjeu central de la puissance, ou plutôt, dans le cas de l’Union européenne, de ce qui semble être une forme d’impuissance. Comment définir en premier lieu ce terme ? P. Verluise – créateur du site géopolitique Diploweb et directeur du Centre géopolitique - définit la puissance en rappelant les travaux de Serge Sur : « La puissance c’est la capacité de faire, à faire faire, à empêcher de faire et à refuser de faire ».

Considérons l’assertion suivante : l’UE est un géant capable d’agir politiquement, d’arbitrer des litiges, de réglementer et de s’opposer à des mesures illégitimes. Cette assertion est-elle vraie ? Rien n’est moins sûr si l’on se fie aux dernières actualités. La montée interne des populismes, le retrait britannique et plus généralement les crises actuelles fragilisent sa puissance. P. Verluise présente « L’impuissance, comme l’incapacité de faire, de faire faire, d’empêcher de faire et de refuser de faire ». Comment ne pas penser à la remise en question de l’accord iranien par les Etats-Unis le 8 mai 2018 ? L’UE pliera-t-elle devant Trump ?

Peut-on donc encore dire que l’UE est puissante ? L’adage dit : « l’UE, est un géant économique et un nain politique ». Est-il encore vrai ? L’UE doit-elle se réinventer au risque de l’impuissance manifeste ? Là réside l’intérêt de cette consultation éclairante sur la capacité de l’UE à mener des politiques ambitieuses dans un monde en constante mutation. Un monde aujourd’hui bouleversé par des enjeux émergents (réchauffement climatique, Intelligence

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artificielle…) et des problématiques inhérentes à l’histoire des sociétés humaines (migrations, démographie…)

Nicole Gnesotto - présidente du Conseil d’administration de l’Institut des Hautes Études de Défense Nationale (IHEDN), professeur titulaire de la Chaire sur l’UE au CNAM et vice-présidente de l’Institut Jacques Delors - s’est d’abord efforcée de faire un état de cette Union semblant effacée sur les questions stratégiques. Ensuite nous avons débattu autour de 4 ateliers : 1. Puissante ou impuissante : réussites et échecs de l’UE, quels leçons pour demain ?2. Alliés et ennemis : sur qui l’UE peut-elle vraiment compter, de qui doit-elle se protéger, quelles priorités pour demain ?3. Le Brexit, so what ? Quels impacts sur la puissance de l’UE, quelles opportunités pour demain ?4. Risques et opportunités : le monde change, comment l’UE peut-elle éviter demain l’effacement démographique, économique et stratégique ?

L’Union européenne « nain puissant » ou « géant impuissant » ?On a souvent dit que l’UE manque de leadership politique international. Cela s’explique avant tout par l’histoire rappelle N. Gnesotto. Il existe, en effet, un poids certain de l’histoire lié aux responsabilités de deux Guerres mondiales.La Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier de 1951 a ainsi permis à un ensemble de pays de partager la gestion de produits nécessaires pour faire la guerre… afin de la rendre impossible. De même, le choix de laisser la puissance militaire aux Etats-Unis, par l’entremise de l’OTAN, reflète aussi cette volonté de se détacher de la suprématie d’un seul état. N. Gnesotto parle d’ailleurs d’une proposition « confortable », « peu coûteuse », « sécuritaire ». La présidente du CA de l’IHEDN rappelle que le choix d’une Europe de la Défense a souvent été combattu à cause d’un rejet de mettre la vie des citoyens aux mains d’une entité politique différente de la sienne (supranationale au détriment du national). Toutes ces raisons culturelles et historiques semblent montrer un choix assumé de l’impuissance.

Cependant, caractériser l’Union européenne à l’aune de ses choix politiques et stratégiques ne prend pas assez en compte le poids économique de celle-ci. L’Union à 28 correspond au premier PIB mondial, à 40% des IDE mondiaux, à 25% des réserves financières, à l’euro comme deuxième monnaie mondiale, etc. Il s’agit donc bien d’une puissance à l’échelle internationale. Par ailleurs, elle se fait l’avocate de la démocratie sur le plan politique. L’UE se veut influente sur Etats et régimes à partir de ses propres concepts occidentaux, donc à partir de ses représentations. Cependant, cela suppose un besoin de volonté de s’imposer face aux enjeux actuels, aux enjeux futurs, et dans la « révolution mondiale » de ce début de XXIe siècle.

L’UE dans la « révolution mondiale » : risques et opportunitésDans un atelier, un citoyen rappelait que l’Europe, et donc l’UE, a toujours été un carrefour. Carrefour de civilisations, carrefour entre l’Orient et l’Occident, carrefour des idées… En 2018, ce carrefour est fragilisé. Paradoxalement, les opportunités semblent nombreuses pour remettre l’UE au coeur de l’échiquier international. D’une part, les certitudes internationales n’ont jamais été aussi fragiles. Par exemple, les Etats-Unis, allié historique, font preuve d’une dangereuse imprévisibilité comme le montre les positions mouvantes et parfois inquiétantes de Donald Trump. L’OTAN ne peut plus être vu comme le « parapluie

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protecteur » du temps de la Guerre froide. La question d’une défense européenne suppose en ce sens la reprise en main de la sécurité de l’Union et de ses Etats pour éviter de laisser ce pouvoir aux Etats-Unis. L’Union devrait en effet se ressouder, car un seul état européen ne peut concurrencer la Chine. Exemple parmi d’autres, la France représente moins de 1% de la population mondiale, quand la Chine en représente presque 20%.

