Abréviations utilisées - riziv.be filerisico op morbiditeit na het uitvoeren van een gastric...
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FONDS DES ACCIDENTS MEDICAUX AVIS 2017 | 21
Abréviations utilisées
MOZA Accident Médical Sans Responsabilité
MOZA > Critères de gravité
Accident Médical Sans Responsabilité Critère de gravité atteint
MOZA < Critères de gravité
Accident Médical Sans Responsabilité Critère de gravité non atteint
RC Responsabilité Civile
RC > Critères de gravité Responsabilité Critère de gravité atteint
RC < Critères de gravité Responsabilité Critère de gravité non atteint
Résumé de l’avis
Décision Résumé et mots clefs
Pas RC
Pas MOZA
> Critères de gravité
Une patiente consulte en chirurgie bariatrique pour obésité morbide évoluant depuis une dizaine d’année. Une intervention de type by pass gastrique par laparoscopie est proposée et réalisée par le chirurgien. Dans les suites opératoires, la patiente développera une fistule d’origine ischémique du montage chirurgicale et décédera d’un choc septique. Le Fonds retient une indication conforme aux règles de l’art, aucun manquement dans la prise en charge de la patiente et l’absence de dommage anormal. En effet, la survenue d’une fistule ischémique anastomotique est un risque connu des chirurgies de by pass gastrique qui, malgré les mesures de précaution appliquées, même prises à leur niveau le plus élevé, peut se réaliser en l’état actuel de la science. En outre le risque de morbidité suite à une intervention de by-pass gastrique n’est pas négligeable (1,2%) et pouvait se produire compte tenu de l’état de la patiente et de son évolution objectivement prévisible.
chirurgie bariatrique - bypass gastrique – mise en place d’une sonde gastrique pour dilatation de l’anse digestive – liquide d’allure biliaire extrait du drain fistule – anastomotique d’origine ischémique du montage chirurgical – ré intervention – choc septique – décès
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Gebruikte afkortingen
MOZA Medisch Ongeval Zonder Aansprakelijkheid
MOZA > ernst Medisch Ongeval Zonder Aansprakelijkheid die de ernstgraad overstijgt
MOZA < ernst Medisch Ongeval Zonder Aansprakelijkheid beneden de ernstgraad
BA Aansprakelijkheid
BA > ernst Aansprakelijkheid die de ernstgraad overstijgt
BA < ernst Aansprakelijkheid beneden de ernstgraad
Samenvatting van het advies
Beslissing
Samenvatting en sleutelwoorden
Geen BA
Geen MOZA
> Criteria van ernst
Een patiënte raadpleegt een arts-specialist in de bariatrische heelkunde voor morbide obesitas die sinds een tiental jaar evolueert. De chirurg stelt een ingreep van het type gastric bypass via laparoscopie voor en voert die uit. Als gevolg van de operatie ontwikkelt de patiënte een fistel van ischemische oorsprong en zal ze overlijden aan septische shock. Het Fonds oordeelt dat alles volgens de regels van de kunst is uitgevoerd, dat er bij de behandeling van de patiënte geen sprake is van tekortkomingen en dat er geen abnormale schade is berokkend. Het optreden van een anastomotische ischemische fistel is een bekend risico bij het plaatsen van een gastric bypass, die ondanks de toegepaste voorzorgsmaatregelen, zelfs als ze op hun hoogste niveau zijn genomen, in de huidige stand van de wetenschap kan ontstaan. Bovendien is het risico op morbiditeit na het uitvoeren van een gastric bypass niet te verwaarlozen (1,2%) en kon het zich voordoen, rekening houdende met de toestand van de patiënte en van haar objectief te voorspellen evolutie.
bariatrische heelkunde - gastric bypass - plaatsing van een maagsonde voor de dilatatie van het spijsverteringskanaal - vocht dat er uitziet als gal uit de fisteldrainage - anastomotisch van ischemische oorsprong als gevolg van de operatie - heringreep - septische shock - overlijden
FONDS DES ACCIDENTS MEDICAUX AVIS 2017 | 21
Avis du Fonds des accidents médicaux rendu en vertu de
l’article 21 de la loi du 31 mars 2010 relative à l’indemnisation
des dommages résultant de soins de santé
Vu la demande d’avis introduite le 6 septembre 2012 par Monsieur Y, né le …, époux
de feue Madame X, née … 1972 et décédée le … 2011 ;
Vu l’accusé de réception envoyé le 26 octobre 2012, conformément à l’article, 15
alinéa 1er, de la loi du 31 mars 2010 relative à l’indemnisation des dommages résultant de
soins de santé (ci-après, la loi) ;
Vu le dossier médical interne constitué des pièces communiquées à l’appui de la
demande d’avis et de celles obtenues à l’initiative du Fonds des accidents médicaux (ci-
après, le Fonds) ;
Vu le rapport d’expertise contradictoire rendu le 24 avril 2014 par le Docteur Q1 à la
demande du Fonds, en exécution de l’article 17, § 2, de la loi ;
Vu le rapport d’expertise collégiale rendu le 26 janvier 2017 par les Professeurs Q2,
Q3 et Q4 à la demande du Fonds, en exécution de l’article 17, § 2, de la loi.
Demandeur : Monsieur Y Médecin conseil : …
Prestataires de soins concernés : Docteur A Hôpital K Assureur en responsabilité civile : … Médecin conseil : … Avocat :
FONDS DES ACCIDENTS MEDICAUX AVIS 2017 | 21
...
I. FAITS
Le 24 octobre 2011, Madame X, née le 5 juin 1972, consulte pour la première fois le
Docteur A, chirurgien à l’Hôpital K, pour un avis concernant une chirurgie pour traiter une
obésité morbide évoluant depuis une dizaine d’années.
Le 6 décembre 2011, il est noté l’absence d’anomalies significatives au vu de la
radiographie du thorax et de l’abdomen à blanc, de l’échographie abdominale et de l’étude
du transit œsophage-estomac-duodénum.
Le 2 janvier 2012, il est noté l’absence d’anomalies significatives et de contre-
indications à la narcose et à l’intervention chirurgicale au vu de la consultation en
cardiologie. Le 23 janvier 2012, il est noté l’absence de contre-indication psychiatrique au
traitement chirurgical de l’obésité.
Le 13 mars 2012, le Docteur A réalise une intervention chirurgicale de type bypass
gastrique par laparoscopie sous anesthésie générale. Les soins post-opératoires prévoient,
outre les perfusions habituelles, des anti-inflammatoires, des antalgiques, de la
somatostatine et du Pantomed®. La pose d’un drain est également effectuée.
Le 15 mars 2012, l’évolution de la patiente est jugée favorable.
Le 16 mars 2012, un contrôle de la suture proximale est réalisé par examen
radiologique, lequel ne montre aucune fuite au niveau de l’anastomose mais toutefois une
dilatation de l’anse digestive. Un scanner abdominal réalisé dans la foulée confirme cette
situation. Il est dès lors procédé à la mise en place d’une sonde gastrique et à la poursuite
de l’administration de somatostatine et de Pantozol®.
Le 17 mars 2012, lors du tour de salle de l’associé du Docteur A, celui-ci constate
que la patiente a ôté sa sonde gastrique, qui n’a ramené que 200 millilitres, et que son
abdomen est souple. La patiente est autorisée à reprendre de l’eau par la bouche, à raison
d’un à deux verres par jour. Le dossier infirmier fait néanmoins état de crampes
abdominales, d’une mobilité de la patiente réduite, de nausées, de l’utilisation de canules
nasale pour l’apport d’oxygène et de la présence d’une sonde vésicale.
