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UICN Union mondiale pour la nature Rue Mauverney 28 CH-1196 Gland, Suisse Tél.: +41 22 999 0000 Téléc.: +41 22 999 0002 Site internet: www.iucn.org Courriel: [email protected]

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UICNUnion mondiale pour la nature

Rue Mauverney 28CH-1196 Gland, Suisse

Tél.: +41 22 999 0000Téléc.: +41 22 999 0002Site internet: www.iucn.orgCourriel: [email protected]

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FORGERDES LIENS

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Evaluation

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Publié par l’UICN, Gland, Suisse et Cambridge,Royaume-Uni

ISBN: 2-8317-0833-4

Ecrit par James Workman

Maquette: åtta design sàrl

Imprimé par Sro-Kundig, Genève, Suisse

Imprimé sur papier Aconda FSC 135 gsm à base de fibrede bois provenant de forêts dont la gestion est certifiéeconforme aux règles du Forest Stewardship Council(FSC)

© 2005 Union internationale pour la conservation de lanature et de ses ressources

FORGERDES LIENS

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Evaluation

des

progrès

2004

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AVANT-PROPOSNOS DONATEURSYOLANDA KAKABADSE FAIT UN BILAN DU PASSEVALLI MOOSA PREPARE L’AVENIR

8 RELIER LE TEMPS > A PARTIR DU PASSE, FAÇONNER L’AVENIR

NOS MEMBRES : PLUS LOIN, PLUS AVANT, PLUS HAUTLE CONGRES MONDIAL DE LA NATURE : NEUF JOURS POUR RENFORCER LA CONFIANCE ET DEFINIR LE CAP

20 RELIER LES ESPACES > CREER DES PASSERELLES DANS LE MONDE ENTIER

WILLIAM JACKSON : DES LIENS HORIZONTAUX A TRAVERS DES TERRITOIRES INEXPLORESL’UICN EN AFRIQUE : DECOLONISER LA NATUREL’UICN EN ASIE : RESTAURATION, REMISE EN ETAT, RESILIENCEL’UICN AUX AMERIQUES : ASSURER DES BASES NATURELLESL’UICN EN EUROPE ET DANS LA CEI : DES TERRAINS VAGUES A DES HAVRES DE VIE

44 RELIER LES HOMMES > EVOLUER A L’UNISSON AVEC L’ENSEMBLE DE LA SOCIETE

ACHIM STEINER : L’EVOLUTION DE LA SYNERGIEI. GESTION ET RESTAURATION EFFICACES DES ECOSYSTEMESII. INSTITUTIONS, TRAITES, PROCESSUS ET POLITIQUESIII. QUESTIONS FINANCIERES ET MESURES D’INCITATIONIV. PARTAGE EQUITABLE DES COUTS ET DES BENEFICESV. EVALUATION DE LA BIODIVERSITE ET FACTEURS SOCIAUX ET ECONOMIQUES CONNEXESVI. SYSTEMES DE GESTION DE L’INFORMATION ET DE COMMUNICATION VII. UNE GOUVERNANCE ET UNE GESTION EFFECTIVES, EFFICACES ET RESPONSABLES

DEFINIR LA TRAJECTOIRE : OU LES COMMISSIONS CONDUISENT-ELLES L’UNION ? DES BASES SOLIDES POUR DES INVESTISSEMENTS STRATEGIQUESLE PROGRAMME DE L’UICN 2001-2004 : CONFIANCE, CONCENTRATION, RESULTATS

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3L’Union mondiale pour la nature tire ses forcesde la diversité de ses composantes : membres,Commissions, partenaires, donateurs, pro-grammes, projets et collaborateurs du mondeentier. Le présent rapport met en lumière leséléments de cette diversité, évalue les progrèsde notre programme et pèse la force de notrecaractère.

Notre rapport d’évaluation des progrès estavant tout un hommage aux personnes etaux institutions qui mettent leur enthousi-asme, leur engagement et leurs ressources auservice du concept et des travaux de cetteUnion remarquable.

En 2004, l’Union s’est développée plus quejamais auparavant :

• Elle a amélioré la conservation scientifiquede la biodiversité pour des biomes tels que lesmilieux marins, les montagnes, la toundraarctique et les terres arides.

• Elle a élargi sa base de ressources financièresen ciblant de nouveaux publics.

• Sa composition s’est élargie, atteignant unnombre de membres sans précédent.

Avant-propos• Sa coopération avec les membres a étérenforcée ; elle a accueilli l’Angola, l’Iran, leGabon, la Côte d’Ivoire, la Guinée Equatorialeet Sao Tome et Principe comme Etats membresde son réseau.

• Elle a renforcé sa présence sur le plan local,avec de nouveaux bureaux en Afrique, en Asie,en Europe et au Moyen Orient.

• Elle a forgé de nouvelles alliancesstratégiques fortes, notamment avec desresponsables du commerce, d’anciensbraconniers devenus protecteurs de la faunesauvage, des universités et des entreprisesmultinationales.

• Chaque euro perçu au titre des contributionsdes membres a été converti en 11 euros definancement pour la conservation.

• Elle a réuni, mobilisé et habilité plus de 4800participants lors de la plus grande assembléemondiale de la conservation de la nature.

Un accroissement rapide de la diversité met àl’épreuve l’élasticité et la santé de tout sys-tème complexe, qu’il soit naturel ou insti-tutionnel. En trois étapes distinctes,ce rapportmet en lumière l’évolution de l’Union aumoyen de la création de liens durables, au-delà de l’histoire, au-delà de la géographie,entre les hommes.

Des écoliers indiens, leurs visages peinturlurés comme des tigres, participent à une campagne

de sensibilisation à la protection du tigre, à Bangalore, dans le Sud de l’Inde. © Reuters

© IISD

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Donateurs bilatéraux:

Royaume-Uni – Département dudéveloppement international

Ministère fédéral allemand decoopération économique et dudéveloppement

Agence allemande decoopération technique

Irlande – Ministère des Affairesétrangères

Pays-Bas – Ministère del’agriculture, de la gestion de lanature et de la qualité alimentaire

Italie – Ministère del’environnement et de laprotection du territoire, Servicede conservation de la nature

Espagne – Ministère del’Environnement

Agence des États-Unis pour ledéveloppement international

Ministère fédéral allemand del’environnement, la conservationde la nature et la sécuriténucléaire

Japon – Agence pour lacoopération internationale

Commission des forêts, Ghana

Ministère régional del’Environnement, Gouvernementde l’Andalousie, Espagne

Outre les accords cadres et les contributions volontaires, l’UICNa reçu des fonds dépassant 250 000 CHF des organismes suivants:

A ce jour, six organismesd’aide publique ont signédes accords cadres avecl’UICN :

Agence canadienne dedéveloppement international

Ministère royal des Affairesétrangères du Danemark

Pays-Bas – Ministère des Affairesétrangères, Direction généralepour la coopérationinternationale

Agence norvégienne pour lacoopération au développement

Agence suédoise pour lacoopération au développementinternational

Suisse – Direction dudéveloppement et de lacoopération

En outre, l’UICN a reçudes contributionsvolontaires de :

Ministère des AffairesEtrangères, Direction généralede la coopération pour ledéveloppement, Italie

Département d’Etat,Etats-Unis d’Amérique

Nos donateurs

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Donateurs, organismes etconventions multilatéraux:

Banque asiatiquede développement

Convention sur le commerceinternational des espèces defaune et de flore sauvagesmenacées d’extinction

Commission européenne

Fonds pour l’environnementmondial

Le Groupe de la Banquemondiale

Société financière internationale

Organisation internationale desbois tropicaux

Programme des Nations Uniespour le développement

Programme des Nations Uniespour l’environnement

Organisation des Nations Uniespour l’éducation, la science et laculture

Organisations nongouvernementales,fondations et entreprises

Conservation International

Fondation Internationale duBanc d’Arguin

Fondation Ford

Institut humaniste pour lacoopération avec les pays endéveloppement

Centre de recherches pour ledéveloppement international

Shell International

Fondation Total

Fonds mondial pour la nature

L’UICN – Union mondiale de la nature nepeut travailler que grâce à la générositéd’un nombre croissant de partenaires et à laconfiance qu’ils lui accordent: gouvernements,organismes d’aide bilatéraux, institutionsmultilatérales et intergouvernementales,conventions internationales et organisationsnon gouvernementales (ONG), fondations,entreprises et particuliers. Nous sommesextrêmement reconnaissants pour toutesles contributions reçues en 2004 en appuiaux travaux de l’Union.

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En termes géologiques, ce n’est qu’unenanoseconde ;pour l’humanité,un battementde paupières. Pourtant, huit années représen-tent un septième de la vie de l’Union. Ce quim’étonne, c’est que le long de ces années,l’UICN a défié les lois naturelles de l’entropie.En prenant de l’âge, d’autres institutionspeuvent s’émousser, ralentir, se disperser ouse retirer en douceur. Pas nous. Si changementil y a, l’Union devient chaque année plusdynamique, plus affirmée, plus musclée etmieux organisée afin de résister aux impacts.Pourquoi ?

En partie, je crois, parce l’exigence d’unexamen rigoureux par les pairs, tant dans nospublications que dans nos travaux, aiguiseconstamment notre tranchant. Il seraitagréable de se féliciter, par exemple, parceque nous avons organisé un ensembled’événements réussis. Bien au contraire, nousnous interrogeons : les efforts extraordinairesréalisés avant, pendant et après nos grandesassemblées (Johannesbourg, Durban etBangkok ne représentent qu’une petite partiede nos réunions) nuisent-ils à notre pro-gramme de travail à long terme? Quel est leretour de cet investissement? La réponsedépend de comment, où, dans quel but et parl’intermédiaire de qui nous avons investi cetteénergie.

Lors du Sommet mondial pour le développe-ment durable, notre investissement dans lamise en place d’un Centre environnementaltrès visible nous a permis d’amplifier et depréciser la voix de la conservation ; d’intégrerla durabilité dans le discours technocratiquedu commerce et du développement etd’incorporer l’économie et l’équité socialedans les plans environnementaux en cours.

Notre investissement lors du Ve Congrèsmondial des parcs de l’UICN nous a permisd’accroître notre influence vers le haut, denous élargir vers l’extérieur et de toucher despublics locaux. En effet, les chefs d’Etats sesont engagés pour 25 millions d’euros et200 000 km2 d’aires protégées ; ces aires sesont étendues par-delà leurs frontières afind’inclure des écosystèmes dans leur ensemble ;les organismes gouvernementaux ont dévoludes compétences de gestion aux com-munautés locales afin de partager les coûts etles avantages de la conservation.

Notre 3e Congrès mondial de la nature nous apermis d’intégrer la conservation et ledéveloppement de façon a renforcer notreprésence dans les deux domaines. Desministres du commerce, des finances, de lasanté, de l’eau et de l’environnement, duPakistan au Sénégal et à l’Equateur, se sonttournés vers l’UICN en quête de recomman-dations faisant autorité. Finalement, pour lapremière fois, le Sommet du G-8 nous ainvités au podium des orateurs.

Ces grands événements, s’ils sont organisés etmenés avec soin et vision, renforcent etcristallisent la raison d’être de nos réseaux etleur avantage comparatif. Ils nous posi-tionnent comme des intermédiaires honnêtesqui apportent des réponses pragmatiques. Ilsassurent une évaluation transparente par despairs légitimant notre consensus scientifiqueappliqué. Ils renforcent notre créneau decatalyseur mondial du débat et de l’actionentre la conservation et le développement, lesgouvernements et les ONG, la science et lasociété, l’économie et l’écologie.

Bref, en nous tournant vers le passé nousdécouvrons que les deux volets où nousjouons un rôle directeur : rassemblement etconservation, ne sont pas mutuellementexclusifs. Ils sont profondément, intimementliés et ils le resteront.

Yolanda Kakabadse fait un bilan du passé

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Valli Moosa prépare l’avenir Après avoir entendu les opinions tranchées deprès de 5000 écologistes qui ne mâchent pasleurs mots, l’on pourrait s’inquiéter du faitque l’Union grandit « trop ».

Eh bien, ce n’est pas le cas. Elle ne peut jamaisdevenir trop grande, trop complexe, tropvariée ou trop ouverte. La devise de l’Afriquedu Sud, mon pays natal, « l’unité dans ladiversité » n’est pas un paradoxe, je vousl’assure. C’est de la diversité que nous tironsnotre force, notre créneau politique et notreautorité morale exceptionnelle.

Au lieu de nous renfermer, d’élever desbarrières ou de gérer frileusement nos rangstoujours grandissants, nous devons bien aucontraire impliquer et toucher de plus en plusde monde: des jeunes, des vieux, des riches,des pauvres, des citadins, des ruraux, desscientifiques et des profanes. Nous devonscontinuer à nous renforcer en accroissantnotre nombre et notre diversité. Nous devonsinclure tous les courants de pensée à traversdes incitations et regrouper tous ces affluentsvariés dans un courant toujours plus puissant.

L’Union mondiale pour la nature est unpartenariat unique et en expansion entre lasociété civile et les Etats, un ensemble bien

plus important que la somme de sescomposantes. Sa capacité à franchir lafracture entre le Nord et le Sud lui permetd’accomplir de grandes choses grâce aux liensde son vaste réseau. En tant que premierPrésident africain de l’Union, j’espère fairepartie de ces liens et de ces réalisations.

Les connaissances scientifiques sont etresteront la pierre de touche de notre autoritéet de notre légitimité. Cependant, la con-naissance par elle-même ne peut pas grand-chose si nous ne sommes pas en mesure depersuader nos interlocuteurs, anciens etnouveaux, de l’intégrer dans leurs politiqueset leurs pratiques. Nous maîtrisons déjà le« pourquoi » de la conservation. A nous deprouver maintenant que nous en connaissonsaussi le comment, le qui et le où.

Au début de cette période intersessions, nousnous savons équipés des outils nouspermettant de répondre aux risques quimenacent notre existence même.Démontronsmaintenant que nous sommes prêts à nousbattre pour l’intégrité, la diversité et la valeurde la nature. Prêts à défendre ensemble nosintérêts communs. Prêts à allumer desbougies dans les coins sombres de laconservation et du développement, face à desobstacles apparemment insurmontables,sans jamais perdre espoir.

Les dix Priorités de Valli Moosa L’Union mondiale pour la nature doit :1. Œuvrer avec détermination afin d’impliquer

de nouveaux publics ;2. S’adresser au secteur privé comme à un partenaire

potentiel ;3. Ne pas oublier que les pêcheurs, les agriculteurs,

les tisserands sont des « entrepreneurs » ;4. Intégrer la « conservation » dans le « développement »

afin d’améliorer la santé et de combattre la pauvreté ;5. Créer et promouvoir des incitations ciblées favorisant

des moyens d’existence viables et durables ;

6. Collaborer avec des religieux, des sportifs,des dirigeants politiques ;

7. Renforcer la composition de l’Union : recruterde nouveaux membres, garder et mieux servirles membres existants ;

8. Appuyer les Commissions, établir des prioritéspour leurs travaux et intégrer ces derniers dansles activités du Secrétariat ;

9. Mobiliser les membres et recueillir des fondsafin d’accélérer la mise en œuvre des traitésmultilatéraux ;

10. Utiliser sa présence et faire entendre sa voixaux Nations Unies.

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RELIERLE TEMPS

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– forgé à mesure que nous avançons dansl’histoire. Depuis sa création en 1948, l’Unionmondiale pour la nature a été façonnée parl’histoire et a contribué à la façonner à son tour.

Le temps relie l’Union comme un fleuve reliedes territoires : il érode ici, construit là. Ilinnove et évolue constamment, tout enacquérant des forces à l’appel de la pesanteur.Il anticipe, suscite et répond à des mou-vement tectoniques, ressentis localement oumondialement, et franchit avec détermina-tion chaque obstacle.

2004 a marqué une ligne de partage, tant enraison de la maturité et de la finesse aveclaquelle l’UICN a renforcé et utilisé saposition, que par la réaction du mondeextérieur, qui s’est tourné vers l’Union afin detrouver des réponses efficaces aux mutationsen cours.

Elle a ressenti la confiance croissante inspiréepar la sagesse de la nouvelle direction, etl’influence grandissante qu’elle exerçait.

Elle s’est rapprochée des centres de décision àl’occasion de processus liés à des traitésinternationaux, notamment la biodiversité,les changements climatiques et le commerce.

Elle a rassemblé la plus grande assemblée dela conservation de l’histoire et établi un vasteprogramme d’action en coopération.

Elle a répondu à la catastrophe naturelle laplus destructrice de notre temps, avec sensi-bilité, vision d’avenir et réactivité.

L’UICN est une alliance unique rassemblanttrois réseaux différents: le Secrétariat, lesCommissions et les membres. Les deuxpremiers dépendent du troisième ; le nombredes membres fait la force de l’organisation.Les principaux atouts de l’Union découlent dela diversité de ses membres, qui sont passésde 721 il y a dix ans à 1061 à l’heure actuelle.

Encore plus révélateur: la plupart de nosnouveaux membres viennent des pays duSud. En six ans, le nombre de membres s’estaccru de 19% en Europe occidentale, tandisque leur progression atteint 25% pourl’Afrique et l’Asie du Sud et de l’Est. Malgré lesobligations que comporte l’adhésion, lesmembres ont conscience de l’atoutreprésenté par la somme de connaissances etd’influence genérée par leur Union.

Y trouvent-ils leur compte? C’est l’avis desdirigeants du Venezuela, qui expliquent leretour de leur pays dans l’Union par lescapacités croissantes de l’UICN, ce qui faciliteleur intégration dans l’ensemble mondial. La « grande tente » de l’Union a égalementaccueilli l’Iran, l’Angola, le Gabon, la Côted’Ivoire, la Guinée Equatoriale, et Sao Tome etPrincipe, tous sachant que le partenariat estsource de bienfaits.

En 2004, lors des préparatifs du Congrès, lescomités nationaux se sont réunis fréquem-ment afin de débattre des différentesquestions à l’ordre du jour. Souvent parvenusà des accords, ils ont exprimé des positionscommunes lors des élections aux organesdirecteurs de l’UICN, ou à propos de motionsd’intérêt pour leurs pays respectifs.

Les réunions des comités régionauxpermettent aux membres d’examiner etd’accepter le Programme de l’UICN et d’ycontribuer, ainsi que de débattre de questionsde gouvernance en vue d’améliorer latransparence et les performances de l’Union.

L’« effet multiplicateur » de l’UICN est unpuissant aimant pour les membres : chaqueeuro perçu au titre des contributions desmembres est converti en 11 euros definancement en faveur de la conservation.Magique ? Eh bien, nous nous proposons del’améliorer encore.

Nos membres : plus loin, plus avant, plus haut

Le premier lien de l’UICN est un lien temporel

Canaux au Parc national du Banc d’Arguin en Mauritanie © FIBA/Helio-van Ingen

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Revue 2004 – L’ UICN en actionEXTINCTIONS CLIMATIQUES8 janvier – Les changements climatiques sont aupremier rang, avec la destruction des habitats, entant que menace critique pour la faune et la flore,d’après les experts de l’UICN. Leurs études estimentqu’un million d’espèces pourraient être menacéespar les changements climatiques.

CHALUTAGE DESTRUCTEUR10 février – L’UICN donne l’alerte sur les dangers duchalutage des fonds marins ; en effet, la destructionque cette technique entraîne en traînant deschaînes et des filets sur les fonds océaniques tout entuant des créatures vulnérables, dépasse de beau-coup ses avantages économiques.

