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1 ASIA Nº4 Septembre 2007 SÉOUL T OKYO KARTA G-KONG BANGKOK SINGAPOUR Hõ CHI MINH-VILLE JA HON K U ALA L UMPUR Éditorial Septembre, le mois de la rentrée scolaire, est aussi celui d’ASIA qui sort son quatrième numéro en quinze mois d’existence. Avec les rédactions de huit lycées d’Asie de l’AEFE (Agence pour l’enseignement français à l’Etranger), nous poursuivons cette expérience unique de presse scolaire. En effet, si des journaux lycéens existent dans de nombreux lycées en France ou à létranger, ASIA est le seul à être réalisé par des « élèves-journalistes » de plusieurs lycées implantés dans différents pays. Dans le dernier numéro de mai, nous indiquions les trois axes qui nous animaient : la solidarité, le développement durable et la culture. Une fois encore, cet exemplaire d’ASIA est à l’image de ce triple engagement, avec une mention particulière pour la culture à travers les comptes rendus des concours Segalen et Azimut. ASIA remercie ses lecteurs, de plus en plus nombreux, pour leur soutien et leurs marques de confiance. A chaque parution nouvelle, nous nous efforcerons d’être à la hauteur de leurs attentes. Bonne lecture ! Segalen des lycéens d’Asie Le Segalen est un prix littéraire pour lequel les lycéens de la majorité des établissements scolaires français d’Asie élisent un livre considéré comme le meilleur parmi cinq ouvrages sélectionnés. Le Segalen des lycéens dAsie a connu sa 7 e édition au mois de mai dernier, un mois placé sous le signe de la lecture et de la littérature dans les lycées de la zone Asie. Les lycéens n’ont pas baissé les bras cette année encore et pour la septième année consécutive, ils ont lu cinq romans d’auteurs asiatiques traduits en français, ont discuté, ont écrit des critiques, ont découvert une littérature des pays où ils vivent. Taiwan, la Corée, le Japon, l’Inde et la Chine étaient représentés cette année dans le choix des cinq romans. Taiwan Corée Japon Inde Chine Dix lycées (Bangkok, Hanoï ; Ho Chi Minh, Hong Kong, Kuala Lumpur, Manille, Pékin, Shanghai, Singapour et Tokyo), 291 lecteurs de la 3 e à la terminale ont participé activement. Le vote a eu lieu le 17 mai, une semaine à peine après le vote d’Azimut (qui est l’équivalent du Segalen pour des écoliers du Primaire et des collégiens). Le témoignage de Xinran, auteure de Funérailles célestes a touché nos élèves puisqu’elle a remporté plus de 50 % des voix (142). Prix Segalen 2007 : le roman primé Rédaction du Lycée franco-japonais de Tokyo (Japon) : S. Bergez, A. Darfeuil, C. de Gennes, A. Hanson, A. Huber, M. Huber, H. Kim, E. Mikura, J.-M. Mochizuki, A. Muchielli, C. Tistchenko, F. Zanatta (journalistes). J-P Crimpet, E. Régniez, M. Séguéla (conseillers de la rédaction). Rédaction du Lycée français de Jakarta (Indonésie) : V. Wirja (journaliste). Philippe Rigaux (Conseiller de la rédaction). Rédaction de l’Ecole Colette d’Hô Chi Minh (Viêt-Nam) : Q. Phong, M. Vy, T. Hong, K. L. Le (Journalistes). F. Drémeaux (Conseiller de la rédaction). Rédaction du Lycée Victor Segalen de Hong-Kong (Chine) : M.-A. Lefoul, S. Chemla, J.-D. Moirez (Journalistes). F. Lefèvre (Conseiller de la rédaction). Rédaction du Lycée français de Singapour : F. Jammar, A. Lê, S. Merlier, A. Pouzargues (Journalistes). A. Lecomte, C. Chomienne, D. Weiler, M. Pilon, F. Hannequin, S. Desrousseaux, M. Lajou (Conseillers de la rédaction). Rédaction du Lycée français international de Bangkok : M.-H. Goursolas (Journaliste). P. Courtine, S. Flament (Conseillers de la rédaction). Rédaction du Lycée français de Kuala Lumpur (Malaisie) : H. Faivre, A. Clinchard (journalistes). J-C. Durandeau (Conseiller de la rédaction). Rédaction du Lycée français de Séoul (Corée du Sud) : C. Hardy, M. Daouani (journalistes). N. Deroo (Conseiller de la rédaction). Maquettistes : P. Perez, M. Séguéla. Directeur de publication : M. Séguéla. contactez-nous : [email protected]

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ASIA Nº4 Septembre 2007

SÉOUL TOKYO KARTA G-KONG

BANGKOK SINGAPOUR

Hõ CHI MINH-VILLE

JAHON

KUALA LUMPUR

Éditorial

Septembre, le mois de la rentrée scolaire, est aussi celui d’ASIA qui sort son quatrième numéro en quinze mois d’existence. Avec les rédactions de huit lycées d’Asie de l’AEFE (Agence pour l’enseignement français à l’Etranger), nous poursuivons cette expérience unique de presse scolaire. En effet, si des journaux lycéens existent dans de nombreux lycées en France ou à l’étranger, ASIA est le seul à être réalisé par des « élèves-journalistes » de plusieurs lycées implantés dans différents pays. Dans le dernier numéro de mai, nous indiquions les trois axes qui nous animaient : la solidarité, le développement durable et la culture. Une fois encore, cet exemplaire d’ASIA est à l’image de ce triple engagement, avec une mention particulière pour la culture à travers les comptes rendus des concours Segalen et Azimut. ASIA remercie ses lecteurs, de plus en plus nombreux, pour leur soutien et leurs marques de confiance. A chaque parution nouvelle, nous nous efforcerons d’être à la hauteur de leurs attentes. Bonne lecture !

Segalen des lycéens d’Asie

Le Segalen est un prix littéraire pour lequel les lycéens de la majorité des établissements scolaires français d’Asie élisent un livre considéré comme le meilleur parmi cinq ouvrages sélectionnés. Le Segalen des lycéens d’Asie a connu sa 7e édition au mois de mai dernier, un mois placé sous le signe de la lecture et de la littérature dans les lycées de la zone Asie. Les lycéens n’ont pas baissé les bras cette année encore et pour la septième année consécutive, ils ont lu cinq romans d’auteurs asiatiques traduits en français, ont discuté, ont écrit des critiques, ont découvert une littérature des pays où ils vivent.

Taiwan, la Corée, le Japon, l’Inde et la Chine étaient représentés cette année dans le choix des cinq romans. Taiwan Corée Japon Inde Chine Dix lycées (Bangkok, Hanoï ; Ho Chi Minh, Hong Kong, Kuala Lumpur, Manille, Pékin, Shanghai, Singapour et Tokyo), 291 lecteurs de la 3e à la terminale ont participé activement. Le vote a eu lieu le 17 mai, une semaine à peine après le vote d’Azimut (qui est l’équivalent du Segalen pour des écoliers du Primaire et des collégiens). Le témoignage de Xinran, auteure de Funérailles célestes a touché nos élèves puisqu’elle a remporté plus de 50 % des voix (142).

Prix Segalen 2007 : le roman primé

Rédaction du Lycée franco-japonais de Tokyo (Japon) : S. Bergez, A. Darfeuil, C. de Gennes, A. Hanson, A. Huber, M. Huber, H. Kim, E. Mikura, J.-M. Mochizuki, A. Muchielli, C. Tistchenko, F. Zanatta (journalistes). J-P Crimpet, E. Régniez, M. Séguéla (conseillers de la rédaction). Rédaction du Lycée français de Jakarta (Indonésie) : V. Wirja (journaliste). Philippe Rigaux (Conseiller de la rédaction). Rédaction de l’Ecole Colette d’Hô Chi Minh (Viêt-Nam) : Q. Phong, M. Vy, T. Hong, K. L. Le (Journalistes). F. Drémeaux (Conseiller de la rédaction). Rédaction du Lycée Victor Segalen de Hong-Kong (Chine) : M.-A. Lefoul, S. Chemla, J.-D. Moirez (Journalistes). F. Lefèvre (Conseiller de la rédaction). Rédaction du Lycée français de Singapour : F. Jammar, A. Lê, S. Merlier, A. Pouzargues (Journalistes). A. Lecomte, C. Chomienne, D. Weiler, M. Pilon, F. Hannequin, S. Desrousseaux, M. Lajou (Conseillers de la rédaction). Rédaction du Lycée français international de Bangkok : M.-H. Goursolas (Journaliste). P. Courtine, S. Flament (Conseillers de la rédaction). Rédaction du Lycée français de Kuala Lumpur (Malaisie) : H. Faivre, A. Clinchard (journalistes). J-C. Durandeau (Conseiller de la rédaction). Rédaction du Lycée français de Séoul (Corée du Sud) : C. Hardy, M. Daouani (journalistes). N. Deroo (Conseiller de la rédaction). Maquettistes : P. Perez, M. Séguéla. Directeur de publication : M. Séguéla. contactez-nous : [email protected]

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N°4 SINGAPOUR SEPTEMBRE 2007

Quelques mots sur Xinran ...

Xinran Xue (photo Picquier)

Xinran Xue est née en 1958 à Pékin. Pendant la révolution culturelle, elle et son frère sont enlevés par les Gardes rouges à leurs parents jugés « réactionnaires » et envoyés dans un orphelinat réservé aux enfants de « chiens à la solde de l’impérialisme ». A partir de 1983, la Chine a besoin de personnes pour développer la télévision et la radio, capables de diriger des émissions de débats éducatives tout en s’assurant que les sujets « interdits » sont évités. On confie à Xinran la production de ces émissions. Mais elle devient rapidement l’animatrice d’une émission de radio, Mots sur la brise nocturne, diffusée quotidiennement entre 22h00 et minuit. En 1997, elle décide de quitter la Chine et s’installe en Angleterre. Elle s’y marie et a un fils. En 2002, un recueil de ces vies de chinoises est publié par Chatto & Windus (paru aux éditions Philippe Picquier sous le titre Chinoises, en 2003). Il dit la souffrance, mais aussi l’amour et l’espoir de ces femmes. Depuis la publication de son premier livre, un best-seller international, Xinran est connue dans le monde entier. Elle publie une colonne bimensuelle dans The Guardian sur les questions relatives à la Chine et tient le rôle de conseiller aux relations avec la Chine pour de grandes corporations comme la BBC. (Extrait du dossier de presse des Editions Philippe Picquier)

…et sur Funérailles célestes : Funérailles célestes dresse le portrait exceptionnel d'une femme et d'une terre, le Tibet, toutes les deux à la merci du destin et de la politique. Cette histoire d'amour et de perte, de loyauté et de fidélité au-delà de la mort, est également une histoire vraie : celle d'une jeune chinoise,

Wen, qui parcourut pendant trente années les hauts plateaux tibétains, à la recherche de son mari disparu au combat.

De 1989 à 1997, Xinran a présenté chaque nuit à la radio chinoise une émission où elle invitait des femmes à parler d'elles-mêmes, sans tabou. Epouses de hauts dirigeants du Parti ou paysannes du fin fond de la Chine, elles disaient leurs souffrances incroyables : mariages forcés, viols, familles décimées, pauvreté ou folie... Elles disaient aussi comment, en dépit des épreuves, elles chérissaient et nourrissaient ce qui leur restait. Xinran a publié Chinoises suite à tous ces témoignages. " Un livre décapant, à lire de toute urgence " (Diane de Margerie, Le Figaro littéraire). Pour ce prix Segalen 2007, Yoko Ogawa arrive en second dans le choix des élèves avec La petite pièce hexagonale. Dans les vestiaires d'une piscine, une jeune femme est

soudain attirée par une inconnue. Banale, sans aucun intérêt, cette silhouette effacée et silencieuse vient d'entrer dans sa vie. Quelques jours plus tard elle la retrouve accompagnée d'une vieille dame, marchant dans la rue et, de nouveau, la jeune femme est fascinée. D'abord discrètement puis beaucoup plus naturellement, elle les suit longtemps. Dans une loge de gardien, les deux femmes sont assises sur des chaises; elles semblent attendre leur tour. La plus

vieille se lève, entre dans une grande armoire hexagonale : la petite pièce à raconter.