Le 18 mars 2012, le Docteur A consulte la patiente à la suite d’un appel du corps
infirmier en raison d’une émission de liquide d’allure biliaire par le drain. Celui-ci suspecte
une fistule digestive, ce qui l’amène à réaliser le jour même une nouvelle intervention
chirurgicale consistant en une laparotomie exploratrice. Cette dernière met alors en
évidence d’une part une dilatation de l’anse digestive et d’autre part une perforation d’origine
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ischémique à la partie déclive et latérale droite de la petite poche gastrique du montage
chirurgical. Cette perforation fait l’objet d’une résection avec un nouvel agrafage de la zone
nécrosée. En parallèle, est également réalisée une anastomose entre l’anse commune et
l’anse afférente, dans le but de décomprimer cette dernière.
On note également, lors de la décision d’une nouvelle intervention, l’existence d’un
tableau abdominal aigu, lequel est également décrit comme un état de choc septique
lorsque la patiente est prise en charge après l’intervention.
L’évolution de la patiente en soins intensifs est défavorable. Malgré une brève
amélioration à la suite de l’administration d’un support ventilatoire, l’administration
d’antibiotiques à large spectre et la mise en œuvre d’un coma artificiel, l’évolution se fait
vers un tableau de défaillance multi-systémique.
Le 11 avril 2012, une nouvelle laparotomie exploratrice est réalisée devant l’évolution
extrêmement défavorable de la patiente. Ni celle-ci, ni les examens complémentaires
réalisés au cours de cette période ne permettre de mettre en évidence de complication
ultérieure au niveau du montage chirurgicale.
Le 12 avril 2012, la patiente décède.
II. CADRE LEGAL DE LA DEMANDE
Dans un délai indicatif de six mois à compter de la réception de la demande, le
Fonds indique, dans un avis motivé, s’il estime que le dommage résultant de soins de santé
trouve l’une de ses causes dans la responsabilité d’un ou de plusieurs prestataires de soins,
ou dans un accident médical sans responsabilité, ou encore qu’il ne relève d’aucune de ces
catégories1.
Au terme de l’article 4 de la loi du 31 mars 2010, le Fonds indemnise la victime ou
ses ayants droit dans quatre cas :
o un accident médical sans responsabilité à condition que le dommage soit suffisamment
grave2 ;
o un prestataire de soins est responsable mais sa responsabilité n’est pas ou pas suffisamment
assurée3 ;
1 Art. 21, al. 1er, Loi du 31 mars 2010 relative à l’indemnisation des dommages résultant de soins de santé. 2 Art. 4, 1°, Loi du 31 mars 2010 relative à l’indemnisation des dommages résultant de soins de santé. 3 Art. 4, 2°, Loi du 31 mars 2010 relative à l’indemnisation des dommages résultant de soins de santé.
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o un prestataire de soins est responsable, mais celui-ci ou son assureur conteste sa
responsabilité ou ne fait pas d’offre d’indemnisation. Le dommage doit en outre être
suffisamment grave 4 ;
o l’assureur du prestataire responsable a fait une offre d’indemnisation que le Fonds juge
manifestement insuffisante5.
III. ÉVALUATION DE LA DEMANDE
III.1. Éléments constitutifs du dossier médical interne :
L’avis du Fonds est rendu au regard des éléments constitutifs du dossier médical
interne. Celui-ci comprend les faits exposés dans le formulaire de demande ainsi que les
pièces médicales fournies par la demanderesse ou obtenues par le Fonds conformément à
l’article 15 de la loi du 31 mars 2010.
Le rapport d’expertise contradictoire rendu le 24 avril 2014 par le Docteur Q1, en
qualité d’expert, ainsi que le rapport d’expertise collégiale rendu le 15 novembre 2016 par les
Professeurs Q2, Q3 et Q4 font également partie du dossier médical interne.
III.2. La recevabilité de la demande
Eu égard aux éléments constitutifs du dossier, le Fonds estime qu’en ce qui
concerne sa compétence territoriale, matérielle, temporelle et la qualité du demandeur, la
demande est recevable.
III.3. Question médicale soumise au FAM
Madame X a subi le 13 mars 2012 une intervention chirurgicale de type bypass
gastrique par laparoscopie sous anesthésie générale. L’intervention a été réalisée à l’Hôpital
K par le Docteur A.
Aux termes de sa demande et de ses déclarations qui ont suivi, Monsieur Y souhaite
au premier chef obtenir des informations quant aux circonstances du décès de la patiente,
son épouse.
Monsieur Y se plaint également d’une négligence dans le chef du Docteur A en ce
qui concerne le contrôle et le suivi de l’intervention ainsi que d’une réaction tardive alors que
4 Art. 4, 3°, Loi du 31 mars 2010 relative à l’indemnisation des dommages résultant de soins de santé. 5 Art. 4, 4°, Loi du 31 mars 2010 relative à l’indemnisation des dommages résultant de soins de santé.
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la patiente souffrait d’une péritonite et qu’elle était, de manière générale, dans un état
critique.
Le présent avis a pour objectif d’analyser si la mise au point diagnostique et les
traitements médicaux et chirurgicaux appliqués ont été réalisés conformément aux règles de
l’art.
Le présent avis a également pour objectif d’examiner si, à défaut de responsabilité, le
dommage allégué par Monsieur Y trouve ou non sa cause dans un accident médical sans
responsabilité au sens de la loi du 31 mars 2010.
III.4. Analyse médico-juridique
Afin d’analyser la question médicale qui lui est soumise, le Fonds des accidents
médicaux peut faire appel à des praticiens professionnels spécialisés ou organiser une
expertise contradictoire s’il y’a des indices sérieux que le dommage atteint le seuil de gravité
visé à l’article 5 de la loi du 31 mars 20106.
L’article 5 précité dispose que le dommage est suffisamment grave lorsqu’une des
conditions suivantes est remplie :
1° le patient subit une invalidité permanente d’un taux égal ou supérieur à 25% ;
2° le patient subit une incapacité temporaire de travail au moins durant six mois
consécutifs ou six mois non consécutifs sur une période de douze mois ;
3° le dommage occasionne des troubles particulièrement graves, y compris d’ordre
économique, dans les conditions d’existence du patient ;
4° le patient est décédé.
Dans le cas d’espèce, les pièces médicales du dossier ont été analysées par le
Fonds qui a décidé d’organiser une expertise contradictoire conformément à l’article 17 §2
de la loi. Le Docteur Q1, chirurgien spécialiste en médecine d’expertise, a été désigné le
28/08/2013 afin de diligenter cette expertise.
Suite à la remise du rapport définitif du Docteur Q1 le 24/04/2014, le Fonds a estimé
qu’il ne pouvait pas rendre un avis éclairé quant aux causes, aux circonstances et aux
conséquences du dommage résultant de soins de santé ayant fait l’objet de la demande
d’avis. Le Fonds a également relevé que plusieurs prestataires devaient être impliqués aux
travaux d’expertise.
6 Art. 17, § 2, Loi du 31 mars 2010 relative à l’indemnisation des dommages résultant de soins de santé.
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Compte tenu de ce qui précède, le Fonds a décidé d’organiser une expertise
contradictoire collégiale composée des Professeur Q2 (Président du collège), Professeur Q3
(spécialiste en chirurgie digestive) et le Professeur Q4 (intensiviste). Le collège a rendu son
rapport le 26 janvier 2017.
III.4.1. Quant à la responsabilité civile
Avant toute chose, le Fonds examinera si le dommage résulte d'un fait engageant la
responsabilité civile du prestataire de soins tel que décrit dans la loi. À cette fin, le Fonds
applique les principes généraux du droit de la responsabilité civile, tenant compte aussi bien
d'une éventuelle responsabilité contractuelle, que d’une responsabilité extracontractuelle.
Notre droit consacre en principe un système de responsabilité à base de faute.
