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Le p’tit Brassens Journal du collège Georges Brassens, 1 rue de l’Alzeau 11100 Narbonne Juin 2015—n°14- 0,50 € Dossier spécial : Camp des Milles Avec le soutien : Du Ministère de la Défense. De la Fédération Maginot. De la Fondation pour la Mémoire de la Shoah Sommaire Présentation du Camp des Milles p. 2 Les trois périodes de l’histoire du camp p. 3 Conditions de vie : comment résister à l’enfermement p. 4 Créer pour résister p. 5 Les Justes p. 6 Pourquoi protéger un être humain ? P. 7 Les Milles : le train de la liberté p. 7 Génocide, génocides p. 8 Lettre à l’enfant que j’aurai un jour… p. 9-10 J’ai vu, j’ai entendu, j’ai ressenti p. 11 Galerie photos p. 12 MilleS et un poèmes p. 13-16 © Toujours se souvenir et témoigner encore et encore Les employés de l’arsenal Blohm et Voss font le salut hitlérien le 13 juin 1936. Seul August Landmesser croise les bras avec provocation. Membre du parti nazi, il en avait été exclu pour avoir épousé une juive. A sa manière, il dit NON.

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Le p’tit Brassens

Journal du collège Georges Brassens, 1 rue de l’Alzeau 11100 Narbonne Juin 2015—n°14- 0,50 €

Dossier spécial : Camp des Milles

Avec le soutien : Du Ministère de la Défense. De la Fédération Maginot. De la Fondation pour la Mémoire de la Shoah

Sommaire

Présentation du Camp des Milles p. 2 Les trois périodes de l’histoire du camp p. 3 Conditions de vie : comment résister à l’enfermement p. 4 Créer pour résister p. 5 Les Justes p. 6 Pourquoi protéger un être humain ? P. 7 Les Milles : le train de la liberté p. 7 Génocide, génocides p. 8 Lettre à l’enfant que j’aurai un jour… p. 9-10 J’ai vu, j’ai entendu, j’ai ressenti p. 11 Galerie photos p. 12 MilleS et un poèmes p. 13-16

©

Toujours se souvenir et

témoigner encore et encore

Les employés de l’arsenal Blohm et Voss font le salut hitlérien le 13 juin 1936. Seul August Landmesser croise les bras avec provocation. Membre du parti nazi, il en avait été exclu pour avoir épousé une juive. A sa manière, il dit NON.

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Le Camp des Milles

Comment le camp des Milles est-il devenu un lieu de mémoire et d’éducation après avoir été oublié pendant près de 40 ans ?

.Pendant 40 ans, on ne parle pas du Camp des Milles dans la région. Mais certains témoins comme le Pasteur Ma-nen (Juste parmi les Nations qui a livré son témoignage dans son journal Au fond de l'abîme ) et quelques internés comme Lion Feuchtwanger (Le Diable en France, 1942) commencent à s’expri-mer. Serge Klarsfeld travaille sur les noms des déportés des Milles ; en 1979, quelques universitaires d'Aix-en-Provence commencent des recherches. De 1982 à 2011, on va préserver la Salle des peintures murales menacée de des-truction qui sera classée en 1993 monu-ment historique et inaugurer une stèle

commémorative. Le Comité de coordi-nation pour la sauvegarde du Camp des Milles est créé ainsi que le Musée Mé-morial de la Déportation, de la Résis-tance et de l'Internement. Un Wagon du Souvenir est installé sur les lieux mêmes des déportations L' Association "Mémoire du Camp d'Aix-

les-Milles" œuvre à la conception d'un Mémorial. Le site sera financé par divers partenaires dont la Fondation pour la Mémoire de la Shoah et soutenu par des personnalités politiques et intellectuelles

majeures comme Simone Weil, Jorge Semprun, Robert Badinter et Serge Klars-feld qui ont parfois eux-mêmes vécu la barbarie. Le Site-Mémorial est aujourd’hui un lieu de souvenir mais aussi un espace vivant d’éducation et de culture tourné vers les jeunes.

Charly Guitou, Valentin Andreu , Emre Özbek et Grégoire Abeille

Où est situé le Camp des Milles ?

Les Milles est un village de 7000 habitants, situé à trois kilo-

mètres au sud d’Aix-en-Provence, dans les Bouches du Rhône.

Mille serait le nom de famille de trois bergers de la région

d’Arles qui, lors de la transhumance avaient pris l’habitude de

s’arrêter près d’une source au plan d’Aillanes pour se reposer.

Puis ils s‘y installèrent, créant le hameau des « Mielles » qui

deviendra Milles. Ce village est connu pour avoir hébergé un

camp d'internement et de déportation lors de la Seconde

Guerre mondiale.

Pendant celle-ci, l’usine dite la Tuilerie, où travaillaient plus de

trois cent personnes, a été transformée en camp de concen-

tration en septembre 1939, où furent internés, entre autres

Max ERNST et Ferdinand SPINGER. Le réfectoire conserve des

œuvres peintes à cette époque et est devenu un Mémorial, en

hommage à toutes les personnes déportées vers Auschwitz. On trouve encore sur les rails, un wagon souvenir commémo-

rant ces douloureux événements.