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N°4 TOKYO-SINGAPOUR SEPTEMBRE 2007

Yoko Ogawa est née en 1962 à Okayama. Elle a étudié à l’université Waseda à Tokyo (comme Murakami) puis est retournée à Okayama où elle a travaillé avant de se marier en 1986 et commencer une carrière

d’écrivain.Elle vit aujourd’hui avec sa famille à Kurashiki et se consacre à l’écriture. Elle a écrit de nombreux livres dont le livre La Grossesse qui a reçu le prix Akutagawa. Les impressions de Samuel Bergez (2nde) : « Le livre La petite pièce hexagonale est une nouvelle très originale où se mélangent le fantastique et le réel. Une petite pièce mystérieuse tenue par un homme et sa mère où l’on raconte ce qu’on veut, une femme inconnue qui fait part de sa relation brisée avec son fiancé et qui inexplicablement est attirée par une autre femme, Midori à la suite d’une rencontre à la piscine. Cette personne banale, sans intérêt, va tout changer dans sa vie. Yoko Ogawa crée un monde plein d’intrigues écrit dans un style qui capte constamment le lecteur dans une ambiance étrange, mystérieuse et indescriptible. Une frontière entre le réel et l’imaginaire, entre la vie normale et cette pièce hexagonale où la narratrice nous raconte ses problèmes dans sa vie. Ainsi, Ogawa analyse un problème purement occidental : la psychanalyse. La narratrice confesse ses souffrances à une pièce. Son mal de dos lié à la séparation avec son ami.... Les mots utilisés et l’histoire sont simples, voire banals. Mais Ogawa les mélange à sa façon et crée une harmonie qui nous fait découvrir une aventure hors du commun. Du début à la fin, on est embarqué dans cette histoire qui sort complètement de la tradition japonaise. La tour des fourmis de Inho Ch’oe a fait aussi couler l’encre de nos lycéens :

De Jean-Marie Mochizuki ( 2nde) : « La Tour des fourmis est une nouvelle qui frôle le fantastique. Le personnage principal, respectable publiciste, mène chez lui un véritable combat contre... les fourmis ! Tandis qu’au travail il cherche désespérément un slogan marquant pour une marque

de jus de fruits, son esprit est tout occupé à découvrir ces petits êtres coriaces et quasi-irréductibles qui semblent hanter son immeuble. Bientôt, son obsession devient folie. Un soir, il fait brûler une poubelle pleine de fourmis après avoir tendu un piège dans sa chambre destiné à éradiquer ces parasites. Mais il doit se rendre à l’évidence. Cette guerre est perdue d’avance. Il doit pactiser avec ses petits adversaires plutôt que de les combattre. La nouvelle fait-elle la relation entre les fourmis et les Asiatiques ? Faut-il comprendre que « nos voisins les Orientaux », réputés petits et pourtant dévoués au travail vont conquérir le monde ? Non, le message transmis dans la nouvelle n’est pas celui-là, mais l’allusion aux fourmis innombrables et travailleuses prête à réflexion. »

Antoine Darfeuil (2nde) : « C’est par le fait que la nouvelle soit menée par la vision subjective de ce « il » rapporté par le narrateur que l’histoire nous paraît fantastique. On finit par ne plus savoir si les pensées de l’homme ne transcendent pas le stade de la simple paranoïa pour peut-être être réelle. Le doute s’installe. Ces fourmis sont-elles normales ou cherchent-elles réellement la guerre ? C’est là qu’est la force de cette histoire. C’est ce doute qui vient petit à petit, qui pèse durant presque toute l’histoire et qui trouve son apothéose à la fin, qui rend cette nouvelle captivante. Jusqu’où iront les fourmis dans leur recherche de nourriture, de saveur ? Mangeront-elles un jour les hommes ?

C’est aussi les subtiles comparaisons du texte, comme celle de la fourmi et de l’homme asiatique, qui rendent l’œuvre de Ch’oe Inho si attachante, si intéressante. Ainsi, presque à la manière d’un Weber, Inho nous déroute entre les vraies informations sur les fourmis et celles imaginaires Certaines fourmis sont-elles réellement médicinales ? Vous l’avez compris, cette œuvre, l’une des rares traduite en français de Ch’oe Inho, est à découvrir. De plus le style léger rend la lecture rapide. Ce roman est accessible à tous. Un livre que je recommande vivement. »

En savoir plus sur Rupa Bajwa : Rupa Bajwa est née à Amritsar, en Inde du Nord, en 1976. Elle y réside le plus souvent. Le Vendeur de saris est son premier roman. Il a été publié dans une dizaine de pays. Elle a reçu le prix du Commonwealth Eurasie, attribué au meilleur premier roman, et l’Italie vient de lui décerner le prix

Grinzane Cavour.

« Je viens d’une société où il est mal vu d’être une jeune femme célibataire. C’est pire encore quand vous ne disposez pas d’un emploi stable. Si, de surcroît, vous ne vivez pas dans votre famille, la situation devient intenable. Je remplissais -et je remplis encore à ce jour- ces trois conditions. Avec Le Vendeur de saris, j’ai tenté de mettre de l’ordre dans le chaos qui m’entourait et de décrire la complexité de la vie telle qu’elle m’apparaissait. »

Les impressions d’Anton Hanson (2nde) sur Le Gong

« Né en 1939 à Taïwan, Hwang Chun-Ming est considéré comme le plus enraciné des écrivains taïwanais : après une enfance turbulente, il accumule diverses expériences comme soldat, enseignant ou encore cinéaste et commence à publier ses premières œuvres en 1962. Sa période de création la plus féconde se situe entre 1967 et 1973. C'est de cette période que date Le gong. Chun-Ming évoque dans ses récits la vie difficile, les caractères et les aspirations du petit peuple de la société taïwanaise, tout en passant de l'humour noir au pathétique. Son idée est de réaliser une littérature traitant des problèmes sociaux et culturels proprement taïwanais.

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N°4 TOKYO-SINGAPOUR SEPTEMBRE 2007

Rappel des Prix Segalen précédents :

Son roman Le gong met en scène un sonneur de gong, qui se retrouve soudainement au chômage dans son village, remplacé par des hauts-parleurs. Dès lors, il vit, trouvant difficilement de quoi se nourrir, et s’associant à une étrange bande de vagabonds, toujours accroupis devant le marchand de cercueil du village. Ceux-ci vivent en lui proposant de l’aide lors de la mort d’un défunt, grâce au peu de nourriture que ce service leur rapporte. D’abord hostile, Gim Kahm-a est peu à peu accepté comme un des leurs. Il part alors à la reconquête de sa vie passée, celle de sonneur de gong d’un petit village taïwanais. Cette nouvelle traite d’un thème omniprésent chez l’auteur, les aspects de la vie de la population pauvre de Taïwan. Il critique également la société égoïste taïwanaise, qui n’aidera à aucun moment Gam Khim-a dans sa situation difficile. Le style oral , très direct, incluant de nombreux dialogues, fait ressentir au lecteur l’ambiance rurale de ce petit village où se déroule le récit, avec parfois un humour pathétique ou encore une ambiance lourde et pesante. Chun Ming rapporte les paroles de souffrance de son peuple, confronté à tous les problèmes de la société moderne, le chômage, le manque d’argent, le vagabondage et en décrit la situation actuelle, à travers la vie de ce village.

Un Prix Segalen 2007 qui se termine… Vote à Singapour le 16 mai 2007

…dans la joie et la récompense

Pas de prix littéraire sans un petit cocktail pour remercier nos lecteurs, pour donner nos dernières impressions sur les lectures, pour parler de celles de 2008…

2001 : La chambre des Officiers

2002 : T’es pas ma mère

2003 : Pars vite et reviens tard

2004 : Autobiographie d’une courgette

2005 : Quatre soldats

2006 : 1969

2007 : Funérailles célestes

Segalen Victor Segalen est un poète, médecin de la marine, ethnographe et archéologue Né le 14 janvier 1878 à Brest, il fait ses études de médecine à Bordeaux, puis part pour Tahiti où il séjourne en 1903 et 1904. Il écrit les Immémoriaux en 1907.

En 1908, il part en Chine pour soigner les victimes de l’épidémie de Mandchourie. En 1910, il décide de s’installer en Chine avec sa femme et son fils. (Stèles voit le jour à Pékin en 1912) et il entreprend une mission archéologique en 1914, consacrée aux monuments funéraires de la dynastie Han. En Chine, il rencontre un des rares Européens qui s’y trouve alors et qui lui inspira le personnage de René Leys.

De retour en France avec sa famille, il est affecté à l’hôpital de Brest. En 1917, il est nommé Médecin militaire chargé d’examiner des volontaires chinois destinés à travailler dans les usines d’armement françaises. Il commence à concevoir un essai sur la grande statuaire chinoise. En juin, il retourne à Pékin qu’il quitte définitivement. À Hanoi, il commence à concevoir son poème Thibet. Forcé de retourner à Shanghai, il embarque les travailleurs chinois pour Marseille, sur le Warimoo. Il fait escale à Singapour où il fête des 40 ans. Victor Segalen arrive le 2 mars 1918 à Marseille. Il est nommé chef du service de dermatologie et de vénérologie à l’hôpital maritime de Brest. Il est souffrant , épuisé et dépressif. Le 21 mai 1919, il se rend dans la forêt d’Huelgoat où il aime aller. Le 23 mai : comme il n’était pas rentré depuis deux jours, sa femme arrive de Brest. Son corps git sans vie, blessé au talon. Le 24 mai, il est enterré dans le cimetière local.

Cocktail au CDI le 17 mai avec proclamation des résultats

Dossier réalisé sous la direction de Danièle Weiler, documentaliste à Singapour, avec la collaboration d’élèves de Tokyo pour les critiques des livres : Samuel Bergez, Antoine Darfeuil, Anton Hanson, Jean-Marie Mochizuki.

Le roman primé

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Azimut ! Azimut ? C’est un prix de littérature jeunesse, organisé pour les classes de CM2, 6e et 5e (et même des CM1 parfois) sur la zone Asie-Pacifique. L’objectif principal est de donner le goût de la lecture, mais aussi d’amener les élèves à être critiques, à échanger, à analyser. Le déroulement en est simple. Lire ! Les documentalistes de la zone ont créé ce prix Azimut, sur le modèle du Segalen des lycéens d’Asie, qui existe depuis 2001. Le choix s’est porté, pour cette première année, sur le thème de l’enfant, de son regard sur son pays. cinq romans ont été choisis :

C Chine Tahiti Afghanistan Cambodge Mongolie

Cinq pays, cinq histoires, cinq regards. Dans quatorze lycées de la zone Asie, les élèves ont lu, étudié les livres avec leurs professeurs, inventé des suites, illustré, critiqué, enregistré des émissions radio, ont filmé, joué…et voté tous ensemble le 11 mai 2007. Visite d’Anne Thiollier Auparavant six établissements (Bali, Ho Chi Minh, Kuala Lumpur, Manille, Phnom Penh et Singapour) ont eu la chance d’avoir la visite d’un des auteurs : Anne Thiollier a pu se déplacer grâce aux subventions de l’AEFE qui a reconnu cette action lecture comme APP (Action Pédagogique Pilote). Elle a donc rendu visite aux élèves de ces six lycées, qui avaient préparé sa venue de façon très diversifiée. Chaque instituteur, professeur, documentaliste a été le plus inventif possible pour que cette rencontre soit des plus enrichissantes. Cette tournée a permis aux jeunes élèves de parler avec une auteure-illustratrice qui écrit principalement sur la Chine et pour les jeunes lecteurs. Une chance, pour nos élèves. A Singapour et à Kuala Lumpur, elle a rencontré aussi des étudiants singapouriens et malaisiens apprenant le français.

Anne Thiollier devant les élèves de 6e à Singapour « La rencontre avec Anne Thiollier fut très enrichissante. Nous avons appris des choses plus

personnelles sur ce livre, par exemple : l’auteure n’aime pas la couverture car il y a des « erreurs » : le vélo représenté n’est pas du tout celui qui est utilisé

quotidiennement par les Chinois ; la jeune fille dessinée ne renvoie pas du tout l’image des jeunes filles chinoises de maintenant (elles ne s’habillent pratiquement plus en costume traditionnel mais plutôt à l’occidentale). Mme Thiollier nous a montré la couverture qu’elle a elle-même dessinée et elle aurait aimé que ce dessin serve d’illustration pour la couverture mais l’éditeur en a décidé autrement… »

Couverture proposée par Anne Thiollier Extrait de la lettre des élèves du MOELC de Singapour : " le 12 mars 2007, dix étudiants du MOELC ont eu la chance de rencontrer Mme Anne Thiollier, auteure du livre Le thé aux huit trésors, grâce à l’aimable invitation de Mme Danièle Weiler et Monsieur Mondoloni du Lycée

Français de Singapour" Eloise (CM2 Singapour) : "Anne Thiollier est venue nous voir de France. Elle est arrivée dans notre classe pour nous parler de son métier, de son livre , et de sa vie .On lui a posé des questions et elle nous

a répondu. " Le thé aux huit trésors Elle nous a dit comment elle avait écrit son livre. Ses sentiments pour la couverture du livre. Elle nous a aussi raconté sa vie et ses nombreuses années passées en Chine. A la fin, elle nous a écrit son nom en chinois, elle nous a dédicacé un Thé aux huit trésors et a signé nos cahiers. J’ai trouvé très intéressant de pouvoir rencontrer directement l’auteur d’un livre qui m’a passionné. Je pense que l’opération AZIMUT est une très bonne chose et j’espère que nous aurons l’occasion d’y participer l’année prochaine. "

A. Thiollier dédicaçant son livre Le thé aux 8 trésors… ça sent bon ?

Des actions très variées autour d’Azimut : A Hong Kong : Quatre classes de CM2 ont étudié les livres en classe avec leur enseignant titre par titre, par rotation. Lors des séances de BCD et au fil de leur lecture nous avions un temps de discussion autour des livres. Les enfants ont réalisé des

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N°4 SINGAPOUR SEPTEMBRE 2007

critiques et des résumés des livres. En parallèle un concours d’illustrations a été réalisé, chaque enfant devant illustrer un passage d’un ou de plusieurs livres. En sixième : Circulation et lectures libres des livres en 6ème. Discussion en classe et lors des séances au CDI, rédaction de critiques par les élèves. Confection de panneaux par les classes pour présenter le pays de chaque livre et pour présenter les critiques. A Bali : Création d’un site, lien entre tous les établissements : http://www.azimut.eifbali.com/ A Ho Chi Minh : La visite d’Anne Thiollier a suscité un véritable engouement de la part des élèves de 6e. Ils ont réalisé un travail d’illustration avec l’auteure à partir de photos qu’ils avaient prises à Saigon : des scènes de la vie quotidienne, des portraits de personnes … tout cela faisant référence à certains passages du Thé aux huit trésors. Anne a été enchantée du travail réalisé par les élèves. Une exposition a été installée. Le prix AZIMUT a connu, chez les 6e, un succès inattendu : ils ont dévoré les livres. Aujourd’hui, nos 50 élèves ont lu les 5 livres et beaucoup ont écrit des critiques. Nous avons réalisé des panneaux qui sont exposés au CDI.