Pour conclure que la responsabilité civile du prestataire de soins est établie, il faut,
en d’autres mots, démontrer que les conditions suivantes sont cumulativement réunies :
- il doit être question d’un dommage subi ;
- il doit être question d'une faute de la part du prestataire de soins considéré comme
responsable (concernant les obligations de résultat, il suffit de prouver que le résultat
promis n'a pas été atteint) ;
- il doit exister un lien causal entre la faute commise ou un résultat non atteint et le
dommage. En d'autres termes, le prestataire de soins ne peut être tenu pour
responsable que si la faute est à l'origine du dommage subi par le patient ou, en cas
d'obligation de résultat, si le fait de ne pas avoir atteint le résultat promis a causé le
dommage subi par le patient.
Ces trois conditions seront examinées ci-après afin de vérifier si, dans le présent
dossier, le dommage a été causé par un fait engageant la responsabilité du prestataire de
soins.
Ensuite, dans l’hypothèse où le Fonds considère qu’une faute peut être imputée à un
ou plusieurs prestataires de soins, il conviendra d’examiner si cette faute est ou non en lien
causal avec le dommage allégué.
III.4.1.1. Quant à la faute
III.4.1.1.1. Notion
La faute procède de l’adoption d’un comportement par action ou par omission qui
s’écarte du standard requis. Le critère utilisé pour fixer ce comportement standard qui
servira de point de comparaison avec le comportement concrètement adopté dans un cas
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d’espèce est celui du bon père de famille placé dans des circonstances de temps et de lieu
similaires. Appliqué en matière de responsabilité médicale, cela signifie que le
comportement contesté d’un médecin doit ainsi être comparé à celui d’un médecin
normalement prudent et diligent « de la même "catégorie" et placé dans les mêmes
circonstances objectives de temps et de lieu »7.
Il est ainsi communément admis par la jurisprudence que le comportement du
médecin doit s’apprécier, comme en droit commun, par rapport à celui qu’aurait eu, dans
semblables circonstances, tout praticien de même niveau et de même spécialité,
normalement prudent et diligent8.
Eu égard à ce qui précède, il convient de vérifier en l’espèce si la prise en charge de
Madame X était adéquate et conforme aux bonnes pratiques de la médecine et si, dans
l’exécution de celle-ci, les prestataires de soins ont bien agi comme l’auraient fait des
dispensateurs de soins de la même spécialité normalement prudents et diligents placés
dans des circonstances identiques.
III.4.1.1.2. Application au cas d’espèce
III.4.1.1.2.1 Quant à l’indication et à l’information préalable
Le 24 octobre 2011, Madame X consulte le Docteur A en vue d’obtenir un avis de sa
part à propos d’une chirurgie visant à traiter une obésité évoluant depuis une dizaine
d’années. L’indice de masse corporelle était à ce moment à 41, résultat d’un poids de 105
kilos pour une taille de 1 mètre 60.
Le 13 janvier 2012, une consultation chez une diététicienne est effectuée et cette
dernière réalise une anamnèse alimentaire, concluant à une consommation essentiellement
axée sur les sucres et les graisses.
Le 19 janvier 2012, une consultation d’endocrinologie confirme le diagnostic d’
obésité morbide.
Concernant l’indication opératoire, le Fonds se rallie aux conclusions du Docteur Q1
selon lequel « l’indication opératoire initiale a été posée convenablement, chez une patiente
en état d’obésité morbide de longue date, avec un profil alimentaire orienté vers les sucres
et les graisses, ce qui indiquait effectivement la proposition d’un bypass gastrique plutôt que
d’une gastroplastie9 ».
7 G. GENICOT, Droit médical et biomédical, 2e éd., Bruxelles, Larcier, 2016, p. 391. 8 Voy. Anvers, 14 février 2011, Rev. dr. santé, 2011-2012, p. 356 ; Liège, 23 décembre 1997, R.G.A.R., 1999,
n° 13.168 ; Mons, 29 septembre 1986, R.G.A.R., 1987, n° 11.282 9 Rapport d’expertise médicale du Docteur Q1du 24 avril 2014, p. 6.
FONDS DES ACCIDENTS MEDICAUX AVIS 2017 | 21
Dans son rapport , le Professeur Q3, spécialiste en chirurgie digestive, conclut dans
le même sens : « Le bypass gastrique est le choix classique chez une sweet eater », c’est-
à-dire une personne dont l’alimentation est tournée vers les sucres10.
Le bypass gastrique reste une des procédures de la chirurgie bariatrique les plus
fréquentes11 et qui a démontré maintes fois sa supériorité par rapport aux procédures
purement restrictives dans la perte de poids à long terme12. La perte de poids que l’on peut
espérer à la suite de ce type d’intervention est d’approximativement 70% après deux ans13.
S’agissant de l’information communiquée à la patiente, le Fonds se rallie également
aux constatations du Docteur Q1 selon lequel « la patiente a été correctement informée des
procédures et a disposé d’un temps de réflexion suffisant avant que l’intervention ne soit
pratiquée14 ». Le Professeur Q3 corrobore cette affirmation et précise que « les modalités,
avantages et inconvénients [ont été] détaillés dans une brochure spécifique » et qu’« un
délai de réflexion [a été] respecté »15.
III.4.1.1.2.2. Quant à la technique chirurgicale et au suivi post-opératoire
L’intervention chirurgicale par bypass gastrique nécessite de créer une petite poche
gastrique proximale, inférieure à 30 millilitres, divisée et séparée de la partie distale de
l’estomac qui est anastomosée à une anse de roux d’intestin grêle de 75 à 150 centimètres
de long16. La petite poche gastrique et l’anastomose étroite à l’anse de Roux contribuent à
10 Rapport d’expertise collégiale des Professeurs Q2, Q3 et Q4 du 15 novembre 2017, Annexe 1, p 1. 11 PubMed, Bariatric surgery: a review of procedures and outcomes. Elder KA, Wolfe BM ;Gastroenterology.
2007;132(6):2253. Department of Surgery, Oregon Health&Science University, Portland, Oregon 97239, USA. PMID 17498516 ; PubMed, Bariatric surgery trends: an 18-year report from the International Bariatric Surgery
Registry. Samuel I, Mason EE, Renquist KE, Huang YH, Zimmerman MB, Jamal M; Am J Surg.
2006;192(5):657. Department of Surgery, The Roy J. and Lucille A. Carver College of Medicine, University of
Iowa, Iowa City, IA 52242-1086, USA. PMID 17071202 ; ASMBS. The Story of Surgery for Obesity. Brief
History and Summary of Bariatric Surgery. Chapter 3: Gastric Bypass. Available online at:
www.asbs.org/html/patients/bypass.html (Accessed on April 1, 2009) ; Austrheim-Smith I, Brethauer S, Rogula
T, Wolfe B. Evolution of bariatric minimally invasive surgery. In: Schauer P, Schirmer B, Brethauer S, eds.
Minimally invasive bariatric surgery. 2007:17 ; PubMed Metabolic/bariatric surgery worldwide 2011.Buchwald
H, Oien DM; Obes Surg. 2013 Apr;23(4):427-36. Department of Surgery, University of Minnesota, 420
Delaware Street SE, MMC 290, Minneapolis, MN 55455, USA. [email protected] PMID 23338049. 12 PubMed, A randomized prospective trial of gastric bypass versus vertical banded gastroplasty for morbid obesity and their effects on sweets versus non-sweets eaters. Sugerman HJ, Starkey JV, Birkenhauer R; Ann
Surg. 1987;205(6):613. PMID 3296971. 13 PubMed, Analysis of obesity-related outcomes and bariatric failure rates with the duodenal switch vs gastric
bypass for morbid obesity. Nelson DW, Blair KS, Martin MJ; Arch Surg. 2012. 14
Rapport d’expertise médicale du Docteur Larry Q1du 24 avril 2014, p. 6. 15 Rapport d’expertise collégiale des Professeurs Philippe Q2, Roger Q3 et Q4 du 15 novembre 2017, Annexe
1, p 1. 16 PubMed, Bariatric surgery: a review of procedures and outcomes. Elder KA, Wolfe BM ;Gastroenterology.