A.Nadour, A.Orenga, H.Albertos, S.Zannouti

©

« Afin que nul n’oublie, afin que nul ne doute,

afin que nul ne nie ! » Denise Toros-Marter, déportée à Auschwitz à 16 ans

Arrière de la fabrique : il y a de nombreux visi-teurs, nos élèves, les cadets de la Défense, des policiers en formation. Connaître les lieux de mémoire, un incontournable pour les futurs citoyens.

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Se souvenir et témoigner

Les trois périodes de l’ histoire du Camp des milles

1939-1940

Un Camp pour les sujets ennemis

L'histoire du camp débute sous la IIIe République, au début de la Seconde guerre mondiale. Le

gouvernement français prend la décision d'interner les ressortis-sants du Reich. Quelle déception pour ces intellectuels et résistants allemands qui ont voulu fuir le nazisme ! Ils pensaient qu’ils pourraient se réfugier en France et trouver un cadre propice à l’expression de leurs idées de

liberté et de création.

Mais la déclaration de guerre de l’Allemagne à la France fait de ces hommes des "sujets enne-mis". Les internés sont victimes d'un

mélange de xénophobie (comportement hostile envers les étrangers), d'absurdité et de dé-sordre administratifs ambiants et vivent dans des conditions très mauvaises. Dans le Sud-Est, ces étrangers sont internés dans la Tuilerie des Milles, alors désaffec-tée. Non seulement ils se sont exilés, ils se sont expatriés mais

doivent vivre en France avec le sentiment d’avoir été trahis par les français. Ils vivent là une double peine.

1940 -1942 Un camp pour les indésirables

En juin 1940 , c’est la défaite française et la signature de l'ar-mistice. C'est là que se situe l'épi-sode du "Train des Milles", popu-larisé par le film de Sébastien Grall. À partir de juillet, sous le régime de Vichy, le camp est ra-pidement surpeuplé : en juin 1940 il y a 3 500 internés Au cours de cette période sont transférés aux Milles notamment

les étrangers des camps du Sud-Ouest, et en particulier des an-ciens des Brigades internatio-nales d'Espagne ainsi que des Juifs expulsés du Palatinat, du Wurtemberg et du pays de Bade. À partir de novembre 1940, le camp, passé sous l'autorité du Ministère de l'Intérieur, devient le seul camp de transit en France

pour une émigration Outre-Mer, transit régulier ou illégal avec l'aide de particuliers, d'organisa-tions ou de filières locales et in-ternationales. Au fil du temps, les conditions d'internement se dégradent : vermine, maladies, promiscuité, nourriture insuffisante...

Août et septembre 1942 Un camp de déportation des juifs

Plus de 2 000 Juifs, hommes, femmes et enfants sont déportés vers Auschwitz, vers Drancy ou Rivesaltes. Vichy a accepté de livrer 10 000 Juifs de la zone dite "libre" à l'Allemagne. Au début du mois de juillet 1942, Laval propose d'inclure les enfants âgés de moins de seize ans dans les déportations, ce qui n’avait jamais été demandé par les Alle-

mands. Le 3 août, le camp est bouclé. Femmes et enfants juifs de la région sont menés vers les Milles pour rejoindre les autres internés avant d'être déportés. Les Juifs réfugiés politiques ou étrangers ayant servi dans l'armée française n’ont eu aucune chance de re-partir vivants. Une centaine d'en-

fants sont ainsi déportés à partir de l'âge d'un an. Au total, cinq convois prennent la direction de différents camps de concentra-tion dont Auschwitz.

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« Vivant la même apathie que des millions d’autres individus,

je laissais venir les choses. Elles vinrent. » Sebastian Haffner

Dessin du peintre Jupp Winter, interné au camp des Milles, en 1939

Masques de la Commedia dell’ arte, traces retrouvées dans le bâtiment d’internement

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La vie était rude au Camp des

Milles : le mistral s’engouffrait

dans la Tuilerie et partout il y avait

de la poussière de briques. Jour et

nuit, cette poussière ocre crissait

sous les dents, pénétrait dans les

oreilles, s’insinuait dans les na-

rines, asséchait les yeux, envahis-

sait les repas, . «Nous avions l’im-

pression d’être minéralisés», résu-

mait le peintre Ferdinand Sprin-

ger.

Les internés avaient très froid en

hiver, trop chaud en été. Ils parta-

geaient des paillasses à même le

sol. Ils disposaient chacun, à leur

arrivée de cinq kilos de paille qui

se dispersait au moindre souffle de

vent. Les paillasses étaient infes-

tées de puces et de punaises qui

attaquaient pendant la nuit. Ils

partageaient aussi des épidémies.