D’autre part, les certitudes économiques sont secouées par des crises répétées. Le modèle néo-libéral est contesté et les remises en cause d’interdépendances économiques fortes (Etats-Unis-Chine) en sont des preuves. L’idéal libéral démocratique se trouve ainsi indirectement malmené.Enfin, l’UE doit intégrer de nouveaux enjeux et de nouvelles approches pour entrer dans cette « révolution mondiale ». Par l’éducation, la recherche, l’intelligence artificielle, l’écologie (le réchauffement climatique) et le financement de grands projets fédérateurs - comme l’a été Airbus -, l’UE peut se réaffirmer comme une puissance de premier plan. Les opportunités sont donc paradoxalement nombreuses. Certes, il y a des risques, mais l’Union européenne ne peut plus se cacher derrière certains prétextes à l’instar du Brexit. C’est en effet une opportunité, avec des états pouvant mener des réformes sans crainte du véto britannique.

Que peut-on conclure de cette consultation ? L’UE, à l’aube du XXIe siècle, fait face à une situation complexe. D’un côté elle est menacée par un fort courant populiste qui lui reproche son impuissance. D’un autre côté, l’imprévisibilité des Etats-Unis et l’émergence de nouvelles puissances interrogent sur la place des alliances et le rôle que va tenir l’UE face aux enjeux à venir.---------Copyright pour la synthèse de la Consultation citoyenne : Novembre 2018-Tristan Facchin et Noé Pennetier / Diploweb.com 

2. Seit Beginn des «Kriegs gegen den Terror» wurden mindestens eine halbe Million Menschen getötet, in: NZZ, 9.11.2018,

La guerre contre ce que Bush II et ses successeurs appellent terreur a jusqu’ici tué au minimum 500 000 personnes en Afghanistan, Pakistan et Irak. Ce chiffre ne tient pas compte des civils bien nombreux et des victimes en Syrie (± 250 000) ou en Yémen.

Seit Beginn des von den USA ausgerufenen «Krieges gegen den Terror» vor 17 Jahren sind allein in Afghanistan, in Pakistan und im Irak mindestens eine halbe Million Menschen getötet worden. Zu diesem Ergebnis kommt ein am Donnerstag veröffentlichter Berichtdes Watson-Instituts für internationale und öffentliche Angelegenheiten der Brown-Universität in Rhode Island. Unter den Toten sind aufständische Kämpfer, einheimische Sicherheitskräfte, Soldaten aus den USA und verbündeten Staaten, vor allem aber auch Zivilisten aufgelistet. Die Autoren der Studie gehen von einer Opferzahl zwischen 480 000 und 507 000 in den drei Staaten aus.

Im Vergleich zum letzten Bericht vom August 2016 sei die Zahl der Toten um mehr als 110 000 gestiegen, erklärte die Universität. Das zeige, wie «intensiv» der «Krieg gegen den Terror» nach wie vor geführt werde – auch wenn er von der amerikanischen Öffentlichkeit, von Medien und Politikern in der Regel kaum noch beachtet werde… Die Zahl der Opfer

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könnte laut der Autorin des Berichts, der Politikprofessorin Neta Crawford, noch viel höher liegen… So seien etwa bei der Rückeroberung der irakischen Stadt Mosul und anderer Städte von der Terrormiliz Islamischer Staat (IS) möglicherweise Zehntausende von Zivilisten getötet worden. Darüber hinaus sind in der Gesamtzahl keine «indirekten Todesfälle» enthalten, also solche, die auf die Langzeitfolgen von Kriegen wie etwa den Verlust des Zugangs zu Wasser, Nahrung, ärztlicher Versorgung oder Strom zurückzuführen sind.

Syrien wurde nicht in den Bericht aufgenommen. Auch andere Länder wie Jemen oder Libyen, wo seit 2001 ebenfalls militärische Offensiven oder versteckte Operationen im Kampf gegen den Terror durchgeführt wurden, bleiben hinsichtlich der geschätzten Opferzahlen unberücksichtigt. Auffällig präzise fallen dagegen etwa die Zahlen für zivile Todesopfer im Irak (zwischen 182 272 und 204 575), in Afghanistan (38 480) und in Pakistan (23 372) aus.

3. Editoriale del numero di Limes 4/2018, Lo stato del mondo (extraits)

Cet éditorial traite essentiellement de la question de savoir si l’hégémonie des EUA persiste et quel est son avenir.