2007;132(6):2253. Department of Surgery, Oregon Health&Science University, Portland, Oregon 97239, USA.
PMID 17498516 ; PubMed, Bariatric surgery trends: an 18-year report from the International Bariatric Surgery
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réduire la prise de calories alors que la plus grande part de la digestion et de l’absorption
des nutriments se fait dans le canal commun où se déversent l’acidité gastrique, la pepsine,
le facteur intrinsèque et les enzymes pancréatiques. L’intestin grêle est divisé à une distance
de 30 à 50 centimètres distalement par rapport au ligament de Treitz. En divisant l’intestin, le
chirurgien créé une branche bilio-pancréatique proximale qui transporte les sécrétions
venant du foie et du pancréas. L’anse de Roux est anastomosée avec la petite poche
gastrique nouvellement créée et a comme fonction de drainer les nutriments. Les parties
coupées de la branche bilio-pancréatique et de l’anse en Roux sont connectés ensuite entre
75 et 150 centimètres distalement par rapport à la gastro-jéjunostomie.
S’agissant de la technique chirurgicale, le Fonds adhère aux conclusions du Docteur
Q1 selon lequel « l’intervention chirurgicale en tant que telle a été réalisée d’une manière [...]
conforme aux règles de l’art en vigueur au moment des faits17 ». Le Professeur Q3, ne
relève également aucun manquement quant à la réalisation de l’intervention chirurgicale et
la prise en charge postopératoire de la patiente.
L’utilisation ou non d’une sonde nasogastrique
On ne recommande pas l’utilisation prophylactique de sonde nasogastrique pour
décompression gastrique après la chirurgie abdominale ou gastro-intestinale. Quand la pose
de la sonde nasogastrique est faite de manière sélective, on constate que seulement 10%
des patients en période post-opératoire ont besoin d’une telle sonde. Si le patient développe
un iléus postopératoire prolongé après une chirurgie abdominale ou gastro intestinale, alors
seulement la pose d’une sonde nasogastrique est indiquée.
De nombreuses séries ont démontré le manque de bénéfice d’une telle utilisation
prophylactique de la sonde nasogastrique en post opératoire18. La prise en charge de la
Registry. Samuel I, Mason EE, Renquist KE, Huang YH, Zimmerman MB, Jamal M; Am J Surg.
2006;192(5):657. Department of Surgery, The Roy J. and Lucille A. Carver College of Medicine, University of
Iowa, Iowa City, IA 52242-1086, USA. PMID 17071202 ; ASMBS. The Story of Surgery for Obesity. Brief
History and Summary of Bariatric Surgery. Chapter 3: Gastric Bypass. Available online at:
www.asbs.org/html/patients/bypass.html (Accessed on April 1, 2009). no abstract available. 17 Rapport d’expertise médicale du Docteur Q1du 24 avril 2014, p. 6. 18 PubMed, Routine nasogastric tubes are not required following cystectomy with urinary diversion: a
comparative analysis of 430 patients. Inman BA, Harel F, Tiguert R, Lacombe L, Fradet Y; J Urol. 2003;170(5):1888. Department of Surgery, Laval University, Quebec City, Quebec, Canada G1R 2J6. PMID
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surgery affect the incidence of incisional hernia? Results of a prospective, randomized trial. Otchy DP, Wolff
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esophagectomy. Daryaei P, Vaghef Davari F, Mir M, Harirchi I, Salmasian H; World J Surg. 2009;33(4):773.
Cancer Institute, Imam Khomeini Hospital, and Students' Scientific Research Center, Tehran University of
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nausée et des vomissements est devenue plus efficace avec des agents antiémétiques qui
ne causent ni somnolence ni détresse respiratoire. Dès lors, l’option consistant à laisser une
sonde nasogastrique en place en période post-opératoire doit être considérée seulement
dans des cas où l’on suspecte un replacement difficile de la sonde (les patients avec hernie
hiatale, avec des antécédents de chirurgie bariatrique ou encore les patients qui seraient
incapables de coopérer en période post opératoire).
La nécessité d’une décompression gastro-intestinale à la suite d’une obstruction
d’intestin grêle peut varier d’un patient à l’autre et reste une matière de jugement clinique.
Pour des patients avec une obstruction mécanique associée à une distension significative,
des nausées et des vomissements, il est recommandé de recourir à une décompression par
sonde nasogastrique19.
Enfin, l’on relèvera qu’une confirmation par radiographie du bon positionnement de la
sonde nasogastrique de décompression – sonde de type Salem – n’est pas nécessaire si le
patient n’a aucune plainte respiratoire. La confirmation clinique de ce bon positionnement
est réalisée en pratique par l’injection et l’aspiration d’une certaine quantité d’eau via la
sonde. Schématiquement, l’on considère que si 70% de l’eau injectée est ensuite aspirée, le
tube est bien en place20.
En l’espèce, ainsi qu’il ressort des documents transmis et du rapport du Professeur
Q3, la patiente n’avait pas de sonde nasogastrique en période post-opératoire immédiate. Il
ne s’agit en aucun cas d’un manquement aux règles de l’art. La mise en place d’une telle
sonde n’était indiquée qu’au troisième jour post-opératoire, soit le 16 mars 2012 et suite à la
mise en évidence d’une dilatation marquée de l’anse grêle. La sonde a été placée au lit de
la patiente, éveillée, selon la technique en vigueur dans les hôpitaux belges, laquelle ne
diffère pas des recommandations littéraires internationales fiables. S’agissant d’une sonde
Medical Sciences, Tehran, Iran. PMID 19219495 ; PubMed, The role of nasogastric tube in decompression after
elective colon and rectum surgery: a meta-analysis. Rao W, Zhang X, Zhang J, Yan R, Hu Z, Wang Q; Int J
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FONDS DES ACCIDENTS MEDICAUX AVIS 2017 | 21
de décompression de type Salem, il n’était ni habituel ni obligatoire de confirmer le bon
positionnement de la sonde par radiographies, le test étant l’injection et l’aspiration d’une
certaine quantité d’eau via la sonde.
Il découle de ce qui précède qu’aucun manquement ne peut être retenu dans le chef
des prestataires de soins en cause concernant la mise en place de la sonde nasogastrique.
Le suivi lors d’une fistule sur l’anastomose
La fistule sur l’anastomose est la complication la plus redoutable de la chirurgie
bariatrique mais aussi une des complications les plus difficile à traiter21. En moyenne, le
risque de survenance d’une fistule oscille entre 0,8 et 6%22.
21 PubMed, Laparoscopic versus open gastric bypass: a randomized study of outcomes, quality of life, and costs.
Nguyen NT, Goldman C, Rosenquist CJ, Arango A, Cole CJ, Lee SJ, Wolfe BM; Ann Surg. 2001;234(3):279.
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FONDS DES ACCIDENTS MEDICAUX AVIS 2017 | 21
Il n’est par ailleurs aucunement démontré que l’utilisation d’une sonde nasogastrique
aurait un rôle dans la survenance d’une fistule. La fistule a en effet une cause de nature
ischémique – fragilisation des tissus à la suite d’une ischémie créée par l’agrafage – et non
une cause mécanique comme pourrait l’être l’utilisation d’une sonde gastrique.