RETROUVER LE CHAINON MANQUANT 16 février – L’UICN lance une action scientifique enpartenariat destinée à inverser le déclin despopulations de chimpanzé, ramenées d’un million à150 000 en raison de la destruction des habitats, lepiégeage, les maladies et le commerce de viande debrousse.

PECHE MIRACULEUSE, REVENUS DU DELTA18 février – Une action de dix années lancée parl’UICN afin de préserver les flux environnementauxa permis une nette amélioration de l’état du delta duDiawling en Mauritanie : les populations d’oiseauxont été multipliées par 17, les captures de la pêchepar 113.

JORDANIE: IL SUFFIT D’AJOUTER DE L’EAU3 avril – L’UICN a été l’hôte d’une réunionenvironnementale destinée à coordonner lesréponses de 24 nations de la région d’Asieoccidentale et centrale et d’Afrique du Nord à lapénurie d’eau ; elle a ouvert par la suite un nouveauBureau régional à Amman, en Jordanie.

UN AVENIR TRANSFRONTIERES POUR LES FORETS8 avril – L’UICN est à l’initiative d’un accordhistorique ayant pour but de préserver l’ancienneforêt de Bialowieza, très riche en diversitébiologique, qui sera protégée par des gestionnairesdes parcs des deux côtés de la frontière entre laPologne et le Belarus.

DES GRAINES DANS LE DETERGENT13 mai – L’UICN sert d’intermédiaire lors d’unimportant accord entre Unilever et deux groupes dedéveloppement et de conservation, ayant pourbut l’extraction d’huile alimentaire des grainesd’Allanblackia,un arbre d’Afrique occidentale.C’est lapremière fois que cette exploitation sera réalisée àl’échelle commerciale.

RENCONTRE VERTE 7 juin – Quatorze dirigeants universitaires et l’UICNlancent le premier réseau mondial destiné à relierl’enseignement supérieur et les sciences environ-nementales, afin de favoriser et d’améliorer la prisede décisions, la gestion et les performances dans ledomaine de l’environnement.

LES DENTS… DE LA VIE15 juin – Le groupe de spécialistes des requins del’UICN alerte contre la surexploitation des requins etdes raies, espèces à croissance lente et à maturationtardive qui produisent peu de jeunes; les capturesprogressent dans le monde, la soupe d’ailerons derequin se répand et les habitats côtiers déclinent.

BIENVENUE AUX CINQ NOUVEAUX GRANDS30 juin – Sur recommandation de l’UICN, l’UNESCOa inscrit cinq nouveaux sites naturels sur la Liste dupatrimoine mondial : le Fjord glacé d’Ilulissat(Danemark), la Réserve de l’Ile Wrangel (Russie), lePatrimoine des forêts tropicales ombrophiles deSumatra (Indonésie), la Région florale du Cap(Afrique du Sud) et les Pitons (Sainte Lucie).

LES “MONTAGNES LUNAIRES”HORS DE DANGER5 juillet – La sécurité s’étant améliorée, surrecommandation de l’UICN, le Parc national desMonts Rwenzori en Ouganda est sorti de la Liste dessites du Patrimoine mondial en péril de l’UNESCO,oùil se trouvait en raison de troubles civils, dubraconnage et de l’empiètement.

TIC, TAC…TIC, TAC!!6 juillet – Le Conseil européen des Ministres del’environnement a entériné officiellement l’initiative« Compte à rebours 2010 » inspirée par l’UICN,destinée à arrêter la perte d’espèces, d’écosystèmeset de biodiversité dans son ensemble, d’ici six ans.L’Europe compte 200 000 espèces, nombredesquelles sont menacées.

UNE MAREE NOIRE OUVRE LA VOIE A LACONFIANCE 15 juillet – 30 500 tonnes de pétrole brut se sontdéversées près des côtes pakistanaises, en face deKarachi. L’UICN a coopéré avec le Ministère del’environnement afin d’évaluer l’impact sur lesmangroves ;sur la base de son rapport, l’Etat a confiéà l’UICN leur remise en état.

L’UE ELARGIE NE DOIT PAS OUBLIER LESZONES RURALES22 juillet – L’UICN alerte sur les conséquences del’élargissement de l’UE, qui néglige le morcellementet les disparités dans les zones rurales. Ces dernièrescouvrent 90% du territoire de l’UE, hébergent lamoitié de sa population et accueillent la plupart deshabitats porteurs de biodiversité. L’Union a invitél’UE à accroître en conséquence le budget affectéaux zones rurales.

RETOUR DU CAPITAINE NEMO ? 28 juillet – Peu importe le célèbre héros de Vingtmille lieues sous les mers, l’UICN a donné l’alerte surles risques courus par une créature marine des plusinhabituelles, Brachionichtys hirsutus, un petitpoisson que l’on trouve au large des côtestasmaniennes et pourrait s’éteindre définitivementen raison de l’impact des espèces envahissantes, del’envasement progressif, de la pollution par desmétaux lourds et des effluents urbains.

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RICHESSES DES ZONES HUMIDES29 juillet – Une estimation de la valeur économiquedes marais de That Luang, près de Vientiane, en RDPLao, montre que ces « marécages inutiles » sont enfait un « bassin d’emploi » pour 16 000 personnes,un « marché alimentaire » pesant 2 millions d’euros ;une « station d’épuration des eaux » qui coûterait 52000 euros et un « mécanisme de régulation desinondations » équivalant à 2,1 millions d’euros.

RHINOCEROS EN DECLIN6 août – En raison des prix mondiaux de la corne derhinocéros et des troubles en Républiquedémocratique du Congo, les derniers rhinocérosblancs du Nord du continent africain, se trouvant auParc de la Garamba,site du Patrimoine mondial,sontabattus au ryhtme d’un par mois, ce qui a réduit leurpopulation de moitié et incité l’UICN à lancer unappel mondial afin de mettre fin à cette situation.

REVENUS DU FOND DE LA MER 23 août – Douze spécimens complets d’un poissonque l’on croyait totalement éteint depuis l’ère desdinosaures ont été trouvés par des pêcheurs dansdes filets à requins au large de la Tanzanie. La surviedu coelacanthe, « fossile vivant » menacé, a ravi lesspécialistes de l’UICN qui collectent des données surl’écologie marine.

RICHESSES DU PETROLE, SANTE DESBALEINES26 août – L’UICN a rassemblé un groupe d’expertsindépendants afin d’évaluer les effets des activitésde prospection petrolière et gazière sur la baleinegrise occidentale au large de Sakhaline, en Extrême-Orient russe.

DU BETON ET DES BARBELES A LA CEINTUREVERTE 10 septembre – De Stettin sur la Baltique à Triestesur l’Adriatique… L’UICN aide à transformer l’ancien« rideau de fer » en un corridor écologique.

PECHEURS D’HOMMES21 septembre – L’UICN a lancé un appel à tous ceuxqui pratiquent la pêche récréative et sportive enEurope afin d’agir contre la surpêche, la destructiondes habitats, la pollution et la mauvaise gestion, quisont en train de provoquer l’extinction d’un tiers despoissons d’eau douce de la planète.

PLUS DE CAROTTE, MOINS DE BATON2 octobre – L’UICN conseille la CITES afin de mieuxpromouvoir le développement durable etd’améliorer les moyens d’existence, en privilé-giant les incitations positives plutôt que le bâtonréglementaire.

LES EXPERTS CONSEILLENT D’ENLEVERLE BOUCHON8 octobre – Neuf sur dix spécialistes internationauxet professionnels de la gestion de l’eau estimentque des flux environnementaux – des apportsstratégiques d’eau afin de restaurer les cours en aval – sont nécessaires afin de remédier à la pénuriede cette ressource. Sept sur dix les conseillent mêmepour des régions manquant d’eau.

LE KREMLIN DONNE LE COUPD’ENVOI A KYOTO22 octobre – L’UICN se félicite de la ratification« courageuse » du Protocole de Kyoto par laFédération de Russie, ce qui marque l’entrée envigueur du seul traité environnemental destiné àralentir les changements climatiques.

UN NOUVEL INDEX DESIGNELES COUPABLES26 octobre – Les partenaires de l’UICN ont rendupublic un outil de pointe pour mesurer l’évolutiondes risques globaux d’extinction, en commençantpar les 10 000 espèces d’oiseaux de la planète.L’Index de la Liste rouge convertit l’« instantané » en« accéléré » afin d’illustrer d’une façon scientifiqueoù, comment et pourquoi les espèces sont en déclin.

COALITION DES BONNES VOLONTES8 novembre – A la suite de l’Iran, l’Angola est devenucette semaine le 81e Etat membre de l’Union. Cetteadhésion est l’aboutissement d’un processus qui acommencé par une évaluation nationale desressources naturelles en 1992.

UNE ASSEMBLEE MASSIVE CONTRE DESEXTINCTIONS MASSIVES17 novembre – L’UICN a rassemblé près de 5 000participants lors du plus grand rendez-vous mondialde la conservation environnementale, réunis afin derépondre au risque d’extinction qui menace unnombre croissant d’espèces.

UNE UNION ARC-EN-CIEL 24 novembre – Le millier de membres de l’UICN achoisi le premier Président africain de l’Union, serapprochant en outre de l’équilibre géographique etde genre lors des élections des membres desorganes directeurs, conseillers régionaux etprésidents des Commissions.

ETABLIR DES FONDATIONS SOLIDES17 décembre – Après l’accord du gouvernementsuisse qui reconduit son soutien à l’UICN pendant 4ans, Achim Steiner se rend à Copenhague afin designer l’accord cadre avec le gouvernement danois.

DETRUITS, MAIS NON DEFAITS26 décembre – L’Asie est frappée par un tsunami quifait 250 000 victimes, suscitant la sympathie et unsoutien pratique de la part des spécialistesenvironnementaux et de développement de l’UICN.

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2004 restera peut-être dans l’histoire commel’année où le changement climatique estdescendu du ciel, l’année où il a été démontréde façon incontestable comment le carboneatmosphérique modifie les écosytèmes de laplanète, réduisant la productivité, la disponi-bilité d’eau potable, d’énergie et d’aliments etfrappant plus durement les pauvres.

Mais c’est aussi l’année ou les Etats ont enfinmis en route une réponse concertée auxchangements climatiques, commencé àmettre en place des « absorbeurs de choc »pour les écosystèmes et à se préparer à uneaction en coopération, l’UICN jouant un rôletrès important de catalyseur à ce propos.

Dans une déclaration sans précédent, l’UICNet sept grandes organisations environnemen-tales mondiales ont mis les changementsclimatiques au premier plan de leurspréoccupations, en raison de la gravité desmenaces qu’ils font peser sur la biodiversité etsur le développement humain. Ils font fondre

L’UICN, catalyseur de la réponse mondiale auxchangements climatiques

les glaciers depuis le Kilimandjaro jusqu’auxAndes d’Amérique du Sud, assèchent laRégion florale du Cap et mettent de 15 à 37%des espèces terrestres au bord de l’extinction.

Les partenariats de l’UICN pour lesécosystèmes marins ont lancé des initiativesen vue de définir et de documenter lespremiers liens tangibles constatés entre lesémissions des gaz à effet de serre et labiodiversité, tels que le blanchiment descoraux dans presque toutes les merstropicales de la planète. Mais ils ont aussiélaboré des stratégies destinées à préserverles récifs coralliens et à leur permettre derésister aux effets des changements clima-tiques au fur et à mesure du réchauffementprévu pour les prochaines décennies.

La décision de la Russie de ratifier le Protocolede Kyoto a généré un élan extraordinaire. LaRussie,Etat membre de l’UICN,a permis par saratification l’entrée en vigueur du Protocole,modifiant ainsi la donne. Pour l’Union, ils’agissait d’un tournant historique dans laréponse collective aux changements clima-tiques. Un traité mondial contraignant est envigueur. Ce n’est peut-être qu’un début, maisl’inaction s’est avérée jusqu’à présent bien

Glacier Furtwangler et champ de glace Nord du Mont Kilimandjaro, Tanzanie, en 1998 © Alastair Dobson

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plus coûteuse, notamment pour les commu-nautés les plus vulnérables de la planète.

Il est facile pour certains de se borner à dire« réduisez les émissions ». L’UICN s’est serviede son vaste réseau, de sa forte visibilité et deson influence mondiale afin de montrerprécisément comment procéder.

Elle a lancé une campagne ayant pour but deréduire d’ici 2008, pour 30% de ses membresau moins, l’impact dû aux émissions liées àdes activités institutionnelles. Elle a ensuitemontré l’exemple.

Après un audit très avancé des émissions del’ensemble de ses activités, l’UICN a lancé surInternet un « calculateur d’émissions de vol »,ce qui permet au personnel de l’Union, dans lemonde entier, de suivre les missions impli-quant des voyages aériens, de transmettre lesinformations pertinentes et d’avancer versune émission carbonique neutre. Un essaiexpérimental de cinq mois a montré que20 unités ont parcouru un million de km,émettant 134 tonnes de CO2, soit l’équivalent

du carbone stocké par 45 hectares d’une forêtnaturelle de conifères pendant une année.

Le Programme du droit de l’environnementa dirigé les travaux de l’UICN sur l’énergie, enassociant le droit international et la pro-motion des énergies renouvelables. Il a égale-ment aidé les programmes politiques etforestiers à définir les modalités les plusefficaces d’échange d’émissions.

Au-delà de l’alerte donnée en cas de risque,l’UICN a commencé à « répondre aux change-ments ». Elle s’est efforcée de créer des « absorbeurs de choc », tant pour la biodi-versité que pour la pauvreté, allant de laremise en état de mangroves au Bangladeshau boisement dans le Sud du Mexique. Desétudes de cas ont été entreprises enArgentine, au Chili, aux Philippines et auGhana, afin d’explorer la mise en œuvre deprojets de boisement et de reboisement,environnementalement viables et sociale-ment équitables, dans le cadre du Mécanismede développement propre du Protocole deKyoto.

Glacier Furtwangler et champ de glace Nord du Mont Kilimandjaro, Tanzanie, en 2003 © Alastair Dobson

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Début 2004, les soi-disant « sceptiques » ontexprimé des doutes importants. La défensede l’environnement était-elle encore possible ?Existait-il des moyens pour répondre auxchangements climatiques ? La biodiversitéavait-elle une importance ? La pauvreté est-elle directement liée aux écosystèmes ?L’opinion était-elle prête, désireuse et enmesure d’enrayer le mouvement d’extinction ?

La plus grande assemblée démocratique de laconservation jamais réunie dans l’histoire – le3e Congrès mondial de la nature de l’UICN – arépondu à ces interrogations, pendant neufjours de débat, par un OUI massif etirréfutable.

Oui, les ressources naturelles de la planèteétaient en danger. Mais oui, également, nouspouvions et devions, collectivement, éclairerle chemin vers la durabilité, la restauration etl’espoir.

Le 3e Congrès mondial de la nature arassemblé 4889 participants de tous lessecteurs et de toutes les régions de laplanète, dont un millier de scientifiques depremier plan, 200 représentants du secteurprivé, 40 ministres des affaires étrangères, del’environnement, de l’agriculture, du tourismeet de la pêche, ainsi que des centainesd’écologistes et de dirigeants communau-taires et religieux. La portée et l’importancede la réponse ont dépassé toutes les attentes.Le fort consensus atteint a montré claire-ment la voie pour les années à venir : gestiondes écosystèmes, perte de la biodiversité,pauvreté et moyens d’existence.

Le Congrès : neuf jours pour renforcerla confiance et définir le cap

Renouvellement des organesdirecteursChaque Congrès aboutit à des élections ettourne autour des élections. Le scrutincompte : il modifie la réflexion, les orienta-tions, les centres d’intérêt et les priorités del’UICN. Les élections confèrent légitimité,crédibilité et élan à la force collective del’Union. Le Congrès a adopté de nouveauxmandats pour six Commissions spécialiséeset élu trois nouveaux Présidents.

Une assemblée décisiveL’assemblée s’est prononcée sur plus de 100résolutions et recommandations relatives àdes politiques et des mesures décisives enmatière de conservation. Les décisionsprévoient notamment de :

• Etablir un Réseau mondial d’apprentissagepour la conservation, afin de renforcer lescapacités de conservation et de former desprofessionnels du développement.

• Préserver des espèces de vautours du Sud etdu Sud-Est asiatique en danger critiqued’extinction.

• Poursuivre les activités de conservation de labiodiversité dans le bassin de la mer d’Aral.

• Combattre la pauvreté dans le contexte de lamission et des valeurs de conservation qui sontau cœur de l’action de l’UICN.

• Agir pour la conservation et la gestiondurable de la haute mer.

• Appeler à un moratoire sur la libérationultérieure d’organismes génétiquementmodifiés.

• Œuvrer avec les peuples autochtones en vuede l’établissement et de la gestion d’airesprotégées.

• Inviter la France, l’Italie et la Suisse à inscrire leMont Blanc sur la Liste du patrimoine mondialde l’UNESCO.

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Un nouveau Congrès organisé paret pour les membresEn 2004, l’assemblée de l’UICN était devenueune manifestation tentaculaire, vigoureuse,tumultueuse. Les membres ont établi leurordre du jour, organisé des événements etlancé des ateliers participatifs, des tribunes deconservation, des marchés de la connaissance,des groupes de contact et des dialogues dufutur où ils ont créé des espaces les uns pourles autres. Le résultat ? Trois fois plus d’inscritsqu’à Amman. De vifs débats à tous les niveauxont mis en exergue les rapprochements plutôtque les différences.

Des hôtes attentionnésLe Bureau de l’UICN pour l’Asie a donnél’exemple en invitant S.M. la Reine Sirikit à laséance d’ouverture ; il a travaillé de concertavec le gouvernement thaïlandais pour lesquestions d’organisation. Il a aussi organisédes manifestations spéciales consacrées à laThaïlande pendant l’événement. Ce faisant, ila resserré des liens avec des organismesgouvernementaux et d’autres acteurs, ce quia été extrêmement utile par la suite pour lamise en œuvre du programme pour laThaïlande.

Son Altesse Impériale la Princesse Takamado du Japon, Présidente d’honneur de BirdLife International, remet la médaille d’or de l’UICN à S.M. la Reine Sirikit de Thaïlande © IISD

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Les cours d’eau, la diversité des forêts, les solsfertiles, les zones humides et les récifscoralliens dépendent des humains beaucoupmoins que les humains ne dépendent de leurrichesse et de leur intégrité. Les biens et lesservices assurés par les écosystèmes valentsans aucun doute des milliards de dollars.Cependant, dans la mesure où, sans eux, nousne pouvons survivre trois jours, ils sont sansprix.

Les crises ont ouvert la voie à desopportunités. Des ateliers ont examiné dessolutions possibles. Des préoccupationsconcernant la qualité des aliments ontconduit les exploitants ruraux à rechercher età commercialiser des produits biologiques. Lespréoccupations liées à la qualité de l’eau ontconduit les villes à protéger leurs bassins enamont, ainsi que les nappes phréatiques dontleurs habitants dépendent.

2. Santé, pauvreté et conservation: troisdomaines intimement liés

Le Congrès a examiné les liens existantsentre la santé, la pauvreté et la conser-vation. Ils ont été mis en lumière dans lecontexte des Objectifs de développementdu millénaire des Nations Unies.

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Pendant quatre ans, l’UICN s’est remise enquestion, revivifiée et repositionnée enréponse à un monde en mutation rapide. Leséléments de ce nouvel univers de laconservation ont pris, lors du Congrès, laforme de quatre grands thèmes reliantconservation et développement et mettanten évidence l’intérêt de nos compétencestant pour les humains que pour la nature.