En 1939, il n’y avait pas suffisam-

ment d’infrastructures sanitaires,

d’où un très grand manque d’hy-

giène. Il n’y avait que 4 cabinets

pour 3000 hommes, gérés en par-

ticulier par des légionnaires inter-

nés qui en organisaient l’accès

pendant la nuit. Le médecin du

camp lança d’ailleurs un chantier

… mais les artistes exerçaient leur art Les autorités, françaises ont ouvert

des camps similaires dans toutes

les régions du sud de la France où

la densité d’artistes et d’intellec-

tuels est particulièrement forte dès

les années 30. Les étrangers fuient

le nazisme. Le Camp des Milles a

détenu un nombre incroyable de

peintres, d’écrivains, de sculpteurs,

d’architectes, de musiciens, d’intel-

lectuels, de scientifiques. Tous les

domaines artistiques étaient repré-

sentés. Les artistes et les intellec-

tuels étaient encouragés à exercer

leur art par le directeur du lieu, un

commandant français. Les im-

menses fours voûtés se transfor-

mèrent en salons littéraires, en

théâtres, en salle de concerts de

fortune. Aux Milles, on donnait

des représentations, des récitals.

On créait, on résistait et on survi-

vait. Le peintre surréaliste Hans

Bellmer, qui avait fui l’Allemagne

en 1938 s’était installé un atelier

mal éclairé aux côtés de Max

Ernst, interné de fin octobre à fin

décembre 1939, libéré grâce à

Paul Eluard, puis de nouveau en-

fermé de mai à juin 1940. Hans

Bellmer croquait des officiers, des

gardiens. C’était parfois des fu-

sains plutôt classiques qu’il ven-

dait ; d’autres fois, il peignait des

visages plus surprenants comme

ce portrait de Max Ernst dessiné

tout en briques, matériau omni-

présent aux Milles.

avec les internés pour équiper le

camp. La nourriture était insuffi-

sante pour le nombre de détenus,

celle-ci était souvent détournée.

Imaginez des enfants sachant à

peine marcher, trébuchant de fa-

tigue dans la nuit et dans le froid,

pleurant de faim… Imaginez des

enfants un peu plus grands de 5

ou 6 ans essayant de porter leur

baluchon et s’écroulant de sommeil

sous le poids de leurs paquets trop

lourds...Imaginez un enfant de 13

ans couché sur une paillasse à

même le sol couverte de punaises

qui attaquaient la nuit… Imaginez

les jeunes pères et mères pleurant

silencieusement de rage devant

leur impuissance à soulager la souf-

france de leur enfant…. Imaginez

un père ou une mère caressant le

visage de leur fils ou de leur fille

pour en garder l’empreinte au bout

des doigts et essayer de se souve-

nir...

Le Camp des Milles

« Afin que nul n’oublie, afin que nul ne doute,

afin que nul ne nie. » Denise Toros-Marter

1. Johnny Friedlaender « images du malheur » 2. les dortoirs où dormaient les internés

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Rudes pour les hommes les conditions de vie étaient redou-tables pour les en-fants... ∞

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Max Ernst est né à Brühl en Allemagne en 1891. C’est un peintre et sculpteur alle-mand, considéré comme le précurseur du surréalisme.

Max Ernst baigne dans l'uni-vers artistique depuis son enfance, son père étant peintre. Alors qu'il suit des études littéraires à l'Universi-té de Bonn, il abandonne son cursus avant la fin pour se consacrer à l'art. Il rejoint ainsi un groupe expression-niste et expose pour la pre-

mière fois à Cologne en 1912, avant de partir pour Paris en 1913 après sa rencontre avec Guillaume Apollinaire. Cependant, la Première Guerre mondiale éclate et Max Ernst va servir dans l'armée allemande. Ce n'est qu'en 1922, après avoir fondé le groupe Dada de Cologne, qu'il revient à Paris et mène une carrière prolifique. Il expose au salon des Indépen-dants en 1923, crée "La belle jardinière" en 1924, et surtout invente la technique du frottage, comparable à l'écriture auto-

matique, en 1925. En 1929, il publie le premier livre collage "La femme 100 têtes", expérience qu'il renouvelle en 1934 avec "Une semaine de bonté". L'année suivante, il participe au film "L'âge d'or" de Luis Bunuel en tant qu'acteur. En 1934, alors qu'il réalise sa première exposition aux Etats-Unis, il se lance

aussi dans la sculpture et produit des œuvres comme jeune femme en forme de fleur. La Seconde Guerre mondiale conduit à l'arrestation de Max Ernst en 1939. Il est interné au camp des Milles. Il réussit néan-moins à quitter la France et gagner l’Espagne puis il arrive à rejoindre les Etats-Unis en 1941, où il travaille à l'expression-nisme abstrait et écrit le traité "Beyond painting" en 1948.

En 1953, Max Ernst revient en France et se voit décerner un an plus tard le Grand Prix de la Biennale de Venise. Il quitte alors définitivement Paris en 1955 et continue ses créations. De nombreuses rétrospectives lui sont dédiées partout dans le monde, à Londres et Cologne en 1962, à Amsterdam en 1970, ou encore New York et Paris en 1975. Il meurt en 1976 à Paris .

SURREALISME Le surréalisme est un mouvement littéraire, culturel et artistique qui apparaît au XX

e siècle. Ce mouve-

ment croit à la toute-puissance du

rêve et, d'après son nom, à ce qui est « au-dessus du réalisme » et de la raison.