Beaucoup de techniques opératoires ont été utilisées pour tenter de diminuer
l’incidence des fistules, comme recoudre par-dessus la ligne d’agrafes, utiliser du matériel
de renfort ou encore utiliser des colles de fibrine. Il n’existe toutefois aucune preuve que ces
techniques diminuent effectivement l’incidence de la survenue des fistules après une
chirurgie de type bypass gastrique23.
Mun EC, Critchlow JF, Jones DB; J Laparoendosc Adv Surg Tech A. 2003;13(4):247. ADDivision of Surgery,
Beth Israel Deaconess Medical Center, Boston, Massachussets 02215, USA. PMID 14561253. 22 PubMed, Analysis of obesity-related outcomes and bariatric failure rates with the duodenal switch vs gastric
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PMID 12643855.
FONDS DES ACCIDENTS MEDICAUX AVIS 2017 | 21
Le test au bleu de méthylène ou l’endoscopie peropératoire peuvent être réalisés
pendant l’intervention de bypass gastrique. En ce qui concerne le test au bleu de méthylène,
il s’agit d’injecter ce dernier dans une solution saline via la sonde nasogastrique après avoir
clampé l’intestin distalement par rapport aux sutures gastro-jéjunales. La fistule est alors
détectée par la présence du bleu de méthylène autour des agrafes. Alternativement, la
poche gastrique peut être évaluée sous visualisation directe avec un endoscope. Dans une
telle hypothèse, la gastro-jéjunostomie est immergée dans une solution saline et l’anse de
Roux est clampée. L’endoscope est ensuite utilisé pour insuffler de l’air dans la poche
gastrique. La présence des bulles d’air dans la solution saline autour de la poche gastrique
pendant l’insufflation indique alors la présence d’une possible fistule. Toutefois, comme le
précise le Professeur Q3, « rien aujourd’hui dans la littérature scientifique médicale n’établit
qu’un test peropératoire est requis, encore moins que sa non-réalisation est une faute24 ».
Après l’intervention, la plupart des fuites anastomotiques surviennent précocement,
endéans la première semaine post-chirurgicale. Les signes de fuite anastomotique peuvent
cependant être subtils et consister par exemple en un état subfébrile, en des problèmes
respiratoires et/ou en une tachycardie. Il s’agit toutefois également de signes d’embolie
pulmonaire. En tout état de cause, comme le rappelle le Professeur Q3, « une fuite
anastomotique ne résulte [...] pas de facto d’une maladresse chirurgicale et ne constitue pas
de principe une faute médicale25 ».
La fuite peut être diagnostiquée par un transit oeso-gastro-duodénal (OED) ou par
une scanographie. Plusieurs études chez les patients au Jour 1 post-chirurgical ont
démontré un taux de fuite de 3%26. L’indication de la réalisation ou non d’un transit oeso-
gastro-duodénal (OED) en routine ou pas reste controversée27. De façon routinière, la
littérature médicale préconise de performer un transit oeso-gastro-duodénal (OED) chez
24 Rapport d’expertise collégiale des Professeurs Q2, Q3 et Q4 du 15 novembre 2017, Annexe 1, p 8. 25 Idem. 26 PubMed, Predictive value of upper gastrointestinal studies versus clinical signs for gastrointestinal leaks after
laparoscopic gastric bypass. Madan AK, Stoecklein HH, Ternovits CA, Tichansky DS, Phillips JC ; Surg
Endosc. 2007;21(2):194. Department of Surgery, University of Tennessee Health Science Center, 956 Court
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Surgery and Radiology, Stanford School of Medicine, Stanford, CA 94305, USA. PMID 17546837. 27 PubMed, Routine upper gastrointestinal Gastrografin swallow after laparoscopic Roux-en-Y gastric bypass. Sims TL, Mullican MA, Hamilton EC, Provost DA, Jones DB ; Obes Surg. 2003;13(1):66. Southwestern
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Kadell B, Mehran A, Dutson E ; Surg Obes Relat Dis. 2008;4(2):122. Section for Minimally Invasive and
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Medicine, Los Angeles, California 90095-6904, USA. PMID 18065294.
FONDS DES ACCIDENTS MEDICAUX AVIS 2017 | 21
tous les patients au Jour 1 post-opératoire. Dans la rare éventualité où une fistule est
diagnostiquée, il est alors possible de la prendre en charge sans aucun délai. Il est en tout
état de cause évident et prouvé que la vaste majorité des fistules survenant sur la ligne
d’agrafes ne sont pas diagnostiquée sur les transits oeso-gastro-duodénal (OED) de routine
car elles se manifestent cliniquement aux alentours des Jours 10 à 14 post-chirurgicaux,
souvent alors que le patient est déjà retourné à domicile28.
Si une fistule est suspectée cliniquement, une exploration chirurgicale doit être
réalisée, même si l’imagerie est négative, compte tenu de la progression rapide des patients
obèses avec comorbidités vers le sepsis29.
Une exploration qui ne révèle aucune fistule ne doit pas être considérée comme une
mauvaise décision mais plutôt comme une bonne décision posée par prudence. De
multiples études ont démontré qu’une nouvelle exploration est une attitude correcte en
comparaison avec une attitude attentiste et conservatrice dans le cas d’une suspicion de
fistule30.
En l’espèce, le 16 mars 2012, un contrôle de la suture proximale a été réalisé par
examen radiologique, lequel n’a montré aucune fuite au niveau de l’anastomose. Lorsque, le
18 mars 2012, le Docteur A a suspecté cliniquement la présence d’une fistule, la patiente a
été rapidement prise en charge et a bénéficié d’une suture directe et d’un drainage. Le
Fonds est d’avis qu’il n’y a pas eu de manquements à cet égard.
28 PubMed, The utility of radiological upper gastrointestinal series and clinical indicators in detecting leaks after
laparoscopic sleeve gastrectomy: a case-controlled study. Sethi M, Magrath M, Somoza E, Parikh M, Saunders
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NY 10032, USA. PMID 18407803.
FONDS DES ACCIDENTS MEDICAUX AVIS 2017 | 21
En outre, il ressort des éléments transmis que la fistule sur les lignes d’agrafes est
survenue sans aucun rapport avec la sonde gastrique, entre le troisième et le quatrième jour
post-opératoire.
Le suivi lors d’un choc septique ou d’une défaillance multi-organique
Le choc septique consiste en une sorte de choc vasodilatateur ou distributif avec un
sepsis qui s’accompagne d’anomalies circulatoires, cellulaires et métaboliques. Le risque de
mortalité est plus élevé que le sepsis seul31. Cliniquement, cela inclut les patients qui
correspondent aux critères de sepsis et qui, malgré une ressuscitation par fluides, ont
besoin de médicaments vasopresseurs pour maintenir leur tension artérielle supérieure ou
égale à 6,5 cmHg et qui ont un taux de lactates supérieur à 2 millimoles par litre. Les
patients qui correspondent à ces critères ont une plus grande mortalité que ceux qui n’y
correspondent pas (40% contre 10%).
Le cas de Madame X correspond à cette définition de choc septique péjoratif et de
mauvais pronostique dès le 18 mars 2012, rangeant la patiente dans la catégorie soumise à
un taux de mortalité supérieur à 40%. À cette date, on a noté également de manière assez
claire une dégradation nette tant clinique qu’au niveau des tests de laboratoire. À 14h19, les
lactates étaient ainsi à 7,7 millimoles par litre, ce qui est clairement un facteur péjoratif, et
l’on a observé du liquide sale et bilieux dans le drain abdominal. La réaction du Docteur A a
été immédiate. La patiente a bénéficié d’une laparotomie exploratrice à 15h00, laquelle a
confirmé une fistule, ainsi que, sur le même temps opératoire, d’une suture et d’un drainage.