1. Gestion des écosystèmes : des “îlots” àdes “cordons ombilicaux”

L’UICN a tiré les leçons de décenniesd’expérience afin de transmettre aux acteursde la conservation et du développement unmessage fort: ne vous bornez pas à protégerla beauté et la diversité pour la nature elle-même, mais préservez aussi l’ensem-ble dessystèmes qui maintiennent la vie pour notrepropre survie.

Quatre grands thèmes : des jalons pour reposerles bases du débat mondial sur la conservation

Mick Clout, de la Commission de la sauvegarde des espèces, avec un kakapo, perroquet terrestre de Nouvelle-Zélande en danger critique d’extinction. © Dr Jacqueline Beggs

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Le Congrès a estimé, à une majoritéécrasante, que l’UICN doit aborder desquestions liées à la pauvreté. Des points devue différents se sont exprimés sur la portéede cette action et sur les moyens à yconsacrer. Les membres plus récents ontdemandé aux organisations de conser-vation de contribuer à réduire la pauvreté ;les défenseurs de la biodiversité « classique »ont invité à la prudence ; « mettre fin à lapauvreté » est le mandat de la BanqueMondiale, non celui de l’UICN.

L’accord s’est reformé lorsqu’il s’est agi durenforcement mutuel de la conservation etdu développement.

3. Perte de biodiversité et extinction desespèces: réduire les risques

La Liste rouge des espèces menacéescompilée par l’UICN fait état de 15 589espèces en danger d’extinction. Mais cechiffre impressionnant n’a fait que renforcerla détermination des membres. Tousrecherchent des solutions et des prioritéssusceptibles d’améliorer non seulement lavie des espèces rares et en déclin, mais aussicelle de l’espèce humaine, abondante etprolifique, qui dépend de la biodiversitépour sa survie.

Qui cherche trouve. Les sociétés humainescommencent à avoir des informationssuffisantes pour leur permettre de concevoirdes stratégies de conservation efficaces etdurables. Ces stratégies environnementalessous-tendent l’en-gagement de réductiondu taux de perte de biodiversité d’ici 2010 etinspirent les Objectifs du développement dumillénaire définis par les Nations Unies.

Les espèces envahissantes, la perte de plantesmédicinales, la pénurie d’eau et leschangements climatiques ont conduit lesparticipants à réaf-firmer que les risques pourla biodiversité sont des dangers pour lasécurité humaine. Pour y répondre, il estnécessaire de rectifier les insuffisances dumarché, de renforcer les aires protégées,d’améliorer la transparence et la respon-sabilité des décisions gouvernementales, depromouvoir la gestion adaptative.

4. Marchés, entreprises et environnement:préserver le capital naturel

Les termes « économie » et « écologie »partagent une même racine grecque quisignifie « habitat ». Lors du Congrès, ils ontcohabité sur un même ordre du jour, carl’UICN adopte une démarche multiple :améliorer les performances sociales et envi-ronnementales des marchés et des entre-prises, encourager le débat à propos dumodèle dominant de croissance économiqueet de consommation, et faire en sorte que leséchanges commerciaux favorisent la con-servation de la biodiversité au lieu de lui nuire.

Les ressources naturelles sont gérées de façoncroissante dans un contexte de marchésmondialisés, au-delà de la sphère d’influencedes autorités nationales ou locales. Lesstratégies de conservation doivent s’adapter àcette réalité nouvelle.

Lors du Congrès, plus de 70 événements dusecteur privé ont accueilli 200 délégués d’unevariété de pays, d’entreprises et de secteursd’activité. Par rapport au Ve Congrès mondialdes parcs de l’UICN, l’entente et la confianceétaient renforcées ; les membres et lesentreprises ne se demandaient plus s’il fallaittravailler ensemble, mais comment le faire.

• La responsabilité sociale des entreprises :quels effets pour la biodiversité?

• Partenariats avec des entreprises pour labiodiversité : apprendre à collaborer plusefficacement

• Investissements et marchés des capitaux :créer des boîtes à outils pour un financementdurable

• Certification pour la durabilité : intérêtet limites de l’étiquetage écologique

• Commerce international : mieuxharmoniser les régimes commerciauxet environnementaux

• Ecosystèmes en vente : faire fonctionner desmarchés viables pour la nature et pour leshumains.

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Le 26 décembre 2004, un séisme atteignant9,3 sur l’échelle de Richter s’est produit aularge de la côte nord-ouest du Sumatra.

Le séisme a frappé l’Indonésie, pays le plusproche de l’épicentre, mais le tsunami qui en arésulté a meurtri près de 5 millions de per-sonnes, fait 250 000 victimes et causéd’immenses dommages économiques etécologiques dans l’ensemble de l’OcéanIndien, de la Thaïlande à l’Inde et jusqu’auxcôtes orientales d’Afrique.

La réponse de l’UICN a été immédiate etsoutenue. Au Sri Lanka, un site de projet a étéanéanti, mais les équipes présentes sontdevenues des sauveteurs humanitaires,fournissant de l’eau potable et de la nour-riture aux habitants de la côte. Les collab-orateurs de l’UICN du monde entier ontdonné plus de 25 000 francs suisses de leursalaire afin d’aider les populations victimes.

Le tsunami démultiplie l’action de l’UICN

Notre Bureau régional pour l’Asie, situé àBangkok, a effectué des bilans rapides, àmoyen et à long terme, afin de mettre enplace des stratégies de remise en état. Il aégalement créé un fonds pour des travaux dedéveloppement ultérieurs et appelé à la miseen place d’un système d’alerte précoce pourvude capteurs sismiques, de marégraphes, dedétecteurs de vagues et d’alertes, ainsi qued’une gestion intégrée des zones côtières.

L’UICN a évalué l’ampleur des dommages etfixé des priorités de restauration. Elle apréparé des plans de restauration deshabitats comportant, dans chaque cas, desactions sur les moyens d’existence. En effet, ils’agissait de prendre en compte les besoinsnaturels et humains d’une façon intégrée.Dans ce contexte, nous avons pris en chargeun programme de long terme de remise enétat des ressources au Sri Lanka et dans le sudde la Thaïlande.

Bateau de pêche endommagé, Koh Phra Thong, Thaïlande, après le tsunami de 2004 © UICN/Jeff McNeely

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L’action de l’Union a mis spectaculairementen évidence le rôle tampon que jouent lesrécifs coralliens et les mangroves : là où lanature était restée intacte, la violence desmarées a pu être absorbée ; là où les forêts etles récifs avaient été endommagés par undéveloppement anarchique, le tsunami les aachevés. La corrélation entre la santé desécosystèmes et la réduction des dommagesétait manifeste le long des côtes de laThaïlande, de l’Inde, du Sri Lanka et desMaldives.

Le tsunami a été une pierre de touche pournotre Programme mondial. Il a confirmé noscapacités de réactivité, en situation de crise,afin d’assurer des moyens d’existence,préserver la biodiversité, affecter des respon-sabilités, mobiliser des énergies afin deremettre en état des habitats et permettreaux populations naturelles et humaines deretrouver leur capacité de fonctionnementdès que possible.

A plus long terme, l’UICN poursuit son actionauprès des autorités locales et nationales, desorganisations internationales, des ONGmembres et partenaires afin d’intégrerl’économie et l’écologie dans la démarche dereconstruction et de récupération.

« Nous devons nous élever contre l’erreur trèsrépandue selon laquelle l’attention portée à laconservation de la nature compromet lesefforts de lutte contre la pauvreté. Bien aucontraire, les deux sont indissociablement liés.Les travaux de l’Union en matière derestauration environnementale en Asie à lasuite du tsunami le prouvent sans conteste. Laremise en état des économies de ces régionsravagées dépend de la restauration de leursressources naturelles et du retour de leurbiodiversité. »

Valli Moosa

Des partenaires de l’UICN remettent de nouveaux filets à des pêcheurs sri-lankais afin de leur permettre de retrouver des

moyens d’existence © UICN/L P D Dayananda

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L’UICN crée aussi des liens horizontaux.Il s’agit de relier les habitats naturels etles sociétés au-delà de la géographie.Statutairement, l’Union mondiale pour lanature est ancrée dans des réalitésgéopolitiques afin d’aider les nations àpréserver leur patrimoine de biodiversité.Elle sait cependant que les frontièresnaturelles sont à la fois plus complexes, plussubtiles et plus profondes que les frontièresartificielles construites par les sociétéshumaines.

Une baleine grise occidentale, un fleuveamazonien, une grue asiatique, une tortuemarine, un alizé caribéen, une nappephréatique du Moyen Orient, un troupeaumatriarcal d’éléphants transcendent lanotion d’Etat-nation. Ils précédent deplusieurs millénaires les premières struc-tures de gouvernement des hommes.

Le deuxième lien de l’UICN est un lienhorizontal

En conséquence, si l’UICN travaille enrelation étroite et pragmatique avec desEtats, des économies et des institutions bienprécis, elle étend son rayonnement bien au-delà, toujours plus loin, œuvrant pour lareconnaissance des caractéristiques et duniveau d’origine des biomes et de ladiversité biologique, s’efforçant d’adapterles besoins légitimes des humains auxbesoins bien plus anciens et plus sauvagesde la création.

Les Montagnes Bleues d’Australie © UICN/Jim Thorsell

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Un certain degré de tension est inhérent à lavie de l’Union mondiale pour la nature, ce quiest tout à fait sain.

Chaque année, un siège de plus en plus fortdélègue d’une façon croissante aux dif-férentes régions des compétences de décisionet de collecte de fonds. Cette Union plus« plate » permet de mettre en place despolitiques et des initiatives mieux adaptéesaux niveaux régional, national et sous-national. Il y a pourtant un paradoxe. La délé-gation horizontale nécessite une coordinationtrès exigeante afin d’assurer la cohérence et laprécision de l’action ; des forces centrifugessupérieures nécessitent un moyeu centralplus solide.

En outre, si la taille de la planète semblerétrécir, elle n’est pas pour autant devenueplus simple. Des nations se rapprochent,d’autres se séparent. Nos programmesrégionaux sont porteurs d’interrogations.« Où se termine la région WESCANA et oùcommence la région méditerranéenne ? »,« Qui solliciter afin de soutenir un projetrelatif aux mangroves de Samoa : notreProgramme marin, notre Programme desforêts ou notre Programme des zoneshumides et des ressources en eau ? »

William Jackson : Des liens horizontaux àtravers des territoires inexplorés

Voici la réponse, illustrée dans ce rapport : lafonction crée la forme. La structure de nosactivités se crée à partir des besoins de lanature. A mesure que nous en apprenonsdavantage sur les conditions permettant undéveloppement harmonieux à la fois descommunautés humaines et naturelles, unestratégie claire commence à se faire jour.Nousappliquons nos compétences locales etinstitutionnelles aux problèmes d’une région.Ensuite, pour les régler, nous faisons appel àd’autres territoires séparés par des frontièresinvisibles mais entraînant souvent desdivisions.

Il faut éviter de trop embrasser. Nous sommessollicités tous azimuts mais choisissons noscombats après une réflexion attentive. Nousne pouvons pas être tout pour chacun, ni êtreprésents partout à la fois.

Cela dit, nous continuons de forger des liensavec des « terres inexplorées ». Ces territoiresnouveaux peuvent être des écosystèmesmarins, de montagne, de la toundra ou desterres arides. Il peut s’agir de terrains maldéfinis entre Etats souverains, de terrescommunales non délimitées entourant desparcs. Il peut s’agir des relations tumultueusesentre la biodiversité et le commerce.

Il peut même s’agir d’une vieille zonedémilitarisée, abandonnée, où l’ancien« rideau de fer » laisse la place à un corridorpotentiellement vert ayant suffisammentd’attraits naturels pour rassembler tout uncontinent.

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William Jackson (à droite) © UICN/Jean-Yves Pirot

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Lorsque les Européens ont tracé les frontièresnationales des pays africains, ils ont ignoré lesplaines d’inondation des fleuves, les chaînesde montagnes, les forêts tropicales humides,les terrains de chasse et les migrations de lafaune sauvage. Pour compliquer encore plusles choses, les colonisateurs ont séparéartificiellement, à l’intérieur des nations, lemonde humain du monde naturel. Lespremières activités de conservation ontéloigné les habitants des parcs et isolé lafaune et la flore sauvages de la plus grandepartie de la population.

Qu’on le veuille ou non, cet héritage coloniald’exclusion (exclure les humains, enfermer lesanimaux) a été très contesté comme étantintenable du point de vue politique, voireaussi écologique dans nombre de cas. L’Unionmondiale pour la nature a voulu jouer le rôledu conciliateur.

Elle estime que, si la biodiversité est lepremier atout du continent, l’accès, lesavantages et les responsabilités liés à cesrichesses doivent être partagés équitablemententre tous les Africains. Pour assurer durable-ment la sécurité des humains et de la viesauvage, il faut souvent décoloniser descommunautés qui dépendent les unes desautres.

L’UICN en Afrique :décoloniser la nature

En œuvrant avec l’UICN afin d’étendre laconservation par-delà les frontières nationaleset en innovant au moyen d’une utilisationcommunautaire des ressources naturelles, lecontinent africain nous montre la voie àsuivre.

Intégration pan-africaine

Décoloniser la nature veut dire établir desliens de coopération entre divers membres dedifférents Etats souverains, à condition quecette démarche soit avantageuse pour toutesles parties. La coopération peut revêtir desformes variées :

> Aide à l’Afrique du Sud, au Mozambique etau Zimbabwe afin de dépasser les diver-gences politiques qui les opposaient et decréer la plus grande aire protégée inter-nationale de la planète : le Parc nationaltransfrontalier du Grand Limpopo.

> Surveillance continue concertée etcoordination de la pêche côtière le long descôtes de l’Atlantique : Mauritanie, Angola,Namibie, Afrique du Sud.

> Etablissement de mécanismes permettantde partager les responsabilités et le potentielliés aux migrations de troupeaux d’éléphantsaffamés et assoiffés, qui traversent septnations en un seul été : la Zambie, le Malawi,le Zimbabwe, la Tanzanie, la Namibie, l’Angolaet le Botswana.

> Cogestion de grands barrages, exploitationpartagée de nappes phréatiques, coordi-nation des pêcheries dans des lacs, gestionconjointe du débit de fleuves traversant desrégions qui comptent parmi les plus sèches dela planète : Volta, Orange, Okavango, Victoria,Niger, Pangani, Tanganyika, Zambèze,Sénégal.

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Bateaux de pêche le long de la côte, entre Nouakchott et le Parc national du Banc d’Arguin,

en Mauritanie © FIBA/Helio-van Ingen

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> Renforcement des moyens d’action de lasociété civile en matière de politiquesinternationales et régionales, afin de luttercontre le déboisement illicite, le commerceillicite du bois et la corruption dans le secteurforestier. La moitié des membres de l’UICNétant engagés dans le secteur forestier, l’UICNa l’intention de renforcer leurs capacités enopérant « de bas en haut » et en commençantpar le Ghana. Le projet de l’Allanblackia cibledes produits forestiers non-ligneux ; d’autresencore portent sur les incendies de forêts.

> Repeupler des zones arides avec despopulations humaines et des forêts. La régionsemi-aride du Shinyanga était appelée « ledésert tanzanien ». Ce n’est plus le cas. Ayantrecours aux connaissances locales et au droitcoutumier du peuple Sukuma (2,22 millionsde personnes) un projet réussi de restaurationforestière a été mené à bien dans une régions’étendant sur 350 000 hectares et comptant833 villages. Le projet a remis en état 152espèces d’arbres, d’arbustes et de plantesgrimpantes ; 145 oiseaux et 13 mammifèresont été répertoriés lors de la saison sèche. 14%

des médicaments utilisés par la populationlocale sont issus de ce travail de restauration.La valeur totale de la restauration s’élève à 10euros par personne et par mois,soit 890 eurospar ménage et par an, dans une région où laconsommation moyenne mensuelle est de6,65 euros.

Le programme d’évaluation de la biodi-versité d’eau douce s’est étendu à l’ensem-ble du continent, afin de permettre auxgestionnaires des ressources en eau et auxresponsables de l’aménagement du terri-toire de l’ensemble de l’Afrique d’intégrerces informations. Les données existantesétaient en effet extrêmement désorgan-isées et dispersées. Grâce à notre travail decompilation, à nos réseaux et à nosséminaires de formation, les informationspertinentes peuvent maintenant êtreretrouvées ; l’on peut lire des évaluations dela Liste rouge ou des cartes de répartitiondes espèces afin d’aider à la prise dedécisions au quotidien. Sur quatre sites,l’application des meilleures pratiquesmontre que la préservation des espècespermet de contribuer à sauvegarder, pourles humains, des moyens d’existencedépendant des ressources des zones humides.

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SUn chef de village parle aux enfants du village Frank, Shire inférieure, Malawi,

dans le cadre du projet de bassin du Zambèze © Denis Mint

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Pour la conservation de la vie sauvage enAfrique australe, certains estiment que lesorganismes d’Etat doivent jouer un rôle depremier plan. D’autres privilégient lescommunautés. L’UICN propose une troisièmevoie. Il s’agit de bien cerner les besoinscomplexes de la faune et de la flore sauvageset ensuite d’adapter les plans nationaux etlocaux à ces caractéristiques et frontières afinde mieux utiliser le patrimoine naturel.

En suivant les populations migratoires aumoyen de colliers durables et de la télémétrieradio, l’UICN et ses partenaires ont mis enplace une stratégie de conservation durhinocéros pour la Communauté dedéveloppement d’Afrique australe (SADC).Ceci a permis de faire un inventaire, derassembler une base de données, de sensi-biliser le public, de transférer et d’apparier desrhinocéros tant blancs que noirs dans le cadrede stratégies de terrain, afin d’assurer leursécurité, leur diversité et leur viabilité.

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Afrique australe : un aménagement qui tientcompte des pachydermes

Éléphants au Botswana © UICN/Frederik Schutyser

Les pachydermes attirent des touristesétrangers générant des revenus, mais ilsdétruisent également les cultures. Afin deréduire la pauvreté, tout en accroissant lestroupeaux, l’UICN a travaillé en coopérationsur des moyens dissuasifs non nuisibles enZambie, au Zimbabwe et en Namibie. L’Uniona également publié des études sur l’état et lesmotifs des menaces pesant sur les éléphantsd’Afrique ; sur la privation de droits dontsouffrent les populations des zones trans-frontalières, et sur l’utilisation des sols et lesrégimes fonciers à l’intérieur des parcs protégés.

À la recherche de nourriture et d’eau, leséléphants peuvent migrer des montagnesjusqu’à la mer. Afin de les aider, l’UICN et leMinistère sud-africain de l’environnement etdu tourisme ont élaboré conjointement desplans stratégiques de conservation, notam-ment dans le cadre du projet de la Blyde, afinde relier des corridors de biodiversité protégés.

Les éléphants et les rhinocéros ont besoin debeaucoup d’espace. Or, leurs habitats sontmorcelés par les contraintes d’une démarcheétroite et sectorielle. Pour cette raison, l’UICNa souhaité élargir la portée des plans degestion à l’échelle de l’ensemble d’écosys-tèmes tels que Makgadikgadi, Marromeu,Rufiji et les zones humides du Delta del’Okavango. Son Bureau pour l’Afriqueaustrale a mobilisé et impliqué différentesparties prenantes, qui ont établi ensuite uneéchelle de priorités entre les différents projetsau moyen d’une approche holistique.