1.L ’ impero americano è presupposto geopolitico   per eccellenza. Non ne esiste una carta più o meno condivisa, tantomeno ufficiale. Ma tutti, soci e aspiranti tali, amici e nemici, ne accettano l’esistenza come evidente. Incontestabile. Tutti, o quasi, ne celebrano ovvero ne dannano l’iperpotenza materiale e immateriale.   Talvolta a parti invertite: alcuni «alleati» lo detestano (ricambiati), diversi «avversari» anelano a esserne ammessi a corte. Forse oggi fra gli antimperialisti più convinti vale contare diversi fieri cittadini degli Stati Uniti d’America.   Certi che l’impero non sia un affare…

Quel che non sappiamo, né possiamo immaginare, è se riaccenderà una delle frequenti fiammate che in quasi due secoli e mezzo di storia hanno spinto gli Stati Uniti a combattere 33 vere guerre – inclusa la «guerra al terrorismo», interminabile, se non motu proprio, perché combattuta non contro un nemico ma per abolire un metodo (un mestiere?) antico quanto l’uomo. In violazione del solenne principio enunciato il 4 luglio 1821 dal segretario di Stato John Quincy Adams, per cui la repubblica «non si spinge all’estero in cerca di mostri da distruggere», perché altrimenti scadrebbe a «dittatrice del mondo», «non più padrona del suo stesso spirito» 2… Su questo sfondo, è lecito supporre che la crisi di legittimità (legitimacy) dell’impero americano sia avviata a causa della sua perdita di egemonia. Distinguiamone cinque indicatori.

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Primo. Per stare a Tucidide, Washington non trasmette da tempo «sicurezza e fiducia» non solo agli avversari – i quattro canonici dei documenti ufficiali: Cina, Russia, Iran, Corea del Nord, più i molti altri fuori catalogo – ma soprattutto ai soci di minoranza. I quali si interrogano sull’utilità della subordinazione a un impero erratico, in preda alla furiosa battaglia fra corpi e burocrazie strategiche, fra establishment e «populisti» (ovvero chi dissente dai mantra delle élite) eccitati dallo stesso presidente. Trump, omnimediatico portabandiera, pratica l’arte dell’imprevedibilità (la fissazione di smarcarsi dal prevedibile, cinico predecessore), curando di autosmentirsi anche più volte al giorno. Il presidente conta poco ma appare molto. Oggi che ci si scanna per la «visibilità», fattore da considerare.

Secondo. I decisori di Washington (qual è il loro numero di telefono?), fors’anche per la confusa mischia che li impegna a tempo pieno, tendono a ridurre l’endiadi gramsciana – consenso e forza – al fattore secondo. La strapotenza militare serve se orientata da una strategia radicata, sempre rivedibile. Può anzi rivoltarsi contro i suoi esecutori, come le sciagurate, inconcluse o forse inconcludibili campagne militari in Medio Oriente, spacciate per «guerra al terrorismo», confermano quotidianamente. Sarà per caso che gli Stati Uniti hanno vinto tutte le guerre combattute quando non erano ancora superpotenza, e perso, al meglio pareggiato, tutti i conflitti rilevanti ingaggiati dopo la seconda guerra mondiale, dalla Corea al Vietnam, dall’Afghanistan all’Iraq (tacciamo della sceneggiata in Somalia). Sarà pura cabala che abbiano invece vinto l’unica guerra non combattuta, quella decisiva contro l’Unione Sovietica. Trionfo che li ha però costretti a rinunciare a quella metà di sporco lavoro ordinativo che in termini sistemici Mosca svolgeva nel proprio impero. Di cui ora Washington deve sobbarcarsi, non entusiasta, buona parte. Gli ottimisti sperano che le guerre indirette o dirette a bassa intensità (Ucraina, Siria, Afghanistan, Sahel) e i rischiosi incroci aeronavali nelle contestate acque cinesi o nel Baltico esprimano l’astuta manutenzione militare dell’impero, con qualche inconfessata concessione al kissingeriano balance of power, senza considerarne il triste corollario antiegemonico.

Dobbiamo però considerare come tali esercizi abbiano prodotto l’esito, provvisorio ma impressionante, di allineare Cina e Russia: i due massimi nemici dichiarati. Per scelta di Washington più che per loro opzione. Con la prima che pare recuperare la Corea del Nord (o forse tutta la penisola coreana?) alla propria sfera di controllo, e la seconda che, novum assoluto, forma un fragile ma ad oggi efficiente triangolo tattico con i residui imperi persiano e ottomano, suoi fierissimi rivali storici, a ridosso di Arabia Saudita e Israele. Se

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questo è il risultato del «costante gioco di colpire una talpa per mantenere lo status quo», teorizzato da Jacob L. Shapiro, non sappiamo quanto corrisponda agli interessi americani 24. Ridurre le Forze armate imperiali a super-polizia internazionale, subappaltando come molti altri Stati una crescente porzione del compito a formazioni mercenarie non proprio affidabili (carta 5 e grafico), demoralizza i militari e inficia il monopolio statale della violenza, anche sul fronte domestico.

Terzo. Albert Einstein amava ripetere che «è la teoria a decidere quel che osservi». Nel caso americano, la griglia teorica è subordinata alla modellistica, nevrosi scientista di stampo neopositivista che vorrebbe fondare una matematica dei comportamenti umani. Effetto del formidabile sviluppo tecnologico, specie in campo informatico, che applicato alla geopolitica vorrebbe volgere in caratteri alfanumerici, a torto considerati «esatti», dati e strategie esprimibili in lingua corrente o letteraria. Senza trascurare la moda ipertestuale, che impedisce di gerarchizzare il ragionamento. Peggio, ne fa un optional. A scapito della filologia e della critica.