Signature d’Anne Thiollier A Kuala Lumpur : L’intervention d’Anne a été très positive. Au primaire, les classes avaient fait un travail préparatoire sur la Chine, et avaient réfléchi aux questions à lui poser. Le professeur de français du collège a réalisé un important travail avec ses élèves. Les 6e ont imaginé des développements possibles à partir de certains épisodes du livre. Ils les ont lus à Anne qui leur a donné ses critiques. Les 5e ont suivi plusieurs pistes : imaginer une illustration pour la 1ère de couverture, mettre en scène d’un épisode du livre, écrire une nouvelle collective à soumettre à Anne. Nous avons en plus, invité des étudiants malaisiens, futurs professeurs de français en dernière année de formation avant de partir poursuivre leurs études à Besançon. Ils parlaient donc bien français, avaient lu le livre et ont pu intervenir activement. Anne a eu la grande gentillesse de rester avec eux après le départ des collégiens, et ils étaient ravis. J’ajouterai que tous, élèves et enseignants, ont été touchés par la qualité de l’intervention d’Anne, son écoute, sa patience, et sa grande connaissance de la Chine qu’elle a partagée avec nous.

Il serait fastidieux sans doute de décrire toutes les actions menées autour d’Azimut dans les 14 pays participants, alors laissons la parole à nos élèves.

Les élèves lisent et critiquent : Le point de vue des élèves sur … Le thé aux huit trésors :

Mélissa : « J’ai bien aimé Le thé aux huit trésors car c’est un livre où il y a du suspense. Je trouve que l’auteure explique bien les choses comme la pauvreté de Brin d’herbe. Antoine : « C’est une histoire qui fait rêver. Une fois qu’on a commencé l’histoire c’est assez difficile d’en sortir. Vous y vivez l’aventure. » Ferdinand : « Je voulais tellement savoir la suite, que je n’ai même pas remarqué que les chapitres n’étaient pas écrits…. Quelques citations : "Non seulement elle dit comparaître devant la proviseur adjointe, qui est une peau de vache et qui a commencé par prendre un air sceptique. " p.27 (insultante) "De toute façon, ne te mets pas la rate au court-bouillon…" p.43 (marrante) "Et ce qui reste de ce lac, c’est une croûte de sel sur une mince couche d’eau saumâtre où rien ne vit" p.54 (bonne description)

Deborah Ellis Paravana : Magdalena : « J’ai adoré ce livre car il raconte l’histoire d’une fille de mon âge qui ne vit pas dans les mêmes conditions de vie que moi. Elle est très courageuse car depuis que son père a été envoyé en prison, c’est elle qui doit aller acheter la nourriture pour que sa famille puisse survivre. » Benjamin : « J’ai bien aimé car Parvana prend des risques et j’aime bien l’action. » Charles : « C’est réaliste. J’aime les histoires parlant de gens qui doivent se battre pour vivre et de ceux qui ont de gros problèmes. Je trouve que Parvana est courageuse ». Caroline : « J’ai bien aimé ce livre car il nous apporte des informations sur une fille victime d’une injustice ». Laura : « J’ai bien aimé ce livre bien que l’on ressente la tristesse et la pauvreté des gens de ce pays. En lisant certains passages, j’étais triste et inquiète comme le moment où Parvana apprend qu’à Mazar, où est allée sa famille, les talibans tuaient les gens ! »

Quelques citations : "Les Afghans habitent la Terre comme les étoiles habitent le ciel" p.10 (belle) "Et arrête d’écraser ce pain comme ça ! Il ne va pas s’envoler ! " p.63 (rigolote) "Maintenant que je suis ici, on va remettre toute la famille sur pied en moins de temps qu’il ne faut pour le dire ! " p.96 (logique) "Toi ? M’aider ? Tout ce que tu réussiras à faire, c’est te mettre dans mes pattes !" p.80 (marrante)

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Janine Teisson isson "Chazalière a la tentation de sauter du véhicule, de se rendre et de mettre fin à cette divagation aveugle qui lui rappelle le jeu de l’oie de son enfance : retour à la case départ." (Ce passage est tragi-comique)

Sur Taourama et le lagon bleu : Sur Taourama et le lagon bleu : Laura : "J’ai bien aimé ce livre car l’histoire est racontée dans un langage d’adolescent. Le texte était facile à lire et compréhensible. Cette histoire m’a aussi permis de découvrir un nouveau pays : la Polynésie française et d’apprendre quelques mots en polynésien. Je trouve aussi très joli d’avoir un prénom comme Vai ari’ii qui signifie "Eau Royale".

Laura : "J’ai bien aimé ce livre car l’histoire est racontée dans un langage d’adolescent. Le texte était facile à lire et compréhensible. Cette histoire m’a aussi permis de découvrir un nouveau pays : la Polynésie française et d’apprendre quelques mots en polynésien. Je trouve aussi très joli d’avoir un prénom comme Vai ari’ii qui signifie "Eau Royale".

Le vote : Chloé : "Je n'ai pas aimé parce que j'ai trouvé que c'était

ennuyeux et qu'il n'y avait pas de suspense." Chloé : "Je n'ai pas aimé parce que j'ai trouvé que c'était ennuyeux et qu'il n'y avait pas de suspense."

Aïda : "J'ai aimé parce qu'au 13ème chapitre, il y a du suspense. Mais le reste, je ne l'ai pas trouvé extraordinaire car il n'y a que de la description. "

Aïda : "J'ai aimé parce qu'au 13ème chapitre, il y a du suspense. Mais le reste, je ne l'ai pas trouvé extraordinaire car il n'y a que de la description. "

Quelques citationsQuelques citations :

Vote à Singapour "Il ne faut pas remuer les grandes peines." p.49 (triste)

"Les chiens aboient et la caravane passe. " p.73 (amusante) Le 11 mai, le suspense est levé. 840 jeunes lecteurs des 14 établissements d’Asie votent, dans le plus grand sérieux, pour le roman qu’ils ont le plus aimé. Peu de surprise, en fait. Au fur et à mesure que les résultats tombent, le roman de Deborah Ellis se détache très nettement en tête de liste. Aucune contestation, Parvana l’emporte avec 416 voix sur 840 votants. Une belle victoire.

"Passer notre temps à regretter, c’est comme si on s’attachait un boulet au pied. " p.74 (drôle) Sur Le Col des Mille Larmes :

Xavier-Laurent Petit Lara : "J'ai adoré ce livre parce qu'il y a beaucoup de suspense. Le père Galshan a disparu dans les montagnes. Mais l'histoire se termine bien et Galshan retrouve son père. Galshan est courageuse et intelligente. Et les mots n'étaient pas difficiles."

Philippine :"J’ai beaucoup aimé ce

livre. Les rêves qui reviennent plusieurs fois m’intriguent beaucoup.

Gabrielle :"Ce livre est intéressant. Quand on le

commence, on ne peut plus s’arrêter. " Théo : "Lorsqu’on lit ce livre on oublie tout autour de

nous. "

Suite à l’annonce de son prix, Deborah Ellis nous a écrit un petit mot : Quelques citations :

"Regroupées en grosses taches incertaines, les brebis se confondaient avec la grisaille" p.69 ( cela m’a fait penser à un tableau en noir et blanc)

Dear readers:

First, I want to thank you for being enthusiastic about reading. Books allow us to learn from people who have passed before us thousands of years ago, and when we write down our own stories, we are able to talk to the people who will come after us thousands of years from now. The more stories we share, the stronger and smarter we become as a human community. I am honoured that you have been moved by Parvana's story. She is a very ordinary girl who has to show great courage when the world surrounds her with cruelty and difficulties. In my travels, I have met many brave children, kids who manage to live with dignity and humour even when the adult world is acting crazy. I hope you will all continue to love to read, and I hope you will all remember to share your stories and add your voices to the great body of wisdom humanity can draw from. Thank you,Best wishes,

"L’Ural grimpait avec une obstination d’animal, le mufle contre la piste qui, là-haut, se perdait dans les nuages " p.11 ( Cette description du camion me fait penser à un yack) Sur Le sourire des dieux : Leo : Le livre est plutôt sérieux et je préfère les livres où il y a de l’humour. Lola : Je n’aime pas trop ce livre car je le trouve très difficile à lire, c’est-à-dire qu’il y a beaucoup de mots que je ne comprends pas, donc je ne comprends pas trop le sens de l’histoire. Anne-Gaëlle : Malgré quelques passages un peu difficiles à comprendre, j’ai bien aimé ce livre car il m’a fait vivre la deuxième guerre mondiale en Indochine. L’écrivain a utilisé un vocabulaire élaboré et m’a appris de nouveaux mots : planton, subterfuge, bourbier, nippon etc..

Deborah Ellis

Victoire pour nos lecteurs, également pour les enseignants et les documentalistes.

Azimut est né et Azimut vivra ! Quelques citations : "Au matin, la mort dans l’âme, il accepte l’évidence"p.56

( tragique) Danièle Weiler, documentaliste et coordinatrice du dossier Azimut d’ASIA n°4

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N°4 TOKYO SEPTEMBRE 2007

L’AIRBUS A 380 DANS LE CIEL DE TOKYO L'Airbus A380 est un avion quadriréacteur produit par la société Airbus. Lancé en 1993, le projet devient réalité lors du premier vol d'essai le 27 avril 2005. L'A380 existe en deux versions : l'A380-800 pour transporter de 555 à 845 passagers et l'A380-F en version cargo, pouvant emporter jusqu'à 150 tonnes de fret. Il mesure 73 mètres, son envergure est de 79,8 mètres et sa vitesse de croisière atteint 953 kilomètres par heure. Il possède deux ponts. Les pièces sont produites en Allemagne, en Espagne, en Grande-Bretagne et en France. L'assemblage se fait à Toulouse et l'avion s'envole pour Hambourg afin de recevoir sa peinture finale et ses équipements intérieurs. Au cours de son tour du monde, l'Airbus A 380, le plus grand avion de transport, a fait escale à Tokyo en mai dernier. Vingt-cinq ambassadeurs des États membres de l'Union Européenne en poste au Japon ont eu le privilège de monter à bord et de voler. L’un des passagers, Monsieur Gildas Le Lidec, Ambassadeur de France, a accepté de répondre aux questions d’ASIA en nous donnant ses impressions de voyageur.

« L'illusion d'un oiseau qui bat des ailes..."(photographies Airbus)

ASIA : Monsieur l’Ambassadeur, quelles sont vos impressions générales à propos du gigantesque Airbus A380 ?

Je pense que les photos ne traduisent pas la réalité : lorsque l'on est devant cet avion, il parait beaucoup plus impressionnant, c'est fantastique ! Le plus incroyable est le silence de l'avion : l'on peut parler à voix basse au décollage et à l'atterrissage. Il n'y a pas de poussée lors du décollage ; et la décélération à l'atterrissage, lors de la mise en route des rétro-réacteurs, est presque indécelable. Les ailes sont tout aussi impressionnantes : elles sont courbées au décollage, ce qui donne l'impression d'être entre deux collines ; mais une fois en l'air, elles s'aplatissent et s'étendent, Ce qui donne l'illusion d'un oiseau qui bat des ailes. En revanche, je trouve qu’Airbus aurait pu faire un effort pour l'aménagement intérieur, trop classique (pas d'étonnement, pas de luxe). Même si l'aménagement intérieur dépendra des compagnies, il n'était pas à la hauteur de la grandeur de l'appareil. Cependant, j'étais là,

et autour de moi, je pouvais observer la fascination de tous. Et ce qui m'a le plus déçu, c'est la presse japonaise : aucun document technique - alors que cet avion est à la pointe de la technologie - et les seules photos d'intérieur montraient des filles affalées dans des sièges. L'A380 est un grand succès populaire, mais la presse japonaise le montre comme un fait anecdotique.