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Peu de populations au monde dépendentautant que celles du Sahel de ressourcesnaturelles si peu abondantes. Chaque jour, lesagriculteurs, les pasteurs nomades et lespêcheurs, du Sénégal jusqu’au Tchad,s’adaptent au pouls de la nature. Ils profitentde la succession de pluies et d’inondations quitransforment le désert en une plaine lux-uriante et fertile. En Afrique de l’Ouest, l’UICNaide la biodiversité à absorber le choc desfluctuations et les populations à réduire lesconflits liés à l’utilisation des ressources.

Dans des villes telles que Ouagadougou etBobo-Dioulasso au Burkina Faso, les habitantsbrûlent 0,7 kg de bois de chauffage par jour,réduisant d’autant les forêts naturelles. À lademande du gouvernement, l’UICN a procédéà une évaluation des impacts et desavantages des programmes forestiers àgrande échelle pour la population locale. Cesoutils aident le Ministère de l’énergie et lescollectivités locales à échanger des informa-tions permettant d’harmoniser le développe-ment. Cela a également permis de promou-voir des négociations sur des « crédits carbone »afin de compenser les émissions de gaz à effetde serre.

Il y a un siècle, les côtes mauritaniennesétaient quasiment vides. Elles accueillent àl’heure actuelle un tiers de la population dupays. Riche en biodiversité et comptant deuxparcs nationaux, le Banc d’Arguin et Diawling,la zone côtière a été menacée par ledéveloppement de la pêche, l’extractionpétrolière, le tourisme et une croissanceurbaine anarchique. L’UICN et ses partenairesont défini un plan directeur de gestion deszones côtières impliquant des utilisateurs deressources ainsi que la société civile. Cesderniers adhèrent maintenant au principe deprécaution.

L’UICN et ses partenaires ont lancé uneévaluation socio-économique des 20 espècesvégétales collectées et vendues en ville par lesfemmes et les enfants. Notre étude a prouvéque, malgré l’interdiction de leur utilisationpendant l’époque coloniale, les plantesmédicinales représentent une composanteimportante de la santé et des moyensd’existence de la population. Suite à cesconstatations, cette législation dépassée a étéamendée au Sénégal.

Pendant 15 ans, l’UICN a œuvré à la promotiond’un réseau efficace d’aires protégées le longde la côte de Guinée-Bissau, dont le plusgrand parc de forêts de mangroves d’Afriquede l’Ouest (Cacheu), le site le plus importantde la région pour la reproduction des tortuesmarines (île Joao Viera) et la réserve de labiosphère de l’archipel des Bijagos. Desconsultations très étendues avec lescommunautés autochtones ont assuré ladurabilité de ces aires protégées, aboutissanten 2004 à la création d’un Institut nationalpour les aires protégées.

Afrique de l’Ouest :inverser la tendance à l’érosion de la diversité

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Guinée Bissau : des collaborateurs du projet observent des tortues venant d’éclore © UICN/Jean-Christophe Vié

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La santé de l’eau reflète la situation de sesusagers. Lorsque les villageois se trouventdans la pénurie, leurs cours d’eau souffrentaussi. Lorsque les pêcheurs tirent leurs filetsdans des directions opposées, les captures deslacs déclinent. Pourtant, l’inverse peut êtreégalement vrai. L’UICN gère l’eau et la natureafin d’assurer la santé des humains.

Il aura fallu quatre années de formation,d’études, de planification, de développement,de mise en œuvre et de révision. Mais enfin,grâce à l’UICN, quatre villages tanzaniensaccordent leurs activités au rythme de laplaine d’inondation du Rufiji. À plus vasteéchelle, les études et l’assistance technique del’UICN ont permis à la Division de la viesauvage de Tanzanie de désigner le site deRufiji-Mafia-Kilwa, s’étendant sur 596 908hectares, comme une zone humided’importance internationale.

Grâce à une décennie d’évaluation desressources, de soutien et d’élaboration deplans pour le lac Naivasha, l’UICN a aidé leKenya à établir un consortium d’organisa-tions rurales et d’organismes gouvernemen-taux et ensuite, à lui déléguer des compé-tences. Cette approche communautaire apermis de répondre à l’impact des plantesenvahissantes sur la qualité des habitatsd’oiseaux migrateurs.

Le lac Tanganyika, partagé par le Burundi, laRépublique démocratique du Congo, laTanzanie et la Zambie, se détériore en raisonde conflits liés aux ressources, de la dégra-dation des bassins versants, d’une pollutionincontrôlée et du sous-développement rural.L’UICN a pris la tête d’un consortiumimpliquant plusieurs partenaires en vued’harmoniser la gestion du lac, avec unedotation de 33 millions d’euros afin de faireque la théorie devienne réalité. Ceci permetde mettre en place une convention trans-frontalière, une autorité de gestion et unsecrétariat.

Lorsque les conflits autour de la pêche au lacVictoria ont commencé à faire rage, l’UICN estintervenue afin de faire la paix. Elle a facilitéles échanges et les visites transfrontalièresentre les collectivités de pêcheurs du Kenya,de la Tanzanie et de l’Ouganda. Elle a négociédes mémorandums d’accord entre descommunautés concurrentes. Elle a semé lesgraines de la sérénité grâce à des plans, desactivités et des visites de suivi.

Les eaux du fleuve tanzanien Pangani sontsoumises à une pression extrêmement forte.L’UICN a réussi à rassembler les acteursimpliqués en amont et en aval du bassin dansun esprit de collaboration et non decompétition. Ces échanges ont permis decréer des partenariats entre le gouvernementet les collectivités locales afin de gérer l’eau etde réduire les conflits. D’autres bassins de larégion suivent maintenant cet exemple.

Afrique de l’Est :soulager la pression sur l’eau

Eldad Tukahirwa, Alex Muhweezi et Florence Chege écoutent des parlementaires lors d’une visite du Mont Elgon

facilitée par l’UICN, la Communauté d’Afrique de l’Est et l’East African Wildlife Society © UICN/Edmund Barrow

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Les médias se plaisent souvent à évoquerl’anarchie, les dissensions intérieures, lapauvreté, la maladie et la guerre. Le Bureau del’UICN pour l’Afrique centrale raconte unehistoire beaucoup plus sereine, faite deprogrès patients et souterrains.

> La 5e Conférence des écosystèmes de forêtshumides d’Afrique centrale (processus deBrazzaville) a réuni 357 participants lors deréunions très fructueuses.

> Des passerelles ont été créées entre lascience et la société civile dans le cadre del’Initiative pour l’environnement du NEPAD.

> Dix projets forestiers ont été lancés grâce àdes micro-subventions, ce qui a contribué àconcilier la conservation de la biodiversité et lalutte contre la pauvreté dans six pays.

> Sept nouveaux membres permettent detoucher des milliers de collaborateurspotentiels.

> Un code de conduite a été élaboré pour lesinitiatives des « Parcs pour la paix » dans lesaires protégées transfrontalières de la régiondes Grands Lacs.

Un cas illustre de quelle façon l’UICN tire lesleçons de son passé, profite de sa structuremondiale de soutien et de sa réputationd’impartialité scientifique. Cette histoire vraieconcerne un barrage.

Lorsque le Cameroun a pris la décision deconstruire un barrage à Lom Pangar, sur laSanaga, afin d’accroître la production d’élec-tricité des centrales hydroélectriques de l’avalpendant la saison sèche, les opinions étaientpartagées. L’UICN et le gouvernement duCameroun ont décidé d’étudier les impacts etde définir des alternatives permettantd’atténuer les effets d’une façon acceptablepour toutes les parties concernées.

Tout d’abord, l’UICN a constitué et réuni ungroupe indépendant d’experts sociaux etenvironnementaux afin de procéder auxévaluations d’impact environnemental néces-saires au barrage. Le groupe devait examinerprès de 25 rapports élaborés par les cabinetsde consultants chargés de réaliser les étudesde faisabilité environnementale et sociale ; ildevait également demander des étudescomplémentaires et élaborer des recom-mandations destinées tant aux pouvoirspublics qu’au secteur privé.

L’UICN aidera le groupe d’experts à diffuserses conclusions d’une façon rapide,étendue ettransparente, au moyen de canaux decommunication opérationnels tels que RadioEnvironnement, des journaux, des courriels etles sites Internet, tant locaux que mondiaux,de l’UICN. Grâce à l’appui technique etopérationnel de l’UICN, le groupe explore denouvelles modalités permettant de concilierle développement humain et la conservationde la biodiversité.

Afrique centrale :au cœur de la lumière

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Frappée par les pires catastrophes, maréesnoires, troubles civils, séismes, avalanchesde boue, inondations, sécheresse et untsunami, l’Asie se remet avec une résilienceremarquable.

L’UICN œuvre dans la région afin que lesopérations de récupération et de remise enétat du continent prévoient et préviennentautant que possible les difficultés futures.

L’UICN en Asie :restauration, remise en état, résilience

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SL’Union cherche à informer un réseau plusdiversifié de décideurs et à partager lescoûts et les bénéfices. Elle collaboreégalement en vue d’une utilisation pluséquitable des ressources, qu’il s’agisse deplantes médicinales, de la pêche ou de l’eauelle-même.

Marché flottant en Thaïlande © UICN/Jim Thorsell

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Intégration pan-asiatique

Servant de catalyseur à la conservation et audéveloppement dans l’ensemble de l’Asie,l’Union mondiale pour la nature œuvre enpartenariat afin de trouver des solutions surdes bases locales. Chaque partenariat entredes personnes, des territoires et des idéesreprésente bien davantage que la somme deses parties. Des résultats positifs et impor-tants sont obtenus, notamment au moyendes démarches suivantes :

Créer de la valeur : En Asie, l’UICN souhaiteque l’estimation de la valeur économique soitune partie intégrante de la gestion de l’eau etdu développement, ainsi qu’un élément dedécision. L’ouvrage VALEUR présente desméthodes et des approches testées sur leterrain afin de rendre les outils de valeuréconomique disponibles pour un large publicet applicables dans la pratique. Les marais deThat Luang en RPD Lao fournissent un apportéconomique de 3,6 millions d’euros aux 161000 habitants du site, ce qui équivaut à desmoyens d’existence pour 16 000 personnes.Les petits barrages traditionnels d’irrigationdu bassin de Kala Oya génèrent des moyensd’existence équivalant à 314 euros annuels parménage, en termes de nourriture et d’eau.

Changer d’énergie : Les pauvres ont besoind’énergie. L’UICN les aide à trouver les sourcesles plus équitables et durables d’énergie. Pour8000 ménages de Dir Kohistan, dans laprovince Nord-Ouest du Pakistan, il s’agissaitpar exemple d’apprendre à « brûler » de l’eau

au lieu du bois de cèdre de l’Himalaya (Cedrusdeodara), qui a une grande valeur. À mesureque la forêt environnante déclinait, l’UICN aaidé 70 villages à utiliser de micro centraleshydroélectriques afin de générer 2000 kW,sauvant ainsi le bois de cèdre tout enallumant les ampoules et ... en permettant dese brancher sur Internet.

Etendre la portée : Lors du Congrès mondialde la nature, l’UICN a signé un protocoled’accord avec le gouvernement de l’Inde afinde lancer un programme pour ce pays. Cetévénement a été suivi d’une réunion avec lesmembres indiens. Des efforts similaires ontété entrepris afin de lancer des programmesen Chine et en Thaïlande. Le mémorandumd’accord signé avec la Banque asiatique dedéveloppement représente un autre jalonimportant permettant de nouer despartenariats de travail en Asie.

Diversifier l’activité :Trop souvent, les décideursdu secteur public préjugent de la seuleutilisation possible des forêts, ou de cellequ’ils estiment plus profitable. Au Sri Lanka,l’UICN aide des comités villageois autonomesà créer des revenus à partir d’ac-tivitésalternatives en cultivant, en traitant et encommercialisant des plantes médicinales. AuNépal, l’UICN a aidé des populations pauvresà s’assurer des droits de propriété sur 6 000ha à cette fin. Une autre entreprise népalaiseà petite échelle crée des capacités pour lesfemmes locales afin de produire et decommercialiser des légumes en saumure etdes jus de fruits ; ce projet devrait être repris àl’échelle nationale.

Assurer la stabilité : Au Pakistan, grâce àl’UICN, un écosystème de montagne endom-magé et une catastrophe pétrolière sontdevenus des occasions permettant deplanifier et de prévenir. Plusieurs années detravail de fond, avec plus de 200 réunionsrassemblant 3500 personnes, ont abouti àl’élaboration d’une stratégie de développe-ment durable des régions du Nord. Lorsque lepétrolier Tasman Spirit a laissé s’échapper 35000 tonnes de pétrole brut dans le canal deKarachi, l’UICN a coopéré avec le Ministère del’environnement afin d’évaluer et de remédieraux dommages causés aux ressources en eauet aux mangroves, aboutissant à un impor-tant rapport suivi d’un plan conjoint deremise en état.

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Le Tasman Spirit échoué devant Karachi © PNUE/Stefan Micallef

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Malgré la grande diversité de la région, l’eauest un dénominateur commun en Asie : lespopulations en ont grandement besoin, ellefournit de l’énergie et maintient la vie, elle faitl’objet d’une utilisation et d’une gestionpartagées. L’Union cherche à exploiter ceconfluent continental des humains et del’eau.

L’UICN et ses partenaires ont lancé un projetrégional afin de conserver les ressourcesnaturelles des zones humides du Mékong. Ilcomprend des cadres existants dans les paysriverains du Mékong afin de mettre en œuvreles priorités stratégiques établies par laCommission mondiale des barrages, patron-née par l’UICN. Les partenaires ont égalementinsisté sur l’accès et l’utilisation commu-nautaire de l’incomparable site Ramsarcambodgien, situé au Sud des chutes deKhone. Notre étude a démontré que lesvillages environnants dépendent étroitementdes zones humides de Stung Treng pour lapêche, l’approvisionnement en eau et letransport, pour un montant équivalent à 2350euros par ménage et par an, soit de 50 à 75%de leurs besoins alimentaires et de leursrevenus.

Les évaluations de la biodiversité, desressources en eau et des moyens d’existenceeffectuées par l’UICN ont eu des effetsprofonds partout au Sri Lanka. Ils ont incité laConvention de Ramsar à financer un plan degestion des ressources naturelles pour leszones humides d’Anaiwilundawa. Des étudesde biodiversité terrestre et intertidale ont étéprécieuses afin de suivre les modifications dela biodiversité causées par le tsunami dans lesud de l’île. Les organismes publics de l’eauont utilisé des études de valeur économiqueafin de remettre en état de petits barragesd’irrigation dans la province du centre-nord.

Dans l’est du Népal, des inondationsrécurrentes endommagent les rives et lesterres agricoles. En réponse, l’UICN a établides mécanismes communautaires de gestionde courant, gérés par et pour les pauvres, cequi permet de lutter contre l’érosion des sols,de réduire les dommages aux logements et laperte d’animaux et de créer des revenus. Lesrecettes de la vente d’herbes spécialescueillies dans les terres inondées ont suffi àpersuader les habitants d’installer des voieslatérales et de réduire le pâturage.

Le Bangladesh souhaite restaurer ses zoneshumides, ses collines, ses « haors » et sesplaines d’inondations dégradées. L’UICN atrouvé des moyens pour remédier à leurdéclin. Grâce à un intense travail de rechercheet de terrain avec les communautés, l’UICNencourage la remise en état des forêtsmarécageuses et de la végétation riveraine ;elle a aidé à conserver les tortues, les poissons,les plantes autochtones et médicinales ; elle aétabli des banques locales de semences etencouragé l’utilisation d’énergies alternativestelles que le solaire ou le biogaz.

Le Programme régional pour l’Asie :un confluent continental

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En avril, la région d’Asie centrale etoccidentale et d’Afrique du Nord (WESCANA)a ouvert un Bureau de secrétariat à Amman,en Jordanie. La base va s’exprimer à travers unvaste réseau de scientifiques, d’experts,d’ONG et d’organismes gouvernementaux.Cette alliance flexible et diversifiée a réussi àcoopérer efficacement sur la gestion de l’eauet d’autres ressources importantes. Grâce àcette nouvelle visibilité, elle a un effetd’entraînement sur le plan géographique.

« Cette vaste région qui s’étend du Maroc auKazakhstan, avec sa diversité extraordinaire decultures, de langues, d’écosystèmes et degouvernance, renforce et met à l’épreuve lescapacités de rassemblement de l’UICN : il s’agitde créer des passerelles entre les Etats et lasociété civile, de promouvoir des synergies entredes pays ayant des éléments partagés debiodiversité ou des problèmes communs degestion de ressources; de créer des liens effectifsautour de valeurs partagées par les troiscomposantes de l’Union. »

Odeh Al Jayyousi, Directeur régional

Suite à un appui technique et à unecollaboration stratégique de l’UICN, le Qatar asigné et ratifié la Convention sur la biodi-versité. Son programme environnemental estcoordonné par le Conseil suprême ; unestratégie nationale et un plan d’action pour labiodiversité ont été élaborés.

Un soutien technique similaire a été apportéau Yémen afin d’élaborer sa stratégie et sonplan d’action pour la biodiversité en 2004.Une procédure novatrice a été introduite,reliant les différents niveaux et instances dedécision sur le plan politique et local en vuede la conservation de la biodiversité et dudéveloppement de l’île de Socotra, « l’île autrésor » du Yémen.

L’UICN a poursuivi sa collaboration, établiedepuis des décennies, avec les instances deconservation d’Arabie Saoudite et elle a établide nouveaux partenariats dans la région.Après de longues négociations, l’Iran a adhéréà l’UICN et assisté au Congrès en qualitéd’Etat membre. Un nouveau programme desoutien à la réforme et au développement duréseau d’aires protégées en Égypte a étéélaboré et le programme pour l’Asie centrale aété renforcé grâce à un ensemble d’initiativesprioritaires définies par les membres.

Des bases ont été jetées en vue del’établissement d’un programme à longterme de l’UICN pour l’une des ressourcescruciales pour la région, mais égalementsource potentielle importante de conflits :l’eau. Au mois d’avril, quelque 170 participantsde 15 pays ont réuni leurs compétences etleurs informations et mis en place uneinitiative afin de construire des réseauxrégionaux, d’appuyer les réformes politiquesen vuede la gestion de l’eau douce et detester des solutions pratiques sur des sitesexpérimentaux.

WESCANA :du morcellement à une paix intégrée

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Hazim El Nasser, Ministre de l’irrigation et des ressources en eau de Jordanie,

signe l’accord relatif au Bureau de la région WESCANA à Amman © UICN

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Par le passé, les efforts d’intégration ducontinent américain étaient axés sur desdoctrines politiques,des modèles économiquesou des négociations commerciales, telles quela Zone de libre-échange des Amériques ou leMercosur. L’année dernière nous avons mêmeassisté à la création officielle d’une Union sud-américaine.

Cependant, bien avant toutes ces construc-tions humaines, la région était reliée par larichesse de la vie qui y a fleuri d’une façonparticulière et incomparable.

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L’UICN aux Amériques :assurer des bases naturelles

L’UICN respecte les institutions modernes degouvernance et coopère étroitement avecelles. Mais elle sait également que touteintégration durable du développementhumain nécessite tout d’abord des basessolides et larges alliant la conservation de lanature à la réduction de la pauvreté.

Ceci veut dire que toutes les parties doiventtrouver de nouvelles modalités afin deconserver la beauté, l’intégrité et la diversitédes ressources naturelles des Amériquesqu’elles partagent.