La compulsiva ricerca della misura che stabilisca, ad esempio, se dopo 17 anni gli Stati Uniti stiano vincendo o perdendo il conflitto in Afghanistan, archetipo della «guerra al terrorismo», è esemplificata nel colloquio che verso la fine dell’amministrazione Bush junior coinvolse un alto ufficiale dell’intelligence ed Eliot Cohen, autorevole politologo e consigliere del segretario di Stato. Dopo che l’ufficiale ebbe snocciolato dati statistici e power point, Cohen chiese: «Stiamo vincendo?». Risposta: «Non so» 25. Qualcuno al Pentagono comincia a convincersi che l’esito di ogni guerra non dipende dalla dichiarazione del vincitore («Mission accomplished», sfortunata sia in bocca a George W. Bush che recentemente a Trump, dopo lo spettacolo pirotecnico offerto il 14 aprile in Siria con effetto zero sul conflitto) ma dall’ammissione di sconfitta del perdente. Impossibile nella «guerra al terrorismo»: morto un «terrorista», con annessi «collaterali», ne spuntano altri venti.Infine, la formalizzazione di qualsiasi evento umano in veste algebrica spinge all’analogia, tabe di ogni strategia, nemesi della geopolitica. Espressa nelle lessons learned, inscatolate in stordenti algoritmi, sicché un evento accaduto in Tanzania viene promosso idealtipo di eventi «analoghi», dunque replicabili ovunque, dalla Lapponia all’Isola di Pasqua, dallo Skagerrak allo Yunnan. Se trattiamo di guerre, l’asserita riproducibilità di esperienze bosniache sul terreno mesopotamico, ad esempio, ha prodotto effetti tragicomici.

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Quarto. Edward Gibbon sosteneva che Roma era protetta dai barbari perché prima di conquistarla costoro avrebbero cessato di esser tali. L’Urbe li avrebbe assimilati. Fu così per secoli, come testimonia la varietà etnica degli imperatori e delle élite romane. Ma quanto è coesa oggi l’America? Quanto potrà esserlo domani, soprattutto se l’ardua assimilazione dei chicanos e di altri ceppi non solo ispanici, insieme al risentimento dei bianchi di stirpe europea – razza fondatrice e dominante dell’impero oggi afflitta nei suoi ceti medio-bassi da una frustrante sindrome di deprivazione relativa – esasperasse la questione identitaria? 26. Fin quando sarà gestibile la frattura fra l’establishment, che si pone leader delle élite «globali», e i ceti intermedi afflitti dal declassamento del lavoro strutturalmente precario, dall’umiliazione della politica, priva di senso, progetti e ideologie gratificanti? Il semigratuito circuito dell’informazione di massa in tempo reale, le scorciatoie finanziarie (dal 2008 non abbiamo imparato nulla), gli sprint tecnologici bastano a surrogare la latenza delle legature comunitarie, a mitigare il disgusto per una democrazia proclamata ma quasi solo recitata? Dilemmi che affliggono tutto l’Occidente e non solo, ma che nel suo centro assumono rilievo strategico per il resto del pianeta.

Quinto. Il catalogo degli imperi non ne conosce uno globale. E la storia indica che l’estensione del dominio nello spazio finisce per illanguidirne il controllo. Grandezza imperiale e profondità egemonica tendono infine a divergere. Paradosso sperimentato dall’europeismo – implicita ideologia (patologia?) di un simil-impero veterocontinentale fuori tempo massimo, forse attardata memoria dell’eurocentrismo hegeliano che ne prefigurava tale destino 27 – quando a Muro caduto dichiarò di volere insieme allargarsi e approfondirsi, quasi i due vettori non si escludessero reciprocamente. Fino a che grado questa tensione varrà anche in un impero vero e potente come quello americano, che si pensa globale?

Soprattutto, la crescita diseguale ma esponenziale della popolazione, in sempre più ridondante maggioranza concentrata nei continenti più instabili (Africa e Asia), relativizza il pur invidiabile patrimonio demografico statunitense e l’età mediana relativamente giovane (38 anni, contro i 44 dei maggiori paesi europei e i 18 circa dell’Africa occidentale). Quando gli imperi europei a fine Ottocento si spartivano il mondo, i bianchi erano maggioranza dell’umanità stimata attorno al miliardo e mezzo di anime, totale destinato a quintuplicarsi verso la metà di questo secolo (tabella 3). Quando discettiamo di storici imperi più o meno vasti, dobbiamo considerare che l’ambiente umano e fisico in cui s’impiantano non è affatto costante. Questo secolo sedicente globale pare avviato verso l’accentuazione delle diseguaglianze demografiche, economiche e

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biologiche, oltre che delle dispute geopolitiche. Il «pianeta stretto», nella metafora di Massimo Livi Bacci, è assai meno governabile di quando a spartirselo erano Stati e staterelli imperiali europei, dalla Gran Bretagna al Portogallo, dalla Francia al Belgio, dall’Olanda all’Italia, dall’Austria-Ungheria alla Spagna, dalla Germania alla Russia e alla Turchia 28.