M. Le Lidec à bord de l’A 380 : "l'A380 est fait pour le Japon" ASIA : En quoi le Japon a-t-il besoin d’un Airbus ? L’Airbus A380 est très intéressant pour le Japon, où le trafic aérien est saturé. Par exemple, de Sapporo décolle un avion toutes les 10 minutes. En considérant le silence de l’appareil, sa capacité en passagers, et sa pollution inférieure à un Boeing 747, le Japon a vraiment besoin d’un tel engin, pour réduire les nuisances sonores, désengorger l’espace aérien, en passant d’un avion toutes les 10 minutes à un avion toutes les 30 minutes, et par la même occasion réduire la pollution occasionnée. ASIA : Pourquoi Airbus ne domine-t-il donc pas le marché japonais ? Il y a trente ans déjà, une prouesse technologique franco-britannique avait été réalisée avec le Concorde. Seulement, les Américains avaient dénigré autant que possible l’avion, qui, par conséquent ne s’est jamais vendu au Japon. Aujourd’hui les Américains laissent courir les mêmes bruits sur l’airbus. ASIA : Quel est donc le rôle de la diplomatie dans la promotion de l’Airbus ? Le but de ce vol d’essai était de démontrer aux Japonais que l’Airbus A380 est l’avenir pour eux, et que ce sont les Européens qui l’ont réalisé. Ils ont pu évaluer eux-mêmes l’avion. Mais aussi, le Japon a tendance à préférer les accords bilatéraux, et en embarquant les vingt-cinq ambassadeurs des États membres à bord, notre objectif était de montrer que c’est avec l’Union Européenne qu’il faudrait désormais traiter, non plus avec un seul Etat.

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ASIA : Pensez-vous que l’Airbus finira par surpasser les parts de marche d’un Boeing dominant, au Japon? Nous sommes confiants quant à la réussite de l’airbus A380, même si seulement quelques compagnies desservant le Japon ont commandé l’avion. Celles-ci serviront d’exemple aux autres compagnies rétissantes à l’achat d’un A380. Dès l’automne prochain, Singapore Airlines mettra en service ses Airbus A380, et la liaison Narita-Paris sera assurée en A380 dès 2009. Les compagnies japonaises pourront concrètement s’apercevoir des résultats des compagnies utilisant des A380 et alors prendre conscience de la nécessité de l’appareil.

s A380, même si seulement quelques compagnies desservant le Japon ont commandé l’avion. Celles-ci serviront d’exemple aux autres compagnies rétissantes à l’achat d’un A380. Dès l’automne prochain, Singapore Airlines mettra en service ses Airbus A380, et la liaison Narita-Paris sera assurée en A380 dès 2009. Les compagnies japonaises pourront concrètement s’apercevoir des résultats des compagnies utilisant des A380 et alors prendre conscience de la nécessité de l’appareil. Voilà une réalisation européenne qui d’une part, nous permet d'être fiers d'être Européens, et d’autre part,montre que la réussite de ce véritable concentré de créativité et d'ingéniosité ouvrira la porte à d’autres projets communs, comme en ce moment déjà Galileo.

Voilà une réalisation européenne qui d’une part, nous permet d'être fiers d'être Européens, et d’autre part,montre que la réussite de ce véritable concentré de créativité et d'ingéniosité ouvrira la porte à d’autres projets communs, comme en ce moment déjà Galileo. Avec tous nos remerciements à Monsieur Gildas Le Lidec, Ambassadeur de France au Japon, pour sa disponibilité. Avec tous nos remerciements à Monsieur Gildas Le Lidec, Ambassadeur de France au Japon, pour sa disponibilité.

Andreas Huber (1ère S) - Matthieu Huber (3ème A) Andreas Huber (1ère S) - Matthieu Huber (3ème A)

Andreas Huber (1ère S) - Matthieu Huber (3ème A)

L’enfance au Cambodge

Dans le cadre des cours d’Education civique, des actions de solidarité humanitaire ont été menées par des élèves du collège de Tokyo en faveur d’écoliers du Cambodge. Grâce à une forte mobilisation, la somme de 160 000 yens (à peu près 1 000 euros) a été recueillie grâce à des ventes de gâteaux, de journaux et de cartes postales. Les fonds ont été versés à l’association Grind’riz du Lycée de Phnom Penh qui va employer l’argent à la construction d’une bibliothèque dans une école de Kompong Speu.

Cet engagement des élèves de Tokyo a été l’occasion pour certains d’entre eux de faire des recherches sur le Cambodge, sa situation actuelle ou son histoire. Au Cambodge, à cause des nombreuses guerres des années 1970-1990 et de la pauvreté, les écoles sont dans un état souvent lamentable. D’abord, les bâtiments sont en mauvais état et la plupart des terrains ne sont pas toujours suffisamment déminés (enfouies dans le sol, des mines anti personnelles qui mutilent ou tuent existent encore par millions).

L'Airbus A380 domine le ciel tel le navire Queen Mary II domine l'océan. Il n'existe pas d'avion plus gros et plus à la pointe de la technologie que l'A380. Vous aimez le bruit ? Vous serez très déçus de l'A380 ! L'A380 est aussi silencieux à l'extérieur qu'à l'intérieur. Vous adorez la poussée brutale des réacteurs au décollage? Ne montez pas à bord de l'A380 ! Le couple des moteurs n'est pas explosif mais linéaire, ce qui rend le décollage quasiment imperceptible. Vous affectionnez les endroits confinés ? Vous n'apprécierez pas l'espace de l'A380 ! L'espace intérieur n'a pas été aménagé pour l'A380, mais c'est l'A380 qui a été aménagé pour l'espace intérieur. C'est la Mercedes S600 des avions. Un superlatif, en terme d'accélération, de confort et de sécurité.

Enfants jouant au centre d’un village cambodgien Pour ce qui est de l’éducation au Cambodge, le matériel d’enseignement et les équipements sont insuffisants, sans compter le grand nombre de familles cambodgiennes qui n’ont pas les moyens d’acheter des fournitures scolaires adéquates. Les écoles primaires sont cependant surchargées, à un point tel que de nombreuses classes comprennent plus de 100 élèves et la majorité des enseignants n’a pas une formation suffisante.

Enfants du Cambodge (photographies : M. Tistchenko)

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Les jeunes filles cambodgiennes sont souvent retirées de l’école pour aider à soutenir la vie familiale, ce qui fait qu’elles sont plus vulnérables. Elles peuvent être entraînées dans un trafic épouvantable tel que la traite, la drogue, la violence… Ce phénomène de non-scolarisation des filles n’est pas propre qu’au Cambodge. On compte environ 100 millions d’enfants non scolarisées dans le monde dont 2/3 de filles. Depuis peu, pour lutter contre ce phénomène au Cambodge, des écoles offrent des sacs de riz aux parents pour les persuader de mettre leur(s) fille(s) à l’école. Un autre problème qui concerne aussi le Cambodge, à l’image de toute l’Asie du Sud-Est, c’est le Sida. Une cause locale aggrave ici la situation. En 1975, les Khmers rouges, un groupe de Cambodgiens communistes, nationalistes et fanatiques ont pris le pouvoir en 1975. Dirigés par Pol Pot, ils ont exercé la terreur la plus totale dans le pays et ont anéanti toutes les infrastructures, spécialement celles de la santé et de l’éducation. Après leur passage au pouvoir (1975-1979), il ne restait plus que 50 médecins dans tout le Cambodge ! Il y a 5 ans, le taux de contamination du sida était de plus de 3%. Aujourd’hui ce nombre est tombé à 1,9%. Mais trop souvent encore, des jeunes femmes sont violées, attrapent ce virus et le transmettent à leurs enfants.

Clarisse Tistchenko, Hanna Kim (5ème A)

Le protectorat français au

Cambodge

Bonze à Angkor (par Céleste de Gennes, 5èmeB) Mais les réformes et les efforts de modernisation entrepris par Norodom avec l’appui des Français (dont l’abolition de l’esclavage) se heurtèrent le plus souvent au pouvoir de la Cour, qui s’opposa par exemple à la suppression des privilèges des mandarins.

L’histoire du Cambodge, qui s’appelait royaume

d’Angkor jusqu’au XVème siècle, fut particulièrement tourmentée : toujours menacé par les populations voisines, surtout par les Vietnamiens (Chams) et les Thaïlandais (Siams), Angkor voit décliner sa civilisation (la civilisation khmère), et restera longtemps soumis à la domination de ces deux pays.

Le bilan fait à la fin du XIXe siècle par le gouverneur de l’Indochine, Paul Doumer, est catastrophique : les progrès économiques, écrit-il, ont été « insignifiants pour ne pas dire nuls ». La situation ne s’améliorera que relativement au siècle suivant, en dépit des relations amicales de la France avec les successeurs de Norodom : si la création de routes, de voies ferrées et d’hôpitaux assure au pays un minimum d’infrastructures, l’enseignement ne se développe que lentement.

C’est justement pour se protéger des prétentions du Siam à la suzeraineté qu’en 1863 le roi Norodom demanda la protection de la France, qui avait à l’époque entrepris un processus d’expansion en Asie, établissant un protectorat au Vietnam et au Laos – qui avec le Cambodge formeront l’Indochine française. Par ailleurs, il faut souligner que parmi les pays d’Extrême Orient colonisés par les grandes puissances occidentales au XIXe siècle, le Cambodge était le seul d’origine indo-européenne : il marquait la limite orientale (si l’on exclut l’île de Bali) de l’avancée vers l’Orient des anciennes populations ariennes, dont descendent aussi les habitants du vieux continent. Il n’est donc pas étonnant que les colonisateurs aient établi des rapports plus privilégiés avec les Cambodgiens qu’avec les populations d’origine sino- annamite.

Occupé en 1941 par les Japonais, le Cambodge proclame son indépendance en mars 1945, grâce à l’appui du gouvernement nippon. Mais à la suite de la capitulation du Japon la même année, le pays revient à la France. L’année suivante il adhère à l’Union française, et ce n’est qu’en 1949 que la France proclamera l’indépendance du Cambodge au sein de l’Union. C’est la fin du protectorat français. Mais c’est aussi le début d’une longue et sanglante guerre civile qui durera une quarantaine d’années. Le protectorat donnait droit aux citoyens français

de s’installer dans le royaume et d’y commercer librement. Les Français se réservèrent les relations internationales, alors qu’ils laissèrent à Norodom, jusqu’à sa mort en 1904, la liberté de diriger les affaires intérieures du pays, malgré quelques tentatives d’exercer un contrôle plus rigoureux. La religion dominante reste le bouddhisme.

Un épisode intéressant, et quelque peu rocambolesque, survenu au cours du protectorat français au Cambodge fut la tentative de vol, en 1923, des bas-reliefs d’un temple cambodgien par le célèbre écrivain André Malraux, à l’époque encore peu connu.

Fiammetta Zanatta (4ème B)

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Un exemple de développement durable:

Semakau Landfills

Le jeudi 29 mars 2007, dans le cadre du projet d'établissement basé sur le développement durable, les classes de secondes se sont rendues sur l'île de Semakau Landfill afin de mieux comprendre le fonctionnement de cette île assez unique, puisque construite à partir de nos déchets. Semakau Landfill est une île un peu particulière. Situé à 25 kilomètres de Singapour, cet îlot artificiel, construit à partir de deux îles naturelles, est fait de…déchets ! C’est en effet le projet de développement durable qu’a mis en place le gouvernement singapourien depuis les années 70. Le pays, un des plus industrialisés de la zone du Sud-Est asiatique, produit en effet des quantités considérables de déchets chaque jour, et la superficie de l’île principale, très faible, ne permet pas de les stocker. Alors, il a fallu trouver une solution pour s’en débarrasser. Et cette solution, je suis allée la visiter. Chaque jour, plus de 2600 tonnes d’ordures solides et non toxiques arrivent par barge à Semakau Landfill. Traitées, incinérées, elles sont maintenant inoffensives pour l’environnement. A l’aide de grandes pelleteuses, tous ces déchets sont compactés, pour être ensuite utilisés dans la construction de l’île. Des casiers, déjà délimités, sont remplis au fur et à mesure de la croissance de l’île.

Cette idée, pouvant paraître absurde à première vue, est un grand succès. Au niveau écologique, l’endroit est propice au développement de nombreuses espèces. Hérons, grenouilles, lézards, et une grande variété de poissons ont déjà fait de Semakau Landfill leur lieu de vie. La flore s’y développe aussi à grande vitesse.

L’île est aussi la plus grande réussite du développement durable singapourien. La pollution par les déchets solides s’en trouve considérablement réduite. Le gouvernement, fier de son projet, n’hésite pas à investir près de 7 millions de dollars par an dans l’île. Le ministère de l’environnement et des ressources en eau s’occupe de Semakau et dirige l’avancement des travaux.