Océane Tellez, Gabriel Sammour, John Gleizes

« La belle jardinière »

Se souvenir et témoigner

« Créer pour résister»

Hans Bellmer, Portrait de Max Ernst

Jeune femme en forme de fleur

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Le Camp des Milles

Les Justes

Abbé Fernand SINGERLÉ

Fernand Singerlé est un prêtre

catholique très apprécié, très

actif dans plusieurs réseaux de

résistance y compris un réseau

de civils et d’employés adminis-

tratifs qui cache des juifs qui

parviennent à s’enfuir du camp

des Milles.

Le curé héberge dans son unique chambre pen-

dant près de deux mois, la famille Pfeiffer réfugiés

juifs d’Allemagne, emprisonné au camp des Milles.

Tandis que lui, dort sur une paillasse dans les

combles de l’église.

Il lui a été décerné, en 1999 à Jérusalem, le titre de

“Juste parmi les Nations” pour avoir aidé, à ses

risques et périls, des Juifs pourchassés pendant l’oc-

cupation. Deux plaques commémoratives ont été

apposées ; l’une dans l’église, l’autre dans un parc à

son nom dans le village.

Qu’est-ce qu’un Juste ?

Plusieurs Juifs ont été sauvés par des or-ganisations ou des réseaux de sauvetage

comme l’‘association « OSE » (Œuvre de secours aux enfants) qui a secouru plu-sieurs milliers d'enfants juifs pendant la Seconde guerre mondiale. Mais il n’y a pas que les organisations qui ont aidé les juifs ; il y a aussi des individus isolés, qui ont agi sans aide. Ces personnes ont reçu le titre de « Juste parmi les Nations ». Ils sont venus en aide aux juifs en leur procurant de faux-papiers, en les évacuant et les cachant , en les soignant.

André DONNIER Le docteur André Don-nier, chirurgien, soigne des malades du camp. Quant à sa femme Geor-gette, elle va rendre visite à des juifs, que le couple à réussi à cacher, en leur donnant de la nourriture et des soins médicaux. Pendant que les époux

Fischbach (juifs sauvés du camp) étaient ca-chés dans le cabanon de la clinique, Geor-gette et André Donnier vont être amenés à sauver un résistant, Maurice Chevance. Le médecin et sa femme restèrent en contact avec les Fishbach même après leur départ pour les Etats-Unis, où ils s'installèrent. Le 2 décembre 1991, Yad Vashem a décerné au docteur André Donnier et à sa femme Georgette le titre de Justes parmi les Nations.

Pasteur Henri MANEN

Henri Manen est né en 1900. Pasteur à Mulhouse au début de la deuxième guerre mon-diale, il doit se replier sur Aix en Provence où il devient pasteur

de Saint Cyr et demande à être

nommé au camp des Milles.

En 1942, alors que les rafles s'intensifient, le pasteur Manen réussira à sauver un grand nombre d'inter-

nés du camp des Milles et raconte ses efforts dans un journal tenu au jour le jour qu'il appelle : "Au fond de l'Abîme". Après ce sauvetage et ses sermons au temple d'Aix encourageant à la résistance, il s'éloigne pour ne pas être inquiété par les autorités de Vichy mais continue son action d'assistance aux

juifs.

Il a été nommé Juste parmi les Nations ainsi que sa femme Alice, pour son action de sauvetage des in-ternés juifs du Camp des Milles durant la deuxième

guerre mondiale.

« Quiconque sauve une vie, sauve l’Univers tout entier» Talmud

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Pourquoi protéger un être humain ?

Se souvenir et témoigner

Les Milles : Le train de la liberté

« Les Milles : le train de la liberté » est un film de guerre réalisé en 1995 par Sébastian Grall. Les acteurs principaux sont Jean-Pierre Marielle (le com-mandant Perrochon), Phillippe Noiret (le général) et Kristin Scott Thomas (Mary-Jane Cooper).

En 1933, Hitler, le chef du parti nazi, est élu chancelier en Allemagne. Aussi-

tôt, il met en place sa politique discriminatoire envers les opposants au na-zisme dont les communistes et un peu plus tard envers les juifs. De ce fait, certains allemands contestataires fuient vers d’autres pays européens dont la France qui attire les artistes et les intellectuels.

En 1940, ils sont internés au camp des Milles, près d’Aix-en-Provence. Le commandant Perrochon dirige ce camp. Mais, quand sa hiérarchie militaire lui demande de leur remettre les clés du camp et les prisonniers allemands, il affrète secrètement un train pour évacuer les 800 prisonniers sur Bayonne où un bateau, l’Au-rore » les attendait pour les amener à Casablanca au Maroc. Pour financer ce départ, il utilise l’argent des prisonniers mais la plus grosse partie vient des Etats-Unis par l’intermédiaire d’une journaliste américaine, Mary-Jane Cooper. Cependant le commandant Perrochon ne se doutait pas qu’un quiproquo sur l’expres-

sion « train des allemands » allait compromettre l’embarquement des prisonniers sur le bateau.