En période post-opératoire, les signes de choc septique ont toutefois persistés car
même si les lactates ont continué à descendre pour arriver à 6,2 millimoles par litre à 17h43
(et atteignant 5,4 millimoles par litre vers 19h00), la tension artérielle de la patiente est
descendue à 8,9/4,6 cmHg vers 19h00 et n’a pas dépassé 10,1/5,2 cmHg jusqu’à 6h00 du
matin.
Le 19 mars 2012, à 20h42, malgré l’administration de trois poches de SSPP et
Levophed® à 5cc/heure, la patiente avait une créatinine augmentée à 1,24 milligramme par
décilitre et des tests hépatiques légèrement perturbés. Le diagnostic du sepsis sévère a
donc bien été posé et justifié.
Le 20 mars 2012, le taux de plaquettes de la patiente a diminué à 113.000 et a
continué de diminuer les jours suivants. Le CRP était à 49,96 milligrammes par décilitre, la
31 PubMed, The Third International Consensus Definitions for Sepsis and Septic Shock (Sepsis-3). Singer M,
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FONDS DES ACCIDENTS MEDICAUX AVIS 2017 | 21
créatinine avait augmenté à 2,82 milligrammes par décilitre et les tests de coagulation, de
même que les tests hépatiques, étaient perturbés. Il s’agit de signes d’aggravation avec
hypo-perfusion.
De manière générale, le traitement d’un choc septique suppose, d’une part, le
traitement de l’hypovolémie (1) et, d’autre part, le traitement antibiotique (2).
(1) Chez les patients en sepsis, l’hypovolémie est typique et peut être sévère. Cette situation
requiert une ressuscitation rapide par perfusions. Le volume optimal de perfusion est
néanmoins inconnu. Plusieurs études ont conclu qu’il fallait un volume total compris entre
trois et cinq litres32
. En l’espèce, le volume des fluides administré en six heures était ajusté
pour obtenir une tension artérielle et une perfusion tissulaire acceptables. Il existe par ailleurs
un consensus d’experts en ce qui concerne les patients en choc septique mais aussi des
patients malades critiques sans choc septique pour transfuser afin d’arriver à une
hémoglobine supérieure à 7 grammes par décilitre33
.
Dans le cas de Madame X, le traitement par ressuscitation du choc septique a été
correctement pris en charge selon les règles de l’art en vigueur.
(2) Chez les patients en sepsis, les études ont démontré qu’une administration précoce
d’antibiotiques appropriés a un impact bénéfique sur un sepsis d’origine bactérienne34
.
L’antibiothérapie intraveineuse doit être débutée endéans les six premières heures après le
prélèvement des cultures. Une initiation précoce d’antibiothérapie est de fait associée avec
une mortalité plus basse35
. Le choix des antibiotiques peut néanmoins être complexe et doit
32 PubMed, Early goal-directed therapy in the treatment of severe sepsis and septic shock. Rivers E, Nguyen B,
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tenir compte de l’historique médical du patient, des facteurs de comorbidité, du contexte
clinique, du gram et des schémas de résistance locale36
.Quand l’agent pathogène ou la
source d’infection n’est pas immédiatement à la portée, il faut favoriser une antibiothérapie à
large spectre couvrant à la fois les grams négatifs et les grams positifs37
. Il existe peu de
Brun-Buisson C, Beale R, Calandra T, Dhainaut JF, Gerlach H, Harvey M, Marini JJ, Marshall J, Ranieri M,
Ramsay G, Sevransky J, Thompson BT, Townsend S, Vender JS, Zimmerman JL, Q4 JL, International
Surviving Sepsis Campaign Guidelines Committee, American Association of Critical-Care Nurses, American
College of Chest Physicians, American College of Emergency Physicians, Canadian Critical Care Society,
European Society of Clinical Microbiology and Infectious Diseases, European Society of Intensive Care Medicine, European Respiratory Society, International Sepsis Forum, Japanese Association for Acute Medicine,
Japanese Society of Intensive Care Medicine, Society of Critical Care Medicine, Society of Hospital Medicine,
Surgical Infection Society, World Federation of Societies of Intensive and Critical Care Medicine ; Crit Care
Med. 2008;36(1):296. Cooper University Hospital, Camden, NJ, USA. [email protected]
PMID 18158437 ; PubMed, Impact of time to antibiotics on survival in patients with severe sepsis or septic
shock in whom early goal-directed therapy was initiated in the emergency department. Gaieski DF, Mikkelsen
ME, Band RA, Pines JM, Massone R, Furia FF, Shofer FS, Goyal M ; Crit Care Med. 2010;38(4):1045.
Department of Emergency Medicine, Division of Pulmonary, Allergy, and Critical Care, the Center for Clinical
Epidemiology and Biostatistics, University of Pennsylvania, Philadelphia, PA, USA. [email protected]
PMID 20048677. 36 PubMed, Surviving Sepsis Campaign: international guidelines for management of severe sepsis and septic
shock: 2008. Dellinger RP, Levy MM, Carlet JM, Bion J, Parker MM, Jaeschke R, Reinhart K, Angus DC, Brun-Buisson C, Beale R, Calandra T, Dhainaut JF, Gerlach H, Harvey M, Marini JJ, Marshall J, Ranieri M,
Ramsay G, Sevransky J, Thompson BT, Townsend S, Vender JS, Zimmerman JL, Q4 JL, International
Surviving Sepsis Campaign Guidelines Committee, American Association of Critical-Care Nurses, American
College of Chest Physicians, American College of Emergency Physicians, Canadian Critical Care Society,
European Society of Clinical Microbiology and Infectious Diseases, European Society of Intensive Care
Medicine, European Respiratory Society, International Sepsis Forum, Japanese Association for Acute Medicine,
Japanese Society of Intensive Care Medicine, Society of Critical Care Medicine, Society of Hospital Medicine,
Surgical Infection Society, World Federation of Societies of Intensive and Critical Care Medicine ; Crit Care
Med. 2008;36(1):296. Cooper University Hospital, Camden, NJ, USA. [email protected]
PMID 18158437 ; PubMed, Issues in the adjunct therapy of severe sepsis. Verhoef J, Hustinx WM, Frasa H,
Hoepelman AI ; J Antimicrob Chemother. 1996;38(2):167. Eijkman-Winkler Institute of Medical&Clinical Microbiology, University Hospital, Utrecht, The Netherlands. PMID 8877531 ; PubMed, Round table
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infections: a descriptive study. Savage RD, Fowler RA, Rishu AH, Bagshaw SM, Cook D, Dodek P, Hall R,
Kumar A, Lamontagne F, Lauzier F, Marshall J, Martin CM, McIntyre L, Muscedere J, Reynolds S, Stelfox HT,
Daneman N ; CMAJ Open. 2016 Oct-Dec;4(4):E569-E577. Dalla Lana School of Public Health (Savage),
University of Toronto; Sunnybrook Health Sciences Centre (Savage, Fowler, Rishu, Daneman), Toronto, Ont.;
Division of Critical Care Medicine (Fowler), Department of Medicine; Institute of Health Policy, Management
and Evaluation (Fowler, Daneman), University of Toronto, Toronto, Ont.; Division of Critical Care Medicine
(Bagshaw), Faculty of Medicine and Dentistry, University of Alberta, Edmonton, Alta.; Departments of Medicine and Clinical Epidemiology&Biostatistics (Cook), McMaster University, Hamilton, Ont.; Division of
Critical Care Medicine (Dodek, Reynolds), Department of Medicine, University of British Columbia; Center for
Health Evaluation and Outcome Sciences (Dodek), St. Paul's Hospital, Vancouver, BC; Department of Critical
Care Medicine (Hall), Faculty of Medicine, Dalhousie University; Nova Scotia Health Authority (Hall), Halifax,
NS; Section of Critical Care Medicine (Kumar), Department of Medicine; Departments of Medical
Microbiology and of Pharmacology and Therapeutics (Kumar), University of Manitoba, Winnipeg, Man.;
Centre de recherche du Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (Lamontagne), Sherbrooke, Que.; Service
de médecine interne (Lamontagne), Département de médecine, Universitéde Sherbrooke, Sherbrooke, Que.; Axe
Santédes populations et pratiques optimales en santé(Lauzier), Centre de recherche du Centre hospitalier
universitaire de Québec-UniversitéLaval, Québec, Que.; Départements de medicine et d'anesthésiologie et de
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guidelines en ce qui concerne la sélection initiale d’antibiothérapie probabiliste dans le cas de
sepsis sévère ou du choc septique. Le staphylococcus aureus (MRSA) est par exemple
associé à une morbidité significative s’il n’est pas traité de façon précoce38
. Lorsqu’il s’agit
d’une infection intra-abdominale nosocomiale et/ou post-opératoire, comme une péritonite, la
Société française d’anesthésie et de réanimation recommande l’utilisation empirique de la
pipéracilline/tazobactam couplée à de l’amikacine ou de l’imipénème couplé à de l’amikacine.