Jeune Epipedobates tricolor sur une passiflore rouge (Equateur, Amérique du Sud)

© NHPA/James Carmichael

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Intégration pan-américaine

Partout aux Amériques, l’UICN a relié leshumains, les lieux, les eaux et les idées. Lesexemples ci-dessous n’illustrent qu’une petitepartie des projets auxquels a participé l’Unionmondiale pour la nature :

> Renforcement de l’Accord régional sur lesévaluations d’impact environnemental : aidetechnique aux gouvernements, promotionde la participation du public, harmonisationet modernisation des mécanismes inter-nationaux d’EIA pour l’Amérique centrale. Enaméliorant ce système, l’UICN est mieux àmême d’informer les accords de libre-échange et des investisseurs privés, tels que lePlan de modernisation et de transformationpour l’Amérique centrale et le Plan PueblaPanama.

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> L’UICN a servi de catalyseur d’une initiativeen coopération réunissant l’Équateur, laColombie, le Panama et le Costa Rica, en vuede la création d’un nouveau corridor marinentre les Galapagos, Gorgona, Malpelo, Coibaet les Iles Cocos. Elle a également examiné lescritères d’inscription des sites marins sur laListe du patrimoine mondial, ainsi que lescandidatures des îles de St Kilda et de Hawar.

> L’UICN a contribué à piloter le programme« De l’eau blanche à l’eau bleue » pour larégion du Grand Caraïbe. Cette initiativeréunissait plusieurs bureaux régionaux ducontinent afin de promouvoir une gestionintégrée des bassins et des écosystèmesmarins de la région.

> La première tranche du projet de remiseen état environnemental de la Baie deGuanabara Tagubar a été finalisée. Elle aabouti à la construction d’équipements d’épu-ration qui seront testés près de Rio de Janeiro.Le Programme marin de l’UICN a commencél’étude des sédiments, élaboré un mécanismed’aide à la décision et entrepris une évalu-ation à moyen terme du projet.

> L’UICN a accompagné et fortement appuyéles huit pays de l’Organisation du traité decoopération amazonienne. A l’heure actuelle,elle est devenue un partenaire incon-tournable lorsqu’il s’agit d’élaborer et demettre en œuvre une stratégie de développe-ment durable à grande échelle.

> L’UICN a allié équité et gouvernance del’eau grâce à deux projets de démonstrationdans les bassins de Barra de Santiago-ElImposible (El Salvador) et Tacana (Mexique-Guatemala). Les deux bassins se sont dotésd’instances comprenant des organismesgouvernementaux, des institutions tech-niques, des ONG membres de l’UICN et desusagers de l’eau. La structure de gestion duprojet de bassin du Tacana comprend lescommunes concernées et permet une gestioninternationale et des études juridiques.

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> L’UICN a aidé à élaborer une stratégierégionale pour les zones humides des hautesAndes, sur trois fronts. Elle a organisé,conjointement avec la Convention de Ramsar,un atelier qui s’est tenu à Quito, afin de définirdes éléments, des lignes directrices et un plande travail. Au moyen d’un partenariat avec desgouvernements et des organisations liées àRamsar, elle a contribué à mettre en place unprojet de cadre stratégique, qui a été soumisà la troisième réunion régionale pan-américaine à Mexico et devrait être adoptél’année prochaine.

> Grâce au programme ALIANZAS, des consor-tiums de travail de trois zones transfronta-lières, El Salvador-Guatemala, Nicaragua-Costa Rica et Costa Rica-Panama, ont établides structures, des mécanismes et descompétences afin d’améliorer la gestionautonome des ressources naturelles dechaque région. Le programme est financé parle Royaume de Norvège, mais des partena-riats de la société civile et des autorités localescréent également des mécanismes d’auto-financement à long terme afin d’assurer ladurabilité après le retrait des donateurs.

> L’UICN a collecté des informations sur dessites Ramsar transfrontaliers ou prioritairespour plusieurs pays, afin de promouvoir lamise en œuvre d’une politique d’utilisationrationnelle des zones humides en Amériquecentrale et de faire les premiers pas vers uneapplication adaptée de la Convention.

Des représentants d’organisations membres du Costa Rica et du Nicaragua lors de la première réunion de

coordination du programme Alianzas, en juin 2004.© UICN/Gabriela Hernández

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Terre de contrastes, la région méso-américaine oscille toujours entre une richessenaturelle extraordinaire d’une part et d’im-portants déficits économiques d’autre part.L’UICN explore et trouve des modalitésnovatrices afin d’utiliser le capital écologiqueen vue d’une meilleure équité sociale.

L’on peut par exemple estimer plusprécisément la valeur des ressourcesnaturelles. Ainsi, l’Evaluation économique dela zone humide de Térraba-Sierpe fournit desinformations précises sur les utilisationséconomiques, directes et indirectes, desressources des zones humides. Elle comprendégalement de nouvelles mesures d’incitation,financières et structurelles, afin d’améliorer lagestion des écosystèmes par les populationslocales, qui à leur tour tirent avantage de leurparticipation.

Plusieurs projets de l’UICN aident lespopulations locales à bien faire et à s’entrouver mieux. Ainsi, les activités productiveset commerciales de Lachuá font partie duprogramme d’incitations forestières del’Institut national des forêts du Guatemala. Leprojet expérimental du Tacana implique lescommunes dans la gestion intégrée desressources en eau afin d’encourager lacréation de revenus.

Méso-Amérique :redécouvrir ses véritables richesses

L’Union a analysé plus de 60 expériences enAmérique centrale, afin de définir desmodalités optimales de cogestion d’airesprotégées à travers des expériences locales etune gestion participative ; 75 études de casont démontré les bienfaits d’une démarched’équité de genre en matière de conservationet de développement durable.

L’UICN a conseillé la Commission del’environnement et du développementd’Amérique centrale en matière de stratégieet d’approches régionales pour la forêt, lesaires protégées et l’équité de genre dans lagestion, ainsi que pour des évaluationsd’impact sur l’environnement. Elle a égale-ment élaboré une politique et une stratégieafin d’impliquer le secteur privé et d’intégrerle calcul des coûts environnementaux dansles activités des entreprises.

Pêcheur à Térraba-Sierpe © Luis Diego Marín

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Il n’est pas étonnant qu’une trame très riched’organisations environnementales se soittissée dans la région d’Amérique du Sud, quicomprend six des 17 pays à biodiversitéendémique très importante (Colombie, Brésil,Équateur, Pérou, Venezuela, Bolivie).

L’UICN joue un rôle essentiel afin desystématiser leurs connaissances, d’élaborerdes outils, de rassembler les parties prenanteset de faciliter leurs échanges. Elle fait office depasserelle entre les gouvernements et lasociété civile afin d’allier bonne gestion desécosystèmes et équité sociale.

Dans le cadre de l’initiative de la GrandeRoute Inca, l’Union a mobilisé des fonds, desressources de communication et desressources humaines en faveur de projets derestauration un peu partout dans les Andes etdans les écosystèmes de forêts humides.Cette démarche a également sollicité un trèsriche patrimoine de valeurs culturelles etspirituelles.

L’UICN a contribué à améliorer la conservationdu bassin de Tambopata Inambari (auxsources de l’Amazone) : inventaires debiodiversité, sélection de plantes ayant unpotentiel économique, vaste programmed’éducation et de sensibilisation à l’envi-ronnement. Nous avons évalué le potentiel deconservation de systèmes productifs du pointde vue biophysique, social, agronomique etinstitutionnel. L’UICN a également présentéun système d’aide à la décision en vue del’application de l’approche écosystémique.

L’UICN a mis en place un centre d’échanged’informations sur la conservation et l’équitésociale en espagnol et en portugais, afin depréciser et de communiquer, dans les deuxsens, des informations vitales pour lesmembres du continent. Ce centre d’échangescomprend des forums électroniques, l’accèsen ligne à des documents sur la conservationet l’équité sociale, un magazine électroniqueet des informations sur des financementspossibles, des sessions de formation, desbourses et des prix.

L’UICN a organisé une première réunionrégionale, afin de faire un bilan del’expérience de 82 corridors d’habitats ducontinent sud-américain et de mettre envaleur les enseignements tirés. Les gestion-naires de corridors, provenant de différentesorganisations gouvernementales et nongouvernementales, ont échangé des expéri-ences sur les types de corridors et sur lesapproches permettant de les mettre en place.Ils ont réaffirmé l’importance de l’applicationde l’approche écosystémique à la gestion descorridors.

Amérique du Sud :des Andes aux océans

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En Amérique du Nord, le Bureau dereprésentation et de politiques de l’UICN aœuvré activement en faveur du Programmemondial et assuré la liaison avec les élémentsconstitutifs de l’Union. L’UICN a mis enrapport des connaissances et des infor-mations importantes en matière de politiqueet d’économie, provenant de différentspartenaires et contributeurs. D’ailleurs, labase de soutien à l’UICN dans la région est entrain de se diversifier, au-delà des principauxdonateurs. Ce Bureau coordonne et gèretoutes les fonctions de liaison de l’UICN vis-à-vis des Nations Unies, auprès desquellesl’Union bénéficie du statut d’observateur.Enfin, le Bureau aide l’Union à atteindre lesobjectifs très élevés qu’elle s’est fixés.

Le Bureau du Canada, pour sa part, élabore unguide systématique mondial de cueillettedurable des plantes sauvages aromatiques etmédicinales.

Il aide la Chine à renforcer ses capacités enmatière de gestion des ressources naturelleset à sensibiliser le peuple chinois à l’intérêt dela conservation de la nature.

Le Bureau des États-Unis étudie la dépen-dance des humains vis-à-vis des services desécosystèmes ; il trouve des mécanismes d’inci-tation et des influences politiques afin desauvegarder ces services dans un contexte dechangements climatiques planétaires etd’une libéralisation mondiale rapide ducommerce.

Le programme des États-Unis et le pro-gramme marin de l’UICN ont lancé unnouveau réseau officieux appelé « DC MarineCommunity », qui permet l’échange d’infor-mations entre des experts et des institutionsde conservation du milieu marin basés auxEtats-Unis.

Contribuant à rompre avec une tendancehistorique négative, l’UICN a veillé à ce que lanouvelle politique de la Banque Mondialepour les prêts au développement contribue,pour la première fois, à la sauvegarde desforêts de la planète, en protégeant l’environ-nement, les droits des peuples autochtones etles communautés touchées par les projets.

Amérique du Nord :alimenter la flamme internationale

Voyage d’études Chine-Canada, Fondation Barbara Heck à Landon Bay,

Mille-Îles, Ontario, Canada, août 2004 © UICN/Chucri Sayegh

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La Méditerranée était souvent perçue commeune large barrière séparant l’Europe, leMoyen-Orient et Afrique du Nord ; l’UICN esten train de la transformer en une forceécologique rassemblant 17 pays.

L’UICN en Europe et dans la CEI :des terrains vagues à des havres de vie L’histoire avait créé le mur de la guerre froide

afin de séparer le communisme et lecapitalisme. Ce mur démantelé,naguère fosséstérile, pourrait devenir, grâce à l’UICN, uncorridor vivant et palpitant de conservation etde renouvellement.

Troupeau de bisons dans la forêt primaire de Bialowieza © J. Walencik

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Intégration pan-européenne

L’Union Européenne est le moteur d’inté-gration le plus puissant de la région.

Cependant, afin de construire une com-munauté de peuples plus étroitement liés,l’Europe doit tout d’abord renforcer les liensgéographiques pour y inclure une com-munauté encore plus large : celle de la nature.

L’UICN assure des bases solides en préservantles ressources sauvages de biodiversité, afinque la diversité humaine et culturelle ducontinent puisse prospérer véritablement etdurablement.

Afin de mieux cartographier, conserver etutiliser la Méditerranée, l’UICN trace satrajectoire entre les vagues. Elle a trouvé que26,6 % de la faune marine de la Méditerranéeest endémique, en raison du besoind’adaptation à un ensemble complexe fait desalinité élevée, d’eaux relativement chaudes,d’infiltrations froides, de canyons sous-marinset de monts marins. Une meilleure connais-sance de ces écosystèmes permettra demieux répondre à l’évolution économique dela pêche, qui se déplace de plus en plus versles eaux profondes.

Le statut juridique relativement complexe dela Méditerranée fait que les mécanismesactuels de conservation et de gestion de labiodiversité sont inadaptés, peu efficaces etinsuffisamment coordonnés. Trois program-mes de l’UICN se proposent de remédier àcette situation. Le dialogue entre les acteursconcernés a été lancé ; des experts ontformulé des recommandations ; des étudesde cas et des documents ont été élaborés ; lesdéfis à relever pour l’avenir ont été décrits.

L’UICN a organisé des ateliers très importants,regroupant les principaux pays concernés, surles aires protégées marines en haute mer. Lesrapports de grande qualité présentés parl’UICN sur des questions scientifiques etpolitiques ont fait d’elle la première source decompétences en matière de pêche et degouvernance de la haute mer. Grâce à nous,des pays tels que la Nouvelle-Zélande et laNorvège, notamment, plaident pour uneinterdiction urgente du chalutage des fondsmarins, afin de protéger la biodiversité de lahaute mer.

L’UICN tient le secrétariat de l’Initiative pourla ceinture verte européenne, qui vise à établirun réseau écologique tout le long de l’ancienrideau de fer. Ce corridor comprend lescommunautés humaines et naturelles ets’harmonise avec Natura 2000 et le RéseauEmeraude d’aires protégées. La législation envi-ronnementale européenne est pléthorique,mais elle peine à enrayer le déclin de labiodiversité ; la « ceinture verte » devraitdonner de l’élan, de la substance et une forcerenouvelée aux conventions internationales.

Afin de promouvoir des outils financiers pourl’agriculture biologique, l’UICN et ses parte-naires ont publié The best of Natura 2000 inCentral Europe, comportant des images et desdescriptions de sites d’intérêt naturel,culturel, paysager et touristique.

Après deux années de collaboration, des ONGbasées à Moscou et l’Organisme fédéral russedes forêts ont créé officiellement le Conseilpublic des forêts, afin de conseiller leMinistère russe des ressources naturelles enmatière forestière. En conséquence, lanouvelle version du Code forestier de laFédération de Russie prévoit désormais laparticipation du public et des auditionspubliques obligatoires sur les utilisationsprévues.

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La République Srpska envisage de construireun barrage hydroélectrique à Buk Bijela,dans le sud-est européen. Une missionUICN/UNESCO a évalué l’état de conservationde ce site spectaculaire. Elle a évaluéprécisément les effets potentiels d’un barragesur l’écosystème du canyon de la Tara, ainsique sur le Parc national de Durmitor, site duPatrimoine mondial et Réserve de labiosphère. En 2005, la République duMonténégro s’était déclarée contraire à ceprojet.

Ailleurs en Europe et dans la Communautédes Etats indépendants, l’Union mondialepour la nature :

> A animé le secrétariat du Compte à rebours2010, une initiative impliquant des membreset des partenaires de l’UICN, des entreprises,des autorités locales, régionales et nationales,afin d’atteindre l’objectif fixé par les chefsd’États européens, à savoir « arrêter la pertede biodiversité d’ici 2010 ». L’UICN, parl’intermédiaire du programme de la Listerouge, rattaché à la Commission de lasauvegarde des espèces, a l’intention d’entre-prendre une évaluation pan-européenne de labiodiversité afin de mieux suivre les progrèsréalisés en vue de l’objectif 2010.

> A organisé pour la première fois, avec sespartenaires, une foire et un forum desproduits forestiers non ligneux à Moscou.Cette manifestation a accueilli de petitesentreprises venant de régions aussi éloignéesque l’Altaï, le Kamchatka, Sakhaline etMagadan, afin de faciliter leur accès à desmarchés plus importants et d’échanger surleurs préoccupations et sur les enseigne-ments tirés de leur expérience.

> A resserré ses liens avec la Commissioneuropéenne, organe exécutif de l’UE, et avecle Parlement européen, à travers son inter-groupe sur le développement durable.Organisation quasiment inconnue des deuxinstitutions il y a trois ans, l’UICN estmaintenant tout à fait reconnue comme uninterlocuteur international de tout premierplan pour l’utilisation durable des ressourcesnaturelles.

> A renforcé les partenariats pour laconservation et la gestion des forêts enRussie, en adaptant au contexte russe laméthodologie du WWF pour une évaluationrapide des aires protégées. Sur cette base,l’équipe de projet à évalué l’efficacité de lagestion de 155 aires protégées, soit 70 % desaires protégées fédérales russes.

Bureau régional pour l’Europe :Compte à rebours 2010

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L’ancienne Rome a conquis par les armes lesterres riveraines de ce qu’elle appelaitfièrement « mare nostrum », notre mer.L’UICN moderne veille à la conservation enMéditerranée au moyen de partenariats libreset volontaires.

Sur terre et en mer, le niveau élevéd’endémisme de la région fait d’elle l’un deshavres de biodiversité de la planète.Cependant,les connaissances que l’on a de ces richessessont parfois contradictoires, et les donnéeséparses. Il n’existait pas de base de départadmise permettant d’évaluer l’état de conser-vation des espèces, le degré et les facteurs derisque. C’est maintenant chose faite.

L’Union mondiale pour la nature a établi desListes rouges régionales pour plus de 700espèces de reptiles, d’amphibiens, de requinset de poissons d’eau douce. Outre une fortevolonté de collaboration de la communautéscientifique, ce fait démontre que lesdéfenseurs de l’environnement apprécientune liste rouge régionale comme un outilprécieux leur permettant de définir etd’évaluer les priorités en matière deconservation de la nature.

L’UICN et ses partenaires ont fait les premierspas afin de mettre en place un programmed’aires protégées importantes pour lesplantes en Méditerranée. Ce programmehéberge près de 25 000 espèces végétales,met à disposition des Listes rouges spé-cifiques pour les plantes, ce qui a un effetmultiplicateur sur les activités de conser-vation nationales, régionales et mondiales ;échange des données cartographiées ; établitdes passerelles entre la science et la politique ;fournit des éléments d’orientation pour leslégislations nationales pertinentes, et met enplace un cadre servant à des évaluations, desarbitrages ou des décisions futures.

L’Afrique du Nord est dotée d’une traditionculturelle très ancienne, riche et diversifiée enmatière de plantes médicinales, souventutilisées pour assurer des soins de santé debase. Cependant, malgré leur importanceculturelle et économique, nombre de plantesmédicinales et aromatiques sont en danger,ainsi que les connaissances autochtonesservant à leur utilisation, culture et distri-bution. L’UICN veille à ce que ces deuxpatrimoines soient préservés, respectés,appréciés et encouragés.

La Méditerranée :des avancées vers la cogestion

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Le calappe granuleux (Calappa granulata) méditerranéen © José Antonio Moya

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évoluer à

l’unisson avec

l’ensemble de

la société

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La troisième dimension est verticale. Il s’agitde relier des acteurs qui travaillent sur le planlocal à ceux qui travaillent sur le plan mondial.Or, forger des liens humains tient plus de l’artque la science. Il faut une planificationapprofondie, une mise en œuvre audacieuseet un suivi sans relâche. Pourtant, en raisonmême de tout ce qui précède, l’établissementde liens stratégiques est devenu pour l’UICNl’un de ses atouts constitutifs, peut-être leplus précieux.

Notre art politique nous relie à despartenaires qui ne sont pas des membres ; àdes organismes intergouvernementaux quine sont pas des Etats membres ; à des expertsqui ne sont pas membres des Commissions ; àdes donateurs qui cherchent une relation plusinteractive avec l’UICN et à des centaines dejeunes professionnels passés à l’UICN enqualité de stagiaires, de bénévoles ou depersonnels de projet pendant un court terme.Cependant, nous travaillons avant tout avecnos propres éléments constitutifs.