Nous vous recommandons ce film, qui même s’il est tourné en Pologne et non sur le site des Milles, est assez attachant avec des passages d’humour et de nombreux rebondissements et du suspense. Le train va-t-il arri-ver ? Quel est ce train de « boches » ? De plus ce film met en scène des personnages positifs, respectueux de l’humain, qui placent leur devoir au-dessus des ordres donnés même si c’est difficile. Le commandant refuse de servir les allemands. C’est un acte de résistance mais pourtant on l’a oublié pen-dant des années jusqu’à la réalisation du film. Son vrai nom est Charles Goruchon.

Melissa, Coskun, Busra Mete , Mervé Yasar

« Qui répondrait en ce monde à la terrible obstination du crime,

si ce n’est l’obstination du témoignage ? » Albert Camus

Des hommes et des femmes ont dit Non aux horreurs de la seconde guerre mondiale. Chacun l’a fait comme il le pouvait avec ce qu’il était. Certains ont résisté par le sauvetage, d’autres par les armes, par la dignité face à la volonté d’abaissement, par la création. Au camp des Milles, la culture et l’art permirent aux internés de survivre et de conserver leur dignité. Dans ce même lieu, le pasteur Manen se battit pour obtenir de faux papiers pour certains internés ; le gardien Au-

guste Boyer et sa femme Marie-Jeanne cachaient des enfants dans la journée, les chargeaient sur leur dos la nuit et les déposaient dans un monte-charge. Quelqu’un les réceptionnait en haut et les sortait du camp. Ces hommes risquaient gros mais il était pour eux impensable de ne pas agir. Ils ont pris des risques. Ils étaient courageux, respectueux de la nature humaine. Ils étaient convaincus qu’ « il était si tôt trop tard pour réagir ». Ils sont restés vigilants et ont désobéi, refusant le confort de la meute. Ce qui les portait, c’est le désir de justice, la foi en l’autre, le respect, la tolérance. Ils ont surmonté leur peur se sentant responsable de l’ave-nir de l’autre.

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Le Camp des Milles

Le génocide : le plus grave des crimes contre l’humanité

Le génocide nait de la volonté politique de l’état dirigeant de détruire la totalité d’un groupe humain. C’ est l'extermination physique, intentionnelle, systématique et programmée d'une population civile en raison de ses origines ethniques, religieuses ou sociales.

Trois génocides sont reconnus par les historiens du XXème siècle : celui contre les Arméniens en 1915-1916, celui contre les juifs que l’on appelle la Shoah en 1939-1945 et celui contre les Tutsis rwandais en 1994.

Marilyn Contente, Léa Roche

Le génocide des arméniens

Le génocide des arméniens dé-bute le 24 avril 1915 par l'arresta-tion et l'assassinat de plusieurs

centaines d'intellectuels armé-niens à Istanbul. Il est planifié par certains leaders des « Jeunes turcs », parti au pou-voir. L'objectif est une unification des peuples de langue turque. Les Arméniens sont désignés comme un obstacle à cette unification. S'ensuivent alors le désarmement de tous les soldats arméniens ser-vant dans l'Armée turque et sur-

tout la mise en œuvre d'une poli-tique génocidaire se traduisant par le massacre ou la déportation

systématique des arméniens Le génocide des Arméniens aboutit à l'assassinat de 1,5 millions d’Armé-niens sur les 2,2 millions vivant en Turquie.

La Shoah La shoah a abouti entre 1939 et 1945 à l’assassinat des deux tiers

de la population juive euro-péenne, parmi lesquels plus d’un million d’enfants. Ce génocide fut un crime sans précédent dans l’histoire de l’hu-manité, pratiqué sous des formes diverses : exécutions massives, meurtres industrialisés dans les chambres à gaz des camps d’ex-termination. Six millions de Juifs furent ainsi

assassinés par un Etat utilisant tous les moyens de la civilisation moderne, organisationnels, bu-reaucratiques, scientifiques, tech-niques et industriels, dans le but déterminé d’effacer de la surfacer de la terre un peuple et sa culture. Le génocide a principalement été

mis en œuvre par la SS du IIIe Reich. Il a bénéficié de complicité dans toute l’Europe, notamment

de la part de gouvernements ayant fait le choix de la collabora-tion d’Etat avec l’Allemagne comme la France. L’ignorance puis la passivité de beaucoup ont fortement aidé à son accomplisse-ment. En 2005, l’assemblée générale de l’ONU considérant l’importance universelle de la shoah et des le-çons à en tirer dans le cadre de la

prévention des génocides , a déci-dé l’instauration d’une journée annuelle internationale de com-mémoration des victime de l’Holo-causte.

Le génocide au Rwanda

En 1994, le Rwanda est composé de Hutus et de Tutsis les uns agri-culteurs, les autres éleveurs qui

s’opposent économiquement et socialement. Les Hutus au pouvoir commettent des premiers mas-sacres. Beaucoup de Tutsis sont contraints à l'exil. Lorsque le Prési-dent Juvénal Habyarimana, un Hutu, est tué dans un attentat le 6 avril 1994 les autorités rwandaises profitent de cette occasion pour déclencher un génocide contre les Tutsis. Les milices Hutus tra-

quent les Tutsis à travers le pays. Des civils participent aux mas-sacres, à l'aide de machettes. Hommes, femmes et enfants tutsis sont parfois tués par leurs voisins. Au total, près d'un million de Tut-sis, mais aussi opposants Hutus, ont été assassinés en quelques semaines. Malgré l'ampleur de la catastrophe la communauté inter-nationale a été incapable d'empê-

cher un nouveau génocide, 50 ans après la Shoah.