Il préconise d’ajouter le cas échéant de la vancomycine en cas de staphylococcus aureus
(MRSA).
En l’espèce, l’antibiothérapie probabiliste par pipéracilline/tazobactam couplée à de
l’amikacine a été administrée à Madame X dès la suspicion du sepsis le 18 mars 2012. La
patiente a cliniquement bien répondu à la pipéracilline/tazobactam avec une diminution
progressive de son syndrome infectieux entre le 18 et le 26 mars 2012, date à laquelle un pic
de fièvre et une augmentation de syndrome infectieux a abouti à un changement
d’antibiotiques et à l’instauration de l’imipénème. Il n’existait à ce moment-là aucune évidence
de staphylococcus aureus résistant à la méticilline (MRSA). L’antibiothérapie adminsitrée à
Madame X était conforme aux guidelines en vigueur.
Le staphylococcus aureus résistant à la méticilline (MRSA) est une cause de sepsis non
seulement chez les patients hospitalisés mais aussi chez des individus vivant en habitation
communautaire sans hospitalisation récente39
. Chez la patiente, le staphylococcus aureus
résistant à la méticilline (MRSA) a été activement recherché par des prélèvement
bactériologiques quasi journaliers en périodes d’aggravation des signes de sepsis,
spécifiquement les 13, 18, 21, 23, 24, 26 et 29 mars 2012, ainsi que les 6, 9 et 10 avril 2012.
Il a finalement été détecté le 13 avril 2012, soit le lendemain du décès de la patiente.
soins intensifs (Lauzier), UniversitéLaval, Québec, Que.; St. Michael's Hospital (Marshall), Toronto, Ont.; Department of Surgery (Marshall), University of Toronto, Toronto, Ont.; Department of Medicine (Martin),
Western University; Critical Care Medicine (Martin), Schulich School of Medicine&Dentistry, London Health
Sciences Centre, London, Ont.; Division of Critical Care (McIntyre), Department of Medicine, The Ottawa
Hospital, Ottawa, Ont.; Department of Medicine (Muscedere), Queen's University, Kingston, Ont.; Department
of Critical Care Medicine (Muscedere), Kingston General Hospital, Kingston, Ont.; Department of Critical Care
Medicine (Stelfox), University of Calgary, Calgary, Alta.; Division of Infectious Diseases (Daneman),
Department of Medicine, University of Toronto; Institute for Clinical Evaluative Sciences (Daneman), Toronto,
Ont. PMID 28018869. 38 PubMed Risk factors for ineffective therapy in patients with bloodstream infection. McDonald JR, Friedman
ND, Stout JE, Sexton DJ, Kaye KS; Arch Intern Med. 2005;165(3):308. Division of Infectious Diseases, Duke
University Medical Center, Durham, NC 27710, USA. [email protected] PMID 15710794. 39 PubMed, Necrotizing fasciitis caused by community-associated methicillin-resistant Staphylococcus aureus in
Los Angeles. Miller LG, Perdreau-Remington F, Rieg G, Mehdi S, Perlroth J, Bayer AS, Tang AW, Phung TO,
Spellberg B ; N Engl J Med. 2005;352(14):1445. Division of Infectious Diseases, Harbor-UCLA Medical
Center and the Los Angeles Biomedical Institute at Harbor-UCLA, Torrance, California, USA. PMID
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Hageman JC, Morrison M, Sanza LT, Como-Sabetti K, Jernigan JA, Harriman K, Harrison LH, Lynfield R,
Farley MM, Active Bacterial Core Surveillance Program of the Emerging Infections Program Network ; N Engl
J Med. 2005;352(14):1436. Division of Bacterial and Mycotic Diseases, National Center for Infectious
Diseases, Centers for Disease Control and Prevention, Atlanta, GA 30333, USA. [email protected] PMID
15814879
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Après la réception des résultats de culture des prélèvements et de l’antibiogramme, il est
recommandé d’ajuster le traitement pour cibler le germe mais aussi garder l’antibiothérapie
probabiliste. Plusieurs études cliniques ainsi que des méta-analyses n’ont pas pu démontrer
la supériorité en efficacité d’une combinaison d’antibiotiques par rapport à une monothérapie.
En outre, une méta-analyse a observé qu’une double couverture était associée à une
incidence augmentée d’effets secondaires. Pour cette raison, chez les patients infectés par
un gram négatif, il est recommandé d’utiliser un seul agent avec une efficacité prouvée et une
toxicité moindre, sauf chez les patients qui sont neutropénique ou dont le sepsis est dû à une
bactérie du genre pseudomonas, ce qui n’était pas le cas de la patiente.
Dans le cas de Madame X, un traitement antibiotique en monothérapie a été choisi. Cela
s’avère un choix judicieux et en accord avec les recommandations en vigueur, compte tenu
notamment de la présence d’une insuffisance rénale qui a obligé les prestataires de soins à
arrêter par période l’administration d’amikacine.
III.4.1.1.2.3. L’absence de faute dans la prise en charge de la patiente
In fine, le Fonds se rallie aux conclusions des Professeurs Q2, Q3 et Q4 dont l’analyse
« ne permet pas d’établir de manquements aux bonnes pratiques médicales de la part du
Docteur A ou des autres intervenants, sur le plan chirurgical ». Il en va de même pour le
suivi en soins intensifs où ceux-ci attestent qu’ils ne notent « pas d’erreur dans la prise en
charge de la patiente »40.
III.4.1.2. Quant au dommage et au lien causal
Dès lors qu’aucune faute ne pourrait être retenue à charge des prestataire de soins
mis en cause, leur responsabilité n’est de facto pas engagée et l’analyse du dommage et du
lien causal est sans objet.
III.4.2. Quant à l’accident médical sans responsabilité
III.4.2.1. Notions
La loi du 31 mars 2010 a instauré un nouveau droit subjectif qui permet dans
certaines conditions d’obtenir une indemnisation lorsqu’un patient est victime d’un accident médical ayant occasionné un dommage grave, sans que la responsabilité d’un prestataire de soins ne soit établie.
Dans la mesure où le Fonds n’a pas établi de responsabilité dans la présente affaire, il convient de vérifier si les conditions requises pour bénéficier de ce nouveau droit sont remplies.
40 Rapport d’expertise collégiale des Professeurs Q2, Q3 et Q4 du 15 novembre 2016, p. 7.
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L’accident médical sans responsabilité est défini à l’article 2, 7°, de la loi du 31 mars
2010 : « Un accident lié à une prestation de soins de santé, qui n’engage pas la responsabilité d’un prestataire de soins, qui ne résulte pas de l’état du patient et qui entraîne pour le patient un dommage anormal. Le dommage est anormal lorsqu’il n’aurait pas dû se produire compte tenu de l’état actuel de la science, de l’état du patient et de son évolution objectivement prévisible. L’échec thérapeutique et l’erreur non fautive de diagnostic ne constituent pas un accident médical sans responsabilité ».