D’accord, préserver l’environnement est très bien. Mais, dans le futur, que cela va-t-il devenir ? « Nous ne savons pas encore, répond un des dirigeants de la construction de l’île. Plusieurs possibilités s’offrent à nous. Une usine pétrochimique, où une île de loisir. Un Disneyland, peut-être. » Alors, l’île qui devrait être finie et prête à l’emploi d’ici 2045, abritera-t-elle une des usines les plus pollueuses au monde, où un parc d’attraction, image même de la mondialisation ? Rendez-vous dans 38 ans…

Anne Pouzargues (2nde B)

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La visite du consulat de France de Singapour

Pour illustrer le cours d’éducation civique, les élèves de sixième sont allés au consulat de France qui se trouve dans les locaux de l’Ambassade.

Pour nous y rendre, nous avons pris un bus. Le trajet n’était pas trop long. Quand on est arrivés, on a été accueillis par Monsieur le Consul, Franck Laval. Il nous a fait entrer dans une salle pour nous expliquer plein de choses. Par exemple, les principales fonctions d’un consulat sont d’organiser les élections, faire des passeports, les cartes nationales d’identité (CNI) et de garder les actes d’état-civil (acte de naissance, acte de mariage et acte de décès). Les inscriptions consulaires servent à nous identifier en cas d’urgence, nous sommes 5000 français inscrits à Singapour, dont 2 500 de moins de 18 ans et 1 300 de moins de 6 ans ! Ensuite nous avons rencontré l’Ambassadeur de France. Il nous a parlé pendant environ un quart d’heure. Il nous a dit qu’une ambassade sert à représenter la France dans un pays étranger, qu’il y a à peu près 200 ambassadeurs français dans le monde. Il a rencontré Jacques Chirac, comme moi ! Puis il a du partir car il avait un rendez-vous.

La classe de 6 C M. Le Consul nous a divisés en trois groupes de dix pour la visite de trois bureaux différents :

- Le bureau des visas pour les étrangers - Le bureau des passeports et les cartes d’identité - Le bureau où l’on garde les actes de l’état-civil.

Le personnel a été très accueillant et très patient avec nous. Quand on a fini de visiter tous les bureaux, on a eu une petite surprise car on a été sages comme des images...UN GRAND GOÛTER avec des jus de fruit, des brioches, des biscuits et des marshmallows ! C’était vraiment super !

A la fin du goûter, M. Le consul nous a montré une grande plaque sur le mur à l’extérieur de l’Ambassade. Elle était gardée par un lézard (aussi nommé le petit policier de l’Ambassade). Il y avait quelques noms de personnes mortes pendant la guerre.

Devant la plaque commémorative, à l’extérieur de l’Ambassade. Après avoir pris une photo de groupe, nous sommes remontés dans le bus pour rentrer au LFS.

Sarah Merlier (5C)

Les sociétés secrètes à Singapour au XIX ème siècle.

Dès les années 1820, les sociétés secrètes chinoises se développent à Singapour. Grâce aux archives de la police singapourienne, nous avons des renseignements sur ces organisations. Singapour est britannique depuis 1819. Elle a besoin de main d’œuvre pour son développement. La Chine du Sud est un important foyer de recrutement de main d’œuvre. Ces sociétés naissent au sein de groupes de migrants, qui sont forcés de travailler avec elles. Cette culture de la société secrète est ancienne en Chine (dynastie Tang VII ème siècle). Elles pratiquent certes des activités répréhensibles, mais sont au départ légitimées par les Chinois qui y trouvent une aide à leur arrivée. Cette aide peut être spirituelle. Ces sociétés sont illégales et dès 1890 le gouvernement comprend le danger qu’elles peuvent représenter. Elles sont à l’origine de nombreux meurtres, vols, organisent des jeux d’argent clandestins, contrôlent la prostitution, le marché de l’opium. C’est donc un des nombreux problèmes que les Britanniques doivent résoudre s’ils veulent développer Singapour. Les sociétés recrutent les membres en Chine, paient leur passage et ces hommes ou femmes doivent plus tard leur rembourser cet argent. Le recruteur revend le travailleur appelé sinkhek à la société secrète qui l’exploite, le faisant travailler durement, le nourrissant peu, l’hébergeant dans des conditions dégradantes. Le retour au pays natal est difficile et long, improbable, car il faut rembourser le prix du voyage. Certains migrants rejoignent ces sociétés librement car ils arrivent sans famille, sans lieu où dormir. Pour rentrer dans une de ces sociétés, une cérémonie est organisée : un souper est servi au nouveau membre qui rejoint les autres membres rangés devant l’autel et le chef de la société. 4 hommes avec des épées les rejoignent et l’agitent sur la tête du sinkhek. Le nouveau membre promet sur sa vie de soutenir et d’obéir au chef, il doit respecter 36 serments.

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La cérémonie

Un des ses doigts est coupé afin de collecter le sang qui s’écoule dans une tasse. Cette tasse fait le tour de l’assemblée et chaque membre boit le sang. Dès lors, le sinkhek est considéré comme membre de la société : il est frère de sang. Des gestes précis permettent aux membres de s’identifier : la façon de tenir des allumettes dans la paume de la main, de s’habiller, le tatouage est encore un signe d’appartenance et s’impose comme une façon de narguer l’autorité britannique. Les membres portent des armes, dagues, couteaux…

On reste membre du groupe pour toujours, mais il y a des contreparties : ne pas trahir, reverser une partie de son salaire mensuellement à la société. En cas de non respect, c’est la mort. Ces sociétés ne disparaissent que tardivement quand Pickering (Britannique) est nommé de 1877 à 1888 pour résoudre les difficultés entre colonisateur et Chinois. Il s’assure l’aide de ces sociétés secrètes en leur demandant d’assurer l’ordre, en obligeant les Chinois à s’adresser désormais au nouveau service de la couronne : le Protectorat Chinois. Le gouvernement britannique contrôle ainsi assez bien ces sociétés mais de temps à autre les conflits ressurgissent. C’est l’arrivée au pouvoir du People Action Party (PAP) qui met un terme au pouvoir des sociétés secrètes. En 1996, cinq faits divers imputables à ces sociétés sont encore relatés dans la presse locale.

William Pickering

Il existe des dizaines de sociétés secrètes : Ghee Hin : 15.000 membres Hokkien, Rochord Road, Hai San: 6.000 membres, Hokkien et Teochew, Cross Road, beaucoup d’autres, qui ont moins de membres. Sources : Irene Lim, Secret Societies in Singapore, Editions Didier Millet, Avril 1999; MOE, Singapore from settlement to Nation pre-1819 to 1971, EPB 2007

Florence Jammar (3 ème B)

Les Secondes à Darwin Du 11 au 17 Avril, les 46 élèves de seconde accompagnés de 4 professeurs sont partis en VAP (Voyage d’Agrément Pédagogique). Voici un compte rendu de leur périple australien. Partis le mercredi 11 à 20h20 de Singapour, les élèves arrivent à Darwin à 2h du matin. Après une courte nuit de 2h dans un hôtel de la ville, les élèves font connaissance avec Max et Danger, les deux guides qui animeront le voyage ainsi que le bus qu’ils utiliseront pour tous leurs déplacements, Bushie. Première excursion, pour pénétrer dans le Kakadu: les bords d’une petite piscine artificielle où vivent diverses espèces de poissons que les guides proposent de nourrir. Ensuite, le groupe part pour Adelaide River afin d’observer le saut des crocodiles d’eau de mer, les plus dangereux crocos dans le monde, des bestiaux de 5-6m de long.

Un crocodile

Après la croisière le groupe se rend dans un observatoire à quelques kilomètres de l’embarcadère. Là-bas, on en apprend plus sur la faune australienne de cette région et nous pouvons observer (plutôt admirer) de nombreux oiseaux et un paysage magnifique portant sur plusieurs dizaines de kilomètres ainsi qu’un ciel pur azur d’une rare beauté. Nous nous rendons alors à Ubirr où nous pouvons admirer des peintures aborigènes vieilles pour certaines de plusieurs milliers d’années. Enfin, c’est la fin de la journée et les guides amènent le groupe dans un camping où tout le monde peut apprécier la piscine. La première nuit dans les tentes est difficile et courte (réveil aux premières lueurs). Les tentes sont mal aérées et l’on souffre de la chaleur et/ou des moustiques. Mais après tout, nous n’avons pas à nous plaindre, c’est pour cela que nous sommes tous venus ici : nous débarrasser pour cinq jours de nos bonnes petites habitudes de citadins civilisés ! Vendredi commence par une croisière sur le Yellow Waters Billabong (sans petit-déjeuner). On peut alors assister au réveil d’une nature intacte, et à un formidable lever du soleil dans un ciel qui prend de nombreuses couleurs. Les élèves peuvent observer de nombreuses espèces d’oiseaux ainsi que quelques crocodiles.

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On reprend la marche pour se diriger vers une nouvelle source où un nouveau bain est proposé et tout le monde profite d’une petite crête d’où l’on peut sauter et plonger.

Le groupe Nous revenons alors à l’endroit où nous étions la veille dans l’après-midi et l’on entreprend la première épreuve physique de l’aventure : l’escalade d’une colline de 600m d’altitude. La récompense pour cette épreuve est pourtant très très appréciable : une vue splendide sur un horizon plat à une centaine de km, un ciel grandiose, d’un bleu et d’une limpidité inimaginables !

Chute d’eau et gorge Nous prenons la direction du retour et, nous pouvons observer quelques wallabies. Après le retour au camp, nous entamons une bonne nuit de sommeil. En effet, les nuits courtes et les marches commencent à épuiser le groupe. Dimanche, le réveil est encore aux aurores mais une heure plus tard que prévu (7h au lieu de 6h), le groupe est embarqué pour une croisière de 2 heures dans les Katherine Gorges. Puis, il entame une randonnée de 8km. Après le déjeuner, nous prenons le bus tout l’après-midi pour quitter Kakadu et nous rendre sur une piste aérienne désaffectée de la Seconde Guerre mondiale où se posaient les B-17 américains. Quelques heures après notre arrivée, nous avons eu la bonne surprise de devoir faire un TP de SVT à la lueur de lampe à gaz, un dimanche soir… Mais heureusement, nous avons pu profiter de notre soirée grâce à un feu de camp et une chanson composée par les élèves pour remercier les guides. La nuit, nous dormons pour la plupart d’entre nous à la belle étoile.

L’horizon à perte de vue Après avoir bien profité de ce spectacle, nous repartons pour aller établir le camp et récolter du bois pour faire un feu… Au camping où s’installe le groupe pour la soirée, tout le monde profite d’une douche et d’un bon repas. Autour du feu de camp, quelques musiciens nous montrent leurs talents à la guitare.

Lundi (dernier jour déjà !), nous commençons la journée par le TP de SVT… Puis nous allons nous baigner dans une dernière source avant de partir explorer des termitières.

Le lendemain, le groupe prend le chemin des Katherine Gorges. Une halte est effectuée à Edith Falls, une petite source où tout le monde va se baigner malgré la présence de crocodiles. Le groupe repart alors et se prépare à la plus grosse épreuve physique du périple, une marche de 6km sur un chemin rocailleux et très accidenté. Une première pause est fait à Pat’s Lookout, un endroit qui domine les Gorges, un spectacle impressionnant.

Baignade du groupe

Certaines mesurent jusqu’à une dizaine de mètres de hauteur et sont vielles de quelques siècles. Mais toutes les bonnes choses ont une fin et le groupe se met finalement en route pour l’aéroport. Nous faisons nos adieux aux guides et nous nous apprêtons à partir. La fatigue est sur tous les visages. Dans l’avion, tout le monde dort. Nous arrivons le matin à six heures, exténués mais contents du voyage.

Antoine LÊ (1ère) Remerciements à Max, Brian « Dangerous », Marie-Pierre Bichet, Maureen Thomson, Philippe Bouisset et Pierre Meyssignac sans qui ce voyage n’aurait pas été possible.

Des paysages naturels de toute beauté

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SEPTEMBRE 2007N°4 HONG-KONG

Un séisme oublié…

Le 12 décembre 1920, vers 20 heures, un grand tremblement de terre a décimé plus de 60% du district de Haiyuan, dans la région du Ningxia en Chine. Ce séisme dévastateur, d’une intensité de 8,6 sur l’échelle de Richter soit l’équivalent de 1 200 bombes atomiques, a eu une répercussion mondiale : tout comme le séisme qui a provoqué le tsunami du 26 décembre 2006, en très peu de temps les ondes ont incliné l’axe de la Terre de quelques degrés, ce qui est peu fréquent. Dans l’histoire de la Chine, ce tremblement de terre a été un des plus ravageurs :onze fois l’intensité du tremblement de terre de Tangshan en 1976, et 200 000 morts répartis sur une très grande aire: la province du Gansu, Shanxi et Ningxia. Je me suis rendu dans l’ancienne ville fortifiée de Xi’an Zhou, Cette ville, jadis très prospère, comptait environ 110 000 habitants et était organisée en deux quartiers (sud et nord) d’environ 1 km de côté chacun. Les murailles sont les seules traces restantes de la ville, car cette bourgade a eu le malheur de se trouver sur le point de rencontre de trois plaques tectoniques à l’origine du séisme. Beaucoup de victimes, peu de témoins

J’ai eu la chance avec mes camarades de me rendre sur les lieux et d’être le témoin tardif de cette catastrophe oubliée. Car dans les années 1920, les médias étant peu développés, de rares reportages ont été réalisés, ainsi peu de personnes sont au courant de l’événement, même parmi la population chinoise. Cependant Upton Close, journaliste américain du « National Geographic Magazine », est venu en 1922 pour réaliser un reportage, le seul vraiment qui fut produit à cette époque et constitue à ce titre un témoignage important.