Inès.A, Gizem et Morgane

Vila Jennifer, Rosset Candice, Geral Lisa, Amar Hana

Gabriel Sammouir, Samir Zannouti , Gregoire Abeille

« Le ventre est encore fécond d’où a surgi la bête immonde. » Bertolt Brecht

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Narbonne, mai 2015

Mon cher enfant,

Sais-tu qu’il y a 76 ans, la seconde guerre mondiale éclatait ? Sais-tu

qu’elle opposa, entre autres, l’Allemagne à la France? Sais-tu que notre

pays, envahi par nos ennemis, perdit alors toutes ses valeurs de liberté,

d’égalité et de fraternité ? Sais-tu que durant ce conflit des millions de

juifs de toute l’Europe furent déportés vers la mort et que nous avons été

complices de cette barbarie ? Sais-tu que sur le sol français il y a eu des

camps d’internement comme celui de Rivesaltes, tout près de chez nous,

d’où partaient des convois pour Auschwitz un camp d’extermination si-

tué en Pologne ? Sais-tu que dans des Camps comme celui des Milles, près

d’Aix en Provence des allemands, des autrichiens, des polonais, des juifs,

ont été emprisonnés. Certains parce qu’ils s’opposaient et fuyaient le ré-

gime raciste d’Hitler et qu’ils étaient considérés comme des ennemis, les

autres pour des raisons raciales.

Si je te parle de tout cela c’est parce que j’ai visité le Camp de Rivesaltes et

le Camp des Milles. Et on m’a expliqué. J’espère que tu arrives à me

suivre ! Je voudrais tellement que tu vives en paix ta vie entière !

Ces étrangers venaient en France car ils la considéraient comme le pays

des Droits de l’Homme. Dans « la petite Allemagne », à Sanary sur Mer,

ils se croyaient en sécurité. Lorsqu’ils ont été convoqués par les autorités

françaises, ils y sont allés sans méfiance, croyant retourner chez eux le

soir-même. Ainsi, au Camp des Milles se sont retrouvés des artistes comme

des peintres, des écrivains et des poètes, des musiciens. Ensuite ce fut le

tour des juifs raflés par le gouvernement français. En 1942,ils seront plus

de 2000 à transiter par ce camp avant d’être convoyés vers Auschwitz,

même des enfants, même les plus petits qui n’avaient qu’un an…

Te rends-tu compte de l’horreur ?

Les conditions de vie dans cette ancienne tuilerie étaient horribles :

chaleur ou froid extrêmes, obscurité, manque d’hygiène, poussière d’ar-

gile très fine s’insinuant dans les yeux, les oreilles, le nez, la bouche, épi-

démies, odeurs et promiscuité, disputes qui dégénéraient en bagarres…

Les 5 kilos de paille dont les internés disposaient pour leur paillasse s’en-

volaient au gré du fort mistral

Arrives-tu à l’imaginer ?

Qu’aurais-tu fait toi mon enfant, si tu t’étais retrouvé dans ce contexte

de guerre et d’abomination ?

Se souvenir et témoigner

Lettre à l’enfant que j’aurai un jour…

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Moi, à ton âge, je n’aurais pas pu répondre, je ne savais pas…Aujourd’hui

les choses sont plus claires : je sais qu’il ne faut pas suivre le mouvement, il

ne faut pas être un mouton, il faut savoir dire NON ! Voilà pourquoi il

faut s’indigner, parfois désobéir au risque d’être dans l’illégalité comme

l’ont été de nombreux Justes et résistants.

N’oublie jamais que ne rien faire, c’est laisser faire !

Comprends-tu comment à partir de stéréotypes, de rumeurs et de préjugés,

on peut en arriver à tuer des personnes innocentes voire tout un peuple ?

Ne ris plus si tu entends :

« C’est un travail de portos ! », « il y a des roms là-bas, fais gaffe à ton

scoot ! », « Les Allemands ? Tous des fachos », « Quel radin celui-là, il ne

serait pas juif par hasard ? »

De ce terreau de stéréotypes, naissent des fleurs de haine qui ne cessent de

croître et qui s’emmêlent telles des ronces dont on ne peut plus se libérer

Et quand la décision est politique, c’est un génocide. Voilà jusqu’où la co-

lère, le ressentiment, la frustration et la folie d’un homme peut aller.

Après la peur, le rejet de l’Autre, le racisme et le repli sur soi.

N’oublie jamais mon petit Julien que certains mots peuvent être meur-

triers. Tu vois on a utilisé, pour désigner certaines populations, dans les

trois génocides qui ont eu lieu au XXème siècle, la Shoah, le génocide

rwandais et le génocide arménien les mêmes mots : cafards, vermines, pa-

rasites, rats, cancers, blattes, chiens, poux. Un drôle de champ lexical to-

talement déshumanisant !

Tu es curieux et indépendant, exigeant et rebelle parfois. Tu t’indignes

souvent et j’en suis plutôt fière. C’est une force qui te permettra de lutter

contre toutes les formes de discrimination avec discernement.