L’impero americano è condannato a optare fra globalismo – teorico perché sovraesteso – ed egemonia non universale – contrattata e/o conflittuale con potenze minori, curando di tenerle separate. Se non sceglie si scioglie. Prima o poi. Se dura, rialzando orgoglioso la testa per sentirsi great again, sarà perché avrà ristretto il suo campo magnetico – egemonico – giocando su debolezze e divisioni di rivali di rango seccamente inferiore…

5. LES NOUVELLES ROUTES DE LA SOIE À L’ÉPREUVE DE LA SOCIÉTÉ CIVILE : LE CAS DU PORT DE GWADAR, par Clément Lichère, in: Infoguerre, 30 Nove mbre 2018 L’implantation progressive de la Chine sur le territoire pakistanais dans le cadre du développement des Nouvelles Routes de la Soie ne se fait pas sans accroc. Bien que la stratégie chinoise d’expansion par l’économie puisse compter sur le soutien des autorités locales, la population commence à montrer de plus en plus de réticences quant au projet. Les Nouvelles Routes de la Soie en expansionXi Jinping annonçait en 2013 un projet d’ampleur : la reconstitution de l’historique Route de la Soie qui reliait – il y a deux millénaires de cela – l’Europe et l’Asie par un réseau de routes commerciales. Sous le nom de « Nouvelles Routes de la Soie », ou projet « One Belt, One Road » (OBOR), la Chine vise aujourd’hui à reconnecter économiquement l’Asie à l’Europe par le développement d’infrastructures à travers près de 70 pays, allant même jusqu’à impliquer des États sud-américains, comme le Chili. Au-delà du discours bienveillant de Pékin en la matière, le projet atteste d’une volonté expansionniste principalement définie par quatre objectifs (officieux bien entendu).

Premièrement, ces nouvelles routes permettent de désenclaver le côté continental chinois. Si la face maritime orientale est économiquement bien exploitée, la Chine de l’ouest se trouve encore en difficulté, notamment à cause de cet enclavement. Deuxièmement, il s’agit de sécuriser la région encore instable du Xinjiang, aux revendications indépendantistes, qui sape l’autorité du gouvernement chinois. À travers ses investissements, Pékin place la population ouïgoure en situation de dépendance économique à son égard. Troisièmement, la Chine impose par ces nouvelles routes une prédominance du continent asiatique, ce qui lui permet « d’endiguer » par l’économie ses principaux concurrents régionaux, notamment l’Inde et la Russie.

Enfin, les routes vers l’Europe ne remplissent pas le simple rôle de voies de communication puisqu’elles permettent à la Chine de s’installer sur des terres riches en ressources dont a besoin sa population croissante. S’il est difficile d’évaluer précisément à combien de centaines de milliards de dollars s’estime l’ensemble du projet, il est certain que sa place est

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prépondérante dans la stratégie chinoise, stratégie utilisant essentiellement l’arme économique. La place stratégique de Gwadar dans la stratégie chinoiseDans ce contexte d’expansion du projet « One Belt, One Road », la Chine a conclu en 2013 un accord spécial avec le Pakistan pour le développement d’un partenariat au sein du « China-Pakistan Economic Corridor » (CPEC). Les investissements engagés dans ce cadre atteindraient aujourd’hui environ les 65 milliards de dollars. Prenant sa source à Kashgar, dans le Xinjiang chinois, ce corridor traverse le Cachemire et descend jusqu’à la côte pakistanaise en passant par Islamabad. Au sud, le projet débouche sur deux ports : Karachi à l’est mais surtout Gwadar à l’ouest.

Le port de Gwadar constitue un emplacement éminemment stratégique pour la Chine. Il est intéressant d’abord en tant que tel : situé en eaux profondes, Gwadar est en mesure d’accueillir des navires de grandes tailles. Mais il ouvre également la Mer d’Arabie à la Chine. Cette dernière se facilite ainsi l’accès aux côtes africaines et se positionne dans une zone où transite un cinquième des ressources pétrolières mondiales. Parallèlement, l’accès au détroit d’Ormuz, au canal de Suez et in fine au pourtour méditerranéen en est aussi favorisé. La portée stratégique du port pakistanais est par conséquent considérable pour Pékin. Cependant, la Chine doit composer avec les acteurs locaux, publics et privés, pour concrétiser son projet. Le soutien des autorités et l’opposition d’une partie de la société civile au projetLes investissements engagés et orchestrés par la Chine sont d’autant de promesses de développement faites au Pakistan. Cela est particulièrement vrai pour Gwadar, appelé à être le « nouveau Dubaï ». Le port pakistanais aurait vocation à accueillir un tourisme de masse au sein d’une zone qui serait en plein essor économique, comme le suggèrent les différentes pancartes de projets immobiliers que l’on y trouve. Le développement du projet est accompagné par les autorités pakistanaises. Ce soutien est justifié en grande partie par la situation de dépendance du Pakistan vis-à-vis de son voisin chinois.

Le déplacement à Pékin, début novembre, de Imran Khan, premier ministre pakistanais, pour demander de l’aide économique au gouvernement chinois en atteste. A cette occasion, la volonté chinoise de poursuivre le partenariat entre les deux États y a été réaffirmée. Mais ce soutien des autorités est également dû aux perspectives économiques alléchantes que fait miroiter le CPEC. Les responsables politiques du Pakistan espèrent profiter de cette proche collaboration pour apprendre de la Chine et de son modèle économique, en même temps que de profiter des flux économiques et financiers entrants.