La publication de l’article de Close en mai 1922. Quelques personnes ont survécu à cette catastrophe naturelle. Agées aujourd’hui de 90 ans , elles ont été profondément traumatisées par ce séisme car elles ont énormément perdu (famille, proches, biens, logis, etc.) ; toutefois elles ont su faire face au défi de la nature se contentant de conditions de vie très précaires.

Les restes des fortifications de Xi’an Zhou, 87 ans après le tremblement de terre. Les terrains cultivés ont désormais pris la place des anciens quartiers. Un devoir de mémoire

Chaque année, les autorités chinoises organisent une cérémonie pour commémorer ces milliers de personnes qui ont été déposées, à la hâte, dans des fosses communes au sol gelé par une saison hivernale très rude dans cette région. Pour se rattraper peu ou prou, le gouvernement chinois a établi un projet pour le moins utopique. Il consisterait à construire un musée dont le thème principal serait les tremblements, notamment avec une salle de modélisation qui permettrait de ressentir les secousses émises plus ou moins fortes. Cet ambitieux projet pour une région aussi pauvre est soutenu par beaucoup de personnes qui veulent défendre la mémoire des victimes. Cette visite a été révélatrice de l’impuissance et de la vulnérabilité de l’homme devant ces phénomènes naturels,. Cependant la prise de conscience tardive des autorités sur la nécessité d’éduquer les populations locales à la connaissance de tels risques est un progrès.

Marc-Antoine Lefoul (1ère), photographies fournies par Salomé Chemla et Jean-Dider Moirez (1ère).

地 dì =

la terre 震

zhèn = tremblement

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N°4 SÉOUL SEPTEMBRE 2007

LA DMZ (DEMILITARIZED ZONE) : LA GUERRE FROIDE

AU COEUR DE LA NATION Coréenne

A 50 kilomètres de Séoul, la "Demilitarized Zone" ou DMZ est une des frontières les plus militarisées au monde et ce, depuis 1953. Nous vous proposons ici de faire avec vous la visite de la frontière intercoréenne que nous avons effectuée dans le cadre des cours d’histoire géographie et les enseignements que nous en avons tirés.

Un vigile sud-coréen en posture de Taekwondo monte la garde sur la DMZ. Au loin on aperçoit la ligne de démarcation, matérialisée par une bande de ciment. (Photographies N.Deroo) Douloureux souvenir d’une guerre de Corée impitoyable (1950-1953), la DMZ (Demilitarized Zone ou Zone Démilitarisée) constitue certainement une des dernières traces matérielles de la Guerre Froide (1947-1991) dans le monde aujourd’hui. La frontière qui sépare la nation coréenne en deux Etats, la Corée du Sud capitaliste et la Corée du nord communiste, coupe la péninsule au niveau du 38ème parallèle. Longue de 248 km et large de 8 km, l’espace environnant est placé sous surveillance militaire permanente. La frontière est imperméable, sauf en deux endroits drastiquement contrôlés : la route qui mène à la zone industrielle spéciale de Gaeseong à l’ouest de la DMZ (entendez une enclave capitaliste en Corée du Nord) ainsi que la promenade touristique en circuit fermé menant au Mont Gumgang, à l’est de la frontière. Ces deux entorses aux principes communistes assurent en fait de précieuses rentes financières au régime nord-coréen.

Un témoin de la violence des combats qui ont secoué la Corée au XXème siècle Annexée par le Japon dès 1910, la Corée a connu de grandes années d’humiliante soumission, qui ont duré jusqu’à la fin du règne japonais en Asie, le 2 septembre 1945. Libéré, le pays se divise pourtant en deux Etats séparés par le 38ème parallèle. La Corée du Sud, soutenue par les forces américaines, s’oppose au bloc communiste chinois et soviétique qui protège la Corée du Nord. Cette séparation rend bien compte de la situation d’après-guerre, qui oppose les deux superpuissances vainqueurs de la seconde guerre mondiale : les Etats-Unis et l’URSS. Les élections de 1948 portent au pouvoir le leader nationaliste Syngman Rhee au Sud. Pareillement, des élections sont organisées à Pyongyang : le secrétaire général du Parti du travail en Corée Kim Il Sung est élu détenteur du pouvoir. Ces deux grands hommes politiques ont tous les deux le désir de réunifier la Corée, mais leurs idéologies antagonistes et leurs alliés respectifs empêchent une cohabitation harmonieuse. Profitant du départ des forces américaines, la guerre de Corée commence par une invasion nord-coréenne bénéficiant du feu vert de Staline, le 25 juin 1950. Terrassé, le Sud obtient l’aide de l’ONU et des Etats-Unis. Le 5 septembre 1950, les troupes américaines menées par le Général Mac Arthur entreprennent de repousser l’invasion généralisée du Nord communiste jusqu’à la frontière chinoise. Les volontaires de Mao contre-attaquent alors jusqu’au 38ème parallèle. La guerre dure autour de cette ligne de front jusqu’en juillet 1953 : les accords de Panmunjom signent le cessez-le-feu. La DML et Pan Mun Jom au coeur de la DMZ

Panmungak

PeaceHouse

Pont de Non Retour

Heliport

zones de surveillance

Entree de la JSAMarc Daouani

JOINT SECURITY AREA (JSA)PANMUNJOM, COREE

La ligne de démarcation (DML) en rouge sur ce schéma, sépare les deux Etats et traverse donc le complexe de Pan Mun Jom, situé au cœur de la DMZ. C’est sur cette ligne, à l’endroit appelé Pan Mun Jom, que l’armistice fut signé entre la Corée du Nord et les Etats-Unis représentant l’ONU. Aujourd’hui encore certains pavillons sont voués aux réunions régulières entre les autorités militaires et les diplomates, mais de nombreux bâtiments sont ouverts aux touristes de part et d’autre.

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N°4 SÉOUL SEPTEMBRE 2007

Une fracture nette, une réunification hypothétique le cœur des Coréens qui tous souhaitent effacer cette plaie

vive au coeur de la nation coréenne. Lorsqu’est évoquée l’hypothétique réunification des deux États, de nombreux problèmes se posent : la différence de régimes. Il y a une cassure nette entre un État capitaliste, 10ème puissance économique mondiale, et un État économiquement sinistré, qui ne nourrit plus sa propre population, entièrement soumise au dictateur stalinien Kim Jong-il. Une éventuelle réunification reviendrait, pour la Corée du Sud, à débourser des milliards de Wons afin de remettre le système économique à flot, en le sortant du communisme.

Posée exactement sur la ligne de démarcation, cette table de négociation surréaliste est encore de nos jours un des pivots diplomatiques du dialogue inter-coréen.

Le pont de non retour tire son nom de l’échange de prisonniers de guerre au lendemain de la guerre de Corée. Une fois franchi, il est impossible de revenir sur sa décision. Géopolitiquement, aucune puissance régionale n’a intérêt à envisager la réunification à court terme avec son corollaire de bouleversements et d’incertitudes : tous s’accordent sur l’impérieuse nécessité de stabilité en Asie du Nord-Est, qu’il s’agisse du Japon, de la Chine, de la Russie voire des Etats-Unis.

A Pan Mun Jom, le pavillon nord-coréen est un bel exemple de style architectural stalinien. Socialement enfin, les mentalités ont beaucoup évolué en 50 ans de séparation, et l’intégration des Nord-coréens à un pays aux mœurs libérales pourrait en déstabiliser plus d’un. L’espoir de la réunification perdure néanmoins dans

Nous remercions les autorités militaires de l’ambassade de France à Séoul d’avoir facilité cette visite de la DMZ. Ici le colonel Philippe Courtin dirigeant la visite guidée.

La visite de la DMZ permet de bien saisir la réalité et la permanence de cette guerre froide qui malheureusement semble loin d’être terminée en Corée. Espérons qu’à l’instar de l’Allemagne, la frontière puisse s’effacer au profit d’une paix durable, et qu’ainsi la DMZ quitte les livres de géographie pour entrer définitivement dans les livres d’histoire.

Clélia Hardy et Marc Daouani (Tle- promotion Bac juin 2007)

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N°4 TOKYO SEPTEMBRE 2007

Le traitement de l’histoire coloniale par le cinéma

français

45 ans après la reconnaissance de l’indépendance de l’Algérie (3 juillet 1962), le travail sur la mémoire coloniale reste un vaste chantier en cours en France.

Mercredi 14 février, dans le cadre de « Mémoire de l’Algérie coloniale au cinéma » se déroulait, à l’institut Franco-japonais de Tokyo, la projection du film « Indigènes » suivie

d’une conférence de Benjamin Stora, professeur d'histoire du Maghreb à l'INALCO (Institut National des Langues et Civilisations Orientales) et spécialiste de l'histoire de la colonisation française (photo ci-dessus). Le film « Indigènes ». Nous sommes en 1943, la France est occupée. Après l'appel du 18 Juin, les Forces Françaises Libres (FFL) du Général de Gaulle se constituent depuis les colonies françaises d'Afrique du nord. Indigènes, Français des colonies et métropolitains, vont combattre côte à côte pour libérer l’Italie, la Provence, les Vosges et l’Alsace pendant plus de 2 ans. On y suit quatre soldats partis au front pour libérer la « mère patrie » de l’ennemi nazi : Abdelkader, Saïd, Messaoud et Yassir, leurs espoirs, et leurs désillusions. Faisons quelques rappels historiques et chiffrés. La Libération de la France s’effectua de juin 1944 à janvier 1945. Lors de la campagne d’Italie (1943-1944) l’armée du général Juin comportait 57% de Nord- Africains ; en août 1944 (débarquement de Provence) celle du général de Lattre n’en comportait plus que 40%. Sur les 500 000 hommes, on retrouvait : - 176.000 « Pied-noirs » (terme apparu après la guerre pour désigner les Français vivant dans les colonies du Maghreb). - 233.000 Nord-Africains (dont la moitié d'Algériens). - 80. 000 hommes originaires d'Afrique Noire. L’enrôlement dans l’armée était un moyen pour fuir la misère qui faisait rage dans les petits villages d’Afrique du Nord. Mais très souvent, les combattants engagés n’étaient pas volontaires. Pourquoi un tel succès pour ce film « Indigènes » ? Il faut savoir que le film a fait 3 millions d’entrées en salle sur 460 copies. Il réussit aussi la dixième meilleure semaine de l’année ; le tout couronnée par le Prix d'interprétation masculine au Festival de Cannes 2006, attribué collectivement à Sami Bouajila, Jamel Debbouze, Samy Naceri, Roschdy Zem et Bernard Blancan. Ainsi que l’Étoile d'or du film 2007 et le très prisé César du Meilleur scénario original 2007. « Indigènes » est un film d’action, grand public, qui permet aux enfants de l’immigration de s’inscrire eux aussi

dans l’histoire nationale française notamment par le sang versé. Toute une population qui partage, grâce à la mémoire des grands pères, le même désir, celui de filiation. Rachid Bouchareb (réalisateur) nous fait ainsi découvrir la « très rare parole indigène » projetée sur grand écran. C’est donc un pari réussi pour ce réalisateur qui portait depuis plusieurs années déjà ce long métrage dont la plus belle victoire reste la revalorisation (tardive) des pensions par le gouvernement français. Cette belle performance au box-office démontre que le public français est aujourd’hui prêt à se replonger dans son histoire. Le film s’arrête en 1945 pour reprendre en 2006. Cette ellipse volontaire du réalisateur, notamment sur les massacres de Sétif en Algérie (mai 1945), marque la rupture. Une rupture tout d’abord morale pour les soldats Nord-Africains venus libérer la « mère patrie » en 1944, que l’on retrouve, pour certains, aux cotés des nationalistes lors de l’Indépendance. Mais surtout une rupture volontaire qui privilégie ainsi un aspect particulier du problème indigène : la revalorisation de pensions des anciens combattants coloniaux. « Indigènes » relance donc une polémique qui a toujours partagé l’opinion et qui a finalement obtenu gain de cause, puisque le jour de sa sortie en salle en France (le 27 septembre 2006) le président de la République Jacques Chirac a annoncé que « les 80 000 anciens combattants de l'Empire français encore vivants percevront les mêmes retraites que leurs compagnons d'armes français. » Une décision juste pour ses "Indigènes de la République" car les balles ennemies ne choisissaient pas les corps des blancs ou des noirs qu’elles touchaient. « Indigènes » soulève donc dans son sillage une autre question de taille : Le cinéma peut- il bouleverser le cours de l’histoire ? « Indigènes » nous l’a prouvé et a été un révélateur, mais comme Godard disait : « Il n’y a pas de juste fonction de l’image, il a juste une image »

Affiche du film Indigènes. Films sur le sujet,

cités lors de la conférence : Les enfants du pays de P. Chéreau, Pépé le Moco avec Jean Gabin, Les Parapluies de Cherbourg, La Trahison, L’insoumis, Le petit soldat, RAS …

Alice Muchielli, Tle S (promotion Bac juin 2007)

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N°4 KUALA LUMPUR SEPTEMBRE 2007

Les Japonais en voie de disparition ?