Comprendre ces événements tragiques et transmettre cette mémoire, ne

sont pas des garanties contre un retour de la barbarie. Cependant, cette

compréhension et cette transmission sont indispensables pour aller vers

un monde plus juste et plus fraternel.

Ta (future) maman qui t’aime déjà.

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Sophie Gaschy, Sarah Lafare

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Les dessins des détenus m’ont marqués, cette part d’humanité, de civilité, dans un endroit où ils sont traités comme des chiens. Des proverbes qui, gravés dans la

pierre, résistent à l’épreuve du temps.

J’imagine la souffrance des prisonniers, cela a dû être ter-rible et j’ai ressenti un senti-ment de colère et un senti-ment d’injustice

J’ai ressenti un froid en ce lieu lugubre, beaucoup de peine ,de tristesse et de deuil envers les

anciens internés. J’ai eu peur.

J’ai éprouvé beaucoup d’émo-tions, de la révolte, je ne com-prends pas comment on a pu en arriver là.

J’ai vu une usine de fabrication de briques désaffectée qui est devenu un lieu de mémoire.

J’ai vu une fenêtre par laquelle des femmes se jetaient avec leur enfant pour se suicider. On l’ap-pelle la fenêtre des suicidés. C’est au deuxième étage, femmes et

enfants y étaient regroupés.

J’ai vu le cabaret Les katacombes 2, c’était une salle dans les caves où les artistes se distrayaient : ils avaient reconstitué un cabaret alle-mand. Dans ce bar clandestin, il y

avait un peu de marché noir. A l’entrée du cabaret, il y avait des écritures, de beaux dessins et pein-tures de prisonniers sur les murs.

J’ai entendu que Adolf Eichmann avait aidé Hitler et que pour sa défense, il disait qu’il n’avait rien fait, qu’il

n’avait fait qu’obéir aux ordres.

J’ai compris qu’il fallait être vigi-lant envers le racisme.

J’ai vu la salle du puits de lu-mière où les internés pei-gnaient, chantaient, sculp-taient, jouaient et pratiquaient leur religion.

C’est une salle où le son ré-sonne.

J’ai vu le wagon du souve-nir qui servait à transporter les juifs jusqu’à Auschwitz.

J’ai entendu que quand ils étaient ma-lades, ils faisaient leurs besoins juste à côté des autres. Souvent les excréments tombaient à l’étage en dessous. Il n’y avait que quatre latrines dont l’accès était

autorisé seulement pendant la nuit et

organisée par les légionnaires internés.

J’ai entendu dire que beau-coup de personnes ont sau-vé des enfants juifs.

Une photo m’a marqué : un homme très courageux n’a pas levé la main pour saluer le dis-cours d’Hitler. Il est le symbole de la résistance intérieure alle-

mande.

J’ai entendu les mémoires et souvenirs d’anciens dé-portés qui figuraient sur des petits films documen-taires.

Je comprends mieux le mot Dictature.

Se souvenir et témoigner

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Galerie photos

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1 La salle du puits de lumière où les internés pratiquaient leur art et leur foi 2 Le dortoir des femmes au second étage 3 Un arbre pour expli-quer comment une société sombre dans la barbarie

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J'ai vu, en arrivant, des bâtiments d'usine,

J'ai vu une fenêtre, face aux escaliers

D'où des femmes se jetaient, leur enfant dans les bras.

J'ai vu, du haut de cette fenêtre, un wagon, le wagon du souvenir

Utilisé pour amener les juifs à Auschwitz.

J'ai vu une photo : une armée faisant le salut nazi

Et au milieu, un homme, seul, qui croise les bras,

Symbole de la résistance intérieure...

J'ai ressenti de la tristesse pour les enfants séparés de leurs parents,

Pour les enfants apprenant la mort de leurs parents.

J'ai ressenti aussi de la colère envers les Allemands, surtout envers Hitler...

J'ai appris où pouvait mener la cruauté...

Gabriel

Au camp des Milles, j'ai vu la fenêtre

Du haut de laquelle des femmes se suicidaient.

J'ai vu aussi le sous-sol, grande pièce glaciale

Une grande pièce poussiéreuse

Où les prisonniers dormaient à même le sol,

Privés de chaleur et de lumière.

J'ai vu une salle de spectacle, des dessins sur les murs.

J'ai entendu parler de manque d'hygiène, de promiscuité...

J'ai été émue, peinée, en colère, révoltée par l'injustice,

Mais riche de tout ce que je venais d'apprendre.

Jennifer

En parcourant le camp des Milles,

J'ai vu des bâtiments de brique orange,

Et leur sous-sol, dortoir d'infortune,

Une fenêtre donnant sur la cour

Du haut de laquelle des femmes se précipitaient...

J'ai vu aussi une photo : des Allemands font le salut nazi,

Un seul résiste, les bras croisés...

J'ai entendu que ce camp était une ancienne tuilerie,

J'ai entendu aussi qu'Adolf Eichman avait aidé Hitler

J'ai ressenti de la peine, de la colère

Et le chagrin lié au deuil.