Cependant, alors que le projet était dans un premier temps plutôt vu d’un bon œil par les populations concernées, celles-ci commencent à gronder. A Gwadar, une grande partie de la population de pêcheurs, importante dans une région classée en « insécurité alimentaire » par les Nations-Unies, s’est vue forcée de délocaliser ses activités vers d’autres ports. Les promesses de croissance économique, quant à elles, ne font plus illusion auprès des habitants. Les pakistanais semblent écartés du développement du corridor dont les travaux sont majoritairement confiés à des structures chinoises. Des questions se sont posées sur les méthodes d’attribution de certains contrats, soupçonnées d’avantager les entreprises chinoises au détriment de celles locales. De plus, d’autres suspicions portent sur l’imposition par la Chine de prêts aux termes désavantageux et opaques à l’État pakistanais[i].

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Si ces soupçons ont été démentis dans un deuxième temps par les autorités pakistanaises, les habitants ne bénéficient tout de même pas des avantages économiques liés au projet. Les richesses engendrées par le projet finissent au final davantage dans les poches de la Chine que dans celle du Pakistan. Par ailleurs, la région du Baloutchistan – où se situe la ville – devient le terrain d’affrontements sur lequel des « insurgés baloutches » n’hésitent pas à attaquer des convois. Sur fond de revendications indépendantistes, ces attaques sont mues par la crainte d’être dépassé en nombre dans leur propre région par les étrangers drainés par le corridor. La population pose donc de réelles difficultés sécuritaires qui retardent l’avancement du projet. Une destination économique viable pour la Chine ?L’enjeu global de ces nouvelles Routes de la Soie pour la Chine est de parvenir à trouver et à conserver son adresse spatiale : elle doit être et rester en capacité de raccorder les éléments de son réseau tout en réussissant à le maintenir de manière à ce que la connectivité continue de fonctionner sans interruption. A partir de cette perspective, le CPEC relève clairement d’un défi pour la Chine. L’affrontement des acteurs est clairement de nature asymétrique. D’un côté, la puissance chinoise bénéficie du soutien des autorités politiques pakistanaises. Le géant économique chinois s’assure ainsi une aide sur le volet politique en jouant sur la dépendance du Pakistan à son égard et possiblement aussi sur la corruption des élites[ii]. Faisant face, les populations pauvres du Baloutchistan et de Gwadar ne semblent pas représenter un contre pouvoir suffisamment important.

Malgré cela, les rébellions baloutches peuvent potentiellement freiner le développement du corridor, même si celui-ci est déjà bien avancé, et impacter la stratégie chinoise au Pakistan. La question se posant à l’État chinois est donc celle de la rentabilité du projet : l’emplacement stratégique offert par le port de Gwadar justifie-t-il une augmentation des frais dans la sécurisation des voies de communication et des infrastructures, alors que la réticence continue de monter au sein de la population pakistanaise ? Au vu des avantages offerts par le port, la réponse tendrait à être affirmative.

Le cas de l’espèce nous rappelle l’importance d’avoir une stratégie – ici « de résistance » – structurée autour d’une entité qui est généralement l’État. Cette entité permet de concentrer et coordonner les actions qui doivent être entreprises. Quelles sont les chances pour la population pakistanaise de résister au projet chinois sans l’appui de l’État pakistanais, voire même contre ses propres autorités, et sans soutien extérieur ? Mais le Pakistan n’est pas une exception dans le paysage des Nouvelles Routes de la Soie. Plusieurs pays sont confrontés aux mêmes problématiques, notamment en Asie centrale.

L’intelligence chinoise se situe dans la déconnexion des élites politiques et autorités des États de leur population, ne laissant se structurer aucune stratégie de réponse. Cependant, si la Chine s’ingère dans ces États en situation de dépendance économique à son égard et dont les structures étatiques présentent de nombreuses faiblesses, il n’en sera pas de même face à des États économiquement plus forts. L’Inde, la Russie ou les pays occidentaux feront naître d’autres difficultés d’implantation auxquelles Pékin devra trouver des solutions.----------------------[i] Un cas similaire a eu lieu au Sri Lanka où l’État, après avoir contracté de nombreuses dettes à très fort taux envers la Chine, avait perdu le port d’Hambantota au profit d’une entreprise chinoise.[ii] L’ex-Premier ministre pakistanais, Nawaz Sharif, destitué en 2017, a été condamné en juillet dernier à dix ans de prison pour corruption.

6. Manipulation de l’information, relai de fausse nouvelles : une erreur est si vite arrivée…, in : RT France, 14 déc. 2018 (extraits)

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Revenant sur le récent regain de tensions entre l'Ukraine et la Russie, le spécialiste de Défense Philippe Migault explique comment un éminent journal tel que Ouest-France en arrive à relayer de fausses informations… On ne se prononcera pas sur la véracité des informations du Times, citant une information d’une société de cybersécurité américaine, New Knowledge, dont la chasse aux immixtions russes semble quasiment faire l’objet d’une business unit dédiée.

Tout au plus relèvera-t-on que Jonathan Morgan, CEO de New Knowledge est un ancien de la Brookings Institution, think-tank américain dirigé jusqu’à l’année dernière par John R. Allen (ancien général du corps des Marines et commandant des troupes de l’OTAN en Afghanistan) et que le co-fondateur de l’entreprise, Ryan Fox, a passé quinze ans au sein de la NSA, l’agence de renseignement américaine spécialisée dans les écoutes électroniques et a travaillé pour l’US Army. Une garantie d’impartialité vis-à-vis de la Russie.