Un accident médical sans responsabilité suppose donc la présence de quatre éléments :
- l’accident doit résulter d’une prestation de soins de santé, c’est-à-dire de « services dispensés par un prestataire de soins en vue de promouvoir, de déterminer, de conserver, de restaurer ou d’améliorer l’état de santé du patient ou de l’accompagner en fin de vie41 » ;
- l’accident ne peut pas engager la responsabilité d’un prestataire de soins ; - l’accident ne doit pas résulter de l’état du patient ; - le dommage doit résulter d’une prestation de soins de santé et non pas de
l’aggravation de l’état du patient ; - le dommage doit être anormal.
Le dommage est anormal lorsqu’il n’aurait pas dû se produire compte tenu de l’état
actuel de la science, de l’état du patient et de son évolution objectivement prévisible42.
Lorsque les éléments constitutifs de l’accident médical sans responsabilité sont réunis, une indemnisation à charge du Fonds peut être octroyée, si le dommage occasionné est suffisamment grave.
Le dommage est considéré comme grave lorsqu’au moins une des conditions suivantes est remplie :
- le patient subit une invalidité permanente d’au moins 25 % ; - le patient subit une incapacité temporaire de travail pendant au moins six mois
consécutifs ou six mois non-consécutifs sur une période de douze mois ; - le dommage occasionne des troubles particulièrement graves, y compris d’ordre
économique, dans les conditions d’existence du patient ; - le patient est décédé.
III.4.2.2. Application au cas d’espèce
Le dommage de Madame X résulte bien d’une prestation de soins de santé, consistant en l’intervention du 13 mars 2012 effectuée par le Docteur A. Comme exposé ci-dessus, ce dommage n’engage pas la responsabilité d’un prestataire de soins et ne résulte pas uniquement de l’état du patient mais bien d’un facteur extérieur.
41 Art. 2, 4°, Loi du 31 mars 2010 relative à l’indemnisation des dommages résultant de soins de santé. 42 Art. 2, 7°, Loi du 31 mars 2010 relative à l’indemnisation des dommages résultant de soins de santé.
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Cependant, le Fonds estime que le dommage de la patiente ne peut être considéré
comme « anormal » au sens de la loi du 31 mars 2010.
Le dommage est anormal au sens de la loi43 lorsqu’il n’aurait pas dû se produire compte tenu de l’état actuel de la science, de l’état du patient et de son évolution objectivement prévisible.
Deux critères sont donc retenus pour constater le caractère anormal d’un dommage :
(a) l’état actuel de la science, et (b) l’état du patient et son évolution objectivement
prévisible.
(a) Le critère de l’état actuel de la science doit être pris à son niveau le plus élevé. Un
dommage sera considéré comme anormal lorsque le patient n’aurait pas dû le subir,
le dommage ayant pu être évité compte tenu de l’état actuel de la science à son
niveau le plus élevé44.
Dans le cas d’espèce, la survenance de la fistule ischémique anastomotique est
un risque connu des chirurgies de By Pass gastrique qui, malgré les mesures de
précaution appliquées, même prises à leur niveau le plus élevé, peut se réaliser et
cela indépendamment de la qualité des soins prodigués et des aptitudes particulières
des dispensateurs de soins intervenant. En conséquence, le premier critère
d’anormalité du dommage ne peut être rencontré en l’espèce.
(b) Le critère de dommage anormal doit également être analysé eu égard à l’état du
patient et à son évolution objectivement prévisible. À cet égard, il convient de se
référer à la manière dont la complication se déroule concrètement, notamment au
niveau de l’ampleur du dommage occasionné45.
Comme indiqué ci-dessus, la fistule après une chirurgie de type
bypass gastrique est une complication connue et documentée dans la
littérature médicale. Cette situation a d’ailleurs un taux d’occurrence entre 0,8
et 6% durant la première semaine, entrainant un taux de mortalité de 15%.
Le risque de morbidité d’une complication grave comme un choc
septique après un By-pass gastrique laparoscopique est évalué à 3,3%.
Concernant le choc septique (toutes causes confondues), si celui-ci se
présente avec un taux de lactates supérieur à 2 millimoles/litre et qu’une
médication vasopresseur est nécessaire pour maintenir la tension artérielle à
43 Art. 2, 7°, Loi du 31 mars 2010 relative à l’indemnisation des dommages résultant de soins de santé. 44 Projet de loi du 12 novembre 2009 relatif à l’indemnisation des dommages résultant de soins de santé,
Doc.parl. Ch., sess. ord., 2009-2010, n° 52-2240/1, p. 25. 45 Projet de loi du 12 novembre 2009 relatif à l’indemnisation des dommages résultant de soins de santé,
Doc.parl. Ch., sess. ord., 2009-2010, n° 52-2240/1, p. 25.
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plus de 65mmHg, le risque de décès peut être évalué à 40% et plus. Par
ailleurs, un taux de mortalité de 33% a été identifié chez les patients avec un
sepsis en post opératoire. Quand le sepsis s’aggrave, les signes de
défaillance multi organique apparaissent. La défaillance multi organique, elle-
même, est associé à un risque de décès jusqu’au 13 fois supérieure.
De manière générale, le taux de décès ensuite d’un bypass gastrique
est de 1,2%, dont 33% liés à un choc septique et 15% liés à une complication
infectieuse ensuite d’une fistule.
Il en découle que le décès de Madame X et résultant de la fistule
aggravée d’un choc septique ne peut être considéré comme anormal au sens
de la loi compte tenu de l’état de la patiente et de son évolution objectivement
prévisible. Partant, le deuxième critère d’anormalité du dommage ne peut être
rencontré en l’espèce de sorte que l’accident médical sans responsabilité
indemnisable par le Fonds est exclu.
IV. CONCLUSION
Il ressort des informations communiquées par la demanderesse et du dossier
constitué par le Fonds que le dommage allégué par Monsieur Laurent Y ne résulte pas
d’une faute qui aurait été commise par les différents dispensateurs de soins intervenus dans
le traitement de la patiente.
Par ailleurs, les conditions requises pour l’application de la notion d’accident médical
sans responsabilité au sens de la loi ne sont pas réunies.
V. VOIES DE RECOURS
Les parties concernées, sans préjudice de leurs actions de droit commun, peuvent
intenter, conformément au Code judiciaire, devant le tribunal de première instance, une
action contre le Fonds – le service spécial de l'Institut national d'assurance maladie invalidité
visé à l'article 137ter de la loi relative à l'assurance obligatoire soins de santé et indemnités,
coordonnée le 14 juillet 1994 – pour contester son avis, dans les délais de droit commun46.
46 Art. 23, al. 2, Loi du 31 mars 2010 : « Si dans son avis, le Fonds ne conclut pas qu’il y’a lieu à indemnisation
en vertu de l’article 4, 1°, ou 2°, ou s’il conclut à l’absence de la gravité prévue à l’article 5, le demandeur,
sans préjudice de ses actions de droit commun, peut intenter, conformément au Code judiciaire, devant le
tribunal de première instance, une action contre le Fonds afin d’obtenir les indemnités auxquelles il prétend
avoir droit en vertu de la présente loi ».
FONDS DES ACCIDENTS MEDICAUX AVIS 2017 | 21
À côté de la procédure existante auprès du Fonds, les parties concernées ont
également la possibilité d’introduire une demande auprès du tribunal de première instance
dans les délais de droit commun.
Ce document a été signé électroniquement par le Dr. Mia HONINCKX,
Directeur du FAM, le 19/12/2017.