Le troisième lien de l’UICN est un lien vertical

Quelle est la structure de ces élémentsconstitutifs ? Les scientifiques Watson et Crickont expliqué leur découverte du « secret de lavie » par la construction d’une double hélicereliant des brins d’ADN génétique.

De la même façon, l’Union mondiale pour lanature est peut-être sur la voie du « secret dumaintien de la vie » grâce à une collaborationdont le moteur est la création de consensus.Sa triple hélice réunit les membres, lesCommissions et le Secrétariat dans unespirale ascendante de liens verticaux.

Depuis sa création, l’UICN s’efforce derenforcer cette structure. Parfois, cela sembleaussi passionnant que la fusion de l’atome.D’autres fois, c’est aussi difficile que derassembler des chats en troupeau. Les liens etles évolutions se font souvent d’une façondiscrète, presque inaperçue, et il n’est pastoujours possible de les quantifier.

Pourtant, chaque nouveau lien de partenariatrenforce une valeur qualitative et durable qui,pour n’être pas mesurée, n’en est pas moinsessentielle. Ce potentiel, cet enthousiasme,entretiennent la vitalité de la triple hélice del’UICN. Dans sept domaines stratégiques,l’investissement dans ces réseaux uniques deliens verticaux a commencé à donner desrésultats durables.

Marché aux poissons en Côte d’Ivoire © Yann Arthus-Bertrand/Altitude

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MESNous vivons dans une ère de spécialisation.

Voyez tout simplement les membres et lescollaborateurs de l'UICN. Nos chercheurs, nospartenaires, les ONG, les entreprises affiliées,les scientifiques, les dirigeants religieux, lesdonateurs, les employés, les éditeurs, lesbénévoles et les membres des Commissionssont tous des « leaders » dans le meilleur sensdu terme. En effet, ils créent des nichesgéographiques et institutionnelles sans précé-dent. Ils optimisent l'utilisation des ressources.Ils maîtrisent les enjeux mondiaux. Ils sontlauréats du Prix Nobel. Ils montrent auxautres la voie vers un avenir meilleur.

Pourtant, aucun d'entre eux ne se sent « seulau sommet », car chacun a la sagesse etl'humilité de reconnaître que la vie n'a pas devéritable « sommet ». Quel que soit le prestigedont chacun bénéficie, les spécialistes del'UICN sont une partie d’un tout fonctionnel.Nos membres ne sont pas un rassemblementd'objets statiques, mais une communiondynamique de sujets. Afin d'exprimer leursaspirations collectives, ils sont rattachés à unegrande entité interdépendante, dont l’actionest inspirée par leur détermination.

D'autres institutions en expansion risquentparfois de se fossiliser en raison de leurspécialisation. Elles sont enfermées dans unepensée compartimentée, dans des bureauxinsonorisés. Les spécialistes de l'UICN ne se

Achim Steiner : L'évolution de la synergie

laissent pas enfermer : ils tendent la main par-dessus les murs ou abattent les barrières quipourraient empêcher le développement d’êtredurable et équitable.

En réponse à un environnement changeant,nous évoluons nous-mêmes.

Nous évoluons à mesure que la planète« découvre » enfin des choses que lesécologistes savent depuis longtemps : lesfemmes doivent avoir voix égale au chapitre ;une économie mondialisée présente desrisques et des opportunités ;un climat instableest à la fois la cause et la conséquence desactivités humaines ; une bonne gestion desécosystèmes nécessite de réduire la pauvreté,et réciproquement ; les espèces exotiquesenvahissantes représentent une menace bienpire que ce que les auteurs de science-fictionont imaginé ; les fleuves sont infiniment pluscomplexes que les aqueducs romains les plusperfectionnés ; les espèces migratrices néces-sitent une coopération, même par-delà desfrontières hostiles ; les Conventions desNations Unies nécessitent une action concertéesur le terrain.

Pour moi, la capacité de l'UICN à évoluer defaçon réactive, de forger des synergies allantdu plan local au plan mondial, est le volet leplus magique de notre action. Mais la magien'est jamais acquise une fois pour toutes ;c'est pourquoi nous nous remettons enquestion jour après jour, d'une façon critique.Notre objectif n'est pas la beauté. Il s'agit deréaliser les aspirations de nos membres envue d'un monde plus juste qui préserve lanature. À cette fin nous avons commencé àdéboucher nos artères, à faire sauter lesplombs, à affiner nos cibles, à mesurer nosprogrès, à repenser nos tactiques et à forgerde nouvelles alliances.

Nous allons redoubler d'efforts aussi souventque nécessaire. Pourquoi ? Parce que nousn'avons pas le choix. De même qu'il n'y a pasde « sommet » dans notre réseau,notre travailde conservation n'a pas de « fin ». La richessede l'évolution naturelle ne peut tout sim-plement pas s’arrêter. Pour que ce ne soit pasle cas, nous devons aller de l’avant.

© UICN

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En 2003, le monde a découvert que 12 % de lasurface terrestre avait été protégée en vue dela préservation de l’environnement. Certainsestimaient qu’il s’agissait là de l’une desréussites les plus éclatantes du XXe siècle. Pournous, c’était simplement un bon début.

Notre Commission mondiale des aires pro-tégées a reconnu, sans triomphalisme, quedes objectifs spatiaux ne sont pas en mesured’assurer par eux-mêmes la survie desdifférents écosystèmes. En conséquence,l’Union a invité ses membres du monde entierà mener une réflexion stratégique afin dedéfinir comment, avec qui et où l’UICNpourrait plus efficacement étendre lesobjectifs, les partenaires et le portefeuille deconservation des écosystèmes.

Comment : l’UICN est passée d’une dimensionquantitative un peu simpliste au qualitatif : de« plus grand » à « meilleur ». Cela impliquaitde préciser d’une façon très fine les meilleuresapproches applicables et de déterminer quelssont les écosystèmes dont la préservationdevrait être prioritaire. Paradoxalement, lerésultat pourrait privilégier une surfacemoindre d’aires protégées très riches enespèces endémiques.

Avec qui : l’UICN a montré que, grâce aux inci-tations, ceux qui étaient perçus comme« faisant partie du problème » pouvaient enfait « faire partie de la solution ». Les barbeléset les clôtures électriques défendent en effetla nature contre d’éventuels braconniers.

I. Gestion et restauration efficaces des systèmes

Cependant, des « parcs-forteresses » trans-forment souvent des alliés potentiels enennemis jurés. Les membres de l’UICNplaident pour la participation et l’intégration.L’UICN implique des communautés vivant àl’extérieur des limites d’un espace protégé,mais à l’intérieur de l’écosystème dontdépend le parc ou la réserve. Les populationslocales partageant les coûts de gestion et derestauration (gardiennage, artisanat, tourisme,communication, administration, utilisationlimitée des ressources…) doivent en partagerégalement les avantages.

Où :en règle générale,nous nous préoccuponsdes menaces pesant sur les lieux où nousvivons. Ainsi se crée un biais nous conduisantà vouloir protéger, plus que tout le reste, lesforêts, les zones humides, les cours d’eau et lessavanes. N’y vivant pas, nous négligeons sansle savoir des endroits plus difficiles maisparfois plus riches en diversité: le milieumarin, les montagnes, la toundra, les régionsarides. Grâce à une diversification des airesprotégées, l’UICN rééquilibre les priorités.

Illustrant ces trois axes d’évolution, l’UICN amis en place à Samoa un projet visant à créerdes capacités dans 21 villages de deuxdistricts, afin de planifier et de cogérer desaires protégées marines communautaires etd’infléchir les politiques nationales en lamatière. La Banque Mondiale a évalué notredémarche et estimé qu’il s’agissait des « meilleures pratiques ». Cette initiative serareprise dans d’autres îles du Pacifique. Elle apermis d’étendre notre présence en Océanie.Elle a montré aux gouvernements la « valeurajoutée » de nos liens verticaux.

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Une menace universelle illustre l’efficacité de la réponse stratégique de l’UICN au « comment, avec qui et où » : les espècesexotiques envahissantes. Dans certainsbiomes, les espèces envahissantes sontdevenues, avant la perte des habitats, lamenace principale pesant sur la biodiversité.Ce nouvel ennemi nécessite des tactiquesnovatrices et efficaces.

Bien évidemment, il est à la fois plus facile etmoins cher d’éviter l’introduction d’espècesenvahissantes que de les éradiquer une foisqu’elles se sont implantées et propagées. Maiscette mesure de prévention nécessite uneintégration verticale, depuis les pépinièreslocales jusqu’à la réglementation mondialedes transports transocéaniques. L’UICN et sespartenaires, au moyen du Programme mon-dial sur les espèces envahissantes, a joué unrôle décisif pour faciliter la coopération :

Un cauchemar naturel –des espèces envahissantes planétaires

> Nous avons impliqué les compagniesd’assurances, étant donné que les assureursdevront supporter les coûts « externalisés »de ces espèces si personne d’autre n’enaccepte la responsabilité.

> Nous avons ciblé les espèces envahissantesdans le cadre des mesures de protection àprendre pour les sites du Patrimoine mondial.

> Nous avons recommandé à l’Organisationmondiale du commerce de réduire les impactsdu commerce sur la propagation de cesespèces.

> Nous avons encouragé une utilisationadaptée des espèces autochtones pour lalutte biologique, l’aquaculture et l’horticulture.

> Nous avons diffusé des informations sur100 espèces envahissantes parmi descommunautés et des agriculteurs viet-namiens, vigilants vis-à-vis de toute espèceintroduite.

> Nous avons renforcé des capacités enAfrique de l’Est, afin de réduire autant quepossible l’impact des espèces envahissantes,et nous avons apporté notre soutien à lastratégie de lutte contre ces espèces dans lecadre du Plan d’action environnementale duNEPAD.

Lutte biologique contre les jacinthes d’eau : les charançons provoquent des cicatrices foliaires © UICN/Geoffrey Howard

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L’UICN est passée de la promotion de son « savoir pourquoi », depuis longtempsreconnu, à celle de l’application de son « savoir-faire » avancé. Tirant profit d’un demi-siècle d’expérience, elle a contribué àtransformer six conventions en six exemplesefficaces de conservation pragmatique.

A Kuala Lumpur, l’UICN a participé à la 7e

session de la Conférence des Parties à laConvention sur la diversité biologique, qui aadopté le programme de travail le plusambitieux de l’histoire sur les aires protégées.Elle a cherché à traduire dans la pratiquel’accord atteint lors du Congrès mondial desparcs et les engagements du Sommet deJohannesbourg, notamment l’objectif deréduction du taux de perte de la diversitébiologique d’ici 2010. Ce faisant,elle a utilisé letravail réalisé sur les indicateurs, les espècesmenacées et les aires protégées ; elle a plaidépour l’adoption de principes liés à l’utilisationdurable et pour la négociation de dispositionsrelatives à l’accès aux ressources et aupartage des avantages. La Commission de lagestion des écosystèmes a contribué àconvaincre les Parties à la Convention

II. Institutions, traités, processus et politiques d’adopter l’ « approche écosystémique », envue d’une utilisation durable mettant lescommunautés locales au cœur des décisions.Enfin, la Commission des politiques environ-nementales, économiques et sociales a aidé à traiter les questions d’équité et de partic-ipation en générant un élan politique et enfournissant des outils de mise en œuvre.

L’UICN a également apporté son concours lorsde la première réunion du Protocole deCarthagène sur la prévention des risquesbiotechnologiques, qui a établi un cadrepréliminaire pour la mise en œuvre de cetinstrument et a pris des décisions sur lerenforcement des capacités, l’échange desconnaissances, l’étiquetage, le respect desobligations, la responsabilité et la réparation,les mouvements d’organismes génétique-ment modifiés entre Etats parties et non-parties au Protocole.

Lors de la 12e session de la Commission desNations Unies sur le développement durable,le programme de l’UICN pour l’eau et leszones humides, le Groupe sur les stratégies del’Union, la Division des politiques, de labiodiversité et des accords internationaux etle Bureau multilatéral des Etats-Unis ontorganisé des ateliers et contribué à créer desconsensus autour de questions concernantl’eau, l’assainissement et les peuplementshumains. Un séminaire organisé conjoin-tement par le Centre international pour lecommerce et le développement durable et le

© UICN/Nicola Bartelone

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Programme du droit de l’environnement del’UICN a abordé l’Accord sur les services(GATS), les services de l’eau et des optionspolitiques.

A Nairobi, Kenya, lors de la Conférenceinternationale sur l’éco-agriculture, l’UICN aaidé 210 novateurs du monde entier à définir l’« éco-agriculture » et à trouver desmodalités d’amélioration des moyensd’existence dans les zones rurales, demaintien de la production agricole et depréservation de la biodiversité. La Conférencea ouvert la voie au dialogue et à la coopéra-tion entre des acteurs multiples ; elle aélaboré des rapports techniques détaillés et des recommandations portant sur lespolitiques ; un nouveau partenariat pourl’agriculture durable a été établi.

Lors de la réunion de la Convention sur lecommerce international des espèces mena-cées, l’UICN a plaidé pour l’utilisation demesures d’incitation, de pair avec les mesuresde dissuasion, afin de sauver des espèces endéclin. Les Parties à la CITES ont adopté desquotas de chasse pour le léopard, le guépardet le rhinocéros noir afin de créer des revenusservant à la conservation des espèces. Lesquestions économiques et les moyens d’exis-tence locaux ont également joué lors de laprise de décisions sur d’autres espèces dont lecommerce est important, notamment leramin, le cactus hoodia et l’esturgeon.

Par l’intermédiaire de son Programme sur lesaires protégées et de la Commission mondialedes aires protégées, l’UICN a procédé à uneévaluation de 24 biens dont l’inscription sur laliste du Patrimoine mondial était proposée ;elle a aussi examiné l’état de conservation de44 sites du Patrimoine mondial, contribuant àremporter un certain nombre de victoirespour la conservation :

> Le Panama a établi officiellement le Parcnational de Coiba et il a accru sa surface deplus de la moitié au moyen d’une zonespéciale de protection marine.

> Le Parc national des monts Rwenzori estsorti de la Liste des sites en péril.

> L’Afrique du Sud a lancé des plansambitieux et novateurs afin de conserver laRégion florale du Cap, à l’endémisme trèsriche.

> La Russie a amélioré la protection de l’îleWrangel, premier bien de la région arctiqueinscrit sur la Liste du patrimoine mondial.

Afin d’assurer des bases solides à laConvention, l’UICN a joué également un rôletrès important en révisant les lignesdirectrices opérationnelles ; en analysant laListe du patrimoine mondial pour repérerd’éventuelles lacunes importantes et enpréparant un cadre pour le développement decapacités sur le terrain à l’échelle mondiale.

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III. Questions financières et mesures d’incitation

« Comment peut-on modifier radicalement lesattitudes et les comportements des gens? Jepense que cela peut se faire au moyend’incitations favorisant un mode de vie durableet viable du point de vue de l’environnement.L’Union compte des outils de persuasionimportants sous la forme d’incitationséconomiques,politiques, juridiques et éthiques. »

Valli Moosa

Pendant des décennies, l’UICN conservait telleespèce d’oiseau, de guêpe, d’orchidée ou decorail mou tout simplement pour leur beautéet en raison de notre responsabilité morale.Cependant, à l’heure actuelle, l’Union disposed’incitations également puissantes poursauvegarder les habitats : celles liées àl’économie.

L’on s’accorde à penser que les politiquescommerciales ont des incidences sur l’objectifd’ensemble du développement durable, maisaussi pour des objectifs de biodiversité. Ilsubsiste des doutes quant aux effets précis deces politiques sur les activités de conservationde la biodiversité, l’utilisation durable desressources naturelles et la mise en place demoyens d’existence viables. Le travail del’UICN sur le commerce et la biodiversité adéfini un certain nombre d’incitations quipourraient faire du commerce un outilpuissant de conservation, et réciproquement.

La vie sauvage est un facteur d’enrichis-sement pour tous, tant du point de vueesthétique que du point de vue financier. Lescorbeaux qui mangent les semences sontpeut-être nuisibles aux agriculteurs, maisdans les pays agricoles les oiseaux chanteursluttent contre les nuisibles et ces servicesgratuits valent des milliards de dollars. Leséblouissants récifs coralliens génèrent desmilliards de dollars de revenus pour la pêchecommerciale et récréative. Sur trois bouchéesque nous mangeons, une est le produitgratuit de la pollinisation d’aliments par deschauves-souris, des mouches, des frelons, descoléoptères, des papillons et des abeilles.

Abeille domestique (Apis mellifera) sur une inflorescence composite © NHPA/N.A. Callow

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très puissante dont les décideurs ont besoinquotidiennement et à tous les niveaux. Enrévélant les coûts et les bénéfices occultes dela nature, l’Union aide les sociétés àharmoniser l’économie humaine avec celle dela nature. Elle crée des conditions permettantde fixer un prix pour ce qui n’a pas de prix.

Au large des îles Sakhaline, la survie desbaleines grises occidentales a eu suffisam-ment de prix aux yeux des écologistes, desgouvernements et des compagnies multina-tionales pour qu’ils soutiennent l’UICN afinde mobiliser la capacité de toutes ses com-posantes et de mener à bien une étudescientifique indépendante examinant lesquestions qui se posent pour les activités deprospection et d’exploitation en haute mer etla conservation de la diversité.

Ceux qui utilisent des métaux extraits de laTerre ont également besoin de poissons etd’eau provenant de bassins sains. L’Union acherché à aborder les liens entre lescomposantes locales et mondiales de l’indus-trie minière par l’intermédiaire d’un dialogueavec le Conseil international des mines etmétaux, et en apportant une assistancetechnique avec l’appui du groupe de travailsur les industries extractives et la biodiversité.

Le résultat? Faire état de ce qui précède nousaide à sauvegarder des arbres vivants intacts,valant beaucoup plus que leur bois ou queleur conversion potentielle en terres agricolesou en pâturages. L’ignorance de ces consid-érations a souvent conduit à la destruction ouau morcellement des forêts. Le morcellementa réduit la diversité des oiseaux et entraîné unaccroissement de l’utilisation de pesticides.Impliquant le secteur privé, les réseaux del’Union en Afrique montrent que des oiseauxautochtones apportent gratu-itement etnaturellement l’équivalent de milliards dedollars d’activités de lutte contre les nuisibles,d’emplois touristiques et de recettes fiscalesau titre d’équipements d’observation de lafaune sauvage.

Les sceptiques avaient critiqué l’idée demettre un prix à des composantes de lanature que l’on ne peut acheter, que l’on ne vapas acheter. Cependant, l’Union rétorque que les humains ont évolué et ont la possibilité defaire des choix rationnels fondés sur desvaleurs reconnues et relatives les unes parrapport aux autres.

L’UICN a déclaré explicitement que l’évalua-tion des biens et des services naturels est unoutil très important. Il s’agit d’une incitation

Baleine grise occidentale près de la plate-forme pétrolière de Molikpaq, au large de l’île Sakhaline, Russie © Dave Weller

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La terre et l’eau sont à l’origine de touterichesse humaine. Une savane entourée debarbelés ou un fleuve endigué n’isolent pasque la biodiversité ; ils empêchent l’accès despopulations aux richesses produites par lesdifférentes ressources.

Qui plus est, une étude récente de l’UICN amontré qu’une trentaine de pays seulement(moins de 16 % des Parties à la Convention surla diversité biologique) ont mis en place despolitiques et des mesures législatives ouadministratives assurant l’accès et le partagedes bénéfices. En 2004, l’UICN a œuvré àl’élargissement du dialogue et des droits et à

IV. Partage équitable des coûts et des bénéfices

l’approfondissement des connaissances, afind’assurer des droits à ces populations exclues.