J'ai tant appris...

Je voudrais que cela ne se reproduise plus jamais.

Lisa

MILLES et un poèmes

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J'ai vu le paysage que les prisonniers apercevaient tous les jours,

J'ai vu la fenêtre des « suicides »,

D'où les femmes, leur enfant dans les bras,

Se jetaient pour échapper à la mort.

J'ai vu des dessins et des mots tracés sur les murs,

J'ai vu une scène sur laquelle ils trouvaient la force de chanter et danser...

J'ai entendu leur histoire,

J'ai entendu leurs difficultés à survivre, privés de tout,

J'ai entendu que des femmes organisaient des sauvetages d'enfants

Grâce à un escalier dérobé...

J'ai entendu Marine chanter en hommage à toutes ces victimes...

J'ai ressenti le froid glacial du sous-sol aménagé en dortoir

J'ai ressenti de la peine

J'ai ressenti de la colère

J'ai ressenti de la peur, peur que cela revienne...

J'ai appris qu'il faut être vigilant face au racisme,

J'ai appris qu'il faut résister à toutes les dictatures.

Candice

Durant cette visite, j'ai vu une usine désaffectée,

Ancienne fabrique de tuiles devenue camp d'internement.

J'ai vu l'endroit où ils dormaient, à même le sol et le sable,

Sous-sol sombre et humide...

J'ai vu un théâtre de fortune

Où ils trouvaient la force de jouer...

J'ai vu aussi une photo : seul au milieu d'une foule faisant le salut nazi ,

Un homme croise les bras,

Image forte, symbole de la résistance intérieure allemande...

J'ai entendu raconter les souvenirs de certains prisonniers,

J'ai souvent entendu : « Ne rien faire, c'est laisser faire »

J'ai ressenti tant d'émotions,

J'ai compris tant de choses,

J'ai ressenti tant de révolte !

Je ne comprends pas comment on peut en arriver là !

Marylin

MILLES et un poèmes

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Pendant cette visite, j'ai découvert des choses affreuses

J'ai découvert que des hommes dormaient sur de la paille,

J'ai découvert le manque d'hygiène et de nourriture.

Pendant cette visite, une photo m'a marquée :

Un homme, courageux, ne levait pas la main pour saluer Hitler

Seul au milieu des autres,

Geste de résistance intérieure...

Pendant cette visite, j'ai appris

Qu'un certain Adolf Eichmann, collaborateur d'Hitler

S'était justifié en prétendant qu'il obéissait simplement aux ordres.

Pendant cette visite, j'ai ressenti de la peine pour ces Juifs,

De la colère contre Hitler,

De la pitié pour ces enfants...

Pendant cette visite, j'ai compris qu'il ne faut pas être raciste,

Qu'un humain reste un humain

Quelle que soit la couleur de sa peau, son origine, ses croyances.

Je voudrais que plus personne n'ait à subir un tel sort,

Juif, musulman ou chrétien.

Gizem

Je voudrais qu'il n'y ait plus jamais

ni dictatures ni guerres…

Hana

J'ai vu les vestiges d'une ancienne tuilerie

Où des Allemands avaient été enfermés pour avoir fui le nazisme

J'ai ressenti de la haine pour les auteurs de ces crimes, même français.

J'ai vu la photo d'un homme qui croise seul les bras, au milieu d'une foule,

Refusant de faire le salut nazi...

J'ai compris que, dans la vie, il faut savoir sire « non » et se faire entendre.

J'ai entendu que des événements atroces se produisent encore aujourd'hui,

Je voudrais tant que chacun soit libre de penser et de croire

Et que cessent la violence, la guerre, l'intolérance.

Grégoire

MILLES et un poèmes

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L’Ours Adresse :

CDI Collège G. Brassens -1 rue d'Alzeau -11100 Narbonne

Directeur de publication: Marie-Laurence Cané

Directrices de rédaction et de mise en page : Aude Cazes, Gaëlle André-Acquier

Comité de rédaction :

la classe de 3A

Logo : Alain Cantéro

Crédits photos :

A. Cazes, G. André-Acquier, Mémorial du camp des Milles

Impression : Imprimerie Gavanon 11110 Salles d’Aude

Ne pas jeter sur la voie publique

J'ai vu le pyjama d'un prisonnier

J'ai vu la fenêtre d'où des femmes sautaient avec leur enfant

J'ai vu des défilés de nazis

J'ai vu un grand bâtiment orange où vivaient les prisonniers

J'ai aperçu au loin le wagon qui les amenait à Auschwitz

Je n'ai vu que quatre latrines pour des milliers d'internés

J'ai vu aussi où ils dormaient.

J'ai appris que ce camp était une ancienne tuilerie

J'ai appris que les malades côtoyaient les autres

J'ai appris que des légionnaires nettoyaient les toilettes

J'ai aussi appris qu'il y avait des artistes dans ce camp

J'ai appris qu'Adolf Eichmann prétendait ne faire qu'obéir aux ordres

J'ai ressenti de la souffrance

J'ai ressenti de la peur

J'ai ressenti de la peine.

Je voudrais que cela ne se reproduise pas.

Morgane

MILLES et un poèmes