D’après le journal Libération de mars dernier citant un rapport du ministre de la Santé du Japon, au rythme démographique actuel, la population de l’archipel devrait chuter d’environ 30 % d’ici 2055. Selon ce rapport, la baisse de la population japonaise sera plus rapide et plus grave que prévue : dans cinquante ans, la population du Japon atteindra 89,9 millions d’habitants contre 127,7 millions aujourd’hui. D'après une autre projection, si le taux de fécondité du Japon (1,27 enfants par femme) reste si faible, la population nippone risque de passer à 60 millions d’habitants d’ici 2100. De plus il est prévu que le Japon comptera en 2055, 36 millions de personnes âgées de 65 ans et plus (soit 40% de la population) contre 25,7 millions aujourd’hui. Nous allons présenter ici les causes du déclin de la population japonaise, et montrer qu’un déclin de 30% de la population du Japon est possible. La population du Japon a effectué sa transition démographique et elle est maintenant dans une phase de vieillissement. Pourtant un déclin de la population aussi grave et aussi rapide est difficile à expliquer. Plusieurs causes existent, notamment le taux de fécondité qui est faible (1,27 enfants par femme). Au Japon, il existe des femmes surnommées les « célibataires parasites » : ce sont des jeunes femmes souvent hautement qualifiées, qui vivent chez leurs parents et se concentrent sur leurs carrières. Elles n’ont pas le temps d’avoir une vie privée, elles ne veulent pas « gâcher » leur carrière en créant une famille. De plus, le coût de la vie au Japon est élevé. Le système éducatif est hors de prix, pas seulement à l’université mais dès la maternelle. Cela pousse donc les Japonais à avoir moins d’enfants. Il reste aussi l’allongement de l’espérance de vie qui est un des facteurs principaux du vieillissement de la population nippone. Certes les éléments cités ci-dessus peuvent expliquer une baisse de la population, mais qu’en est-il des 30% de baisse annoncés dans les cinquante années à venir ?

Des enfants moins nombreux dans les crèches ...

D’après l’article, cette baisse de population aurait été évoquée dans un rapport rédigé par le ministère de la Santé. Cette information dévoilée par le ministère est en effet choquante mais tout à fait possible. Aujourd’hui, au Japon, il y a plus de décès que de naissances. Le taux de mortalité étant plus élevé que le taux de natalité, une baisse de la population est inévitable. Il faut savoir que le taux de fécondité du Japon est le plus faible du monde. Une baisse importante de la population nippone est donc possible. Mais ce déclin résoudra-t-il ou créera t-il des problèmes ? Au Japon, trois quarts de la population vit sur un quart du territoire. Seulement 30% du territoire japonais est habité, du fait des croyances religieuses et à cause du relief montagneux de l’archipel nippon.

... et dans les squares Temple de montagne Pour les Japonais, les montagnes sont des endroits sacrés. La densité de population au Japon est très forte (336 habitants/km2): 10% de la population japonaise est concentrée dans la capitale de Tokyo. De plus, un quart de la population habite dans la conurbation qui entoure Tokyo. Le déclin massif de la population résoudra donc certainement le problème d’espace au Japon. Sachez que l’espace au Japon est tellement limité que le mètre carré à Tokyo peut monter jusqu’ à 100 000 dollars US.

Cependant avec cette baisse importante de population, il y aura une augmentation des personnes âgées de 65 ans et plus. En 2055, les personnes âgées et notamment les personnes retraitées représenteront 40% de la population nippone, soit 36 millions de personnes. Un nouveau problème se pose : le financement des retraites. Malgré les réformes récentes du système de retraite japonais votées par le Parlement japonais en 2000, qui, entre autre, avait repoussé l’âge de départ à la retraite de 60 à 65 ans, et qui avait envisagé la revalorisation des pensions alignées sur l’indice des prix à la consommation, le financement des retraites pour 36 millions de Japonais est fort difficile à imaginer. Certes le déclin de la population nippone fera changer les fortes densités de population, mais le pays aura t-il les moyens de financer la retraite de 36 millions de personnes ?

Homère Faivre et Antoine Chinchard (1ère ES)

(Photos : rédaction de Tokyo)

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N°4 JAKARTA SEPTEMBRE 2007

Islam de Java, fruit de plusieurs syncrétismes

La plupart des gens qui voyagent en Indonésie, précisément à Java, ne peuvent pas ne pas remarquer la diversité des cultures religieuses qui existent. En effet, l’Indonésie est un pays qui reconnaît cinq religions : l’Islam, le Christianisme (protestants et catholiques), l’Hindouisme et le Bouddhisme. En entrant un peu plus dans ces différents héritages cultuels du pays, à vue d’oeil, il est indéniable que ces croyances se mélangent pour donner forme à un syncrétisme hors du commun... L'histoire de Java commence sur les bords de la rivière Trinil, juste au Nord de Solo, au centre de Java. Peu de choses concernant les croyances de cet Homme de Java furent découvertes et il faudra attendre le premier millénaire d’avant notre ère pour que s’exprime un animisme qui nous est plus connu. Il se manifestera dans le culte des éléments et la nature, la déification des ancêtres et l’érection de grands mégalithes. Certains Indiens (d’Inde) quittèrent leur terre natale au début de l’ère chrétienne pour tenter l’aventure, en Asie du Sud-Est. Des monuments des IXe et Xe siècles, tels Borobudur et Prambanan, sont les plus beaux fleurons de ce mouvement civilisateur. Une communion vit alors le jour entre les croyances indiennes et les valeurs proprement indonésiennes des cultes de la fécondité et des ancêtres. Elle trouvera son expression dans les temples de Java Est, dès le XIIIe siècle, où l’architecture du monument, adossé à la montagne en hommage aux ancêtres, les sculptures rappelant la découpe des marionnettes et le fait que ces temples soient des tombeaux des souverains rompt définitivement avec les vraies valeurs hindouistes.

Ratu Kidul : une reine-déesse de la mer, figure mythique, elle est renommée pour être la protectrice de l'île de Java.

Au carrefour des grands axes de navigation, l’Indonésie et Java allaient être le théâtre d’une nouvelle révolution avec la venue de l’islam. L’hindouisme et le bouddhisme n’avaient séduit que les dirigeants et les cours de l’archipel. La masse rurale était restée fidèle aux religions locales, aux cultes des esprits et des ancêtres pratiqués dans les villages. Cette implantation socialement marquée explique la faible résistance des religions indiennes fortement hiérarchisées à l’islam égalitaire et révolutionnaire. Arrivé tardivement dans l’archipel (XIIIe siècle), toujours par le relais indien, l’islam s’étend graduellement et par la prédication dans les îles de Sumatra, Kalimantan et des Célèbes, puis par le nord de Java. A Java, cœur démographique et culturel de l’archipel, les Javanais se contentent d’intégrer à leurs croyances antérieures les enseignements de l’islam. Certes, les rajas se transforment en sultans, comme dans le reste de l’Indonésie, mais la tradition locale se maintient ici sous un vernis musulman. La « religion de Java », selon la célèbre expression de Clifford Geertz, constitue donc « un corpus de croyances et de pratiques réunissant différentes strates, animistes, hindo bouddhiques, puis musulmanes ».

Une nouvelle et magnifique preuve d’adaptation des Javanais aux idées extérieures. Avec l’arrivée des colonisateurs occidentaux tels les Hollandais, l’islam va jouer un rôle fédérateur et se teinte fortement de nuances politiques. L'Indonésie, bien qu'elle soit le pays où il y a le plus grand nombre de musulmans, n'a rien de commun avec les autres royaumes islamiques, que ce soit à cause du gouvernement en place ou à cause de la façon dont la religion y est pratiquée.

Tout d'abord, en Indonésie, il y a liberté de religion, ce n'est pas la religion islamique qui supprime toutes les autres comme dans la majorité des pays islamiques. Le gouvernement fait en sorte que l'unité du pays ne se base pas que sur une religion, ceci est ancré dans l’idéologie du pays, le « pancasila » ; où l’Indonésie reconnaît l’existence de cinq religions. De plus, l'islam pratiqué en Indonésie est très différent de celui pratiqué dans les autres pays islamiques. L'islam de l'Indonésie respecte les coutumes et les rites des ethnies d'Indonésie, c’est d’ailleurs par cette ouverture sur la culture ancestrale de l'Indonésie que l'islam s'est implanté dans la péninsule. Les Indonésiens pratiquent l'islam en mélangeant leurs coutumes, leurs rites à ceux de la religion musulmane. Par exemple, le peuple Indonésien est persuadé que la reine Ratu Kidul existe dans les mers du sud alors qu’une des valeurs de la religion musulmane est de ne croire qu’en un seul Dieu : Allah. De ce fait, il est fortement déconseillé de se baigner vêtu de vert car n’étant pas partageuse, elle entraîne dans le fond toute personne osant se baigner avec sa couleur fétiche. Tout ceci s’explique car l’Indonésie, pendant près de deux millénaires, s’est abreuvée de religions successives, en adoptant ce qui lui convenait, et en rejetant ce qui ne lui convenait pas. Ainsi, embrassant l’hindouisme et le bouddhisme, elle n’a pas repoussé totalement le mégalithisme, sa première religion, et va même conserver longtemps des techniques lapidaires qui vivent encore dans certaines petites îles, à Sumba notamment. Entre-temps, elle a instauré une forme unique au monde, l’hindo-bouddhisme. De même, lorsqu’elle embrasse l’islam, elle ne l’adopte que sur le très long terme et met plusieurs siècles à s’islamiser, ne pouvant rejeter ses croyances

térieures qui sont devenues sa propre culture. an

L'islam apportait une conception individualiste des rapports sociaux et la notion de protection des intérêts par le contrat, ce qui ne pouvait manquer de séduire les milieux marchands. Les habitants de l'archipel sont devenus en fait musulmans sans s’en rendre compte. La question principale aujourd’hui, demeure la place de l’islam dans l’État indonésien. Certains musulmans la jugent insuffisante et voudraient l’accroître, de façon variable, en fonction de leur engagement religieux.

Valerie Wirja (Tle ES)

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N°4 BANGKOK SEPTEMBRE 2007

VISITE DE LA DéLéGATION DE L’UNION EUROPéNNE à BANGKOK

Les élèves de premières S et ES du Lycée français international de Bangkok (LFIB) . Le Mardi 12 juin, nos élèves de première sont accueillis à la Délégation de la commission européenne qui possède un bureau à Bangkok. Lors de cette journée, nous avons assisté à une première intervention sur l’Union européenne et ses liens avec la Thaïlande suivie d’une seconde intervention sur ECHO, la direction générale de la commission européenne en matière de gestion humanitaire. L’Union Européenne et la Thaïlande. Après un rappel historique sur l’évolution de l’Union Européenne, Monsieur Faucherand, représentant régional de la délégation de la commission européenne de Bangkok, nous apporte un certain nombre d’informations sur le rôle des deux partenaires. Le rôle de la délégation est un peu comme celui d’une Ambassade, elle est en charge de tous les domaines de compétence de l’UE (politique, commerce, coopération, santé et scolarité). Il faut rappeler que l’Union européenne est composée de trois piliers :

- la communauté européenne issue du Traité de Rome (pour tout ce qui concerne le droit commun)

- la défense et la politique extérieure - la justice et les affaires intérieures

Tout d’abord l’Union européenne est le troisième partenaire commercial de la Thaïlande, elle est aussi un des plus grands investisseurs en Thaïlande.

La Thaïlande étant en plein développement, la coopération s’accroit dans de multiples domaines comme le commerce, l’éducation, les investissements, les échanges culturels et le combat contre les drogues, la lutte contre le SIDA et la protection de l’environnement.