L’UICN a animé un groupe de travail qui a misen évidence les liens étroits qu’entretiennentles six premiers Objectifs du développementdu millénaire des Nations Unies avec leseptième, la « durabilité environnementale »,et à quel point ils en dépendent. Elle aproposé l’établissement de pêcheries viables,afin que les enfants puissent aller à l’école aulieu de travailler en ville. Elle s’est battue afinde stabiliser les débits fluviaux, pour que lesfemmes puissent aller chercher de l’eau prèsde chez elles, sans devoir marcher des heurespour atteindre un puits. Elle a œuvré en faveurde la conservation des forêts afin de fournir àun village du bois de chauffage, du paillage,des médicaments et des matériaux deconstruction.

L’Union s’est également battue pour quel’accès à ces ressources et le partage desbénéfices qui en découlent ne soit pas unprivilège accordé d’en haut à un petit nombre,mais un droit inaliénable et inhérent à tous.En défendant les droits, l’UICN œuvreégalement pour la santé des écosystèmes

Mme Lorena Aguilar, conseillère spéciale pour les questions de genre, plante un « arbre pour la paix »,

afin de saluer l’engagement de la lauréate du Prix Nobel, Wangari Maathai, en faveur de

l’environnement et de la parité entre les sexes. © FIRE journalists

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Droits de l’eau ou notre droit à l’eau ? Un droit humain semble nécessaire etévident : le manque d’accès à l’eau équivautà un refus de la vie elle-même. Cependant,en matière de droits, le sentiment ne suffitpas et la raison est nécessaire. Afin d’établirdes priorités et de mieux définir des valeurs,en 2004 le Centre du droit de l’environ-nement de l’UICN et la Commission du droitde l’environnement ont exploré les liensentre les droits de l’homme et l’environ-nement par l’intermédiaire de séminaires,de brochures et de la publication d’ouvragesde fond. Un consensus s’est dégagé dudébat de leur réseau d’experts juridiques :en protégeant un droit humain explicite àl’eau, la société étend de fait les droitsimplicites sur la ressource, car cet instru-ment juridique permet de négocier desquotas d’eau, de les utiliser efficacement etde préserver l’ensemble complexe desbienfaits qu’elle apporte. En revanche, desdroits abstraits sur l’eau ne se traduisent pasforcément d’une façon concrète pour lasociété, parce que les populations n’ont pasd’outils permettant d’exercer des contrôleset d’équilibrer la demande.

Enraciner l’éthique dans lescommunautés L’UICN a veillé à ce que les droits humains surles ressources existent en pratique et pasuniquement sur le papier. À travers son réseaumondial, ses Commissions et des liens verti-caux, l’Union a informé les communautés deleurs droits aux avantages et aux respon-sabilités liés au capital naturel partagé. Ainsi,en Afrique du Sud, l’Union a piloté l’établisse-ment d’une « marque déposée équitable »afin de jeter des bases plus équitables pourl’activité très profitable du tourisme. AuMozambique, elle a négocié des protocolesd’accord avec le Ministère du tourisme, legouvernement et des collectivités, ainsiqu’avec des opérateurs privés de safaris.Chaque partenariat a assuré une distributionélargie et transparente des bénéfices, qu’ils’agisse de la chasse ou du tourisme.

Parité de genre et équilibreenvironnementalOutre l’expansion des droits d’accès auxressources pour les communautés, laCommission des politiques environnemen-tales, économiques et sociales de l’UICN aveillé à un partage plus équitable desressources à l’intérieur de ces mêmescommunautés.

Ayant des besoins différents, les hommes etles femmes envisagent la biodiversité defaçon différente. En Uttar Pradesh, parexemple, les hommes trouvent dans les forêtsdu fourrage, du bois de chauffage et dupaillage pour l’agriculture ; les femmesrecherchent des applications ménagères :médicaments, toniques, produits de net-toyage, fibres, nourriture et outils. S’il n’y a pasd’égalité des droits, des décisions uniquementmasculines risquent de créer des distorsionsdans l’utilisation des ressources et desdéséquilibres dans la nature.

L’UICN a œuvré à l’établissement de liensimportants avec des initiatives relatives à laparité entre les sexes, la conservation et ledéveloppement durable. Des régimes fonciersplus favorables aux femmes sont égalementfavorables à la biodiversité, parce qu’unmeilleur accès des femmes améliore laprotection des habitats de produits de la viesauvage qui autrement pourraient êtreperdus.

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En 2004, l’UICN a procédé à une évaluationstratégique de ce que nous valorisons. Cefaisant, elle a apporté des contenus et unedéfinition à des éléments que d’autresprenaient pour acquis. En faisant un bilan del’état des espèces, nous avons égalementforgé des valeurs sociales et économiques.

Des amphibiens en déclinIls sont très sensibles aux modifications de laqualité de l’eau. Ils relient les écosystèmesterrestres et aquatiques. Ils offrent desconcerts nocturnes et sont parés de couleursvives. Cependant, en 2004, un tiers au moinsdes amphibiens de la planète était en voied’extinction.

Pendant trois ans, la Commission de lasauvegarde des espèces de l’UICN, avecConservation International et NatureServe, aréuni 500 scientifiques de 60 nations afind’analyser la répartition et le statut des 5743grenouilles, crapauds, salamandres etcéciliens connus. Nous avons constaté que1856 (32%) étaient gravement menacés.

L’évaluation mondiale de l’état desamphibiens a porté à l’attention du public unproblème important, en présentant desdonnées scientifiques objectives au lieu depousser des cris d’alarme. Même si les raisonsde l’extinction de certaines espèces ne sontpas toujours claires, l’étude à éclairé des effetshumains préjudiciables et mieux défini lesrecherches ciblées qui seraient nécessairesafin de découvrir des causes encore inconnues.

V. Evaluation de la biodiversité et facteurssociaux et économiques connexes

La Liste rouge et l’Index desespèces menacées de l’UICN Chaque année, la Liste rouge s’allonge.Pourquoi ? Où ? Que pouvons-nous faire ?

En l’absence d’une méthode permettant desuivre et d’évaluer les changements, que cesoit la progression ou le déclin de la biodi-versité, personne ne pouvait dire s’il étaitpossible d’arrêter la perte de biodiversité d’ici2010, selon l’objectif fixé et, si oui, comment.

Or, c’est chose faite maintenant.

Le consortium de la Liste Rouge, comprenantl’UICN, BirdLife, Conservation International etNatureServe, a mis en place un index fondésur des informations relatives à l’état detoutes les espèces appartenant à un groupeimportant et représentatif d’organismes dumonde entier. Lors de quatre sessions, entre1998 et 2004, il a mesuré la courbe des risquesglobaux d’extinction, en commençant par lesoiseaux. Un autre index suit les tendancesrelatives aux amphibiens.

La collaboration résultante ne s’est pas bornéeà quantifier les risques pour 10 000 espècesd’oiseaux. Elle a défini les raisons spécifiquesde la détérioration rapide de l’état decertaines espèces : ainsi, le déboisement desbasses terres indonésiennes provoquait ledéclin des oiseaux d’Asie du Sud-Est, et lapêche à la longue ligne décimait lespopulations d’albatros et de pétrels.

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La connaissance est le seul trésor que l’onpuisse entièrement donner sans en êtrejamais privé, dit un vieux proverbe africain. Or,les connaissances – traditionnelles etmodernes, locales et mondiales, tirées del’expérience ou de l’expérimentation – sont lamatière première du travail de notre Union,mais comment partager ces trésors ? Il y aplus de manières de présenter et detransmettre des connaissances que depersonnes pour les recevoir. Pendant cinqdécennies, l’UICN s’est efforcée de commu-niquer rapidement des informations à despublics importants. Nous avons inondé desdécideurs choisis d’études scientifiques. Lesystème fonctionnait.

Néanmoins, nos publics se sont diversifiés,nos membres se sont démocratisés, lademande est devenue complexe et com-pétitive. En 2004, notre communication s’estadaptée à cette situation et elle est devenuetout cela à son tour.

Des décisions difficiles sont prises tant à labase qu’au sommet de la pyramide. Enconséquence, nous avons adapté nos mes-sages à ceux qui travaillent dans les champs,dans les forêts et sur les bateaux de pêcheautant qu’à ceux qui détiennent le pouvoir. LaCommission mondiale des aires protégées,pour sa part, cible les jeunes afin de lespréparer à exercer une influence et à produiredes résultats.

Notre objectif a évolué. Il s’agissait toutsimplement de protéger la nature ; il s’agitmaintenant d’améliorer les moyens d’exis-tence au moyen de la conservation de la

VI. Systèmes de gestion de l’information et decommunication

biodiversité. Pour refléter cette évolution,l’UICN a eu recours à notre activité de « recherche-développement » pour la conser-vation, à travers un « marketing » de pointe.Elle a ciblé les connaissances d’une façon plussélective. Elle a parlé des langues nouvelles,que ce soit PowerPoint, la langue des signesou le farsi. Elle s’est mieux adaptée à lademande, en percevant ses élémentsconstitutifs comme des clients ayant desbesoins spécifiques, au propre et au figuré.

Un nouveau domaine:le Conservation CommonsLe Conservation Commons est un nouveauparadigme permettant de échanger desdonnées, des informations, des connaissanceset des technologies liées à la biodiversité, afinde faire progresser sa conservation. Desorganisations du monde entier entérinentofficiellement les principes du ConservationCommons: accès ouvert, avantages mutuels,droits et responsabilités précisément définis.Elles collaborent de façon novatrice afin decréer des systèmes interactifs et d’échangerd’une façon effective des informations sur laconservation.

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E comme Environnemental,Electronique, EducationEn réponse à la forte demande de compé-tences environnementales, la Commission del’éducation et de la communication de l’UICNa établi le Réseau mondial d’apprentissage dela conservation, un partenariat reliant 500universités et des organisations de conser-vation du monde entier afin de :

• fournir à des professionnels des formationsenvironnementales de courte durée ;

• élargir l’accès aux connaissances gérées parl’UICN au moyen de l’Internet ;

• impliquer des acteurs provenant de tous lessecteurs et de toutes les régions dans unedémarche d’éducation permanente ; parexemple de quelle façon les gestionnaires del’eau peuvent préserver les services desécosystèmes en mettant en place des fluxenvironnementaux.

Suivez Hollywood“Lumière ! Caméra ! Action!” Un moyen plusefficace peut-être que des paroles, notam-ment dans des régions où l’analphabétismeest élevé ou dont les habitants parlent desdouzaines de langues différentes.

Reconnaissant l’importance croissante du filmen tant que moyen de communication, l’UICNa établi une unité cinématographique enAfrique du Sud. Elle traitera la plupart deséléments de la production et de la distributionde films, et établira des lignes directrices pourcommuniquer efficacement par ce moyen.

Outre la projection de films dans des com-munautés rurales, les producteurs collaborentavec des compagnies aériennes régionalesafin de projeter des films courts pendant lesvols et de sensibiliser les passagers à desquestions de conservation et de développe-ment spécifiques aux différents continents.

Démonstration en direct du prototype du Service d’information sur les espèces lors du 3e Congrès mondial de la nature © UICN

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Qui s’intéresse à l’opinion de l’UICN ? De plusen plus de monde chaque jour, d’après lesstatistiques de notre site Internet. En 2001, lesvisiteurs virtuels étaient dispersés et inatten-tifs : seules 102 000 personnes avaient effectué200 000 visites et lu un million de pages.

Depuis lors, la fréquentation a connu uneprogression de 1000%; plus de 130% en 2003,plus une croissance de 30 à 40% pour lesvisites uniques, récurrentes et prolongées.

La Toile Verte virtuelle granditEn 2004, près d’un million de personnes onteffectué 2,2 millions de visites virtuelles etlu 7 millions de pages. Les 10 principaux mots-clés, dans l’ordre, sont : conservation,extinction, espèces, monde, aires, animaux,gestion, Afrique, protégé(e), eau.

Un visiteur se sert d’un ordinateur portable sur les pics du Parc national de Yosemite, Etats-Unis © Lonely Planet/Corey Rich

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L’UICN a publié plus de 400 ouvrages lors desquatre années écoulées, en collaboration avecdes membres de l’Union, des donateurs et despartenaires. L’année dernière, plus de 140titres liés à l’UICN ont été publiés dans lemonde.Un grand nombre d’entre eux découlaitdes activités du Ve Congrès mondial des parcs,qui s’est tenu en 2003.

Les publications bénéficient d’une largediffusion électronique et sur papier.Cependant,le débat reste ouvert sur les modalitésd’amélioration de publications gratuites,ciblées et efficaces.

Ces trois dernières années, le secteur del’édition a changé considérablement, ainsique les modalités de gestion et de diffusiondes connaissances. L’UICN est à la pointe de ladémarche d’ « accès ouvert », grâce à sapolitique d’utilisation gratuite de sespublications à des fins éducatives. Ce débattouche à l’heure actuelle tous les éditeurs,qu’ils soient ou non en développement. Lestechnologies de publication électronique sesont beaucoup améliorées et permettent unediffusion économique, ciblée, immédiate ettirée par la demande. Ayant examiné cesévolutions, l’UICN va définir en 2005 denouvelles politiques et des lignes directricesdans ce domaine.

La plume prolifique de l’UICN EST son armepolitique

Six grandes publications récentesLes publications de l’UICN sont des moyensimportants d’échange et de partage desconnaissances et des compétences de l’Union.La plupart d’entre elles ont un public restreint.Certaines ont des répercussions importanteset profondes. Parmi ces dernières, six méritentune mention particulière :

Lancée lors du 3e Congrès mondial de lanature, la 2004 IUCN Red List of ThreatenedSpecies: A global species assessment :l’évaluation la plus complète jamais effectuéede l’état de la biodiversité de la planète.

Indigenous and Local Communities andProtected Areas explore, pour les airesprotégées, des approches et des modèlesalliant la conservation et le bien-être despopulations humaines.

How much is an Ecosystem worth? expliquede quelle façon l’évaluation économique desservices des écosystèmes peut apporter uneréponse à des questions politiques de toutpremier plan.

Can Protected Areas contribute to PovertyReduction? présente un aperçu équilibré desliens existants entre les aires protégées et lapauvreté, tant positifs que négatifs.

La publication du Centre du droit del’environnement Water as a Human Right?examine les arguments pour et contre le droità l’eau et les difficultés qui se posent en lamatière.

Education and Sustainability recueille lesexpériences de personnes travaillant avec descommunautés et des organisations afin de lesinciter à créer un avenir plus durable.

En couverture de Water as a Human Right? :des garçons kirghizes boivent de l’eau d’un puits dans le village de Kyzyl-Oy © Reuters

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L’évolution est un processus continu d’essai,d’évaluation et d’affinement. L’UICN ne faitpas autre chose afin d’améliorer ses perfor-mances.

À cette fin, en 2004, l’Union a intégré lesrésultats d’une évaluation indépendante etcomplète de son action. Cette évaluation arecommandé de renforcer les liens verticauxentre les six Commissions et à l’intérieur dechacune d’entre elles, de renforcer la par-ticipation des membres et d’innoverdavantage en matière de travaux et decoopération interdisciplinaires.

VII. Une gouvernance et une gestion effectives,efficaces et responsables

D’après les résultats d’une méta-évaluationde 70 projets et programmes, les projetsn’étaient pas reliés d’une façon appropriée àun cadre politique, et il n’existait pas destratégie d’apprentissage ni de système degestion des connaissances permettant deformaliser, d’échanger et de diffuser lesmeilleures pratiques. L’UICN avait besoind’améliorer sa communication, ses mécan-ismes de remontée de l’information, lesopportunités de dialogue et les enseigne-ments tirés des activités de suivi etd’évaluation.

L’Union mondiale pour la nature abordeégalement sa propre empreinte écologique etsa responsabilité sociale en tant qu’organisa-tion. Elle a adhéré à la Global ReportingInitiative (GRI), qui élabore des lignesdirectrices pour la présentation de rapportssur la durabilité ; elle a commencé à collecterdes données sur les pratiques en cours, depuisl’utilisation du papier jusqu’aux émissions deCO2. De meilleures pratiques sociales etenvironnementales devraient être mises enplace, à la suite de ces initiatives, pourl’ensemble de nos activités.

Image d’une région productrice de café, prise par un “véhicule spatial non habité” de la NASA, © NASA

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Examen des politiques de l’UICNChaque institution peut trouver desmodalités pour améliorer sa cohérence, sonefficacité et sa responsabilité. L’UICN ne faitpas exception à cette règle.

Consciente de ce potentiel, l’UICN a procédé àun examen des politiques existantes, reflétéesdans les 788 Résolutions et Recommandationsadoptées par les Assemblées générales et lesCongrès mondiaux de la nature depuis lacréation de l’organisation en 1948. Commentoptimiser ces politiques ?

Cet examen a effectué une synthèse despolitiques en place pour un certain nombre dequestions ; il a défini des lacunes et descontradictions ; il a présidé à l’élaborationd’une motion sur l’ordre de priorités qui a étésoumise par le Conseil et adoptée par leCongrès. L’exercice a également servi àsensibiliser les programmes thématiques surles politiques existantes dans leur domained’action respectif.

Évaluation des CommissionsLorsque nous sommes entre nous, nousassocions intuitivement le développementà la santé de l’environnement. Mais savons-nous convaincre les autres de l’existence de ces liens ? Pas aussi clairement qu’il lefaudrait.

A ce propos, le Conseil de l’UICN a effectuéun examen par les pairs afin de nouspermettre de mieux aborder les liens entreles moyens d’existence, la pauvreté et laconservation. Il a examiné les travauxréalisés au niveau des projets, des program-mes et des politiques au sein des différentesCommissions et du Secrétariat. Il a défini desmoyens d’amélioration de l’effet et del’influence de nos travaux sur l’interfaceentre l’environnement et la pauvreté. Il aentrepris de faire un bilan de l’état desconnaissances mondiales dans ce domaine.Enfin, il a défini les compétences néces-saires afin d’améliorer la communication etl’influence de l’UICN pour ce qui est des liensentre la pauvreté et l’environnement.

Évaluation de l’influence despolitiques de l’UICNExerçons-nous une influence ? Oui. Mais pasexactement comme on l’imagine.

L’UICN reste un acteur de premier plan, grâceà sa capacité de rassemblement, de mobil-isation et d’habilitation des organ-isations dumonde entier en faveur de la conservation etdu développement, sur la base des connais-sances scientifiques les plus avancées, crééespar l’Union. Une évaluation de l’influence del’UICN sur les politiques a constaté que lamoitié des programmes du Secrétariat et desCommissions considèrent que cette influenceest la composante essentielle de leur travail ;un tiers d’entre nous y consacre tout sontemps. Cependant, un grand nombre depersonnes, à l’intérieur et à l’extérieur del’UICN, n’ont pas une perception claire desorientations, des priorités, des méthodes etdes attentes en matière de politiques. Suite àcette évaluation, les mesures politiques prisesdepuis sont mieux ciblées et plus efficaces.

Le Conseil (2001-2004) mérite toute notre reconnaissance, en particulier en raison des

efforts réalisés pour améliorer la gouvernance de l’Union. © UICN

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De quelle façon nos informations sont-ellestraduites en termes d’influence ? Grâce à lapratique. Pour franchir le seuil qui sépare laconnaissance de la sagesse, une évaluationfournit des éléments qui font réfléchir et quis’avèrent utiles.

Trop souvent, nous avons cru pouvoirremporter la victoire sans bien connaître nosadversaires ni notre public. Nous travaillionssur la base d’hypothèses dépassées. Nosoutils étaient surannés. Nous diffusions desconnaissances scientifiques pour un lectoratmal défini. Nous nous servions de la maingauche des expériences locales, mais nous nemettions pas en rapport ces enseignementsavec le potentiel de notre main droite.