Plus en lien avec nos sujets habituels, on traitera ici du curieux traitement de l’information dont a fait preuve un de nos confrères, Ouest-France, qui a relayé plusieurs jours de suite des nouvelles afférentes à la crise ukrainienne et à l’incident du détroit de Kertch, sans jamais prendre le moindre recul sur les sources utilisées… Que peut-on reprocher à Ouest-France ? Sur le fond pas grand-chose. D’avoir publié des articles sans vérifier ses informations, sans mise en perspective aucune, sans consulter le moindre expert susceptible d’apporter un éclaircissement ou de nuancer les faits. Une simple faute professionnelle, comme tout le monde en commet dans sa carrière, notamment dans le rush de la presse quotidienne. Mais le genre de faute qui, en ces temps de soupçons permanents, est de nature à vous traîner devant le tribunal de l’opinion publique pour propagation de fausse nouvelles.

Les faits : les 27 et 28 novembre et le 4 décembre derniers, Ouest-France a publié une série de trois articles traitant de la loi martiale en Ukraine et de la tension à la frontière russo-ukrainienne, consécutivement à l’incident naval survenu dans le détroit de Kertch le 25 novembre, entre trois navires de la flotte de guerre ukrainienne et les garde-frontières russes.Relayant l’Agence France Presse dans ce qu’on appelle une dépêche bâtonnée, le quotidien régional affirme le 27 novembre que la Russie «a drastiquement renforcé sa présence militaire à la frontière ukrainienne.» Citant le Président ukrainien Petro Porochenko, Ouest-France affirme que l’armée russe a triplé le nombre de ses chars dans les bases à proximité des frontières de son pays. Le lendemain, 28 novembre, reprenant une fois encore l’AFP et les mêmes déclarations de monsieur Porochenko, le journal rapporte que ce dernier évoque   «une menace de guerre totale»   avec la Russie .

Le 4 décembre enfin, citant cette fois une dépêche de Reuters, Ouest-France rapporte que l’Ukraine «s’inquiète des mouvements de soldats russes à sa frontière.» On sort cette fois du simple verbatim, des citations, pour pénétrer un peu plus dans le cœur du sujet : cette fois ce n’est plus Petro Porochenko mais Viktor Moujenko, le chef d’Etat-major des forces armées ukrainiennes, qui parle, détaillant la menace russe. Que dit-il ?.. Le général Moujenko, cultivant l’angoisse, cite une augmentation du nombre de chars T-62M sur zone. Alors que les «services ukrainiens» recensaient 93 blindés précédemment sur zone, ils sont à présent 250. Pour lui, aucun doute, ces nouveaux chars, arrivés sur place à partir de la mi-septembre jusqu’au début octobre, s’inscrivent dans le cadre d’«un renforcement concerté dans la perspective du 25 novembre, date à laquelle la marine russe a arraisonné trois bâtiments ukrainiens dans le détroit de Kertch». Bref, Moscou a musclé son dispositif militaire en

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amont de l’escarmouche et ce dernier, sur le modèle de l’incident du Golfe du Tonkin, n’est qu’un prétexte bidon pour passer à l’attaque et envahir l’Ukraine.

Rien à redire. Les clichés (recueillis sur Google Earth) sont là. Les sources, AFP, Reuters, sont plus que respectables : pour la presse française des outils de référence dont on ne saurait se passer. Porochenko et Moujenko, la plus haute autorité civile et la plus haute autorité militaire ukrainienne s’expriment : on ne saurait imaginer sources plus officielles et mieux informées non plus…

Sauf que c’est là que ça grippe… La première, d’abord, évidente. Si la Russie se préparait à agresser l’Ukraine dans la foulée de l’incident de Kertch, concentrerait-elle ses troupes au vu et au su de tout le monde, dans une base connue du monde entier, sans aucune tentative de dissimulation, de camouflage ? Lorsqu’on monte une offensive d’envergure surprise, consécutive à un prétexte fallacieux, on masque ses préparatifs, à moins d’être un incapable.La seconde, ensuite: « Est-ce que j’utiliserais des vieux chars comme des T-62M ou des T-64 (également évoqués dans un autre article) pour attaquer l’Ukraine ? »Non, sans doute. Pourquoi ? D’abord parce que les quelques 4 000 chars T-62 et T-64 que possèderait encore la Russie au total ont depuis longtemps été retirés du service actif.

Ensuite parce que le commandement militaire régional sud russe, dont dépend la base de Kamensk-Chakhtinski, est celui qui a reçu le plus grand nombre de matériels militaires modernes depuis une dizaine d’années… D’où la troisième question : ne s’agit-il pas, plus probablement, d’une simple opération de stockage de blindés obsolètes, destinés soit à la ferraille, soit à une phase de modernisation avant de connaître éventuellement une seconde carrière à l’export ? Si, sans doute. En trente secondes sur Google on découvre rapidement que la base de Kamensk-Chakhtinski est répertoriée comme 335e base de stockage de matériel militaire, nullement comme une structure de force opérationnelle.