Par ailleurs, des programmes de coopération sont mis en place avec le Laos, le Cambodge, la Birmanie par des opérations de déminages (sécurité), une réduction de la pauvreté (aide et lutte contre la corruption), la préservation des droits de l’homme et de la démocratie, instaurer un enseignement de base, et permettre un accès au marché par l’augmentation des échanges tout en assurant une protection contre la concurrence entre les pays de la zone . Au total une soixantaine de personnes issues de diverses nationalités travaillent dans cette délégation. Elles intègrent les manières de penser des différents pays dans leur travail commun et s’inspirent des expériences européennes. Pour en savoir plus sur l’Union européenne : http://europa.eu.int

ECHO, la Direction Générale de l’Aide Humanitaire de la Commission Européenne. Nous avons assisté ensuite à l’intervention de Monsieur Artigaut, qui nous présente ECHO. ECHO, créée en 1992, finance des actions humanitaires pour venir en aide aux victimes de catastrophes naturelles et de conflits en dehors de l’Union Européenne. Cette aide est mise en œuvre en faveur des victimes de façon neutre et impartiale, c’est à dire indépendamment de leur race, de leur religion ou de leur appartenance politique. ECHO travaille dans soixante pays et représente environ 50 % de l’aide humanitaire mondiale. Les missions d’ECHO sont de s’assurer que l’aide parvienne bien à toutes les personnes auxquelles elle est destinée. Elle a donc un rôle de coordination, de contrôle de l’utilisation des fonds, de récolte d ’ informations sur le terrain pour évaluer les besoins. ECHO soutient des programmes de distribution alimentaire, d’installation des abris lors de déplacements de populations, de gestion d’approvisionnement en eau potable, en aide médicale, en médicaments, des programmes d’aide au retour des réfugiés dans leur région d’origine, et finance des projets de déminage. Elle intervient sur le terrain au travers de ses partenaires, agences et organisations internationales, ONG, qui mettent en œuvre les projets financés. Pour plus d ’ informations, retrouvez ECHO sur le site : http://europa.eu.int/comm/echo

Marie-Hélène Goursolas (Tle S)

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N°4 HÔ CHI MINH-VILLE SEPTEMBRE 2007

LES 5e A LA Découverte DU NORD DU VIETNAM

En avril dernier, nous sommes allés visiter le Nord du pays, tellement différent sur de nombreux points du Sud dans lequel nous vivons. En six jours, nous sommes passés de la ville d’Hanoï, avec ses maisons coloniales, le mausolée de l’oncle Hô (Hô Chi Minh, le leader de l’indépendance) et ses musées à la baie d’Halong, merveilleuse et splendide, en passant par des villages d’artisans, des pagodes éloignées dans les campagnes. Nous avons appris comment la soie est fabriquée, nous nous sommes baladés en jonque, nous avons vu un spectacle traditionnel de marionnettes sur l’eau, nous avons marché au milieu des montagnes et des rizières… Et puis tellement de choses encore !

Le groupe des élèves des deux cinquièmes

Nous avons aussi mangé la cuisine typiquement du Nord… et à deux reprises nous l’avons fait dans deux restaurants pas comme les autres qui appartiennent à la même association. C’est ce que nous avons décidé de vous présenter un peu plus précisément ci-dessous.

UN RESTO PAS COMME LES AUTRES…

Situé au centre d’HaNoi, la capitale officielle du VietNam, le restaurant-école Hoa Sua est l’un des plus connus. Ses clients sont des Vietnamiens et principalement des étrangers : des diplomates, des hommes d’affaires, des expatriés… tous ceux qui veulent trouver le goût authentique de la cuisine vietnamienne dans un restaurant mais aussi un magasin au rez-de-chaussée qui fait boulangerie, viennoiserie et pâtisserie. Pour ASIA, nous avons interrogé un groupe de serveurs puis nous avons eu l’autorisation de faire un tour en cuisine.

Asia : Qui êtes-vous ? Nous sommes élèves en classe de Service et nous finirons bientôt notre formation. Tous nos amis sont des jeunes en

difficulté : avant, certains vivaient dans les rues ou dans les orphelinats ; d’autres sont malentendants, certains sont très pauvres parce que leurs parents sont invalides de guerre. ASIA : Pourriez-vous nous présenter cette école ? L’école Hoa Sua travaille avec de nombreuses associations de quartier, comme la Croix rouge, les villages S.O.S, les centres sociaux, etc. pour recruter les élèves. Chaque étudiant passe un entretien de sélection, afin de connaître son niveau scolaire et de lui donner une formation adaptée à ce niveau. L'école nous donne gratuitement une formation professionnelle dans différents secteurs tels que la cuisine asiatique, la cuisine européenne, la pâtisserie et la boulangerie française, la restauration et le service traiteur, les aides ménagères, sans oublier la couture et la broderie.

ASIA : Pourriez-vous nous expliquer l’organisation de cette école ? Après une formation professionnelle d'un an, l'école nous aide à trouver du travail, aux quatre coins du pays, dans des restaurants vietnamiens, des grands hôtels et même chez les expatriés et dans les ambassades. L'école s'autofinance grâce à quatre activités lucratives : le restaurant, la boulangerie-pâtisserie, le service traiteur et enfin le magasin de broderie. Les bénéfices couvrent les coûts des différentes formations. Toutes ces activités sont pour nous de bonnes expériences avant d'entrer dans la vie active.

ASIA: Merci beaucoup ! Si vous venez au Vietnam, n’oubliez donc pas de venir goûter les délicieux plats vietnamiens et français du restaurant de l'école au 81 Tho Nhuom, à Hanoi. Si vous avez du matériel de cuisine, des livres professionnels ou autres, des machines à coudre, etc. tous ces dons sont les bienvenus. Au cours des sept dernières années, l'école Hoa Sua a formé plus de 1000 étudiants dont 800 ont obtenu un diplôme et ont trouvé du travail dans tout le pays. Chaque année, près de 450 étudiants y font leurs études.

Quy Phong, Mach Vy, Thanh hong, (4ème)

Des élèves à table…

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N°4 HÔ CHI MINH-VILLE SEPTEMBRE 2007

SUR LES TRACES DE… GUILLAUME DE RUBROUCK

Guillaume de Rubrouck

Tout le monde connaî son Livre des

oque, l’Europe de l’Est est dévastée par les

issions :

nd Khan et s’allier avec lui pour

n’est pas une réussite… mais à son retour,

ach Vy et Quy Phong, (4ème )

Le mystère de la famille HAMATO

Da dé s bilingues d’écrire une mini nouvelle policière.

de ces célébrités.

ita vers la

Hamato n’était autre que le propriétaire des

s de monsieur

le coupable. Ce n’était autre que

ne fois

t Marco Polo et merveilles… Les manuels d’histoire racontent les aventures exotiques du marchand vénitien, à la fin du XIIIe siècle, qui part à la découverte des grands empires asiatiques pour faire du commerce. Ce que les manuels d’histoire disent moins souvent, voire jamais, c’est que la famille Polo a été précédée de plus de 20 ans par des moines franciscains ! L’un d’entre eux, Guillaume de Rubrouck, a consigné tout ce qu’il a vu par écrit.

cette épAMongols. La papauté cherche des moyens de contrer cet envahisseur et, au concile de Lyon en 1252, le pape Innocent IV envoie quatre frères dominicains vers le chef mongol basé en Perse et trois frères franciscains vers le Grand Khan, empereur de Mongolie, dont Guillaume de Rubrouck et son compagnon André de Longjumeau. Guillaume est un ami personnel de Saint-Louis, le roi de France. l a deux mI

rencontrer le Gra-

combattre les musulmans qui menacent la chrétienté en Occident. - demander l’autorisation d’annoncer l’Evangile aux Mongols.

a missionLGuillaume de Rubrouck ne peut rencontrer le roi ; il lui écrit donc une longue lettre (un livre en fait) pour lui raconter en détail tout son voyage ! Ce Voyage dans l’Empire Mongol est un document très précieux et bourré de renseignements… au même titre que le Livre des merveilles de Marco Polo.

M

ns le cadre des cours de vietnamien, il a été demanaux élèveL’une d’elle a été traduite pour vous !

Le Japon est le pays où la plupart des célèbres détectives nés : Coshinan Yuka fait partiesont

Coshinan a 17 ans, c’est un détective lycéen. Il est une aide indispensable pour la police japonaise.

Un jour d’orage, Coshinan sortit de chez lui pour ouvrir n esprit. Soudain, il entendit un cri et se précipso

villa d’où sortait le cri. A ce moment, il vit une silhouette qui disparut très vite. Pourtant la grille qui entourait la villa mesurait au moins 15 mètres et personne ne pouvait la franchir.

Ce jour-là, un meurtre eut lieu dans la villa. La victime, kayoto M. Ma

lieux. La police arriva et conclut que c’était un suicide. Mais selon notre détective lycéen, cette affaire était un meurtre. La clef de l’affaire est de savoir comment l’assassin a pu s’échapper alors que la chambre de monsieur Hamato, le lieu du crime, était fermée à double tour. D’autre part, monsieur et madame Hamato étaient les seules personnes à en posséder la clef.

Dans cette affaire, les quatre suspects sont : madame to, Socanawa Hamato (25 ans, filHama

Hamato), Sinaro Hamato (19 ans, fille de monsieur Hamato) et enfin Tarou Moroca, le serviteur. Tarou Maroca et Sinaro Hamato avaient des alibis qui tenaient, ils étaient donc blanchis. Madame Hamato et Socanawa Hamato par contre étaient restés dans leurs chambres. Ils n’avaient pas d’alibis.

Quelques heures plus tard, Coshinan Yuka rassembla tout nde puis désignale mo

Socanawa Hamato. Coshinan avait remarqué que Socanawa touchait souvent ses chaussures. Sur les indications de notre détective lycéen, la police trouva le couteau sanglant dans sa chaussure. Il n’avait pas eu de temps de le cacher. Il avait tué son père carM. Hamato a découvert que Socanawa n’était pas son fils alors que son vrai fils était Tarou, le serviteur. Monsieur Hamato ne voulait plus reconnaître Socanawa comme héritier.

Après les adieux, Socanawa suivit la police au missariat et fut condamné à 25 ans de prison. Ucom

de plus, Coshinan se trouve à la une des journaux japonais.

Kim Linh LE, (3ème)

Parcours de Guillaume de Rubrouck entre 1252 et 1255 (Wikipédia).

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N°4 TOKYO SEPTEMBRE 2007

DU chinois au lycée franco-japonais de Tokyo

Jusqu’au mois de juin dernier, une expérience de cours hebdomadaire de chinois a été menée au Lycée franco-japonais de Tokyo. Cet enseignement était assuré par Mme Ferrari, une professeure certifiée de chinois et avait lieu une fois par semaine après la fin des heures de cours officiels. Lancé à l’initiative d’une association de parents d’élèves, ce cours de chinois était optionnel. Huit élèves le suivaient (trois élèves de 3ème, deux de 5ème et trois de 6ème). Voici quelques unes de leurs impressions.

- C’est difficile à démarrer mais après, on s’habitue. - C’est difficile mais c’est faisable. - Les tons, c’est difficile. - La grammaire, c’est facile et puis l’écriture c’est facile

pour ceux qui font du japonais. - C’est une langue internationale comme l’anglais. - La culture aussi, c’est intéressant. - C’est un peu fatigant parce que c’est après notre journée

de cours. - Ce serait bien si c’était le mercredi après-midi. - Ce serait bien si on pouvait choisir le chinois comme une

vraie langue vivante au lycée.

Il semble que pour les participants de cette classe, les quatre tons du chinois (mais il y en a six en vietnamien !) et l’heure tardive soient les deux principales difficultés à surmonter. Mais après six mois de cours, ils savent dire des choses comme « J’adore la cuisine de ma mère », « Je voudrais habiter à Pékin », « Je sais utiliser des baguettes », « Je t’aime », etc.

Le chinois peut ouvrir beaucoup de portes, à commencer par celle de la Place Tienanmen à Pékin ! (Photo ASIA Tokyo)

Les dix dernières minutes de la classe sont consacrées à la civilisation. Il y a des questions aussi variées que « C’est vrai que les Chinois mangent des cafards ? » ou « Pourquoi les Chinois ne sont-ils pas contents que Koizumi (NDLR : à l’époque, Premier ministre japonais) soit allé au temple Yasukuni ? » Il n’y a ni devoir, ni évaluation pour que l’apprentissage de la langue reste un plaisir. Mais le professeur souhaite que les enfants profitent des éventuels amis chinois de leurs parents ou des sorties au restaurant chinois pour pratiquer. En tout cas, il paraît que quand les élèves de cette classe se croisent dans les couloirs du lycée, ils se disent bonjour en chinois !

Les élèves de la classe de chinois

ASIA A LU : « AU FIL DU Mékong »

La rédaction de Tokyo d’ASIA a reçu des éditions Gallimard un ouvrage intitulé « Au fil du Mékong. De Saigon à Angkor », un superbe carnet de voyage signé par Arnaud d’Aunay, un globe-trotter français qui est à la fois peintre et écrivain.

Ce livre nous transporte d’Hô Chi Minh-Ville et son delta au royaume des Khmers, en suivant l’itinéraire au long cours que l’auteur a fait sur les eaux du Mékong et de ses affluents. Une invitation au voyage à travers des dessins et des croquis d’une rare beauté, accompagnés d’impressions de voyage aussi personnelles qu’utiles à la compréhension des peuples et des paysages rencontrés. Riche d’expériences vécues, ce carnet ne nous montre pas seulement le charme des populations ou la splendeur des monuments. Il nous expose aussi d’autres réalités, parfois plus sombres, de ces pays. Ainsi, l’auteur nous fait suivre le travail des équipes de démineurs au Cambodge ou bien nous fait découvrir le dernier bastion des Khmers rouges et leur tragique héritage.

ASIA-Tokyo

Extrait d’Au fil Du Mékong.

Arnaud d’Aunay, Au fil du Mékong. De Saigon à Angkor, Gallimard, 93 pages, 27 €.