Évaluation de la gestion des connaissances

Tout cela change à vive allure. En 2004, l’UICN :

• a utilisé l’Internet comme un moyen en vued’une fin et pas seulement comme un « réservoir de données » ;

• a recruté un conseiller à plein temps afin defaçonner une Union très efficace et un réseaud’ensemble parfaitement opérationnel ;

• est passée des connaissances linéairestraditionnelles (recherche, publication,transmission) à des processus intégrés quiengagent la cible à chaque étape ;

• a coopéré avec des partenaires tels quel’administration aéronautique et spatiale desEtats-Unis afin de gérer des informations ;

• a amélioré les capacités techniques etl’utilisation de l’intranet ; elle a identifié lesacteurs ayant le pouvoir de mettre en placedes changements et elle est entrée en rapportavec eux ; elle a mis en ligne des produits etdes services et amélioré ensuite la navigationpour que les usagers ciblés puissent lestrouver et les utiliser facilement ;

• a renforcé les liens existants et cherché enmême temps de nouveaux publics etpartenaires.

Dans le cadre de notre stratégie de gestion duchangement, l’UICN s’est délibérémentefforcée d’améliorer l’utilisation et l’effetde ses connaissances. Des évaluationsstratégiques et des études ont souligné lescapacités impressionnantes de l’Union, touten faisant état d’un important potentielinexploité.

Notre objectif va au-delà de l’exactitude. Enmatière de connaissances relatives à laconservation, l’Union cherche à atteindreclarté, objectivité, transparence, force etprécision.

Grâce à des examens par des pairs, nosconnaissances sont devenues plus précises,plus durables ; elles ont acquis force eteffectivité en même temps qu’une Unionrenforcée et renouvelée aborde la période2005-2008.

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63Définir la trajectoire : où les Commissionsconduisent-elles l’Union ?

Si les membres de l’UICN fournissent lecarburant et le Secrétariat génère de l’énergiegrâce à sa puissance mondiale, les sixCommissions contribuent à établir la trajec-toire de l’Union.

Comme un pilote, chaque Commissionengage l’Union à travers des signaux réactifset un échange constant d’informations.Reliées à des milliers de spécialistes dechaque domaine qui apportent leur temps,leurs compétences et leurs travaux, les sixCommissions prennent le pouls des besoinsde conservation sur le terrain. En con-séquence, tout en établissant la trajectoireselon le Programme adopté, elles peuventadapter la vitesse ou la direction selon lesbesoins et elles ne manquent pas de le faire.

Le 3e Congrès mondial de la nature a fixé desorientations et un rythme, d’une façon visibleet explicite. Dans un esprit de concertation,chaque Commission s’est efforcée detravailler en collaboration plus étroite avec les

autres, avec les membres et avec l’ensemblede l’Union. L’intégration a fait des progrès,mais pas autant qu’il serait souhaitable.

L’établissement de liens entre les programmesdes différentes Commissions, par exemple lespartenariats pour le « milieu marin » et les « droits de l’eau » entre les Commissions dudroit de l’environnement, des politiquessociales, de la gestion des écosystèmes et desaires protégées, a porté des fruits pendantl’année. Il en est de même pour lespartenariats stratégiques établis par desCommissions, par exemple avec la Sociétéinternationale pour la restauration écologiqueou la Société pour la biologie de la conservation.

Cependant, nous avons besoin d’intensifier cegenre d’efforts, étant donné la capacité del’Union. Les Commissions savent que de tellessynergies peuvent mobiliser des ressources,combler des lacunes, éviter les chevauche-ments et bénéficier d’opportunités quiapparaissent spontanément en chemin.

En 2004, les Commissions ont eu la joie devoir des années d’efforts sur le papier se mueren respect et en influence réelle de leurspolitiques. La Convention sur la diversitébiologique reconnaît maintenant et adopteparfois les avis de la Commission mondialedes aires protégées. La Commission de lagestion des écosystèmes a souvent prêchédans le désert en faveur de l’approcheécosystémique ; l’année dernière cetteapproche a été intégrée dans les politiques etles pratiques, suite au tsunami du mois de

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64Certaines Commissions emploient des outilsde pointe afin de s’acquitter de mandatstraditionnels. Afin de tirer profit des interfacesentre les recherches de terrain, la technologie,les universités et le cyberespace, laCommission de l’éducation et de lacommunication a lancé le Réseau mondiald’apprentissage pour la conservation. LaCommission de la sauvegarde des espèces afait passer la Liste rouge à la vitessesupérieure, avec l’établissement d’un Indexqui présente une synthèse des informationsgéographiques et historiques et définit lestendances de la biodiversité sans com-plaisance, mais d’une façon qui fait autorité.

D’autres déploient des outils traditionnelsdans des domaines modernes. La Commissiondes politiques environnementales,économiqueset sociales a instillé les principes de laconservation de la biodiversité dans desdomaines inhabituels mais vitaux : les

décembre. La Commission de la sauvegardedes espèces a vu ses outils et ses produitsinfluencer les décisions prises par desentreprises multinationales, par des Etats etpar les grands décideurs mondiaux. D’autresnouvelles évolutions ne sont apparues quel’année dernière, mais elles sont révélatricesdes tendances à venir.

De gauche à droite

Commission de la gestion des écosystèmesHillary MasundireBotswana

Commission des politiques environnementales, économiques et sociales Taghi FarvarIran

Commission de l’éducation et de la communicationDenise HamúBrésil

Commission du droit de l’environnementSheila AbedParaguay

Commission de la sauvegarde des espèces Holly DublinÉtats-Unis d’Amérique

Commission mondiale des aires protégéesNikita LopoukhineCanada

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politiques économiques, le fonctionnementdes marchés, la responsabilité des entrepriseset l’éradication de la pauvreté. De la mêmefaçon, la Commission du droit de l’envi-ronnement a commencé à relier son messageà des contextes plus vastes mais apparentés :les droits de l’homme, la santé, le commerce.La Commission de la gestion des écosystèmesa amplifié sa démarche et abordé desquestions novatrices : gestion des grandsécosystèmes marins, impact des grandssystèmes urbains à l’intérieur des paysagesnaturels, détermination de la valeuréconomique des biens et des services desécosystèmes... La Commission mondiale desaires protégées a élargi ses travaux afin d’y inclure les effets des changements climatiques, la propagation des espècesenvahissantes et, sur une note plus optimiste,l’énergie et les ambitions de la prochainegénération d’écologistes.

Rien de ce qui précède ne représente unerupture avec le passé, mais bien plutôt lacapacité d’apprendre du présent. Commenous l’avons déjà indiqué, les Commissionsprocèdent à des évaluations fréquentes – ceque l’on peut appeler la « recherche etdéveloppement » internes de l’Union – deleur mission et de leurs activités. Ce travailde questionnement et d’adaptation estconstant. Elles comparent constammentdes cartes abstraites et la réalité tangible,toujours à la recherche des orientations etdes méthodes les plus effectives etefficaces.

Ce n’est que grâce à ce travail d’adaptationconstant que l’Union peut rester à l’avant-garde de l’expérience et des politiques de laconservation.

C E L

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Le Conseil de l’UICN 2005-2008Elu par plus de 1000 organisations membres afin de diriger le mouvement de conservation environnementale.

Valli Moosa Afrique du Sud . Sven Sandström Suède . Pierre Hunkeler Suisse . Aroha Te Pareake Mead Nouvelle Zélande . Abdul MuyeedChowdhury Bangladesh . Hillary Masundire Botswana . Taghi Farvar Iran . Denise Hamú Brésil . Sheila Abed Paraguay . Holly Dublin États-Unisd’Amérique . Nikita Lopoukhine Canada . Russell A. Mittermeier États-Unis d’Amérique . Nobutoshi Akao Japon . Han Xingguo Chine . MonthipSriratana Tabucanon Thaïlande . Talal Al-Azimi Koweit . Ali Darwish Liban . Javed Jabbar Pakistan . Lionel Gibson Fidji

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Amina Abdalla Kenya . Amadou Tidiane Ba Sénégal . Zohir Sekkal Algérie . Juan Marco Álvarez El Salvador . Cláudio Maretti Brésil . SilviaSánchez Pérou . Lynn Holowesko Bahamas . Huguette Labelle Canada . Christine Milne Australie . Diana Shand Nouvelle Zélande . KalevSepp Estonie . Alexey V. Yablokov Russie . Marija Zupancic-Vicar Slovénie . Purificació Canals Espagne . Alistair Gammell Royaume-Uni .Manfred Niekisch Allemagne

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2004Contributions par catégoriede donateurs1 68% Gouvernements2 11% Organismes Multilatéraux3 10% Membres4 4% Autres5 4% ONG6 2% Entreprises7 2% Fondations

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2004Ventilation des contributionsde nos partenaires1 20% Pays-Bas2 12% Autres3 11% Organismes Multilatéraux4 10% Membres5 9% Italie6 8% Suède7 6% Suisse8 5% Danemark9 4% Autres Gouvernements10 4% Norvège11 4% Canada12 3% Etats-Unis d’Amérique13 2% Royaume-Uni14 2% Allemagne

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L’UICN – Union mondiale de la nature ne peuttravailler que grâce à la générosité constanteet à long terme d’un nombre diversifié departenaires et à la confiance qu’ils luiaccordent : gouvernements, organismesd’aide bilatéraux, institutions multilatéraleset intergouvernementales, conventions inter-nationales et organisations non gouver-nementales, fondations, entreprises etparticuliers.

Malgré une économie mondiale stagnante,les investissements en faveur des travauxde l’UICN ont connu un accroissement.L’Union, à son tour, a fait fructifier ces fondsgrâce à des investissements stratégiquessoigneusement choisis. L’affectation desfonds et les dépenses reflètent les prioritésdu développement et de la conservation en2004, dont une progression sensible pour leBureau méditerranéen et celui de la régionWESCANA, les programmes du milieumarin, du secteur privé et de la biodiversitéet le budget de la communication.

Le 3ème Congrès mondial de la nature deBangkok a constitué une dépense importante.Le montant correspondant ne tient pascompte des ressources qui lui ont été con-sacrées par chacun des programmes et desBureaux, notamment par le programme desespèces et par le Bureau régional pour l’Asie.Cependant, l’investissement est dérisoirecomparé aux très importants progrès réaliséspar le mouvement environnemental enmatière de visibilité, de puissance, de connais-sances et de gouvernance.

Des bases solides pour des investissementsstratégiques

2004 Répartition des dépenses1 64% Programmes régionaux2 23% Programmes mondiaux et Commissions 3 7% Stratégies institutionnelles4 4% Services d’appui5 2% Bureau du Directeur général

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CONTRIBUTIONS DES DONATEURS EN 2004 FONDS AFFECTÉS FONDS DE PROJET TOTAL 2004

GOUVERNEMENTSCANADA 1’331 3’198 4’529 DANEMARK 4’134 794 4’928ALLEMAGNE 4 2’110 2’114 ITALIE - 9’954 9’954 IRLANDE - 984 984 JAPON 2 466 468 PAYS-BAS 3’776 17’508 21’284 NORVÈGE 1’655 2’484 4’139 ESPAGNE - 789 789 SUÈDE 5’062 3’425 8’487 SUISSE 3’100 2’788 5’888 AFRIQUE DU SUD - 464 464 ROYAUME-UNI 23 2’246 2’269 ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE 1’373 1’997 3’370

TOTAL AUTRES 41 1’512 1’552 TOTAL CONTRIBUTIONS DES GOUVERNEMENTS 20’500 50’721 71’221

INSTITUTIONS MULTILATÉRALESPROGRAMME DES NATIONS UNIES POUR LE DÉVELOPPEMENT 13 4’792 4’805 UNION EUROPÉENNE 4 1’083 1’087 BANQUE MONDIALE 2 1’322 1’324 CITES 3 753 756 UNESCO – PATRIMOINE MONDIAL 5 740 745 PROGRAMME DES NATIONS UNIES POUR L’ENVIRONNEMENT 250 832 1’083 FONDATION DES NATIONS UNIES - 189 189 BANQUE ASIATIQUE DE DÉVELOPPEMENT 1 334 335 BANQUE INTERNATIONALE DE RECONSTRUCTION ET DE DÉVELOPPEMENT - 306 306 SOCIÉTÉ FINANCIÈRE INTERNATIONALE - - - AUTRES 28 438 466

TOTAL INSTITUTIONS MULTILATÉRALES 306 10’790 11’096

ORGANISATIONS NON GOUVERNEMENTALES CONSERVATION INTERNATIONAL 22 849 871 WWF 386 340 726 BUREAU DE LA CONVENTION DE RAMSAR 460 - 460 HIVOS - 389 389 COMITÉ NEERLANDAIS DE L’UICN - 338 338 COMITÉ JAPONAIS DE L’UICN - 55 55 FONDATION INTERNATIONALE DES BOIS TROPICAUX - 208 208 AUTRES ONG 203 876 1’079

TOTAL ONG 1’071 3’054 4’125

FONDATIONSFONDATION INTERNATIONALE DU BANC D’ARGUIN 3 524 527 FONDATION FORD - 390 390 FONDATION TOTAL - 257 257 FONDATION MACARTHUR - 108 108 AUTRES FONDATIONS 79 909 988

TOTAL FONDATIONS 82 2’188 2’271

ENTREPRISES 5 1’787 1’791 PARTICULIERS 131 199 331 AUTRES DONATEURS 2’113 1’908 4’022 CONTRIBUTIONS DES MEMBRES 9’973 - 9’973

34’182 70’647 104’829

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DEPENSES DE L’UICN EN 2004 EN MILLIERS DE FRANCS SUISSES

BUREAU DU DIRECTEUR GENERAL ET PROJETS SPÉCIAUX 1’546 VERIFICATEUR INTERNE 211

SOUS-TOTAL BDG 1’757

LIAISON AVEC LES ORGANISATIONS MULTILATÉRALES (WASHINGTON) 2’334 ASIE 17’349 AFRICA CENTRALE 2’791 AFRIQUE DE L’OUEST 8’429 CANADA 865 AFRIQUE DE L’EST 6’442 AMÉRIQUE CENTRALE 4’331 EUROPE ET CEI 3’259 AFRIQUE AUSTRALE 10’264 MÉDITERRANÉE 2’123 AMÉRIQUE DU SUD 2’559 ROYAUME-UNI 1’806 ASIE CENTRALE ET OCCIDENTALE ET AFRIQUE DU NORD 914

SOUS-TOTAL COMPOSANTES RÉGIONALES 63’465

PROGRAMME MONDIAL 1’631 ESPÈCES 2’310 AIRES PROTÉGÉES 3’169 QUESTIONS SOCIOÉCONOMIQUES ET PARITÉ 1’062 SECTEUR PRIVÉ ET BIODIVERSITÉ 1’016 CONSERVATION DES FORÊTS 1’515 ZONES HUMIDES ET EAU 1’467 GESTION DES ÉCOSYSTÈMES 750 MILIEU MARIN 2’223 POLITIQUES, BIODIVERSITÉ ET ACCORDS INTERNATIONAUX 778 DROIT DE L’ENVIRONNEMENT 2’581 CONSEILLER SCIENTIFIQUE EN CHEF 671 AUTRES DONT CONGRÈS 2’930

SOUS-TOTAL UNITÉS MONDIALES ET COMPOSANTES THÉMATIQUES 22’102

STRATÉGIES INSTITUTIONNELLES 1’278 ÉDUCATION ET COMMUNICATION 2’158 MEMBRES ET GOUVERNANCE 1’260 GROUPE DE GESTION DE L’INFORMATION 1’261 PUBLICATIONS 296 SUIVI ET ÉVALUATION 874

SOUS-TOTAL STRATÉGIES INSTITUTIONNELLES 7’127

CEC 95 CPEES 160 CDE 50 CGE 136 CSE 255 CMAP 225

SOUS-TOTAL COMMISSIONS 921

FINANCES 1’766 RESSOURCES HUMAINES 966 SERVICES ADMINISTRATIFS 1’539

SOUS-TOTAL SERVICES D’APPUI 4’271

TOTAL DES DÉPENSES 99’643

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Trois mots qualifient l’avancement de la miseen œuvre du Programme de l’UICN pour lapériode 2001-2004 : confiance, concentrationet résultats. Il n’y a pas d’ordre ni de hiérarchieentre eux. Ils ont grandi ensemble et se sontimbriqués, un peu comme une forêt humideémerge d’un ensemble vivant d’arbres, deplantes et d’animaux.

L’Union a repris confiance en elle-même etdans les autres. Le seuil franchi en élaborantun seul programme de travail intégré aconfirmé que nous croyons fondamen-talement en l’Union. Cette croyance estreflétée et confirmée par le nombre croissantde membres, la confiance et la générositéretrouvées de nos donateurs et les parte-nariats noués avec de nouveaux acteurs.

Le nouveau Programme nous a permis demieux cibler nos activités. Il nous invite à agiravec de nouveaux partenaires et à cibler nosinterventions sur les liens complexes existantentre les marchés, les sociétés et lesécosystèmes. Il nous incite à relier plusefficacement la pratique et la réalité de terrainaux principes directeurs des politiquesnationales, régionales et internationales.Enfin, nous sommes de mieux en mieux enmesure d’obtenir des résultats pratiques enabordant les liens essentiels qui relient laconservation et les moyens d’existence.

Le Programme de l’UICN 2001-2004Confiance, concentration, résultats

L’Union transmet des connaissances pour laconservation, que ce soit par l’améliorationd’outils traditionnels, tels que la Liste rougedes espèces menacées, ou au moyend’instruments modernes tels que l’évaluationenvironnementale, le paiement des servicesdes écosystèmes, ou la formation parl’intermédiaire du Réseau mondial d’appren-tissage pour la conservation.

Nous créons des capacités et habilitons lespopulations en vue d’une gestion pluséquitable et durable de leurs ressources, quece soit par exemple à travers nos interventionssur douze bassins hydrographiques dans lecadre de l’initiative Eau et nature, nos projetsrelatifs à des plantes médicinales et desproduits forestiers non ligneux, ou à desmesures pratiques en vue de l’atténuation desimpacts des changements climatiques.

La capacité de l’Union d’améliorer la gouver-nance a été manifestée très clairement lors duSommet mondial pour le développe-mentdurable et du Ve Congrès mondial des parcs,mais l’éventail de ses interventions va de lapromotion d’un régime international pour lahaute mer à la participation des peuplesautochtones à la gestion d’aires protégées.

Ceci ne signifie pas que le travail soit déjàaccompli. Les évaluations montrent que nousdevons améliorer notre gestion des connais-sances, notre mise en œuvre des politiques etnotre collaboration avec les membres et lesCommissions. Nous sommes aujourd’huimieux équipés pour nous acquitter de cettemission, ce que nous aspirons à faire dans lesannées à venir, grâce à la confiance et àl’engagement ciblé de l’Union vis-à-vis de sesobjectifs.

Entre 2001 et 2004, la « forêt humide » del’Union s’est revivifiée et renouvelée. Elle estaujourd’hui en meilleure forme que jamais. LeProgramme 2005-2008 devrait porter desfruits savoureux : une Union mondiale plusforte et en expansion, qui rassemble lemouvement environnemental en vue de laconservation de nos richesses naturelles et lepartage équitable de leurs dividendes sur leplan social et économique.

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Forêt humide tempérée près de Haast, Parc national de Fiordland, Nouvelle Zélande

© UICN/Jim Thorsell

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