A ce stade, logiquement, si le travail de recoupement avait été fait, Ouest-France aurait dû, a minima, émettre quelques réserves vis-à-vis des déclarations de Petro Porochenko et Viktor Moujenko. Il n’y en a aucune. Alors ? Le journal a donné dans ses colonnes quelques conseils afin de ne pas relayer de Fake news . Semblant curieusement considérer que les seules informations dont il faille se méfier proviennent des réseaux sociaux, il recommande de vérifier les images et de consulter un spécialiste. On lui suggère de toujours se tenir à ces sages résolutions. Et de ne pas prendre pour argent comptant ce que racontent les grandes agences de presse…

NOTA BENE

La note est entre autres établie sur base de s informations parues dans le Financial Times (FT), The BalticTimes, (TBT), Le Bulletin du Courrier des Balkans (BCB), Analytical Articles of Central Asia-Caucasus Institut, (www.cacianalyst.org), Népszava (le seul quotidien hongrois non gouvernemental), INFO-TURK, Neue Zürcher Zeitung (NZZ), Wikipedia et RIA Novosti ainsi que sur base de celles publiées dans des hebdomadaires et revues spécialisés, ou qui figurent dans des diverses revues de presse. Elle combine des analyses géopolitiques et géoéconomiques et l’information “pure”, mais sélectionnée, avec les commentaires des journaux et ceux de l’auteur du présent en gras. Comme n’importe quel analyste ou commentateur, l’auteur est, dans ses sélections, résumés et propos, évidemment biaisé et notamment par ses orientations propres qui, probablement, proviennent entre autres de ses origines hongroise et chrétienne, de son mode de pensée régulationniste, de sa position anti-impérialiste et de ses options socialo-écologiques.

La note examine les événements récents dans l’optique de la problématique suivante : les rapports des forces entre les grandes puissances et leurs répercussions sur « l’étranger proche » à l’UE, ainsi que (i) l’adhésion, l’association ou l’intégration de certains pays eurasiatiques est-elle possible, probable ou souhaitable à l’UE ou à

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d’autres regroupements; il s’agit donc d’analyser ces différents modes d’élargissement de ces derniers ; (ii) étudier les mutations géopolitiques du continent eurasiatique qui seraient susceptibles d’avoir un impact sur l’UE ; (iii) enfin, il s’agit de fournir des éléments d’appréciation dans la perspective de la définition d’une géostratégie de l’UE dans le contexte du continent eurasiatique et des préoccupations dans ses « parages ».

Avec la section « Dimensions géoéconomiques », la tentative est faite d’opérer des analyses transversales d’ordre économiques où les multinationales jouent un rôle majeur, voire déterminant. Il s’agit donc d’explorer les dimensions économiques de la géopolitique de la région eurasiatique. Y trouveront leur place des informations et analyses qui concernent notamment les questions énergétiques et les moyens de transport, les privatisations ou les nationalisations et la stratégie des multinationales dans d’autres domaines.

D’une façon limitative, les pays pris en considération ici sont les suivants. Pour se faire comprendre en bref, on peut en fait les regrouper en fonction de certaines proximités géographiques ou géopolitiques :

les trois pays baltes: l’Estonie*, la Lettonie* et la Lituanie*; les quatre pays de Visegrád: la Pologne*, la République tchèque*, la Slovaquie* et la Hongrie*; les neuf ou dix pays balkaniques : la Slovénie*, la Croatie*, la Serbie avec ou sans le Kosovo, le

Monténégro, la Bosnie-Herzégovine et la Macédoine, ainsi que la Roumanie*, la Bulgarie* et l’Albanie ;

les trois pays centre-européens entre l’UE et la Russie: le Bélarus, l’Ukraine et la République moldave (Moldova);

la Turquie et les trois pays de la Caucasie méridionale : la Géorgie, l’Azerbaïdjan et l’Arménie ; l’espace de “trois mers” : Méditerranée, Noire et Caspienne dont fait notamment partie l’Iran ; les six “stans” en Asie centrale : Turkménistan, Ouzbékistan, Kazakhstan, Kirghizistan, Tadjikistan et

Afghanistan, ainsi que Mongolie.------------* pays membres de l’UE.

Voici enfin l’explication d’autres abréviations : A. = auteur-e ; AIEA = Agence internationale de l’Energie atomique ; ASEAN ou ANASE = Association des nations de l’Asie du Sud-est ; BM = Banque mondiale ; BERD = Banque européenne pour la reconstruction et le développement; BRICS = Brésil-Russie-Inde-Chine-Afrique du Sud; CEI = Communauté des Etats indépendants composés (sans les Etats baltiques) des 12 pays ex-soviétiques; EUA = Etats-Unis d'Amérique; FMI = Fonds monétaire international; FT = Financial Times; NYRB = New York Review of Books ; NZZ = Neue Zürcher Zeitung ; OCDE = Organisation de la coopération et du développement de l’Europe dont font notamment partie les EUA et le Japon; OCS = Organisation de coopération de Shanghai ; OMC = organisation mondiale du commerce; ONG = organisation non gouvernementale; ONU = Organisation des Nations Unies; OSCE = Organisation de la sécurité et de la coopération pour l’Europe; OTAN = Organisation du traité de l’Atlantique du Nord; OTSC = Organisation du Traité de sécurité collective (en Asie centrale); PECO = pays de l’Europe centrale et orientale ou centre de l’Europe ou encore pays situés entre la Russie et le monde de langue allemande; PESC = Politique étrangère de sécurité commune; PESD = Politique européenne de sécurité et de défense ; PIB = Produit intérieur brut; RFA = République fédérale d’Allemagne; RU = Royaume Uni ; UE = Union européenne.

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